tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/quarantaine-84036/articlesquarantaine – The Conversation2020-04-16T17:20:19Ztag:theconversation.com,2011:article/1363072020-04-16T17:20:19Z2020-04-16T17:20:19ZLe confinement dans les îles, une longue histoire de solidarités<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/328453/original/file-20200416-192703-h1ba9e.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=62%2C143%2C5928%2C3844&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'île de Sein à la tombée du jour.</span> <span class="attribution"><span class="source">Louis Brigand</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>En ces temps de confinement, certains ont cherché à fuir les villes pour trouver refuge à la campagne ou au bord de la mer. La presse a largement évoqué l’arrivée <a href="https://www.letelegramme.fr/dossiers/confrontes-au-coronavirus-des-bretons-temoignent/coronavirus-tension-sur-belle-ile-en-mer-avec-les-residents-secondaires-17-03-2020-12528216.php">remarquée et critiquée</a> de résidents secondaires dans les îles de Bretagne.</p>
<p>Dans ce contexte particulier, les petites îles côtières s’affirment comme une destination rêvée et privilégiée, un refuge protecteur pour les hommes comme c’est le cas des petites îles italiennes <a href="https://www.courrierinternational.com/article/societe-ces-iles-italiennes-qui-ont-echappe-au-covid-19">ayant échappé grâce à leur insularité au Covid-19</a>.</p>
<p>Espaces clos et limités, difficiles d’accès et isolés du continent, les territoires insulaires, d’une certaine manière naturellement confinés, interrogent la notion relative du confinement et au-delà du vivre ensemble.</p>
<h2>Iles prisons</h2>
<p>Si l’île est souvent présentée comme une destination touristique pour urbains en recherche d’exotisme et de dépaysement, on oublie que l’île peut être une prison. Dans le monde entier, les îles bagnes ou centres de détention furent légions.</p>
<p>On pense en France, à l’île d’Yeu prison de <a href="https://www.lepoint.fr/culture/philippe-petain-son-naufrage-a-l-ile-d-yeu-20-09-2017-2158416_3.php">Philippe Pétain en 1949</a>, aux bagnards de l’île de Ré, au révolutionnaire <a href="https://chateaudutaureau.bzh/le-chteau-du-taureau/une-prison-au-milieu-de-la-mer/">Auguste Blanqui au Château du Taureau</a> en baie de Morlaix, ou encore aux <a href="https://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1971_num_27_31_2322">Communards à l’île des Pins</a> en Nouvelle Calédonie.</p>
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<figcaption><span class="caption">Départ des bagnards pour l’île de Ré, 1931.</span></figcaption>
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<p>Cette fonction carcérale est l’une des plus anciennes des îles. Dernièrement, Caroline Sturdy Colls, professeure d’archéologie à la Staffordshire University, en Angleterre a révélé un camp de concentration nazi oublié, dont il ne reste quasiment plus de marques sur <a href="https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/03/un-camp-de-concentration-nazi-redecouvert-dans-les-iles-anglo-normandes">l’île anglo-normande d’Aurigny</a>.</p>
<h2>En quarantaine sur une île</h2>
<p>Avant de rejoindre le bagne ou la prison, un site de confinement est souvent nécessaire pour la mise en quarantaine. Ainsi, l’île de la Quarantaine sur le Maroni, aujourd’hui totalement recouverte par la végétation, était probablement au XIX<sup>e</sup> siècle l’île où débarquaient les bagnards avant de rejoindre le camp de la Transportation à Saint-Laurent puis pour certains d’entre eux, l’île du Salut à Cayenne.</p>
<p>Plus près de nous, en rade de Brest, un lazaret sur <a href="http://www.roscanvel.fr/bibliographie-ouvrages-de-marcel-burel-pxl-11_187_209.html">l’île de Trébéron</a> fut établit par la Marine pour stopper les épidémies menaçant les escadres du roi Louis XIV. Elle devint ainsi l’île de la quarantaine pour les navires suspectés de contagion. On enterrait sur l’île voisine, l’île des Morts, ceux qui ne survivaient pas. Comme c’est le cas de Hart Island, surnommée « l’île des Morts », au nord-est du Bronx à New York.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les corps non réclamés de New York à Hart Island.</span></figcaption>
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<p>Depuis le début de la pandémie du Covid-19, des dizaines de corps de victimes non réclamés par des <a href="https://www.20minutes.fr/monde/2759179-20200411-coronavirus-victimes-enterrees-fosse-commune-ile-new-york">proches y sont enterrés</a>.</p>
<p>Enfin récemment, toujours en lien avec le Covid-19, le roi Salmane (84 ans) de la famille royale saoudienne s’est confiné dans un palais situé sur une île dans la mer Rouge, près de la <a href="https://www.courrierinternational.com/article/moyen-orient-le-coronavirus-toucherait-150-membres-de-la-famille-royale-saoudienne">ville de Djeddah</a>.</p>
<h2>Une fonction refuge</h2>
<p>La fonction de refuge est à l’origine de destins particuliers des îles. L’île de Ninoshima, au large d’Hiroshima au Japon, a servi depuis la fin du XX<sup>e</sup> siècle de refuge pour des soldats, des victimes de la guerre atomique ou des <a href="https://www.nippon.com/fr/column/g00381/">orphelins</a>.</p>
<p>C’est, dans un autre domaine, le cas de la petite île de Riems, localisée dans la mer Baltique en Allemagne. Premier centre virologique au monde, créé en 1910, cette île, surnommée l’Alcatraz des virus est la prison des virus du monde. Fermée au public, elle abrite aujourd’hui un centre de recherche. On y trouve plus de 10 000 animaux utilisés pour comprendre la pathogénèse et tester des vaccins contre les virus.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’île de Riems, en mer Baltique, « Alcatraz » des virus.</span></figcaption>
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<p>Et il y a aussi les îles-refuges, enclaves pour les personnes fortunées adeptes des confinements luxueux, comme <a href="https://www.lefigaro.fr/voyages/2014/08/29/30003-20140829ARTFIG00270-polynesie-tetiaroa-l-ile-de-marlon-brando.php">l’île de Tetiaroa</a> où vécu Marlon Brando en Polynésie. Les îles sont là encore dans l’expression d’une dualité qui les caractérise si bien, à la fois paradis et enfer, ouverture et fermeture, la chose et son contraire.</p>
<h2>Iles écrin, îles menacées</h2>
<p>Les îles, du fait de leurs spécificités biologiques en lien avec l’isolement sont des écrins à haute valeur environnementale. C’est pour cela que l’on y retrouve une multitude d’espaces classés, de réserves naturelles, de parcs marins… En France métropolitaine, toutes les îles habitées possèdent des statuts de protection forts. L’isolement favorise des formes remarquables et bien connues d’adaptation de la faune et de la flore ou encore d’endémicité.</p>
<p>À l’heure de la banalisation des espaces littoraux, ces caractères remarquables en <a href="http://www.vers-les-iles.fr/livres/Iroise/Brigand.html">font des lieux recherchés</a> et contribuent à une importante fréquentation humaine et une forte pression foncière. L’une des conséquences est bien souvent un emballement du prix du foncier bâti, excluant les populations d’origine au profit de nouvelles aux revenus incomparablement supérieurs.</p>
<p>Ce même isolement porte en lui les germes d’une grande fragilité. <a href="https://www.researchgate.net/publication/293012245_L'ile_et_le_Vivant_Revisites_Dans_la_Theorie_de_la_Biogeographie_Insulaire_Les_Symptomes_du_Syndrome_D'insularite_Ceba_ref_ANR-10-LABX-25-01">L’introduction d’espèces nouvelles ou invasives</a> ou la destruction de certains habitats, peut favoriser la prédominance d’une espèce aux dépens d’une autre.</p>
<p>Certaines espèces peuvent ainsi coloniser en totalité l’espace insulaire. C’est par exemple le <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/38556/reader/reader.html#!preferred/1/package/38556/pub/55833/page/12">cas des rats</a> qui y prolifèrent souvent. On retrouve des îles dénommées Iles-aux-rats sur toute la planète. En Bretagne il en existe notamment une dans la rivière de Pont-l’Abbé.</p>
<p>Les menaces et les atouts remarquables des îles sont à mettre directement en lien avec le caractère limité de l’espace et l’isolement. C’est vrai pour ce qui relève de la nature, mais cela l’est également pour les activités humaines.</p>
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<figcaption><span class="caption">Reiono, une île au rats paradisiaque dans le Pacifique.</span></figcaption>
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<h2>Iles autonomes, îles résilientes</h2>
<p>Le caractère fini de l’espace favorise la mise en œuvre de solutions visant à l’autonomie dans différents domaines, notamment alimentaires et énergétiques. Sur ce plan, la présence de la mer, du vent et du soleil encourage la mise en place de technologies alternatives.</p>
<p>L’île d’<a href="http://www.leparisien.fr/week-end/le-parisien-magazine-aux-canaries-el-hierro-l-ile-au-tresor-vert-07-01-2017-6529527.php">El Hierro aux Canaries</a> ou de l’<a href="https://reporterre.net/L-ile-danoise-de-Samso-apprend-a-vivre-sans-petrole">île de Samso</a> au Danemark en constituent deux exemples remarquables.</p>
<p>En Bretagne, les îles de l’Iroise (Ouessant, Molène et Sein) ont mis en place un <a href="https://www.iles-du-ponant.com/la-transition-energetique-avance-a-grand-pas-sur-les-iles-de-bretagne/">ambitieux programme</a> qui devrait leur assurer une autonomie énergétique quasi-totale dans les années à venir.</p>
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<figcaption><span class="caption">De nouvelles initiatives ont été prises ces dernières années, comme l’élevage de moutons sur l’île de Hoedic (Morbihan) film de Louis Brigand et Laura Corsi.</span></figcaption>
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<p>Dans les îles du Ponant toujours, où l’agriculture, à l’exception de Batz et de Belle-Île, avait quasiment disparu depuis les années 1970-1980, un <a href="https://www.id-iles.fr/th%C3%A9matiques/l-agriculture/">renouveau agricole</a> voit le jour.</p>
<p>Les productions locales dans le domaine de l’élevage et le maraichage, les circuits courts, sont des modèles qui se multiplient en parallèle avec de nouvelles productions, comme la vigne. De même la transformation des produits locaux est encouragée tout comme la recherche de nouvelles activités dans le domaine de la création ou du numérique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Portrait d’un vigneron, île d’Aix (Charente-Maritime), film de Laura Corsi et Louis Brigand.</span></figcaption>
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<h2>Iles solitaires, îles solidaires</h2>
<p>Ces changements récents s’accompagnent de l’<a href="https://www.id-iles.fr/le-projet-id-%C3%AEles/id-%C3%AEles-1">arrivée de néo-résidents</a>.</p>
<p>Cela se traduit par une augmentation de population, sensible pour certaines îles, et témoigne de formes de renouveau des territoires insulaires. Ces derniers pourraient potentiellement devenir de véritables laboratoires pour expérimenter et mettre en œuvre des solutions alternatives et résilientes pour le vivre ensemble et le bien-être des populations.</p>
<p>La cadre limité de l’île encourage largement ce type d’évolution et de réflexion. Sur ces petites îles, chacun se connaît, l’apport des uns complète celui des autres, les frontières sociales s’estompent et les liens entre générations se resserrent. Les îles, terres d’utopie, ont été et sont toujours des terres fécondes pour imaginer de nouvelles perspectives.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’association INZI développe l’offre culturelle dans les îles du Ponant (Bretagne) en dehors de la saison touristique (France 3).</span></figcaption>
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<p>L’île est un terreau favorable à l’expression de multiples solidarités. Les exemples ne manquent pas, notamment dans le domaine du sauvetage en mer, mais aussi de l’entraide au quotidien. Un indicateur en témoigne.</p>
<p>Une étude récente (à paraître, <em>Réflexions sur le vivre ensemble dans les îles du Ponant, sous l’angle des associations</em>, actes du colloque 2019 <a href="https://iles2019.sciencesconf.org/">« les îles à venir »</a>) porte sur la vie associative dans les îles du Ponant. On y recense quelque 500 associations pour 16 310 habitants. Le nombre d’associations pour 100 habitants est 1,5 fois plus important dans les îles que sur le continent, témoignant d’une densité bien plus forte.</p>
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<span class="caption">À bord du canot d’Ouessant de la Société nationale de sauvetage en mer en route vers Sein en 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Louis Brigand</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Cette vitalité associative est une conséquence de l’insularité : dans l’île, on sait se retrouver pour construire un projet ensemble, pour faire la fête et aussi se soutenir. Car, quand une menace pèse sur la communauté, les conflits internes s’estompent pour le bien commun. Finalement, l’île protège ses habitants de l’intérieur, mais se protège aussi de l’extérieur.</p>
