tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/euro-2016-28288/articlesEuro 2016 – The Conversation2016-06-30T21:06:48Ztag:theconversation.com,2011:article/617912016-06-30T21:06:48Z2016-06-30T21:06:48ZHooligans, une notion floue à déconstruire<p>Depuis ses débuts, l’Euro 2016 de football a été émaillé de nombreux incidents. Les médias ont généralement présenté les fauteurs de troubles comme des « hooligans », tant à l’occasion des <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2016/06/11/violence-marseille-supporters-angleterre-russie_n_10416956.html">violences entre Russes et Anglais à Marseille</a>, le 11 juin dernier, que lors des jets de fumigènes sur le terrain par des fans croates à Saint-Étienne. Ce texte s’attache à montrer en quoi les notions communes de « hooligans » et de « hooliganisme » sont floues et induisent des confusions entre différents phénomènes qu’il conviendrait de distinguer et de nommer de manière plus précise.</p>
<h2>Histoire du terme <em>hooligans</em></h2>
<p>Le terme <em>hooligans</em> apparaît au début du XX<sup>e</sup> siècle, en Angleterre puis en Europe de l’Est. Il désigne alors des voyous au comportement asocial, indépendamment d’un quelconque contexte sportif. Son utilisation dans le monde du football date des années 1960, quand des groupes de jeunes supporters britanniques se mettent à causer des incidents de manière récurrente.</p>
<p>Ces fans violents sont qualifiés par les médias de <em>thugs</em> (voyous) ou de <em>football hooligans</em>, nom qu’ils finissent par s’approprier. Dans les années 1970 et 1980, du fait notamment de l’essor des compétitions internationales, les hooligans britanniques font des émules sur le continent, la violence se répand autour des stades de football européens et des groupes de jeunes hommes revendiquent le nom de hooligans dans de nombreux pays.</p>
<p>Ce terme entre dans le langage courant le 29 mai 1985 à l’occasion du drame du stade bruxellois du Heysel. Peu avant la finale de la coupe d’Europe des clubs champions opposant Liverpool à la Juventus de Turin, des hooligans anglais attaquent les occupants de la tribune jouxtant la leur, pour l’essentiel des amateurs de la Juventus. Cet assaut crée un mouvement de panique. Prises au piège par les grilles les séparant du terrain et par un mur d’enceinte qui finit par partiellement s’effondrer, 39 personnes trouvent la mort devant les caméras de télévision.</p>
<p>À partir de cette date, la violence des supporters devient un problème social à l’échelle européenne. Le terme hooligans est alors accolé aux supporters de football violents et celui de hooliganisme est utilisé pour désigner les incidents causés par des supporters.</p>
<h2>Des amalgames entre des phénomènes très différents</h2>
<p>Une première confusion dans l’usage de la notion de hooliganisme intervient quand elle sert à englober tous les drames ayant provoqué la mort de supporters. Or, des comportements violents ne sont pas en cause quand, en 1992, une tribune provisoire, montée à la hâte, s’effondre au stade bastiais de Furiani faisant 18 victimes, ou quand, en 1985, le stade de Bradford prend feu, tuant 56 personnes. Les drames des stades de football sont parfois liés à des infrastructures défectueuses ou à une organisation déficiente.</p>
<p>Mettre en cause la violence des hooligans peut cependant être un moyen de masquer d’autres responsabilités : ce fut la stratégie de la police anglaise en 1989 lors de la <a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/04/28/royaume-uni-vingt-sept-ans-apres-la-police-jugee-responsable-de-la-tragedie-du-stade-d-hillsborough_4910483_3214.html">tragédie du stade d’Hillsborough</a> à Sheffield, au cours de laquelle 96 supporters de Liverpool sont morts étouffés contre les grilles séparant leur tribune du terrain parce qu’un trop grand nombre de personnes avait été orienté dans ce secteur. La responsabilité de la police, qui a mal géré les flux des supporters, n’a été officiellement reconnue qu’en avril dernier…</p>
<p>Une deuxième confusion, beaucoup plus fréquente, apparaît quand les polices européennes présentent les chiffres du hooliganisme et quand les médias reprennent ces informations. En effet, ces statistiques amalgament tous les comportements répréhensibles des supporters : violences entre fans, outrages aux forces de l’ordre, slogans racistes, jets de projectiles, abus d’alcool, usage d’engins pyrotechniques, consommation de drogue…</p>
<p>Pendant l’Euro, des incidents très différents ont ainsi été mis sur le même plan. L’allumage de fumigènes a été stigmatisé comme un comportement violent, alors que certains supporters revendiquent leur usage pour animer de manière festive les tribunes. Dans ces cas-là, il n’y a pas de volonté violente mais un désaccord sur les normes qui doivent prévaloir à l’intérieur des stades.</p>
<p>Le qualificatif de hooligans a également été accolé aux supporters croates qui ont lancé des fumigènes sur le terrain lors de Croatie – République tchèque, le 17 juin, conduisant à l’interruption du match. Si certains usages de ces engins peuvent s’avérer dangereux, les motivations des lanceurs de fumigènes n’étaient pas de créer des violences physiques ou de blesser quiconque, mais de dénoncer le fonctionnement, qu’ils considèrent mafieux, de <a href="http://www.sofoot.com/ce-que-nous-avons-fait-nous-l-avons-fait-pour-la-justice-224714.html">la fédération de football croate</a>.</p>
<p>En créant un continuum entre des faits de nature et de gravité bien différentes, qu’il conviendrait plutôt de distinguer, la notion de hooliganisme produit des effets concrets, notamment parce qu’elle conduit parfois à des politiques de gestion des supporters traitant de manière uniforme des comportements sans commune mesure.</p>
<h2>Différents rapports à la violence</h2>
<p>Même quand le regard est centré sur les violences physiques des supporters, le terme de hooligans s’avère confus. En effet, certains individus se considèrent eux-mêmes comme tels : ils forment des bandes informelles, centrées sur la recherche régulière de la violence.</p>
<p>D’autres supporters sont parfois violents, mais refusent absolument la dénomination de hooligans. C’est en particulier le cas de ceux qui se revendiquent ultras : structurés sous forme associative avec comme objectif premier de soutenir leur équipe et d’animer les tribunes, ils s’engagent de manière extrême dans leurs activités de supporters et acceptent la violence verbale pour déstabiliser l’équipe adverse ou l’arbitre ainsi que la violence physique s’ils estiment que leur club ou leur groupe est menacé.</p>
<p>Ceux qui se définissent comme ultras ont un rapport beaucoup plus ambigu à la violence que les hooligans autoproclamés : d’un côté, celle-ci fait partie de leur conception radicale du « supportérisme » ; de l’autre, elle n’est pas une priorité et doit rester rare afin que les ultras puissent demeurer légitimes en tant que supporters.</p>
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<span class="caption">L’un des groupes d’ultras les plus célèbres de France, ceux de Marseille.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/prodiffusion/4090519924/in/photolist-9NDrQR-9NGKrb-9NJybd-9M2DUT-9NFVNX-9NEwpU-9NH11D-9NKJWL-9NGabs-9Nv8dj-nELqmr-ecWXnN-9NJKMw-9NC5eF-oFxK7S-7esZ4A-diXDm-4WndCD-4WoZDv-4Wtr6d-byyhvz-4Wtwqd-byyeZc-4Wtvqj-op6uFv-9NGcbW-9NDtMv-4WttbE-4WEfFF-4Wp7Ke-qEewke-4XfKYV-4Wtvkm-4WtntQ-4WEeW6-4WoYGB-6a3syZ-4Wp9ya-bkDnCf-4Wtc33-4WJxtU-69SPMp-6FKWi1-4WEg34-bkDnpm-7cKyYv-6FFRjX-4Wpbhc-4WrsBy-5TrcPw">Med PhotoBlog/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Or, dans les médias, les termes ultras et hooligans sont tantôt utilisés comme synonymes, tantôt comme distincts et renvoyant à des logiques d’action différentes. Dès lors, le terme hooligans désigne tantôt tous les supporters violents, tantôt certains supporters violents parmi d’autres. De même, il est considéré tantôt comme un qualificatif revendiqué par certains individus et groupes violents, tantôt comme une étiquette apposée de l’extérieur sur certains individus et groupes. Pour éviter ces confusions, il est préférable de considérer qu’il existe <a href="http://www.cahiersdelasecuriteetdelajustice.fr/sites/default/files/fichiers/articles_gratuits/CS11.pdf">différentes formes de supportérisme extrême</a> et de réserver le nom de hooligans à ceux qui se conçoivent comme tels et recherchent systématiquement la violence, et celui d’ultras à ceux qui veulent avant tout soutenir leur équipe tout en étant parfois violents.</p>
