tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/terres-rares-30956/articlesterres rares – The Conversation2023-12-03T16:28:16Ztag:theconversation.com,2011:article/2186312023-12-03T16:28:16Z2023-12-03T16:28:16ZLoi européenne sur les métaux critiques : moins de dépendance mais des questions en suspens<p>Les préoccupations de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/union-europeenne-ue-20281">l’Union européenne</a> (UE) concernant le risque d’approvisionnement en matières premières critiques (ou <em>critical raw materials</em>, CRM en anglais) se sont considérablement accrues au cours de la dernière décennie en raison de leur importance croissante pour la transition numérique et écologique. En effet, la production de CRM reste actuellement largement concentrée géographiquement en dehors de l’Europe, <a href="https://www.euractiv.fr/section/economie/news/dependance-aux-matieres-premieres-chinoises-lue-doit-se-preparer-au-pire/">notamment en Chine</a>, ce qui expose l’UE à des risques d’approvisionnement majeurs. Consciente de sa dépendance à l’égard de sources extérieures pour ces matériaux, Bruxelles <a href="https://france.representation.ec.europa.eu/informations/discours-sur-letat-de-lunion-2022-de-la-presidente-von-der-leyen-2022-09-14_fr">prend désormais des mesures pour relever ce défi</a> et ainsi se protéger contre d’éventuelles restrictions d’exportations de pays tiers.</p>
<p>L’Europe n’a pas de temps à perdre. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de CRM devrait quadrupler d’ici 2040, sous l’effet d’une multiplication par 42 de la demande de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lithium-61289">lithium</a> et d’une multiplication par 7 de la demande en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/terres-rares-30956">terres rares</a> d’ici 2050. Essentiels à la fabrication des batteries, les terres rares et le lithium sont au cœur de la mobilité et du stockage de l’énergie, ce qui rend la sécurité du CRM vitale pour atteindre les <a href="https://commission.europa.eu/strategy-and-policy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr">objectifs de l’UE en matière de décarbonation</a>.</p>
<p><iframe id="3YtIE" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/3YtIE/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Cependant, la Chine possède actuellement un quasi-monopole des exportations de <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/terres-rares-et-metaux-strategiques">terres rares</a>, le cobalt et le lithium, constituant ainsi la source de plus de 90 % des importations européennes. Pékin est bien conscient de l’importance de ce levier de puissance et s’en <a href="https://legrandcontinent.eu/fr/2023/07/15/les-matieres-critiques-chinoises-dans-linterregne/">sert déjà dans son bras de fer technologique avec les États-Unis</a>.</p>
<h2>Une liste de 16 matières premières</h2>
<p>Pour relever ces défis, la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/HTML/?uri=CELEX:52023PC0160">Commission européenne a proposé en mars 2023 la loi sur les matières premières critiques</a> (CRMA), qui vise à garantir l’accès de l’UE aux matières premières essentielles. Cette législation vise à réduire la dépendance des vingt-sept en encourageant l’augmentation de la production européenne, le recyclage et le raffinage des matières premières critiques.</p>
<p>La CRMA établit une liste de 16 matières premières stratégiques et critiques et fixe des objectifs pour augmenter la contribution de l’UE (10 % pour l’extraction, 40 % pour la transformation et 15 % pour le recyclage). La proposition comprend des mesures visant à rationaliser les processus administratifs d’extraction, à surveiller les chaînes d’approvisionnement et à investir dans la recherche et l’innovation.</p>
<p>Néanmoins, les critiques ont soulevé des inquiétudes quant à l’<a href="https://www.delorscentre.eu/en/publications/eu-critical-raw-materials">absence de fonds dédiés, remettant en cause la viabilité financière et l’efficacité de la législation</a>. L’extraction, le traitement et le recyclage des CRM nécessitent en effet des investissements importants et les possibilités de financement actuelles de l’UE sont dispersées et complexes. En réponse, le Parlement européen a proposé la <a href="https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2023-0325_EN.pdf">création d’un Fonds européen pour les matières premières stratégiques</a> en septembre 2023.</p>
<h2>« Club d’acheteurs bruxellois »</h2>
<p>Un autre sujet de discorde concerne les risques potentiels liés à <a href="https://reporterre.net/Mine-de-lithium-dans-l-Allier-les-habitants-en-colere">l’acceptation des projets stratégiques par les populations locales</a>, qui peuvent s’inquiéter des impacts environnementaux et sociaux. Dans le texte européen, les projets stratégiques sont définis comme des projets relatifs aux matières premières qui renforcent de manière significative la sécurité de l’approvisionnement de l’UE en matières premières stratégiques. Les entreprises dont les projets seront reconnus comme stratégiques bénéficieront de procédures d’autorisation simplifiées et d’un accès plus facile aux possibilités de financement. Cela soulève des inquiétudes quant à l’équilibre entre l’accélération des projets et la mise en place de garanties environnementales et sociales solides.</p>
<p>En outre, les discussions mettent en évidence le manque de dispositions concrètes sur la circularité de la CRMA. Les critiques soutiennent que la loi n’offre <a href="https://ieep.eu/wp-content/uploads/2023/10/Circularity-and-the-European-Critical-Raw-Materials-Act-IEEP-2023.pdf">pas suffisamment d’orientations pour renforcer le rôle du secteur de la réparation</a> dans l’extension du cycle de vie des produits contenant des CRM. La loi se concentre sur l’exploitation des déchets, l’amélioration des processus de recyclage et l’augmentation de la réutilisation des produits et des CRM secondaires, mais elle n’aborde pas la législation sur le droit à la réparation.</p>
<p>Enfin, les dispositions de la CRMA relatives à l’achat groupé, qui visent à encourager le regroupement de la demande intérieure de l’UE par la constitution de stocks stratégiques, ont suscité certaines craintes. Le chercheur américain <a href="https://www.piie.com/publications/policy-briefs/why-proposed-brussels-buyers-club-procure-critical-minerals-bad-idea">Cullen S. Hendrix a par exemple exprimé des inquiétudes concernant un « club d’acheteurs bruxellois », soulignant le risque d’effets néfastes sur les économies en développement. La pratique d’achat groupé par les</a> pays de l’UE pourrait en effet, en faisant baisser les prix de vente, entraver la capacité des pays en développement à bénéficier de leur dotation en CRM pour financer leur transition énergétique.</p>
<h2>Et pour la France ?</h2>
<p>Du point de vue français, le CRMA répond à deux attentes politiques complémentaires sur le moyen et long terme. Premièrement, le texte de loi vient en appui à l’exécutif, qui cherche depuis longtemps à voir la Commission européenne accepter plus de souplesse en ce qui concerne les aides d’État. Ces dernières représentent en effet un levier privilégié pour favoriser le développement territorial dans l’hexagone, comme en témoignent les subventions à la <a href="https://www.hautsdefrance.fr/prologium-technology-sinstalle-en-hauts-de-france/">hauteur d’un milliard et demi d’euros attribuées au projet d’usine de batteries à Dunkerque</a>. En outre, le CRMA offre des perspectives intéressantes pour favoriser des projets industriels à l’instar de la mine de lithium dans l’Allier – qui d’ailleurs suscite les inquiétudes des habitants.</p>
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<p>Le deuxième point fort de cette législation européenne est qu’elle démontre la valeur ajoutée de l’action de l’UE en tant qu’acteur à l’échelle mondiale. Ceci est une conception très française de l’Europe, qui voit en la construction européenne un moyen non seulement de peser dans les affaires internationales mais aussi de s’affranchir de la puissance américaine.</p>
<p>La logique « gaulliste » de cette vision consiste à penser la base industrielle en lien avec les capacités de défense. Ce n’est donc pas une coïncidence que le Conseil européen, sous la présidence française en 2022, a appelé à œuvrer à la <a href="https://www.consilium.europa.eu/media/54777/20220311-versailles-declaration-fr.pdf">construction d’une base économique plus solide en même temps que le renforcement des capacités de défense européennes</a>.</p>
<h2>Répondre aux préoccupations</h2>
<p>Actuellement en phase de trilogue, les négociations entre le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen sont presque terminées. La prochaine étape de la procédure législative de l’UE est l’approbation et l’adoption formelle par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne. <a href="https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/11/13/council-and-parliament-strike-provisional-deal-to-reinforce-the-supply-of-critical-raw-materials/">L’accord provisoire sur le CRMA conclu avec le Parlement européen</a> le 13 novembre 2023 doit en effet encore être approuvé et formellement adopté par les deux institutions.</p>
<p>La CRMA jouera un rôle essentiel dans la capacité de l’UE à atteindre ses objectifs en matière de transition écologique et à renforcer son autonomie stratégique. Cependant, la CRMA a suscité de nombreux débats et a soulevé des inquiétudes parmi les différentes parties prenantes. Bien qu’elle soit susceptible de répondre aux défis de l’UE en matière d’accès sûr et durable aux CRMA, il est essentiel d’examiner attentivement les préoccupations soulevées par les critiques et d’y répondre afin de garantir l’efficacité des dispositions prises au sein du CRMA.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218631/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les efforts politiques de l’Union européenne pour sécuriser les approvisionnements en lithium ou en terres rares suscitent plusieurs critiques. Décryptage.Lucas Miailhes, Doctorant en Science Politique/Relations Internationales, Institut catholique de Lille (ICL)Andrew Glencross, Directeur d'ESPOL, Professeur de Science Politique, Institut catholique de Lille (ICL)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050722023-05-21T15:05:27Z2023-05-21T15:05:27ZVéhicules électriques : la géothermie, future source d’approvisionnement en lithium ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/524671/original/file-20230505-17-wkjukb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=57%2C32%2C1166%2C707&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’un des plus importants gisements de lithium mondial se trouve dans le salar d’Uyuni, en Bolivie. Il est extrait en siphonnant les eaux des bassins d’évaporation, visible sur cette vue satellite.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lithium_brine_extraction_in_the_Salar_de_Uyuni_salt_flat,_Potos%C3%AD,_Bolivia_-_3_January_2023_(52616752619).jpg">Pierre Markuse / Copernicus Sentinel program / Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le Parlement européen a voté le 14 février 2023 la <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/automobile-le-parlement-europeen-approuve-la-fin-des-moteurs-thermiques-en-2035_5658587.html">fin de la production de véhicules thermiques à l’horizon 2035</a> pour les habitants des pays membres de l’Union européenne. En pratique, cela revient à l’arrêt des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel dans l’UE à cette date, ainsi que des hybrides (essence-électrique), au profit de <a href="https://theconversation.com/automobile-les-trois-etapes-qui-ont-conduit-lue-a-mettre-fin-aux-vehicules-thermiques-dici-2035-186248">véhicules 100 % électriques</a>.</p>
<p>Cette décision s’inscrit dans un schéma plus large de recours aux véhicules électriques. Ainsi, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), environ <a href="https://www.iea.org/news/demand-for-electric-cars-is-booming-with-sales-expected-to-leap-35-this-year-after-a-record-breaking-2022">2 milliards de véhicules électriques</a> seront en circulation d’ici 2050, alors que les ventes n’étaient que de 10 millions en 2022 (avec une projection de +35 % en 2023 pour atteindre 14 millions).</p>
<p>Cette augmentation du nombre de véhicules électriques va très logiquement s’accompagner de besoins de plus en plus importants en batteries, et donc en leurs composants, comme le <a href="https://theconversation.com/les-materiaux-de-la-transition-energetique-le-lithium-105429">lithium</a>. Les exploitations habituelles étant déjà sous tension, les saumures géothermiques pourraient-elles devenir une source essentielle d’approvisionnement de la filière lithium européenne ?</p>
<h2>Le lithium, enjeu économique en voie de pénurie</h2>
<p>Le lithium est l’un des <a href="https://theconversation.com/energie-comment-vont-evoluer-les-batteries-lithium-ion-tres-consommatrices-de-metaux-en-tension-183161">composants clés des batteries de véhicules électriques</a>. En 2022, le lithium était présent dans près de 90 % des batteries : les batteries lithium-nickel-manganèse-cobalt (LNMC) représentaient 60 % de part de marché, suivies des batteries lithium-fer-phosphate (LFP) avec une part d’un peu moins de 30 %. Environ 60 % de la demande en lithium concernait ainsi les batteries de véhicules électriques, contre environ 15 % en 2017.</p>
<p>Face à cette demande croissante, l’approvisionnement mondial en lithium est mis à rude épreuve. En 2021 et 2022, la demande a ainsi dépassé l’offre, malgré l’augmentation de 180 % de la production depuis 2017. Selon l’<a href="https://www.iea.org/reports/global-ev-outlook-2023">AIE</a>, le monde pourrait donc faire face à des pénuries de lithium d’ici 2025.</p>
<p>En réaction à ces changements, le <a href="https://www.transitionsenergies.com/monde-dependant-batteries-lithium-ion-materiaux-permettent-de-les-fabriquer/">marché mondial du lithium</a> fait l’objet de toutes les attentions de la part des spéculateurs, des constructeurs automobiles et des fabricants de batteries, qui tentent de sécuriser leurs approvisionnements ainsi que leurs marges.</p>
<p>Les <a href="https://www.reuters.com/markets/commodities/lithium-price-slide-deepens-china-battery-giant-bets-cheaper-inputs-2023-02-28/">cours</a> du carbonate de lithium (lithium raffiné) ont ainsi été multipliés par six entre août 2021 et novembre 2022, et ceux des cristaux de spodumène (minéral contenant du lithium) ont encore plus progressé dans le même temps.</p>
<p>La <a href="https://www.transitionsenergies.com/krach-du-lithium/">consommation mondiale</a> a quant à elle augmenté de plus de 280 % entre 2010 et 2021. Le prix de la tonne est quant à lui passé de moins de 5 000 euros en 2012 à plus de 85 000 euros en novembre 2022, avant de redescendre depuis mars à un peu plus de 50 000 euros.</p>
<p>Le lithium fait ainsi partie des métaux dits stratégiques. La France en a même fait une priorité en matière de souveraineté économique.</p>
<h2>Les défis de l’approvisionnement en lithium</h2>
<p>L’exploitation du lithium a lieu principalement sur des gisements de types saumures, tels les salars du plateau andin dans le <a href="https://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-triangle-du-lithium-quand-la-taille-compte">triangle du lithium</a>, ou par excavation minière conventionnelle dans les pegmatites riches en spodumène, comme en Australie.</p>
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<img alt="Une très grande mine à ciel ouvert, avec un lac au fond" src="https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524672/original/file-20230505-27-t545h7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mine de Greenbushes, en Australie, représente un important gisement de lithium.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Open_pit_of_the_Greenbushes_mine,_January_2023_07.jpg">Calistemon/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Ainsi, la <a href="https://pubs.usgs.gov/periodicals/mcs2022/mcs2022.pdf">majeure partie des réserves mondiales de lithium</a> se trouvent en Bolivie (21 millions de tonnes), Argentine (19 millions de tonnes), Chili (9,8 millions de tonnes), Australie (7,3 millions de tonnes), et en Chine (5,1 millions de tonnes).</p>
<p>Cette concentration de la ressource en quelques points du globe rend l’<a href="https://theconversation.com/relocaliser-lextraction-des-ressources-minerales-en-europe-les-defis-du-lithium-138581">Europe dépendante des pays producteurs</a>, tant au niveau de l’approvisionnement que du coût de revient de cette matière première.</p>
<p>Outre cet aspect économique, il est important de noter que l’exploitation des salars est une <a href="https://ecoinfo.cnrs.fr/2011/06/01/le-lithium-impacts-de-la-production/">aberration écologique</a>, qui nécessite de pomper de l’eau en profondeur et de la laisser s’évaporer. Et ce, dans des régions qui subissent déjà un fort stress hydrique. Le pompage, l’ajout d’additifs chimiques ainsi que les terrassements nécessaires aux bassins de décantation défigurent durablement les paysages à fort potentiel d’attraction touristique, et détruisent des écosystèmes particulièrement vulnérables et uniques au monde.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/batteries-electriques-une-meilleure-tracabilite-pour-un-lithium-plus-durable-190080">Batteries électriques : une meilleure traçabilité pour un lithium plus durable</a>
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<p>L’impact de <a href="https://www.france24.com/fr/europe/20221024-l-une-des-plus-grandes-mines-de-lithium-d-europe-sera-exploit%C3%A9e-en-france-d-ici-2027">l’exploitation en carrière</a> est lui aussi très important, et peut s’accompagner de <a href="https://theconversation.com/en-chine-lexploitation-des-terres-rares-saccompagne-dune-pollution-massive-183676">pollutions majeures</a>, comme c’est aussi le cas pour d’autres métaux.</p>
<p>L’approvisionnement européen en lithium est ainsi confronté à de nombreux défis. Certains sont liés à la forte progression de la demande, d’autres à des contraintes écologiques et sanitaires, et d’autres enfin à la concentration des ressources hors de l’Europe.</p>
<h2>La géothermie, nouvelle source d’approvisionnement en lithium</h2>
<p>Or, des <a href="https://www.egec.org/wp-content/uploads/2023/01/Geothermal-minerals-for-the-EU-critical-raw-materials-act.pdf">concentrations élevées en lithium</a> ont récemment été découvertes dans certaines saumures provenant d’exploitations géothermiques européennes, laissant augurer une nouvelle source d’approvisionnement.</p>
<p>La <a href="https://theconversation.com/il-existe-plusieurs-types-de-geothermie-comment-marchent-ils-et-quels-sont-les-risques-153923">géothermie</a> consiste à capter la chaleur terrestre pour l’exploiter directement. Elle peut ainsi fournir de la chaleur à différentes échelles, des habitations individuelles jusqu’aux réseaux de chaleur d’une agglomération, en passant par l’industrie agroalimentaire. Lorsque la température et le débit sont suffisants, la chaleur peut également être convertie en énergie électrique et injectée sur le réseau national.</p>
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<img alt="Une usine dans les cheminées fument ; la photo est prise au crépuscule ou à l’aube, avec des montagnes en fond" src="https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524675/original/file-20230505-19-55hfvy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’usine géothermique de Golemo Selo, en Bulgarie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/lAcYPEiau0U">Viktor Kiryanov/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Parmi les différentes techniques d’exploitation géothermiques possibles, la géothermie par stimulation de réservoir (EGS, Enhanced Geothermal Systems) permet de remonter à la surface des fluides naturellement surchauffés, présents à grande profondeur, grâce à un premier forage (appelé puits producteur). Ces fluides sont ensuite injectés dans leur niveau d’origine grâce à un deuxième forage (appelé puits injecteur).</p>
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<p>Ces fameux fluides sont des saumures, dont on ne modifie en rien la chimie, mais dont on prélève aujourd’hui uniquement la chaleur. Or, selon le terrain géologique dans lequel ils sont captés, ils peuvent contenir du lithium dissous. Le fluide ayant déjà été ramené en surface pour les besoins géothermiques, il ne reste qu’à extraire le précieux métal : d’une pierre deux coups, chaleur et lithium.</p>
<p>De plus, l’Europe est riche en terrains géologiques favorables à ces saumures riches en lithium, ce qui pourrait conduire à une production et un approvisionnement plus local, et moins dépendant de pays ou de sociétés étrangères.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="On trouve des zones vertes et jaune en suède/norvège/finlande, au nord de l’angleterre et en grèce ; des zones orange et rouge au portugal, au centre de la france et en europe centrale" src="https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525942/original/file-20230512-8466-fu8xp9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte de favorabilité d’exploitation du lithium en Europe, de nulle (blanc) à très favorable (rouge).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://data.geus.dk/egdi/?mapname=egdi_geoera_frame#baslay=baseMapGEUS&extent=-2616900,592270,11121880,5873110&layers=frame_cba_scores_lithium_v01">FRAME project/Geological Survey of Sweden</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, la technologie EGS a l’avantage de fonctionner en circuit fermé : il n’y a nul besoin ni de puiser de l’eau pour la faire évaporer ni de défigurer le paysage sur des centaines de kilomètres carrés, comme pour les salars ou les mines.</p>
<h2>Vers un développement de la géothermie ?</h2>
<p>La découverte de saumures géothermiques riches en lithium pourrait accroître l’intérêt des investisseurs et des pouvoirs politiques dans le développement de la géothermie. La demande en lithium est telle que la production de chaleur pourrait même, à terme, devenir un effet secondaire de l’extraction, et non plus la ressource principalement recherchée.</p>
<p>Durant la dernière décennie, la Commission européenne a montré un intérêt particulier pour le développement de la géothermie à grande profondeur, notamment la géothermie par stimulation de réservoir. L’exploration et le développement de systèmes EGS ont été étudiés en détail par différents projets de recherche et de démonstration tels <a href="https://cordis.europa.eu/project/id/608553">IMAGE</a>, <a href="https://cordis.europa.eu/project/id/691728">DESTRESS</a>, <a href="https://cordis.europa.eu/project/id/727550/fr">GEMEX</a> et <a href="https://www.meet-h2020.com/">MEET</a>.</p>
<p>Des <a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/actualite/coupler-production-lithium-geothermie-succes-projet-eugeli">projets préliminaires</a> visant à coproduire lithium et énergie géothermale sur réservoirs stimulés ont démontré la faisabilité technique du processus d’extraction, ainsi que son potentiel économique.</p>
<p>De nombreuses recherches sont à présent nécessaires afin de développer à l’échelle européenne cette nouvelle activité. Une approche multidisciplinaire est indispensable afin de cartographier la ressource en fonction du contexte géologique, déterminer les propriétés mécaniques et pétrophysiques des différents types de réservoir, comprendre les processus d’altération de la roche réservoir et les mécanismes de transport et concentration du lithium, et développer de nouvelles techniques d’extraction à haut rendement et respectueuses de l’environnement.</p>
<p>Mais au-delà de ces considérations économiques, les batteries lithium-ion <a href="https://theconversation.com/energie-comment-vont-evoluer-les-batteries-lithium-ion-tres-consommatrices-de-metaux-en-tension-183161">méritent-elles vraiment une telle place</a> dans une société sans carburant ? Qu’elles aient changé notre société est indéniable, mais si rien n’est fait concernant le coût environnemental de l’extraction des métaux bruts, du recyclage et de la réutilisation, les batteries pourraient bien devenir la prochaine grande crise environnementale après l’effet de serre. Avec ou sans exploitation géothermique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205072/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Largement utilisé dans les batteries, le lithium est une ressource très demandée. Une nouvelle voie d’extraction est envisagée ici, basée sur les fluides extraits des exploitations géothermiques.Olivier Pourret, Enseignant-chercheur en géochimie et responsable intégrité scientifique et science ouverte, UniLaSalleGhislain Trullenque, Enseignant Chercheur Géologie structurale et géothermie, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1971662023-01-11T17:39:07Z2023-01-11T17:39:07ZMétaux rares : comment impliquer les consommateurs face aux enjeux actuels ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/502948/original/file-20230103-3468-1356bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=55%2C0%2C1126%2C697&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'exploitation des métaux indispensables notamment à la fabrication de nos produits électroniques produit un impact important sur l'environnement, l'atmosphère, les sols et les eaux.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/l-exploitation-minière-à-ciel-ouvert-1327116/">NoName_13/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les métaux rares ont pris une place importante dans les sociétés occidentales et sont présents dans une <a href="https://theconversation.com/au-pays-des-puces-electroniques-linnovation-et-les-ressources-coutent-tres-cher-191977">majorité de produits</a> utilisés quotidiennement : ordinateurs portables, smartphones, ampoules à LED, panneaux photovoltaïques, batteries pour véhicules électriques, etc. L’Union européenne (UE), consciente de sa dépendance envers les principaux pays producteurs de ces métaux notamment révélée par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine, a fait le choix de relocaliser l’extraction de certains métaux sur son territoire, avec l’ouverture de nouvelles mines.</p>
<p>En 2022, par exemple, la société Imerys projette de créer une <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/mines-de-lithium-en-france-des-projets-mais-encore-beaucoup-d-interrogations_5546643.html">mine française</a> de lithium. En effet, la Russie reste l’un des principaux exportateurs de <a href="http://theconversation.com/war-in-ukraine-could-cut-global-supply-of-essential-elements-for-making-green-technology-179138">palladium et de platine</a>, tandis que l’Ukraine produit, quant à elle, une grande partie du <a href="https://theconversation.com/relocaliser-lextraction-des-ressources-minerales-en-europe-les-defis-du-lithium-138581">lithium</a> exporté en France.</p>
<p>Face à cette situation, les entreprises tentent également de s’adapter, et notamment le secteur automobile qui connaît une crise s’agissant de l’approvisionnement en semi-conducteurs. Certains constructeurs soulignent l’importance d’en relocaliser la production en Europe. Renault entend désormais entretenir une relation très étroite avec le fournisseur de puces français STMicroelectronics afin de sécuriser l’approvisionnement, essentiel dans la <a href="https://www.autojournal.fr/info-metier-de-lauto/crise-semi-conducteurs-reponse-constructeurs-279083.html">production automobile</a>.</p>
<p>Ces ruptures ne sont pas seulement un enjeu industriel, mais aussi un enjeu stratégique pour les États. C’est pourquoi la France a choisi d’injecter une enveloppe de 700 millions d’euros pour renforcer son tissu industriel et <a href="https://www.latribune.fr/economie/france/face-au-chaos-de-l-approvisionnement-bercy-lance-un-pret-de-700-millions-d-euros-pour-l-industrie-898379.html">technologique</a>. La France poursuit l’objectif de retrouver sa <a href="https://www.lefigaro.fr/vox/societe/souverainete-technologique-la-france-a-de-nouveau-un-role-singulier-a-jouer-dans-le-monde-20210409">souveraineté</a> technologique, en lançant notamment le projet « Nano 2022 », pour préserver le contrôle des technologies nécessaires aux secteurs de l’industrie et de la défense. </p>
<p>[<em>Nearly 80,000 readers look to The Conversation France’s newsletter for expert insights into the world’s most pressing issues</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Sign up now</a>]</p>
<p>De plus, la France entend investir massivement dans ce secteur, en propre et aux côtés de l’UE, en mettant en place un plan d’investissement « France 2030 », à hauteur de <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/livre-blanc/france-2030-industrie-futur-106762">30 milliards d’euros</a> pour permettre à la France de réaliser sa transition énergétique et numérique, tout en restant compétitive sur le plan industriel.</p>
<h2>Problématiques éthiques</h2>
<p>Tel est le cas du lithium par exemple, qui pourrait être exploité sur le territoire national. Cette relocalisation permettrait ainsi de limiter les impacts environnementaux, et de rendre la chaîne d’approvisionnement de ces métaux plus transparente. En effet, l’exploitation de ces métaux, et principalement des terres rares en Chine, a un impact important sur <a href="http://theconversation.com/en-chine-lexploitation-des-terres-rares-saccompagne-dune-pollution-massive-183676">l’environnement</a>, l’atmosphère, les sols et les eaux. Ces impacts, ainsi que les problématiques <a href="https://hir.harvard.edu/not-so-green-technology-the-complicated-legacy-of-rare-earth-mining/">d’éthique</a> liées aux conditions de travail, sont en partie imputables aux réglementations des pays producteurs. À cet égard, la relocalisation des productions minières en Europe permettrait dans une certaine mesure de limiter l’impact de ces activités.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Circuit imprimé" src="https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502950/original/file-20230103-14-melcc4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les métaux rares sont présents dans une majorité de produits utilisés quotidiennement comme les ordinateurs portables.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/partie-informatique-circuit-imprimé-7136373/">Joachim Schnürle/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les consommateurs, eux aussi, s’interrogent et s’engagent davantage sur les questions de <a href="https://www.bcg.com/publications/2020/sustainability-matters-now-more-than-ever-for-consumer-companies">développement durable</a>. Or, nos <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/16258312.2021.1984168">recherches</a> montrent que, dans le contexte actuel, les entreprises peuvent impliquer ces acteurs finaux afin de répondre aux enjeux environnementaux et éthiques. Cette <a href="https://www.researchgate.net/publication/229613900_Consumer_integration_in_sustainable_product_development">intégration</a> est donc devenue un axe stratégique pour les entreprises afin de répondre à plusieurs critères : que ce soit pour réduire les risques d’approvisionnement, augmenter la performance, améliorer la durabilité ou encore la disponibilité des ressources grâce au recyclage.</p>
<p>Par exemple, le 17 novembre 2021, le géant américain du numérique Apple a annoncé le <a href="https://www.apple.com/newsroom/2021/11/apple-announces-self-service-repair/">« Self Service Repair »</a>. Il s’agit d’un service permettant aux utilisateurs d’effectuer eux-mêmes certaines réparations, comme le changement de la batterie, de l’appareil photo ou de l’écran. L’utilisateur reçoit un manuel et des outils pour l’aider à effectuer ces réparations en toute sécurité. L’objectif de cette réparation par l’utilisateur est de répondre aux enjeux de durabilité en lien avec l’exploitation des métaux rares grâce à une longévité accrue des produits technologiques.</p>
<h2>Incitation au recyclage</h2>
<p>Cette méthode d’intégration, <a href="https://www.theses.fr/s207797">parmi d’autres</a>, fait référence aux « <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1540-5885.1840247">user toolkits</a> », et permet de transférer les tâches normalement effectuées par l’entreprise à l’utilisateur, rendant ainsi le processus moins cher et plus rapide tout en maintenant une qualité élevée. Cet exemple met en évidence que le consommateur peut jouer un rôle accru pour répondre aux enjeux environnementaux et éthiques liés aux objets comprenant des métaux rares. Les entreprises peuvent donc tirer avantage des consommateurs afin de proposer des produits plus durables.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme répare un circuit imprimé" src="https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502945/original/file-20230103-70262-u895vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Faciliter la réparation des appareils, une piste pour impliquer davantage le consommateur dans la limitation de la consommation de métaux rares.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/mains-technologie-sans-visage-ordinateur-4705634/">Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les États souhaitent également impliquer ces consommateurs. En France, en avril 2022, dans le cadre de l’élection présidentielle, le président de la République Emmanuel Macron a ainsi émis la possibilité de mettre en place un dispositif de <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/emmanuel-macron-promet-une-prime-au-retour-pour-recycler-ses-vieux-smartphones.N1995352">collecte des objets</a> usagés (téléphones, tablettes, ordinateurs entre autres) moyennant une somme d’argent, permettant ainsi de favoriser la filière du recyclage.</p>
<p>Cette reconnaissance des enjeux liés aux métaux rares par les entreprises et les États, liée aux conjonctures actuelles (pandémie, guerre en Ukraine…), constitue une première étape vers une prise de conscience globale incluant ainsi les consommateurs en leur donnant un rôle actif. L’intégration des consommateurs permet ainsi de résoudre le problème de longévité grâce à la réparation et au recyclage, limitant les besoins en approvisionnement et de ce fait permettant la réduction de dépendance face aux métaux rares.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197166/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En plus des politiques visant à limiter la dépendance aux pays miniers, les entreprises encouragent des pratiques durables comme la réparation et les États envisagent d’inciter davantage au recyclage.Justine Marty, Assistant professor, Kedge Business SchoolSalomée Ruel, Professeure associée en Supply Chain Management et Management des Systèmes d'Information, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1831612022-06-05T16:20:03Z2022-06-05T16:20:03ZÉnergie : comment vont évoluer les batteries lithium-ion, très consommatrices de métaux en tension ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/463352/original/file-20220516-18-6i9plc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C22%2C1270%2C827&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les batteries lithium-ion dominent actuellement le marché automobile et de l'électronique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2013_Nissan_Leaf_cutaway.jpg">Norsk Elbilforening, Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les batteries lithium-ion se sont imposées progressivement dans de très nombreux secteurs industriels, de la microélectronique à l’électronique portable, en passant par le transport (véhicule électrique, mobilité douce, transport ferroviaire et aérien) et le stockage des énergies de conversion alternatives telles que le solaire photovoltaïque ou l’éolien.</p>
<p>Ces batteries sont considérées aujourd’hui comme l’un des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/adma.201800561">moyens les plus efficaces pour stocker l’énergie électrique</a>. Dans les prochaines années, le marché des batteries lithium-ion sera <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A52019DC0176">essentiellement porté par le domaine du transport (véhicule électrique), et dans une moindre mesure par celui des énergies alternatives</a>. Les perspectives de production industrielle prévoient de multiplier ces capacités par un facteur 10 d’ici 2030, après avoir connu une croissance par un facteur 6 entre 2010 et 2018.</p>
<p>Cette technologie représente aujourd’hui le meilleur compromis (comparé aux alternatives de stockage) entre densité d’énergie massique et volumique (quantité d’énergie pouvant être stockée ou transportée pour un volume ou une masse donné), une faible autodécharge, une longue durée de vie, une maintenance faible et une utilisation sur une plage de température conséquente. Leur coût et leur empreinte carbone unitaire ayant considérablement diminué ces dernières années, les batteries lithium-ion représentent un élément clé de la décarbonation du transport : en France, la production électrique s’appuyant essentiellement sur des centrales nucléaires, l’<a href="https://www.carbone4.com/publication-transport-routier-motorisation-alternatives">empreinte carbone (fabrication/usages/fin de vie) d’un véhicule « milieu de gamme » est divisée par trois, comparée à son équivalent essence</a>.</p>