<h2>Se confiner dans les îles</h2>
<p>D’une manière générale, l’île est perçue par chacun comme un cocon protecteur. Dans le contexte actuel de confinement national, on peut considérer l’île comme un bateau immobilisé à quai pour les îliens, ou une prison dorée, pour les résidents secondaires.</p>
<p>Pour les premiers, le confinement n’est pas une découverte. Les marins, fort nombreux dans un passé proche dans les îles du Ponant, connaissaient parfaitement cette situation à bord des bateaux. Pour certains, embarqués actuellement sur des plates-formes pétrolières ou la pêche hauturière, elle est toujours réelle. Il arrive que les îles ne soient pas accessibles à cause des tempêtes. Durant le mois de février 2014, en raison de la météo neuf rotations journalières sont annulées dont six en dix jours. les <a href="https://www.librairiedialogues.fr/rencontres/12117/">tempêtes de 2014</a></p>
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<span class="caption">Tempête en 2014 sur Sein.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Louis Brigand</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Enfin, dans ces petites îles de quelques centaines d’habitants, vivre ensemble sur un espace réduit est une sorte de confinement parfaitement maitrisé. Si le confinement actuel ne permet plus de se rencontrer aussi aisément, de discuter sur les quais ou de boire un verre dans un bistro, il n’est en rien comparable à ce que peuvent vivre des familles dans de petits appartements de quartiers urbains densément peuplés. En fait, le confinement extérieur (vis-à-vis du continent) est beaucoup mieux vécu par les îliens que le confinement intérieur (sur l’île), le premier n’étant pas exceptionnel.</p>
<p>Pour les résidents secondaires, il s’agit de profiter d’un confinement bien plus doux, moins anxiogène sur l’île que dans la grande ville. Cet avant-goût de vacances imposées, mais rendues possibles dans un cadre aimé, est légitime. Elle peut cependant se discuter sans pour autant justifier certains propos tenus à ce sujet sur les réseaux sociaux.</p>
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<span class="caption">L’île de Sein, aux beaux jours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Louis Brigand</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Dans l’imaginaire collectif des îles, la venue de résidents secondaires peut être vécue comme une intrusion dans l’entre-soi insulaire. Les îliens apprécient l’arrivée des vacanciers après la longue période hivernale, durant laquelle l’isolement et les épisodes météo sont parfois durs à vivre. Les maisons fermées s’ouvrent, les hôtels se remplissent. En revanche, en période de confinement sanitaire, cet intérêt économique et social n’est plus perçu et leur origine urbaine est analysée comme une <a href="https://www.letelegramme.fr/bretagne/vil-ile-aux-moines-600-habitants-trois-cas-et-des-rumeurs-06-04-2020-12536280.php">menace potentielle</a>, comme pour tout autre visiteur.</p>
<h2>De l’île paradis à l’île infernale</h2>
<p>L’arrivée de résidents secondaires est restée relativement limitée (estimée à 600 personnes <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-une-trentaine-de-cas-suspects-dont-deux-averes-a-belle-ile-en-mer-morbihan-selon-le-president-de-la-communaute-de-communes_3889121.html">par exemple à Belle-Île</a> pour 5 500 habitants selon la communauté de communes) mais pose question.</p>
<p>Les densités de population étant fortes dans les îles, on imagine aisément les conséquences de l’introduction du virus. Pour reprendre l’image de l’île-bateau, on comprend que la contamination de l’équipage par un nouvel arrivant engendre des conséquences souvent dramatiques pour tout le personnel de bord. L’île paradis se transforme en île infernale : dans les îles, les personnes âgées donc fragiles, sont nombreuses, <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/entretien-le-coronavirus-pourrait-porter-un-coup-dur-l-economie-d-ouessant-craint-son-maire-6787918">l’encadrement médical restreint</a> (certaines îles n’ont pas de médecins), la présence de policiers parfois inexistante et les évacuations sanitaires compliquées.</p>
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<figcaption><span class="caption">Portrait d’Yves Taveau, médecin sur l’Île-aux-Moine, 2013, film réalisé par Laura Corsi et Louis Brigand.</span></figcaption>
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<p>En cette période de l’année, les services publics sont réduits et les stocks alimentaires prévus pour la population de l’hiver restent limités. Pour les communes des îles, la difficulté première est bien d’accueillir un surcroît de population en période de crise sanitaire.</p>
<p>Actuellement, pour aller aux îles, il faut donc faire partie de l’équipage, c’est-à-dire être résident permanent. Sage mesure prise très rapidement par les maires des îles puis reprise par les préfets. Les rotations maritimes sont dorénavant réduites : elles se limitent pour certaines îles à deux hebdomadaires, le temps du ravitaillement. Celui du confinement s’écoule paisiblement. Les communes s’organisent, les commerçants s’adaptent, les îliens s’entraident. En deux mots, les îles se protègent. En Bretagne mais aussi aux antipodes.</p>
<p><a href="https://www.unine.ch/ethno/home/equipe/christian-ghasarian.html">Christian Ghasarian</a>, ethnologue travaillant sur l’île de Rapa, dans les îles australes de Polynésie française, évoque dans un article à paraître (<em>Réflexions sur le protectionnisme insulaire à Rapa</em>, actes du colloque <a href="https://iles2019.sciencesconf.org/">« les îles à venir »</a>), le lien entre l’idée de protéger l’île et celle d’y être protégé, une conception polynésienne à l’œuvre dans cette île.</p>
<p>Face au risque particulièrement fort de diffusion de l’épidémie dans l’île, les habitants se sont organisés, plusieurs cas de coronavirus ayant été relevés à Tahiti.</p>
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<figcaption><span class="caption">À Rapa, la vie en collectif est régie par l’entraide et un fort sentiment communautaire, Brut.</span></figcaption>
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<p>La seule porte d’entrée du virus à Rapa étant le bateau qui fait un aller-retour tous les deux mois, le <a href="https://www.tntv.pf/tntvnews/polynesie/societe/rapa-et-rangiroa-se-preparent-au-confinement/">maire rappelle</a> que :</p>
<blockquote>
<p>« Ici, personne n’a le coronavirus. Par contre, toutes les personnes qui arrivent, on ne sait pas si elles sont porteuses du virus. Le seul moyen de nous protéger, c’était de tous les mettre en confinement. Ce n’est qu’après la quatorzaine, qu’on saura s’ils pourront rentrer chez eux. C’est ce que nous avons fait. »</p>
</blockquote>
<p>La communauté réunie a pris plusieurs mesures de précaution témoignant d’un grand sens de la responsabilité et de la solidarité insulaire. Après plusieurs heures de prise de parole, il fut décidé de façon consensuelle de mettre en quatorzaine tous les passagers (enfants et adultes) dans la cantine de l’école, fermée pour l’occasion et d’organiser ce confinement avec des vivres avant l’arrivée du bateau et le débarquement des passagers.</p>
<blockquote>
<p>« On est tous tombés d’accord. On a donc levé le rahui [interdit volontaire de la pêche dans une zone donnée durant toute l’année sauf un jour] pour la pêche, nous sommes allés chasser les bœufs et les chèvres. Chaque famille a amené ce qu’elle pouvait comme du taro par exemple. Et au final, nos enfants peuvent rester en confinement pendant un mois, ils auront encore à manger. »</p>
</blockquote>
<hr>
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<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-rahui-polynesien-au-secours-de-lenvironnement-73382">Le « rahui » polynésien au secours de l’environnement</a>
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<hr>
<h2>Se déconfiner dans les îles en donnant l’exemple ?</h2>
<p>À l’heure où l’on évoque les difficultés du déconfinement sur le continent, à Belle-Île le président du Conseil de surveillance de l’hôpital suggère de faire de l’île un territoire d’expérimentation. Il s’agit de proposer à l’agence régionale de santé l’organisation d’un test pilote de déconfinement, en réfléchissant collectivement aux critères à mettre en place, ce qui, selon le nouveau maire, <a href="https://www.letelegramme.fr/morbihan/le-palais/belle-ile-en-mer-pilote-du-deconfinement-10-04-2020-12538076.php?fbclid=IwAR2O2Oyy2LfNCNwxXV63Zeep41Y9UHKWFeONHBkf4hzPEnYpe0K9z5aAdtI">semble plus facile ici qu’ailleurs</a>.</p>
<p>Belle-Ile contribuera-t-elle à montrer le chemin à suivre pour le pays, prouvant ainsi toute la puissance démonstratrice et évocatrice de l’île ? Au-delà de la singularité et de l’intérêt de cette proposition, ce sont les valeurs de solidarité s’exprimant sous différentes formes aujourd’hui dans les îles qui demeurent essentielles.</p>
<p>Pour l’heure, selon une Groisillone interviewée au sujet du confinement, « le plus difficile, c’est de ne plus pouvoir s’embrasser et de ne plus marcher dans la mer ». Ce propos témoigne de deux choses : de l’importance du vivre ensemble dans les îles et du rapport étroit que les îliens ont naturellement avec la nature.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304237/original/file-20191128-178107-ytiu6e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Louis Brigand bénéficie du soutien de la Fondation de France pour le projet <a href="https://www.id-iles.fr/">ID-îles</a>. Premier réseau de philanthropie en France, la <a href="https://www.fondationdefrance.org/fr">Fondation de France</a> réunit, depuis 50 ans et sur tous les territoires, des donateurs, des fondateurs, des bénévoles et des acteurs de terrain.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/136307/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les recherches de Louis Brigand sont notamment en lien avec des programmes de la Fondation de France. Il coordonne le programme ID-îles et participe aux projets Atlantîles (Saint-Pierre et Miquelon), ESS Iles (Iles du Ponant) et Envid'Iles (Polynésie française). Il est également l'une des chevilles ouvrières de l'évènement Iles 2019 qui s'est tenu à Brest, Ouessant, Sein et Molène du 14 au 19 octobre 2019.</span></em></p>Espaces clos et limités, difficiles d’accès et isolés du continent, les territoires insulaires interrogent la notion relative du confinement et au-delà du vivre ensemble.Louis Brigand, Professeur, géographe, Université de Bretagne occidentale Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1346322020-04-01T17:43:02Z2020-04-01T17:43:02ZCoronavirus et sexe : quoi faire et ne pas faire en période de distanciation sociale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/324620/original/file-20200401-23130-17o79gm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Faites attention aux recommandations des scientifiques. Rien ne prouve qu'embrasser à travers un masque - comme le montre cette image - est une pratique sûre. C'est le moment de faire preuve d'imagination et de pratiquer un autre type de sexe sans risque. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Street art in Bryne, Norway, by Pøbel. Photo by Daniel Tafjord/Unsplash)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le sujet dont se soucie actuellement le monde entier est le nouveau coronavirus.</p>
<p>Dans ce contexte, à titre de <a href="https://theconversation.com/whos-your-ideal-mate-your-first-love-may-have-something-to-do-with-it-9106">chercheur en neurosciences du sexe</a> et de <a href="https://theconversation.com/les-facons-davoir-des-rapports-sexuels-se-declinent-presque-a-linfini-et-tous-sont-naturels-119426">partisan du sexe positif</a>, j’écris cet article avec plusieurs objectifs en tête : informer les lecteurs et lectrices du rapport entre le sexe et la pandémie actuelle, et prévenir la diffusion de mythes et de fausses informations dans un environnement social troublé.</p>
<p>Étant donné les modes de transmission courants des virus respiratoires, la pratique de certains types d’activités sexuelles risque de propager le virus. Il n’est cependant pas réaliste de s’attendre à ce que les gens s’abstiennent de relations sexuelles en période d’isolement.</p>
<p>Dans la situation actuelle, comme le sexe ne constitue pas un sujet de discussion prioritaire, les fausses informations circulent assez facilement. Les gens pourraient sans le vouloir aggraver la propagation du virus s’ils ne prennent pas les précautions nécessaires.</p>
<p>Alors, lavez-vous les mains avec du savon et de l’eau pendant au moins vingt secondes, et passons aux choses sérieuses !</p>
<h2>Sexe et Covid-19</h2>
<p>Le coronavirus peut-il se transmettre sexuellement ? La réponse est simple : on ne le sait pas. Pour le moment, aucune recherche fiable, aucune communication officielle ni aucun rapport scientifique n’ont été présentés par les autorités compétentes.</p>