<p>Un autre exemple illustre ces rapports variés à la violence : celui des incidents de Marseille lors d’Angleterre-Russie. Les principaux affrontements ont opposé des Russes se considérant comme hooligans, ayant l’habitude de se battre et ayant prémédité leurs attaques à des fans anglais, venus pour soutenir leur sélection, boire exagérément, occuper l’espace de manière parfois provocante et, pour certains, se battre un peu si l’opportunité se présentait.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/cjqEeJQ-tSs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bataille rangée à Marseille entre hooligans russes et fans anglais alcoolisés.</span></figcaption>
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<p>S’il existe des hooligans anglais, peu d’entre eux étaient présents à Marseille. Les logiques de passage à l’acte violent sont ainsi bien différentes entre ceux qui recherchent la violence, en l’occurrence les hooligans russes, et ceux qui peuvent devenir violents dans certaines circonstances, en l’occurrence les fans anglais. Distinguer les acteurs violents n’est pas seulement un enjeu théorique : il a des conséquences pratiques dans les politiques mises en œuvre pour gérer ces problèmes, en particulier dans les éventuelles mesures préventives.</p>
<h2>Une évolution des violences</h2>
<p>Une dernière confusion consiste à considérer que les pratiques de ceux qui se considèrent comme hooligans sont uniformes, alors qu’elles varient historiquement et géographiquement. Les violences des premiers hooligans anglais dans les années 1960 avaient lieu dans le stade : il s’agissait notamment de prendre par la force la tribune des supporters adverses.</p>
<p>Au fur et à mesure du renforcement de la sécurité des enceintes et des dispositifs policiers, les supporters les plus violents ont adapté leurs comportements. Ils ont d’abord abandonné la tenue voyante des fans et opté pour des vêtements élégants afin d’échapper à la vigilance de la police. Puis leurs bagarres se sont éloignées des matches, tant dans l’espace que dans le temps, également pour contourner la surveillance policière. Certains organisent même désormais des combats entre bandes rivales dans des lieux reculés. Appelées <em>fights</em>, ces bagarres sont particulièrement développées dans le nord-est de l’Europe, notamment en Pologne et en Russie, et mettent aux prises des spécialistes de la violence pour lesquels le hooliganisme ressemble à un sport professionnel de combat.</p>
<p>Si dans toute l’Europe, et même au-delà, des supporters revendiquent le qualificatif de hooligans (ou celui d’ultras) et possèdent des points communs, les spécificités nationales et locales sont importantes : il ne peut donc pas y avoir une théorie unique expliquant le hooliganisme de manière générale, mais plusieurs modèles explicatifs qui peuvent être diversement combinés pour analyser les formes variées de supportérisme extrême et de comportements déviants en fonction des contextes particuliers.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61791/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Hourcade ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En créant un continuum entre des faits de nature et de gravité différentes, les autorités traitent uniformément des comportements variés. Le supportérisme extrême revêt pourtant des formes diverses.Nicolas Hourcade, Professeur agrégé de sciences sociales, membre associé au CADIS (EHESS-CNRS), École Centrale LyonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/613282016-06-21T04:31:13Z2016-06-21T04:31:13ZMaillots suisses déchirés à l’Euro 2016 : la gestion de l’après…<p>Les Suisses n’ont pas craqué dimanche soir face aux offensives de notre équipe nationale, mais leurs maillots rouges si, et plus d’une fois ! Fait rare dans des compétitions de ce niveau, cinq maillots des footballeurs helvétiques ont terminé en lambeaux sous les yeux médusés ou amusés de centaines de millions de spectateurs dans le monde. Lundi matin, l’équipementier devait lui aussi voir rouge, de colère ou de stupéfaction, face à cette situation inédite et promettait des explications rapides.</p>
<p>Ce qui s’apparente à une non-conformité du produit n’est pas un cas isolé dans l’industrie. Nous avons tous en tête des rappels en masse de véhicules par les constructeurs ou des situations de retrait de produits de grande consommation pour cause de défaut de fabrication. L’impact peut être fâcheux, voire désastreux, tant en termes d’image de marque que de baisse des ventes. Alors, pour le fabricant de maillots, pas une minute à perdre dans ce qui s’apparente à une situation de gestion de crise. Regard sur les pratiques dans ce cas de figure.</p>
<h2>Un rapport de force inégal</h2>
<p>Pas simple de gérer une situation de crise, et la communication qui l’accompagne, lorsqu’une marque se retrouve seule contre tous. Dès la fin du match hier, les commentaires ont fusé, tant de la part des journalistes que d’internautes. Les réseaux sociaux permettent une communication instantanée et massive que la marque incriminée ne peut plus contrôler.</p>
<p>Fleurissent alors sur Twitter des commentaires mesquins sur la matière utilisée (« du sopalin », « du papier crépon »), sur la qualité d’ensemble (« y’a pas à dire, le maillot suisse, y déchire » ; « le maillot suisse est en gruyère, c’est pour cela qu’il y a des trous », etc.). Les journaux s’emparent eux aussi de l’incident, questionnant son origine. Les principaux titres de la presse française commentaient ainsi le sujet tant dans les versions papier que numérique.</p>
<h2>Éviter la tentation de l’attribution</h2>
<p>Face à la propagation d’informations, de commentaires et d’hypothèses sur l’origine du mal, les marques prennent souvent garde à éviter la <a href="https://www.researchgate.net/publication/24098356_Consumer_Reactions_to_Product_Failure_An_Attribution_Approach">tentation de l’attribution</a>, c’est-à-dire désigner un « coupable » extérieur. En d’autres termes, le « c’est pas moi, c’est l’autre » n’est pas une approche efficace. D’ailleurs, à cette heure, l’équipementier en question n’a pas tenté de désigner leurs sous-traitants, les machines à coudre ou les joueurs de l’équipe de France comme responsable. La posture adoptée est plus neutre, donnant une large place à l’investigation et à la compréhension.</p>
<p>Ainsi apprenait-on lundi 20 juin à 13h que les tissus étaient en cours d’analyse. Dans un second temps, on peut supposer que l’industriel va fournir des explications, faire amende honorable et communiquer sur les actions correctives. L’objectif est alors de rétablir l’équilibre entre notoriété et image : que l’on continue à parler de la marque, non pour la faiblesse identifiée mais pour ses valeurs habituelles.</p>
<h2>La gestion des réclamations</h2>
<p>En complément ; le fabricant va devoir gérer les réclamations individuelles de clients. Sur ce point, l’enjeu est double. D’une part, protéger l’image et la relation de confiance des consommateurs à cette marque. D’autre part, éviter la chute des ventes et les retours en boutique qui mécontenteraient les chaînes de distribution. Il faut donc démontrer rapidement le caractère isolé de l’incident et le valoriser par des explications positives. On peut alors arguer de faits comme l’innovation produite, le risque inhérent au sport de haut niveau ou bien encore un défaut isolé et parfaitement circonscrit après analyse.</p>
<h2>Les risques sur le long terme</h2>
<p>Bien entendu l’affaire des maillots déchirés peut générer une crise majeure à court terme. Des négociations avec des équipes peuvent conduire à des changements substantiels dans les contrats, voire des ruptures. Dans les jours qui viennent, l’équipementier va probablement rebondir et utiliser l’incident pour en faire une force en termes de communication.</p>
