tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/affaires-et-economie/articlesAffaires et Économie – La Conversation2024-03-22T13:28:07Ztag:theconversation.com,2011:article/2260912024-03-22T13:28:07Z2024-03-22T13:28:07ZMort d’un lanceur d’alerte chez Boeing : la culture corporative nord-américaine montrée du doigt<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582614/original/file-20240314-30-19fe3a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C22%2C4950%2C3277&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2019, une douzaine d’employés de Boeing avaient exprimé des inquiétudes quant au processus de fabrication et de sécurité de l’entreprise.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le décès suspect de John Barnett, <a href="https://www.liberation.fr/international/amerique/affaire-boeing-un-lanceur-dalerte-retrouve-mort-aux-etats-unis-la-these-du-suicide-privilegiee-20240312_P4BZECGIOBCBRFXP4MA2632YXI/">retrouvé mort dans sa voiture le lendemain du premier jour de son témoignage dans un procès impliquant son ex-employeur</a>, Boeing, relance les spéculations quant aux normes de sécurité et de fabrications de l’avionneur.</p>
<p>L’ex-directeur du contrôle qualité, qui avait travaillé 32 ans à l’usine de North Charleston, en Caroline du Sud, était sorti de l’obscurité en 2019 <a href="https://www.nytimes.com/2019/04/20/business/boeing-dreamliner-production-problems.html">alors qu’il avait témoigné dans le <em>New York Times</em></a>. Avec une douzaine d’employés et d’ex-employés, il dénonçait des processus de fabrication qui priorisaient la vitesse plutôt que la sécurité du public.</p>
<p>Bien que <a href="https://www.lexpress.fr/economie/boeing-la-mort-dun-lanceur-dalerte-replonge-lavionneur-dans-la-tempete-RKTX33PSZNEYRMHFAM6KM4OOII/">Boeing nie ces allégations</a>, des audits récents ont confirmé l’existence de problèmes de contrôle de la qualité. <a href="https://www.faa.gov/newsroom/updates-boeing-737-9-max-aircraft">Une enquête récente de l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) révèle plusieurs problèmes de non-conformité</a>.</p>
<p>Depuis quelques semaines, les médias ont rapporté une série de problèmes touchant des avions Boeing : une <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/aux-etats-unis-un-boeing-737-max-perd-un-hublot-et-atterrit-d-urgence-987195.html">porte arrachée en plein vol</a> le 5 janvier, un <a href="https://www.nbcnews.com/news/us-news/passenger-video-shows-flames-shoot-united-airlines-engine-midflight-rcna142217">atterrissage d’urgence</a> le 7 mars, et <a href="https://www.nbcnews.com/news/world/50-people-injured-strong-movement-boeing-flight-new-zealand-rcna142405">50 blessés en raison d’une soudaine perte d’altitude</a> le 11 mars.</p>
<h2>Le coût de la divulgation</h2>
<p>La mort de John Barnett correspond, malheureusement, à un <a href="https://foreignpolicy.com/2020/03/20/death-of-a-whistleblower-suicide-pentagon-office-inspector-general/">schéma bien établi</a>. Les lanceurs d’alertes qui sortent de l’ombre doivent à la fois subir un examen public exigeant tout en étant confronté à des réactions très dures.</p>
<p><a href="https://www.sec.gov/news/press-release/2023-89">Selon une étude récente</a>, 82 % des divulgateurs subissent des représailles de la part de leur employeur, y compris le harcèlement ou le licenciement.</p>
<p>La divulgation est toujours bouleversante pour les lanceurs d’alerte eux-mêmes, puisqu’ils y perdent leur appartenance à toute une communauté. La culture d’entreprise complique souvent ce choix entre devoir et loyauté. Pour bien des gens, investis émotionnellement dans cette culture, <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fa0024166">emploi et identité ne font qu’un</a>. Dans un lieu de travail qui structure nos vies et traversé de drames quotidiens, les valeurs professionnelles et personnelles se confondent.</p>
<p>Si bien que toute sortie publique contre son employeur est vécue comme un déchirement. Elle revient à déclarer publiquement que l’on se sépare d’une communauté qui, en partie du moins, agit de manière contraire à l’éthique, voire criminelle.</p>
<p>Ce geste induit un <a href="https://psic-ispc.gc.ca/fr/ressources/publications-corporatives/le-son-du-silence">sentiment de trahison</a> chez leurs anciens collègues dont l’identité est pareillement liée à la même culture. Et le public en rajoute souvent en critiquant les dénonciateurs comme des êtres déloyaux en quête d’attention.</p>
<h2>Une fausse dichotomie</h2>
<p>Mais cette caractérisation opposant devoir et loyauté est injuste. Les recherches montrent que de nombreux lanceurs d’alerte <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0170840619880565">continuent d’entretenir leur sentiment d’identité et d’appartenance</a> envers leur communauté de travail malgré tout le ressentiment qu’ils subissent.</p>
<p>En fait, dans bien des cas, c’est justement parce qu’ils sont très attachés aux idéaux de cette communauté et aux normes professionnelles qu’ils ont fait leurs révélations. Pour eux, leurs obligations envers le public et leur loyauté professionnelles ne font qu’un, ce qui suggère qu’opposer les deux est une fausse dichotomie.</p>
<p>Ce qui semble être bien le cas de John Barnett. En cherchant à protéger le public, il espérait aussi un avenir meilleur pour ses collègues et pour l’entreprise à laquelle il avait tout donné.</p>
<p>Suite à son décès, <a href="https://www.nbcnews.com/news/us-news/boeing-whistleblowers-case-go-posthumously-attorney-says-rcna143001">ses avocats ont déclaré</a> :</p>
<blockquote>
<p>John était un homme courageux, honnête et d’une grande intégrité. Il tenait beaucoup à sa famille, à ses amis, à la société Boeing, à ses collègues de Boeing, aux pilotes et aux personnes qui volaient sur des avions Boeing. Nous avons rarement rencontré quelqu’un d’aussi sincère et d’aussi franc. </p>
</blockquote>
<h2>L’ire et martyre</h2>
<p>En accédant soudainement à la notoriété, les lanceurs d’alerte doivent parfois subir la colère populaire. Pris dans un écheveau où les valeurs culturelles, sociales et professionnelles s’entremêlent, le public en fait volontiers des martyrs ou des mouchards.</p>
<p>Bien des gens considèrent les <a href="https://www.forbes.com/sites/kellypope/2018/12/26/the-truth-about-whistle-blowers/?sh=7cd4a0776a9b">dénonciateurs comme des cancaniers, des cafards ou des indics</a> qui balancent leur employeur et leurs collègues pour l’argent, la reconnaissance ou la publicité.</p>
<p>La <a href="https://www.sec.gov/files/dodd-frank-sec-922.pdf">Loi Dodd-Frank</a> de 2010 assure aux lanceurs d’alerte une prime équivalant à 10 à 30 % des sanctions pécuniaires perçues. C’est ainsi qu’en 2023, la Commission américaine des valeurs mobilières a versé une récompense record de <a href="https://www.sec.gov/news/press-release/2023-89">279 millions de</a> dollars à un informateur anonyme. Cette politique, qui incite les témoins à s’exprimer et protège leur confidentialité, <a href="https://www.integrityline.com/expertise/blog/ethics-behind-whistleblower-rewards/">a cependant pour revers de donner du grain à moudre sur ceux qui spéculent sur les motivations des lanceurs d’alerte</a>.</p>
<p>Inversement, d’autres idéalisent les lanceurs d’alerte tels des héros s’exposant personnellement pour protéger le public et l’éthique. Des films comme <a href="https://www.imdb.com/title/tt8236336/">« The Report »</a>, <a href="https://www.imdb.com/title/tt6294822/">« Pentagon Papers »</a>, <a href="https://www.imdb.com/title/tt9071322">« Dark Waters »</a> ou <a href="https://www.imdb.com/title/tt5247544/?ref_=fn_al_tt_1">« La fille de Brest »</a> dépeignent les lanceurs d’alerte comme des héros passionnés qui s’opposent à d’infâmes conspirations. Mais la réalité est beaucoup plus trouble.</p>
<p>Prenez le cas de cette greffière municipale de Dixon en Illinois, <a href="https://www.cbc.ca/player/play/1.2590183">Kathe Swanson</a>, qui a dénoncé sa collègue, la trésorière et contrôleuse Rita Crundwell, qui avait <a href="https://wgntv.com/news/wgn-investigates/rita-crundwell-stole-54-million-then-returned-to-the-scene-of-the-crime/">détourné 54 millions de dollars sur plus de 20 ans pour financer un train de vie extravagant</a>. Kelly Richmond Pope, professeure de comptabilité à l’Université DePaul à Chicago, qualifie son geste d’héroïque. <a href="https://www.ted.com/talks/kelly_richmond_pope_how_whistle_blowers_shape_history?language=en">Kathe Swanson, écrit-elle</a>, n’a pas dévoilé l’affaire pour la gloire ni pour une récompense, mais parce que c’était la bonne chose à faire.</p>
<h2>Des comptes à rendre</h2>
<p>Dans notre culture, les lanceurs d’alerte jouent un rôle essentiel en obligeant les organisations et les puissants à rendre des comptes.</p>
<p>L’Association américaine des examinateurs certifiés de fraude (ACFE), dans <a href="https://legacy.acfe.com/report-to-the-nations/2022/">son rapport de 2022 sur les fraudes du personnel</a>, a révélé que 42 % des signalements de fraude en Amérique du Nord découlent d’une dénonciation — dont une bonne moitié est attribuable au personnel.</p>
<p>Les lanceurs d’alerte jouent un rôle crucial dans la reddition de compte, l’imputabilité et l’intégrité de nos institutions. Mais nous pourrions les y aider davantage en soutenant leurs efforts et en reconnaissant les risques personnels et professionnels qu’ils prennent.</p>
<p>Nous pourrions ainsi entretenir une culture qui valorise la transparence, la conduite éthique et la responsabilité et, ce faisant, renforcer nos institutions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226091/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les lanceurs d’alerte jouent un rôle crucial dans le maintien de la responsabilité et de l’intégrité au sein de notre société. Toutefois, nous ne leur facilitons pas la tâche.Thomas Stuart, Lecturer in Communications, Gustavson School of Business, University of VictoriaDouglas A. Stuart, Assistant Teaching Professor in Accounting, Gustavson School of Business, University of VictoriaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2250702024-03-18T15:49:55Z2024-03-18T15:49:55ZGemini de Google intègre les dernières avancées technologiques, mais on est encore loin d’une IA surhumaine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579693/original/file-20240229-28-s0hsi8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5775%2C3682&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La nouvelle suite de produits d'intelligence artificielle de Google présente l'IA formée sur différentes modalités.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>En décembre 2023, <a href="https://blog.google/technology/ai/google-gemini-ai">Google a annoncé le lancement</a> de son nouveau grand modèle de langue appelé <a href="https://deepmind.google/technologies/gemini">Gemini</a>. Gemini constitue la nouvelle fondation technologique d’intelligence artificielle (IA) des produits de Google. Il est également le concurrent direct de <a href="https://openai.com/research/gpt-4">GPT-4 d’OpenAI</a>. </p>
<p>Mais pourquoi Google considère-t-il Gemini comme un jalon d’importance, et qu’est-ce que cela signifie pour les utilisateurs des services de la compagnie ? Et de façon plus générale, qu’est-ce que cela signifie dans le contexte des développements effrénés de l’IA que l’on observe actuellement ? </p>
<h2>L’IA à tout vent</h2>
<p>Google mise sur Gemini pour transformer la plupart de ses produits en améliorant les fonctionnalités actuelles et en créant de nouvelles, pour des services tels que ses moteurs de recherche, Gmail, YouTube et sa suite bureautique. Cela permettrait également d’améliorer son service de publicité en ligne — sa principale source de revenus — ainsi que le système d’exploitation des téléphones Android, avec des versions épurées de Gemini fonctionnant sur des dispositifs de capacité limitée.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/UIZAiXYceBI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une vidéo de Google présentant les capacités de Gemini.</span></figcaption>
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<p>Pour les utilisateurs, Gemini est synonyme de nouvelles fonctionnalités et d’améliorations à celles actuelles qui rendront les services de Google encore plus incontournables, renforçant ainsi une position déjà dominante dans des domaines tels que les moteurs de recherche. Le potentiel et les opportunités pour Google sont considérables, étant donné que la majeure partie de leurs logiciels sont de l’infonuagique, pouvant facilement être mis à jour.</p>
<p>Mais l’énorme <a href="https://www.nytimes.com/2023/02/03/technology/chatgpt-openai-artificial-intelligence.html">et inattendu</a> succès de ChatGPT a attiré beaucoup d’attention et a donné une crédibilité à OpenAI, auparavant assez peu connue hors des cercles de spécialistes. Gemini permettra à Google de redevenir un acteur majeur de l’IA aux yeux du public. Google est une puissance dans le domaine de l’IA, avec de grandes et réputées équipes de recherche à l’origine de nombreuses avancées majeures de la dernière décennie. </p>
<p>Ces nouvelles technologies font l’objet de discussions publiques, tant sur les avantages qu’elles procurent que sur les bouleversements qu’elles entraînent dans des domaines tels que <a href="https://theconversation.com/should-ai-be-permitted-in-college-classrooms-4-scholars-weigh-in-212176">l’éducation</a>, la conception et les <a href="https://theconversation.com/faster-more-accurate-diagnoses-healthcare-applications-of-ai-research-114000">soins de santé</a>.</p>
<h2>Une IA plus forte</h2>
<p>Le cœur technologique de Gemini repose sur les <a href="https://proceedings.neurips.cc/paper_files/paper/2017/hash/3f5ee243547dee91fbd053c1c4a845aa-Abstract.html">réseaux autoattentifs</a>. Conçue à l’origine par une équipe de recherche de Google, cette technologie est utilisée pour d’autres grands modèles de langue tels que GPT-4. </p>
<p>Un élément distinctif de Gemini est sa capacité à traiter des données de différentes modalités : texte, audio, image et vidéo. Cela permet au modèle d’IA d’exécuter des tâches portant sur plusieurs modalités, comme répondre à des questions concernant le contenu d’une image ou effectuer une recherche par mots-clés sur le contenu discuté dans des balados. </p>
<p>Mais plus encore, le fait que les modèles puissent traiter des modalités distinctes permet de former des modèles d’IA globalement plus performants comparativement à des modèles distincts entraînés séparément pour chaque modalité. En effet, ces modèles multimodaux sont considérés comme plus forts puisqu’ils sont exposés à différentes perspectives des mêmes concepts. </p>
<p>Par exemple, le concept d’oiseaux peut être mieux compris en apprenant à partir d’un mélange de descriptions textuelles, de vocalises, d’images et de vidéos d’oiseaux. Cette idée de réseaux autoattentifs multimodaux a été explorée dans des <a href="https://doi.org/10.48550/arXiv.2205.06175">recherches antérieures</a> <a href="https://proceedings.mlr.press/v229/zitkovich23a.html">d’équipes de Google</a>, Gemini étant la première mise en œuvre commerciale complète de l’approche.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une volée de petits oiseaux colorés qui s’envolent" src="https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une IA comprendrait mieux le concept d’oiseaux à partir d’un mélange de descriptions textuelles, de vocalises, d’images et de vidéos d’oiseaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Un tel modèle est considéré comme un pas de plus vers des modèles d’<a href="https://doi.org/10.2478/jagi-2014-0001">IA générale</a> plus puissants.</p>
<h2>Les risques des IA générales</h2>
<p>Compte tenu de la vitesse à laquelle l’IA progresse, le fait que l’on s’attende à ce que des IA dotées de capacités surhumaines soient conçues dans un avenir proche suscite des discussions au sein de la communauté des chercheurs et, plus largement, de la société. </p>
<p>D’un côté, certains anticipent le risque d’événements catastrophiques si une IA générale puissante tombe entre les mains de groupes mal intentionnés, et demandent un <a href="https://futureoflife.org/open-letter/pause-giant-ai-experiments/">ralentissement des développements</a>. </p>
<p>D’autres affirment que nous sommes encore très loin d’une IA générale déployable, que les approches actuelles permettent une modélisation insuffisante de l’intelligence, <a href="https://doi.org/10.1145/3442188.3445922">imitant les données sur lesquelles elles sont entraînées</a>, et qu’elles ne disposent pas d’un <em>modèle du monde</em> performant — une compréhension détaillée de la réalité — nécessaire pour parvenir à une intelligence comparable à celle d’un humain.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une représentation numérique d’un cerveau" src="https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">D’autres percées technologiques sont nécessaires pour produire de l’intelligence artificielle générale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’autre part, on pourrait faire valoir que centrer la conversation sur le risque existentiel détourne l’attention d’impacts plus immédiats provoqués par les récentes avancées de l’IA, notamment la <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMms2004740">reproduction des préjugés</a>, la production de contenus incorrects et trompeurs — <a href="https://www.cbc.ca/news/business/google-ai-tool-historical-inaccuracies-portraits-1.7122704">ce qui a incité Google à suspendre son générateur d’images Gemini</a>, <a href="https://www.scientificamerican.com/article/ais-climate-impact-goes-beyond-its-emissions/">l’intensification des impacts environnementaux</a> et le <a href="https://www.technologyreview.com/2023/12/05/1084393/make-no-mistake-ai-is-owned-by-big-tech">renforcement de la domination des GAFAM</a>.</p>
<p>La voie à suivre se situe quelque part entre toutes ces préoccupations. Nous sommes encore loin de l’avènement d’une IA générale exploitable — d’autres percées sont nécessaires, notamment par l’introduction de capacités de modélisation et de raisonnement symboliques plus puissantes.</p>
<p>Dans l’intervalle, nous ne devons pas perdre de vue les incidences éthiques et sociétales importantes de l’IA moderne. Ces considérations sont majeures et doivent être abordées par des personnes aux compétences diverses, issues des milieux technologiques et des sciences sociales. </p>
<p>Néanmoins, bien qu’il ne s’agisse pas d’une menace à court terme, l’obtention d’une IA dotée de capacités surhumaines est un sujet de préoccupations. Il est important que nous soyons collectivement prêts à gérer de manière responsable l’émergence d’IA générales, lorsque cette étape importante sera franchie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225070/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Gagné reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, des Instituts de recherche en santé du Canada, du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie, du Fonds de recherche du Québec - Santé, de Mitacs, de CIFAR et de Mila.</span></em></p>Quelle est la signification du lancement récent de Gemini de Google et quelle est sa portée face à l’évolution rapide de la technologie de l’intelligence artificielle et à ses impacts anticipés.Christian Gagné, Professeur, génie électrique et génie informatique, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2248012024-03-13T13:46:30Z2024-03-13T13:46:30ZMégaprojets : la centralisation est-elle une garantie d’efficacité ?<p><a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2024-03-12/contrats-publics/plus-vite-moins-cher-quebec-veut-devenir-sexy.php">Québec prépare une réforme majeure</a> en matière de grands projets publics. L’objectif : construire plus vite et moins cher. Cette réforme s’appliquerait pour tous les contrats d’infrastructures du Québec : écoles, hôpitaux, transports collectifs. </p>
<p>La <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2024-03-12/reforme-en-construction/la-future-agence-des-transports-sera-a-l-avant-garde.php?sharing=true">future agence des transports devrait être au cœur de cette réforme</a>. Son mandat principal sera de livrer les projets en minimisant les coûts et les risques, et en collaborant davantage avec les entreprises impliquées. </p>
<p>Cette annonce a suscité des réactions <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2023-08-15/future-agence-en-matiere-de-transport/les-syndicats-divises-l-opposition-s-interroge.php">mitigées</a> de la part de l’opposition et des syndicats. De son côté, le Conseil du Trésor <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2052618/projet-loi-agence-genevieve-guilbault-resistance-tresor">serait a priori réfractaire</a> à l’idée de ne pas assujettir les projets de cette future Agence au cadre de gouvernance en place. </p>
<p>À première vue, la nouvelle orientation du gouvernement du Québec, qui vise à assouplir les règles et permettre davantage de flexibilité pour les modes de réalisation collaboratifs, apparaît positive et souhaitable. Mais est-ce qu’une nouvelle structure, une agence centralisée, est vraiment LA solution à retenir pour améliorer la performance de nos projets ? Est-ce réellement la solution optimale pour gérer les projets de transport collectif au Québec ? </p>
<p>Spécialiste de la question de la gouvernance des projets majeurs d’infrastructures publique, ici comme à l’international, je souhaite apporter quelques éléments qui devraient être pris en compte dans cette réflexion.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">Acceptabilité sociale : il faut repenser la gouvernance des grands projets publics</a>
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<h2>Le cadre de gestion actuel des grands projets publics au Québec</h2>
<p>À la suite de l’explosion des coûts du projet de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1878182/metro-transport-laval-montreal-archives">prolongement du réseau de métro</a> à Laval, en 2007, (de 179 millions à 809 millions de dollars), le <a href="https://www.vgq.qc.ca/Fichiers/Publications/rapport-annuel/2003-2004-T1/fr_Rapport2003-2004-T1-AnnexeA.pdf">vérificateur général avait produit un rapport</a> qui recommandait « d’adopter un cadre de gestion pour les grands projets publics, appuyé sur un processus de planification rigoureux et sur les meilleures pratiques dans le domaine, afin d’encadrer l’approbation, la gestion et le contrôle de ces projets, y compris leurs risques ». </p>
<p>La première mouture de cette politique-cadre existe depuis 2008 et s’appliquait aux projets en partenariat public-privé. Elle a depuis été modifiée en <a href="https://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/faire_affaire_avec_etat/loi_reglements_politiques/Politique-cadre_Mars2010.pdf">2010</a>, pour inclure tous les projets majeurs de plus de 40 millions de dollars, peu importe leur mode de réalisation. La <a href="https://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/infrastructures_publiques/directive_gestion_projets_majeurs.pdf">Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructure publique</a> de 2014 a relevé ce seuil aux projets de 50 millions de dollars. Elle n’a pas évolué depuis. </p>
<p>Les lois et encadrements législatifs actuels, notamment la Directive, sont donc datés. </p>
<p>Cependant, avant toute réforme, le gouvernement devrait diffuser l’évaluation de ce cadre de gouvernance, et évaluer les projets d’infrastructures réalisés et assujettis, comme cela ce fait dans les pays tels que la Norvège, la Suède et le Danemark</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">Acceptabilité sociale : il faut repenser la gouvernance des grands projets publics</a>
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<h2>Les cadres de gouvernance sont essentiels</h2>
<p>Cela fait plus de 20 ans que la question du cadre de gouvernance est étudiée, déployée et évaluée au Québec. </p>
<p>Les fonctions essentielles d’un cadre de gouvernance sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0263786316300904?via%3Dihub">d’assurer la légitimité et l’imputabilité des projets comme leur efficience</a>, dans une optique de saine gestion des dépenses publiques. Les études montrent que les cadres de gouvernance ont permis d’assurer une optimisation des fonds publics, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263786322000862?via%3Dihub">par exemple en Norvège</a>. Au Royaume-Uni, des échecs flagrants comme <a href="https://www.bbc.com/news/business-68217031">High Speed 2</a> amènent des questionnements légitimes autour de leur gouvernance. Le patron du National Audit Office, <a href="https://www.ft.com/content/778af0b1-f93c-4b78-b980-0cf6da9be6f0">Gareth Davies, a récemment suggéré de retirer ces grands projets du giron ministériel pour suggérer qu’ils soient contrôlés de manière centralisée</a> au Cabinet Office and Treasury, soit l’équivalent du secrétariat du Conseil du Trésor. Il estime qu’une refonte de la gouvernance pourrait leur faire économiser 20 milliards de livres sterling.</p>
<p>Cependant, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1975652/troisieme-lien-gestion-projets-transport-quebec-depolitiser-processus">ce qu’un cadre de gouvernance ne peut pas faire, c’est de prévenir les ingérences politiques</a> dans les projets. Je suis loin d’être convaincue qu’une Agence y parviendra. </p>
<p>Plusieurs projets au Québec cheminent plutôt bien. C’est le cas du <a href="https://www.chudequebec.ca/a-propos-de-nous/publications/revues-en-ligne/le-chuchoteur/archives/archives-la-vie-au-chu/2021/projet-nch-une-carte-interactive-pour-decouvrir.aspx">Nouveau Complexe hospitalier de Québec</a>, des programmes de construction de maison des aînés ou des <a href="https://www.quebec.ca/education/prescolaire-primaire-et-secondaire/infrastructures-scolaires/investissements-infrastructures">écoles</a> secondaires. </p>
<p>Les principaux problèmes sont <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/803581/mobilite-durable-projets-routiers-acceleres-transport-collectif-arret">au niveau du transport collectif</a>.</p>
<h2>Une problématique interne au ministère des Transports</h2>
<p>En 2006, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Viaduc_de_la_Concorde">viaduc de la Concorde</a> s’est effondré à Laval, entraînant la mort de cinq personnes et en blessant six autres. Le rapport de la Commission Johnson blâmait notamment le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/370827/commision-johnson">ministère des Transports. Ce dernier s’était alors engagé à amorcer « un virage important »</a>. </p>
<p>En 2017, un nouveau rapport du Vérificateur général du Québec faisait état de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1023704/verificatrice-generale-mtq-gouvernance-contrats">nombreuses lacunes dans la gouvernance du ministère des Transports du Québec</a>, multipliant les contrôles en dé-responsabilisant les fonctionnaires. </p>
<p><a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/transports/ministere-des-transports/publications-amd/plan-strategique/Plan_strategique_2019-2023_mai.pdf">Le ministère s’était justifié en invoquant une démarche de transformation organisationnelle</a> qui devait produire ses effets à terme, en 2020. </p>
<p>À la suite de l’évaluation du cadre actuel par le secrétariat du Conseil du Trésor, amorcé il y a trois ans, aucun rapport public n’a été produit et l’exercice est resté plutôt hermétique. Au-delà du constat d’échec soulevé par les modes d’approvisionnements traditionnels, <a href="https://plus.lapresse.ca/screens/171a1e76-675f-4fae-ac09-5cc175deec34%7C_0.html">qui avaient été dénoncés depuis la Commission Charbonneau</a>, quels sont les constats, les problématiques et les pistes d’amélioration en lien avec la gouvernance ?</p>
