tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/gambie-35310/articlesGambie – The Conversation2021-05-06T18:26:29Ztag:theconversation.com,2011:article/1592512021-05-06T18:26:29Z2021-05-06T18:26:29ZLe dilemme gambien sur les cosmétiques dépigmentants et sa résonance avec le mouvement Black Lives Matter<p>L’utilisation de produits destinés à blanchir ou à éclaircir la peau (dépigmentation), qui contiennent fréquemment des ingrédients toxiques (comme le mercure ou l’hydroquinine), est associée à des <a href="http://www.melaninfoundation.org/fr/index.php">effets secondaires néfastes pour la santé</a>.</p>
<p>Ces produits sont toutefois largement employés <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6692088/#:%7E:text=Dans%20les%20pays%20d%E2%80%99Asie,4%2C10%2C11%5D.">dans bon nombre de pays d’Asie et d’Afrique</a>, ce qui constitue un <a href="https://www.jeuneafrique.com/662925/societe/la-depigmentation-volontaire-un-probleme-de-sante-publique-mais/">problème de santé publique croissant</a>. En Afrique, selon les pays, entre 25 et 77 % de femmes (largement majoritaires parmi les utilisateurs) sont concernées, <a href="https://www.contrepoints.org/2019/02/08/336663-peut-on-resoudre-le-probleme-de-la-depigmentation-avec-une-loi">selon l’OMS</a>.</p>
<h2>L’actualité gambienne</h2>
<p>Ce sujet a récemment fait la une en Gambie, où le Parlement a <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/03/23/en-gambie-les-deputes-rejettent-l-autorisation-de-la-depigmentation_6074155_3212.html">refusé</a> d’abroger une loi de 1996 qui interdit l’usage de produits éclaircissants. La demande d’abrogation, déposée par le gouvernement du président Adama Barrow, reposait sur le constat que l’existence de cette loi permet trop souvent à des hommes d’abuser sexuellement des femmes ayant illégalement recours à la dépigmetation en les menaçant, si elles refusent de céder, de les dénoncer aux autorités. Cette demande d’abrogation n’a été soutenue que par 10 députés pour 23 contre, les partisans de loi d’interdiction condamnant la dépigmentation à la fois pour des questions morales, religieuses et sanitaires.</p>
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<p>En Gambie, cette loi prohibitive s’accompagne d’amendes pour les contrevenants (souvent des femmes à faible pouvoir d’achat), et s’applique dans un contexte marqué par l’existence d’un important marché informel, comme c’est souvent le cas en Afrique, et par une faible résonance des campagnes de prévention visant à signaler les dangers dont ces produits peuvent être porteurs pour le bien-être physique et psychologique des consommateurs. Les utilisatrices, pour la plupart peu éduquées et mal informées sur les effets néfastes de la dépigmentation, cherchent en utilisant ces produits à se conformer à des modèles de beauté délétères, notamment pour <a href="https://www.un.org/africarenewal/magazine/april-2019-july-2019/paying-high-price-skin-bleaching*">accroître leur valeur sur le marché matrimonial</a>.</p>
<h2>Un héritage colonial</h2>
<p>En France, un <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/composition-des-cosmetiques-lexigence-dune-information-claire-des-consommateurs">rapport</a> de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes indique que 60 % des produits blanchissants pour la peau contrôlés en 2018 contenaient des ingrédients dangereux pour la santé. C’est deux fois plus qu’en 2009. En 2009 déjà, la Mairie de Paris <a href="https://sante.lefigaro.fr/article/depigmentation-60-des-cremes-eclaircissantes-contiennent-des-produits-dangereux/">estimait</a> que 20 % des femmes d’origine africaine résidant en Île-de-France utilisaient des produits éclaircissants. Dix ans plus tard, la question prend de l’ampleur au niveau mondial, notamment <a href="https://www.irishtimes.com/news/world/africa/black-lives-matter-puts-focus-on-skin-bleaching-in-africa-and-asia-1.4286559">dans le contexte du mouvement Black Lives Matter</a>.</p>
<p>Comme nous l’avons montré <a href="https://theconversation.com/pour-les-marques-black-lives-matter-vraiment-142055">ici</a> les multinationales productrices de ces crèmes sont assises sur un marché stratégique (4,8 milliards de dollars en 2017, projeté à 8,9 milliards d’ici à 2027). Certaines participent à diffuser l’idée que les peaux blanches ou claires sont belles et propres, reproduisant d’anciens stéréotypes raciaux et sociaux. Le phénomène n’est pas nouveau : Nivea a <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2017/10/23/une-publicite-pour-une-creme-eclaircissante-de-nivea-qualifiee-de-raciste_a_23252237/">essuyé des critiques</a> à plusieurs reprises, notamment du fait d’une publicité diffusée au Ghana en 2017 dont la tagline était « maintenant que j’ai une peau visiblement plus claire, je me sens plus jeune ».</p>
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<p>Au Moyen-Orient, le slogan <a href="https://www.lci.fr/societe/video-white-is-purity-la-publicite-de-nivea-accusee-de-racisme-qui-ulcere-les-internautes-2044186.html">« White is purity »</a> (La blancheur est pureté), là aussi diffusé par Nivea, avait également provoqué une controverse. Dans cette région, comme en Afrique et en Asie, des décennies de discours de cet ordre utilisés comme leviers de communication des marques de cosmétiques ont participé à l’internalisation de schèmes de beauté engendrant une insatiable recherche de conformation.</p>
<p>Certaines <a href="https://www.ajol.info/index.php/rrias/article/view/44933">études post-coloniales</a> montrent à quel point les normes de beauté sont imprégnées des perceptions dominantes issues du colonialisme toujours à l’œuvre pour coder la blancheur comme qualité esthétique et signe de supériorité sociale. Le marketing nourrit l’aspect aspirationnel. D’ailleurs, on retrouve, sur la question des cheveux et du défrisage, les mêmes dynamiques de mises en danger par la composition des produits et rituels potentiellement dangereux (soude, formol) dans un contexte de valorisation sociale du cheveu lisse (jugé propre, à la différence du cheveu frisé, perçu comme négligé).</p>
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<h2>L’effet BLM</h2>
<p>Dernièrement, ces questions sont devenues de plus en plus politiques sous l’effet de l’activisme croissant des consommateurs – une dynamique qu’a amplifiée le mouvement Black Lives Matter. Des militants anti-racistes ont souligné que les publicités mettant en scène des femmes noires avaient presque systématiquement recours à des actrices au teint éclairci. Ce faisant, ces visuels réactivaient la course à l’éclaircissement comme norme de beauté valorisée au travers de campagnes pourtant dites inclusives. Plus de 16 000 personnes ont signé une <a href="https://www.change.org/p/unilever-ban-fair-lovely">pétition en ligne</a> demandant qu’Unilever arrête de fabriquer un produit éclaircissant, Fair & Lovely. Certains ont <a href="https://twitter.com/Anjalicious01/status/1268821909514436615">accusé l’entreprise d’hypocrisie</a> quand son directeur général, Alan Jope, a tweeté, dans l’effervescence ayant suivi la mort de George Floyd : « Le racisme systémique et l’injustice sociale doivent être éradiqués. Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la création d’une société équitable qui ne tolère pas l’intolérance. »</p>
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<p>Les <a href="https://twitter.com/MariannesNoires/status/1277173822576304128?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1277173822576304128%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.marianne.net%2Fnode%2Fadd%2Farticle">critiques</a> subies par une marque comme L’Oréal pour avoir <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/racisme-l-oreal-annonce-supprimer-certains-mots-comme-blanchissant-de-ses-produits_2129409.html">annoncé</a> la suppression des termes « blanchissant » ou « éclaircissant » révèlent que les consommateurs souhaitent une réelle transformation des pratiques, pas un changement cosmétique. Les hashtags comme #pullitdown après le scandale Nivea en Afrique visant à dénoncer le discours de marques internationales dévalorisant le teint noir, s’intensifient, faisant écho au marché global.</p>
<p>Dans le même temps, le succès de la marque Fenty, lancée par la chanteuse Rihanna en 2017, a bouleversé les codes en promouvant l’acceptation de toutes les beautés par la création d’une gamme de fond de teint de <a href="https://www.thinkwithgoogle.com/intl/fr-fr/futur-du-marketing/management-et-culture-d-entreprise/diversite-et-inclusion/avec-fenty-beauty-rihanna-eveille-les-consciences-sur-la-beaute-pour-toutes/">plus de 40 teintes (désormais 50)</a> pour correspondre aux attentes des consommatrices mal servies. L’industrie lui a dès lors emboîté le pas.</p>
<p>Est-ce à dire que la prise de conscience est suffisante ? Une visite dans n’importe quelle boutique de cosmétiques en Afrique, dans les Caraïbes ou en Asie invite à en douter. On découvre aisément sur les étalages des produits licites que les consommatrices savent identifier comme éclaircissants sous des vocables comme « antitaches » ou « uniformisant » (toning) du fait de composantes mises en avant comme les acides de fruits (AHA) ou la vitamine C. Ces produits exigent aussi de ne pas s’exposer au soleil. Or on trouve massivement en Afrique des produits à indice de protection solaire 100, pensés pour les peaux très pâles intolérantes au soleil…</p>
<p>Pour revenir au cas gambien, la loi qui prohibe l’usage des produits éclaircissants entraîne un recours à des pratiques devenues clandestines, potentiellement dangereuses. Le souhait de revenir sur cette loi concerne, on l’a dit, les externalités négatives liées non pas à l’usage du produit mais au chantage exercé par des hommes qui réclament des faveurs sexuelles, menaçant dans le cas contraire de dénoncer les femmes contrevenantes. C’est un problème de justice sociale lié au genre. Comme nous l’avons montré dans différents travaux notamment en <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10253866.2018.1512250">Ouganda</a> ou en <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1509/jppm.15.146">République dominicaine</a>, pour régler un tel problème, une loi interdisant les produits éclaircissants ne peut suffire. Il convient de combiner plusieurs approches : démantèlement des stéréotypes, facilitation d’accès à la justice et à l’éducation, sans oublier l’empowerment individuel des femmes de façon à ce qu’elles ne soient plus dépendantes du marché matrimonial.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159251/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nacima Ourahmoune ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une récente décision du Parlement gambien sur la question des produits dépigmentants invite à s’interroger sur cette pratique encore très répandue en Afrique, mais aussi dans les Caraïbes et en Asie.Nacima Ourahmoune, Professeur / Chercheur/ Consultant en marketing et sociologie de la consommation, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1301662020-01-23T19:12:26Z2020-01-23T19:12:26ZL’Afrique de l’Ouest remplit-elle les conditions d’une zone monétaire optimale ?<p>Les 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont décidé, fin juin 2019, de créer une <a href="https://www.bbc.com/afrique/48811981">monnaie appelée éco</a>. Dans la foulée, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a déclaré qu’elle allait <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-franc-cfa-va-changer-de-nom-et-devenir-leco_fr_5dfe70cde4b05b08bab665bd">changer le nom du franc CFA en éco</a>.</p>
<p>Il s’agit d’un <a href="https://ouestaf.com/monnaie-unique-de-la-cedeao-leco-apres-trente-ans-de-tergiversations/">vieux projet qui remonte à plusieurs décennies</a>.</p>
<p>C’est le <a href="http://www.wami-imao.org/?q=fr/menuhome">20 avril 2000, à Accra</a>, que les six pays ouest-africains (Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Nigeria, Sierra Leone) ont annoncé leur intention de créer une <a href="https://www.bceao.int/sites/default/files/2017-12/L_impact_de_la_variation_des_taux_d_interet_directeurs_de_la_BCEAO_sur_l_inflation_et_la_croissance_dans_l_UMOA_Nubukpo_KK-_NIS_no_526_de_juin_2002-.pdf">Union monétaire en Afrique de l’Ouest</a> (UMOA). Celle-ci deviendra en avril 2002 la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO) à côté de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), regroupement de huit États ouest-africains essentiellement francophones (à l’exception de la Guinée-Bissau), ayant en partage le franc CFA.</p>
<p>Le projet prévoyait une fusion ultérieure de cette seconde union monétaire avec l’UEMOA. Le but était de faire coïncider les frontières de l’Union monétaire avec celles de la Cédéao. Ce scénario conduirait l’UEMOA à renoncer au franc CFA pour adopter l’éco, nouvelle monnaie régionale dont le régime de change vis-à-vis de l’euro et du dollar ne fut pas précisé. Mais sommes-nous aujourd’hui dans une configuration régionale propice à une union monétaire ?</p>
<h2>La Cédéao, une zone monétaire optimale ?</h2>
<p>Sur le plan théorique, c’est <a href="https://www.lesechos.fr/1999/10/le-nobel-deconomie-a-robert-mundell-theoricien-de-lunion-monetaire-778417">Robert Mundell</a> qui a jeté les <a href="https://www.experimentalforschung.econ.uni-muenchen.de/studium/veranstaltungsarchiv/sq2/mundell_aer1961.pdf">bases théoriques de la zone monétaire optimale</a>. Autrement dit, il a énoncé les critères à l’aune desquels des régions du monde peuvent décider d’adopter une monnaie unique. Si l’on applique cette théorie à la Cédéao, que découvre-t-on ? La plupart des recherches qui analysent les coûts et les bénéfices d’une union monétaire au sein de la Cédéao (<a href="https://www.imf.org/external/pubs/nft/op/204/">Masson et Pattillo en 2001-2002</a>, <a href="https://www.researchgate.net/publication/4997209_On_the_Adequacy_of_Monetary_Arrangements_in_Sub-Saharan_Africa">Benassy-Quéré et Coupet en 2005</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304387806000617">Houssa en 2008</a>, <a href="https://www.researchgate.net/publication/46443695_Union_Monetaire_en_Afrique_de_l%E2%80%99Ouest_Quelles_Reponses_a_l%E2%80%99Heterogeneite_des_Chocs">Tapsoba en 2009</a>, <a href="https://www.imf.org/%7E/media/Files/Publications/WP/2019/WPIEA2019146.ashx">Prasad en 2019</a>)) montrent que si les bénéfices d’une monnaie unique pour les pays ouest-africains sont potentiellement importants (en particulier en termes de commerce régional et de performance macro-économique), les coûts n’en demeurent pas moins élevés.</p>
<h2>Les coûts d’une union monétaire</h2>
<p>Les analyses montrent que la divergence des chocs est si importante entre les économies ouest-africaines que les coûts d’une union monétaire au niveau de la Cédéao risqueraient d’être plus importants que les bénéfices attendus.</p>
<p>Plus spécifiquement, le fait que les pays de l’UEMOA soient importateurs nets de pétrole, alors que le Nigeria, véritable géant économique de la zone, est exportateur net de pétrole, rend a priori difficile la mise en place d’une politique monétaire commune à l’espace Cédéao. En effet, les pays de l’UEMOA et le Nigeria ne sont presque jamais dans la même phase du cycle économique lors de la survenance d’un choc d’offre (par exemple la hausse ou la baisse du prix du pétrole).</p>
<p>Une politique monétaire commune à des pays en opposition de phase dans le cycle économique ne peut être optimale. Elle induirait tôt ou tard la tentation, pour certains pays, de récupérer leur souveraineté monétaire afin de faire face aux défis spécifiques de leurs économies respectives.</p>
<h2>Les avantages</h2>
<p>Au titre des bénéfices attendus, il convient de mentionner en particulier la réduction des coûts de transaction liés aux échanges.</p>