<p>À long terme, l’équipementier en question jouit davantages : sa réputation et son image. Dans ce contexte, fort est à parier que l’incident, s’il reste isolé, n’aura que peu de conséquences et les ventes de maillots seront in fine conformes aux prévisions initiales. Et puis, pour le prochain Suisse-France, on vérifiera par trois fois les maillots pour éviter un nouveau déchirement des cœurs et de belles envolées lyriques sur Twitter !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61328/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoit Aubert ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Retour sur une crise de communication emblématique : celle des maillots déchirés de l’équipe suisse de football.Benoit Aubert, Directeur du développement, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/609342016-06-14T04:41:17Z2016-06-14T04:41:17ZLe hooliganisme au miroir des sciences sociales<p>Après les <a href="http://www.liberation.fr/sports/2016/06/12/a-marseille-35-blesses-et-un-discours-satisfait-des-autorites_1458896">violences et les heurts</a> qui ont éclaté à Marseille ce week-end, à l’occasion de l’Euro, de nombreuses questions se posent quant à l’origine et les causes de ces actes. Des « supporteurs » russes, anglais mais aussi marseillais se sont affrontés sur le Vieux Port et dans le stade Vélodrome. On dénombre plus d’une trentaine de blessés dont un dans un état grave.</p>
<p>Ce n’est hélas pas une nouveauté. Tous les ans, les instances internationales du football mettent en avant l’augmentation des violences sur et en dehors des stades et établissent des solutions pour tenter de les enrayer : suspension de tribune, exclusion de compétition, sanction financière, etc. Déjà, en 1998, lors de la Coupe du monde organisée en France, des mouvements violents avaient éclaté. Force est de constater que les choses ont peu évolué en 18 ans.</p>
<p>Les sciences sociales ont depuis longtemps cherché à expliquer et à rendre compte de ces comportements déviants. Pourquoi des individus socialisés en viennent-ils à de telles extrémités lors d’événements populaires et festifs ? En sociologie, il existe plusieurs théories de la transgression, et notamment l’approche culturaliste et l’approche rationaliste.</p>
<h2>Écologie urbaine</h2>
<p>La première, proche du courant holistique d’Emile Durkheim, admet que les comportements sociaux dépendent directement de la société dans son ensemble. Les individus sont placés dans un cadre structuré, dans une forme d’écologie urbaine et intériorisent les actes et les normes dominantes de leur groupe social.</p>
<p>Les sociologues William Thomas et Florian Znaniecki pointent la « désorganisation sociale » lorsque la culture du sous-groupe rentre en contradiction avec la culture première. On rejoint alors la notion de « conflit des cultures », de <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Thorsten_Sellin">Thorsten Sellin</a>, et de conflit des normes. D’après le sociologue suédois, « la déviance provient de la coexistence d’une culture valorisant ou tolérant une pratique interdite par l’autre culture » et provoque un éclatement de la cohésion sociale.</p>
<p>Appliqué au football, cela reviendrait à dire que la culture du « supportérisme » (ou de l’hooliganisme) entre en contradiction avec la vision fraternelle du sport continental et affirme sa particularité. « L’identité se pose en s’opposant », affirmait <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Roger_Bastide">Roger Bastide</a>. Le foot fournit le moyen, la temporalité, et le théâtre pour le faire.</p>
<h2>« Éducation déviante »</h2>
<p>Il y a véritablement une « éducation déviante », un apprentissage et processus de communication entre l’ensemble des personnes désireuses de s’unifier et de constituer un groupe social référentiel, de façon consciente ou inconsciente. <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Edwin_Sutherland">Edwin Sutherland</a> parle ainsi d’« apprentissage des techniques de commission d’infraction » quand les agents, placés dans un environnement particulier, vont intérioriser et intégrer les normes et les valeurs dominantes.</p>
<p>Par exemple, les <a href="http://www.nber.org/papers/w13968">économistes Edward Miguel, Sebastien Saiegh et Shanker Satyanah</a> ont montré, dans deux articles différents (« National Cultures and soccer Violence » et « Does surviving violence make you a better person ? »), qu’un comportement déviant dépend directement de l’environnement, de la vision socio-globale et des idéaux véhiculés.</p>
<p>Ainsi, un footballeur qui a passé toute son enfance dans une zone de guerre, portant une idéologie belliqueuse et violente, aura, toutes choses égales par ailleurs, plus tendance à récolter des cartons jaunes et des cartons rouges. Le nombre de fautes est directement corrélé avec le nombre d’années de guerre vécu. De la même manière, les joueurs originaires de zones conflictuelles, mesurés en termes de délinquance civile, ont aussi plus tendance à agir de manière déviante sur le terrain.</p>
<p>C’est l’affirmation d’une culture et d’une éducation transgressive qui vient socialiser et influencer l’individu. Le hooligan anglais, russe ou français adopte la norme de sa sous-catégorie en la considérant comme légitime et acceptable. <a href="http://www.iris-france.org/docs/kfm_docs/docs/obs-geostrategique-sport/obs-sport-itw-ronan-evain-supoprterisme-russe-dec2014.pdf">Ronan Evain</a>, doctorant en sciences politiques et spécialiste du supportérisme, parle d’« absence de remords, de structuralisation et de stratégie organisationnelle. […] Les fans légitiment et revendiquent leurs actes ultra-violents. »</p>
<p>Il s’agit, chez eux, d’un sport, d’un jeu organisé et légiféré, intériorisé et réglementé. L’identification à un sous-groupe social est totale et absolue : soutien à l’équipe, désir d’existence sociale, désir de reconnaissance sociale, appartenance à un collectif, construction à l’intérieur de celui-ci d’une identité collective, construction des identités individuelles, etc.</p>
<h2>Un choix conscient</h2>
<p>L’autre vision, l’autre explication de la déviance, est l’approche rationaliste. Celle-ci soutient que la transgression apparaît comme un choix largement conscient des individus, réalisé à partir d’un calcul coûts/avantages.</p>
<p>Pour les sociologues américains David Matza et Greshem Sykens, le déviant connaît les règles morales dominantes et il oscille entre comportement conforme et comportement déviant. Il va maximiser son utilité sous contrainte en jaugeant la peine et la sanction en cas d’arrestation et le plaisir et la joie en agissant de manière non-conforme. Tant que la première est inférieure à la seconde, a posteriori, rien ne pourra empêcher l’agent rationnel à agir de façon déviante.</p>
<p>Contrairement à la vision culturaliste, l’agent n’a pas intériorisé et intégré les normes déviantes mais reconnaît leur caractère interdit. Seulement, dans la mesure où elles peuvent améliorer l’utilité, par un effet cathartique et défouloir, il va accepter de les adopter et veiller à maintenir une supériorité de l’avantage par rapport à la peine encourue. D’après l’économiste Gary Becker, il conviendrait alors de renforcer la dureté des punitions afin de « désinciter » les agents « à s’inscrire sur la voie de la déviance ».</p>
<p>Les travaux de l’économiste italienne Nadia Campaniello montrent que la criminalité et la violence, toutes choses égales par ailleurs, augmentaient à chaque événement sportif, type coupe du Monde ou Euro de football. Précisément parce que les autorités sont moins focalisées sur la surveillance d’une minorité de supporters que sur la gestion d’une foule entière. Un hooligan va considérer que même après une acte violent, il pourra se fondre dans la masse, « s’oublier dans l’abondance populaire », et éviter l’arrestation.</p>
<h2>Rationalisation de la violence</h2>
<p>Cette conception rejoint celle des américains David Kalist et Daniel Lee, de l’Université de Shippenburg. Ceux-ci ont démontré que les mouvements violents s’élevaient à chaque compétition sportive, précisément les jours de match. Ils ont constaté une augmentation de 2,6 % des délits, une hausse de 4,1 % des vols et de 6,7 % de la criminalité.</p>