<p>Une réforme d’une aussi grande ampleur exigerait d’être transparente et d’exposer clairement les problématiques et pistes de solution pour assouplir le cadre existant, plutôt que d’imposer une solution qui n’en est peut-être pas une.</p>
<h2>Imputabilité et transparence</h2>
<p>Selon Gabriel Jobidon, un collègue expert de la question avec qui <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/capa.12553">je viens de publier un article sur la livraison des grands projets publics</a>, le cadre de gouvernance n’est peut-être pas adapté, mais il permet une forme d’imputabilité, de suivi et de transparence. </p>
<p>Selon nous, la création d’une agence autonome réduirait la responsabilité de la ministre des Transports, notamment sur le plan politique. Ce déficit serait partiellement comblé par l’imputabilité du dirigeant ou de la dirigeante de l’agence devant l’Assemblée nationale, mais d’une façon plus sommaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/rem-de-lest-les-experts-mis-de-cote-et-les-bonnes-pratiques-evacuees-156708">REM de l’Est : les experts mis de côté et les bonnes pratiques évacuées</a>
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<h2>Partir des compétences et expertises existantes en matière de transport</h2>
<p>Revoir la structure est une solution facile et visible, qui permet à court terme de donner l’effet qu’on est dans l’action. </p>
<p>Cependant, les réformes structurelles majeures peuvent <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/rel/2018-n798-rel03959/88768ac.pdf">causer de grands dommages</a>, tel que cela a été montré et dénoncé en santé. </p>
<p>Les projets de transport collectif sont des investissements lourds, complexes, coûteux et qui prennent du temps à aboutir. Ils nécessitent des expertises interdisciplinaires allant de l’ingénierie au développement territorial. </p>
<p>Les sociétés de transport (notamment la STM) ont développé cette expertise en transport collectif. Il me semble qu’on devrait les mettre à contribution pour articuler les projets structurants du futur.</p>
<p>Il faudrait ainsi partir des compétences et capacités actuelles pour évoluer vers l’amélioration continue, en misant sur de nouveaux pouvoirs au besoin, mais surtout en adoptant une démarche de gestion du changement.</p>
<h2>Créer une vision partagée et favoriser l’acceptabilité sociale</h2>
<p><a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/87569728231208853">Nos recherches démontrent</a> qu’il faut partir de la vision à créer autour du projet et rallier les intérêts souvent divergents des nombreuses parties prenantes. Au-delà de collaborer avec les parties privées, le gouvernement devrait s’assurer d’inclure des mécanismes de participation citoyenne et de la société civile dans ses projets, pour améliorer les solutions retenues et favoriser l’acceptabilité sociale. Des leçons sont à tirer du <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2022-05-02/rem-de-l-est/quebec-et-montreal-reprennent-le-flambeau.php">REM de l’Est</a>, ou de la <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2024-03-10/la-parole-trahie.php">méga-usine de batteries Northvolt</a>. </p>
<p>Pourquoi viser une agence centralisée, sans l’ancrage local et territorial requis pour ce type de projets ? Dans ce dossier, comme dans plusieurs dossiers chauds au gouvernement, on aurait intérêt à ouvrir la discussion, et consulter davantage la société civile et les experts.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224801/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maude Brunet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Québec prépare une réforme de la gouvernance des projets publics, dont celle des transports collectifs. Une agence centralisée et indépendante est-elle la meilleure solution ?Maude Brunet, Professeure agrégée, Gestion de projets, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2241112024-03-07T16:13:18Z2024-03-07T16:13:18ZLes inégalités entre les sexes persistent au travail : voici quelques pistes pour les atténuer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/580009/original/file-20240305-28-od4zyk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=98%2C26%2C5892%2C3952&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans les organisations, il est encore difficile de mettre en oeuvre des programmes destinés à atténuer les inégalités entre les hommes et les femmes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>De nombreuses lois ont été instaurées dans les pays occidentaux pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail. Au pays, on peut penser à la <a href="https://www.canada.ca/en/services/jobs/workplace/human-rights/overview-pay-equity-act.html">loi sur l’équité salariale du gouvernement fédéral</a>. De nombreuses entreprises nomment aussi des responsables EDI (équité, diversité et inclusion) afin de promouvoir la place des femmes. Ces mesures ne datent toutefois pas d’hier : les premières actions ont été prises depuis les années 1990. </p>
<p>Pourtant les <a href="https://www.ledevoir.com/societe/742662/l-egalite-femmes-hommes-en-presque-surplace?">inégalités demeurent</a>. Sur le plan de la rémunération <a href="https://data.oecd.org/fr/earnwage/ecart-de-revenus-entre-les-hommes-et-les-femmes.htm">cet écart est de 17 % au Canada selon les dernières données (2022) de l’OCDE</a>. Les <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/14-28-0001/2020001/article/00003-fra.htm">plus récents chiffres de Statistique Canada</a> révèlent de leur côté que les employés de sexe féminin gagnent 11,1 % de moins en taux horaire que les hommes, essentiellement car les métiers traditionnellement masculins payent mieux que ceux traditionnellement féminins. </p>
<p>Quant aux <a href="https://theconversation.com/femmes-et-minorites-a-la-haute-direction-ca-bloque-dans-lantichambre-212925">promotions</a>, avec un plafond de verre persistant, l’accès des femmes à la haute direction demeure limité. </p>
<p>Enfin, en ce qui concerne les conditions de travail, les femmes souffrent plus que les hommes de sexisme et de <a href="https://www.inspq.qc.ca/agression-sexuelle/le-harcelement-sexuel">harcèlement sexuel</a>.</p>
<p>Pourquoi les progrès sont-ils si lents ? À travers une revue de la littérature et de mes propres études sur le terrain, j’ai pu identifier quatre grands facteurs explicatifs. C’est dans le cadre de mon doctorat en ressources humaines à l’UQAM et à titre de conseiller RH spécialisé en EDI que j’ai fait cette analyse. </p>
<h2>1. L’implication limitée des organisations</h2>
<p>Les entreprises adoptent souvent des mesures superficielles, destinées plus à soigner leur image qu’à enrayer réellement les inégalités. Nommer une ou deux femmes au conseil d’administration fait bien paraître l’entreprise — en montrant qu’elle se préoccupe de la diversité — mais cela <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/smj.2461">a un impact assez marginal</a>.</p>
<p>Les pressions internes pour pousser les entreprises à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes sont limitées. Il s’agit rarement d’une exigence des syndicats, qui sont eux-mêmes peu <a href="https://www.cairn.info/le-sexe-du-militantisme--9782724610567-page-75.htm?contenu=resume">exemplaires</a> en la matière. Les différences de traitement pouvant être subtiles, les femmes sont souvent elles-mêmes peu conscientes des inégalités dont elles souffrent. Elles forment ainsi rarement un <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-soc-070308-120014">groupe de pression</a>. Les entreprises n’amorcent alors que quelques actions pour se donner <a href="https://hbr.org/2016/07/why-diversity-programs-fail">bonne conscience</a>. Elles produisent par exemple une formation puis, estimant avoir traité le sujet, passent à autre chose.</p>
<h2>2. Les freins des gestionnaires</h2>
<p>Même quand le projet est porté par la haute direction, il peut être entravé par les résistances managériales. Les gestionnaires, déjà surchargés de travail, peuvent être réticents à la mise en place d’une politique d’égalité par opinion personnelle ou parce qu’il n’en va pas de leur intérêt.</p>
<p>Un gestionnaire (femme ou homme) peut faire face à un <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.1996.9702100314">« piège social »</a> (<em>social trap</em>), c’est-à-dire un dilemme entre des intérêts divergents. Prenons le cas d’une entreprise qui, dans un souci d’inclusion, prend en charge les frais de garde des enfants d’employés monoparentaux lors des voyages d’affaires. Le budget de déplacement sera ainsi plus élevé. L’intérêt du gestionnaire est donc de discriminer les parents monoparentaux, afin de limiter les frais. </p>
<h2>3. Les craintes d’être stigmatisés</h2>
<p>Même lorsque des mesures sont mises à la disposition des employés, ces derniers peuvent hésiter à les utiliser par crainte d’être stigmatisés. Des femmes refusent de participer à des réseaux internes féminins par peur que leur participation soit perçue comme un signe de faiblesse, ou parce qu’elles refusent d’être traitées différemment des hommes. </p>
<p>De même, des femmes n’osent pas demander ou bénéficier d’horaires flexibles ou réduits par crainte d’envoyer le signal qu’elles attacheraient moins d’importance au travail. </p>
<p>Les femmes appréhendent donc les <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.2016.0429">répercussions négatives</a> sur leur carrière. Elles croient qu’en revendiquant leurs droits, elle pourraient recevoir moins d’augmentations salariales, avoir un accès plus restreint à la formation et réduire leurs chances de promotions.</p>
<h2>4. Des actions peu efficaces</h2>
<p>Enfin, les entreprises ont tendance à privilégier des actions peu <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/000312240607100404">efficaces</a> mais en vogue et faciles à mettre en place, suggérées par des consultants qui sont à la fois juges et parties. </p>
<p>Les formations à la diversité se sont par exemple multipliées ces dernières années, alors que la recherche scientifique montre qu’elles sont peu <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19428200.2018.1493182">efficaces</a>. Elles sont généralement rendues obligatoires pour les gestionnaires, voire pour l’ensemble des employés. Elles visent à mettre en lumière les inégalités au travail et à réduire les stéréotypes des participants. Mais ce n’est pas en quelques heures que l’on peut changer des biais, souvent présents depuis longtemps. </p>
<h2>Mobiliser, impliquer, et rendre des comptes</h2>
<p>J’ai mené une étude ethnographique pendant quatre ans au sein d’une entreprise du secteur bancaire et des assurances, regroupant environ 10 000 employés. L’entreprise a connu des progrès remarquables au cours de cette période sur le plan de l’équité entre les femmes et les hommes. La proportion de femmes aux postes clés est ainsi passée de 25 % à 40 % en quatre ans, et les comportements sexistes ont fortement baissé. Les employés ont d’ailleurs reconnu que la culture d’entreprise avait changé.</p>
<p>Il y a eu, en premier lieu, une prise de conscience et une mobilisation de la haute direction, qui a fait de l’égalité entre les sexes une priorité. Un chef de projet a été nommé, ainsi que des moyens financiers alloués à cette politique, de sorte que les gestionnaires ont compris que la motivation de la haute direction n’était plus un simple discours. </p>
<p>Les études démontrent que l’une des clés du succès est de responsabiliser les gestionnaires en leur demandant de rendre des comptes, et de montrer plus de transparence dans les processus d’embauche et de recrutement. Ils sont aussi encouragés à favoriser un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle de leurs employés. Ces actions se sont révélées en effet être particulièrement <a href="https://www.hup.harvard.edu/books/9780674276611">efficaces</a>.</p>
<p>Dans l’entreprise étudiée, les gestionnaires ont été motivés par la prise en compte de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le calcul de leur rémunération variable. Il était donc dans leur intérêt personnel de faire des progrès en la matière. </p>
<h2>Autonomie, bonnes pratiques et implication</h2>
<p>La direction laissait aux gestionnaires une grande autonomie. Plutôt que de leur imposer un plan d’action, chacun devait élaborer le sien en fonction de la situation particulière de son service. </p>
<p>La direction a ensuite préconisé les bonnes pratiques. Si un service mettait en œuvre une action originale, cela encourageait les autres services à agir de même à leur tour. Un service a par exemple réalisé une vidéo humoristique pour partager de bonnes pratiques sur la gestion des congés de maternité. D’autres services ont alors suivi en utilisant la vidéo et l’humour pour sensibiliser les employés. </p>
<p>Une autre stratégie a consisté à impliquer l’ensemble des employés. Des binômes femmes/hommes étaient responsables de sensibiliser leurs collègues et de lutter contre le sexisme niché dans les conversations ou les comportements du quotidien. Ils écoutaient et conseillaient les employés qui se sentaient victimes de sexisme, et ils intervenaient si un employé racontait des blagues à caractère sexuel ou demandait systématiquement à une femme de servir le café.</p>
<p>Cette expérience montre qu’il est possible de remédier aux inégalités entre les femmes et les hommes. </p>
<p>Il est par ailleurs impératif d’éviter d’opposer les femmes et les hommes au cours du processus. Les résultats surviennent lorsque tous les acteurs (haute direction, gestionnaires, employés) comprennent qu’il est dans leur intérêt d’agir en ce sens, et qu’ils s’approprient la cause. Les responsables EDI peuvent jouer, à mon sens, un <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2019-2-page-175.htm">rôle clé</a> pour orchestrer cette mobilisation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224111/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Denis Monneuse a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Société et Culture (FRQSC). Il est directeur du cabinet "Poil à Gratter". </span></em></p>Les inégalités entre les sexes persistent sur le marché de l’emploi, malgré diverses mesures légales et initiatives managériales. Le problème se situe lors de leur mise en œuvre dans les organisations.Denis Monneuse, Chercheur en RH - chaire RH de l'UCO, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2250382024-03-06T16:09:48Z2024-03-06T16:09:48ZVoici ce que la faillite de Lynx Air nous dit sur la situation de l’industrie aérienne canadienne<p>Lynx Air <a href="https://globalnews.ca/news/10319776/lynx-air-shutdown-low-cost-airline-failures/">est la dernière d’une longue série de compagnies aériennes</a> à bas prix à faire faillite au Canada. Le transporteur a cessé ses activités le 26 février, quatre jours après avoir annoncé s’être placé <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2024-02-24/en-defaut-de-paiement-a-montreal-trudeau/lynx-air-ne-payait-plus-les-aeroports.php">sous la protection de ses créanciers</a>.</p>
<p>Ce scénario n’est pas nouveau dans l’aviation commerciale canadienne : le pays a vu son lot de faillites de transporteurs à bas prix en raison d’une mauvaise santé financière.</p>
<p>Au cours des 30 dernières années, des compagnies telles que <a href="https://www.cbc.ca/news/business/canada-3000-timeline-1.298111">Canada 3000</a>, <a href="https://simpleflying.com/nationair-canada-what-happened/">Nationair</a>, <a href="https://www.travelweekly.com/Travel-News/Airline-News/Greyhound-Air-to-Shut-Down">Greyhound Air</a>, <a href="https://www.ctvnews.ca/business/remember-roots-airline-a-list-of-canadian-discount-airlines-that-have-left-the-skies-1.6785045">Roots Air</a> et <a href="https://www.lesaffaires.com/secteurs/aeronautique-et-aerospatiale/skyservice-airlines-fait-faillite/512504">SkyService</a> ont succombé à des difficultés financières et ont disparu de la scène du transport à rabais canadien.</p>
<p>La fin de Lynx nous offre l’occasion de faire le point sur la situation du transport aérien commercial au Canada et d’identifier les défis et les possibilités qui s’offrent pour maintenir, voire améliorer, la durabilité du secteur.</p>
<h2>Pourquoi Lynx a-t-il échoué ?</h2>
<p>Pendant plusieurs semaines, au début de l’année, les <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/2024-02-14/transporteurs-aeriens-a-bas-couts/flair-airlines-et-lynx-air-envisagent-un-mariage.php">spéculations allaient bon train sur une fusion imminente entre Flair Airlines et Lynx</a>. Cela aurait signifié que les voyageurs à la recherche de bas prix seraient devant un avenir incertain, avec la disparition d’un transporteur.</p>
<p>Aucun des deux transporteurs n’a reconnu publiquement l’existence d’un tel accord, se contentant de déclarer qu’ils <a href="https://www.aerotime.aero/articles/ynx-air-flair-airlines-merger-talks">ne feraient pas de commentaires sur ces spéculations</a>.</p>
<p>Les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2052654/lynx-dette-flair-creanciers">difficultés financières de Lynx</a> — une société privée qui n’est pas tenue de rendre publics ses résultats d’exploitation financiers — ont été citées comme le principal facteur à l’origine de la situation actuelle.</p>
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<img alt="Comptoirs d’enregistrement de Flair Airlines" src="https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579031/original/file-20240229-20-2lth77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Comptoirs d’enregistrement de Flair Airlines à l’aéroport international d’Edmonton en mars 2020. Au début de l’année 2024, il a été question d’une fusion entre Flair et Lynx.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On s’attendrait à ce que l’entreprise susceptible d’acquérir Lynx soit en mesure de répondre à toutes les questions financières liées à la fusion. Mais Flair semblait avoir ses propres problèmes, qu’il s’agisse de la <a href="https://www.thestar.com/business/ceo-says-flair-has-resolved-foreign-ownership-issue-mostly-amid-regulatory-probe/article_2643890f-051d-5f4f-8627-a147681560f4.html">gouvernance d’entreprise</a> ou de ses <a href="https://www.ledevoir.com/economie/806202/flair-airlines-doit-67m-impots-impayes-ottawa">finances</a>.</p>
<p>La fusion n’a pas été conclue, de nombreuses allégations contenues dans les documents judiciaires de Lynx faisant état de la <a href="https://globalnews.ca/news/10321582/lynx-air-debt-flair-airlines-purchase/">nécessité de rembourser la dette d’un de ses actionnaires</a>.</p>
<p>En bref, il s’agissait de deux compagnies aériennes fragiles sur le plan financier qui tentaient de fusionner, sans qu’aucune d’elles ne dispose de la solidité nécessaire. Lynx a préparé rapidement son dépôt de bilan.</p>
<h2>Pourquoi les compagnies aériennes n’ont-elles pas tiré de leçons de tous ces échecs ?</h2>
<p>Les entrepreneurs qui lancent des compagnies aériennes à bas prix sont convaincus que le succès de leur compagnie repose sur leur capacité à attirer un grand nombre de passagers. Elles visent à hausser la demande et à <a href="https://aeroxplorer.com/articles/a-quick-reference-guide-to-starting-your-own-airline.php">maintenir leur position concurrentielle sur les marchés qu’elles desservent</a>.</p>
<p>La plupart de ces compagnies aériennes à vocation entrepreneuriale ont pour point commun d’utiliser la tarification comme une <a href="https://www.cnn.com/travel/article/airline-pricing-secrets/index.html">tactique de base pour stimuler et conquérir le marché</a>.</p>
<p>Pendant une bonne partie de l’année 2022 et au début de 2023, <a href="https://globalnews.ca/news/8973662/how-to-find-cheaper-flights-canada-airfare/">Lynx et Flair ont été les leaders en matière de prix en Amérique du Nord, parfois avec des écarts importants</a>. Ces deux compagnies se sont principalement fait concurrence en introduisant de nouveaux services partout au Canada et aux États-Unis, permettant ainsi aux Canadiens de <a href="https://www.theglobeandmail.com/investing/personal-finance/household-finances/article-price-of-flights-fall-2022-travel/">réaliser des économies sur les tarifs aériens et engendrant de la demande</a>.</p>
<p>Cette concurrence basée sur le prix n’a toutefois pas généré suffisamment de recettes pour assurer une rentabilité, même minime. Le duopole de compagnies aériennes établies au Canada — Air Canada et WestJet — n’a pas réagi activement à cette guerre de prix, car ces compagnies <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1836052/passagers-voyages-departs-pandemie-tourisme">étaient occupées à reconstituer leur capacité à la suite des licenciements liés à Covid</a>.</p>
<p>À l’automne 2023, après l’assimilation de Swoop et de Sunwing à WestJet, Air Canada et WestJet ont pris un certain nombre de mesures tarifaires. Elles ont proposé des liaisons concurrentielles avec celles de Flair et de Lynx, ce qui a permis de <a href="https://www.theglobeandmail.com/business/article-airlines-ramp-up-growth-plans-amid-increased-competition-setting-stage/">réduire l’écart de prix entre les transporteurs canadiens</a>.</p>
<p>Le compte à rebours a alors commencé pour les transporteurs à bas prix. Lynx a manqué de temps et d’argent en février 2024 et le temps de Flair est probablement compté.</p>
<h2>Le duopole est-il à blâmer ?</h2>
<p>Les décisions tarifaires prises à l’automne 2023 semblent indiquer des initiatives visant à diminuer l’attrait des transporteurs au rabais, en particulier pour les clients de WestJet et d’Air Canada.</p>
<p>Malgré le succès des programmes de récompense pour grands voyageurs et l’inclusion d’éléments de voyage considérés comme secondaires dans les offres des transporteurs à bas prix, la <a href="https://globalnews.ca/news/8983216/canada-recession-inflation-leger-poll/">crainte d’une récession a réduit de façon importante la demande de transport aérien</a> au Canada. Des décisions tarifaires s’en sont suivies.</p>
<p>L’attrait tarifaire des compagnies aériennes à bas prix s’est rapidement dissipé et les a contraints à diminuer davantage les tarifs pour <a href="https://globalnews.ca/news/10282017/flair-airlines-2024-travel-forecast/">conserver leur position sur le marché</a>.</p>
<p>Le gouvernement canadien a maintenu son point de vue quant au fait que le marché du transport aérien devait être libre de toute surveillance gouvernementale et que les voyageurs étaient les mieux placés pour <a href="https://globalnews.ca/news/9409483/poilievre-conservatives-safety-inflation-travel/">juger de la capacité de survie des transporteurs</a>.</p>
<h2>Changer de voie</h2>
<p>Le moment est peut-être venu d’envisager un nouveau modèle pour gérer le comportement tarifaire des compagnies aériennes qui fixent des prix inférieurs au niveau de rentabilité. Il convient également de se pencher sur les pratiques de WestJet et d’Air Canada, qui ont adopté des mesures tarifaires agressives destinées à compromettre la viabilité des transporteurs à bas prix.</p>
<p>Un grand nombre de modifications à apporter au modèle canadien de transport aérien commercial ont été proposées, en particulier celles qui visent la création d’une agence de l’aviation civile similaire à la <a href="https://www.faa.gov/about">Federal Aviation Administration aux États-Unis</a> et à la <a href="https://www.gov.uk/government/organisations/civil-aviation-authority">Civil Aviation Authority au Royaume-Uni</a>. Cela permettrait de séparer la surveillance commerciale des mesures de réglementation, qui sont actuellement toutes deux administrées par Transports Canada.</p>
<p>Une autre possibilité consisterait à instaurer une réglementation des tarifs aériens qui établirait un prix plancher pour les transporteurs à bas prix, ainsi que des limites de prix pour les grands transporteurs qui sont en concurrence avec les transporteurs à bas prix. Ces derniers pourraient ainsi disposer d’une marge de manœuvre pour proposer des tarifs sans être menacés par des mesures agressives.</p>
<p>Il est important de tirer des leçons de l’échec des transporteurs à bas prix, de tenir compte de l’angoisse ressentie par les voyageurs et le personnel des compagnies aériennes et de prendre les mesures qui s’imposent pour modifier la situation. La réputation du marché canadien du transport aérien mérite qu’on se penche là-dessus.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225038/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Gradek ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La fermeture de Lynx est un moment opportun pour faire le point sur l’état du transport aérien commercial au Canada et pour identifier les défis et les possibilités qui s’offrent.John Gradek, Faculty Lecturer and Academic Program Co-ordinator, Supply Network and Aviation Management, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2235052024-02-26T15:53:39Z2024-02-26T15:53:39ZNorthvolt : les citoyens peuvent-ils encore s’opposer à un projet fait au nom de la transition énergétique ?<p>Le 8 février, lors d’un point de presse, le premier ministre François Legault invitait la population québécoise <a href="https://www.journaldequebec.com/2024/02/08/les-quebecois-doivent-changer-dattitude-a-legard-des-grands-projets-dit-legault">à « changer d’attitude » par rapport aux grands projets</a> liés à la transition vers une économie axée sur des technologies à faible émission de GES. </p>
<p>Bien que cette exhortation fasse référence à la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2015219/northvolt-usine-projet-seance-information">mobilisation citoyenne contre le projet d’usine de batteries Northvolt</a>, elle reflète une tendance plus large du gouvernement caquiste voulant que le territoire québécois soit mis au service du développement d’une <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/economie/publications/developpement-filiere-batterie/a-propos#:%7E:text=Le%20Qu%C3%A9bec%20a%20tout%20ce,approvisionnement%20de%20la%20fili%C3%A8re%20batterie.">« filière batterie »</a>. </p>
<p>Le premier ministre a-t-il raison de rappeler ainsi à l’ordre la société québécoise ? Est-il moralement et politiquement problématique de s’opposer aux projets qui visent à contribuer à la transition énergétique mondiale ?</p>
<p>Dans une récente étude, « Par-delà l’obligation d’exploiter le territoire. Autodétermination des communautés locales et transition énergétique au Québec », à paraître sous peu dans la Revue canadienne de science politique, nous avons étudié et comparé les arguments en faveur et contre des projets d’exploitation du territoire québécois aux fins de la transition énergétique. Notre objectif était d’évaluer dans quelle mesure une opposition citoyenne pouvait être considérée comme légitime dans ce contexte.</p>
<h2>Le Québec, riche en ressources nécessaires à la transition énergétique mondiale</h2>
<p>Si la filière batterie occupe une aussi grande place dans le <a href="https://coalitionavenirquebec.org/fr/blog/2023/09/05/developpement-de-la-filiere-batterie-quebecoise/">plan de développement économique de la Coalition Avenir Québec</a>, c’est notamment parce que le Québec dispose de toutes les ressources pour jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique mondiale. Non seulement est-il possible d’y développer tout l’écosystème économique nécessaire à la production de véhicules électriques, mais son sous-sol minier regorge des <a href="https://www.canada.ca/fr/campagne/mineraux-critiques-au-canada/les-mineraux-critiques-une-occasion-pour-le-canada.html">minéraux critiques</a> pour cette transition, telle que le nickel, le cobalt, le cuivre, le lithium, le graphite et le zinc.</p>