<p>Autant d’éléments qui font apparaître les batteries lithium-ion comme une solution technologie pertinente pour la transition écologique.</p>
<h2>Cobalt et lithium, deux ingrédients essentiels mais peu disponibles par rapport à la demande</h2>
<p>Néanmoins, cette technologie est fortement consommatrice de métaux avec une forte « criticité » : d’ici 2025, cette technologie devrait mobiliser une grande partie de la <a href="https://pubs.er.usgs.gov/publication/mcs2022">production mondiale</a> de cobalt (qui rentre dans la composition des électrodes positives, pour <a href="https://www.bp.com/content/dam/bp/business-sites/en/global/corporate/pdfs/energy-economics/statistical-review/bp-stats-review-2021-full-report.pdf">65 %</a> de la production mondiale) et de lithium (pour les électrodes positives, négatives et l’électrolyte, pour <a href="https://www.bp.com/content/dam/bp/business-sites/en/global/corporate/pdfs/energy-economics/statistical-review/bp-stats-review-2021-full-report.pdf">75 %</a> de la production mondiale), sans parler des autres métaux (nickel, cuivre…) ni du carbone graphite constitutifs des éléments pour batteries.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ces-metaux-qui-viennent-a-manquer-un-enjeu-pour-les-societes-de-demain-138974">Ces métaux qui viennent à manquer, un enjeu pour les sociétés de demain</a>
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<p>À titre d’exemple, la <a href="https://iea.blob.core.windows.net/assets/932ea201-0972-4231-8d81-356300e9fc43/WEM_Documentation_WEO2021.pdf">consommation globale de lithium</a> a augmenté de 283 % entre 2010 et 2021, le prix de la tonne est passé de 4450$ en 2012 à 78000$ en 2022. Cette forte croissance des besoins en matières premières pourrait faire apparaître des tensions sur les marchés ainsi que des risques géopolitiques majeurs, et démultiplie le problème de l’impact écologique de l’extraction minière, généralement consommatrice d’énergies fossiles et de produits chimiques pour séparer les métaux du minerai.</p>
<p>Ces tensions soulignent l’importance d’aborder, en parallèle aux solutions techniques, les questions sociétales concernant le rapport de l’individu au véhicule. Par exemple, limiter la course à l’autonomie permettrait de diminuer la taille des batteries et donc de la consommation en matières premières.</p>
<p>En parallèle de pratiques plus vertueuses, deux voies de recherche apparaissent nécessaires à court terme : le développement du recyclage des batteries et le développement du « post lithium-ion ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/peut-on-recycler-les-batteries-des-vehicules-electriques-167007">Peut-on recycler les batteries des véhicules électriques ?</a>
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<h2>Des batteries « post lithium-ion » pour éviter les tensions d’approvisionnement en lithium</h2>
<p>Par <a href="https://www.nature.com/articles/s41560-020-00748-8">« post lithium-ion »</a>, on entend des technologies nouvelles de batteries bénéficiant de l’expérience acquise pendant des décennies dans le développement du lithium-ion, voire des technologies en rupture complète, pour lesquelles il faut tout repenser. La recherche académique mondiale est actuellement en pleine effervescence dans le développement de ces systèmes.</p>
<p>Ainsi, de nouvelles voies sont explorées pour remplacer l’élément lithium par d’autres éléments bien plus abondants sur terre, comme le sodium, le <a href="https://pubs.rsc.org/en/content/articlelanding/2020/ee/d0ee02347g">calcium</a>, le <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acsenergylett.9b01389">magnésium</a> et le <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02982857/">potassium</a>, qui peuvent, comme le lithium, jouer le rôle d’électrode négative dans une batterie. Ces voies de recherche permettent d’anticiper les possibles futures tensions sur les approvisionnements en lithium en raison de la distribution très inégale de cette ressource sur Terre.</p>
<p>Le sodium par exemple, très abondant et proche du lithium par ses propriétés chimiques et électrochimiques, ne présente pas tout à fait les mêmes performances en termes de densité d’énergie massique et volumique. En revanche, il a été montré que les batteries sodium-ion pouvaient avoir des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0378775322002701">performances en puissance</a> <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/smtd.201800215">supérieures</a> aux batteries lithium-ion, ce qui, pour certaines applications, se révèle particulièrement intéressant.</p>
<p>Les batteries à base de calcium, de magnésium ou de <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03409209">potassium</a> font actuellement face à des verrous scientifiques importants (disponibilité et coût des matériaux d’électrodes positives, réactivité aux interfaces) qui laissent présager une commercialisation à plus long terme.</p>
<h2>Remplacer les constituants liquides inflammables des batteries Li-ion</h2>
<p>Par ailleurs, « post lithium-ion » ne signifie pas nécessairement « fin du lithium », puisque parmi les voies nouvelles qui bénéficient des investissements industriels les plus importants aujourd’hui figurent les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378775321004511">batteries dites « tout solide »</a>, dont le but n’est pas de remplacer le lithium lui-même, mais les constituants liquides inflammables des batteries lithium-ion (dits électrolytes) par des constituants solides non inflammables, dans l’objectif d’un gain de sécurité pour les utilisateurs.</p>
<p>Cette voie offre également des perspectives d’augmentation des performances en termes de densité d’énergie (c’est-à-dire des batteries plus légères et permettant une plus grande autonomie), grâce à l’utilisation du lithium métallique (par opposition à ions lithium des batteries lithium-ion) comme électrode négative. Ce type de batterie est particulièrement prisé aujourd’hui par les constructeurs automobiles pour qui la sécurité et la densité d’énergie sont des éléments clés.</p>
<p>Cette technologie « tout solide » fait également face à des verrous technologiques importants mais il est certain que compte tenu des <a href="https://www.auto-infos.fr/article/bmw-et-ford-investissent-dans-solid-power-specialiste-des-batteries-solides.232124">efforts financiers et humains engagés</a>, des progrès considérables sont à attendre dans les années à venir.</p>
<h2>Une diversification des technologies en réponse aux besoins</h2>
<p>On assiste à une diversification des technologies en réponse à des besoins spécifiques en fonction de la nature de l’application.</p>
<p>Tant que les prix du lithium resteront acceptables pour un système économique mondial globalisé, la technologie lithium-ion a encore de beaux jours devant elle, dans le domaine de l’électronique portable en particulier.</p>
<p>Pour le véhicule électrique, ce sera plutôt la technologie lithium « tout solide », si tous les verrous scientifiques et logistiques peuvent être levés. Les alternatives au lithium restent légèrement moins performantes mais pourraient s’avérer acceptables si le prix du lithium venait à croître fortement à cause de tensions géopolitiques. Les batteries électriques ne sont pas la seule solution technologique. Le stockage d’énergie grâce à l’<a href="https://theconversation.com/lhydrogene-sera-vraiment-revolutionnaire-si-il-est-produit-a-partir-des-renouvelables-145804">hydrogène « vert »</a> par exemple est une solution complémentaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183161/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé Martinez est membre du Réseau français sur le Stockage de l'Energie (RS2E) et professeur des universités à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA) et à l'Ecole Centrale de Casablanca. Il reçoit régulièrement des financements de l'Agence Nationale de la Recherche, de la région nouvelle Aquitaine, du CEA et de diverses compagnies privées pour financer ses recherches sur les batteries. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rémi Dedryvère est membre du Réseau Français sur le Stockage Electrochimique de l'Energie (RS2E). Il reçoit régulièrement des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), de la Commission Européenne et de la Région Nouvelle Aquitaine pour financer ses projets de recherche sur les batteries.</span></em></p>Les batteries lithium-ions dominent le marché pour leurs avantages technologiques mais l’explosion de la demande remet en question l’approvisionnement.Hervé Martinez, Professeur des Universités - Physico-Chimiste des matériaux et des surfaces, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Rémi Dedryvère, Enseignant-chercheur, Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l’environnement et les matériaux, CNRS, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1836762022-05-29T15:32:05Z2022-05-29T15:32:05ZEn Chine, l’exploitation des terres rares s’accompagne d’une pollution massive<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/465282/original/file-20220525-11-auaf6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C7348%2C4891&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Exploitation minière dans la région du Xinjiang, en Chine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/keketuohai-unesco-global-geoparkxinjiang-rare-metals-2034930392">twabian/shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Il n’est pas une semaine sans que la presse, qu’elle soit nationale ou internationale, ne relate un fait relatif aux risques de pénurie en métaux stratégiques, utiles dans la transition énergétique. Le mois dernier, un <a href="https://www.eurometaux.eu/media/20ad5yza/2022-policymaker-summary-report-final.pdf">rapport</a> faisant part du besoin croissant en terres rares d’ici 2050 a largement été relayé.</p>
<p>En effet, les <a href="https://theconversation.com/rares-chers-essentiels-quelle-actualite-pour-les-metaux-en-periode-de-pandemie-156996">terres rares</a> sont utilisées dans toutes les nouvelles technologies.</p>
<p>Cependant, le grand public ne sait pas toujours d’où elles viennent ni quel est l’impact environnemental de leur production.</p>
<h2>Que sont les terres rares ?</h2>
<p>Les <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03587840/file/TUDURI_resume_RST_Lyon2020.pdf">terres rares</a> ont des propriétés magnétiques, électroniques, optiques et catalytiques exceptionnelles, particulièrement utiles pour les technologies qui accompagnent la transition énergétique.</p>
<p>Aujourd’hui, leur consommation est principalement soutenue par le secteur des aimants permanents, composés pour partie de terres rares (notamment du néodyme et du praséodyme et en moindre mesure du dysprosium et du terbium pour les applications de haute performance).</p>
<p>Les secteurs d’usages de ces aimants sont multiples : ils permettent en effet la miniaturisation (électronique, robotique) et l’allègement des équipements (générateurs d’éoliennes off-shore, moteurs des véhicules électriques…).</p>
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<img alt="Gros plan sur des panneaux solaires, avec une éolienne à l’arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/465253/original/file-20220525-18-2jp1ts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les éoliennes et les panneaux photovoltaïques sont de gros consommateurs de terres rares.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/iKjAj_oq-IE">Nazrin Babashova/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Cette demande croît de 10 % par an. En 2021, la production mondiale est ainsi estimée à 280 000 tonnes de terres rares.</p>
<p>Selon les estimations, la Chine y participerait à hauteur de 60 % (source <a href="https://pubs.usgs.gov/periodicals/mcs2022/mcs2022.pdf">USGS</a>), mais ne se préoccupe que très peu des pollutions engendrées par leur exploitation.</p>
<h2>Le drainage minier acide, potentiel désastre environnemental</h2>
<p>La Chine exploite notamment des gisements d’argile dans le sud du pays. Les terres rares y sont principalement exploitées selon une technique appelée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lixiviation_en_tas">« lixiviation en tas »</a>.</p>
<p>Malheureusement, cette technologie produit une <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.150241">grande pollution</a>, due au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Drainage_minier_acide">drainage minier acide</a>.</p>
<p>Ce phénomène spontané est généré par l’oxydation des sulfures (par exemple, la pyrite) contenus dans les roches ou résidus. En effet, lors des travaux miniers (excavations et pompages), l’équilibre chimique de ces affleurements et dépôts profonds est perturbé par une oxydation au contact de l’atmosphère.</p>
<p>Les produits résultant de ce drainage minier acide peuvent ensuite migrer dans les environnements souterrains, ce qui entraîne une grave contamination par les terres rares des <a href="https://doi.org/10.1016/j.gexplo.2012.11.018">sols</a>, des <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2004.05.012">eaux</a> et des <a href="https://doi.org/10.3390/su10061758">cultures</a>.</p>
<p>S’y rajoutent des problèmes sanitaires, incluant la contamination des eaux de surface et souterraines par des métaux (comme les terres rares), l’exposition à de fortes concentrations de dioxyde de soufre, aux particules…</p>
<p>L’augmentation des concentrations en terres rares dans l’environnement proche des exploitations minières a ainsi suscité des inquiétudes dans le monde entier, par exemple, en <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.150241">Chine</a>, au Vietnam, en Australie, en Inde ou en <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2004.05.012">Espagne</a>.</p>
<p>_</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Enorme mine ouverte à flanc de colline et plongeant profondément dans le sol" src="https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/465256/original/file-20220525-14-ju3fz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mine de cuivre de Rio Tinto (Espagne) a été fermée en 2001.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/mdRmslWQgxQ">Jordi Vich Navarro/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour limiter les impacts environnementaux résultant du drainage minier acide, des <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2004.09.002">technologies d’atténuation naturelle passive</a> comme l’activité microbienne (par exemple nitrification/dénitrification), ou des technologies actives (comme la coagulation/floculation) pourraient être utilisées.</p>
<p>Cependant, ces deux grands types de technologies présentent des <a href="https://doi.org/10.1016/j.gexplo.2021.106742">inconvénients</a>, tels que des problèmes de biocolmatage et d’entartrage résultant des précipitations minérales pour la première, et des traitements coûteux et longs pour la seconde.</p>
<p>Nos <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.150241">travaux récents</a> menés dans le sud de la Chine autour d’une mine dans la province de Jiangxi ont montré que ce drainage minier acide pouvait être pris en compte dans un processus de traitement des eaux de drainage par simple neutralisation du pH (séparation de plusieurs kilogrammes de terres rares par jour). Ce simple traitement permet de produire des terres rares tout en réduisant la pollution engendrée… mais n’est pas rentable économiquement.</p>
<h2>Les terres rares, une ressource stratégique</h2>
<p>La production et l’exploitation des terres rares (depuis la mine jusqu’aux aimants permanents) sont un avantage compétitif majeur de la Chine, qui souligne l’importante vulnérabilité de l’approvisionnement pour l’industrie européenne.</p>
<p>Afin d’atténuer ce déséquilibre industriel, l’Union européenne encourage les États membres à développer et à diversifier leurs sources d’approvisionnement, qu’elles soient primaires (minières) ou secondaires (réutilisation, recyclage et réduction des déchets).</p>
<p>Cependant, l’Union européenne (et plus largement de nombreux pays) est contrainte par des législations environnementales qui imposent de nombreux aménagements, comme en France avec la gestion du <a href="https://www.normandie.developpement-durable.gouv.fr/gestion-des-deblais-de-chantiers-de-grandes-a4424.html">drainage minier acide</a>.</p>
<p>Tant qu’il n’y aura pas de prise en compte à l’échelle mondiale de ces risques de pollution, les industries vont continuer de produire ailleurs (comme en Chine), là où les contraintes environnementales sont moins strictes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183676/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Pourret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les terres rares sont très utilisées dans les nouvelles technologies. Mais leur exploitation cause de graves problèmes environnementaux qui doivent être adressés de manière internationale.Olivier Pourret, Enseignant-chercheur en géochimie et responsable intégrité scientifique et science ouverte, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1767132022-02-24T18:48:55Z2022-02-24T18:48:55ZDes marqueurs luminescents pour lutter contre la contrefaçon et mieux recycler les matériaux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447648/original/file-20220221-26-ipzgzv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C0%2C2700%2C1786&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Polymères de coordination à base de terres rares sous irradiation UV.</span> <span class="attribution"><span class="source">INSA Rennes</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’impact de la contrefaçon sur l’économie, l’écologie et la sécurité des consommateurs est un phénomène de plus en plus prégnant. À titre d’exemple, l’OMS considère <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/substandard-and-falsified-medical-products">qu’un médicament sur dix</a> est contrefait dans le monde, et même un sur quatre dans les pays en voie de développement. Une des façons de lutter contre ce fléau consiste à marquer les produits en y incorporant un marqueur luminescent, c’est-à-dire un marqueur qui émet de la lumière visible en réponse à certains stimuli, par exemple une irradiation aux rayons ultraviolets.</p>
<p>Outre son efficacité dans le domaine de la lutte contre la contrefaçon, l’utilisation de marqueurs luminescents présente également un très grand intérêt dans le domaine du recyclage des matériaux. En effet, pour être parfaitement efficace, le recyclage doit être réalisé sur des matériaux aussi purs que possible. Par exemple, mélanger plusieurs types de plastiques conduit à un <a href="https://theconversation.com/recyclage-et-valorisation-des-dechets-plastiques-comment-ca-marche-149288">produit recyclé aux propriétés dégradées</a>, inutilisable dans de nombreuses applications. Marquer chaque type de plastique grâce à un marqueur luminescent de couleur différente permettrait une identification et un tri ultra-rapide et fiable des déchets. Ce recyclage optimisé des matériaux présente un intérêt écologique évident, en permettant de réduire drastiquement la masse des déchets qui sont finalement incinérés et les besoins en matières premières.</p>
<p>Les « polymères de coordination à base de terres rares » sont des composés susceptibles de servir de marqueur luminescent dans ces deux domaines : celui de l’optimisation du recyclage des matériaux et celui de la lutte anti-contrefaçon. Il est même envisageable qu’un même marquage puisse répondre aux deux préoccupations, en assurant la traçabilité du matériau de sa production à sa commercialisation puis en permettant son recyclage en fin de vie.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’une « terre rare » ?</h2>
<p>Les terres rares sont les éléments chimiques compris entre le lanthane (La) et le lutécium (Lu) dans le tableau périodique (série des lanthanides), auxquels s’ajoute l’yttrium (Y). Elles constituent la plus longue série d’éléments aux propriétés chimiques semblables du tableau périodique (15 éléments).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447606/original/file-20220221-22-slscoz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tableau périodique des éléments chimiques. Les terres rares sont entourées en noir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/illustrations/science-tableau-p%c3%a9riodique-%c3%a9l%c3%a9ments-2227606/">ExplorersInternational/Pixabay, modifié par Carole Daiguebonne, Olivier Guillou</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Bien que chimiquement semblables, ces métaux présentent des propriétés physiques, notamment optiques et magnétiques, différentes. Du fait de leurs propriétés physiques uniques, on retrouve les terres rares dans de <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/photos/geologie-merveilleuses-terres-rares-leur-utilisation-1323/">nombreuses applications</a> telles que les aimants haute performance, l’éclairage ou l’affichage, par exemple.</p>
<p>Réputés non-toxiques, les terres rares sont très répandues dans l’écorce terrestre. Cependant, à l’heure actuelle, leur extraction est très majoritairement <a href="https://theconversation.com/terres-rares-notre-ultra-dependance-a-la-chine-et-comment-en-sortir-125855">effectuée en Chine</a>.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un « polymère de coordination » luminescent ?</h2>
<p>Les polymères de coordination sont des édifices mono, bi ou tridimensionnels dans lesquels des métaux (les terres rares, par exemple) sont liés entre eux par des molécules organiques appelées « ligands ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Trois représentation de polymère : une ressemblant à un collier de perles, la seconde à un grille de 4*4, les nœuds représentés par une boule rouge, le dernier à une grille en 3D de 4*4*4" src="https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447609/original/file-20220221-28-1hsp7x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Représentation schématique de polymères de coordination. Les bâtons symbolisent les ligands et les sphères les métaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carole Daiguebonne, Olivier Guillou</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Ces ligands jouent un rôle important dans la luminescence des polymères de coordination. Ce sont en effet eux qui absorbent la radiation ultraviolette d’excitation, transmettent cette énergie au métal qui, à son tour, se dés-excite en émettant une lumière dans le visible ou l’infrarouge. Ce mécanisme d’excitation/désexcitation porte le nom de « effet d’antenne ». Et il est particulièrement intéressant dans le domaine du marquage, car il permet d’exciter (et donc visualiser) <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=e2XdXWH7zn8C">toutes les terres rares</a> avec un seul et même signal d’excitation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="1 : boule rouge entourée de 6 pics disposés en étoile. Chaque pic reçoit un petit éclair violet. 2 : les pics sont devenus violets et créent de petites flèches vers la boule rouge. 3 : il n’y a plus de violet, la boule rouge irradie du rouge" src="https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=185&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=185&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=185&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=232&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=232&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447610/original/file-20220221-22-1cs2tvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=232&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Représentation schématique de l’effet d’antenne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carole Daiguebonne, Olivier Guillou</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Intérêt des polymères de coordination à base de terres rares dans le marquage des matériaux</h2>
<p>Il est possible de faire cohabiter plusieurs métaux de natures différentes au sein du même polymère de coordination. Lorsque ces métaux sont des terres rares, ils se répartissent de façon aléatoire (du fait de leurs propriétés chimiques semblables) en constituant de véritables « alliages moléculaires ». Il est donc possible de constituer des familles extrêmement nombreuses de polymères de coordination présentant les mêmes propriétés physico-chimiques (stabilités thermique et chimique, granulométrie…), mais des propriétés physiques, notamment optiques, différentes.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="Six tas de poudre colorée de couleurs différentes : rose, orange, jaune, violet, vert clair, orange, rouge, violet, jaune-orange" src="https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=564&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=564&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=564&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=709&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=709&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448039/original/file-20220223-23-12n0cf0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=709&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Couleurs d’émission de composés à base de terbium et d’europium appartenant à une même famille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carole Daiguebonne, Olivier Guillou</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par exemple, si on considère une série de polymères de coordination à base d’europium (qui émet dans le rouge) et de terbium (qui émet dans le vert), ils émettront dans toutes les couleurs comprises entre le rouge et le vert, en fonction des teneurs relatives en europium et en terbium.</p>
<p>Il a été montré que l’une de ces familles est constituée de 4.10<sup>15</sup> polymères de coordination différents ! Il est donc possible de changer de marqueur aussi souvent que nécessaire sans modification du procédé de fabrication du matériau que l’on souhaite marquer. Ceci est particulièrement intéressant, car cela permet d’éviter que le marqueur lui-même soit copié et autorise le millésimage des matériaux (une composition de marqueur correspondant à un numéro de lot, par exemple).</p>
<h2>La mise en forme de type « cœur-coquille »</h2>
<p>Bien sûr, pour être technologiquement acceptables, ces marqueurs doivent présenter une luminescence aussi intense que possible, de façon à pouvoir être utilisés à des teneurs aussi faibles que possible. En effet, une teneur faible en marqueur permet de limiter le coût du marquage et de rendre son identification difficile.</p>
<p>Les composés de ce type commercialisés actuellement sous forme d’« alliages moléculaires » sont utilisés à des teneurs de l’ordre de quelques ppm (1 ppm = 1 g de marqueur par tonne de matériaux). Malheureusement, certaines compositions de l’alliage conduisent à des transferts d’énergie entre les différentes terres rares qui provoquent une diminution de l’intensité de luminescence.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Grille en 3D de 4*4*4 formant un cube, dont les nœuds externes sont représentés par des boules rouges, et les nœuds internes des boules vertes" src="https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=597&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=597&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=597&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=751&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=751&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447613/original/file-20220221-25-q6yop3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=751&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Représentation schématique d’un polymère de coordination de type cœur coquille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carole Daiguebonne, Olivier Guillou</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Pour éviter cela, il a récemment été montré qu’il est possible de fabriquer des <a href="https://web.archive.org/web/20200313143014id_/https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01989013/file/Abdallah-2019-Microcrystalline%20Core%E2%80%93Shell%20Lanthanide-Based%20Coordination%20Polymers-Manuscript-Revised.pdf">particules de polymères de coordination à base de terres rares de type « cœur-coquille »</a>, c’est-à-dire des particules dont les parties internes et externes ne présentent pas la même composition. Dans ces particules, les transferts d’énergie entre les métaux du cœur et ceux de la coquille sont drastiquement réduits et l’intensité de luminescence globale est fortement augmentée.</p>
<p>Cette nouvelle génération de marqueurs luminescents à base de terres rares ouvre de nouvelles perspectives dans les domaines de la lutte anticontrefaçon et de la recyclabilité des matériaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176713/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Guillou collabore avec la société Olnica dans le cadre du laboratoire commun INSA Rennes - CNRS - Olnica.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carole Daiguebonne collabore avec la société Olnica.</span></em></p>Les polymères de coordination à base de terres rares sont des composés chimiques émettant de la lumière en réponse à certains stimulus. Ils peuvent être utilisés pour marquer des matériaux.Olivier Guillou, Professeur des Universités en Chimie, INSA RennesCarole Daiguebonne, Maître de conférence en chimie, INSA RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1697652021-10-20T19:40:33Z2021-10-20T19:40:33ZVos appareils électroniques sont-ils obsolètes de plus en plus rapidement ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/427214/original/file-20211019-15-1mp7047.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C9%2C2020%2C1523&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un écran cassé peut souvent se remplacer, mais ce n’est pas le cas de tous les composants de nos téléphones, tablettes et ordinateurs.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/zooboing/4668010058/in/photostream/">Patrick Hoesly, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>En 2019, l’ADEME <a href="https://librairie.ademe.fr/cadic/1866/guide-pratique-impacts-smartphone.pdf">soulignait</a> que 88 % des Français changent de téléphone alors que le précédent est encore en état de marche et que seuls 15 % des téléphones sont collectés pour être recyclés.</p>
<p>La fabrication de dispositifs électroniques et leur remplacement rapide demandent beaucoup de ressources, notamment <a href="https://multimedia.ademe.fr/infographies/infographie-terres-rares-ademe/">terres rares</a> et ressources pétrolières. En effet, à l’heure même où l’<a href="https://www.lemonde.fr/blog/huet/2021/08/09/le-rapport-du-giec-en-18-graphiques/">on cherche à diminuer drastiquement son utilisation</a>, le pétrole reste un <a href="https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/la-petrochimie-une-industrie-incontournable">matériau de base</a> pour de nombreux produits de notre quotidien (plastiques, tissus synthétiques, films d’emballage notamment).</p>
<p>Ces produits représentent également une source de pollution importante : <a href="https://multimedia.ademe.fr/infographies/infographie-terres-rares-ademe/">80 % des déchets électroniques</a> ne peuvent pas être recyclés et sont soit incinérés, soit enfouis.</p>
<p>Même si elle ne résout pas tous les problèmes liés à la surconsommation, la lutte contre l’obsolescence programmée permet de limiter l’utilisation extensive des ressources et la pollution, tout en permettant aux consommateurs de réaliser de substantielles économies.</p>
<h2>Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ?</h2>
<p>L’obsolescence programmée est définie en France par l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032225325/">article L441-2 du code de la consommation</a> : « L’obsolescence programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles le metteur sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement ».</p>
<p>Cette obsolescence programmée peut revêtir de multiples facettes. L’<strong>obsolescence technique</strong> fait suite à une faiblesse matérielle délibérée qui rend le produit inutilisable. Elle peut se manifester sous la forme de la panne d’un composant essentiel, de l’utilisation de matériaux peu robustes ou encore en introduisant un dispositif limitant la durée de vie du produit. Par exemple, certaines imprimantes indiquent que les cartouches d’impression sont vides <a href="https://www.lesnumeriques.com/imprimante/obsolescence-programmee-imprimantes-epson-ne-convainc-pas-n72957.html">alors qu’il reste encore de l’encre</a>.</p>
<p>L’<strong>obsolescence logicielle</strong> impacte les biens électroniques, principalement les smartphones, les tablettes et les ordinateurs. Certains appareils ne permettent plus l’installation des systèmes et logiciels les plus récents. Officiellement, ce blocage permet d’éviter l’installation d’un logiciel que l’appareil ne pourrait pas utiliser pleinement en raison de ses caractéristiques techniques.</p>
<p>A contrario, l’utilisateur se voit parfois imposer l’installation de la dernière version du système d’exploitation, celle-ci ralentissant considérablement le fonctionnement de l’appareil. L’entreprise Apple a été condamnée en France à 25 millions d’euros d’amende <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/apple-condamne-a-une-amende-de-25-millions-d-euros-par-l-autorite-de-la-concurrence_2117598.html">pour ce motif</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-lutte-pour-une-agriculture-libre-bricoler-et-partager-pour-semanciper-147051">La lutte pour une agriculture libre : bricoler et partager pour s’émanciper</a>
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<p>Enfin, l’<strong>obsolescence programmée indirecte</strong> rend un produit inutilisable en raison de l’indisponibilité d’un produit ou d’un composant associé. Nous retrouvons dans cette catégorie l’impossibilité de trouver un chargeur de remplacement pour un produit électronique, l’incapacité de réparer un produit en raison de l’inexistence des pièces détachées nécessaires à sa réparation ou encore l’excessivité du prix de la réparation. C’est la raison pour laquelle l’Europe <a href="https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/l-europe-veut-de-vrais-chargeurs-universels-20210923">souhaite imposer l’utilisation de chargeurs universels pour les smartphones</a>.</p>
<p>Deux autres catégories d’obsolescence viennent s’ajouter à celles-ci : l’<strong>obsolescence esthétique</strong>, qui ne repose pas sur une usure anticipée ou une impossibilité d’utiliser le produit, mais sur le recours à des techniques marketing pour créer un besoin de changement chez l’utilisateur. Le produit possédé apparaît alors comme dépassé, soit en raison de son esthétique, soit des fonctionnalités qu’il propose. Nous pouvons également citer ici l’<strong>obsolescence écologique</strong>, qui a vu le jour <a href="https://www.moustique.be/actu/2017/09/26/les-ecolos-planifient-aussi-obsolescence-168505">ces dernières années</a> : certaines entreprises incitent les consommateurs à changer un produit en état de fonctionnement par un nouveau produit qui serait plus économe en énergie.</p>
<h2>D’où vient ce concept ?</h2>
<p>Officiellement, l’obsolescence programmée est apparue suite à la crise économique de 1929 : Bernard London, un courtier new-yorkais, <a href="https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2014-2-page-50.htm">propose</a>, alors de déterminer une durée de vie pour les produits afin d’en faciliter le renouvellement. Il ne s’agit pas précisément d’obsolescence programmée, mais plutôt d’« obsolescence planifiée ». Dans cette vision, chaque produit doit avoir une durée de vie déterminée lors de sa fabrication, et les <a href="https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2014-2-page-50.htm">consommateurs ont l’obligation de ne plus utiliser ces produits passée cette limite</a>, même si les produits peuvent encore techniquement être utilisés. Bien que cette proposition n’ait pas été mise en œuvre, elle a contribué à l’acceptation de l’obsolescence programmée, démontrant ses atouts économiques et sociaux – les enjeux environnementaux et ceux liés à la rareté de certaines ressources n’étaient alors pas d’actualité.</p>