<p>De la même manière, <a href="http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2580342">Simon Planells-Struse et Daniel Montolio, de l’Université de Barcelone</a>, ont observé une très forte croissance du taux de criminalité dans leur ville lors des matchs du Barça : entre 8 et 10 % de délits en plus comparé à un jour sans match. C’est la rationalisation de la violence : lors d’un événement sportif, la surveillance est amoindrie par la puissance et la force de la foule. Il est plus difficile de gérer des réprimandes sur 10 000 personnes que sur 100 personnes. Les individus prennent conscience de leur nombre et de la difficulté des forces de l’ordre, et s’autorisent à commettre des délits.</p>
<p>Pour lutter efficacement contre la violence qui touche le football, il conviendrait alors d’unir les deux approches de la déviance – la culturaliste et la rationaliste –, sans les opposer. L’identité hooligan dépend d’une construction sociale, d’une intériorisation des normes transgressives, mais aussi d’une affirmation stratégique et réfléchie liée à l’importance du jugement. Les supporters sont à la fois des êtres sociaux influençables et rationnels. La répression doit donc s’associer à la prévention.</p>
<p>*Pierre Rondeau vient de publier *Coût franc, les sciences sociales expliquées par le foot (Bréal)</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60934/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Rondeau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les violences qui ont eu lieu autour du match de football Russie-Angleterre ne sont, hélas, pas nouvelles. Tentative d'explication de ces comportements déviants à l'aide des sciences sociales.Pierre Rondeau, Professeur d'économie et doctorant, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/608252016-06-10T04:54:12Z2016-06-10T04:54:12ZEuro 2016 : l’Internet des objets occupe déjà le terrain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/125945/original/image-20160609-7096-ns8n8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La nouvelle technologie s’invite au stade pour une expérience encore plus immersive.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sports_Media_Smartphone.jpg">Wikimédia</a></span></figcaption></figure><p>Qui va gagner l’Euro à votre avis ? Le big data a peut-être déjà la réponse… Du stade digital au maillot connecté sur mesure pour les sportifs professionnels, en passant par les dispositifs de réalité augmentée pour le sport individuel, l’Internet des objets investit les terrains de jeu. GPS, cardio-fréquencemètre, gyroscope et détection automatique des activités sportives et du sommeil : s’agit-il de simples gadgets ou de coach virtuels ? Quelles sont les utilisations possibles pour la recherche ?</p>
<h2>Un stade ultra connecté</h2>
<p>À Lyon, le stade du futur est blindé de connectivité : 4G, wifi très haute densité offrant 20 000 connexions simultanées, il accompagne véritablement tout le parcours du spectateur, avant et après le stade. L’intelligence artificielle propose ici une nouvelle expérience au supporter qui télécharge à son arrivée au stade une application gratuite afin de recevoir des notifications ou faire des achats dans la boutique en ligne.</p>
<p>Vous souhaitez gagner du temps et éviter la file d’attente à la mi-temps ? L’offre de repas et boissons est disponible avec une fonction caisse prioritaire en buvette pour payer via l’application. Le stade est désormais <em>cashless</em> avec un paiement par CB ou avec la carte myOL ; la livraison à la place du supporter sera bientôt possible grâce aux numéros du bloc, rang et place du billet numérique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les coulisses du stade ultra connecté de l’Olympique lyonnais.</span></figcaption>
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<p>Sur la partie vidéo, il est possible de voir les chaînes live par le wifi avec tous les bonus en mode <em>inside</em> (arrivée des bus…) ; en mode match les <em>replay</em> sur mesure sont réalisables en mono cam ou multi cam, 2 minutes après l’action en cliquant autour du terrain. Des modules de statistiques sont générés par les données recueillies, telles que la composition des équipes, les cartons, les entrées et sorties, le banc, plus un <em>social wall</em> pour relayer les messages des réseaux sociaux.</p>
<h2>Des interactions inégalées</h2>
<p>L’usage numérique se fait ainsi de bout en bout : les places sont dans votre mobile, il est devenu <em>old school</em> de les imprimer ! Dans les « fan zones » aussi, la connectivité permet de vivre le match comme jamais, ce à quoi on peut également ajouter l’application dédiée au club…</p>
<p>Le <em>social gaming</em> procure une interaction inégalée entre spectateurs via des écrans géants, pour relayer un concours de selfies par exemple. Attention, toutefois, streamer en direct sur YouTube, pose un problème de droits : chacun est responsable de la mise en ligne qu’il effectue, et on voit mal un joueur de l’équipe de France faire de même que la <a href="http://www.usmagazine.com/celebrity-news/news/adele-calls-out-fan-for-filming-her-concert-enjoy-it-in-real-life-w208223">chanteuse Adèle</a> et interdire à un supporter de filmer le match ! L’événement est aussi l’occasion de procéder à l’<a href="http://www.sportbuzzbusiness.fr/volkswagen-baby-foot-connecte-fff-equipe-france-football-euro-2016-69013.html">activation digitale</a> de ses nouveaux produits numériques.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation du baby-foot connecté de Volkswagen.</span></figcaption>
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<h2>Les capteurs se glissent partout</h2>
<p>On a découvert la raquette connectée avec Roland Garros, même la chaussette connectée ! Mais de nombreux autres objets et capteurs sont intégrés aux tenues des sportifs afin <a href="http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/la-chronique-d-anthony-morel-quand-les-technologies-permettent-de-jouer-comme-un-pro-de-tennis-2705-821778.html">d’améliorer leurs performances</a> : mesurer la puissance de frappe du joueur de tennis, la zone d’impact, le temps de jeu, le nombre de revers, l’intensité de l’effort, la vitesse moyenne d’un coureur, capteurs de mouvements, mesure par analyse vidéo, et traitement intelligent de données massives par <em>machine learning</em>…</p>
<p>Chaque sport a ses objets connectés : on équipe aussi bien le stade (piste d’élan, sautoir, perche) que le sportif. Même la luminothérapie est utilisée par l’AS Monaco au stade Louis II pour favoriser la récupération des joueurs en lien avec l’action de la <a href="http://www.irbms.com/melatonine">mélatonine</a>. Les données d’entraînement sont poussées par le smartphone pour une modélisation en 3D des coups, déplacements et gestes. Le sportif a un retour concret de son activité et la planification est facilitée pour gérer au mieux sa charge d’entraînement : le big data complète l’œil de l’entraîneur et son sifflet ! Des examens médicaux suite à une blessure sont aussi possibles au fin fond de Tucumán.</p>
<h2>Des données hautement stratégiques</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1122&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1122&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125944/original/image-20160609-7093-zk9y11.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1122&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Affiche de « Moneyball » ou « Le Stratège ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/wolfgangkuhnle/6837360817">Wolfgang Kuhnle/Flickr</a></span>
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<p>Les informations collectées peuvent être réutilisées pour valider des études scientifiques, mais servent en premier lieu les intérêts des fédérations soucieuses de contrôler les performances de leurs nouvelles recrues, véritables actifs financiers. Ce qui relevait hier de la sabermétrie (voir à ce propos le film <em><a href="http://www.sonypictures.com/movies/moneyball/">Moneyball</a></em>), est à portée de tout sport collectif professionnel où le big data génère tout un business. Un nouveau métier de <em>« sport scientist »</em> voit le jour. Magicien de l’algorithme, croisement entre le <em>« data scientist »</em> et le coach sportif, il interprète toutes ces données, et les rend intelligibles et exploitables pour le coach et le sportif.</p>
