tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/tabagisme-76130/articlestabagisme – The Conversation2023-06-12T09:58:19Ztag:theconversation.com,2011:article/2058862023-06-12T09:58:19Z2023-06-12T09:58:19ZMali : une étude montre que la chicha est un facteur de propagation du tabagisme chez les jeunes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531129/original/file-20230609-17-iblgu4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un Palestinien fume la chicha sur la plage pendant le dernier coucher de soleil, dans la ville de Gaza, le 31 décembre 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo : MOHAMMED ABED/AFP via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>Au Mali, la consommation de la chicha gagne de l'ampleur chez les jeunes, alors qu'elle est plus dangereuse que la cigarette. La chicha ou narguilé est une pipe à eau permettant de fumer une préparation de tabac chauffée grâce à un charbon, dont la fumée est refroidie par un passage dans un récipient d'eau avant d'être inhalé. Le tabac peut être utilisé sous forme de tabamel, mélange comportant de la mélasse additionnée d’arômes, qui se consume avec un charbon. La fumée inhalée est comparable à celle de la cigarette et <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02124343">expose potentiellement les fumeurs</a> aux effets du tabac sur la santé. </p>
<p>Originaire du Moyen-Orient, la chicha se compose de plusieurs parties : une cheminée, un foyer (un bol supérieur), un plateau qui sert de cendrier, un vase (un réservoir à eau), un tuyau et une pipe. </p>
<p>La chicha est souvent une activité sociale pratiquée par un groupe de personnes qui partagent un seul dispositif et prennent tour à tour des bouffées de fumée à travers un embout.</p>
<h2>Engouement des jeunes</h2>
<p>Les premières références de la consommation de la chicha datent du XVème siècle en Perse (actuel Iran) par le physicien Abu’l-Fath Gilani qui en serait le créateur. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), <a href="https://zoom-eco.net/a-la-une/monde-plus-de-100-millions-de-personnes-consomment-la-chicha-oms/">plus de 100 millions de personnes</a> dans le monde consomment la chicha aujourd'hui et son usage est très répandu en Amérique et au Moyen Orient, mais aussi en Afrique. Ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui en sont les plus friands. </p>
<p>L’engouement pour ce nouveau mode d’intoxication tabagique a motivé <a href="https://doi.org/10.1016/j.rmra.2022.11.251">quelques études</a> encore <a href="https://www.bibliosante.ml/handle/123456789/5026">parcellaires</a> portant sur les connaissances, attitudes et comportements des adolescents et jeunes dans la capitale malienne sur cette consommation banalisée au vu et au su des parents. </p>
<p>Ces études conduites par l’équipe du chef de service de la pneumologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G, le Professeur Yacouba Toloba, ont attiré l’attention des plus hautes autorités maliennes sur les dangers de cette pratique.</p>
<p>Une <a href="https://www.bibliosante.ml/handle/123456789/5026">première étude</a>, menée auprès des scolaires des communes 2 et 3 du district de Bamako, la capitale malienne, a mis en évidence l’ampleur du problème. Cette étude qui a concerné 3012 scolaires (lycées et écoles professionnelles) a été conduite entre février et septembre 2021. </p>
<h2>Prédominance féminine</h2>
<p><strong>Premiers enseignements :</strong> la prévalence de la consommation de la chicha est alors de 71,3 %, avec une prédominance féminine 55,8 % (1199 cas). L’âge moyen est de 17, 31 ans avec des extrêmes de 15 et 21 ans. L’effet de mode est le motif le plus cité avec 53,1 % des cas. La majorité – soit 74,8 % – fume la chicha de temps en temps, et le week-end est la période choisie dans 89,2 % des cas surtout le soir (94,6 % des cas). </p>
<p>Dans 80,8 % des cas, des fumeurs de chicha possède leur propre appareil. Le bar à chicha est le lieu où les jeunes préfère fumer à 66,22 % et la menthe est le parfum préféré pour 38,4 % des personnes interrogées. Plus de la moitié des scolaires fumeurs de chicha, soit 58,1 %, savent que le tabac est dangereux. La toux et l’irritation de la gorge sont les symptômes les plus signalés parmi les fumeurs de chicha.</p>
<p>Une deuxième <a href="https://doi.org/10.1016/j.rmra.2022.11.251">étude transversale</a> à l'aide d'un questionnaire auto-administré via internet (à travers Google form) pré-testé et validé auprès de 364 jeunes de la commune 4 du district de Bamako a été menée par les tabacolgues du CHU du point G et du CHU mère-enfant LUXEMBOURG de Bamako. Dans ce travail, 13 % ne savent pas que la chicha est responsable de maladies respiratoires. Dans cette population, nous avons retrouvé 19,23 % de consommateurs réguliers.</p>
<p>La tranche d’âge de 15 à 20 ans et celle de 25 à 30 consomment le plus avec respectivement des taux de 62,86 % et 30 %. Ils consomment davantage dans les bars et clubs de chicha (46 %). Les effets ressentis sont les vertiges (21,43 %), l’irritation de la gorge (15,71 %), la toux (14,29 %) et la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dyspnee">dyspnée</a> (5,71 %). Plus de la moitié des jeunes pensent que l’eau du réservoir filtre les substances toxiques et ne savent pas que la chicha est plus dangereuse que la cigarette.</p>
<p>Près de 25 % affirment avoir utilisé les boissons alcoolisées à la place de l’eau dans le réservoir. L’embout n’est pas changé et est partagé avec les autres consommateurs dans 95 % des cas. Or la moitié des consommateurs ne savent pas que cet embout est pourvoyeur de la transmission de certaines maladies : herpès, hépatite, tuberculose, Covid-19, etc.</p>
<h2>Ignorance des dangers</h2>
<p>Ces enquêtes ont mis en évidence une connaissance limitée des jeunes de Bamako sur les dangers liés à la consommation de la chicha. Elle constitue un véritable fléau pour la santé des jeunes et des adolescents. Elle est dangereuse par ses effets sur la santé de façon générale.</p>
<p>Il est important de rappeler que lors de la combustion de la chicha, comme celle de la cigarette, près de 4000 substances chimiques sont émises dont la nicotine, le goudron, le monoxyde de carbone, le cobalt, le chrome et le plomb. Beaucoup de ces substances sont cancérigènes. La consommation de la chicha a plusieurs risques sur la santé notamment : les maladies respiratoires (la bronchite chronique, la bronchopneumopathie chronique obstructive, le cancer du poumon); les maladies cardio-vasculaires, etc.</p>
<p>Tirant les leçons de ces études, depuis le 15 août 2022, les autorités maliennes <a href="https://www.africanews.com/2023/02/17/mali-begins-crackdown-on-shisha-after-grace-period-expired/">ont interdit</a> l'importation, la distribution, la vente et l'usage de la chicha sur toute l’étendue du territoire. </p>
<p>L'arrêté dispose ce qui suit :</p>
<blockquote>
<p>Toute personne qui se rend coupable de la production ou l'importation de la chicha ou tout autre appareil similaire est punie d'un emprisonnement de 1 à 10 jours et d'une amende de 300 à 18 000 francs CFA (0,5 à 29 dollars US).</p>
</blockquote>
<p>Par ailleurs, toute personne reconnue “coupable de la commercialisation de la chicha ou tout autre appareil est punie d'une amende de 300 à 10 000 francs CFA (0,5 à 16 dollars)”. De plus, tout individu qui se rend coupable de l'usage de la chicha ou tout autre appareil est puni d'un emprisonnement de 1 à 10 jours et d'une amende de 300 à 10 000 francs CFA.</p>
<p>Aujourd’hui, l’Office central des stupéfiants (OCS) est à pied d’œuvre pour le respect strict de l’arrêté interministériel sur l’interdiction de la chicha. Dans ce cadre, beaucoup de commerçants, des responsables de bar et des consommateurs ont été arrêtés et sanctionnés selon la réglementation en vigueur.
Ces arrestations prouvent que la consommation de la chicha continue de manière clandestine.</p>
<p>Avec l’arrêté interministériel et l’implication de l’OCS, ensemble, nous pensons vaincre ce fléau sur le territoire malien. D’autres études sont envisagées pour évaluer l'impact de la décision d'interdiction de la consommation de la chicha.</p>
<p>Par ailleurs, les études menées à Bamako ont permis de formuler les recommandations suivantes :</p>
<ul>
<li><p>l'organisation régulière de campagnes de lutte contre la consommation de
chicha; </p></li>
<li><p>le suivi scrupuleux de l’application des dispositions de la loi 033 du 12 juillet 2010 portant sur la restriction de la publicité et de l’usage du tabac au Mali.</p></li>
</ul>
<p>Les résultats de nos travaux prouvent à suffisance que ce mode de consommation banalisée du tabac constitue un véritable problème de santé publique et sa prévalence est non moins importante dans la population juvénile.</p>
<p>Un <a href="http://www.sante.gov.ml/index.php/nep-mali/item/2452-decret-97-162-limitation-usage-du-tabac/">décret présidentiel</a> a fixé les modalités de restriction de la publicité et de l’usage du tabac au Mali. En plus de ce decret, le Mali a ratifié en 2005 la <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/42812/9242591017.pdf">Convention-cadre</a> de l'OMS, le premier traité anti-tabac négocié sous les auspices de l’Organisation mondiale de la Santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205886/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Salif Koné does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Des enquêtes ont mis en évidence une connaissance limitée des jeunes sur les dangers liés à la consommation de la chicha. Elle a des effets sur le système respiratoire, cardiovasculaire et digestif.Salif Koné, Docteur en médecine, spécialisé en pneumologie et chargé de cours, Université Scientifique Libre de BamakoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2012742023-03-07T18:18:11Z2023-03-07T18:18:11ZAprès le tabagisme passif, ne sous-estimez pas le vapotage passif<p>La réflexion est venue d’un de mes étudiants en médecine, qui m’avoua qu’il adorait l’odeur de vanille qui régnait dans la maison qu’il partage avec des amis qui vapotent… « C’est bon, non ? » m’a-t-il demandé.</p>
<p>Ma réponse n’a pas été spécialement enthousiaste.</p>
<p>« Hé bien non. Si vous pouvez sentir la vanille, vous respirez aussi probablement de la nicotine… »</p>
<p><a href="https://pubchem.ncbi.nlm.nih.gov/compound/Nicotine">La nicotine</a> est un alcaloïde (comme la caféine, la morphine…) toxique particulièrement vicieux car incolore et inodore. Il est de plus extrêmement bien absorbé par nos voies respiratoires, y compris le nez, la bouche, les bronches… et même les <a href="https://research.avondale.edu.au/oer_materials/2/">oreilles</a>.</p>
<p>Et les fumeurs <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/Quick-Facts-on-the-Risks-of-E-cigarettes-for-Kids-Teens-and-Young-Adults.html">expirent non seulement de la nicotine mais aussi des produits chimiques absorbés à partir de leurs cigarettes, y compris électroniques</a>. Il y a ces fameux arômes à l’odeur sucrée… ainsi que des particules fines et ultra-fines, divers composés chimiques (glycérol, formaldéhyde, etc.) spécifiques aux vapoteuses voire des métaux – mais pas de goudron ou de monoxyde de carbone.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/passive-vaping-an-impending-threat-to-bystanders-157072">Ceux qui les côtoient</a> peuvent alors les respirer. Les défenses pulmonaires des fumeurs, des vapoteurs et de leurs voisins sont <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/sgr/50th-anniversary/pdfs/fs_smoking_respiratory_508.pdf">dépassées</a> en cas d’expositions répétées.</p>
<p>Le <a href="https://nceph.anu.edu.au/research/projects/health-impacts-electronic-cigarettes#health_outcomes">vapotage</a> est <a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">très répandu, chez les jeunes</a> âgés de 18 à 24 ans notamment. Or, bien que les effets du vapotage sur la santé fassent l’objet de nombreux débats, les risques liés au vapotage passif et les <a href="https://doi.org/10.1016/s1470-2045(22)00454-5">conséquences sur la santé des non-fumeurs</a> comme leur droit à respirer de l’air pur sont peu discutés.</p>
<p>Une étude menée en 2017-2018 a montré que <a href="https://tobaccocontrol.bmj.com/content/30/1/49">16 % des adultes, dans 12 pays européens, étaient exposés à des aérosols de cigarette électronique</a> en intérieur – bars, restaurants, bureaux… (où la cigarette classique est bannie).</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">Alcool, tabac, cannabis… Où en est la consommation des jeunes Français ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Des preuves du phénomène qui émergent</h2>
<p>En 2019, des chercheurs ont examiné le contenu de la vapeur exhalée par des utilisateurs de cigarettes électroniques dans des espaces confinés, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30685192/">comme les voitures</a> et des lieux plus grands. Bien qu’ils soient inférieurs à ceux des cigarettes de tabac, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30685192/">niveaux de substances toxiques expirées sont décrits comme une « pollution de l’air ambiant »</a> qui devrait être évitée pour protéger la santé des non-fumeurs et des non-vapoteurs.</p>
<p>Les <a href="https://openaccesspub.org/ijoe/article/1112">effets du vapotage passif sur le système cardiovasculaire</a> sont en train d’être envisagés et étudiés, et les chercheurs l’ont mis en regard du tabagisme passif, connu pour être capable d’obstruer les artères et causer des problèmes de coagulation. Désormais, les publications qui démontrent les <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/16/9/1525">effets respiratoires nocifs</a> du vapotage passif <a href="https://www.nature.com/articles/s41370-021-00362-0">se multiplient</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="man exhaling vapour" src="https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/509374/original/file-20230210-23-axvazu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">En France, il est interdit de vapoter dans les moyens de transport fermés, les écoles, les bureaux fermés….</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://photos-cdn.aap.com.au/Image/20200818001485594404?path=/aap_dev8/device/imagearc/2020/08-18/fd/1e/c6/aapimage-7bxtud12xtk1907tb8a2_layout.jpg">Richard Mundl (CTK via AP Images)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les leçons du tabagisme passif</h2>
<p>À la fin des années 1980, le tabagisme passif a donné l’impulsion nécessaire pour modifier la législation relative au tabagisme.</p>
<p>Les professionnels de la santé avaient appris, des décennies plus tôt, grâce à une étude menée auprès de médecins britanniques fumeurs, que le tabagisme causait d’immenses dommages et une mort précoce <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2035864">chez les fumeurs</a>. Mais ce n’est que plus tard qu’ils ont commencé à comprendre que le fait de vivre avec un fumeur, de travailler avec des fumeurs ou d’être exposé de manière répétée à la fumée de quelqu’un d’autre pouvait également provoquer cancer du poumon, bronchite chronique, aggraver l’asthme et les <a href="https://ajph.aphapublications.org/doi/abs/10.2105/AJPH.79.2.163">maladies cardiaques chez un non-fumeur</a>. Les effets du tabagisme passif sur les enfants sont apparus <a href="https://doi.org/10.3389/fped.2021.698613">plus préoccupants encore</a>.</p>
<p>Les groupes de défense des droits ont commencé à défigurer ou à « relooker » les panneaux publicitaires sur le tabac et à ridiculiser leur publicité. En 1982, j’ai écrit un article publié dans le <em>Medical Journal of Australia</em> intitulé <a href="http://www.bugaup.org/press/MJA19820724.pdf">« A Tracheostomy for the Marlboro Man »</a> sur ces efforts, les répercussions juridiques et les défis de l’industrie du tabac.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Dans les années 1990, les gens ont commencé à poursuivre les lieux d’accueil et de travail qui les exposaient à la <a href="https://www.tobaccoinaustralia.org.au/chapter-16-litigation/16-3-litigation-relating-to-injury-from-exposure-t">« fumée secondaire »</a> issue du mélange entre la <a href="https://www.emro.who.int/fr/tfi/quit-now/secondhand-smoke-impacts-health.html">fumée d’une cigarette allumée et celle expirée par un fumeur</a>. Les succès remportés ont conduit à des changements <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/articles/quelles-sont-les-dispositions-de-lutte-contre-le-tabagisme-en-france">dans la législation</a>.</p>
<p><a href="https://www.tobaccoinaustralia.org.au/chapter-10-tobacco-industry/10-17-public-attitudes-to-the-tobacco-industry">Les attitudes</a> ont aussi changé et les droits des non-fumeurs ont été peu à peu plus mis en avant. Nous avons tous pu vivre dans un environnement sans fumée en Australie pendant des décennies (<em>depuis <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/quelles-sont-les-dispositions-de-lutte-contre-le-tabagisme-en-france">15 ans en France</a>, ndlr</em>).</p>
<h2>Que dit la loi ?</h2>
<p>En Australie, les restrictions relatives au vapotage sont conformes aux lois sur les <a href="https://www.tobaccoinaustralia.org.au/chapter-15-smokefree-environment">zones non-fumeurs</a> et aux recommandations de l’<a href="https://www.emro.who.int/fr/tfi/know-the-truth/post-Covid-19-banning-tobacco-and-e-cigarettes-in-public-places-is-a-public-health-must.html">Organisation mondiale de la santé</a>.</p>
<p>Par exemple, la législation de la Nouvelle-Galles du Sud indique que les <a href="https://www.health.nsw.gov.au/tobacco/Pages/use-ecigs-in-public-places.aspx">personnes ne peuvent pas utiliser d’e-cigarettes dans les zones non-fumeurs</a> en vertu du Smoke-free Environment Act 2000. Ces zones comprennent :</p>
<ul>
<li><p>tous les lieux publics fermés,</p></li>
<li><p>les espaces situés à moins de 10m d’équipements de jeu pour enfants,</p></li>
<li><p>des piscines publiques,</p></li>
<li><p>les zones réservées aux spectateurs sur les terrains de sport ou autres zones de loisirs utilisées pour des événements sportifs organisés,</p></li>
<li><p>les arrêts et les quais des transports publics, y compris les quais de ferry et les stations de taxis,</p></li>
<li><p>les espaces situés à moins de 4m d’un point d’accès piétonnier à un bâtiment public,</p></li>
<li><p>les zones commerciales de restauration en plein air,</p></li>
<li><p>les voitures avec un enfant de moins de 16 ans.</p></li>
</ul>
<p>Le vapotage dans les véhicules de transport public tels que les trains, les bus et les ferries est également <a href="https://www.health.nsw.gov.au/tobacco/Pages/use-ecigs-in-public-places.aspx">interdit</a>.</p>
<p>Mais les gens <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6747114/">continuent de fumer</a> chez eux et dans d’autres endroits où cela est autorisé. Le <a href="http://www.tobaccoinduceddiseases.org/Social-norms-towards-smoking-and-electronic-cigarettes-namong-adult-smokers-in-seven,104417,0,2.html">changement d’attitude</a> qui a rendu le tabagisme en présence d’autres personnes <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6481578/">socialement inacceptable</a> doit encore se développer.</p>
<p>(<em>En France, il est <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35111">interdit de vapoter</a> dans les établissements scolaires et destinés à accueillir des enfants, les lieux de travail collectif, mais pas dans les établissements de santé, les restaurants, cafés, centres commerciaux et lieux de travail accueillant du public, « sauf si le responsable des lieux en décide autrement », ndlr.</em>)</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="jeune adulte avec un nuage de fumée autour de sa tête" src="https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/509379/original/file-20230210-27-tz5fx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le vapotage passif peut exposer à la nicotine et des produits toxiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-woman-who-secretly-smoking-school-1496835836">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les zones sans fumée suffisent-elles ?</h2>
<p>Bien que le débat se poursuive sur le vapotage, sa sécurité et son efficacité en tant qu’aide au sevrage, nous ne pouvons pas attendre des années pour mesurer tous les effets du vapotage passif même moins nocif que le tabagisme passif.</p>
<p>Basé sur le <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/precautionary-principle">principe de précaution</a> en santé publique, le défi est d’informer dès aujourd’hui les non-vapoteurs, en particulier les jeunes non-vapoteurs, sur le phénomène – et leurs droits à vivre « sans vapotage », comme à respirer un air propre. Quitte à prendre position pour défendre ces droits, comme cela a été fait des décennies plus tôt contre le tabagisme passif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201274/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Renee Bittoun ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le tabagisme passif est un fléau bien identifié. Avec l’essor rapide de la cigarette électronique, et le retour de l’habitude de fumer en intérieur, se pose désormais la question du vapotage passif…Renee Bittoun, Conjoint Professor of Nicotine Addiction, Avondale University and, University of Notre Dame AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1922252022-10-31T19:00:09Z2022-10-31T19:00:09ZVers des générations de non-fumeurs : oui, mais comment ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/492506/original/file-20221031-14-dd1lxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C202%2C2047%2C1069&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’opération Mois sans tabac avait enregistré près de 120&nbsp;000 inscrits au 31&nbsp;octobre 2022.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/121483302@N02/14119096643/in/photostream/">Global Panorama/Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Ce 1<sup>er</sup> novembre, à l’initiative de Santé publique France, le mois « sans tabac » débute pour une septième édition. Les fumeurs de tous âges sont collectivement invités à ne plus griller une cigarette pendant 30 jours, une démarche qui, selon les organisateurs, multiplie par cinq les chances d’y renoncer définitivement.</p>