<p>Le <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/799142/filiere-batteries-nationalisme-vert-legault">« nationalisme vert »</a> du gouvernement Legault s’inscrit en outre dans une logique de réappropriation collective du territoire dont les bénéfices seraient redirigés vers des programmes sociaux, en faisant une forme de <a href="https://iris-recherche.qc.ca/blogue/environnement-ressources-et-energie/quest-ce-que-lextractivisme/#:%7E:text=Le%20n%C3%A9o%2Dextractivisme%20est%20fonctionnel,enclaves%20d%E2%80%99exploitation%2Fexportation.">« néoextractivisme »</a> à teneur environnementale. Le « néoextractivisme », tout comme l’extractivisme classique, est un modèle de développement économique fondé sur l’extraction de ressources sur un territoire, mais avec la particularité d’inscrire cette exploitation dans un discours politique aux prétentions progressistes.</p>
<h2>La frilosité québécoise à l’égard de la filière batterie</h2>
<p>Bien avant l’arrivée de Northvolt, la question de l’adhésion de la population québécoise se posait déjà en lien avec la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1906119/claims-mines-laurentides-lanaudiere-graphite-lithium">prolifération des titres miniers au Québec</a>. </p>
<p>Plusieurs groupes décrient depuis plusieurs années l’importante perte d’habitats (et <a href="https://snapquebec.org/quand-le-regime-minier-devient-un-champ-de-mines/">ses effets sur la biodiversité</a>) occasionnée par ce néoextractivisme québécois. On s’inquiète aussi du fait que les <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2023-04-20/demandes-d-exclusion-d-activites-minieres/les-villes-se-heurtent-a-quebec.php">communautés locales n’aient pas leur mot à dire</a> dans l’approbation des projets. </p>
<p>Le Québec a récemment connu une <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2023-10-06/sud-du-quebec/la-hausse-de-claims-miniers-preoccupe-les-citoyens.php">prolifération des titres miniers</a> détenus sur son territoire, hausse qui a suscité une vague de résistance. Et certains projets miniers – comme le projet de <a href="https://lomiko.com/fr/projets/projet-la-loutre/#:%7E:text=Le%20plan%20minier%20pr%C3%A9voit%2021,aux%20exigences%20locales%20du%20site.">mine de graphite La Loutre</a> – ont du même coup provoqué d’<a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2001689/manifestation-projet-minier-la-loutre-outaouais">importantes mobilisations citoyennes</a>.</p>
<p>Manifestement, que ce soit pour des projets comme Northvolt ou des projets miniers, les développements en lien avec la filière batterie font systématiquement face à de la résistance de la part des communautés locales.</p>
<h2>Le Québec aurait un devoir moral de contribuer à la transition</h2>
<p>À une époque où l’électrification de l’économie est vue <a href="https://www.economist.com/leaders/2023/04/05/the-case-for-an-environmentalism-that-builds">comme une panacée</a>, toute opposition citoyenne aux projets en lien avec la transition énergétique risque d’être dépeinte comme un phénomène de <a href="https://www.iedm.org/sites/default/files/pub_files/note0308_fr.pdf">« pas dans ma cour »</a>. Cette accusation morale attribue aux mouvements d’opposition des motivations égocentriques s’opposant au bien commun. </p>
<p>C’est à cet argumentaire que recourt François Legault : l’opposition aux mines ou aux usines de batteries priverait l’humanité des ressources nécessaires à la transition énergétique. Or, <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/portfolio/2024-02-12/energies-renouvelables/le-quebec-ne-peut-pas-se-reposer-sur-ses-lauriers.php?sharing=true">cet argument n’est pas sans fondement</a> : de telles oppositions risquent d’encourager l’<a href="https://multinationales.org/fr/enquetes/cac40-et-climat-au-dela-des-effets-d-annonces/comment-l-europe-et-ses-entreprises-delocalisent-leurs-emissions-de-gaz-a-effet">externalisation de ces industries</a>, exposant davantage des communautés déjà vulnérables aux effets de la crise environnementale.</p>
<p>Selon cette vision, l’exploitation du territoire québécois serait une chose doublement noble, répondant autant aux besoins québécois en matière de financement des services publics qu’aux impératifs planétaires de la lutte contre les changements climatiques. </p>
<p>Doit-on pour autant conclure que les communautés locales n’ont pas la légitimité de s’opposer aux projets liés à la transition énergétique ? </p>
<h2>Les collectivités locales doivent jouir d’une certaine autonomie territoriale</h2>
<p>Les <a href="https://plato.stanford.edu/entries/territorial-rights/">droits sur le territoire</a> sont centraux à l’autonomie des communautés. Les devoirs qu’entretiennent les collectivités locales à l’égard de la crise climatique n’invalident pas complètement leurs revendications légitimes en lien avec les lieux qu’elles habitent. De tels pouvoirs permettent de promouvoir certains besoins et certaines valeurs sociales et de penser leur rapport au territoire d’une manière qui les reflète.</p>
<p>Ces droits ne sont certainement pas absolus, en particulier face à la crise environnementale actuelle. L’imposition de certains projets au nom de la justice sociale et environnementale est parfois tout à fait légitime. Il n’empêche que le fardeau de la justification revient à ceux voulant priver les communautés locales de leur droit de s’opposer aux projets qui dénaturent leur milieu de vie. </p>
<h2>L’« attitude » de la population québécoise en lien avec la filière batterie demeure légitime</h2>
<p>Le paradigme de la transition énergétique présuppose que, par le développement de technologies dites « vertes », l’humanité puisse sortir de la crise climatique sans remettre en question le principe de développement économique. </p>
<p>Mais cette hypothèse est loin de faire consensus. </p>
<p>Parmi les <a href="https://www.ledevoir.com/lire/806617/coup-essai-mensonge-transition-energetique">nombreuses raisons</a> mettant en doute ce postulat, il y a notamment le fait que l’accroissement de la demande finit toujours par rattraper les gains en (éco)efficience (l’ <a href="https://www.pourleco.com/le-dico-de-l-eco/leffet-rebond-paradoxe-de-jevons">« effet rebond »</a>). À ceci s’ajoute la <a href="https://www.systext.org/node/1785">quantité astronomique de déchets</a> générée par l’exploitation des minéraux critiques, venant plomber l’empreinte environnementale de la ruée vers les technologies « vertes ».</p>
<p>Mais surtout, le modèle de la transition énergétique ne remet aucunement en question certaines causes profondes de la crise environnementale. Pensons seulement ici à l’importance de l’automobile dans nos habitudes de vie et nos aménagements urbains. La supériorité du modèle de la transition énergétique – par rapport à d’autres solutions passant par une refonte plus substantielle du modèle de développement économique et territorial québécois – reste donc à démontrer.</p>
<p>La filière batterie se présente certes comme une solution aux inégalités environnementales et à la crise climatique. Mais pour justifier une limite au droit d’une communauté de dire non à un mégaprojet venant perturber son milieu de vie, il faut faire la démonstration que cette stratégie est pleinement crédible, ce à quoi les tenants de la transition énergétique ne sont pas encore parvenus.</p>
<p>La société québécoise peut ainsi conserver en toute légitimité son « attitude » réfractaire – n’en déplaise au premier ministre. L’horizon moral et politique dans lequel s’inscrit la filière batterie devra tôt ou tard faire l’objet d’une véritable délibération publique au Québec.</p>
<p>Le gouvernement Legault a manqué à cette obligation en modifiant les critères d’assujettissement pour éviter un BAPE dans le dossier Northvolt. Il est aussi impératif que la Loi sur les mines soit révisée, comme <a href="https://www.ledroit.com/actualites/politique/2023/05/07/claims-miniers-maite-blanchette-vezina-envisage-de-modifier-la-loi-sur-les-mines-3B2ZLBZ6TFAKZHRHNB65VCCCLU/">semblait l’envisager la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina</a>, en mai 2023.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223505/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Gosselin-Tapp a reçu des financements des organismes subventionnaires et centres de recherche suivants : le CRSH, le CRSNG, le FRQSC, le CSBQ et le Fonds François-et-Rachel-Routhier.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Frédérique Jean a reçu des financements des organismes subventionnaires suivants : le CRSH et le FRQSC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Léonard Bédard a reçu des financements des organismes subventionnaires et centres de recherche suivants : le CRSH, le FRQSC, le Groupe de recherche interuniversitaire sur normativité (GRIN) et l'Institut d'éthique appliquée de l'Université Laval (IDÉA).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sacha-Emmanuel Mossu a reçu des financements du Fonds François-et-Rachel-Routhier, de Mitacs, du Groupe interuniversitaire sur la normativité (GRIN) et de l'Institut d'éthique appliquée de l'Université Laval (IDÉA). </span></em></p>Les communautés locales n’ont guère leur mot à dire dans le développement de projets comme les usines de batteries pour voitures électriques, qui visent à favoriser la transition énergétique mondiale.Jérôme Gosselin-Tapp, Professeur adjoint, Université LavalFrédérique Jean, Candidate à la maîtrise en philosophie, Université LavalLéonard Bédard, Candidat à la maîtrise en philosophie, Université LavalSacha-Emmanuel Mossu, Doctorant en philosophie, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2198902024-02-20T15:24:39Z2024-02-20T15:24:39ZL'IA ne révolutionnera pas la gestion des entreprises… au contraire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/566976/original/file-20231220-27-wmz3g0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C15%2C5051%2C2320&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les entreprises ne seront pas mieux gérées avec l'arrivée de l'IA... bien au contraire. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Il n’est pas exagéré de considérer la démocratisation des nouvelles formes d’intelligence artificielle (IA), telles que ChatGPT (OpenAI), Bard (Google) ou Co-Pilot (Microsoft), comme une révolution sociétale de l’ère numérique. </p>
<p>En effet, l’utilisation grand public des systèmes d’IA bouleverse plusieurs domaines, notamment <a href="https://doi.org/10.3390/educsci13070692">l’éducation universitaire</a>, le <a href="https://ceur-ws.org/Vol-3435/short2.pdf">système légal</a> et, bien entendu, le <a href="https://doi.org/10.1177/02663821231187">monde du travail</a>. </p>
<p>Ces changements se font à une vitesse si ahurissante que la recherche peine à suivre. Par exemple, en quelques mois seulement, la plate-forme ChatGPT s’est améliorée à un tel point qu’elle a maintenant la capacité de se classer parmi le <a href="https://doi.org/10.48550/arXiv.2303.08774">top 10 % des meilleures notes de l’examen uniforme du barreau aux États-Unis</a>. Ces résultats encouragent même certaines firmes d’avocats aux États-Unis à utiliser des logiciels d’IA pour remplacer le travail de certains techniciens juridiques afin détecter les préférences d’un juge dans le but de personnaliser et d’automatiser leur <a href="https://www.wired.co.uk/article/generative-ai-is-coming-for-the-lawyers">plaidoyer</a>. </p>
<p>Néanmoins, bien que les avancées technologiques sont remarquables, les résultats de plus de 40 ans de recherche en psychologie organisationnelle sont tout simplement incompatibles avec les promesses de l’IA. Ayant travaillé pendant de nombreuses années en tant qu’expert en gestion stratégique, je propose d’apporter un éclairage distinct — mais complémentaire — sur le côté parfois sombre des organisations, c’est-à-dire les comportements et les procédures qui sont irrationnels (voire stupides) et leurs impacts lors de l’intégration de l’IA.</p>
<h2>Des organisations stupides</h2>
<p>Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une situation professionnelle au cours de laquelle on a invalidé votre idée en répondant « la règle, c’est la règle » et ce, même si votre solution était plus créative et/ou coûtait moins cher ? Félicitations ! Vous travailliez (ou travaillez encore) dans une organisation stupide, selon la science. </p>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1111/j.1467-6486.2012.01072.x">stupidité organisationnelle</a> est inhérente, à différent degré, à toutes organisations. Elle met de l’avant le principe que les interactions humaines sont, <em>de facto</em>, inefficientes et que les processus pour contrôler le travail (p. ex. les politiques d’entreprises) qui ne sont pas mis à jour régulièrement ont le risque de rendre l’organisation stupide. </p>
<p>Alors que certaines organisations travaillent d’arrache-pied pour se renouveler, d’autres, souvent par manque de temps ou par recherche du confort au quotidien, entretiennent des processus qui ne tiennent plus avec la réalité auquel fait face l’organisation — elles deviennent alors stupides. Deux éléments de la stupidité organisationnelle peuvent être mis de l’avant : la <a href="https://www.amazon.ca/Stupidity-Paradox-Power-Pitfalls-Functional/dp/1781255415">stupidité fonctionnelle</a> et <a href="https://www.jstor.org/stable/977385">l’incompétence organisationnelle</a>.</p>
<h2>La stupidité fonctionnelle</h2>
<p>Elle est présente quand les comportements des gestionnaires d’une organisation imposent une discipline qui contraint la relation entre les employés, la créativité et la réflexion. Dans ces organisations, les gestionnaires refusent le raisonnement rationnel, les nouvelles idées et résistent au changement, ce qui a pour effet d’augmenter la stupidité organisationnelle. </p>
<p>Cela résulte en une situation ou les employés évitent de travailler en équipe, et conservent leurs ressources au travail (p. ex. leurs connaissances, leurs expertises) pour leurs bénéfices personnels plutôt que les bénéfices organisationnels. Par exemple, un employé pourrait remarquer les signes avant-coureurs d’une défaillance d’une machine dans son milieu de travail, mais décider plutôt de ne rien dire, car « ce n’est pas mon job », ou bien, car son gestionnaire lui est plus reconnaissant lorsqu’il répare la machine plutôt que lorsqu’il prévient une défaillance.</p>
<p>Dans un contexte de stupidité fonctionnelle, l’intégration de l’IA au travail ne ferait qu’empirer la situation. Les employés, étant restreints dans leurs relations avec leurs collègues et tentant d’accumuler le plus de ressources possible au travail (p. ex. connaissances, expertises, etc.), auront tendance à décupler les demandes d’information répétées provenant de l’IA. Ces demandes seront souvent faites sans contextualisation des résultats ou sans l’expertise nécessaire pour l’analyse. </p>
<p>Prenons par exemple une organisation qui souffre de stupidité fonctionnelle et qui, traditionnellement, attitrait un employé à l’analyse des tendances du marché pour ensuite transmettre ces informations à une autre équipe pour la mise en place des campagnes publicitaires. L’intégration de l’IA risquerait alors d’inciter tous les membres de l’organisation (ayant l’expertise nécessaire pour contextualiser la réponse de l’IA, ou non) à chercher de nouvelles tendances du marché afin d’avoir <em>la</em> meilleure idée en réunion devant le patron.</p>
<p>Nous avons déjà certains exemples de stupidité fonctionnelle qui surgissent dans les nouvelles ; c’est le cas notamment d’un cabinet d’avocats aux États-Unis qui a cité (grâce à ChatGPT) six cas de jurisprudence qui sont <a href="https://arstechnica.com/tech-policy/2023/06/lawyers-have-real-bad-day-in-court-after-citing-fake-cases-made-up-by-chatgpt/">tout simplement inexistants</a> lors d’un procès. Ultimement, ces comportements réduisent l’efficacité de l’organisation.</p>
<h2>Des organisations incompétentes</h2>
<p>L’incompétence organisationnelle se situe quant à elle au niveau de la structure de l’entreprise. Ce sont les règles (souvent inadaptées ou trop strictes) qui empêchent l’organisation d’apprendre de leur environnement, de ses échecs ou de ses succès. </p>
<p>Imaginons que l’on vous donne une tâche à réaliser au travail. Vous pouvez la terminer en une heure, mais votre date butoir est fixée pour la fin de la journée. Il est possible que vous soyez tenté d’étirer le temps requis pour réaliser la tâche jusqu’à sa limite, car vous n’avez aucun avantage à la terminer plus tôt, ou aucune tâche supplémentaire ou aucune valorisation du travail rapide. De ce fait, vous pratiquez le <a href="https://www.economist.com/news/1955/11/19/parkinsons-law">principe de Parkinson</a>. </p>
<p>En d’autres termes, votre travail (et la charge cognitive nécessaire à celle-ci) sera modulé pour remplir la totalité du délai prescrit. Il est difficile de voir dans quelle mesure l’utilisation de l’IA permettra une augmentation de l’efficacité au travail dans une organisation qui à une forte tendance au principe de Parkinson.</p>
<p>Le second élément de l’incompétence organisationnelle pertinent à l’intégration de l’IA au travail est le principe de <a href="https://doi.org/10.1177/1350507618781113">kakistocracy</a>, ou comment l’individu qui semble avoir le moins de compétence pour occuper un poste de gestion, se retrouve néanmoins dans cette position. </p>
<p>Cette situation se produit lorsqu’une organisation favorise l’octroi de promotions à partir des performances actuelles de l’employé plutôt que de sa capacité de répondre aux exigences du nouveau rôle. Ainsi, la promotion s’arrête le jour où l’employé n’est plus compétent dans le rôle qu’il exerce actuellement. Si toutes les promotions dans l’organisation se font de cette façon, nous aurons une hiérarchie bondée de gens incompétents ; c’est le <a href="https://psycnet.apa.org/record/1969-35005-000">principe de Peter</a>. </p>
<p>Le principe de Peter aura encore plus d’effets négatifs dans les organisations qui intégreront l’IA. Ainsi, un employé qui sera en mesure de maîtriser l’IA plus rapidement que ces collègues, par exemple en écrivant un code de programmation en un temps record pour régler plusieurs problèmes chronophages au travail, aura un avantage sur ceux-ci. Cette compétence lui sera favorable lors de son évaluation de rendement et engendrera une promotion.</p>
<h2>Incompétence et inefficacité</h2>
<p>Néanmoins, son expertise en IA ne lui permettra pas de relever les défis de résolution de conflit et de leadership que les postes de gestion engendrent. Si le nouveau gestionnaire n’a pas les compétences interpersonnelles nécessaires (<a href="https://doi.org/10.2345/i0899-8205-40-6-465.1">ce qui est souvent le cas</a>), celui-ci risque alors de souffrir d’<a href="https://adamsmitheconomics.wordpress.com/2010/05/02/how-do-you-cure-injelitance/"><em>injelitance</em></a> (une combinaison d’incompétence et de jalousie) face à ses nouveaux défis. </p>
<p>Car c’est lorsque les capacités humaines devront être mises de l’avant (pensée créative, aspect émotif de toutes relations humaines), et que nous atteignons les limites de l’IA, que le nouveau gestionnaire sera inefficace. Dans son sentiment d’incompétence, le gestionnaire nécessitera plus de temps pour <a href="https://openrepository.aut.ac.nz/items/a092e5b6-2203-4ce1-80bc-283d2b09e8d9">prendre une décision</a>, et aura tendance à trouver des solutions à des <a href="https://www.jstor.org/stable/2392088">problèmes inexistants</a> afin de pouvoir mettre de l’avant ses compétences techniques et justifier son expertise auprès de l’organisation. Par exemple, le nouveau gestionnaire pourrait décider qu’il est essentiel de surveiller (via l’IA bien sûr !) dans son équipe le nombre de touches du clavier pesées par minutes par les employés. Naturellement, cet élément n’est en rien un indicateur <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0275074021992058">d’une bonne performance</a> au travail.</p>
<p>Bref, il serait faux de penser qu’un outil aussi rationnel que l’IA, dans un milieu aussi irrationnel qu’une organisation, entraînera automatiquement les bénéfices d’efficience escomptés par les dirigeants. Ces derniers doivent s’assurer avant tout que leur organisation n’est pas stupide (autant dans les processus que dans les comportements) avant de penser à l’intégration de l’IA.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219890/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Desjardins ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’intégration d’un outil rationnel dans un environnement irrationnel ne donne pas toujours les résultats anticipés !Guillaume Desjardins, Associate professor, Industrial Relations, Université du Québec en Outaouais (UQO)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2231502024-02-15T16:19:30Z2024-02-15T16:19:30ZLes revenus des femmes diminuent après la naissance d’un enfant. Voici pourquoi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/574447/original/file-20240131-19-fg2aeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=760%2C416%2C7407%2C5003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La naissance d'un enfant entraîne d'importantes pertes de revenus pour les femmes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les inégalités entre les hommes et les femmes persistent dans de nombreux domaines. Les <a href="https://doi.org/10.1787/4ead40c7-en">femmes gagnent toujours moins que les hommes en moyenne sur le marché du travail</a>. </p>
<p>Une différence encore plus frappante est l’écart salarial lié à la maternité, qui se produit lorsque les femmes ont des enfants. Phénomène également connu sous le nom <a href="https://doi.org/10.1257/app.20180010">« pénalité liée à la maternité »</a>, le salaire des femmes s’effondre après la naissance d’un enfant, tandis que celui des hommes reste pratiquement inchangé.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1257/jep.12.1.137">De nombreuses études</a> se sont penchées sur les causes de l’inégalité entre les sexes et ont conclu que les femmes ne sont pas en mesure de rattraper les niveaux de revenus des hommes en partie en <a href="https://doi.org/10.1086/684851">raison des responsabilités parentales</a>. </p>
<p>Pourquoi cela se produit-il ? Les enfants ont un effet négatif sur la productivité des femmes sur le marché du travail en réduisant considérablement leur <a href="https://www.britannica.com/money/human-capital">capital humain</a>, ce qui se traduit par une <a href="https://doi.org/10.1086/260293">réduction significative de leurs revenus</a>. </p>
<p>Après la naissance de leur enfant, les mères ont tendance à se tourner vers des emplois à temps partiel, des postes aux horaires flexibles ou des postes offrant des conditions de travail plus favorables à la conciliation famille-travail — autant d’éléments qui tendent à <a href="https://doi.org/10.1093/cje/23.5.543">payer des salaires plus bas</a>.</p>
<p>À leur tour, les employeurs peuvent considérer les employés à temps partiel comme moins dévoués et moins productifs, en particulier lorsqu’ils s’appuient sur des <a href="https://www.psychologytoday.com/us/basics/heuristics">heuristiques</a> — des raccourcis mentaux pour résoudre des problèmes — pour juger de la qualité des travailleurs, plutôt que sur des informations réelles concernant leur performance. Cela peut se traduire par <a href="https://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2911397">moins de primes et de promotions</a> pour ces employés.</p>
<h2>Les effets de la parentalité</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1257/app.20180010">Une étude portant sur le Danemark</a>, l’un des pays les plus égalitaires au monde, indique que les mères sont pénalisées à long terme d’environ 20 % en termes de revenus.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.3138/cpp.2023-015">Une de nos études</a> révèle une situation similaire au Canada. Nous avons utilisé les données de l’Étude longitudinale et internationale des adultes de Statistique Canada et des dossiers administratifs historiques de 1982 à 2018. </p>
<p>Nous avons comparé l’évolution des revenus des hommes et des femmes après la naissance de leur premier enfant entre 1987 et 2009. En utilisant une méthodologie de type étude d’événement, nous avons suivi le revenu d’emploi des individus sur une période allant de cinq ans avant la naissance jusqu’à dix ans après.</p>
<p>Nous avons observé des effets négatifs significatifs et persistants de la parentalité pour les mères, mais pas pour les pères. Les revenus des mères chutent de 49 % l’année de la naissance, avec une pénalité de 34,3 % dix ans plus tard. Les revenus des pères ne semblent guère affectés.</p>
<h2>Effets inégaux des enfants</h2>
<p>La naissance d’un enfant entraîne des pertes de revenus importantes, qui ne sont pas réparties uniformément entre les parents des couples hétérosexuels. Les pères restent sur la même trajectoire de revenus, tandis que les femmes subissent des pénalités qui persistent au fil des ans. Ceci est particulièrement vrai pour les <a href="https://doi.org/10.3138/cpp.2023-015">mères ayant plusieurs enfants ou celles qui ont un faible niveau d’éducation</a>. </p>
<p>Cet appauvrissement déclenché par la naissance d’un enfant peut avoir des répercussions économiques importantes en <a href="https://espace.inrs.ca/id/eprint/13576">cas de séparation du couple</a>. Au Canada, près <a href="https://doi.org/10.25318/3910005101-eng">d’un tiers des mariages</a> se termine par un divorce. </p>
<p>Les femmes sont généralement <a href="https://doi.org/10.4054/DemRes.2016.35.50">désavantagées financièrement</a> à la suite d’une séparation. Ce désavantage peut être dû à des facteurs antérieurs à la séparation, tels que la répartition inégale des tâches pendant le mariage et les revenus inférieurs des femmes, mais aussi à l’absence prolongée des femmes sur le marché du travail en raison de leurs responsabilités familiales.</p>
<h2>A travail égal, salaire égal</h2>
<p>Dans ce contexte, il est essentiel de se demander s’il existe des mesures susceptibles d’éliminer, ou du moins de réduire, l’impact économique associé aux responsabilités familiales sur les revenus et l’emploi des mères. </p>
<p>Nous avons étudié le rôle des politiques familiales, puisqu’elles ont été en partie conçues pour encourager le travail des femmes et promouvoir un partage plus équitable des responsabilités parentales entre conjoints. </p>
<p>Plus précisément, nous nous sommes concentrés sur la prolongation des congés parentaux au Canada et sur l’introduction des <a href="https://www.mfa.gouv.qc.ca/en/services-de-garde/programme-contribution-reduite/Pages/index.aspx">services de garde d’enfants à contribution réduite pour les familles du Québec</a>. Nous avons trouvé des preuves que ces politiques peuvent contribuer à réduire les pénalités liées la maternité. </p>
<p>Les politiques « à travail égal, salaire égal », telles que la <a href="https://www.canada.ca/en/services/jobs/workplace/human-rights/overview-pay-equity-act.html">loi sur l’équité salariale du gouvernement fédéral</a>, ont également le potentiel de faire une différence substantielle. Ces politiques peuvent rendre le marché du travail plus équitable et plus attrayant pour les femmes et réduire <a href="https://doi.org/10.1257/jel.20160995">l’impact potentiellement négatif de la rémunération basée sur l’expérience</a> pour les mères. </p>
<h2>Plus d’avantages au bout du compte</h2>
<p>En plus d’avoir un effet positif sur la situation économique des femmes, encourager l’emploi des mères pourrait contribuer à éliminer les stigmates de la division du travail au sein des couples en exposant les enfants à un modèle plus symétrique de travail rémunéré et non rémunéré. </p>