<p>Peut-on parler de e-dopage ? La digitalisation du sport n’est-elle pas en contradiction avec la performance du sportif ? L’enjeu des médailles et de la compétition pèsent ici de tout leur poids sur les budgets des clubs et des équipes. Or, la physiologie, la biomécanique et la génétique varient d’un sportif à l’autre, mais la blessure zéro n’existe pas : aujourd’hui, aucun objet connecté ne peut prédire quel est le point faible du sportif.</p>
<h2>Sport sur ordonnance : la vraie révolution ?</h2>
<p>La digitalisation du sport a vocation à s’étendre au grand public au-delà du simple suivi GPS de la course du dimanche matin ou du coaching individuel. Les patients diabétiques ou ceux ayant un facteur de risque dans le domaine du sport seraient les premiers à tirer profit de ces progrès technologiques. Des recherches multidisciplinaires alliant biologie, sciences médicales, sciences de l’ingénieur, sociologie ont pour but de promouvoir la <a href="http://www.unice.fr/ufrstaps/lamhes/">santé par l’activité physique</a> : configuration sociale de l’activité physique santé, processus de gouvernance territoriale, mais aussi représentations de l’activité physique chez les professionnels de santé sont autant d’axes de travail où le digital peut apporter une contribution remarquable à la protection des populations les plus vulnérables.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125941/original/image-20160609-7096-19bvcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une application de renforcement musculaire.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>L’amendement « sport sur ordonnance » <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/2673/AN/917.asp">adopté le 27 novembre 2015</a> concerne les personnes atteintes d’affections de longue durée (ALD). Il prévoit que le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient et le remboursement de la licence sportive. Certaines complémentaires de santé ont déjà annoncé qu’elles feraient cette prise en charge. La pratique des activités physiques et sportives est donc reconnue comme outil de santé publique au même titre que la lutte contre l’exposition à des facteurs de risque environnementaux ou contre les addictions.</p>
<h2>Des développements prometteurs</h2>
<p>Mais l’impact du digital sur l’alliance sport et santé peut aller beaucoup plus loin : conception, évaluation scientifique, mise en œuvre de programmes d’activités physiques et sportives adaptés à des personnes atteintes de maladies, conception de programmes de réentraînement à l’effort physique et aux activités sportives adaptés aux patients et à leurs pathologies mais aussi recrutement, évaluation et fidélisation des patients… (voir à ce propos le projet <a href="http://www.campusdiagana.com/wcs3_class/as-du-c%C5%93ur/">« As du Cœur »</a> porté par Stéphane Diagana).</p>
<p>Les atouts du numérique sur la santé sont évidents, mais encore sous-exploités. Espérons que les valeurs du sport, solidarité et esprit d’équipe, transcendent le monde virtuel et offrent au plus grand nombre une vie meilleure, en particulier aux plus vulnérables d’entre nous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60825/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Sur la pelouse et dans les gradins, les équipements et services connectés sont devenus incontournables. Des avancées techniques dont il faut souhaiter qu’elles bénéficient aussi à la e-santé.Nathalie Devillier, Professeur de droit, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/606042016-06-10T04:50:00Z2016-06-10T04:50:00ZQuel est le prix d’un footballeur ?<p>Les matchs de l’Euro mettent en scène le gratin des footballeurs européens. Les victoires et leurs performances pourront accroître leur valeur marchande, faisant flamber salaires et montants de futurs transferts. Les rémunérations de ces stars bénéficient d’une spirale inflationniste alimentée par la surenchère des droits de retransmission télévisuelle.</p>
<p>C’est une particularité du football que de fonctionner selon un modèle de <em>worker’s power</em> dans lequel la quasi-totalité des ressources revient aux <em>primary producers</em>, aux joueurs. Il est donc légitime de se demander comment est fixé le prix d’un footballeur ? Comment la performance sportive est convertie en salaire et en indemnité de transfert ? Comment les clubs s’accordent sur les prix des footballeurs ?</p>
<h2>La fièvre du mercato</h2>
<p>Le mercato est cette période (janvier puis juin à août en Europe) où les clubs peuvent renouveler leur équipe, en recrutant, vendant, achetant des joueurs. Les clubs y jouent leur équilibre économique et leurs ambitions sportives, deux objectifs qu’il n’est pas toujours aisé de concilier. Les footballeurs, eux, y jouent leur carrière, à la fois salariale et sportive.</p>
<p>Les règles contractuelles favorisent une forte mobilité des joueurs. Car depuis la suppression du contrat à vie, qui liait les professionnels et leur club jusque l’âge de 35 ans, les transformant ainsi en « esclaves » selon le mot de <a href="http://www.lequipe.fr/Football/FootballFicheJoueur13179.html">Raymond Kopa</a>, la durée des contrats est plafonnée à cinq années. La plupart sont plus courts. Et ils sont souvent rompus avant leur terme, ce qui permet au club employeur d’empocher une indemnité de transfert.</p>
<p>C’est donc sur un marché fluide que le prix des footballeurs est fixé, négocié, révisé. Année après année, le nombre de transferts augmente, et dans des proportions vertigineuses : en 2013, 12.309 transactions ont été enregistrées au niveau mondial par la Fédération internationale (FIFA), en augmentation de 41 % par rapport à l’année précédente ! Les volumes financiers croissent également, pour atteindre aujourd’hui plus de 2,7 milliards d’euros.</p>
<p>Cette accélération ne signifie pas pour autant qu’il est facile de se mettre d’accord sur un prix (transfert et salaire), d’autant que les parties prenantes sont multiples : le club vendeur, le club acheteur, le joueur et son agent. D’ailleurs, la forte concentration de transactions dans les derniers jours et même les dernières heures avant la clôture du mercato montre cette difficulté à s’accorder.</p>
<h2>La performance sportive est-elle mesurable ?</h2>
<p>Si le prix est une quantité mesurable, comment évaluer et quantifier la performance, afin de la convertir en une somme d’argent ?</p>
<p>L’information sur la performance des joueurs est désormais abondante. Les classiques notes attribuées par la presse s’enrichissent de multiples données métriques, calculées sur un match ou une saison : nombre de ballons touchés, de passes réussies, de buts marqués, de tacles, d’interceptions, de duels gagnés ou perdus, de titularisations, de kilomètres parcourus, de passes décisives, de replis défensifs, etc.</p>
<p>On semble tout connaître des performances produites, et pourtant de nombreuses incertitudes persistent. Tout ne peut être converti en indicateurs chiffrés, comme la qualité des déplacements sans ballon, la vision du jeu, le sens tactique par exemple. Les capacités à reproduire une performance dans d’autres contextes et clubs et au cours du temps ne sont pas garantis (nombre de footballeurs sont des étoiles filantes).</p>
<p>De plus, les informations disponibles sont parcellaires voire inexistantes pour les débutants ou les footballeurs des divisions inférieures. D’autres paramètres sont peu perceptibles et même insaisissables, comme les qualités personnelles : le caractère, l’état d’esprit, le mental, le respect des consignes, la camaraderie, etc. Et cela, en dépit des efforts des agents de joueurs pour les promouvoir et présenter leurs poulains sous leur meilleur jour.</p>
<p>Les dimensions de la performance sportive sont donc hétérogènes et pas toutes objectivables – ce qui complique la conversion en un équivalent monétaire.</p>
<h2>Comment la cote d’un footballeur est-elle fixée ?</h2>
<p>Le prix d’un footballeur ne peut donc être déduit d’une performance qui est appréciée de manière incertaine. Il dépend de multiples facteurs, et varie en raison directe de la durée du contrat en cours, l’indemnité de transfert venant compenser la rupture anticipée du contrat. L’âge du joueur compte aussi, car le potentiel de progression et la plus-value espérée décroissent avec l’âge, fut-ce avec de grandes variations interindividuelles.</p>