<p>La transmission du virus par voie sexuelle et le fait de le contracter de son partenaire sexuel sont deux choses différentes. Le premier cas <a href="https://www.cdc.gov/std/general/default.htm">implique une transmission</a> par des contacts sexuels et l’échange de liquides organiques, par exemple par le sexe vaginal, oral et anal. Le second cas concerne la transmission qui peut survenir, entre autres, lorsque les partenaires s’embrassent.</p>
<p>Un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Christian Lindmeier, a déclaré au <em>New York Times</em> que les coronavirus <a href="https://www.nytimes.com/2020/03/02/health/coronavirus-how-it-spreads.html">ne se transmettent généralement pas par voie sexuelle</a>. Aux États-Unis, <a href="https://www.cdc.gov/coronavirus/types.html">d’après le Centers for Disease Control and Prevention</a> (CDC), il existe sept types de coronavirus – et tous exercent ordinairement leurs effets sur les voies respiratoires chez les humains.</p>
<p>D’autres experts en maladies infectieuses <a href="https://www.health.com/condition/infectious-diseases/coronavirus/can-you-get-coronavirus-from-sex">appuient ces observations</a>. Or, le coronavirus <a href="https://doi.org/10.1002/jmv.25725">ne touche pas seulement les voies respiratoires</a>. En effet, <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa2001191">on en a retrouvé certaines traces</a> dans les <a href="http://weekly.chinacdc.cn/en/article/id/ffa97a96-db2a-4715-9dfb-ef662660e89d">selles de patients infectés</a>. Les CDC américains <a href="https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/php/water.html">estiment toutefois que le risque de transmission par cette voie est faible</a>.</p>
<p>Le nouveau coronavirus <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public/q-a-coronaviruses">se transmet par les gouttelettes</a> expulsées par les personnes infectées lorsqu’elles expirent, toussent ou éternuent. L’entourage est infecté en inhalant ces gouttelettes, ou les touchant sur une surface, puis en se touchant le visage. Les chances de contracter le virus par des activités sexuelles avec une personne infectée sont donc très élevées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322586/original/file-20200324-155658-1lt64ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En raison de la pandémie, vous devrez peut-être remettre à plus tard vos relations sexuelles, ou changer votre façon de les concevoir.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Demorris Byrd/Unsplash</span></span>
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<p>Comme le virus est présent dans les sécrétions respiratoires, on suppose sans peine qu’il se transmettra durant n’importe quel type de pratique sexuelle, en raison de la proximité physique. Ce n’est donc pas le moment d’organiser un rassemblement social à caractère osé.</p>
<p>D’ailleurs, la directrice générale de la coalition américaine des travailleurs et travailleuses du divertissement pour adultes, Michelle L. LeBlanc, <a href="https://www.freespeechcoalition.com/blog/2020/03/16/a-letter-from-our-executive-director/">a demandé un arrêt volontaire</a> de toutes les productions de ce secteur durant la pandémie afin d’aider à prévenir la propagation du virus.</p>
<h2>L’isolement exige-t-il l’abstinence ?</h2>
<p>En matière de comportement sexuel, la variété est un attribut très prisé. Bien qu’il soit pratiquement impossible de demander aux gens de ne pas avoir de relations sexuelles, il serait peut-être utile de suggérer de petites expériences toutes simples.</p>
<p>Comme on peut avoir le virus <a href="https://www.who.int/news-room/q-a-detail/q-a-coronaviruses">sans présenter de symptômes</a>, la seule façon fiable de savoir si vous ou votre partenaire êtes infectés est de faire un test. En revanche, si vous ou votre partenaire ne présentez aucun symptôme et êtes restés chez vous, les relations sexuelles ne devraient poser aucun problème.</p>
<p>Nous pouvons aider à contrôler la pandémie de Covid-19 en prenant quelques précautions. Nous pouvons également apprendre à faire les choses différemment en période de manque. Voici quelques recommandations générales pour réduire les risques de transmission de le Covid-19.</p>
<h2>Pour du sexe moins risqué</h2>
<p>Avant tout, lavez-vous les mains pendant au moins vingt secondes avec du savon et de l’eau chaude avant de faire quoi que ce soit, mais aussi après toute activité.</p>
<p>Voyez-le comme un nouveau préliminaire en période d’isolement !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322588/original/file-20200324-155620-jwhrhb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Voyez le lavage de mains comme un nouveau préliminaire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Claudio Schwarz/Unsplash</span></span>
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<p>Vous pensez peut-être avoir besoin d’un masque, mais ce n’est probablement pas le cas. Le port d’un masque <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public/when-and-how-to-use-masks">n’est recommandé par l’OMS que dans certains cas</a>. Des données indiquent qu’au Japon, des femmes portent un masque facial pour accroître leur charme en cachant leur visage lorsqu’elles ne sont pas maquillées. Or, une étude à ce sujet a montré que pour certaines personnes, les masques faciaux <a href="https://doi.org/10.1111/jpr.12116">diminuent l’attrait du visage</a>.</p>
<p>Vous pouvez réduire davantage le risque de contagion en utilisant un condom, une digue ou des gants de latex. Ce n’est peut-être pas votre truc, mais aux grands maux les moyens amusants !</p>
<h2>Intimité non conventionnelle</h2>
<p>Les actes associés à l’intimité sexuelle peuvent avoir autant de variantes et de solutions de rechange que l’imagination le permet. Au lieu de vous embrasser et d’avoir des relations sexuelles, essayez les massages érotiques, les clavardoirs et la masturbation mutuelle, faites la cuillère, consultez des vidéos ou du matériel érotiques, regardez votre partenaire se donner du plaisir, etc.</p>
<p>L’anulingus (bouche à anus) doit être totalement exclu.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=564%2C263%2C1815%2C1752&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322363/original/file-20200323-112694-1t0xhy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vous pouvez minimiser les risques en vous abstenant, mais si vous avez déjà entamé des relations avec des gens, gardez en mémoire les personnes avez qui vous avez été, ainsi qu’où et quand.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Harris Ananiadis/Unsplash</span></span>
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<p>La pratique de toute forme de relation sexuelle implique un risque inutile, notamment parce <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public/q-a-coronaviruses">qu’il n’existe toujours pas de vaccin ou de remède pour prévenir ou traiter la maladie</a>.</p>
<p>C’est bien connu, on aime toujours ce qu’on ne peut pas avoir. Se retenir ou s’abstenir de faire vos activités favorites afin de minimiser les risques ne les rendra que meilleures à la fin, quand l’orage aura passé.</p>
<h2>Communication</h2>
<p>Il est essentiel de rester à l’écoute de votre partenaire, en particulier si vous ne vous sentez pas bien ou si ne voulez pas vous livrer à une activité sexuelle. Quant aux célibataires, sachez qu’à l’image des entreprises qui souffrent de l’arrêt forcé, votre bassin de fréquentations pourrait aussi en pâtir.</p>
<p>Ce n’est en aucun cas le bon moment pour prévoir une rencontre Tinder ou vous exposer à des risques inutiles avec de nouveaux partenaires. Si vous leur plaisez vraiment, ils attendront. Cependant, si vous avez déjà entamé des relations avec des gens, il serait bon de garder en mémoire les personnes avez qui vous avez été, ainsi qu’où et quand.</p>
<h2>Restez au courant</h2>
<p>Le nouveau coronavirus n’est pas à prendre à la légère. Il a déjà coûté la vie à des milliers de personnes dans le monde ainsi <a href="https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6">qu’à plusieurs centaines d’autres</a> au Canada. Nous pouvons toutes et tous contribuer à prévenir la propagation et assurer la sécurité des personnes à risque.</p>
<p><a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/maladie-coronavirus-covid-19.html">Consultez de l’information fiable</a>. Ne paniquez pas. Restez chez vous pour le moment. La peur, les rumeurs et la désinformation se répandent rapidement. Enfin, il est crucial de faire confiance aux recommandations des scientifiques.</p>
<p>Si les gouvernements, les scientifiques et tous les êtres humains fournissent les efforts appropriés tout en faisant preuve d’assez de patience, nous surmonterons cette pandémie et pourrons reprendre, avec un peu de chance, le cours de nos vies. Peut-être alors pourrons-nous revenir à nos pratiques disons plus « folichonnes ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/134632/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gonzalo R. Quintana Zunino ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L'activité sexuelle peut présenter des risques de transmission de la Covid-19. Un expert explique comment la prévenir et vivre sa sexualité sereinement en ces temps troubles.Gonzalo R. Quintana Zunino, PhD, Behavioural Neuroscience, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1350162020-03-31T13:12:52Z2020-03-31T13:12:52ZFAQ sur la Covid-19 : les personnes asymptomatiques peuvent-elles la transmettre ? Combien de temps le virus reste-t-il sur les surfaces ? Et d’autres questions…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/324305/original/file-20200331-65495-1a2gj7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des échantillons attendent d’être testés pour la COVID-19 au LifeLabs, à Surrey, en Colombie-Britannique</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Darryl Dyck</span></span></figcaption></figure><p>La pandémie de coronavirus, qui poursuit sa progression, a déjà infecté <a href="https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/situation-reports">plus d’un demi-million de personnes sur presque tous les continents et en a tué des dizaines de milliers</a>. Les bureaux ferment, on doit rester à la maison, les hôpitaux se préparent à accueillir un afflux de patients, et beaucoup de gens ne savent pas ce qui est à risque et ce qui ne l’est pas.</p>
<p>Voici les réponses à quelques questions courantes que l’on se pose sur les coronavirus.</p>
<h2>Les gens asymptomatiques peuvent-ils transmettre le Covid-19 ?</h2>
<p>Oui, car certaines personnes infectées qui n’ont pas montré de symptômes peuvent propager le virus, et c’est un élément très préoccupant. C’est pourquoi on considère la distance sociale ou physique importante pour ralentir ou réduire la transmission du virus.</p>
<p>Des études de modélisation menées en Chine et <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijid.2020.03.020">au Japon</a>, ainsi que des tests effectués sur des gens <a href="https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2020.25.10.2000180">à bord du navire de croisière Diamond Princess</a>, laissent voir qu’un petit nombre de personnes infectées ne développent pas de symptômes. Nous ne connaissons toutefois pas leur degré de contagiosité.</p>
<p>La plupart des études réalisées à ce jour, en général avec un petit nombre de personnes, montrent qu’on excrète davantage de virus à l’apparition des premiers symptômes – lorsqu’on commence <a href="https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.03.05.20030502v1">à tousser (ou à éternuer) –</a>, car le virus est présent dans les fines gouttelettes projetées dans l’air. Mais une étude récente publiée dans le <em>New England Journal of Medicine</em> indique que certaines personnes qui ne présentent <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2001737">aucun symptôme ou des symptômes très légers peuvent excréter une quantité importante de virus</a>. Les enfants, qui sont souvent peu ou pas symptomatiques, <a href="https://pediatrics.aappublications.org/content/early/2020/03/16/peds.2020-0702">peuvent également être contagieux</a>.</p>
<p>Il est important de préciser que les symptômes sont subjectifs. Quelqu’un peut se sentir un peu mal sans y accorder d’attention et ne pas le signaler à un professionnel de la santé ou à un chercheur. On ne peut donc pas conclure avec certitude qu’une personne enregistrée comme asymptomatique dans une étude l’était vraiment. <a href="https://bmcfampract.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2296-14-167">Des facteurs culturels peuvent influencer la manière et le moment où les gens rapportent leurs symptômes ou vont se faire soigner</a>.</p>
<h2>Combien de temps le virus reste-t-il sur les surfaces ?</h2>
<p>Le coronavirus peut-il survivre sur le courrier, les produits au supermarché, les pompes à essence, etc. ? Une étude publiée dans le <em>New England Journal of Medicine</em> indique que le <a href="https://www.doi.org/10.1056/NEJMc2004973">virus peut survivre jusqu’à deux ou trois jours sur certaines surfaces, en particulier les plastiques durs et l’acier inoxydable</a>. On risque donc davantage de contracter le virus en touchant ces matériaux.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/323753/original/file-20200328-146662-64hvg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Si vous devez utiliser un chariot d’épicerie, nettoyez-vous les mains ensuite.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pexels</span></span>