<p>Le premier exemple d’obsolescence programmée date cependant d’avant la crise de 1929. En 1924, les principaux fabricants d’ampoules mondiaux se sont réunis secrètement, créant le premier cartel mondial. Les ampoules fabriquées jusqu’alors avaient une durée de vie importante, la durée moyenne de fonctionnement étant de 2500 heures (une ampoule <a href="https://www.nouvelobs.com/sciences/20160607.OBS2022/la-belle-histoire-de-l-ampoule-qui-brille-depuis-115-ans.html">fonctionne depuis 1901</a> dans la caserne de pompiers de Livermore en Californie). Cette longévité limitant les revenus de ces entreprises, la décision de <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/industry-story-au-diable-la-vie-eternelle.N543299">plafonner la durée de fonctionnement à 1000 heures</a> fut prise. Chaque entreprise du cartel se devait de respecter cet engagement, et des contrôles étaient réalisés dans les sites de fabrication pour vérifier sa bonne mise en œuvre.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/e9xmn228HM0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Depuis cette époque, l’obsolescence programmée est <a href="https://journals.openedition.org/tc/12557">omniprésente</a> dans le monde économique, permettant de redynamiser des marchés saturés ou en voie de saturation.</p>
<h2>Comment lutter contre l’obsolescence programmée ?</h2>
<p>Plusieurs initiatives permettent de lutter contre l’obsolescence programmée.</p>
<p>Après la création d’un « <em>Repair Café</em> » à Amsterdam en 2009, des communautés d’utilisateurs se sont développées à travers l’Europe pour proposer des ateliers de réparation de produits défectueux ou des <a href="https://www.linfodurable.fr/technomedias/ou-trouver-des-tutoriels-en-ligne-pour-reparer-vos-objets-vous-memes-17317">tutoriels</a>. D’autres communautés permettent d’offrir une deuxième vie à des objets en leur trouvant un nouveau propriétaire, que ce soit en les vendant, par don ou par troc.</p>
<p>Les États se mobilisent aussi pour lutter contre ce phénomène. Ainsi, en France, depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2021, les fabricants de certains produits doivent afficher un indice de réparabilité. Cet indice permet à l’acheteur de connaître les possibilités de réparation d’un produit lors de son achat.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dans-la-fabrique-de-lindice-de-reparabilite-en-vigueur-depuis-janvier-2021-155536">Dans la fabrique de « l’indice de réparabilité » en vigueur depuis janvier 2021</a>
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<p>L’obsolescence logicielle représente un défi majeur. Une <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/numerique-et-environnement-remise-au-parlement-du-rapport-sur-lobsolescence-logicielle-prevu">étude</a> initiée par le Ministère de la Transition Écologique suggère d’imposer aux fabricants d’assurer les mises à jour pendant au moins 5 ans après la fabrication. En attendant que de telles initiatives aboutissent, les auteurs de cette étude recommandent de ne faire que les mises à jour indispensable à la sécurité pour les équipements électroniques anciens, car les mises à jour peuvent ralentir l’équipement concerné.</p>
<p>La législation française considère l’obsolescence programmée comme un délit <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006069565/LEGISCTA000032222837/#LEGISCTA000032225329">Article 441-2 du Code de la consommation</a>, mais la preuve de ce délit est presque impossible à établir. Une <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b4054_proposition-loi">proposition de loi a été initiée le 7 avril 2021</a>. Celle-ci propose d’étendre la durée minimale de garantie légale sur les biens matériels de 2 à 10 ans et de garantir la disponibilité des pièces détachées sur cette durée.</p>
<p>Si celle-ci est validée, elle représentera une avancée considérable pour lutter contre le phénomène d’obsolescence programmée.</p>
<p>Une prise de conscience des utilisateurs est également nécessaire. En effet, au-delà de la problématique d’obsolescence avec une panne empêchant totalement le fonctionnement de l’appareil, d’après une étude de l’ADEME, 88 % des téléphones portables remplacés chaque année <a href="https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/1886-tiroirs-pleins-de-telephones-remplaces-consommateurs-et-objets-a-obsolescence-percue.html">fonctionnent encore</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169765/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Delphine Billouard-Fuentes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>D’où viennent les pannes de nos appareils électroniques ? Sont-ils réparables ? Retour sur les différents types d’obsolescence et les outils législatifs pour contenir les abus.Delphine Billouard-Fuentes, Professeur associé, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1670072021-09-19T18:46:03Z2021-09-19T18:46:03ZPeut-on recycler les batteries des véhicules électriques ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/420208/original/file-20210909-23-iq9f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5255%2C2863&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La voiture électrique permet de décarboner en partie les transports, mais le devenir des batteries après leur utilisation reste un problème ouvert.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/HjV_hEECgcM">Michael Marais/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La quantité de batteries lithium-ion fabriquées a été multipliée par 80 entre 2000 et 2018. En 2018, <a href="http://www.avicenne.com/reports_energy.php">66 % d’entre elles</a> étaient utilisés dans des véhicules électriques. Le développement programmé de la mobilité électrique va accroître le besoin en batteries: l’agence internationale de l’énergie estime qu’entre 2019 et 2030, ce besoin <a href="https://www.iea.org/reports/global-ev-outlook-2020">va être multiplié par 17</a>. </p>
<p>Cette situation soulève de nombreuses questions en lien avec les matériaux utilisés dans leur fabrication : quelles sont les ressources ? Quels sont les impacts environnementaux de leur extraction ? Peut-on les recycler ?</p>
<p>Lorsque l’on s’intéresse aux matériaux des batteries lithium-ion utilisées aujourd’hui dans l’immense majorité des véhicules électriques, il faut en premier lieu souligner qu’il existe plusieurs technologies de batteries. Si toutes contiennent du lithium, les autres constituants varient : les batteries présentes dans les téléphones où les ordinateurs contiennent du cobalt, celles qui alimentent les véhicules peuvent contenir soit du cobalt avec du nickel ou du manganèse, soit ne pas en contenir du tout dans le cas des technologies au fer-phosphate.</p>
<p>La composition chimique exacte de ces composants de stockage est difficile à identifier car elle relève du secret industriel. De plus, des améliorations sont régulièrement apportées aux batteries pour augmenter leurs performances : la composition chimique des batteries évolue donc avec le temps. Quoi qu’il en soit, les principaux matériaux impliqués dans la fabrication des batteries lithium-ion sont le lithium, le cobalt, le nickel, le manganèse et le graphite. Tous sont repérés comme des matériaux présentant des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2352152X19307315">risques de disponibilité et des risques environnementaux</a>.</p>
<p>La question de la disponibilité de ces matériaux est complexe à appréhender : d’une part, la valeur des réserves est soumise à des considérations géopolitiques et aux évolutions des techniques d’extraction ; d’autre part, les besoins en matériaux sont très sensibles aux hypothèses de prospectives (nombre de véhicules électriques et taille de leur batterie).</p>
<h2>Quels impacts environnementaux ?</h2>
<p>La question des impacts environnementaux de la fabrication des batteries est peut-être encore plus importante. Même s’il existe suffisamment de matériaux, les impacts de leur exploitation doivent être sérieusement pris en compte.</p>
<p>Les études montrent que la fabrication des batteries peut avoir des <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/electric-vehicles-from-life-cycle">impacts élevés en matière de toxicité humaine ou de pollution des écosystèmes</a>. Se rajoute à cela le besoin de surveiller les <a href="https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:213422">conditions de travail dans certains pays</a>. De plus, l’analyse des impacts environnementaux nécessite de connaître parfaitement la composition et les procédés de fabrication des batteries, alors que ces informations sont <a href="https://www.ivl.se/download/18.14d7b12e16e3c5c36271070/1574923989017/C444.pdf">difficiles à obtenir</a> pour d’évidentes raisons de propriété industrielle.</p>
<h2>Le recyclage des matériaux peut-il apporter des solutions pour limiter ces risques et ces impacts ?</h2>
<p>Il existe principalement <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-019-1682-5.pdf">deux familles de procédés de recyclage de batteries</a> utilisées séparément ou en combinaison.</p>
<p>Le premier est la <em>pyrométallurgie</em>, qui détruit les constituants organiques et plastiques en les portant à haute température et ne conserve que les composés métalliques (nickel, cobalt, cuivre…) qui sont ensuite séparés par voie chimique.</p>
<p>Le second est l’<em>hydrométallurgie</em> qui ne comprend pas d’étape à haute température, mais qui sépare les constituants uniquement par différents bains de compositions adaptées chimiquement aux matériaux que l’on souhaite récupérer.</p>
<p>Dans tous les cas, les batteries doivent tout d’abord être broyées pour obtenir des poudres. Les deux procédés sont actuellement exploités industriellement dans le recyclage des batteries lithium-ion des téléphones et des ordinateurs portables pour récupérer le cobalt qu’elles contiennent. Ce dernier matériau est tellement précieux que sa récupération assure la rentabilité économique de la filière actuelle du recyclage de batteries lithium-ion.</p>
<p>Mais comme les technologies de batteries lithium-ion utilisées du côté des véhicules électriques ne contiennent pas toutes du cobalt, la question du modèle économique de leur recyclage se pose toujours et il n’existe pas encore de réelle filière industrielle de recyclage pour ces batteries. La raison principale est l’absence de volume suffisant de batteries à traiter : le déploiement massif de voitures électriques est relativement récent et leurs batteries ne sont pas encore en « fin de vie ». </p>
<p>D’ailleurs, la définition de cette fin de vie est elle-même soumise à discussion. Les batteries « de traction » (qui permettent aux véhicules électriques de rouler) sont par exemple considérées comme inaptes au service lorsqu’elles ont perdu 20 ou 30 % de leur capacité – ce qui correspond à une perte équivalente de l’autonomie du véhicule.</p>
<h2>Peut-on envisager une seconde vie pour les batteries des véhicules électriques ?</h2>
<p>Un débat existe alors sur une possible « seconde vie » de ces batteries qui permettrait de prolonger leur utilisation et ainsi de diminuer leurs impacts environnementaux. Cette potentielle seconde vie soulève tout d’abord des défis liés à la reconfiguration nécessaire des batteries et de leur dispositif électronique de surveillance. Il faut ensuite identifier des applications pour ces batteries aux performances « amoindries ». Une utilisation comme stockage d’énergie connecté au réseau électrique est envisagée et de <a href="https://www.ecoco2.com/blog/la-seconde-vie-des-batteries/">nombreuses expérimentations existent</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1198%2C759&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420205/original/file-20210909-25-160pnpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On envisage de réutiliser certaines batteries de véhicules dans des fermes solaires par exemple – un modèle économique et écologique amplement discuté. Ici, la batterie d’une eMini.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/irisheyes/4512083339/">Underway in Ireland/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cependant, un acteur majeur comme RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, estime que <a href="https://www.concerte.fr/system/files/concertation/Electromobilite%CC%81%20-%20Synth%C3%A8se%20vFinale.pdf">cette utilisation n’est pas pertinente</a>, fonctionnellement et économiquement, et préconise plutôt de recycler les batteries de véhicules électriques en fin de première vie.</p>
<h2>Mettre en place une filière de recyclage adaptable aux technologies en évolution</h2>
<p>La mise en place d’une filière de recyclage devra également trouver un modèle économique capable de s’adapter à la diversité des technologies de batteries sans avoir à multiplier les procédés de recyclage.</p>
<p>Enfin, il faut noter que ces problématiques d’impacts environnementaux et de recyclage ne sont pas simples à traiter pour des technologies qui n’ont pas toujours atteint leur maturité et dont la pérennité n’est pas assurée dans le long terme. Les batteries lithium-ion évoluent très rapidement – les technologies de batteries au lithium-métal par exemple – et on voit même apparaître des technologies concurrentes sans lithium – comme le <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/materiaux/mise-au-point-d-une-batterie-sodium-ion-aussi-performante-qu-une-batterie-lithium-ion_144853">sodium-ion</a> par exemple.</p>
<p>Pour toutes ces raisons, les impacts environnementaux, économiques et sociaux de la fabrication et du recyclage des batteries de véhicules électriques et de leurs matériaux doivent continuer à être étudiés. La <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/batteries-materiaux-normes-fabrication-collecte-recyclage-europe-36682.php4">pression législative</a> et citoyenne doit continuer pour obtenir une transparence sur les procédés de fabrication afin de permettre la quantification des impacts et d’identifier les moyens pour les limiter. Les prochains programmes de recherche européens se positionnent d’ailleurs dans cette direction en <a href="https://ec.europa.eu/france/news/20210126/autorisation_aide_publique_projet_recherche_innovation_batteries_fr">incluant la dimension environnementale dans le développement des nouvelles batteries</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420207/original/file-20210909-17-zj6bew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Limiter l’utilisation de batteries électriques passe par la limitation de la taille et de la puissance des véhicules à moteur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/0hJL8lBl0qQ">Filip Mroz/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il ne faut cependant pas tout attendre d’une potentielle technologie miraculeuse de batterie propre, performante et pas chère – qui relève probablement de la chimère. Il est important de freiner la course à l’augmentation des tailles des batteries de véhicules électriques – et donc limiter la puissance, la masse et l’autonomie des véhicules eux-mêmes.</p>
<p>Cela demande de repenser l’organisation de notre mobilité – sortir du « tout voiture » – plutôt que de chercher à remplacer une technologie (le moteur thermique) par une autre (le moteur électrique).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167007/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Pelissier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Entre seconde vie et recyclage, que deviennent les batteries des véhicules électriques ?Serge Pelissier, Chercheur sur le stockage de l’énergie dans les transports, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1604832021-05-13T15:11:56Z2021-05-13T15:11:56ZBonnes feuilles : La nouvelle géographie de la transformation digitale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/399233/original/file-20210506-14-1w985n3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C874%2C835&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le digital est un type de ressource technologique très inégalement maîtrisé par les différents États.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Frederic J. Brown / AFP</span></span></figcaption></figure><p><em>Les difficultés récentes que rencontrent les industriels à se procurer des <a href="https://theconversation.com/semi-conducteurs-une-penurie-appelee-a-durer-157250">semi-conducteurs</a>, éléments centraux et indispensables à la transformation digitale des organisations et de la société, rappellent que le digital ne peut s’affranchir de réflexions sur le territoire et sur les relations entre les grandes puissances mondiales.</em></p>
<p><em>Les chercheurs de l’EM Normandie proposent, dans un ouvrage intitulé « <a href="https://www.editions-ellipses.fr/accueil/13569-la-transformation-digitale-en-entreprise-9782340048324.html">La transformation digitale des entreprises</a> » et publié dans la collection « 100 questions/réponses » des Éditions Ellipses, de revenir sur les problématiques contemporaines liées à la multiplication des outils numériques, dans nos environnements de travail notamment, et donnent des réponses claires et accessibles permettant de sortir des évidences et préjugés légions dans le domaine.</em></p>
<p><em>Trois d’entre eux proposent, par exemple, de prendre de la hauteur et de s’interroger sur les liens qu’entretiennent les territoires avec le digital.</em></p>
<hr>
<h2>Une transformation des territoires</h2>
<p>Les technologies numériques étant devenues omniprésentes dans la vie quotidienne et servant de médiateurs pour des tâches telles que le travail, les voyages, la consommation, la production et les loisirs, elles ont des effets de plus en plus profonds sur les territoires : les relations économiques, l’aménagement et la gouvernance, la production d’espace et les mobilités. Ainsi, les TIC (technologies de l’information et de la communication) et l’Internet en particulier, ont transformé les territoires. Les analyses portant sur l’impact du développement du monde digital sur les territoires sont nombreuses et présentent des enjeux forts.</p>
<p>Le premier enjeu concerne la nouvelle économie de l’information et les changements qu’elle a entraînés dans la localisation des emplois et des entreprises, induisant une restructuration urbaine et régionale importante et la création d’un paysage post-industriel. Il a notamment été mis en évidence la manière dont les hiérarchies urbaines étaient renforcées par la (i) concentration du commandement et du contrôle, et (ii) l’agglomération des entreprises riches en informations dans des territoires spécifiques.</p>
<p>En conséquence, de nombreuses villes ont cherché à se « brancher » de manière proactive pour attirer les investissements étrangers et se positionner dans l’économie mondiale de l’information et du digital.</p>
<p>Dans le même temps, de nombreuses activités de bureau, de services aux entreprises et de centres de production ont été décentralisées vers les banlieues, les villes plus périphériques ou d’autres pays pour profiter de loyers et de coûts de main-d’œuvre moins élevés. Simultanément, les villes ont commencé à dépendre beaucoup plus des systèmes numériques en ce qui concerne leur planification, leur gestion et leur gouvernance, et les infrastructures et les dispositifs numériques ont commencé à être intégrés dans les aménagements urbains. La <em>smart city</em> (ville intelligente) représente la figure de la ville de demain – verte et digital –, s’appuyant sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) pour construire un monde urbain plus durable.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les dispositifs numériques commencent à être intégrés dans les aménagements urbains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un deuxième enjeu concerne, les inégalités d’accès au numérique. Cette fracture numérique prend de nombreuses formes, notamment des divisions entre les classes sociales. Mais elle s’inscrit également spatialement. On observe ainsi des territoires ultra-connectés et des territoires dans des « zones blanches », où les infrastructures numériques et digitales ont peu ou pas été déployées. Il en résulte des fractures territoriales numériques mettant à l’écart certains territoires – particulièrement les zones rurales –, menaçant ainsi la santé sociale et économique des habitants de ces territoires.</p>
<h2>Rivalités géopolitiques</h2>
<p>La géopolitique analyse les confrontations de pouvoirs rivaux sur/pour des territoires. Or dans la mesure où le digital ouvre des opportunités technologiques disruptives de circulation de l’information, de la désinformation et de la connaissance entre territoires, les technologies digitales sont devenues l’une des ressources clés des confrontations géopolitiques.</p>
<p>Digital et géopolitique ont en effet beaucoup à voir. L’arrivée de l’Internet est concomitante (1989-1999) de la fin de la Guerre froide, qui a entraîné un processus d’ouverture à l’échelle mondiale : économique et politique, mais aussi social et culturel. Cette concomitance, c’est la globalisation, portée par une révolution technologique imbriquée dans une transition géopolitique.</p>
<p>Le digital est un type de ressource technologique très inégalement contrôlé et maîtrisé par les différents États. Les uns sont de véritables puissances tandis que d’autres sont démunis face à ce nouveau facteur de domination géopolitique, économique et culturelle.</p>
<p>Les États-Unis contrôlent plusieurs facteurs de puissance digitale dont la dimension géopolitique est avérée : la National Security Agency, outil d’un espionnage économique massif à l’échelle mondiale, l’affaire Snowden a dévoilé en 2013 l’ampleur des moyens technologiques déployés ; les GAFAM et leurs parts de marché hégémoniques dans les économies développées ; des structures clés de gestion de l’Internet mondial comme l’ICANN ou l’Internet Society, malgré les gages donnés ces dernières années quant à leur indépendance.</p>
<p>Face à cela les rivaux ont réagi. Le gouvernement chinois a pris des mesures drastiques, à la fois contre les risques d’ingérence technologique américaine mais aussi contre les risques de contestation politique intérieure via les outils numériques. Cela a mené au développement d’un système de contrôle et de surveillance sécuritaire de l’ensemble de l’Internet chinois ainsi qu’au développement d’alternatives aux opérateurs américains (les BATX faisant pièce aux GAFAM). Les affrontements politiques autour d’une firme chinoise comme Huawei révèlent l’évolution profonde des rapports de force. […]</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La National Security Agency, dont le siège se situe à Fort George dans le Maryland, constitue un outil au service de la puissance digitale américaine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/National_Security_Agency#/media/Fichier:National_Security_Agency_headquarters,_Fort_Meade,_Maryland.jpg">Wikimedia</a></span>
</figcaption>
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<p>Il faut souligner l’importance stratégique de la « géographie physique » de l’Internet mondial qui sous-tend en partie la géopolitique du digital : il s’agit des câbles sous-marins qui connectent les territoires et les infrastructures terrestres d’un continent à l’autre. Ces câbles sont si stratégiques que ces dernières années ont vu la multiplication de manœuvres de sous-marins à leurs abords, notamment de sous-marins russes aux abords des câbles transatlantiques, si stratégiques pour l’Occident. En France, le secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale tient compte de ces risques stratégiques depuis quelques années. […]</p>
<p>La prolifération des technologies digitales remet beaucoup de cadres en cause, y compris les cadres géopolitiques du système mondial. Un objet géopolitique est particulièrement touché par les effets de cette prolifération numérique : les frontières. Processus transnational, le développement du cyberespace dans toutes les dimensions de la vie des sociétés humaines, dans les économies les plus développées en particulier, remet en cause la souveraineté des États face aux grands opérateurs privés. Cela a ouvert également un nouveau champ aux organisations criminelles et à l’internationalisation de leurs activités.</p>
<p>Dans ce contexte, l’émergence de la cybersécurité comme sujet central dans la vie sociale, politique et économique, peut être vue comme une façon de recouvrer une part de souveraineté face à un processus transnational susceptible d’affaiblir les États. Pour les démocraties européennes, c’est un enjeu vital.</p>
<h2>La Chine au centre du jeu</h2>
<p>Le président Xi Jinping affirme que « la digitalisation apporte au peuple chinois l’opportunité historique de ce millénaire ». Cette conviction, selon laquelle la transformation digitale est une révolution historique, dont la Chine doit se saisir pour affirmer sa puissance, est fondamentale (1) pour comprendre les politiques d’innovation chinoises et (2) pour comprendre quelques-unes de leurs conséquences pour les Européens.</p>
<p>La taille du marché chinois, d’une part, et la mise en place de mesures protectrices, d’autre part, sont les deux principaux leviers qui ont permis à la Chine de construire ses politiques d’innovation. Ces deux éléments ont permis aux Chinois de maîtriser la concurrence sur leurs marchés intérieurs et de faire émerger un nombre réduit de grandes entreprises dominantes (oligopole).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1099&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1099&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1099&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La transformation digitale en entreprise.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editions-ellipses.fr/accueil/13569-la-transformation-digitale-en-entreprise-9782340048324.html">Éditions Ellipses</a></span>
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</figure>
<p>Dans un premier temps, ces politiques d’innovation chinoises ont surtout permis de développer de nombreuses applications pour des technologies préexistantes (innovations incrémentales). Par exemple, des entreprises chinoises comme BYD ont développé leur savoir-faire dans le domaine des batteries électriques, d’abord pour les smartphones, puis, de façon beaucoup plus large, pour les véhicules. La généralisation des smartphones a ensuite favorisé l’accès à Internet et au commerce en ligne. La crise de la Covid-19 renforce d’ailleurs l’importance de ces secteurs.</p>
<p>Dans un second temps, le développement d’Internet et du commerce en ligne a donné l’opportunité aux grandes entreprises chinoises du secteur, les BAT (Baidu, Alibaba, Tencent) de faire évoluer leurs activités vers des technologies de rupture, notamment le big data et l’intelligence artificielle (innovations de rupture).</p>
<p>Ces nouvelles technologies sont utilisées pour :</p>
<ul>
<li><p>Augmenter la productivité dans les secteurs du transport, de la santé, de l’énergie et, plus globalement, dans l’industrie ;</p></li>
<li><p>Renforcer le pouvoir de surveillance de l’État et du Parti communiste chinois ;</p></li>
<li><p>Concurrencer les États-Unis et l’Union européenne.</p></li>
</ul>
<p>L’influence des politiques d’innovation de la Chine sur l’Europe.</p>
<p>La Chine tente, sur la base de ces politiques, de rattraper le niveau des États-Unis, dans le domaine de l’intelligence artificielle. La Chine souhaite ainsi acquérir les talents et les technologies (semi-conducteurs) nécessaires pour le développement du machine learning.</p>
<p>L’Europe est en position de faiblesse relative, dans ce cadre. Deux éléments illustrent particulièrement cette faiblesse :</p>
<ul>
<li><p>L’Europe est fortement dépendante de la Chine pour ses approvisionnements en métaux critiques, qui sont nécessaires à sa propre transformation digitale ;</p></li>
<li><p>L’Europe est fortement dépendante de la Chine pour le bon fonctionnement des chaînes de valeur des technologies bas carbone, qui représentent un enjeu géopolitique particulièrement important dans le cadre de la transition écologique en cours.</p></li>
</ul>
<p>Consciente de ces difficultés, la Commission européenne fait évoluer les législations européennes, notamment dans le domaine des marchés publics, pour rééquilibrer les relations entretenues avec la Chine tout en maintenant ses partenariats stratégiques avec ce pays, dans de nombreux domaines. Les choix stratégiques de certains États (déploiement de la 5G, politique vis-à-vis de Huawei) renforcent, au contraire, cette dépendance européenne vis-à-vis de la Chine.</p>
<hr>
<p><em>Les chapitres présentés ici révèlent que le numérique est loin de réduire les distances et de faire disparaître les frontières. Au contraire il offre des opportunités nouvelles pour les rendre infranchissables. De même, on ne peut plus considérer que c’est un monde de l’infini : le numérique est dépendant de matières premières bien réelles à la fois non duplicables et non substituables facilement. Ces deux éléments doivent être pris en compte lorsque l’on étudie la transformation digitale car ils représentent des enjeux pour la géopolitique mondiale et l’environnement</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160483/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathilde Aubry a reçu des financements du Crédit Agricole Normandie, de l'entreprise 3Cie et du Groupe PTBG dans le cadre de la chaire MTN de l'EM Normandie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florian Favreau, Ludovic Jeanne et Sebastien Bourdin ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Un ouvrage collectif souligne l’émergence d’enjeux devenus cruciaux : contrôle des ressources, rivalités entre États et place centrale de la Chine. Extraits.Mathilde Aubry, Enseignant Chercheur, EM NormandieFlorian Favreau, Professeur assistant en développement durable et intelligence concurrentielle, EM NormandieLudovic Jeanne, Géographe, Laboratoire Métis, EM NormandieSebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1571582021-04-26T17:31:57Z2021-04-26T17:31:57ZAu fin fond du désert australien, une expédition à la recherche de terres rares<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/396288/original/file-20210421-23-1txw968.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C0%2C7280%2C3058&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une ancienne grotte aborigène à Inkamulla en fin de journée.</span> <span class="attribution"><span class="source">Bénédicte Cenki</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Enseignante-chercheure et géologue depuis plus de 20 ans, j’ai eu l’occasion de faire de nombreuses missions de terrain durant ma carrière. Avec à chaque fois, la même passion pour découvrir de nouveaux territoires, depuis l’Altiplano péruvien pour mon mémoire de maîtrise en 1997 (je voyageais dans une benne de camion remplie de pommes de terre), en passant par toutes ces années à arpenter les carrières actives de l’Inde du Sud pour ma thèse au début des années 2000, à toutes ces missions de terrain en montagne (voire en Via Ferrata à plus de 3000 m d’altitude au Mont-Emilius dans le Val d’Aoste en 2007) ou sur des îles grecques paradisiaques où les roches métamorphiques (roches transformées lors des processus tectoniques comme la formation des chaînes de montagnes) plongent dans une eau vert-bahamas et cristalline.</p>
<p>L’expédition que je vais vous raconter, c’est ma dernière mission de terrain, au temps d’avant, prépandémie, lors de l’hiver austral 2019.</p>
<p>L’objectif de cette mission était d’étudier des roches dans un secteur proche de Nolans Bore qui sera dans les prochaines années <a href="https://www.abc.net.au/news/2019-12-03/central-australia-on-possible-cusp-of-rare-earths-boom/11753620">l’une de plus grandes mines de terres rares d’Australie dans les Territoire du Nord</a>.</p>
<p>Les terres rares comme le lanthane, le cérium, le praséodyme, le néodyme, le thulium ou l’ytterbium sont des éléments chimiques <a href="https://theconversation.com/des-chars-aux-eoliennes-irremplacables-terres-rares-64788">essentiels aux nouvelles technologies</a> (éoliennes, panneaux solaires, véhicules électriques).</p>
<p>Ces métaux sont considérés comme critiques, car, associé à cette importance économique, leur approvisionnement est <a href="https://theconversation.com/pourquoi-parle-t-on-de-criticite-des-materiaux-105258">fortement dépendant de la Chine</a>.</p>
<h2>Pourquoi aller chercher des terres rares en Australie centrale ?</h2>
<p>Afin de prévenir les <a href="https://theconversation.com/critical-minerals-are-vital-for-renewable-energy-we-must-learn-to-mine-them-responsibly-131547">futurs problèmes économiques, géopolitiques et environnementaux</a>, les pays occidentaux se lancent depuis une dizaine d’années dans de grands projets de recherche afin de diversifier à terme, les sources d’approvisionnement et d’assurer que leur extraction soit responsable et respectueuse des hommes, des femmes et de l’environnement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ces-metaux-qui-viennent-a-manquer-un-enjeu-pour-les-societes-de-demain-138974">Ces métaux qui viennent à manquer, un enjeu pour les sociétés de demain</a>
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<p>Étant lauréate d’un projet européen Marie Curie Horizon 2020, j’ai eu l’occasion de partir 18 mois en délégation à l’Université de Sydney afin d’acquérir des compétences complémentaires en modélisation numérique. Et j’en ai profité pour organiser une mission dans le désert australien, qu’on appelle le bush, pour évaluer le potentiel en terres rares des pegmatites du dôme métamorphique d’Entia (mise à l’affleurement en structure circulaire de roches partiellement fondues provenant de la croûte terrestre profonde lors de la formation de très anciennes chaînes de montagnes) en Australie centrale. Les pegmatites sont des produits de fusion de la croûte continentale riche en quartz, feldspaths et micas, mais aussi en métaux rares.</p>
<p>Pour cela j’ai invité deux collègues : Patrice Rey, tectonicien et modélisateur de l’Université de Sydney et Fleurice Parat, collègue pétrologue du magmatisme de l’Université de Montpellier.</p>
<h2>Organiser une mission en autonomie totale dans le bush australien</h2>
<p>Cette organisation minutieuse commence plusieurs mois en amont, car il ne faut ne rien laisser au hasard (il y aura de toute façon assez d’aléas le moment venu). Pour que cette mission soit un succès, il me faut absolument trouver les coordonnées GPS des gisements de terres rares répertoriés dans des archives des années 1990 du bureau des recherches géologiques du Territoire du Nord. En effet, après avoir été exploré de manière intensive pour l’uranium à la fin du XX<sup>e</sup> siècle, ce territoire a montré un intérêt notable pour les terres rares depuis le début du XXI<sup>e</sup> siècle (souvent les minéraux de terres rares sont également radioactifs ce complique aussi leur extraction).</p>
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<p>Étant donné que nous n’aurons pas d’accès Internet, il me faut absolument préparer cette mission « à l’ancienne » : sélectionner les cibles dans des rapports vieux de plus de 30 ans, imprimer toutes les images satellites, cartes topographiques ou géologiques potentiellement nécessaires, acheter un chargeur solaire pour le GPS et l’Ipad qui nous permettront de naviguer dans le bush pour atteindre les cibles géologiques et bien sûr penser au téléphone satellite de Géosciences Montpellier et à la balise GPS d’urgence qui nous permettrait d’être retrouvés en cas de pépin grave (et bien l’enregistrer avant de quitter la civilisation !).</p>
<p>J’arrive à Alice Springs depuis Sydney le 11 juillet au matin, presque au même moment où ma collègue Fleurice arrive de France après 24 heures d’avion. Notre collègue Patrice nous rejoindra deux jours après. Nous sommes donc toutes les deux à prévoir la logistique et les courses essentielles. Nous partons avec un seul 4x4 et il nous faudra donc bien rester sur les pistes visibles depuis les images satellites sans risquer de les quitter.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396291/original/file-20210421-17-5zkknz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Notre véhicule tout terrain nous attend alors que nous étudions un affleurement rocheux proche de la piste principale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Source</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Alice Springs est une bourgade d’environ 20 000 habitants, au centre de l’Australie, perdue à plusieurs milliers de km de la civilisation (1 500 km de Darwin vers le nord et Adélaïde vers le sud). Le supermarché local n’a rien du superflu de nos hypermarchés européens ou de la côte Pacifique huppée ! Mais on y trouve l’essentiel : de l’eau pour 15 jours (il n’y a aucune source là où nous allons), des pâtes, des légumes en conserve, des soupes lyophilisées, du thé, du müesli, des pâtes à tartiner, de la poudre vitaminée (type spiruline), table, chaises pliantes et vaisselle (que nous laisserons aux locaux après la mission), pelles (pour creuser les toilettes quotidiennes et individuelles), de la crème solaire, des grands chapeaux et… des filets anti-mouches ! Nous partons en autonomie totale, mais à la fois légère et minimaliste (ce qui me rassure c’est que mon collègue Patrice a maintes missions dans le bush derrière lui) : cuisine sur le feu (foyer creusé dans le sable de la crique), pas de générateur, pas de frigo donc nous emmenons uniquement de la nourriture qui se conserve à température ambiante et bien sûr une trousse de secours.</p>