<p>Deux conditions sont requises pour que les gains d’une union monétaire soient supérieurs aux coûts : le caractère symétrique des chocs qui affectent les différentes économies, et l’existence de mécanismes alternatifs (par exemple une grande flexibilité des marchés) devant prendre le relais des ajustements du taux de change lorsque surviennent des chocs asymétriques.</p>
<p>Cependant, d’autres arguments, fondés notamment sur <a href="https://www.nber.org/papers/w5700.pdf">l’approche endogène des critères d’optimalité</a>, plaident pour la mise en place d’une monnaie unique au sein de la Cédéao.</p>
<p>En effet, l’existence même d’une telle union monétaire pourrait être <a href="https://www.amazon.fr/monnaie-unique-lAfrique-Dossier-%C3%A9conomique/dp/2845863845">source de développement du commerce régional</a> et donc de lissage intrarégional des chocs affectant les économies de la Cédéao. En outre, il peut se développer la notion de partage des risques, illustrée par la mobilité accrue des facteurs de production, la mise en place d’institutions comme les fonds de compensation, et le développement des marchés financiers régionaux.</p>
<h2>Les enseignements de la zone UEMOA</h2>
<p>Il ne fait guère de doute que l’UEMOA ne correspond pas à <a href="https://www.econstor.eu/bitstream/10419/196384/1/GEG-WP-126.pdf">tous les critères qui fondent l’optimalité d’une zone monétaire</a>. En attestent les études empiriques qui montrent qu’il n’y a pas eu d’augmentation du caractère symétrique des chocs (faible corrélation des chocs liés aux termes de l’échange). Ceci s’explique notamment par la forte spécialisation des pays dans la production et surtout l’exportation de quelques matières premières, ce qui exclut une complémentarité entre eux.</p>
<p>En outre, il existe une forte hétérogénéité des structures économiques dans une zone où coexistent trois types d’économies : des économies sahéliennes fortement dépendantes des aléas climatiques (Burkina, Mali, Niger) ; des économies relativement industrialisées et à forte dominance des activités de services (Côte d’Ivoire, Sénégal) ; et, enfin, des économies côtières dont la dynamique est clairement tirée par le commerce d’import-export (Bénin, Togo).</p>
<p>Pour ce qui concerne le critère relatif à la mobilité de la main-d’œuvre, cette dernière est restée très faible en dépit de l’existence du <a href="http://www.uemoa.int/fr/system/files/fichier_article/traitreviseuemoa.pdf">Traité de l’UEMOA</a> qui prévoit dans son article 4 la libre circulation et le droit d’établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariée. Les mouvements migratoires <a href="https://journals.openedition.org/hommesmigrations/1724">semblent être plus liés aux déterminants historiques et culturels</a> qu’aux ajustements économiques.</p>
<p>De plus, les <a href="http://www.leparisien.fr/international/cote-d-ivoire-chronologie-d-une-crise-politique-17-12-2010-1195393.php">difficultés qu’a connues à la fin des années 2000 la Côte d’Ivoire</a>, pays le plus important de l’Union sur le plan économique, n’ont pas facilité les migrations de travailleurs en direction de ce pays, dans un contexte de regain nationaliste illustré par les controverses autour de la notion d’<a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/12/09/les-deux-faces-de-l-ivoirite_1451194_3212.html">« ivoirité »</a>.</p>
<p>Enfin, la faible flexibilité des prix relatifs dans des économies structurellement oligopolistiques (entre les mains d’oligopoles), et le <a href="https://www.financialafrik.com/2019/10/24/uemoa-faible-progression-du-taux-de-bancarisation-strict-en-2018/">bas niveau du taux d’épargne</a> couplé à la <a href="https://www.lejecos.com/MARCHE-FINANCIER-DE-L-UEMOA-L-Agence-Umoa-Titres-leve-pour-les-Etats-2500-a-3000-milliards-par-an_a12015.html">faible profondeur du marché financier régional</a> réduisent les transferts intracommunautaires au plan microéconomique. Tout cela, couplé à la faiblesse des fonds structurels, empêche la mise en place de politiques d’envergure macroéconomique et sectorielle de convergence des pôles régionaux, et la transformation de l’UEMOA en une zone monétaire optimale.</p>
<p>De plus, le commerce intrarégional est resté faible, du fait notamment de la structure extravertie des économies (priorité à l’exportation vers les pays du Nord de matières premières agricoles et non agricoles), de l’étroitesse des marchés, des coûts de transport élevés, de la faible productivité du capital et de nombreuses entraves tarifaires et non tarifaires aux échanges.</p>
<p>Dans ce contexte, pourquoi la Cédéao qui, pour une grande part, réplique les configurations économiques structurelles de l’UEMOA, réussirait-elle à devenir une zone monétaire optimale, là où l’UEMOA a échoué ?</p>
<h2>Une monnaie unique pour la Cédéao ?</h2>
<p>Plusieurs arguments plaident pourtant en faveur de la capacité de la Cédéao à devenir une zone monétaire optimale. Premièrement, tout choc affectant une économie de la Cédéao pourrait être plus vite amorti de manière endogène dans l’espace Cédéao que dans l’UEMOA, du fait de la taille importante du marché régional Cédéao.</p>
<p>Ensuite, les flux d’échanges sont historiquement et culturellement beaucoup plus pérennes au sein de la Cédéao que ceux existant dans l’UEMOA. À titre d’illustration, les échanges entre le Togo et le Ghana, ou entre le Bénin et le Nigeria, ou encore entre le Niger et le Nigeria, le Sénégal et la Gambie, au sein desquels les proximités de peuplement, historiques et culturelles jouent un rôle clé, sont de loin supérieurs en volume à ceux qu’on peut noter entre la plupart des pays membres de l’UEMOA.</p>
<p>Enfin, contrairement à l’UEMOA, le Nigeria est potentiellement capable de jouer, au sein de la Cédéao, le rôle de « prêteur en dernier ressort » lors des premiers pas de la monnaie unique, en supportant les coûts de la coordination régionale. Encore faudrait-il qu’il veuille le faire, eu égard notamment aux avantages tirés de la gestion nationale de sa monnaie le Naira pour résoudre des difficultés d’ordre interne à sa fédération. L’UEMOA pourrait venir en appoint en apportant sa grande expérience de gestion d’une union monétaire. Pami les défis rencontrés par la Commission de l’UEMOA, on peut citer les innovations institutionnelles comme, par exemple, le principe de la <a href="http://www.uemoa.int/fr/rapport-semestriel-d-execution-de-la-surveillance-multilaterale-de-l-union-juin-2019">surveillance multilatérale</a>.</p>
<p>D’un point de vue théorique et empirique, l’UEMOA et la Cédéao ne sont pas des zones monétaires optimales même si cette dernière dispose de quelques avantages. D’où la nécessité de corriger les caractéristiques structurelles des économies de l’Afrique de l’Ouest. Il en va de la réussite de l’éco.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130166/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kako Nubukpo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les pays de la zone franc d’Afrique de l’Ouest ont décidé de créer une monnaie en 2020 en remplacement du franc CFA. Mais la région présente-t-elle les caractéristiques propices à une union monétaire ?Kako Nubukpo, Professeur d'économie, Université de LoméLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/973772018-07-05T21:24:26Z2018-07-05T21:24:26ZQuand les commerçants jula faisaient rayonner l’Afrique de l’Ouest<p>Comment comprendre les tensions politiques qui agitent la Côte d’Ivoire contemporaine en ignorant les profondes mutations propres à son histoire longue ?</p>
<p>Trop souvent, les analystes résument ces dernières à l’ascension et au parcours de l’ambitieux Alassane Ouattara, l’actuel président <a href="http://www.jeuneafrique.com/588504/politique/alassane-ouattara-dissout-le-gouvernement/">qui vient de dissoudre le gouvernement</a>.</p>
<p>Alassane Ouattara appartient au groupe social malinké (aussi appelé mandingue), originaire du Mandé, espace compris aujourd’hui entre le Mali et la Guinée Conakry. C’est de cette communauté que sont issus les Jula (ou Dioula), une importante classe commerçante.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226242/original/file-20180705-122277-ic33g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le pays mandingue sur une carte de 1900.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mandingues#/media/File:Gwinea1900.jpg">Wikimedia</a></span>
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<figure class="align-left zoomable">
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<span class="caption">Étendue géographique des langues mandingues en Afrique de l’Ouest, 2008. Aire des Bambaras.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_mandingues#/media/File:Manding.png">Famille.lecamus/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>Cette communauté aurait tout particulièrement bouleversé les équilibres traditionnels de la société ivoirienne depuis ces dernières décennies, en brisant les cadres sociaux et politiques dans lesquels elle évoluait.</p>
<p>Mais l’émancipation des Jula est-elle si récente ? Cette dernière en effet influencé les pratiques économiques, les transferts culturels et les circulations humaines en Afrique de l’Ouest contemporaine.</p>
<p>Dans un article publié en 1982, Yves Person, <a href="https://www.openedition.org/12674">spécialiste reconnu de la civilisation mandingue</a>, faisait d’ailleurs remarquer que l’Afrique ne pourrait se comprendre sans prendre en compte la longue histoire du monde mandingue.</p>
<h2>Une économie-monde</h2>
<p>Le phénomène commercial jula, né au plus tard au XV<sup>e</sup> siècle, est aujourd’hui encore un agent culturel dont la migration a une projection planétaire. On doit à Fernand Braudel la notion <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/braudel-wallerstein-systeme-deconomie-monde/00016988">d’économie-monde</a> entendue comme :</p>
<blockquote>
<p>« un morceau de la planète économiquement autonome, capable pour l’essentiel de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité organique ».</p>
</blockquote>
<p>Ce postulat théorique laisse entendre que l’Europe est loin d’être l’unique centre de gravité du commerce mondial au XVI<sup>e</sup> siècle, ce qui suggère l’existence de divers réseaux commerciaux et culturels à travers la planète.</p>
<p>La célèbre métaphore de l’historien portugais Vittorino Maghalaes Godinho de <a href="https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1977_num_66_1_2207_t1_0068_0000_3">« la victoire de la caravelle sur la caravane »</a> pour caractériser la suprématie du commerce portugais en Afrique dès le XV<sup>e</sup> siècle ne rend que partiellement compte de l’insertion du continent noir dans les circuits commerciaux globalisés.</p>
<p>C’est à l’époque médiévale, bien avant la geste portugaise, que les échanges économiques à longue distance se sont imposés en Afrique. Ils étaient animés par les réseaux marchands Jaxanké sur l’axe de la Gambie, Haoussa entre Tchad et Niger et Jula dans la Boucle du Niger.</p>
<h2>Une expansion autour de l’or</h2>
<p>L’ouverture de la mer commença lorsque l’expansion mandingue relia le Soudan nigérien à la côte Atlantique, depuis la Sénégambie jusqu’à la côte de l’Or. À El mina sur les côtes de l’actuel Ghana les Jula apportaient au XV<sup>e</sup> siècle des marchandises en provenance de la boucle du Niger. Partis de Djenné et de Tombouctou, ces commerçants musulmans allaient jusqu’à Begho chercher l’or qui était destiné au trafic avec l’Afrique du Nord et l’Europe.</p>
<p>Cet or soudanais allait se trouver au cœur des bouleversements économiques qui redistribueraient les <a href="https://www.histoire-image.org/fr/etudes/europeens-cotes-afrique-fin-xviiie-siecle">cartes en Europe</a>, au XV<sup>e</sup> siècle.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226246/original/file-20180705-122247-kt3fzy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Soudan occidental (VIIIᵉ-XVIᵉ siècle), issu de <em>Les territoires du médiéviste</em>, « Fabriquer le territoire en Afrique au</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://books.openedition.org/pur/docannexe/image/8202/img-1.png">Brahim Diop/OpenEdition</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Durant les premières décades de ce siècle, l’or du Soudan commence à ne plus parvenir, du moins en quantité aussi considérable, jusqu’aux villes d’Afrique du Nord qui font office de relais entre les mines du Soudan et l’Europe, via la Méditerranée. <a href="https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1946_num_1_1_3177">Comme l’explique Braudel</a>, c’est la capture des trafics sahariens par les Portugais dès 1482 qui prive brusquement l’Europe d’une part importante de son ravitaillement en or. À cette époque, les Portugais se présentent sur la côte de la « Mine » avec des tissus, des hambels (les grosses et rustiques couvertures de l’Alemtejo), des bassins de cuivre fournis par le commerce anversois et, denrées plus précieuses encore, des chevaux et du blé marocains.</p>
<p>Ils se procurent en échange des esclaves noirs et de la poudre d’or. Les Portugais détournent à leur profit une grosse part, sinon la totalité, du métal précieux produit par les orpailleurs soudanais. Ils y réussissent en poussant leurs propres marchands, agents politiques, aventuriers, découvreurs de routes et initiateurs de trafics, à travers les États et les tribus indigènes, entre le golfe et le bassin du Niger.</p>
<h2>Une ramification jula mondialisée</h2>
<p>Il s’agit, pour Braudel, d’un événement capital, de portée mondiale. Le rôle des Portugais est immense : voilà l’or soudanais dérouté vers l’Atlantique. Voilà également comment l’Afrique, par le biais de ses réseaux marchands, celui des Jula en particulier, s’est positionnée comme un acteur majeur du commerce international au XV<sup>e</sup> siècle. À cet égard, ces réseaux constituèrent un rameau actif des réseaux de l’Ancien Monde qui contribuèrent à intégrer et relier les sociétés locales à l’ensemble du système spatial transcontinental.</p>
<p>Cette pure rationalité économique cadre imparfaitement avec la labilité de l’identité jula irréductible à la seule dimension d’<em>Homo economicus</em> qui a longtemps structuré les études sur leur diaspora marchande.</p>
<p>Je partage sur ce point l’<a href="https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1980_num_20_77_2358">analyse</a> d’Yves Person et de Richard Roberts qui contestent l’approche trop purement économique du commerce de l’ancienne Afrique, notamment à l’œuvre dans le désormais classique <em>Economic History of West Africa</em> de l’historien britannique <a href="https://www.goodreads.com/book/show/3709819-an-economic-history-of-west-africa">Gérald Hopkins</a>.</p>
<h2>Triade islam-commerce-migration</h2>
<p>En effet, les marqueurs identitaires jula, stables sur une longue durée, sont construits autour de la triade islam-commerce-migration. Ils renvoient aux phénomènes d’hybridation qui caractérisent les situations de contact, donc de transferts de culture. Connecteurs d’espaces économiques, mais également passeurs de civilisations, les Jula sont connus pour leur rôle dans l’islamisation de franges importantes des sociétés d’accueil, au gré de leurs longues pérégrinations en Afrique de l’Ouest.</p>
<p>La musique mandingue (dont la kora est l’instrument de base), les fêtes religieuses islamiques (ramadan, tabaski, etc.), le style vestimentaire incarné par le port du boubou traditionnel, etc. ont contribué à asseoir une identité culturelle qui se diffuse encore aujourd’hui grâce à l’existence de communautés diasporiques en Afrique de l’Ouest et ailleurs dans le monde.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pJUE03aeaQ4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La kora, un instrument clef. Ali Farka Touré & Toumani Diabaté – Debe live at Bozar, World Circuit Records, 2011.</span></figcaption>
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<h2>La reconversion vers l’entreprenariat politique</h2>