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<p>Le plus important est d’éviter de toucher des objets avec lesquels beaucoup de gens ont été en contact récemment – boutons d’ascenseur, chariots d’épicerie, poignées de porte et mains courantes. Sinon, on peut se laver les mains ou utiliser un désinfectant pour les mains, tel que du Purell, immédiatement après.</p>
<p>De nombreuses épiceries offrent désormais des stations de lavage de mains et des solutions désinfectantes pour essuyer les chariots. Servez-vous-en !</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/we-know-how-long-coronavirus-survives-on-surfaces-heres-what-it-means-for-handling-money-food-and-more-134671">preuves dont nous disposons</a> indiquent que le virus se dégrade rapidement sur les surfaces poreuses comme les tissus, le papier et le carton. Le risque d’infection lié à la manipulation de papier et de carton (p. ex., courrier et paquets) est sans doute faible, mais les mêmes règles s’appliquent : on se lave soigneusement les mains après y avoir touché.</p>
<p>Rappelons que le virus se transmet principalement d’une personne à une autre par la toux ou les éternuements.</p>
<h2>Quels sont les produits chimiques qui tuent le virus ?</h2>
<p>Tout savon ou détergent détruira le virus, ainsi que les solutions d’eau de javel et d’eau, les lingettes désinfectantes, les nettoyants, etc.</p>
<p><a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/desinfectants/covid-19/liste.html">Voici une liste exhaustive</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/323644/original/file-20200327-146666-1vboipk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il est important de désinfecter les surfaces pour réduire la propagation du coronavirus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<h2>Que signifie exactement « rester à la maison » ?</h2>
<p>Les autorités utilisent différents termes pour décrire les mesures qui visent à éloigner les gens les uns des autres afin d’éviter la transmission du virus : « rester à la maison », « confinement chez soi », « auto-isolement » et « quarantaine ». Toutes nécessitent une distanciation sociale ou physique pour réduire les taux de propagation.</p>
<p>Techniquement parlant, la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus/professionnels-sante/mesures-sante-publique-utilisees-reduire-covid-19.html">« quarantaine »</a> est une mesure dont le but est de restreindre les déplacements des personnes qui ne présentent pas de symptômes, mais peuvent avoir été exposées au virus. Le terme vient de l’époque de la peste en Europe, quand les <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202003/16/01-5264929-epidemies-et-quarantaines-dans-lhistoire.php">navires n’étaient pas autorisés à accoster pendant 40 jours après leur arrivée pour montrer que leur équipage était en santé</a>. La quarantaine est aussi utilisée pour décrire la fermeture ou l’isolement de lieux géographiques où une maladie se propage, comme on l’a fait à Wuhan, en Chine, <a href="https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/202003/30/01-5267072-wuhan-reprend-vie-apres-deux-mois-de-confinement.php">bien que les mesures y soient désormais assouplies</a>.</p>
<p>De nombreux responsables de la santé publique évitent de recourir à la quarantaine, probablement parce qu’elle peut évoquer le pouvoir coercitif de l’État ou stigmatiser les habitants des localités touchées.</p>
<p>Ainsi, au Canada, on encourage principalement des mesures volontaires, en faisant une distinction entre <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus/prevention-risques.html">l’auto-surveillance, où une personne qui peut avoir été exposée au virus</a> (si un collègue a ressenti des symptômes, par exemple) doit surveiller l’éventuelle apparition de symptômes, et l’auto-isolement, pour ceux qui, sans avoir de symptômes, ont pu être en contact avec le virus dans le cadre d’un voyage ou ont eu un contact étroit avec une personne atteinte de le Covid-19.</p>
<p>Le véritable isolement concerne ceux qui ont le virus ou qui ont de bonnes raisons de croire qu’ils l’ont. Les gens qui présentent des symptômes sont invités à s’isoler chez eux, en restant le plus possible à l’écart des autres.</p>
<p>« Rester à la maison » signifie simplement qu’il faut sortir le moins possible. Les demandes de « confinement chez soi » sont similaires, mais peuvent être assorties d’exigences plus formelles, comme en <a href="https://www.thelocal.it/20200310/coronavirus-italy-stay-at-home-what-are-italys-quarantine-rules">Italie</a>, où les gens ne peuvent quitter leur domicile sauf pour aller chercher des choses essentielles, comme de la nourriture et des médicaments. Le « confinement chez soi » s’accompagne généralement de la fermeture des restaurants, des bars, des centres sportifs, de l’annulation des événements publics, etc. et vient parfois avec des sanctions pénales et des amendes.</p>
<h2>La Covid-19 peut-elle causer des lésions pulmonaires à long terme ?</h2>
<p>À ce stade précoce de la pandémie, rien ne prouve que des lésions pulmonaires permanentes ou à long terme sont une conséquence courante de l’infection. Un rapport de <a href="https://www.scmp.com/news/hong-kong/health-environment/article/3074988/coronavirus-some-recovered-patients-may-have">Hongkong</a> montre une diminution à court terme de la fonction pulmonaire chez les personnes qui se remettent de le Covid-19.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=753&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=753&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/323754/original/file-20200328-146695-13stben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=753&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une image au microscope électronique d’un virus SRAS-CoV-2 (en orange) émergeant d’une cellule (en gris) cultivée en laboratoire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NIAID-RML</span></span>
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</figure>
<p>Un rapport du <a href="https://www.cnn.com/2020/03/26/health/covid-19-lung-damage-video/index.html">Dr Keith Mortman, de l’hôpital universitaire George Washington</a>, publié récemment et largement diffusé dans les médias, fournit une description graphique des dommages importants causés par le coronavirus aux poumons de patients par ailleurs en bonne santé.</p>
<p>Cependant, ces rapports parlent de gens malades ou récemment rétablis. Il est encore trop tôt pour savoir si les dommages causés par l’infection sont permanents ou à long terme.</p>
<h2>L’ibuprofène peut-il aggraver le Covid-19 ?</h2>
<p>Cette idée, proposée initialement par le <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-le-ministre-de-la-sante-olivier-veran-met-en-garde-contre-la-prise-d-ibuprofene-6780070">ministre français de la Santé</a>, a circulé quelques jours sur Internet. Elle est basée sur d’anciennes études sur l’effet de l’ibuprofène sur les infections respiratoires.</p>
<p>Dans un premier temps, l’Organisation mondiale de la santé a répété cette mise en garde, mais après avoir examiné les preuves, elle est revenue sur sa position et a déclaré que, sur la base d’expériences cliniques documentées avec des patients, <a href="https://canadiensensante.gc.ca/recall-alert-rappel-avis/hc-sc/2020/72633a-fra.php">il n’existe aucune preuve que l’ibuprofène aggrave les symptômes de la maladie</a>.</p>
<h2>Le groupe sanguin a-t-il une influence ?</h2>
<p>Selon une étude sur des patients de Wuhan et de Shenzhen, en Chine, qui ont contracté le Covid-19, une plus grande proportion de malades sont du groupe sanguin A. Mais la différence est plutôt faible et cela ne doit pas changer la façon dont nous gérons la propagation ou le traitement de la maladie. Mais il s’agit d’une découverte intéressante qui nécessitera des études approfondies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135016/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Craig Janes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Beaucoup de questions circulent sur la Covid-19, et les réponses ne sont pas toujours claires. Notre expert vous livre les dernières données de la science.Craig Janes, Professor and Director, School of Public Health and Health Systems, University of WaterlooLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1344332020-03-24T19:20:32Z2020-03-24T19:20:32ZChine et Occident : deux visions opposées de la « guerre » contre le coronavirus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/322294/original/file-20200323-112707-4ubwkv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C4%2C926%2C556&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'approche chinoise de la stratégie permet un lâcher prise devant les notions prégnantes en Occident de modèle (idéal) et de volonté (héroïque).</span> <span class="attribution"><span class="source">Mongkolchon Akesin / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/17/nous-sommes-en-guerre-face-au-coronavirus-emmanuel-macron-sonne-la-mobilisation-generale_6033338_823448.html">« Nous sommes en guerre »</a>, a martelé le président français Emmanuel Macron le 16 mars dernier, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel reprenait, deux jours plus tard, le thème de la <a href="https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/allemagne-angela-merkel-la-pire-crise-depuis-la-seconde-guerre-mondiale">mobilisation générale</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/m_pXUmz5qN0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Emmanuel Macron : « Nous sommes en guerre » (Public Sénat, 16 mars 2020).</span></figcaption>
</figure>
<p>Ces déclarations traduisent une stratégie déployée en Europe qui diffère de l’approche chinoise décrite notamment par les <a href="http://www.editionsdelherne.com/publication/cahier-jullien/">travaux sur l’efficacité</a> du philosophe et sinologue François Jullien.</p>
<h2>Modélisation vs potentiel de situation</h2>
<p>Si la stratégie est fille de la guerre, de Sun Tzu, auteur du célèbre <a href="https://www.babelio.com/auteur/Sun-Tzu/3396"><em>L’Art de la guerre</em></a> qui date du IV<sup>e</sup> siècle avant Jésus-Christ, au théoricien militaire prussien Carl von Clausewitz, en passant par Machiavel, elle repose sur une conception de l’efficacité et du changement dont l’ADN culturel gagne à être questionné.</p>
<p>En suivant <a href="https://www.livredepoche.com/livre/traite-de-lefficacite-9782253942924"><em>Le traité de l’efficacité</em></a> de François Jullien, il est possible de remonter dans la généalogie de deux traditions de pensée, l’européenne et la chinoise, longtemps indifférentes l’une à l’autre. Sans réelle rencontre et échanges avant le XVI<sup>e</sup>, voire le XVIII<sup>e</sup> siècle, ce sont deux pensées plurimillénaires qui ont chacune évolué, <a href="https://www.xerficanal.com/strategie-management/emission/Sybille-Persson-La-pensee-chinoise-et-le-management_2640.html">indépendamment l’une de l’autre</a>.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/129774719" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La pensée chinoise et le management (Xerfi canal, 2017).</span></figcaption>
</figure>
<p>Pour la pensée européenne qui s’est érigée à partir du berceau philosophique grec, il s’agit d’abord de modéliser : le plan des opérations militaires du général, la courbe de croissance de l’économiste, la promesse du politique. La théorie est première ; elle précède la pratique dans ce rapport entre modélisation et application. Comme l’écrit François Jullien dans son livre <a href="https://www.editionsdelherne.com/publication/de-lecart-a-linoui/"><em>De l’écart à l’inouï</em></a> :</p>
<blockquote>
<p>« La conception la plus commune de l’efficacité en Europe […] nous apprend à dresser un plan et à raisonner en termes de moyen(s) et de fin (le business plan) […] Or la pensée chinoise attire notre attention sur les conditions favorables inscrites dans la situation même, à titre de facteurs porteurs, et dont il faut tirer parti pour réussir. La situation n’est plus cette réalité adverse […], elle est la ressource qu’il faut savoir faire évoluer à son profit ».</p>
</blockquote>
<p>Il n’y a pas eu de coupure forgée entre théorie et pratique depuis la Chine. Dans les arts de la guerre chinois, le rapport entre modélisation et application n’émerge pas.</p>
<p>En revanche, on y trouve les notions de situation, de configuration, de terrain, que Jullien traduit par « potentiel de situation ». Ce potentiel de situation évolue en fonction de <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/la-propension-des-choses-pour-une-histoire-de-l-efficacite-en-chine-francois-jullien/9782020136297"><em>La propension des choses</em></a>, pour reprendre le titre d’un autre ouvrage du sinologue.</p>
<h2>Deux conceptions de l’efficacité</h2>
