tag:theconversation.com,2011:/au/topics/flore-51133/articlesflore – The Conversation2024-03-19T16:57:58Ztag:theconversation.com,2011:article/2252202024-03-19T16:57:58Z2024-03-19T16:57:58ZDes printemps toujours plus précoces ? Comment les plantes déterminent leur date de floraison<p>À la mi-février, au Royaume-Uni, les haies sont normalement blanchies par le givre ou la neige. Mais cette année, elles apparaissaient mouchetées de blanc du fait de la floraison des prunelliers, signe avant-coureur du printemps. Une floraison précoce bienvenue après un hiver humide et maussade, mais qui inquiète les observateurs des saisons.</p>
<p>Cette plante a-t-elle toujours fleuri à la mi-février, me suis-je demandé, ou bien quelque chose est-il en train de changer ?</p>
<p>Heureusement, la science qui suit et cherche à comprendre les événements saisonniers, la phénologie, a une longue histoire en Grande-Bretagne. <a href="https://www.robertmarsham.co.uk/">Robert Marsham</a>, un naturaliste du XVIII<sup>e</sup> siècle, a consigné les dates d’apparition des fleurs, des oiseaux et des insectes dans son village du Norfolk dès 1736. Les descendants de Marsham ont poursuivi cet enregistrement jusqu’en 1958. Aujourd’hui, le Woodland Trust perpétue la tradition avec le <a href="https://naturescalendar.woodlandtrust.org.uk/">Nature’s Calendar</a>, un programme dans le cadre duquel les membres du public sont invités à consigner divers événements saisonniers.</p>
<p><a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2021.2456">L’analyse détaillée</a> de près d’un demi-million de recensements réalisés par des scientifiques en 2022 a montré que, toutes espèces confondues, la durée moyenne de floraison au Royaume-Uni avait avancé d’un mois au cours des 40 dernières années.</p>
<p>Il existe des variations entre les différentes espèces. L’aubépine, la plante commune des haies, fleurit généralement 13 jours plus tôt qu’au début des années 1980, tandis que les fleurs du marronnier d’Inde apparaissent dix jours plus tôt en moyenne.</p>
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<a href="https://theconversation.com/les-changements-climatiques-modifient-le-rythme-saisonnier-du-cycle-de-vie-des-plantes-181812">Les changements climatiques modifient le rythme saisonnier du cycle de vie des plantes</a>
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<p>Le climat s’est réchauffé à un rythme intense depuis les années 1980. En fleurissant plus tôt qu’avant, les plantes prennent acte que les hivers deviennent plus courts et plus doux. Elles sentent que les jours se réchauffent, et modifient leur développement printanier en conséquence.</p>
<p>De la même façon, si on veut, que les humains, sentant la chaleur sur leur peau, vont choisir de porter moins de couches de vêtements. Dans le détail, la façon dont sont perçus les indices de changement de saison sont différents chez les plantes et les animaux, mais tous deux réagissent aux changements de climat.</p>
<h2>Comment les plantes sentent la lumière et la chaleur</h2>
<p>Les plantes détectent le raccourcissement des jours en automne grâce à un pigment dit phytochrome, qui est particulièrement sensible aux longueurs d’onde du spectre électromagnétique de la lumière autour du rouge. Or, les nuits d’automne plus longues, affectent qualitativement la lumière rouge perçue par les plantes. Bien que ce changement subtil échappe aux humains (nos yeux n’étant pas sensibles à cette partie du spectre lumineux), une plante peut détecter cette transition.</p>
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<img alt="Un banc près d’un bois au coucher du soleil" src="https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578640/original/file-20240228-18-qoad8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les plantes détectent les changements subtils de la lumière rouge et entrent en dormance à l’approche de l’automne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/romantic-autumn-mood-sunset-lake-ammersee-690569119">Art180/Shutterstock</a></span>
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<p>Tout comme l’automne peut provoquer une baisse du taux de sérotonine dans notre sang, une plante qui a senti l’approche de l’hiver va augmenter la production d’une phytohormone appelée acide abscissique. Ses effets sont multiples. Chez les arbres à feuilles caduques, les rameaux cessent de croître et développent des bourgeons d’hiver résistants, capables de survivre au gel et à la neige. Et les feuilles tombent.</p>
<p>Au printemps, ce sont à nouveau la longueur d’onde et la température qui vont déclencher la croissance des végétaux. C’est toutefois la température qui joue généralement le rôle le plus important. En effet, si les plantes ne se préoccupaient que de la lumière, elles risqueraient de commencer à croître alors que des gelées fatales les menacent encore. Ou encore, de rater une période de croissance propice pendant les journées douces du début du printemps. La détection de la température <a href="https://theconversation.com/ce-qui-pousse-les-plantes-a-fleurir-138844">détermine donc l’apparition des fleurs au printemps</a>. C’est pourquoi le réchauffement climatique se traduit par une apparition de plus en plus précoce de ces fleurs.</p>
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<p>La façon dont les plantes détectent la température n’est pas entièrement comprise. Cela pourrait être lié en partie à la façon dont une hormone inhibant la croissance des cellules végétales réagit aux changements de températures.</p>
<p>Alors que les humains ont des terminaisons nerveuses sur la peau pour détecter la température, les plantes s’appuient probablement sur leurs pigments, bien que le mécanisme ne soit pas entièrement compris. La chaleur faisant partie de la même partie du spectre électromagnétique que celle auquel le phytochrome est sensible (<em>Autour du rouge, dans l’infrarouge, ndlt</em>), il est possible que ce pigment soit impliqué. Quels que soient les mécanismes responsables du déclenchement de la croissance, la température va également déterminer la vitesse de croissance des plantes</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ce-qui-pousse-les-plantes-a-fleurir-138844">Ce qui pousse les plantes à fleurir</a>
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<h2>Quand les fleurs et les pollinisateurs se déphasent</h2>
<p>Les insectes pollinisateurs comme les abeilles doivent synchroniser leur cycle de vie de manière à être actifs lorsque les fleurs dont ils se nourrissent apparaissent. Leur sortie de l’hiver est donc également déterminée par les effets de la température et de la longueur du jour, par l’intermédiaire de leurs propres mécaniques hormonales.</p>
<p>Pendant des générations, l’évolution a fait converger dans le temps le réveil des pollinisateurs et celui des fleurs. Si l’apparition des fleurs et celle des pollinisateurs n’étaient pas synchronisées, les insectes n’auraient pas de nectar et les plantes ne seraient pas fécondées.</p>
<p>Un lien similaire existe entre l’émergence des feuilles et celle des insectes herbivores qui s’en nourrissent. Or, la rapidité du changement climatique et les légères différences dans la façon dont les insectes et les végétaux y réagissent risquent de rompre cette synchronisation, avec de graves conséquences des deux côtés</p>
<p><a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2021.2142">Une vaste étude</a> menée par des scientifiques allemands portant sur la date d’apparition des fleurs et de leurs pollinisateurs entre 1980 et 2020 a mis en évidence une situation complexe. Les deux ont réagi au changement climatique, respectivement par une floraison et une apparition plus précoces, mais les plantes ont opéré un changement plus important.</p>
<p>Des variations ont été observées entre les groupes d’insectes : les abeilles et les papillons se sont déplacés en synchronisation avec les plantes, ce qui n’a pas été le cas pour les syrphes. Des variations ont également été observées entre les espèces.</p>
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<img alt="Un papillon blanc sur une fleur violette" src="https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578642/original/file-20240228-30-erxph1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les plantes et les insectes ont co-évolué pour émerger à peu près au même moment au printemps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/blackveined-white-butterfly-aporia-crataegi-perfect-79443766">Marek Mierzejewski/Shutterstock</a></span>
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<p>Même lorsque les plantes et les insectes qui en dépendent modifient leur calendrier de manière synchronisée, l’étape suivante de la chaîne alimentaire n’est pas toujours aussi flexible. La chenille de la teigne du chêne se nourrit des feuilles de chêne. Celle-ci, à son tour, est la principale nourriture des oisillons d’oiseaux tels que la <a href="https://www.nature.com/articles/s41559-018-0543-1">mésange bleue et le gobe-mouche pédonculé</a>. Jusqu’à présent, les oisillons éclosent toujours à la même période, tandis que les feuilles de chêne et les chenilles apparaissent plus tôt – et restent encore synchronisées. Mais pour combien de temps ?</p>
<p>Les fleurs de prunellier sont un signe que le printemps est en route. Mais elles sont aussi un reflet du changement climatique : une expérience en cours sur le calendrier et la synchronisation des plantes et des animaux, ainsi que sur les chaînes alimentaires complexes dont ils font partie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225220/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paul Ashton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les réactions du vivant à l’apparition du printemps ont coévolué pour converger vers les mêmes dates. La floraison précoce à cause du changement climatique vient changer la donne.Paul Ashton, Professor of Botany, Edge Hill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1890172022-10-12T06:20:27Z2022-10-12T06:20:27ZAvec le changement climatique, la migration silencieuse des espèces<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/481106/original/file-20220825-24-tauikk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C30%2C1019%2C649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au loin, le volcan Antisana, dans les Andes, région où plusieurs espèces végétales sont remontées en altitude.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ecuador,_Anden,_Antisana_a_Cotopaxi.JPG">Cayambe at lb.wikipedia, via Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les images évoquées par le réchauffement global des températures et ses conséquences sont souvent celles de la fonte des calottes glaciaires et de la banquise dans les zones polaires ou bien celles du retrait des glaciers en haute montagne. Mais ceci n’est que la partie visible de l’iceberg.</p>
<p>La partie cachée de l’iceberg renvoie à la grande migration silencieuse des espèces qui sont « en marche » <a href="https://www.nature.com/articles/21181">vers les pôles en latitude</a> et <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1156831">vers les sommets en altitude</a>. Mais à quelle vitesse ces espèces migrent-elles ? Quelles sont les espèces qui migrent le plus rapidement ? Migrent-elles assez vite pour retrouver un environnement qui leur est clément ? Quels sont les défis que pose cette redistribution des espèces pour nos sociétés ?</p>
<p>En analysant la vitesse de déplacement des aires de répartition de plus de 12000 espèces, nous avons montré que ce sont les espèces marines qui font la course en tête, se déplaçant <a href="https://www.nature.com/articles/s41559-020-1198-2">jusqu’à six fois plus vite</a> vers les pôles que leurs congénères terrestres, dont les déplacements se font principalement vers les sommets des montagnes.</p>
<p>Ces différences interrogent sur les conséquences et les défis associés à un complet remaniement de la biodiversité marine et terrestre dont nous dépendons toutes et tous <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aai9214">pour notre alimentation et notre santé</a>.</p>
<h2>Dans les pas d’Humboldt</h2>
<p>Le retrait de la limite des glaces vers les pôles, en latitude, et vers les sommets des montagnes, en altitude, est la manifestation visible et tangible de la migration d’une ligne invisible qui relie les lieux où la température moyenne annuelle de l’air est proche de zéro : l’isotherme 0 °C.</p>
<p><a href="https://ecoevocommunity.nature.com/posts/the-isotherms-race-upslope-in-elevation-and-poleward-in-latitude">Le concept d’isotherme</a> a été introduit pour la première fois par le père de la climatologie et de la biogéographie moderne : l’illustre naturaliste, explorateur et géographe allemand <a href="https://www.nature.com/articles/s41559-019-0980-5">Alexander von Humboldt</a> (1769-1859). C’est en 1817, à Paris, qu’Humboldt dessina, devant une assemblée de confrères, le premier croquis illustrant ce concept.</p>
<p>Au sommet des montagnes, l’isotherme qui sépare le royaume des glaces de celui des vivants est bien visible. Mais peut-être avez-vous aussi remarqué que sous cette limite des neiges éternelles se succèdent d’autres limites altitudinales, comme celle des arbres ! Ainsi, l’étage des prairies alpines, où aucun arbre ne pousse, surplombe l’étage des forêts de conifères qui lui-même surplombe celui des forêts de feuillus. Ces ceintures de végétation, dont les limites suivent souvent les contours des isothermes, se succèdent également en latitude depuis l’équateur vers les pôles.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481104/original/file-20220825-16-x3slpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Woodbridge isothermal chart.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Woodbridge_isothermal_chart3.jpg">William Channing Woodbridge (Cartographer), Alexander von Humboldt (Author). Restoration by Jujutacular and Durova., Via Wikimedia</a></span>
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<p>C’est Humboldt qui, le premier, va faire ce lien entre étagement de la végétation et distribution des isothermes. C’est le fruit de cinq années d’observations dans les montagnes andines, en Équateur, dans le cadre d’une expédition scientifique hors norme qu’il a entamé en 1799 avec son compagnon, le botaniste français Aimé Bonpland.</p>
<p>En marchant dans les pas de leurs illustres prédécesseurs sur les flancs du volcan Antisana, une équipe de scientifiques a publié en 2019 une <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1904585116">étude</a> qui montre que plusieurs des espèces végétales andines inventoriées pour la première fois en 1799-1804 sont remontées en altitude, comme le <em>Senecio nivalis</em>, une espèce endémique du páramo dont l’altitude maximale est remontée de 240 mètres en 215 ans.</p>
<p>L’attribution de cette expansion au seul effet du réchauffement climatique global est certes présomptueuse car de nombreux changements se sont opérés en deux siècles. Néanmoins, l’influence du réchauffement climatique actuel sur la migration des isothermes en altitude ne peut être exclue car elle concorde avec l’expansion altitudinale de plusieurs espèces emblématiques du páramo.</p>
<h2>La course aux isothermes</h2>
<p>Au cours des dernières décennies les plus chaudes, certaines espèces animales et végétales ont migré plus ou moins rapidement vers les sommets en montagne, comme le gaillet à feuilles rondes dont le barycentre de la distribution altitudinale est remonté de 50 m par décennie <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1156831">dans les montagnes françaises</a> ou la souris à poche de Californie dont la limite altitudinale supérieure est remontée de 90 m par décennie <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1163428">dans les montagnes californiennes</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=717&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=717&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=717&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=901&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=901&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481105/original/file-20220825-26-u2cyue.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=901&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le gaillet à feuilles rondes, dont la distribution dans les montagnes a évolué en une décennie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Galium_rotundifolium_2006.07.06_15.02.45-p7060182.jpg">Michael Becker/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>D’autres espèces ont migré vers le pôle Nord plus ou moins rapidement, comme le bourdon froid dont la limite de distribution sud a migré à une vitesse de 330 km par décennie en <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aaa7031">Amérique du Nord</a> tandis que le barycentre de la distribution du homard américain n’est remonté que de 68 km par décennie le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1239352">long des côtes canadiennes</a>.</p>
<p>Mais est-ce que ces vitesses de migration sont suffisantes pour suivre la course effrénée des isothermes ? Avec l’aide de six collègues spécialistes des milieux marins, terrestres et aquatiques d’eaux douces, nous avons analysé 30534 observations de migration, toutes extraites de la littérature scientifique, en fonction de la vitesse de déplacement des isothermes en latitude et en altitude dans la zone géographique et au cours de la période couverte par chaque observation. Ces données sont disponibles dans la base de données <a href="https://doi.org/10.6084/m9.figshare.7413365.v1">« BioShifts »</a>, qui regroupe 12415 espèces.</p>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/s41559-020-1198-2">Nos résultats</a> montrent que ce sont les espèces marines qui migrent le plus vite vers les pôles : jusqu’à 59 km par décennie, en moyenne, soit six fois plus vite que les espèces terrestres qui semblent surtout migrer en altitude, à raison de 18 m par décennie, en moyenne. Plus important, les espèces marines semblent suivre la vitesse à laquelle les isothermes migrent vers les pôles, notamment dans les eaux les plus chaudes du globe, au niveau de la zone intertropicale.</p>
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<p>Sur terre, en revanche, nous avons montré que les activités humaines (urbanisme, agriculture, sylviculture) qui fragmentent et isolent les habitats naturels, surtout en plaine, entravent la redistribution des espèces animales et végétales vers les pôles. En montagne, même si l’impact des activités humaines est réduit et que les isothermes sont plus rapprochés, la vitesse de migration des espèces reste inférieure à la vitesse de migration des isothermes qui est deux fois plus rapide (40 m par décennie en moyenne).</p>
<h2>Conséquences et défis pour la société humaine</h2>
<p>La différence de vitesse de migration entre espèces marines et terrestres suggère un <a href="https://www.nature.com/articles/s41559-020-1191-9">découplage</a> des trajectoires de réponse de la biodiversité entre ces deux milieux. En mer et dans les océans, une rapide redistribution des espèces qui composent la ressource halieutique issue de la pêche implique des conflits économiques et géopolitiques potentiels entre pays voisins qui se partagent cette ressource.</p>
<p>Certains pays seront gagnants sur le plan de l’économie générée par l’activité de pêche, avec l’arrivée, dans leurs zones de pêche, de nouvelles espèces commercialisables en provenance d’eaux plus chaudes. À l’inverse, certains pays vont voir disparaître cette ressource commerciale qui fuit les eaux devenues trop chaudes et seront donc perdants sur le plan économique.</p>
<p>Sur terre, le <a href="https://www.nature.com/articles/nature10548">retard de réponse</a> ou la <a href="https://www.nature.com/articles/ncomms12643">« dette climatique »</a> qui se creuse entre la vitesse de redistribution des espèces animales et végétales et la vitesse à laquelle le climat se réchauffe implique non seulement des freins au déplacement qui sont plus fort qu’en milieu marin mais aussi l’existence de microhabitats ou « géocaches » plus nombreuses. En forêt notamment, certaines géocaches peuvent procurer des abris ou <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ecog.02788">« microrefuges »</a> plus ou moins bien isoler des fluctuations de la température extérieure et favoriser, localement, la survie de certaines populations.</p>