<p>Le site <a href="http://www.transfermarkt.fr/ligue-1/startseite/wettbewerb/FR1">Transfertmarkt</a> intègre ces paramètres dans le calcul des cotes des joueurs. Mais ces estimations s’écartent souvent – et de beaucoup – des montants des transferts effectifs. Faut-il considérer alors que les prix sont indéterminés, ou arbitraires ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125603/original/image-20160607-15021-yn9l96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Christiano Ronaldo, ici sous le maillot du Portugal en 2011, crève les plafonds sonnants et trébuchants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/85217387@N04/8291792065/in/photolist-dCHAUa-dCP1dU-dCNZPC-dCHABv-dCHAEp-dCHAYg-dCHB22-dCHBg2-dCHAuT-dCP1jA-dCP1h7-dCHARX-dCP1ty-dCP13Q-5SgNsz-aoE2Q3-6TQ8Nr-aoBc7F-aoB9tg-ArBdjQ-fCafS-dCHAxZ-dCHB3H-dCP1pU-rn8ima-cnwpDs-rFkUG3-cYochN-njNZwn-cEvBwq-njNSyf-cNBf8W-cEvCnY-nB53RC-87Go21-87Aww7-qJs2mL-BvzGs-iNuKov-cYoNcN-7SDVc8-7SDUsH-cYpoS9-cYptch-BvzGx-7SDVD8-njNLFe-cEvy9G-bTVFtt-nB53Q5">Themeplus/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>L’observation plus fine des transactions montre que le prix dépend des situations et calculs des clubs concernés. Pour le club vendeur, la cession peut être urgente ou accessoire, en fonction de sa situation financière, de la plus-value espérée, de la disponibilité d’un autre joueur au même poste, du rôle du joueur dans le groupe, de la tendance du marché, des anticipations sportives, etc. Et les mêmes éléments peuvent compter pour le club acquéreur, avec des effets directs sur les prix acceptables pour chaque partie.</p>
<p>De plus, les <a href="http://www.sofoot.com/jean-pierre-bernes-makelele-ne-va-pas-tarder-a-m-appeler-202984.html">agents ont un rôle actif</a> dans la négociation. Ils cherchent aussi à modifier les paramètres de la concurrence en suscitant d’autres intérêts, sollicitant d’autres prétendants, distillant des rumeurs, etc. Ils développent, comme leurs joueurs avec qui ils ne convergent pas toujours, des anticipations relatives à la place et au rang dans de potentielles équipes, aux gains matériels immédiats, aux perspectives de carrière sportive.</p>
<p>Cette complexité explique que la plupart des contacts et des négociations n’aboutissent pas. Et on comprend pourquoi le prix d’un footballeur est peu prévisible, à moyen comme à court terme.
Mais le marché est profondément inégalitaire – ce qui a des conséquences directes sur la négociation des prix.</p>
<h2>Marché inégalitaire et concurrence inversée</h2>
<p>Une minorité de joueurs bénéficient de rémunérations faramineuses : Cristiano Ronaldo, joueur le mieux payé, a empoché 77 millions d’euros en 2016, dont 17 en salaire. Mais le salaire annuel moyen d’un joueur de Ligue 2 en France est de 200 000 euros, et de 540 000 en Ligue 1.</p>
<p>Ces écarts sont considérables, et ils ne prennent pas en compte le prolétariat du football, dont les carrières sont fragiles. Nombre de professionnels ne font que de brefs passages dans le professionnalisme : 250 footballeurs au chômage sont recensés en France, et dans la première division allemande un tiers des carrières se limite à une seule année.</p>
<p>Ces différences reflètent-elles des écarts de talents ? Pas de manière proportionnée, assurément. Car le football est, comme les milieux artistiques, un « winner-take-all market » dans lequel de petites différences initiales de performance se traduisent finalement en des écarts considérables de rémunération et de reconnaissance.</p>
<p>Dans un tel monde, les stars et superstars sont en quantité limitée et sont placées dans une situation d’oligopsone – ce qui renforce leurs capacités à convertir leur performance reconnue en prix galopants. À l’inverse, les autres footballeurs – d’autant plus qu’ils jouent à des niveaux inférieurs – sont en nombre abondant et excédentaire, ce qui les place en situation de forte concurrence et les expose au risque de chômage ou de régression.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125601/original/image-20160607-15041-uo4fms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Lionel Messi, la star du Barça et l'un des joueurs les mieux payés sur la planète.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/sitemarca/6912583029/in/photolist-bwQN72-89UQLj-c3RYhq-bpJKUH-cAYmhd-91rQ5q-6MHu7Y-6MDjkK-ao44bm-6LdYdp-7gaRBN-ao44jw-ao1gpx-98Enry-a87kxt-ryJ6LB-6MGXJE-dznxcz-7YRoNs-ao44q7-devmvQ-ao44oQ-xXqEu-aQNoBZ-nPYQ8E-89jHot-rgKoPR-9Nhr8B-nP4V9u-9iuBP8-dznxTK-5Eweth-dznq7H-6MDs1F-dznvK8-3fEFgF-hNfT8q-nPYNsW-51jTQA-o7t56e-7AV8ef-3fEF1c-6YASQa-9NkheS-3fK525-a8K8ae-ptkvkv-8bjRyQ-6duKhH-8a7SXS">Site Marca/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>À chacun de ces deux pôles la concurrence s’inverse : dans un cas, une concurrence entre clubs (ceux qui se situent en haut des hiérarchies sportive et économique) pour attirer les joueurs les plus réputés (et les payer toujours plus cher) ; dans l’autre une concurrence entre joueurs (ceux qui n’atteignent pas le haut de la hiérarchie sportive) pour trouver un club et tenter d’entrer et se maintenir dans le professionnalisme.</p>
<p>Les <a href="http://www.challenges.fr/galeries-photos/euro-2016/20160607.CHA0216/euro-2016-le-top-20-des-stars-du-foot-les-plus-bankables.html">hauts salaires des footballeurs</a> qui brillent dans les grands clubs européens ou qui jouent dans les meilleures équipes nationales ne forment que la partie visible de l’iceberg. Ceux-ci n’ont pas de prix parce que leur prix est le résultat de la concurrence entre clubs de plus en plus riches.</p>
<p>Pour la masse des footballeurs qui tentent de progresser et de survivre à l’aléa des carrières sportives, c’est la concurrence interindividuelle qui règle le tempo des prix. Ainsi, le continuum de la distribution des performances est combiné avec un dualisme des mécanismes de fixation des prix – ce qui creuse inexorablement les inégalités de rémunération.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60604/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Didier Demazière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment convertir la performance sportive en salaire et en indemnité de transfert ? Les qualités des joueurs sont disséquées de plus en plus finement, mais tout ne peut pas être chiffré.Didier Demazière, Sociologue, directeur de recherche au CNRS (CSO), Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/602182016-06-10T04:49:45Z2016-06-10T04:49:45ZQuand la « data » joue au football<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/125050/original/image-20160602-23298-13mqh8t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'équipe nationale du Brésil.</span> <span class="attribution"><span class="source">Wikimedia </span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Comment quantifier le foot ? Toute tentative de définition, de production et d’organisation des données dans ce domaine suppose de répondre à quelques questions, par exemple :</p>
<p>Qu’est-ce qu’une passe, en football ? On peut facilement imaginer qu’il y a une façon consensuelle de considérer qu’une passe est tentée, qu’une passe est réussie. Il est moins évident à définir qu’une passe est décisive (c’est-à-dire qu’elle entraîne un but). Jusqu’à ce que les ligues de football essayent d’harmoniser leurs définitions, les passes comptées comme « décisives » ici ne l’étaient pas forcément là.</p>
<p>En France, vous pouviez dribbler toute l’équipe adverse et faire une passe lumineuse qui ne laisse plus à l’attaquant qu’à pousser mollement le ballon aux fonds des filets : si jamais l’attaquant la contrôlait avant de marquer, alors votre passe n’était pas décisive. Alors qu’en Angleterre, vous pouviez passer dans votre propre surface un ballon approximatif de deux mètres à un partenaire qui s’en allait dribbler toute l’équipe adverse avant de marquer : vous étiez l’avant-dernière personne à avoir touché le ballon, votre passe était décisive.</p>
<p>Deuxième question : Qu’est ce qu’un centre ? On imagine bien qu’il faut, pour qu’une passe soit considérée comme un centre, qu’elle parte d’une certaine zone sur les côtés du terrain, et arrive dans une autre. Mais quelle zone exactement ?</p>
<h2>Paramètres observables</h2>