<p>Ce champ historique transnational défini par les commerçants jula se révéla décisif au moment des luttes africaines pour l’indépendance entre les années 1940 et 1960. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rassemblement_d%C3%A9mocratique_africain">Le Rassemblement démocratique africain</a> (RDA créé en 1946) s’appuya par exemple sur les réseaux économiques et sociaux transfrontaliers jula dans sa lutte contre l’ordre colonial français.</p>
<p>Ce tournant est d’autant plus visible en Côte d’Ivoire, <a href="http://www.jeuneafrique.com/128203/archives-thematique/la-mort-d-houphou-t-boigny-2/">aux lendemains du décès de Félix Houphouët Boigny</a> décédé en 1993 et tout premier Président de la République de Côte d’Ivoire (1960- 1993).</p>
<p>La reconversion d’une frange importante de Jula en entrepreneurs politiques
devient l’une des tendances majeures des mutations à l’œuvre dans le monde malinké dans la <a href="http://www.karthala.com/recherches-internationales/2967-cultures-dempires-echanges-et-affrontements-culturels-en-situation-coloniale-9782811114015.html">Côte d’Ivoire postcoloniale</a>.</p>
<p>Si certaines oppositions violentes à l’expansion jula se sont manifestées chez certains peuples du sud de la Côte d’Ivoire, en raison de leurs accointances avec l’ordre colonial français, il reste que la distribution spatiale des communautés, essentielle dans l’issue des joutes politiques ivoiriennes à fort relent d’ethnicisme, reste sustentée par le maillage territorial à l’œuvre de longue date chez les Jula de Côte d’Ivoire, un <a href="https://www.connectionivoirienne.net/95679/cote-divoire-les-racines-ethniques-de-la-longue-crise-politique">maillage toujours aussi puissant aujourd’hui</a>.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est une version modifiée de celui qui a été publié dans le numéro 39 de Fellows , <a href="http://fellows.rfiea.fr/dossier/glocalisation/article/l-afrique-de-l-ouest-dans-l-economie-monde-le-facteur-jula">« Glocalisation ;»</a>. Le <a href="http://rfiea.fr/">Réseau français des instituts d’études avancées</a> (RFIEA) a accueilli plus de 500 chercheurs internationaux depuis 2007.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97377/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chikouna Cissé ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La longue histoire du monde mandingue a influencé les pratiques économiques, les transferts culturels et les circulations humaines en Afrique contemporaine.Chikouna Cissé, Maître de conférence, histoire de l'Afrique, Université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan, Fellows 2012, IEA de Nantes, Réseau français des instituts d’études avancées (RFIEA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/898202018-01-15T20:39:06Z2018-01-15T20:39:06ZL’impunité, le prix à payer pour la démocratie en Afrique ?<p>La mise à l’écart en douceur de Robert Mugabe au Zimbabwe, en novembre 2017, a réactivé le débat sur l’impunité en Afrique et sur son rapport avec l’avancée du processus démocratique. Blanchir les dictateurs de tous les crimes qu’ils ont commis est-il le prix à payer pour retrouver la paix civile et pour revenir à la démocratie ?</p>
<p>En effet, le cas de Mugabe n’est pas isolé. Avant lui, le <a href="https://theconversation.com/presidentielles-en-afrique-comment-ca-va-la-democratie-71747">départ de Yahya Jammeh en Gambie</a> (janvier 2017) avait été négocié contre la promesse de le laisser quitter son pays sans être inquiété. À cette occasion, l’autocrate déchu avait choisi avec soin son pays d’accueil (la Guinée équatoriale) dont il pouvait être presque sûr que le président – l’autre dictateur Obiang Nguema – ne lui jouerait pas le mauvais tour du Nigeria à l’encontre de Charles Taylor.</p>
<p>On se souvient en effet que l’ancien chef d’État du Liberia avait lui aussi accepté de partir en 2003, moyennant l’impunité et l’exil à Lagos (Nigeria). Mais, sous la pression de la communauté internationale, le président nigérian Olusegun Obasanjo a finalement accepté, en 2006, la demande d’extradition du criminel de guerre, d’abord vers la Sierra Leone, théâtre de ses exactions les plus graves, puis vers la <a href="http://www.liberation.fr/planete/2013/09/26/cinquante-ans-de-prison-confirmes-pour-charles-taylor_934893">Cour pénale internationale de La Haye</a>.</p>
<h2>Amnisties informelles</h2>
<p>L’impunité n’est donc pas forcément éternelle. Parfois, elle est même très passagère. Ainsi l’ex-président malgache Marc Ravalomanana, « démissionnaire » en mars 2009, exilé en Afrique du Sud puis condamné (par contumace) aux travaux forcés à perpétuité en août 2010 pour la mort d’une trentaine de partisans de son rival d’alors Andry Rajoelina, avait vu son mandat d’arrêt annulé pendant quelques heures en janvier 2012, au moment où il s’apprêtait à revenir dans la Grande Île. Le prix à payer pour la réconciliation nationale avait sans doute paru trop élevé à l’époque, mais l’homme est néanmoins de retour aujourd’hui dans son pays et semble bénéficier d’une « amnistie informelle ».</p>
<p>Les ex-présidents ne sont pas les seuls bénéficiaires de telles largesses. Parfois des criminels de guerre notoires sont tellement au-dessus des lois qu’ils peuvent encore être candidats à la magistrature suprême. C’est le cas du Libérien Prince Johnson, qu’une vidéo de 1995 le montrant en train de boire une bière pendant que ses hommes coupaient les <a href="http://www.jeuneafrique.com/176384/politique/liberia-l-horrible-fin-de-samuel-doe-6/">oreilles de l’ancien président Samuel Doe</a> a rendu tristement célèbre.</p>
<p>Malgré les milliers d’autres morts dont il est probablement responsable, il a reconquis une forme de respectabilité en se faisant élire sénateur du Comté de Nimba en 2005. Puis il est arrivé troisième au 1<sup>er</sup> tour de la présidentielle de 2011, avec 12 % des suffrages. Toujours dans la course, il a encore recueilli 9 % des voix lors du scrutin présidentiel de 2017, et il a largement contribué à la victoire de George Weah. Au Libéria, ce n’est pas tant la réconciliation qui est recherchée que la paix civile, car l’ancien chef de guerre dispose encore dans son fief frontalier de la Côte d’Ivoire et de la Guinée de miliciens et d’armes susceptibles de faire replonger le pays dans le cauchemar des années 1990.</p>
<p>On pourrait également citer des présidents en exercice qui échappent à la justice – nationale ou internationale – justement parce qu’ils sont présidents mais aussi parce que l’opinion publique et la communauté internationale semblent avoir peur du désordre qui pourrait s’installer si on leur appliquait la loi. Ainsi <a href="https://theconversation.com/en-afrique-du-sud-la-chute-programmee-de-lanc-89172">Jacob Zuma</a> parvient-il à échapper aux lourdes charges qui pèsent contre lui grâce à l’immunité qui le protège et au soutien de ses amis politiques.</p>
<p>Quant au dirigeant du Soudan Omar el-Bechir, passible de la Cour pénale internationale, il continue à circuler tranquillement en dehors de son pays sans être inquiété par les mandats d’arrêt lancés contre lui en 2009 et 2010 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité <a href="https://theconversation.com/soudan-soudan-du-sud-tchad-guerres-sans-fin-guerriers-sans-frein-71237">au Darfour</a>.</p>
<h2>L’impunité par contumace</h2>
<p>Pour autant, l’impunité n’est pas forcément la règle, même si elle est largement répandue dans toutes les strates de la société dans bon nombre d’États africains. Ainsi le dictateur sanguinaire éthiopien Mengistu Hailé Mariam, réfugié en 1991 au Zimbabwe, a été condamné à mort par contumace en 2008.</p>
<p>De même, les autocrates chassés par les printemps arabes de 2011 ont-ils été poursuivis par la justice. En Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali a été sous le coup de 93 chefs d’inculpation dont 35 relevant de tribunaux militaires. À l’issue d’une douzaine de procès, il a été condamné par contumace à plusieurs peines de réclusion à perpétuité. <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/14/ben-ali-arabie-saoudite_n_8978494.html">Il est réfugié en Arabie saoudite</a>, qui refuse de l’extrader.</p>
<p>En Égypte, Hosni Moubarak a risqué la peine de mort par pendaison lors d’un long procès ouvert le 2 août 2011, mais il a finalement été acquitté et libéré le 2 mars 2017 sous réserve de ne pas quitter le territoire.</p>
<p>Quelques mois plus tard, l’ex-président malien Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars 2012 et réfugié au Sénégal, était sous la menace d’une inculpation pour haute trahison avant qu’une commission <em>ad hoc</em> le blanchisse de ces charges en 2016. <a href="http://www.jeuneafrique.com/505161/politique/mali-lex-president-att-est-arrive-a-bamako-apres-5-ans-dexil/">Il vient d’ailleurs de regagner Bamako.</a></p>
<p>En Centrafrique, l’ex-président François Bozizé, renversé le 24 mars 2013 et réfugié au Cameroun, est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice de son pays le 29 mai 2013. Au Burkina-Faso, <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20171118-cote-ivoire-ex-president-burkinabe-compaore-sort-son-silence">Blaise Compaoré</a>, chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 et réfugié en Côte d’Ivoire, est également visé par 18 mandats d’arrêt internationaux, dont certains ont été levés mais d’autres courent toujours, notamment pour la répression de l’insurrection populaire qui a provoqué sa chute.</p>
<h2>Laurent Gbagbo, un cas particulier</h2>
<p>Ailleurs, le cas de Laurent Gbagbo est particulier : il a été arrêté en avril 2011 et transféré sept mois plus tard (30 novembre 2011) à la Cour pénale internationale de La Haye. Nul doute que, lors des négociations ayant précédé son départ du Palais présidentiel d’Abidjan, l’argument de l’impunité (et de l’exfiltration) a pu être avancé par l’une ou l’autre des parties. Mais le pays était en situation de guerre civile larvée, les institutions – et singulièrement les tribunaux – étaient sinistrées et le régime d’Alassane Ouattara ne disposait pas des moyens pour faire face à un éventuel procès sur place.</p>
<p>Ainsi donc, à l’exception d’Hosni Moubarak et de Laurent Gbagbo, tous ces acteurs ont bénéficié d’une impunité <em>de facto</em> puisqu’ils sont en exil dans des pays qui refusent de les extrader. Ces refus sont souvent hypocritement justifiés par le manque de confiance dans les institutions judiciaires nationales concernées.</p>
<h2>Par quelle justice passer ?</h2>
<p>Alors pourquoi ne pas déléguer cette fonction à une instance internationale, comme ce fut le <a href="https://theconversation.com/le-proces-habre-un-moment-crucial-de-la-justice-internationale-en-afrique-60839">cas pour Hissène Habré</a>, jugé au Sénégal à partir de juillet 2015 par les Chambres africaines extraordinaires et <a href="http://www.jeuneafrique.com/432752/societe/tchad-hissene-habre-condamne-a-appel/">condamné à la réclusion à perpétuité</a>. En effet, cette juridiction originale créée par l’Union africaine semble être la bonne réponse à la défiance généralement ressentie à l’endroit à la fois des justices nationales et de la Cour pénale internationale. Cette dernière est, d’ailleurs, de plus en plus <a href="https://theconversation.com/lafrique-et-la-cour-penale-internationale-chronique-dun-divorce-annonce-68040">mal supportée par les États africains</a> qui l’accusent de ne s’en prendre qu’aux autocrates du continent.</p>
<p>En fait, la CPI a souvent du mal à instruire correctement ses procès, comme on a pu le voir en décembre 2014 lorsqu’elle a dû abandonner les <a href="http://lemonde.fr/afrique/article/2014/12/05/cpi-abandon-des-poursuites-contre-le-president-kenyan-kenyatta_4535316_3212.html">charges contre le président Uhuru Kenyatta</a>, pourtant accusé de crimes contre l’humanité, mais qui avait profité du pouvoir qu’il exerçait (à nouveau) pour purger son dossier des preuves attendues.</p>
<p>Cet exemple illustre bien le cœur du problème : comment faire prévaloir une justice réellement indépendante dans des pays où les libertés sont muselées ? Quels magistrats, quels tribunaux, quelles cours ont le courage d’affronter des pouvoirs qui, s’ils ne sont pas tous autocratiques, sont souvent complices des dictateurs ? On dispose de très peu d’exemples.</p>
<p>En juin 2015, la justice sud-africaine avait instruit la requête d’une ONG demandant que soient exécutés les mandats d’arrêt internationaux qui visaient le président soudanais Omar el-Bechir, de manière à ce qu’il soit bloqué à Pretoria lors de son passage dans le pays. Mais cette audace n’avait pas duré plus de 24 heures. Plus courageuse, la présidente du Malawi (Joyce Banda) avait préféré renoncer à accueillir le sommet de l’Union africaine en 2012 plutôt que d’y voir ce même Omar El-Bechir.</p>
<p>Alors Robert Mugabe, Yahya Jammeh, Prince Johnson, François Bozizé, Blaise Compaoré, Mengistu Hailé Mariam, Omar el-Bechir, Uhuru Kenyatta et quelques autres pourront sans doute encore vivre des jours tranquilles à l’abri des sanctions, au mépris des souffrances qu’ils ont infligées ou infligent encore à leurs peuples. À ceux-ci de dire si l’impunité – réelle ou <em>de facto</em> – dont bénéficient ces autocrates leur a procuré un mieux-vivre au quotidien.</p>
<p>Encore faudrait-il que ce quotidien ne soit pas lui-même marqué par une impunité généralisée, à tous les échelons de la société, faisant ainsi oublier la notion même de justice.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89820/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bouquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Blanchir les dictateurs de tous les crimes qu’ils ont commis est-il le prix à payer pour retrouver la paix civile et pour revenir à la démocratie ?Christian Bouquet, Chercheur au LAM (Sciences-Po Bordeaux), professeur émérite de géographie politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/813622017-09-11T21:10:05Z2017-09-11T21:10:05ZL’éducation arabo-islamique en Afrique subsaharienne : dépasser les idées reçues pour construire l’avenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/183748/original/file-20170829-10409-e5t18b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des enfants d'une école coranique à Mombasa, au Kenya.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/m1key-me/12744523274/in/photolist-kqc1KU">Michał Huniewicz/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>L’<a href="https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2016-1-page-11.htm">éducation arabo-islamique</a> en général, et les <a href="https://etudesafricaines.revues.org/204">écoles coraniques</a> en particulier, reste la grande oubliée des programmes prônant l’éducation pour tous en Afrique.</p>
<p>Pourtant, cette éducation concerne un nombre très important d’enfants, dont une bonne partie est considérée comme se situant hors du système éducatif par les autorités publiques.</p>
<p>Reconnaître l’existence de l’éducation arabo-islamique, <a href="http://www.afd.fr/webdav/site/afd/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Question-developpement/QDD36%20BAT.pdf">son importance et sa diversité</a> est donc un préalable pour construire un cadre de concertation et un dialogue entre tous en Afrique subsaharienne. Mais pour cela, il faut commencer par dépasser certaines idées reçues.</p>
<h2>Idée reçue 1 : l’éducation arabo-islamique est un phénomène récent en Afrique</h2>
<p>L’éducation arabo-islamique est apparue au XI<sup>e</sup> siècle en Afrique subsaharienne au moment de la <a href="http://www.la-croix.com/Archives/2012-02-04/EXPLICATION-L-islam-en-Afrique-subsaharienne-une-presence-ancienne-_NP_-2012-02-04-785540">diffusion de l’Islam</a>. C’est la première forme d’éducation collective formalisée. Initiée d’abord par des commerçants arabo-berbères en Afrique de l’Ouest, puis propagée par des confréries religieuses à partir du XIX<sup>e</sup> siècle, elle a d’abord pris la forme des écoles coraniques de type <a href="http://www.la-croix.com/Religion/Spiritualite/Le-soufisme-langue-des-mystiques-musulmans-2013-10-18-1045832">soufi</a>. On y enseigne alors essentiellement la mémorisation du Coran.</p>
