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Ami·e·s scientifiques, un, deux, trois… Twittez !

Plutôt que d'observer étoiles ou bactéries sur leurs écrans, les chercheurs pourraient utiliser Twitter pour communiquer et chercher des financements. Esther Vargas/Flickr, CC BY-SA

Comment obtenir un financement pour vos recherches ? Et si, au lieu de passer des jours et des jours à remplir des dossiers, vous écriviez simplement 140 caractères sur Twitter ? Vous pouvez, depuis peu, écrire jusqu’à 280 signes si vous vous sentez particulièrement loquace.

Nous venons, par ce biais, d’obtenir une bourse franco-américaine en échangeant via Twitter. Une rencontre en 140 caractères pour obtenir des fonds et développer des recherches internationales. C’est déjà très bien mais il existe de nombreuses autres raisons pour que les scientifiques se mettent à Twitter.

Vous n’êtes pas seul !

Beaucoup d’universitaires souffrent du syndrome de l’imposteur, et se rendre compte que nous ne sommes pas les seul·e·s à en souffrir permet de diminuer, sinon d’apprendre à vivre avec, ce phénomène. Pester collectivement contre Reviewer 3 et ses acerbes commentaires, recevoir un câlin virtuel lorsqu’une bourse nous est refusée ou un papier rejeté ou encore pour apprendre à décrocher du travail perpétuel et des universitaires workaholic.

Cela permet de trouver des groupes de support, des gens qui partagent les mêmes joies, peines, frustrations… et constituer une communauté rapprochant des gens parfois éloignés physiquement sur ces préoccupations du quotidien universitaire. Au niveau professionnel, de nombreux outils, souvent en accès libre, sont régulièrement mis en avant : les logiciels statistiques (JASP, R ou jamovi), de mises en place d’expériences (PsychoPy, OpenSesame), les plateformes de dépôts de pré-publication (ArXiv, HAL) ou de projets, codes et données (OSF).

Les questions de la reproductibilité des sciences, les liens avec le grand public, les institutions et la vie au labo (encadrement des doctorants) sont également souvent abordées, parfois plus librement avec des collègues à l’autre bout du monde qu’avec ceux du bureau voisin.

Ces communautés peuvent se retrouver plus formellement autour de comptes collaboratifs (par exemple, Endirectdulabo en français ou Realscientists en anglais) et de mettre en avant certains collègues avec le mot-dièse #ScholarSunday, équivalent scientifique et dominical du FollowFriday (#FF).

Au-delà de l’entre-soi et l’auto-confirmation dans lesquels nous pouvons facilement glisser au sein de nos niches de recherches et sur les réseaux sociaux, de nombreux débats émergent en confrontant nos points de vue à d’autres collègues d’autres pays, cultures et disciplines scientifiques. Cette ouverture permet une plus grande diversité que dans certains panels d’hommes blancs dégarnis.

La visibilité des femmes, qui parlent moins que les hommes dans les conférences, pourrait être plus importante sur le réseau social. En réalité, elles tweetent moins que les hommes, alors qu’elles sont tout aussi nombreuses. L’utilisation plus importante de réseaux sociaux, Twitter et blogs notamment, pourrait permettre d’améliorer la visibilité de scientifiques de qualité qui ne sont pas (encore) des stars. Une faible proportion des scientifiques mondiaux est sur Twitter et faire partie des actifs permet d’être distinctif et rejoindre une communauté grandissante, formidablement inter-connectée, dont les effets ne sont pas que virtuels.

Devenez un bon ScienceTwittos

Débuter sur Twitter est généralement une expérience surprenante. On ne sait pas toujours qui suivre, comment trier l’information. Pour bien commencer dans le cadre d’un usage professionnel, le plus simple est de suivre les comptes institutionnels, des collègues et journaux scientifiques. Chacun partageant les messages des autres, une information pertinente finira toujours par remonter dans notre flux. Bref, même sans être actif, l’intérêt de la veille est important.

Devenir actif présente un avantage certain. A titre collectif où toutes les Universités disposent désormais d’un compte, suivies par de plus en plus d’unités de recherche. Cela permet d’annoncer et diffuser les événements importants au travers de live tweet (#LT) pour les absents et fédérer toutes les personnes intéressés autour d’un mot-dièse dédié : #JIPA2017 pour une journée internationale sur la mémoire à Amiens par exemple ou #SfN2017 pour le dernier congrès mondial de la Society for Neuroscience.

Vidéo de présentation de l’association : les Savanturiers, visant à faire entrer la science dans les écoles sous de nouvelles formes.

Ce réseau a également l’avantage d’avoir des retours des participant·e·s aux communications dans les congrès et même de nos enseignements. Nos différentes tutelles, HCERES en tête, sont sensibles à ces aspects de diffusion. On le sait grâce aux collègues ayant parlé de remarques positives dans leurs retours… sur Twitter !

Avoir un compte personnel actif permet aussi de diffuser ses travaux de recherche au plus grand nombre. Pour les scientifiques, le lien vers l’article original ; pour le grand public, un lien vers un billet de blog présentant les points principaux ou l’article dans un média grand public. Cette mesure d’impact prend de l’importance et il est possible de connaître la portée de nos articles scientifiques sur le web grâce à des outils comme Altmetric, de plus en plus souvent présents sur les sites de journaux.

Sur la popularisation (ou vulgarisation) scientifique, de formidables initiatives comme Pint of Science ou les Savanturiers, qui amènent les scientifiques respectivement dans les bars ou les écoles, sont également visibles et ont pu se faire connaître auprès des spécialistes et du grand public par ce biais. En rencontrant plus simplement d’autres publics que les scientifiques de notre niche, nous pouvons trouver de potentielles orientations de recherche après une question ou une anecdote du public.

Trouvez votre intérêt professionnel

Les Learning Scientists, dont Yana Weinstein est cofondatrice, ont reçu des financements de la part de personnes ayant découvert leur existence sur Twitter. Elle est également invitée partout dans le monde pour des conférences sur les stratégies d’apprentissages efficaces et a développé des projets de recherches suite à des contacts via Twitter.

En restant en France, dans le cas de Mathieu Hainselin, il est possible de nouer ou renforcer des contacts avec des collègues d’un même pays ou d’une même ville travaillant à quelques centaines de mètres sans les avoir rencontrés en chair et en os.

Si Twitter fait aujourd’hui un peu peur à certaines personnes conservatrices au sein du monde académique, les bénéfices peuvent être très importants, sans que le temps passé à gazouiller n’empiète sur notre productivité, bien au contraire.

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