<p>Ces dernières années, ce sont en particulier les jeunes qui ont été la cible prioritaire des pouvoirs publics. Le Comité national contre le tabagisme estime qu’ils sont environ <a href="https://cnct.fr/nos-actions/preserver-les-jeunes/">200 000</a> à commencer à fumer en France chaque année, épinglant il y a quelques temps les buralistes pour leur <a href="https://www.20minutes.fr/societe/2620359-20191004-tabac-200000-jeunes-mettent-fumer-chaque-annee-buralistes-epingles-manque-vigilance">manque de vigilance</a>.</p>
<p>La première cigarette intervient en moyenne peu après 14 ans. Les enquêtes de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (la dernière date de 2017 en attendant l’analyse de résultats collectés en mars dernier), relais français d’une agence de l’Union européenne, indiquent que cet âge est de <a href="https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxssy2.pdf">plus en plus tardif</a> (un an de plus par rapport à 2005).</p>
<p>Fort de ce constat, le <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/180702-pnlt_def.pdf">programme national</a> de lutte contre le tabac 2018-2022 se donnait pour ambition que les enfants nés depuis 2014 et qui fêteront leur majorité à partir de 2032 deviennent la première génération d’adultes non-fumeurs. Comment y parvenir ? Vaut-il mieux les encourager ou les contraindre lorsque l’on s’adresse à eux ? Sur Facebook, la distance entre eux et le relais d’un message de santé publique est-elle importante ? Tel a été l’enjeu de <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/numerorevue/363-d%C3%A9cisions-marketing-n%C2%B0107.html">nos travaux</a> qui suggèrent que les stratégies à adopter ne sont pas les mêmes selon qui se charge de diffuser le message.</p>
<h2>Oscillations stratégiques</h2>
<p>Au fur et à mesure des années, les pouvoirs publics ont souvent changé de direction en ce qui concerne leurs <a href="https://www.researchgate.net/publication/309622670_Des_outils_d%E2%80%99aide_et_de_communication_au_service_du_sevrage_tabagique">campagnes de communication</a>. Dans les années 1970, ils mettaient en avant les conséquences du tabagisme, pour faire davantage appel à la liberté et à la séduction durant la décennie suivante. Les années 1990 ont été celles de la dénormalisation sociale du tabagisme et de la valorisation du non-fumeur. C’est la promotion de la démarche d’arrêt du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/tabac-21029">tabac</a> qui a prévalu dans les années 2000. Depuis 2010, il a beaucoup été question de motivation.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489035/original/file-20221010-18-ywa2v4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Après avoir suscité la polémique, la campagne de 2010 de l’Association Droits des non-fumeurs a été suspendue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DNF</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Durant toutes ces années une large palette de registres a ainsi été mobilisée. Suggérer une relation de soumission avec des photos d’enfants avec une cigarette à bouche, presque en esclaves sexuels, avait suscité la <a href="https://www.europe1.fr/societe/Anti-tabac-une-campagne-qui-choque-495916">polémique</a> en 2011. Choquer avec les images présentes sur les paquets de cigarettes, jouer davantage sur l’éducation, avec par exemple le slogan « fumer, c’est pas dans ma nature » lancé en 1991 et associé à une image de héros de western, sont d’autres méthodes que l’on a vues se déployer. Le Mois sans tabac fait, lui, la promotion des démarches de soutien adressées aux fumeurs qui souhaitent arrêter.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489033/original/file-20221010-22-x8xz75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En 1991, le Comité français d’éducation pour la santé promeut une nouvelle normalité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CFES</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette oscillation entre différentes stratégies montre que l’on peine à déterminer la manière la plus efficace de communiquer. Notre travail a ainsi cherché à identifier sous quelles conditions un message encourageant les initiatives, offrant un choix quant aux options de traitement et fournissant des informations pertinentes, tout en limitant la pression et le contrôle, s’avère plus pertinent qu’un message privilégiant les directives et adoptant une attitude autoritaire où il y a absence de choix. Nous nous sommes en particulier focalisés sur les communications persuasives anti-tabac à destination des jeunes adultes, diffusées sur Facebook.</p>
<h2>Qui doit encourager ? Qui doit contraindre ?</h2>
<p>Le concept de <a href="https://psycnet.apa.org/record/2003-05781-002">distance sociale</a> qui se réfère à la distance perçue entre deux individus a été mobilisé. On parle de distance sociale « proximale » dans le cas d’une personne proche de soi et d’une distance sociale « distale » dans le cas d’une personne éloignée de soi (je me sens plus proche de mon meilleur ami que d’une connaissance).</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd'hui</a>]</p>
<p>À dessein, nous avons créé une campagne de communication semblable à celles que nous pourrions trouver sur Facebook. Elle se décline en 4 visuels différents qui combinent deux dimensions : message partagé par des amis <em>vs</em> sponsorisé par Santé publique France (autrement dit, distance sociale proximale <em>vs</em> distale) et message encourageant <em>vs</em> contraignant. Notre objectif était d’identifier les combinaisons qui suscitent la plus forte intention d’arrêter de fumer chez des jeunes âgés de 18 à 34 ans.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489030/original/file-20221010-16-qw4avi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Messages encourageant et contraignant pour une distance sociale proximale.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489031/original/file-20221010-21-7ygedh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Messages encourageant et contraignant pour une distance sociale distale.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Après analyse des réponses de 203 participants (29 ans de moyenne d’âge et 41 % d’hommes), les résultats montrent qu’un message encourageant est plus efficace lorsqu’il est partagé par une source distale et qu’un message contraignant est plus efficace lorsqu’il est partagé par une source proximale.</p>
<p>Notre étude suggère ainsi que les praticiens réalisant des communications persuasives en santé devraient favoriser les messages qui laissent une liberté de choix à la cible : par exemple, « si vous vous sentez prêt à arrêter de fumer, alors rendez-vous sur https://www.tabac-info-service.fr/ ». Les messages qui mettent l’accent sur la capacité des jeunes fumeurs à arrêter (« nous savons que vous pouvez le faire ») semblent également à privilégier.</p>
<h2>Les influenceurs et l’IA à mobiliser</h2>
<p>L’injonction d’arrêter de fumer adressée par une personne proche du fumeur a, elle, plus de chances d’être acceptée que lorsqu’elle provient d’un inconnu ou d’un organisme public. Les praticiens devront s’attacher, pour ce type de message, à favoriser le partage par des personnes proches de la cible (un ami, un membre de sa famille…).</p>
<p>Des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/influenceurs-81090">influenceurs</a> suivis quotidiennement sur les réseaux sociaux par de jeunes adultes fumeurs et dont ces derniers se sentent proches pourraient également représenter des relais efficaces de communication, de même que des sportifs, des acteurs ou des humoristes. Faire appel à ces <a href="https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2010-4-page-279.htm">« leaders d’opinion »</a> pour diffuser des messages contraignants semble pouvoir limiter les risques de rejet. Les associer à la création des messages semble d’ailleurs tout à fait pertinent. Des campagnes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sante-publique-23257">santé publique</a> réussies comme <a href="https://www.cairn.info/nudge-et-marketing-social--9782100795857-page-61.htm">Sam</a> (« celui qui conduit ne boit pas ») ou le Mois sans tabac (près de <a href="https://mois-sans-tabac.tabac-info-service.fr/?at_medium=sl&at_campaign=Tabac%20SEA&at_platform=google&gclid=Cj0KCQjw166aBhDEARIsAMEyZh6tRbW4RITbQaFAAExlc077qQVs9-jzbpm1ouD3kM4Z550oIa0hyyIaAsLqEALw_wcB&gclsrc=aw.ds">120 000 inscrits</a> au 31 octobre cette année) en ont montré l’intérêt.</p>
<p>L’intelligence artificielle pourrait également s’avérer particulièrement utile pour améliorer l’efficacité des messages en les personnalisant de façon optimale. Appliqué à Facebook, un contenu encourageant apparaîtrait dans le fil d’actualité des jeunes internautes lorsque le relais du message est distal et un message contraignant serait présenté quand le relais est qualifié de proximal.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192225/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’efficacité d’une campagne anti-tabac dépend de qui la relaie : les pouvoirs publics ont donc intérêt à s’adresser également aux proches des fumeurs.Houda Sassi-Chamsi, Doctorante en Sciences de gestion, Université Grenoble Alpes (UGA)Agnès Helme-Guizon, Professeure des Universités, Marketing social, Grenoble IAE Graduate School of ManagementJessica Gérard, Maitre de Conférences, Grenoble IAE Graduate School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1768482022-02-18T13:29:03Z2022-02-18T13:29:03ZOn peut prolonger sa vie de dix ans en changeant son alimentation, selon une nouvelle recherche<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447075/original/file-20220217-13-1e6hh9e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3494&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Changer son alimentation à 60 ans pourrait augmenter l’espérance de vie de huit ans. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Tout le monde veut vivre plus longtemps. On nous dit que pour y parvenir, on doit faire des choix de vie sains, comme faire de l’exercice, ne pas fumer et limiter sa consommation d’alcool. Des études ont également montré que le régime alimentaire peut augmenter la durée de vie.</p>
<p><a href="http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1003889">Une nouvelle étude</a> a révélé qu’un régime plus sain pouvait prolonger la durée de vie de six à sept ans chez les adultes d’âge moyen et d’environ dix ans chez les jeunes adultes.</p>
<p>L’équipe de recherche a regroupé les données de nombreuses études portant sur l’alimentation et la longévité, ainsi que les données de l’étude <a href="https://www.healthdata.org/gbd/2019">Global Burden of Disease</a>, qui fournit un résumé de la santé de la population de nombreux pays. En combinant ces données, les auteurs ont pu estimer les variations de l’espérance de vie en fonction de l’évolution de la consommation de fruits, de légumes, de céréales complètes, de céréales raffinées, de noix, de légumineuses, de poisson, d’œufs, de produits laitiers, de viande rouge, de viande transformée et de boissons sucrées.</p>
<p>Les chercheurs ont ainsi pu établir un régime optimal pour améliorer la durée de vie, qu’ils ont ensuite comparé au régime occidental typique — qui contient de grandes quantités d’aliments transformés, de viande rouge, de produits laitiers riches en graisses, d’aliments riches en sucre, d’aliments préemballés et une faible quantité de fruits et de légumes. Selon leurs recherches, une alimentation optimale comprend plus de légumineuses (haricots, pois et lentilles), de céréales complètes (avoine, orge et riz brun) et de noix, et moins de viande rouge et de viande transformée.</p>
<p>Les chercheurs ont constaté qu’en adoptant une alimentation saine dès l’âge de 20 ans, les femmes et les hommes des États-Unis, de Chine et d’Europe pouvaient augmenter leur espérance de vie de plus de dix ans. Ils ont également observé que le passage d’un régime occidental à un régime optimal à l’âge de 60 ans pouvait accroître l’espérance de vie de huit ans. Pour les personnes de 80 ans, l’espérance de vie pourrait augmenter de près de trois ans et demi.</p>
<p>Comme il n’est pas toujours possible de changer complètement son alimentation, les chercheurs ont également calculé ce qui se produirait si les gens passaient d’un régime occidental à un régime à mi-chemin entre le régime optimal et le régime occidental typique. Ils ont observé que même avec ce type de régime — qu’ils ont appelé « régime avec approche de faisabilité » (feasibility approach diet) —, on pouvait prolonger l’espérance de vie des personnes de 20 ans d’un peu plus de six ans pour les femmes et d’un peu plus de sept ans pour les hommes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un tableau indiquant le nombre de grammes de chaque groupe d’aliments qu’une personne doit s’efforcer de consommer pour chacun des trois régimes étudiés par les chercheurs" src="https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Tableau indiquant la quantité moyenne d’aliments que les gens devraient consommer quotidiennement pour chaque type de régime.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laura Brown</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces résultats nous montrent que le fait de modifier son alimentation à long terme à tout âge peut avoir des effets bénéfiques considérables sur l’espérance de vie. Mais les gains sont plus importants si ces changements commencent tôt dans la vie.</p>
<h2>Un tableau complet ?</h2>
<p>Les estimations de l’espérance de vie effectuées par cette étude proviennent des méta-analyses (études qui combinent les résultats de plusieurs études scientifiques) les plus complètes et les plus récentes sur l’alimentation et la mortalité.</p>
<p>Bien que les méta-analyses soient, dans de nombreux cas, les meilleures preuves en raison de la quantité de données analysées, elles produisent toujours des hypothèses à partir des données, et il est possible que des différences entre les études soient ignorées. Il convient également de noter que les données relatives à la réduction de la consommation d’œufs et de viande blanche n’étaient pas aussi bonnes que celles relatives aux céréales complètes, au poisson, à la viande transformée et aux noix.</p>
<p>De plus, l’étude n’a pas pris en compte certains éléments. Tout d’abord, pour constater ces bénéfices, les personnes devaient modifier leur régime alimentaire sur une période de dix ans. Cela signifie que l’on ne sait pas si l’on peut voir sa durée de vie s’améliorer davantage si l’on modifie son régime alimentaire sur une plus longue période. L’étude n’a pas non plus pris en compte les problèmes de santé antérieurs, qui peuvent affecter l’espérance de vie. Les bienfaits de l’alimentation sur l’espérance de vie sont donc une moyenne et peuvent être différents pour chaque personne en fonction d’une variété d’autres facteurs, tels que des problèmes de santé, la génétique et le mode de vie (tabagisme, consommation d’alcool, exercice, etc.).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des légumes, des noix, du poisson et des fruits" src="https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Manger plus de légumes, de fruits, de noix et de poisson, et moins de viandes rouges et d’aliments ultra-transformés, permet de vivre plus longtemps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cependant, les preuves sur lesquelles se sont penchés les chercheurs sont solides et proviennent de nombreuses études. Les résultats s’alignent également <a href="https://content.iospress.com/articles/mediterranean-journal-of-nutrition-and-metabolism/mnm180225#ref181">sur des recherches antérieures</a> qui ont montré que des améliorations modestes, mais à long terme de l’alimentation et du mode de vie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20421558/">peuvent avoir des effets bénéfiques importants sur la santé</a>, notamment sur la longévité.</p>
<p>Tous les mécanismes qui expliquent pourquoi le régime alimentaire peut améliorer la durée de vie ne sont pas encore tout à fait clairs. Mais le régime optimal que les chercheurs ont présenté dans cette étude comprend de nombreux aliments riches en antioxydants. <a href="https://content.iospress.com/articles/mediterranean-journal-of-nutrition-and-metabolism/mnm180225#ref18">Certaines recherches</a> menées sur des cellules humaines laissent voir que ces substances peuvent ralentir ou prévenir la détérioration des cellules, qui est l’une des causes du vieillissement. La recherche dans ce domaine étant toujours en cours, on ignore si les antioxydants que nous consommons en mangeant ont le même effet. De nombreux aliments inclus dans cette étude ont également des propriétés anti-inflammatoires, ce qui peut aussi retarder l’apparition de diverses maladies et le processus de vieillissement.</p>
<p>Bien sûr, il peut être difficile de changer complètement son régime alimentaire, mais le simple fait d’introduire certains aliments connus pour augmenter la longévité peut avoir des bienfaits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176848/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laura Brown ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les régimes riches en légumineuses, céréales complètes, noix, et comptant moins de viande rouge et d’aliments transformés, sont bénéfiques pour la longévité.Laura Brown, Senior Lecturer in Nutrition, Food, and Health Sciences, Teesside UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1641262021-09-22T22:22:55Z2021-09-22T22:22:55ZLa « vape », un marché en pleine mutation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422701/original/file-20210922-21-1i65o25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=113%2C0%2C1931%2C1168&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">E cigarettes stylo, Vape, vapoteuse… Le marché de la cigarette électronique a explosé, en termes de produits et de bénéfices.</span> <span class="attribution"><span class="source">Ecig Click / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Si les cigarettes électroniques n’ont envahi notre quotidien que très récemment, les prémices de la « vape » ne datent pas d’hier. Dès 1927, l’Américain Joseph Robinson dépose une demande de brevet pour un « vaporisateur électronique » pensé pour être utilisé avec des composés médicinaux. </p>
<p>Le <a href="https://www.smithsonianmag.com/innovation/plans-for-first-e-cigarette-went-up-in-smoke-50-years-ago-180970730/">concept de « cigarette électronique » en tant que tel</a> n’est toutefois posé que quarante ans plus tard par l’Américain Herbert Gilbert, et son invention concrète se fera au début des années 2000 par un pharmacien de Hong-kong. Fumeur, Hon Lik voit son père mourir d’un cancer des poumons. Il conçoit ainsi dès le départ sa cigarette électronique comme une alternative à la cigarette classique. L’idée est d’aider à arrêter de fumer quand les patchs à la nicotine ne suffisent plus.</p>
<p>Le premier modèle est commercialisé en 2006, puis le Hongkongais revend ses brevets en 2013 au groupe britannique<a href="https://www.lesechos.fr/2017/03/hon-lik-le-modeste-pere-de-la-vaporette-1234747">Imperial Tobacco</a>, l’un des cinq grands fabricants de tabac mondiaux.</p>
<p>Historiquement, l’expression « cigarette électronique » (parfois raccourcie en « e-cigarette ») a été la première à apparaître. J’emploierai cependant plutôt ici les termes de « vaporette » ou « vapoteuse ». Ces derniers sont plus corrects, puisque les dispositifs qu’ils désignent n’ont rien à voir avec une cigarette : ils ne contiennent pas de tabac, n’ont pas recours à la combustion, et leurs bouffées contiennent principalement de la vapeur d’eau. Ils ne génèrent donc pas de fumée de tabac, très toxique non seulement pour le fumeur, mais aussi pour son entourage, via le tabagisme passif.</p>
<h2>Évolution du matériel</h2>
<p>Une vapoteuse moderne est constituée de trois parties : une batterie, une résistance et un réservoir pour le e-liquide (qui, chauffé, donne la vapeur inhalée). La composition du e-liquide est variable, mais contient généralement des arômes (tabac, menthe, fruits rouges…), du propylène-glycol (PG), de la glycérine végétale (GV), de la nicotine (avec un taux maximal imposé de 19,9 mg/ml en Europe), et parfois de l’alcool (moins de 2 %).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Etude des cigarettes électroniques" src="https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422704/original/file-20210922-21-wfmsuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Depuis les premiers modèles, la cigarette électronique a beaucoup évolué et a gagné en fiabilité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CDC / Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis les modèles de première génération importés d’Asie, des progrès ont été faits en matière de fiabilité et de sécurité des dispositifs, avec notamment la mise en place <a href="https://normalisation.afnor.org/thematiques/cigarettes-electroniques/">de normes AFNOR</a>. En France désormais, les distributeurs proposent à la vente des modèles de 3e voire de 4e génération. </p>