<p>Le dôme métamorphique d’Entia est situé sur le terrain privé d’Ambalindum station, une immense ferme bovine de plusieurs milliers de km<sup>2</sup>. Mes demandes d’autorisation au siège social à Brisbane pour y accéder sont restées sans réponse, il faudra donc négocier l’accès sur place avec les fermiers le moment venu. Cela veut dire un détour de 300 km, sans même être sûr qu’ils vont nous recevoir !</p>
<p>Nous passons donc nos trois premières nuits d’acclimatation au camping de Hale River Homestead à Old Ambalindum (150 km à l’est d’Alice Springs). Après un coup de fil rapide à la fermière le deuxième soir, elle me dit de passer le lendemain à 7h du matin après leur débriefing matinal. Le soleil se lève dans un voile de poussière rouge et sèche, j’aperçois l’hélicoptère des fermiers dont les pales qui tournent brisent le silence matinal glacé. Nous nous garons devant la petite baraque de plain-pied qui accueille la réunion matinale. Nous ne sommes pas conviés à l’intérieur malgré une température de quelques degrés seulement. Nous attendons que la fermière arrive avec des cartes que nous déroulons sur le capot de la voiture. Elle hésite à nous donner l’autorisation d’accès, et nous répétons que nous ne sommes pas une compagnie minière, mais des universitaires, finalement le sésame c’était le nom d’un collègue de l’université d’Adélaïde qui est venu l’année précédente et qui avait fait bonne impression. Ouf la mission est sauvée. Nous partons pour six heures de route, pour entrer dans le dôme d’Entia par une piste praticable et sécurisée avec un seul et unique véhicule. Dernier stop pour remplir le réservoir de diesel avant la fin de la civilisation : la communauté aborigène d’Atitjere, reculée et tellement loin de notre vision occidentale du monde.</p>
<h2>Notre quotidien pendant 10 jours au cœur du dôme d’Entia</h2>
<p>Nous arrivons en fin d’après-midi à notre campement, au cœur du dôme ce qui nous permettra de rayonner quotidiennement, dans une crique asséchée que Patrice reconnaît pour être déjà venu plusieurs fois : ce coin de caillou c’est le coin cuisine (magnifiques migmatites !), là le sable est le plus confortable pour les tentes et là-bas ce sont les toilettes. Une fois notre campement installé, nous cuisinons notre premier dîner (des pâtes à la ratatouille !) à la belle étoile sur le feu de camp creusé dans le sable. C’est avec un bol de thé qui nous réchauffe les mains, il ne fait que quelques degrés, que nous profitons de notre première soirée sous l’immensité d’un magnifique ciel étoilé et dans un silence enveloppant, rassurant. La deuxième journée commence comme les suivantes, avec le rituel du matin au lever du soleil vers 6h30 : Patrice et Fleurice ravivent le feu, préparent le thé et le petit-déjeuner pendant que je vérifie que les appareils électroniques sont chargés, j’établis notre itinéraire de la journée et l’ordre de cibles géologiques à visiter. Très vite chacun trouve sa place naturellement dans ce type de mission et tout fonctionne parfaitement et simplement.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396293/original/file-20210421-13-sp0u4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Notre campement rudimentaire dans une crique asséchée : les tentes sont plantées dans le sable pour plus de confort, l’affleurement rocheux plat fait office de cuisine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Source</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les jours passent et se ressemblent : nous approchons le plus possible en 4x4 des points cibles en suivant les pistes visibles sur Google Earth. Puis nous partons à pied avec de l’eau, nos marteaux, carnets de terrain et GPS pour rejoindre l’affleurement sélectionné. Heureusement la végétation est clairsemée, maigre et le dénivelé faible, ce qui nous permet de naviguer en ligne droite et à vue : les pegmatites sont des roches de couleur très claire et donc bien visibles dans le paysage marron-ocre monotone. Arrivés sur l’affleurement Fleurice et moi sortons nos loupes pour essayer de repérer des minéraux rares aux noms barbares tels la samarskite, la fergussonite ou la monazite pendant que Patrice sort sa boussole pour effectuer des mesures et comparer la direction des pegmatites avec celle des roches encaissantes. Une équipe bien rodée et efficace ! Ces minéraux contiennent des terres rares lourdes comme le thulium ou l’ytterbium (utilisés dans les supraconducteurs, la radiothérapie ou les lasers infrarouges), mais aussi du niobium et du tantale (utilisés principalement dans les alliages pour l’aéronautique).</p>
<p>Un soir, en rentrant vers le camp, Patrice arrête le 4x4 près d’un réservoir à bétail, il grimpe les quelques barreaux de l’échelle et découvre que la trappe qui le couvre est ouverte : nous pourrons récupérer à partir de maintenant chaque soir un jerrican d’eau pour la vaisselle (et une douche au gobelet occasionnelle, quel luxe !).</p>
<p>Chaque soir nous rentrons peu avant la tombée de la nuit vers 18h, afin de profiter un maximum sur le terrain de la petite dizaine d’heures de lumière diurne de l’hiver austral. Le rituel du soir se fait donc souvent à la lampe frontale : récolter quelques herbes sèches pour rallumer le feu, cuisiner, faire la vaisselle avec un filet d’eau, trier les échantillons de la journée et mettre à jour les carnets de terrain tout en essayant de synthétiser toutes les informations et formuler et débattre des hypothèses scientifiques à tester ultérieurement. Un dernier coup d’œil à la Voie lactée et la croix du sud en sirotant un thé, avant de nous retirer chacun dans nos tentes vers 21h.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396290/original/file-20210421-23-tu3pq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un dingo nonchalant s’intéresse à nos conversations géologiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Source</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les jours passent paisiblement et se ressemblent. Ce n’est que le dernier après-midi qui nous réserve une surprise : notre première (et dernière) rencontre avec le dingo, ce fameux chien sauvage icône du bush australien. Nous sommes au dernier affleurement, au cœur du sous-dôme d’Inkamulla. Nous discutons vivement sur la signification de structures plissées et essayons d’échantillonner soigneusement au burin et marteau des lamelles de roches présentant des plis importants pour la compréhension de la mise en place de cette structure géologique. La lumière du soir rend encore plus intense le rouge-ocre de la roche, de ses reliefs arrondis, accueillants et intemporels. </p>
<p>D’ailleurs, là on dirait une grotte aborigène, protégée des fauves, à quelques mètres de hauteur d’escalade facile. Quelques artefacts aborigènes trouvés dans la poussière en témoignent. Les ombres des eucalyptus au tronc blanc maculé et feuilles vert-clair, s’allongent au fil des minutes. C’est dans ce moment paisible et irréel, qu’un dingo s’approche nonchalamment de notre groupe en grande discussion géologique sur notre technique d’échantillonnage de ces petites bandes de cisaillement qu’il nous faudrait dater. Curieux, le dingo tourne autour de nous à quelques mètres de distance et va s’asseoir sur un rocher pour continuer à nous observer.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Avant de reprendre l’avion pour la civilisation, nous passons à la poste d’Alice Springs pour envoyer vers la France les quatre barils d’échantillons que nous avons soigneusement répertoriés et emballés le dernier soir sur le parking du motel d’Alice Springs.</p>
<p>Depuis mon retour en France en août 2020, j’ai scié soigneusement chaque échantillon afin de faire des lames minces de 30 micromètres d’épaisseur qui vont pouvoir être étudiées au microscope optique puis au microscope électronique à balayage, à la microsonde électronique et au spectromètre de masse à ablation laser afin de quantifier les teneurs des minéraux en éléments chimiques majeurs et terres rares.</p>
<p>C’est un étudiant de Master 2 de la filière « géologie de l’exploration et des réservoirs », Jonas Nollo, qui nous fournit une aide précieuse sur le volet analytique de l’étude. Si les frontières rouvrent, je lui souhaite vivement de décrocher une bourse de thèse en Australie pour qu’il puisse poursuivre ce travail d’exploration des métaux critiques auxquelles appartiennent les terres rares : c’est un métier d’avenir, car la transition écologique doit se faire avec les géologues ! Les premiers résultats de notre étude seront communiqués début juillet 2021 au congrès annuel international Goldschmidt prévu (en virtuel) à Lyon. Grâce à une étude minutieuse, Jonas a pu mettre en évidence quatre familles de pegmatites avec des compositions minéralogiques différentes qui pourraient avoir des profondeurs et âges de formation très distincts, donc des potentiels en terres rares variés. Il va quantifier la composition chimique des éléments majeurs et critiques avec la microsonde électronique et le spectromètre de masse début mai.</p>
<p>Malheureusement, pour l’instant, l’étude microscopique ne nous a pas permis de retrouver les minéraux rares escomptés, mais beaucoup de pegmatites à grenat (qui contiennent des terres rares lourdes, mais en moindre concentration). Par contre Jonas a bien confirmé la présence de pegmatites à allanite contenant des terres rares légères au sud-ouest du dôme d’Entia (Lanthane, Cérium, Néodyme, Praséodyme). La science avance souvent à petits pas. Les grandes découvertes sont toujours précédées et portées par une multitude d’études fondamentales menées par de nombreux chercheur·e·s en collaboration de part le monde. Affaire à suivre…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157158/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bénédicte Cenki a reçu des financements de l'institut national des sciences de l'Univers (INSU) du CNRS et du programme de recherche et d'innovation Horizon H2020 de l'Union Européenne avec la convention de subvention No 793978.</span></em></p>Les terres rares sont des éléments chimiques indispensables aux nouvelles technologies. Récit personnel d’une expédition mêlant aventure, géologie et dingos.Bénédicte Cenki, Associate professor at Montpellier University, EU H2020 MSCA visiting researcher at Sydney University, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1586692021-04-22T12:46:26Z2021-04-22T12:46:26ZL’exploitation minière dans l’espace n’est pas de la science-fiction, et le Canada pourrait y occuper une place de choix<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/396411/original/file-20210421-17-pf8cef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C0%2C2880%2C1784&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Falaises dans de la glace ancienne sur Mars.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nasa.gov/sites/default/files/thumbnails/image/pia24147.jpg">(NASA)</a></span></figcaption></figure><p>En cette époque de <a href="https://www.un.org/fr/un75/climate-crisis-race-we-can-win">crise climatique</a>, l’exploitation minière spatiale est de plus en plus d’actualité. La nécessité d’avoir une <a href="https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/plan-climatique/carboneutralite-2050.html">économie carboneutre</a> requiert une augmentation de l’offre de ressources naturelles non renouvelables, telles que les métaux dont on se sert pour <a href="https://www.mining.com/accelerating-cross-border-north-american-integration-of-battery-ev-and-critical-mineral-supply-chains/">fabriquer des batteries</a>.</p>
<p>Cela constitue la toile de fond d’une nouvelle course à l’espace mettant en scène des nations et le secteur privé.</p>
<p>Le Canada est un pays qui mène des <a href="https://financialpost.com/technology/canadas-space-industry-set-for-relaunch-decades-after-its-last-big-achievement">activités spatiales</a>, un chef de file dans <a href="https://www.rncan.gc.ca/nos-ressources-naturelles/mines-materiaux/faits-mineraux-metaux/les-mineraux-et-leconomie/20604">l’exploitation minière</a> et un acteur important de <a href="https://www.carbonbrief.org/the-carbon-brief-profile-canada">l’économie mondiale du carbone</a>. Il se trouve bien placé pour <a href="https://financialpost.com/technology/canadas-space-industry-set-for-relaunch-decades-after-its-last-big-achievement">participer activement</a> au domaine émergent des ressources spatiales.</p>
<p>Cependant, les questions qui se posent dans ce domaine dépassent le cadre du Canada, puisqu’elles concernent l’avenir de l’humanité, sur Terre et dans l’espace.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une fusée décolle de sa base" src="https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392379/original/file-20210329-21-1muls3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une fusée Atlas V de United Launch Alliance décolle de la base de lancement de Cap Canaveral en juillet, en Floride. La mission a envoyé un rover sur Mars pour y chercher des signes de vie et explorer la géologie de la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/John Raoux)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Forte demande de métaux pour batteries</h2>
<p>Sur Terre, les mesures de lutte contre le réchauffement climatique comprennent le passage à une <a href="http://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr-etre-carboneutre-decembre-2019/">économie carboneutre</a> grâce au développement de parcs de véhicules électriques et à des investissements dans des infrastructures de production d’énergie renouvelable à grande échelle. Pour y parvenir, il faut de grandes quantités de <a href="https://www.mining.com/nickel-cobalt-price-10-charts-show-chinas-grip-on-battery-supply-chain-to-last-decades/">métaux pour batteries</a> (lithium, cobalt, nickel), de <a href="https://www.mining.com/ontario-to-develop-first-critical-minerals-strategy/">minéraux essentiels</a> (cuivre) et de <a href="https://www.mining.com/china-continues-dominance-of-rare-earths-markets-to-2030-says-roskill/">terres rares</a>, à tel point que des analystes des marchés ont mis en garde contre un éventuel <a href="https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/mati%C3%A8res-premi%C3%A8res-le-d%C3%A9but-d%E2%80%99un-super-cycle">super-cycle des métaux</a>. Dans un super-cycle, la demande dépasse largement l’offre, ce qui cause une flambée des prix.</p>
<p>C’est pourquoi l’industrie minière cherche activement de <a href="https://www.mining.com/web/rare-metal-mining-goes-to-new-heights-and-depths/">nouvelles possibilités d’exploitation minière</a>. On parle notamment <a href="https://www.mining.com/circular-economics-reprocessing-waste-and-mining/">d’économie circulaire</a> (recyclage et gestion améliorée des déchets miniers), <a href="https://www.mining.com/web/deep-sea-mining-could-destroy-undiscovered-species-says-ocean-panel/">d’exploitation minière en eaux profondes</a> ainsi que dans l’espace. Cette dernière offre des possibilités de grandes retombées, tout en engendrant d’importants défis.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Surface de la planète Mars" src="https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392381/original/file-20210329-23-vljp49.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photo de la surface de Mars prise lors de la mission du rover Persévérance.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NASA)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un défi de taille est l’absence d’un cadre réglementaire cohérent pour régir l’exploitation minière dans l’espace. Si le <a href="https://www.unoosa.org/pdf/publications/STSPACE11F.pdf">traité sur l’espace de 1967</a> a été signé par toutes les puissances spatiales et est largement considéré comme le document constitutionnel du droit de l’espace extra-atmosphérique, il présente des lacunes en ce qui a trait à son interprétation.</p>
<p>Le texte stipule qu’aucune nation ne peut s’approprier un corps céleste (comme la Lune), mais il ne parle pas de la possibilité d’en posséder les ressources dérivées.</p>
<p>Les <a href="https://www.mining.com/how-earth-bound-mining-lawyers-think-about-space-mining/">avocats sur Terre qui se penchent sur des projets d’exploitation minière dans l’espace</a> sont appelés à en examiner quatre aspects : la sécurité d’occupation, le régime fiscal, la bancabilité des projets et leur faisabilité. Décortiquons-les.</p>
<h2>1. Sécurité d’occupation</h2>
<p>Dans le domaine minier, la <a href="https://open.uct.ac.za/handle/11427/20801">sécurité d’occupation</a> signifie avoir des droits sûrs et stables tout au long du cycle d’exploitation. Le traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 n’est pas clair sur la question de la propriété des ressources extraites, et les interprétations varient.</p>
<p>Jusqu’à présent, le <a href="https://theconversation.com/how-luxembourg-is-positioning-itself-to-be-the-centre-of-space-business-120436">Luxembourg</a> et les <a href="https://www.mining.com/obama-boosts-asteroid-mining-signs-law-granting-rights-to-own-space-riches/">États-Unis</a> ont adopté une législation qui permet de revendiquer des ressources extraites, apportant ainsi la sécurité d’occupation <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/espace/le-luxembourg-legifere-sur-l-exploitation-miniere-des-ressources-spatiales_114764">aux sociétés minières spatiales basées dans ces juridictions</a>.</p>
<h2>2. Régime fiscal</h2>
<p>Cette question fait référence au paiement de taxes, de redevances ou autres. C’est ici que le <a href="https://www.unoosa.org/pdf/gares/ARES_34_68E.pdf">traité sur la Lune</a> de 1979 entre en jeu. Seules deux puissances spatiales l’ont signé : l’Inde et l’Australie.</p>
<p>Le rôle que le traité sur la Lune devrait jouer dans le droit de l’espace ne fait pas l’unanimité. <a href="https://theconversation.com/who-owns-space-us-asteroid-mining-act-is-dangerous-and-potentially-illegal-51073">Certains affirment qu’il ne concerne</a> pas les pays non-signataires ; d’autres <a href="https://theconversation.com/who-owns-space-33222">suggèrent l’existence de parallèles</a> avec la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS). Les deux textes font référence au « patrimoine commun de l’humanité ».</p>
<p>UNCLOS a créé un organisme international de réglementation, <a href="https://www.isa.org.jm/">l’Autorité internationale des fonds marins</a>, chargée d’accorder des licences d’exploitation minière en eaux profondes sur la base du paiement de redevances. Ces redevances doivent ensuite être réparties équitablement entre toutes les nations de la planète. Certains plaident pour <a href="https://theconversation.com/all-of-humanity-should-share-in-the-space-mining-boom-57740">qu’un système similaire</a> s’applique à l’espace extra-atmosphérique.</p>
<h2>3. Bancabilité du projet</h2>
<p>Le troisième point, la bancabilité du projet, concerne sa capacité à attirer du financement.</p>
<p>Cela sera déterminé en bonne partie par les deux points précédents : la sécurité d’occupation et le régime fiscal applicable, démontrant une fois de plus la nécessité de s’entendre sur un <a href="https://theconversation.com/ive-always-wondered-could-someone-take-ownership-of-a-planet-or-a-moon-101464">cadre juridique clair</a> avant de se lancer dans l’action.</p>
<h2>4. Faisabilité du projet</h2>
<p>Ce dernier point comporte plusieurs facettes. La faisabilité technique fait actuellement l’objet <a href="https://www.mining.com/luxembourg-to-create-space-resources-centre/">d’une grande attention</a>, car de nombreux travaux de <a href="https://www.mining.com/canadian-space-mining-developer-inks-deal-us-based-moon-express/">recherche et développement</a> sont consacrés à la robotique avancée et aux systèmes automatisés qui seraient nécessaires aux opérations d’exploitation minière dans l’espace.</p>
<p>Les progrès réalisés à ce jour comprennent la <a href="https://www.mining.com/water-from-near-earth-asteroids-could-fuel-space-mining/">découverte de cristaux d’eau sur la Lune</a> et sur <a href="https://theconversation.com/ice-mined-on-mars-could-provide-water-for-humans-exploring-space-83728">Mars</a>, ainsi que la capacité d’utiliser la technologie <a href="https://theconversation.com/want-to-build-a-moon-base-easy-just-print-it-59070">d’impression 3D</a> dans l’espace à des fins de fabrication. Ces percées rendent plus envisageable l’exploitation minière dans l’espace.</p>
<p>Les deux personnes les plus riches du monde étant désormais engagées dans la course à l’espace – <a href="https://www.cnbc.com/2021/01/14/jeff-bezos-blue-origin-aims-to-fly-people-on-new-shepard-by-april.html">Jeff Bezos avec Blue Origin</a>et <a href="https://www.nationalgeographic.fr/espace/elon-musk-dans-7-ans-spacex-pourra-envoyer-des-hommes-sur-mars">Elon Musk avec SpaceX</a> –, nous pouvons nous attendre à une grande accélération technologique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Jeff Bezos se tient devant une toile de fond étoilée" src="https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392384/original/file-20210329-23-wou37g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jeff Bezos dans le cadre du dévoilement de l’atterrisseur lunaire Blue Moon de Blue Origin en mai 2019, à Washington.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Patrick Semansky)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La<a href="https://theconversation.com/space-mining-is-closer-than-you-think-and-the-prospects-are-great-45707">faisabilité économique</a>suppose que l’exploitation minière de l’espace soit rentable. La pénurie imminente de ressources naturelles non renouvelables associée aux progrès technologiques et à la <a href="https://www.mining.com/infographic-the-facts-and-figures-that-make-space-mining-real/">richesse minérale époustouflante</a> que recèle un <a href="https://theconversation.com/mining-asteroids-could-unlock-untold-wealth-heres-how-to-get-started-95675">seul astéroïde</a> pourrait bien rendre la chose possible.</p>
<h2>Utilisation pacifique de l’espace</h2>
<p>Un autre aspect justifie la nécessité de conclure des <a href="https://theconversation.com/to-the-moon-and-beyond-4-whats-the-point-of-going-back-to-the-moon-120791">accords internationaux</a> et de coopérer dans le domaine de l’espace : l’utilisation pacifique de l’espace, conformément au traité sur l’espace.</p>
<p>En octobre 2020, huit pays ont signé les <a href="https://theconversation.com/could-corporations-control-territory-in-space-under-new-us-rules-it-might-be-possible-138939">accords Artemis</a>, une entente<a href="https://www.mining.com/web/nasa-seeks-to-set-law-for-space-mining/">pilotée par la NASA</a>. Parmi les pays signataires, on trouve les États-Unis, le Canada, l’Australie et le Luxembourg. <a href="https://www.mining.com/experts-warn-of-brewing-space-mining-war-among-us-china-and-russia/">La Russie et la Chine</a>, qui ont depuis choisi de collaborer entre elles sur des projets spatiaux, figurent parmi les absents notables.</p>
<p>Les questions juridiques relatives à la propriété des ressources spatiales doivent être <a href="https://theconversation.com/lunar-gold-rush-could-create-conflict-on-the-ground-if-we-dont-act-now-new-research-151645">traitées de toute urgence</a> afin d’éviter des guerres spatiales pour les ressources naturelles entre des superpuissances comme les États-Unis, la Russie et la Chine. Cela inclut le <a href="https://theconversation.com/lunar-gold-rush-could-create-conflict-on-the-ground-if-we-dont-act-now-new-research-151645">statut juridique des accords d’Artémis</a>. Idéalement, l’on devrait régler la question avant de se lancer dans l’exploitation minière de l’espace.</p>
<p>Enfin, l’exploitation minière de l’espace soulève certaines questions éthiques, comme celle de savoir si l’on devrait considérer la Lune comme une <a href="https://theconversation.com/can-the-moon-be-a-person-as-lunar-mining-looms-a-change-of-perspective-could-protect-earths-ancient-companion-144848">personne morale</a>, si cette activité va entraîner une nouvelle forme de <a href="https://theconversation.com/elon-musk-releases-details-of-plan-to-colonise-mars-heres-what-a-planetary-expert-thinks-79733">colonisation</a> et comment elle pourrait <a href="https://theconversation.com/lunar-gold-rush-is-about-to-start-and-we-could-exhaust-the-solar-system-in-fewer-than-500-years-117450">mieux servir le bien commun de l’humanité</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158669/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elizabeth Steyn ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’exploitation minière de l’espace est peut-être plus proche que vous ne le pensez. Mais il est urgent de régler les questions juridiques relatives à la propriété des ressources spatiales.Elizabeth Steyn, Cassels Brock Fellow and Assistant Professor of Mining and Finance Law (Western Law); Faculty Member of the Institute for Earth and Space Exploration (Western Space), Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1569962021-04-07T18:47:08Z2021-04-07T18:47:08ZRares, chers, essentiels : quelle actualité pour les métaux en période de pandémie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/392246/original/file-20210329-21-13s21yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C5%2C1183%2C668&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une mine à ciel ouvert dans le parc minier national de Huangshi, dans la province de Hubei en Chine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/panoramic-view-open-pit-iron-mine-1880125651">chuyuss, Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Depuis fin 2019, la pandémie liée au virus SARS-CoV-2 remet en cause plusieurs fondamentaux sur nos stratégies et méthodes d’approvisionnement. Certains produits anodins et non stratégiques, tels que les masques ou encore les lits de réanimations, se sont transformés en produits à forts enjeux qui ont créé des tensions importantes dans les chaînes d’approvisionnement. Cette situation montre d’une part qu’un produit, sans enjeux à un moment donné, peut rapidement devenir essentiel et donc très critique, et d’autre part, que de nombreux pays se sont rendu compte des conséquences de leur forte dépendance envers certains pays, notamment la Chine.</p>
<p>Au-delà de la situation sanitaire actuelle et des produits médicaux, des questions se posent plus généralement pour tous les produits critiques, c’est-à-dire nécessaires et essentiels à un pays, dans un contexte de dépendance économique. Avec la transition écologique et la croissance exponentielle des objets connectés, les pays développés ont davantage besoin de métaux rares qu’auparavant pour alimenter les <a href="https://theconversation.com/internet-des-objets-une-dependance-aux-metaux-rares-source-de-grande-vulnerabilite-119194">industries électroniques</a>, proposant des produits tels que des smartphones, ordinateurs ou encore des voitures électriques.</p>
<p>Or, la plupart des pays développés n’ont pas accès à ces métaux rares et doivent donc les approvisionner auprès d’autres pays, <a href="https://www.europe1.fr/emissions/L-edito-eco2/la-chine-durcit-le-ton-sur-les-terres-rares-strategiques-pour-les-armees-du-monde-entier-4025775">notamment la Chine</a> qui aujourd’hui est l’acteur majeur. Ces approvisionnements soulèvent des problèmes <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2020/07/BORTOLINI/61981">géopolitiques</a>, éthiques et environnementaux. Le contexte pandémique que nous connaissons actuellement a eu des conséquences importantes sur ces approvisionnements et a poussé les différents pays à concevoir et mettre en œuvre des stratégies différentes pour les sécuriser autant que possible.</p>
<h2>Quels sont ces métaux ?</h2>
<p>Les <a href="http://www.mineralinfo.fr/page/minerais-metaux-0">métaux rares</a> représentent une quarantaine d’éléments du tableau périodique. Ils sont produits à faibles tonnages et sont nécessaires à un grand nombre d’industries. Leur rareté n’est pas nécessairement due à leur faible teneur dans la croûte terrestre, mais davantage à leur complexité d’extraction. En effet, il faut <a href="http://minesqc.com/fiches-dinformations/quentend-on-par-ressources-minerales-et-reserves-minerales-y-a-t-il-une-difference/">distinguer</a> les réserves, réellement exploitables, et les ressources, c’est-à-dire l’ensemble des gisements contenant les minéraux recherchés dans la croûte terrestre. Les métaux rares sont généralement présents à l’intérieur des minerais classiques. Ils proviennent, pour certains d’entre eux, des mines de zinc, de cuivre ou encore de nickel. On retrouve parmi ces métaux, l’indium, le gallium, le cobalt.</p>
<p>Parmi ces métaux rares, on distingue les fameuses terres rares. Certaines d’entre elles sont très recherchées pour leurs propriétés magnétiques et sont principalement produites et extraites en Chine, pouvant générer des conflits d’ordre géopolitique. Contrairement à ce que leur nom suggère, les terres rares ne sont pas si rares, mais leurs teneurs dans les gisements sont souvent très faibles et elles sont donc difficiles à exploiter.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des terres rares. Dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant du haut : praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rareearthoxides.jpg">Peggy Greb, USDA/Wikipedia</a></span>
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</figure>
<p><a href="http://www.mineralinfo.fr/page/matieres-premieres-critiques">Les métaux critiques</a> sont ainsi nommés par référence à la situation qui serait la nôtre s’ils venaient à manquer. Ils peuvent être propres à chaque entreprise, État ou région. Parmi ces métaux critiques, on distingue les métaux stratégiques qui sont critiques pour des secteurs à enjeux vitaux. Les industries de la défense et l’énergie utilisent ainsi des métaux qui sont stratégiques, car essentiels à leur activité, par exemple l’uranium, en particulier en France, qui est un métal stratégique pour l’industrie du nucléaire.</p>
<p><a href="https://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/conflict-minerals-regulation/regulation-explained/index_fr.htm">Les minerais de conflit</a> sont des métaux dont une partie – minoritaire – est issue de territoires sous tension. On parle des 3TG (pour Tantale, Tungstène, Tin et l’or) auxquels s’ajoute souvent le cobalt. Ils sont qualifiés « de conflits », car leur exploitation peut participer au financement de groupes armés, ou reposer sur le travail d’enfants ou <a href="https://www.franceinter.fr/monde/l-ue-mettra-t-elle-un-frein-a-l-exploitation-des-ouvriers-qui-extraient-les-minerais-pour-nos-smartphones">travail forcé</a> dans des mines artisanales illégales.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Où sont les terres rares dans le tableau périodique des éléments ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/7d/Tableau_periodique_terres_rares.svg/1280px-Tableau_periodique_terres_rares.svg.png">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Chacun de ces métaux ou minerais est au cœur d’enjeux actuels forts pour chaque grande région, économie ou pays, comme l’illustrent les questions de terres rares en Chine, de métaux de conflit en Europe et de métaux rares et stratégiques aux USA.</p>
<h2>Pas de tension pour la Chine</h2>
<p>La Chine, premier producteur, extracteur et importateur de terres rares au monde a vu sa <a href="https://www.latribune.fr/opinions/blogs/commodities-influence/avant-l-election-americaine-la-chine-decouple-des-metaux-en-profiteront-860246.html">production légèrement baisser au début de la pandémie</a>, du fait des suspensions d’activités industrielles sur les sites de production, du manque de main-d’œuvre dû à la quarantaine et des problématiques logistiques. Avant cette situation, la Chine utilisait ses unités de transformation de terres rares à moins de 40 % de leur capacité, certaines d’entre elles ayant été fermées les années précédentes suite à des renforcements de contrôle environnemental. Les prix n’ont <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/le-coronavirus-affecte-peu-la-production-chinoise-de-terres-rares.N933309">pas subi de forte augmentation</a> et la demande est toujours présente.</p>
<h2>Tentative d’émancipation des États-Unis</h2>
<p>Les États-Unis avaient déjà décidé de s’émanciper de la Chine pour la <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/washington-accelere-ses-investissements-dans-les-metaux-rares-1198605">production de leurs métaux stratégiques</a>. La crise de la Covid-19 a accéléré cette stratégie concernant l’ouverture de mines et la création de sites de transformation. Sous l’administration Trump, cette recherche d’indépendance vis-à-vis de la Chine était une priorité. Depuis l’arrivée de Joe Biden, la Chine menace encore davantage de <a href="https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/terres-rares-pekin-tente-par-un-nouveau-bras-de-fer-avec-washington-1290788">réduire ses exportations</a> vers les États-Unis, pour cibler et affaiblir <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/17/la-bataille-des-terres-rares-passe-par-la-relance-de-la-production-hors-de-chine_6070272_3234.html">l’industrie militaire américaine</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le site de Round Top Mountain, au Texas, États-Unis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/ff/Round_Top_Mountain_Texas.png">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>En réponse, de forts investissements sont faits, notamment sur certains sites comme celui de <a href="https://www.lefigaro.fr/economie/au-texas-une-montagne-pour-briser-le-monopole-chinois-sur-les-terres-rares-20200716">Round Top Mountain au Texas</a>, qui abriterait 16 des 17 éléments composants les terres rares et 11 des 35 métaux critiques tels que l’uranium et le lithium. Cette montagne, connue comme étant le plus grand gisement de terres rares des États-Unis, pourrait permettre à ce dernier de s’approvisionner en métaux stratégiques pendant <a href="https://lvsl.fr/comment-son-quasi-monopole-sur-les-metaux-rares-permet-a-la-chine-de-redessiner-la-geopolitique-internationale/">130 ans</a>.</p>
<p>Toutefois, la mise en exploitation d’un tel gisement nécessite près d’une vingtaine d’années. La stratégie des Américains concernant ces métaux ne concerne pas uniquement l’extraction, ils misent également beaucoup sur la <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-plan-des-etats-unis-pour-se-passer-des-terres-rares-de-la-chine-1340833">recherche et le développement</a> pour notamment trouver des méthodes de recyclages ou de substitutions pour les métaux stratégiques.</p>
<h2>La traçabilité des métaux pour l’Europe</h2>
<p>En Europe, l’ensemble des États mise sur la <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/rwanda/l-union-europeenne-impose-le-tracage-des-metaux-rares-pour-lutter-contre-le-trafic-des-minerais-du-conflit_4259099.html">traçabilité des minerais de conflits</a>. Depuis le premier janvier 2021, l’Union européenne impose une totale traçabilité de ces métaux, tout comme les États-Unis qui l’avaient mise en place dès 2010 à travers le <a href="http://www.mineralinfo.fr/ecomine/lunion-europeenne-compte-encadrer-commerce-minerais-conflits">Dodd-Frank Act</a>.</p>
<p>Au cœur de cette stratégie, la République Démocratique du Congo (RDC) avec la province du nord Kivu, région frontalière du Rwanda et de l’Ouganda. En effet, la RDC est connue, depuis des décennies, pour le trafic de métaux impliquant des problématiques de conflit armé. À l’époque, l’or et les diamants étaient déjà sous les feux des projecteurs, mais dorénavant avec l’explosion des nouvelles technologies, ce sont les métaux tels que le tantale ou le tungstène qui sont ciblés. La <a href="https://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/conflict-minerals-regulation/regulation-explained/index_fr.htm">nouvelle loi européenne</a> « prévoit l’obligation pour les entreprises européennes intervenant dans la chaîne d’approvisionnement de veiller à ce que leurs importations de ces minerais et métaux proviennent exclusivement de sources responsables et ne soient pas issues de conflits ».</p>
<p>Si le virus SARS-CoV-2 a été un catalyseur des tensions internationales sur certains métaux critiques et/ou rares, les stratégies des grandes puissances différaient déjà avant la crise. L’explosion des nouvelles technologies va continuer d’engendrer des besoins accrus et met en lumière les enjeux de régionalisation des chaînes d’approvisionnement.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été coécrit par Pablo Maniglier</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marty Justine a reçu des financements.