<p>Les choses évoluent, portées par une propension que Jullien appréhende à partir du <em>shi</em> (勢) chinois. Le terme peut se traduire par potentiel, circonstance, processus, mais aussi par pouvoir. Le réel est alors conçu comme un dispositif sur lequel on peut prendre appui opportunément <a href="https://www.livredepoche.com/livre/traite-de-lefficacite-9782253942924">pour le faire œuvrer</a>.</p>
<p>Au lieu de mobiliser l’agir et la volonté du sujet comme le propose la pensée européenne, l’efficacité est attendue à partir du potentiel disponible dans la situation même. Cette conception de l’efficacité relève davantage d’une nécessité objective découlant des circonstances en constante évolution que de l’application d’une stratégie ou d’une <a href="https://www.cairn.info/revue-management-2014-1-page-38.htm">tactique planifiée par une volonté humaine</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322299/original/file-20200323-112700-paxd30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le philosophe et sinologue François Jullien.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Fran%C3%A7ois_Jullien_pr%C3%A9sident_du_FIG_2013.jpg">Claude Truong-Ngoc/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si la pensée chinoise mobilise alors le <em>non-agir</em>, ce non-agir se révèle agissant ; de plus il ne supprime pas l’implication humaine. Il s’agit de « ne rien faire », mais de faire en sorte que « rien ne soit pas fait », comme l’explique François Jullien dans son <a href="https://www.livredepoche.com/livre/traite-de-lefficacite-9782253942924"><em>Traité de l’efficacité</em></a>.</p>
<p>Les notions a priori opposées de concession et de conséquence sont ainsi intimement mêlées, malgré la contradiction que perçoit l’esprit occidental. « Wu wei er wu bu wei » : le mot vide de la langue chinoise (<em>er</em>) qui relie ces deux notions, indique à la fois la concession (<em>mais</em>) et la conséquence (<em>de sorte que</em>).</p>
<p>L’approche chinoise de la stratégie permet un lâcher-prise devant les notions de modèle (idéal) et de volonté (héroïque). Dépourvue de support théorique a priori, l’approche chinoise s’appuie sur une pure logique d’<a href="http://www.seuil.com/ouvrage/chevaucher-son-tigre-nathalie-koralnik/9782020926102">intervention</a>. Qu’il soit sage ou guerrier, le stratège s’appuie sur le potentiel des situations pour mieux en tirer parti en cherchant ce qui est porteur.</p>
<h2>Des repères européens brouillés</h2>
<p>Dictée qu’elle est par la situation, la stratégie de lutte contre le coronavirus se manifeste comme défensive, se déployant sur le registre combiné de l’attente (d’une durée incertaine), du retrait généralisé des activités non essentielles (essentiel signifiant ici vital), et du repli individuel. Il faut rester chez soi.</p>
<p>S’il s’agit bien d’une guerre, il devient difficile de trouver les repères usuellement associés du côté européen : <a href="https://www.cairn.info/conference-sur-l-efficacite--9782130551430.htm">action, héroïsme, épopée</a>.</p>
<p>Les héros de la guerre contre le coronavirus restent anonymes, mais ils appartiennent à un corps reconnu, particulièrement sollicité et plébiscité, celui des soignants (« soi-niant ») : ils portent des blouses blanches et des masques. Ils prennent soin, ils préservent le vital, en gérant des flux au quotidien. L’affaire est tout autant logistique qu’humaine, inscrite dans un collectif qui se déploie.</p>
<p>À partir de Sun Tzu, et à l’encontre de l’ego de nombre de dirigeants, Jullien <a href="https://www.cairn.info/conference-sur-l-efficacite--9782130551430.htm">explique</a> :</p>
<blockquote>
<p>« La grande stratégie est sans coup d’éclat, la grande victoire ne se voit pas. Je crois que nous pourrions le méditer en politique comme dans le domaine de l’entreprise et du management ».</p>
</blockquote>
<p>Face au virus, le « ne rien faire – mais faire en sorte que rien ne soit pas fait » résume une démarche stratégique d’empreinte taoïste, où la transformation en cours qui n’appartient à personne, concerne pourtant <a href="https://solutions.lesechos.fr/equipe-management/c/qui-appartient-vraiment-le-changement-8362/">tout le monde</a>. L’« anthropo-logique » (qui procède de l’homme) est coiffé par l’« éco-logique » (qui procède de la situation).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=947&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=947&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=947&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1191&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1191&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322298/original/file-20200323-112677-1ar3pvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1191&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pol Romeu/Flickr Sun Tzu, auteur de l’ouvrage « L’art de la guerre », rédigé au milieu du IVᵉ siècle avant Jésus-Christ.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/polromeu/429760154">Pol Romeu/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Vers un management par induction</h2>
<p>Loin de toute prétention ethnocentrique, l’approche des gouvernants européens est plus solennelle que puissante ; elle se veut certes radicale, par les interdits qu’elle pose ; mais elle est humble, aux couleurs des 5 gestes barrières du comportement d’évitement citoyen.</p>
<p>La stratégie se déploie, en phase avec un virus évoluant dans un environnement non directement maîtrisable. L’enjeu consiste à « inter-venir » opportunément, à l’écoute de la propension à l’œuvre. Un management par induction se met en place à la lumière de ce que Jullien appelle <a href="https://www.grasset.fr/livres/les-transformations-silencieuses-9782246754213"><em>Les transformations silencieuses</em></a> :</p>
<blockquote>
<p>« Le concept de transformation silencieuse évite d’avoir à séparer ce qui “arrive” de ce qui le porte (plutôt que ce qui le “cause”). De plus, “de concept descriptif, la transformation silencieuse pourrait-elle devenir un art de gérer […] un concept qui soit stratégique, et même à vocation politique ? »</p>
</blockquote>
<p><em>Le</em> politique (associé à <a href="https://www.franceculture.fr/oeuvre/linvention-de-lideal-et-le-destin-de-leurope-ou-platon-lu-de-chine">l’idéal européen</a>) pourrait reprendre de la vigueur face à <em>la</em> politique, bavarde, pour ne pas dire criarde. Il s’agit moins de dire qui aurait tort ou raison ; ce qui devrait être fait ou défait. Il s’agit de développer une attention stratégique à une transformation silencieuse, la propagation d’un virus invisible et qui se fait sans bruit, mais qui provoque des affleurements sonores chiffrés.</p>
<p>L’attention portée aux cours de la bourse est challengée par les chiffres de la pandémie, pays par pays ; des chiffres qui pourraient parler encore plus fort que ceux du réchauffement climatique qui <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877343517300921">peinent tellement à se faire entendre</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/134433/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sybille Persson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la pensée européenne glorifie l’action et l’héroïsme, la conception chinoise de la guerre repose sur une stratégie plus défensive.Sybille Persson, Professeur permanent en ressources humaines et en comportement organisationnel, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1345902020-03-24T19:20:13Z2020-03-24T19:20:13ZEn Italie, la vie urbaine se réinvente au cœur du confinement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/322659/original/file-20200324-155702-zgyuca.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C924%2C614&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une rue vide à Turin, en mars 2020.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/coronavirus-impact-empty-downtown-street-turin-1672816441">Mike Dotta/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Ces derniers jours, en Italie, la population étant soumise à un confinement très strict, villes et les villages sont désertés.</p>
<p>Spécialiste de l’environnement urbain vivant et travaillant dans le nord de l’Italie, je constate que l’usage des espaces urbains y est complètement bouleversé. Les lieux habituellement associés à la vie publique, comme les rues, les places du centre-ville, les quartiers commerciaux – à l’intérieur et à l’extérieur des villes – sont vides. L’espace urbain a perdu toute forme de structuration, toute hiérarchie. Sans magasins ouverts ni personne aux heures de pointe, toutes les rues se ressemblent.</p>
<p>Malgré les différentes alertes venues de l’étranger visant à prévenir les Italiens des dangers liés à la propagation rapide du nouveau coronavirus, cette désertification s’est faite progressivement, une partie de la population <a href="https://news.sky.com/story/coronavirus-scared-italians-finally-heed-call-to-stay-at-home-as-deaths-rise-11955061">ayant opposé une certaine résistance</a> à l’interruption de la vie sociale et à l’interdiction de fréquenter les espaces publics.</p>
<h2>Repenser l’espace urbain</h2>
<p>Pourtant, les villes italiennes ont déjà vécu de nombreuses épidémies par le passé – comme de nombreuses villes d’Europe. L’île de quarantaine du <a href="https://www.lazzarettovecchio.it/history/?lang=en">Lazaretto Vecchio</a> (vieux Lazaret), dans la lagune de Venise, en est témoin. Au XVII<sup>e</sup> siècle, on y isolait les malades de la peste. De même, l’église de la Madonna della Salute (Notre-Dame de la Santé), emblème de la cité des Doges, fut construite au XVII<sup>e</sup> siècle comme offrande votive, afin de libérer la ville de la peste.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/321603/original/file-20200319-22598-16g6y1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’église Madonna della Salute, Venise.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/sunset-madonna-della-salute-church-venice-214874332">Andrea Mangoni/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Les musées et les sites culturels ont fermé. Des concerts ont été annulés et les salles de cinéma sont fermées aussi. Dans ce contexte, il est nécessaire de repenser les espaces publics, de les recréer autrement. De nouvelles <a href="https://www.beniculturali.it/mibac/export/MiBAC/sito-MiBAC/Contenuti/MibacUnif/Comunicati/visualizza_asset.html_422536076.html">initiatives numériques</a> ont été développées pour faire face au manque de vie culturelle.</p>
<p>Les musées rouvrent leurs portes en ligne. La galerie Brera, à Milan, propose des <a href="https://pinacotecabrera.org/en/collezioni/the-collection-online/">visites virtuelles</a> à sa collection. La Galerie des Offices, à Florence, a mis en ligne le projet <a href="https://www.uffizi.it/en/online-exhibitions">« Hypervisions »</a>, un moyen pour les visiteurs de découvrir ses chefs-d’œuvre en ligne. Parmi les autres projets culturels, citons cet <a href="http://www.prendiamolaconfilosofia.it/?fbclid=IwAR2lcTKgOjp1PqmEt4eAHjiBLoBEXqGpA15aR4j0QvP7QCoUfO_2cV9Jpak#/">événement en direct</a> qui a permis à des philosophes de discuter des outils permettant de faire face à la quarantaine de 10h à minuit, le 21 mars.</p>
<p>Tandis que les Italiens sont confinés, les interactions publiques se déplacent en ligne. Sous le hashtag partagé #iorestoacasa (Je reste à la maison), des célébrités <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Tc7PJTAW8M4">enregistrent des messages</a> pour encourager les gens, en particulier les jeunes, à ne pas sortir.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/321611/original/file-20200319-22622-1pl8rw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Restez chez vous, tout ira bien.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/paganisaitaly-march-152020-italian-flag-on-1675812940">Pasquale Senatore/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<h2>Nouveaux rituels</h2>
<p>Le web permet également des rencontres sociales virtuelles. Dans des circonstances normales, les habitants de Milan et d’autres villes italiennes se retrouvent en début de soirée pour l’<a href="https://dotravel.com/magazine/article/61/what-is-aperitivo"><em>aperitivo</em></a> : autrement dit, pour boire un « spritz » avant le dîner, pendant une demi-heure, en grignotant des canapés.</p>
<p>Le rituel de <em>l’aperitivo</em> a été l’un des premiers à disparaître, avec l’ordre de fermer les cafés à 18 heures. Aujourd’hui, tous les cafés sont totalement fermés. Mais ce rituel se déplace en ligne, avec la diffusion de nouvelles habitudes en provenance de Milan : un <em>aperitivo</em> qui se déroule dans le salon, à la maison. Des groupes d’amis sont invités à rejoindre l’apéritif et se réunissent en ligne avec un verre de vin ou de bière à la main pour discuter.</p>
<p>Ce rituel de l’<em>aperitivo</em> est peut-être plus régulier que d’habitude, et peut-être même plus inclusif. En raison de la petite taille de certains appartements, il n’est pas toujours possible de créer un espace totalement privé, et cet <em>aperitivo</em> d’un nouveau genre inclut donc potentiellement les enfants et les personnes âgées qui partagent le foyer.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1238740614646321154"}"></div></p>