<p>Troisième question : qu’est-ce qu’un dribble ? Tous ces concepts sont propres au football, ils sont aisément compris, discutés, évalués par des centaines de millions de gens qui s’intéressent au football dans le monde entier. Mais comment les transformer en paramètres observables, en « données » qui seront ensuite exploitées par des armées d’analystes ou de statisticiens ? Comment définir « objectivement » (ou plutôt, pour ne pas employer de gros mots épistémiques, « de manière consensuelle ») ce qu’est un dribble, et ce qu’est un dribble réussi, de manière à ce que cette définition produise un paramètre qui soit précis, mesurable, reproductible, et standardisé ?</p>
<p>Ce n’est pas impossible, mais c’est loin d’être évident, d’autant plus que de nombreux analystes produisent des statistiques sur les joueurs ou les équipes qui dribblent le plus ou le mieux, sans pouvoir répondre à ces questions.</p>
<p>Certains disent que la <a href="https://mitpress.mit.edu/books/raw-data-oxymoron">« donnée brute » est un oxymore</a>, <a href="http://www.bruno-latour.fr/node/447">d’autres</a> que la « donnée » est bien mal nommée et devrait s’appeler « obtenue ». Ils veulent tous signifier qu’il est spécieux de faire des analyses quantitatives sans s’interroger d’où viennent les « données », en football comme ailleurs.</p>
<h2>Choix de définitions</h2>
<p>La « donnée » est d’abord pensée : imaginer un paramètre (la passe, le tir, l’<a href="http://www.cahiersdufootball.net/article-les-expected-goals-au-c%C5%93ur-de-la-revolution-statistique-5744"><em>expected goal</em></a>, le <a href="http://prozonesports.stats.com/the-premier-league-survival-guide/"><em>ball movement point</em></a> »), c’est avoir une certaine idée de comment représenter le match (ou la saison), et le concept de ce paramètre est déjà une certaine vision du football, qui va être traduite et va performer.</p>
<p>Définir la « donnée » n’est pas neutre non plus : définit-on le dribble topologiquement par un espace gagné balle au pied ? Par des adversaires « éliminés » ? Ces choix de définitions ne donneront pas la même valeur aux joueurs rapides et aux joueurs provocateurs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125880/original/image-20160609-7059-1jdrp2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ecran récapitulatif durant la Coupe du monde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mintdigital/4587031746">Mint Digital/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Mesurer la donnée n’est pas non plus facile. Qui s’en charge ? Des <a href="http://www.optasports.com/about/how-we-do-it/the-data-collection-process.aspx">entreprises</a> dont le business model est lié à une divulgation partielle de leurs méthodes (pour créer un produit d’appel) et un secret global (en situation concurrentielle). Avec quels choix techniques ? La multiplicité de témoins humains enregistreurs ? Ou bien fait-on appel à de la détection vidéo informatisée ? Comment la reproductibilité est-elle gérée ? Enfin, comment standardiser ? Comment arriver à un consensus scientifique si la production de données provient d’entreprises concurrentes ? Et comment ensuite les rendre intelligibles, accessibles, donc performatives ?</p>
<p>Toutes ces questions ne signifient pas que ces méthodes sont illusoires et sans intérêt. Elles sont au contraire d’autant plus intéressantes !
Au-delà d’une opposition naïve entre technophilie béate et technophobie grincheuse, toutes ces questions sont importantes à déconstruire dans toute tentative d’analyse de production scientifique, mais elles sont passionnantes dans le cas du football.</p>
<h2>La donnée du foot au cœur de plusieurs industries</h2>
<p>En effet, le football est au cœur d’enjeux économiques et culturels uniques. Le football, un peu comme la publicité, est une version caricaturale de notre société. Par exemple, observer ce qui se passe dans les tribunes des matches du Beitar Jérusalem en dit long sur l’agressivité de la société israélienne, mais comprendre les <a href="http://www.cahiersdufootball.net/article-nous-representons-la-coexistence-pacifique-avec-les-arabes-2959">Ultras de l’Hapoël Tel-Aviv</a> permet de le nuancer. Plus près de nous, les politiques de répression des ultras du foot en France sont, de l’aveu même des politiques, un laboratoire de la répression en général.</p>
<p>Pour rester dans notre sujet, la « donnée » dans le football est au cœur de plusieurs industries. Le marché du football lui-même (les transferts de joueurs, le marché des spectateurs…) n’en représente qu’une partie : d’un côté, l’industrie audiovisuelle est au cœur de ces enjeux par sa façon même de définir le spectacle qu’est le match de football télévisé. De l’autre, (et non sans lien), l’industrie du pari sportif est structurellement liée à la quantification des probabilités et donc à l’utilisation industrielle de la donnée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125882/original/image-20160609-7086-5qk5yq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Big business.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://i.ytimg.com/vi/AbFX2nW9aFI/maxresdefault.jpg">YouTube</a></span>
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<p>Le discours du besoin d’objectivité et de rationalité est typique d’un <a href="http://www.ihest.fr/la-mediatheque/dossiers-123/quand-la-science-entre-en/pierre-benoit-joly-l-economie-des">« régime de promesse technoscientifique »</a>. Comme pour les nanotechnologies par exemple, il s’agit de rendre <a href="https://theconversation.com/big-data-lenjeu-majeur-de-lenseignement-au-xxi-siecle-59227">inéluctable</a> des choix techniques scientifiques et industriels. Mais la <a href="http://gsara.tv/causes/big-data-tyranie-du-reel/">gouvernementalité de la donnée</a> n’est pas le monopole d’un pouvoir unique, mais le lieu d’affrontements et d’intérêts divers et toutes ces questions scientifiques sont aussi des questions économiques, et politiques.</p>
<p>Or le football, contrairement au baseball ou au basketball, par la nature même du jeu, se prête plus difficilement à la quantification. Il résiste à la donnée par sa complexité physique, tactique, stratégique et psychologique. Le domaine des <em>football analytics</em> est aujourd’hui dans un régime d’<a href="http://grantland.com/the-triangle/the-adolescence-of-soccer-stats/">« adolescence »</a> par rapport aux sports qui sont les « success stories » de la donnée, comme le baseball.</p>
<p>Quand un milliardaire américain achète le Liverpool FC, un des plus gros clubs de la planète, parce qu’il a été séduit par la _success story _hollywoodienne de <a href="https://youtu.be/AiAHlZVgXjk"><em>Moneyball</em></a>, il veut reproduire naïvement une belle histoire de baseball dans le football et son échec provoque les <a href="http://bleacherreport.com/articles/1588677-how-moneyball-thinking-made-a-difference-at-liverpool">moqueries</a>. Quand un <a href="https://www.theguardian.com/football/2015/oct/15/brentford-owner-matthew-benham-hates-moneyball">entrepreneur</a> dans l’industrie du pari sportif achète le Brentford FC, modeste club de Championship loin de l’actualité sportive internationale, les entremêlements entre le pari sportif, l’analyse de performance, le marché des joueurs sont à prendre au sérieux… pour comprendre comment se mettent en place les relations complexes entre « données » et football. Il s’agit de science, il s’agit d’économie, il s’agit de politique, il s’agit de culture.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60218/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Hocquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>« Fussball ist wie Schach, nur ohne Würfel », le football c’est comme les échecs, mais sans les dés. D’où viennent ces données qui visent à analyser ce sport ? Les réponses sont complexes.Alexandre Hocquet, Professeur des Universités en STS, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/605722016-06-08T04:49:35Z2016-06-08T04:49:35ZLes « fan zones » à risques multiples<p>Depuis plusieurs années, en plus des stades qui accueillent les supporters, un nouvel espace dédié est apparu pour ceux qui ne peuvent y accéder, les « fan zones ». Au départ, ces espaces totalement ouverts permettaient à ceux qui le souhaitaient de voir les matchs sur grand écran dans un contexte bon enfant et avec une sécurité limitée.