Ce travail a bénéficié d'une aide de l'Etat gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du programme Investissements d'Avenir portant la référence ANR-15-IDEX-02</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Blandine Ageron a reçu des financements de ANR. </span></em></p>Difficile de s’y retrouver entre les métaux rares qui le sont vraiment, les terres rares qui ne le sont pas toujours, et les métaux qui ont des rôles stratégiques et géopolitiques. On fait le point.Justine Marty, Doctorante en Supply Chain Management, Université Grenoble Alpes (UGA)Blandine Ageron, Professeur des Universités, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1572502021-03-17T19:17:36Z2021-03-17T19:17:36ZSemi-conducteurs : une pénurie appelée à durer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/389798/original/file-20210316-18-wjkb2u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C8208%2C4703&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2020, l’industrie mondiale des semi-conducteurs représentait 439&nbsp;milliards de dollars, contre 314&nbsp;milliards il y a 10&nbsp;ans.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/mobile-phone-repair-hands-closeup-on-1284757168">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Depuis la fin 2020, le monde de l’industrie s’inquiète d’une pénurie de semi-conducteurs, ces circuits intégrés micro et nanoélectroniques qui permettent de traiter l’information, la sauvegarder ou la transférer.</p>
<p>Présents dans nos téléphones, nos ordinateurs mais aussi nos réfrigérateurs ou nos voitures, ces composants, mal connus car microscopiques et dont la production est complexe, pourraient même venir à <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/pourquoi-la-penurie-de-puces-electroniques-va-durer-1295790">manquer durablement</a>. Comment l’expliquer ?</p>
<p>La première raison tient à une forte augmentation de la demande en matériel informatique depuis 20 ans et qui s’est accélérée depuis le début de la crise de la Covid-19. L’industrie mondiale des semi-conducteurs, qui rassemble l’ensemble des firmes engagées dans la conception ou la fabrication des circuits intégrés, <a href="https://www.wsts.org/">représentait en 2020</a> 439 milliards de dollars contre 314 milliards de dollars en 2010.</p>
<p>Cette tendance reflète l’élargissement du marché grâce à l’exploration de nouveaux domaines d’application dans des secteurs clés de la société contemporaine comme le médical ou l’environnement. Cette diversité des usages et des débouchés a été stimulée par la miniaturisation des composants qui augmente la performance de ce produit intermédiaire, tout en en diminuant les coûts de production et en conséquence le <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.91.1.1">prix à la vente</a>.</p>
<h2>Un marché instable</h2>
<p>La deuxième explication de la pénurie est liée à la complexité du marché qui freine l’adaptation de l’offre à la demande. L’industrie microélectronique reste en effet <a href="http://bibliotheques.cg971.fr/bdp/faces/details.xhtml?id=p%3A%3Ausmarcdef_0000086925&">structurellement fragile</a> en raison du produit en lui-même et des évolutions instables des ventes.</p>
<p>D’abord, comme nous l’avions montré dans un <a href="http://www.theses.fr/2012CAEN0689">travail de recherche</a> sur le sujet en 2012, les semi-conducteurs sont des produits de haute technologie à durée de vie courte car l’innovation tient une place centrale dans cette industrie. La recherche et développement représente depuis les années 2000 entre <a href="https://vipress.net/vers-un-montant-record-de-714-milliards-de-dollars-en-rd-pour-les-semiconducteurs-en-2021/">12 et 18 % du chiffre d’affaires</a> des entreprises.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/389854/original/file-20210316-23-f1q8bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Intel domine l’investissement en R&D dans l’industrie des semi-producteurs, avec une part d’environ 19 % du total de ce secteur en 2020. (Source : Vipress)</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/bangkok-thailand-march-05-2015-early-257898545">Shutterstock</a></span>
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<p>Ensuite, le marché est cyclique et très sensible aux évolutions macroéconomiques. En effet, on assiste, lorsque l’économie va bien, à une augmentation de la demande et donc une hausse des prix. Cela pousse les entreprises à investir à long terme pour accroître les capacités de production. S’en suit une période durant laquelle les capacités de production finissent par effectivement être plus importantes permettant une baisse des prix et donc une baisse des investissements. Ces phases alternent depuis maintenant de <a href="http://www.theses.fr/2012CAEN0689">nombreuses années</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, la situation se complexifie encore car le choc – lié à la pandémie et au confinement associé – est particulièrement violent : les capacités de production ne peuvent s’adapter à moyen/court terme à une demande de produits électroniques qui a explosé. Par conséquent, les industries utilisatrices de semi-conducteurs, l’informatique bien sûr, mais aussi l’automobile, sont elles-mêmes bloquées dans leur production. Et le consommateur risque de devoir faire face à une hausse des prix de leurs produits.</p>
<h2>Dépendance à l’Asie</h2>
<p>Dans un secteur aussi central et stratégique, la concurrence est intense à l’échelle des États. En effet, l’industrie électronique a toujours intéressé les pouvoirs publics qui ont souvent choisi d’intervenir sur le marché par l’intermédiaire d’aides à la recherche ou d’entreprises nationales. Des <a href="http://www.senat.fr/notice-rapport/2007/r07-417-notice.html">investissements étatiques</a> ont aussi favorisé le développement de l’électronique grand public au Japon dans les années 1980, par exemple.</p>
<p>Aujourd’hui, la production de semi-conducteurs reste très mal répartie dans le monde et clairement l’Europe est en situation de faiblesse sur ce point. Ainsi, fin 2019, la capacité de production mondiale équivalait à 19,4 millions de wafers (tranches de matériau semi-conducteur utilisées pour fabriquer des composants) et la production européenne n’était déjà, à ce moment, que de 1,1 million de wafers.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Le marché mondial des semi-conducteurs », Mounia Van de Casteele (Xerfi Canal, 2019).</span></figcaption>
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<p>En guise de comparaison, le Japon produisait à l’époque 3,2 millions de wafers, les États-Unis 2,4 et la Chine 2,6. Cette dernière a continué d’investir pour accroître ses capacités ces dernières années et diminuer son retard vis-à-vis de ses puissants voisins, Taïwan et la Corée du Sud. Ils dominaient le marché et se répartissaient à peu près équitablement 8,4 millions de wafers. À ce constat sur les quantités produites s’ajoute le fait que la production européenne ne concerne pas les technologies les plus avancées, <a href="https://vipress.net/les-capacites-de-production-de-semiconducteurs-vont-fortement-augmenter-en-2020-et-2021/">majoritairement produites</a> en Corée du Sud.</p>
<p>Si l’Europe veut limiter sa dépendance à l’extérieur et accroître ses capacités de production, un important travail va donc devoir être réalisé pour augmenter les investissements dans le secteur et rattraper une partie du retard cumulé. Cependant, ce rattrapage ne sera pas suffisant, car l’Europe devra aussi accéder aux matériaux de base permettant la production de semi-conducteurs, en l’occurrence les terres rares.</p>
<h2>Un avantage stratégique pour la Chine</h2>
<p>Les terres rares forment une famille de dix-sept éléments chimiques aux propriétés électromagnétiques et électrochimiques proches et exceptionnelles. Certaines interviennent de façon cruciale dans la production de certains semi-conducteurs, et d’autres dans la production de nombreux autres composants nécessaires aux nouvelles technologies.</p>
<p>Comme la plupart des ressources stratégiques – minérales ou biologiques –, les terres rares ne sont pas réparties de façon homogène à la surface du globe et/ou ne sont également pas exploitables partout où il s’en trouve (conditionnalités environnementales, technologiques et économiques). Or, aujourd’hui, plus de 80 % des terres rares produites dans le monde le sont en Chine. En 2006 et 2010, ce ratio était monté à… 98 % !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1189017133277155333"}"></div></p>
<p>La Chine a mis 20 ans à <a href="https://theconversation.com/comment-la-chine-a-pris-le-controle-du-marche-des-terres-rares-69967">construire, délibérément, cet avantage stratégique</a>. Le dirigeant Deng Xiaoping n’avait-il pas d’ailleurs prophétisé, au début des années 1990 : « il y a le pétrole en Arabie saoudite, il y a les terres rares en Chine » ?</p>
<p>Près de 20 ans plus tard, son vœu de tirer un avantage stratégique de cette ressource géologique est exaucé : personne ne peut, à court ou moyen terme, desserrer significativement cette mainmise sur des substances dont, dans une majorité de domaines de haute technologie, on sait ne pas pouvoir se passer. Or, nous avons montré dans un <a href="https://fr.calameo.com/read/0050108445ead183b4c77">travail de recherche</a> en 2016 sur la géoéconomie des terres rares que la Chine s’en sert comme une arme dans ses confrontations géopolitiques et géoéconomiques avec les Occidentaux et les Japonais.</p>
<p>La pénurie de semi-conducteurs souligne à quel point les tensions géopolitiques peuvent s’immiscer dans notre quotidien : la clé pour sortir de cette pénurie ne saurait être seulement technologique ou logistique mais dépend grandement de l’évolution dans les mois venir des relations entre les principales puissances géoéconomiques impliquées, notamment les Occidentaux et la Chine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157250/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La complexité du produit et du marché des circuits intégrés freine l’adaptation de l’offre à une demande qui a explosé ces dernières années.Mathilde Aubry, Enseignant Chercheur, EM NormandieLudovic Jeanne, Géographe, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1552712021-03-01T14:38:34Z2021-03-01T14:38:34ZLe rôle stratégique et essentiel des métaux rares pour la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/390472/original/file-20210318-21-3qvy6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C2619%2C1688&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En plus des métaux stratégiques, qui sont au coeur de conflits, il existe des métaux essentiels à la santé. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La pandémie de Covid-19 a mis en évidence que la plupart des pays ne disposaient pas d’une souveraineté sanitaire suffisante pour faire face à une telle crise. Des pénuries de masques, de respirateurs, de médicaments et maintenant de vaccins se sont fait sentir dans de nombreux pays, même les plus avancés. Ces problèmes montrent que nos sociétés sont dépendantes de certains pays pour des produits essentiels.</p>
<p>Qu’en est-il pour les métaux ?</p>
<p>Notre <a href="http://www.industrie-minerale-territoires.fr/index.en.htm">équipe de recherche</a> Franco-canadienne travaille depuis quelques années sur les interactions entre les sciences de la Terre et les sciences sociales, notamment autour du concept de géologie sociale et sur la dynamique des territoires riches en ressources.</p>
<h2>Des métaux stratégiques</h2>
<p>La notion de minerai critique et stratégique remonte aux guerres du 1IX<sup>e</sup> siècle. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont constitué des stocks de métaux. Toutefois, la surabondance de métaux de la fin du XX<sup>e</sup> siècle et la mondialisation ont conduit les états occidentaux à abandonner leur politique pro active dans ce domaine. La prise de conscience d’une dépendance aux ressources minérales importées ne revint qu’à la fin des années 1990, avec l’émergence des économies asiatiques et de nouveaux monopoles.</p>
<p>La liste des métaux critiques et stratégiques varie selon les pays, allant d’une douzaine pour la Défense nationale française aux <a href="https://www.usgs.gov/news/interior-releases-2018-s-final-list-35-minerals-deemed-critical-us-national-security-and">35 métaux</a> répertoriés dans le décret de l’ex-président américain Donald Trump, en 2018.</p>
<p>Pourquoi ces listes de métaux ? Elles reflètent les grands enjeux du passé, ceux des guerres du XX<sup>e</sup> siècle et des conflits craints pour le futur. Plus généralement, elles marquent les crises technologiques et sociales qui ont frappé nos sociétés depuis 50 ans et qui ont mené à ce que le sociologue allemand Ulrich Beck a appelé la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ulrich_Beck">société du risque</a>.</p>
<p>Ainsi, chaque crise a laissé dans son sillage de nouvelles solutions technologiques, une sécurisation des chaînes d’approvisionnement et une conscience accrue de la dépendance, à chaque fois différente, envers divers métaux. Voici quelques exemples.</p>
<h2>Du pétrole à l’or</h2>
<p>En 1973, la crise du pétrole a souligné la fragilité de la plupart des pays développés en matière d’énergie. Certains pays se sont tournés vers le nucléaire, d’autres vers l’hydro-électricité. Des mines d’uranium sont alors mises en production un peu partout, de la Saskatchewan au Niger ; le prix du minerai flambe en 1978 et le pic de production est atteint en 1980.</p>
<p>La crise terroriste de 2001 a accéléré à son tour le développement des technologies de l’information dans les industries de la défense et la consommation de métaux de haute technologie a augmenté en conséquence. Le prix du tantale connaît un pic en 2000 et sa production mondiale est maximale en 2004. Cette demande encourage la production artisanale dans l’est du Congo, au cœur d’un conflit depuis 20 ans.</p>
<p>La crise du nucléaire à la suite des accidents de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011) a encouragé le passage aux énergies renouvelables à forte intensité de métaux, notamment pour l’éolien. Le prix des terres rares a explosé pour atteindre un sommet en 2010, et la production a doublé depuis en 10 ans.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/386208/original/file-20210224-13-khyykl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Minerai de terres rares (andradite NB), projet Kwyjibo (Côte Nord, Québec).</span>
<span class="attribution"><span class="source">fournie par les auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, en 2008, la crise financière a fragilisé les marchés mondiaux et entraîné une reprise des achats d’or, notamment par les banques centrales russes et chinoises, ce qui a permis de soutenir le cours du précieux métal.</p>
<p>On comprend ainsi que chaque crise s’accompagne de nouveaux besoins en minéraux et d’une sécurisation de ces nouvelles filières métalliques.</p>
<h2>Métaux et enjeux sanitaires</h2>
<p>Les métaux sont utilisés pour la santé humaine depuis des millénaires. La médecine <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ayurveda">ayurvédique</a>, une médecine traditionnelle utilisée depuis 3000 ans en Inde, recourt au plomb, au mercure, et à l’arsenic pour soigner divers maux. Toxiques en trop grande quantité, ces métaux peuvent cependant devenir indispensables dans certains médicaments et équipements médicaux et orthopédiques.</p>
<p>Aujourd’hui, la pharmacopée mobilise plus d’une douzaine de métaux ou de métalloïdes agissant sur diverses pathologies : fer contre l’anémie, bismuth, cobalt et nickel contre les problèmes gastriques, lithium contre la dépression, antimoine contre la leishmaniose, platine ou métaux radioactifs contre le cancer, arsenic contre le psoriasis. L’or peut même traiter la polyarthrite rhumatoïde…</p>
<p>Les métaux sont aussi largement utilisés dans les prothèses : ainsi, une bouche traitée par un prothésiste dentaire pourrait contenir jusqu’à 32 métaux différents ! L’imagerie médicale recourt également à de nombreux métaux, des rayons X à la médecine nucléaire ; la résonance magnétique nucléaire (RMN) repose sur des aimants riches en terres rares, tandis que 20 % du gadolinium mondial sert pour des solutions qui augmentent le contraste des images de la RMN.</p>
<h2>Métaux et crise de la Covid-19</h2>
<p>Et la Covid-19 ? On retrouve des métaux tant dans la prévention que dans le traitement de cette nouvelle maladie.</p>
<p>Le cuivre a été le grand favori pour créer des <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/pourquoi-le-cuivre-est-le-pire-ennemi-du-coronavirus-en-plein-air_fr_5e96c5c0c5b6ac7eb262b677">surfaces anti-Covid</a>, pouvant réduire les éclosions nosocomiales dans les hôpitaux et faisant disparaître virus et bactéries en moins de deux heures. Le zinc quant à lui peut renforcer les défenses immunitaires et a déjà été utilisé contre des virus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/386210/original/file-20210224-23-1v7ib6t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Exploration de métaux rares, projet North Rae (Ungava, Québec).</span>
<span class="attribution"><span class="source">fournie par les auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’argent prévient les infections et est présent partout dans les hôpitaux. Son utilisation en hygiène et en santé représente plus de 6 % de la production minière. Certains respirateurs contiennent du chrysocale, un alliage de cuivre, zinc et d’étain qui a d’ailleurs fait défaut en Europe au printemps 2020.</p>
<p>Ainsi, en plus des métaux stratégiques au cœur de conflits, il existe des métaux essentiels à la santé. La pandémie de 2020 a provoqué des pénuries en produits d’hygiène et pharmaceutiques ; des équipements médicaux de pointe, bourrés de composants électroniques et donc de métaux à haute valeur ajoutée, ont parfois fait défaut.</p>
<p>La plupart des pays occidentaux dépendent de métaux importés. Il serait donc temps d’établir avec plus de discernement ce qui est réellement indispensable, quels sont ces métaux essentiels dans le secteur de la santé, et comment en garantir l’approvisionnement pour les prochaines crises sanitaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155271/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Jébrak reçoit des financements de recherche pour des organismes publics (CRSNG, FRQNT) et privés (compagnies minières); il est membre de l'Ordre des Géologues du Québec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yann Gunzburger reçoit des financements de la part d'organismes publics et, sous forme de mécénat, de la part d'entreprises privées, notamment dans le cadre d'une chaire de recherche et de formation s'intéressant aux relations entre projets miniers et territoires. Il est adhérent de la Société de l'Industrie Minérale.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jack-Pierre Piguet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le fer combat l’anémie. Le bismuth soulage les problèmes gastriques. Le lithium agit contre la dépression et l’or peut traiter la polyarthrite rhumatoïde… les métaux sont précieux pour la santé.Michel Jébrak, professeur émérite en ressources minérales, Université du Québec à Montréal (UQAM)Jack-Pierre Piguet, Professeur, Laboratoire GeoRessources, Université de LorraineYann Gunzburger, Professeur des universités, laboratoire GeoRessources, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1519512021-01-04T19:17:00Z2021-01-04T19:17:00ZVers la fin du « King coal » : quel avenir pour le charbon et l’extraction minière ?<p>À l’heure des énergies renouvelables, le charbon a-t-il un avenir ? Est-il en mesure de se transformer en <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/le-charbon-propre-est-un-nouveau-type-de-charbon-150910">énergie propre</a>, comme le promettent certains ? Les exploitations minières laisseront-elles un jour derrière elles des terres vierges de pollution et des régions en mesure de se redynamiser ?</p>
<p>Le charbon constitue une source d’énergie présentant un certain nombre d’avantages : ses réserves mondiales sont importantes et pourraient, selon les estimations, être exploitées pendant encore un siècle et demi. Il se transporte aisément, n’est pas toujours coûteux, mais s’avère très polluant. Responsable de près de la moitié des émissions de CO<sub>2</sub> dans le monde, il rejette des gaz soufrés, des oxydes d’azote ainsi que des particules fines.</p>
<p>Actuellement, <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/36-de-l-electricite-mondiale-reste-produite-au-charbon.N977641">36 % de l’électricité mondiale</a> est produite dans des centrales à charbon, dont le nombre augmente notamment dans des pays qui s’accordent… sur la nécessité de protéger le climat !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"940260060474863618"}"></div></p>
<h2>De grands pays encore fortement dépendants</h2>
<p>Depuis quelques années, en Chine, de nombreuses centrales électriques ont <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/centrales-a-charbon-un-recul-inedit-sauf-en-chine-1228151">été construites</a>. Or, l’empire du Milieu est déjà le plus important émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. Dans ce pays où 60 % des besoins en énergie primaire sont assurés par le charbon, un marché national du CO<sub>2</sub> a été mis en place fin 2017.</p>
<p>En Inde, la production et la consommation de charbon augmentent également et le secteur emploie quelque 350 000 personnes. 60 % de l’électricité indienne provient de la houille, mais comme en Chine, le gouvernement dit vouloir encourager les énergies renouvelables… En Asie du Sud-Est, en Indonésie et au Bangladesh, de nouvelles centrales électriques au charbon ont été prévues pour être construites respectivement à Kalselteng 2 dans l’île de Kalimantan et à Matarbari, district de Cox Bazar, dans le Sud-Est du pays.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"732526129869815809"}"></div></p>
<p>En Afrique, une centrale électrique au charbon a été mise en route fin 2018 <a href="https://www.medias24.com/MAROC/ECONOMIE/ENTREPRISES/188569-La-centrale-thermique-de-Safi-entre-en-service.html">à Safi</a>, au Maroc, alors que le gouvernement chérifien annonce être capable en 2030 de produire un plus de la moitié de son électricité grâce aux énergies renouvelables. L’Afrique du Sud ne fait pas exception avec Medupi 2, dans la province de Limpopo. Sa nouvelle centrale électrique est alimentée par le charbon de la <a href="https://www.globalafricanetwork.com/company-news/efficient-mining-at-lephalale/">mine à ciel ouvert de Grootegeluk</a> située non loin, 3200 personnes y travaillent.</p>
<p>Grand pollueur, les États-Unis ont vu en 2019 leur consommation de charbon plonger au plus bas depuis 1975, grâce notamment à la fermeture d’une cinquantaine de centrales électriques. <a href="https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/etats-unis-la-consommation-de-charbon-chute-a-son-plus-bas-depuis-1975-1161139">Selon un rapport indépendant</a>, rédigé par le groupe Rhodium, les émissions de CO<sub>2</sub> auraient diminué d’environ 2 % au cours de la même période. Pourtant, en Virginie, dans de petites communautés charbonnières depuis longtemps en déclin – à l’image de Logan et de Dixie, bourgades blotties au cœur des Appalaches –, les habitants appauvris ont placé tous leurs espoirs en Donald Trump, grand défenseur du « King coal ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-coup-de-grisou-de-ladministration-trump-72397">Le coup de grisou de l’administration Trump</a>
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<p>En Australie, où ce minerai est exploité depuis la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle sur la côte au nord de Sydney, la grande époque du charbon tire à sa fin. Pays exportateur, l’Australie voit ses plus gros clients, le Japon et la Chine, mettre un frein à leurs commandes.</p>
<p>Comme dans d’autres pays, des mouvements de protestation ont éclaté <a href="https://observers.france24.com/fr/20150729-australie-queensland-abbot-point-bassin-galilee-adani-charbon-grande-barriere-corail">contre des projets d’ouverture</a> de mines jugées trop polluantes. Les banques semblent, quant à elles, hésiter à financer ce type de projet. Si Glencore, une société suisse présente en Australie, <a href="https://www.glencore.com.au/en/who-we-are/energy-products/Pages/coal.aspx">n’abandonne pas le charbon</a>, elle se tourne néanmoins progressivement vers d’autres minerais, tels que le cobalt, le cuivre et le nickel, censés favoriser la transition vers les énergies renouvelables.</p>
<h2>La place marginale de l’Europe</h2>
<p>À l’échelle mondiale, le poids du charbon européen est marginal. À terme, sa production est sans doute destinée à disparaître. Alors qu’en Allemagne près de 40 % de l’électricité provient toujours de la combustion de la houille et de la lignite, les autorités disent <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/03/en-allemagne-une-sortie-du-charbon-toute-en-contradictions_6041601_3234.html">vouloir « sortir » du charbon</a>. Or, en 2019, la construction d’une nouvelle centrale électrique à Datteln, dans le land de Rhénanie, a été mise en route…</p>
<p>En Pologne, où le charbon est à l’origine d’environ <a href="https://www.ft.com/content/d44cca2d-1bf1-4fbd-81fc-bdf0da79eb4f">75 % de l’électricité</a>, les dirigeants déclarent vouloir en avoir fini avec ce minerai, dont le coût de production est relativement élevé… mais pas avant 2050 ! En Serbie, c’est grâce à des prêts chinois qu’une unité thermique a récemment été construite, à Kostolac sur le Danube.</p>
<p>Au Royaume-Uni, à Whitehaven, dans le comté de West Cumbria, où une <a href="https://theconversation.com/une-plongee-dans-les-mines-de-charbon-sous-marines-95986">mine de charbon sous-marine</a> a été exploitée jusqu’en 1986, la communauté de communes a accordé le 2 octobre dernier, un permis de construire à la West Cumbria Mining (WCM). Cette compagnie prévoit d’extraire 3 millions de tonnes de houille par an, destinées à la production d’acier. Mais les <a href="https://www.liberation.fr/amphtml/terre/2020/12/27/en-angleterre-un-projet-minier-devient-un-enjeu-de-justice-climatique_1809633">écologistes sont vent debout</a> et le gouvernement n’a pas encore donné son accord pour le lancement du chantier.</p>
<p>En France, quatre centrales électriques sont encore en activité. Celle de Cordemais (Loire-Atlantique) continuera, à bas régime, jusqu’en 2024, voire 2026. Au Havre (Seine-Maritime) et à Saint-Avold (Moselle), la fin est programmée respectivement pour avril 2021 et 2022. Enfin, à Gardanne (Bouches-du-Rhône), la fermeture devrait avoir lieu prochainement, le président Emmanuel Macron s’étant engagé à mettre un terme à leur activité avant la fin de son mandat. En France, 1,5 % à 2 % de l’électricité est produite avec du charbon et « seulement » 1400 emplois sont concernés par cette mesure.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1090672892545851392"}"></div></p>
<h2>L’épineuse question de « l’après »</h2>
<p>Une fois les centrales électriques fermées et les bassins miniers abandonnés, est-il possible de donner une nouvelle vie à ces lieux et de proposer des alternatives aux employés du secteur ?</p>
<p>La tâche est très difficile, comme nous le rappelle l’exemple du bassin du Nord-Pas-de-Calais en France et celui des anciennes régions minières d’Angleterre.</p>
<p>Même des expériences qui se voulaient novatrices n’ont pas été convaincantes, à l’image de celle lancée par l’ONG « Mined mines » dans les Appalaches, région minière nord-américaine en déshérence. Destinée à réorienter les ex-mineurs dans les métiers du codage informatique pour les aider à trouver un emploi lucratif tout en demeurant dans leur région d’origine, elle a beaucoup déçu.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"936248472247980034"}"></div></p>
<h2>Pas que le charbon</h2>
<p>Sur le front des dégâts écologiques causés par l’exploitation minière, rappelons qu’ils ne concernent pas uniquement le charbon.</p>
<p>À Cuidanovita, ville minière située dans les montagnes roumaines du Banat, où l’uranium a été exploité à partir des années 1960 par une société roumano-soviétique, l’extraction est au point mort. Les anciens ouvriers mineurs et leurs familles vivent au milieu de fortes radiations émanant de terrils radioactifs. Ils se servent d’une eau provenant d’une nappe phréatique dont le <a href="https://www.uradmonitor.com/ciudanovita/">taux de pollution</a> est extrêmement élevé.</p>
<p>En France, à Salsigne (Aude), située à une vingtaine kilomètres de Carcassonne, l’extraction de l’or s’est arrêtée en 2004. La vallée de l’Orbiel, dite « Vallée de l’arsenic », site de l’ancienne plus grande mine d’or de France, est désormais le lieu le <a href="https://www.fne.asso.fr/actualites/salsigne-la-vall%C3%A9e-de-l%E2%80%99arsenic-un-scandale-d%E2%80%99%C3%A9tat">plus pollué de l’Hexagone</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"966315070966976512"}"></div></p>
<h2>Polluer moins</h2>
<p>Comment, dans l’avenir, poursuivre l’activité minière dans de meilleures conditions ? Le charbon peut-il véritablement devenir « propre » grâce au système prôné par certains <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/capture-et-stockage-du-co2-ccs-une-situation-etrange">défenseurs du « carbon capture and storage »</a> (CCS) ? Cet ensemble de techniques a pour objectif d’améliorer le rendement, de diminuer les émissions de CO<sub>2</sub> et de traiter les fumées, mais pour le moment son coût reste prohibitif.</p>
<p>Une fois le charbon abandonné, il y aura toujours des exploitations minières dangereuses et polluantes : d’uranium, de cuivre, d’étain de cuivre, de zinc, d’or… que rejettent souvent les populations locales.</p>
<p>En Roumanie, en <a href="http://www.stopmines23.fr/solidarite-opposants-aux-mines-dor-en-grece-appel-a-dons/">Grèce</a> et en Macédoine du Nord, des villes entières se sont opposées à des projets miniers. <a href="https://www.courrierdesbalkans.fr/Macedoine-Gevgelija-referendum-non-mine-montagne-Kozuf">Lors d’un référendum organisé en 2017</a>, les habitants de Gevgelija (Macédoine du Nord) ont voté contre l’ouverture d’une mine d’or et de cuivre à ciel ouvert de trois kilomètres de diamètre et de 700 mètres de profondeur sur le territoire de leur commune, par crainte des conséquences écologiques. Son exploitation aurait entraîné, comme à Salsigne, une <a href="https://www.courrierdesbalkans.fr/Macedoine-initiative-locale-projets-miniers-societes-etrangeres">pollution de longue durée à l’arsenic et au cyanure</a>, matières utilisées dans ce type de mine.</p>
<p>En Albanie, à Bulqizë, dans le nord du pays à 40 kilomètres de Tirana, des manifestations ont eu lieu <a href="https://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=4274">dans une mine de chrome</a> – substance hautement toxique – en 2011 et en 2019. Après le renvoi de leurs délégués syndicaux, les mineurs se sont mis en grève, y compris de la faim, pour de meilleurs salaires – les habitants de cette ville sont parmi les plus pauvres du pays – et de meilleures conditions de travail, les mineurs intervenant à 1400 mètres de profondeur. Des arrestations ont eu lieu et les informations sur ces conflits sont rares.</p>
<p>Le charbon a sans aucun doute un avenir, en particulier dans les pays qui ne peuvent se passer de son apport énergétique. La France n’a-t-elle pas, au mois de septembre dernier, <a href="https://www.lci.fr/planete/pourquoi-la-france-a-t-elle-rallume-ses-centrales-a-charbon-cette-semaine-2164968.html">relancé certaines de ses centrales thermiques</a> ? Ce recours à la houille n’empêche pas les dirigeants des pays concernés de multiplier les déclarations encourageantes au sujet du passage aux énergies renouvelables. Mais dans quel délai pourront-elles résoudre les problèmes posés par le réchauffement climatique et la pollution environnementale ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151951/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Diana Cooper-Richet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si nombre de pays déclarent vouloir s’émanciper de cette énergie fossile polluante, le charbon reste encore bien présent et pose de multiples défis environnementaux et économiques.Diana Cooper-Richet, Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1439112020-08-10T21:16:44Z2020-08-10T21:16:44ZComment les dérèglements climatiques ont fait entrer le Groenland dans la mondialisation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/351268/original/file-20200805-20-1wtdsxd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C478%2C3244%2C1890&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le village d’Oqaatsuk, situé sur l'une de berges de la baie de Disko, en 2017.</span> <span class="attribution"><span class="source">Norbert Rouland</span></span></figcaption></figure><p>En ce mois d’août, une petite expédition française du nom d’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=jeRxL4fTey0">Unu Mondo</a> – qui se donne pour but d’étudier les effets du réchauffement climatique et la fonte de la banquise – se trouve au sud du Groenland. Elle va en remonter la côte ouest pour se diriger ensuite vers le Canada, empruntant le fameux passage du Nord-Ouest.</p>
<p>La région arctique a été ces dernières semaines à nouveau au centre de l’attention, suite à la publication d’une étude scientifique évoquant la <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-020-0818-9">disparition d’ici la fin du siècle</a> des ours polaires en raison du réchauffement climatique.</p>
<iframe src="https://www.google.com/maps/embed?pb=!1m18!1m12!1m3!1d24630059.92771151!2d-73.80873701988536!3d67.86538440113804!2m3!1f0!2f0!3f0!3m2!1i1024!2i768!4f13.1!3m3!1m2!1s0x4ea20dbbe3c07715%3A0x34cf9d830114e218!2sGroenland!5e0!3m2!1sfr!2sfr!4v1596619855732!5m2!1sfr!2sfr" width="100%" height="450" frameborder="0" style="border:0;" allowfullscreen="" aria-hidden="false" tabindex="0"></iframe>
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Et l’on se souvient bien sûr de toutes ces photos montrant des ours à la dérive sur une plaque de banquise… Même si ces mammifères sont d’excellents nageurs, les effets des dérèglements climatiques sont incontestables et de mieux en mieux documentés. J’ai pu moi-même le constater lors d’un <a href="https://amubox.univ-amu.fr/s/DWi29Xn3jmca98B">voyage dans cette zone au mois de juin 2017</a>.</p>
<p>Revenu au Groenland dans des endroits où j’étais allé, il y a une quarantaine d’années, en compagnie de l’ethnologue et géographe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Malaurie">Jean Malaurie</a> quand la mer gelait en octobre, j’apprends qu’elle ne gelait plus du tout…</p>
<p>Suivant les estimations de l’Institut météorologique danois en juillet 2019, le Groenland avait perdu <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/breves/calotte-glaciaire-groenland-50-ans-fonte-groenland-vus-satellites-nasa-1119/">197 gigatonnes</a> de glace de surface, plus que la moyenne d’une année entière depuis le début du XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/1bMnVQBIjHE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Polar bears could go extinct by 2100. (The Hindu/Youtube, juillet 2020).</span></figcaption>
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<h2>« Donnez-moi l’hiver »</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351269/original/file-20200805-16-qaygwx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Chiens de traineaux à Ilulissat.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Norbert Rouland</span></span>
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<p>Au Groenland, l’utilisation des chiens de traineaux n’a plus qu’un caractère sportif ou touristique. Lors de mes premiers voyages, les chiens vivaient à côté des hommes. Aujourd’hui, ceux qui restent sont parqués dans des terrains vagues en lisière des petites villes, comme à Ilulissat dans la région de la baie de Disko.</p>
<p>Décédé il y a près d’un siècle, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Knud_Rasmussen">Knud Rasmussen</a>, le plus grand ethnologue des Inuits déclarait : « Donnez-moi l’hiver, donnez-moi les chiens, et gardez tout le reste ». Que dirait-il aujourd’hui, où les motoneiges ont remplacé les chiens ?</p>
<h2>Une pêche plus abondante, une petite agriculture</h2>
<p>Mais le passé n’avait pas que des avantages. On mourait en général jeune dans cette région ; et les anciens devaient se sacrifier, partant seuls sur la banquise. Aux jeunes de vivre pour nourrir femmes et enfants. Aujourd’hui, ce sont eux qui se suicident. Ils jouissent d’un confort sans commune mesure avec les temps anciens. Mais, tous branchés à Internet, ils souffrent de la comparaison avec des environnements plus cléments. L’alcoolisme et les violences familiales font des ravages.</p>
<p>Assistés par les subventions du Danemark, les Groenlandais rêvent d’indépendance. Son éventualité fait partie des conséquences « positives » du réchauffement climatique, rarement soulignées par les médias.</p>
<p>Les Groenlandais apprécient désormais des hivers moins rigoureux et, depuis quelques années, la pêche des cabillauds est plus abondante suite au réchauffement de l’eau. Dans le Sud-Ouest, on pratique une petite agriculture et les Groenlandais rêvent de pouvoir cultiver sur place des légumes et des fruits, importés du Danemark à des prix très élevés.</p>
<h2>Des changements bienvenus</h2>