<p>Le principe est le suivant : le propylène-glycol et la glycérine végétale sont chauffés grâce à la résistance et se transforment en vapeur d’eau, qui est inhalée et passe dans les voies respiratoires. La vape demande une inspiration douce et lente. La toux qui peut être observée est généralement due au propylène-glycol contenu dans l’e-liquide, qui assèche les muqueuses. Si vous toussez trop, choisissez un liquide avec de la glycérine végétale qui sera plus douce.</p>
<p>Lorsque la vapoteuse est utilisée dans le cadre d’un sevrage de la cigarette, l’important est de débuter avec un taux de nicotine suffisant pour ne pas ressentir le manque. On trouve également des e-liquides sans nicotine, voire sans arôme, utile lorsque c’est la dépendance comportementale qui est la plus difficile à gérer.</p>
<p>Le succès de ces « cigarettes » qui n’en sont pas incite au développement de toujours plus de nouveaux produits. C’est ainsi qu’en 2017, aux États-Unis, une start-up californienne lance la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29853561">Juul</a> qui inonde aussitôt le marché, et se fraye un chemin jusque chez les enfants mineurs. La Juul® est un vaporisateur de sels de nicotine (de l’acide benzoïque est ajouté à la nicotine-base, permettant un ressenti au plus proche des sensations induites par la consommation d’une cigarette traditionnelle), bien plus fortement dosé qu’en France avec ses 59 mg/ml.</p>
<p>Avec son design très attractif, elle voit ses ventes s’envoler en dépit d’un prix élevé. En 2018, le groupe spécialisé dans les produits du tabac <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-proprietaire-de-marlboro-sur-le-point-de-racheter-35-de-juul-240374">Philip Morris International (PMI) rachète Juul® Labs</a>.</p>
<h2>Un succès qui fait des envieux</h2>
<p>Le succès de la Juul® est foudroyant… mais éphémère. La conquête du monde, déjà, patine. <a href="https://www.numerama.com/business/622079-juul-arreterait-bientot-de-vendre-ses-cigarettes-electroniques-en-france.html">En 2020</a>, la vente de Juul® en France, Autriche, Belgique, Espagne et Portugal est déprogrammée du fait de la limite européenne du taux de nicotine fixé à 19,9 mg/ml. PMI avait aussi prévu de mettre la marque en sommeil au profit d’IQOS, son produit-phare de « tabac chauffé » – dont nous parlerons ci-après.</p>
<p>Et surtout, aux États-Unis, le fabricant est accusé d’avoir incité les adolescents à consommer et minimisé l’impact de la nicotine. Il y a quelques mois, <a href="https://www.courrierinternational.com/article/le-chiffre-du-jour-le-fabricant-de-cigarettes-juul-lache-des-millions-pour-eviter-le-proces">un accord à l’amiable de 40 millions de dollars</a> a été passé entre la start-up et l’État de Caroline du Nord pour éviter le premier d’une longue série de procès.</p>
<p>Pas de quoi, toutefois, freiner l’essor du vapotage. Ce qui, couplé à la diminution des ventes de tabac, déstabilise les grandes industries historiques du secteur (PMI, Altria, British American Tobacco ou BAT, Imperial Brands et Japan Tobacco International ou JTI, surnommées « Big Tobacco ») qui tentent donc des incursions dans ce nouveau secteur. On l’a évoqué avec Philip Morris déjà et le rachat de Juul®, mais la rivalité peut se jouer sur d’autres terrains… </p>
<p>Le succès alimente ainsi des polémiques et même, depuis 2 ou 3 ans, de <a href="https://theconversation.com/vape-et-sevrage-tabagique-fake-news-en-serie-131589">fausses informations sur la vape et le vapotage</a> – comme l’amalgame qui a été entretenu des mois durant entre vapotage et survenue de troubles respiratoires et maladies pulmonaires aux États-Unis. Le concept associé d’« EVALI » ( <a href="https://www.sovape.fr/evali-pneumopathies-2019-usa/">E-cigarette, or Vaping, product use Associated Lung Injury</a>) a alimenté une défiance vis-à-vis de la vape. Ces pneumopathies étaient en fait liées à la <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html">présence d’acétate de vitamine E</a>, un additif présent dans des produits issus du marché noir contenant du THC (le tétrahydrocannabinol, un cannabinoïde). Le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a malheureusement tardé à réagir face à la confusion, ce qui profita à « Big Tobacco » bien sûr !</p>
<h2>La vape et le tabac chauffé : attention à ne pas les confondre</h2>
<p>L’industrie du tabac a également mis au point de nouveaux produits, contenant du tabac, pour prendre les parts de marché de la vape, en particulier dans les pays où cette dernière est interdite. Les trois principaux fabricants ont ainsi sorti des dispositifs à base de tabac chauffé avec une résistance sous forme de lame (heat not burn tobacco) :</p>
<p>• IQOS pour Philip Morris International,</p>
<p>• PLOOM pour Japan Tobacco International</p>
<p>• GLO pour British American Tobacco</p>
<p>IQOS (pour « I-Quit-Ordinary-Smoking »), par exemple, ce sont des mini-cigarettes (Heets) qui permettent 8 à 14 bouffées, dans un laps de temps court (6 minutes). Le tabac qui y est chauffé est reconstitué en feuilles, avec du propylène-glycol, du glycérol, de l’eau, de l’éthanol, et des arômes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Confusion IQOS & Vape" src="https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416725/original/file-20210818-19-35ljlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’industrie du tabac entretient la confusion entre la vape et le tabac chauffé, comme le montre cette photo prise chez un buraliste lors du mois sans tabac.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Twitter</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À la différence des cigarettes conventionnelles (température de 600 °C à 900 °C), ces produits chauffent au plus à 350° et ne produisent pas de cendres. Mais, attention, ils ne sont <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/heated-tobacco-products/index.html">pas reconnus comme méthode de sevrage tabagique</a> par la puissante Agence américaine de régulation des produits alimentaires et médicaux, la <a href="https://www.fda.gov/">Food and Drug Administration (FDA)</a>.</p>
<p>En 2017, PMI avait fait pression à ce sujet sur le professeur Jacques Cornuz, alors recteur de l’université de Lausanne, pour faire retirer la <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2628970">publication de plusieurs de ses chercheurs</a> sur IQOS et ses effets. L’équipe du médecin Reto Auer montrait en effet que de la fumée était produite, qu’il y avait du monoxyde de carbone (CO), de la nicotine (84 % par rapport à une cigarette conventionnelle), ainsi que de l’acétaldéhyde, du formaldéhyde et des nitrosamines (substances cancérogènes), de l’acroléine (substance irritante). Comme le dit Reto Auer, il s’agit de « tabac grillé, toasté », avec une pyrolyse indéniable.</p>
<p>Dernière évolution affichée notamment par le groupe Philip Morris : les produits liés au bien-être… et la santé. Ainsi <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/le-geant-du-tabac-philip-morris-met-la-main-sur-les-inhalateurs-medicaux-de-vectura-1338641">PMI vient de racheter Vectura</a>, qui commercialise des inhalateurs médicaux destinés entre autres à soigner les maladies dues au tabagisme. Les <a href="https://www.vectura.com/services/device-platforms/">inhalateurs actuels</a> seront adaptés pour pouvoir diffuser de la nicotine, tout comme <a href="https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/nicorette-inhaleur-20397.html">l’inhaleur Nicorette ®</a> qui est un médicament (traitement de substitution nicotinique) non remboursé en France.</p>
<p>De quoi boucler ainsi la boucle ? Après avoir généré des bénéfices colossaux des décennies durant avec le tabac, le géant industriel pourrait, maintenant que le vent tourne, s’appuyer sur les dispositifs dédiés à lutter contre les méfaits qu’il a causés…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164126/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est administrateur de la Société francophone de tabacologie (SFT), de l'Instance régionale Auvergne Rhône Alpes de promotion de la santé (IREPS) et de l'Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (IRAAT).</span></em></p>Quelle évolution pour la cigarette électronique ? Retour sur 20 ans d'un succès qui empiète désormais sur celui de la cigarette traditionnelle… et que l'industrie du tabac cherche à récupérer.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1668512021-09-22T22:22:50Z2021-09-22T22:22:50ZSe sevrer du tabac grâce à la vape : ce qu’il faut savoir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422700/original/file-20210922-17-1v091du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C345%2C6240%2C3297&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La vape est un substitut efficace pour se sevrer du tabac.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/5623xEn3FIM">Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Selon le <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/documents/enquetes-etudes/barometre-de-sante-publique-france-2017.-usage-de-la-cigarette-electronique-tabagisme-et-opinions-des-18-75-ans">Baromètre Santé 2017</a>, publié en 2019 par Santé Publique France, la vape est le recours le plus fréquent utilisé par les fumeurs qui désirent arrêter la cigarette.</p>
<p>On y apprend notamment que dans notre pays, « les vapoteurs âgés de 18 à 75 ans ont quasiment déjà tous une expérience avec le tabac : parmi les vapoteurs quotidiens, 49,5 % sont d’anciens fumeurs et moins de 1 % n’ont jamais fumé ». En outre, un nombre très conséquent d’entre eux (76,3 %) déclarent que l’e‐cigarette les a aidés à arrêter de fumer. Si 8,6 % de ceux qui y ont eu recours l’ont utilisé en combinaison avec d’autres substituts, 67,8 % ont réussi à se sevrer du tabac sans autre aide. </p>
<p>La cigarette électronique semble donc rencontrer un franc succès auprès des Français. Ce qui n’empêche pas certaines interrogations : la vape, qui séduit également les jeunes, pourrait-elle les inciter à passer au tabac ? Peut-on vapoter quand on est enceinte ? Et plus largement, la vape présente-t-elle des risques ?</p>
<h2>Quelle est la position des autorités de santé sur la vape ?</h2>
<p>Si les recommandations de la Haute Autorité de Santé <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_272433/fr/aide-au-sevrage-tabagique">en matière de sevrage tabagique</a>, mises en ligne en 2006, n’ont pas été actualisées depuis 2010, les sociétés savantes ont évolué quant à la place de la vape dans le sevrage tabagique. </p>
<p>Ainsi, en 2018, la <a href="https://sfar.org/le-vapotage-peut-il-conduire-a-recuser-un-patient-en-vue-dune-anesthesie/">Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR)</a> a précisé que</p>
<blockquote>
<p>« l’usage de la cigarette électronique, alors que la population des fumeurs et ex-fumeurs qui y a recours ne cesse d’augmenter, doit être considéré par les médecins anesthésistes-réanimateurs comme une aide très positive en période préopératoire, cette dernière étant bien identifiée comme très favorable à la décision d’arrêt du tabac ».</p>
</blockquote>
<p>Dans le cadre du mois sans tabac 2019, la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ont publié un <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Vape-SFT_SPLF-MoissansTabac-20191101.pdf">communiqué de presse commun</a>. On pouvait notamment y lire que</p>
<blockquote>
<p>« La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs. […] Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac. »</p>
</blockquote>
<p>L’Institut national du cancer (InCA) ne dit pas autre chose dans sa brochure <a href="https://www.e-cancer.fr/ressources/Agir_pour_sa_sante.html">Agir pour sa santé</a>, précisant que la cigarette électronique « peut être un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Utilisée seule et non en association avec la cigarette traditionnelle, elle permet de réduire les risques liés au tabac. »</p>
<p>Mais quelle est l’efficacité réelle de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique ? Pour le savoir, il faut se tourner vers les études scientifiques.</p>
<h2>Une aide efficace au sevrage</h2>
<p>Peter Hajek et son équipe ont cherché à évaluer cette efficacité. Ils ont pour cela mené une étude impliquant 886 fumeurs ayant recours soit à un traitement de substitution nicotinique, soit à une vapoteuse de seconde génération (avec 18 mg de nicotine). Dans les deux groupes, les participants assistaient chaque semaine à une séance hebdomadaire de soutien comportemental, 4 semaines durant. Les résultats de ces travaux ont été publiés en 2019 dans la prestigieuse revue médicale <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa1808779">New England Journal of Medicine</a></p>
<p>Au bout d’un an de suivi, il est ressorti que la vape avait de meilleurs résultats, cependant son utilisation persistait dans le temps. Les chercheurs ont ainsi constaté près de deux fois plus d’abstinence tabagique parmi les vapoteurs (18 %) que parmi ceux qui utilisaient un traitement de substitution nicotinique (9,9 %). Parmi les abstinents, ceux du groupe « e-cigarette » étaient toutefois plus susceptibles que ceux du groupe « traitement de substitution nicotinique » de continuer à utiliser au-delà d’un an le produit qui leur avait été attribué (80 %, soit 63 des 79 participants, contre 9 %, soit 4 des 44 participants).</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Homme en train de vapoter, assis sur un banc en ville." src="https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les vapoteurs ont tendance à continuer après avoir arrêté le tabac.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/vdiva7py4QM">Ryan Grice / Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plus récemment, en 2021, <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD010216.pub5/full">une revue Cochrane</a> (revue destinée à l’organisation et au partage de l’information dans la recherche médicale) a été consacrée à la vape. Elle incluait 56 études ayant porté sur 12 804 adultes fumeurs de tabac. Les études avaient là encore comparé la vape (avec nicotine) à différents traitements destinés à aider à arrêter de fumer : substitution nicotinique, <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2725862/fr/champix-varenicline-tartrate-de-agoniste-partiel-des-recepteurs-nicotiniques-cerebraux">varénicline</a> (<em>molécule mimant les effets de la nicotine, ndlr</em>), vape sans nicotine, soutien comportemental seul et absence de soutien comportemental.</p>
<p>Une nouvelle fois, les résultats plaident en faveur de la vape. L’abstinence à six mois était ainsi plus fréquente dans les groupes « vapoteuse avec nicotine » (trois études) et « vapoteuse sans nicotine » (quatre études) que dans le groupe « substitution nicotinique », ou « avec soutien comportemental seul » (cinq études). En effet, sur 100 personnes utilisant la vape avec nicotine, 10 ou 11 deviennent abstinentes (sevrage tabagique), contre 6 sur 100 pour celles qui utilisent les substitutions nicotiniques ou la vape sans nicotine, et 4 sur 100 pour les personnes qui ne suivent aucun traitement ou ne bénéficient que d’un soutien comportemental.</p>
<p>Mais à l’inverse, vapoter quand on n’a jamais fumé risque-t-il d’inciter à essayer le tabac ?</p>
<h2>Chez les jeunes, vapoter n’est pas synonyme de passage au tabac</h2>
<p>Les données récentes de <a href="http://www.espad.org/espad-report-2019">l’étude ESPAD 2019</a>, que <a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">je détaillais récemment</a>, indiquent quelles places respectives occupent le tabac et la vape dans les pratiques des jeunes Français et de leurs homologues européens.</p>
<p>La vape, quant à elle, attire davantage les garçons que les filles : 51 % des premiers se sont laissés tenter par l’e-cigarette, contre 41 % des secondes seulement des secondes, et 20 % des garçons ont vapoté au cours du dernier mois, contre 13 % des filles.</p>
<p>En 2017, j’avais également écrit que <a href="https://theconversation.com/le-vapotage-nest-pas-une-porte-dentree-dans-le-tabagisme-pour-les-jeunes-87833">le vapotage n’est pas une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes</a>. Si certaines études ont montré qu’il pouvait y avoir une association positive entre expérimentation de la vape et passage au tabac <a href="https://theconversation.com/la-cigarette-electronique-encourage-le-tabagisme-chez-les-ados-89549">dans les pays anglo-saxons</a>, ce lien causal n’est pas absolu.</p>
<p>En France notamment, cela ne semble pas être le cas, comme l’ont démontré plusieurs travaux, dont l’étude publiée fin 2020 par l’équipe de Stéphane Legleye. Effectuée auprès de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.15330">24 111 jeunes Français âgés de 17 à 18 ans</a>, elle apporte plusieurs éléments forts et, pour une fois, spécifiques au contexte français : </p>
<p>• Commencer avec la vape ne signifie pas une augmentation du risque de fumer du tabac ultérieurement ; cela diminue même le risque de manière importante (avec un risque relatif, RR, de 0,58 ; on considère qu’un effet est bénéfique quand RR est inférieur à 1) ;</p>
<p>• Plus l’expérimentation de la vape est tardive, plus le risque de passage au tabagisme dans un second temps diminue (le RR passant de 0,88 pour une initiation à l’âge de 11 ans à 0,38 à l’âge de 17 ans).</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Jeune femme en train de vapoter." src="https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La vape ne mène pas forcément les jeunes sur le chemin du tabagisme.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ISr5E7f7zkM">Maxim Potkin / Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans cette étude (<a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">ESPAD2019</a>), basée sur des questionnaires autorapportés, 5 616 jeunes Français ont déclaré avoir expérimenté la vape en premier et 2 410 d’entre eux n’ont pas expérimenté le tabac dans un deuxième temps. Par contre, on ne sait pas s’il y avait de la nicotine et/ou des arômes lors de cette expérimentation.</p>
<p>Si le contexte culturel de chaque pays joue évidemment un rôle, à l’échelle mondiale on n’a pas observé d’augmentation du tabagisme chez les jeunes depuis l’arrivée de la vape sur le marché mondial – ce serait même le contraire. Or, <a href="https://theconversation.com/pourquoi-retarder-linitiation-au-tabagisme-est-capital-86506">retarder l’initiation au tabagisme est capital</a>. Tout ce qui y contribue est à considérer. </p>
<p>Et si l’attrait des jeunes pour la vape s’accompagne du choix de ces produits sans monoxyde de carbone et chargé de beaucoup moins de substances toxiques, je dirai que c’est un moindre mal, tant le tabac est à l’origine de nombreuses maladies (cardio-vasculaires ou métaboliques, pulmonaires, nombreux cancers, etc.) et augmente le risque de décès. On parle de « réduction des risques pour la santé ». D’autant que bien souvent, il s’agira de vapoter sans nicotine ni substance addictive.</p>
<h2>Femme enceinte : la vape est déconseillée</h2>
<p>En 2020, le rapport d’experts <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Rapport_Recos-Tabagisme_Grossesse-CNGOF_SFT-2020.pdf">« Prise en charge du tabagisme en cours de grossesse</a> a été publié. Élaboré par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (<a href="http://www.cngof.fr/">CNGOF</a>) et la Société francophone de tabacologie (<a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/">SFT</a>), il déconseille le recours à la vape pendant la grossesse : </p>
<blockquote>
<p>« Bien que le fœtus ne soit pas exposé aux toxiques
combustibles de la cigarette “classique”, d’autres recherches sont
nécessaires sur les autres composants de la cigarette électronique,
comme les arômes. En l’état actuel des connaissances, il convient de respecter le principe de précaution. » </p>
</blockquote>
<p>On peut toutefois regretter que « vape, tabac chauffé, chicha et snus (tabac oral d’origine suédoise) » soient mis sur le même plan. Une étude menée en 2017 dans une maternité de Dublin (Irlande) permet d’aller plus loin et d’évaluer les effets du vapotage pendant la grossesse par rapport au tabac. <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1471-0528.16110">Elle a suivi 449 femmes enceintes sur 13 mois</a>, dont 195 vapo-fumeuses et 218 vapoteuses exclusives. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Femme en train de vapoter." src="https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La vape est déconseillée aux femmes enceintes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/vapoter-e-cig-vaporisateur-3677946/">sarahjohnson1 / Pixabay</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De ses résultats, publiés début 2020, il ressort une absence de conséquences sur le poids des enfants à la naissance chez les vapoteuses exclusives, à la différence de ce qui se mesure chez les vapo-fumeuses. En effet, le poids de naissance des bébés des vapoteuses est identique à celui des non-fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3471 ± 504 grammes), et supérieur à celui des enfants des fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3166 ± 502 grammes). Aucune différence n’est observée en termes de durée de grossesse et <a href="http://campus.cerimes.fr/maieutique/UE-puericulture/vie_extrauterine/site/html/7.html#:%7E:text=C%E2%80%99est%20un%20score%2C%20propos%C3%A9,pour%20juger%20d%E2%80%99une%20%C3%A9volution.">score d’Apgar </a>(Apparence, pouls, grimace, activité, respiration) à la naissance et passage en unité de soins intensifs.</p>