<p>Cependant, le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/geb.13312">creusement de la dette climatique</a> interroge quant à la capacité d’adaptation des espèces terrestres face au réchauffement attendu pour le XXI<sup>e</sup> siècle. Faut-il avoir une politique proactive de migration assistée ? Ou bien est-t-il préférable d’opter pour une politique de réhabilitation des trames vertes et bleues pour améliorer la connectivité des habitats naturels ? Dans un avenir incertain et pour limiter les risques potentiels, mais réels, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10530-015-1025-x">d’invasions biologiques</a>, on préféra la seconde option.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189017/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jonathan Lenoir ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les images évoquées par le réchauffement global des températures sont souvent celles de la fonte des calottes glaciaires. Mais un autre phénomène est aussi en marche : la redistribution du vivant.Jonathan Lenoir, Senior Researcher in Ecology & Biostatistics (CNRS), Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1781302022-03-02T15:17:19Z2022-03-02T15:17:19ZL’armée russe reprend possession de la centrale nucléaire de Tchernobyl : la recherche sur la radioactivité et la faune menacée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/449566/original/file-20220302-12454-10znadx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4150%2C2924&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un renard erre dans la ville déserte de Pripiat, à trois kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, en 2016.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Sergei Chuzavkov)</span></span></figcaption></figure><p>Dès le début de l’invasion russe en Ukraine, les deux gouvernements ont déclaré que <a href="https://www.washingtonpost.com/world/2022/02/24/ukraine-russia-chernobyl-risk/">l’armée russe avait pris le contrôle de la centrale nucléaire désaffectée de Tchernobyl</a>, site de la pire catastrophe nucléaire sur la planète. Par Twitter, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a dit <a href="https://twitter.com/MFA_Ukraine/status/1496862655612661769">redouter une catastrophe écologique</a>.</p>
<p>C’est ici qu’un <a href="https://www.iaea.org/newscenter/focus/chernobyl/faqs">réacteur nucléaire de la centrale située a explosé le 26 avril 1986</a>. Pendant dix jours, l’incendie a craché un panache radioactif qui s’est répandu de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/BF02943039">l’Irlande</a> à la <a href="https://www.upi.com/Archives/1996/07/24/Post-Chernobyl-cancer-rate-up-in-Greece/8942838180800/">Grèce</a>. Les environs immédiats du réacteur, évacués depuis 36 ans, sont désormais au centre d’une zone d’exclusion de près de 3 000 km<sup>2</sup>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une photo en noir et blanc montrant une vue aérienne d’un site industriel endommagé" src="https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448697/original/file-20220226-42065-1lacvwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La centrale nucléaire de Tchernobyl dévastée par l’explosion et l’incendie du réacteur 4, le 26 avril 1986. Un abri recouvre désormais le réacteur afin de contenir la radioactivité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Volodymyr Repik)</span></span>
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<p>L’accès à la zone d’exclusion de Tchernobyl est strictement contrôlé. L’armée ukrainienne ne laisse passer que les scientifiques et les amateurs de tourisme macabre – dit <a href="https://theconversation.com/le-jour-j-et-la-popularite-grandissante-du-tourisme-noir-118303">tourisme noir</a>.</p>
<p>J’ai visité la zone six fois, la dernière en 2018, pour étudier l’impact à long terme des radiations à faible dose sur la faune – dont les effets chez l’humain et les animaux sont préoccupants et controversés. Cette incertitude est largement due à la difficulté de travailler sur des zones contaminées, ainsi qu’à la variabilité et à la complexité des écosystèmes. L’incertitude scientifique conduit naturellement à se demander à qui faire confiance.</p>
<h2>Des niveaux de radiations élevées, mais contrôlées</h2>
<p>À Tchernobyl, la faune pullule en l’absence d’humains. Des forêts denses ont poussé, abritant lynx, bisons, cerfs. Les loups et les <a href="https://theconversation.com/le-mystere-des-chevaux-sauvages-de-tchernobyl-137555">chevaux de Przewalski</a>, jadis en voie d’extinction en raison de la chasse et de la gestion des terres, ont été réintroduits et prolifèrent.</p>
<p>La perspective de voir des armées lourdement équipées, de chars notamment, traverser un écosystème aussi contaminé par endroits n’est guère réjouissante. Des <a href="https://www.saveecobot.com/en/radiation-maps#15/51.3925/30.1060/gamma/comp+cams+fire">pics de radiations ont déjà été signalés</a>, sans doute provoqués par les lourds engins militaires qui labourent le sol contaminé.</p>
<p>L’Agence internationale de l’énergie atomique a déclaré le 25 février que les <a href="https://www.iaea.org/fr/newscenter/pressreleases/mise-a-jour-declaration-du-directeur-general-de-laiea-sur-la-situation-en-ukraine">niveaux de radiations, plutôt faibles, ne présentaient pas de danger pour le public</a>. Mais avec des combats intenses dans le voisinage, il existe un risque réel qu’une frappe accidentelle sur l’abri en béton vienne répandre les radiations qui s’échappent encore du cœur du réacteur.</p>
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<img alt="Vue aérienne d’une forêt avec des routes et une grande structure incurvée en arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448757/original/file-20220227-95421-1cohlql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les terres et forêts entourant la centrale nucléaire de Tchernobyl restent hautement contaminées. En arrière-plan, l’abri recouvrant le réacteur endommagé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Carmel Mothersill)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Les risques pour la santé des personnes et des écosystèmes sont difficiles à estimer. En hiver, la plupart des espèces végétales et animales sont peu actives, hibernent ou ont migré au sud. Au printemps, il est probable que les niveaux élevés de radiations causés par le mouvement des véhicules auront diminué.</p>
<p>Il est à souhaiter que les soldats russes ne fassent que traverser la zone, <a href="https://www.reuters.com/world/europe/why-russia-ukraine-are-fighting-chernobyl-disaster-site-2022-02-25/">qui offre la voie la plus rapide entre le Bélarus et Kiev</a> – sauf pour l’éventuel détachement russe qui assurera la sécurité de la zone, à l’instar des Ukrainiens avant eux. La Russie, elle-même sévèrement contaminée par la catastrophe, fera certainement preuve d’une extrême prudence.</p>
<h2>Effets des radiations chroniques</h2>
<p>La région est l’un des rares sites au monde où les scientifiques peuvent mesurer sur le terrain les effets d’une exposition prolongée sur la faune et la flore. Mon équipe <a href="https://www.exphem.org/article/S0301-472X(07)00032-X/fulltext">s’intéresse aux effets des expositions prolongées à des radiations à faible dose</a>. Nous cherchons également à voir comment ces effets se transmettent entre les générations.</p>
<p>Avant la pandémie, nous étions intégrés au sein d’une équipe multidisciplinaire qui surveillait la population de campagnols sauvages, pour mesurer les niveaux de radioactivité et son effet sur la santé – anémie, cancer, cataracte ou immunodéficience. Les niveaux de radiations dans la région sont très variables, mais certains campagnols ont subi des taux de radiations 40 fois plus élevés que des spécimens témoins non exposés.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une table près d’une fenêtre, sur laquelle sont posés des tubes à essai, des verres et des carnets de notes" src="https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448756/original/file-20220227-95421-gu21m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le laboratoire de culture tissulaire improvisé de l’auteure dans une maison abandonnée de la zone d’exclusion de Tchernobyl.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Carmel Mothersill)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Et pourtant, malgré tout ce travail, le lien entre les anomalies détectées et les radiations à faible dose demeure incertain. C’est que l’environnement présente d’autres facteurs de stress – prédateurs, parasites, maladies et famine.</p>
<p>L’effet sur la santé des radiations à faible dose dans les écosystèmes demeure donc sujet à controverse. <a href="https://sc.edu/study/colleges_schools/artsandsciences/biological_sciences/our_people/directory/mousseau_timothy.php">Tim Mousseau</a>, biologiste à l’Université de Caroline du Sud, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301479718305541?via%3Dihub">signale de multiples anomalies chez diverses espèces</a>. Et Rosa Goncharova, généticienne des radiations à l’Institut de génétique et de cytologie de l’Académie nationale des sciences du Bélarus, constate que les <a href="https://www.nmbu.no/sites/default/files/pdfattachments/ryabokon_-_transgenerational_accumulation.pdf">descendants des animaux exposés aux radiations à forte dose en 1986 continuent de présenter de nombreuses anomalies chromosomiques</a>.</p>
<p>Mais d’autres ne trouvent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0265931X19306496?via%3Dihub">aucune preuve de tels effets</a>, dont Mike Wood, spécialiste de l’environnement à l’Université de Salford, au Royaume-Uni, et Nick Beresford, radioécologue à l’Institut d’hydrologie et d’écologie de l’Université de Lancaster, dans le même pays.</p>
<h2>L’énergie nucléaire et les risques pour la faune</h2>
<p>Nous analysons toujours nos dernières données, recueillies à Tchernobyl en 2018. Les résultats préliminaires, qui révèlent une énorme variation individuelle, ne démontrent aucune corrélation claire et statistiquement significative entre l’état de santé et la dose de radiations. Selon nous, on ne peut avoir de certitude sur les effets des radiations à faible dose parce que d’autres facteurs naturels, telles la prédation et la maladie, brouillent les résultats. Cela ne veut pas dire qu’elles sont sans effet, mais il n’est pas possible de faire une typologie des effets en fonction du niveau de radiation.</p>
<p>Cette controverse sur l’interprétation des résultats présente un enjeu considérable et devra être résolue. De nombreux pays envisagent de relancer la production d’énergie nucléaire grâce à de petits réacteurs modulaires installés dans des zones reculées. Étant donné qu’il faudra gérer le risque d’accident nucléaire en plus de ceux associés à l’extraction de l’uranium, à la fabrication du combustible, et au traitement des déchets radioactifs, il faut pouvoir mieux connaître les risques pour la faune sauvage.</p>
<p>L’étude dans ce vaste laboratoire qu’est la zone d’exclusion de Tchernobyl demeure donc vitale, et il faudra reconnaître qu’il sera difficile d’y travailler sans les connaissances et le savoir-faire de collaborateurs ukrainiens, tant sur le terrain que dans les laboratoires, mais aussi dans les aspects logistiques et réglementaires. Nul ne sait ce qu’il adviendra de ces collaborations qui durent depuis des années.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178130/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carmel Mothersill reçoit des fonds du CRSNG et du Candu Owner's Group (subvention d'alliance) pour étudier les effets de l'exposition à de faibles doses de rayonnement sur la faune.</span></em></p>Les véhicules militaires lourds peuvent soulever de la terre radioactive autour de Tchernobyl, et les combats à proximité risquent d’endommager l’abri en béton contenant le réacteur.Carmel Mothersill, Professor and Canada Research Chair in Environmental Radiobiology, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1560072021-10-27T20:41:34Z2021-10-27T20:41:34ZPourquoi les chiens sont-ils interdits en Antarctique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/386207/original/file-20210224-23-1rs0bxu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C4724%2C3132&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les chiens ont aussi été les meilleurs amis des explorateurs des pôles. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/beautiful-siberian-huskies-dog-sledding-competition-1006205260">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Pôle Sud (Antarctique) ou pôle Nord (Arctique) ?</p>
<p>Outre la géographie, l’un des éléments de différenciation de ces deux espaces repose sur les espèces, indigènes et exogènes, qui s’y trouvent : aucun pingouin ne foule en effet les glaces antarctiques, seul le manchot s’y déplace de sa démarche chaloupée ; l’ours polaire, symbole d’un changement climatique dont les pôles sont les témoins privilégiés, ne s’observe lui qu’en Arctique.</p>
<p>Et les chiens ? Le fameux Husky sibérien, ou Husky de l’Arctique, n’a pas de cousin en Antarctique. Mais si aucun canidé n’est indigène au continent austral, peut-il y être introduit ? Il l’a en tout cas été par le passé.</p>
<h2>Aux côtés de Roald Amundsen et de Jean-Louis Étienne</h2>
<p>En Antarctique, le chien a été le meilleur ami des explorateurs et on l’associe souvent à <a href="https://sites.google.com/site/peternobletalks/dog-days-on.ice">l’âge d’or</a> (1897-1922) des expéditions d’exploration au pôle Sud. Parmi les plus fameux explorateurs, les Britanniques Ernest <a href="https://www.editionsdurocher.fr/livre/fiche/sir-ernest-shackleton-9782268086118">Shackleton</a> et Robert <a href="https://www.cairn.info/trois-marins-pour-un-pole--9782759203628-page-43.htm">Scott</a> avaient ainsi choisi d’employer des chiens et des poneys pour tirer les traîneaux.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428220/original/file-20211025-19-869h25.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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<p>Les chiens auraient également joué un rôle vital dans l’atteinte du pôle Sud par le Norvégien <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-02692-9_41">Roald Amundsen</a> (1911). Plus récemment, Jean-Louis Étienne organisait la <a href="https://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-philippe-legrand/jean-louis-etienne-transantarctica-etait-une-ouverture-sur-le-monde-3917157">« Transantarctica »</a> en 1989-1990, traversant le continent austral à skis et en traîneaux à chiens.</p>
<p>Mais l’époque de l’organisation d’expéditions en Antarctique avec des chiens comme moyen de locomotion est aujourd’hui révolue.</p>
<h2>Protéger la faune et la flore australes</h2>
<p>En 1991, les États choisissent de renforcer les règles du <a href="https://documents.ats.aq/keydocs/vol_1/vol1_2_AT_Antarctic_Treaty_f.pdf">Traité sur l’Antarctique</a> en matière de protection de l’environnement (Washington, 1959) au sud du soixantième degré de latitude Sud. Le Protocole au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement (<a href="https://www.ats.aq/f/protocol.html">Protocole de Madrid</a>) est adopté : l’Antarctique devient une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science.</p>
<p>Le Protocole vient en réalité renforcer un dispositif ancien qui s’était progressivement étoffé. Depuis <a href="https://www.ats.aq/devAS/Meetings/Measure/35?lang=f&id=35">1964</a>, l’introduction d’espèces exogènes est en effet exclue. Cette interdiction ne concernait cependant pas les chiens de traîneau. Plus encore, il était prévu qu’ils pouvaient « être introduits » et que des permis pouvaient être octroyés « pour fournir les aliments indispensables aux hommes et aux chiens dans la zone du Traité, en quantité limitée et en conformité avec les principes et les objectifs ».</p>
<p>L’exception, au profit des chiens, au principe de l’interdiction d’introduction d’espèces exogènes se justifiait par le fait qu’à l’époque les technologies au service du transport étaient encore peu développées.</p>
<p>Si leur entrée en Antarctique était envisageable, elle était toutefois conditionnée : non seulement un permis autorisant leur entrée devait avoir été obtenu au préalable, mais les chiens devaient être vaccinés contre différentes maladies (l’hépatite canine contagieuse, la rage, la leptospirose…) avant d’entrer dans la zone du Traité sur l’Antarctique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Vidéo sur la faune de l’Antarctique (National Geographic, 2018).</span></figcaption>
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<p>Avec l’évolution des technologies, les chiens ont peu à peu laissé la place aux engins motorisés. Les risques que comportait leur présence pour le milieu naturel ont d’autre part été davantage soulignés. Il a été rappelé que des phoques avaient été utilisés pour les <a href="https://www.jstor.org/stable/24052392?seq=1">nourrir</a>, qu’ils <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.2752/175303712X13240472427519">risquaient</a> de se détacher, d’errer sur le continent et d’attaquer la faune, qu’ils la menaçaient en développement la maladie de Carré, affection virale très contagieuse pouvant être transférée à d’autres espèces (phoques).</p>
<p>Les auteurs du Protocole de Madrid ont alors choisi d’exclure les chiens de l’Antarctique.</p>
<h2>Une nouvelle distinction pour le continent austral</h2>
<p>Depuis le <a href="https://www.ats.aq/f/protocol.html">Protocole de Madrid</a> « aucune espèce animale ou végétale non indigène de la zone du Traité sur l’Antarctique n’est introduite sur le continent ou sur la plate-forme glaciaire ou dans les eaux de cette zone » sauf si un permis préalable été accordé à cette <a href="https://uptv.univ-poitiers.fr/program/les-animaux/video/51257/des-empereurs-et-des-intrus-la-protection-de-contre-la-faune-en-antarctique/index.html">fin</a>.</p>
<p>Le principe vient d’ailleurs d’être réaffirmé dans la <a href="https://atcm43paris.fr/declaration-de-paris-43e-rcta">Déclaration de Paris</a>, adoptée lors de la dernière <a href="https://theconversation.com/la-reunion-consultative-du-traite-sur-lantarctique-a-paris-priorite-a-lenvironnement-162286">réunion consultative au Traité sur l’Antarctique</a> en juin 2021, dans laquelle les États ont « réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs efforts pour protéger la faune et la flore indigènes, y compris en empêchant l’introduction d’espèces non indigènes ».</p>
<p>Si un permis peut être accordé pour déroger à cette règle, les chiens sont toutefois exclus d’une telle possibilité. Quant à ceux qui s’y trouvaient, ils ont dû tous être évacués au 1<sup>er</sup> avril 1994.</p>
<p>Depuis le Protocole de Madrid, les chiens sont donc exclus du continent antarctique et des plates-formes glaciaires. Le continent austral marque ainsi une nouvelle différence par rapport à la région arctique, où les chiens de traîneau ont droit de cité.</p>
<h2>Des risques multiples</h2>
<p>Les États doivent toutefois rester attentifs aux comportements de leurs ressortissants. En Norvège, les autorités nationales ont ainsi été saisies de plusieurs demandes d’introduction de chiens <a href="https://docest.com/use-of-dogs-in-the-context-of-a-commemorative-centennial-expedition">dans le cadre du centenaire de la première expédition ayant atteint le pôle Sud</a>.</p>
<p><a href="https://ir.canterbury.ac.nz/handle/10092/14047">Certains</a> regrettent cette interdiction absolue et rappellent que l’emploi de chiens représentait un mode de transport soutenable et moins dommageable en matière de l’environnement que n’importe quel mode de transport employé depuis.</p>
<p>Comme l’a d’autre part souligné <a href="https://journals.openedition.org/teoros/173">Alain Grenier</a>, spécialiste des croisières et du tourisme polaire, ce dernier « trouve sa distinction dans l’inusité, par exemple le moyen de transport utilisé (le traîneau à chiens) ». On pourrait très bien imaginer que des tour-opérateurs peu scrupuleux cherchent à se démarquer de leurs concurrents et offrent de nouvelles formes de tourisme en s’inspirant d’expéditions anciennes…</p>
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<figcaption><span class="caption">Vidéo sur le tourisme en Antarctique. (TV5 Monde Info, 2019).</span></figcaption>
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<p>Certains pourraient également être tentés de faire voyager à bord de leur navire des espèces exogènes. En février 2018, un skipper est ainsi parti sillonner les mers du globe… en embarquant une poule à bord de son voilier. Il lui a été <a href="https://view.officeapps.live.com/op/view.aspx">rappelé avec force</a> que, tout comme les chiens, les volatiles vivants sont interdits dans la zone antarctique.</p>
<p>Ni chien, ni poule donc en Antarctique. Mais des pétrels, des skuas, des phoques… et des manchots empereurs, particulièrement sensibles aux effets du réchauffement climatique, tout comme leurs voisins lointains, à l’autre bout du globe, les ours polaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156007/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le Traité international sur le continent du pôle Sud interdit depuis 30 ans l’introduction de toute « espèce animale ou végétale non indigène ».Anne Choquet, Enseignante chercheure en droit, laboratoire Amure (UBO, Ifremer, CNRS), Université de Bretagne occidentale Florian Aumond, Maître de conférences en droit public, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1633782021-07-01T20:05:10Z2021-07-01T20:05:10ZArchéologie : une immersion dans la préhistoire à Tautavel grâce à la réalité virtuelle et à l’intelligence artificielle<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/409256/original/file-20210701-19-q9nxrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C1%2C1202%2C600&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une plate-forme permet de simuler l’environnement préhistorique de la vallée de Tautavel au cours d’un épisode glaciaire il y a 550&nbsp;000&nbsp;ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Pouvoir se promener dans une grotte habitée il y a plus de 500 000 ans, visualiser les restes d’une occupation humaine puis sortir dans la vallée qui la borde pour observer la faune et la flore de cette époque : voilà le rêve des archéologues du site de Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales.</p>