<p>Mais les enjeux économiques les plus importants concernent les potentielles richesses contenues dans le sous-sol, et notamment les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/terres-rares-30956">terres rares</a>, ces minéraux qui interviennent dans la construction du matériel informatique et de nos téléphones. Elles sont d’ores et déjà un enjeu géopolitique du XXI<sup>e</sup> siècle et vont connaître une demande en constante augmentation. À l’heure actuelle, la Chine en a le quasi-monopole.</p>
<p>Le Groenland renfermerait également les troisièmes réserves d’uranium au monde et pourrait figurer parmi les dix ou cinq premiers exportateurs à l’horizon 2030.</p>
<p>L’exploitation de ce minerai constitue un bon exemple des risques liés à la modernisation de la zone. Elle pourrait permettre au Groenland l’accession à l’indépendance, mais comporte de nombreux risques, liés notamment à l’arrivée d’une main-d’œuvre étrangère, potentiellement déstabilisante.</p>
<p>Conscients de ces risques, les Groenlandais avaient interdit en 1983 l’extraction du minerai. Une interdiction levée par le Parlement en 2013, à seulement quelques voix de majorité. Les partisans de l’extraction ont fait valoir que la tolérance zéro datait d’une époque quasi coloniale. Ils avancèrent aussi que s’il fallait stopper le développement industriel pour préserver le climat, il n’était pas juste de priver les Groenlandais de l’exploitation d’une telle ressource.</p>
<p>À la liste des changements vus d’un œil favorable par les habitants de la région, il faut également mentionner une circulation maritime facilitée. Ainsi, la route du Nord, qui longe tout le littoral de la Russie, est devenue navigable. Du côté canadien, le passage du Nord-Ouest est beaucoup plus accessible qu’auparavant.</p>
<p>Pour des milliers d’euros, des touristes fortunés l’empruntent désormais sur des bateaux de <a href="https://theconversation.com/navigation-arctique-quels-risques-pour-les-navires-croisieristes-82170">croisière de luxe</a>. Cette navigation n’est toutefois aussi aisée que dans les mers chaudes : la nuit polaire reste longue, le brouillard et les icebergs fréquents et les hauts-fonds assez nombreux.</p>
<h2>La présence chinoise</h2>
<p>Si les <a href="https://www.academia.edu/36730452/LArctique_russe_reconqu%C3%AAte_dun_front_pionnier">Russes s’intéressent au Groenland</a>, ils sont, comme l’Union européenne, en retard sur la Chine. Depuis 2010, les contacts entre le Groenland et Pékin – au niveau bilatéral et dans le cadre des relations entre le Danemark et la Chine – se sont multipliés.</p>
<p>En 2011, le ministre groenlandais de l’Industrie et des Ressources naturelles se rend dans la capitale chinoise où il est reçu par le vice-premier ministre. En 2012, une délégation groenlandaise rencontre, au Danemark, le président Hu Jintao. En 2014, le vice-ministre groenlandais des Affaires étrangères en visite à Pékin s’entretient avec les représentants de deux entreprises minières chinoises. En 2016, le président Xi Jinping réaffirme la volonté chinoise de renforcer les liens entre la Chine et le Danemark.</p>
<p>Notons enfin que la base de données <a href="http://www.wanfangdata.com/">Wanfang data</a> – la plus grande base de données d’articles scientifiques en chinois – comporte plus de <a href="http://www.observatoire-arctique.fr/analyses-regionales/evaluation-de-montee-puissance-interets-chinois-groenland/">800 articles consacrés au Groenland</a>.</p>
<p>Pékin cherche aujourd’hui à <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2020/01/03/arctique-une-ambition-chinoise_6024717_3210.html">prendre toute sa place en Arctique</a>, imaginant qu’une de ses « nouvelles routes de la soie » passe par la région. Et, comme les Russes (un drapeau russe a été planté sous le pôle Nord à 4700 m de profondeur), ils sont opposés à une internationalisation de la région qui pourrait la limiter.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-chine-a-la-conquete-des-poles-142342">La Chine à la conquête des pôles</a>
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<p>Situé près du continent nord-américain, mais aussi de la Russie par la voie du détroit de Béring, appartenant à l’Europe par son intégration au Danemark (mais il s’est retiré de l’Union européenne afin de ne pas subir le contingentement de sa pêche), convoité par la Chine, le Groenland est entré pour la première fois de son histoire dans la mondialisation.</p>
<p>Le réchauffement climatique et les multiples changements qu’il initie sont en grande partie cause de cette évolution que personne ne soupçonnait encore au siècle dernier.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143911/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Norbert Rouland ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La disparition des ours polaires est loin d’être le seul bouleversement qui anime la région arctique.Norbert Rouland, Professeur de droit. Ancien membre de l'Institut universitaire de France (Chaire anthropologie juridique), professeur émérite, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1389742020-06-16T20:52:44Z2020-06-16T20:52:44ZCes métaux qui viennent à manquer, un enjeu pour les sociétés de demain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/342183/original/file-20200616-23243-zxdylq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C31%2C2568%2C1909&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le minerai de zinc peut contenir d'importantes ressources en métaux critiques utiles pour les nouvelles technologies. Ici, microscopie de minerai d’Arre-Anglas (Pyrénées).</span> <span class="attribution"><span class="source">Alexandre Cugerone</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>De nombreux métaux sont indispensables pour les technologies du XXI<sup>e</sup> siècle, et notamment de nombreuses technologies « vertes », par exemple les batteries, <a href="https://ec.europa.eu/environment/ecoap/about-eco-innovation/experts-interviews/32_fr#:%7E:text=Les%20cellules%20solaires%20photovolta%C3%AFques%20font,la%20production%20d%E2%80%99%C3%A9nergie%20solaire.&text=Les%20cellules%20solaires%20%C3%A0%20base,de%2080%20%25%20des%20applications%20satellitaires.">panneaux solaires</a>, aimants d’<a href="https://theconversation.com/des-chars-aux-eoliennes-irremplacables-terres-rares-64788">éoliennes</a>, ou encore la <a href="https://www.journaldunet.com/solutions/cloud-computing/1031260-reseaux-de-telecommunications-de-nouvelle-generation-plus-durables-et-ecologiques/">fibre optique</a>. Certains de ces métaux sont dits <a href="https://ec.europa.eu/transparency/regdoc/rep/1/2017/FR/COM-2017-490-F1-FR-MAIN-PART-1.PDF">« critiques »</a>, car leur approvisionnement est incertain.</p>
<p>Nous cherchons à comprendre comment se concentrent certains métaux critiques dans la croûte terrestre pour les extraire plus facilement, afin d’inspirer de nouvelles méthodes d’exploration et de valorisation écoresponsable de certains déchets issus de l’exploitation minière passée, notamment en France et en Europe.</p>
<p>En effet, on trouve ces métaux critiques (<a href="https://theconversation.com/des-chars-aux-eoliennes-irremplacables-terres-rares-64788">terres rares</a>, <a href="http://www.mineralinfo.fr/sites/default/files/upload/documents/Fiches_criticite/fichecriticitecobalt-180102.pdf">cobalt</a>, lithium, <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-63169-FR.pdf">platinoïdes</a>, germanium, etc.) soit en infimes quantités, disséminés dans les minerais de base comme, par exemple le <a href="http://alternatives-projetsminiers.org/wp-content/uploads/docs/Minerais/Cadmium_Germanium.pdf">zinc et le cuivre</a>, soit, parfois, dans des minéraux hyperconcentrés, plus petits qu’un dixième de millimètre. Pour bien comprendre cette différence fondamentale avec un exemple de tous les jours, considérons un seul gâteau au chocolat, avec du chocolat fondu réparti uniformément dans la pâte à gâteau, et des pépites de chocolat. Sous quelle forme le chocolat est-il le plus facile à récupérer pour les gourmands une fois le gâteau réalisé ? Les pépites bien sûr ! Le principe est le même dans notre étude : il est plus facile d’extraire les métaux critiques dans des petits minéraux concentrés (nos pépites de chocolat) plutôt que disséminés dans le minerai de base (le chocolat fondu dans la masse du gâteau).</p>
<h2>L’approvisionnement difficile des métaux « de demain »</h2>
<p>De nombreuses substances métalliques naturelles sont toujours exploitées aujourd’hui, comme les <a href="https://www.lajauneetlarouge.com/wp-content/uploads/2012/07/647-page-016-019.pdf">métaux de base et métaux ferreux</a> (cuivre, zinc, fer, manganèse, etc.) ou les métaux précieux (or, argent, platine, etc.). Les <a href="https://www.dunod.com/sciences-techniques/quels-metaux-pour-demain-enjeux-ressources-minerales">« métaux technologiques »</a>, comme le <a href="https://theconversation.com/les-materiaux-de-la-transition-energetique-le-lithium-105429">« lithium »</a>, les <a href="https://lejournal.cnrs.fr/billets/les-terres-rares-et-apres">« terres rares »</a>, le tungstène, ou d’autres métaux rares (germanium, gallium, indium), ont été rendus indispensables par la révolution numérique, et sont aussi cruciaux pour le développement de « technologies vertes ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-parle-t-on-de-criticite-des-materiaux-105258">Pourquoi parle-t-on de « criticité » des matériaux ?</a>
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<p>Si nous continuons à extraire ces métaux technologiques, au rythme actuel et dans ces conditions, alors que la plupart sont considérés comme <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52017DC0490&from=EN">critiques</a>, nous <a href="https://theconversation.com/critical-minerals-are-vital-for-renewable-energy-we-must-learn-to-mine-them-responsibly-131547">pourrions être confrontés</a> à une crise d’approvisionnement et à des effets environnementaux importants.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=321&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=321&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=321&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=404&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=404&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340874/original/file-20200610-34692-1s5vp77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=404&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Utilisations actuelles et futures des métaux rares associés aux gisements de zinc.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Parmi ces métaux critiques, les éléments du groupe des <a href="https://theconversation.com/terres-rares-notre-ultra-dependance-a-la-chine-et-comment-en-sortir-125855">« terres rares »</a>, mais aussi le <a href="https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/la-batterie-lithium-ion-comment-ca-marche">lithium</a> et le <a href="http://www.mineralinfo.fr/sites/default/files/upload/documents/Plaquettes/rp-63626-fr-cobalt.pdf">cobalt</a>, sont essentiels aux nouvelles technologies automobiles et informatiques. Le <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fchem.2020.00230/full">tungstène</a> est précieux dans certains <a href="http://www.mineralinfo.fr/sites/default/files/upload/documents/Fiches_criticite/fichecriticitetungstene-publique170921.pdf">alliages aéronautiques</a>. Des métaux rares comme le gallium, le germanium et l’indium <a href="https://books.openedition.org/septentrion/15969?lang=fr">sont essentiels</a> à la fabrication de la fibre optique, de panneaux solaires et de systèmes électroniques, et pourraient améliorer les rendements des <a href="https://www.lesnumeriques.com/voiture/batterie-a-electrolyte-solide-revolution-pour-l-automobile-a3395.html">batteries lithium-ion</a>. Ces derniers sont extraits principalement en sous-produit du sulfure de zinc, dans lequel ils sont dilués.</p>
<h2>Où sont concentrés les métaux rares et comment mieux les extraire ?</h2>
<p>Notre <a href="https://doi.org/10.1130/G46791.1">étude</a> montre que les métaux rares comme le germanium, le gallium et l’indium peuvent exister en infimes quantités, disséminés dans des cristaux de métaux de bases, mais aussi dans de petits minéraux porteurs hyperconcentrés. Nous avons mis en évidence que la déformation du minerai de sulfure de zinc, contemporaine de la formation de chaînes de montagnes, favorise la re-concentration du germanium dans des minéraux hyperconcentrés (nos pépites de chocolat) au cœur des chaînes de montagnes, ici, les Pyrénées.</p>
<p>En conséquence, il devient très intéressant de rechercher les sites miniers où la déformation par des processus géologiques naturels a joué un rôle de « concentrateur naturel » de métaux rares.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340873/original/file-20200610-34696-1n80pro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une veine de sulfure de zinc (ZnS) riche en germanium et naturellement déformée dans une ancienne mine à Arre dans les Pyrénées Atlantiques. A. Affleurement d’une veine de sulfure de zinc (modifié depuis Cugerone et coll., 2019). B. Déformation naturelle dans le sulfure de zinc au microscope, matérialisée par la présence de nombreux plans de schistosité. C. Minéraux à germanium associés au sulfure de zinc.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ceci peut s’appliquer aux métaux rares énoncés, mais pourrait aussi apparaître pour d’autres métaux technologiques, comme les éléments du groupe des terres rares. De nombreux sites miniers ont anciennement été exploités pour leurs métaux de base (uniquement) et, actuellement, de nombreux terrils ou résidus miniers provenant de cette exploitation passée pourraient être valorisés. Il pourrait exister d’importantes concentrations en métaux rares dans ces terrils miniers, notamment dans les Pyrénées, le Massif central mais aussi <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00501-018-0818-5">dans les Alpes</a>, ou dans les montagnes scandinaves du nord de l’Europe, et peuvent constituer de potentielles ressources en métaux rares.</p>
<p>De plus, quand un métal rare, par exemple le germanium, est disséminé dans le minerai, l’<a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/materiaux-th11/elaboration-et-recyclage-des-metaux-non-ferreux-42370210/metallurgie-du-germanium-m2372/">extraction est complexe</a>, nécessite des processus hydrométallurgiques lourds et induit de fortes pertes durant son <a href="https://pubs.usgs.gov/periodicals/mcs2020/mcs2020-germanium.pdf">extraction</a>. Par contre, si ces métaux rares sont concentrés (comme des pépites de chocolat dans un gâteau) dans de petits minéraux, leur séparation par divers procédés mécaniques pourrait être améliorée et être mieux exploitée, que ce soit dans les sites miniers actuels ou dans certains terrils ou déchets miniers.</p>
<p>Notre étude suggère des techniques rapides et peu coûteuses qui permettent de caractériser la texture minéralogique (taille et forme des cristaux) et la chimie d’échantillons de roches et d’y localiser les métaux rares et évaluer leur concentration et leur extraction potentielle.</p>
<h2>Sortir de la dépendance européenne quasi totale des ressources métalliques ?</h2>
<p>Actuellement, le marché mondial en métaux rares (gallium, germanium, indium) mais aussi en <a href="https://doi.org/10.1016/j.oregeorev.2015.09.019">terres rares</a> est dominé par la Chine. La dépendance de l’Europe est <a href="http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-9791020905741-1-1-0-1.html">quasi totale</a> vis-à-vis de l’Asie, des Amériques et de l’Afrique. Mais quelles seraient les conséquences économiques sur nos industries si une crise d’approvisionnement en ressources minérales, notamment en « métaux technologiques », se présentait entre nos pays ou continents ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340879/original/file-20200610-34670-nxwxva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte des pays représentant la plus grande part du marché mondial pour chaque métal dit « critique » par l’Union européenne. Les métaux rares sont encadrés en rouge. (situation en 2017).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://ec.europa.eu/growth/sectors/raw-materials/specific-interest/critical_en">Commission européenne</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Impacts sociaux et environnementaux</h2>
<p>L’importation de ressources métallifères pour nos technologies du XXI<sup>e</sup> siècle, dont certains avec une forte connotation « verte » ou « renouvelables », en provenance de pays lointains avec des règles environnementales d’exploitation <a href="https://ecoinfo.cnrs.fr/2010/08/06/4-quels-impacts/">laxistes ou inexistantes</a>, est particulièrement paradoxale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/terres-rares-notre-ultra-dependance-a-la-chine-et-comment-en-sortir-125855">Terres rares : notre ultra-dépendance à la Chine (et comment en sortir)</a>
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<p>Une solution ne serait-elle pas d’extraire nos métaux, par exemple dans certains terrils miniers riches en métaux critiques en Europe, de manières écoresponsables et respectueuses de l’environnement ? Nous avons besoin de mieux comprendre comment les minéraux critiques se forment et se concentrent en termes chimiques et géologiques, ce qui pourrait permettre de revisiter certaines anciennes mines et valoriser leurs terrils miniers.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138974/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Cugerone a reçu des financements provenant d'une bourse de thèse BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) dans le cadre du projet RGF (Référentiel géologique de France), et d'un financement du programme Tellus de l'INSU-CNRS.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bénédicte Cenki-Tok receives funding from European Union’s Horizon 2020 research and innovation program under grant agreement No 793978. She has received funding from French national program “Référentiel Géologique de France” (RGF-Pyrénées) of the French Geological Survey (Bureau de Recherches Géologiques et Minières; BRGM), and the INSU-CNRS Tellus program. She is affiliated with The University of Sydney as well. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emilien OLIOT ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il reste des métaux dans les mines et déchets miniers. La géologie permet de comprendre comment mieux valoriser ces déchets et assurer l’approvisionnement en éléments chimiques rares mais cruciaux.Alexandre Cugerone, Docteur en Géosciences - Géologie Minière/Métallogénie - Géosciences Montpellier, Université de MontpellierBénédicte Cenki, Associate professor at Montpellier University, EU H2020 MSCA visiting researcher at Sydney University, Université de MontpellierEmilien OLIOT, Maître de Conférences en Sciences de la Terre, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1385812020-06-01T17:20:57Z2020-06-01T17:20:57ZRelocaliser l’extraction des ressources minérales : en Europe, les défis du lithium<p>Parmi les défis qui nous attendent dans « le monde d’après », celui de la relocalisation de notre approvisionnement en matières premières minérales est essentiel. La France <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-10/chiffres-stats761-matieres-mai2016.pdf">importe en effet</a> près de 100 % de ses métaux et une partie significative des roches et minéraux de son industrie. </p>
<p>En ce début août 2021, on apprenait ainsi que le groupe Renault venait de <a href="https://www.caradisiac.com/renault-signe-un-accord-pour-un-approvisionnement-en-lithium-191369.htm">signer un partenariat avec Vulcan Energy</a>, une société australienne incontournable dans la production de lithium, pour sécuriser la fourniture de ce métal essentiel à la fabrication des batteries de véhicules électriques. </p>
<h2>Un cas d’école</h2>
<p>Outre une plus grande indépendance stratégique, cette relocalisation serait aussi un moyen d’améliorer les bilans carbone et économique de notre appareil productif. Importer du bout du monde des matières premières à grand renfort de rejet de CO<sub>2</sub> n’est pas une solution durable et cette crise nous aidera peut-être à en prendre conscience.</p>
<p>Car les matières premières de la transition énergétique et digitale se trouvent en fait dans notre sous-sol, sous nos pieds. Ces métaux tels que le nickel, le cuivre, le cobalt, le lithium ou encore les terres rares, entrent notamment dans la composition des batteries de nos ordinateurs, tablettes, smartphones, mais surtout dans celles équipant les véhicules électriques. Les économistes s’accordent pour prédire une très forte augmentation de leur nombre dans le parc automobile dans les années à venir.</p>
<p>Le potentiel en <a href="http://www.mineralinfo.fr/">ressources minérales de la France</a> est très largement <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-68321-FR.pdf">sous valorisé à ce jour</a>. Le pays abrite en effet d’importantes ressources en roches et minéraux industriels ainsi que de nombreux métaux (tungstène, antimoine, or, plomb, zinc, germanium, cuivre, lithium et molybdène).</p>
<p>L’exemple du lithium est à ce titre un cas d’école. Malgré des ressources très conséquentes et des besoins grandissants, nous continuons d’importer massivement depuis l’autre bout du monde des métaux qui se trouvent sous nos pieds dans notre sous-sol. Aujourd’hui, le lithium est en effet raffiné principalement en Chine mais est produit massivement en Australie et au Chili.</p>
<p>En Europe, les principales ressources en Lithium sont <a href="http://www.frame.lneg.pt/wp-content/uploads/2019/06/FRAME-Newsletter-Issue-3.pdf">localisées</a> à <a href="https://mc-56397411-4872-452d-b48e-428890-cdn-endpoint.azureedge.net/-/media/Content/Documents/Operations/Jadar/RT-Jadar-Fact-sheet-EN.pdf">Jadar en Serbie</a>, au Portugal, en Espagne, en Finlande, en Autriche et dans le <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-68321-FR.pdf">Massif central en France</a> (granites de Beauvoir, de Montebras, etc.).</p>
<h2>Le sous-sol français riche en lithium</h2>
<p>Les ressources minérales contenant du lithium sont diverses et variées sur le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169136818308011">territoire national et européen</a>. Le lithium est contenu à différentes teneurs dans des roches telles que les granites à métaux rares, les pegmatites ou encore les minéraux argileux. Or, toutes ces ressources ne sont que très peu exploitées et valorisées à ce jour.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338865/original/file-20200601-95032-1jqjizo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Exemple de roche riche en lithium qui donne la couleur violette de cette roche appelée pegmatite composée de micas lithinifères,de feldspath et de quartz. Chédeville˗en˗Ambazac (Haute-Vienne). La pointe d’un marteau de géologue donne l’échelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">E. Gloaguen (BRGM)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le <a href="http://wwwbrgm.fr">BRGM</a> a réalisé en 2018 un inventaire des <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-68321-FR.pdf">ressources en lithium métropolitaines</a>, qui a mis en lumière certaines sources de lithium dans des roches dont le potentiel de valorisation est certain, essentiellement dans le Massif central et le Massif armoricain. Elles ont notamment l’avantage d’associer le lithium à des roches et minéraux industriels comme les feldspaths, le quartz, le kaolin, ou à des métaux comme l’étain, le tantale ou le tungstène.</p>
<p>Si des procédés de traitement des minerais sont mis au point, la France pourrait être autonome pour le lithium (roche dure du Massif central et saumures géothermales d’Alsace) avec un potentiel dépassant les 200 000 t de lithium métal.</p>
<p>Comme la majorité de ses voisins européens, le France importe à ce jour en grandes quantités les métaux nécessaires à son industrie. Cette délocalisation des filières nous permet d’occulter les conditions d’extraction de ces substances. Ces procédés, si appliqués sans normes et contrôles, peuvent provoquer des dégâts sur le plan environnemental avec des rejets sauvages de déchets (effluents acides) et font généralement travailler des ouvriers sans leur garantir les normes de protection nécessaires. Ils posent également des problèmes en matière de <a href="https://theconversation.com/au-chili-changer-la-constitution-pour-repenser-lacces-aux-ressources-127460">partage et d’accès à l’eau potable</a> dans des zones désertiques, par exemple dans les salars d’Amérique du Sud.</p>
<p>Un des exemples le plus frappant est celui illustré dans l’ouvrage de Guillaume Pitron, <em>La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique</em>. Il dénonce notamment les conditions sociales, d’hygiène et de sécurité des mines en Asie pour l’extraction des terres rares (essentiels à la fabrication des aimants), et insiste également sur les impacts environnementaux dévastateurs, notamment la pollution des sols et des eaux souterraines engendrée par des activités minières n’appliquant pas les règles et usages d’un développement durable.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1054904984075202561"}"></div></p>
<h2>Les défis technologiques de la relocalisation</h2>
<p>Pour envisager la relocalisation de cette filière en France, le premier enjeu est scientifique. Nos chercheurs (géologues, géochimistes, métallogénistes) travaillent à développer des méthodes pour mieux comprendre comment se forment ces ressources, à la fois pour une exploitation plus efficiente et pour découvrir des gisements cachés au plus proche des centres de consommation afin de réduire l’impact environnemental associé.</p>
<p>Par ailleurs, nous devrons déployer une capacité à développer des méthodes d’extraction pour les ressources minérales en lien avec notre géologie à l’échelle nationale. Si les ressources en lithium sont diverses, variées et distribuées de façon hétérogène dans notre sous-sol, les procédés industriels pour extraire le lithium des différents réservoirs géologiques ne sont pas pour l’instant tous opérationnels. Soit <a href="http://www.mineralinfo.fr/ecomine/marche-lithium-en-2020-enjeux-paradoxes">pour des raisons technologiques, soit pour des raisons de rentabilité</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=120&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=120&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=120&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=151&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=151&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338868/original/file-20200601-95065-1lkzjey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=151&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le granite à métaux rares de Beauvoir, dans l’Allier, actuellement exploité pour le kaolin (2012).</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Melleton</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette transition énergétique passe donc par de l’innovation en matière de recherche et développement pour l’extraction de ces ressources minérales, à la fois pour optimiser les procédés existants en les rendant moins nocifs sur le plan environnemental et pour développer de nouvelles méthodes. Cette activité de recherche en lien avec le monde académique et universitaire peut être un levier de croissance très important pour l’ensemble de la filière à l’échelle de la France.</p>
<h2>Une filière encouragée par l’Europe</h2>
<p>Au niveau européen, l’Union œuvre à promouvoir la filière lithium en finançant des projets de recherche avec <a href="https://eitrawmaterials.eu/">l’Institut européen d’innovation et de technologie, section matières premières</a> au sein de projets comme le projet <a href="http://www.frame.lneg.pt/">H2020 GeoERA FRAME</a> sur les métaux critiques européens et à travers <a href="https://www.lithium-institute.eu/">l’Institut européen du Lithium</a> dont le BRGM est l’un des membres fondateurs.</p>
<p>Dans les prochains mois et années, de nombreux projets de fabrication d’usines de batteries (les « Gigafactory ») pourraient également voir le jour sur le Vieux continent. L’objectif à court terme serait de bâtir une filière européenne forte économiquement : une <a href="https://ec.europa.eu/growth/industry/policy/european-battery-alliance_fr">sorte « d’Airbus des batteries »</a>. Dans ce contexte, il est certain qu’il faudra diversifier les sources d’approvisionnement en lithium afin de faire face à une demande croissante.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338866/original/file-20200601-95049-1ps0ae9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Pegmatite à spodumène de Mina Alberto, Espagne (2010).</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Melleton</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour cela, l’extraction de substances minérales contenues dans les eaux chaudes <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-55729-FR.pdf">appelées eaux géothermales</a> et situées dans le fossé rhénan à la frontière franco-allemande, constitue une piste intéressante. Ces eaux riches en sels minéraux sont actuellement exploitées pour la production d’électricité et de chaleur. Elles sont très souvent enrichies en lithium et autres métaux grâce aux interactions, aux échanges entre l’eau et la roche qui se produisent en profondeur.</p>
<p>Elles constituent une ressource de lithium dormante en Europe qui n’attend qu’à être valorisée. Il s’agit ici d’une valorisation gagnant-gagnant des ressources énergétiques de notre sous-sol : l’eau géothermale est pompée, va produire de l’électricité (la vapeur d’eau faisant tourner des turbines), peut aussi produire de la chaleur (échangeur thermique) et avant d’être réinjectée, les substances minérales seront <a href="https://www.brgm.fr/projet/eugeli-extraction-lithium-partir-saumure-geothermale-europe">extraites de cette eau salée</a>.</p>
<p>Pour les acteurs de la filière européenne, les enjeux des années à venir seront d’apprendre à produire localement, durablement et de façon plus vertueuse du lithium à partir de différentes sources géologiques. Cette diversification est essentielle mais ne doit pas occulter l’obligation d’augmenter nos capacités de recyclage pour ne pas dilapider nos ressources.</p>
<p>Enfin, une évolution de la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux locaux représente un passage obligé afin de redévelopper une activité minière en France et dans une partie de l’Europe.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138581/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Millot a reçu des financements de l'EIT Raw Materials pour un projet de recherche (EuGeLi).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Eric Gloaguen a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jérémie Melleton a reçu des financements de l'EIT Raw Material pour un projet de recherche (Projet UpDeep). Jérémie Melleton est membre de la Société Géologique de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Blandine Gourcerol et Gaetan Lefebvre ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le lithium fait partie des matériaux essentiels à la transition énergétique. En Europe, il est importé alors que le continent en abrite des ressources considérables.Romain Millot, Chercheur, géochimiste, BRGMBlandine Gourcerol, Chercheuse, BRGMEric Gloaguen, Researcher at BRGM and associated researcher at ISTO, BRGMGaetan Lefebvre, Chercheur, BRGMJérémie Melleton, Chercheur, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1328942020-03-17T20:22:34Z2020-03-17T20:22:34ZConnais-tu le lien entre ton téléphone portable et les cailloux ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/319912/original/file-20200311-116261-78ao1b.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C25%2C1092%2C679&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nos téléphones portables, comme tous les objets que nous utilisons au quotidien, sont en grande partie constitués de... cailloux !</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/young-friends-teenagers-taking-photo-smartphone-723691432">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>On pourrait se poser la même question pour la voiture de tes parents, ta maison, ta console de jeux ou même tes livres ! Eh oui, les cailloux, ou devrait-on dire les roches et les minéraux, sont présents dans à peu près tous les objets.</p>
<p>Le géologue, c’est-à-dire le scientifique spécialiste du sous-sol, a notamment pour rôle de chercher des roches et des minéraux, qui servent ensuite à fabriquer tous les objets du quotidien. C’est un véritable explorateur des ressources minérales, qui reconstitue l’histoire de la planète et tente de comprendre son fonctionnement.</p>
<p>Aluminium des canettes, cuivre des fils électriques, sable pour les vitres et le béton, argile pour les tuiles et briques, terres rares pour les haut-parleurs du téléphone portable, kaolin dans le papier et les assiettes… Toutes ces ressources minérales qui constituent les objets que nous utilisons dans notre vie quotidienne sont issues des roches et des minéraux extraits du sous-sol.</p>
<p>Ces ressources minérales, les géologues vont les chercher dans des mines et des carrières, qui sont des lieux en souterrain et à ciel ouvert… Selon la nature du sous-sol, autrement dit sa géologie, on y trouvera des métaux, des roches, des minéraux, du sable, des graviers, et c’est le géologue qui pourra les identifier.</p>
<p>Bien sûr, on n’extrait pas des ressources minérales par plaisir, mais bien parce qu’on en a besoin. Il faut prendre de nombreuses précautions pour les extraire, car les impacts sur la nature et les personnes peuvent être graves, notamment sur les ressources en eau ou la biodiversité. Si tu sais d’où proviennent les matières premières de tes objets du quotidien, tu pourras mieux prendre conscience de l’impact que tu peux avoir sur la nature.</p>
<p>Avoir une consommation raisonnable, utiliser des objets issus du recyclage, s’informer sur l’utilisation des ressources minérales et sur leur lieu d’extraction sont des actions qui t’amèneront à mieux respecter la planète. Tu verras désormais différemment les objets qui t’entourent, car les cailloux sont partout !</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/5z4p4zGISww?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Quelle place occupent les ressources minérales dans notre vie quotidienne ? (BRGM TV).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/132894/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Charles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour le découvrir, il faut explorer le sous-sol de la Terre…Nicolas Charles, Géologue, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1309932020-02-16T15:13:17Z2020-02-16T15:13:17ZL’empreinte environnementale de l’économie numérique menace la planète<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/315376/original/file-20200213-11011-3hq2av.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les centres de données du monde entier produisent à peu près la même quantité de dioxyde de carbone que le transport aérien mondial.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Au cours de la dernière décennie, la société moderne a porté beaucoup d’attention aux promesses de l’économie numérique. Par contre, son impact négatif sur l’environnement a très peu été mentionné.</p>
<p>Nos téléphones intelligents utilisent des <a href="https://www.acs.org/content/acs/en/education/resources/highschool/chemmatters/past-issues/archive-2014-2015/smartphones.html">métaux de terre rare</a> tandis que l’<a href="https://www.tech-pundit.com/wp-content/uploads/2013/07/Cloud_Begins_With_Coal.pdf">infonuagique, les centres de données, l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies</a> consomment de grandes quantités d’électricité, <a href="https://www.iea.org/geco/electricity/">souvent produite par le charbon</a>.</p>
<p>Si l’on veut profiter du plein potentiel de l’économie numérique, ce sont là des questions qu’il faudra soulever. Sans intervention urgente sur l’ensemble de ce système, l’<a href="https://www.pgionline.com/wp-content/uploads/2019/11/PGI-The-Digital-Economy-and-the-Green-Economy-Compatible-Agendas-final..pdf">économie numérique sera incompatible avec une économie verte</a>, ce qui entrainera une augmentation des gaz à effet de serre et l’accélération des changements climatiques, présentant une menace sérieuse pour l’humanité.</p>
<p>Il n’existe pas de définition universellement reconnue de l’économie numérique, mais cela comprend les activités économiques qui résultent des milliards d’interactions électroniques quotidiennes entre les individus, les entreprises, les appareils, les données, les processus, depuis les opérations bancaires en ligne jusqu’aux voitures en partage et les médias sociaux.</p>
<p>On y réfère parfois sous le nom <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.soc.29.010202.100037">d’économie du savoir</a>, de société de l’information ou de l’<a href="https://future.internetsociety.org/2017/introduction-drivers-of-change-areas-of-impact/drivers-of-change/the-internet-economy/">économie Internet</a>. L’économie numérique carbure aux données et procure de nombreux bénéfices à la société, <a href="https://www.thelancet.com/journals/landig/article/PIIS2589-7500(19)30123-2/fulltext">par exemple pour les diagnostics médicaux</a>.</p>
<h2>Le charbon est toujours roi</h2>