<h2>Les risques pour la santé</h2>
<p>Petit rappel : la communauté scientifique s’accorde pour dire que les émissions des vapoteuses sont moins nocives que la fumée des cigarettes. En effet, l’aérosol de la vape ne contient pas les nombreuses substances chimiques irritantes, toxiques et cancérigènes de la fumée de tabac comme les goudrons ou le monoxyde de carbone (de 9 à 450 fois moins). Une étude publiée en janvier 2021 par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304389420314060">l’Institut Pasteur</a> a établi que « les aérosols générés par les cigarettes électroniques contiennent moins de 1 % des toxiques retrouvés dans la fumée de cigarette ».</p>
<p>Et on sait également qu’il n’y a pas, dans la vape, <a href="https://www.cancer-environnement.fr/392-Cigarette-electronique.ce.aspx">de combustion incomplète</a> et par conséquent pas de monoxyde de carbone (CO). Ce gaz inodore et incolore se fixe sur nos globules rouges à la place de l’oxygène, et cela entraîne une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque.</p>
<p>Au Royaume-Uni, dès 2015, le ministère de la Santé écrivait ainsi que « <a href="https://www.gov.uk/government/news/e-cigarettes-around-95-less-harmful-than-tobacco-estimates-landmark-review">la vape réduit les risques pour la santé de 95 %</a> », en se référant au rapport du Public Health England, coordonné par les Professeurs Ann McNeill (King’s College London) et Peter Hajek (Queen Mary University of London), dont la dernière mise à jour date de <a href="https://www.gov.uk/government/publications/vaping-in-england-evidence-update-february-2021">février 2021</a>.</p>
<p>Si la vape n’a pas la nocivité de la cigarette, est-elle pour autant sans risque ? Les données restent pour l’heure compliquées à obtenir. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Homme en train de vapoter en marchant dans la rue." src="https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La plupart des adeptes de la cigarette électronique sont d’anciens fumeurs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/BPDSvauOc9k">Getúlio Moraes / Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’une des principales raisons est que la majorité des vapoteurs sont des ex-fumeurs ou vapo-fumeurs : il est difficile, dès lors, de préciser ce qui pourrait être attribuable à la vape, étant donné la toxicité du tabac, à court, moyen et long terme. <a href="https://www.addictaide.fr/larret-du-tabac-grace-a-la-vape-permet-de-reduire-les-risques-pour-la-sante-selon-le-specialiste-mondial-de-la-nicotine-le-professeur-benowitz/">C’est ce que pointe Neal Benowitz, spécialiste mondial de la nicotine,</a>, tout en rappelant que si la vape est moins nocive que le tabac, elle n’est pas sans risque.</p>
<p>Que penser de certaines publications scientifiques mentionnant un risque accru, chez l’animal, de <a href="https://www.pnas.org/content/116/43/21727">cancer du poumon et de la vessie</a>, ou évoquant des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6763255/">modifications de certaines cellules immunitaires (macrophages)</a> ? Ou des travaux <em>in vitro</em> (sur des cellules en culture) montrant des <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-97013-z">modifications d’expression de certains gènes</a> ? En 2015, une étude publiée dans <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1368837515003620">Oral Oncology</a> avait même montré une altération de l’ADN des cellules… Doit-on s’inquiéter de ces résultats ?</p>
<h2>Se méfier des conditions expérimentales</h2>
<p>Un point important à souligner est que les conditions expérimentales de ces études sont irréalistes. En outre, leur extrapolation à l’être humain est contestable. </p>
<p>Concernant par exemple <a href="https://www.pnas.org/content/116/43/21727">l’étude de la revue PNAS</a> mentionnant un risque accru de cancer du poumon et de la vessie chez la souris, il s’agissait de travaux menés sur quarante souris, exposées aux fumées de cigarette électronique pendant 54 semaines, soit un peu plus d’un an. Elles les respiraient quatre heures par jour, cinq jours par semaine, <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/que-penser-de-l-etude-americaine-qui-fait-le-lien-entre-cigarette-electronique-et-cancer-chez-les-souris_3653345.html">des conditions extrêmes qui n’ont rien à voir avec la réalité</a>. De plus, la concentration de nicotine utilisée (36 mg/mL) est presque deux fois plus élevée que le seuil autorisé en France (20 mg/mL), et le nombre de souris dans l’expérience témoin est trop faible : d’où un risque de biais statistiques. </p>
<p>Pour le professeur Bertrand Dautzenberg, tabacologue et président de la commission de normalisation AFNOR sur les cigarettes électroniques, huit points doivent être présents à l’esprit devant de telles études :</p>
<p>1- L’e-cigarette ne produit pas de fumée : c’est une inexactitude scientifique qui permet de classer les articles partisans ;</p>
<p>2- Il faut analyser avec intelligence ces résultats : les rayons du soleil sont classés cancérogènes certains pour l’être humain… mais sont néanmoins bons pour la vie sur Terre ;</p>
<p>3- L’être humain n’est pas une souris : la plupart des études de cancérogénèse positives par inhalation chez la souris ne sont pas confirmées chez l’être humain ;</p>
<p>4- Les auteurs ne disent pas que cela cause le cancer, mais pourrait y contribuer, et invitent à conduire des études complémentaires ;</p>
<p>5- Les conditions d’expositions sont souvent farfelues ;</p>
<p>6- L’e-cigarette ne sera jamais conseillée par un médecin à un non-fumeur et 99 % des vapoteurs ont une histoire avec la cigarette. Ne pas prendre un contrôle négatif sans exposition et un contrôle positif est une erreur méthodologique majeure ;</p>
<p>7- Ces études peu rigoureuses se multiplient, ce qui pose la question de savoir qui a intérêt à publier autant de mauvaise science et pourquoi ;</p>
<p>8- Il ne faut analyser que les études ayant un design correct (comparaison avec la fumée de tabac).</p>
<h2>L’e-cigarette n’est pas un gadget récréatif</h2>
<p>Rappelons ici que le CDC américain (Centers for disease control - principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique) recommande notamment aux adolescents et aux jeunes adultes <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/Quick-Facts-on-the-Risks-of-E-cigarettes-for-Kids-Teens-and-Young-Adults.html ?s_cid=OSH_misc_M294">d’en éviter l’usage</a>. </p>
<p>Récemment, 15 experts antitabac de renom, anciens directeurs de la Society for Research on Nicotine and Tobacco, ont par ailleurs publié un article <a href="https://ajph.aphapublications.org/doi/pdf/10.2105/AJPH.2021.306416">sur les risques et les bénéfices de l’e-cigarette</a>. Ils y proposent une série de mesures pour limiter l’accès aux plus jeunes, comme taxer plus fortement les produits du tabac combustibles (et taxer à minima les produits de la vape), n’autoriser la vente d’e-liquides aromatisés qu’en boutiques uniquement accessibles aux majeurs.</p>
<p>Par ailleurs, la survenue, en 2019, de centaines de cas du syndrome <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html#overview">EVALI</a> (« E-cigarette or Vaping Use-Associated Lung Injury »), une maladie pulmonaire sévère liée à l’usage de e-cigarettes, souligne l’importance de l’origine et de la composition des e-liquides. Si des <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1911614">interrogations semblent demeurer</a> sur les substances impliquées, ils auraient pu contenir du THC et du CBD (cannabinoïdes issus du cannabis), et avoir été <a href="https://theconversation.com/la-vape-un-marche-en-pleine-mutation-164126">achetés hors des circuits légaux</a>.</p>
<p>Pour s’assurer que les liquides vendus respectent les doses légales de nicotine notamment, il faut acheter en boutique des produits de distributeurs français répondant aux <a href="https://normalisation.afnor.org/thematiques/cigarettes-electroniques/">normes AFNOR</a>. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a de son côté établi une liste de référence inédite, référençant près de 1 200 substances identifiées. Elle envisage en outre d’évaluer <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2020DPA01.pdf">les risques liés à l’inhalation de certaines substances</a>.</p>
<p>Pour conclure, il est important de garder à l’esprit que la cigarette électronique n’est pas un gadget récréatif destiné aux non-fumeurs ou aux mineurs, mais bien un outil - efficace - visant au sevrage tabagique.</p>
<hr>
<p>Remerciements au Pr Bertrand Dautzenberg pour ses commentaires pertinents.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166851/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est administrateur de la Société francophone de tabacologie (SFT), de l'Instance régionale Auvergne Rhône Alpes de promotion de la santé (IREPS) et de l'Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (IRAAT).</span></em></p>« C’est la vape que je préfère ! » : pour arrêter de fumer, la méthode favorite des Français reste la cigarette électronique. Mais qu’en pensent les autorités de santé et les scientifiques ?Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1365622020-04-22T07:51:47Z2020-04-22T07:51:47ZLa pandémie de coronavirus, une occasion supplémentaire d'arrêter de fumer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/328720/original/file-20200417-152567-1kwoqk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1066%2C2984%2C2258&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le confinement peut aggraver l’envie de cigarettes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/05kxiwYKINo">Tobias Tullius / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Voici maintenant plus d’un mois que le confinement a été mis en place en France, dans le cadre de la pandémie de Covid-19. Parmi les commerces de première nécessité dont la liste a été établie par <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041746694&categorieLien=id">décret</a> figurent les « commerces de détail de produits à base de tabac », ce qui signifie que les fumeurs peuvent toujours sortir de chez eux pour aller acheter leur tabac.</p>
<p>Cette situation m’a amené à quelques réflexions que j’aimerais partager ici avec vous. Le tabagisme étant un des facteurs aggravants du Covid-19, et la situation actuelle pouvant l’accroître ou entraîner les ex-fumeurs à rechuter (sous l’effet du stress, de la peur d’être porteur du virus, du confinement, etc.), ne s’agit-il pas d’une occasion d’arrêter de fumer ?</p>
<h2>La fumée de tabac est à l’origine de nombreuses maladies mortelles</h2>
<p>Avant tout, il n’est pas inutile de rappeler que la fumée de tabac contient de très nombreuses substances irritantes et cancérogènes, ainsi que du monoxyde de carbone (CO).</p>
<p>Il est aujourd’hui incontestablement établi que le tabagisme est associé à <a href="https://www.rev-mal-respir.com/article/157296/epidemiologie-du-tabagisme">trois grands groupes de pathologies</a> : les cancers (bronches et poumons, vessie, ORL, œsophage, estomac, colon, foie, pancréas), les maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, infarctus myocardique, AVC, artérite des membres inférieurs) et les pathologies respiratoires chroniques (BPCO, asthme). Il est également associé à des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0761842516306611">maladies métaboliques</a> telles que le diabète et l’obésité.</p>
<p>En 2020 s’est déclarée une nouvelle pandémie, celle du Covid-19. Plusieurs publications chinoises ont déjà décrit les facteurs de risque associés à la gravité de cette maladie : l’hypertension artérielle, l’infarctus du myocarde, la <a href="https://theconversation.com/la-charcuterie-augmente-le-risque-de-maladies-respiratoires-131889">bronchopneumopathie chronique obstructive</a>, <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30566-3/fulltext">le</a> <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2002032">diabète</a> et <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3556658">l’obésité</a>.</p>
<p>Autant de travaux qui mettent en évidence des complications du tabagisme. Cependant les études épidémiologiques récentes ne portent pas toutes sur les mêmes critères : facteurs associés au décès, ou bien facteurs associés à une forme sévère de la maladie, à une réanimation lourde. Examinons-les plus attentivement.</p>
<p>Les travaux publiés par <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2002032">Wei-jie Guan et ses collaborateurs</a> portaient sur 1 099 patients. Ils indiquent que sur 173 patients ayant développé une forme sévère de la maladie Covid-19, 16,9 % étaient fumeurs. Sur 926 patients atteints par la forme non sévère de la maladie figuraient 11,8 % de fumeurs. Lorsqu’on s’intéresse au critère principal de gravité (prise en charge en soins intensifs, ventilation assistée ou décès), le nombre de fumeurs est de 25,8 %, bien plus élevé que chez ceux qui ne correspondent pas à ce critère de gravité (parmi lesquels ne figurent que 11,8 % de fumeurs).</p>
<p>De leur côté, <a href="https://journals.lww.com/cmj/Abstract/publishahead/Analysis_of_factors_associated_with_disease.99363.aspx">Wei Liu et ses collaborateurs</a> ont montré dans leur étude menée sur 78 patients que le tabagisme est un facteur de gravité de la maladie (<a href="https://www.em-consulte.com/rmr/article/143634">rapport de cotes ou odds ratio</a> OR=14,3) dans un modèle d’analyse multivariée.</p>
<p>Le 25 mars 2020, la Société Francophone de Tabacologie a publié un communiqué de presse intitulé <a href="http://www.societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/SFT-CP-Tabac-et-Covid19-2020_03_25.pdf">« coronavirus/Covid-19 et tabagisme : l’importance de l’arrêt du tabac »</a>. Elle cite ces deux études chinoises, précisant le rôle du tabagisme dans l’évolution de la maladie et indiquant que ces résultats descriptifs qui ne portent que sur un faible nombre de cas ne permettent pas de tirer des conclusions fermes.</p>
<p>Toutefois, en sachant que le tabagisme est un facteur de risque majeur des maladies broncho-pulmonaires et des infections, ces résultats ne peuvent pas être ignorés.</p>
<h2>Attention au cercle vicieux</h2>
<p>Le confinement génère du stress, qu’il soit lié à la maladie elle-même, à l’angoisse liée au risque d’être atteint par ce virus invisible, ou à celle liée aux conséquences sur le plan professionnel ou familial, etc. Cette situation majore la <a href="https://www.addictaide.fr/tabac/comprendre-l-addiction/">dépendance psychologique</a> des fumeurs : « je fume parce que je suis stressé, je ne me sens pas bien, je suis anxieux » et « lorsque je fume, je me sens mieux, plus détendu ».</p>
<p>Le fait d’avoir fumé une cigarette ne règle pas le problème, puisque le facteur déclenchant reviendra, et avec lui l’envie de fumer une autre cigarette. Se met alors en place le cercle vicieux que nous connaissons bien en tabacologie :</p>
<p>situation déclenchante → émotion → pensée automatique → comportement → conséquences.</p>
<p>Détaillons les différentes phases qui vont se succéder :</p>
<ul>
<li><p><em>la situation déclenchante</em> : je suis confiné chez moi, j’entends de nombreuses informations à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux concernant l’évolution de la maladie du coronavirus, les conditions de travail difficiles du personnel dans les hôpitaux et dans les Ehpad, les enfants qui ne peuvent pas sortir et sont difficiles à gérer dans un espace restreint, etc. ;</p></li>
<li><p><em>l’émotion que je ressens</em> : l’anxiété, la peur, la colère montent :</p></li>
<li><p><em>la pensée automatique</em> : je me sens inutile, je suis énervé et une cigarette va me calmer, elle va m’aider à penser, à me concentrer ;</p></li>
<li><p>le comportement : je fume une cigarette ;</p></li>
<li><p>les conséquences : je me sens plus calme, plus relaxé, la tension retombe, je respire mieux, je me sens moins oppressé.</p></li>
</ul>
<p><a href="https://images.theconversation.com/files/328448/original/file-20200416-192731-g3a5km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"></a> Le cercle vicieux bien connu des tabacologues. Philippe Arvers</p>
<p>Et rapidement, une nouvelle situation déclenchante va relancer ce cercle vicieux. En confinement, la consommation de tabac va donc être importante, probablement plus fréquente au cours de la journée.</p>
<p>Point important à souligner : le confinement a des conséquences pour les fumeurs (de tabac et/ou de cannabis) et chez les vapoteurs, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour leur entourage, confiné dans le même espace.</p>
<p><strong>Briser le cercle</strong></p>
<p>Comment modifier ce comportement ? Les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-129883">thérapies cognitives et comportementales</a> ont toute leur place ici. En se focalisant sur cette dépendance psychologique, des solutions existent, adaptées à chacun. Le but est de sortir du cercle vicieux pour entrer dans un cercle vertueux, un <a href="https://www.em-consulte.com/rmr/article/1302041">cercle constructif</a> !</p>
<p>Il est pour cela nécessaire de modifier l’un ou plusieurs éléments dudit cercle vicieux :</p>
<ul>
<li><p>s’il est, dans le cas du confinement, difficile de supprimer la cause déclenchante, se soustraire au flux d’informations en évitant de consulter les médias plusieurs fois par jour est possible ;</p></li>
<li><p>la gestion des émotions peut être améliorée de diverses façons : exercices respiratoires, yoga, sophrologie, <a href="https://theconversation.com/sous-pression-pour-eviter-de-craquer-meditez-en-pleine-conscience-92213">méditation pleine conscience</a>, psychologie positive sont utiles et efficaces ;</p></li>
<li><p>la lutte contre les pensées automatiques est importante. Il faut analyser ses croyances (« non, une cigarette ne peut pas me calmer, mais il faut que je fasse des exercices respiratoires, de la cohérence cardiaque »), se méfier aussi des #FakeNews qui circulent et leur opposer une réalité objective ;</p></li>
<li><p>adopter des comportements alternatifs : au lieu de fumer, prendre un verre d’eau, par exemple ;</p></li>
<li><p>enfin, examiner les conséquences de ces changements et les noter par écrit, car ce sont des éléments de renforcement positif. Or il est important de renforcer le <a href="https://www.cairn.info/revue-savoirs-2004-5-page-59.htm">sentiment d’efficacité personnelle</a>.</p></li>
</ul>
<h2>Sortir de cet engrenage en arrêtant de fumer</h2>
<p>Le meilleur comportement alternatif durable, est bien entendu l’arrêt du tabac. Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous. Oui, mais c’est possible, même si ce n’est pas la première fois que vous vous y essayez. En outre, le fait d’être accompagné double les chances de réussite.</p>
<p>La dépendance nicotinique sera gérée avec un apport de nicotine suffisant pendant un délai suffisant (au moins trois mois), à l’aide de substituts nicotiniques (patchs et formes orales) et par la vape. La dépendance psychologique sera gérée grâce aux exercices respiratoires, à la cohérence cardiaque qui permet de s’accorder du temps pour respirer différemment et sans s’intoxiquer, pendant 5 minutes 3 fois par jour. Il existe pour cela des applications sur smartphone comme RespiRelax+, par exemple. Enfin, la dépendance comportementale sera gérée en mettant en place divers comportements alternatifs tout au long de la journée.</p>
<p>Il faut garder à l’esprit que le <a href="https://theconversation.com/les-cinq-substances-les-plus-addictives-au-monde-et-leurs-effets-sur-le-cerveau-67962">système de récompense</a> de notre cerveau va être sollicité, avec pour conséquence le risque que survienne l’envie de consommer de l’alcool. En cette période de confinement, les apéros virtuels ou non reviennent à la mode, au risque de rompre une abstinence ou une réduction de consommation mise en place depuis plusieurs mois ou années.</p>
<p>La vigilance est donc de mise, et il ne faut pas hésiter à évaluer sa consommation en se référant aux seuils établis par <a href="https://www.drogues.gouv.fr/actualites/sante-publique-france-presente-nouvelles-recommandations-lalimentation-y-compris-lalcool">Santé publique France</a> : 2 verres par jour au maximum, 5 jours par semaine au plus.</p>
<p>Cette période de confinement, qui selon toute vraisemblance est encore loin de se terminer, constitue malgré tout une occasion inédite s’il en est de faire le point sur sa consommation de tabac et de choisir d’arrêter de fumer, pour sa santé et celle de ses proches.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est publié en partenariat avec Addict’Aide, <a href="https://www.addictaide.fr/inscription-a-la-newsletter/">dont la newsletter permet de s’informer sur toutes les questions d’addiction</a>. Le portail Addict’Aide est soutenu par MGEN, groupe VYV.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/136562/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est administrateur de la Société Francophone de Tabacologie (SFT) et de l'Institut Rhône-Alpes-Auvergne de Tabacologie (IRAAT), ainsi que de la Mutualité Française de l'Isère (MFI-SSAM).