<p>Aujourd’hui, ce rêve devient presque réalité avec le projet <a href="http://schopper-anr.org">Schopper</a> porté par l’Agence nationale de la recherche. Autour de celui-ci gravitent cinq partenaires français : trois laboratoires (<a href="https://hnhp.mnhn.fr">CERP-HNHP</a>, <a href="https://ceros.parisnanterre.fr/">CEROS</a> et <a href="https://www.lix.polytechnique.fr/">LIX</a>) et deux entreprises (<a href="https://www.craft.ai/">Craft.AI</a> et <a href="https://immersion.tools/fr/">Immersion Tools</a>) qui créent ensemble des solutions technologiques novatrices appliquées à la recherche en archéologie.</p>
<p>Ce projet nous a permis d’aboutir notamment à une technologie générant les paysages de la vallée de Tautavel fréquentée par les hommes préhistoriques au cours de périodes climatiques contrastées (glaciaire et interglaciaire), entre 600 000 ans et 90 000 ans avant le présent.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/559033473" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>La simulation est alimentée par les paramètres climatiques (température, humidité) obtenus par des modèles de <em>machine learning</em> (apprentissage automatique) appliqués aux périodes passées. Elle permet de positionner les espèces végétales selon leurs aptitudes écologiques et les animaux qui se déplacent et se nourrissent en fonction des ressources disponibles et de leur éthologie.</p>
<p>Associé au développement de l’ensemble de la vallée en 3D immersif, le résultat offre aujourd’hui aux chercheurs archéologues la possibilité de se déplacer à l’échelle 1 :1 dans la vallée afin d’apprécier le relief du terrain et les distances, la densité du couvert végétal, les zones de franchissement de barrières naturelles, de regroupement et de passage des animaux. Autant de repères importants pour appréhender la mobilité des chasseurs-cueilleurs. Il est également possible d’observer des dispositions de flores dont les pollens ont été retrouvés fossilisés dans la grotte, ou encore de suivre l’évolution du paysage.</p>
<h2>54 ans de fouilles</h2>
<p>À l’origine de cette reconstitution virtuelle, on retrouve « Schopper », un simulateur qui permet de tester des hypothèses sur l’environnement et les comportements des hommes préhistoriques dans un environnement immersif reconstitué. Le principe est dans un premier temps d’apprendre des données archéologiques, pour ensuite formuler des hypothèses sur le comportement ou sur l’environnement, et enfin observer les mécanismes et impacts de ces hypothèses dans l’environnement reconstitué.</p>
<p>Ce simulateur est le résultat de deux plates-formes en interaction.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=667&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=667&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/409286/original/file-20210701-21-1vtyqk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=667&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Deux plates-formes interagissent pour explorer la faune et la flore avoisinant la grotte de Tautavel. La vallée au cours d’un interglaciaire il y a 500 000 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>La première repose sur la base de données du laboratoire de recherche en préhistoire situé à Tautavel, en charge de la fouille du site pilote du projet, la <a href="https://archeologie.culture.fr/france/fr/a-propos/tautavel-caune-arago">Caune de l’Arago</a>. Ce gisement du paléolithique inférieur d’intérêt mondial a livré, entre autres, les plus vieux fossiles humains sur le territoire français.</p>
<p>Grâce aux travaux du préhistorien Henry de Lumley, le CERP a constitué une base de données qui mémorise 54 ans de fouilles avec une méthodologie structurée. Elle contient près de 500 000 objets (ossements d’animaux, industries lithiques…), correspondant à une cinquantaine de moments d’occupation de la grotte, ainsi que des prélèvements (sédiments, pollens…).</p>
<p>Pour exploiter cette base de données, Craft.AI, start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA), a développé pour Schopper un moteur qui permet de tester des hypothèses scientifiques. Il est ainsi possible d’interroger par exemple la durée des périodes d’occupation de la grotte, la fonction qu’elle avait pour les hommes du passé, mais aussi les conditions climatiques.</p>
<p>La deuxième plate-forme est réalisée par l’équipe d’Immersion Tools, spécialisée dans l’intégration d’outils de présentation visuelle innovants. Elle offre aux archéologues la possibilité d’interagir en réalité virtuelle, en immersion, avec la base de données dans la grotte modélisée en 3D comme le montre l’animation ci-dessous.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/558944507" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Chaque objet est matérialisé par un parallélépipède de couleur correspondant à sa nature. Leur position spatiale au moment de leur découverte à la fouille, leur orientation et leur inclinaison sont respectées. Les chercheurs ont accès à une palette d’outils leur permettant de mesurer les distances entre les objets, d’afficher des scans 3D ou le carroyage, ou encore de se déplacer en suivant les mouvements du corps ou par « téléportation ».</span></figcaption>
</figure>
<h2>Deux approches pour entraîner l’IA</h2>
<p>Pour fonctionner, un outil d’IA a besoin d’apprendre. Quand il s’agit d’un apprentissage supervisé, comme c’est le cas de Schopper, il faut lui donner des données « étiquetées », associant par exemple un ensemble de restes de flore et de faune avec un certain climat.</p>
<p>Deux difficultés majeures se présentent ici en archéologie. Tout d’abord, le volume de données est faible. Les données proviennent de plusieurs disciplines académiques et sont donc assez hétérogènes. Elles restent de plus difficiles à interpréter : comme personne n’était là il y a 400 000 ans pour savoir s’il faisait chaud ou froid, il paraît difficile de savoir dans quelles conditions climatiques se développait une plante dont nous retrouvons un fossile de pollen.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1229868797949087751"}"></div></p>
<p>Nous avons donc dû <a href="https://aim.asso.fr/fr/connexion/?to=%2Ffr%2Fespace-membre%2Factes-conferences%2Fid-1427">adapter les modes d’entraînement de l’IA</a> à ces contraintes spécifiques de l’archéologie. Le premier mode d’entraînement proposé dans Schopper repose ainsi sur l’« actualisme » : il s’agit d’admettre que ce qui se passe maintenant est similaire à ce qui se passait il y a longtemps (dans certains cas). Cela nous permet d’avoir accès à un plus grand volume de données en enrichissant les données préhistoriques avec des données actuelles.</p>
<p>On suppose par exemple que le renne chassé par l’homme de Tautavel il y a 450 000 ans possède la même écologie que le renne actuel. Cela revient à émettre l’hypothèse qu’il vivait sous un climat relativement froid dans des régions arctiques ou subarctiques. Le chêne vert, dont les grains de pollens sont prélevés dans certains niveaux de la Caune de l’Arago, devrait, lui, rester typique du cortège méditerranéen actuel, thermophile et résistant à la sécheresse.</p>
<p>Pour la faune, nous nous référons notamment à une importante <a href="https://www.worldwildlife.org/pages/wildfinder-database">base de données WWF</a> listant les espèces de vertébrés de l’ensemble des écorégions du globe. Celles-ci représentent autant de points de données nourrissant l’apprentissage en associant aux animaux les caractéristiques de leur environnement. Ce peut être le <a href="https://www.geo.fr/environnement/ecosysteme-quest-ce-quun-biome-193899">biome</a> terrestre, une valeur de température moyenne annuelle, ou encore un total des précipitations en millimètres sur l’année.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408155/original/file-20210624-27-1kw31j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">D’après l’IA, les thèses des experts ne reposent pas toujours exactement sur les arguments qu’ils énoncent.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Le deuxième mode utilisé a pour point de départ des « dires d’experts ». Un archéologue selon sa spécialité va par exemple déduire d’un ensemble de données que les hommes à une certaine date n’avaient résidé que brièvement dans la grotte.</p>
<p>L’IA vient alors interroger les mêmes éléments pour identifier ceux qui ont poussé, d’après elle, le chercheur à donner cet avis. Il peut d’ailleurs arriver que l’algorithme déduise que les variables décisives dans la décision finale diffèrent de celles énoncées par l’expert dans ses articles.</p>
<h2>Exploitation des modèles</h2>
<p>Une fois ainsi les données préparées, débute une série d’aller-retour qui visent à identifier les paramètres optimaux. Elle est entrecoupée d’étapes de validation permettant de déterminer la qualité de l’apprentissage du modèle ainsi que son pouvoir de généralisation. En ce sens, le machine learning suit le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Ockham">principe du rasoir d’Ockham</a> où une modélisation plus simple est préférée à une explication trop complexe.</p>
<p>Les modèles se voient enfin appliqués pour comprendre, dans la région de la Caune de l’Arago et à différentes époques, le biome, le type de climat, la température, la quantité de précipitations ou la durée d’occupation et la fonction du site.</p>
<p>Des <a href="https://www.lemonde.fr/blog/binaire/2021/02/19/algorithmes-decisionnels-expliquer-nest-pas-justifier/">algorithmes d’explication</a> tels que SHAP sont par ailleurs utilisés afin de comprendre comment un modèle aboutit à une décision et pas une autre. Cela permet notamment aux archéologues qui ne sont pas experts en machine learning d’appréhender les processus décisionnels mis en œuvre dans les modèles qu’ils utilisent.</p>
<p>Reste maintenant à approfondir le traitement par le modèle de ce qui touche aux comportements de nos ancêtres. Cela se heurte malheureusement aux difficultés d’établir des référentiels solides d’apprentissage avec peu de données sur des périodes aussi anciennes. Le consortium du projet travaille néanmoins sur de nouvelles pistes techniques pour améliorer la performance de l’IA et ajouter de l’immersion par le son. Ce sera la suite des développements de Schopper.</p>
<hr>
<p><em>Ce papier a été rédigé avec Philippe Carrez, fondateur d’Immersion-Tools, et Matthieu Boussard, ingénieur Recherche et Développement chez Craft.AI, deux partenaires du projet Schopper</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163378/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le projet Schopper a été financé par l'ANR : Projet-ANR-16-CE38-0007.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Le projet Schopper a reçu des financements de l'ANR.</span></em></p>Le projet Schopper a reconstitué numériquement l’environnement des hommes préhistoriques qui fréquentaient le site des Pyrénées-Orientales il y a 550 000 ans.Nicolas Boulbes, Ingénieur d'études en paléontologie & archéozoologie, Université de PerpignanBernard Quinio, MCF en système d'information, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresSophie Grégoire, Maître de conférences en Préhistoire, Université de PerpignanLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1630612021-06-21T18:37:50Z2021-06-21T18:37:50ZCompter les mammifères, les oiseaux et les bousiers pour protéger l’Amazonie<p>L’Amazonie compte pour environ <a href="https://rainforests.mongabay.com/amazon/">50 % de toutes les forêts tropicales existantes</a> sur la planète ; elle abrite plus de <a href="https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1523-1739.2005.00705.x">400 espèces de mammifères, 1700 espèces d’oiseaux</a> et un nombre indéterminé d’espèces d’insectes qui se comptent par millions. </p>
<p>Elle est aussi vitale pour maintenir la vie sur Terre, les forêts amazoniennes atténuant le changement climatique en captant autour de 560 millions de tonnes de carbone par an et en aidant l’agriculture par la <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-018-0177-y">stimulation des précipitations</a> à des échelles locales et continentales.</p>
<h2>Des espaces indispensables et menacés</h2>
<p>La forêt amazonienne et son immense biodiversité disparaissent à un rythme alarmant, lié à la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0264837720325333?dgcid=author">production et l’exportation croissantes du bétail</a> au Brésil. Les forêts qui subsistent encore sont sous la menace permanente d’activités anthropiques destructrices, telles que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320717311709">l’exploitation forestière</a>, les <a href="https://theconversation.com/amazon-fires-explained-what-are-they-why-are-they-so-damaging-and-how-can-we-stop-them-122340">incendies</a> et les <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/abs/10.1098/rstb.2019.0116">perturbations climatiques</a> (sécheresses et inondations extrêmes).</p>
<p>À ce jour, les études menées sur les questions climatiques et la biodiversité dans les forêts tropicales sont principalement fondées sur des investigations de court terme, qui se concentrent sur les réactions des plantes et du carbone. Il en résulte que nous sommes pour la plupart conscients de l’importance des arbres des forêts dans le cadre de la régulation climatique. Nos recherches en Amazonie ont ainsi révélé que la <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2018.0043">mortalité des arbres et la perte de carbone</a> restaient élevées plusieurs années après les incendies de forêt provoqués par la sécheresse.</p>
<p>Néanmoins, pour comprendre pleinement la résilience des forêts tropicales, nous avons aussi besoin d’études sur le long terme, qui tiennent compte de l’impact des perturbations climatiques sur la faune et qui évaluent leur rôle dans la récupération des forêts après perturbations.</p>
<h2>Une résilience sous conditions</h2>
<p>Les animaux jouent un rôle clé pour comprendre la résilience des forêts tropicales. </p>
<p>Les oiseaux, par exemple, sont des disperseurs de graines, leur disparition pouvant entraîner une <a href="https://science.sciencemag.org/content/340/6136/1086">réduction de la taille des graines</a> des palmiers tropicaux, rendant la <a href="https://theconversation.com/without-birds-tropical-forests-wont-bounce-back-from-deforestation-68094">reprise de la végétation improbable ou impossible</a>. </p>
<p>De même, les grands animaux frugivores, notamment les singes hurleurs et les singes-araignées, ingèrent et disséminent eux aussi des graines, de sorte que si leur abondance vient à diminuer, cela peut affecter les voies de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ele.12102">régénération des forêts</a>.</p>
<p>Même s’il est désormais bien connu que ce sont les petites bestioles <a href="https://www.jstor.org/stable/2386020?seq=1">qui dirigent le monde</a>, notre compréhension du rôle des invertébrés n’en est qu’à ses débuts. Dans les forêts tropicales, il a été démontré que les <a href="https://science.sciencemag.org/content/363/6423/174">termites</a> améliorent la résistance à la sécheresse, tandis que les bousiers peuvent aider les forêts tropicales à se régénérer.</p>
<h2>Compter la faune</h2>
<p>Bien que l’on sache que la faune et ses fonctions sont primordiales pour comprendre les mécanismes de récupération des forêts, il n’est pas évident de la comptabiliser.</p>
<p>Malgré la diversité des arbres et la difficulté à les identifier, leur suivi est relativement simple : ils ne bougent pas, peuvent être mesurés d’une année sur l’autre, leurs caractéristiques structurelles et chimiques peuvent être échantillonnées et évaluées, et leurs réponses physiologiques évaluées sur le terrain. Bien sûr, tout cela exige un travail complexe, mais notre compréhension de la <a href="https://science.sciencemag.org/content/368/6493/869">sensibilité au climat</a> de la végétation des forêts tropicales a sans aucun doute été facilitée par le fait qu’elle soit immobile.</p>
<p>Les animaux, de leur côté, sont bien plus difficiles à suivre. Un seul hectare de forêt peut abriter jusqu’à 160 espèces d’oiseaux, et 100 hectares – une surface huit fois plus petite que le Bois de Boulogne à Paris – peuvent en contenir <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2307/1943045">jusqu’à 245</a>.</p>
<p>Écoutez ce <a href="https://macaulaylibrary.org/asset/336869191">chœur d’oiseaux</a>. Combien d’espèces distinguez-vous ? Un spécialiste pourrait en nommer 12 espèces dans ce simple extrait de 32 secondes… mais rares sont ceux qui dans le monde ont cette capacité.</p>
<iframe width="100%" height="360" src="https://macaulaylibrary.org/asset/336869191/embed/640" frameborder="0" allowfullscreen="" style="width :640px ;"></iframe>
<p>S’il est déjà difficile de procéder à l’évaluation instantanée des espèces présentes, ne parlons pas de l’évaluation des changements au cours du temps ! Les espèces qui chantent à un moment donné varient au cours de l’année, d’un jour à l’autre, tout au long de la journée, et même en fonction des cycles lunaires.</p>
<p>Qu’en est-il des invertébrés ? La plupart des espèces n’ont pas encore été formellement classifiées par les taxonomistes, et leur identification repose sur quelques spécialistes ayant accès à des collections de référence complètes. </p>
<p>Leur abondance varie <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00442-020-04831-5">au cours de l’année</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1470160X18305958">d’une année sur l’autre</a>, en réponse aux variations climatiques, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/btp.12756">aux événements climatiques extrêmes</a>, et en fonction d’autres facteurs, encore incompris.</p>
<h2>Des pistes pour le suivi de la faune</h2>
<p>Heureusement, il existe des solutions pour assurer le suivi de la faune forestière. Dans ce contexte, <a href="https://youtu.be/N4RmX_MCsn0">notre projet Bioclimate</a> adopte à la fois des méthodes novatrices, et d’autres déjà bien éprouvées, pour évaluer comment petits et grands animaux peuvent aider les forêts tropicales à rebondir après des perturbations telles que l’exploitation forestière, les sécheresses ou les incendies.</p>
<p>Pour les insectes, nous pouvons nous appuyer sur certains groupes qui jouent un rôle d’indicateur de la santé des forêts. Les bousiers sont parfaits pour cela : <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320708001420?via%3Dihub">nombre de leurs activités</a> profitent aux forêts, ils sont faciles et bon marché à collecter ; ils peuvent <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.02.10.430568v1.full">témoigner des impacts des perturbations</a> pour d’autres animaux dont ils utilisent les excréments pour se nourrir et faire leur nid.</p>
<p>En analysant l’ADN des excréments dont se nourrissent les bousiers, nous pouvons ainsi évaluer quels mammifères sont présents dans les forêts d’Amazonie. Cette connaissance est utile pour mieux comprendre comment les changements environnementaux affectent les <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rspb.2018.2002">relations entre ces insectes et les mammifères</a>.</p>
<p>En ce qui concerne les oiseaux, il est possible de surveiller en permanence les populations grâce à l’utilisation d’<a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/2041-210X.13521">enregistreurs audio autonomes</a>, qui contribuent également à comprendre la façon dont ils occupent l’espace en différents endroits – de nombreux oiseaux forestiers sont rares et possèdent de vastes territoires, il est donc probable qu’on les rate lors de visites ponctuelles.</p>
<p>Le fait d’avoir de nombreux enregistreurs audio fonctionnant en même temps sur de longues périodes rend possible un contrôle simultané d’un grand nombre de lieux et d’animaux. Afin de surmonter la difficulté des humains à écouter de multiples chants d’oiseaux ensemble, nous développons aussi des <a href="https://openresearchsoftware.metajnl.com/articles/10.5334/jors.154/">algorithmes de machine-learning</a> qui facilitent l’identification des vocalisations de certaines espèces.</p>
<h2>Vers une connaissance plus précises des interactions</h2>
<p>Pour assurer l’avenir de l’Amazonie, il est essentiel d’évoluer vers une recherche axée sur des réponses permettant l’analyse précise de la manière dont les nombreux insectes, oiseaux et autres animaux qui vivent dans ces lieux contribuent à la santé de la forêt.</p>