<p>L’espace physique « ouvert » continue cependant à jouer un rôle. La vie en société ne se joue plus au niveau de la rue mais sur les balcons et aux fenêtres, qui sont non seulement un filtre entre les espaces intimes d’isolement et l’espace public, mais aussi les composantes d'un nouveau type d’espace urbain et de vie collective. Le besoin de sociabilité et d’appartenance à une communauté est devenu quelque chose que l’on a envie de raconter et de montrer. Il y a quelque temps, nous avons vu des vidéos dans lesquelles es citoyens de Wuhan se parlaient en criant par leurs fenêtres, créant un nouvel environnement sonore pour leur communauté. Aujourd’hui, les gens se postent également plus souvent à leurs fenêtres dans les rues italiennes.</p>
<p>Les villes italiennes peuvent être très bruyantes ; le silence qui y règne aujourd’hui est inédit, et totalement surréaliste. Et les rares sons que l’on entend sont tout à fait inhabituels : ce sont, par exemple, les haut-parleurs qui encouragent les passants à rester chez eux.</p>
<p>Surviennent aussi des sons positifs et réconfortants. Un nouveau type de flash mob rassemble les gens à leur fenêtre à heure fixe : pour <a href="https://www.repubblica.it/cronaca/2020/03/15/foto/coronavirus_flashmob_luci-251390622/1/#2">illuminer l’Italie</a>, pour applaudir ensemble en l’honneur des médecins et des infirmières qui travaillent sans relâche, pour jouer de la musique, pour chanter l’hymne national ou une chanson, ensemble.</p>
<p>Lors d’un récent <em>aperitivo</em> virtuel avec des invités de toute l’Europe, nous avons appris que la pratique des applaudissements par les fenêtres s’est déplacée vers d’autres pays, comme l’Espagne – et à présent, la France. C’est une façon de rencontrer des voisins qui, en temps normal, n’ont jamais échangé un mot : simplement en souriant ensemble pour interrompre le silence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/134590/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rosa Tamborrino a reçu des financements de la Commission européenne pour les projets de recherche H2020.</span></em></p>Ces derniers jours, en Italie, la population étant soumise à un confinement très strict, les villes et les villages sont en proie à une désertification sans précédent.Rosa Tamborrino, Professor, Regional and Urban Studies and Planning, Politecnico di TorinoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1344822020-03-24T17:00:23Z2020-03-24T17:00:23ZVoici comment rester en forme et en santé avec ses enfants<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/322442/original/file-20200323-112694-eu58gl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La recette pour bien vivre cette période de confinement est simple : bouger, bien manger, dormir, relaxer, gérer ses écrans et... s'amuser.</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La bataille contre la propagation de la COVID-19 impose des <a href="https://theconversation.com/5-expert-tips-for-working-from-home-in-a-crowded-house-during-the-coronavirus-pandemic-133967">confinements volontaires ou forcés</a> qui modifient radicalement notre mode de vie avec nos enfants et adolescents. </p>
<p>Étant professeurs d'éducation physique et à la santé (EPS) et responsables des cours d'éducation à la santé offerts à l'UQAM aux futurs enseignants, nous proposons ici quelques conseils aux familles confinées, afin que parents et enfants aient une vie la plus saine et active possible.</p>
<p>Tout d'abord, toujours garder cette formule en tête : bouger – bien manger – dormir – relaxer – gérer ses écrans – s'amuser.</p>
<h2>Continuer à être actifs</h2>
<p>Adopter ou maintenir la pratique d’activités physiques est essentielle, même en situation de confinement. Les enfants et adolescents doivent <a href="https://news.un.org/fr/story/2020/03/1064632?utm_source=UN+News+-+French&utm_campaign=1d765e361d-EMAIL_CAMPAIGN_2020_03_21_12_00&utm_medium=email&utm_term=0_0264da9d8f-1d765e361d-107078397">bouger minimalement 60 minutes par jour selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé</a>. </p>
<p>Il peut s'agir de moments intenses d’activité comme des jeux simples (jouer à la cachette, faire une cabane dans le sous-sol, inventer un parcours dans la ruelle, lancer le ballon de basket, frapper un ballon de soccer, jouer au hockey balle dans la rue, danser, faire du vélo ou de la planche à roulettes). </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322444/original/file-20200323-112700-iyvcso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L'important est que les activités soient diversifiées et régulières.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Vous pouvez aussi demander à votre enfant de vous expliquer le dernier jeu appris à la récréation ou dans son cours d’éducation physique et à la santé et l'essayer avec lui. Les possibilités sont infinies!</p>
<h2>S'accorder des pauses…actives</h2>
<p>On peut aussi alterner avec des activités faisant appel à la motricité fine comme écrire, peindre, dessiner, modeler, coudre ou bricoler. Ces activités doivent être entrecoupées de pauses et idéalement être réalisées en plusieurs courtes périodes de 5 à 15 minutes plutôt qu’en une seule grande période de 60 minutes. L'important est que les activités soient diversifiées et régulières.</p>
<p>D’autres options existent pour faire bouger les jeunes comme la marche et les tâches domestiques. Il existe aussi d’autres <a href="https://centdegres.ca/magazine/activite-physique/150-idees-dactivites-physiques-classe-eleves/">stratégies</a> comme les <a href="https://aqep.org/wp-content/uploads/2017/03/vlp30-1-vlp30-1-la-pause-active-comme-outil-pedagogique-pour-favoriser-les-apprentissages.pdf%20https://actiz.ca/trucs-et-temoignages/les-pauses-actives-peuvent-aider-a-reduire-le-stress-au-travail/">pauses actives</a> à plusieurs grâce aux <a href="https://pausesactives.jimdofree.com/ressources-pour-bouger-en-classe/">ressources en ligne </a> <a href="https://www.gonoodle.com/">Go Noodle</a>, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Ya7iJ4b9o78">Wixx</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=XJhMlKqcww0">H2GO</a> par exemple. </p>
<p>Attention de bien choisir vos pauses, certaines sont plus utiles ou même amusantes. Enfin le <a href="https://centdegres.ca/magazine/activite-physique/pourquoi-jeu-libr-lexterieur-pleine-nature-important-pour-les-enfants/">jeu libre à l'extérieur</a>, dans une cour arrière, un jardin ou dans la rue, sans contact avec autrui, est une autre possibilité.</p>
<p>Plusieurs ressources en ligne existent aussi pour les parents, comme le yoga, le <a href="https://www.lequipe.fr/Ilosport/Fitness/Actualites/Abdominaux-5-exercices-complets/742029">pilates</a>, le <a href="https://www.facebook.com/groups/3103118689745746/">crossfit</a> et le <a href="https://www.facebook.com/groups/2576695429320570/">circuit d’entrainement</a> à la <a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Bob-l-equipe-challenge-seance-n-1-renforcement-global-a-la-maison-en-video-avec-bob-tahri/1121373%20https://www.lequipe.fr/Coaching/Fitness/Actualites/Notre-programme-sport-maison-et-sans-materiel-pour-vous-remettre-en-forme/1120639">maison</a>.</p>
<h2>Manger santé et équilibré</h2>
<p>Avec la situation de confinement viennent l’ennui, le repli sur soi et donc une forme de laisser-aller. Voilà une excellente occasion de cuisiner en famille et d'apprendre à manger sainement avec nos enfants en leur proposant des recettes adaptées à leurs capacités et à leurs besoins. On peut planifier à l'avance un menu équilibré en prévoyant l’épicerie nécessaire selon son budget. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/322469/original/file-20200324-155666-10pharz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Retenez surtout que l’alimentation doit être associée au plaisir et non à une corvée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span>
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<p>Le <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/guide-alimentaire-en-bref/">guide alimentaire canadien</a> peut devenir un excellent outil de référence à la maison pour les enfants. Il est aussi possible de faire découvrir aux enfants de nouveaux aliments, nos propres spécialités culturelles ou d’en découvrir d'autres grâce à des sites bien connus comme celui de <a href="https://www.ricardocuisine.com/">Ricardo</a>. </p>
<p>Pour les parents qui aiment expérimenter, c'est l'occasion de tester de <a href="https://www.tasteofhome.com/?jwsource=cl">nouvelles recettes</a> ) ou de dépoussiérer les vieux livres de recettes qui traînent dans notre bibliothèque. Voilà l'occasion également de sensibiliser ses enfants à l'importance du jardinage, du gaspillage alimentaire, du recyclage et du compostage. </p>
<p>Comme l’indique le guide alimentaire, il faut favoriser la diversité, les portions raisonnables, les repas en bonne compagnie et le plaisir de savourer ses aliments. En cette période de confinement et de chambardements de la routine, la tentation peut être grande de perdre ses bonnes habitudes.</p>
<h2>Conserver un bon sommeil</h2>
<p>La crise actuelle impose un changement de rythme majeur. Pour le bien-être de tous (parents comme enfants), il est important de dormir suffisamment. </p>
<p>Un <a href="https://centdegres.ca/magazine/sante-et-societe/moins-de-temps-ecran-et-plus-de-sommeil-pour-ameliorer-les-capacites-cognitives-des-enfants/">enfant fatigué </a> vit du stress et sera plus irritable, ce qui risque d'avoir un impact sur toute la famille. </p>
<p>Ainsi, il vaut mieux conserver les heures de coucher et de réveil habituelles, en privilégiant des activités calmes (sans écrans) juste avant le coucher.</p>
<h2>Diminuer les sources de stress</h2>
<p>L’isolement est un moment difficile à passer car nous avons besoin d’échanger avec les autres. Il est important de trouver d’autres moyens de le faire comme organiser un repas d’amis par Skype, FaceTime ou Messenger, téléphoner à des proches ou leur écrire des messages.</p>
<p>Il est aussi possible qu’à certains moments, vos enfants vivent du stress, de l'ennui ou un épuisement mental lié à la situation de confinement. Il est important de leur accorder des périodes de repos, seuls et au calme. </p>
<p>Soyez attentifs au bien-être de tous les membres de la famille. Organisez des pauses dans la journée lorsque vous constatez que la motivation n’y est plus (changer de tâche après 30 ou 45 minutes) ou que le temps d’écran a assez duré. Lisez autre chose que les nouvelles et permettez à chacun de se <a href="https://centdegres.ca/magazine/sante-et-societe/bruit-environnemental-un-quebecois-sur-six-en-est-victime/">retirer en silence</a> dans une pièce de la maison lorsque nécessaire.</p>
<h2>Bien gérer le temps d'écran</h2>
<p><a href="https://centdegres.ca/magazine/sante-et-societe/enfants-ados-et-ecrans-les-parents-ont-besoin-de-soutien/">L’exposition des jeunes aux écrans</a> comporte des risques de modification de leurs comportements et peut avoir un effet néfaste sur le sommeil. </p>
<p>À ce sujet, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30606703">études</a> montrent que plus le temps passé devant l’écran est élevé, plus le risque de souffrir de symptômes dépressif, d'anxiété et d'obésité à plus long terme sont élevés.</p>
<p>Pour une bonne gestion des écrans, le pédagogue <a href="https://theconversation.com/ecoles-fermees-aux-eleves-les-lecons-du-virus-et-quelques-pistes-pour-les-parents-133680">Philippe Meirieu</a> suggère d'adopter la formule suivante : CHOISIR AVANT - REGARDER AVEC - PARLER APRÈS. </p>
<p>Il faut changer le rapport de nos enfants avec les écrans. D'abord, les aider à choisir le contenu et les formats d'écrans, regarder des vidéos ou jouer avec eux à des jeux et échanger par la suite sur ce qui a été visionné. </p>
<p>Cet accompagnement permet aux enfants de prendre de la distance par rapport au contenu consommé, de le critiquer et d'y réfléchir. Finalement, il faut gérer le <a href="https://theconversation.com/les-adolescents-face-aux-ecrans-faut-il-repenser-le-discours-de-prevention-129675">« temps de cerveau disponible »</a> pour l'apprentissage afin que les enfants puissent continuer de s'éduquer et non seulement se divertir.</p>
<h2>Apprendre par le jeu</h2>
<p>Les jeunes apprennent surtout et avant tout par le jeu. Celui-ci peut être libre (jouer dehors), <a href="https://centdegres.ca/magazine/activite-physique/organiser-une-journee-de-jeu-libre-et-actif-un-guide-en-8-etapes/">encadré</a> (jeux de société), dirigé (jeu sous supervision du parent), mais il doit surtout garder leur motivation et leur confiance. </p>
<p>Une multitude de jeux et d'activités permettent de consolider les acquis faits à l’école. La cuisine, le bricolage et l’activité physique sont des occasions extraordinaires de se confronter à des problèmes, chercher comment les résoudre et s’interroger sur les connaissances à mobiliser. </p>