Il est par ailleurs délégué de la mutuelle UNEO.</span></em></p>Hypertension, infarctus, bronchopneumopathie chronique obstructive… Les complications du tabagisme sont autant de facteurs de risque de gravité du Covid-19. Une raison de plus d’arrêter le tabac.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1315892020-03-31T18:20:48Z2020-03-31T18:20:48ZVape et sevrage tabagique : fake news en série<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/318587/original/file-20200304-66056-1j5q6fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/5AeWY1scy-Q">Nery Zarate / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>Il ne se passe pas une semaine sans que les médias, bien souvent sans vérifier leurs sources, nous abreuvent de nouvelles alarmistes sur la « vape » – j’emploie ce terme, plutôt que « cigarette électronique » ou « eCigarette », car il n’y a pas de combustion, donc pas de fumée, mais un dégagement de vapeur d’eau. Or ces nouvelles à charge, dénoncées par les tabacologues, entretiennent un climat de défiance et une peur d’utiliser la « vape ». Fin 2019, le Dr Marion Adler (Hôpital Antoine Béclère de Clamart–APHP) s’est ainsi alarmée du fait que bon nombre d’ex-fumeurs devenus « vapoteurs » délaissent la vape pour se remettre au tabac 100 % toxique et mortel, suite à ces rumeurs sans fondements.</p>
<p>En cette période de confinement liée au Covid-19, beaucoup de désinformation sur la vape et le risque de transmission du virus.</p>
<h2># Fake news n°1 : L’usage de la vape, occasionnel ou régulier, est associé à un risque accru d’infarctus du myocarde</h2>
<p>En juin 2019, Stanton Glantz (professeur de médecine et directeur du Center for Tobacco Control Research and Education, Université de San Francisco, Californie) et Dharma Bhatta (épidémiologiste et chercheur en santé publique au Center for Tobacco Control Research and Education) publiaient un article dans le <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/JAHA.119.012317">journal de l’American Heart Association (JAHA)</a>, affirmant que la vape double le risque de faire une crise cardiaque. Leur analyse s’appuyait sur les données de l’étude de cohorte PATH (Population Assessment of Tobacco and Health survey), qui porte sur plus de 32 000 américains suivis entre 2013 et 2014. Mais dès 14 août 2019, Clive Bates (spécialiste en santé publique et ancien directeur de l’association de lutte contre le tabac <a href="https://ash.org/">ASH</a>) dénonçait sur <a href="https://www.clivebates.com/vaping-risk-compared-to-smoking-challenging-false-dangerous-claim-by-stanton-glantz/#C6">son blog</a> la méthodologie et les résultats de cette étude.</p>
<p>De fait, Brad Rodu (professeur de médecine à l’université de Louisville, aux USA) et Nantaporn Plurphanswat (chercheuse en économie de la santé à l’université de Louisville), avaient déjà <a href="https://www.researchgate.net/publication/326302160_E-cigarette_Use_Among_US_Adults_Population_Assessment_of_Tobacco_and_Health_PATH_Study">publié en 2018</a> sur l’étude PATH, et montré que la majorité des patients avaient fait leur infarctus <em>avant</em> de se mettre à la vape (en moyenne, 10 ans plus tôt). Or Glantz et Bhatta ayant omis de le préciser, Rodu et Plurphanswat avaient contacté une première fois le <a href="https://drive.google.com/file/d/1X2uVsS5cyMB3GXxhT9-1QBq7ydCncYli/view">11 juillet 2019</a> les éditeurs du JAHA en les informant que les conclusions de leurs collègues étaient fausses, et en leur demandant que la publication soit retirée.</p>
<p>La réponse se fit attendre. Alors le 18 juillet 2019 les deux chercheurs adressèrent à JAHA un <a href="https://drive.google.com/file/d/1BqP_e1xD3oa54KALAsE38-aNa4b7dFiD/view">second courrier</a> pour expliquer que Glantz et Bhatta « savaient que l’infarctus était antérieur au recours à la vape ». Puis faute de retour, le 20 janvier 2020, une <a href="https://reason.com/wp-content/uploads/2020/02/Letter-to-JAHA-re-Bhatta-Glantz-20-Jan-2020-Final.pdf">troisième lettre</a> fut envoyée aux éditeurs, cette fois signée par 20 personnalités, dont le Pr <a href="https://www.qmul.ac.uk/wolfson/about-us/profiles/hajekpeter.html">Peter Hajek</a>, le Pr <a href="https://www.kcl.ac.uk/ioppn/depts/addictions/people/profiles/annmcneill">Ann McNeill</a> et le Dr <a href="https://www.researchgate.net/profile/Konstantinos_Farsalinos">Konstantinos Farsalinos</a>.</p>
<p>Cette fois, une réponse finit par arriver, le 18 février 2020, avec le <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/JAHA.119.014519">retrait de la publication</a>. Mais ce retrait aura pris six mois, pendant lesquels de très nombreux ex-fumeurs auront renoncé à la vape.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=778&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=778&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=778&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=978&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=978&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/318267/original/file-20200303-66078-1gjcz96.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=978&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">AHA retracted.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AHA</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sur <a href="https://rodutobaccotruth.blogspot.com/">son blog</a>, le Pr Brad Rodu détaille par ailleurs les fonds reçus par le Pr Stanton Glantz pour cette étude : 13,6 millions de dollars. Et l’on peut légitimement se demander s’il ne doit restituer cette somme, après avoir falsifié les résultats qu’il a publiés. D’autant qu’il n’en est pas à son coup d’essai : en 2018, déjà, dans une étude publiée dans l’<a href="https://www.ajpmonline.org/article/S0749-3797(18)31871-3/fulltext">American Journal of Preventive Medicine</a> et portant sur des données des National Health Interview Surveys de 2014 et 2016, il concluait que le recours à la vape quotidienne augmentait le risque d’infarctus du myocarde.</p>
<h2># Fake news n°2 : Une épidémie de pneumopathies aux USA chez les utilisateurs de la vape</h2>
<p>Le 7 septembre 2019, le magazine <em>Le Point</em> titrait l’un de ses articles : <a href="https://www.lepoint.fr/sante/cigarette-electronique-une-maladie-inquietante-tue-5-personnes-aux-etats-unis-07-09-2019-2334192_40.php">« Cigarette électronique : une maladie inquiétante tue cinq personnes aux États-Unis »</a>. Le texte s’inspirait d’une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) ayant pris ses sources auprès du <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/68/wr/mm6836e1.htm">CDC</a> (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, agence fédérale américaine), lequel avait mis en ligne sur son site un communiqué (Rapport hebdomadaire Morbidité et Mortalité) sur « la survenue de pneumopathies lipidiques aiguës liées à la cigarette électronique en Caroline du Nord, en juillet-août 2019 ».</p>
<p>Plus de 200 cas – hospitalisés et guéris après un traitement médical adapté – avaient alors été recensés dans 25 états américains, dont 5 en Caroline du Nord. Mais leur origine réelle, bien qu’étant identifiée, n’avait pas été prise en compte clairement par le <a href="https://www.eurekalert.org/pub_releases/2020-01/mdpi-vea012220.php">CDC</a> : il s’agissait de THC (huile, en particulier) et d’acétate de Vitamine E présent dans les eLiquides de contrefaçon achetés dans la rue ou sur Internet. Pourtant, dès le mois d’août 2019, des <a href="https://www.eurekalert.org/pub_releases/2020-01/mdpi-vea012220.php">chercheurs du Centre Wadsworth</a> (Albany – état de New-York) avaient analysé 38 échantillons et alerté les autorités sanitaires (CDC, FDA et autorités locales) sur la présence de l’acétate de Vitamine E, cause de ces pneumonies lipidiques.</p>
<p>En France, une alerte <a href="https://dgs-urgent.sante.gouv.fr/dgsurgent/inter/detailsMessageBuilder.do?id=30200&cmd=visualiserMessage">« DGS-urgent »</a> fut lancée le 8 octobre 2019, et relayée le 8 du mois par le journaliste Jean‑Yves Nau sur <a href="https://jeanyvesnau.com/2019/10/08/urgent-direction-generale-de-la-sante-aucune-epidemie-chez-les-vapoteurs-francais-nest-a-signaler/">son blog</a>. Mais contrairement aux États-Unis, ou le suivi sanitaire des cas de pneumopathies sévères chez des vapoteurs a été déclenché (au 10 janvier 2019, 1 080 cas, dont 18 décès), aucune épidémie n’a été détectée à ce jour dans notre pays.</p>
<p>À ce propos, soulignons qu’en lien avec Santé publique France, les agences sanitaires, les partenaires du réseau de prévention des addictions et les sociétés savantes de médecine d’urgence, de réanimation et de pneumologie, le Ministère des Solidarités et de la Santé a mis en place un dispositif de signalement et d’investigation des cas de pneumopathies sévères chez des utilisateurs de dispositifs de vapotage. Les médecins peuvent effectuer le signalement sur le <a href="https://signalement.social-sante.gouv.fr/psig_ihm_utilisateurs/index.html">portail dédié</a>, dans la rubrique « Effet sanitaire indésirable suspecté d’être lié à des produits de consommation » (sous l’intitulé « vapotage & pneumopathie »).</p>
<p>Ajoutons par ailleurs que chacun peut consulter les informations actualisées de l’alerte américaine <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease/healthcare-providers/index.html">sur le site du CDC</a>. Enfin, le dispositif de surveillance active des pneumopathies sévères en lien avec le vapotage est détaillé <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/dispositif-de-signalement-des-pneumopathies-severes-liees-au-vapotage">sur le site de Santé Publique France</a>. Et les modalités de signalement de tout autre effet inhabituel, en lien avec le vapotage, restent identiques (via les rubriques de toxicovigilance ou d’addictovigilance selon les produits consommés ou suspectés).</p>
<p>Au final, il aura fallu attendre le 16 octobre pour que la Société francophone de tabacologie (SFT) fasse un <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/SFT-CP-vape-2019_10_16.pdf">premier communiqué de presse</a>, et le 1<sup>er</sup> novembre pour que la SFT produise un <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/CP-SFT_SPLF-MoissansTabac-20191101.pdf">second communiqué</a> avec la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) sur la place de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique. Et force est de constater que les alertes américaines se sont produites alors même que le marché la vape est en plein essor, quand le BigTobacco, ou industrie du tabac, fait face depuis trois ans à un <a href="https://citizenpost.fr/industrie-du-tabac-lineluctable-declin/">déclin mondial</a> : British American Tobacco (BAT) a ainsi annoncé en septembre la suppression de 2 300 emplois dans le monde, et chez Philip Morris International (PMI), les bénéfices ont diminué de 16 % au 3<sup>e</sup> trimestre 2019.</p>
<h2># Fake news n°3 : La vape, porte d’entrée dans le tabagisme</h2>
<p>Voilà longtemps qu’on entend parler d’une passerelle entre la vape et le tabac, bien que les études scientifiques démontrent le contraire, avec force données épidémiologiques – j’avais déjà évoqué le sujet dans <a href="http://theconversation.com/le-vapotage-nest-pas-une-porte-dentree-dans-le-tabagisme-pour-les-jeunes-87833">The Conversation</a> en 2017. Or aux États-Unis, le succès rencontré par la Juul ces deux dernières années, auprès des jeunes en particulier, a renforcé la diabolisation de la vape.</p>
<p>Rappelons que la Juul est un vaporisateur de sels de nicotine (de l’acide benzoïque est ajouté à la nicotine-base, permettant un ressenti au plus proche des sensations induites par la consommation d’une cigarette traditionnelle) avec des recharges (Juulpods) et fortement dosé (59 mg/ml) au design très attractif dont les <a href="http://www.slate.fr/story/161203/juul-cigarette-electronique-jeunes-americains-accros">ventes se sont envolées en 2017 et 2018</a>, en dépit d’un prix élevé. Et comme le souligne une étude britannique publiée en janvier dernier dans <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/add.14936">Addiction</a>, les taux de nicotine mesurés dans le sang après une bouffée de Juul sont similaires à ceux atteints avec du tabac, et supérieurs à ceux des vapes classiques.</p>
<p>Le dosage de la Juul est néanmoins interdit en Europe, où le taux de nicotine ne peut pas dépasser 19,9 mg/ml. Quant aux autres cigarettes électroniques, il semble bien que leur usage tende à se dissocier du tabagisme, si l’on en croit un rapport de l’Observatoire français des drogues et tocicomanies (OFDT) publié en <a href="https://www.ofdt.fr/ofdt/fr/tt_19bil.pdf">février</a>) dernier. On y apprend que l’expérimentation de la cigarette électronique « s’est accrue chez les lycéens de 17 points par rapport à 2015 », mais aussi que son « usage au cours du mois chez ces derniers est passé de 10,0 % à 16,6 % en trois ans ». « De la même manière, 5,6 % des lycéens déclarent avoir fumé exclusivement une cigarette électronique au cours du mois (7,0 % des garçons vs 4,2 % des filles), contre 2,7 % trois ans auparavant, poursuit le rapport, en ajoutant que ces résultats « laissent entendre que la pratique de la cigarette électronique tendrait, aujourd’hui, à se dissocier de plus en plus de l’usage de tabac en population adolescente ».</p>
<h2># Fake News n°4 : La vape, source d’infections bucco-dentaires</h2>
<p>Si la fumée de tabac a un rôle indéniable dans la survenue de <a href="https://www.em-consulte.com/rmr/article/237461">maladies du parodonte</a>, et de la gencive en particulier, on associe la vape à diverses bactéries et champignons. Fin février, on pouvait ainsi lire sur Twitter : « en vapant, on dépose des niveaux importants de bactéries dans la bouche, augmentant ainsi le risque d’infection. » De fait, comme l’explique <a href="https://www.edimark.fr/bertrand-dautzenberg">Bertrand Dautzenberg</a>, professeur de médecine et praticien dans le service de pneumologie de l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris, « il est vrai qu’arrêter de fumer change le biotope de la bouche et ceci est vrai avec et sans produit ». Voilà pourquoi, ajoute-t-il, des aphtes font souvent suite à l’arrêt du tabac. En précisant que « le liquide stérile ne dépose aucune bactérie ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1233347251336044546"}"></div></p>
<p>La liste des <em>fake news</em> est encore longue, trop longue pour être entièrement exposée ici. Et ce, alors même que bon nombre de professionnels de santé s’accordent à souligner l’intérêt de la vape, comparée au tabac : d’après une méta-analyse effectuée par les experts du <a href="https://www.nhs.uk/news/heart-and-lungs/e-cigarettes-95-less-harmful-than-smoking-says-report/">système de santé publique du Royaume-Uni</a> et datant de 2015, si l’on ne peut garantir que la vape soit sûre à 100 %, elle réduit les risques pour la santé de <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/454517/Ecigarettes_a_firm_foundation_for_evidence_based_policy_and_practice.pdf">95 %</a> par rapport au tabac ! Ceci vient d’être resouligné dans le rapport annuel du Public Health England (<a href="https://www.gov.uk/government/publications/vaping-in-england-evidence-update-march-2020/vaping-in-england-2020-evidence-update-summary">PHE</a>) le 4 mars 2020.</p>
<hr>
<p><em>Merci à Sébastien Béziau, créateur de <a href="https://www.vapyou.com/">Vapyou</a>, pour la <a href="https://www.vapyou.com/france-2-fakenews-mensonges-tromperies-vapotage/">chasse aux #Fake News</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131589/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est administrateur de la Société Francophone de Tabacologie (SFT) et de l'Institut Rhône-Alpes-Auvergne de Tabacologie (IRAAT), ainsi que de la Mutualité Française de l'Isère (MFI-SSAM). </span></em></p>Alors que les médias ne cessent de relayer des informations mensongères sur les méfaits de la vape, il est peut-être temps de rétablir quelques vérités.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1318892020-03-05T19:02:22Z2020-03-05T19:02:22ZLa charcuterie augmente le risque de maladies respiratoires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/317882/original/file-20200229-24685-1hmtpvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/lAZqUCAOvOk">Alex Guillaume / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>Une consommation modérée de charcuterie (au moins une fois par semaine) augmente le risque de développer une maladie chronique et inflammatoire des bronches : la <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco">bronchopneumopathie chronique obstructive</a> (BPCO). Ces résultats, publiés en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2589537019301348">septembre dernier</a> par une équipe de chercheurs de l’Inserm (Villejuif, France) et de l’école de Santé publique d’Harvard (Boston, États-Unis), ont été obtenus d’après les données recueillies auprès de 87 000 infirmières américaines suivies en moyenne pendant 26 ans.</p>
<h2>Qu’est-ce que la BPCO ?</h2>
<p>Bien que faisant partie, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/44253/9789242597417_fre.pdf;jsessionid=8259F0CD417EC4203541B95EE9D0B123?sequence=1">quatre maladies chroniques</a> contre lesquelles il faut lutter, la BPCO reste trop méconnue du grand public. Les médias et les pouvoirs publics l’évoquent peu. Pourtant, à l’échelle du globe, elle touche plus de 250 millions de personnes et représente la troisième cause de mortalité.</p>
<p>Autrefois appelée « bronchite chronique » ou « emphysème », la BPCO se caractérise par une diminution irréversible (voire non entièrement réversible, même à l’aide d’un traitement) du calibre des bronches et s’accompagne de crachats, d’une toux chronique et/ou d’un essoufflement. C’est une maladie évolutive dont le diagnostic est souvent trop tardif.</p>
<p>Si elle n’est pas seulement une maladie de fumeur, le tabagisme représente son principal facteur de risque. Et pendant longtemps, la BPCO concernait principalement des hommes de plus de 50 ans. Mais le développement du tabagisme féminin a changé la donne : la maladie touche aujourd’hui autant de femmes que d’hommes. Enfin, on sait que le niveau de la fonction ventilatoire peut être altéré bien plus tôt – notamment en cas de prématurité et de tabagisme maternel. Ce qui explique peut-être la proportion non négligeable de BPCO précoce.</p>
<h2>Pourquoi seuls certains fumeurs sont-ils atteints ?</h2>
<p>Pour répondre à cette question, on peut invoquer des composantes génétiques. Mais l’existence de facteurs de risque autres que le tabac a aussi été suggérée. On a ainsi souligné le rôle néfaste de la pollution atmosphérique, des expositions professionnelles ou domestiques à des poussières, des produits de nettoyage ou des substances chimiques, ou encore de fréquentes infections respiratoires au cours de l’enfance.</p>
<p>A ce jour, leur prise en compte n’a toutefois pas permis de mettre en place des mesures de prévention efficaces. Voilà pourquoi en mai dernier, un groupe d’experts a rappelé dans <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)30950-X/fulltext"><em>The Lancet</em></a> l’urgence de nouvelles recherches visant à identifier de nouveaux facteurs de risque. Et il semble bien que l’alimentation puisse jouer un rôle majeur. En effet, une alimentation riche en antioxydants, que l’on retrouve principalement dans les fruits et légumes, pourrait contrebalancer les effets oxydants du tabac dans la survenue des BPCO.</p>
<p>Les études épidémiologiques américaines « Nurses » Health Study » (NHSI et NHSII) et « Health Professional Follow-up Study » (HPFS) font partie des <a href="https://theconversation.com/comprendre-lepidemiologie-110721">études de cohorte emblématiques</a> qui ont permis d’identifier de nombreux facteurs de risque pour diverses maladies. Les effectifs et le suivi sont considérables : 121 700 femmes suivies depuis 43 ans dans la cohorte NHSI, 116 430 femmes suivies depuis 30 ans dans la NHSII, et plus de 59 000 hommes suivis depuis 33 ans dans la HPFS. Et grâce à ces données fiables (un très large effectif et un très long suivi), nous <a href="https://www.bmj.com/content/350/bmj.h286">avons montré</a> qu’une alimentation saine était associée à une diminution de plus de 30 % du risque de BPCO aussi bien chez les femmes que chez les hommes.</p>
<p>La qualité de l’alimentation y était évaluée par le biais de l’« Alternate Healthy Eating Index 2010 » (AHEI-2010). Cet indice a été <a href="https://academic.oup.com/jn/article/142/6/1009/4688968">élaboré</a> en tenant compte des connaissances scientifiques les plus récentes. Il attribue à l’alimentation un caractère sain si trois paramètres sont présents :</p>
<ul>
<li><p>une consommation élevée de céréales complètes, de fruits, de légumes, de légumes secs, d’acides gras polyinsaturés et d’acides gras de type oméga-3 ;</p></li>
<li><p>une consommation modérée d’alcool ;</p></li>
<li><p>une consommation limitée (voir nulle) de viandes rouges, charcuteries, sel, acides gras <em>trans</em> et boissons gazeuses sucrées.</p></li>
</ul>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comprendre-lepidemiologie-110721">Comprendre l’épidémiologie</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>La charcuterie en ligne de mire</h2>
<p>L’alimentation est une variable complexe, aux effets protecteurs ou délétères sur la santé. Depuis une dizaine d’années, notre groupe de chercheurs, et d’autres depuis, ont suggéré qu’une consommation élevée de charcuterie augmente le risque de développer une BPCO. En 2007 et 2008, en se basant sur les études de cohorte NHS et HPFS chez des participants âgés de plus de 55 ans en moyenne, nos recherches ont ainsi révélé pour la première fois que plus les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17785711">hommes</a> et les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18400725">femmes</a> mangeaient de bacon, saucisses et autres viandes transformées, plus le risque de BPCO était élevé.</p>
<p>Depuis lors, au moins six autres études ont été menées sur le sujet. Or qu’elles se soient appuyées sur des enquêtes transversales ou longitudinales, ou dans différents pays, toutes ont confirmé nos conclusions. Mais aucune étude n’avait encore été conduite chez des femmes âgées de moins de 40 ans. C’est maintenant chose faite, et nous arrivons une fois encore au même constat.</p>
<p>Comme indiqué au début de cet article, nous avons examiné les données de quelque 87 000 infirmières âgées en moyenne de 36 ans et suivies pendant 26 ans dans le cadre de l’étude NHSII. Et ce faisant, nous avons observé qu’une consommation modérée de charcuterie (soit au moins 1 fois par semaine), est associée à une augmentation de 29 % du risque de développer une BPCO. Qui plus est, avec des résultats robustes, car tenant compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie.</p>
<p>Pour l’heure, les mécanismes biologiques sous-jacents à ce risque accru de BPCO ne sont pas connus. Mais plusieurs hypothèses ont été avancées, dont une mettant en cause les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nitrosamine">nitrosamines</a> pouvant se former à partir des nitrites utilisés pour conserver et colorer les charcuteries. En présence d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stress_oxydant">stress oxydant</a>, ces composés pourraient en effet générer un stress nitrosant. Le stress nitrosant correspond à une augmentation de la concentration d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S098505620200167X">espèces réactives nitrosantes</a>, comme le monoxyde d’azote et ses métabolites (nitrites, nitrates). Or ce processus joue un rôle majeur dans la physiopathologie des maladies inflammatoires chroniques dont les BPCO.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/charcuterie-entre-nitrate-sans-danger-et-nitrite-toxique-comment-sy-retrouver-125584">Charcuterie : entre nitrate sans danger et nitrite toxique, comment s’y retrouver ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Des facteurs de risque combinés</h2>