<p>Pour concurrencer les écoles coraniques et attirer les élèves musulmans dans l’espace francophone colonial, l’administration française a ensuite créé des <a href="http://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2007_num_94_356_4283">médersas coloniales</a> sur un modèle bilingue franco-arabe.</p>
<p>À partir des années 1940, un marché de l’éducation arabo-islamique a progressivement émergé grâce à l’initiative d’entrepreneurs de l’éducation, appuyés et soutenus par des financements extérieurs en provenance du Maghreb et plus récemment des pays du Moyen-Orient.</p>
<p>Depuis 2000, en voulant les intégrer dans le système éducatif formel, certains États ont développé de nouvelles structures éducatives intégrées (écoles coraniques intégrées ou modernisées et écoles franco-arabes publiques) dans les systèmes éducatifs nationaux.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/179498/original/file-20170724-21564-1909420.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"><em>Daara</em> (école coranique) « mixte », commune de Diourbel (Sénégal).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Clotilde Hugon</span></span>
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<h2>Idée reçue 2 : l’éducation arabo-islamique, c’est l’apprentissage du Coran</h2>
<p>L’éducation arabo-islamique regroupe une très grande <a href="https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2016-1-page-106.htm">diversité d’institutions variant selon les contextes géographiques</a>, mais présentes dans presque tous les pays d’Afrique, qu’ils soient à majorité ou à minorité musulmane. En raison de l’absence de données, cette catégorie de structure éducative reste encore peu prise en compte par les chercheurs et les planificateurs des systèmes éducatifs.</p>
<p>Il est possible de distinguer les établissements selon leur niveau de reconnaissance par les États : les établissements formels (nommés <em>médersas</em>/<em>madrasahs</em>, écoles coraniques intégrées ou franco-arabes) et les établissements informels (nommées <em>daara</em>, <em>maktab</em> ou <em>kuttāb</em>).</p>
<p>L’éducation formelle est celle qui dispense le curriculum scolaire national dans un cadre officiel, reconnu par les institutions du pays. Elle est prise en charge par le système éducatif national, selon une pédagogie, des règles de fonctionnement, un processus de validation et un calendrier fixé par l’État.</p>
<p>À l’inverse, l’éducation non-formelle se situe hors du cadre officiel de l’État, elle ne forme pas aux compétences attendues dans le curriculum scolaire national ou aux examens et ne donne pas lieu à des évaluations ni à la certification des acquis.</p>
<p><em>Tableau : Différences entre établissements éducatifs arabo-islamiques pour les enfants en âge d’être dans le cycle primaire</em></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/179485/original/file-20170724-28519-1w6pn7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Peut-on ignorer l’éducation arabo-islamique en Afrique subsaharienne ?, Question de développement n°36, Agence Française de Développement.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Idée reçue 3 : l’éducation arabo-islamique est un épiphénomène</h2>
<p>Quantifier le nombre d’enfants pris en charge par des structures éducatives arabo-islamiques est un véritable défi puisque la grande majorité des pays africains ne collecte pas d’informations sur ce sujet. En effet, les données administratives collectées se concentrent sur les établissements considérés comme formels, dans la mesure ou ils sont les seuls à être considérés comme relevant de la responsabilité du ministère de l’Éducation.</p>
<p>Dans quelques pays, les données d’enquêtes permettent de <a href="https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2016-1-page-25.htm">donner un ordre d’idée</a> de la proportion d’enfants qui sont pris en charge par des écoles coraniques exclusivement (éduction arabo-islamique non-formelle). Leur part représente une proportion assez faible en Côte d’Ivoire (1,5 %), au Nigéria (3,5 %), mais est beaucoup plus importante au Tchad (6,8 %), aux Comores (15,4 %), en Mauritanie (23,1 %) et en Somalie (33,5 %).</p>
<p>Les élèves des écoles coraniques représentent ainsi une très grande partie des enfants considérés comme étant « hors l’école », la plupart des pays ne les distinguant pas des enfants véritablement en dehors de toute structure éducative.</p>
<p>Du côté de l’éducation arabo-islamique formelle, celle-ci prend en charge une partie assez faible des enfants en Mauritanie (0,4 %), au Nigéria (0,5 %), en Côte d’Ivoire (1,7 %), au Burkina Faso (1,8 %), au Sénégal (3,4 %), et est importante en Gambie (10,9 %).</p>
<p><em>Graphique : Pourcentage des enfants en âge d’être au primaire selon la situation éducative</em></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/179487/original/file-20170724-28293-1uutenl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Peut-on ignorer l’éducation arabo-islamique en Afrique subsaharienne ?, Question de développement n°36, Agence Française de Développement, * les pays n’ont pas de données sur les écoles coraniques.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Idée reçue 4 : l’éducation arabo-islamique, c’est pour les garçons et pour les pauvres</h2>
<p>Si une <a href="https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2016-1-page-25.htm">grande partie des ménages musulmans cumulent un enseignement formel (public ou privé) avec une école coranique</a>, une partie non négligeable des ménages se contente d’une école coranique.</p>
<p>Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les écoles coraniques ne sont pas réservées aux garçons et aux ménages les plus pauvres. Un grand nombre de filles sont également prises en charge et, dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Somalie et le Sénégal, l’<a href="http://www.afd.fr/webdav/site/afd/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Papiers%20de%20recherche/34-papiers-recherche.pdf">éducation arabo-islamique peut même être parfois plus favorable aux filles que les autres structures éducatives formelles.</a></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/179594/original/file-20170725-23039-4kxfnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"><em>Daara</em> de l’ONG Jamra, située à Dakar. Ce <em>daara</em> a intégré la langue française (lecture, écriture et mathématiques) en parallèle à l’enseignement islamique. Les classes sont divisées selon les niveaux et par genre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Clothilde Hugon</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les écoles coraniques concernent une catégorie intermédiaire de la population. Celle-ci se situe <a href="http://www.afd.fr/webdav/site/afd/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Papiers%20de%20recherche/34-papiers-recherche.pdf">entre les ménages les plus urbains et les plus riches (qui placent leurs enfants dans l’éducation formelle), et les ménages les plus pauvres et les plus ruraux (qui ne mettent leurs enfants dans aucune structure éducative)</a>. Quant à l’éducation arabo-islamique formelle, elle concerne plutôt les garçons et les ménages disposant d’un niveau de revenu intermédiaire à aisé.</p>
<h2>Comment construire un compromis entre les États et l’éducation arabo-islamique ?</h2>
<p>De fait, il existe un double système éducatif dans la plupart des pays africains à majorité ou à composante musulmane. L’un est d’inspiration occidentale (les écoles publiques ou privées non arabo-islamiques) et l’autre est issu de la culture arabo-islamique et de son acculturation en Afrique depuis des siècles (les écoles coraniques).</p>
<p>Des initiatives sont menées par des courants religieux (d’abord réformistes, puis confrériques) et des États (parfois accompagnés par des organisations internationales et non gouvernementales), afin de donner corps à ce qu’on pourrait appeler une <a href="https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2016-1-page-11.htm">troisième voie</a>. Celle-ci tente de réconcilier une demande d’éducation religieuse et un impératif de mise aux standards internationaux.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/iv6B9B1pezM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Certains États progressent ainsi vers un système « hybride », où, dès le cycle primaire, l’enseignement religieux (ainsi que l’enseignement de la langue arabe) est couplé à un enseignement « profane ». Celui-ci permet l’acquisition d’une éducation de base (en langue française ou anglaise), notamment des compétences en lecture, écriture, et mathématiques.</p>
<p>Ces écoles (par exemple, les écoles franco-arabes au Sénégal) sont toujours en voie d’expérimentation (programmes scolaires, taux horaires, enseignement des langues, enseignement du religieux à l’école, formation des enseignants). Des efforts sont ainsi à consentir par toutes les parties prenantes pour dépasser les incompréhensions mutuelles et construire le projet éducatif commun dont l’Afrique subsaharienne a besoin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81362/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clothilde Hugon a reçu des financements de la Région d'Aquitaine pour mener sa thèse de doctorat de 2012 à 2015</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hamidou Dia a reçu des financements du Ministère des Affaires Etrangères (2006-2009), de l'UNICEF (2014-2015), de Enda-Europe (2008).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rohen d’Aiglepierre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En Afrique subsaharienne, l’éducation arabo-islamique, n’est ni récente ni un épiphénomène. Négligée et mal comprise, elle reste fondamentale à intégrer au développement éducatif de la région.Rohen d’Aiglepierre, PhD, chargé de recherche « Capital humain », Agence française de développement (AFD)Clothilde Hugon, Docteur en science politique, Sciences Po BordeauxHamidou Dia, Socio-anthropologue et chargé de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/717472017-01-26T22:15:08Z2017-01-26T22:15:08ZPrésidentielles en Afrique : comment ça va, la démocratie ?<p>En deux années (2015 et 2016), la moitié du continent devait se rendre aux urnes pour élire ou réélire pas moins de 27 présidents sur les 54 États officiellement reconnus. Et force est de constater que 25 consultations ont bel et bien eu lieu dans ce créneau calendaire.</p>
<p>Bel et bien n’est pas tout à fait l’expression adéquate, et nous avions eu l’occasion de faire le point sur ce sujet aux trois quarts du parcours, en <a>juillet 2016</a>, alors qu’il ne restait que sept scrutins à organiser.</p>
<p>À partir des critères de crédibilité que nous avions retenus, l’année 2015 avait réservé une heureuse surprise : le <strong>Nigeria</strong> qui, avec ses 68 millions d’électeurs et son territoire peu sécurisé, avait réussi une alternance incontestable et incontestée. À la charnière de 2015 et 2016, le <strong>Burkina Faso</strong> et la <strong>Centrafrique</strong> avaient donné la preuve que les citoyens comptent encore beaucoup sur des élections pour sortir d’une crise.</p>
<p>Au contraire, plusieurs pays avaient transgressé une ou plusieurs des règles de bonne conduite démocratique : le <strong>Tchad</strong> et le <strong>Congo Brazzaville</strong>, notamment en coupant les communications Internet pour empêcher les comptages parallèles, ou le <strong>Niger</strong> <a>pour avoir probablement « joué » avec le fichier électoral</a>.</p>
<p>Comme – malheureusement – prévu, le <strong>Soudan, Djibouti</strong> et la <strong>Guinée Équatoriale</strong> sont restés hors des clous d’un processus démocratique crédible. Quant au <strong>Burundi</strong>, il a tristement illustré la tendance récurrente des autocrates à se pérenniser au pouvoir en <a>s’arrangeant avec leur Constitution</a>.</p>
<h2>Les dernières élections : quelques désillusions en Afrique centrale</h2>
<p>Au second semestre 2016, plusieurs échéances étaient donc programmées, aux enjeux variables. En <strong>Zambie</strong> et au <strong>Cap-Vert</strong>, les scrutins se sont déroulés normalement et les présidents sortants ont été reconduits. <a>Dans le cas zambien</a> où le résultat était serré, l’opposition a contesté le verdict, mais sans preuves ni véritable conviction.</p>
<p>En fait, la plupart des regards étaient tournés vers le <strong>Gabon</strong>, où Ali Bongo, le président sortant, semblait davantage menacé que lors du scrutin précédent en raison d’une candidature quasiment unitaire de l’opposition. Or, l’élection au Gabon se déroule en un seul tour et celui qui arrive en tête a gagné.</p>
<p>On se souvient que le pouvoir en place a (bien que tardivement) coupé les réseaux Internet au moment des opérations électorales et des comptages, à partir du 27 août 2016. Apparemment, il a aussi manipulé les chiffres dans la province d’origine du sortant, le Haut-Ogooué. <a>Et Ali Bongo a officiellement battu de quelques milliers de voix son challenger Jean Ping</a>, qui continue à contester les résultats mais sans être entendu. La communauté internationale semble d’ailleurs s’être résignée.</p>
<p>En <strong>Gambie</strong>, c’est contre toute attente que l’autocrate Yahya Jammeh a été non seulement battu lors de l’élection du 1<sup>er</sup> décembre 2016 mais a reconnu sa défaite dans l’instant. La bonne surprise a malheureusement été de courte durée, et le dictateur schizophrène a rapidement changé d’avis, ouvrant une grave crise postélectorale qui ne s’est achevée que sous la menace d’une intervention armée de la Cédéao.</p>
<p>Finalement, l’alternance à laquelle personne ne croyait, y compris le nouveau chef de l’État Adama Barrow, s’est réalisée le 21 janvier 2017. Le dictateur a été exilé hors de son pays et a trouvé refuge en Guinée Équatoriale, où le chef de l’État Obiang Nguéma règne sans partage depuis 38 ans et vient d’être réélu avec 93,7 % des suffrages exprimés.</p>
<p>Au terme de ces deux années, la carte actualisée s’affiche donc comme suit. On rappelle que la distinction entre élections « considérées comme crédibles » et élections « dont la crédibilité est douteuse » repose sur plusieurs critères énoncés précédemment, et que les nuances de vert ou de rouge sont proportionnelles au nombre de suffrages obtenus par l’élu par rapport aux inscrits, de manière à accentuer le poids de la légitimité ou de l’illégitimité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=821&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=821&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=821&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1032&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1032&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1032&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les élections à venir : encore des inquiétudes sur les progrès de la démocratie</h2>
<p>Mais le compte n’y est pas tout à fait, car plusieurs élections programmées en 2016 n’ont pas eu lieu. En <strong>Somalie</strong> d’abord, où le processus électoral est compliqué puisque le président est élu par un collège électoral composé de 54 sénateurs et 275 députés (eux-mêmes désignés, de manière plus ou moins honnête, par 14 000 délégués des tribus). Ce collège n’étant toujours pas complet, l’élection présidentielle a été reportée de mois en mois et n’aura lieu qu’en 2017.</p>