<p><a href="https://www.americangeosciences.org/critical-issues/faq/what-are-rare-earth-elements-and-why-are-they-important">Les éléments de terre rare</a> constituent la colonne vertébrale des technologies digitales modernes, depuis les tablettes et les téléphones intelligents jusqu’aux téléviseurs et aux voitures électriques.</p>
<p>La Chine est le plus grand producteur de minéraux de terre rare, <a href="https://www.nrcan.gc.ca/our-natural-resources/minerals-mining/minerals-metals-facts/rare-earth-elements-facts/20522">constituant près de 70 pour cent de la production annuelle mondiale</a>. Cette production à grande échelle soulève de graves inquiétudes <a href="https://e360.yale.edu/features/china-wrestles-with-the-toxic-aftermath-of-rare-earth-mining">quant à l’émission de métaux lourds et de matériel radioactif</a> dans l’eau, le sol et l’air près des sites d’extraction.</p>
<p>La recherche sur le cycle de vie des minéraux de terre rare a démontré <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fenrg.2014.00045/full">que la production de ces métaux est insoutenable du point de vue de l’environnement</a>, car elle consomme des quantités énormes d’énergie et émet de la radioactivité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304151/original/file-20191127-112539-162irh0.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Données préliminaires sur la production globale de terre rare 1988-2018. » source=</span>
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</figure>
<p>On dit parfois <a href="https://www.tech-pundit.com/wp-content/uploads/2013/07/Cloud_Begins_With_Coal.pdf">que l’univers numérique (y compris le nuage) commence avec le charbon</a> parce que les communications digitales requièrent une infrastructure physique immense et répartie partout, qui consomme de l’électricité. <a href="https://www.usatoday.com/story/news/nation/2019/03/26/climate-change-coal-still-king-global-carbon-emissions-soar/3276401002/">Et le charbon est l’une des principales sources d’électricité</a> et l’un des principaux agents contributeurs aux changements climatiques. La Chine et les États-Unis <a href="https://www.weforum.org/agenda/2018/01/these-are-the-worlds-biggest-coal-producers/">sont les principaux producteurs de charbon</a>.</p>
<h2>Les dévoreurs d’énergie</h2>
<p>Les centres de données – ces entrepôts qui abritent d’énormes quantité d’information – <a href="https://www.independent.co.uk/environment/global-warming-data-centres-to-consume-three-times-as-much-energy-in-next-decade-experts-warn-a6830086.html">consomment environ trois pour cent de la production mondiale d’électricité</a>, soit plus que le Royaume-Uni au complet. Ces centres produisent deux pour cent des gaz à effet de serre, <a href="https://www.theguardian.com/environment/2015/sep/25/server-data-centre-emissions-air-travel-web-google-facebook-greenhouse-gas">soit l’équivalent de tout le trafic aérien à l’échelle mondiale</a>.</p>
<p>Un rapport de Greenpeace et du North China Electric Power University a découvert que les <a href="https://secured-static.greenpeace.org/eastasia/PageFiles/299371/Powering%20the%20Cloud%20_%20English%20Briefing.pdf">centres de données chinois ont produit, en 2018, 99 millions de tonnes de dioxyde de carbone</a>), soit l’équivalent de 21 millions de voitures conduites pendant un an.</p>
<p>Les gaz à effet de serre ne sont pas la seule forme de pollution qui doive nous inquiéter. Les déchets électroniques (e-déchets), un sous-produit de l’activité des centres de données, constituent deux pour cent des déchets solides et 70 pour cent des déchets toxiques aux États-Unis.</p>
<p>Globalement, le monde produit quelque 50 millions de tonnes de déchets électroniques par année, d’une valeur de 62,6 milliards de dollars américains, soit plus que le PIB de la plupart des pays. <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/un-report-time-seize-opportunity-tackle-challenge-e-waste">Seulement 20 pour cent de ces déchets sont recyclés</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304828/original/file-20191202-66982-14irpwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une mine de Bitcoin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En ce qui concerne l’intelligence artificielle (IA), des <a href="https://arxiv.org/pdf/1906.02243.pdf">recherches récentes</a> ont démontré que l’entrainement d’un grand modèle d’IA, c’est-à-dire l’influx dans un ordinateur de grandes quantités de données et la demande de prédictions, peut émettre l’équivalent de 284 tonnes de dioxyde de carbone, soit cinq fois les émissions de la durée de vie d’une voiture américaine moyenne. L’empreinte numérique de l’IA constitue un problème croissant.</p>
<p>Le Bitcoin et les autres cryptomonnaies sont aussi un sujet d’inquiétude <a href="https://www.youtube.com/watch?v=r43LhSUUGTQ">puisqu’ils fonctionnent avec le blockchain</a>, un grand livre digital sans autorité centrale qui enregistre en continu les transactions entre de multiples ordinateurs. La quantité d’énergie requise pour produire l’équivalent d’un dollar en Bitcoin <a href="https://doi.org/10.1038/s41893-018-0152-7">est le double de celle nécessaire pour extraire du cuivre, de l’or ou du platine</a>. <a href="http://karlodwyer.com/publications/pdf/bitcoin_KJOD_2014.pdf">Une étude</a> datant de 2014 estimait que le Bitcoin consomme autant d’énergie que l’Irlande.</p>
<p>Ces technologies <a href="https://plu.mx/a/27i7NaFCNwoDgu_IpFXfLoEhqBfoHvH52iZJ_r9rRnY">sont inefficaces et posent une menace sérieuse à l’environnement</a>.</p>
<h2>Penser différemment</h2>
<p>L’économie numérique se développe plus vite que les mesures prises visant à en contrer les effets négatifs. Il est donc nécessaire de commencer à penser différemment.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304829/original/file-20191202-67028-1he2qvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Image satellite de la mine Bayan Obo en Chine, prise le 30 juin 2006. La végétation apparait en rouge, les prés en brun pâle, les rochers en noir et l’eau en vert.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NASA Earth Observatory)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les problèmes ne se présentent pas de façon linéaire. Nous devons continuer d’alerter l’opinion, <a href="https://www.weforum.org/agenda/2019/09/systems-leadership-can-change-the-world-but-what-does-it-mean/">promouvoir un leadership</a> qui déborde les frontières <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/circular-economy/concept">ainsi qu’une économie circulaire</a> (dédoubler l’activité économique reliée à la consommation de ressources limitées) et une <a href="https://www.goodreads.com/book/show/416909.Eco_Economy">approche éco-économique</a> (une économie durable).</p>
<p>Nous devons également faire l’<a href="http://e-space.mmu.ac.uk/622932/">inventaire des dommages locaux et globaux</a> causés par les appareils et plates-formes électroniques ainsi que les systèmes de données.</p>
<p>Afin faire avancer la discussion, il nous faut placer le monde sur une trajectoire durable. On ne doit pas seulement se demander ce que l’économie numérique peut faire pour nous, mais ce que nous pouvons faire collectivement pour que l’économie numérique soit bonne pour l’environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130993/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raynold Wonder Alorse a reçu un financement de Public Governance International (PGI) pour cette recherche, ainsi que du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada pour son programme de doctorat. Raynold est directeur du conseil d'administration et président du comité de défense des intérêts du Centre de ressources communautaires de Nepean, Rideau et Osgoode (NROCRC), un organisme sans but lucratif au service des populations vulnérables d'Ottawa, notamment les jeunes, les personnes âgées, les enfants et les nouveaux arrivants au Canada.</span></em></p>L'économie numérique est en train de décoller. Tout comme les émissions de gaz à effet de serre, les déchets électroniques et la pollution qui y sont associés.Raynold Wonder Alorse, PhD Candidate in International Relations (International Political Economy of Mining), Queen's University, OntarioLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1258552019-10-28T19:25:36Z2019-10-28T19:25:36ZTerres rares : notre ultra-dépendance à la Chine (et comment en sortir)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298602/original/file-20191024-170484-fm4jyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C4%2C992%2C655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La position quasi monopolistique de la Chine dans la production mondiale de terres rares permet à Pékin d'imposer des quotas ou des embargos.</span> <span class="attribution"><span class="source">Ascannio / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Si, contrairement aux idées reçues selon lesquelles les terres rares ne sont pas rares et existent ailleurs qu’en Chine, pourquoi alors tant de bruit ? La Chine ne possède en effet pas toutes les terres rares, mais elle concentre leur production, puisqu’elle produit à elle seule <a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/les-terres-rares-ultime-moyen-de-pression-de-la-chine-20190522">85 % des terres rares</a> consommées actuellement.</p>
<p>L’enjeu est donc à la fois géopolitique et environnemental. La Chine est aujourd’hui incontournable pour s’approvisionner en terres rares. Bien qu’il existe de nombreux gisements de terres rares dans le monde, ils ne sont pas (encore) exploités, ce qui explique la mainmise de la Chine sur ces ressources. Or, <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/chine-monopole-production-terres-rares-51380/">il faut environ 25 ans</a> entre le début d’un projet de mine et le début de son exploitation.</p>
<p>Nous sommes donc dépendants à court terme de la volonté chinoise de fournir le monde en terres rares puisque la mise en production d’autres gisements demande un temps long et incompatible avec les cycles industriels. La Chine a aussi le quasi monopole sur d’autres métaux rares. Elle impose des quotas et des embargos. Parce que leur extraction a un impact toxique sur l’environnement. Un peu comme les pétroles de schistes, mais en <a href="https://lareleveetlapeste.fr/les-terres-rares-le-nouvel-or-noir/">plus grave</a>.</p>
<h2>Un levier de pression pour Pékin</h2>
<p>Les terres rares rejettent au moment de leur exploitation et de leur raffinage, des métaux lourds (le mercure par exemple), de l’acide sulfurique et de l’uranium. Dans les zones d’exploitation, les mines dégagent de la radioactivité, ce qui rend problématiques les systèmes industriels et les rapports avec les populations. Les États-Unis, par exemple, ont dû fermer la plupart de leurs mines à cause de la radioactivité. Ils essaient maintenant d’en rouvrir, mais c’est politiquement difficile.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/487mer5stLM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« La guerre des métaux rares : l’enquête de Guillaume Pitron » (2018).</span></figcaption>
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<p>Le résultat de cette situation est que la Chine est quasiment le seul fournisseur de terres rares, avec la Corée du Nord dont elle contrôle les mines et commercialise la production (d’où la proximité entre la Chine et la Corée du Nord). C’est aussi pourquoi l’administration américaine ménage la Corée du Nord et que le Président Donald Trump vient de fouler pour la première fois son sol. Ils ont un challenger depuis peu, le <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-internationaux/terres-rares-un-levier-strategique-invisible">Japon</a>.</p>
<p>Il existera peut-être un jour un épuisement des réserves mondiales, mais l’enjeu à court terme est bien les relations que nous entretenons avec l’empire du Milieu.</p>
<p>La Chine s’en est d’ailleurs servie comme <a href="https://notes-geopolitiques.com/geopolitique-des-terres-rares/">levier de pression</a> dans le cadre des tensions avec le Japon à propos des îles Senkaku/Diaoyu. Après un incident en 2010 entre un navire chinois et un navire japonais dans les eaux de ces îles, les Japonais virent leur approvisionnement en terres rares coupé du jour au lendemain. Cela représenta une catastrophe pour l’industrie hi-tech nippone.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Le conflit des îles Senkaku/Diaoyu » (AFP, 2013).</span></figcaption>
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<p>De grands groupes français ne savaient pas ce qu’étaient les terres rares à l’époque, car ils achetaient des composants qui sont assemblés pour faire des produits finis. La chaîne logistique entre le minerai et l’industriel final comprend au moins une quinzaine d’intermédiaires. Celle-ci peut donner l’illusion d’une abondance. L’industriel est déresponsabilisé et le risque de manquer de métaux est transféré à ses fournisseurs. Mais il est tout le temps exposé en réalité.</p>
<p>La Chine est le premier – et quasi – seul fournisseur mondial et elle compte bien le rappeler à Donald Trump.</p>
<p>C’est ainsi qu’un déplacement du président chinois Xi Jinping, accompagné de son négociateur en chef Liu He, visitant ostensiblement le site de production de JL MAG Rare-Earth Co à Ganzhou (province du Jiangxi), spécialisé dans la recherche et le développement sur les matériaux magnétiques permanents des terres rares, a été perçu comme un avertissement au monde, Vingt-quatre heures après que Google eut annoncé que le groupe chinois Huawei n’aurait plus accès à son système d’exploitation Android.</p>
<h2>Dossier explosif</h2>
<p>En mai 2019, les autorités chinoises se sont rappelées au monde occidental, notamment, vis-à-vis des États-Unis sur le fait qu’elle produisait la majeure partie des terres rares au niveau mondial. Dans un document officiel, la menace chinoise était à peine voilée, mais elle n’a pas échappé aux industriels ni aux initiés.</p>
<p>Premier temps : le gouvernement chinois publie l’état de ses exploitations minières et notamment des terres rares. Au passage, les autorités chinoises précisent que « mine de rien » – sans jeu de mots ! – elles assurent aujourd’hui l’essentiel de la production mondiale de ces précieux métaux. Avec le quasi-contrôle de production de la Corée du Nord, les Chinois ont un monopole.</p>
<p>Deuxième temps : conscients de leurs effets, ils s’étonnent que les prix mondiaux flambent (alors qu’ils en ont le maitrise). Mais, ils expliquent qu’il n’est pas dans l’intérêt de la Chine, ni de l’économie mondiale, qu’ils bloquent ce marché, compte tenu de l’explosion de la demande. En 24 heures, on a évidemment compris qu’ils en avaient les moyens.</p>
<p>Alors personne, absolument personne, ne prend cette menace à la légère. Même si la menace vise directement la politique du président des États-Unis Donald Trump de barrer la route aux produits chinois. Le dossier est explosif. La menace est telle que la <a href="https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Terres-rares-Une-cartographie-des-enjeux--28684276/">flambée des prix</a> sur les marchés internationaux ne se calme pas et que les grands clients cherchent désormais à diversifier leurs approvisionnements.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298606/original/file-20191024-170471-e604lg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution de la consommation et de la production de terres rares.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.mineralinfo.fr/ecomine/sursaut-marche-terres-rares-en-2017">Mineralinfo.fr</a></span>
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<p>Les services de recherche sont mobilisés dans deux directions. L’une de ces deux directions est entourée de la plus grande discrétion. Les industries minières et les organismes d’État multiplient les études de prospection et d’impact sur l’environnement. En particulier dans les régions qui sont peu peuplées. Mais les risques politiques sont considérables, parce que si les populations ne supportent pas les gaz de schiste, si elles s’inquiètent du réchauffement climatique ou des dangers du nucléaire, elles rejettent en bloc tout risque d’exposition avéré à la radioactivité liée à l’exploitation des terres rares.</p>
<p>L’autre direction vise le recyclage. Le recyclage des produits digitaux usagés et surtout des batteries est évidemment une source d’approvisionnement mais qui ne peut pas répondre à la demande croissante de l’industrie. La Chine a très bien compris que, sur ce dossier, elle tenait une position de force. Dès lors, quelles sont les pistes alternatives que la France et les Européens peuvent suivre ?</p>
<h2>Diminuer la dépendance envers la Chine</h2>
<p>Nous sommes dans un système de gaspillage, il faut rationaliser les ressources. Nous savons recycler les métaux rares, mais cela coûte trop cher, car ils sont souvent sous forme d’alliages, des « composites », donc on ne le fait pas. On préfère les jeter lorsqu’ils sont usagés, plutôt que de payer un peu plus cher nos biens technologiques. Aujourd’hui, nous ne recyclons que <a href="https://lejournal.cnrs.fr/billets/les-terres-rares-et-apres">1 % des terres rares</a>, mais c’est bien 100 % de tous les métaux rares qu’il faut recycler. Toutefois, même si l’on recyclait l’ensemble des métaux utilisés aujourd’hui, il faudrait toujours aller en chercher plus, c’est inévitable.</p>
<p>Nos besoins augmentent de 5 % par an, la production est multipliée par deux tous les 15 ans. Il faut également lutter contre l’obsolescence programmée, substituer les métaux énergivores et faire de l’<a href="https://theconversation.com/mieux-responsabiliser-les-producteurs-en-matiere-deco-conception-113415">éco-conception</a>.</p>
<p>Afin de pallier les problèmes d’approvisionnement et réduire sa dépendance envers la Chine, la France mise sur la recherche de substituts aux terres rares et sur le recyclage, en complément de la diversification de ses sources d’approvisionnement.</p>
<p>Certaines technologies arrivent à substituer les terres rares. Par exemple, le véhicule électrique : certains constructeurs comme Toyota utilisent du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9odyme">néodyme</a> dans la construction de leurs modèles électriques, tandis qu’à l’inverse, Renault est parvenu à s’en affranchir pour la Zoé. C’est aussi le cas avec la création de circuit imprimé à base de molécule de champignon.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298593/original/file-20191024-170499-387pp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il n’y a pas de néodyme dans le modèle Zoé de Renault.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NeydtStock/Shutterstock</span></span>
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<p>Dans le cas des technologies de l’information et de la communication (TIC) les substitutions sont difficiles, voire impossibles : cela demanderait de revoir complètement les produits. L’indépendance pour l’approvisionnement en terres rares passe donc en partie par le recyclage. C’est ainsi que très tôt, l’Union européenne et la France se sont dotées d’un arsenal juridique conséquent pour obliger les industriels à recycler leurs déchets électroniques mais aussi à développer toutes les formes de substitution aux métaux rare.</p>
<p>Nous pouvons évidement citer la <a href="http://www.marche-public.fr/DEE-EEE/Directive-2002-96-CE-DEE.htm">directive DEEE de 2002</a>. Elle a pour objectif de favoriser le recyclage des équipements électroniques et électriques. Elle impose aux fabricants et aux importateurs d’équipements électroniques et électriques de prendre en charge les coûts de ramassage et de traitement des déchets d’équipement électriques et électroniques. Mais aussi la <a href="http://eco3e.eu/reglementations/rohs/">directive RoHS de 2003</a> relative à la limitation de l’utilisation de certaines substances dangereuses. Mais dans la réalité seul 10 % de ces déchets sont traités en France et en Europe, le reste finit <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/environnement-africain/l-afrique-reste-desarmee-face-aux-dechets-electroniques-qui-s-accumulent_3057273.html">dans les décharges africaines</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298597/original/file-20191024-170458-15e4s2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Environ 10 % des déchets électroniques sont aujourd’hui traités en France et en Europe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lucian Coman/Shutterstock</span></span>
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<p>La difficulté dans le recyclage est donc d’isoler les terres rares des autres composants de ces appareils, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin ! Il y a donc d’importants défis de R&D à relever pour permettre un recyclage économiquement rentable et respectueux de l’environnement. C’est par exemple le but du <a href="https://www.brgm.fr/publication-presse/extrade-innover-mieux-recycler">projet Extrade</a> coordonné par le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) et financé par l’Agence nationale de la recherche, qui vise à améliorer les techniques de recyclage des terres rares contenues dans les disques durs, les haut-parleurs des enceintes, les petits moteurs électriques des TIC et les petits appareils électroménagers.</p>
<p>Une autre piste explorée par l’Europe est la valorisation des déchets des mines européennes pour produire des terres rares sur son territoire. Ces déchets sont nommés « stériles » car leur concentration en terres rares est trop faible pour présenter un intérêt. Le <a href="https://www.brgm.fr/projet/enviree-exploiter-dechets-miniers-favoriser-independance-terres-rares-europe">projet Enviree</a>, financé par la Commission européenne, a justement pour objectif la recherche de technologies permettant de les exploiter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125855/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Ces ressources indispensables à la fabrication de smartphones ou d’ordinateurs sont devenues une arme géopolitique pour l’empire du Milieu, qui en assure 85 % de la production mondiale.Olivier Soria, Enseignant-chercheur en droit de l'environnement , Kedge Business SchoolJuliette Grau, Doctorante, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1230222019-09-09T17:31:26Z2019-09-09T17:31:26ZEn 2019, l’obsession budgétaire prévaut toujours sur les enjeux climatiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/291102/original/file-20190905-175710-1gux5d6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C11%2C925%2C654&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La vision comptable et court-termiste des États interdit aujourd'hui de bien poser les problèmes. </span> <span class="attribution"><span class="source">Maradon 333 / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Selon les dernières estimations de l’Insee, la dette publique française s’établissait à 2 358,9 milliards d’euros au premier trimestre, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4177916">soit 99,6 % du PIB</a>. Conséquence de 45 exercices budgétaires déficitaires consécutifs, cette dette réduit nos marges de manœuvre à un moment pourtant décisif de notre histoire collective – même si le déficit devait être légèrement supérieur aux anticipations dans le <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/budget-2020-le-gouvernement-peine-a-atteindre-son-objectif-de-deficit-1129978">budget 2020</a>. Car, comment pourrions-nous seulement espérer répondre efficacement aux grands enjeux du XXI<sup>e</sup> siècle, transition écologique en tête, si l’État stratège reste enfermé dans une vision comptable et court-termiste de ses finances, jusqu’à poser en objectif majeur le fait de stabiliser la <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/la-dette-publique-atteint-presque-100-du-pib-apres-avoir-augmente-au-premier-trimestre_3512175.html">dette en deçà de la barre symbolique des 100 % du PIB</a> ?</p>
<h2>S’offrir un horizon et des objectifs communs</h2>
<p>Or, une telle vision nous interdit de bien poser les problèmes. Quel meilleur exemple pour l’illustrer que celui de la dette des nouveau-nés français ? Selon les chiffres couramment avancés par nos dirigeants et certains économistes, chaque bébé qui naît en France aurait déjà contracté une dette de <a href="http://www.lefigaro.fr/marches/2008/10/13/04003-20081013ARTFIG00488-sarkozy-propose-milliards-d-euros-contre-la-crise-.php">plusieurs dizaines de milliers d’euros</a>.</p>
<p>Outre de passer sous silence la question de l’<a href="https://www.ladocumentationfrancaise.fr/ouvrages/9782111453272-parlons-dette-en-30-questions">actif de la France</a> (chaque nouveau-né hérite aussi d’une fraction de notre patrimoine national), une telle approche est inadéquate à deux égards. D’une part, parce que si notre inaction nous amène à hypothéquer l’avenir de ce nouveau-né, il sera bien en peine de s’acquitter de sa dette. D’autre part, parce qu’un tel problème ne saurait tolérer la lecture statique qu’impose un indicateur mélangeant indifféremment des stocks et des flux.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/249785244" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Dette de la France : idées fausses et vérités cachées », Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision chez Xerfi (Xerfi canal, 2018).</span></figcaption>
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<p>Plusieurs générations succéderont à celle qui voit le jour actuellement, et elles seront solidaires de l’actif, comme du passif. Dès lors, ces milliers d’euros d’endettement individuel devraient être dilués sur <em>n</em> générations, <em>n</em> correspondant à l’espérance de vie – <a href="https://cjf.qc.ca/revue-relations/publication/article/dette-de-letat-vs-dette-des-menages/">potentiellement infiniment longue</a> – de l’État. Pour l’ensemble de ces raisons, la question n’est pas tant de savoir à quel horizon la dette de l’État doit être remboursée, mais de savoir comment offrir un horizon à cet enfant qui est né, et à tous ceux restant à naître.</p>
<h2>Le spectre d’une crise sans frontière</h2>
<p>Cette question a une résonance toute particulière alors que le 23 septembre prochain s’ouvrira l’édition 2019 <a href="https://www.un.org/en/climatechange/un-climate-summit-2019.shtml">du Climate Action Summit</a>, durant laquelle les États devront préciser leurs engagements pour faire face à l’urgence climatique. Or, selon le dernier rapport du GIEC, contenir la progression de la température globale à +1,5 degré ne peut s’envisager sans une réduction drastique de <a href="https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/climat-leurope-serait-en-capacite-de-diviser-par-deux-ses-emissions-dici-2030-1003560">45 % des émissions de gaz à effet de serre</a> à l’horizon 2030.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291098/original/file-20190905-175696-14mganh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Inondations à Jakarta, qui ne sera plus capitale de l’Indonésie en 2040.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Findracadabra/Shutterstock</span></span>
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<p>Cet objectif revêt une importance cruciale alors que les cris d’alarme émanant de la communauté scientifique se multiplient. Mentionnons, par exemple, la <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-hausse-oceans-nepargnera-pas-grandes-puissances-mondiales-60711/">montée des eaux</a> sur les côtes (qui a même récemment poussé l’Indonésie à envisager de <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/lindonesie-veut-implanter-sa-nouvelle-capitale-dans-lest-de-borneo-1348226">déplacer sa capitale de Jakarta</a>, directement menacée, vers Bornéo à horizon 2024), l’effondrement des <a href="https://www.science-et-vie.com/archives/rendements-agricoles-la-grande-panne-38083">rendements agricoles</a>, ou encore les <a href="https://www.lci.fr/planete/en-cours-une-penurie-d-eau-extremement-elevee-touche-pres-d-un-quart-de-la-population-mondiale-2128965.html">pénuries d’eau potable</a> entraînant des conflits d’usage, y compris dans les pays européens. </p>
<p>Un changement de paradigme aussi brutal aurait des répercussions majeures tant du point de vue humain qu’économique, provoquant des <a href="https://www.europe1.fr/international/143-millions-de-migrants-climatiques-potentiels-dici-2050-3603704">vagues migratoires</a> d’ampleurs inédite, tout autant que de vives tensions internationales sous fond de contrôle de l’<a href="https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/developpement-durable-geopolitique-guerre-eau-622">eau</a> ou des gisements de matières premières, notamment des métaux rares.</p>
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<figcaption><span class="caption">« La guerre des métaux rares avec Guillaume Pitron » (France Culture, 2018).</span></figcaption>
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<p>Le scénario de crise qui se profile n’aura de frontière ni géographique, ni générationnelle. Un <a href="https://liverman.faculty.arizona.edu/sites/liverman.faculty.arizona.edu/files/2018-08/Steffen%20et%20al%202018%20Trajectories%20of%20the%20Earth%20System%20in%20the%20Anthropocene_0.pdf">article</a> publié dans la revue scientifique américaine PNAS en 2018 fait d’ailleurs état que, même en respectant les accords de Paris, la Terre connaîtra des réactions en chaîne qui conduiront à des augmentations de température de +4 à +5 degrés par rapport à la période préindustrielle.</p>
<p>Quelle que soit l’ampleur de la crise, nous pouvons néanmoins nous donner collectivement les moyens de l’infléchir. Or, la transition écologique se heurte à un <a href="https://theconversation.com/conversation-avec-etienne-espagne-climatiser-la-finance-pour-financer-le-climat-71282">problème structurel de financement</a>, à plus forte raison en Europe où le Pacte de stabilité et de croissance oblige les États à une gestion rigoureuse de leurs finances.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/conversation-avec-etienne-espagne-climatiser-la-finance-pour-financer-le-climat-71282">Conversation avec Étienne Espagne : « Climatiser la finance pour financer le climat »</a>
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<p>Résumons-nous. D’un côté, la préservation des ressources et écosystèmes nécessaires à la vie humaine. De l’autre, des équations budgétaires à équilibrer et des dettes à rembourser. Certains chercheurs y voient tout le <a href="https://theconversation.com/apres-nicolas-hulot-francois-de-rugy-et-les-dilemmes-de-lecologie-politique-102525">« dilemme »</a> de l’écologie politique.</p>
<p>D’autres, un décalage vertigineux entre les enjeux et les moyens d’action réellement mis en œuvre. Si l’enjeu est d’éviter une <a href="https://theconversation.com/la-sixieme-extinction-aura-t-elle-lieu-116864">sixième extinction de masse</a>, pourquoi se priver de politiques publiques plus ambitieuses et déterminées fléchées, par exemple, vers la rénovation thermique des logements, la résilience des villes, la mise à l’échelle des transports en commun, ou encore la création de filières d’excellence hydrogène/méthanisation ?</p>
<h2>Des décideurs qui jouent au poker</h2>
<p>L’inaction est d’autant plus préoccupante que, outre de générer un retour sur investissement positif et d’apporter leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, les investissements de cette nature sont également des remparts à divers conflits sociaux. Il est désormais admis que l’élévation des températures a des conséquences politiques qui peuvent favoriser l’instabilité et l’insécurité, et expliquer la recrudescence des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0095069613001289">meurtres, viols, larcins et autres crimes et délits</a>. Au-delà, un scénario funeste s’esquisse : la raréfaction des ressources pourrait entraîner des situations de stress extrêmes sur les marchés et aboutir à des conflits sociaux et armés majeurs. </p>
<p>Nous en sommes déjà témoins en <a href="https://www.liberation.fr/planete/2018/03/15/dans-la-guerre-en-syrie-le-changement-climatique-a-eu-un-effet-catalyseur_1635831">Syrie</a>. Et un juste devoir de mémoire nous rappelle d’ailleurs que de la Révolution française aux empires ottoman et romain, de nombreux cycles conflictuels du passé peuvent être expliqués à travers le prisme de la raréfaction des ressources et/ou des <a href="https://www.lepoint.fr/phebe/phebe-des-effets-du-petit-age-glaciaire-sur-les-conflits-07-11-2018-2269326_3590.php">épisodes climatiques remarquables</a>. Voulons-nous vraiment croire que des causes identiques pourraient aboutir à des résultats différents ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1036989055609786368"}"></div></p>
<p>D’une certaine façon, la situation dans laquelle nous nous trouvons est à rapprocher de la réflexion du <a href="https://video-streaming.orange.fr/actu-politique/un-entrepreneur-doit-prendre-des-lecons-de-poker-julien-pillot-CNT0000019Chsp.html">joueur de poker placé en situation d’incertitude</a>. Sa première option est de « payer pour voir » pour se donner une chance d’empocher le pot, mais aussi au risque de tout perdre. À l’inverse, sa seconde option consiste à « se coucher » pour s’acheter du temps à la table, glaner de l’information, et choisir des coups moins incertains.</p>
<p>Ramené à notre problématique, « payer pour voir » pousserait nos dirigeants à poursuivre un <em>business as usual</em> qui a toutes les chances de maximiser les profits de court terme, mais aussi d’hypothéquer le long terme. A contrario, ces derniers pourraient faire le choix de réviser leur stratégie, de « s’acheter du temps », ce qui en l’espèce pourrait se traduire par une action coordonnée à l’échelle planétaire et une modification de quelques règles du jeu institutionnel. La principale difficulté réside dans la réconciliation entre le temps long de la nature et le temps court de l’économie, des (dirigeants) politiques et des citoyens.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"943397234070220800"}"></div></p>
<p>Cette tension avait d’ailleurs été formulée <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2019-7-page-29.html">dès 1975</a> par l’anthropologue Margaret Mead qui déclarait alors :</p>
<blockquote>
<p>« Si les peuples du monde ne font pas l’effort de saisir les conséquences démesurées et à long terme de ce qui semble d’abord être de petits choix instantanés, la planète tout entière pourrait être en danger ».</p>
</blockquote>
<p>Or, ni les mandats politiques, ni les cycles économiques, ni même la vie humaine ne présentent un horizon suffisamment long pour mettre en cohérence les activités anthropiques avec le temps long que la nature exige. Aucun individu, aucune entreprise, ni même aucun État, aussi responsable soit-il dans sa politique, son mode de production ou de consommation, n’a le pouvoir d’infléchir la tendance en agissant unilatéralement. Face à cet abîme d’impuissance, la tentation est encore plus grande de privilégier l’individualisme de court-terme, de garder les choses en l’état même quand <a href="https://www.francebleu.fr/infos/transports/l-ecotaxe-poids-lourds-definitivement-enterree-1479466587">on les sait contraires à l’intérêt général</a>.</p>
<p>Le fait que les externalités négatives les plus manifestes aient d’abord touché les populations lointaines a également largement contribué à un certain immobilisme doublé d’une illusion dans les pays occidentaux : à force d’inertie, le manège continue de tourner, mais la fête est finie depuis longtemps.</p>
<h2>Pas de salut sans revigorer les institutions</h2>
<p>Le constat est là : le mur climatique et toutes ses conséquences les plus funestes ne pourront être évités sans le concours d’institutions supranationales fortes et pérennes, qui résistent <a href="https://theconversation.com/nicolas-hulot-face-au-mur-des-lobbies-102300">aux lobbys</a>, aux <a href="https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/pourquoi-trump-menace-encore-de-quitter-lomc-1124329">salves politiques</a>, et aux intérêts d’individus d’abord <a href="https://theconversation.com/la-societe-et-ses-acteurs-politiques-jeu-de-miroirs-65964">soucieux d’eux-mêmes</a>. Plus que jamais, leur mission ne doit pas être de veiller scrupuleusement au respect de traités archaïques, mais de fédérer les acteurs, de catalyser le progrès, de faciliter l’émergence de nouveaux marchés et compétences, tout en accompagnant le déclin de l’héritage des révolutions industrielles. Et plus que jamais, notre devoir est de les renforcer plutôt que de les affaiblir, quand bien même souffleraient fort les vents du <a href="https://theconversation.com/ritournelles-du-protectionnisme-le-chant-des-sirenes-69322">protectionnisme</a>, du <a href="https://www.liberation.fr/debats/2018/11/15/le-reveil-des-nationalismes_1692327">nationalisme</a> et de l’<a href="https://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna68/lna68p16.pdf">obscurantisme</a>.</p>
<p>Les institutions internationales sont les seules en capacité d’orienter l’économie vers des modes de production et de consommation qui préservent un avenir, pour les générations actuelles comme futures. Non pas en justifiant toutes nos inactions par la dette qu’elles auraient à supporter, mais tout au contraire en finançant de façon massive et immédiate la lutte contre le changement climatique qui est seule garante d’avenir.</p>