Mais avec les inquiétudes liées à la menace terroriste, la sécurité est devenue une problématique majeure pour ces espaces.</p>
<p>La perspective qu’un kamikaze puisse se faire exploser au milieu du public ou que des terroristes se mettent à mitrailler dans tous les sens, comme cela a été le cas au Bataclan le 13 novembre 2016, doit être malheureusement envisagée et nécessite par conséquent un dispositif sécuritaire à la hauteur de la menace. Il aurait été en effet inconcevable de maintenir des « fan zones » si les différentes parties prenantes de l’événement (les organisateurs – Euro 2016 SAS –, l’État et les collectivités locales concernées) n’avaient pas revu totalement l’organisation de la sécurité de ces endroits.</p>
<h2>Palpations et vidéosurveillance</h2>
<p>Ainsi, une <a href="http://circulaires.legifrance.gouv.fr/index.php?action=afficherCirculaire&hit=1&retourAccueil=1&r=39312">instruction ministérielle</a> a-t-elle été publiée le 5 mars 2016 pour préciser à la fois le statut de ces espaces – Installation ouverte au public (IOP) –, les responsabilités en matière de sécurité de la part de chacune des parties et les moyens mis en œuvre.</p>
<p>Ce qu’il faut retenir est que les « fan zones » sont à la charge des collectivités locales et principalement des dix villes qui auront de tels emplacements. Ces espaces seront clos et rouverts en fonction du niveau de la menace et des risques terroristes évalués, le préfet déterminera les moyens nécessaires qu’il faudra allouer à la sécurisation de ces fan zones.</p>
<p>Plus la menace sera élevée, plus le dispositif de sécurité sera contraignant : droit aux palpations, vidéosurveillance… Enfin, convient-il de noter, les polices municipales et les entreprises de sécurité privées (ces dernières étant missionnés par Euro 2016 SAS) auront un rôle majeur dans la sécurité de ces sites.</p>
<h2>Un faible risque d’attentat</h2>
<p>À l’approche de l’événement une question s’impose : l’organisation des « fan zones » est-elle satisfaisante ? Si on mesure un dispositif à son efficacité, c’est-à-dire à sa capacité d’empêcher la réalisation d’une crise majeure au sein de ces enceintes, la réponse ne pourra être donnée que le 10 juillet (date de la fin de la compétition), même si – à notre sens – le risque d’attentats dans ces espaces est faible.</p>
<p>En effet, les attaques terroristes récentes montrent que les terroristes recherchent avant tout à commettre leur forfaiture là où ils peuvent aisément accéder. A contrario, quand il existe un dispositif de prévention situationnelle (caméras, agents…), ils évitent les lieux ou échouent généralement à passer à l’acte. Par conséquent, au vu de la hauteur des moyens alloués (estimés entre 2 millions et 10 millions d’euros), il sera peu pertinent pour des terroristes de tenter une telle opération.</p>
<p>Pour autant, peut-on être satisfait du dispositif global mis en place ? La réponse est là moins évidente et ce pour trois raisons principales.</p>
<h2>Coût financier élevé, un recrutement hâtif</h2>
<p>Premièrement, et de manière plus générale, la sécurité de l’Euro 2016 va coûter une <a href="http://www.politique.net/2014020201-cout-euro-2016-football.htm">fortune</a> à la collectivité dans son ensemble. Les pouvoirs publics et les organisateurs chiffrent le coût de la sécurité le plus souvent à la seule sécurité privée, à savoir les agents de surveillance et à la vidéosurveillance. Mais que coûte le dispositif globalement si on intègre à la fois les policiers, les gendarmes, l’armée (10 000 militaires), les agents de la sécurité civile et les policiers municipaux ? Difficile de chiffrer le coût global. Mais il est fort probable que l’on atteigne plusieurs dizaines de millions d’euros.</p>
<p>Deuxièmement se pose la question de la formation et du profil des personnes recrutées. Dépassées par les besoins de sécurité, les sociétés de sécurité privée ont du embaucher rapidement beaucoup de personnels. Même si ces personnels doivent disposer d’un certificat de qualification professionnel (CQP) pour exercer, il est permis de douter leurs compétences des personnels requis à cette activité. En cas de mouvements de foule ou de conflits entre supporters dans les fan zones, ces agents seront certainement incapables de faire face à l’événement. L’<a href="http://www.ladepeche.fr/article/2016/05/23/2350097-euro-2016-dispositif-securite-stade-france-cede-samedi-lors-match.html">exemple récent du Stade de France</a> entre supporters du PSG et de Marseille l’a déjà démontré.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/125380/original/image-20160606-13074-1twtbh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Lors du match Russie-Pologne le 12 mai 2012.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/gee01/7443584896/in/photolist-ckLjsC-7cLs6Z-rtcnaV-88XG6Z-BuRL2Y-spYj9t-7cLE4e-e6u2ZK-oe7XCx-ofTV7n-evPeYh-4W6oVK-4UkJor-ccZkzu-7Egrxh-fQEQ1b-8hTDs9-4UpYo1-opmJkb-31YLN3-B62yVs-6TJ9XC-4WaCWf-hkBmPE-BpSmHB-9i9T2i-4VsR8J-cduSJJ-e8Rei7-odiUDR-cduzef-nWc82Z-jVKeH-CpqTij-nZdWUA-BpSkMP-cye5Wh-rN7NMX-cduRxq-cogBV7-ckLjiq-ojzUnR-49UzRh-d2ekb1-bVC3ND-spQrUL-uAi4N-mVTyN-2ZU3mW-4dmYUj">Graeme Maclean/Flickr</a></span>
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<p>Troisièmement, la coordination entre les différentes forces de sécurité sera-t-elle opérante ? Naturellement des exercices de gestion de crise ont été mis en œuvre. Or justement, dans ces exercices ce sont surtout les acteurs publics qui ont collaboré, laissant peu de place à la sécurité privée et aux polices municipales. Chose étonnante au vu de la lecture de l’instruction ministérielle qui fait de ces deux derniers acteurs les principaux acteurs de la sécurité des fan zones.</p>
<p>Si dans les textes on est prêt à donner un rôle accru aux « partenaires » de la force étatique, dans les faits, il en va tout autrement. Cette hétérogénéité des forces en présence peu préparée à travailler ensemble peut s’avérer délicate en cas de gestion de crise.</p>
<h2>Surinvestissement sécuritaire</h2>
<p>Enfin, le surinvestissement sécuritaire de ces zones va nécessairement laisser un vide pour de nombreux autres espaces. Pendant que la puissance publique s’escrimera à assurer la tranquillité des « fan zones » et des stades, quelle sera la sécurité sur le restant du territoire ? Qu’il s’agisse d’actes terroristes ou d’actes de délinquance plus communs, le reste du territoire national sera logiquement moins bien protégé.</p>
<p>Plus de 100 000 personnes seront dédiées à la sécurité de l’Euro 2016 – soit approximativement un tiers des effectifs globaux de sécurité en France. C’est tout de même beaucoup. À la hauteur de ce surinvestissement sécuritaire, il nous reste donc à espérer que la fête ne soit pas gâchée et que le soir du 10 juillet, le vainqueur du trophée soit célébrée dans la joie et l’allégresse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60572/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Hassid ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré les critiques, le gouvernement a choisi de maintenir ces lieux de rassemblement festifs. Si la probabilité d’un attentat est faible, ce choix a un coût financier et humain non négligeable.Olivier Hassid, Chargé de cours, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.