<p>Le paradoxe viendra peut-être de l’organisation, dans le même temps (27 mars 2017) d’un nouveau scrutin présidentiel dans l’État voisin du <strong>Somaliland</strong>, qui en sera à sa quatrième consultation de ce type depuis la proclamation de son indépendance en 1991, et qui connaîtra peut-être une nouvelle alternance démocratique. Malheureusement, le Somaliland n’existe pas puisqu’il n’est pas reconnu par la communauté internationale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=921&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=921&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=921&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président sortant Joseph Kabila joue la montre au Congo démocratique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/be/Joseph_kabila.jpg/629px-Joseph_kabila.jpg">US Department of Defense/Wikimedia</a></span>
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<p>Mais l’attente la plus vive se situera en <strong>République démocratique du Congo</strong>. On pressentait depuis des mois que le scrutin présidentiel prévu constitutionnellement avant le 19 décembre 2016, date de la fin du dernier mandat de Joseph Kabila, aurait du mal à être organisé faute d’un fichier électoral non remis à jour, et difficile à actualiser dans un pays très vaste dont le pouvoir central ne contrôle plus qu’une petite partie. Simple prétexte sans doute, mais incontournable du point de vue de la légitimité démocratique.</p>
<p>Des négociations ont donc été entreprises sous l’égide de l’Église congolaise pour préparer une transition devant conduire à ces élections avant la fin de 2017. Mais les équilibres politiques restent fragiles, et la <a>rue peut à tout moment mettre le feu au pays</a>.</p>
<p>Outre la RD Congo, plusieurs pays connaîtront à leur tour une échéance présidentielle en 2017. Au <strong>Rwanda</strong> (4 août 2017), on suivra une élection sans surprise puisque le <a>sortant Paul Kagamé</a> s’est taillé une Constitution sur mesure pour se maintenir longtemps au pouvoir. On notera, d’ailleurs, que la communauté internationale – et de nombreux chercheurs – s’en sont facilement accommodé au motif que l’autocrate était garant d’une grande stabilité politique favorable à une assez belle réussite économique.</p>
<p>Quelques jours plus tard, les enjeux seront plus sensibles au <strong>Kenya</strong> (8 août 2017) où des tensions sont réapparues au cours des derniers mois, sur fond de mécontentement social et de risques de cristallisation ethno-régionale. Le souvenir de l’année 2008 où le président sortant (Mvaï Kibaki), pourtant battu dans les urnes, était resté au pouvoir en « accordant » au candidat vainqueur (Raila Odinga) le poste de premier ministre, est restée en mémoire. Cette formule, également retenue au Zimbabwe la même année, avait failli faire jurisprudence en 2010 en Côte d’Ivoire, et a même effleuré certains esprits en Gambie en janvier 2017…</p>
<p>Entre temps (août 2017), <strong>l’Angola</strong>, où le président est élu au suffrage indirect, aura peut-être tourné une page importante de son histoire puisque <a>José Eduardo Dos Santos</a> aura atteint la fin des mandats auxquels lui donne droit la Constitution, en même temps qu’un âge avancé (75 ans). Il a d’ailleurs laissé entendre qu’il se retirerait, mais la démarche lui sera sans doute douloureuse après 38 années de pouvoir.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=889&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=889&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=889&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1117&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1117&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1117&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ellen Johnson Sirleaf, la présidente sortante du Liberia.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f1/Ellen_Johnson_Sirleaf_February_2015.jpg/405px-Ellen_Johnson_Sirleaf_February_2015.jpg">Ash Carter/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Deux pays affaiblis par Ebola seront également concernés par une échéance présidentielle en 2017. Le <strong>Liberia</strong> (10 octobre 2017) connaîtra même forcément une alternance puisque Ellen Johnson-Sirleaf a accompli ses deux mandats. En <strong>Sierra Leone</strong>, Ernest Bai Koroma sera, lui aussi, touché par la limitation des mandats, mais la date du scrutin na pas encore été fixée avec précision (entre novembre 2017 et février 2018).</p>
<p>Le <strong>Sénégal</strong> aurait pu figurer dans cette programmation 2017. Encore eût-il fallu que le président Macky Sall respecte sa promesse de campagne de faire passer la durée du mandat de 7 à 5 ans. N’ayant pu faire admettre par le Conseil constitutionnel la rétroactivité de cette mesure, il attendra 2019.</p>
<p>Voilà donc une trentaine de pays, représentant environ 660 millions d’habitants et près de 210 millions d’électeurs, qui auront en trois ans participé à un processus électoral destiné à désigner leur chef d’État. Les écarts par rapport à l’orthodoxie démocratique restent encore marqués, puisque 11 pays – soit 180 millions d’habitants, et plus d’un quart de l’électorat concerné – sont en rouge sur notre carte. Mais les progrès sont manifestes, notamment grâce au contrôle exercé par les sociétés civiles et la communauté internationale. Bien que cette dernière ne soit pas toujours constante dans ses principes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71747/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bouquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le dictateur gambien Yahya Jammeh a été contraint de respecter le verdict des urnes après 22 ans de pouvoir absolu. S’agit-il d’un nouvel indicateur de progression de la démocratie en Afrique ?Christian Bouquet, Chercheur au LAM (Sciences-Po Bordeaux), professeur émérite de géographie politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/669522016-11-06T20:54:04Z2016-11-06T20:54:04ZL’Afrique, continent de la téléphonie mobile, ou comment l’économie numérique tisse sa toile en 2G<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144366/original/image-20161103-25349-1udqa43.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">SMS au Kenya.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/kiwanja/3169447879/in/gallery-46779331@N02-72157629613799201/">Ken Banks/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le marché africain de la téléphonie mobile est le second au monde après celui de l’Asie-Pacifique et son potentiel de croissance reste fort. Les chiffres diffusés fin juillet 2016 en Tanzanie par le <a href="http://www.gsma.com/mobileeconomy/africa/">groupement mondial GSMA</a>sont spectaculaires. Ils sont collectés tous les cinq ans au travers des 800 opérateurs membres du réseau. Cet article a pour objet de mettre en perspectives ces données et de recontextualiser ces statistiques. Il est donc partiellement basé sur les données des rapports GSMA dont « The Mobile Economy Africa 2016 » et sur des <a href="http://www.2ie-edu.org/assets/Programme-Africampus-2015.pdf">travaux de recherches</a> effectués récemment au sein de la sous-région sahélienne</p>
<h2>Un marché en forte croissance</h2>
<p>Attardons-nous successivement sur la demande puis sur l’offre pour ce secteur</p>
<p><strong>1. Une demande qui explose</strong></p>
<p>Quasiment la moitié des 1,17 milliard d’Africains (environ 560 millions) sont clients d’une solution de téléphonie mobile fin 2015. Cette population représente désormais 12 % des abonnés uniques mondiaux en volume et 6 % des revenus en valeur. Il s’agit ni plus ni moins d’une croissance de 70 % par rapport aux chiffres annoncés par la même source en 2010 (environ 330 millions) c’est-à-dire à peine cinq années auparavant.</p>
<p>Le groupement et les travaux sur le terrain soulignent avec pertinence deux particularités des utilisateurs. D’une part, ils préfèrent les <a href="http://www.carte-prepayee.fr/public/fr/1/cards.php">offres prépayées</a>et d’autre part, ils sont détenteurs en moyenne de 1,92 carte SIM par abonné unique. Ainsi, outre les difficultés d’identifications, de traçabilité et les <a href="http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2015/11/23/32001-20151123ARTFIG00101-l-afrique-peine-a-tracer-les-utilisateurs-de-cartes-sim.php">imbroglios qui peuvent en résulter pour les opérateurs</a>, le marché des cartes SIM est énorme et atteint quasiment le milliard d’unités (965 millions) à la fin 2015 et approchera les 1,3 milliard fin 2020.</p>
<p>Cette croissance spectaculaire de la demande va continuer jusqu’à 2020 pour approcher les 730 millions d’abonnés uniques. La répartition des contributions en volume est bien évidemment très hétérogène. À titre d’illustration, des <a href="http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/61063/le-potentiel-de-la-telephonie-mobile-en-afrique-est-encore-consequent.shtml">données de 2014</a> montrent que les cinq premiers pays (Nigéria, Égypte, Afrique du Sud, Éthiopie et République Démocratique du Congo) représentent environ 44 % du total et les trente derniers seulement 10 %. De même, en prenant en compte les détenteurs de plusieurs cartes SIM, le taux de pénétration réelle sur les individus âgés de 15 ans et + s’élève à 67 % avec parfois des pays arborant fièrement un taux à plus de 100 % (Mali, Gambie, Gabon, Botswana).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144368/original/image-20161103-25343-854057.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Boutique de mobiles à Kabale, en Ouganda.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/adamcohn/6311095369/in/gallery-46779331@N02-72157629613799201/">Adam Cohn/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Paradoxalement, les utilisateurs de téléphonie mobile sont d’autant plus demandeurs qu’ils n’ont pas – ou peu – été confrontés à la téléphonie fixe durant la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle dont le succès sur le continent fut relatif et « l’expérience client » discutable. L’<a href="http://www.rfi.fr/afrique/20160917-etude-game-of-phones-telephone-portable-omnipresent-quotidien-africains">utilisation du portable aujourd’hui</a> est inversement proportionnelle à celle du fixe hier !</p>
<p><strong>2. Un continent 2G où la 4G progresse vite</strong></p>
<p>L’Afrique reste le continent des offres 2G, mais les connexions en haut débit mobile (4GG/LTE) sont en progression constante (25 % en 2015 et probablement 60 % en 2020). Cette progression est surtout rapide avec la moitié des réseaux 4G actuellement en activité qui ont moins de deux années d’existence et quelque 24 pays nouvellement <a href="http://www.balancingact-africa.com/news/telecoms_fr/35840/afrique-la-4g-lte-a-t-lance-dans-24-pays-et-netflix-prend-le-continent-dassaut">concernés par cette offre haut débit.</a> </p>
<p>La modernisation des infrastructures et la montée en puissance des réseaux permettent aussi d’envisager la poursuite des ventes de smartphone (23 % du marché actuellement), mais également des téléphones <em>low cost</em> voire de contrefaçon (environ 50 % du marché) qui pénètrent rapidement le continent en provenance d’Asie grâce des prix en baisse régulière.</p>
<p>Le potentiel de croissance des revenus par abonné reste élevé notamment en comparaison <a href="http://www.zdnet.fr/actualites/marche-mondial-des-services-telecoms-etat-des-lieux-et-projections-39802921.htm">des données en Europe ou Amérique du Nord</a>mais il faudra néanmoins améliorer l’offre de solutions, la qualité des réseaux et la performance des services (revenu estimé à 8 euros par mois par abonné africain moyen (de 2 euros pour un abonné éthiopien à 28 euros pour un abonné gabonais) contre 27 euros par mois par abonné européen et 53 euros par mois pour un abonné nord-américain).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144369/original/image-20161103-25349-1opd41t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">À Nairobi, en juillet 2015, lors d’un salon d’entrepreneuriat.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MEAACT Kenya/Flickr</span></span>
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<p>Concernant l’Afrique sub saharienne en particulier, un rapport similaire de 2013 montrait déjà le fort potentiel de croissance de la téléphonie mobile, de son écosystème et sa contribution directe et indirecte <a href="http://www.tactis.fr/wp-content/uploads/2013/11/Sub-Saharan-Africa_ME_Report_English_2013.pdf">à la croissance de la sous-région</a>. En 2012 par exemple pour l’Afrique subsaharienne, l’industrie liée au mobile – et à son cycle de vie – représentait environ 3,3 millions d’emplois et 6,3 % du PIB avec un taux de pénétration qui n’atteignait pas les 40 % et qui montrait donc un fort potentiel d’augmentation avec l’arrivée des réseaux 4G /LTE (à des tarifs néanmoins inaccessibles pour la plupart des utilisateurs)</p>
<p>Cette forte activité a également ses externalités liées notamment au secteur informel incontournable sur le continent. Les pays développés le mobilisent d’ailleurs sans vergogne. Insistons d’abord sur la réparabilité des matériels grâce à d’inventifs artisans, marchés et souks comme celui de <a href="http://www.bladi.net/derb-ghallef-piratage-disparition.html">Derb Ghallef</a>. Insistons ensuite sur la recyclabilité et donc sur la filière recyclage qui est composée essentiellement de décharges et marchés sauvages comme celle <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/12/27/les-dechets-electroniques-intoxiquent-le-ghana_4340635_3244.html">d’Agbogbloshie</a>. Il convient de souligner son catastrophique impact environnemental et humain à l’heure où l’Afrique accueille la <a href="https://theconversation.com/bus-electriques-mosquees-vertes-sacs-plastiques-prohibes-marrakech-a-lheure-de-la-cop22-66698">COP22 !</a></p>
<p>Après ce rapide état des lieux quantitatif et qualitatif, attachons-nous à proposer quelques éléments de réponse, pistes de réflexion et prospectives</p>
<h2>Quelques orientations : du e-paiement à la m-assurance</h2>
<p>Les bouleversements à venir concernent aussi bien la demande que l’offre.</p>
<p><strong>1. Une demande de plus en plus exigeante</strong></p>
<p>Les utilisateurs africains comme tous les utilisateurs du monde sont exigeants et informés. Ils sont demandeurs de solutions mobiles, lisibles, fiables et fluides notamment pour pallier les insuffisances réelles ou perçues du continent. Leurs <a href="https://www.itu.int/ITU-D/cyb/app/docs/itu-maee-mobile-innovation-afrique-f.pdf">modalités d’appropriation</a> sont innovantes (beeping, flashing, transfert de crédit). La demande se concentre donc – outre sur la fiabilité du réseau – sur la messagerie, la voix, les data et la communication bien entendu, mais aussi sur le e-paiement, la e-assurance et la e-education. L’idée est de contourner les rigidités bancaires et/ou administratives partiellement à l’origine du handicap qu’est la <a href="http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-121639-afrique-les-operateurs-telephoniques-supplanteront-ils-les-banques-pour-les-moyens-de-paiements-1087712.php">sous bancarisation</a>.</p>
<p>Comme dans tous les pays émergeants, en Afrique la croissance du <a href="http://www.gsma.com/mobilefordevelopment/programmes/mobile-money"><em>mobile banking</em></a> (du porte-monnaie électronique aux transactions marchandes sécurisés en passant par les tontines numériques) est spectaculaire. Les plus grands opérateurs du monde y sont présents (Orange, Airtel, Safaricom, Vodaphone, Softbank). Soulignons au Kenya la formidable réussite des solutions <a href="http://www.servicesmobiles.fr/pourquoi-cest-lafrique-qui-est-la-patrie-des-paiements-mobiles-29194/">proposées par M-PESA</a> pour faire ses courses ou pour régler ses factures. Soulignons également les percées des solutions de m-assurance, de <a href="https://ries.revues.org/1806">m-education et de télé-enseignement (avec le cas emblématique de l’UVA).</a></p>