<p>Une <a href="https://doi.org/10.1177/0950017018760167">étude récente</a> utilisant des données provenant de 29 pays a montré que les mères qui travaillent sont plus susceptibles de transmettre des valeurs égalitaires à leurs enfants, tant au travail qu’à la maison. Les filles dont les mères travaillent finissent elles-mêmes par travailler davantage : elles font plus d’heures, sont mieux payées et occupent plus souvent des postes de supervision que les filles dont les mères restent à la maison. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un enfant en bas âge est assis sur les genoux d’une femme, probablement sa mère, devant un bureau. Il sourit et touche un ordinateur portable tandis que sa mère lui sourit" src="https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573140/original/file-20240202-17-6ybyzo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les mères au travail sont plus susceptibles de transmettre des valeurs égalitaires à leurs enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce résultat n’a pas été observé chez les garçons. Cependant, les garçons ayant grandi avec une mère salariée étaient plus impliqués dans les responsabilités familiales et domestiques à l’âge adulte que les hommes dont la mère n’était pas sur le marché du travail. Les filles passaient également moins de temps à effectuer des tâches ménagères. </p>
<p>Les mères qui travaillent semblent avoir un impact intergénérationnel favorisant l’égalité des sexes, tant au sein de la famille que sur le marché du travail.</p>
<p>Nous savons tous qu’élever des enfants prend beaucoup de temps. Les enfants, bien sûr, <a href="https://doi.org/10.1086/675070">bénéficient de cet investissement en temps des parents</a>. Mais élever des enfants est également coûteux. Notre recherche a quantifié un type de coût : la trajectoire des revenus inférieurs. Il est essentiel de savoir comment ces coûts sont partagés entre les deux parents pour permettre une meilleure prise de décision, pour les décideurs politiques, mais aussi, en fin de compte, pour les parents, les futurs parents et leurs enfants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223150/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Connolly a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Société et Culture et du CIRANO. Les analyses contenues dans ce texte ont été réalisées au Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), membre du Réseau canadien des centres de données de recherche (RCCDR). Les activités du CIQSS sont rendues possibles grâce à l’appui financier du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), de Statistique Canada, du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC), du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS) ainsi que de l’ensemble des universités québécoises qui participent à leur financement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Haeck a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Société et Culture et du CIRANO. Les analyses contenues dans ce texte ont été réalisées au Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), membre du Réseau canadien des centres de données de recherche (RCCDR). Les activités du CIQSS sont rendues possibles grâce à l’appui financier du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), de Statistique Canada, du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC), du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS) ainsi que de l’ensemble des universités québécoises qui participent à leur financement.</span></em></p>Avoir des enfants a un impact négatif sur les revenus des femmes, ce qui n’est pas le cas chez les hommes. Les effets peuvent être durables et contribuer à l’écart de rémunération entre les deux sexes.Marie Connolly, Professor of Economics, Université du Québec à Montréal (UQAM)Catherine Haeck, Full Professor, Economics Department, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2201112024-02-06T18:35:33Z2024-02-06T18:35:33ZQuébec interdit aux villes de s’entendre avec Ottawa sans son autorisation, notamment en matière de transport et de logement. Un exemple à suivre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/572237/original/file-20240130-15-owgadi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3731%2C2482&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Québec et Ottawa ont longuement négocié avant de conclure une entente pour débloquer 900 millions de dollars provenant du Fonds pour accélérer la construction de logements, ce qui a occasionné des délais supplémentaires, en pleine crise du logement.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les provinces canadiennes devraient-elles suivre l’exemple du Québec et interdire aux villes de signer des ententes directement avec le gouvernement fédéral, <a href="https://www.cbc.ca/news/politics/premiers-carbon-tax-federal-housing-policy-1.7020068">comme le suggèrent certains premiers ministres</a> ? </p>
<p>Cette question m’a été posée lors <a href="https://canurb.org/initiatives/citytalk-canada/">d’une conférence organisée par l’Institut urbain du Canada (IUC)</a>. J’y étais invitée en ma qualité de professeure en administration municipale et régionale à l’École nationale d’administration publique et spécialiste des politiques visant l’intégration des transports et de l’aménagement du territoire.</p>
<p>Selon la <a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/M-30">Loi sur le ministère du conseil exécutif</a>, appelée communément « M-30 », il est interdit à un organisme municipal québécois de conclure une entente avec un autre gouvernement au Canada, sans l’autorisation préalable du gouvernement du Québec. Cette disposition, adoptée en 1984 par l’Assemblée nationale du Québec, alors que le Parti québécois de René Lévesque formait le gouvernement, visait à faire respecter la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_constitutionnelle_de_1867">Loi constitutionnelle de 1867</a> qui stipule que les institutions municipales relèvent exclusivement des provinces. En imposant la nécessité de conclure une entente au préalable entre Québec et Ottawa, M-30 tente d’empêcher l’ingérence du fédéral dans ce champ de compétence provinciale.</p>
<p>Ma réponse spontanée à cette question a été catégorique : « Absolument pas. Cette situation ne fait que des perdants. Le Québec devrait opter soit pour l’indépendance, soit accepter le jeu du fédéralisme canadien, même s’il est dysfonctionnel, en permettant aux municipalités de recevoir directement les fonds d’Ottawa, malgré que cela puisse empiéter sur ses compétences ». <a href="https://canurb.org/fr/team/mary-rowe/">Mary Rowe</a>, la présidente et directrice générale de l’IUC, qui animait la conférence, a répondu avec humour que cette position pourrait m’exclure de plusieurs invitations à dîner…</p>
<h2>Le bilan peu reluisant du Québec</h2>
<p>Ma réponse était teintée d’une certaine frustration face au fait que Québec et Ottawa ont longuement négocié avant de conclure une entente pour débloquer 900 millions de dollars provenant du <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionnels/financement-de-projets-et-financement-hypothecaire/programmes-de-financement/toutes-les-opportunites-de-financement/fonds-pour-accelerer-la-construction-de-logements">Fonds pour accélérer la construction de logements</a>. L’<a href="https://www.pm.gc.ca/fr/nouvelles/communiques/2023/11/09/canada-et-quebec-annoncent-la-conclusion-dune-importante-entente">entente</a>, qui permettra aux villes québécoises de bénéficier de la contribution fédérale via la Société d’habitation du Québec, est intervenue en octobre 2023, alors que d’autres villes canadiennes ont pu profiter du FALC dès le mois de juin 2023. Bien que le délai puisse paraître court, il est considérable pour les personnes en attente d’un logement.</p>
<p>Par ailleurs, cette entente en matière de construction accélérée de logement est assortie de l’engagement du gouvernement du Québec à investir autant qu’Ottawa — <a href="https://www.ledevoir.com/politique/800136/pas-conditions-quebec-entente-ottawa-logement">ce seront donc 1,8 G$ qui serviront à résoudre la crise du logement</a>. Les premiers ministres des autres provinces sont-ils prêts à en faire autant ? La question se pose. </p>
<p>Ma patience est également mise à l’épreuve par le bilan peu reluisant du Québec (et le mot est faible) en <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2035123/transport-commun-routes-investissements">matière de gouvernance, de planification et d’investissements dans les infrastructures de transports collectifs</a>. Ce retard ne date pas d’hier. Alors que d’autres provinces canadiennes investissaient dans le développement d’infrastructures lourdes en transport collectif grâce au programme fédéral <a href="https://www.infrastructure.gc.ca/prog/bcf-fcc-fra.html">Fonds Chantiers Canada</a>, le gouvernement du Québec a plutôt choisi de <a href="https://www.transitquebec.org/2012/02/developpement-des-infrastructures-quebec-doit-se-servir-du-fonds-chantiers-canada-pour-financer-les-transports-collectifs/">privilégier son réseau routier</a>. </p>
<p>Dans ce contexte, le régime québécois de planification des transports pourrait bénéficier d’exigences fédérales en matière de planification des infrastructures à l’échelle métropolitaine, à l’instar des États-Unis où les agglomérations urbaines de plus de 50 000 habitants <a href="https://www.transit.dot.gov/regulations-and-guidance/transportation-planning/metropolitan-planning-organization-mpo">doivent répondre à plusieurs critères pour recevoir des fonds du gouvernement</a>. </p>
<p>Jusqu’à maintenant, aucun ministre des Infrastructures fédéral n’a osé imposer de telles exigences de planification et de priorisation aux grandes régions métropolitaines du Canada, puisqu’elles sont sous la juridiction exclusive des provinces.</p>
<h2>Des villes plus autonomes</h2>
<p>La protection jalouse de ses compétences a permis au Québec de se développer de manière unique, avec des institutions, des infrastructures et des programmes qui lui sont propres, comme les Centres de la petite enfance, le régime d’assurance médicaments, le réseau de l’Université du Québec, les cégeps, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Hydro-Québec.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des enfants tenant une corde déambulent sur un trottoir, en compagnie de deux adultes" src="https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572238/original/file-20240130-29-3r2a3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des enfants d’un CPE montréalais déambulent dans la rue. La protection jalouse de ses compétences a permis au Québec de se développer de manière unique, avec des institutions, des infrastructures et des programmes qui lui sont propres, comme les Centres de la petite enfance.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>En matière d’affaires municipales, on pourrait même avancer que le Québec est la province où les villes ont le plus d’autonomie et de reconnaissance depuis l’adoption récente de la <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-39-43-1.html">Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d’autres dispositions législatives</a> qui leur offre davantage de latitude et de possibilités en matière de financement, notamment avec l’octroi d’une part de la croissance d’un point de la taxe de vente du Québec (TVQ). </p>
<p>À cela s’ajoutent les dispositions de la <a href="https://www.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_client/lois_et_reglements/LoisAnnuelles/fr/2017/2017C13F.PDF">Loi</a> visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs en termes de taxation et de redevances. Les villes québécoises ont ainsi la possibilité de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/capa.12521">diversifier leurs sources de revenus et de répondre à certains objectifs de politique publique, notamment via l’écofiscalité</a>. </p>
<p>En somme, une plus grande autonomie vient avec de plus grandes responsabilités et avec une certaine obligation d’efficacité et de performance, qu’elle soit sociale ou environnementale, sans quoi l’ingérence du fédéral pourrait paraître légitime, comme dans certaines provinces dirigées par des gouvernements qui peinent à reconnaître la crise du logement. Le gouvernement du Québec aurait-il investi 900 millions de dollars, n’eût été l’initiative du gouvernement du Canada ?</p>
<h2>Les bons — et mauvais côtés de l’autonomie des provinces</h2>
<p>Le Québec a fait le choix de rester dans le Canada, bien que l’histoire aurait pu être différente <a href="https://www.gallimardmontreal.com/catalogue/livre/les-secrets-d-option-canada-lester-normand-philpot-robin-9782895492238">si la Loi québécoise des consultations populaires avait été respectée par le camp du NON</a> lors du dernier référendum sur la souveraineté, en 1995. Dans ce contexte, un front commun des provinces pour une décentralisation accrue pourrait renforcer la position du Québec et sa capacité d’autodétermination, quoique ce qu’on a appelé <a href="https://lactualite.com/politique/nuit-des-longs-couteaux-la-vraie-histoire/">« la Nuit des longs couteaux »</a> (la conférence entre premiers ministres provinciaux et Ottawa en 1981) a prouvé le contraire. </p>
<p>Au final, le degré de succès de l’autonomie des provinces dépendra des valeurs portées par les gouvernements fédéral et provinciaux élus, et de la réelle capacité d’action des gouvernements provinciaux. Si l’ingérence fédérale peut être perçue comme salvatrice lorsque les gouvernements provinciaux faillent à la tâche, comme dans le cas du logement et du transport collectif, par exemple, elle peut représenter une menace au bon fonctionnement des programmes ou à l’atteinte de cibles environnementales, comme la possibilité pour le gouvernement fédéral d’abolir la taxe carbone.</p>
<p>La même analyse peut être appliquée aux interventions du gouvernement fédéral dans ses propres champs de compétences, comme la gestion de la frontière et des permis de travail, qui ont des conséquences sur les objectifs politiques des provinces. </p>
<p>Actuellement, avec le <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/803290/pq-devance-nouveau-caq-sondage">Parti Québécois en tête dans les sondages au Québec</a> et le <a href="https://abacusdata.ca/conservatives-lead-by-19-abacus-data-poll/">Parti conservateur en avance au Canada</a>, le moment semble propice pour rouvrir cette conversation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220111/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanny Tremblay-Racicot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’interdiction aux villes québécoises de signer des ententes directement avec le gouvernement fédéral a nui au développement du transport collectif, ainsi qu’à la construction de logements.Fanny Tremblay-Racicot, Professeure agrégée, administration municipale et régionale, École nationale d'administration publique (ENAP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2207372024-01-23T15:45:43Z2024-01-23T15:45:43ZLes femmes désirent gravir les échelons des grandes entreprises. Mais pas à n’importe quel prix<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569414/original/file-20240115-27-31qawf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C994%2C538&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les femmes veulent bien accéder aux plus hautes fonctions. Mais pas à n’importe quel prix.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le cabinet d’experts-conseils <a href="https://www.spencerstuart.com/">Spencer Stuart</a> publiait récemment une étude sur la <a href="https://www.spencerstuart.com/-/media/2023/december/f500-profiles/fortune-500-csuite-snapshot-profiles-in-functional-leadership.pdf">composition de la très haute direction des entreprises membres du Fortune 500</a>, soit les 500 entreprises américaines les plus riches.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/direction-dentreprise-les-femmes-perdent-du-terrain-elles-doivent-etre-strategiques-mais-la-culture-doit-aussi-changer-195508">Direction d'entreprise : les femmes perdent du terrain. Elles doivent être stratégiques, mais la culture doit aussi changer</a>
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<p>L’analyse portait notamment sur le genre des titulaires de tels postes, leurs fonctions et la source de leurs nominations, soit de l’interne ou de l’externe de l’organisation.</p>
<p>L’étude de la composition de la très haute direction, souvent appelée la <em>C-Suite</em> en anglais, revêt une importance particulière puisqu’elle permet d’identifier la réalité de la relève féminine au poste de PDG d’une organisation.</p>
<p>Respectivement doyenne de l’École de gestion John Molson, et experte depuis plusieurs décennies de la place des femmes dans les hautes sphères du milieu des affaires, nous discuterons des principaux constats émanant de l’étude menée par Spencer Stuart.</p>
<h2>Les prémisses de départ</h2>
<p>Trois conclusions ont particulièrement attiré notre attention :</p>
<ul>
<li><p>les hommes représentent 60 % du groupe sélect qu’est la très haute direction. Ils se retrouvent principalement dans les fonctions qui offrent le plus de possibilités de nomination à la fonction de PDG, <a href="https://www.spencerstuart.com/-/media/2021/december/lastmile/the-last-mile-to-the-top-future-ceos-who-beat-the-odds.pdf">selon l’historique des nominations à de telles fonctions</a>. On parle par exemple des postes de chef des opérations, chef de division et chef des finances ;</p></li>
<li><p>de plus en plus présentes dans les fonctions de très haute direction (40 %), les femmes se retrouvent toutefois dans les fonctions de cheffe des ressources humaines, cheffe des communications, cheffe de la diversité et de l’inclusion, ou cheffe du développement durable. En d’autres termes, ce sont des fonctions dites de support, importantes pour les organisations, quoique malheureusement perçues comme ayant peu d’impact sur l’avoir des actionnaires et leur performance financière ;</p></li>
<li><p>les nominations aux postes de haute direction propulseurs à la fonction de PDG proviennent principalement de l’interne. Qu’est-ce que ça implique ? Qu’une connaissance intime de l’organisation sur une longue période est valorisée et qu’un processus de promotion est généralement en place pour alimenter le vivier de relève.</p></li>
</ul>
<h2>Portrait mondial de la situation</h2>
<p>Notre expérience des dernières décennies nous permet de faire un constat similaire au Canada. Nous avons donc souhaité vérifier si cette situation était similaire dans d’autres pays.</p>
<p>Un rapport de l’Organisation internationale du travail intitulé <a href="https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/---publ/documents/publication/wcms_700953.pdf">« The Business Case for Change »</a> permet de donner un aperçu du positionnement des femmes dans les hautes sphères du pouvoir auprès de 13 000 entreprises opérant sur tous les continents.</p>
<p>À l’instar des États-Unis et du Canada, ce clivage selon les sexes entre les fonctions qui sont de support et d’apport direct à la profitabilité de l’organisation paraît généralisé. Il est également qualifié, selon les auteurs de cette étude, de « mur de verre » puisqu’il limite le vivier des candidatures féminines potentielles à la fonction de PDG.</p>
<p>Mais comment expliquer ce phénomène ?</p>
<h2>Stéréotypes, biais et préjugés</h2>
<p>Dans un premier temps, les stéréotypes et les préjugés liés au sexe jouent dès l’enfance.</p>
<p>Ils ont un impact sur les jouets avec lesquels les enfants jouent, les matières qu’ils étudient, leur vie et leurs carrières futures.</p>
<p>Les filles – de manière générale – aspirent à devenir médecins, enseignantes, infirmières, psychologues et vétérinaires. Quant aux garçons, ils veulent devenir ingénieurs, <a href="https://www.unesco.org/fr/articles/combattre-les-prejuges-et-les-stereotypes-lies-au-genre-dans-et-par-leducation">travailler dans les TIC et dans la mécanique</a>.</p>
<h2>Culture des organisations</h2>
<p>Dans un second temps, la culture des organisations est un <a href="https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/---publ/documents/publication/wcms_700953.pdf">miroir de notre société et de ses traditions</a>.</p>
<p>Elle véhicule donc des biais quant au potentiel de leadership des femmes comparativement aux hommes.</p>
<p>Selon l’enquête de l’Organisation internationale du travail citée plus haut, 91 % des femmes interrogées sont d’accord ou tout à fait d’accord avec le fait que les femmes dirigent aussi efficacement que les hommes. Or, seulement 77 % des hommes sont d’accord avec cet énoncé.</p>
<p>Il est permis de penser que ce biais à l’égard du leadership a un impact sur les processus de recrutement, de nomination, de développement, de talents et d’affections enrichies (affectations qui permettent à un employé d’enrichir ses habiletés, ou <em>stretch assignment</em> en anglais) qui pavent la voie aux progressions de carrière.</p>
<p>Il est également permis de penser que ces biais sont aussi présents au sein des conseils d’administration qui ont pour responsabilité de nommer les PDG et qui sont encore aujourd’hui composés majoritairement d’hommes.</p>
<h2>Des objectifs de vie différents</h2>
<p>Enfin, les femmes et les hommes ont des préférences et des objectifs de carrière différents.</p>
<p>Selon une étude réalisée par les professeures de la Harvard Business School Francesca Gino et Alison Wood Brooks et intitulée <a href="https://hbr.org/2015/09/explaining-gender-differences-at-the-top">« Explaining the Gender Differences at the Top »</a>, les femmes considèrent les occasions d’avancement avec autant d’intérêt que les hommes. Par contre, elles les trouvent moins atteignables en raison de leur emploi du temps chargé. Elles doivent donc évaluer plus sérieusement les compromis et les sacrifices qu’elles doivent faire pour occuper des postes de haute responsabilité et de pouvoir.</p>
<p>Les auteures prennent soin de préciser que ces résultats ne signifient pas que les femmes sont moins ambitieuses, mais que le succès professionnel a une signification différente selon les individus. Pour certains, celui-ci prend la forme du pouvoir. Pour d’autres, il peut signifier rendre ses collègues heureux et contribuer à rendre le monde meilleur dans un environnement de collaboration et d’entraide.</p>
<p>Cette recherche va dans le même sens que celle de Viviane de Beaufort, professeure à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Elle a constaté, dans le cadre d’une étude menée auprès de 295 femmes françaises dirigeantes sur leurs aspirations professionnelles, que les femmes veulent bien accéder aux plus hautes fonctions. <a href="https://www.academia.edu/80171918/WP_CERESSEC_CEDE_ESSEC_Viviane_de_Beaufort_2022_avec_le_collectif_WOMEN_BOARD_READY_ESSEC">Mais pas à n’importe quel prix</a>.</p>
<h2>Qu’est-ce qui détermine les parcours professionnels ?</h2>
<p>Le présent article soulève donc la question suivante :</p>
<p>Peut-on espérer, en tant que femme, être un jour PDG ou réaliser nos rêves professionnels malgré les biais, les préjugés, les stéréotypes et les barrières que nous devons surmonter ?</p>
<p>Simone de Beauvoir écrivait en 1949 dans son essai « Le deuxième sexe » :</p>
<blockquote>
<p>La femme se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle : elle est inessentielle en face de l’essentiel. Il est le sujet, il est l’absolu, elle est l’autre.</p>
</blockquote>
<p>Cet extrait nous rappelle que les compétences et les connaissances requises pour atteindre les fonctions stratégiques ont, depuis toujours, été définies en fonction de l’exercice du pouvoir au masculin dans un environnement où la performance des organisations est jugée quasi uniquement par les succès financiers et l’appréciation de la valeur pour l’actionnaire.</p>
<p>Il est temps de penser à de nouvelles trajectoires et compétences professionnelles non définies par le genre, mais plutôt par la mission et les objectifs des organisations. Celles-ci doivent tout autant tenir compte de leur apport aux succès financiers des organisations <a href="https://hbr.org/2022/07/the-c-suite-skills-that-matter-most">qu’à leur contribution à la création d’un monde meilleur</a>.</p>
<p>Il faut ainsi valoriser autant les compétences fonctionnelles que les compétences plus douces telles que l’intelligence émotionnelle, l’empathie, le sens du collectif et l’audace.</p>
<p>Abaisser les murs de verre veut aussi dire que les organisations et leur conseil d’administration ont la responsabilité d’identifier et d’encourager les femmes à occuper des postes où elles prennent de l’expérience et développent leur leadership au sein de fonctions de première ligne plutôt que de soutien.</p>
<p>Dans un tel contexte, les femmes, tout autant que les hommes, pourront avoir une meilleure chance d’atteindre les plus hautes fonctions tout en demeurant fidèles à elles-mêmes. Et ce, à part entière.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220737/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les femmes sont de plus en plus présentes dans les fonctions de très haute direction, mais elles se retrouvent dans des fonctions dites de support, qui mènent rarement aux postes de PDG.Louise Champoux-Paillé, Cadre en exercice, John Molson School of Business, Concordia UniversityAnne-Marie Croteau, Dean, John Molson School of Business, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2186572023-11-29T14:37:21Z2023-11-29T14:37:21ZPourquoi le soutien aux syndicats est-il si fort ? C’est une question d’insatisfaction générale<p>Plus de 65 000 enseignantes et enseignants du Québec pourraient <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2023/11/26/greve-dans-le-secteur-public--on-va-tenir-le-siege-jusqua-noel-sil-le-faut">poursuivre leur grève jusqu’à Noël</a> si une entente n’est pas conclue, a déclaré leur syndicat dimanche. Cet avertissement survient dans un contexte de conflit de travail généralisé dans la province, <a href="https://www.lapresse.ca/dialogue/chroniques/2023-11-27/negos-a-18-7-on-a-une-entente.php#:%7E:text=Jeudi%2C%20570%20000%20des%20610,premier%20ministre%20Fran%C3%A7ois%20Legault%20jeudi.">où près de 570 000 personnes étaient en grève</a> la semaine dernière.</p>
<p>Ces actions collectives font suite à <a href="https://www.tf1info.fr/international/video-etats-unis-la-greve-historique-dans-le-secteur-de-l-automobile-ne-faiblit-pas-2271349.html">« l’été des grèves »</a>, où plusieurs actions syndicales ont été déclenchées, avec notamment les grèves des <a href="https://theconversation.com/actors-are-demanding-that-hollywood-catch-up-with-technological-changes-in-a-sequel-to-a-1960-strike-209829">scénaristes et des acteurs</a> à Hollywood, celle des <a href="https://theconversation.com/why-the-uaw-unions-tough-bargaining-strategy-is-working-214679">Travailleurs unis de l’automobile</a> et des grèves dans de <a href="https://www.rtbf.be/article/une-greve-chez-starbucks-en-raison-de-l-interdiction-de-decorations-pride-11217996">nombreux Starbucks</a>. </p>
<p>Au Canada, les <a href="https://theconversation.com/b-c-labour-dispute-its-time-for-an-industrial-inquiry-commission-into-ports-and-automation-210779">travailleurs portuaires de la Colombie-Britannique</a>, les employés du <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2004945/greve-tvo-steve-paikin-agenda">télédiffuseur public de l’Ontario</a> et les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009929/greve-municipalite-saint-jean">employés municipaux de Saint-Jean</a> ont également mené des grèves.</p>