<p><a href="https://youtu.be/N4RmX_MCsn0">L’objectif de nos travaux</a> est ainsi d’intégrer à la fois des ensembles de données récoltées sur le long terme et ces nouvelles données expérimentales, afin de faire progresser notre compréhension de la relation entre biodiversité et climat dans les forêts tropicales. </p>
<p>Grâce à ces connaissances, nous souhaitons fournir une meilleure image de la manière dont l’Amazonie réagit aux activités humaines et de la façon dont nous pourrions mieux la préserver.</p>
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<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Le projet de recherche « Bioclimate » est soutenu par la <a href="https://group.bnpparibas/en/group/bnp-paribas-foundation">Fondation BNP Paribas</a> dans le cadre du programme <a href="https://group.bnpparibas/en/hottopics/climate-biodiversity-initiative">Climate and Biodiversity Initiative</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163061/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Filipe França has received research funding from the BNP Paribas Foundation (Climate and Biodiversity) and the Brazilian National Council for Scientific and Technological Development (CNPq). He is the co-coordinator of Synergize and PELD-RAS projects and, currently, a Visiting Academic at the University of Canterbury, New Zealand.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexander C. Lees has received research funding from the BNP Paribas Foundation (Climate and Biodiversity) and the National Environment Research Council (NERC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jos Barlow has received research funding from the BNP Paribas Foundation (Climate and Biodiversity) and the National Environment Research Council (NERC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yves Bas has received research funding from the BNP Paribas Foundation (Climate and Biodiversity).</span></em></p>Nous en savons étonnamment peu sur les millions d’animaux, de plantes et d’oiseaux qui peuplent l’Amazonie.Filipe França, Senior research associate, Lancaster UniversityAlexander C. Lees, Senior Lecturer in Conservation Biology, Manchester Metropolitan UniversityJos Barlow, Professor of Conservation Science, Lancaster UniversityYves Bas, Post-doctorant, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1461382020-09-24T13:29:29Z2020-09-24T13:29:29ZDans le Cotentin, comment agriculture et zones humides font bon ménage<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/358806/original/file-20200918-18-1j95vim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Marais du Rivage à Auvers, en début d'été 2020.</span> <span class="attribution"><span class="source">Servane Lemauviel-Lavenant</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Au cours du XX<sup>e</sup> siècle, les zones humides ont fortement régressé en France métropolitaine. Sur la base d’une étude de 87 zones humides qualifiées d’importance majeure, il est estimé que <a href="http://www.zones-humides.org/sites/default/files/a9r8.tmp_.pdf">50 % des surfaces ont disparu</a> entre 1960 et 1990 par drainage, assèchement, remblaiement, urbanisation et développement d’infrastructures notamment.</p>
<p>Un suivi, étendu à 152 zones, montre l’infléchissement de ce déclin, mais révèle un <a href="http://www.zones-humides.org/sites/default/files/2007_etat_2000_et_evolution_1990-2000_des_zhim.pdf">mauvais état global</a> de conservation. En 2009, selon un inventaire basé sur les différentes données cartographiques disponibles, les zones humides occuperaient environ 22 000 km<sup>2</sup>.</p>
<p>Par « zones humides », le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000038846908/2019-07-27">code de l’environnement français</a> désigne des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».</p>
<p>À l’échelle mondiale, pour les mêmes raisons évoquées plus haut, plus de <a href="http://www.zones-humides.org/sites/default/files/images/milieuxendanger/factsheet3_fr.pdf">64 % des zones humides ont disparu</a> depuis 1900.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358107/original/file-20200915-22-1hbpxu7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Localisation des principaux milieux à composante humide en France métropolitaine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://zones-humides.org/sites/default/files/ONZH_carte_milieux_composante_humideV2.pdf">CGDD/SoeS -- MNHN (mai 2009)</a></span>
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</figure>
<h2>Des milieux riches et essentiels</h2>
<p>Une très grande majorité des zones humides françaises et européennes a été modelée par les activités agropastorales. Les bas marais et haut marais tourbeux dominent les secteurs aux sols constamment engorgés, relayés par des prairies humides dans ceux soumis à un assèchement saisonnier. Le pâturage et la fauche contrent la dynamique spontanée de boisement, permettant ainsi le maintien de milieux ouverts.</p>
<p>À l’échelle nationale, près de la moitié des espèces d’oiseaux et 30 % des espèces végétales remarquables et menacées (des plantes carnivores comme les rossolis, des orchidées comme le liparis de Loisel) dépendent de ces milieux et des écosystèmes adjacents (mares, fossés…).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358808/original/file-20200918-14-199sl2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Flore des prairies humides : potentille des marais (G) et lysimaque commune (D).</span>
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<p>Les prairies de marais rendent enfin de nombreux <a href="https://www.millenniumassessment.org/documents/document.356.aspx.pdf">« services écosystémiques »</a>, correspondant aux bénéfices que les êtres humains retirent des écosystèmes : elles accueillent une flore et une faune patrimoniale (« service de support ») ; permettent la régulation des crues et l’épuration de l’eau, le stockage du carbone dans les sols (« services de régulation ») ; sont à l’origine de la production de fourrage (« service de fourniture ») et constituent un paysage ouvert, accueillant de nombreuses activités de loisir (« services culturels »).</p>
<h2>Zones humides et agriculture</h2>
<p>En raison de leur difficulté d’exploitation, liée aux périodes variables d’inondation et à la faible portance des sols, les zones humides sont soumises à deux menaces opposées : une intensification de leur exploitation souvent basée sur le drainage et la fertilisation voire la conversion en culture ; un abandon conduisant à la fermeture des marais.</p>
<p>Or, préserver les prairies de marais, leurs flore, faune et les services qu’elles rendent aux sociétés humaines, est <a href="https://productions-animales.org/article/view/2265">indissociable du maintien d’une activité agricole extensive</a> sur ces espaces ; un système de production agricole est dit « extensif » lorsqu’il consomme moins de facteurs de production par unité de surface.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358803/original/file-20200918-18-1mn6ylw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Google Maps</span></span>
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<p>Sur le territoire du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, un partenariat s’est établi depuis une dizaine d’années entre l’Université de Caen, le Parc et le monde agricole pour étudier ces services ; cette initiative a abouti, en association avec la Chambre d’agriculture de la Manche, à l’élaboration d’un outil d’autoévaluation des services rendus par les prairies de marais au bénéfice des agriculteurs.</p>
<p>L’évaluation de ces services apparaît comme un moyen de reconnaître le travail des éleveurs, qui gèrent les prairies de manière extensive ; elle constitue d’autre part une première étape dans la conservation de ces espaces grâce à des outils comme les « paiements pour services écosystémiques » (PSE).</p>
<p>Dix années de projets successifs ont associé <a href="https://www6.rennes.inrae.fr/umreva/Equipes/Ecologie-des-prairies">notre équipe de recherche</a>, le <a href="https://parc-cotentin-bessin.fr">Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin</a>, puis la Chambre d’agriculture de la Manche.</p>
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<figcaption><span class="caption">Au cœur du Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. (Fédération des Parcs naturels régionaux de France/Youtube, 2019).</span></figcaption>
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<h2>Fourrage et séquestration carbone</h2>
<p>Le territoire du Parc naturel régional englobe 30 000 hectares de marais classés Natura 2000. Outre leur intérêt floristique et faunistique bien connu, les projets de recherche conduits dans ces espaces ont mis en évidence leur intérêt agronomique, en matière de production de fourrage et de séquestration carbone notamment.</p>
<p>Séché en conditions optimales, le fourrage récolté sur une large gamme de prairies humides se caractérise en effet par une <a href="https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/hal-02511005">bonne valeur fourragère</a>, équivalente voire supérieure aux références régionales hors marais, et renforcée par la richesse du fourrage en micronutriments, apportés notamment par les plantes à fleurs bien représentées dans ces prairies extensives.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=519&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=519&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=519&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=653&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=653&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358812/original/file-20200918-20-13ivrg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=653&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Juin 2020.</span>
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<p>Grâce à un relai efficace des espèces comme les agrostides, les houlques et différentes laîches au cours du temps, une fauche tardive altère peu cette qualité. Une approche par basée sur les caractéristiques des feuilles des différentes espèces (écologie fonctionnelle), a permis de relier la qualité de la production agricole au <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1470160X18308069">fonctionnement des espèces et des communautés végétales</a> des prairies de marais.</p>
<p>À l’heure de la lutte contre les dérèglements climatiques, la séquestration du carbone dans les sols des prairies représente une stratégie d’atténuation de l’augmentation de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère. Elle <a href="https://doi.org/10.3390/agronomy10071024">correspond au bilan</a> des entrées de carbone par la fixation du CO<sub>2</sub> par les plantes au cours de la photosynthèse et des sorties de carbone par la respiration des plantes et des micro-organismes du sol au cours de la minéralisation de la matière organique.</p>
<p>Dans les sols des milieux humides, la matière organique (et donc le carbone), s’accumule du fait d’une faible activité de la microflore bactérienne soumise à la contrainte d’anoxie (manque d’oxygène). Si cette accumulation de carbone représente un réel enjeu, il est néanmoins primordial de conserver les stocks de carbone déjà existants.</p>
<p>Certains sols des prairies de marais étudiées sont en effet caractérisés par des teneurs en matière organique supérieures à 80 %. Pour une partie des marais, ces stocks importants semblent stables dans les horizons supérieurs du sol, tandis que des teneurs plus importantes de carbone labile (la fraction de la matière organique du sol la plus facilement minéralisable) indiquent un risque de perte de carbone (par respiration et donc retour de CO<sub>2</sub> vers l’atmosphère) dans les marais aux durées d’inondation les plus courtes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358810/original/file-20200918-20-12xim2o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Prairies inondées (février 2020).</span>
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<h2>Un outil pour les agriculteurs</h2>
<p>Pour évaluer tous ces différents services écosystémiques fournis par les prairies de marais à l’échelle des parcelles, un <a href="https://parc-cotentin-bessin.fr/les-services-rendus-par-les-prairies-des-marais">livret d’évaluation</a> a été élaboré dans le cadre du <a href="http://www.forum-zones-humides.org/recherche-agrizh.aspx">projet AgriZH</a> avec des agriculteurs, des professionnels de la filière laitière, des élus et des acteurs de la protection de la nature et de l’environnement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358161/original/file-20200915-18-3x8ne5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvain Diquélou</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Mis au point grâce aux résultats des études menées dans le Parc naturel régional, il associe quantification des services rendus et évaluation des difficultés d’exploitation, et donc la fragilité de leur maintien. Dans ce dispositif, une note par service est obtenue après compilation de différents indicateurs ; un diagramme (voir ci-contre) permet de synthétiser les atouts et points faibles de chaque parcelle.</p>
<p>De vastes secteurs de marais sont depuis ce printemps 2020 évalués grâce à ce livret afin d’aboutir à une cartographie des services rendus au cours de l’année 2021.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146138/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Diquélou a reçu des financements de la région Normandie, de l’Europe (programme Interreg Iva - FEDER), de l’Agence de l’eau Seine Normandie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Servane Lemauviel-Lavenant a reçu des financements de la région Normandie (programme AgriZH), de l’Europe (programme WOW Interreg Iva), de l’Agence de l’eau Seine Normandie (Programme Elevage & Marais). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Grandin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Préserver les prairies de marais, leurs flore, faune et les services qu'elles rendent aux sociétés humaines, est indissociable du maintien d'une activité agricole extensive.Sylvain Diquélou, Enseignant-chercheur en Ecologie des communautés végétales, Université de Caen NormandieAntoine Grandin, Ingénieur d’études, écologue, Université de Caen NormandieServane Lemauviel-Lavenant, Maître de conférences en Ecologie, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1393162020-07-20T18:20:16Z2020-07-20T18:20:16ZMonet à Giverny : un maître en son village<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347756/original/file-20200715-21-enqyvt.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C90%2C1304%2C802&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Claude Monet, _Les Nymphéas_, 1904. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.muma-lehavre.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/impressionnisme/monet-les-nympheas">David Fogel/MuMa Le Havre</a></span></figcaption></figure><p>Giverny et Monet sont étroitement liés. Si Claude Monet est à l’origine de la notoriété du village aujourd’hui comme hier, Giverny est devenu un haut lieu de l’impressionnisme et contribue au rayonnement de l’image du peintre.</p>
<h2>L’impressionnisme : une peinture de l’instant</h2>
<p>Oscar-Claude Monet passe son enfance au Havre puis rejoint Paris où il entend poursuivre une carrière de peintre. Il y rencontre beaucoup d’autres artistes avec lesquels il partage une même vision de la peinture en rupture avec les critères esthétiques de l’époque : <a href="https://www.grandpalais.fr/fr/article/limpressionnisme">l’impressionnisme</a>.</p>
<p>C’est sans reconnaissance et dans la pauvreté que Monet commence son œuvre. Il peint beaucoup la vallée de la Seine et la Normandie, mais aussi des <a href="https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire/commentaire_id/le-dejeuner-sur-lherbe-18301.html">scènes de vie</a> ou <a href="http://www.muma-lehavre.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/impressionnisme/monet-le-parlement-de-londres">d’autres lieux au fil de ses voyages</a>. Il se consacre à des <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/serie-art/">séries</a> notamment les falaises d’Étretat, le parlement à Londres, la gare Saint-Lazare, les peupliers à Limetz, les <a href="https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html?no_cache=1&nnumid=001178&cHash=61f6ff8677">meules à Giverny</a>, la cathédrale de Rouen et, enfin, ses jardins, plus particulièrement les nymphéas.</p>
<p>La peinture de Monet est une peinture de l’instantané, <a href="https://www.editionsduchene.fr/chene/intervenants/pascal-bonafoux">il tente de saisir la lumière</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Les autres peintres peignent un pont, une maison, un bateau. Ils peignent le pont, la maison, le bateau et ils ont fini… Je veux peindre l’air dans lequel se trouve le pont, la maison, le bateau. La beauté de l’air où ils sont et ce n’est rien d’autre que l’impossible. »</p>
</blockquote>
<p>Comme la lumière évolue au cours de la journée, il n’est pas rare de le voir travailler sur plusieurs toiles en même temps, représentant le même paysage au fil des heures.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347949/original/file-20200716-33-1u7dbyb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Paysage d’automne à Giverny, meules de foin.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://givernews.com/2012/02/25/cartes-postales-anciennes/">Givernews</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Camille et Alice</h2>
<p>En 1878, Monet, sa femme Camille et leurs deux fils – Jean et Michel – emménagent dans une <a href="https://www.nga.gov/collection/art-object-page.52189.html">maison à Vétheuil</a> avec la famille Hoschedé. Deux ans auparavant, Monet avait résidé plusieurs mois chez Ernest et Alice Hoschedé et était devenu l’amant d’Alice. Se retrouvent donc dans la maison de Vétheuil, Camille – malade sans doute d’un cancer de l’utérus – ses deux enfants, Alice et ses six enfants, Monet et, par intermittence, quand le peintre n’est pas chez lui, Ernest, ruiné et jaloux. Alice s’occupera de Camille jusqu’à sa mort un an plus tard.</p>
<h2>Monet à Giverny</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337415/original/file-20200525-106842-14k7gww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Claude Monet.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikipedia</span></span>
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</figure>
<p>En 1883, Monet part avec Alice, les six enfants Hoschedé et ses deux fils vivre dans un paisible village normand : Giverny, près de Vernon dans l’Eure. La maison qu’ils occupent correspond aux besoins du peintre : grande, avec des écoles à proximité, pas trop loin de Paris et avec un grand jardin. Il achète la maison en 1890. Il y crée un jardin « de peintre » comme une palette de couleurs : le <a href="https://fondation-monet.com/giverny/le-clos-normand/">clos normand</a>. Il aménage également la maison en la remplissant d’estampes japonaises, de toiles et de couleurs.</p>
<p>Il fera construire un atelier-salon empli de tableaux, un atelier de travail et un troisième, monumental, plus tardivement. En 1892, il épouse Alice, devenue veuve. En 1893, il fait détourner le cours d’un bras de la rivière l’Epte afin de créer, de l’autre côté de la voie (le chemin du Roy) qui jouxte le clos normand, un jardin d’eau qu’il agrandira deux fois par la suite. C’est là qu’il plante des nymphéas. Il y fait également construire deux ponts japonais.</p>
<p>De plus en plus présent à Giverny, Monet peint ses jardins pendant 40 ans. Durant les 27 dernières années de sa vie, il tente de saisir sur le jardin d’eau la lumière changeante au <a href="https://www.fayard.fr/ed-1001-nuits/giverny-chez-claude-monet-9782755505726">fil des heures et des saisons</a> :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas. Je les avais plantés pour le plaisir ; je les cultivais sans songer à les peindre… Un paysage ne vous imprègne pas en un jour… Et puis, tout d’un coup j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette… Depuis ce temps je n’ai guère eu d’autre modèle. »</p>
</blockquote>
<p><a href="https://www.musee-orangerie.fr/fr/article/realite-virtuelle-claude-monet-lobsession-des-nympheas">Le côté obsessionnel de Monet</a> fait de lui un personnage mystérieux et fascinant. C’est également un peintre très prolifique. Dans son catalogue, Daniel Wildenstein (1996) a recensé plus de 2 000 toiles attribuées à l’artiste.</p>
<h2>« On dira que je suis fou »</h2>