<p>L’engouement des utilisateurs pour adopter la téléphonie mobile est parfois clairement freiné. Plusieurs facteurs peuvent <a href="https://www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2008-2-page-110.htm">expliquer ces réticences malgré la perception partagée de la contribution au développement</a>. Citons simplement des facteurs explicatifs comme la faible couverture du territoire car de vastes zones rurales ne sont toujours pas couvertes, la fiabilité irrégulière des opérateurs pour des raisons techniques, économiques et/ou organisationnelles (d’où les deux cartes SIM en moyenne par utilisateur et le succès des <a href="http://www.prixtel.com/decouvrir-PRIXTEL/actualite/news/telephonie-mobile-pratique-le-telephone-portable-double-sim/">portables doubles SIM</a>), les tarifications proposées incompatibles avec la faiblesse du pouvoir d’achat sur le continent.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144370/original/image-20161103-25359-dhdo6g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nairobi, salon de l’entrepreneuriat, juillet 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/meaact/19760468768/in/photolist-zYuscb-zYuuKC-zYyJ2a-zYyXBB-zj3Moy-zYsZPL-Ah3Kbi-zYyZHF-AeTDpQ-zjbK5Z-AdMeeY-zYyZxk-AScCCe-yKv9eJ-tRh3FK-zjbEYx-zjbuvt-HFj6yY-zYyKTX-Ag5rND-Ah44xZ-AeTTyG-Ag5vpM-zj3Jbm-AeTJ3Y-zYufmh-Ah3TTP-Ah41kg-Ah3Sai-zYt8PU-AeTAc7-Ah3MgR-Ah3X6a-zYsWpQ-zYupzN-AdM95Q-zYyGFK-BoptTo-AYzcEE-z3Vv8t-yKvC9E-xCkmJU-xSCNLS-wo7bAY-wmsNNd-xVBdgD-w7ayVo-xU6g8h-vrUBhk-xSCBnE">MEAACT Kenya/Flickr</a></span>
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<p>Notons également le taux d’alphabétisation encore trop faible (et – malgré la jeunesse de la plupart des utilisateurs potentiels – la réticence face à la complexité perçue de l’apprentissage du numérique et de ses codes) et enfin la mise à disposition d’applications qui restent trop peu adaptées aux besoins réels d’une grande partie défavorisée de la population (agriculture, éducation, santé, alimentation, services, etc.) et aux langues régionales et nationales <a href="http://www.cosmovisions.com/languesAfricaines.htm">effectivement parlées sur le terrain.</a></p>
<p><strong>2. Une offre en structuration rapide</strong></p>
<p>Le groupement GSMA insiste – de façon assez compréhensible en tant que représentant des opérateurs, fabricants et autres éditeurs – sur l’impératif d’un nouveau <a href="http://www.gsma.com/publicpolicy/wp-content/uploads/2016/03/NERA_Summary_French.pdf">cadre réglementaire pour l’écosystème numérique</a>. Il souligne l’effet négatif des taxes sur le développement des services mobiles en citant les cas de la République démocratique du Congo, du Ghana, de la Tanzanie, de la Tunisie.</p>
<p>La structure signale aussi dans son rapport de juillet 2016 que les marges financières des opérateurs ne peuvent que se réduire car les marchés vont devenir plus agressifs et les capacités d’investissement dans les réseaux plus modestes. L’exemple des <a href="http://www.compta-facile.com/ebitda-definition-calcul-utilite/">taux d’Ebitda</a>qui étaient de 40 % en 2010 et qui approximeront les 30 % en 2020 est révélateur des tensions qui devraient apparaître sur la rentabilité de l’activité tout en restant optimiste sur les volumes en terme de chiffre d’affaires cumulé (153 milliards de dollars en 2015 et 210 milliards de dollars pour 2020).</p>
<p>La structure relève aussi des opportunités à relever et des défis à affronter. Tout d’abord, l’opportunité que constituent pour les opérateurs de télécommunication, la sécurisation, la diffusion et la valorisation <a href="http://business-analytics-info.fr/4768/donnees-des-telephones-mobiles-un-graal-pour-les-operateurs/">(monétisation des contenus et data)</a> de leurs données mobiles collectées sur l’intégralité du continent et parfois au-delà (migration, roaming, nomadisme). Ensuite, l’opportunité que constitue également la montée en puissance – certes encore timide – des solutions de type plate forme destinées aux échanges marchands (<em>business to business</em>).</p>
<p>Enfin, concernant les défis à affronter – en face à face avec les autorités de régulation et les clients – la structure note les effets contre-productifs, pour la croissance du secteur, du coût des licences, de la taxation des importations de matériels comme les téléphones mobiles et les accessoires périphériques (connectique, écouteur, caméra, <em>flash disk</em>…). Elle insiste aussi sur la réelle opacité des dispositions fiscales et réglementaires nationales (ce qui dissuade de nombreux investisseurs transnationaux) et sur l’immaturité des régulateurs (ce qui complique l’harmonisation et l’attribution des fréquences hertziennes).</p>
<p>Pour conclure, il est bien évident que la<a href="http://www.liberation.fr/ecrans/2014/05/19/l-afrique-se-prend-des-decharges-electroniques_1021222">filière recyclage numérique</a> (concernant le cycle de vie de l’ensemble des matériels high-tech) doit être totalement repensée, <a href="http://fr.allafrica.com/stories/200610160108.html">assainie,</a>valorisée et pérennisée à l’échelle du continent. Le numérique en Afrique peut être durable !</p>
<h2>Une inéluctable transformation numérique</h2>
<p>L’Afrique apparaît comme le continent dont le potentiel de croissance et de transformation au travers des écosystèmes numériques, de leurs réseaux – GPRS, EDGE, 3G, 3G+, H+, dual carrier, <a href="http://www.zdnet.fr/actualites/bouyguestel-teste-actuellement-une-box-4g-pour-le-tres-haut-debit-fixe-39842804.htm#xtor=123456">4G, ADSL</a> – et de leurs usages et pratiques, est le plus spectaculaire. Les enjeux comme les défis sont, à l’image du continent, gigantesques. Gageons que l’humain restera au cœur des préoccupations des principaux acteurs de cette inéluctable, irréversible et rapide transformation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66952/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La mobilité, le nomadisme et les échanges font partis de la culture africaine. La téléphonie mobile s’y développe rapidement et habilement. Sa croissance est spectaculaire et ce n’est qu’un début.Béchir Abba-Goni, Post-Doc en Sciences de Gestion, Université Aube NouvelleMarc Bidan, Professeur des universités en management des systèmes d’information, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/680402016-11-02T23:00:14Z2016-11-02T23:00:14ZL’Afrique et la Cour pénale internationale : chronique d’un divorce annoncé<p>L’Afrique du Sud s’est retirée du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) le 20 octobre 2016, le Burundi le 27 octobre, la <a href="http://www.lefigaro.fr/international/2016/10/26/01003-20161026ARTFIG00200-pourquoi-des-etats-africains-se-retirent-la-cour-penale-internationale.php">Gambie a annoncé son intention de faire de même</a>. D’autres États pourraient rapidement leur emboîter le pas. Ce phénomène, que certains assimilent à un Brexit africain, ou « Afrexit », est sans précédent dans l’histoire de la justice pénale internationale. Comment l’expliquer ? Et faut-il craindre un effet domino ?</p>
<p>La CPI, qui est la première et la seule juridiction permanente et universelle, est la pièce maîtresse de la justice pénale internationale. Établie en 1998 par le Statut de Rome (entré en vigueur en 2002), elle a pour mandat de poursuivre les personnes accusées des crimes internationaux les plus graves : génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre. Bien que la majorité des États dans le monde soient parties au Statut de Rome (124, soit 64 %), certains des plus puissants et des plus peuplés ne le sont pas – y compris trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, États-Unis, Russie) – et seule une minorité de la population mondiale tombe sous sa juridiction.</p>
<p>Il y a trois manières de saisir la Cour : par un État partie, par le Procureur lui-même (<em>proprio motu</em>) ou par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les deux premières ne sont applicables que si l’État où l’acte a eu lieu, ou dont le suspect est un ressortissant, est partie au Statut de Rome ou a accepté la compétence de la Cour. En revanche, le Conseil de sécurité peut étendre cette compétence et obliger même les États non parties à coopérer avec la Cour.</p>
<p>Le Bureau du Procureur enquête actuellement sur dix situations : en Ouganda (depuis 2004), en République démocratique du Congo (RDC, depuis 2004), dans le Darfour/Soudan (depuis 2005), en République centrafricaine (RCA, depuis 2007), au Kenya (depuis 2010), en Libye (depuis 2011), en Côte d’Ivoire (depuis 2011), au Mali (depuis 2013), une autre situation en RCA (depuis 2014) et, plus récemment, en Géorgie (depuis 2016).</p>
<p>Jusqu’au 27 janvier 2016, toutes les affaires étaient donc africaines – ce qui suscite depuis plusieurs années des accusations de « deux poids, deux mesures », de néocolonialisme, de justice de « Blancs », etc. Elles ont finalement conduit la CPI à la plus grave crise diplomatique de sa jeune histoire.</p>
<h2>La fronde anti-CPI (2009-2016)</h2>
<p>La fronde de certains États africains n’est pas nouvelle : elle a commencé lorsque la Cour a émis deux mandats d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir, accusé d’avoir commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité (2009), et un génocide (2010), au Darfour. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, estimait alors que « la justice internationale ne semble appliquer les règles de la lutte contre l’impunité qu’en Afrique comme si rien ne se passait ailleurs, en Irak, à Gaza, en Colombie ou dans le Caucase » – une opinion exprimée dans la même journée par le président sénégalais de l’époque, Abdoulaye Wade, qui regrettait que la CPI ne poursuive <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2009/03/04/soudan-la-decision-de-la-cpi-inquiete-l-union-africaine_1163310_3212.html">« que des Africains »</a>. Kadhafi – président de l’UA depuis début 2009 – décrivait quant à lui la Cour comme « une <a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7970892.stm">nouvelle forme de terrorisme mondial</a> ». Mêmes réactions outrées après l’émission des mandats d’arrêt contre Kadhafi et Gbagbo en 2011.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144203/original/image-20161102-27186-2gc6g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président Uhuru Kenyatta, lors d’une audience devant la CPI, en octobre 2014.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Day Donaldson/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La fronde s’accélère lorsqu’en 2012 la CPI s’intéresse aux Kenyans Uhuru Kenyatta et William Ruto, dont on peut d’ailleurs penser qu’ils ont gagné les élections non pas <em>en dépit</em> des poursuites engagées contre eux, mais grâce à elles. Devenus respectivement président et vice-président du Kenya, ils vont organiser le mouvement anti-CPI, avec le soutien de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Rwanda notamment. Le premier ministre éthiopien et président en exercice de l’UA accuse, par exemple, la Cour de mener « une <a href="http://www.bbc.com/news/world-africa-22681894">sorte de chasse raciale</a> en ne poursuivant que des Africains. »</p>
<p>Ces États tentent en vain d’obtenir un « retrait collectif » du Statut de Rome lors d’un sommet extraordinaire de l’UA en octobre 2013. Mais les Africains sont divisés sur la question : la CPI a aussi ses défenseurs, notamment le Sénégal et le Botswana, qui font campagne contre les frondeurs. Tous les critiques de la Cour ne souhaitent pas pour autant s’en retirer, et certains sont insensibles à ce qu’ils perçoivent comme un activisme kenyan qui voudrait « continentaliser » un problème national et influencer une décision qui relève de la souveraineté de chaque État. Le retrait ne peut pas être « collectif » car il reste une décision nationale.</p>
<p>Cela n’empêche pas l’UA et certains États d’agiter cette menace comme un chiffon rouge les années suivantes. La majorité des pays africains restent silencieux, entre le marteau de l’UA et l’enclume de la CPI, pour des raisons que les psychologues sociaux ayant analysé les phénomènes de « majorité silencieuse » et d’« effet du témoin » connaissent bien : la dilution de la responsabilité et la pression de se comporter d’une manière socialement – ici continentalement – acceptable.</p>
<p>La CPI finit par abandonner les poursuites contre Kenyatta (en décembre 2014) et contre Ruto (en avril 2016), faute de preuves et de témoins que les accusés se sont soigneusement efforcés de faire disparaître. Mais cela ne suffit pas à enrayer la fronde contre la CPI qui déborde largement le cas kenyan et finit donc par déboucher, en octobre 2016, sur le retrait de plusieurs États.</p>
<h2>Les motivations réelles des États démissionnaires</h2>
<p>Le principal argument des États s’étant retirés du Statut de Rome ou ayant émis la volonté de le faire est la <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/31/l-afrique-et-la-cour-penale-internationale-1-2-une-justice-de-blancs_5023431_3212.html">critique postcoloniale d’une justice de « Blancs » ne visant que des Africains. J’y ai répondu ailleurs</a>. Le prétendu afrocentrisme de la CPI :</p>
<ol>
<li><p>se nuance : le bureau du procureur procède aussi à des examens préliminaires en Afghanistan, en Colombie, en Palestine et en Ukraine, sur l’intervention militaire britannique en Irak, sur des navires immatriculés en Grèce et au Cambodge, et il a ouvert une enquête sur une situation en Géorgie ;</p></li>
<li><p>s’explique par des causes objectives : le grand nombre de crimes relevant de sa compétence sur le continent africain, le grand nombre d’États africains parties au Statut de Rome, le principe de complémentarité (la CPI ne peut intervenir que si une procédure judiciaire n’est pas déjà engagée, sauf si l’Etat en question n’a pas la volonté ou la capacité de le faire) ;</p></li>
<li><p>s’explique enfin par le fait que ce sont les États africains eux-mêmes qui ont « africanisé » la Cour en voulant l’instrumentaliser. Dans la plupart des cas, en effet, ce sont eux qui ont saisi la Cour en espérant l’utiliser pour se débarrasser de rebelles sur leur territoire. Les États africains n’ont jamais saisi la CPI que pour des situations dans leur propre pays (Ouganda, RDC, Côte d’Ivoire, Mali, RCA, Comores et Gabon).</p></li>
</ol>
<p>Que la Cour ne vise que des Africains leur allait très bien – et pour cause, ce sont eux-mêmes qui la saisissaient – jusqu’à ce qu’elle s’intéresse à des dirigeants en exercice (Béchir en 2009, Kadhafi en 2011, Kenyatta en 2012), confirmant que le problème, la ligne rouge, n’est pas pour eux le fait de s’en prendre à des Africains, mais à des puissants. D’où le <a href="https://www.amnesty.org/fr/documents/afr01/3063/2016/fr/">Protocole de Malabo</a> qui tente d’établir une Cour pénale africaine consacrant l’immunité de toute la classe dirigeante (et qui pour cette raison n’est pas acceptable).</p>
<p>C’est donc une lecture politique – et non raciale – qu’il faut faire de la situation. La fronde actuelle a moins à voir avec le néocolonialisme qu’avec l’intérêt égoïste d’une poignée de dirigeants. Chacun des chefs d’États démissionnaires a des raisons particulières de quitter la CPI, qui n’ont rien à voir avec la critique postcoloniale leur servant de prétexte.</p>
<h2>1. L’Afrique du Sud</h2>
