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C koi c ksmtik ? Acronymes, abréviations et cosmétiques

PDPics/Pixabay

Si nous avons choisi un titre digne d’un message SMS ce n’est pas par hasard. Car en regardant les emballages de certains cosmétiques, on se rend compte que les abréviations se multiplient. Celles-ci sont transparentes pour les spécialistes du domaine, particulièrement les dermatologues et les pharmaciens, mais restent totalement incompréhensibles pour le consommateur lambda. Alors pourquoi y a-t-on recours ? Dans quel but ? C’est à ces questions que nous allons répondre ici.

Source d’informations pour le consommateur

Les indications figurant sur les emballages cosmétiques sont diverses. On trouve, tout d’abord, des informations obligatoires exigées par le Règlement (CE) N°1223/2009. Certaines sont indispensables pour la sécurité d’emploi du produit, en particulier le numéro de lot, la liste qualitative des ingrédients parmi lesquels figurent les allergènes et les informations relatives à la péremption du produit.

Rappelons qu’un cosmétique ne peut, en aucun cas, prévenir ou guérir une quelconque maladie, cet aspect relevant du médicament. Dentifrices (qui permettent la prévention des caries) et produits de protection solaire (qui font partie de la stratégie globale de prévention de la survenue de certains cancers cutanés) font figure de CTNI (cosmétiques terrestres non identifiés) dans un milieu bien policé… Mentionner une pathologie ou l’une de ses lésions élémentaires comme papule ou pustule, par exemple, sur le conditionnement d’un produit cosmétique est donc strictement interdit. Mais, si l’on sait bien qu’un cosmétique ne peut pas traiter une pathologie (puisqu’il ne s’agit pas d’un médicament), celui-ci peut, en revanche, participer au confort d’un patient et s’intégrer dans une démarche de soin de support.

Démystifions donc les abréviations et acronymes rencontrés et déjouons les malicieuses circonvolutions des services marketing.

CHT pour chimiothérapie. Le Baume secure Atoderm CHT est « conseillé pour les sécheresses cutanées parfois induites par certains traitements de chimiothérapie ». En toutes lettres et en abréviation les sujets concernés sont les personnes atteintes d’un cancer.

DA pour Dermatite atopique (ou A.D. pour Atopic Dermatitis). Le Baume relipidant XeraCalm D.A. est destiné aux peaux sèches sujettes aux démangeaisons, aux peaux à tendance atopique. Quant à XéraCalm A.D. crème relipidante, elle convient aux « peaux très sèches, peaux à tendance atopique, peaux sujettes aux démangeaisons » car « elle nourrit les peaux très sèches et apaise les sensations de démangeaisons du nourrisson, de l’enfant et de l’adulte ».

DS pour Dermite séborrhéique. La dermite séborrhéique est une affection cutanée de nature inflammatoire, caractérisée par la présence de plaques érythémateuses recouvertes de squames grasses qui se développent dans les zones où on observe un afflux de sébum. Et c’est ainsi que « le shampooing Kelual DS est indiqué dans les états pelliculaires sévères récidivants associés à des rougeurs et démangeaisons du cuir chevelu », que Kerium DS crème « neutralise les plaques de rougeurs et de squames » et Nodé DS+ est un « shampooing intensif qui prévient les récidives des pellicules persistantes et calme les démangeaisons »…

KA pour Kératose actinique. La crème hydratante Anthélios KA (SPF 50+) est indiquée pour les sujets dont « la peau présente un risque élevé face aux UV quotidiens ». Rappelons que la kératose actinique se traduit par l’apparition de petites lésions en relief (principalement croûteuses), souvent multiples, siégeant au niveau des zones exposées aux UV (visage, dos des mains, oreilles, cuir chevelu des patients chauves…) Les lésions cutanées caractéristiques de cette pathologie sont des lésions pré cancéreuses qui doivent être surveillées de près par un dermatologue.

Pour ces deux acronymes, KA et DS, parions que le consommateur lambda pense plutôt à des voitures plus ou moins mythiques, alors que le professionnel de santé fera le lien avec des affections cutanées fréquemment rencontrées dans sa pratique professionnelle.

Attention à la lucite ! sasint/Pixabay

LEB pour Lucite estivale bénigne. Parfois appelée « allergie solaire », la lucite estivale bénigne est la plus fréquente des éruptions provoquées par l’exposition solaire. Elle touche principalement la femme jeune et se manifeste dès les premières expositions. Eucerin Sun LEB Protection 50 est « une protection solaire à la texture gel-crème avec une haute protection UV et une protection efficace des peaux sujettes à la Lucite estivale bénigne (LEB) ». Ici, c’est dit en toutes lettres !

P.S.O ou PSO pour psoriasis. La Crème pour le Corps PSO Clinéral Ahava qui se présente comme « un soin pour la peau à base de boue et de minéraux de la Mer Morte qui va réduire le dessèchement de votre peau » et la crème Oemine P.S.O qui convient aux « peaux sèches et squameuses » sont deux bons exemples. Le consommateur, mais surtout le professionnel de santé sont guidés, par ces trois initiales, vers le mot psoriasis. On retiendra donc que les cosmétiques affichant les trois lettres PSO sont proposés dans cette situation, en fait, thérapeutique.

On aura compris que ces acronymes et ces abréviations permettent de dire tout bas ce que l’on ne peut pas dire tout haut. Ils constituent donc une manière astucieuse de communiquer sur des sujets réglementairement épineux.

Les acronymes et abréviations confèrent aux cosmétiques une valeur ajoutée inestimable dans l’esprit du public et dans celui des professionnels de santé. Apposés par les fabricants eux-mêmes, ils ne garantissent pas pour autant une réelle supériorité par rapport aux produits de la concurrence. Alors attention « o zabrviasions » !

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