<p>Dans son film <em>Ceux de chez nous</em>, Sacha Guitry parle de Monet ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« En somme il ne faisait que deux choses : vivre et travailler. Il avait déjà travaillé pour vivre, y parvenant à peine, puis il avait vécu pour travailler. […] Il habitait Giverny l’hiver comme l’été. […] Et lorsque le soleil disparaissait à l’horizon, il dînait et montait se coucher car comme il le disait lui-même : “Quand le soleil est couché qu’est-ce que vous voulez que je fasse ?” »</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/hhvOeoOl17Y?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Exemple et paroxysme de cette obsession picturale, il peindra sa femme, <a href="https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html?nnumid=1291">Camille Doncieux, après sa mort</a> non pas pour conserver d’elle une dernière image, mais fasciné par l’évolution des couleurs sur son visage. À Clemenceau son ami, il répétera souvent <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6574418n.texteImage">« On dira que je suis fou »</a>.</p>
<h2>Un peintre à Giverny</h2>
<p>Absorbé par son travail, Monet reste néanmoins une figure bien ancrée dans la réalité et un bon vivant. Il se plaint beaucoup, du manque d’argent, de sa santé, du temps, de son travail. Il est aussi colérique, d’après Clemenceau encore :</p>
<blockquote>
<p>« De se gourmer violemment, il ne se faisait jamais faute, à toute heure, jurant que sa vie était une faillite, et qu’il ne lui restait plus qu’à crever toutes ses toiles avant de disparaître. Des études de premier ordre ont ainsi sombré dans ces accès de fureur. Beaucoup, qui sont montés très haut dans l’estime publique, furent chanceusement sauvées grâce aux efforts de Mme Monet. »</p>
</blockquote>
<p>Longtemps négligé par les amateurs français, c’est à son marchand Paul Durant-Ruel que Monet doit le début de son succès : il propose ses œuvres aux États-Unis, où ses tableaux seront toujours très appréciés. Après avoir passé la première partie de sa vie dans la pauvreté, il bénéficie par la suite d’une grande notoriété et de revenus de plus en plus confortables, tandis que l’impressionnisme gagne du terrain.</p>
<p>Ainsi installé à Giverny, Monet y fait venir non seulement ses amis de Paris mais aussi toute une compagnie de peintres étrangers rêvant de parler au maître qui ne les reçoit pas. En attendant leur chance, ils peignent Giverny et ils logent chez Baudy où se retrouvent également les amis de Monet. Le restaurant Baudy est toujours là et après un dîner, propose aux visiteurs de visiter son jardin.</p>
<h2>Monet et les Givernois</h2>
<p>Si cette compagnie met de la vie au village, les rapports de Monet avec les Givernois ne sont pas bons. C’est un « artiste » de Paris, un étranger qui gagne de l’argent en peignant, ce qui ne cesse d’étonner les cultivateurs du cru. Quand les locaux ne s’opposent pas à ses projets, ils lui demandent de l’argent pour retarder la coupe des peupliers de Limetz, une commune voisine, le temps pour le peintre de terminer sa série. Il en ira de même pour les meules de foin. Claude Monet financera aussi à moitié les travaux pour goudronner la route qui traverse Giverny afin que la poussière ne se dépose plus sur ses fleurs. Le détournement de l’Epte et les différents travaux sur l’étang provoquent des levées de boucliers. Quant aux nymphéas, ils sont accusés d’empoisonner l’eau que boivent les vaches.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337443/original/file-20200525-106823-1tpxyez.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cours de l’Epte dans la propriété de Claude Monet.</span>
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</figure>
<p>Monet <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33221084.texteImage">évoque cet épisode</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Je tiens à vous faire remarquer que sous prétexte de salubrité publique, lesdits opposants n’ont en réalité d’autre but qu’entraver mes projets par pur esprit de méchante taquinerie, comme cela est si fréquent à la campagne lorsqu’il s’agit d’un particulier, d’un Parisien. »</p>
</blockquote>
<h2>La fin d’une vie</h2>
<p>Monet termine sa vie avec une très mauvaise vue, il sera opéré à plusieurs reprises de la cataracte. Les adeptes des explications scientifiques de l’art se sont emparés de ce fait médical pour tenter d’expliquer le génie du peintre. Peignait-il flou parce qu’il voyait mal ? Ou accédait-il à une forme de <a href="https://www.marmottan.fr/collections/claude-monet/">plus en plus abstraite en se focalisant sur la lumière et les couleurs</a> ? Quoi qu’il en soit, il ouvrira la voie à la peinture abstraite en influençant notamment Jackson Pollock.</p>
<p>Claude Monet meurt à 86 ans, dans les bras de Clemenceau, en 1926, à Giverny, peu de temps après être devenu aveugle. Il y sera enterré avec toute sa famille.</p>
<h2>Giverny après Monet</h2>
<p>Son fils aîné Jean est mort sans enfants. La femme de celui-ci, Blanche, peintre elle aussi et seule véritable élève de Monet, était revenue vivre auprès du peintre après la mort de son mari. Michel, le seul fils survivant du peintre est donc son unique héritier puisque Monet est mort sans rédiger de testament. Michel demande à Blanche d’entretenir la propriété, ce qu’elle fera jusqu’à sa propre mort en 1947. Après le court passage d’un autre fils Hoschedé, la maison et les jardins de Monet restent à l’abandon, Michel s’y intéressant peu.</p>
<p>C’est sur la route de Vernon, alors qu’il venait à Giverny, que Michel se tue en voiture en 1966. Sans héritier, il a rédigé un <a href="http://givernews.com/2018/01/21/testament-de-michel-monet/#more-3562">testament</a> dans lequel il lègue à l’Académie des Beaux-Arts les propriétés de Giverny et tout ce qu’elles contiennent, notamment la collection d’estampes japonaises et les tableaux de Monet (les siens comme ceux de ses amis).</p>
<blockquote>
<p>« Concernant la propriété paternelle de Giverny-Eure comprenant : la maison principale, deux ateliers, deux maisons de jardiniers […], les jardins et l’étang des nymphéas, le musée Marmottan devra assurer la sauvegarde de ce patrimoine artistique et l’entretien de cette propriété. Cette demeure considérée comme Maison du Souvenir devra conserver son caractère strictement privé et son âme. Pour cette raison les visites devront être très limitées, une seule journée par semaine et jamais plus de six personnes. »</p>
</blockquote>
<p>La propriété est en piteux état, le jardin en friche comme on peut le voir dans un <a href="https://player.ina.fr/player/embed/CAF97001606/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/460/259/1">reportage télévisé de l’époque</a> qui montre également la quasi-absence de dispositifs de sécurité : les toiles sont pêle-mêle dans le vieil atelier fermé par un simple cadenas.</p>
<h2>La renaissance des jardins</h2>
<p>En 1977, l’Académie fait appel à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rald_Van_der_Kemp">Gérald Van Der Kemp</a>, conservateur retraité qui s’est illustré dans la restauration et la mise en tourisme de Versailles. Il réhabilite les jardins et la maison de Giverny. Afin de pallier aux difficultés financières, Gérald Van Der Kemp et sa femme font appel à des mécènes américains. Entre l’Amérique et le peintre, les liens sont solides, comme le prouve la création du Musée d’Art américain en 1992 à Giverny. Ce musée deviendra en 2009 le <a href="https://www.mdig.fr/">musée des impressionnismes</a>.</p>
<p>En 1980, propriétés et jardins sont <a href="https://www.ina.fr/video/DVC8008142901">ouverts aux visiteurs</a>. À l’ouverture, 7 000 visiteurs étaient attendus, il en vint 70 000. En 1984, 180 000 visiteurs s’étaient rendus à Giverny. Aujourd’hui ce sont de 500 à 700 000 visiteurs qui se pressent annuellement dans la maison et les jardins de Monet.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337444/original/file-20200525-106815-fidrq3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Maison de Claude Monet.</span>
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<p>Monet a peint de manière obsessionnelle son jardin et son village, faisant de Giverny un ensemble de tableaux connus mondialement. À travers les jardins de Giverny, un peintre et son village sont inextricablement liés dans l’imaginaire collectif bercé de représentations colorées de nénuphars dans la douce lumière normande.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139316/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Monet a peint de manière obsessionnelle son jardin et son village, faisant de Giverny un ensemble de tableaux connus mondialement.Lylette Lacôte-Gabrysiak, Maître de conférences en sciences de l'information et de la communciation, Université de LorraineAdeline Florimond-Clerc, Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1393292020-05-26T21:53:21Z2020-05-26T21:53:21ZArbres et oiseaux : balade au parc Montsouris, ce point chaud de la biodiversité parisienne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/337609/original/file-20200526-106828-1fhm5zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Eh oui, on peut trouver l’épervier d’Europe au parc Montsouris !</span> <span class="attribution"><span class="source">F.Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>À nouveau <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-parcs-et-jardins-en-zone-orange-vont-tous-rouvrir-paris-inclus_fr_5ecfdd48c5b64932f7b2ced0">accessibles au public</a>, les parcs et jardins auront montré durant cette période inédite de confinement puis de déconfinement leur <a href="https://theconversation.com/confinement-en-ville-pourquoi-lacces-a-la-nature-est-tout-simplement-vital-137500">rôle essentiel dans le quotidien des citadins</a>. Conçus comme des espaces de récréation, ils abritent également une forte biodiversité qui mérite d’être mieux connue et valorisée.</p>
<p>On désigne par « biodiversité urbaine » l’ensemble des espèces vivantes – végétales, animales et fongiques – présentes dans les villes, ainsi que les communautés qu’elles constituent et leurs interactions. Trois grandes catégories composent schématiquement cette <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-la-biodiversite-urbaine-enjeu-de-nature-ou-de-societe-90146">biodiversité urbaine</a>.</p>
<p>Il y a la composante « domestique », désignant les espèces directement sous la dépendance de l’homme – les animaux de compagnie (chien, chat, <a href="https://www.paris.fr/pages/paris-se-mobilise-pour-les-abeilles-3488/">abeille domestique</a>, etc.), les plantes d’ornement, les arbres plantés dans les rues, les squares ou les parcs…</p>
<p>La composante « spontanée », c’est-à-dire les espèces non directement dépendantes de l’homme. Dans ce groupe, on distingue les espèces « indigènes » (présentes naturellement dans la région) de celles dites « naturalisées » (introduites par l’homme, mais qui se sont acclimatées dans la région et s’y reproduisent naturellement, sans intervention humaine directe). Certaines peuvent devenir « invasives », comme la renouée du Japon ou la <a href="https://theconversation.com/perruches-a-collier-et-conures-veuves-qui-sont-nos-nouveaux-voisins-a-plumes-75239">perruche à collier</a>.</p>
<p>On distingue enfin l’« espèce ingénieur » de cette biodiversité urbaine. C’est-à-dire celle qui y a une action déterminante, l’espèce humaine.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pw6I9yAO3Rc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Biodiversité et interactions entre espèces », avec l’écologue Robert Barbault, ministère de la Transition écologique et solidaire (2011).</span></figcaption>
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<h2>Un monde d’interactions</h2>
<p>Nombre d’interactions régissent ces différentes composantes. Les arbres plantés et les espaces végétalisés constituent en ville les habitats de nombreuses espèces spontanées, fongiques (champignons, lichens), végétales (bryophytes, plantes à fleurs…) et animales (insectes, oiseaux, mammifères…).</p>
<p>Certains animaux domestiques assurent la pollinisation (comme les abeilles) et la dissémination (les chiens ou les chats, par exemple) de nombreuses espèces végétales indigènes, mais ils peuvent également être des prédateurs d’espèces animales spontanées – à l’exemple du <a href="https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-02188701">chat pour les oiseaux</a>. Enfin, en créant et entretenant la plupart des milieux urbains, l’espèce humaine a introduit ou favorisé un grand nombre d’espèces dont elle régule directement ou indirectement les populations.</p>
<p>Cette biodiversité urbaine rend de <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/comme-un-arbre-dans-la-ville-14847.php">nombreux services dits « écosystémiques »</a>, que ce soit par le stockage de carbone dans les végétaux ligneux, l’absorption et la réduction des pollutions urbaines, l’atténuation des îlots de chaleur urbain, la régulation du cycle de l’eau. Elle contribue grandement au bien-être et à la santé des populations humaines et représente de façon évidente un <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-la-biodiversite-urbaine-enjeu-de-nature-ou-de-societe-90146">vrai enjeu de société</a>.</p>
<h2>Rendez-vous au parc Montsouris</h2>
<p>D’une superficie de 15,5 hectares, le parc Montsouris est un <a href="http://blog.apahau.org/gabrielle-heywang-le-parc-montsouris-un-parc-haussmannien-histoire-de-lart-n-73-2013/">parc « haussmannien »</a> dont la création a été décidée sous le Second Empire pour offrir un lieu de promenade aux Parisiens. Sa création sur d’anciennes carrières a été <a href="https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/17295-redirection">pilotée par A. Alphand</a>, ingénieur en chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris.</p>
<p>Inauguré en 1869, mais achevé seulement au cours des années 1870, il a donc environ 150 ans d’âge. Sa topographie vallonnée présente une alternance de pelouses et de zones boisées ; il est agrémenté dans sa partie la plus basse par un lac artificiel.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=762&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=762&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337599/original/file-20200526-106811-i5i8i2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=762&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Plan du parc de Montsouris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">OpenStreetMap/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Un chemin circulaire très fréquenté permet aux promeneurs de faire le tour du parc. Des compétitions sportives ou ludiques y sont régulièrement organisées. De nombreux espaces de jeux pour les enfants ont été créés, surtout dans la partie est sur l’allée de bordure du lac. Un kiosque à musique, également utilisé pour des activités de sport en groupe permet des activités musicales ou sportives. Un espace de jardin partagé a en outre été mis à la disposition du public.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Les pelouses du parc, très fréquentées dès les beaux jours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Le jardin partagé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<span class="caption">L’incontournable manège pour les enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>D’autres parties du parc sont moins fréquentées, permettant d’avoir des secteurs préservés pour les personnes recherchant le calme. Certaines zones du parc sont densément boisées, correspondant à de <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/comme-un-arbre-dans-la-ville-14847.php">petites « forêts urbaines »</a>, véritables havres de fraîcheur pendant les canicules estivales. Ce rôle a été bien reconnu par la ville de Paris puisque le parc est maintenu ouvert toute la nuit lors des épisodes caniculaires.</p>
<p>Les pelouses du parc sont ouvertes au public comme espaces de jeu, de repos et de pique-nique. Certains jours de beau temps, ce sont des centaines, voire des milliers de Parisiens qui en profitent.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Le parc Montsouris » (Tout Paris en Video, 2013).</span></figcaption>
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<h2>Des arbres et des oiseaux</h2>
<p>Le parc Montsouris apparaît comme un <a href="https://sciencesnaturelles.ch/service/publications/24610-hotspot-8-03-biodiversite-en-milieu-urbain">« point chaud » de biodiversité</a>, c’est-à-dire un site présentant une biodiversité remarquable à Paris.</p>
<p>La composante végétale y est principalement d’origine anthropique ; elle correspond aux arbres et arbustes plantés, ainsi qu’aux multiples plantes herbacées introduites et cultivées par l’homme. Les plantations initiales doivent beaucoup au <a href="https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Monuments-historiques/Ressources/Publications/Actes-de-colloque/Actes-Journee-d-etude-2017-Jean-Charles-Adolphe-Alphand-et-le-rayonnement-des-parcs-publics-de-l-ecole-francaise-du-XIXe-siecle">paysagiste J.P. Barillet-Deschamps</a>, à l’époque jardinier en chef de la ville de Paris.</p>
<p>Le parc comporte actuellement <a href="https://opendata.paris.fr/explore/dataset/les-arbres/information/">environ 1 300 arbres</a>, qui y ont été plantés au cours des 150 dernières années. Ils correspondent à plus de 140 espèces, rattachées à 37 familles végétales différentes. Ces espèces ont des origines géographiques diverses, avec principalement des espèces à distribution asiatique (36 %), nord-américaine (28 %) et méditerranéenne (20 %). Il n’y a en effet qu’une quinzaine d’espèces (soit environ 11 %) qui correspondent à des essences indigènes en Ile-de-France, dont la flore ligneuse naturelle est peu diversifiée.</p>
<p>Certains arbres du parc ne sont que rarement observables en région parisienne, comme l’arbre à gomme (<em>Eucommia ulmoides</em>), le chêne liège, le gommier noir ; certains sont remarquables par leur âge et leurs dimensions comme un superbe platane commun, âgé d’environ 180 ans et présentant une canopée exceptionnellement étendue.</p>
<p>La strate arbustive est également dense et très diversifiée, avec des espèces spectaculaires comme le chimonanthe précoce, le cornouiller du Japon ou encore le staphyllier penné. S’y ajoute de nombreuses plantes herbacées à fonction décorative.</p>
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<span class="caption">Le tronc de l’arbre à gomme (<em>Eucommia ulmoides</em>).</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">Le platane, âgé de presque deux siècles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">Le <em>Chimonanthe précoce</em>, en fleurs dés le mois de janvier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Ce peuplement végétal dense et composite, formant des habitats naturels diversifiés, permet la présence d’une faune variée. Peu de données sont disponibles sur les invertébrés, mais la présence de lépidoptères, hyménoptères, coléoptères, diptères, odonates, etc., est attestée. Plusieurs espèces de poissons ont été introduites dans le lac, de même que la tortue de Floride.</p>
<p>Mais c’est l’avifaune qui est certainement la mieux connue dans le parc, d’autant plus qu’il abrite les locaux de la délégation Ile-de-France de la Ligue de protection des oiseaux (<a href="https://www.lpo.fr/">LPO</a>), qui y organise régulièrement des sorties de découverte des oiseaux. La diversité des habitats y permet la présence et la reproduction d’une trentaine d’espèces d’oiseaux indigènes franciliennes. <a href="http://www.lecerclepoints.com/ouvrage/oiseaux-nicheurs-de-paris/9782603016923">Parmi les espèces les plus remarquables</a> pour Paris, citons l’épervier d’Europe, le pigeon colombin et le pic vert.</p>
<p>S’y ajoute quelques espèces d’oiseaux exotiques introduits, comme des canards et des cygnes, ainsi que la perruche à collier qui a colonisé spontanément le parc à partir de 2008 et s’y reproduit maintenant régulièrement. Les mammifères sauvages semblent peu abondants (pipistrelle commune, écureuil roux, hérisson commun et d’autres micromammifères).</p>
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<span class="caption">Fauvette à tête noire (femelle).</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Pic vert au nid.</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Quelle biodiversité pour les parcs urbains ?</h2>
<p>Conçu à sa création, au XIX<sup>e</sup> siècle, comme un parc d’agrément et de loisir pour les populations parisiennes, le parc Montsouris constitue aujourd’hui grâce à la richesse de sa flore ligneuse, un véritable arboretum. On l’a vu, il offre au regard des visiteurs une grande variété en essences arborescentes, dont certaines espèces peu présentes à Paris. Il constitue ainsi une vitrine sur des arbres d’origines et d’allures très diverses, allant des séquoias des Montagnes rocheuses aux pins de l’Himalaya, en passant par les tulipiers de Virginie, les cèdres du Liban et diverses espèces méditerranéennes de chênes et de sapins.</p>