<p>Le moment est propice pour développer la curiosité et l'autonomie des enfants, ce qui leur permettra de profiter encore plus des cours quand l’école reprendra. Le plus important est que les enfants <a href="https://centdegres.ca/magazine/activite-physique/courir-jouer-grandir-un-camp-de-jour-specialise-en-litteratie-physique/">grandissent en jouant et en étant actifs</a>. </p>
<p>Si la situation devient difficile, que vos journées vous paraissent longues et compliquées, et que vous constatez que vos enfants auraient besoin d'un soutien particulier, ne restez pas isolés. Consultez les <a href="http://pourunquebecenforme.org/2017/03/faire-bouger-les-petits-tout-un-defi/">blogues</a>, <a href="https://hydria-a.cogescient.ca/tmvpa/776e1ce1-64f3-4956-8063-5729d126b8e4/daffiche.pdf?h=1b7bef14e0bfb6a042b553bcc0cbd32b">échangez virtuellement</a> avec les gens vivant une situation similaire à la vôtre. Une panoplie de ressources existent pour soutenir le bien-être physique et mental de votre cellule familiale en cette période de crise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/134482/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tegwen Gadais is affiliated with UNESCO Chair in Curriculum Development and Education in Emergencies. He is teaching and doing research on Physical Education and Health Education at UQAM.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maud Deschênes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le confinement modifie radicalement notre mode de vie avec nos enfants. La recette pour bien vivre cette période est simple : bouger, bien manger, dormir, relaxer, gérer ses écrans et… s'amuser.Tegwen Gadais, Professor, Département des sciences de l'activité physique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Maud Deschênes, enseignante d'ÉPS au secondaire, professeure invitée, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1338222020-03-18T20:42:57Z2020-03-18T20:42:57ZTrois questions éthiques sur la place des plus âgés dans la pandémie<p>La pandémie du Covid-19 bouleverse nos vies et suscite de multiples interrogations. Elles concernent tantôt <a href="https://ourworldindata.org/coronavirus">l’établissement des faits</a>, tantôt la compréhension des concepts – tel celui d’« immunité collective » –, tantôt encore les choix éthiques à l’œuvre dans les objectifs à poursuivre et les moyens à déployer.</p>
<p>Cet article se penche en particulier sur trois questions éthiques ayant trait à la justice entre les différentes classes d’âge. Lutter contre une pandémie soulève en effet des enjeux de justice, notamment dans l’accès aux soins. Et l’âge, <a href="https://www.bjutijdschriften.nl/tijdschrift/rechtsfilosofieentheorie/2014/1/NJLP_2213-0713_2014_043_001_005">critère singulier</a>, y joue un rôle significatif.</p>
<h2>1. Âge et aplatissement de la courbe épidémique</h2>
<p>Première question : <em>Quel lien entre « l’aplatissement » de la courbe épidémique et la justice entre les âges ?</em></p>
<p>Les politiques drastiques mises en place dans nombre de pays – et <a href="https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/coronavirus-les-modalites-exactes-du-confinement-1584424735">depuis ce 17 mars en France</a> – visent à aplatir la courbe de croissance de l’épidémie, fût-ce au prix d’un allongement de sa durée. En réduisant l’intensité de la contagion, on tente de maintenir les services de santé à flot, tout particulièrement les unités de soins intensifs. On gagne aussi du temps pour développer des tests, des traitements et des vaccins.</p>
<p>Si ces mesures visent à protéger la santé de tous, elles bénéficient particulièrement aux plus vulnérables. Il est bien sûr possible d’identifier des variations de taux de létalité sur des axes autres que l’axe chronologique. On le sait, les patients atteints de maladies cardio-vasculaires ou de diabète sont particulièrement à risque. Mais l’âge semble être un marqueur particulièrement significatif aussi.</p>
<p>En Italie, par exemple, les <a href="https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S0140-6736%2820%2930627-9">données récentes</a> indiquent un âge moyen des décès liés au Covid-19 de 81 ans, 42,2 % appartenant à la tranche d’âge des 80-89 et 32,4 % à celle des 70-79. Maintenir l’épidémie sous le seuil de saturation touche donc au premier chef à la justice envers les plus âgés. Et le fait que nous soyons prêts à des sacrifices pour y parvenir atteste que nous sommes très nombreux à juger que l’âge avancé d’une personne ne lui enlève en rien sa dignité.</p>
<h2>2. Pénurie de moyens et « triage » par l’âge</h2>
<p>Deuxième question : <em>Si nos capacités hospitalières sont dépassées, l’âge doit-il intervenir dans le choix des patients à sauver ?</em></p>
<p>Ceci n’est pas une question hypothétique : elle s’est déjà posée dans des <a href="https://www.itv.com/news/2020-03-11/italy-doctors-coronavirus-covid-19-quarantine-milan-health/">hôpitaux italiens en manque de respirateurs artificiels</a> et se posera ailleurs. Une <a href="http://www.siaarti.it/SiteAssets/News/COVID19%20-%20documenti%20SIAARTI/SIAARTI%20-%20Covid19%20-%20Raccomandazioni%20di%20etica%20clinica.pdf">recommandation du 6 mars</a> dernier de la Société italienne d’anesthésie, analgésie, réanimation et soins intensifs (la SIIARTI) formule à cet égard des considérations explicites :</p>
<blockquote>
<p>« Il peut s’avérer nécessaire de fixer une limite d’âge à l’accès à l’unité de soins intensifs. Il ne s’agit pas ici d’effectuer des choix simplement de valeur, mais de réserver des ressources qui peuvent être très rares à ceux qui présentent avant tout une plus grande probabilité de survie et, ensuite, à ceux dont on pourra sauver plus d’années de vie, et ce en vue de la maximisation des bénéfices pour le plus grand nombre de personnes. »</p>
</blockquote>
<p>Une telle limite d’âge – prenons 80 ans, par exemple – est-elle compatible avec l’égale dignité ? Considérons qu’il est possible de sauver un pourcentage significatif des plus de 80 ans admis en soins intensifs et confrontons deux logiques possibles justifiant le recours à une limite d’âge pour les 80 ans dans une situation de pénurie.</p>
<p>La première logique est au cœur de la déclaration de la SIIARTI : un âge avancé peut être vu comme un bon prédicteur d’une espérance de vie additionnelle réduite, et ainsi du nombre d’années « sauvées » par une intervention médicale. Sauver une personne de 80 ans qui peut espérer encore vivre 10 ans serait moins efficace que sauver une trentenaire dont l’espérance de vie additionnelle serait de 60 ans.</p>
<p>Une limite d’âge peut donc traduire le vœu de contribuer à une maximisation du nombre d’années « sauvées » par chaque intervention. Pourtant, à côté d’une telle préoccupation relative à l’efficacité, une tout autre justification d’une limite d’âge de 80 ans est possible. Elle postule que les personnes qui ont déjà eu la possibilité d’atteindre un âge avancé sont moins défavorisées que des jeunes qui, sans soins intensifs, mourraient.</p>
<p>Il ne s’agit plus ici de dire qu’il est préférable – car plus efficace – de permettre 60 plutôt que 10 années supplémentaires de vie. Il s’agit plutôt de donner priorité à la personne de 30 ans, même si son espérance de vie additionnelle après intervention était plus faible que celle du patient plus âgé. Car l’objectif est cette fois de veiller à ce que cette intervention contribue à réduire les inégalités de longévité entre nos deux patients.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/coronavirus-et-triage-de-catastrophe-faudra-t-il-choisir-qui-sauver-et-qui-laisser-mourir-133422">Coronavirus et triage de catastrophe : faudra-t-il choisir qui sauver et qui laisser mourir ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Pourquoi insister sur le contraste entre logique d’efficacité des interventions et logique d’égalisation des longévités ?</p>
<p>D’abord, pour souligner qu’elles procèdent chacune de choix normatifs, l’une n’étant pas plus neutre que l’autre. Ensuite, pour attirer l’attention sur le fait que si, face au seul critère d’âge, les deux logiques tendent à converger, ce n’est plus le cas dès qu’on introduit d’autres facteurs de vulnérabilité – telles des pathologies préexistantes – également jugés pertinents par la SIIARTI.</p>
<p>Imaginons devoir choisir entre admettre en unité de soins intensifs un patient diabétique de 70 ans et un patient de plus de 80 ans dénué d’antécédents médicaux. Dans ce cas, la logique d’efficacité invoquée par la SIIARTI ne sera plus nécessairement en mesure de justifier la limite d’âge alors que la logique d’égalisation pourra continuer à le faire.</p>
<p>Ceci montre qu’il importe, si l’on se préoccupe de justice entre patients, d’être au clair sur le poids relatif de deux des objectifs que peut poursuivre le choix des patients à sauver : maximiser le nombre d’années supplémentaires (efficacité) ou veiller à une distribution plus juste du nombre d’années effectivement vécues (égalisation).</p>
<p>Et il importe aussi de saisir leur lien avec le critère d’âge. Cette dimension est d’ailleurs également présente par exemple dans la justification des critères d’âge en matière d’attribution d’organes destinés à une transplantation dans le système suisse ([ <a href="https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20062074/201506010000/810.212.41.pdf">Ordonnance de 2007, art. 5</a>]).</p>
<h2>3. Quarantaine sélective des âgés</h2>
<p>La mise en quarantaine est une restriction forte des libertés des personnes, leur liberté de mouvement tout particulièrement. En théorie, cette restriction peut s’appliquer à tous ou se limiter à certains. D’où notre troisième question :</p>
<p><em>Une mise en quarantaine plus rigoureuse pour les plus âgés est-elle compatible avec leur égale dignité ?</em></p>
<p>À nouveau, la question n’a rien d’hypothétique. La parlementaire bruxelloise <a href="https://www.lalibre.be/regions/bruxelles/coronavirus-else-ampe-veut-placer-les-belges-de-plus-de-65-ans-en-quarantaine-5e69f103f20d5a29c654120a">Els Ampe a ainsi proposé</a> de placer en quarantaine les plus de 65 ans. Et le journaliste politique britannique <a href="https://www.itv.com/news/2020-03-14/elderly-to-be-quarantined-for-four-months-in-wartime-style-mobilisation-to-combat-coronavirus/">Robert Preston</a> a prédit le 14 mars dernier que les plus de 70 ans seraient prochainement mis en quarantaine pour quatre mois au Royaume-Uni.</p>
<p>Comparons <a href="https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf">deux stratégies</a>. La première consiste à imposer à l’ensemble de la société une quarantaine visant à ralentir l’épidémie, à la maintenir à un niveau gérable pour les services de santé et à tenter de la stopper.</p>
<p>L’autre consiste à laisser l’épidémie se développer, en poursuivant les interactions sociales et en visant une immunisation rapide de la population. L’épidémie resterait gérable par les systèmes de santé si l’ensemble des personnes vulnérables pouvaient être identifiées et mises en quarantaine, en particulier les âgés.</p>
<p>Certains seraient donc encouragés à vivre normalement, y compris dans leurs loisirs, alors que d’autres seraient contraints, non parce qu’ils sont contagieux, mais parce qu’ils sont vulnérables, de faire un pas de côté, pendant une durée potentiellement significative.</p>
<p>La seconde stratégie, <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/mar/13/coronavirus-science-chief-defends-uk-measures-criticism-herd-immunity">initialement envisagée par les autorités britanniques</a>, viserait à atteindre une immunité dite « collective » (<em>herd immunity</em>) le plus rapidement possible, en faisant le moins de victimes possible. Elle vient d’être reprise par le <a href="https://nltimes.nl/2020/03/16/coronavirus-full-text-prime-minister-ruttes-national-address-english">premier ministre hollandais</a> qui la désigne sous l’expression de « contrôle maximal ».</p>
<p>Cette seconde stratégie est problématique dans le cas du Covid-19 : mais l’est-elle en raison de la quarantaine sélective qu’elle imposerait aux âgés ? Je ne le pense pas.</p>
<p>Imaginons qu’un vaccin contre le Covid-19 soit disponible d’ici peu et que les plus vulnérables – en particulier les plus âgés – fassent l’objet de formes de quarantaine plus fortes que le reste de la société, le temps d’avoir vacciné tout le monde. Si la durée de quarantaine est limitée, et si l’on commence par vacciner les plus vulnérables qui le supportent, une telle quarantaine différenciée pouvait se justifier, fut-elle fondée sur un critère d’âge. Ceci indique qu’une quarantaine différenciée fondée sur l’âge peut être acceptable dans certains cas, même si les catégories d’âge mises en quarantaine ne sont pas les plus contagieuses.</p>
<p>La difficulté centrale de la stratégie initialement envisagée par le gouvernement britannique semble résulter plutôt de notre incapacité à identifier à l’avance et de manière suffisamment précise qui sont les personnes le plus vulnérables. L’immunisation collective par contagion plutôt que par vaccination met alors en danger la vie d’un trop grand nombre d’êtres humains, et notamment le personnel médical.</p>