<p>Qu’il soit devenu le premier État à franchir le pas du retrait a surpris beaucoup d’observateurs car, jusqu’à récemment, l’Afrique du Sud était plutôt l’un des premiers soutiens de la CPI avec le Botswana, le Ghana, le Lesotho et le Sénégal. Son soutien à la Cour a contribué à forger sa réputation de pays progressiste et défenseur des droits de l’homme. Élu en 2009, Jacob Zuma a d’abord suivi cette ligne. Il a publiquement reconnu son obligation d’arrêter Béchir si celui-ci se rendait à son investiture, le dissuadant de venir. En 2013, Pretoria avait exhorté les autres pays africains à ne pas quitter le Statut de Rome.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144223/original/image-20161102-27237-1ofr0p6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Jacob Zuma (ici en 2013), très remonté contre la CPI.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/governmentza/10570083603/in/photolist-h73rAK-fDC9Zs-dNEJWM-k5heyv-f5awFZ-gruKzT-f1NsTF-d7x1xS-biUc8R-igYWK8-pmQrcB-9EzMnC-dcaqcx-9dzSsK-hD9Y1A-jedjYE-fsESk2-dH7g2Y-hmTLHS-k36FeG-j5AAWx-rTckqK-rTckv4-igZrcs-aBx1F3-dH1PST-dwSM6D-aPDXyg-57utkh-dv85DW-rLKR7P-f9NEpX-ruoLut-dU4b1q-gF7849-hhBmMc-rLJxnd-8F3Wyj-hEHuzy-jHK3oW-qQ4j3a-e7ZzHH-8LU6vY-duLP5c-57ur4j-dSXZyY-dH7g6y-ePHB4c-q22By3-b3PwWR">GovernmentZA/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>C’est en juin 2015 que Zuma bascule : il accueille Béchir pour le 25<sup>e</sup> sommet de l’UA, s’attirant une forte critique internationale. La Haute Cour de Pretoria juge le gouvernement coupable d’avoir violé une obligation constitutionnelle (une décision qui sera confirmée par la Cour suprême le 15 mars 2016) et interdit au président soudanais de quitter le pays, mais celui-ci est déjà dans l’avion du retour. Une crise politique s’ensuit, dans laquelle l’opposition réclame la destitution de Zuma pour avoir aidé un « meurtrier de masse » à s’enfuir. Pour sa défense, Zuma invoque l’immunité des chefs d’État en exercice, contredisant sa position de 2009 puisqu’il reconnaissait à l’époque que cette immunité ne protégerait pas Béchir.</p>
<p>C’est pour échapper à cette contradiction et au scandale qu’il menace de se retirer du Statut de Rome. Son parti, le Congrès national africain (ANC), l’annonce dès octobre 2015. Ce n’était donc pas une surprise : il aura même fallu un an pour que le gouvernement mette sa menace à exécution. Sa volte-face s’explique en partie par le climat anti-CPI, largement encouragé par les efforts kenyans depuis 2013, et en partie par un conflit de normes (entre l’obligation d’arrêter une personne recherchée par la Cour et l’immunité des chefs d’État en exercice) et d’intérêts (entre une politique étrangère internationaliste et progressiste et l’acceptation du continent et des alliés). En outre, l'Afrique du Sud a bénéficié de l'ethos de Mandela sur la scène internationale mais <a href="http://www.courrierinternational.com/article/cour-penale-internationale-lafrique-du-sud-ou-la-tentation-du-repli">la politique de Zuma s’en éloigne</a> et a plutôt la volonté de se donner une <a href="https://theconversation.com/limportance-des-brics-ne-se-dement-pas-67349">dimension globale au sein des BRICS</a>, où la plupart des autres États sont opposés à la CPI.</p>
<p>Pourquoi le 20 octobre 2016 ? Parce que, deux jours plus tôt, le Président burundais Pierre Nkurunziza avait signé une « loi concernant le retrait » du Burundi du Statut de Rome, après que l’Assemblée et le Sénat ont voté en faveur. Il ne lui restait plus qu’à notifier sa décision au Secrétaire général des Nations unies pour devenir le premier État à quitter la CPI. L’Afrique du Sud, première puissance régionale, ne pouvait pas laisser le Burundi, un petit État paria, lui ravir cette première historique. C’est donc pour défendre son statut que Zuma s’est précipité et a présenté son « instrument de retrait » au Secrétaire général des Nations unies le 20 octobre, volant la vedette au Burundais, et sautant au passage l’étape parlementaire.</p>
<p>Pour cette raison, sa décision est déjà contestée, par l’opposition et la société civile, au motif que l’exécutif n’aurait pas le pouvoir de se retirer unilatéralement d’un traité international, sans autorisation préalable du Parlement. Compte tenu de la majorité dont y jouit l’ANC, cela pourrait ne rien changer si Zuma décidait d’y faire valider sa décision, mais une consultation <em>ex post</em> sera considérée comme un passage en force, une politique du fait accompli, qui aurait un coût politique. Le président sud-africain, déjà fragilisé au sein de son parti et empêtré dans un scandale de corruption (<a href="http://fr.africanews.com/2016/11/02/afrique-du-sud-la-fondation-mandela-appelle-au-depart-de-jacob-zuma/">la Fondation Nelson Mandela vient d'appeler à sa démission</a>), réfléchira à deux fois avant de risquer son capital politique pour une mesure somme toute impopulaire.</p>
<h2>2. Le Burundi</h2>
<p>Ses motivations sont plus classiques. Contrairement à l’Afrique du Sud qui n’a jamais suscité l’intérêt de la CPI, le Burundi fait l’objet depuis avril 2016 d’un examen préliminaire sur les violences qui ont fait 300 000 réfugiés depuis que le Président a annoncé sa candidature à un troisième mandat (en avril 2015), violant la Constitution et l’accord d’Arusha qui avait mis fin à la guerre civile de 1993-2006. Le but de l’examen préliminaire est d’établir si une « base raisonnable » existe pour ouvrir une enquête.</p>
<p>C’est pour éviter ce risque que Nkurunziza préfère quitter la Cour. Il n’est toutefois pas certain que cela l’immunise puisque le retrait n’est pas suspensif : il ne permet pas aux accusés d’échapper à la justice pour les enquêtes ouvertes avant le retrait effectif, qui n’a lieu qu’un an après la notification au Secrétaire général des Nations unies. C’est pourquoi, si le Procureur, Fatou Bensouda, estime qu’elle a des raisons juridiques suffisantes de le faire, elle devrait ouvrir une enquête sur le Burundi dès que possible, dans tous les cas avant le 27 octobre 2017 – date à laquelle le retrait sera effectif.</p>
<h2>3. La Gambie</h2>
<p>C’est quelque part la décision la moins surprenante, tant le président Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans et <a href="http://www.jeuneafrique.com/mag/329204/politique/gambie-yahya-jammeh-ban-ki-moon-amnesty-peuvent-aller-enfer/">« fier » d’être dictateur</a>, est connu pour ses fantaisies (il prétend notamment pouvoir guérir le sida) et ses volte-face. En juin 2016, il défendait encore Fatou Bensouda, son ancienne ministre de la Justice devenue procureure de la CPI : « Son job est difficile et, contrairement à ce que j’entends, la <a href="http://www.jeuneafrique.com/mag/329204/politique/gambie-yahya-jammeh-ban-ki-moon-amnesty-peuvent-aller-enfer/">CPI ne vise pas spécialement l’Afrique</a>. […] Que ceux qui veulent quitter la CPI s’en aillent, mais, si les pays africains étaient moins faibles et plus unis, nous pourrions peser au sein de la Cour. » Quatre mois plus tard, il dit exactement le contraire, par la voix de son ministre de l’Information Sheriff Bojang qui, le 24 octobre, accuse la CPI de « persécution envers les Africains » et annonce la volonté de s’en retirer. Ce revirement n’est pas surprenant de la part d’un régime habitué au coup d’éclat permanent.</p>
<p>Il est même rationnel : compte tenu de son bilan calamiteux en matière de violations des droits de l’homme, Jammeh savait qu’il intéresserait tôt ou tard la CPI, et la <a href="http://jotay.net/gambie-limoge-vendrdi-dernier-lex-ministre-de-linterieur-a-fui-en-suede-via-le-senegal/">fuite fin septembre 2016 de son ancien ministre de l’Intérieur</a>, qui a demandé l’asile politique en Suède, est une raison supplémentaire de s’inquiéter puisqu’il pourrait livrer de nombreux secrets. En quittant le Statut de Rome, il pense d’abord se protéger de cette épée de Damoclès, en profitant du mouvement créé par le Burundi et l’Afrique du Sud. Accessoirement, c’est aussi une pique vers son voisin sénégalais, champion de la CPI (premier signataire en 1998) et dont le ministre de la Justice préside actuellement l’Assemblée des États parties.</p>
<h2>Un effet domino limité</h2>
<p>Il est possible que le Kenya et l’Ouganda emboîtent prochainement le pas à l’Afrique du Sud, au Burundi et à la Gambie. Les affaires Kenyatta et Ruto sont désormais closes, mais la CPI maintient trois mandats d’arrêts contre des Kenyans accusés notamment de subornation de témoins.</p>
<p>Quant à l’Ouganda, le président Museveni, au pouvoir depuis 30 ans, n’avait rien contre la CPI tant qu’il pouvait s’en servir contre les rebelles de la Lord’s Resistance Army (il l’a saisie en 2003). Il a changé d’avis depuis qu’elle s’intéresse aussi à des chefs d’État. L’Ouganda et le Kenya, avec le soutien de l’Éthiopie et du Rwanda notamment, étaient déjà à l’origine de la tentative de « retrait collectif » lors du Sommet de l’UA d’octobre 2013.</p>
<p>En dehors de ces quelques cas, dont il faut répéter qu’ils n’ont rien à voir avec le soi-disant néocolonialisme de la Cour, mais seulement avec les intérêts égoïstes d’une poignée de chefs d’État, le risque d’effet domino est en réalité limité, car tout retrait a un coût potentiel élevé. Il pourrait impliquer des mesures de rétorsion, notamment des coupures dans l’aide au développement de la part de l’UE ou des États-Unis. Par conséquent, seuls les États y voyant un gain substantiel s’y risqueront.</p>
<p>L’hémorragie actuelle ne menace pas la Cour, mais confirme qu’elle a un sérieux problème d’image, en plus de ce qui lui est reproché par ailleurs : la rareté des condamnations (quatre condamnés en presque quinze ans d’existence), un budget limité (139,5 millions d’euros pour 2016), un risque de politisation, un effet dissuasif discutable, en plus de <a href="https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/260612/syrie-les-limites-de-la-justice-penale-internat">susciter paradoxalement des attentes démesurées</a> – non seulement punir les coupables, mais pacifier le monde – qui la condamnent à toujours décevoir. Ce qui lui reste est sa légitimité sociale, le fait d’avoir le soutien d’une majorité d’États (124 États parties), et c’est précisément cela qui est entamé avec le retrait de certains pays africains.</p>
<p>La Cour doit donc reconnaître cette difficulté et tenter d’y remédier dans les plus brefs délais. J’ai fait, ailleurs, <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/11/01/l-afrique-et-la-cour-penale-internationale-2-2-comment-sortir-de-l-impasse_5023627_3212.html">des propositions pour sortir de l’impasse</a> : en plus de contre-argumenter systématiquement, et développer un discours positif (les États africains ont joué un rôle important dans la création et le développement de la CPI), il faut « désafricaniser » la Cour, renforcer les juridictions nationales, créer des structures intermédiaires entre la CPI et l’UA, et s’appuyer sur les États parties amis et la société civile africaine.</p>
<p>La priorité reste de montrer que la Cour est capable de s'attaquer à des affaires non africaines, y compris contre des puissants. De ce point de vue, ce n'est sans doute pas un hasard si, au moment même où elle est attaquée sur son tropisme africain, le bruit court que le <a href="http://foreignpolicy.com/2016/10/31/exclusive-international-criminal-court-poised-to-open-investigation-into-war-crimes-in-afghanistan/">Bureau du Procureur pourrait dans les prochaines semaines ouvrir une enquête sur les crimes commis en Afghanistan</a>, y compris par des soldats américains. Cette hypothèse reste peu crédible (elle aurait du mal à passer le test de la complémentarité) et potentiellement contreproductive. Cette diversification souhaitable dans l’absolu pourrait en effet être fatale à la Cour : une affaire afghane pourrait ouvrir un front américain, en plus de l’africain qui dure depuis des années et du russe que l’affaire géorgienne risque déjà de déclencher.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, cette rumeur qui vient sans doute de la Cour elle-même est révélatrice d’une prise de conscience de la CPI. Elle sait que sa marge de manœuvre est réduite, mais que les prochains mois seront cruciaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68040/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Baptiste Jeangène Vilmer parle ici en son nom propre et ses propos n’engagent aucunement le ministère de la Défense.</span></em></p>Afrique du Sud, Burundi, Gambie : cet « Afrexit » est sans précédent dans l’histoire de la justice pénale internationale. Comment l’expliquer ? Et faut-il craindre un effet domino ?Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Directeur, Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/662932016-09-30T04:52:12Z2016-09-30T04:52:12ZLes petits pêcheurs, acteurs sous-estimés de l’économie africaine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/139789/original/image-20160929-27017-1p1ib1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C13%2C1022%2C691&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À M’Bour au Sénégal. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/slosada/3174843753/in/photolist-5QxUrp-9znhab-9eF66j-9Q1WZZ-7Z6noB-qaHXsj-6g94FD-5QxVNB-5Qy66n-4zkxNW-4zgjsz-5QCggh-4zkwFS-4zgj6H-748ZPT-7Z6MSt-9bYcvx-9fBGof-4upuz1-5QC9kj-4QhH9y-YzN5z-dQaPeL-7CkBCa-nFcqB-hmpV3T-9HUz7D-oXCFSf-ak1amY-pf5Qk3-ak1a3J-pf7QYB-ak1agy-ak1a6u-ajXnUK-ak1aiW-pf5QwL-ak1apA-oXC327-ajXoc6-ajXnXt-ajXnZR-ajXogc-ajXoj6-ajXohn-ajXodV-te8WuE-s5ExV6-GhRYJc-Gc1Jv6">Sebastián Losada/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>En Afrique de l’Ouest, près de <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0964569115001039">7 millions de personnes</a> dépendent directement des pêcheries locales. Si celles-ci ont longtemps constitué un secteur attractif, elles doivent aujourd’hui faire face à de nombreux défis, dont la surpêche et la pêche illégale.</p>
<p>Les communautés vivant traditionnellement de cette activité se sont ainsi enfoncées dans la pauvreté, nombre de personnes se retrouvant avec <a href="http://opensample.info/feeding-the-poor-contribution-of-west-african-fisheries-to-employment-and-food-security">moins d’un dollar par jour</a> pour survivre. Or ces pêcheries contribuent à hauteur de <a href="http://www.fao.org/3/a-i3917%3Csup%3Ee%3C/sup%3E.pdf">3 milliards de dollars par an</a> aux économies africaines.</p>
<p>Mais la surexploitation des ressources halieutiques – induite par une pêche industrielle intense dans les années 1970 et des pratiques de pêche illégale conduites par des <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0118351">vaisseaux</a> européens et asiatiques – a provoqué l’écroulement des stocks au large <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211464515300026">des côtes ouest-africaines</a>. Et la pression se maintient sur cette région où la concurrence entre les grandes pêcheries du monde entier fait rage.</p>
<p>Les populations les plus touchées par cette situation vivent sur les côtes ; pour elles, le poisson représente à la fois un moyen de se nourrir et de gagner sa vie. Selon la FAO, les communautés de cette zone consomment en moyenne 17,5 kilos de poisson par an et par personne. Mais en réalité, cette consommation individuelle s’élève à 35 kilos, selon les bases de données de <a href="http://www.seaaroundus.org">Sea Around Us</a>. Ce qui signifie que ces habitants ont assez de poisson pour couvrir leurs besoins en protéines.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle il est crucial de protéger et de soutenir ces pêcheries traditionnelles d’Afrique de l’Ouest.</p>
<h2>Un rôle sous-évalué et sous-apprécié</h2>
<p>L’importance des pêcheries locales, ou des pêcheries de petite taille, est sous-estimée du fait que leurs prises ne sont pas correctement déclarées. En conséquence de quoi, les revenus qu’elles génèrent ne sont pas pris en compte à leur juste valeur. Et si on peut évaluer leurs poids en observant les marchés locaux, celui-ci n’apparaît presque jamais dans les statistiques officielles.</p>
<p>Pour chaque kilo de poisson pêché et déclaré, un autre kilo échappe à la comptabilité des autorités. Nous sommes arrivés à cette conclusion après cinq années d’enquête sur place. Le fait que tout le poisson pêché ne soit pas déclaré pose un problème, car sa valeur passe ainsi inaperçue. Cela explique que les pêcheries traditionnelles ne soient pas considérées comme des acteurs économiques dignes de ce nom. Et le fait qu’elles procurent les protéines nécessaires aux habitants est pareillement ignoré.</p>