<p>À l’heure des bouleversements environnementaux (climatiques particulièrement), un tel parc permet d’expérimenter et d’étudier l’acclimatation possible en milieu urbain d’essences exotiques nouvelles, susceptibles de rendre des services écosystémiques importants. Et la <a href="https://youtu.be/PMsiLmkKbZM">présence dans le parc d’une station météorologique</a> permet d’établir des corrélations précises entre les variations de températures et le développement des ligneux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">De gauche à droite : détail d’un cèdre à encens et fleur du tulipier de Virginie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On l’a vu, la composition arborescente du parc offre des paysages remarquables en formes et couleurs et y crée aussi des îlots de fraîcheur dans ses zones les plus densément boisées. Tous ces peuplements ligneux constituent l’habitat d’une faune spontanée variée et digne d’intérêt pour les visiteurs. Un étiquetage plus important des arbres remarquables et l’installation pérenne de quelques panneaux explicatifs, associés à la publication de brochures mises à la disposition du public, permettraient de mettre encore mieux en valeur cette richesse botanique et zoologique.</p>
<p>Le parc Montsouris nous montre qu’en milieu urbain, une forte fréquentation humaine n’est pas du tout incompatible avec une grande richesse et variété d’arbres, support d’une biodiversité remarquable. Espérons que les plantations à venir continuent d’enrichir et diversifier la flore ligneuse présente, avec des essais d’acclimatation d’espèces nouvelles adaptées, en provenance de toutes les régions tempérées de la planète !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller préside actuellement le Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Il est membre associé de l’Autorité environnementale du CGEDD et membre du Groupe sur l’urbanisme écologique (GUE) de l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE).</span></em></p>Découvrons la richesse de la faune et de la flore de ce parc urbain de plus de 15 hectares dans le XIVᵉ arrondissement de Paris.Serge Muller, Professeur, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 ISYEB, CNRS, MNHN, SU, EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1197762019-08-08T17:02:19Z2019-08-08T17:02:19ZUn crâne insolite s’avère être celui de la progéniture d’une baleine béluga et d’un narval<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/283109/original/file-20190708-51268-1tru70o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C5468%2C3053&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une baleine plonge dans la baie de Disko, au large de la côte ouest du Groenland, là où le squelette hybride d’un crâne de béluga croisé avec celui d’un narval a été découvert.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Qu’obtient-on lorsque l’on croise une baleine béluga avec un narval?</p>
<p>Il ne s’agit pas d’une blague classique de l’Arctique. En 1990, le biologiste danois Mads Peter Heide-Jørgensen a découvert un crâne insolite sur le toit de la cabane à outils d’un chasseur Inuit au Groenland occidental. S’il ressemblait quelque peu à celui d’une baleine béluga, il était anormalement grand et solide. Il était également muni d’une dentition étonnante. Certaines des dents de la mâchoire inférieure avaient la forme d’un ouvre-bouteille, alors que certaines dents de la mâchoire supérieure étaient longues et incurvées vers l’avant, ressemblant à des défenses miniatures.</p>
<p>C’est en 1993 que <a href="https://doi.org/10.1111/j.1748-7692.1993.tb00454.x">Heide-Jørgensen</a> a suggéré que ce crâne aurait pu appartenir à un hybride béluga-narval en raison de son apparence inhabituelle. Les aspects du crâne étaient à mi-chemin entre ceux d’une béluga et ceux d’un narval, seule espèce de cétacé munie de dents parmi les espèces endémiques de l’Arctique.</p>
<h2>L’analyse du crâne</h2>
<p>Le crâne faisait partie des collections du <a href="https://snm.ku.dk/english/">musée national d’histoire naturelle du Danemark</a> jusqu’à ce que mes collaborateurs de l’Université de Copenhague, Eline Lorenzen et l’étudiant en doctorat Mikkel Skovrind, effectuent des tests d’ADN pour déterminer si oui ou non le crâne provenait bien d’une hybridation.</p>
<p>L’utilisation de la nouvelle génération de techniques de séquençage à haute résolution pour étudier l’ADN ancien <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/bies.201400160">est en train de révolutionner notre compréhension de l’évolution des espèces</a>, la nôtre y compris.</p>
<p>En comparant l’ADN nucléaire de ce spécimen inhabituel avec un groupe témoin de bélugas et de narvals, nous avons pu <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-44038-0">démontrer que ce crâne bizarre provenait bien d’un mâle hybridé de première génération</a>.</p>
<p>L’analyse mitochondriale d’ADN du spécimen - qui se transmet uniquement par la mère - a confirmé que sa mère était une narval, et que donc son père avait été un béluga. C’est particulièrement surprenant, car on émettait l’hypothèse que la défense du narval servait également <a href="https://www.nrcresearchpress.com/doi/10.1139/z81-319">d’organe sexuel secondaire chez le mâle</a>. Mais en l’absence de cette défense, un béluga mâle a réussi à s’accoupler avec une femelle narval.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1023&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1023&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1023&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1285&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1285&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280326/original/file-20190619-171183-qilaxt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1285&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">un crâne de (a) narval, (b) de l’hybride analysé dans notre étude et (c) d’un béluga.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mikkel Høegh Post/Natural History Museum of Denmark</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’endroit précis où l’accouplement a eu lieu est difficile à déterminer. Les bélugas et les narvals sont deux espèces migratoires, et nous n’avons qu’une connaissance assez limitée de leurs déplacements. Le crâne a été localisé dans la baie de Disko au Groenland occidental, l’une des régions du monde où l’on retrouve les deux espèces en assez grand nombre durant la saison du rut (qui s’étend de la fin de l’hiver à la fin du printemps). Il est donc plausible que les deux parents aient convolé dans la baie de Disko.</p>
<h2>Les spécificités de l’hybride</h2>
<p>Savoir que cet hybride a existé, c’est déjà passionnant, mais nous étions également curieux de savoir comment vivaient ces insolites cétacés. <a href="https://www.paulszpak.com/lab">Dans mon laboratoire de l'université Trent</a>, en Ontario, j’ai donc analysé la composition isotopique de la protéine extraite du crâne de l'hybride ainsi que celle de bélugas et de Narval récoltée au Groenland occidental. Ces isotopes sont des variantes du même élément chimique mais constitués d’un nombre différent de neutrons.</p>
<p>Il existe dans l’environnement <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1748-7692.2009.00354.x">de subtiles variations dans la répartition de ces isotropes</a>. L’abondance relative de ces éléments dans notre corps illustre la variété des aliments que nous absorbons, les endroits ou nous avons vécu, et même certaines caractéristiques de notre santé.</p>
<p>Notre équipe de chercheurs a étudié les isotopes de carbone et d’azote contenues dans la protéine du collagène, ce qui nous informe sur <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ajpa.20598">le régime alimentaire moyen de l’animal durant sa vie</a>. Les résultats obtenus démontrent que narvals et bélugas observent un régime différent, ce qui suggère que chacune de ces espèces appartiennent à une niche écologique distincte.</p>
<p>Nous avions pressenti que l’hybride s’alimentait d’un croisement entre les deux diètes, mais nous avons découvert chez l’hybride une signature d’isotopes radicalement différente, suggérant un régime propre.</p>
<h2>Les variantes du style de vie</h2>
<p>L’hybride présentait une concentration en isotopes de carbone particulièrement élevée, ce qui pourrait indiquer qu’il se nourrissait davantage au fond ou près du fond de l’océan. Nos données en isotope étant représentatives de son régime moyen sur plusieurs années, nous savons que cet individu a du suivre le même régime tout au long de sa vie. Peut-être que sa dentition inhabituelle l’a forcé à consommer des proies qui ne font pas partie du régime habituel des bélugas ou des narvals.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=597&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=597&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=597&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=750&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=750&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280313/original/file-20190619-171252-rkb2dz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=750&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le narval sur la photo du haut, et le béluga, sur la photo du bas, sont les cousins les plus proches, et les seules baleines munies d’une dentition endémiques à l’Arctique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mads Peter Heide-Jørgensen/Greenland Institute of Natural Resources</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est possible que ce croisement entre béluga et narval se soit produit assez régulièrement. Le chasseur qui a tué ce spécimen a observé plusieurs autres baleines à l’aspect inhabituel: elles présentaient des caractéristiques - telles la forme de leurs nageoires - semblant être un mélange de béluga et de narval. Une nouvelle largement diffusée l’an dernier a rapporté qu’un narval <a href="https://www.cbc.ca/news/technology/belugas-narwhal-stlawrence-1.4820602">avait été adopté</a> par un troupeau de bélugas.</p>
<p>Notre étude illustre la façon dont nous pouvons utiliser des techniques biomoléculaires afin de recueillir de nouvelles données à partir des collections des musées d’histoire naturelle, y compris les échantillons récoltés au cours des derniers siècles, les os d’animaux trouvés sur des fouilles archéologiques, ainsi que des spécimens paléontologiques.</p>
<p><em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires.</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=expert">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119776/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paul Szpak a reçu des financements des Chaires de recherche du Canada, de la Fondation canadienne pour l'innovation et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p>Il a été prouvé qu'un crâne trouvé dans l'ouest du Groenland est la progéniture mâle de première génération d'une femelle narval et d'un mâle béluga.Paul Szpak, Assistant professor, Trent UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1114512019-02-24T20:02:28Z2019-02-24T20:02:28ZConservation de la biodiversité : trois raisons de garder espoir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/257977/original/file-20190208-174883-1491puw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=520%2C242%2C5434%2C3673&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En Europe, la libération d’une vaste surface de terres au cours des 40 dernières années a permis le retour d’ours, de loups et de lynx sur le continent.</span> <span class="attribution"><span class="source">Volodymyr Burdiak/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Alors que des scientifiques de plus en plus nombreux alertent sur la <a href="https://www.researchgate.net/profile/Jenny_Mcguire2/publication/50267709_Has_the_Earth%27s_Sixth_Mass_Extinction_Already_Arrived_Nature/links/00b7d5183edf5b6c76000000/Has-the-Earths-Sixth-Mass-Extinction-Already-Arrived-Nature.pdf">« sixième extinction de masse »</a>, il est assez tentant de se laisser aller au désespoir. </p>
<p>Il n’y a clairement aucune solution simple à la <a href="https://www.wwf.org.uk/sites/default/files/2018-10/wwfintl_livingplanet_full.pdf">perte de biodiversité</a> en cours : malgré quelques <a href="https://conservationoptimism.org/blogmap">inspirants succès</a> à l’échelle locale, nous avons jusqu’ici échoué à modifier la trajectoire de la <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-018-0130-0">destruction environnementale</a> qui a historiquement accompagné l’expansion économique. Et le <a href="http://science.sciencemag.org/content/356/6335/270.abstract">facteur sous-jacent</a> à cette crise du vivant, à savoir notre consommation de ressources naturelles, semble voué à s’intensifier.</p>
<p>Nous restons pourtant optimistes sur le fait que les choses peuvent s’améliorer. Malgré le <a href="https://www.newscientist.com/article/dn27543-europe-is-rapidly-losing-its-biodiversity-and-wildlife-habitats/">déclin persistant</a> que connaît la biodiversité en Europe, trois tendances principales nous laissent espérer des jours meilleurs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-propos-des-grandes-crises-dextinction-81531">À propos des grandes crises d’extinction</a>
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<h2>Les contours d’un changement culturel</h2>
<p>Les individus prennent de plus en plus conscience que leurs modes de vie affectent l’environnement, provoquant peu à peu un virage culturel vers des choix plus durables. Chez les 18-35 ans, le changement climatique et la destruction de la nature sont déjà considérés comme la <a href="http://shaperssurvey.org/static/data/WEF_GSC_Annual_Survey_2017.pdf">question mondiale prioritaire</a>. Cette génération gagnant en influence, son état d’esprit pourrait jouer en faveur de la protection de la biodiversité. Il affecte d’ailleurs déjà les choix de consommation, à travers la montée en puissance des produits « verts » et des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195666316302677">régimes alimentaires</a> à faible impact, au bénéfice à la fois de la <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext">biodiversité et de la santé humaine</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/254961/original/file-20190122-100261-ocw6j4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le phoque moine méditerranéen est une espèce menacée que l’on trouve essentiellement dans les mers autour de la Grèce et de la Turquie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">zaferkizilkaya/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’attention croissante portée au développement durable se traduit aussi par des succès politiques notables. L’an dernier, le parlement européen a ainsi voté l’interdiction de certains produits <a href="http://www.europarl.europa.eu/news/en/press-room/20181018IPR16524/plastic-oceans-meps-back-eu-ban-on-throwaway-plastics-by-2021">plastiques à usage unique</a>, face à la préoccupation montante autour de leurs <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-marine-010816-060409">effets néfastes</a> sur la faune.</p>
<p>Plus important encore peut-être, des interrogations apparaissent aujourd’hui sur la façon dont assurer une <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-018-0021-4">prospérité sociétale</a> au sein d’une planète aux ressources finies. Les modèles alternatifs non fondés sur la croissance, comme la <a href="https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lanplh/PIIS2542-5196(17)30028-1.pdf">« théorie du <em>donut</em> »</a>, reçoivent ainsi un accueil de plus en plus favorable. Bien qu’encore mineures, ces alternatives pourraient gagner en influence politique : l’an dernier, à Bruxelles, des membres du parlement européen ont même organisé une <a href="https://www.postgrowth2018.eu/">conférence post-croissance</a>.</p>
<h2>La consommation de viande en question</h2>
<p>Dans le monde, la consommation croissante de viande constitue une menace majeure pour la biodiversité ; en Europe, <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Farm_structure_statistics">on consacre un sixième</a> de l’ensemble des terres au pâturage. Parmi les innovations dans le domaine agroalimentaire, on pourra souligner l’émergence de substituts à la viande qui pourraient réduire significativement la quantité de terres nécessaires à l’élevage, et diminuer <a href="https://www.research.ed.ac.uk/portal/files/59812012/fsufs_02_00016.pdf">d’autres contraintes</a> pesant sur la biodiversité, comme la pollution des eaux par exemple.</p>
<p>La force de ces substituts ? En n’exigeant pas de renoncer à l’« expérience » gustative de la viande, ils pourraient contribuer à la <a href="https://s3.amazonaws.com/academia.edu.documents/39255036/Meatless_Days_2014.pdf?AWSAccessKeyId=AKIAIWOWYYGZ2Y53UL3A&Expires=1547561604&Signature=9uAeMUaewcn30%2B9HVHAxcGXzZuc%3D&response-content-disposition=inline%3B%20filename%3DMeatless_days_or_less_but_better.pdf">réduction de la demande</a> pour les produits carnés et en limiter ainsi les impacts environnementaux.</p>
<p>Une étude réalisée par l’entreprise nord-américaine Impossible Foods a conclu qu’une personne remplaçant la moitié de sa consommation de bœuf par l’une des alternatives à base de plantes proposées par cette start-up <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0189029">réduirait de 12 %</a> son empreinte agricole totale. Selon l’entreprise, les <a href="https://venturebeat.com/2019/01/07/impossible-foods-will-sell-its-improved-meatless-burger-at-select-grocery-stores/">tests à l’aveugle</a> qu’elle a organisés ont révélé que les consommateurs ne distinguaient pas son burger sans viande de celui contenant du véritable bœuf.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1085708221610934273"}"></div></p>
<h2>D’autres usages pour les terres</h2>
<p>Quelque <a href="http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/8/3/035035">50 millions d’hectares</a> de terres ont été abandonnés en Europe au cours des 40 dernières années. Soit peu ou prou la taille de l’Espagne. Grâce à l’aide d’une meilleure législation en matière de faune, cela a stimulé le retour d’ours, de loups et de lynx <a href="https://bib.irb.hr/datoteka/929104.Chapron_2014.pdf">sur le continent</a>.</p>
<p>Mais cette déprise agricole n’a rien d’une solution miracle et l’abandon des exploitations présente nombre d’<a href="https://theconversation.com/what-would-happen-if-we-abandoned-britains-farms-and-left-them-to-nature-63951">inconvénients</a>, au premier rang desquels un recul de certaines espèces, comme ces <a href="https://www.researchgate.net/publication/252335130_Effects_of_Land_Abandonment_on_Animal_Species_in_Europe_Conservation_and_Management_Implications">oiseaux présents</a> sur les terres agricoles et en recherche d’habitat ouvert ; il y a aussi la disparition de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10113-018-1294-x">cultures associées</a> à l’agriculture extensive et aux pratiques paysannes traditionnelles. </p>
<p>Une autre préoccupation concerne le risque qu’une utilisation plus efficace des terres agricoles incite les individus à consommer davantage : c’est ce qu’on appelle l’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1162/1088198054084635">effet de rebond</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-faire-revenir-les-oiseaux-dans-les-campagnes-la-piste-dun-marche-de-la-biodiversite-sauvage-99399">Comment faire revenir les oiseaux dans les campagnes ? La piste d’un marché de la biodiversité sauvage</a>
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<p>Toutefois, la restauration de la nature sur des terres libérées de l’élevage a des bénéfices potentiellement vastes – c’est aussi l’une des conditions pour que l’Europe respecte ses engagements en matière de <a href="http://openaccess.sruc.ac.uk/bitstream/handle/11262/10949/10949.pdf?sequence=2">changement climatique</a> et de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877343518300277#fn0010">biodiversité</a>. </p>
<p>Certains projets, comme la zone « ré-ensauvagée » de Knepp dans le Sussex de l’Ouest, en Angleterre, montrent comment la restauration à l’échelle du paysage peut créer des <a href="https://www.kneppestate.co.uk/knepp-wildland/">opportunités économiques</a> à travers le tourisme et une exploitation de la terre à faible impact. À une période où les <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1365-2664.13276">subventions agricoles</a> se font de plus en plus incertaines, ces lieux offrent une alternative convaincante à l’agriculture conventionnelle.</p>