<p>Pour aller plus loin, nous avons cherché à voir si le tabac ou la qualité de l’alimentation font varier le lien entre consommation de charcuterie et risque de BPCO. On peut en effet se demander si le fait de fumer et/ou d’avoir une alimentation malsaine est susceptible d’aggraver l’effet délétère des charcuteries sur la BPCO. Et c’est bien ce que nous avons constaté.</p>
<p>Nos résultats montrent que comparées aux femmes qui ne fument pas, les fumeuses mangeant plus de charcuterie ont un risque de BPCO augmenté de 37 %. Quant aux femmes ne mangeant pas sainement, en comparaison de celles qui ont une alimentation saine, leur risque de BPCO en lien avec une consommation trop élevée de charcuterie est accru de 39 %. Enfin, nous avons observé que la combinaison des trois facteurs de risque que sont une consommation élevée de charcuterie, le tabagisme et une mauvaise alimentation augmente très sérieusement le risque de BPCO : il est multiplié d’un facteur supérieur à 6, en comparaison à des femmes qui ne mangent pas de charcuterie, ne fument pas et ont une alimentation saine.</p>
<p>Bien sûr, la première mesure pour éviter la survenue de BPCO reste l’arrêt du tabac. Nos travaux confirment cependant l’effet délétère de la charcuterie chez des femmes jeunes, et soulignent la nécessité de programmes de prévention multi-interventionnels. Ces programmes devraient intégrer des stratégies thérapeutiques d’aide à l’arrêt du tabac et des recommandations nutritionnelles mettant en avant une alimentation saine et une consommation très faible (voir nulle) de charcuterie. Et sur ce dernier point, on peut noter que les <a href="https://www.mangerbouger.fr/Les-recommandations/Reduire/La-charcuterie">recommandations nutritionnelles</a> récemment publiées par Santé publique France conseillent de réduire la consommation de charcuterie pour limiter ses effets négatifs sur la santé.</p>
<p>Depuis 2018, la consommation de charcuterie a en effet été classée comme « cancérogène pour l’homme » par un groupe d’experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Et nonobstant la publication récente d’un article polémique dans la prestigieuse revue Annals of Internal Medicine (dont les auteurs encouragent les consommateurs de viandes rouges et charcuteries à ne pas changer leurs habitudes), il est essentiel de réduire au maximum sa consommation de charcuterie, que ce soit pour rester globalement en bonne santé, ou plus particulièrement pour bien respirer.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-limiter-le-risque-de-cancer-colorectal-doit-on-vraiment-consommer-moins-de-viande-rouge-et-de-charcuterie-124728">Pour limiter le risque de cancer colorectal, doit-on vraiment consommer moins de viande rouge et de charcuterie ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/131889/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaëlle Varraso a reçu des financements de l'Anses, l'ANR, le NIOSH, et l'IReSP. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carlos A. Camargo receives research funding from the U.S. National Institutes of Health.</span></em></p>Augmentant les risques de cancer et de maladies cardiovasculaires, la consommation de charcuterie fait aussi s’élever le risque de maladies respiratoires chroniques.Raphaëlle Varraso, Chargée de Recherche en épidémiologie, U1018, InsermCarlos A. Camargo, Professeur, Harvard UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1312572020-02-17T18:14:09Z2020-02-17T18:14:09ZCancer du poumon : arrêter de fumer régénère les cellules pulmonaires protectrices<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/315774/original/file-20200217-11040-18yay1o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">file kwzup</span> </figcaption></figure><p><a href="https://www.who.int/tobacco/quitting/benefits/en/">Arrêter de fumer</a> est un <a href="https://www.bmj.com/content/321/7257/323">excellent moyen de réduire le risque</a> de développer un cancer du poumon. Cependant jusqu’à présent, les experts en ignoraient la raison précise. Nos <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-1961-1">dernières recherches</a> révèlent que les voies respiratoires des personnes qui arrêtent de fumer se repeuplent de cellules normales, non cancéreuses, qui participent à la protection des poumons. De ce fait, le risque de cancer diminue.</p>
<p>Le cancer débute par une accumulation de modifications génétiques au sein d’une unique cellule. Ces mutations font sauter les verrous qui imposent, en temps normal, des contraintes à sa croissance ; <a href="https://www.nature.com/articles/nature07943">cette cellule devenue « rénégate » commence à se reproduire rapidement, de manière incontrôlée</a>.</p>
<p>Tout au long de notre vie, nos cellules acquièrent des mutations au rythme régulier <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5536223/">d’environ 20 à 50 mutations par cellule et par an</a>. Heureusement, la grande majorité de ces mutations sont tout à fait inoffensives. Elles n’affectent pas nos cellules de manière mesurable, et passent inaperçues.</p>
<p>Mais il arrive parfois qu’une mutation touche le mauvais gène, dans la mauvaise cellule, et pousse celle-ci sur le chemin du cancer. Nous appelons ces modifications génétiques des « mutations pilotes » (de l’anglais <a href="https://www.nature.com/articles/nature07943">« driver mutations »</a>. Pour que la cellule concernée devienne une cellule cancéreuse à part entière, il faut probablement que surviennent <a href="https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(17)31136-4?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS0092867417311364%3Fshall%3Dtrue">cinq à dix mutations supplémentaires de ce type</a>.</p>
<p>Grâce aux progrès du séquençage, nous sommes désormais en mesure d’étudier les 3 milliards de <a href="https://www.rts.ch/decouverte/sante-et-medecine/corps-humain/8331780-comment-les-bases-azotees-de-l-adn-s-associent-elles-.html">bases de l’ADN</a> qui constituent l’empreinte génétique d’une cellule (ou génome). C’est le séquençage de l’ADN de cellules cancéreuses provenant de poumons de fumeurs, et sa comparaison avec celui de cellules provenant de non-fumeurs, qui nous a appris que le tabagisme augmente le nombre de mutations dans les cellules pulmonaires.</p>
<p>La liaison à l’ADN des agents cancérigènes contenus dans le tabac est influencée par leurs propriétés chimiques. Cela signifie que certains types de mutations sont plus susceptibles de se produire que d’autres. On peut donc reconnaître la <a href="https://www.nature.com/articles/nature08629">« signature » de mutations</a> qu’inscrit l’usage du tabac dans le génome. Ce n’est pas le cas des autres causes de dommages à l’ADN.</p>
<p>Notre équipe s’intéresse aux premiers stades du développement du cancer du poumon. Nous tentons plus particulièrement de comprendre ce qui arrive aux cellules normales qui se retrouvent exposées à la fumée de tabac.</p>
<p>Nous avons pour cela mis au point diverses méthodes permettant d’isoler, à partir de petites biopsies des voies respiratoires d’un patient, des cellules normales uniques. Chacune d’entre elle est ensuite cultivée dans incubateur afin d’obtenir suffisamment d’ADN pour le séquençage. Nous avons de cette façon <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-1961-1">analysé les génomes de 632 cellules</a> provenant de 16 participants à l’étude, parmi lesquels 13 adultes (d’âge moyen ou plus âgés) répartis comme suit : quatre n’avaient jamais fumé, six étaient d’ex-fumeurs, et trois continuaient à fumer fumeurs actuels. Les cellules de trois enfants ont aussi été analysées.</p>
<p>Les résultats ont révélé que, chez les non-fumeurs, le nombre de mutations augmente régulièrement avec l’âge. Ainsi, à l’âge de 60 ans, chaque cellule pulmonaire normale contient environ 1 000 à 1 500 mutations. Ces mutations résultent de « l’usure normale » de l’organisme. Il s’agit du même type de mutations que celui qui survient dans d’autres organes du corps. En outre, seuls 5 % environ des cellules étudiées de non-fumeurs contenaient des mutations pilotes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313051/original/file-20200131-41527-ljwqg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les mutations pilotes sont à l’origine du développement de cancers.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-illustration/digital-illustration-lung-cancer-cells-color-233501644">Raj Creationzs/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le tableau est très différent chez les fumeurs. Nous avons ainsi découvert que chaque cellule pulmonaire contenait en moyenne 5 000 mutations de plus que le nombre attendu dans des cellules provenant d’un non-fumeur du même âge. Ce qui est encore plus frappant, c’est que la variation du nombre de mutations d’une cellule à l’autre était également bien plus importante chez les fumeurs.</p>
<p>Certaines cellules présentaient 10 000 à 15 000 mutations, soit dix fois plus de mutations que ce à quoi on s’attendrait si la personne n’avait pas fumé. Ces mutations supplémentaires portaient bien la signature des substances chimiques contenues dans la fumée de tabac, confirmant donc qu’elles étaient bien directement attribuables à la consommation de cigarettes.</p>
<p>Parallèlement à l’augmentation du nombre total de mutations, nous avons également constaté une augmentation substantielle du nombre de mutations pilotes. Plus d’un quart des cellules pulmonaires de tous les fumeurs que nous avons étudiées en contenaient au moins une. Certaines en avaient même deux ou trois. Étant donné que cinq à dix de ces mutations peuvent provoquer un cancer, il est clair que de nombreuses cellules pulmonaires normales chez ces fumeurs d’âge moyen ou plus âgés deviendront probablement cancéreuses.</p>
<h2>Il n’est jamais trop tard pour arrêter</h2>
<p>Mais le résultat le plus excitant a concerné les personnes qui avaient arrêté de fumer. Nous avons découvert que les anciens fumeurs possédaient deux groupes de cellules différents. Les cellules de l’un de ces deux groupes présentaient effectivement les milliers de mutations supplémentaires observées chez les fumeurs. Cependant, celles de l’autre groupe étaient, pour l’essentiel, normales. Autrement dit, ce groupe de cellules presque normales présentait le même nombre de mutations que celui que l’on s’attendrait à trouver dans les cellules d’une personne n’ayant jamais fumé.</p>
<p>Les cellules de ce second groupe étaient quatre fois plus nombreuses chez les anciens fumeurs que chez les fumeurs. Ce résultat suggère que, une fois qu’une personne a cessé de fumer, le nombre de ces cellules quasi normales augmente pour reconstituer la paroi des voies respiratoires. Nous avons pu constater que la multiplication de ces cellules se produisait même chez d’anciens fumeurs qui avaient consommé un paquet de cigarettes par jour pendant plus de 40 ans.</p>
<p>La raison pour laquelle cette découverte est si intéressante est que ce groupe de cellules quasi normales protège contre le cancer. En effet, lorsqu’un ancien fumeur développe un cancer du poumon, la cellule en cause provient toujours du <a href="https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(12)01061-6?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS0092867412010616%3Fshall%3Dtrue">groupe de cellules fortement endommagées</a> – et non du groupe de cellules quasi normales.</p>
<p>Nous comprenons maintenant pourquoi notre risque de cancer diminue de façon si importante lorsque nous arrêtons de fumer. C’est parce que le corps réapprovisionne les voies respiratoires avec des cellules qui sont, pour l’essentiel, normales. La prochaine étape de nos recherches consistera à déterminer comment les cellules de ce groupe parviennent à éviter les dommages causés par l’exposition à la fumée de cigarette, et comment nous pourrions les stimuler pour qu’elles se rétablissent encore davantage.</p>
<p>Des travaux antérieurs menés sur des souris fournissent peut-être un début d’explication : il existerait un groupe de cellules souches <a href="https://www.cell.com/cell-stem-cell/fulltext/S1934-5909(18)30123-1?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS1934590918301231%3Fshall%3Dtrue">enfouies profondément dans les glandes qui produisent le mucus sécrété par les voies respiratoires</a>. À cet endroit, elles seraient naturellement mieux protégées de la fumée de tabac que les cellules situées à la surface des voies respiratoires.</p>
<p>Nos résultats démontrent à nouveau que, quel que soit l’âge, l’arrêt du tabac freine non seulement l’accumulation de dommages cellulaires supplémentaires, mais que cesser de fumer peut aussi réveiller des cellules qui n’ont pas été endommagées par le tabagisme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131257/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sam Janes est financé par Wellcome Trust et CRUK, en lien avec ce travail</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Peter Campbell reçoit des fonds du projet Mutographs, financé par Cancer Research UK, et du Wellcome Trust, en lien avec ce travail.</span></em></p>Les poumons des anciens fumeurs contiennent quatre fois plus de cellules « normales », protectrices, que ceux des fumeurs. Pourquoi ?Sam Janes, Professor of Respiratory Medicine, UCLPeter Campbell, Head of Cancer, Ageing and Somatic Mutation, Wellcome Trust Sanger InstituteLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1283512019-12-12T17:22:16Z2019-12-12T17:22:16ZPourquoi la consommation d’alcool provoque des crampes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/306635/original/file-20191212-85417-gm83jd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C5852%2C3916&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Boire de la bière déshydrate et provoque des crampes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Lq1rOaigDoY">Photo by Timothy Dykes / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p><em>The Conversation a inauguré depuis septembre 2019 un nouveau format d’article : « Au Quotidien » où nos contributeurs tentent d’éclairer par la recherche une question de lecteurs ayant un impact sur la vie quotidienne.</em></p>
<hr>
<p>L’alcool (éthanol) est une petite molécule qui diffuse dans l’organisme très rapidement, avant d’être transformée (à 90 %) au niveau de notre foie. Cela lui laisse le temps d’agir au niveau de tous les organes (cerveau et cœur en particulier), les tissus comme les muscles.</p>
<h2>Les crampes musculaires</h2>
<p>Parmi les causes de crampes musculaires, on retiendra l’origine métabolique : la surproduction d’acide lactique, et suite à la perte d’eau (déshydratation), la perte de métabolites comme le sodium ou le potassium.</p>
<p>La pratique d’une activité sportive peut provoquer des crampes, car des fibres musculaires vont être détruites au cours de l’effort et de l’acide lactique va être produit en excès. En effet, la succession de contractions musculaires limite la circulation sanguine et l’apport d’oxygène aux muscles. Ceux-ci continuent à utiliser du sucre (glucose) pour fonctionner, par un processus de fermentation lactique. Cette transformation permet de libérer un peu d’énergie, sans que l’on ait besoin d’oxygène ; mais l’accumulation de l’acide lactique induit une fatigue musculaire qui limite la durée de tels efforts.</p>
<p>La transpiration permet de réguler la température du corps lors d’une activité physique ou sportive, et de maintenir une température constante. La sueur contient de l’eau, mais aussi des sels minéraux comme le sodium et le potassium. Ces pertes sont aussi à l’origine de crampes musculaires.</p>
<h2>Les effets d’une alcoolisation aiguë</h2>
<p>L’alcool agit sur une hormone, l’hormone anti-diurétique ou vasopressine, en bloquant la réabsorption de l’eau au niveau des reins. Ainsi, l’alcool accélère la diurèse, l’élimination d’urine : les urines sont abondantes et claires (avec la bière, par exemple). Vous avez sans doute à l’esprit la fête de la bière à Munich (Oktober Fest), où la bière coule à flots et où on dénombre plus de 900 mètres d’urinoirs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306632/original/file-20191212-85367-qjy4dn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le problème des crampes à l’Oktoberfest est à prendre très au sérieux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:M%C3%BCnchen,_L%C3%B6wenbr%C3%A4u-Festhalle,_Oktoberfest_2012_(03).jpg">Bayreuth2009/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Boire de l’alcool ne permet pas de s’hydrater, bien au contraire ! Cela entraîne une déshydratation, la sensation de bouche sèche et des maux de tête, et peut s’accompagner d’une perte de sodium (chez le gros buveur de bière en particulier), de potassium et de magnésium. Tous les ingrédients pour avoir des crampes musculaires. Le conseil est donc de bien s’hydrater au cours des soirées où l’on boit de l’alcool, alterner consommation d’alcool et de boissons sans alcool (eau, jus de fruit, par exemple).</p>
<p>De plus, chez les sportifs (sports d’endurance en particulier), l’alcool fait baisser la capacité des muscles à utiliser le glucose et les acides aminés, tous deux essentiels pour construire de nouvelles fibres musculaires et des vaisseaux sanguins. Vous vous exposerez à une forte augmentation du risque de blessures musculaires. Il faut donc déconseiller la prise d’alcool après les entraînements et les phases de récupération.</p>
<p>Il faut donc bien boire, mais de l’eau, pas d’alcool comme la bière par exemple. Et <a href="https://www.edimark.fr/courrier-addictions/boissons-energisantes-milieu-etudiant-produit-raisons-consommer-leur-association-avec-alcool">attention aux boissons énergisantes</a> (<em>energy drinks</em>) comme le <em>Red Bull</em>, qu’il ne faut pas confondre avec les boissons énergétiques (<em>sport drinks</em>) : leur association avec l’alcool va en masquer les effets : moins de fatigue, moins de sensation de bouche sèche et moindre perception des troubles de la coordination motrice.</p>
<p>De plus, éviter les boissons énergisantes sans sucre pendant ou après un effort : l’absence de sucre (glucose) va aggraver l’acidose lactique et favoriser l’apparition de crampes musculaires.</p>
<h2>Les effets d’une alcoolisation chronique</h2>
<p>La prise régulière d’alcool peut être à l’origine de l’apparition de crampes nocturnes : une <a href="http://www.annfammed.org/content/16/4/296.full">étude cas-témoins</a> menée par Chloé Delacour et son équipe auprès de 140 seniors (âge moyen : 68 ans) montre que la prise d’alcool au moins une fois par semaine multiplie par 6,5 le risque d’avoir des crampes nocturnes au niveau des jambes.</p>
<p>L’éthanol agit sur les fibres nerveuses, au niveau de la gaine de myéline (graisse formant la gaine des cellules nerveuses), et peut entraîner une atteinte de plusieurs nerfs, une <a href="http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2017-11-19/neuropathie">polyneuropathie</a> ou polynévrite, qui va toucher les 2 membres inférieurs. Cela se manifeste classiquement lorsque la consommation dépasse 21 verres d’alcool par semaine chez l’homme, 14 verres par semaine chez la femme. Ces douleurs sont aggravées par le froid et l’humidité, et améliorées par la chaleur.</p>
<p>Une carence en thiamine (Vitamine B1), vitamine nécessaire pour transformer le glucose en énergie (au niveau du cerveau en particulier) est souvent retrouvée. Cela s’explique par les carences alimentaires observées chez la personne alcoolodépendante, avec une mauvaise alimentation qui entraîne un manque de vitamines.</p>
<p>L’apparition progressive de crampes musculaires qui débutent aux extrémités (sensation d’avoir les pieds froids) et remontent ensuite aux mollets est classique. L’arrêt de la consommation d’alcool associé à la prise de vitamine B1 permet de réduire progressivement cette atteinte nerveuse.</p>
<p>En conclusion, l’alcool peut donc être responsable de crampes musculaires, voire les aggraver, lors d’alcoolisations aiguës ou chroniques. Bien se réhydrater avec des boissons sans alcool (eau plate, eau gazeuse) permettra d’éviter la survenue de crampes musculaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128351/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est membre de l'Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie.</span></em></p>Un des effets de la consommation d’alcool est la déshydratation, laquelle peut provoquer des crampes de façon ponctuelle ou chronique.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1235772019-09-15T19:43:38Z2019-09-15T19:43:38ZDis-moi comment tu vapotes, je te dirai ce que tu risques ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/292508/original/file-20190915-8658-12gq4ib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=138%2C499%2C3764%2C2369&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une machine à fumer dans le laboratoire de l'autrice. Comme elle et d’autres l’ont montré, les machines ne fument pas comme les êtres humains…</span> <span class="attribution"><span class="source">Katie DiFrancesco</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Après six décès et <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html">380 cas confirmés et probables</a> de maladie pulmonaire aux États-Unis due au vapotage de liquides arômatisés, l’administration Trump a demandé l’<a href="https://www.nytimes.com/2019/09/11/health/trump-vaping.html">interdiction de la plupart d’entre eux</a>, en raison de l’énorme attraction qu’ils exercent sur les jeunes gens.</p>
<p>En outre, le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) <a href="https://www.cdc.gov/media/releases/2019/s0823-vaping-related-death.html">est en train d’examiner de près non seulement les divers liquides aromatisés contenant de la nicotine</a>, mais aussi d’autres substances utilisables par les utilisateurs de cigarettes électroniques, afin de déterminer comment ces aérosols pourraient affecter leurs poumons. Le 12 septembre 2019, l’agence a revu à la baisse le nombre de cas confirmés et probables, les faisant passer de plus de 400 à 380. Le CDC explique cette diminution par l’abandon du report des cas « possibles ».</p>
<p>Le mystère et l’inquiétude quant à ces accidents demeurent cependant, tandis que les nombreux fumeurs qui ont recours à ces appareils pour vaincre leur addiction craignent de se voir confisquer un outil précieux. Mais avant d’en arriver là, les chercheurs ont besoin d’en apprendre beaucoup plus qu’ils n’en savent actuellement. </p>
<p>L’avènement des e-cigarettes est récent, et leur histoire, courte. En tant qu’ingénieure étudiant la façon dont les gens consomment les produits du tabac, je suis convaincue que le comportement des consommateurs constitue une clé pour comprendre les effets positifs et négatifs de la cigarette électronique sur la santé. N’oublions pas que la mise au point de ces objets visait à aider les gens à arrêter de fumer, une pratique qui constitue la première cause de décès évitable aux États-Unis.</p>
<p>La façon dont les utilisateurs vapotent, la durée de leur inspiration lorsqu’ils prennent une bouffée et ce qu’ils mettent dans leur e-cigarette sont autant de facteurs jouant un rôle dans cette histoire. Si nous ne savons pas encore comment le comportement des vapoteurs affecte la quantité de chacune des substances qu’ils consomment quotidiennement, nous avons toutefois des raisons de croire qu’il s’agit d’un point important.</p>
<h2>La promesse non tenue des produits alternatifs à la nicotine</h2>
<p>Un grand nombre de personnes demeurent sceptiques quant au fait que les e-cigarettes réduiront les taux de mortalité liés au tabagisme. Il faut rappeler qu’historiquement, des fabricants de cigarettes avaient déjà formulé une promesse semblable, en proposant des cigarettes « plus sûres ». Mais elle n’avait pas été tenue.</p>