<p>Si les grèves semblent avoir gagné en popularité et en visibilité, c’est entre autres grâce au soutien record dont bénéficient les syndicats. <a href="https://news.gallup.com/poll/398303/approval-labor-unions-highest-point-1965.aspx">Selon un récent sondage Gallup</a>, 71 % des Américains appuient les syndicats, ce qui représente le taux le plus élevé depuis 1965. Un récent <a href="https://angusreid.org/unions-strike-labour-canada-ndp-conservatives-liberals/">sondage Angus Reid</a> révèle que trois Canadiens sur cinq estiment que les syndicats ont des incidences positives pour les travailleurs.</p>
<p>Pourquoi ce soutien est-il si fort aujourd’hui ? <a href="https://abcnews.go.com/Business/technologies-helping-shape-surge-worker-strikes-us/story?id=102994468">Certains avancent</a> que la détérioration des conditions de travail, le décalage des salaires par rapport à l’inflation et l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle dans tous les secteurs contribuent aux actions collectives.</p>
<p>Ceci ne constitue toutefois qu’une partie du tableau. La perception que les travailleurs ont de leurs conditions est plus importante encore. L’augmentation du soutien aux syndicats s’explique surtout par la hausse dans la population générale du sentiment de vivre des inégalités, et par les réactions émotionnelles négatives à l’égard de cette situation.</p>
<h2>Importance de la perception</h2>
<p>Des recherches montrent que le fait de reconnaître qu’on est désavantagé, associé à une réaction émotionnelle — en général la colère —, est un important indicateur de la participation à des actions collectives telles que manifestations, grèves ou adhésion à un syndicat. Cela est vrai indépendamment des <a href="https://www.doi.org/10.1177/1088868311430825">mesures objectives d’inégalité</a>, telles que la classe sociale, le revenu et l’éducation.</p>
<p>Une <a href="https://www.jstor.org/stable/27767155">étude réalisée en 1991</a> révèle que les sentiments des gens à l’égard de leur statut social influencent davantage l’appui aux syndicats que leur statut social objectif, qui est déterminé par des facteurs tels que le revenu et l’éducation. En d’autres termes, le soutien aux syndicats est une affaire de perception.</p>
<p>Cette perspective explique également pourquoi l’appui aux syndicats n’a pas augmenté lorsque les conditions de travail se sont dégradées. Ainsi, les années qui ont suivi la récession de 2008 ont été marquées par divers problèmes liés au travail, notamment un <a href="https://www.kansascityfed.org/Jackson%20Hole/documents/4547/2014vonWachter.pdf">taux de chômage élevé</a>, une <a href="https://u.demog.berkeley.edu/%7Ejrw/Biblio/Eprints/PRB/files/65.1unitedstates.pdf">baisse du salaire des ménages</a> et une <a href="https://knowledge.wharton.upenn.edu/podcast/knowledge-at-wharton-podcast/great-recession-american-dream/">hausse du nombre d’emplois temporaires et précaires</a>.</p>
<p>Malgré cela, le <a href="https://news.gallup.com/poll/398303/approval-labor-unions-highest-point-1965.aspx">soutien aux syndicats a atteint un plancher historique</a> aux États-Unis à cette époque. Bien qu’il n’existe pas de statistiques pour le Canada, des <a href="https://www.doi.org/10.18740/S4M887">données indiquent</a> que les syndicats y ont été tout aussi impopulaires après la Grande Récession.</p>
<h2>Le rôle de la pandémie de Covid-19</h2>
<p>La pandémie de Covid-19 a profondément modifié la façon dont nous percevons notre vie. Des études récentes indiquent que les gens sont aujourd’hui <a href="https://cepr.org/voxeu/columns/pandemics-make-us-more-averse-inequality">plus conscients des inégalités qui règnent dans la société</a> et qu’ils souhaitent davantage <a href="https://doi.org/10.1016%2Fj.jesp.2022.104400">agir pour y remédier</a> qu’à l’époque pré-Covid.</p>
<p>La prise de conscience des mécanismes injustes qui influencent nos comportements s’est avérée être une <a href="https://www.doi.org/10.1177/1088868311430825">condition préalable à la montée de la colère</a> qui motive l’action collective. En somme, plus nous percevons des injustices, <a href="https://www.doi.org/10.1080/00224545.1987.9713692">plus nous sommes susceptibles</a> de participer à une action collective.</p>
<p>L’apogée de la pandémie de Covid-19 a coïncidé avec plusieurs grèves syndicales révélatrices de cette tendance. Ainsi, la <a href="https://www.unifor.org/fr/nouvelles/toutes-les-nouvelles/les-travailleuses-et-travailleurs-chez-dominion-declenchent-une-0">grève de 2020 des travailleurs des épiceries Dominion à Terre-Neuve</a> a été provoquée par la prise de conscience des disparités entre les cadres supérieurs, qui ont gagné des millions pendant la pandémie, et les travailleurs de première ligne qui n’ont reçu que peu ou pas d’augmentations de salaire.</p>
<p>Bien que <a href="https://policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/publications/National%20Office/2022/01/Another%20year%20in%20paradise.pdf">ce fossé se soit creusé pendant des années</a>, la pandémie l’a amplifié. Les <a href="https://static1.squarespace.com/static/5f6cf5f31b4f4b396a560f8c/t/5f8f4630ee36ca09c2825fe6/1603225136576/summary_atof_f.pdf">déclarations des syndicats pendant les grèves</a> ont mis l’accent sur le fait que les problèmes des travailleurs ont été révélés par la pandémie et non créés par elle.</p>
<p>La pandémie a contribué à engendrer un environnement dans lequel les travailleurs se sentent lésés et en colère. Tant que la perception et la prise de conscience des inégalités n’auront pas changé, nous continuerons vraisemblablement à assister à une hausse du nombre de grèves et d’autres formes d’action collective.</p>
<h2>Que doivent faire les employeurs ?</h2>
<p>Les employeurs ont un rôle essentiel à jouer dans ce contexte. S’ils veulent éviter que les travailleurs ne se lancent dans une action collective, ils doivent leur offrir leur appui et répondre à leurs besoins. Des enjeux tels <a href="https://theconversation.com/how-businesses-can-best-help-employees-disconnect-from-work-174522">qu’équilibre entre vie professionnelle et vie privée</a>, <a href="https://theconversation.com/employers-need-to-prioritize-employee-mental-health-if-they-want-to-attract-new-talent-205738">soutien en santé mentale</a>, <a href="https://theconversation.com/diversity-in-the-workplace-isnt-enough-businesses-need-to-work-toward-inclusion-194136">diversité et inclusion</a> sont au premier plan des préoccupations des travailleurs.</p>
<p>Lorsque leurs besoins sont satisfaits, les travailleurs risquent moins de se sentir désavantagés au travail et d’éprouver du ressentiment. Une <a href="https://www.doi.org/10.2147/PRBM.S321689">récente étude</a> a montré que les personnes qui considèrent qu’elles obtiennent une juste rémunération pour des comportements positifs — comme coopérer avec les autres et arriver tôt — éprouvent moins de ressentiment à l’égard des gens qu’elles perçoivent comme plus favorisés.</p>
<p>En mettant en place une bonne communication avec les employés, en encourageant un leadership participatif et la coopération entre les travailleurs, on peut <a href="https://www.doi.org/10.1177/08863680122098298">réduire la colère</a> engendrée par les comparaisons négatives liées au travail.</p>
<p>Ces approches fonctionnent parce qu’elles offrent des solutions constructives aux problèmes des travailleurs. En conclusion, le lien entre la perception que les gens ont de leur vie et leur soutien aux syndicats démontre l’importance pour les employeurs de prendre en compte les besoins de leurs employés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218657/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nabhan Refaie ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’augmentation du soutien aux syndicats peut s’expliquer par le fait que les gens prennent de plus en plus conscience de vivre des inégalités et de la colère qu’ils ressentent à ce sujet.Nabhan Refaie, PhD Candidate in Management (Organizational Behaviour), University of GuelphLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2186592023-11-28T16:20:03Z2023-11-28T16:20:03ZTélétravail : Québec doit négocier avec ses fonctionnaires, mais sans données ni études sur son impact<p>Dans le bras de fer qui oppose à l’heure actuelle le gouvernement du Québec et ses fonctionnaires, il y a un enjeu qui passe inaperçu, mais qui est fondamental : la <a href="https://spgq.qc.ca/2023/11/le-teletravail-et-le-personnel-professionnel-du-secteur-public-quebecois/">gestion du télétravail</a>.</p>
<p>Les employés de bureau le réclament, et <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/12/09/granby-des-enseignants-manifestent-pour-le-teletravail">même les enseignantes lors de leur journée pédagogique</a>.</p>
<p>C’est le <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/secretariat-conseil-tresor/organigramme/bureau-negociation-gouvernementale">Bureau de la négociation gouvernementale</a> qui agit pour le compte du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec dans les échanges avec les syndicats. Ce secrétariat a pour fonction de soutenir les ministères et les organismes dans la gestion des ressources dans la fonction publique.</p>
<p>Le Bureau de la négociation gouvernementale doit entre autres décider si le télétravail sera conventionné. Comment ces négociateurs décideront-ils de modifier ou non le nombre de jours de travail au bureau versus à la maison ? </p>
<p>Ils seront pour ainsi dire dans le néant. Car le Bureau ne peut pas compter sur des analyses des ministères ni du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec. Il n’y en a pas, et ce malgré le fait que la politique-cadre en matière de télétravail stipule que « la ou le sous-ministre doit évaluer, à intervalles réguliers, l’évolution du télétravail au sein de son organisation ». </p>
<p>Dans ces circonstances, comment négocier en toute connaissance de cause ? </p>
<h2>Des décisions prises durant la Cpandémie n’ont pas été revues depuis</h2>
<p>Le rendement des télétravailleurs peut s’apprécier par l’atteinte des cibles et mandats qui leur sont confiés ou par des logiciels de surveillance. La première approche est habituellement privilégiée à la deuxième. Comme chercheurs en Administration publique, nous voulions établir un portrait de ces deux approches dans la fonction publique canadienne. Dans une étude actuellement en évaluation par les pairs, nous avons envoyé 166 demandes d’accès à l’information à 88 ministères et organismes des gouvernements du Canada et de cinq provinces. Trente-deux demandes d’accès visaient les directions de ressources humaines et des technologies de l’information de seize ministères du Gouvernement du Québec. </p>
<p>Au Québec, deux ministères ont ignoré les deux demandes d’accès à l’information, même après un an : le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Trois autres ont ignoré les demandes en lien avec le télétravail et le travail hybride, ou la demande au sujet des logiciels de surveillance au travail. </p>
<p>Au Québec, seuls deux ministères ont déployé des logiciels de surveillance sur les postes de travail de ses télétravailleurs, mais seulement pour des essais connus et à petite échelle, avec des volontaires. Le tableau pour les ressources humaines est moins convaincant. Trois ministères ignoraient le nombre de leurs employés en télétravail ! Un seul a été en mesure d’offrir une raison sur le choix du nombre de jours devant être travaillé au bureau. Aucun ministère québécois n’a produit d’analyse sur l’efficacité, l’efficience ou l’équité du télétravail ou du travail hybride. Plusieurs ministères nous ont signalé que le Secrétariat du Conseil du trésor aurait en main de telles analyses. Ils avaient tort.</p>
<p>Nous ne nous attendions pas à ce que des études et des projets pilotes soient mis de l’avant dans l’urgence de l’hiver 2020. Les instances des ministères ont travaillé fort pour maintenir la continuité des services aux Québécois. Néanmoins, des décisions prises dans l’incertitude n’ont pas été revues depuis. De nouvelles embauches ont été effectuées, sans savoir si le niveau global de performance des ministères s’était maintenu. </p>
<p>Le Québec n’est pas seul. Le gouvernement fédéral, la Colombie-Britannique, l’Ontario, l’Île-du-Prince-Édouard font à peine mieux, ou sont sensiblement dans la même situation.</p>
<h2>Terre-Neuve ne gère pas dans le brouillard</h2>
<p>Cependant, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a évalué le travail hybride et à distance de ses employés. </p>
<p>Au ministère de l’Enfance, des personnes âgées et du Développement social, deux unités ont sélectionné 42 employés afin d’examiner leurs performances en matière de télétravail à temps plein, par rapport aux données de référence antérieures à la pandémie. Une unité a montré des performances accrues en mode télétravail par rapport à la base de référence en personne, et l’autre unité a montré des résultats mitigés. </p>
<p>Le Secrétariat du Conseil du Trésor de Terre-Neuve-et-Labrador a mené un projet pilote au sein d’un service informatique. Les 313 employés de ce service ont participé à un cycle d’une semaine au bureau, deux semaines à la maison pendant une période de six mois, et ont mesuré la productivité en fonction du nombre de demandes traitées par mois, du nombre d’heures de travail, du nombre d’évènements indésirables, ainsi que de la satisfaction des employés. </p>
<p>Ces données ont été comparées à celles des deux années précédant l’étude pilote. Les résultats n’indiquent aucun effet observable du télétravail sur la performance. Enfin, le ministère de l’Éducation de cette province a également mené une étude pilote de six mois en 2022 au sein de sa division des services financiers aux étudiants. Quinze postes principaux travaillaient à distance et 22, au bureau. On a mesuré les résultats en termes de respect des normes de service, d’expériences des étudiants, d’utilisation des heures supplémentaires et de commentaires de la direction et du personnel.</p>
<p>À moins que la négociation ne s’éternise, il pourrait être difficile pour les analystes du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec d’offrir rapidement au Bureau de la négociation gouvernementale des arguments probants quant aux modalités du travail hybride et du télétravail pour les fonctionnaires qui en bénéficient. </p>
<p>Il n’y a pas de doute que de travailler à la maison est populaire chez les fonctionnaires. Il facilite la vie des parents. Il dégage du temps pour les proches aidants, dont la majorité de femmes qui travaille dans le service public. Néanmoins, la performance du télétravail est tenue pour acquise par la partie patronale, sans preuve à l’appui, allant à l’encontre de la politique du gouvernement du Québec.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218659/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Étienne Charbonneau a reçu des financements du programme de Chaires de recherche du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carey Doberstein ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Québec doit négocier avec ses fonctionnaires la gestion du télétravail, mais il ne peut s’appuyer sur aucune donnée. La performance du télétravail est tenue pour acquise, sans preuve à l’appui.Étienne Charbonneau, Professeur titulaire, École nationale d'administration publique (ENAP)Carey Doberstein, Assistant Professor of Political Science, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143542023-11-21T14:39:16Z2023-11-21T14:39:16ZLes médias sociaux, une arme à double tranchant pour l’image des syndicats<p>L’image des syndicats est souvent évoquée pour expliquer <a href="https://doi.org/10.25318/36280001202201100001-eng">l’érosion du taux de syndicalisation au Canada au cours des quatre dernières décennies</a>, qui a passé de 38 % en 1981 à 29 % en 2022. Les travailleurs peinent à <a href="https://doi.org/10.1177/102425890701300204">s’identifier aux syndicats, perçus comme des organisations vieillissantes, et donc à s’y engager</a>.</p>
<p>Les médias sociaux font naître <a href="https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---actrav/documents/publication/wcms_875935.pdf">l’espoir d’un vent de renouveau pour le mouvement syndical</a>. Ces plates-formes leur offrent en effet – au moins en théorie – la possibilité d’améliorer leur image en fluidifiant la communication avec leurs membres, en adoptant de nouvelles méthodes de mobilisation et en s’adressant à un public plus jeune et connecté.</p>
<p>Néanmoins, les espoirs suscités par les médias sociaux pour redorer l’image des syndicats s’avèrent en partie déçus. <a href="https://doi.org/10.1177/00221856231192322">Nos recherches récentes</a> révèlent quatre effets de distorsion que les médias sociaux peuvent avoir sur l’image des syndicats. Si ces effets peuvent contribuer à revitaliser leur image publique, ils peuvent également aboutir au résultat inverse et représenter une menace tout à fait sérieuse : celle de les rendre invisibles.</p>
<h2>Facteur de division</h2>
<p>Une première conséquence des médias sociaux est qu’ils peuvent exacerber les clivages entre les syndicats et les employeurs ou les gouvernements. Un phénomène qui n’est pas sans rappeler la <a href="https://www.pewresearch.org/politics/2014/06/12/political-polarization-in-the-american-public/">polarisation qui frappe la sphère politique</a>.</p>
<p>Selon les responsables syndicaux avec lesquels nous nous sommes entretenus, cette polarisation en ligne est en partie attribuable aux normes de communication sur les médias sociaux, marquées notamment par une <a href="https://theconversation.com/its-not-just-bad-behavior-why-social-media-design-makes-it-hard-to-have-constructive-disagreements-online-161337">grande tolérance à l’égard des postures virulentes et agressives</a>. L’incitatif à communiquer de manière plus clivante en ligne découlerait également de la concurrence féroce à laquelle doivent se livrer les communicants pour capter l’attention fugace des utilisateurs des médias sociaux.</p>
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<img alt="Images of social media likes, follows, and comments float above a hand scrolling on a cell phone screen" src="https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La structure et la culture associées aux médias sociaux incitent certains syndicats à adopter des styles de communication plus brefs, moins nuancés et plus affirmatifs, dans le but de rallier leurs partisans et d’amplifier la portée de leurs messages.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La structure et la culture associées aux médias sociaux incitent ainsi certains syndicats à adopter des styles de communication plus brefs, moins nuancés et plus affirmatifs, dans le but de rallier leurs partisans et d’amplifier la portée de leurs messages.</p>
<p>L’effet de polarisation en ligne n’affecte pas tous les syndicats de la même manière. Nos résultats indiquent que les syndicats les plus touchés par cet effet sont souvent ceux les plus militants.</p>
<h2>Tout à l’égo</h2>
<p>Les médias sociaux peuvent également contribuer à déformer l’image numérique des syndicats en encourageant des comportements autocentrés. Il a déjà été démontré que les médias sociaux <a href="https://doi.org/10.1037/ppm0000137">encouragent les individus à adopter des comportements narcissiques</a>. Notre étude révèle que cette tendance se manifeste également pour des organisations comme les syndicats.</p>
<p>Les médias sociaux encouragent en effet les syndicats à mettre en scène leurs membres de manière extrêmement positive. Cette survalorisation de l’effectif syndical s’explique essentiellement par les règles du jeu algorithmique des médias sociaux. En d’autres termes, le contenu faisant l’éloge des membres d’un syndicat aurait tendance, selon les responsables syndicaux, à susciter davantage d’engagement (likes, commentaires ou partages). Par conséquent, certains gestionnaires de médias sociaux privilégient les contenus célébrant les mérites des membres afin de maximiser la viralité de leur communication en ligne. </p>
<p>Cette tendance au « tout à l’égo » semble le plus prononcée dans les syndicats dont l’effectif est homogène et l’identité professionnelle forte, où il est incidemment plus aisé d’encourager un sentiment de fierté professionnelle. </p>
<h2>Grossir ses traits jusqu’à la caricature</h2>
<p>La troisième façon dont les médias sociaux peuvent déformer l’image en ligne des syndicats est en exagérant certains de leurs caractéristiques ou traits identitaires au point de les rendre grotesques ou caricaturales.</p>
<p>Ce type de distorsion découle notamment du sentiment d’obligation perçu par certains syndicats d’alimenter régulièrement leurs comptes de média sociaux. À cet égard, soulignons que tous les syndicats de notre étude publient entre cinq et sept messages par semaine sur leurs pages Facebook. </p>
<p>Cependant, tous les syndicats ne disposent pas de contenu nouveau ou attrayant à partager sur une base aussi régulière. Pour satisfaire à la boulimie des médias sociaux, certains syndicats se rabattent sur le partage en ligne d’activités aussi routinières que des réunions, formations ou assemblées syndicales. Répétées à l’envi, ces scènes banales de la vie syndicale finissent par grossir exagérément les caractéristiques bureaucratiques de ces organisations. </p>
<p>C’est donc sans surprise que les syndicats ayant une <a href="https://www.oxfordreference.com/display/10.1093/oi/authority.20110803110716472">culture bureaucratique</a> prononcée sont les plus susceptibles de s’autocaricaturer en ligne.</p>
<h2>Noyés dans l’actualité</h2>
<p>L’effet d’effacement est la dernière distorsion que les médias sociaux peuvent faire subir aux images numériques des syndicats. Un phénomène identique se produit lorsque les gestionnaires de médias sociaux abreuvent les comptes des syndicats de flots d’articles de presse et de republications, plutôt que de partager du contenu directement lié au syndicat.</p>
<p>Dans pareille situation, la visibilité numérique du syndicat décline, au point de rendre son identité diaphane. Cet effet est encore plus prononcé lorsque le partage d’article ou la republication n’est accompagné d’aucun texte introductif qui tisse un lien entre la nouvelle et le syndicat ou ses membres. </p>
<p>Les syndicats les plus exposés à l’effet d’effacement sont ceux dont les responsables des médias sociaux manquent d’expertise ou ceux dont le modèle de syndicalisme est axé sur la <a href="https://www.oxfordreference.com/display/10.1093/oi/authority.20110803100456590">prestation de services</a></p>
<p>plutôt que sur la mobilisation active des membres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="An laptop open to a news article is seen over the shoulder of a young woman" src="https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les syndicats dont les médias sociaux sont noyés sous un flot d’articles de presse et de republications risquent de brouiller leur image au point de devenir invisibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Les risques de l’invisibilité numérique</h2>
<p>Les médias sociaux apparaissent donc comme une arme à double tranchant pour les syndicats. Si certains effets de distorsion peuvent avoir des résultats positifs, d’autres apparaissent comme clairement négatifs. La polarisation et l’égocentrisme, par exemple, peuvent être bénéfiques parce qu’ils augmentent l’engagement en ligne. Au contraire, les effets de caricature et d’effacement conduisent à réduire le nombre de réactions.</p>
<p>Un contenu peu engageant tend à devenir invisible en raison du fonctionnement des algorithmes des médias sociaux. Les syndicats <a href="https://doi.org/10.1177/0022185620979337">soumis à ces effets</a> courent ainsi le risque d’être marginalisés de la sphère publique numérique.</p>
<p>La communication étant un levier essentiel du pouvoir syndical, il est donc à craindre que les médias sociaux n’affaiblissent leur capacité à défendre les droits des travailleurs, au lieu de la renforcer. Notre étude souligne alors la nécessité pour les syndicats de réfléchir à la manière dont ils peuvent construire une image en ligne qui soit à la fois efficace, engageante et alignée sur leur identité organisationnelle. À l’ère numérique, les syndicats doivent trouver le bon dosage entre l’engagement et la visibilité algorithmique pour redorer leur image.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214354/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Lévesque a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec- Société et culture. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marc-Antonin Hennebert et Vincent Pasquier ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Si le paysage numérique offre aux syndicats des possibilités d’engagement et de mobilisation de leurs membres, il présente également des défis, notamment le risque d’être marginalisé dans le vaste univers virtuel.Vincent Pasquier, Professeur en GRH et relations professionnelles, HEC MontréalChristian Lévesque, Professeur de Relations du Travail, HEC MontréalMarc-Antonin Hennebert, Professor of Human Resources Management, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2162162023-11-20T14:58:13Z2023-11-20T14:58:13ZL’aéroport Montréal-Trudeau va atteindre son ultime capacité d’ici 25 ans. Comment éviter de nouvelles erreurs de planification ?<p>L’histoire des aéroports de Montréal est tapissée d’erreurs néfastes. </p>
<p>Montréal-Trudeau, qui a supplanté Mirabel après une interminable saga, ne répond plus à la demande. Elle se classe <a href="https://ici.radio-canada.ca/rci/fr/nouvelle/2011916/aeroports-toronto-montreal-satisfaction-jd-power">dans les derniers rangs</a> en Amérique du Nord en termes de satisfaction de la clientèle. Ses problèmes de congestion routière <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009125/congestion-routiere-trafic-aeroport-trudeau">font aussi régulièrement les manchettes</a>.</p>
<p>Professeur au Département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal, je démontre <a href="https://www.editionsjfd.com/boutique/autre-1240/la-saga-des-aeroports-de-mirabel-et-dorval-11652">dans mon récent ouvrage sur le sujet</a> que même avec des taux de croissance relativement modestes, on risque d’atteindre la capacité ultime de l’aéroport Montréal-Trudeau, soit celle des pistes, d’ici 2047. Cela n’est pas très loin dans un contexte d’infrastructures aéroportuaires. </p>
<p>Que faire ?</p>
<p>L’ADM, la société Aéroports de Montréal, fait face à plusieurs dilemmes : comment s’ajuster à la reprise de l’achalandage ? Comment financer les projets d’investissements nécessaires pour répondre à la demande ? Doit-on négocier avec le gouvernement fédéral pour revoir le modèle d’affaires actuel qui ne nous permet plus d’assurer le financement du développement prévu ? </p>
<p>Et surtout, comment en est-on arrivé là ?</p>
<h2>Retour en arrière</h2>
<p>On a construit un deuxième aéroport, Mirabel, inauguré en 1975, alors que celui de Dorval pouvait répondre à la demande pour plusieurs années encore, les prévisions d’achalandage de l’époque étant beaucoup trop optimistes. Il y avait certes les plaintes des riverains concernant le bruit des avions, mais ces mêmes résidents allaient militer pour le maintien de leur aéroport 15 ans plus tard. </p>
<p>On a choisi le mauvais site, celui qui faisait consensus sans faire l’unanimité : il n’était pas le premier choix de Québec (qui favorisait Drummondville), ni celui d’Ottawa (qui préférait Vaudreuil). Ce dernier aurait été préférable et plus acceptable pour de nombreux voyageurs et des intervenants comme Air Canada. Mais la politique en a décidé autrement. </p>
<p>On n’a pas suivi le plan original qui consistait à compenser l’éloignement relatif de Mirabel en le connectant avec des autoroutes et, surtout, avec un train rapide vers le centre-ville de Montréal. </p>