<p>Indéniablement, la biodiversité se heurte aujourd’hui à une très forte menace, en Europe et partout dans le monde. Mais des évolutions culturelles, l’émergence d’innovations technologiques durables ainsi qu’une reconnaissance croissante des bénéfices de la restauration des espaces ruraux, pourraient contribuer à une sauvergarde efficace de la biodiversité européenne.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111451/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophus zu Ermgassen a récemment travaillé sur un projet pour évaluer comment contrôler la restauration en collaboration avec Rewilding Europe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Natalie Yoh ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la biodiversité est menacée en Europe, des changements dans les mentalités et les modes de consommation ainsi que de nouveaux usages des terres agricoles aident à rester optimistes.Sophus zu Ermgassen, PhD researcher, Durrell Institute for Conservation and Ecology, University of KentNatalie Yoh, PhD researcher, Durrell Institute for Conservation & Ecology, University of KentLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1015802018-09-02T18:32:04Z2018-09-02T18:32:04ZLes baobabs africains, aussi convoités que menacés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/234530/original/file-20180902-195304-bh9fry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C134%2C2567%2C1786&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au Mozambique. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/rosino/3917569994/in/photolist-ftSbiE-QN6fh-6Ybz5f-JCcF8-fAWs3b-JCcFk-QPLfp-JCcEV-6U6MFg-JCcFg-9LdGfA">Rosino/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.theguardian.com/world/2018/jun/11/giant-african-baobab-trees-die-suddenly-after-thousands-of-years">9 des 13 plus anciens et plus imposants baobabs</a> africains ont disparu au cours de la dernière décennie. Ces arbres, âgés de 1 100 à 2 500 ans, semblent avoir été victimes du changement climatique. Les scientifiques estiment que la hausse des températures les a soit directement fait périr, soit les a affaiblis, les rendant plus vulnérables à la sécheresse, aux maladies, au feu ou au vent.</p>
<p>Les vieux baobabs ne sont bien sûr pas les seuls arbres à souffrir du changement climatique. Le pin jaune (<em>Pinus ponderosa</em>) de même que les forêts de pins pignons de l’ouest américain disparaissent à un <a href="http://www.pnas.org/content/106/17/7063">rythme accéléré</a>, à mesure que les étés deviennent plus chauds. À Hawaï, les célèbres ohias (<em>Metrosideros polymorpha</em>), arbres emblèmes de l’archipel, <a href="https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/10/13/l-ohia-embleme-d-hawai-est-proche-de-l-extinction_5012934_1652692.html?">disparaissent eux aussi plus rapidement</a>.</p>
<p>Il existe dans le monde huit espèces de baobab : une en Afrique continentale, <em>Adansonia digitata</em>, dont les individus sont ceux qui peuvent atteindre la plus grande taille et l’âge le plus avancé ; six à Madagascar et une en Australie. Le baobab d’Afrique continentale doit son nom au botaniste français Michel Adanson, qui les a décrits au Sénégal.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223091/original/file-20180613-32307-1lrck6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"><em>Adansonia digitata</em> peut atteindre les 2 500 ans.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/berniedup/32991107202/in/photolist-6Evsxo-SHAPy-JCcFg-7ZLWZQ-7ZLVHJ-JCcEZ-KWKozm-KZwCZk-KZxKnP-KyoUwo-K4bj8K-KZwC78-KyoXD5-Kyp6oy-KynAfL-KSPS1z-KQgJiN-KSPA4V-KSPDAe-K4aUrB-KWK1uQ-KQgwYJ-KQgevs-KynCxb-a8XX3t-rc74YP-auu6u4-hTNBAs-a8XXHR-qfikaX-qfijEZ-Sgj3M9-j7udCd-a91MGJ-Z6PHsS-rgGk9o-dG12iy-aM5Ucp-Wegd27-j7szE7-5Carhy-6vn89G-YKJQ3U-D8PVEK-Dg7ycx-Ecy4L5-Wegd7C-KSPqRB-KWK3Ew-s4v7uM">Bernard Dupont/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Troncs multiples et fausse cavité</h2>
<p>Le baobab africain est une espèce remarquable. Pas seulement en raison de sa taille ou de sa longévité mais aussi à la manière tout à fait singulière dont <a href="https://www.sciencenews.org/blog/wild-things/huge-hollow-baobab-trees-are-actually-multiple-fused-stems">son tronc évolue</a> au cours de la croissance : ce dernier résulte en effet de la fusion de plusieurs troncs organisés en cercle et laissant en leur centre une « fausse cavité », unique aux baobabs.</p>
<p>Les baobabs ne produisant pas d’anneaux de croissance annuels, les chercheurs déterminent leur âge par datation au carbone 14, en prélevant des échantillons d’écorce à différents endroits du tronc ; le plus vieux des baobabs d’Afrique continentale – désormais disparu – aurait ainsi atteint les 2 500 ans.</p>
<h2>Plus de 300 usages</h2>
<p>Les usages du baobab sont multiples, on en a dénombré <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1365-2028.2011.01257.x">plus de 300</a>. Ses feuilles, riches en fer, peuvent se manger bouillies à la manière des épinards. Ses graines peuvent être torréfiées pour offrir une alternative au café ou encore pressées pour en extraire une huile utilisée en cuisine ou dans les cosmétiques. La pulpe de ses fruits contient <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19093269">6 fois plus de vitamine C</a> que les oranges, ce qui en fait un complément alimentaire de choix en Afrique mais aussi en Europe et en Amérique du Nord.</p>
<p>Sur les marchés locaux, cette pulpe est transformée en jus, confiture ou encore fermentée pour donner de la bière. Les jeunes plants de baobab possèdent une racine pivot qui peut être consommée comme une carotte. Ses fleurs sont également comestibles ; ses racines donnent une teinture rouge et son écorce sert à fabriquer des cordes et des paniers.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222957/original/file-20180613-32339-1ctyvmk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le fruit du baobab.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les baobabs ont également des <a href="https://www.atacora.com/baobab-blog/the-medicinal-value-of-baobab">vertus médicinales</a> tandis que leurs troncs creux peuvent être utilisés pour y <a href="https://bit.ly/2LPvEfB">stocker de l’eau</a> au frais. La couronne formée par leurs branches procure de l’ombre, abritant souvent une petite place de marché dans les zones rurales. Et, bien sûr, le commerce des produits issus de ces arbres apporte un revenu non négligeable aux communautés.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=713&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=713&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222962/original/file-20180613-32347-1hllpjb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=713&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une force spirituelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/baobab-tree-74275975?src=8Y4dS9KDLN7oSBrBIqW9TQ-1-42">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Cet arbre occupe une place de choix dans la vie culturelle des communautés, il est très présent dans les <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1890/1540-9295-11.8.452">récits de la tradition orale</a> africaine. Il apparaît même dans <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Little_Prince"><em>Le Petit Prince</em></a> de Saint-Exupéry !</p>
<h2>La culture du baobab</h2>
<p>Les baobabs ne sont pas uniquement indispensables aux humains. Ils constituent en effet un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10722-015-0360-1">élément clé des écosystèmes de la savane</a> africaine. Ils permettent tout d’abord de conserver l’humidité dans le sol, favorisent le cycle nutritif et préservent les sols de l’érosion. Ils fournissent d’autre part une source de nourriture, d’eau et d’habitat pour un grand nombre d’animaux. Oiseaux, lézards, singes et même des éléphants <a href="https://www.tanzania-experience.com/blog/baobab-juicy-old-tree/">peuvent s’y humidifier</a> en mangeant l’écorce quand l’eau vient à manquer.</p>
<p>Les fleurs du baobab sont <a href="https://www.jstor.org/stable/2399883?seq=1#page_scan_tab_contents">pollinisées par des chauves-souris</a> qui parcourent de longues distances pour se nourrir de leur nectar. Nombre d’insectes profitent également de l’arbre.</p>
<p>Présents depuis des siècles, les baobabs peuvent <a href="http://agris.fao.org/agris-search/search.do?recordID=US201301889732">tout à fait être cultivés</a>, comme c’est le cas en Afrique de l’Ouest depuis des générations. Si certains agriculteurs sont découragés du fait que les baobabs peuvent mettre de 15 à 20 ans pour donner des fruits, des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/14728028.2016.1202791">recherches récentes</a> ont montré qu’en greffant des branches d’arbres donnant des fruits à de jeunes plants, ces derniers pouvaient à leur tout donner des fruits dans les 5 ans.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=619&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=619&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223190/original/file-20180614-32347-1kzmer3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=619&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Entrée de la cavité du boabab.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/baobab-senegal-691724101?src=fVM90HWMnDLL145xxn4bHQ-2-26">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Nombre d’arbres dits « indigènes » présentent une grande variété au niveau des propriétés morphologiques et nutritionnelles de leurs fruits. Il faut des années de recherche et de sélection pour mettre au point les meilleures espèces pour la culture. Ce processus – appelé domestication – se distingue du génie génétique et consiste à sélectionner et à cultiver les meilleurs arbres disponibles dans la nature. Si cette méthode peut sembler simple, elle requiert du temps… et pendant ce temps nombre d’arbres disparaissent.</p>
<p>La disparition des plus anciens baobabs est d’une grande tristesse, mais espérons que cela nous motive à protéger les arbres encore debout et à les surveiller de près. Et si les scientifiques affinent et améliorent le processus d’identification des meilleurs sujets pour la culture, ils deviendront peut-être aussi communs que les pommes ou les oranges sur les étals de nos marchés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/101580/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aida Cuní Sanchez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ces arbres emblématiques de la flore africaine sont menacés par le changement climatique. Il faut les protéger si nous voulons continuer à bénéficier de leurs multiples usages.Aida Cuní Sanchez, Postdoctoral Research Associate, University of YorkLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/971262018-06-04T21:36:50Z2018-06-04T21:36:50ZDes plantes appréciées des chimpanzés pourraient soigner des maladies humaines<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220141/original/file-20180523-90281-a1e128.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C2%2C1920%2C1175&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les plantes médicinales consommées par les chimpanzés pourraient améliorer les traitements pour les humains dans de nombreuses maladies.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/chimpanzee-monkey-ape-view-animal-1589243/">Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Tandis que le cancer et d’autres maladies non-infectieuses sont en augmentation dans le monde entier, il devient de plus en plus difficile pour les scientifiques de trouver des traitements efficaces et sans danger. En outre, les bactéries sont devenues plus résistantes aux médicaments disponibles et les substances thérapeutiques de synthèse, plus agressives pour l’organisme.</p>
<p>Ces défis ont conduit à la <a href="https://www.nps.org.au/australian-prescriber/articles/the-need-for-new-drugs-a-response">rechercher de nouvelles solutions</a> en exploitant notamment les substances naturelles comme les plantes médicinales.</p>
<p>La médecine par les plantes existe <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3358962/">depuis des milliers d’années</a>. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 75 à 80 % de la population mondiale utilise au moins des médicaments à base de plantes.</p>
<p>L’Afrique a sa propre réserve de plantes médicinales, comme celles dont on se sert en <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378874103003507">Côte d’Ivoire</a>, au Kenya, à l’<a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/13880209009082837?journalCode=iphb18">île Maurice</a> en <a href="http://www.daff.gov.za/Daffweb3/Portals/0/Brochures%20and%20Production%20guidelines/Brochure%20Medical%20Plants%20Of%20South%20Africa.pdf">Afrique du Sud</a> et au <a href="https://ethnobiomed.biomedcentral.com/articles/10.1186/1746-4269-9-31">Zimbabwe</a>.</p>
<p>J’ai travaillé avec un groupe de scientifiques pour trouver de nouvelles façons d’exploiter les plantes à des fins médicinales. Dans ce but, nous avons étudié les habitudes alimentaires et le comportement de chimpanzés sauvages du <a href="http://whc.unesco.org/en/list/195">Parc National de Taï</a>, situé au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4618953/">Nous avons identifié</a> ce qu’ils mangeaient, notamment les feuilles, les fruits et les tiges de certains végétaux. Ces plantes ont ensuite été analysées au laboratoire.</p>
<p>Inspirées d’une <a href="https://www.researchgate.net/publication/226245648_Daily_Energy_Balance_and_Protein_Gain_Among_Pan_troglodytes_verus_in_the_Tai_National_Park_Cote_d%27Ivoire">précédente étude</a> sur les apports énergétiques du régime alimentaire des chimpanzés du parc National de Taï, nos recherches ont porté principalement sur les propriétés médicinales des plantes qu’ils consomment.</p>
<p>Les <a href="https://www.researchgate.net/publication/236852089_Antioxidant_activity_of_eight_plants_consumed_by_Great_Apes_in_Cote_d%E2%80%99Ivoire">résultats</a> suggèrent que les chimpanzés mangent des plantes dont les composants renforcent leur système immunitaire et les préservent de certaines maladies. <a href="https://www.ajol.info/index.php/ajb/article/view/128963">Nos découvertes</a> ouvrent la voie à l’examen des propriétés thérapeutiques de ces plantes pour déterminer leur utilité potentielle dans le traitement de maladies humaines.</p>
<h2>Tolérance à la maladie</h2>
<p>Les chimpanzés sont les animaux les <a href="http://www.sciencemag.org/news/2012/06/bonobos-join-chimps-closest-human-relatives">plus proches des humains</a> sur le plan génétique avec 98 % de leur ADN en commun. Cette proximité génétique indique que ces grands primates partagent avec l’homme <a href="https://blogs.scientificamerican.com/extinction-countdown/chimps-human-diseases-risk-reintroduction/">certaines maladies en commun</a> comme les candidoses, la maladie à virus Ebola et le VIH/sida. Les chimpanzés ont peuvent aussi développer <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16438707">des cancers</a>.</p>
<p>Notre hypothèse était que certaines des plantes dont ils se nourrissent contribuent à les maintenir en bonne santé et que cela pourrait servir à l’élaboration de médicaments pour les humains.</p>
<p>Nous avons analysé environ 132 extraits issus de 27 plantes choisies selon :</p>
<ul>
<li><p>La fréquence à laquelle elles sont consommées</p></li>
<li><p>Le temps alloué à leur consommation</p></li>
<li><p>La quantité consommée</p></li>
</ul>
<p>Nous avons testé la capacité de ces plantes à prévenir le cancer et à inhiber la destruction des cellules, le développement des bactéries et des mycoses. Nous avons également analysé leurs apports nutritionnels.</p>
<h2>Un régime préventif</h2>
<p>Certaines des plantes que nous avons analysées sont déjà utilisées par les humains comme plantes médicinales. Cependant les parties utilisées pour les traitements sont différentes de celles mangées par les chimpanzés.<em>Nauclea diderrichii</em> est un bon exemple. Les fruits et les feuilles de cette plante sont consommés par les chimpanzés, mais l’écorce de la tige est utilisée par les hommes pour traiter la fièvre et la jaunisse.</p>
<p>Des plantes prometteuses telles que <a href="https://plants.jstor.org/stable/10.5555/al.ap.upwta.4_168"><em>Tristemma coronatum</em></a>, dont l’extrait des feuilles est connu pour son effet soporifique chez l’homme et <em>Beilschmiedia mannii</em>, qui est utilisée pour traiter des maladies pulmonaires ont été identifiées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les feuilles de <em>Tristemma coronatum</em> sont connues pour leur effet soporifique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Author provided.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi les autres plantes bénéfiques, identifiées ici sous leur nom latin et leurs noms usuels dans les dialectes ivoiriens, citons :</p>
<ul>
<li><p><em>Klainedoxa gabonensis</em> (kroma)</p></li>
<li><p><em>Nauclea diderrichii</em> (badi)</p></li>
<li><p><em>Manniophyton fulvum</em> (kolomodia, frafrabié, topué, dobuï,zohé, zoobo)</p></li>
<li><p><em>Beilschmiedia mannii</em> (biliè, tienabi, atiokwo, iréklé, biétou, btei, bhoukéssou)</p></li>
</ul>
<p>Toutes poussent en abondance dans le parc National de Taï.</p>
<p>Notre étude a montré que les plantes analysées induisent une enzyme, la quinone réductase, qui <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1876771/">prévient les dommages</a> des cellules du corps. Ces plantes inhibent le NF-kB, une enzyme dont l’activation <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2803035/">est à l’origine</a> de plus de 20 % de tous les cas des cancer rapportés.</p>
<p>Vingt-quatre extraits (18 %) de ces plantes éliminent les bactéries et six (5 %) détruisent les levures à l’origine des candidoses. <em>Tristemma coronatum</em> a une activité à la fois sur les bactéries et les levures tandis que <em>Beilschmiedia mannii</em> est efficace contre les bactéries, les levures et le cancer, ce qui signifie que ces plantes pourraient donc être utilisées pour chez l’homme pour les soins de santé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ecrasé et mélangé à du carbonate de calcium, le fruit de la <em>Klainedoxa Kabonensis</em> est utilisé pour soigner les abcès et les ulcères. La pulpe est appliquée sur les inflammations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Author provided.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Développement de nouveaux médicaments</h2>
<p>Notre étude démontre le potentiel thérapeutique et nutritionnel de certaines plantes, qui peut être pris en considération dans l’élaboration de nouveaux médicaments.</p>
<p>La prochaine étape sera de tester ces plantes sur des animaux de laboratoire. Une fois leur innocuité et leur efficacité démontrées, nous pourrons évaluer leurs effets sur des humains. Si elles remplissent les conditions nécessaires, le développement de nouveaux médicaments pourra suivre.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par Iris Le Guinio pour <a href="http://www.fastforword.fr">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97126/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Constant Ahoua est chercheur associé au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d'Ivoire et postdoc du consortium Afrique One-ASPIRE, un programme de recherche panafricain soutenu par le Alliance for Accelerating Excellence in Science in Africa (AESA), le African Academy of Sciences (AAS), le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), le Wellcome Trust et l'UKaid. Ses recherches ont été financées par le Programme d'Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES), la Fondation Internationale pour la Science (IFS) et le gouvernement suisse.</span></em></p>Dans un parc national de Côte d’Ivoire, des chercheurs étudient les fruits et végétaux constituant l’alimentation des grands singes. Certains extraits s’avèrent prometteurs contre le cancer.Constant Ahoua, Post-Doctoral Fellow under Afrique One-ASPIRE, Nangui Abrogoua UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/962452018-05-28T20:46:10Z2018-05-28T20:46:10ZParis choisit l’innovation juridique pour asseoir son nouveau plan biodiversité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219374/original/file-20180517-155594-2stmnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C95%2C1982%2C1213&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ville de Paris souhaite végétaliser la ville, mais également sensibiliser ses habitants.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/greg_men/14940075286/in/photolist-oLcMSW-i2Wv3L-JsQpfF-4gZsZJ-bxQNNC-4Hzfuz-gaMBnH-hxZGWK-hMnZiS-6yz9K8-8NFRCb-i2YCyU-S29H6q-dUtzbz-iKSVfu-drMhLF-i5PiGL-qJPM6L-5ZWuCJ-qf3UW6-hDXWiJ-hJr59f-SchrRB-huRYPx-pbBojj-io3yHr-hJrAtn-4oi91n-2yXfgk-sbDzLv-BUrciW-TN6zPL-gEnCEM-8Vqp57-dKFism-gZrv2j-cQ82EY-e8ETAB-uHtRhg-bkunbX-AuBNn5-iqqsnC-g64UEP-qi3DKr-VqwrZk-67vRGZ-23NQTR5-Erah4e-quKshb-fzyFUM"> Greg_Men/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le 20 mars 2018, la ville de Paris s’est dotée de <a href="https://api-site-cdn.paris.fr/images/100076">son deuxième plan biodiversité</a> qui couvrira la période 2018-2024. Il prend la suite d’un premier projet créé en 2011, en application de la Convention sur la diversité biologique signée à Rio de Janeiro en 1992.</p>
<p>À plus d’un titre, ce nouveau plan confirme l’ambition d’inscrire la capitale française comme leader international de la protection de l’environnement. La métropole avait déjà accueilli l’organisation de la COP 21 en décembre 2015, donnant naissance à l’<a href="https://unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09f.pdf">Accord de Paris</a>, une dynamique maintenue en décembre 2017 lors du <a href="https://www.oneplanetsummit.fr/fr/">One Planet Summit</a>, consacré au financement des mesures de lutte contre les changements climatiques. Ce plan intervient également quelques semaines après l’annonce de l’organisation des Jeux olympiques de 2024.</p>