<p>En 1964, après que l’administrateur de la santé publique des États-Unis <a href="https://www.fda.gov/media/127853/download">ait déclaré que fumer était nocif</a>, les fumeurs incapables d’arrêter se sont tournés vers des <a href="https://cancercontrol.cancer.gov/brp/tcrb/monographs/13/m13_complete.pdf">cigarettes à faible teneur en goudron</a>. Contenant moins de goudron que les cigarettes ordinaires, elles étaient commercialisées comme plus sûres.</p>
<p>Pourtant, la généralisation de leur usage n’a pas fait baisser le taux de mortalité chez les fumeurs. En effet, si les cas de carcinome épidermoïde pulmonaire ont diminué suite à l’avertissement de l’administrateur de la santé publique, un autre type de cancer, l’adénocarcinome, <a href="https://cancercontrol.cancer.gov/brp/tcrb/monographs/13/m13_complete.pdf">a augmenté</a>. Pourquoi ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292272/original/file-20190912-190007-80htcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des dizaines de milliers de personnes qui fumaient des cigarettes à faible teneur en goudrons ont malgré tout développé un cancer du poumon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/doctor-shows-results-old-patient-xray-543601138?src=nHlgfSkF_0PA5Ryr91OwZA-1-51">didesign021/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les modèles d’ingéniérie suggèrent non seulement que les caractéristiques de la fumée de ces nouvelles cigarettes différait des précédentes, mais aussi que les fumeurs ont modifié leurs comportements, par compensation (pour satisfaire leur dépendance, ils pourraient avoir consommé davantage de fumée). La combinaison de ces deux facteurs a changé les endroits où les particules <a href="https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/027868201300034844">se déposaient dans leurs poumons</a>. Or, selon l’endroit où les particules toxiques se déposent, la nature du cancer qui risque de se développer ne sera pas la même. Autrement dit, il semblerait que les fumeurs de cigarettes allégées aient simplement troqué un type de cancer contre un autre.</p>
<p>Comment avons-nous pu passer à côté de cette situation ?</p>
<p>Traditionnellement, les cigarettes étaient testées en laboratoire, à l’aide de machines à fumer – et non d’un fumeur – <a href="https://tobaccocontrol.bmj.com/content/10/2/96">selon un protocole standard établi par les industriels en 1966</a>. Des <a href="https://cancercontrol.cancer.gov/brp/tcrb/monographs/13/m13_complete.pdf">études ultérieures</a> ont cependant révélé que ce « tabagisme mécanisé » n’est pas représentatif du <a href="https://www.hri.global/files/2011/07/13/Hammond_-_Secret_Science_-_No_Copyright.pdf">véritable comportement des fumeurs</a> et ne reflète donc pas la réelle exposition aux constituants nocifs des cigarettes. En 2008, l’ancienne norme FTC/ISO <a href="https://tobaccocontrol.bmj.com/content/10/2/96">a été abrogée</a>, avec l’espoir qu’une nouvelle norme plus réaliste prendrait sa place.</p>
<p>Désormais, grâce à une <a href="https://www.congress.gov/bill/111th-congress/house-bill/1256">loi adoptée en 2009</a>, les industriels du tabac ne peuvent plus prétendre réduire les risques sans avancer de preuves scientifiques. La communauté des chercheurs a retenu la leçon de cette débâcle des cigarettes à faible teneur en goudrons. Aujourd’hui, nous travaillons à produire les connaissances scientifiques nécessaires à la compréhension du véritable impact des cigarettes électroniques sur la santé.</p>
<h2>Réglementation sur les e-cigarettes</h2>
<p>Depuis l’arrivée des e-cigarettes sur le marché européen en 2006, la demande s’est déplacée de ceux qui espéraient arrêter de fumer vers ceux qui n’avaient jamais fumé, cette seconde catégorie incluant un <a href="https://www.fda.gov/tobacco-products/youth-and-tobacco/2018-nyts-data-startling-rise-youth-e-cigarette-use">nombre exceptionnellement élevé de jeunes</a>. Cette situation a suscité des inquiétudes. Le vapotage peut-il constituer une porte d’entrée vers le tabagisme ? Les jeunes utilisent-ils les e-cigarettes différemment des adultes ?</p>
<p>En juin 2019, la Food and Drug Administration (FDA – l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) <a href="https://www.fda.gov/media/127853/download">a publié de nouvelles lignes directrices</a> à destination des fabricants de e-cigarettes. En ce qui concerne la détermination du niveau de menace pour la santé, l’agence reconnaît le rôle important joué par comportement des vapoteurs. Le document de la FDA exige que soit évaluée la façon dont les utilisateurs consomment les produits commercialisés. Cette évaluation doit inclure le nombre de bouffées, leur durée et leur intensité, ainsi que la fréquence d’utilisation.</p>
<p>Ces données de comportement sont très importantes pour diverses raisons. Les utilisateurs peuvent par exemple adopter un comportement annulant les effets sur la santé prédits par les tests en laboratoire. Quand bien même une bouffée générée en laboratoire contient moins de nicotine, si les utilisateurs augmentent leur nombre de prises quotidiennes, ils peuvent malgré tout accroître leur dépendance à cette substance, et donc consommer plus de toxines que prévu.</p>
<h2>Autres dangers potentiels</h2>
<p>Les chercheurs et les médecins ont également besoin de savoir quelles substances sont vaporisées, ainsi que de connaître les divers modèles d’appareils existants. La FDA tient à jour une liste de constituants nocifs et potentiellement nocifs, ou <a href="https://www.federalregister.gov/documents/2012/04/03/2012-7727/harmful-and-potentially-harmful-constituents-in-tobacco-products-and-tobacco-smoke-established-list">HPHCs</a>, basée sur des données relatives au tabagisme traditionnel.</p>
<p>On sait moins de choses en ce qui concerne les effets liés à la conception des e-cigarettes elles-mêmes. Les utilisateurs peuvent par exemple utiliser des dispositifs modulaires et les modifier, ce qui peut avoir des conséquences sur leurs effets. Les adolescents sont particulièrement susceptibles de transformer leurs appareils.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=572&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=572&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292275/original/file-20190912-190065-panpnm.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=572&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les conceptions des dispositifs de vapotage varient énormément. Certains, comme ceux de la marque Juul, sont si petits qu’ils peuvent être dissimulés par un adolescent qui peut les utiliser en classe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Katie DiFrancesco</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La FDA est en train de mettre à jour sa liste pour y inclure les <a href="https://www.federalregister.gov/documents/2019/08/05/2019-16658/harmful-and-potentially-harmful-constituents-in-tobacco-products-established-list-proposed-additions">ingrédients qui pourraient se trouver dans les e-cigarettes</a>. La nicotine y figure déjà, de même que divers métaux et d’autres substances non nicotiniques.</p>
<p>Les liquides utilisés pour l’administration de la nicotine pourraient en effet poser problème. La base des [e-liquides] est typiquement constituée d’une combinaison de glycérine végétale et de propylène glycol. À elle seule, elle peut <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0116732">provoquer une réponse inflammatoire</a> dans les poumons, même si on interdit d’y ajouter des additifs aromatiques.</p>
<p>En ce qui concerne les arômes, justement, il est important de comprendre que la toxicité d’une substance peut différer selon qu’elle est inhalée ou ingérée. Par exemple, l’arôme de vanille, considéré comme inoffensif lorsqu’il est ingéré, peut ne pas l’être lorsqu’il est vapoté. Certains arômes <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/15/2/323">se décomposent lorsqu’ils sont chauffés</a> et génèrent des molécules qui ne sont pas présentes dans le liquide d’origine.</p>
<p>La diminution de la consommation d’arômes permettrait-elle également de diminuer les effets nocifs ? Quelle quantité de ces additifs peut être consommée avant que les effets nocifs ne se matérialisent ? Quelle devrait être l’ampleur de la réduction avant que les avantages pour la santé ne se concrétisent ?</p>
<h2>Les outils d’ingénierie peuvent faire progresser le processus réglementaire</h2>
<p>Afin de mieux comprendre la nature des constituants consommés, les chercheurs qui étudient le design des cigarettes électroniques et les habitudes des utilisateurs reproduisent les comportements de vapotage en laboratoire. Qu’ont-ils découvert jusqu’à présent ?</p>
<ul>
<li><p>Le débit des bouffées <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0206341">modifie la nature de l’aérosol</a>, de sorte que les utilisateurs peuvent contrôler l’effet de chaque bouffée simplement en modifiant la façon dont elles sont prises.</p></li>
<li><p>Les utilisateurs de cigarettes électroniques modifient leur débit lorsqu’ils changent de saveur ou de teneur en nicotine. Ce faisant, ils <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0196640">modifient aussi leur exposition aux composants nocifs ou potentiellement nocifs</a>.</p></li>
<li><p><a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-44983-w">L’analyse des vapeurs</a> a montré que, pour chaque produit, l’exposition du consommateur varie fortement en fonction de son comportement.</p></li>
<li><p>Comme dans le cas du tabagisme, certains utilisateurs d’e-cigarettes vapotent toute la journée, tandis que d’autres vapotent à intervalles de temps plus espacés.</p></li>
<li><p>Même si, dans certains cas, les e-cigarettes contiennent moins de nicotine par bouffée que les cigarettes, les vapoteurs peuvent dans les faits en consommer quotidiennement la même quantité que les fumeurs, voire davantage.</p></li>
</ul>
<p>Afin que les fabricants puissent mettre au point des produits plus sûrs et que la FDA puisse élaborer des règlements pertinents, nous continuerons à étudier la façon dont sont utilisées les cigarettes électroniques et leurs produits. Le consommateur sera ainsi en mesure, avec l’aide de son médecin, de prendre des décisions éclairées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123577/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Risa Robinson a reçu des financements de la National Institution of Health.</span></em></p>Après plusieurs décès et maladies inexpliquées, le vapotage est sous haute surveillance. L’analyse de la manière de fumer pourrait fournir de précieux indices sur les raisons de ces accidents.Risa Robinson, Professor and Department Chair, Mechanical Engineering, Rochester Institute of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1234372019-09-12T20:18:59Z2019-09-12T20:18:59ZLe vapotage est sans doute dangereux, mais les scientifiques ne le sauront pas avant plusieurs années<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/292271/original/file-20190912-190035-4jgc3j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">file er msm</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.apimages.com/metadata/Index/Oregon-Vaping-Death/a4569cf21ab648e79ff69c573d226725/4/0">Robert F. Bukaty/AP Photo</a></span></figcaption></figure><p>L'augmentation du nombre de cas de jeunes adultes en bonne santé qui ont été hospitalisés ou <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html">qui sont même décédés d'une lésion pulmonaire associée aux vapeurs des cigarettes électroniques</a> aux États-Unis est alarmante. </p>
<p>Une femme du Kansas <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2019/09/10/un-sixieme-deces-lie-au-vapotage-aux-etats-unis">est devenue cette semaine la sixième personne à mourir d'une maladie associée au vapotage </a>.</p>
<p>Beaucoup de gens ne savent pas ce que contiennent ces dispositifs de vapotage, leurs effets sur la santé et, surtout, pourquoi tout cela s'est développé si rapidement. Après tout, les cigarettes électroniques ne sont populaires que depuis dix ans tout au plus.</p>
<p>Au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) vient de mettre en garde les utilisateurs de produits de vapotage <a href="https://www.newswire.ca/fr/news-releases/mise-en-garde-relative-au-risque-de-maladie-pulmonaire-severe-associee-au-vapotage-890531577.html">« au sujet du risque de développer une maladie pulmonaire sévère possiblement associée à l'usage de cigarettes électroniques »</a>.</p>
<p>Rappelons que Santé Canada a émis, le 4 septembre, une mise en garde concernant le lien possible entre les cas de maladie pulmonaire sévère observés aux États-Unis et l'usage de produits de vapotage. </p>
<h2>Une solution de rechange « utile »</h2>
<p>Lorsque les <a href="http://www.casaa.org/historical-timeline-of-electronic-cigarettes/">cigarettes électroniques sont arrivées pour la première fois aux États-Unis</a> en 2006, de nombreux experts en sevrage du tabac étaient optimistes. Ils considéraient que l'administration de nicotine par le biais des cigarettes électroniques était une solution de rechange utile aux cigarettes traditionnelles. Il n'y aurait pas de combustions nocifs inhalés par la fumée de cigarette. Puisqu'il n'y a aucun doute que fumer des cigarettes traditionnelles est nocif pour votre santé - et la première cause de décès évitable aux États-Unis et en Occident - ces cigarettes ont été commercialisées comme une alternative « plus sûre ». </p>
<p>En tant que <a href="https://www.med.unc.edu/childrensresearch/directory/ilona-jaspers-phd/">toxicologue par inhalation</a>, j'étudie comment les produits chimiques, les particules et autres agents inhalés affectent la santé humaine. Depuis l'introduction des cigarettes électroniques, je me questionne sur ses dangers et sur le fait que la communauté scientifique ne semble pas les connaître. </p>
<p>Après tout, il a fallu des décennies aux épidémiologistes pour découvrir que l'inhalation régulière de la fumée provenant de la combustion de matières végétales, le tabac, causait le cancer du poumon. Pourquoi la communauté scientifique serait-elle si prompte à supposer que les cigarettes électroniques n'auraient pas des dangers cachés qui pourraient prendre des années à se manifester ?</p>
<h2>Est-ce que les cigarettes électroniques fonctionnent au moins comme un outil pour arrêter de fumer ?</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291814/original/file-20190910-190026-1cgrnnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Il est notoire qu'il est difficile d'arrêter de fumer, et les fabricants de tabac ont été impitoyables pour en cacher les dangers. Certains responsables de la santé publique ont donc salué les cigarettes électroniques comme un outil pour aider les gens à arrêter.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/closeup-view-woman-breaking-cigarette-hands-606932273?src=K8Fa4BRp7UTW1BPf5B98iA-1-0">Africa Studios/Shutterstock.com</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De nombreux fumeurs ont déclaré que le passage de la cigarette à la cigarette électronique a amélioré leur bien-être physique, <a href="https://doi.org/10.3310/hta23430">notamment en réduisant leur toux</a>. </p>
<p>Cependant, quelques essais cliniques randomisés portant sur l'utilisation de la cigarette électronique comme outil d'abandon ont donné des résultats mitigés. Bien que certains essais <a href="https://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2019.01.043">démontrent une augmentation significative</a> du succès de l'abandon (de 9,9 pour cent à 18 pour cent), les personnes qui utilisent des cigarettes électroniques sont beaucoup plus susceptibles de demeurer dépendantes de la nicotine que celles qui utilisent des produits de remplacement de la nicotine plus traditionnels, comme les timbres, la gomme et les vaporisateurs nasaux de nicotine. Ou, ils étaient plus susceptibles de <a href="https://DOI.org/10.1016/j.drugalcdep.2019.01.043">rechuter à l'usage de la cigarette</a>.</p>
<p>Bref, la question de savoir si, comment et dans quelle mesure les cigarettes électroniques peuvent servir d'outil de renoncement au tabac n'est pas encore réglée, surtout si l'on tient compte du fait <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa1808779">que plus de 80 pour cent des fumeurs ont continué à fumer des cigarettes électroniques</a> après l'essai.</p>
<h2>Plus sûr mais pas sécuritaire</h2>
<p>Le message que les cigarettes électroniques sont une <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/surgeon-general-advisory/index.html">« alternative plus sûre »</a> ont conduit plusieurs des 3,6 millions d'adolescents aux États-Unis à l'utiliser. ( On estime que 16,2 pour cent des adolescents américains vapotent au moins une fois par mois, contre 9,3 pour cent des adolescents canadiens).</p>
<p>Pourtant, l'expression « plus sûre », par comparaison avec les cigarettes, <a href="https://truthinitiative.org/research-resources/emerging-tobacco-products/e-cigarettes-facts-stats-and-regulations">n'est pas synonyme de « sécuritaire »</a>. </p>
<p>Les effets sur la santé de l'inhalation de produits chimiques aromatisants contenus dans les cigarettes électroniques populaires (notamment auprès des jeunes) sont complètement inconnus, de même que le fait de chauffer des liquides dans ces dispositifs. Cela entraîne la décomposition thermique des produits chimiques des cigarettes électroniques. Ces dernières sont en évolution rapide, créant des mélanges et des expositions aux conséquences sanitaires inconnues.</p>
<p>On a évalué les effets néfastes sur la santé causés par l'utilisation de cigarettes électroniques par rapport à ce qui se produit lorsqu'une personne fume des cigarettes pendant plusieurs années. Il est bien établi que fumer la cigarette cause des maladies comme la bronchite chronique, <a href="https://www.lung.org/our-initiatives/tobacco/reports-resources/sotc/by-the-numbers/10-worst-diseases-smoking-causes.html">l'emphysème et le cancer </a>. Beaucoup de ces maladies <a href="https://www.hhs.gov/surgeongeneral/reports-and-publications/tobacco/index.html">ne se manifestent cliniquement que de nombreuses années</a> après que la première cigarette ait été fumée. </p>
<p>Aucune étude contrôlée n'a jamais été menée pour évaluer si l'utilisation de cigarettes électroniques cause des effets nocifs sur la santé des personnes qui ne fument jamais. À ce jour, les scientifiques n'en connaissent pas les conséquences potentielles à long terme.</p>
<h2>Les effets de la cigarette électronique sur la santé sont très différents de ceux de la cigarette</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291849/original/file-20190910-190012-1q0oykr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les maladies liées au tabagisme, comme le cancer du poumon et l'emphysème, ont mis des années à se développer. En sera-t-il ainsi pour les maladies liées à la cigarette électronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/lung-patient-senior-oxygen-glasses-respiratory-1254214531?src=hlVLhBqcygUD7hCAquV0GQ-1-76">Robert Kneschke/Shutterstock.com</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Je pense que les scientifiques et les décideurs devraient cesser complètement de comparer les résultats de l'effet vapotage à ceux du tabagisme. Les plus de 450 cas maintenant confirmés de lésions pulmonaires associées à l'inhalation de vapeurs <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html">le prouvent</a>. Les <a href="https://emcrit.org/ibcc/vaping-associated-pulmonary-injury/">manifestations cliniques</a> chez ces patients sont <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa1911614">du jamais vu</a> pour quelqu'un qui fume des cigarettes depuis quelques mois. </p>
<p>De même, ces résultats cliniques n'ont pas été signalés chez les consommateurs de marijuana, même si le THC, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1287327/sante-canada-cigarette-poumon-vapotage">l'ingrédient psychoactif de la marijuana, lorsque vapoté, est maintenant associé à un pourcentage élevé de ces cas</a>. </p>
<p>De plus, l'apparition de ces importants problèmes de santé est beaucoup plus rapide que ce que l'on a vu avec les maladies liées au tabagisme. Puisque les médecins diagnostiquent des maladies graves après des expositions relativement courtes, est-ce que cela rend le vapotage plus nocif que la cigarette ? </p>
<p>Considérant que les composés inhalés par la fumée de cigarette sont très différents de ceux inhalés par les cigarettes électroniques, ne serait-ce pas comme comparer des pommes et des oranges ? Car personne ne considérerait qu'il est raisonnable de comparer les effets sur la santé causés par le tabagisme à ceux induits par la consommation de crack. </p>
<p><em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires.</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=expert">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123437/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ilona Jaspers a reçu des fonds du NIH, EPA, et DoD.</span></em></p>Il a fallu des décennies aux épidémiologistes pour découvrir que l'inhalation de la fumée provenant du tabac causait le cancer du poumon. Ils semblent aujourd'hui ignorants des dangers du vapotage.Ilona Jaspers, Professor of pediatrics, microbiology and immunology, and environmental sciences and engineering, University of North Carolina at Chapel HillLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/865062017-11-28T19:20:08Z2017-11-28T19:20:08ZPourquoi retarder l’initiation au tabagisme est capital<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196888/original/file-20171129-28899-1y017io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En matière de tabagisme, la précocité fait de gros dégâts. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/saneboy/3595175373">Valentin Ottone/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’initiation précoce au tabagisme représente un souci majeur en santé publique. Elle prédit en effet une plus forte dépendance et une plus faible capacité à cesser de fumer. Les sujets ayant commencé à fumer avant l’âge de 16 ans ont une <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/149?show=full">probabilité</a> deux fois plus élevée que ceux qui ont commencé à fumer après cet âge de demeurer fumeur à l’âge de 60 ans.</p>
<p>En 2008, nous avons effectué une <a href="http://www.remede.org/communaute/photos/877ab25f9cdd12bb55bf46bb7a827f64/MemoireDIU-TabacoPhArvers2011.pdf">analyse secondaire</a> des études Inserm (1993) et ESPAD (1999, 2003 et 2007) sur les jeunes âgés de 15-16 ans. Les « fumeurs précoces », que nous avons définis comme des personnes ayant commencé à fumer avant l’âge de 12 ans, ont tendance à avoir une consommation d’autres substances plus importantes.</p>
<iframe id="datawrapper-chart-OeBO9" src="https://datawrapper.dwcdn.net/OeBO9/3/" scrolling="no" frameborder="0" allowtransparency="true" allowfullscreen="allowfullscreen" webkitallowfullscreen="webkitallowfullscreen" mozallowfullscreen="mozallowfullscreen" oallowfullscreen="oallowfullscreen" msallowfullscreen="msallowfullscreen" style="width: 0; min-width: 100%!important;" height="520" width="100%"></iframe>
<p>En prenant en compte simultanément ces différents critères, les conduites addictives associées au tabagisme restent toutes significatives dans l’analyse (modèle de régression logistique). Ainsi, la consommation précoce de tabac est associée à :</p>
<ul>
<li><p>une consommation de plus de 10 cigarettes par jour (risque augmenté de 55 %)</p></li>
<li><p>une consommation précoce de cannabis (risque multiplié par 4)</p></li>
<li><p>une expérimentation d’autres drogues illicites que le cannabis (risque augmenté de 31 %)</p></li>
<li><p>une consommation précoce d’alcool (risque multiplié par 3)</p></li>
<li><p>des ivresses précoces (risque augmenté de 43 %).</p></li>
</ul>
<h2>Mortalité augmentée, risque accru de maladies</h2>
<p>La précocité de l’initiation est également synonyme de dégâts amplifiés sur la santé de ces fumeurs… <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28169018">Une étude</a> publiée en 2017 a analysé les données de la National Health Interview Survey (de 1997 à 2005) qui portait sur plus de 90 000 sujets âgés de 30 ans ou plus, fumeurs ou anciens fumeurs. Parmi eux, 7,3 % avaient commencé à fumer régulièrement avant l’âge de 13 ans.</p>