<p>Par la suite, tout en construisant Mirabel, des fonctionnaires fédéraux négociaient des accords bilatéraux permettant aux transporteurs européens de « survoler » Montréal vers leurs destinations finales. Cela mettait fin au statut de la métropole québécoise comme porte d’entrée obligatoire pour ces vols en provenance d’Europe. Cette décision était certes le résultat de pressions légitimes des Européens, mais elle a néanmoins contribué au déclin relatif de Montréal comme aéroport de correspondance. </p>
<p>L’erreur suivante a été de ne pas suivre le plan initial qui prévoyait de déménager tous les vols de Dorval vers Mirabel (sauf quelques uns de courte distance) en 1982. Un tel déménagement n’était plus souhaité par les citoyens de Dorval et la situation économique liée à la récession de l’époque rendait un tel transfert difficile à justifier. Un autre choix politique.</p>
<h2>La fin de Mirabel</h2>
<p>On se retrouve alors avec deux aéroports et tous les inconvénients qui en découlent. Montréal perd à peu près tout le trafic de correspondance des passagers internationaux, et c’est Toronto qui hérite du statut de plaque tournante que lui confère Air Canada. </p>
<p>En 1992, le gouvernement canadien confie la gestion des aéroports à la société Aéroports de Montréal. Celle-ci décide en 1996 de rapatrier tous les vols réguliers internationaux de Mirabel vers Dorval, ce qui correspond à l’abandon de Mirabel en 2004, avec le transfert des vols passagers restants. Et pourtant, ADM avait proclamé le statu quo dès le départ, en 1993. </p>
<p>C’est également en 1993 que j’ai dirigé une étude approfondie sur la question des deux aéroports de Montréal. J’ai conclu qu’il n’était pas souhaitable du point de vue économique de consolider les vols à l’un ou l’autre des deux aéroports à court terme, mais qu’il faudrait connecter Mirabel avec un lien ferroviaire et y concentrer tous les vols à plus long terme. Il était le seul à pouvoir se développer sans contrainte de capacité et d’impact environnemental. </p>
<p>C’était d’ailleurs le choix de tous les transporteurs aériens européens desservant Montréal à l’époque. </p>
<p>Les conséquences de la décision d’ADM de ramener les vols internationaux de Mirabel à Dorval ont été néfastes. Dans un premier temps, entre 1997 et 2009, la croissance observée à Dorval a été plutôt modeste, et plusieurs voix se sont élevées pour critiquer la lenteur des travaux et de la reprise des activités à l’aéroport de Montréal-Trudeau. On a dépensé beaucoup pour peu de résultats. </p>
<p>À partir de 2009, c’est le contraire. Le trafic augmente et on s’approche dangereusement de la capacité de l’aérogare, du débarcadère et des voies de circulation. D’où l’annonce d’un projet de 2,5 milliards de dollars en 2018, réévalué à 3 milliards en 2023. Or, ADM a accumulé des dettes de 2,9 milliards en finançant les travaux requis et ce, malgré les 2,5 milliards de frais d’amélioration aéroportuaires (FAA) perçus des voyageurs depuis 1998 ! </p>
<h2>Quelques pistes de solutions</h2>
<p>Il y aurait d’abord lieu de renégocier le bail signé en 1992 avec le propriétaire des lieux, soit le gouvernement fédéral. </p>
<p>Les aéroports canadiens sont des biens publics et des quasi-monopoles. Il conviendrait donc de les assujettir à des mécanismes de réglementation et de contrôle qui, de l’avis de plusieurs, sont déficients depuis plusieurs années déjà. Un tel mécanisme pourrait prendre la forme d’un organisme de surveillance qui se pencherait sur le bien-fondé des grands projets proposés par les autorités aéroportuaires, comme ADM, afin d’obtenir l’appui financier du gouvernement fédéral. Il exercerait également un certain contrôle sur les hausses de tarifs, comme les FAA. </p>
<p>Ensuite, il serait sans doute utile de revoir le plan directeur actuel qui date de 2013, car beaucoup d’événements se sont produits depuis 10 ans. En fait, il serait sage de revoir la situation tous les cinq ans afin de planifier comment faire face à des phénomènes de congestion qui vont aller en s’accélérant au fur et à mesure qu’on s’approchera de la capacité des infrastructures, incluant celle des pistes. On devra alors mettre en place des plans et stratégies incluant le déplacement de certaines activités vers d’autres aéroports. </p>
<p>Ces suggestions reposent sur un nouveau modèle de gouvernance où le gouvernement fédéral reprend en partie ses droits et obligations, tout en accordant une marge de manœuvre suffisante à ADM et aux autres administrations locales afin d’assurer le développement économique lié à la mission des aéroports. </p>
<p> </p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216216/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jacques Roy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Même avec des taux de croissance modestes, l’aéroport Montréal-Trudeau risque d’atteindre sa pleine capacité d’ici 2047. Comment en est-on arrivé là ? En raison d’un ensemble de mauvaises décisions.Jacques Roy, Professeur, Département de gestion des opérations et de la logistique, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2165882023-11-13T14:01:02Z2023-11-13T14:01:02ZNul ne peut prédire avec certitude l’évolution des marchés financiers. Voici pourquoi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557175/original/file-20231101-23-xjz2ys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C1%2C992%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une erreur est commise si l'on suppose que les adeptes de la finance peuvent prévoir le comportement incertain des marchés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Certains adeptes de l’analyse des marchés boursiers prétendent pouvoir prédire, avec une précision déconcertante, les tendances des marchés financiers. </p>
<p>Ainsi, nonobstant la complexité du monde de la finance internationale, ceux-ci nous assurent que des bénéfices conséquents sont à notre portée si nous adhérons à leurs recommandations et comportements.</p>
<p>Mais est-ce réellement possible de prévoir avec exactitude le comportement du marché des capitaux ?</p>
<p>En tant que docteur en psychologie de la décision, spécialisé dans la recherche sur la complexité, j’ai eu l’occasion d’approfondir ma compréhension de la véritable capacité de l’humain à contrôler les environnements complexes du monde réel. Pour l’heure, ma conclusion est sobre, et tout sauf simple.</p>
<h2>La complexité, c’est complexe</h2>
<p>Pour de nombreux chercheurs en science de la décision, comprendre et gérer la <a href="https://sloanreview.mit.edu/article/revisiting-complexity-in-the-digital-age/">complexité représente le plus grand défi de l’ère numérique</a>. La complexité se réfère à la nature incertaine des environnements où, quotidiennement, nous prenons des décisions. </p>
<p>Alors que nos choix financiers peuvent paraître simples et évidents (épargner une portion de son revenu, établir un budget, rembourser une dette), l’environnement dans lequel ceux-ci se concrétisent est <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315091938-2/complex-problem-solving-european-perspective%E2%80%9410-years-joachim-funke-peter-frensch">imprévisible</a>. </p>
<p>Les stratégies que nous adoptons ne sont certes pas infaillibles, notre connaissance ne garantit pas notre succès, et les effets de chacune de nos décisions sont incertains et uniques. C’est ce qui explique que les environnements où nous prenons les décisions de tous les jours sont en réalité éminemment complexes. Ils impliquent de nombreux facteurs liés entre eux, qui évoluent constamment, avec ou sans intervention de notre part. Sans oublier que les objectifs que nous chérissons entrent fréquemment en <a href="https://www.mdpi.com/2079-3200/9/3/38">contradiction les uns avec les autres</a>. </p>
<p>Par exemple, comment peut-on garantir que nos placements soient à l’abri des fluctuations journalières des marchés, tout en maximisant leur rendement ?</p>
<h2>L’humain face à la complexité financière</h2>
<p>Face à la complexité du monde de la finance, la cognition humaine tend à favoriser un traitement simplificateur et réductionniste de l’information, correspondant à une forme de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/154193120104500415">« surfocalisation »</a> (<em>tunneling</em>). Face à la surcharge engendrée par cette complexité, nous avons tendance à nous concentrer sur un ou quelques aspects spécifiques d’une situation, plutôt que sur l’ensemble de l’information disponible, parce que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2451958822000562">trop d’information tue l’information</a>. En d’autres termes, nous recourrons à des raccourcis. Et vous savez quoi ? Souvent, ces modes de raisonnement simplistes aboutissent à des décisions biaisées. </p>
<p>Nous commettons une erreur de jugement lorsque nous attribuons les performances médiocres de notre portefeuille d’actions à un seul événement particulièrement marquant dans notre esprit. Nous croyons à tort que nos placements croîtront de manière linéaire, alors qu’ils sont vulnérables aux variations exponentielles causées par des crises et des phénomènes inattendus. Nous réagissons maladroitement aux investissements infructueux en nous focalisant sur les conséquences qui pourraient expliquer nos difficultés financières, au lieu d’approfondir notre compréhension des raisons pour lesquelles l’entreprise (ou le secteur dans lequel elle opère) en qui nous avions une confiance aveugle connaît des difficultés.</p>
<p>Enfin – et la nature humaine est ainsi faite – nous avons tendance à attribuer la responsabilité de nos échecs à des facteurs externes hors de notre contrôle. Par exemple, on pourrait être tenté de blâmer les mauvaises conditions météorologiques estivales pour expliquer les pertes encourues par certaines entreprises du secteur du tourisme. Mais ce faisant, on néglige l’importance de la qualité des produits et services qu’elles offrent, ou encore la convivialité de leur personnel. </p>
<h2>Et les adeptes des marchés dans tout ça…</h2>
<p><a href="https://corpus.ulaval.ca/entities/publication/e1743fb3-e5d8-4532-9d3f-042954bbff15">Mes plus récents travaux</a> appuient ce que la littérature sur la prise de décision complexe mentionne ; que nous soyons des adeptes ou des novices, comprendre et maîtriser la complexité est un défi colossal. </p>
<p>Plusieurs adeptes des marchés feront preuve d’une plus grande habileté dans l’élaboration d’une stratégie d’investissement, la gestion de portefeuille, ou encore l’accès à certains placements. </p>
<p>Cependant, une erreur est commise si l’on suppose qu’ils peuvent prévoir le comportement incertain des marchés. L’enjeu ne réside pas nécessairement dans la connaissance financière, mais dans les limitations naturelles de la cognition humaine lorsqu’elle est confrontée à la complexité. </p>
<p>Face à la finance internationale, il existe un « mur » au-delà duquel il est particulièrement difficile de progresser, et nous sommes tous sujets aux biais et aux erreurs.</p>
<h2>Alors, comment s’en sortir ?</h2>
<p>Malgré les nombreux défis de la complexité financière, il y a de la lumière au bout du tunnel, pourvu que nous sachions comment s’y prendre. Bien que de nombreuses études restent à mener, les chercheurs demeurent optimistes quant à certaines approches qui peuvent d’ores et déjà nous guider vers des décisions plus éclairées.</p>
<p><strong>1. Apprenez à penser en système</strong></p>
<p>La <a href="https://fnhpa.ca/_Library/KC_BP_5_Skills/SYSTEMS_THINKING.pdf">pensée systémique</a> est une manière de percevoir la réalité qui nous aide à mieux comprendre et travailler avec les environnements complexes du monde réel. </p>
<p>Que ce soit pour apprendre à mieux gérer votre budget ou investir judicieusement en bourse, prenez l’habitude de dessiner des représentations visuelles des défis financiers que vous souhaitez relever. </p>
<p>Les diagrammes de cause à effet, qui utilisent des symboles simples (un signe + pour indiquer un changement dans la même direction entre deux facteurs, et un signe – pour indiquer des changements opposés) permettent de figurer rapidement l’étendue et la portée d’un problème en représentant les relations entre les parties d’un même système. </p>
<p>Mais ne vous méprenez pas, certains facteurs sont difficilement prévisibles. </p>
<p>En somme, apprenez à réfléchir aux conséquences des conséquences de vos choix avant de prendre une décision.</p>
<p><strong>2. Soyez audacieux, tolérez l’incertitude</strong></p>
<p>Apprenez à tolérer les situations qui, à première vue, n’ont pas de solutions claires et vous laissent dans le doute. </p>
<p>Les marchés financiers sont imprévisibles et mal structurés (<a href="https://www.sympoetic.net/Managing_Complexity/complexity_files/1973%20Rittel%20and%20Webber%20Wicked%20Problems.pdf"><em>wicked problems</em></a>). </p>
<p>Dans ces environnements, l’ambiguïté est la norme. Accepter l’incertitude permet de traduire les problèmes en opportunités de décisions transformatrices, plutôt que de prendre des décisions trop hâtives, ou encore s’enfermer dans l’inaction. </p>
<p>Il n’existe pas une seule « bonne solution » à un problème financier complexe. Prenez un moment pour évaluer vos options.</p>
<p><strong>3. Mettez à l’épreuve vos croyances et vos préjugés</strong></p>
<p>N’essayez pas de rechercher et d’interpréter l’information financière en fonction d’une hypothèse de départ qui vous est chère. Confrontez vos idées préconçues à l’aide de sources que vous n’auriez d’ordinaire pas consultées en raison de leur position opposée à vos convictions. </p>
<p>Que dirait un ami ou un collègue que vous appréciez, mais qui est foncièrement en désaccord avec vous ?</p>
<p><strong>4. Ne vous fiez pas à ce qui vous vient facilement à l’esprit</strong></p>
<p>Le simple fait d’assister à une conférence inspirante sur l’économie durable ou d’écouter attentivement un reportage télévisé sur l’éthique financière ne garantit pas que les informations qui en découlent sont utiles à la décision que vous devez prendre.</p>
<p>Bien que ces informations puissent être plus facilement récupérables en mémoire, elles ne sont pas nécessairement pertinentes. Ne surestimez pas la probabilité qu’un événement se produise simplement parce que vous pouvez l’imaginer dans les moindres détails. </p>
<p>Renseignez-vous à plusieurs enseignes et croisez les sources d’information que vous consultez.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Personne ne devient compétent sans pratique. Vous devez personnellement explorer le monde de la finance. </p>
<p>À travers l’expérience, vous développerez vos compétences pour mieux appréhender la complexité. Pour faciliter cette pratique, vous pouvez avantageusement faire appel à un professionnel compétent qui vous accompagnera dans ce processus hautement sophistiqué. </p>
<p>Mais n’oubliez pas ceci : face à la complexité, vous êtes humain, tout comme le sont ceux qui prétendent lire l'avenir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216588/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Béchard a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), du Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC), et de Mitacs Canada</span></em></p>La complexité du marché financier dépasse les capacités de traitement de l’information de la cognition humaine.Benoît Béchard, Docteur en psychologie de la décision Ph. D., Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2170332023-11-09T14:52:00Z2023-11-09T14:52:00ZExplosion des coûts dans les mégaprojets : pire au Québec, vraiment ?<p>À en croire le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, il est tout simplement impossible de réaliser un <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1980666/quebec-projets-depassements-couts-fitzgibbon">grand projet sans que les coûts explosent</a>. Certains croient par ailleurs <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/11/02/oups-un-autre-depassement-de-couts#cxrecs_s">que les Québécois sont pires que d’autres et ne savent pas gérer ces projets majeurs</a>, aussi appelés mégaprojets. </p>
<p>À titre d’experte sur ces questions, je tiens à apporter certaines précisions afin que l’on comprenne mieux ce qu’il en est, et ce que l’on peut faire pour améliorer la gestion des grands projets.</p>
<h2>Très peu de projets respectent les délais, les coûts et les exigences</h2>
<p>Il y a beaucoup de recherche dans le monde en lien avec les mégaprojets et les dépassements de coûts. </p>
<p>Une des sommités dans ce domaine, le professeur d’Oxford Bent Flyvbjerg, <a href="https://pmiquebec.qc.ca/revue-du-livre-de-bent-flyvbjerg-et-dan-gardner-2023-how-big-things-get-done/">vient de publier un ouvrage grand public qui vulgarise ses 30 dernières années de recherche sur la question</a>. Il a établi au fil des ans une des bases de données les plus complètes au monde, provenant de plus de 16 000 mégaprojets. </p>
<p>Constat principal : à l’international, seulement 0,5 % des projets répertoriés ont respecté la triple contrainte, soit le respect des délais, des coûts et des exigences. Ce chiffre est très éloquent. Et nous sommes loin d’être les seuls à avoir des projets hautement problématiques. Bien que ces résultats soient remis en question par des chercheurs du domaine, et que la question de la valeur générée soit de plus en plus centrale, cela montre tout de même la tendance lourde.</p>
<p>Les projets les plus susceptibles de dépassements de coûts extrêmes sont ceux qui souffrent de manque de planification, qui sont hors norme et demandent des innovations, qui n’ont pas été éprouvées (par exemple, de faire construire le plus gros tunnelier du monde pour creuser un tunnel), ou ceux qui ne peuvent tabler sur la réplicabilité et modularité pour favoriser l’apprentissage en cours de route. </p>
<p>À l’inverse, des projets modulaires, tels que l’installation de panneaux solaires ou d’éoliennes en y allant par section, sont plus faciles à contrôler, peuvent être mis en production plus rapidement et on peut en tirer des leçons pour ajuster le tir en cours de route. Les mégaprojets de centrales nucléaires ou de barrages hydroélectriques sont quant à eux très difficiles à évaluer en amont, et sont souvent associés à des dépassements de coûts plus importants.</p>
<p>Pour ce qui est des transports en commun, ce qui augmente la complexité, au-delà du volet technique, est leur intégration plus large dans leur environnement, générant de nombreux risques systémiques. Ici aussi, il est difficile de bien estimer les coûts en amont. Cependant, c’est possible. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="un parc éolien en bordure de mer" src="https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=196&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=196&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=196&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=246&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=246&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558089/original/file-20231107-253800-pryje6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=246&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Parc éolien à l’Île du Prince-Édouard. Leur installation est plus facile à contrôler et peut être mise en production plus rapidement.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les Québécois, compétents</h2>
<p>Contrairement aux discours ambiants, non seulement nous ne sommes pas en queue de peloton au Québec pour la gestion des grands projets, mais nous sommes au contraire très compétents. Notre expertise a été mainte fois reconnue à l’international. Avec Alejandro Romero-Torres, de l’ESG UQAM, à titre de co-directeur, <a href="https://www.editionsjfd.com/boutique/management-1209/la-gestion-de-projets-au-quebec-11108">nous avons documenté, avec plusieurs collaborateurs, ces grands projets à succès</a>, québécois et méconnus. </p>
<p>Par exemple, le projet de revitalisation de la Tour de Montréal, l’illumination du pont Jacques-Cartier, l’agrandissement de l’aéroport de Québec, le développement du Quartier des spectacles, pour ne nommer que ceux-ci. Nous relevons également plusieurs bonnes pratiques intéressantes, que je résumerai ici.</p>
<p>En premier lieu, comme ces projets sont pour la majorité publics, il importe de bien clarifier la gouvernance, la prise de décision et l’imputabilité des principaux acteurs. Si le projet du REM de la CDPQ Infra peut être <a href="https://transitcenter.org/on-track-for-success-decoding-montreals-rem-model-for-efficient-transit-projects-in-the-u-s/">qualifié de succès à plusieurs égards</a>, c’est notamment grâce à leurs superpouvoirs légiférés et à leur approche modulaire, par tronçons (le premier vient d’être livré et est déjà opérationnel). </p>
<p>Les dirigeants ont cependant minimisé la co-construction et le dialogue en amont avec les parties prenantes externes, les résidents du secteur, la société civile, et les autres sociétés de transports, ce qui est problématique, et va à l’encontre des tendances dans le domaine. En effet, bien que cela puisse paraître contre-productif d’impliquer plusieurs parties prenantes en amont, cela favorise l’acceptabilité sociale. Cela permet aussi de formuler un projet générant plus de bénéfices et d’inclure des réponses aux principales préoccupations. À cet effet, la transparence est primordiale. </p>
<p>L’utilisation de techniques innovantes, telles que la modélisation des données du bâtiment, permet d’estimer et de gérer avec précision l’explosion des coûts lors de la réalisation de projets. En ce sens, la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2023011/bruno-marchand-annonce-tramway">proposition du maire de Québec d’agir à titre de maître d’œuvre pour son projet de tramway</a> peut paraître risquée, mais elle me semble à priori intéressante. Je ne suis pas la seule à envisager que <a href="https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/801141/transports-plan-b-realiser-tramway-quebec-est-plausible">cette solution soit non seulement plausible</a>, mais aussi qu’elle <a href="https://www.lapresse.ca/dialogue/chroniques/2023-11-08/tramway-de-quebec/une-bonne-affaire-meme-a-8-milliards.php">permette de générer une valeur sociétale intéressante</a>. </p>
<h2>Valoriser les compétences critiques des organisations publiques</h2>
<p>Les organisations publiques ont perdu au fil du temps leurs compétences à l’interne pour gérer de grands projets (<a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2022907/entretien-ponts-ministere-transports-amp">on peut citer ici le ministère des Transports du Québec, qui a été à plusieurs reprises visé par des rapports du Vérificateur général du Québec à ce sujet</a>. Dans la foulée du courant du <a href="https://dictionnaire.enap.ca/dictionnaire/docs/definitions/defintions_francais/nouveau_mp.pdf">Nouveau Management public</a>, initié il y a quelques décennies, les institutions publiques ont en effet coupé leurs ressources à l’interne pour se tourner davantage vers le secteur privé. </p>
<p>Il est cependant intéressant de considérer le développement interne de certaines expertises névralgiques, notamment l’estimation et la gestion de projets. On constate maintenant que certaines compétences sont critiques et doivent être développées et maintenues du côté public. Cela permet d’assurer des ententes contractuelles, des estimations et des suivis afin d’assurer la qualité de ce qui est livré et une gouvernance favorisant le succès. </p>
<p>Je tiens à souligner que nous avons, au Québec, l’expertise pour gérer de grands projets. Ce qui est primordial, c’est d’assurer que les acteurs politiques soient sensibilisés sur leurs enjeux fondamentaux, en termes de valeur générée, d’acceptabilité sociale, de <a href="https://www.mckinsey.com/capabilities/operations/our-insights/delivering-sustainable-infrastructure-insights-from-industry-leaders?linkId=246741229">contribution à la décarbonation et à la transition énergétique</a>, de calendrier de réalisation allant au-delà des mandats des élus, et à leurs complexités inhérentes. </p>
<p>La transparence est de mise, tout comme l’implication en amont des parties prenantes externes, incluant la société civile et les chercheurs qui s’y connaissent sur ces questions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217033/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maude Brunet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À l’international, seulement 0,5 % des projets répertoriés ont respecté la triple contrainte, soit le respect des délais, des coûts et des exigences.Maude Brunet, Professeure agrégée, Gestion de projets, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2114082023-11-07T14:47:24Z2023-11-07T14:47:24ZLes répercussions d’une séparation peuvent être lourdes pour les leaders politiques, mais aussi les chefs d’entreprise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542234/original/file-20230808-17-d1kkk4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=187%2C98%2C5994%2C3752&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des recherches récentes démontrent qu'un divorce ou une séparation peuvent avoir des conséquences sur la manière de gérer des dirigeants d'entreprises et politiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Justin Tang</span></span></figcaption></figure><p>À la suite de l’annonce de sa séparation, le <a href="https://theconversation.com/les-adversaires-politiques-de-justin-trudeau-devraient-eviter-de-tirer-profit-de-sa-separation-211004">premier ministre Justin Trudeau</a>, se retrouve désormais dans un nouveau rôle, <a href="https://theconversation.com/prime-minister-justin-trudeau-assumes-a-new-role-single-dad-just-like-his-own-father-210938">celui de père monoparental</a>.</p>
<p>Cela soulève des questions sur les répercussions politiques des séparations et des divorces chez les personnalités publiques.</p>
<p>La nouvelle survient dans un contexte où le divorce est devenu chose courante dans les sociétés modernes. Environ la <a href="https://www.forbes.com/advisor/legal/divorce/divorce-statistics/">moitié des premiers mariages se terminent par un divorce, et le taux d’échec des mariages subséquents est encore plus élevé</a>.</p>
<p>Le stress aigu qu’entraîne le divorce peut mener à une baisse de la participation sociale, à une dégradation de la situation financière, au bouleversement des relations familiales et à des problèmes juridiques. Il <a href="https://doi.org/10.1002/smi.2940">augmente le risque de dépression, d’épuisement professionnel, d’anxiété, de maladie physique</a> et même de mortalité.</p>
<p>Ces effets négatifs ne se limitent pas à la vie personnelle ; ils peuvent également toucher la vie professionnelle.</p>
<p>L’impact du divorce sur le rendement professionnel peut être profond, comme il l’est sur la vie personnelle.</p>
<h2>Impact du divorce sur le rendement professionnel</h2>
<p>De nombreuses études ont montré que les conflits liés au divorce <a href="https://doi.org/10.1037/a0022170">peuvent mener à des problèmes au travail</a>, par exemple à une diminution des heures travaillées et de la productivité, à une <a href="https://doi.org/10.1111/jomf.12166">augmentation des absences et des congés de maladie</a> et même à l’invalidité de longue durée.</p>
<p>Les exigences de la vie personnelle épuisent parfois les ressources réservées aux tâches professionnelles, ce qui empêche de bien concilier les obligations professionnelles et familiales.</p>