<p>Si c’est dès lors la première stratégie – tentant d’abord d’aplatir la courbe de l’épidémie et de la stopper – qui semble devoir s’imposer dans la plupart des pays, on comprend en quoi elle touche de manière centrale à des questions de justice entre les groupes d’âge : elle tente de mieux protéger les personnes vulnérables, et en particulier les plus âgés, d’une pathologie dangereuse ; elle nous permet aussi de diminuer les situations tragiques susceptibles de nous forcer à choisir au détriment des plus âgés. Mais elle rend sans doute également moins facilement justifiable une quarantaine différenciée par l’âge si celle-ci était amenée à se prolonger des mois durant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133822/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Axel Gosseries ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quel sort réserver aux personnes âgées dans la crise provoquée par le Covid-19 quand des décisions tragiques devront être prises ?Axel Gosseries, Professeur de philosophie politique normative, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1338112020-03-16T22:43:43Z2020-03-16T22:43:43ZCovid-19 : point par point, des recommandations d’experts pour réduire les effets psychologiques négatifs liés au confinement<p>Le 6 mars, les résultats d’une enquête nationale portant sur le <a href="https://gpsych.bmj.com/content/33/2/e100213">degré de détresse psychologique de la population chinoise</a> suite à l’épidémie de Covid-19 a été publiée dans la revue spécialisée <em>General Psychiatry</em>. Huit jours plus tard, le prestigieux journal médical <em>The Lancet</em> publiait à son tour une revue de littérature sur <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30460-8/fulltext">l’impact psychologique de la quarantaine et les moyens de l’atténuer</a>. </p>
<p>Alors que le président de la République Emmanuel Macron a annoncé lundi soir <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19">un durcissement des mesures visant à limiter l’impact du Covid-19</a> et que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a confirmé la mise en place <a href="https://www.youtube.com/watch?v=rMaiOL7I7hw">d’un dispositif inspiré de l’Espagne ou de l’Italie</a>, ces travaux nous fournissent des éléments clés pour mieux cerner les effets délétères de ce type de dispositions, et établir les mesures à prendre pour les circonscrire. </p>
<p>Voici ce qu’il faut en retenir.</p>
<h2>Les recommandations à partir des données chinoises</h2>
<p>L’enquête chinoise sur le degré de détresse psychologique, conduite auprès de la population générale dans 36 provinces, régions autonomes ou municipalités, a permis de collecter 52 730 réponses. Celle-ci ont été obtenues grâce à un autoquestionnaire à remplir en ligne, explorant avec des outils validés la fréquence de l’anxiété, de la dépression, des comportements d’évitement et des symptômes physiques au cours de la dernière semaine. </p>
<p>Les auteurs montrent pour 35 % des répondants (35,27 % d’hommes et 64,73 % de femmes) le résultat obtenu révèle un stress psychologique modéré, et pour 5,14 %, un stress sévère. L’analyse indique aussi que les femmes présentent un plus haut degré de détresse psychologique que les hommes. On apprend en outre que cette détresse touche davantage les individus âgés de 18 à 30 ans ou ceux de plus de 60 ans. Enfin, les travailleurs migrants constituent le groupe le plus exposé, alors que le score de détresse psychologique est, sans grande surprise, le plus élevé dans les épicentres de l’épidémie.</p>
<p>En conséquence, les auteurs de l’étude suggèrent les recommandations suivantes :</p>
<ul>
<li><p>prêter une attention aux besoins spécifiques des groupes vulnérables comme les jeunes de 18 à 30 ans, les personnes âgées et les travailleurs migrants ;</p></li>
<li><p>mettre en place des services de soutien et d’accompagnement tels que ceux mis en place dans les situations de désastres majeurs ;</p></li>
<li><p>déployer des interventions ciblées pour réduire le stress psychologique et prévenir les problèmes de santé mentale ultérieurs.</p></li>
</ul>
<h2>Identifier les facteurs de stress pendant et après le confinement</h2>
<p>Les éditeurs de la revue <em>Lancet</em> se sont quant à eux penchés sur l’impact psychologique du confinement et les mesures à mettre en œuvre pour en réduire les effets négatifs. La note de synthèse a été rédigée à partir de 3166 articles publiés et expertisés par des comités scientifiques. 24 études présentant une solidité scientifique ont été retenues. Elles concernent 10 pays et incluent pour l’essentiel les virus du SRAS (11), Ebola (5) et de la grippe A (H1N1) (3). </p>
<p>L’analyse documentée des résultats de ces études indique que la durée de confinement elle-même est un facteur de stress : une durée supérieure à 10 jours est prédictive de symptômes de stress post-traumatique, de comportements d’évitement et de colère. Les auteurs ont aussi identifié les facteurs de stress suivants durant la période de confinement : </p>
<ul>
<li><p>les symptômes physiques : ils amplifient la peur de l’infection et l’inquiétude (y compris plusieurs mois après l’épisode) ;</p></li>
<li><p>la peur, pour les femmes enceintes, à la fois d’être infectées et de transmettre le virus à leur futur enfant ;</p></li>
<li><p>la peur, pour les mères ayant de jeunes enfants, d’être infectées ou de transmettre le virus ;</p></li>
<li><p>l’ennui, la frustration et le sentiment d’isolement causé par le confinement et par la réduction des contacts physiques et sociaux ;</p></li>
<li><p>les lacunes dans la distribution des biens de première nécessité ;</p></li>
<li><p>l’inadéquation de l’information transmise par les autorités de santé publique concernant les bonnes pratiques, et la confusion sur l’objectif du confinement ;</p></li>
<li><p>l’absence de clarté sur les niveaux de risque ;</p></li>
<li><p>l’absence de transparence sur la sévérité de la pandémie ;</p></li>
<li><p>l’absence de protocoles et de guides de conduite clairs.</p></li>
</ul>
<p>Le stress ne s’arrête pas après la fin du confinement. En effet, ces études permettent également de lister un certain nombre de facteurs de stress qui continuent à faire leur œuvre une fois la situation revenue à la « normale » : </p>
<ul>
<li><p>les conséquences économiques de la perte de revenus à l’origine d’une détresse socio-économique, qui sont cause de colère et d’anxiété pendant les mois qui suivent le confinement ;</p></li>
<li><p>la détresse socio-économique globale ;</p></li>
<li><p>la perte des relations commerciales ;</p></li>
<li><p>la fragilisation élevée des travailleurs indépendants ;</p></li>
<li><p>la précarisation encore plus importante des personnes les plus fragiles au niveau économique et travaillant dans les métiers ne pouvant s’effectuer par télétravail ;</p></li>
<li><p>les difficultés à reprendre le travail ;</p></li>
<li><p>la tension dans les couples liée aux types d’activités professionnelles plus ou moins à risque de chacun des partenaires ;</p></li>
<li><p>la stigmatisation à l’égard des personnes représentant un danger de propagation ou issues d’une région surexposée.</p></li>
</ul>
<h2>Les recommandations préconisées par les experts</h2>
<p>Les 24 études résumées dans le <em>Lancet</em> permettent d’identifier un certain nombre de mesures à mettre place pour limiter les effets de ces divers facteurs de stress. Il s’agit notamment de créer des services de soutien afin de venir en aide aux personnes souffrant d’anxiété et de dépression.</p>
<p>Il faut aussi garder à l’esprit que la durée du confinement a un impact sur les facteurs de stress, et a un effet démoralisant. Durant le confinement, il est important de réduire l’ennui et le sentiment d’isolement social. Plusieurs solutions sont envisageables :</p>
<ul>
<li><p>Mettre en place des numéros verts pour réduire l’isolement ;</p></li>
<li><p>Aider les familles éclatées à rester en contact ;</p></li>
<li><p>Mettre en place un numéro vert animé par des professionnels de santé pour répondre aux questions des personnes qui ont des symptômes qui les inquiètent et rassurer la population ;</p></li>
<li><p>Créer des groupes de soutien et d’échanges en ligne sur le vécu d’expérience du confinement ;</p></li>
<li><p>Promouvoir une communication plus centrée sur l’altruisme que sur l’obsession ;</p></li>
<li><p>Remercier, encourager les personnes qui sont en situation de confinement pour renforcer l’adhésion et l’observance des mesures de confinement tout en les informant sur les mesures de prévention.</p></li>
</ul>
<p>Cette revue de littérature, menée au niveau mondial, suggère qu’il est essentiel de rendre le confinement le plus acceptable possible pour tous, en satisfaisant les besoins spécifiques des populations les plus en difficultés. En effet, si l’expérience du confinement est vécue comme négative, les conséquences affecteront non seulement les individus qui le subissent, mais aussi le système de santé qui l’organise et les politiques publiques qui le prescrivent.</p>
<p>Il ne s’agit pas uniquement de moyens financiers, comme l’illustre la littérature pédagogique produite par l’Organisation mondiale de la Santé, le CDC d’Atlanta et d’autres sources afin d’outiller les citoyens, les familles et les individus pour faire face au confinement. Parmi les exemples disponibles, penchons-nous sur les conseils pour gérer le stress des enfants lié au Covid-19. </p>
<h2>Identifier le stress des enfants : conseils pour les parents</h2>
<p>Le CDC d’Atlanta a produit <a href="https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/prepare/managing-stress-anxiety.html">plusieurs fiches et mini-guides (en anglais)</a> à l’intention des adultes, des familles et des enfants eux-mêmes.</p>
<p>En tant que parent, il est important d’identifier les modifications d’attitude et de comportements de vos enfants. En effet, il peut s’agir de manifestations réactionnelles au stress. Parmi les points à surveiller :</p>
<ul>
<li><p>Des pleurs ou une irritabilité excessifs chez les jeunes enfants ; </p></li>
<li><p>Le retour du « pipi au lit » ; </p></li>
<li><p>Une inquiétude excessive ou de la tristesse ;</p></li>
<li><p>De l’irritabilité et de l’impulsivité chez les adolescents ; </p></li>
<li><p>Des difficultés d’attention et de concentration ; </p></li>
<li><p>Un évitement des activités qui jusque-là leur faisaient plaisir ;</p></li>
<li><p>Des maux de tête ou des douleurs corporelles inexpliqués ;</p></li>
<li><p>Un usage d’alcool, de tabac ou d’autres drogues.</p></li>
</ul>
<p>Pour venir en aide à vos enfants et adolescents, voici plusieurs conseils :</p>
<ul>
<li><p>Prenez du temps pour parler de l’épidémie de Covid-19 avec eux ;</p></li>
<li><p>Répondez à leurs questions de manière factuelle et compréhensible ;</p></li>
<li><p>Rassurez-les sur le fait qu’ils sont en sécurité ;</p></li>
<li><p>Dites-leur que c’est OK s’ils se sentent débordés par la situation ; </p></li>
<li><p>Partagez avec eux vos stratégies pour faire face à votre propre stress, afin qu’ils apprennent de vous ;</p></li>
<li><p>Limitez l’exposition de votre famille aux couvertures médiatiques ;</p></li>
<li><p>Essayez de mettre en place et de maintenir des routines, notamment des horaires pour les activités scolaires à la maison et pour les loisirs de vos enfants ;</p></li>
<li><p>Soyez un modèle pour eux ;</p></li>
<li><p>Maintenez les contacts avec les amis et les membres de la famille.</p></li>
</ul>
<p>D’autres guides pratiques fournissent également des indications pour faire face à la période de sortie du confinement. En effet, celle-ci peut engendrer des émotions mitigées : soulagement mêlé d’inquiétudes, de peurs, de colère, culpabilité face à ses performances de travail pendant la période de confinement, etc. </p>
<p>En conclusion, il est important de mettre en œuvre des stratégies d’accompagnement psychosocial des mesures liées au confinement, afin de rendre celui-ci le plus acceptable possible. </p>
<p>Cela signifie adopter une approche de santé publique qui combine la décision à visée collective sans négliger de déployer des interventions empathiques, bienveillantes, centrées sur les besoins de la population. Celle-ci est en effet composée d’individus qui ont besoin de sentir qu’ils comptent en tant que sujets uniques et singuliers dans la préoccupation des autorités de santé publique. </p>
<p>C’est un exercice difficile, mais si tous les acteurs se répartissent les tâches et se coordonnent, nous pourrons y arriver. À l’<a href="https://universitedespatients-sorbonne.fr/">Université des patients-Sorbonne</a>, nous nous portons nous-mêmes volontaires pour y contribuer, comme de nombreuses associations qui ont déjà une solide expérience des épidémies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133811/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Tourette-Turgis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les premiers travaux sur l’impact psychosocial du Covid-19 en Chine révèlent que l’épidémie n’a pas seulement marqué les corps, mais aussi les esprits, notamment en raison des mesures de confinement.Catherine Tourette-Turgis, Chercheure au CNAM - Professeur, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.