<p>Tandis que le péril climatique nous aspire, la dette publique continue d’être présentée comme un fardeau et d’être combattue par les instances européennes. Au moment de conclure cet article, osons quelques questions : serons-nous capable de <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2019-7-page-29.html">faire face au jugement de nos enfants</a> si nous n’avons d’autre justification à notre inaction qu’une règle budgétaire ne reposant sur <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20101001trib000554871/a-l-origine-du-deficit-a-3-du-pib-une-invention-100-francaise.html">aucun fondement économique</a>, fixant arbitrairement à 3 % du PIB le plafond d’endettement annuel ? La nature des enjeux ne mériterait-elle pas que les dépenses fléchées vers la transition écologique <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/sortir-linvestissement-vert-deficit-budgetaire-cest-possible/00086171">soient sorties du Pacte de solidarité et de croissance</a> ? Car à quoi bon s’alarmer de l’endettement des générations futures si nous créons, hier comme aujourd’hui, les conditions de notre propre extinction ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123022/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Pillot est coordinateur du think tank trans-partisan "Le Jour d'Après" qui entend participer aux débats sur les réformes structurelles nécessaires à la modernisation et l'efficacité de notre modèle social, économique et institutionnel, en dépassant les clivages partisans.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Naccache ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les objectifs en matière de dette publique entravent les États face à une crise climatique qui exige désormais une réponse institutionnelle à l’échelle mondiale.Philippe Naccache, Professeur Associé, INSEEC Grande ÉcoleJulien Pillot, Enseignant-Chercheur en Economie et Stratégie (Inseec U.) / Pr. et Chercheur associé (U. Paris Saclay), INSEEC Grande ÉcoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1191942019-06-24T20:58:37Z2019-06-24T20:58:37ZInternet des objets : une dépendance aux métaux rares source de grande vulnérabilité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/280444/original/file-20190620-149822-95hhkg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C1%2C991%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Chine a pris le contrôle sur l'extraction des terres rares indispensables à la fabrication des appareils électroniques.</span> <span class="attribution"><span class="source">Humphery / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le 20 mars 2019, la Chine a annoncé mettre en place les premiers <a href="http://french.xinhuanet.com/2019-03/20/c_137910385.htm">quotas sur la production de terres rares et de tungstène</a>, ceci dans le but de freiner la dégradation de l’environnement inhérente à l’exploitation de ces minerais. Cette annonce, sans doute passée inaperçue aux yeux du plus grand nombre, annonce-t-elle la fin d’une ère pendant laquelle nous avons consommé sans compter les ressources minérales issues de la terre, sans penser que nous augmentions notre vulnérabilité ? Plus que jamais, ces questions deviennent centrales et s’imposent à tous les niveaux de décision, dès les phases les plus amont de la recherche.</p>
<p>Dans le secteur de la microélectronique, principal pourvoyeur d’objets connectés, la complexité technologique des composants s’est accrue au fil des années pour augmenter leur performance, et la <a href="http://fr.scienceaq.com/Geology/100104656.html">variété des métaux assemblés</a> se combine avec une <a href="https://www.objetconnecte.com/gartner-objets-connectes-milliards-0802/">augmentation rapide</a> de la consommation d’objets connectés qui répondent aux enjeux de digitalisation de nos sociétés. Dans ce contexte, comment appréhender les risques qui pèsent sur les approvisionnements en matières minérales qui deviennent critiques ? Et comment caractériser et réduire la vulnérabilité des entreprises qui centrent leur développement sur la digitalisation de leurs activités, de leurs produits ?</p>
<h2>Des enjeux peu intégrés</h2>
<p>Plusieurs technologies se combinent pour développer les dispositifs qui soutiennent l’<a href="https://theconversation.com/global/topics/Internet-des-objets-21322">Internet des objets</a> : logique, spintronique, capteurs, optoélectronique, mémoires, etc. Elles se déploient à partir de matériaux qui comptent parmi les plus rares au monde : tantale, platine, ruthénium, sont quelques exemples de métaux indispensables pour produire des capteurs ou des écrans. Avec d’autres métaux semi-nobles comme le nickel ou le cobalt, ces matières sont désormais communément qualifiées de critiques, au sens où elles sont devenues indispensables au développement des technologies numériques, mais surtout parce que leur disponibilité est incertaine.</p>
<p>Cette criticité commence à devenir un sujet de préoccupation majeure pour les entreprises, car les risques de rupture dans leurs supply chains (chaînes logistiques) s’accroissent. Cependant, ces enjeux sont encore peu intégrés dans les protocoles de recherche et développement coûteux et complexes qui sous-tendent la conception des objets connectés. Dans les laboratoires, les chercheurs en microélectronique orientent le plus souvent leurs travaux sur des dispositifs toujours plus performants, sans se soucier de la nature critique des éléments qu’ils utilisent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280446/original/file-20190620-149806-16591d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sans matériaux rares, pas d’objets connectés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Goodluz/Shutterstock</span></span>
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<p>Par exemple, pour de nombreux dispositifs optoélectroniques basés sur la famille des <a href="http://www.polytech-lille.fr/cours-transistor-effet-champ/hemt/Hemtc1b.htm">semi-conducteurs III-V</a>, les substrats utilisés sont des matériaux à base de phosphure d’indium et d’arséniure de gallium, utilisés massivement pour leurs propriétés physiques. Ces métaux sont critiques par leur rareté géologique, en lien avec la <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/infographie-de-surprenantes-matieres-critiques.N563822">durée de vie des réserves rentables</a> qui montre qu’en cas de boom technologique, certaines matières viendront à manquer à très court terme.</p>
<p>Combinés à ces problématiques géologiques, la criticité s’exprime également par des enjeux géopolitiques. Les <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/matieres-premieres-la-politique-mondiale-dominera-encore-les-marches-en-2019-240902">tensions actuelles entre États</a> attisées par des mesures protectionnistes ont tendu les relations commerciales et font peser de sérieux risques sur la <a href="https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/terres-rares-le-plan-de-washington-pour-ne-plus-dependre-de-la-chine-1026575#xtor=CS1-3046">capacité à s’approvisionner en certaines matières</a>.</p>
<h2>Approches pluridisciplinaires</h2>
<p>Preuve en est, la variation des cours de cobalt, matière centrale pour la fabrication des batteries. Coté au London Metal Exchange (LME), le prix du cobalt a triplé en 3 ans pour atteindre 95 000 dollars la tonne en mars 2018, pour ensuite <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/16/le-trop-plein-a-plombe-le-cours-du-cobalt_5437015_3234.html">chuter brutalement</a> au début de l’année 2019 suite aux annonces d’Elon Musk d’une revue à la baisse du marché prévisionnel de la Tesla Model 3. Cet exemple montre à quel point la notion de criticité est volatile et dynamique et accroît la vulnérabilité des entreprises aux aléas.</p>
<p>De nombreux paramètres interviennent dans la mesure de la criticité mais les chercheurs ne convergent pas sur la méthode. La rareté des matières commence néanmoins à devenir un sujet connu qui préoccupe à la fois les États, les entreprises et les chercheurs. Dans le domaine de la nanoélectronique, les matériaux 2D (constitués d’une seule couche d’atomes ou de molécules) émergents sont de bons candidats pour remplacer les métaux nobles existants pour remplir une fonction spécifique dans divers appareils.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280447/original/file-20190620-149835-dqdv4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les annonces du fondateur de Tesla, Elon Musk, ont fait plongé le cours du cobal en début d’année.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lipik Stock Media/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Aux États-Unis et en France, des projets de recherche se développent afin d’accélérer la substitution de certains métaux. Cependant, ce sont les approches pluridisciplinaires qu’il est nécessaire d’impulser afin d’hybrider les problématiques inhérentes au développement des technologies et d’éclairer par les sciences sociales les enjeux qui portent sur les risques liés aux métaux critiques.</p>
<p>À Grenoble, un projet est particulièrement emblématique de cette démarche car il réunit une dizaine de laboratoires grenoblois en microélectronique, en gestion, en physique, en sociologie, et des industriels du secteur pour travailler sur le développement d’un Internet des objets plus durable (<a href="https://need.univ-grenoble-alpes.fr">projet NEED for IoT</a>). Les premiers résultats montrent qu’il est nécessaire de repenser la conception à chaque maillon de la chaîne de valeur pour développer l’agilité et la capacité des acteurs à s’adapter.</p>
<h2>Concevoir de chaînes de valeur résilientes</h2>
<p>Comme l’indique l’ouvrage du journaliste Guillaume Pitron paru en 2018 et largement récompensé, <a href="http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-9791020905741-1-1-0-1.html"><em>La guerre des métaux rares</em></a> est déclarée. On peut alors s’interroger sur les alternatives possibles afin d’anticiper des ruptures d’approvisionnement qui semblent inéluctables dans un avenir proche. Paradoxalement, le progrès technologique est porteur d’une menace qui nous rend vulnérables, au sens où ce progrès n’est possible que lorsque la conception et le développement des objets connectés sont plus durables. La question est de savoir comment réduire cette vulnérabilité en anticipant les difficultés identifiées et construire la résilience des chaînes de valeur.</p>
<p>Développer une pensée plus durable auprès des chercheurs qui conçoivent les dispositifs est une première étape qui doit s’accompagner de méthodologies d’évaluation de la criticité des métaux, ainsi que d’outils permettant une meilleure anticipation des risques dès lors qu’ils sont caractérisés.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Métaux rares : mensonges écologiques et stratégies de pouvoir », interview de Guillaume Pitron (Xerfi canal, mars 2018).</span></figcaption>
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<p>Une deuxième étape passe par la diversification des sources d’approvisionnement. Pour cela, il est nécessaire de recenser plus finement les ressources disponibles ainsi que leur géolocalisation, et de construire des réseaux et des alliances permettant d’exploiter durablement des mines dont les processus d’extraction, de séparation et de purification sont conformes aux normes internationales, et aux exigences en matière d’éthique. La transparence en matière d’approvisionnement est une nécessité afin d’éviter d’importer des matières ou des composants de pays où le <a href="https://www.consoglobe.com/mines-ciel-ouvert-terres-rares-impact-cg">dumping environnemental</a> est légion.</p>
<p>Enfin, le <a href="https://www.cairn.info/revue-flux-2017-2-page-51.htm">recyclage des métaux critiques</a> se présente comme une alternative possible dans la mesure où il permettrait de réutiliser les matériaux contenus dans les déchets de produits électroniques. Néanmoins, les processus de recyclage pour de nombreux métaux rares sont complexes et encore émergents, et les filières assurant la collecte et le retraitement des objets connectés sont peu viables, tant sur un plan économique que sur un plan environnemental, car les quantités d’eau et de produits chimiques nécessaires pour le retraitement sont inversement proportionnelles aux quantités récupérées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119194/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Karine SAMUEL a reçu des financements de l'IDEX Univ. Grenoble Alpes. Elle est co-porteur du projet NEED for IoT. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thierry Baron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’essor des technologies numériques dépend de l’extraction de ressources critiques utilisées pour fabriquer les appareils électroniques. Ce qui inquiète les États, les entreprises et les chercheurs.Karine Samuel, Professeur des Universités, Université Grenoble Alpes (UGA)Thierry Baron, Directeur de recherche, nanomatériaux, nanotechnologie, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1166182019-05-09T19:57:56Z2019-05-09T19:57:56ZLe rôle des multinationales dans les violences en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/272786/original/file-20190506-103049-1o52fnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C2032%2C1352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plus de 250 000 personnes ont été contraintes à l'exil en raison des violences dans l'Est de la RDC.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/un_photo/8068469904/in/photolist-dhZ215-bvnby1-pZ9bcs-5HfQti-nv17fk-p9oZPs-dSsbHV-bJgYya-nPgDZR-5MQuYd-oaEajj-nuZcA3-oauEwz-nKFKGm-65ntmF-nTjt22-nmbViL-9mhDL-e6cPCc-nvesgY-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-6R29Q6-dj57Fg-4S4KGg-9T5UGK-cwjF8J-V65nZe-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-dmRDq9-nuYYuy-mhs7R2-nMtMf2-oaN6Di-fbP16B-6pbufo-7zJEbq-nPhePK-bvnc29-nv26wV-i4naGf-bJgY2T-nPgYeM-TRwmHK-bvncc5/">United Nations/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><em>Qui fait quoi dans les conflits miniers en Afrique ? Traquer l’origine des minerais n’est pas chose aisée pour les multinationales. Pourtant, face à l’ampleur des dégâts humains et sociaux, leur responsabilité est fortement engagée. Dans un récent <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150774">article scientifique</a>, Nicolas Berman, Mathieu Couttenier, Dominic Rohner, et Mathias Thoenig montrent que la présence de firmes étrangères en Afrique augmente la violence des territoires miniers. Depuis peu, les firmes, ONG et États multiplient les initiatives de transparence. Les auteurs se penchent sur leur impact sur la stabilité dans ces régions.</em></p>
<hr>
<p>En février 2019, Apple s’est engagé à améliorer la traçabilité de ses matières premières. Dès 2017, la firme avait été <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/apple-salue-par-amnesty-pour-la-tracabilite-de-l-origine-de-son-cobalt_118315">saluée par l’ONG Amnesty International</a> pour avoir publié les noms de ses fournisseurs de cobalt afin d’éviter d’alimenter le travail des enfants en République Démocratique du Congo (RDC). La firme est membre de l’initiative <a href="http://www.responsiblemineralsinitiative.org">RMI</a> (<em>Responsible minerals initiative</em>), un organisme visant à faire respecter les droits de l’Homme dans la chaîne d’approvisionnement.</p>
<p>Ces initiatives contrastent avec les pratiques actuelles de la plupart des entreprises. Souvent implantées en Afrique, là où les sous-sols regorgent de matières premières, elles contribuent à alimenter un terrain déjà très conflictuel. Leur rôle dans l’augmentation de la violence en Afrique a été détaillé par un <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150774">article scientifique</a> des économistes Nicolas Berman, Mathieu Couttenier, Dominic Rohner, et Mathias Thoenig.</p>
<p>Les auteurs s’appuient sur une étude géolocalisée mettant en parallèle la présence des firmes et l’occurrence des conflits miniers. Ils ont quadrillé l’Afrique par zones de 55 sur 55 kilomètres pour analyser l’impact de l’augmentation du prix de 14 minerais. Leurs résultats suggèrent qu’une hausse des prix des matières premières augmente la violence uniquement dans les zones exploitées par des firmes étrangères.</p>
<h2>Des pratiques douteuses</h2>
<p>Pourquoi une telle différence entre les entreprises domestiques et étrangères ? Une des explications avancées est celle de leur vulnérabilité par rapport aux extorsions rebelles. Alors que les entreprises domestiques disposent généralement de la protection de l’armée ou de l’État, les multinationales étrangères doivent faire sans. Si elles s’implantent dans des zones instables, comme c’est le cas dans beaucoup de territoires miniers, elles doivent composer avec les pratiques des groupes en place. Là où règne le non-droit, elles s’adaptent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Joseph King.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/kingjn/14298154665/in/photolist-nMtMf2-oaN6Di-fbP16B-6pbufo-7zJEbq-nPhePK-bvnc29-nv26wV-i4naGf-bJgY2T-nPgYeM-TRwmHK-bvncc5-aAko35-bEmiRZ-nuZMwF-bvnbJ5-fc4rDG-mhvB1c-23heiWJ-fc4kpf-jyZSAx-dEELSH-nMAjQd-4fRqw-VTjEBh-q6mL6y-ADRp9-bsf4VC-5pehV9-cwjBw9-pHcqof-nveGFw-6abCD1-jz26Cy-31Wmqz-nmbVqu-5pa7sP-mhvBce-6pWomV-fVcWta-5HvPVP-74DqnF-dNGCy4-bEmkKF-JQWixi-bvnbBW-qnR2Kj-cwjGqo-hKsQ88">Joseph King/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>C’est exactement ce qui s’est passé pour la firme chinoise Kun Hou Mining, de 2013 à 2015, selon un rapport de l’<a href="https://www.jeuneafrique.com/339286/politique/rd-congo-entreprise-chinoise-a-arme-miliciens-locaux-exploiter-de-lor-a-lest/">ONG Global Witness</a>. Pour extraire l’or de la rivière Ulindi, située au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, elle a su jouer du droit coutumier en place. Elle s’est appuyée sur la corruption des autorités locales et le soutien de milices opérant sur le territoire pour avoir accès aux mines. En échange, elle leur a envoyé des liasses de billets, des armes et des rations alimentaires. Le butin récolté a pris le large vers Dubaï. Résultat : dans la province du Sud-Kivu, l’extraction de l’or n’a officiellement généré aucun revenu fiscal.</p>
<p>Une histoire parmi tant d’autres pour ce pays de la région des Grands Lacs. La richesse de son sous-sol et la faiblesse de ses institutions se conjuguent pour en faire un terrain d’affrontement où les droits de l’Homme sont bafoués. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/partout-ailleurs/partout-ailleurs-20-novembre-2014">Seconde Guerre du Congo</a> (1998-2003) a été le conflit le plus meurtrier et ses répercussions n’ont pas cessé de secouer le pays.</p>
<p>L’influence des entreprises étrangères sur le sol africain est loin d’être négligeable quand on sait qu’elles représentent 60 % du total des firmes. Si elles ne sont pas tenues de rendre des comptes, elles deviennent des facteurs d’instabilité majeurs pour le continent. Mais toutes n’ont pas le même profil. Pour les firmes implantées dans les ex-colonies, les comportements sont différents.</p>
<h2>Qui paye un tribut aux milices sur place ?</h2>
<p>Certaines multinationales jouissent de la protection des États africains grâce aux liens historiques qui les unissent. Ici, le passé colonial imprègne encore le tissu économique. De nombreuses recherches scientifiques ont souligné la proximité qui persiste entre les firmes des anciens colons et les gouvernements des anciennes colonies. Les entreprises reçoivent une attention toute particulière de la part de l’État et sont plus facilement protégées par l’armée. Cela leur offre une marge de manœuvre plus importante dans l’exploitation des ressources.</p>
<p>Les quatre économistes rejoignent ce consensus. Leurs estimations suggèrent que ces multinationales n’ont pas d’incidence significative sur l’augmentation de la violence. Toutefois, comme elles ne représentent qu’un cinquième de l’échantillon de firmes étrangères qu’ils étudient, ils invitent à continuer les analyses.</p>
<p>Les entreprises nord-américaines ou chinoises par exemple, doivent généralement faire face à l’insécurité sans bénéficier de protection externe. Pour l’obtenir, elles sont prêtes à payer le prix. Bien souvent, la rançon qu’elles payent alimente les activités rebelles et les trafics illégaux. Cet argent permet aux milices de se maintenir en place et d’étendre leur zone d’influence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1121326770421207040"}"></div></p>
<h2>Comment pacifier les conflits ?</h2>
<p>Des initiatives visant à modifier les pratiques des entreprises se sont peu à peu mises en place. Parmi elles, la <a href="https://www.globalwitness.org/fr/archive/7801/">section 1502 de la loi Dodd-Franck</a> de 2010 qui visait principalement le commerce avec la République Démocratique du Congo. Bien que <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/le-congres-americain-assouplit-la-loi-dodd-frank-de-regulation-bancaire-779295.html">menacée</a> par l’administration Trump, elle impose aux entreprises américaines de révéler l’origine des minerais qu’elles utilisent.</p>
<p>De telles mesures de transparence sont-elles efficaces en pratique ? Les auteurs se sont penchés sur les multinationales qui ont signé l’<a href="https://www.icmm.com">ICMN</a> (<em>International Council on Mining and Metals</em>), pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises. Pour vérifier l’efficacité de telles mesures, les quatre économistes localisent les entreprises signataires et étudient leur correspondance avec les conflits. Le résultat semble encourageant puisque les signataires n’ont aucun effet sur la violence. Une bonne nouvelle pour ces régions où de nombreuses initiatives fleurissent depuis quelques années. Mais les entreprises ne sont pas les seuls leviers.</p>
<h2>De nouvelles initiatives de la part des États</h2>
<p>Le 9 avril, le gouvernement nigérian a décidé de bannir toute activité minière dans la région de Zamfara, pour restaurer la paix. Le ministre des Mines et du Développement sidérurgique, Abubakar Bwari, a précisé :</p>
<blockquote>
<p>« Lorsque nous visons le développement d’activités économiques, nous devons aussi penser aux aspects humains et aux pertes humaines dont nous sommes témoins ».</p>
</blockquote>
<p>Pour ce faire, le gouvernement a donné 48 heures aux étrangers impliqués dans les activités minières pour quitter son territoire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un ministre congolais atterrit sous escorte des Nations unies pour entamer des pourparlers avec des groupes rebelles (photo prise en 2014).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/un_photo/14547290101/in/photolist-oauEwz-nKFKGm-65ntmF-nTjt22-nmbViL-9mhDL-e6cPCc-nvesgY-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-6R29Q6-dj57Fg-4S4KGg-9T5UGK-cwjF8J-V65nZe-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-dmRDq9-nuYYuy-mhs7R2-nMtMf2-oaN6Di-fbP16B-6pbufo-7zJEbq-nPhePK-bvnc29-nv26wV-i4naGf-bJgY2T-nPgYeM-TRwmHK-bvncc5-aAko35-bEmiRZ-nuZMwF-bvnbJ5-fc4rDG-mhvB1c-23heiWJ-fc4kpf-jyZSAx-dEELSH-nMAjQd-4fRqw">United Nations/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Comme le Nigeria, les États africains ont un rôle de premier plan dans la stabilisation de leur territoire. Ils doivent lutter contre la corruption qui gangrène leurs institutions et sert de caution aux activités illégales. Une Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), s’est créée en 2003 avec l’objectif de créer une norme pour respecter la traçabilité en matière de ressources pétrolières, gazières et minérales. Elle s’applique aujourd’hui à 52 pays à travers le monde. Selon l’étude des auteurs, la participation des États africains à cette ITIE a des répercussions positives sur l’incidence des conflits (même si leur adhésion est relativement récente et que les calculs nécessiteraient davantage de données). L’exacerbation de la violence due à une hausse des prix en est amoindrie.</p>
<p>À travers la traçabilité des minerais, les États reprennent aussi la main sur leurs ressources. Le Niger et le Nigeria ont signé le 26 mars 2019 un <a href="https://www.niameyetles2jours.com/l-economie/mines/2803-3668-le-niger-et-le-nigeria-veulent-davantage-developper-leur-secteur-minier">mémorandum d’entente</a> afin de mutualiser leurs efforts dans le secteur minier et ainsi augmenter sa contribution au PIB. De nouveaux codes miniers ont éclos pour renégocier la position des compagnies étrangères dans l’industrie minière. Le dernier en date est celui de la République Démocratique du Congo qui a imposé de <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/04/03/en-afrique-la-rdc-fait-trembler-les-geants-miniers_5279870_3234.html">nouvelles taxes</a> en mars 2018. Le nouveau Président Félix Tshisekedi pourrait désormais <a href="https://www.agenceecofin.com/gestion-publique/0403-64405-rdc-le-nouveau-president-soutient-la-revision-du-code-minier">aller plus loin</a>, toujours avec le même objectif : permettre au pays de générer plus de revenus grâce à ces ressources. La RDC ne fait que suivre une dynamique entamée par bien d’autres pays depuis déjà une dizaine d’années (l’Afrique du Sud, le Maroc, le Mali, le Sénégal, le Niger, la Guinée ou encore le Burkina Faso par exemple).</p>
<p>L’effet de telles mesures de traçabilité et de transparence est complexe : certaines recherches montrent par exemple que le Dodd-Frank Act, au lieu de réduire l’insécurité, a notamment incité les groupes armés à réorienter leurs actions vers des actes plus violents, comme le pillage des populations locales. Selon le contexte et l’application qui est faite de la mesure, les effets peuvent varier. Ces mécanismes sont récents et encore peu étudiés, c’est pourquoi les auteurs appellent à de nouvelles analyses. Toutefois, ces premiers résultats encouragent les États à mettre en place des mesures pour contrer ces pratiques illicites. Surtout, ils intiment aux entreprises d’assumer leurs responsabilités lorsqu’elles s’installent dans un territoire minier.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article a été rédigé par Claire Lapique en collaboration avec Nicolas Berman, et publié dans la revue <a href="https://www.amse-aixmarseille.fr/fr/dialogeco">« Dialogues économiques »</a> de l’AMSE, l’école d’économie d’Aix-Marseille, en partenariat avec The Conversation France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116618/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Berman a reçu des financements de l'A*midex.</span></em></p>Les firmes étrangères, qui gèrent elles-mêmes la sécurité de leurs activités, participent à l’entretien des conflits miniers sur le continent.Nicolas Berman, Chercheur en économie, CNRS, Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1157732019-04-24T20:12:12Z2019-04-24T20:12:12ZComment le « boom des minerais » augmente la violence en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/270107/original/file-20190419-28084-6m6ohv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=15%2C15%2C2029%2C1345&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près de deux tonnes d’or échapperaient aux autorités locales de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/un_photo/14549777252/in/photolist-oaHpSu-oTWccu-oaE9ob-4RcytE-bvnby1-drutWX-31xJ9A-TigxB-WyvDhy-nMp2ii-i4n1ip-qnR2HW-U7sJv-dhZ215-5HfQti-i4nJEg-nv17fk-p9oZPs-dSsbHV-bJgYya-mhxvtA-nPgDZR-5MQuYd-oaEajj-nTiJUN-mhs7sg-nuZcA3-V65nZe-oauEwz-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-65ntmF-nTjt22-nmbViL-i4naGf-9mhDL-mhvB1c-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-jyZSAx-VTjEBh-dEELSH-4S4KGg-q6mL6y-nKFKGm-dmRDq9/">United Nations/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span></figcaption></figure><p><em>La hausse du prix des minerais peut avoir de sanglantes conséquences en Afrique. C’est ce qu’ont observé Nicolas Berman, Mathieu Couttenier, Dominic Rohner, et Mathias Thoenig dans une <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150774">étude récente</a> parue dans The American Economic Review et portant sur l’ensemble de l’Afrique de 1997 à 2010. Le boom des prix de ces minerais en 2000 pourrait expliquer jusqu’à un quart des conflits en Afrique. La violence se déploie même au-delà des zones minières. Avec l’argent gagné, les rebelles déploient leurs combats en étendant leurs zones d’influence.</em></p>
<hr>
<p>« Diamants de sang », « or des conflits », « coltan sanglant » les appellations sont nombreuses pour rappeler la guerre à laquelle se livrent les plus cupides. N’y a-t-il jamais de minerais sans violence ? Ce sujet a été largement discuté, mais peu d’études ont montré la relation causale entre hausse du prix des minerais et conflits. C’est le propos de cette analyse, parue dans <em>American Economic Review</em> et portant sur l’ensemble de l’Afrique de 1997 à 2010.</p>
<h2>Le « boom » des minerais</h2>
<p>Entre 2000 et 2009, le prix des minerais a plus que doublé en moyenne. Ce « boom des minerais » a été largement impulsé par le rôle de nouvelles puissances, comme la Chine ou l’Inde par exemple, qui ont considérablement augmenté leur demande. En 1997 une once d’or valait 338 dollars et en 2010, elle atteignait 1 084 dollars !</p>
<p>Les conséquences sur le terrain sont tout autant explosives… Sur la période étudiée, un quart des conflits observés sur le continent africain peut être expliqué par la hausse de ces cours mondiaux !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Près de deux tonnes d’or échapperaient aux autorités locales de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC.</span>
<span class="attribution"><span class="source">United Nations/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>En quadrillant l’Afrique par zones de 55 sur 55 km, l’étude se penche sur l’impact de l’augmentation du prix de 14 minerais. Ces résultats sont mis en relation avec une base de données géolocalisée des événements violents (des émeutes aux conflits civils en passant par les batailles entre groupes armés) sur tout le territoire africain.</p>
<p>Ce quadrillage à échelle locale va au-delà du cadre frontalier et réduit le poids des caractéristiques étatiques. Les conflits liés aux élections, les guerres inter-ethniques ou religieuses n’interfèrent pas avec les résultats. Chaque zone peut être comparée à sa voisine, qui lui est en tout point semblable, la présence de minerais mise à part. L’analyse permet donc d’affirmer que la hausse du prix a pour conséquence directe l’augmentation de la violence. Comment se répercute concrètement le cours des minerais sur le terrain ?</p>
<h2>Financer l’avancée des milices</h2>
<p>Rackets, extorsions ou encore profits : les groupes rebelles s’alimentent à travers la rente de ces mines. Lorsque l’État est faible, les mines sont convoitées par les groupes armés qui en font leur base arrière. En République Démocratique du Congo (RDC), secouée depuis plus de 20 ans par la guerre, plus de 40 milices quadrillent le territoire. Leur appétit est à la hauteur des richesses de la région : 70 % des réserves mondiales de coltan, des réserves en or, en diamant, en étain… D’autant que l’absence de l’État est patente. Entre mai 2012 et novembre 2013, un groupe appelé le M23 s’est établi sur le territoire congolais en développant une véritable administration et en créant des postes de ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de l’Agriculture.</p>
<p>Conquérir une mine permet aux rebelles de générer des revenus en taxant la production ou la population locale, ou de bénéficier du support logistique des compagnies minières. Ce système repose souvent sur la promesse de protection pour les communautés sur place. Avec la manne d’argent recueillie, les milices peuvent financer leurs activités. Lorsque le prix des minerais augmente, leur capacité de combat s’accroît et ils peuvent alors étendre leurs zones d’influence.</p>
<p>À la suite de l’appropriation d’un territoire minier, l’étude montre que les groupes rebelles ont trois fois plus de chance de déployer leurs combats vers d’autres régions que des groupes qui conquièrent un territoire sans minerai. Cette escalade de violence est encore visible jusqu’à 1 000 kilomètres à la ronde. La détention d’une mine est donc bien un facteur déterminant. Au contraire, les groupes qui conquièrent un territoire sans minerai ne sont pas plus belliqueux. La détention d’une mine est donc bien un facteur déterminant. L’enjeu dépasse le simple contexte local. Pour soutenir le propos, l’étude identifie l’ethnie principale de chaque groupe armé et montre qu’une hausse du prix des minerais exploités dans leur territoire d’origine leur permet d’étendre leurs combats.</p>
<h2>Une PlayStation pour Noël ?</h2>
<p>C’est la consommation des pays développés qui fait varier le prix des minerais en grande partie. La demande de produits électroniques peut ébranler durablement les régions fournisseuses de minerais. À l’annonce de la sortie d’une nouvelle PlayStation par la firme Sony, au début 2000, une demande accrue en coltan, un de ses composants principaux, a engendré une augmentation de son prix de 90 dollars à 590 dollars par kilogramme.</p>
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<span class="caption">L’engouement pour les produits électroniques en Occident a alimenté la hausse des prix.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Twin Design/Shutterstock</span></span>
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<p>La République Démocratique du Congo est apparue comme un terrain idéal pour les fournisseurs étrangers. Raul Sanchez de la Sierra a analysé les répercussions sur le terrain à travers une <a href="https://voxeu.org/article/stationary-bandits-taxation-and-emergence-states">étude sur 380 zones minières</a>. Selon cet économiste, suite à la hausse des prix, les milices se sont multipliées dans les sites de coltan et la violence s’est accrue. Malgré la baisse des prix, elles sont restées sur le territoire, entraînant des perturbations à long terme pour les villages alentours. À travers son effet sur les cours mondiaux, notre consommation peut donc créer une véritable onde de choc.</p>
<p>Dans la région des Grands Lacs, le chemin suivi par l’argent emprunte bien souvent des canaux inofficieux. Selon le quotidien Le Monde, près de <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/03/06/en-afrique-le-florissant-business-de-l-or-des-conflits_5431892_3212.html">deux tonnes d’or</a> filent entre les doigts des autorités locales de l’Ituri (une région du nord-est de la RDC) chaque mois, alors qu’officiellement, seulement 33 kilos sont reportés par an ! Le même schéma se répète pour le coltan. Un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies datant de 2014 a ainsi dénoncé l’<a href="https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/didr_note_rdc_exploitation_et_exportation_des_minerais_dans_lest_du_pays_ofpra_14.08.2014.pdf">évaporation des minerais congolais</a>, en mettant en cause le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Les chiffres sont pour le moins suspects. Alors que la RDC détient 70 % des réserves mondiales, le Rwanda a été, entre 2013 et 2014, le premier exportateur mondial de coltan.</p>
<h2>Qui en paye le prix ?</h2>
<p>Les milices ne sont pas les seuls éléments perturbateurs de ces régions. Mais parmi ceux qui en payent le prix, les populations sont les premières touchées. Travail forcé, main d’œuvre peu chère, non-respect des droits individuels sont le lot quotidien des mineurs africains. Derrière cette force laborieuse quasi gratuite, le risque d’émeutes ou révoltes accroît aussi l’insécurité.</p>
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<span class="caption">Les populations civiles sont les premières touchées par les violences.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/julien_harneis/580510493/in/photolist-oaHpSu-oTWccu-oaE9ob-4RcytE-bvnby1-drutWX-31xJ9A-TigxB-WyvDhy-nMp2ii-i4n1ip-qnR2HW-U7sJv-dhZ215-5HfQti-i4nJEg-nv17fk-p9oZPs-dSsbHV-bJgYya-mhxvtA-nPgDZR-5MQuYd-oaEajj-nTiJUN-mhs7sg-nuZcA3-V65nZe-oauEwz-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-65ntmF-nTjt22-nmbViL-i4naGf-9mhDL-mhvB1c-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-jyZSAx-VTjEBh-dEELSH-4S4KGg-q6mL6y-nKFKGm-dmRDq9/">Julien Harneis/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Pour les deux chercheurs américains Samuel Bazzi et Christopher Blattman, les mines sont de véritables poudrières à ciel ouvert. L’augmentation du cours des minerais entraîne la cupidité et l’intérêt des voisins. Les nouvelles opportunités économiques minières et l’insécurité génèrent d’importants mouvements de population et changements sociodémographiques, déstabilisant davantage les régions. Et derrière l’exploitation à outrance des sites miniers, les enjeux environnementaux se transforment parfois en disputes territoriales.</p>
<p>Ressources minières et violence sont-elles intrinsèques ? L’étude en souligne bien le risque. Les entreprises multinationales et les États ne peuvent rester spectateurs – voire acteurs ! – de ces exactions. Pour contrer cette tendance, ils peuvent construire des bases solides en s’attaquant à la corruption et en privilégiant la transparence. L’impact des mesures en la matière fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article a été rédigé par Claire Lapique en collaboration avec Nicolas Berman, et publié dans la revue <a href="https://www.amse-aixmarseille.fr/fr/dialogeco">« Dialogues économiques »</a> de l’AMSE, l’école d’économie d’Aix-Marseille, en partenariat avec The Conversation France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115773/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Berman a reçu des financements de l'Amidex. </span></em></p>D’après une étude récente, l’explosion du prix des minerais pourrait expliquer jusqu’à un quart des conflits en Afrique.Nicolas Berman, Chercheur en économie, CNRS, Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.