<p>Forte de tous ses engagements, la ville de Paris envisage à présent d’harmoniser l’ensemble de ses politiques publiques avec la protection de l’environnement, et plus particulièrement de la diversité biologique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/219360/original/file-20180517-155555-1pau155.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plan biodiversité de Paris 2018-2024.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.paris.fr/actualites/un-nouveau-plan-biodiversite-pour-paris-5594">Ville de Paris</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un laboratoire pour penser la biodiversité</h2>
<p>Le plan biodiversité s’affiche comme une vitrine d’une vision globale et intégrative de la diversité biologique.</p>
<p>L’étendue de son champ d’application est à souligner : il concerne explicitement les espaces du quotidien et les espèces communes présentes dans les rues, les jardins, les parcs ou encore les berges de Seine. <a href="http://www.plantes-natives.com/medias/files/guide-des-plantes-natives-du-bassin-parisien.pdf">Le guide des plantes natives du bassin parisien</a> les répertorie. Parmi les plantes indigènes d’île-de-France les plus répandues, on trouve par exemple l’Alisier Blanc, l’Achilée millefeuille ou bien encore l’Amourette.</p>
<p>En d’autres termes, le Plan ambitionne de repenser la relation entre les citadins et les éléments composant le patrimoine naturel parisien.</p>
<p>Pour mener à bien sa démarche d’appréhension de la biodiversité « ordinaire », le plan regroupe trente actions regroupées en trois axes.</p>
<p>Le premier axe vise à encourager la prise en compte de la biodiversité dans les diverses politiques de la ville en matière d’urbanisme et d’aménagement. Il est prévu par exemple de renforcer la prise en compte des enjeux de préservation dans les documents de planification, et plus spécifiquement le projet d’aménagement et de développement durable.</p>
<p>Les actions du deuxième axe ont pour objectif de rendre visible la biodiversité anthropique et imbriquée dans nos activités humaines.</p>
<p>En ce sens, l’axe 8 prévoit notamment un renforcement des partenariats entre la Direction des espaces verts et de l’environnement et les associations de protection de la nature, telle que la <a href="http://www.snpn.com/">Société nationale de protection de la nature</a> (SNPN), chargée entre autres d’inventorier la biodiversité du territoire parisien.</p>
<p>Quant au troisième axe, il traduit la volonté des autorités publiques de penser la biodiversité comme un moyen de résilience de la cité urbaine. La biodiversité peut en effet apparaître déterminante dans la <a href="http://www.biodiversite-positive.fr/">constitution des projets architecturaux</a>, des réseaux énergétiques, de la lutte contre les changements climatiques et la définition d’un nouveau modèle agricole.</p>
<p>Des initiatives inédites seront mises en œuvre pour construire de nouvelles solidarités. Des insectes seront distribués aux citoyens ; dans la continuité des projets menés rue de Cîteaux (XII<sup>e</sup> arrondissement) et rue Léon-Séché (XV<sup>e</sup> arrondissement) et trois nouvelles <a href="https://www.paris.fr/ruesvegetales">« rues végétales »</a> verront bientôt le jour.</p>
<p>La ville de Paris prévoit également la création de cours d’école-oasis, consistant à réintégrer le végétal dans l’espace récréatif.</p>
<p>Dans le même ordre d’idée, la municipalité souhaite développer les permis de végétaliser afin de permettre aux habitants, commerçants et conseils de quartiers, de mener des initiatives de végétalisation en toute légalité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=841&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=841&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=841&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1056&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1056&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220598/original/file-20180528-80640-w64s8g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1056&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">« Venez jardiner, vous êtes chez vous ! ». La rue de Cîteaux, dans XIIᵉ arrondissement, fait partie des rues végétales à Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Léna Pedon</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un instrument juridique souple</h2>
<p>La particularité de ce Plan se manifeste également par sa forme juridique. Classiquement, la protection de la biodiversité est mise en œuvre par des dispositifs législatifs, réglementaires ou contractuels, bénéficiant d’une valeur juridique contraignante. C’est ce que la doctrine identifie comme des sources de « droit dur ».</p>
<p>Cependant, en parallèle, des <a href="http://www.conseil-etat.fr/content/download/3594/10810/version/1/file/droit_souple_1-resume_021013.pdf">instruments de « droit souple »</a> peuvent être produits par les pouvoirs publics. Juridiquement non contraignants, ils ne revêtent pas les mêmes caractéristiques que le droit dur.</p>
<p>Puisqu’aucun mécanisme juridique n’en sanctionne le non-respect, de tels instruments peuvent contenir sans risques des initiatives ambitieuses. Pour cela, il n’y a qu’à penser au <a href="http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/">plan d’action Agenda 21</a> adopté lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992 qui invitait les collectivités locales du monde entier à engager des démarches durables sur leur territoire.</p>
<p>Aujourd’hui, <a href="http://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/sites/default/files/IDDT_Agenda21_0.pdf">43 % de la population française</a> est concernée par un tel programme.</p>
<p>Rien ne contraignait les collectivités à agir. Pourtant, nombreuses sont celles qui se sont engagées à porter des actions ambitieuses sur leur territoire en matière de pesticides, de gestion des déchets ou encore de valorisation des ressources naturelles.</p>
<p>C’est tout le paradoxe des instruments de droit souple qui, malgré leur absence de caractère contraignant, peuvent rapidement, mais aléatoirement être appliqués ; pour autant cela ne les prive pas de toute autorité.</p>
<p>C’est ici tout l’intérêt du plan biodiversité.</p>
<p>Sans être doté d’une force juridique obligatoire, il porte une force sociale et politique certaine : application de nouvelles valeurs et détermination des actions appropriées, orientant ainsi les comportements des sujets de droit. Les Parisiens ont par exemple proposé qu’un budget soit alloué pour la pose de nichoirs sur la voie publique à destination des moineaux.</p>
<p>Par ailleurs, à l’image du plan biodiversité, les instruments de droit souple constituent une base de travail pour le législateur. Paris pourrait alors verdir son image en s’affichant comme l’avant-garde des prochaines évolutions en droit de l’environnement à l’échelle nationale.</p>
<p>Véritable engagement politique, c’est alors sur le volet moral que la ville de Paris engage ici sa responsabilité.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"951033903892058120"}"></div></p>
<h2>La promotion d’une gouvernance participative</h2>
<p>À l’occasion de la détermination des trente actions composant le plan biodiversité, la société civile a joué une part active assez inédite. Les porteurs de protocoles de sciences participatives, les associations de protection de la nature, les citoyens et les services de la ville ont régulièrement été invités à se réunir dans le cadre d’ateliers afin de formuler leur propre proposition.</p>
<p>La gouvernance du plan reflète cette dimension collaborative, présentant le double avantage de favoriser le consensus autour de la biodiversité et d’insérer une dose de démocratie dans l’élaboration du Plan.</p>
<p>Une composition tripartite a ainsi été retenue.</p>
<p>À sa tête siège l’Observatoire parisien de la biodiversité, en charge de la coordination du plan. Il devra par conséquent faire le lien entre les directions pilotes de la ville, les autres directions impliquées et les partenaires identifiés. Un Comité parisien de la biodiversité rassemblera des associations et chercheurs impliqués, et évaluera la mise en œuvre du plan.</p>
<p>Les entreprises privées sont également invitées à mettre en place les actions de la Ville, en co-signant la Charte « Paris Action Biodiversité », qui va être nouvellement rédigée et qui contiendra des moyens opérationnels de mise en œuvre du plan.</p>
<p>Le suivi sera appuyé par un comité stratégique et un comité de pilotage. Des indicateurs d’aide à la décision permettront de faire vivre le plan et de ne pas l’inscrire dans une dimension fixiste qui pourrait porter préjudice à la protection de la biodiversité, d’autant plus dans un contexte de changements climatiques.</p>
<p>Tout semble réuni pour que Paris et l’ensemble des acteurs qui interagissent sur le territoire puissent adopter des mesures de nature à faire évoluer le niveau de qualité de l’environnement. Une urgence écologique soulignée ici par l’exigence d’une application graduée du Plan, aux termes duquel Paris serait une capitale exemplaire.</p>
<p>L’application concomitante de la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages adoptée le 8 août 2016 par le législateur français, la création consécutive de l’Agence française de la biodiversité et plus récemment encore le lancement de l’agence régionale de la biodiversité sur le territoire d’Île-de-France, œuvrent explicitement dans le sens d’une mobilisation accrue des autorités publiques en faveur du renforcement de la biodiversité à une échelle locale comme internationale.</p>
<p>Paris pourrait ainsi espérer remporter prochainement le prix de la capitale verte de l’Europe, qui depuis 2006, récompense les villes européennes intégrant au mieux l’environnement dans leurs aménagements urbains ; Oslo a été la dernière ville distinguée.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/5xMSd6cFto8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Nantes avait reçu le prix de la capitale verte européenne en 2013 (Marina d’Eté/YouTube, 2013).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/96245/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aline Treillard est membre du Conseil d'Administration de la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN). Elle est également membre du Conseil Scientifique et Technique de la Ligue pour la Protection des Oiesaux (LPO).</span></em></p>Le nouveau Plan Biodiversité a été adopté le 20 mars 2018. Décliné en une trentaine d’actions, il a pour objectif d’accroître la végétalisation de la superficie non bâtie de Paris.Aline Treillard, Doctorante en droit de l'environnement, Université de LimogesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/929582018-03-21T20:46:12Z2018-03-21T20:46:12ZModéliser la nature à l’aide de superordinateurs, ça sert à quoi ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/211383/original/file-20180321-165568-1i04y5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un exemple de modélisation pour évaluer la biodiversité. </span> <span class="attribution"><span class="source">Université de Sherbrooke</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Contrairement à ce que l’on croit souvent, la recherche en écologie ne consiste pas seulement à observer la nature. Et certains chercheurs étudient des espèces et des écosystèmes virtuels qu’ils ont eux-mêmes créés. C’est ce qu’on appelle « faire de la modélisation ».</p>
<p>La <a href="http://www.academia.edu/1742164/Introduction_%C3%A0_la_mod%C3%A9lisation_en_%C3%A9cologie">modélisation en écologie</a> consiste à reproduire des processus observés à l’aide d’équations mathématiques afin de comprendre le fonctionnement des systèmes étudiés. Ces équations représentent soit des flux, soit des variations d’abondance ou de biomasse d’espèces. Par exemple, la croissance d’une population de bactéries au cours du temps peut être représentée par une fonction exponentielle.</p>
<p>Les écologues peuvent également faire des prédictions sur l’état futur des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ecosystemes-35522">écosystèmes</a>.</p>
<p>Le processus de modélisation suit alors trois phases principales : l’observation, la compréhension et la prédiction. Cependant, il est parfois possible de comprendre sans pouvoir prédire, ou de prédire sans comprendre. Les avancées technologiques ont permis de développer des modèles complexes nécessitant des ordinateurs de plus en plus puissants qui permettent de lancer des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/simulation-35925">simulations</a> (prenant parfois plusieurs jours !).</p>
<h2>Prévoir les effets des changements climatiques</h2>
<p>La modélisation sert, entre autres, à comprendre les causes des <a href="http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/syr/AR5_SYR_FINAL_SPM.pdf">changements climatiques</a> et à prédire leur évolution. La distribution des espèces étant hautement dépendante du climat, si nous connaissons le climat futur et la distribution actuelle des espèces, nous devrions être capables de prédire une possible distribution future de celles-ci. C’est ainsi que nous pouvons imaginer la montée des espèces vers le nord.</p>
<p>Ces résultats sont très importants afin de préparer les gestionnaires aux changements climatiques. Ainsi, il est parfois suggéré aux forestiers de planter des essences d’arbres <a href="http://www.lemonde.fr/planete/visuel/2016/07/29/derniere-chance-pour-la-biodiversite-les-arbres-de-verdun-premiers-deplaces-climatiques_4976100_3244.html">adaptées au climat futur</a>. Il pourrait aussi être question de <a href="http://www.pleinchamp.com/vigne-vin/actualites/vigne-les-effets-du-rechauffement-climatique-sont-deja-bien-reels">relocaliser certains vignobles</a>, à l’image de la production de champagne désormais possible au Royaume-Uni.</p>
<p>Cependant, la présence d’une espèce dans un milieu ne dépend pas uniquement de l’environnement, mais aussi de ses interactions avec d’autres espèces. Par exemple, deux espèces végétales peuvent être en compétition pour l’accès à la lumière ou l’acquisition de nutriments. Dans ce cas, l’espèce la moins compétitrice risque de se faire supplanter. Ces espèces peuvent aussi être limitées dans leur expansion par une grande pression d’herbivorie ou une absence de <a href="https://theconversation.com/fr/search?utf8=%E2%9C%93&q=pollinisateurs">pollinisateurs</a>. Ajoutées aux modèles, ces variables les rendent plus complexes.</p>
<h2>Observer la dynamique des espèces</h2>
<p>Dans la même optique, il est possible de modéliser les effets des perturbations sur des communautés entières comportant des végétaux, des herbivores et des carnivores. Une perturbation peut être progressive (comme un <a href="http://theconversation.com/fr/topics/changement-climatique-21171">changement climatique</a>) ou brutale (comme un feu ou une coupe forestière) et donc d’origine naturelle ou humaine (anthropique). Les perturbations favorisent certaines espèces (parfois des espèces exotiques et/ou pathogènes) et peuvent en éliminer d’autres.</p>
<p>En connaissant les interactions entre espèces, des prédictions peuvent être émises quant à l’effet d’une perturbation sur une communauté entière. Dans les modèles de réseaux trophiques (un ensemble de chaînes alimentaires) où seulement les interactions consommateurs-ressources sont prises en compte, chaque espèce consomme des ressources à des taux variables, qui sont souvent déterminés à partir de sa <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1890/03-9000/abstract">masse corporelle</a>. Des espèces peuvent donc être retirées ou ajoutées aux modèles et les effets de ces modifications sur les autres espèces peuvent être calculées.</p>
<p>La modélisation de la dynamique de communautés d’espèces a permis de révéler des effets en cascade difficilement observables sur le terrain et difficilement prédictibles. Par exemple, la modélisation d’une <a href="http://www.ecopath.org/">grande pression de pêche</a> sur les poissons carnivores et/ou de <a href="https://philippefrossard.com/menaces-et-defis/de-lempreinte-ecologique-a-la-sobriete-joyeuse/la-surpeche-menace-meme-la-chaine-alimentaire/">grande taille</a> a montré que la pêche modifie les communautés marines dans leur ensemble, au niveau de leur composition en espèces et de leur fonctionnement. C’est à cause de cette pression de pêche que l’on a pu, par exemple, observer ces dernières années une <a href="https://www.consoglobe.com/explosion-du-nombre-de-meduses-en-mediterranee-cg">surabondance de méduses en Méditerranée</a>, conséquence de la surpêche de leurs prédateurs. Cela a entraîné, en cascade, une diminution des proies des méduses telles que les petits poissons.</p>
<h2>Simplifier la réalité</h2>
<p>Les modèles peuvent être très réalistes ou très abstraits en fonction de leurs objectifs. Certaines théories écologiques ont ainsi été développées en utilisant des espèces imaginaires. Malgré cela, ces théories ont été confirmées a posteriori par des observations. La théorie de la <a href="https://web.stanford.edu/group/stanfordbirds/text/essays/Island_Biogeography.html">biogéographie des îles</a>, par exemple, permet de comprendre comment les flux d’espèces entre îles et continents façonnent les populations insulaires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/210348/original/file-20180314-113482-6ofpk7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Illustration de la théorie de l’île biogéographique de R. MacArthur et E. Wilson, basée sur deux prédictions : les taux d’immigration sont plus élevés vers les îles proches d’une source de colonisateurs, et les taux d’extinction des espèces sont élevés sur les petites îles. Le modèle montre qu’il y a un plus grand nombre d’espèces dans les grandes îles proches que dans les petites îles isolées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ASch%C3%A9ma_de_l'IBT.png">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>De nos jours, cette théorie élaborée mathématiquement est communément utilisée dans la gestion des écosystèmes. D’autres modèles sont construits et paramétrés suivant de vraies communautés. Par exemple, les communautés de micro-organismes présents dans les feuilles de forme tubulaire des <a href="https://www.aujardin.info/plantes/sarracenia-purpurea.php">Sarracénies pourpres</a> sont utilisées pour comprendre, entre autres, comment les interactions entre espèces affectent le fonctionnement des communautés.</p>
<p>Il existe un gradient dans le réalisme des modèles. S’ils s’avèrent trop abstraits, cela peut induire du scepticisme quant à la justesse de leurs résultats. C’est pourquoi il est important de se rappeler qu’un modèle est construit dans le but de simplifier la réalité afin de comprendre des mécanismes précis. Un modèle comporte donc uniquement les variables d’intérêt pour une question particulière, et, comme l’a déclaré le statisticien <a href="https://hwbdocuments.env.nm.gov/LosAlamosNationalLabs/TA54/11528.pdf">George Box</a>, « tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles ».</p>
<p>C’est justement pour répondre à des questions diverses que de nombreux modèles, à première vue similaires, sont construits de manière un peu différente. C’est alors l’ensemble de ces modèles qui permet de comprendre différents aspects du fonctionnement des communautés et des écosystèmes, et de prédire leur réponse aux changements environnementaux.</p>
<h2>Modélisation et recherche empirique</h2>
<p>Bien que les modèles en écologie soient maintenant des outils indispensables pour comprendre le monde qui nous entoure, leur simplicité ne permet pas de saisir entièrement la complexité que l’on trouve dans la nature. Cette complexité, résultant d’un grand nombre d’espèces, d’interactions et de facteurs environnementaux, rend cependant la compréhension globale des systèmes biologiques impossible si l’on ne prend en compte que les expériences empiriques.</p>
<p>La modélisation reste donc indissociable des expériences de terrain. La récolte de données alimente ainsi le fonctionnement des modèles, lesquels offrent des prédictions dont la justesse peut être vérifiée empiriquement. L’utilisation conjointe en écologie de la modélisation et de la recherche empirique ouvre ainsi les portes à une nouvelle ère, à de nouvelles réponses et, bien sûr, à de nouvelles questions.</p>
<hr>
<p><em>Stéphanie Préfontaine et Madelaine Proulx ont participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/92958/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Idaline Laigle a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathilde Besson est membre du Centre de la science de la biodiversité du Québec. </span></em></p>Les biologistes recourent de plus en plus à des moyens informatiques sophistiqués pour comprendre le vivant.Idaline Laigle, Doctorante en écologie, Université de Sherbrooke Mathilde Besson, Doctorante en écologie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.