<p>Dans le cas des PDG, les chercheurs commencent à s’intéresser aux répercussions du divorce sur leur entreprise et ses actionnaires. Il est encore difficile de dire à quel point le divorce d’un PDG nuit à son rendement professionnel. Notre étude est la première à explorer cette question.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux alliances se trouvent à côté du mot divorce dans un dictionnaire" src="https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le divorce est devenu chose courante dans les sociétés modernes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les PDG sont les décideurs en chef et les architectes de la stratégie d’entreprise. Par conséquent, les distractions et les capacités cognitives réduites en raison du divorce ont parfois de lourdes conséquences sur leur rendement professionnel et, donc, sur celui de l’entreprise.</p>
<p>Toutefois, les PDG peuvent souvent compter sur l’appui de la direction pour prendre des décisions et composer avec leurs conséquences potentielles, ce qui est d’autant plus vrai dans les grandes entreprises comptant du personnel de soutien.</p>
<h2>Divorce des PDG et rendement des entreprises</h2>
<p>Notre <a href="https://doi.org/10.5465/amd.2020.0031">rapport de recherche basé sur les données d’entreprises danoises et leurs PDG</a> montre que le divorce du dirigeant peut avoir un effet négatif sur le rendement de son entreprise. Toutefois, l’ampleur de cet effet dépend des circonstances.</p>
<p>Le divorce du PDG se répercute plus fortement dans les petites entreprises, dans les secteurs connaissant une croissance rapide et lorsqu’il y a des enfants à la maison. Le degré de contrôle et le pouvoir décisionnel du PDG dans l’entreprise sont d’autres facteurs qui influencent grandement l’ampleur des répercussions.</p>
<p>Comme le souligne notre étude, il est important de fournir du soutien personnel et organisationnel aux PDG qui traversent une période difficile. Un tel soutien peut atténuer les effets négatifs sur le rendement de l’entreprise.</p>
<p>Ces constatations mettent en évidence le rapport complexe entre la vie personnelle et professionnelle des PDG, et l’incidence de tels événements sur le succès d’une entreprise.</p>
<h2>Conséquences pour les dirigeants politiques</h2>
<p>Les conclusions de notre étude concernent aussi étroitement les dirigeantes et dirigeants politiques, comme Justin Trudeau, dont le poste revêt un haut degré de pouvoir et de responsabilité.</p>
<p>Dans le milieu politique, l’impact du divorce sur le rendement varie en fonction de plusieurs facteurs, dont les normes culturelles, les attitudes sociétales face au divorce et les attentes envers les personnalités publiques.</p>
<p>Dans un pays où la population a un point de vue plutôt libéral sur les questions familiales et le divorce, la pression sociétale pourrait être moindre pour les leaders politiques. Les gens sont plus ouverts d’esprit et tendent à accepter plus facilement les choix personnels. La stigmatisation envers les leaders politiques qui vivent un divorce est moindre.</p>
<p>On a pu le constater lors de l’annonce du divorce de Sanna Marin, première ministre sortante de la Finlande, qui a attiré beaucoup <a href="https://www.helsinkitimes.fi/world-int/world-news/finland-in-the-world-press/23551-sanna-marin-s-divorce-nato-drills-and-cha-cha-cha-finland-in-the-world-press.html">moins d’attention médiatique que la controverse entourant sa fête avec des amis et des célébrités</a>. Dans les pays plus libéraux, les médias abordent davantage les capacités professionnelles de la personne que les questions personnelles comme le divorce. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme vêtue d’un veston et d’une jupe élégante porte le regard hors caméra" src="https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En mai, Sanna Marin, première ministre sortante de la Finlande, a annoncé sur Instagram que son mari et elle allaient divorcer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Sergei Grits)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En revanche, aux États-Unis, les <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/N/bo22723661.html">médias couvrent souvent les facettes personnelles et professionnelles de la vie des personnalités politiques</a>, ce qui peut amplifier l’impact du divorce sur l’image publique.</p>
<h2>Vie personnelle et professionnelle</h2>
<p>Notre étude souligne l’importance d’un solide système de soutien. Le fait d’avoir des gens et des réseaux de soutien en place aide la personne à composer avec les défis du divorce et à maintenir son leadership.</p>
<p>En l’absence d’un système de soutien adéquat, la capacité à prendre des décisions cruciales et à assurer la gouvernance s’en trouve affaiblie. Il peut en résulter de mauvaises décisions et, finalement, des conséquences économiques négatives.</p>
<p>Comme notre étude le montre, il est crucial pour les chefs d’entreprise et les leaders politiques de reconnaître à quel point leur vie personnelle peut se répercuter sur leur vie professionnelle.</p>
<p>De plus, les études sur la façon dont les politiciennes et politiciens concilient vie personnelle et responsabilités professionnelles, et sur l’incidence de cette conciliation sur leur prise de décisions, peuvent grandement contribuer à améliorer le rendement des leaders et le service public.</p>
<p>Il est important de souligner qu’il s’agit de tendances générales et qu’il peut y avoir des exceptions dans chaque pays. En fin de compte, les conséquences du divorce d’un dirigeant politique dépendent du lien complexe entre les normes culturelles, les dynamiques médiatiques et la capacité de la personne à composer avec la perception du public dans ces périodes difficiles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211408/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’impact d’un divorce sur les performances professionnelles peut être profond, affectant les individus à la fois sur le plan personnel et professionnel.Denis Schweizer, Professor of Finance, Concordia UniversityJuliane Proelss, Associate Professor Finance, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2094822023-09-21T15:32:01Z2023-09-21T15:32:01ZLes entreprises ont intérêt à aller au-delà de la simple conformité à la loi sur la protection des données personnelles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545634/original/file-20230830-17-rktnmq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C2%2C983%2C558&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une gestion saine des données personnelles requiert un effort important. Au-delà des contraintes imposées par la loi, une telle gestion offre aux entreprises une occasion de mieux structurer leurs données dans leur ensemble.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La nouvelle législation sur la protection des renseignements personnels (découlant de l’adoption de la <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministeres-et-organismes/institutions-democratique-acces-information-laicite/acces-documents-protection-renseignements-personnels/pl64-modernisation-de-la-protection-des-renseignements-personnels">loi 25</a>) permet notamment aux entreprises de se prémunir contre des scandales de fuite de données, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1952657/vol-massif-desjardins-ecoute-electronique-vendeur">tels que ceux qu’a connus Desjardins en 2019</a>.</p>
<p>La loi 25, dont la dernière phase d’application s’achève le 22 septembre 2024, comprend de multiples obligations de gouvernance, de transparence et de divulgation de l’information. Ces règles protègent les données des individus et offrent aux entreprises une occasion inespérée de développer une gouvernance globale de leurs données, et par la même occasion, de renforcer la sécurité de celles-ci. </p>
<p>Les compagnies plus avisées pourraient saisir cette opportunité pour aller au-delà de la simple conformité à la loi, en effectuant un inventaire global de leurs données, et en tirer des bénéfices considérables.</p>
<p>Experts en gestion des technologies de l’information et du numérique, nous proposons d’apporter un éclairage sur l’importance, pour les entreprises, de développer une gouvernance globale et cohérente de leurs données.</p>
<h2>Les changements réglementaires</h2>
<p>Le Québec a promulgué une nouvelle loi en septembre 2021, la <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministeres-et-organismes/institutions-democratique-acces-information-laicite/acces-documents-protection-renseignements-personnels/pl64-modernisation-de-la-protection-des-renseignements-personnels">loi 25</a>, pour protéger les informations personnelles détenues par les entreprises. </p>
<p>De son côté, le Canada étudie un projet de loi similaire (<a href="https://www.justice.gc.ca/fra/sjc-csj/pl/charte-charter/c27_1.html">C-27</a>). De telles mesures sont également en application en Europe. </p>
<p>Ces dispositions obligent les entreprises à construire un inventaire détaillé des données qu’elles conservent sur les personnes, qu’il s’agisse d’employés ou de clients. Désormais, ces données ne peuvent être utilisées qu’aux fins pour lesquelles elles ont été recueillies, avec le consentement des personnes concernées. Tout bris de confidentialité doit être consigné et déclaré aux autorités compétentes dans des délais spécifiques.</p>
<p>Par exemple, si une entreprise conserve des curriculum vitae à la suite de l’affichage d’un emploi, elle devra identifier le responsable de ces données, leur contenu, leur provenance, leur usage, qui peut y avoir accès, ainsi qu’un calendrier de conservation. Pour faciliter cet inventaire, l’utilisation d’un outil simple comme celui proposé ci-après pourrait être appliquée à l’ensemble des données de l’entreprise.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=162&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=162&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537099/original/file-20230712-25-fxfky5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=162&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Exemple d’inventaire de données qui pourrait être utilisé par une entreprise.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Benoît A. Aubert), Fourni par l’auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les efforts requis</h2>
<p>Jusqu’à récemment, les données ne suscitaient pas autant d’intérêt que la sécurité des systèmes informatiques, par exemple les systèmes de marketing et de gestion des ventes, de ressources humaines ou de comptabilité. Les données étaient souvent partagées ou réutilisées. On pouvait par exemple revendre une liste de clients à une autre entreprise qui l’utilisait à des fins de marketing. Il y avait peu de protection pour les données individuelles détenues par les entreprises. </p>
<p>Avec la nouvelle législation, ces pratiques ne seront plus permises sans l’autorisation explicite des individus concernés par ces données. </p>
<p>En premier lieu, les organisations devront identifier l’ensemble des données personnelles qu’elles possèdent, comprendre comment et où elles sont gérées et stockées, et s’assurer que les bonnes personnes en soient responsables. Elles auront ainsi un portrait des données qui permettra d’indiquer à une personne qui le demande quelles données la concernant sont gardées. </p>
<p>Dans plusieurs entreprises, les données de vente sont gérées par le marketing, les données sur les personnes employées par les ressources humaines, et les comptes clients par les finances. Or, on ignore souvent qui détient quoi. Sans le savoir, des données sur une même personne peuvent se retrouver dans deux ou trois départements différents, et dans plusieurs bases ou entrepôts de données.</p>
<p>Les nouvelles lois exigent une approche plus structurée pour connaître et gérer ses données. Ceci implique d’identifier les processus et ressources nécessaires pour y parvenir, afin d’en tirer parti de façon responsable.</p>
<h2>Une opportunité se présente</h2>
<p>Une gestion saine des données personnelles requiert un effort important. Au-delà des contraintes imposées par la loi, une telle gestion offre aux entreprises une occasion de mieux structurer leurs données dans leur ensemble. Cette organisation leur permettra non seulement de les rentabiliser, mais également d’obtenir une meilleure performance.</p>
<p>Tant qu’à construire un inventaire sur les données personnelles, pourquoi ne pas y ajouter les données sur les produits et sur les processus ? Avec un inventaire complet des données, l’organisation pourra mieux analyser ses activités, améliorer ses services, être prête à exploiter l’intelligence artificielle, et être en mesure de traiter ses données comme un actif à valeur stratégique.</p>
<p>Un tel inventaire aura comme premier effet d’améliorer la qualité des données dans l’organisation. En effet, en construisant cet inventaire, on pourra définir une seule source fiable à utiliser, des paramètres d’évaluation de la qualité des données, et les personnes responsables de ces dernières. Une augmentation de la qualité des données aura un impact positif sur d’autres activités comme le suivi de performance ou l’ajout de nouveaux services. Il deviendra alors possible de mieux servir les clients de l’organisation. De manière réciproque, les personnes qui transmettront leurs données aux entreprises seront assurées qu’elles seront utilisées aux fins prévues, et mises à jour correctement.</p>
<h2>Faire d’une pierre deux coups</h2>
<p>Une fois les données identifiées et de bonne qualité, les entreprises pourront en tirer profit. Comment ? En donnant accès à des services reposant sur leurs données, par exemple. Elles pourront ainsi laisser leurs clients accéder aux données de manière à intégrer leurs produits plus facilement aux offres de service. </p>
<p>Par exemple, des compagnies de livraison ouvrent déjà une partie de leurs données aux services de ventes en ligne afin que le consommateur puisse facilement suivre la livraison de ses commandes. Les livraisons sont suivies à la trace pour en assurer la performance, et les clients apprécient la possibilité de suivre la progression de leur commande.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="livreur à mobilette" src="https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545632/original/file-20230830-15-3zewor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Des compagnies de livraison ouvrent une partie de leurs données aux services de ventes en ligne afin que le consommateur puisse facilement suivre la livraison de ses commandes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Regard vers le futur</h2>
<p>La gestion des données personnelles est désormais une obligation légale. Si elle est exécutée sans autre objectif que celui de respecter la loi, elle requerra un effort important sans procurer de bénéfice tangible, et représentera une occasion manquée. </p>
<p>Or, si cette gestion est étendue au-delà des seules données personnelles, un monde de possibilités s’ouvrira aux entreprises, qui pourront commencer à traiter les données comme une ressource stratégique, au même titre que les ressources financières ou humaines. Ces données pourront permettre la création de modèles d’affaires complètement différents. Tant les entreprises que les individus y gagneront.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209482/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nothing to disclose.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Benoit A. Aubert et Ryad Titah ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les compagnies doivent aller au-delà de la simple conformité à la loi sur la protection des données personnelles, en effectuant un inventaire global de leurs données.Benoit A. Aubert, Professeur titulaire en Technologies de l'information, HEC MontréalGregory Vial, Associate professor of Information Technology, HEC MontréalRyad Titah, Professeur Agrégé, Directeur du Département de Technologies de l'Information, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2131422023-09-18T14:37:13Z2023-09-18T14:37:13ZClimat : comment l’industrie pétrolière veut nous faire porter le chapeau<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548418/original/file-20230914-4201-zir9fo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue aérienne d'une exploitation pétrolière dans les sables bitumineux, en Alberta.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Canicule, ouragans, inondations, feux de forêt… Les effets du dérèglement climatique deviennent de plus en plus <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/rechauffement-climatique-l-inquietante-acceleration-du-calendrier_5304409.html">visibles et violents</a>. Sans pour autant que les ripostes politiques à ces phénomènes des plus inquiétants n’adviennent, s’inquiétait encore, la semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres en affirmant que l’humanité ouvrait <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/crise-climatique-l-humanite-a-ouvert-les-portes-de-l-enfer-alerte-le-chef-de-l-onu_6073716.html">« les portes de l’enfer »</a> en n’arrivant pas à mettre fin à son « addiction aux énergies fossiles ».</p>
<p>Mais si l’industrie pétrolière a pu réussir à se rendre indispensable d’un certain mode de vie occidental, elle est en partie responsable de cette inertie politique par l’influence qu’elle exerce sur les décideurs politiques et par l’imposition de l’idée que le consommateur est le premier responsable de la crise climatique.</p>
<p>Doctorante en science politique et spécialiste de l’adaptation aux changements climatiques, je me suis penchée sur les intérêts, les idées et les institutions qui façonnent et restreignent nos pratiques d’adaptation. J’analyse ce phénomène en Amérique du Nord, et en particulier, depuis trois ans, les discours environnementaux en Louisiane, aux États-Unis, afin d’expliquer l’inertie des politiques climatiques.</p>
<p>Pour sécuriser leurs intérêts, les industries polluantes utilisent deux types de discours. Tout d’abord, elles discréditent et marginalisent les enjeux écologiques. On n’a qu’à penser, par exemple, aux actions menées par les compagnies pétrolières et gazières contre les politiques climatiques. On l’a vu <a href="https://www.theguardian.com/environment/2020/aug/20/gas-industry-waging-war-against-climate-action">à Seattle aux États-Unis</a> : des lobbyistes ont été embauchés pour torpiller des politiques pro-environnementales adoptées par la Ville, et des influenceurs Instagram ont été payés pour faire la promotion du gaz.</p>
<p>Dans un deuxième temps, ces industriels s’emploient à convaincre que leurs activités polluantes sont compatibles avec la gestion de la crise climatique et environnementale. Ces stratégies de changement d’image s’inscrivent dans une dynamique plus large de « greenwashing » des activités extractivistes. Sur les trois dernières décennies, les cinq plus grandes compagnies pétrolières américaines ont ainsi dépensé plus de <a href="https://www.theguardian.com/business/2020/jan/08/oil-companies-climate-crisis-pr-spending">3 milliards de dollars US</a> en marketing et donations pour renforcer leur communication auprès du grand public et des décideurs politiques.</p>
<h2>Le citoyen responsable de freiner la crise climatique</h2>
<p>Une stratégie rhétorique particulièrement significative de l’industrie pétrolière est l’attribution de la responsabilité de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques au niveau individuel.</p>
<p>Ainsi, en faisant porter la charge de réduire la pollution et les émissions de gaz à effets de serre aux individus, et par conséquent, la lutte contre le changement climatique, les industries pétrolières et leurs alliés politiques visent à empêcher un changement de leurs pratiques de production, de consommation et d’exploitation des énergies fossiles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue d’une raffinerie de pétrole, avec des montagnes à l’arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548420/original/file-20230914-22774-qv076i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une raffinerie de pétrole à Burnaby, en Colombie-Britannique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’empreinte carbone, symbole phare de la supercherie</h2>
<p>L’expression la plus évidente de cette stratégie d’individualisation est la création de l’empreinte carbone. Née d’une <a href="https://mashable.com/feature/carbon-footprint-pr-campaign-sham">campagne de communication du géant British Petroleum</a> au début des années 2000, « Beyond petroleum », l’empreinte carbone mesure les impacts de la consommation individuelle sur les émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>À travers de <a href="https://www.theguardian.com/environment/2021/nov/18/the-forgotten-oil-ads-that-told-us-climate-change-was-nothing">nombreuses publicités</a> promouvant l’importance des gestes individuels dans la crise climatique, BP est parvenu à renverser la responsabilité du problème climatique vers le consommateur, de manière à en effacer celle des industries en s’excluant de la recherche de solutions.</p>
<p>La campagne « Beyond Petroleum » de BP visait par ailleurs à encourager les individus à adopter un mode de vie plus durable par des gestes leur permettant tout de même de maintenir leur consommation. Cette stratégie contribue à ce que les chercheurs Karl Smerecnik et Valerie Renegar, de San Diego State University et Southwestern University, appellent <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17524031003760879">l’agentivité capitalistique</a>.</p>
<p>Endossant l’image environnementaliste et se retirant du problème, le géant pétrolier restreint la capacité des gens à penser d’autres formes d’actions environnementales au-delà de la consommation, et donc, de la croissance économique. Il circonscrit ainsi l’individu et sa responsabilité envers les changements climatiques dans des logiques de marché, réduisant les possibilités de transformation systémique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="station-service, avec des voitures stationnées" src="https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548421/original/file-20230914-29-77m7k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une station-service de la multinationale British Petroleum (BP), à Cordoue, en Grèce.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590332221002335">ExxonMobil et Total utilisent également les mêmes stratégies</a>. Elles mettent l’emphase sur les émissions de gaz à effets de serre comme un problème de demande, et non d’offre. Elles créent ainsi un imaginaire autour de <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2021/aug/23/big-oil-coined-carbon-footprints-to-blame-us-for-their-greed-keep-them-on-the-hook">l’individu comme consommateur</a>, seul responsable de l’atténuation des changements climatiques.</p>
<p>Cette stratégie de communication légitime ainsi la production continue des énergies fossiles et sert à protéger l’industrie des régulations environnementales contraignantes en pointant du doigt la demande grandissante.</p>
<h2>En Louisiane, l’industrie pétrolière « verte » et communautaire</h2>
<p>Ma recherche doctorale sur les discours et pratiques politiques de l’adaptation en Louisiane démontre que les industries fossiles s’inscrivent dans ces logiques rhétoriques et marketing. Le « greenwashing » leur permet de renverser leur rôle et de se poser en véritables sauveurs environnementaux par leurs investissements dans la restauration des côtes, ainsi que par la promotion d’une industrie écoresponsable et ancrée dans la communauté.</p>
<p>Les lobbyistes de grandes compagnies pétrolières comme ExxonMobil et les groupes de représentation comme le Louisiana Mid-Continent Oil and Gas Association, ainsi que leurs partenaires politiques au Sénat et à la Chambre de représentants de la Louisiane, insistent sur la caractéristique « verte » des énergies fossiles.</p>
<p>Cette rhétorique véhicule l’idée que la préservation des activités extractivistes est un bénéfice pour les États-Unis et pour la lutte contre les changements climatiques. Selon ce raisonnement, le pétrole et le gaz américain ont une meilleure empreinte carbone que ceux produits à l’international. Ils contribuent donc à réduire les émissions globales face à une demande grandissante des consommateurs.</p>
<p>Le <a href="https://www.washingtonpost.com/climate-environment/2023/01/17/ohio-natural-gas-green-energy/">narratif des industries fossiles « verts »</a> prend également de l’ampleur dans les sphères législatives d’autres États et assure la mainmise de ces industries sur les économies locales.</p>
<p>Parlant d’un véritable « mouvement environnemental Cajun » pour désigner les activités écologiques des compagnies pétrolières en Louisiane, les lobbyistes sollicitent les identités locales et le soutien des citoyens pour la préservation des activités d’exploitation. Cette autre forme d’individualisation cible les politiques climatiques, notamment celles de l’administration Biden, comme une attaque directe sur les intérêts et le bien-être des populations locales.</p>
<p>Une véritable « culture du pétrole » est ainsi née par le biais d’investissements dans la communauté (par exemple, le financement depuis de nombreuses années du Jazz and Heritage Festival de La Nouvelle-Orléans par Shell, ou celui des opérations locales de secours après les ouragans). On met aussi en exergue l’enchevêtrement des identités cajuns dans l’histoire du développement de l’industrie pétrolière locale.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548419/original/file-20230914-19-rfrjml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le chanteur de hip-hop Big Freedia se produit au New Orleans Jazz and Heritage Festival 2023, à la Nouvelle-Orléans, le 28 avril 2023. Shell finance le festival depuis des années.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>L’individualisation au service de l’inertie politique</h2>
<p>En Louisiane, particulièrement, l’individualisation se manifeste ainsi par un soutien populaire aux activités extractivistes et un rejet des régulations contraignantes ou des mouvements écologistes. Positionnée en véritable protecteur environnemental et communautaire, l’industrie pétrolière et gazière maintient son influence sur les sphères législatives par le lobbyisme politique et le soutien de l’opinion publique. Elle empêche ainsi une reconsidération de ses pratiques d’exploitation.</p>
<p>L’individualisation à grande échelle, qu’elle existe à travers les campagnes de BP ou <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/dans-la-peau-de-l-info/un-arbre-par-eleve-de-sixieme-la-promesse-d-emmanuel-macron-qui-cache-une-foret-de-mauvaises-nouvelles_6022016.html">l’appel du président Macron</a> aux élèves à planter des arbres, inverse la responsabilité de la lutte contre les changements climatiques. Elle favorise l’inertie politique qui préserve, toujours aujourd’hui, les intérêts des industries polluantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213142/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sarah M. Munoz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En faisant porter aux individus la responsabilité de réduire la pollution et les émissions de GES, les industries pétrolières empêchent un changement profond de leurs pratiques de production.Sarah M. Munoz, Doctoral researcher in political science / Doctorante en science politique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2129252023-09-14T17:02:34Z2023-09-14T17:02:34ZFemmes et minorités à la haute direction : ça bloque dans l’antichambre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548144/original/file-20230913-33750-imqte4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C0%2C4470%2C2971&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le pourcentage de femmes à la tête des entreprises en Amérique du Nord scille toujours autour de 5%.