<p>Pendant la crise provoquée par le virus Ebola en Sierra Leone, le ministère de la Pêche avait souligné que la consommation de poisson avait augmenté. Les gens y voyaient en effet le moyen le plus sûr de consommer des protéines animales. Mais les chiffres officiels n’ont pas reflété cette réalité, donnant ainsi l’impression que la consommation de poisson n’avait pas joué le rôle d’alternative pour éviter de consommer de la viande de brousse contaminée. Une <a href="http://science.sciencemag.org/content/306/5699/1180">étude</a> a pourtant montré que la tendance à préférer le poisson à la viande était bien réelle. Une telle situation ne va pas dans le sens d’une promotion des petites pêcheries.</p>
<p>Ce qui est ici le plus à déplorer, c’est que des décisions importantes soient prises dans l’ignorance de ce qui se passe sur le terrain. Le rôle des petites pêcheries étant sous-estimé, les gouvernements agissent souvent au détriment des petits pêcheurs. On peut citer, par exemple, le fait d’autoriser toujours plus de gens à pêcher ; de subventionner toujours davantage la pêche et, enfin, de donner la priorité aux gros bateaux de pêche.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137075/original/image-20160908-25240-1qgll6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un navire pratiquant la pêche illégale intercepté dans les eaux de Sierra Leone.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Reuters</span></span>
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</figure>
<h2>Du côté des gros poissons</h2>
<p>Les grands navires de pêche posent deux types de problème. Ils exercent premièrement une pression accrue sur des réserves halieutiques déjà surexploitées, empêchant les stocks de se reconstituer.</p>
<p>Ensuite, les revenus générés par ces prises n’atterrissent pas dans les coffres des États concernés. Des navires en provenance de Chine et d’Europe ont ainsi pêché sur une période de 10 ans pour <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0118351">8,3 milliards de dollars</a> de poissons dans la région. Seule une petite fraction – <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0118351">0,5 milliard de dollars</a> – ayant bénéficié aux économies locales.</p>
<p>De plus, on estime que des réserves halieutiques d’une valeur de 2 milliards de dollars ont soit été prélevées sans l’accord des autorités locales ou jamais déclarées à cause d’une pêche illégale, non déclarée ou non régulée.</p>
<p>D’immenses vaisseaux chinois ont ainsi <a href="http://www.bbc.com/news/world-africa-36734578">été repérés</a> en train de piller les eaux des côtes d’Afrique de l’Ouest. On se souvient à ce titre de l’histoire des <a href="http://www.seashepherdglobal.org/news-and-commentary/commentary/the-end-of-the-bandit-6.html">six vaisseaux pirates</a>, venus chasser en toute illégalité la légine. Les marins de ces bateaux, recherchés par Interpol, tentèrent de trouver refuge sur la côte.</p>
<p>Mais la plupart du temps, ces malfaiteurs n’attirent pas tant l’attention médiatique.</p>
<p><a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0118351">Des recherches</a> montrent que la Chine est massivement impliquée dans la pêche illégale. L’Europe, la Russie et les pays d’Asie sont également concernés par cette pratique. Un navire espagnol a récemment été pris en train de pêcher sans aucune autorisation dans les <a href="http://researcherdiaries.com/2016/07/busted-the-gotland-to-pay-1-5-million-euros-in-fines-to-the-government-of-senegal/">eaux sénégalaises</a>.</p>
<p>La corruption et la mauvaise gouvernance sont en cause dans ces activités impliquant des prises de poissons non régulées, non comptabilisées ou carrément illégales. La bonne nouvelle, c’est que la région est aujourd’hui le théâtre de profonds changements, qui s’accompagnent d’une visibilité internationale inédite et d’un intérêt nouveau du côté de la recherche.</p>
<p>La Guinée a ainsi fait savoir au comité des pêches de la FAO qu’elle avait adopté une <a href="http://researcherdiaries.com/2016/07/a-journey-where-international-policies-are-born/">nouvelle régulation</a> pour lutter contre la pêche illégale. Pour décourager cette pratique, le Sénégal a de son côté adapté sa législation, s’autorisant désormais à <a href="https://www.issafrica.org/iss-today/how-can-senegal-combat-illegal-fishing">affliger de lourdes amendes</a>. De son côté, la Gambie a mis fin à toute pêche industrielle, en attendant la mise en place d’une nouvelle législation.</p>
<p>Des mesures d’incitations positives, comme une coopération internationale renforcée pour combattre la pêche illégale et des investissements supplémentaires pour gérer les stocks de poissons et protéger le littoral, connaissent d’autre part un succès grandissant de par le monde.</p>
<p>Mais pour que tous ces efforts portent leurs fruits, les petites pêcheries doivent être prises en compte. Et les géants de la pêche devraient, eux, s’appliquer à devenir des acteurs du développement économique plutôt que des pilleurs de stocks de poissons.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66293/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dyhia Belhabib a reçu des financements de la MAVA Foundation.</span></em></p>Les pêcheries artisanales font vivre des millions d’Africains de l’Ouest, mais leur rôle est clairement sous-estimé et la pêche illégale les menace.Dyhia Belhabib, Research Associate and Fisheries Scientist, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/597572016-06-10T04:49:47Z2016-06-10T04:49:47ZSept destinations pour découvrir l’Afrique grandeur nature<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/123596/original/image-20160523-11004-13f87u3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le parc national du Simien en Éthiopie.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Si je vous dis « Afrique », vous me répondrez certainement « aventure, danger », peut-être même « romantisme ». Rien de plus logique après tout, le continent possède nombre d’endroits à l’époustouflante beauté. La diversité des sites à explorer, des dunes du Sahara aux vastes forêts du Congo, fait de l’Afrique l’une des destinations les plus riches en culture et en paysages. Pour les amoureux de la nature, voici sept destinations particulièrement « vertes ».</p>
<h2>1. Le Mont Nimba</h2>
<p>Le <a href="http://whc.unesco.org/en/list/155">Mont Nimba</a> se situe entre la <a href="https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/gv.html">Guinée</a>, le <a href="https://www.cia.gov/library/publications/resources/the-world-factbook/geos/li.html">Liberia</a> et la <a href="https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/iv.html">Côte d’Ivoire</a> ; les reliefs de sa <a href="http://www.eoearth.org/view/article/154709/">réserve naturelle</a> sont couverts de forêts denses. La faune et flore, extrêmement variées, comptent certaines espèces menacées comme
le <a href="http://www.arkive.org/african-viviparous-toad/nectophrynoides-poyntoni/">crapaud Nimbaphrynoide</a> ou ces chimpanzés très habiles qui se servent des pierres comme autant d’<a href="http://www.onekind.org/education/animal_sentience/tool_use/tool_use_in_chimpanzees">outils</a>.</p>
<p>C’est certainement ici que l’on trouve les plus belles plantes du continent africain. Dans la zone du <a href="http://global.britannica.com/place/Gulf-of-Guinea">golfe de Guinée</a>, le site tient du refuge écologique exceptionnel. Y accéder se mérite : les contrôles y sont très stricts et les visites ne sont possibles qu’en groupes organisés et autorisés.</p>
<h2>2. La rivière Sangha</h2>
<p>La <a href="http://whc.unesco.org/en/list/1380">Sangha</a> coule au nord-ouest du <a href="http://www.worldwildlife.org/places/congo-basin">bassin du Congo</a> où le <a href="http://www.lonelyplanet.com/cameroon">Cameroun</a>, la <a href="http://www.lonelyplanet.com/search?q=Central+African+Republic">République Centrafricaine</a> et le <a href="http://www.lonelyplanet.com/search?q=congo">Congo</a> se rejoignent.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/105801/original/image-20151214-9511-1vl00k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La rivière Sangha, à la frontière entre Cameroun, Centrafrique et République démocratique du Congo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une grande partie du ce site, niché dans un écosystème tropical et humide, est vierge de toute activité humaine : on y trouve des crocodiles du Nil et des poissons-tigre géants. La Sangha accueille aussi des éléphants, des
<a href="http://animals.nationalgeographic.com/animals/mammals/lowland-gorilla/">gorilles</a> et des chimpanzés.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/105802/original/image-20151214-9515-1yo59kc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un gorille de la Sangha.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>3. Cap-Vert</h2>
<p>Le <a href="http://mynatour.org/destination/ecotourism-cape-verde">Cap-Vert</a> (ou République du Cabo Verde) compose un archipel situé au large de l’Afrique de l’Ouest, bien connu pour ses plages idylliques et souvent désertes. Mais pas seulement. Ses paysages où alternent volcans, forêts épaisses et des plaines arides sont à couper le souffle. Une diversité idéale pour les amateurs de sensations fortes ou, tout simplement, les amoureux de la nature. Sans oublier ses célèbres tortues de mer.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/105794/original/image-20151214-9494-1eo9u29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sur l’île de Boa Vista… le paradis est définitivement vert et bleu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Reuters</span></span>
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<p>Sur l’île de <a href="http://www.capeverde.com/islands/boa-vista.html">Boa Vista</a>, l’endroit le plus vert du Cap-Vert , l’écotourisme s’est enraciné : ici, les visiteurs sont encouragés à utiliser eau et électricité avec parcimonie et à oublier télévision et air conditionné…</p>
<h2>4. La Gambie</h2>
<p>Plus petit pays du continent, la <a href="https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ga.html">Gambie</a>, voisine du Sénégal, possède une étroite façade sur la côte atlantique. Le pays est connu pour son écosystème varié, dont la rivière <a href="http://www.accessgambia.com/information/gambia-river-info.html">Gambie</a> constitue le principal foyer. La vie sauvage du <a href="http://www.thegambiawildlife.com/protected-areas/kiang-west-national-park/index.html">parc Kiang West National</a> et de la <a href="http://www.thegambiawildlife.com/protected-areas/bao-bolong-wetlands--reserve/index.html">Réserve Bao Bolong</a> abrite singes, hippopotames et oiseaux rares.</p>
<p>Le pays est à l’origine du plus ancien projet de réimplantation de singes du continent. Lancé en 1979, il accueille aujourd’hui plus d’une centaine d’animaux. Si les chimpanzés sauvages ont disparu du pays au début du XX<sup>e</sup> siècle, quatre groupes de spécimens cohabitent actuellement sur les <a href="http://www.lonelyplanet.com/the-gambia/upper-gambia-river/river-gambia-national-park">îles Baboon</a>, site principal du projet de conservation. La Gambie est également un acteur majeur en matière d’écotourisme, comme en témoigne la lodge <a href="http://www.accessgambia.com/information/makasutu-cultural-forest.html">Makasutu</a>, internationalement reconnue.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/105807/original/image-20151214-9523-1ehdakf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Dans la réserve Makasutu, en Gambie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<h2>5. La réserve géante du Niger</h2>
<p>Figurant parmi les pays les plus pauvres du monde, le <a href="http://www.bbc.com/news/world-africa-13943662">Niger</a> héberge, et c’est moins connu, l’une des plus grandes surfaces protégées d’Afrique, dont les réserves naturelles de l’<a href="http://whc.unesco.org/en/list/573">Aïr et du Ténéré</a>. Cette zone, véritable sanctuaire, ne représente que le sixième de la surface préservée. C’est ici que l’on peut admirer les roches volcaniques de l’<a href="http://www.lonelyplanet.com/niger/northern-niger/air-mountains-and-tenere-desert">Aïr</a> dans le désert saharien du <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/T%C3%A9n%C3%A9r%C3%A9">Ténéré</a>. La variété des paysages, des plantes et d’animaux semble ici infinie.</p>
<p>Dernier bastion de vie sauvage de la région du <a href="https://www.oecd.org/fr/csao/publications/un-atlas-du-sahara-sahel-9789264222335-fr.htm">Sahara-Sahel</a>, la situation isolée de la réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré contribue à la survie de nombreuses espèces. Le paysage, merveilleusement désertique, se compose de dunes, de déserts de graviers, de vallées parsemées de falaises, de canyons et de plateaux…</p>
<h2>6. Les forêts tropicales de la Salonga</h2>
<p>Le <a href="http://whc.unesco.org/en/list/280">parc national de la Salonga</a> constitue la plus grande réserve tropicale d’Afrique. Situé au cœur du bassin central de la rivière Congo, le site n’est accessible que par voie d’eau. Dans cette forêt, hommes et animaux cohabitent.</p>
<p>Le parc joue un rôle essentiel dans la régulation du climat et la captation du C02. On y trouve de nombreuses espèces menacées comme le <a href="http://www.animalfactguide.com/animal-facts/bonobo/">chimpanzé pigmé</a>, l’<a href="http://www.nature.org/newsfeatures/specialfeatures/animals/mammals/african-bush-elephant.xml">éléphant du bush</a> ou le <a href="http://www.birdlife.org/datazone/speciesfactsheet.php?id=284">paon du Congo</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/105809/original/image-20151214-9534-vollqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le paon du Congo fait la roue dans le parc national de la Salonga.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>7. Parc national du Simien en Éthiopie</h2>
<p>Le <a href="http://whc.unesco.org/en/list/9">Parc national du Simien</a>, dans le nord de l’<a href="http://www.lonelyplanet.com/ethiopia">Éthiopie</a>, est tout simplement spectaculaire. Des millions d’années d’érosion ont créé ici des montagnes, des vallées et des précipices qui peuvent atteindre les 1 500 mètres de hauteur.</p>
<p>C’est un refuge pour nombre d’espèces menacées, comme le célèbre
<a href="http://www.arkive.org/walia-ibex/capra-walie/">bouquetin d’Abyssinie</a>, espèce endémique, le <a href="http://animals.nationalgeographic.com/animals/mammals/gelada/">gélada</a> ou encore le <a href="http://www.arkive.org/ethiopian-wolf/canis-simensis/">loup d’Éthiopie</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/105810/original/image-20151214-9540-enhpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le loup d’Éthiopie, menacé, évolue dans le parc national du Simien.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le parc prend place dans le paysage des <a href="http://www.simienmountains.org/">Monts Simien</a>, où se dresse le <a href="http://www.mountain-forecast.com/peaks/Ras-Dashen">Ras Dashan</a>, point culminant du pays avec ses 4 550 mètres d’altitude. Les exceptionnels plateaux en forme de vague des monts Simiens n’ont rien à envier aux grands canyons du Colorado.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/59757/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Martinette Kruger travaille comme chercheuse au Tourism Research Entity, TREES (Tourism Research in Economic Environs and Society) de la North-West University. Elle a reçu des financements du National Research Foundation (NRF).
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Armand travaille au Tourism Research Entity, TREES (Tourism, Research in Economic Environs and Society) de la North-West University. Il a reçu des fonds du National Research Foundation (NRF).</span></em></p>Guinée, Cameroun, Cap-Vert, Gambie, Niger, RDC, Éthiopie… Une promenade sauvage sur le continent africain en sept étapes.Martinette Kruger, Professor of Tourism, North-West UniversityArmand Viljoen, PhD Candidate in Tourism Management, North-West UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.