<iframe id="datawrapper-chart-9oSfM" src="https://datawrapper.dwcdn.net/9oSfM/1/" scrolling="no" frameborder="0" allowtransparency="true" allowfullscreen="allowfullscreen" webkitallowfullscreen="webkitallowfullscreen" mozallowfullscreen="mozallowfullscreen" oallowfullscreen="oallowfullscreen" msallowfullscreen="msallowfullscreen" style="width: 0; min-width: 100%!important;" height="500" width="100%"></iframe>
<p>Cette étude montre que, pour ceux qui fument actuellement, la précocité de consommation de tabac (ici, avant 13 ans) augmente le risque de développer :</p>
<ul>
<li><p>une maladie cardio-vasculaire ou métabolique (risque augmenté de 67 %)</p></li>
<li><p>une maladie pulmonaire (risque augmenté de 79 %)</p></li>
<li><p>un cancer lié au tabagisme (risque multiplié par 2)</p></li>
</ul>
<p>De plus, la mortalité toutes causes confondues est augmentée de 18 % parmi ces fumeurs « précoces ».</p>
<iframe id="datawrapper-chart-xwGi9" src="https://datawrapper.dwcdn.net/xwGi9/1/" scrolling="no" frameborder="0" allowtransparency="true" allowfullscreen="allowfullscreen" webkitallowfullscreen="webkitallowfullscreen" mozallowfullscreen="mozallowfullscreen" oallowfullscreen="oallowfullscreen" msallowfullscreen="msallowfullscreen" style="width: 0; min-width: 100%!important;" height="500" width="100%"></iframe>
<p>Cette étude montre aussi – ce qui est important – que, pour ceux qui ne fument plus, la précocité de consommation de tabac (ici, avant 13 ans) augmente le risque de développer :</p>
<ul>
<li><p>une maladie cardio-vasculaire ou métabolique (risque augmenté de 38 %)</p></li>
<li><p>une maladie pulmonaire (risque augmenté de 89 %)</p></li>
<li><p>un cancer lié au tabagisme (risque augmenté de 44 %)</p></li>
</ul>
<p>De plus, la mortalité toutes causes confondues est augmentée de 19 % parmi ces anciens fumeurs « précoces ».</p>
<p>Il est donc important de retarder l’initiation au tabagisme, tout comme l’initiation à l’alcool ou au cannabis.</p>
<hr>
<p><em>Les data visualisations de cet article ont été réalisées par Marie Simon.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86506/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers a reçu des financements de Lundbek SAS, PierreFabre Médicament, RB Pharmaceuticals France, Novartis Santé Familiale SAS.</span></em></p>Pour conclure le mois sans tabac, et – peut-être – renforcer la motivation de celles et ceux qui ont arrêté, voici une série de data visualisations. Dans cet article, les dégâts liés à la précocité.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/875642017-11-28T19:20:06Z2017-11-28T19:20:06ZLes « roulées » plus toxiques que les cigarettes manufacturées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196708/original/file-20171128-7454-17w1vx1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tabac à rouler.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://scheigy.blogspot.fr">Scheigy.blogspot.fr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Lorsque j’aborde la question des cigarettes roulées avec mes patients, c’est à chaque fois la même déconvenue : ils sont persuadés qu’elles sont moins toxiques que les autres cigarettes, celles achetées chez le buraliste. Or cela est faux, comme le montre la visualisation ci-dessous (jouez avec les flèches pour un maximum d’informations).</p>
<iframe allowfullscreen="" src="https://e.infogram.com/96e8dc21-bb13-4bf5-8bcd-471d3184b377?src=embed" title="Cigarettes roulées nocivité" width="100%" height="746" scrolling="no" frameborder="0" style="border:none;"></iframe>
<p>Certes, elles leur reviennent moins chères à l’unité comme on peut le voir ci-dessous. La différence est imputable aux taxes moins élevées pour les roulées, ce qui en train d’être modifié en France, avec une augmentation de 15 % des taxes appliquées au tabac à rouler. En effet, en raison du prix moindre, c’est un produit d’entrée dans le tabagisme chez les jeunes (qui pourront aussi y ajouter du cannabis, de l’herbe ou de la résine), et également un produit préféré par les précaires.</p>
<iframe allowfullscreen="" src="https://e.infogram.com/adb70fdc-dc61-4dfb-9796-71655f02c671?src=embed" title="Cigarettes roulées" width="100%" height="1039" scrolling="no" frameborder="0" style="border:none;"></iframe>
<hr>
<p><em>Les data visualisations de cet article ont été réalisées par Marie Simon.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87564/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers a reçu des financements de Lundbek SAS, PierreFabre Médicament, RB Pharmaceuticals France, Novartis Santé Familiale SAS.</span></em></p>Pour – peut-être – renforcer la motivation de celles et ceux qui vont ou ont arrêté, voici une série de data visualisations. Dans cet article, la toxicité du tabac à rouler.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/878332017-11-28T19:20:04Z2017-11-28T19:20:04ZLe vapotage n’est pas une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196711/original/file-20171128-7454-1j94md4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Porte d’entrée dans le tabagisme ? </span> <span class="attribution"><span class="source">JeepersMedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La cigarette électronique – ou vapoteur personnel (VP) – risque-t-elle de devenir une étape d’initiation pour les jeunes, avant le passage à la cigarette classique ? À vrai dire, le <a href="https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxalu2.pdf">public ciblé</a> est plutôt constitué de fumeurs de tabac qui veulent arrêter. Il y a donc essentiellement des ex-fumeurs et des vapo-fumeurs qui vapotent, cherchant une porte de sortie du tabagisme… Quant aux jeunes, la vente dans les boutiques en France est interdite aux mineurs, et si certains l’expérimentent (recherche de sensation, recherche de nouveauté), peu continuent à vapoter occasionnellement ou régulièrement.</p>
<p>Une <a href="https://www.journals.elsevier.com/addictive-behaviors/">étude américaine</a> vient d’être publiée en avril 2017, effectuée en 2014 auprès de 3 657 étudiants (âge moyen : 18,5 ans). Ils ont à nouveau été interrogés en 2015 sur leur statut de fumeur ou vapoteur (non-fumeur, vapoteur, fumeur de tabac, ou vapo-fumeur). Même si les effectifs sont faibles, 153 étudiants déclarent en 2014 vapoter (et ne pas fumer de tabac). Un an plus tard, parmi eux, près d’1 sur 4 ne vapote plus (et ne fume pas) et 8 (5,2 %) ne vapotent plus et fument du tabac. Près d’1 sur 2 continue à vapoter (46,4 %) et près d’1 sur 4 vapote et fume du tabac.</p>
<iframe src="https://public.tableausoftware.com/views/CigarettelectroniqueV2/Cigarettelectroniquetest?:showVizHome=no&:embed=true" width="100%" height="850"></iframe>
<p>Cette étude a ses limites en termes d’effectifs, et on ne dispose que d’un suivi à court terme, sur une année. Il faut mettre en place des enquêtes longitudinales avec des effectifs de départ importants, en raison du taux d’attrition (sujets perdus de vue) au fur et à mesure des années de passation du questionnaire.</p>
<p>Une étude pilotée par le docteur Ivan Berlin est d’ailleurs en cours à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière : il va recruter 700 fumeurs âgés de plus de 18 ans, et ils seront répartis en quatre groupes : des comprimés (de varénicline, médicament indiqué dans le sevrage tabagique, remboursé par la sécurité sociale ou un placebo) et une cigarette électronique (avec 12mg/ml de nicotine ou 0 mg/ml). L’objectif sera de comparer le nombre d’arrêts du tabac dans chacun des groupes.</p>
<h2>« La vape ringardise le tabac »</h2>
<p>En tout cas, l’étude publiée dans Addictive Behaviors ne démontre pas que la vape est le mode d’entrée dans le tabagisme, alors que l’on voudrait nous faire croire que de voir vapoter va donner envie de fumer du tabac et renormalise ainsi l’image du tabagisme. D’ailleurs, parmi les jeunes qui vapotent, combien auraient commencé le tabac de toute façon, ou plus tôt ?</p>
<p>Dans ce cas, la toxicité du tabac est certaine, et un fumeur sur deux en mourra dans le futur. Alors que les modèles de deuxième et de troisième génération de cigarette électronique, fabriqués et distribués en France, respectent des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Association_fran%C3%A7aise_de_normalisation">normes Afnor</a> établies en 2016 qui garantissent des produits sûrs pour les utilisateurs. La nicotine peut être présente avec des dosages maximums à 19,99 mg/ml. Elle peut aussi en être absente.</p>
<p>« Quand on interroge ces collégiens et lycéens, on s’aperçoit que la vape ringardise le tabac », a souligné le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Dautzenberg">Pr Bertrand Dautzenberg</a> lors du Premier sommet de la vape, tenu à Paris en 2016. Avant, a-t-il souligné, le tabac n’avait pas de concurrent. La vape, qui plus est, est un concurrent moins nocif.</p>
<hr>
<p><em>Les data visualisations de cet article ont été réalisées par Marie Simon.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87833/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers a reçu des financements de Lundbek SAS, PierreFabre Médicament, RB Pharmaceuticals France, Novartis Santé Familiale SAS.</span></em></p>Pour conclure le mois sans tabac, et – peut-être – renforcer la motivation de celles et ceux qui ont arrêté, voici une série de data visualisations. Dans cet article, l’évaluation du vapotage.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/725172017-04-10T19:22:45Z2017-04-10T19:22:45ZCes pays qui ont réussi à dissuader les gens de fumer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164502/original/image-20170407-31640-21d61b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/soelin/4849597001/in/photolist-8oxsep-HaC5AA-p3oHMt-7oTFRH-8oDmMv-k6ueX-Q9KGpc-o98M7v-6Rk5Ag-d4cnHd-ehT3hD-goxJTY-6Qs6g8-VsJi-dejQbE-pJujEH-az5nBq-9G6EuP-62qob3-evVsgL-fDbYDs-7xzGd6-6uUmvG-dYbDdR-iwg6gv-H8rp9m-dJGmnP-dY54uB-9phYAB-fYnDom-5ZYTB3-pT5FeR-8fRPnt-d117e9-cGGrwG-dXrLF4-pqmj5Y-pTxun7-HALcW1-mFVjc-pVUKm1-oBd7ss-ebzML4-FDv9fC-bFbhsN-fDbUam-jJ51xJ-bgxUZR-dY4ZCH-4ybp12">Soe Lin/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le nombre de cigarettes vendues en France <a href="http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2017/08/16/29006-20170816ARTFIG00164-tabac-le-paquet-neutre-n-a-pas-encore-d-effet-notable-sur-les-ventes.php">a progressé de 21,1 % entre janvier et juillet</a>, en dépit de la mise en place du paquet neutre. Il est trop tôt pour tirer des conclusions quant à l'efficacité de cette mesure gouvernementale. Cependant, la France compte toujours davantage de fumeurs que bien des pays occidentaux – un tiers de sa population. </p>
<p>Le <a href="http://invs.santepubliquefrance.fr//Publications-et-outils/BEH-Bulletin-epidemiologique-hebdomadaire">Bulletin épidémiologique hebdomadaire</a> (BEH) publié le 30 mai par l'agence sanitaire Santé publique France constatait en effet que la proportion y est « nettement plus élevée que dans les pays voisins. L'Allemagne compte environ un quart de fumeurs, comme l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas. L'Italie et la Grande-Bretagne en comptent environ un cinquième » </p>
<p>A l'échelle mondiale, le nombre des victimes du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/tabac-21029">tabac</a>, révélé le 5 avril, 6,4 millions de morts pour la seule année 2015, s'avère alarmant. Entre 1990 et 2015, le nombre de décès attribués au tabac a en effet augmenté de 4,7 % à l’échelle de la planète, selon l’étude Global Burden of Disease réalisée par un consortium mondial de centaines de scientifiques et <a href="http://thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(17)%2030819-X/fulltext">publiée dans la revue The Lancet</a>. Un homme sur quatre et une femme sur 20 fument tous les jours.</p>
<p>Pourtant, une poignée de pays comme l’Irlande et l’Australie, ou une nation comme l’Écosse (Grande-Bretagne), ont réussi à dissuader leurs habitants de fumer. Comment s’y sont-ils pris ? En déployant toute une panoplie de mesures radicales, lesquelles font désormais figure d’exemple à suivre pour combattre l’<a href="https://theconversation.com/les-cinq-substances-les-plus-addictives-au-monde-et-leurs-effets-sur-le-cerveau-67962">addiction à la nicotine</a>.</p>
<p>La France a déjà repris à son compte l’une de ces mesures, le paquet de cigarettes neutre, en <a href="http://social-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/marisol-touraine-publie-le-calendrier-d-application-du-paquet-neutre">vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier</a>. Mais notre pays se trouve maintenant au milieu du gué. S’il ne joue pas simultanément sur les autres leviers, en imposant notamment une succession de très fortes augmentations des prix, les résultats risquent fort… de ne pas être au rendez-vous.</p>
<h2>180 pays signataires du traité antitabac</h2>
<p>Un fumeur sur deux mourra de son tabagisme, <a href="http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs339/fr/">rappelle l’Organisation mondiale de la santé</a> (OMS). Le coût économique des maladies dues au tabac dans le monde est estimé à 422 milliards de dollars (environ 400 milliards d’euros), <a href="http://tobaccocontrol.bmj.com/content/early/2017/02/02/tobaccocontrol-2016-053305">selon une étude publiée le 4 janvier dans la revue <em>Tobacco Control</em></a>. Dès lors, on comprend que l’OMS ait poussé les gouvernements, dès 2003, à discuter tous ensemble des moyens à privilégier dans la lutte contre ce fléau. À ce jour, <a href="http://www.who.int/fctc/signatories_parties/fr/">180 pays</a> ont ratifié le traité des Nations Unies sur la question, la <a href="http://www.who.int/fctc/text_download/fr/">Convention-cadre de lutte antitabac</a>.</p>
<p>La stratégie retenue par cette Convention repose sur l’interdiction de la publicité pour le tabac, l’augmentation du prix par le biais des taxes, la protection des non-fumeurs contre le tabagisme passif, l’éducation et l’<a href="https://theconversation.com/dix-idees-recues-sur-le-tabagisme-qui-ont-la-vie-dure-1-64027">information sur les dangers du tabac</a>, et l’aide à l’arrêt du tabac.</p>
<h2>Combattre les stratégies de l’industrie du tabac</h2>
<p>En 2016, la 7<sup>e</sup> Conférence des parties à la Convention (c’est à dire des pays qui l’ont ratifiée), la <a href="http://www.who.int/fctc/mediacentre/news/2016/achievements-2016-expectations-2017-tobacco-control/fr/">COP7</a>, a également appelé à combattre « les stratégies de l’industrie du tabac venant à saper ou dénaturer la lutte antitabac ».</p>
<p>Parmi les signataires, certains se sont distingués en réalisant l’exploit de ringardiser la cigarette chez les jeunes et de décourager la grande majorité des adultes de fumer. L’Irlande, pour commencer. Le gouvernement de Dublin a institué l’interdiction de fumer dans les lieux publics et collectifs dès 2004. Sa <a href="http://www.hse.ie/eng/about/Who/TobaccoControl/legres/">loi antitabac</a> est considérée comme l’une des plus strictes qui soient, car l’interdiction concerne les bars, les pubs, les restaurants, les clubs, mais aussi les lieux de travail, les bâtiments publics, les véhicules d’entreprises, camions, taxis et fourgons. De plus, elle s’étend à un périmètre situé dans un rayon de 3 mètres de ces lieux.</p>
<p>Dans les pubs, l’amélioration de la qualité de l’air et celle de la fonction respiratoire des clients et des barmans est attestée par plusieurs études, comme <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17204724">celle menée un an après l’interdiction</a>, le <a href="http://www.smokefreeengland.co.uk/files/1_year_report_ireland.pdf">rapport de l’Office irlandais de contrôle du tabac</a> ou <a href="http://health.gov.ie/wp-content/uploads/2014/03/TobaccoFreeIreland.pdf">celui du ministère irlandais de la Santé</a>.</p>
<h2>Chute de la proportion de fumeurs en Irlande</h2>
<p>L’application de la loi anti-tabac a fait baisser rapidement le taux de prévalence du tabagisme dans ce pays de 29 % en 2004 à 18,6 % en 2016, selon le <a href="http://www.hse.ie/eng/about/Who/TobaccoControl/Tobacco-Free-Ireland%E2%80%99-Keynote-Address-Dr-Fenton-Howell-.pdf">ministère irlandais de la Santé</a>. Par comparaison, ce taux n’a que peu diminué en France, passant de 30 % en 2004 à 28 % en 2016 – il est d’ailleurs stable depuis 2014, <a href="http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxalu5.pdf">selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies</a> (OFDT).</p>
<p>Le prochain objectif, c’est « l’Irlande sans tabac » en 2025, c’est-à-dire moins de 5 % de fumeurs dans la population.</p>
<p>L’Écosse a suivi de près l’Irlande, en <a href="http://www.tobaccocontrollaws.org/files/live/Scotland/Scotland%20--%20The%20Prohibition%20of%20Smoking%20in%20Certain%20Premises%20Regulations%202006%20--%20national.pdf">votant deux ans après l’interdiction de fumer</a> dans les lieux publics et collectifs. Son application a réduit le <a href="http://www.ashscotland.org.uk/ash/4320">taux de prévalence du tabagisme des Écossais</a> de 26,5 % en 2004 à 21 % en 2016.</p>
<p>En 2016, l’Écosse est allée plus loin en <a href="http://www.parliament.scot/parliamentarybusiness/Bills/84734.aspx">interdisant aux adultes de fumer dans leur voiture en présence d’enfants mineurs</a>. Cela devrait épargner à 60 000 enfants par an les risques liés au tabagisme passif, a précisé le député <a href="http://www.childreninscotland.org.uk/sites/default/files/smoking%20in%20cars.pdf">Jim Hume</a>, à l’initiative du texte de loi.</p>
<h2>L’Australie, autre champion de la lutte antitabac</h2>
<p>Autre champion de la lutte antitabac, l’Australie. Le principal point fort de ce pays ? <a href="https://theconversation.com/goodbye-glamour-puss-and-rugged-hero-smokers-lose-brand-identity-with-plain-cigarette-packaging-73910">L’adoption du paquet de cigarettes neutre</a> en 2012. Le taux de prévalence du tabagisme, qui était déjà modéré, a encore diminué, passant de 16,1 % en 2011-2012 à 14,7 % en 2014-2015. Ce pays entend coupler désormais le paquet neutre et une augmentation annuelle des taxes de 12,5 % chaque année pendant 4 ans. <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/2016/may/03/smokers-to-pay-more-than-45-for-a-packet-of-cigarettes-from-2020">Le paquet de cigarettes, actuellement à 16,8 euros, passera alors à… 27 euros en 2020</a>.</p>
<p>Le but est de descendre sous la barre des 10 % de fumeurs d’ici 2018.</p>
<p>Par leurs politiques antitabac offensives, ces pays <a href="https://theconversation.com/how-the-tobacco-industry-is-gaming-australian-health-regulations-67156">suscitent les réactions des fabricants de tabac</a>. Les industriels, désignés sous le nom de <em>Big Tobacco</em> <a href="https://theconversation.com/fumer-tue-aussi-la-concurrence-69378">pour les 5 plus gros</a> (Imperial Tobacco, British American Tobacco, Philip Morris, Japan Tobacco International, China Tobacco), intentent en effet des procès aux pays adoptant, par exemple, le paquet neutre. Ils attaquent pour atteinte à la propriété intellectuelle et à la liberté de commerce ainsi que pour le risque de contrefaçon, au motif que ces paquets sont plus faciles à copier.</p>
<p>Ainsi, <a href="http://www.lemondedutabac.com/irlande-la-procedure-de-jti-sera-bien-examinee-sur-place/">Japan Tobacco International a porté plainte en Irlande</a> contre le paquet neutre en 2015. La décision n’a pas encore été rendue à ce jour.</p>
<p>À l’échelle de l’Europe, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) <a href="http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5N1812L6">a rejeté, le 4 mai 2016, le recours de Philip Morris International et British American Tobacco</a> contre la nouvelle loi européenne généralisant le paquet neutre.</p>
<h2>Philip Morris débouté de sa plainte contre le paquet neutre</h2>
<p>En Australie, Philip Morris <a href="http://transatlantique.blog.lemonde.fr/2016/01/15/laustralie-gagne-son-arbitrage-isds-contre-le-cigarettier-philip-morris/">a été débouté d’une plainte semblable en décembre 2015</a> par le Tribunal d’arbitrage d’investissement par rapport aux droits de propriété intellectuelle. Il a été condamné à retirer le logo et à renoncer à la charte graphique de ses marques.</p>
<p>En France, où en est-on ? Notre pays a d’abord joué, au début des années 2000, sur l’augmentation des prix, qui a provoqué une diminution d’un tiers environ des ventes de tabac. Comme le précise le Pr Gérard Dubois <a href="http://www.em-consulte.com/rmr/article/183818">dans la Revue des maladies respiratoires</a>, la forte augmentation du prix du tabac en 2003 (8,3 % en janvier, 18 % en octobre) puis en 2004 (8,5 % en janvier) a entraîné sur la même période une baisse de la prévalence du tabagisme de 12 %, le nombre de fumeurs passant de 15,3 millions à 13,5 millions.</p>
<p>Par la suite, les augmentations, beaucoup plus modérées, n’ont eu que très peu d’effet, comme le montre l’<a href="http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Mortalite_attribuable_au_tabac_en_France.pdf">étude publiée en 2013 par l’épidémiologiste de l’Institut Gustave Roussy Catherine Hill</a>. Sur ce point, le <a href="http://www.ccomptes.fr/content/download/89523/2121307/file/08-lutte-contre-tabagisme-RPA2016-Tome-2.pdf">rapport de la Cour des comptes</a> de février 2016 est clair : « Des hausses de prix plus fortes et plus continues sont à imposer ». La Cour des comptes recommande ainsi de « mettre en œuvre dans la durée une politique de relèvement soutenu des prix en usant de l’outil fiscal à un niveau suffisant pour provoquer une baisse effective et durable de la consommation ». Exactement ce qui a été décidé en Australie.</p>
<h2>Des augmentations de prix trop modestes en France</h2>
<p>En France, on est encore loin du compte. Le 20 février, le prix du tabac à rouler a subi une <a href="http://www.lemonde.fr/addictions/article/2017/02/02/le-prix-du-tabac-a-rouler-va-augmenter-celui-des-paquets-de-cigarettes-reste-stable_5073682_1655173.html">hausse de 15 % en moyenne</a>, soit entre 1 euro et 1,50 euro supplémentaire par paquet. Les paquets de cigarettes continuent pour leur part à se vendre entre 6,50 et 7 euros, les fabricants ayant renoncé à des augmentations de prix malgré des hausses de taxes. Le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=BE3C789B0A703B69A7577038ECC0402C.tpdila07v_3?cidTexte=JORFTEXT000034160147&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000034159833">10 mars</a>, c’est la décision d’augmenter uniquement le prix des cigarettes les moins chères qui a été prise, avec une augmentation de 10 à 20 centimes d’euro par paquet. Le premier ministre Edouard Philippe s'est cependant engagé, <a href="http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/2017/06/23/29001-20170623ARTFIG00135-prix-du-tabac-la-ministre-de-la-sante-veut-une-augmentation-forte-et-rapide.php">à l'occasion de son discours de politique générale le 4 juillet</a>, à porter le prix du paquet de 7 à 10 euros environ.</p>
<p>À lui seul, le paquet neutre a peu de chances de permettre à terme une diminution de la proportion de fumeurs. En effet, c’est la combinaison de plusieurs mesures qui amène l’efficacité. Si la France veut espérer servir d’exemple, un jour, à d’autres pays, pour sa lutte antitabac, elle devra s’inspirer de pays comme l’Australie ou l’Irlande et prendre d'autres mesures beaucoup plus radicales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72517/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers a reçu des financements de Lundbek SAS, PierreFabre Médicament, RB Pharmaceuticals France, Novartis Santé Familiale SAS. </span></em></p>En combinant des mesures radicales comme l’augmentation du prix du tabac et le paquet neutre, l’Australie, l’Irlande et l’Écosse sont parvenus à réduire le nombre de fumeurs. La France, pas encore…Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.