</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis quelques années, de nombreuses recherches sont publiées sur la représentation des femmes à la tête des entreprises et le constat demeure désolant. </p>
<p>Que ce soit au Canada ou aux États-Unis, le pourcentage oscille toujours autour de 5 % dans les grandes organisations. </p>
<p>Peut-on espérer une augmentation de ce pourcentage au cours des prochaines années ? Est-ce que le vivier de talents féminins dans l’antichambre d’une nomination à la présidence-direction générale est suffisant pour espérer une augmentation substantielle, ou faut-il d’autres stratégies pour changer la donne ?</p>
<p>Respectivement doyenne de l’École de gestion John Molson, et experte depuis plusieurs décennies de la place des femmes dans les hautes sphères du milieu des affaires, nous nous intéressons aux raisons du surplace actuel.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-entreprises-doivent-viser-des-objectifs-plus-ambitieux-pour-lavancement-des-femmes-161172">Les entreprises doivent viser des objectifs plus ambitieux pour l’avancement des femmes</a>
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<h2>Un vivier homéopathique et anémique</h2>
<p>Une <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Diversity-in-the-C-Suite%3A-The-Dismal-State-of-Among-Larcker-Tayan/192970d4859158281b752be4b76bdf7e8dc0a2c6">étude récente</a> publiée par les professeurs David F. Larcker and Brian Tayan, de l’Université Stanford, nous procure des renseignements intéressants à ce sujet. Elle visait à identifier, parmi les 100 plus importantes entreprises américaines, les possibilités que des femmes et des membres de communautés culturelles puissent être nommés à des fonctions de PDG. Ils ont évalué celles et ceux d’entre eux qui occupent des fonctions relevant directement d’un PDG. Les conclusions de cette analyse sont préoccupantes :</p>
<ul>
<li><p>seulement 25 % de femmes occupent de telles fonctions ;</p></li>
<li><p>peu de femmes se retrouvent dans les fonctions les plus porteuses de nominations, soit celles ayant trait aux opérations (15 %), aux services financiers (14 %) et aux services juridiques (35 %) ;</p></li>
<li><p>quant aux fonctions offrant peu de possibilités de promotion comme premier dirigeant, selon les critères utilisés pour sélectionner d’éventuels PDG, celles-ci sont occupées davantage par des femmes (cheffe des ressources humaines, de la gestion des risques, des communications, etc.).</p></li>
</ul>
<p>Cette présence plus forte des femmes dans ces fonctions d’appui est l’illustration <a href="https://hbr.org/2007/09/women-and-the-labyrinth-of-leadership">du labyrinthe du leadership</a>, soit ces détours complexes et sans issu auxquelles les femmes sont confrontées dans leur carrière en raison des stéréotypes, des biais et des obligations familiales qu’elles continuent à assumer seules, malgré un meilleur partage de ces fonctions avec leurs partenaires masculins.</p>
<p>Pourquoi, après tant de décennies d’efforts pour accroître la représentation féminine dans les instances décisionnelles, si peu de femmes parviennent à prendre leur place ? Nous proposons comme explication ces trois discriminants indirects.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/trop-peu-de-femmes-atteignent-les-plus-hauts-echelons-il-est-temps-dagir-177408">Trop peu de femmes atteignent les plus hauts échelons. Il est temps d’agir</a>
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<h2>Le manque d’expérience, un critère discriminatoire</h2>
<p><a href="https://www.spencerstuart.com/research-and-insight/predicting-ceo-success-when-potential-outperforms-experience">Dans un récent article</a> publié par le cabinet-conseil Spencer Stuart, on faisait le constat que la demande pour des PDG expérimentés avait presque quadruplé depuis de début du siècle, passant de 4 % en 1997 à 16 % en 2019. Selon des dirigeants consultés par ce cabinet, les responsables de processus de sélection posent l’hypothèse que l’expérience préalable de PDG est un prédicteur de l’impact que pourra avoir un candidat sur la valeur pour les actionnaires.</p>
<p><a href="https://www.spencerstuart.com/-/media/2019/hbr-ceo-lifecycle/hbr_ceo_lifecycle_spencerstuart.pdf">Les conclusions d’une autre étude</a> réalisée par ce même cabinet sur le cycle de vie des PDG et de leur performance apportent un éclairage qui fragilise cette hypothèse quant au lien entre expérience préalable et valeur actionnariale. </p>
<p>Après avoir analysé la performance de 855 PDG du S&P sur une période de vingt ans, le cabinet a pu constater que les PDG occupant cette fonction pour la première fois produisaient un taux de rendement pour les actionnaires (TSR) plus élevé que les PDG expérimentés. Ces PDG non expérimentés auraient de plus comme avantage de demeurer en poste plus longtemps et avoir une performance moins volatile. </p>
<p><a href="https://www.researchgate.net/publication/272806955_La_remuneration_des_dirigeants_mythes_et_recommandations">Selon les résultats d’une autre étude</a> réalisée il y a quelques années par les professeurs Michel Magnan, de l’Université Concordia, et Sylvie St-Onge, de HEC Montréal, moins de 10 % des différences dans la performance boursière des grandes banques canadiennes peuvent être expliquées par des facteurs propres à chacune d’elles. Parmi eux, les décisions et les initiatives du PDG en place, mais aussi les employés, la clientèle, la localisation des places d’affaires ou le « mixte » d’affaires.</p>
<p>Ce critère d’expérience préalable de PDG et l’importance qu’on y accorde constituent un facteur de discrimination indirecte qui prive les femmes, les représentants des communautés culturelles et les jeunes talents d’accéder à ces fonctions. Outre d’être discriminatoire, ce critère perpétue de plus le statu quo et limite l’accès à de telles fonctions à un groupe restreint d’individus.</p>
<h2>Embaucher des gens qui nous ressemblent</h2>
<p>L’adéquation culturelle, ou « culture fit », vise à sélectionner des talents qui sont en adéquation avec la culture de l’entreprise, c’est-à-dire ses valeurs, sa vision, sa raison d’être, ses objectifs et autres éléments qui la caractérisent. </p>
<p>Si un tel processus de recrutement a pour avantage de recruter des talents qui sauront s’intégrer et performer rapidement, il cependant comme désavantage de favoriser le statu quo et la règle de la majorité, ainsi que de s’entourer de personnes qui nous ressemblent, soit par le sexe, l’âge, les origines culturelles et autres différences <a href="https://insight.kellogg.northwestern.edu/article/cultural-fit-discrimination">pouvant être considérées comme dérangeantes</a>. </p>
<p>Dans <a href="https://www.talentinnovation.org/_private/assets/IDMG-ExecSummFINAL-CTI.pdf">cette étude</a> du Center for Talent Innovation, on montre bien que l’innovation prospère dans un environnement où les dirigeants acceptent la différence, s’ouvrent aux changements et aux perturbations et encouragent la libre expression.</p>
<h2>La valeur financière sous-estimée de la diversité</h2>
<p>Un groupe de chercheurs de la Bryant University et de l’Université Concordia, <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/AMPROC.2023.134bp">ont réalisé une étude empirique sur les performances financières</a> de PDG à la tête d’entreprises américaines cotées en bourse. Ils ont totalisé plus de 11 600 observations annuelles, sur une période de 15 ans (1998-2013). </p>
<p>Il en ressort que les femmes de couleur et les femmes blanches ont réalisé des performances financières supérieures à celles enregistrées par les hommes de couleur, qui eux ont mieux fait que les hommes blancs. Selon les auteurs, ces résultats s’expliquent par le fait que dès leur très jeune âge, les personnes issues des minorités se font dire par leur entourage qu’elles doivent développer leur résilience, et que si elles veulent réussir, elles doivent être plus intelligentes et faire mieux que n’importe qui d’autre. </p>
<h2>Un leadership plus humain</h2>
<p>Dans un monde où la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté prévalent, ce sont les qualités de leadership appropriées à un pareil contexte qui doivent guider dans un processus de sélection. Ces qualités — agilité, adaptabilité, empathie, humilité — se trouvent tout autant chez les femmes que les hommes. C’est ce qu’on appelle les compétences douces ou « soft skills ». </p>
<p><a href="https://hbr.org/2022/07/the-c-suite-skills-that-matter-most">Selon une étude publiée en août 2022</a>, la quête de ces qualités prend de plus en plus de place dans les descriptions de fonctions pour les postes de haute de direction depuis la dernière décennie. Seul le recours prioritaire à celles-ci pour identifier les meilleures candidatures assurera des règles de jeu équitables tout autant pour les femmes que les hommes. </p>
<p>Il est bénéfique pour les entreprises de prendre conscience de l’importance de la diversité des talents et de styles de leadership. En promouvant les meilleures personnes aux postes de pouvoir, elles deviennent plus performantes et humaines.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212925/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Après des décennies d’efforts pour accroître la représentation féminine dans les instances décisionnelles des entreprises, peu de femmes parviennent à prendre leur place.Louise Champoux-Paillé, Cadre en exercice, John Molson School of Business, Concordia UniversityAnne-Marie Croteau, Dean, John Molson School of Business, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2077492023-09-05T13:21:26Z2023-09-05T13:21:26ZLes canicules engendrent des coûts. Voici pourquoi il est important de les quantifier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542402/original/file-20230811-19-98uwkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C983%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les impacts sanitaires et économiques de la chaleur sont souvent invisibles et silencieux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Parmi les différents événements météorologiques extrêmes (inondations, tempêtes, feux de forêt), ce sont les canicules qui causent les impacts les plus importants sur la santé humaine.</p>
<p>Pour preuve, l’événement météorologique le plus meurtrier de l’histoire du Canada est un dôme de chaleur, c’est-à-dire des températures anormalement chaudes qui durent plusieurs jours, qui a touché la Colombie-Britannique en 2021 et qui a causé <a href="https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/birth-adoption-death-marriage-and-divorce/deaths/coroners-service/statistical/heat_related_deaths_in_bc_knowledge_update.pdf">au moins 600 décès</a>. En plus d’une augmentation de la mortalité, les chaleurs extrêmes causent davantage de consultations à l’urgence, de transports en ambulance, d’hospitalisations, d’appels aux lignes d’informations de santé, d’accidents de travail, ainsi qu’une mobilisation accrue des équipes d’intervention. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Anomalies de températures pendant le dôme de chaleur en Colombie-Britannique en 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NASA</span></span>
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</figure>
<p>Les changements climatiques rendront les canicules de <a href="https://doi.org/10.1126/science.1098704">plus en plus longues et de plus en plus intenses</a>. Leurs impacts futurs seront d’ailleurs exacerbés par le <a href="https://doi.org/10.1016/j.amepre.2008.08.021">vieillissement de la population et par l’urbanisation croissante</a>. </p>
<p>Dans ce contexte, il est primordial de pouvoir évaluer le fardeau sanitaire et économique que représentent les canicules d’aujourd’hui, mais aussi celles de demain. Or, à ce jour, on n’en connaît encore que très peu sur les impacts économiques de la chaleur extrême.</p>
<h2>Pourquoi en savons-nous si peu ?</h2>
<p>Les catastrophes naturelles comme les inondations, les ouragans ou les feux de forêt causent des dommages matériels aux résidences, aux entreprises et aux cultures agricoles. Comme ces pertes sont souvent remboursées par les assureurs ou par les gouvernements en cas de catastrophe, les données financières associées à ces événements sont plus facilement accessibles et connues. </p>
<p>À l’inverse, les chaleurs extrêmes affectent plutôt la santé de la population. Ces coûts sont donc enfouis dans les dépenses du système de santé ou assumés par l’ensemble de la société, ce qui les rend beaucoup plus difficiles à quantifier. D’ailleurs, on rapporte souvent que la <a href="https://doi.org/10.1289%2Fehp.1206025">chaleur extrême est un « tueur silencieux »</a>, tellement ses impacts sont méconnus et invisibles par rapport aux autres catastrophes naturelles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="inondation dans la rue" src="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les autres catastrophes naturelles, comme les inondations, causent des dommages matériels plus facilement quantifiables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Dans les dernières années, de plus en plus d’études ont tenté d’estimer les coûts associés à la chaleur extrême au Canada et ailleurs dans le monde. Par exemple, les prévisions des coûts annuels des décès prématurés liés à la chaleur ont été estimés à <a href="https://climatechoices.ca/wp-content/uploads/2021/06/ClimateChoices_Health-report_Final_June2021.pdf">3,0 à 3,9 milliards de dollars par année d’ici 2050 et de 5,2 à 8,5 milliards d’ici 2080 au Canada</a>. </p>
<p>Bien qu’importantes et pertinentes, les recherches existantes ne s’intéressent souvent qu’à un seul impact de la chaleur sur la santé, soit la mortalité. Or, ses impacts sont divers et nombreux. De plus, l’échelle spatiale de l’analyse est souvent très grande (pays ou province), ce qui limite la possibilité d’effectuer des analyses coûts-bénéfices à des échelles plus locales. Finalement, les approches méthodologiques utilisées dans les études existantes pourraient être améliorées. </p>
<p>Possédant des expertises multidisciplinaires (science des données, hydrométéorologie, santé publique, actuariat), nous cherchons à évaluer les coûts de santé de la chaleur au Québec et au Canada avec des approches novatrices. Par exemple, nous avons récemment utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour traiter les grandes bases de données météorologiques et médico-administratives, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969723032837">dans l’optique de mieux modéliser les impacts sanitaires de la chaleur</a>. Ces travaux seront mis à profit et poursuivis pour quantifier le fardeau économique de la chaleur.</p>
<h2>Pourquoi est-ce si important ?</h2>
<p>Estimer les coûts de santé historiques et futurs de la chaleur extrême s’avère essentiel pour la mise en place de mesures efficientes et cohérentes dans la lutte climatique. </p>
<p>Du côté de l’atténuation, c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), des projections fiables des coûts de santé de la chaleur extrême permettraient d’exposer ce que doivent s’attendre à payer les autorités de santé ou la société en général si les émissions de GES continuent d’augmenter. Ainsi, la réduction des émissions polluantes pourrait être convertie en coûts de santé évités, et donc, en économies potentielles pour les gouvernements et la société. Un argument supplémentaire en faveur de la diminution des GES.</p>
<p>Du côté de l’adaptation, soit les actions à entreprendre pour limiter les conséquences des changements climatiques, les estimations des coûts de santé de la chaleur peuvent servir d’entrées pour des analyses coûts-bénéfices de mesures d’adaptation à mettre en place comme le verdissement ou la lutte aux îlots de chaleur. Dans ces analyses, les bénéfices seraient quantifiés par les coûts de santé de la chaleur évités grâce à ces mesures. D’ailleurs, comme ces actions sont souvent mises en place à l’échelle des quartiers ou des municipalités, des estimations de coûts aussi locales que possible sont nécessaires. À la clé, l’adaptation permettra de réduire les coûts maintenant, mais aussi dans le futur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un parc aménagé en ville comme mesure de lutte contre la chaleur urbaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pixabay)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’estimation des coûts de santé des canicules est d’une grande importance, mais a souvent été négligée dans le passé en comparaison aux autres catastrophes naturelles. De nouvelles recherches multidisciplinaires, basées sur des approches méthodologiques avancées, permettront de fournir des données plus complètes et précises sur les impacts économiques de la chaleur extrême. </p>
<p>Ces chiffres représentent une manière efficace de convaincre les décideurs. Comme nos gouvernements comprennent généralement très bien le langage économique, il est impératif d’adapter notre discours afin d’influencer les politiques publiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207749/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jeremie Boudreault a reçu des financements de la part du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du consortium sur la climatologie régionale (Ouranos) ainsi que de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Celine Campagna et Fateh Chebana ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>De nouvelles recherches doivent être menées afin de quantifier adéquatement les coûts de la chaleur extrême afin de réduire ses effets délétères actuels et futurs.Jérémie Boudreault, Étudiant-chercheur au doctorat en science des données et santé environnementale, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Celine Campagna, Adjunct professor, Institut national de santé publique du Québec, Université LavalFateh Chebana, Professor in Data Science applied to the Environment and Environmental Health, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2100162023-08-14T13:56:02Z2023-08-14T13:56:02ZDevrait-on former des amitiés au travail ? Voici ce que dit la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/538763/original/file-20230721-21-zlnfph.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C8%2C1894%2C1250&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les environnements de travail fonctionnent mieux lorsque les collègues ont de bonnes relations les uns et les unes avec les autres.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Lors de mes jeunes années, je ne réfléchissais pas particulièrement à l’importance d’apprécier les gens avec qui je travaillais. À cette époque, j’étais serveur dans un restaurant familial à Toronto et être ami avec mes collègues allait de soi.</p>
<p>Cependant, lorsque je suis devenu professeur d’université et formateur, j’ai réalisé l’importance des relations en milieu de travail. Je sais aujourd’hui que <a href="https://doi.org/10.1111/0033-3352.00172">ces relations fonctionnent nettement mieux</a> lorsque les gens s’entendent bien.</p>
<p>Ces résultats vont à l’encontre d’un sentiment que j’ai remarqué au cours de mes plus de 20 ans de travail auprès des employés : l’idée qu’il ne soit pas nécessaire de former des amitiés avec ses collègues. Si ce point de vue est compréhensible, il n’est pas pertinent, surtout lorsqu’il s’agit de travailler avec des personnes avec lesquelles on ne s’entend guère.</p>
<h2>Les types d’amitié en milieu de travail</h2>
<p>Environ 30 pourcent des personnes en Amérique du Nord <a href="https://doi.org/10.33423/jop.v19i5.2517">affirment avoir un ou une meilleure ami au travail</a>. Les autres disent avoir des amitiés régulières en milieu de travail.</p>
<p>Il est utile de faire la différence entre les différents types de relations amicales, car elles n’offrent pas toutes les mêmes bénéfices. En précisant les diverses formes d’amitié et en comprenant les avantages de chacune d’entre elles, on peut prendre des décisions éclairées quant au choix d’investir dans des relations spécifiques.</p>
<p>En m’appuyant sur des <a href="https://doi.org/10.1080/10570319809374611">recherches antérieures en psychologie</a> concernant les <a href="https://doi.org/10.1088/1757-899X/390/1/012064">différents types d’amitiés en milieu de travail</a>, ainsi que sur mon expérience auprès de milliers de cadres et de gestionnaires, j’ai établi quatre catégories d’amitiés en milieu de travail.</p>
<p><strong>1. Le ou la meilleure ami en milieu de travail.</strong> Il s’agit d’une amitié très étroite avec une personne, caractérisée par le partage d’informations personnelles et de confidences. Les meilleurs amis au travail se tiennent mutuellement en haute estime, se font confiance et font preuve d’honnêteté.</p>
<p><strong>2. Amis proches en milieu de travail</strong> Il s’agit d’amitiés proches, mais pas tout à fait au niveau de la meilleure amitié. La plupart des personnes engagées dans ces relations souhaitent rester de bons amis, même si l’une d’entre elles quitte son emploi.</p>
<p><strong>3. Ami en milieu de travail.</strong> Cette relation amicale présente certaines des mêmes caractéristiques que la précédente, mais il est moins probable qu’elle perdure au-delà du travail. En outre, les confidences sont généralement moins nombreuses. En d’autres termes, il s’agit d’un copinage de travail — le genre de personne avec qui on dîne ou on prend un café.</p>
<p><strong>4. Connaissance en milieu de travail</strong>. Il s’agit d’une personne qu’on voit souvent au travail, mais avec laquelle on se contente d’échanger des sourires ou de brèves plaisanteries.</p>
<h2>Les bénéfices des relations en milieu de travail</h2>
<p>Les amitiés au travail favorisent <a href="https://doi.org/10.1007/s12144-022-03949-4">l’innovation, un sentiment de sécurité psychologique</a> et de la compassion. Lorsque les gestionnaires concilient leadership et amitié avec leurs subalternes, <a href="https://hbr.org/2020/10/todays-leaders-need-vulnerability-not-bravado">ils et elles encouragent la vulnérabilité, l’adaptabilité et l’humilité</a>, choses qui sont nécessaires dans les environnements professionnels d’aujourd’hui.</p>
<p>Elton Mayo, l’un des fondateurs de la théorie de l’organisation moderne, a reconnu que les <a href="https://ia600205.us.archive.org/14/items/socialproblemsof00mayo/socialproblemsof00mayo.pdf">possibilités de liens socio-émotionnels au travail</a> étaient <a href="https://hbr.org/2014/12/what-bosses-gain-by-being-vulnerable">cruciales pour les performances</a>. </p>
<p>Cependant, le simple fait de partager des informations avec une autre personne n’offre pas ces possibilités. Effectivement, il semblerait qu’un échange émotionnel soit nécessaire. Ce dernier nécessite d’exprimer ouvertement ses sentiments et ses préoccupations, ce qui n’est pas le cas lors d’un simple échange d’informations.</p>
<p>En raison de ces échanges émotionnels, les <a href="https://doi.org/10.1111/peps.12109">amitiés entre collègues de travail peuvent être difficiles</a>. Elles nécessitent un <a href="https://doi.org/10.1177/0265407518761225">investissement en temps important</a>, ainsi que de la confiance et des confidences, <a href="https://theconversation.com/why-do-we-find-making-new-friends-so-hard-as-adults-171740">choses qui peuvent être intimidantes</a> pour plusieurs.</p>
<h2>Quelles relations en valent la peine ?</h2>
<p>Depuis le début de la pandémie, il est devenu <a href="https://www.gallup.com/workplace/397058/increasing-importance-best-friend-work.aspx">encore plus important pour les gens de se faire des amis au travail et de les garder</a>. Le télétravail et le mode de travail hybride étant de plus en plus répandus, les amitiés au travail ont pris une importance cruciale en apportant un soutien social et émotionnel essentiel. </p>
<p>La relation de meilleure amitié en milieu de travail est la plus bénéfique de celles précédemment listées, car elle offre le plus d’occasions d’échanges émotionnels entre collègues. Ces avantages comprennent <a href="https://doi.org/10.1111/spc3.12087">l’augmentation du bonheur</a>, de la productivité et de la <a href="https://doi.org/10.1016/j.jeconbus.2016.10.004">motivation</a> des gens au travail.</p>
<p>Mais les <a href="https://doi.org/10.1111/pere.12455">relations très étroites sont difficiles</a> et <a href="https://doi.org/10.1111/peps.12109">épuisantes à entretenir</a>, ce qui signifie que ces types de relations <a href="https://doi.org/10.1088/1757-899X/390/1/012064">sont généralement plus rares que les autres</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux hommes tenue d’affaire décontractée se montrent amical l’un vers l’autre en prenant un café" src="https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537173/original/file-20230712-27-770nr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Depuis le début de la pandémie, il est particulièrement important pour les gens de se faire des amis au travail et de les garder.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les relations amicales et amicales proches en milieu de travail sont les plus susceptibles d’apporter des avantages sans être trop épuisantes sur le plan émotionnel, ou difficiles à entretenir. Toutefois, il est important de noter que les relations amicales proches sont confrontées aux mêmes problèmes que le fait d’avoir une meilleure amitié au travail, soit d’avoir un risque plus élevé de voir les conflits personnels se répercuter sur le travail.</p>
<p>Les simples connaissances en milieu de travail est le seul type de relation qui n’offre aucun avantage. Ainsi, si on veut tirer le meilleur parti de son milieu de travail, le mieux est d’essayer de créer des amitiés.</p>
<h2>L’aigreur n’est pas payante</h2>
<p>Mais que faire si on travaille avec des gens qu’on ne supporte pas ? Plutôt que de se contenter de sourire et de supporter leur présence, on peut tenter de prendre de la distance, sans toutefois sacrifier sa capacité de travailler.</p>
<p>Le fait d’être inamical ou aigre — que ce soit parce qu’il est trop difficile de nouer des amitiés, ou bien parce qu’on évite une personne en particulier — peut rendre le travail <a href="https://www.gallup.com/cliftonstrengths/en/406298/why-having-best-friend-work-important.aspx">moins agréable et moins engageant</a>. </p>
<p>Les gens moins engagés dans leur travail y <a href="https://doi.org/10.1108/JOEPP-06-2018-0034">trouvent moins de sens</a> et ont <a href="https://doi.org/10.1016/j.paid.2020.109944">moins de possibilités de progression</a>. Le manque de convivialité peut également entraîner des niveaux plus élevés de <a href="https://www.researchgate.net/publication/232518458_Loneliness_Human_Nature_and_the_Need_for_Social_Connection">solitude et d’isolement</a>.</p>
<h2>Une nouvelle perspective</h2>
<p>L’une des stratégies pour maintenir une relation amicale avec un ou une collègue peu apprécié consiste à utiliser un procédé de recadrage positif afin d’adapter votre façon de penser et d’interpréter le comportement de cette personne.</p>
<p>L’utilisation de métaphores pour changer de point de vue peut être un moyen utile d’y parvenir. Une métaphore particulièrement utile consiste à comparer votre collègue à un livre. Lorsque vous lisez un livre, même s’il est agréable, il peut y avoir des parties que vous n’aimez pas et que vous négligez. Cependant, vous ne rejetez jamais le livre dans son intégralité.</p>
<p>Appliquer cette métaphore aux collègues peut vous aider à mettre en valeur les aspects d’une personne que vous appréciez. Il est important de reconnaître que personne n’est parfait, et ce, que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle.</p>
<p>Même s’il y aura toujours des collègues que vous aimerez moins, il peut être encourageant de savoir qu’avec un peu de perspective, vous pouvez contribuer à créer un meilleur milieu de travail pour vous-même et pour ceux et celles qui vous entourent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210016/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephen Friedman ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Être amical au travail peut accroître le bonheur et la productivité. Si on veut tirer le meilleur parti de sa vie professionnelle, le mieux est d’essayer de créer des amitiés.Stephen Friedman, Adjunct Professor of Organizational Studies, Schulich School of Business, York University, CanadaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2052522023-08-08T14:02:53Z2023-08-08T14:02:53ZUn revenu de base garanti pour un système alimentaire plus juste et plus durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/524926/original/file-20230508-40482-cjmogq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C18%2C3971%2C2975&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une agricultrice de la ferme urbaine Roots Community Food Centre, dans le nord-ouest de l'Ontario, récolte les courges Gete-Okosomin.</span> <span class="attribution"><span class="source">(C. Levkoe)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le système alimentaire canadien <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/62f0014m/62f0014m2022014-fra.htm">subit des bouleversements constants</a>. Perturbations de la chaîne d’approvisionnement, inflation des prix et évènements météorologiques extrêmes sont en cause. </p>
<p>Évidemment, la population ressent les effets de ces tensions : en 2021, près de 16 % des ménages provinciaux ont <a href="https://proof.utoronto.ca/wp-content/uploads/2022/08/Household-Food-Insecurity-in-Canada-2021-PROOF.pdf">connu une certaine forme d’insécurité alimentaire</a>.</p>
<p>Des programmes fédéraux tels que la <a href="https://www.canada.ca/fr/services/prestations/ae/pcusc-application.html">Prestation canadienne d’urgence (PCU)</a> et le récent <a href="https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/nouvelles/2023/04/le-ministre-fraser-presente-les-investissements-du-budget-de-2023-pour-fournir-un-nouveau-remboursement-propose-pour-lepicerie.html">remboursement des épiceries</a> témoignent des interventions gouvernementales directes sur le revenu pour garantir l’équité en période d’urgence, y compris l’accès à la nourriture.</p>
<p>Il a été évoqué que ce <a href="https://theconversation.com/does-ottawas-grocery-rebate-signal-a-shift-to-a-broader-guaranteed-basic-income-203132">nouveau remboursement des épiceries</a>, qui a été distribué par le biais du système de crédit pour la taxe sur les produits et services (TPS/TVH), ouvrait la voie à l’atteinte d’un revenu de base garanti. </p>
<p>Or, un revenu de base garanti doit passer par des paiements réguliers, et non un remboursement ponctuel. </p>
<p>Un revenu de base garanti pourrait jouer un rôle clé dans la lutte contre <a href="https://www.northernpolicy.ca/upload/documents/publications/reports-new/tarasuk_big-and-food-insecurity-fr.pdf">l’insécurité alimentaire individuelle et familiale</a> chez les personnes les plus vulnérables. Et il permettrait de s’assurer que chacun puisse répondre à ses besoins de base avec dignité.</p>
<h2>Ce que disent les recherches</h2>
<p>Les groupes et réseaux en faveur d’un revenu de base au Canada s’entendent sur la mise en place d’une <a href="https://basicincomecoalition.ca/fr/qu-est-revenu-de-base/revenu-de-base-que-nous-voulons/">évaluation du revenu</a>, impliquant des transferts d’argent aux personnes dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil.</p>
<p>En tant qu’experts en systèmes alimentaires durables, nous suggérons qu’un revenu de base garanti pourrait non seulement être un outil important pour aborder l’accès économique à l’alimentation, mais également pour soutenir la durabilité de l’ensemble du système alimentaire.</p>
<p>Nous nous appuyons sur nos recherches réalisées en collaboration avec <a href="https://basicincomecoalition.ca/fr/">Coalition Canada</a>, un réseau de groupes de défense du revenu de base. Nos recherches ont réuni des équipes interdisciplinaires de chercheurs et de professionnels pour <a href="https://basicincomecoalition.ca/en/actions/case-for-basic-income/">développer une série d’études de cas</a> examinant le revenu de base dans différents secteurs. Ces secteurs comprennent les arts, la finance, la santé, les municipalités et le système de justice pénale.</p>
<p>Notre travail s’est concentré sur les secteurs de <a href="https://basicincomecoalition.ca/wp-content/uploads/2023/03/1.-Case-for-agriculture-March-3-2023.pdf">l’agriculture</a> et de la <a href="https://basicincomecoalition.ca/wp-content/uploads/2022/08/Fisheries-basic-income-case-formatted-July-2022.pdf">pêche</a>, avec l’implication des membres de l’Union nationale des fermiers, de l’Union paysanne, d’Ecotrust Canada et de l’Alliance des pêcheurs autochtones.</p>
<p>Dans l’ensemble, nos recherches suggèrent qu’un revenu de base garanti pourrait avoir un impact significatif sur les incertitudes économiques auxquelles sont confrontées les <a href="https://www.nfu.ca/fr/policy/towards-a-national-agricultural-labour-strategy-that-works-for-farmers-and-farm-workers/">agriculteurs</a> et les <a href="https://doi.org/10.1007/s10393-005-6333-7">communautés de pêcheurs</a> du Canada. Cet outil pourrait également contribuer à une <a href="https://theconversation.com/lautonomie-alimentaire-nest-pas-suffisante-il-faut-viser-un-systeme-alimentaire-sain-et-juste-195416">transition plus juste et durable du système alimentaire</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lautonomie-alimentaire-nest-pas-suffisante-il-faut-viser-un-systeme-alimentaire-sain-et-juste-195416">L’autonomie alimentaire n’est pas suffisante. Il faut viser un système alimentaire sain et juste</a>
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<h2>Réduire l’incertitude économique</h2>
<p>L’un des impacts potentiels d’un revenu de base garanti serait de réduire l’incertitude économique pour les travailleurs les plus vulnérables des secteurs de l’agriculture et des pêcheries. </p>
<p>Les personnes employées dans le secteur de la transformation alimentaire et de la pêche ainsi que les ouvriers agricoles sont particulièrement vulnérables au chômage saisonnier, aux bas salaires, aux avantages sociaux inéquitables, et aux conditions de travail dangereuses, y compris des <a href="https://doi.org/10.1016/j.aquaculture.2021.736680">taux élevés d’accidents du travail et de maladies professionnelles</a>.</p>
<p>Un revenu de base garanti pourrait offrir aux individus une plus grande sécurité financière et un plus grand contrôle sur leurs choix d’emploi et ainsi contribuer à résoudre les inégalités raciales, de classe et de genre <a href="https://doi.org/10.15353/cfs-rcea.v9i2.521">qui prévalent dans le travail lié aux systèmes alimentaires</a>.</p>
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<img alt="Une moissonneuse-batteuse récolte une culture de blé dans un champ" src="https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un revenu de base garanti pourrait avoir un impact significatif sur les incertitudes économiques auxquelles font face les travailleurs-euses des industries agricoles et de la pêche au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jeff McIntosh</span></span>
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<h2>Soutenir les nouveaux pêcheurs et agriculteurs</h2>
<p>Un deuxième impact potentiel d’un revenu de base garanti pourrait être de soutenir la relève dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Dans l’ensemble du Canada, la main-d’œuvre des industries de la <a href="https://atlanticfisherman.com/the-greying-of-the-fleet/">pêche commerciale</a> et de <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220511/dq220511a-fra.htm">l’agriculture</a> vieillit.</p>
<p>Soutenir les nouveaux agriculteurs et pêcheurs, en particulier ceux qui utilisent des pratiques socialement et écologiquement durables, est essentiel pour construire un système alimentaire plus résilient.</p>
<p>La relève en agriculture et dans le milieu de la pêche commerciale <a href="https://foodsecurecanada.org/fr/communaute-et-reseaux/nouveaux-agriculteurs-et-pecheurs">fait face à d’importantes barrières</a> liées aux coûts élevés d’entrée tels que l’accès à la terre et aux équipements ou l’achat d’un bateau et d’une licence de pêche combinés à des prix fluctuants et incertains pour leurs produits.</p>
<p>Bien qu’un revenu de base garanti ne puisse pas à lui seul résoudre ces défis, il pourrait offrir une <a href="https://www.nfu.ca/wp-content/uploads/2020/04/Income-Stability-Supplement-Proposal.pdf">plus grande stabilité économique aux nouveaux agriculteurs et pêcheurs</a>, particulièrement dans l’optique où ils doivent investir dans les infrastructures et la formation.</p>
<h2>Se préparer aux futurs facteurs de stress</h2>
<p>Un revenu de base garanti pourrait également constituer une étape vers la construction d’une résilience face aux facteurs de stress persistants, tels que la crise climatique et les évènements météorologiques extrêmes, en plus de permettre de se préparer aux urgences futures.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a démontré que ceux et celles ayant des revenus plus stables et des conditions de travail flexibles sont <a href="https://doi.org/10.3389/fsufs.2021.614368">mieux équipés pour s’adapter aux chocs imprévus</a>. Par exemple, pendant la pandémie, les entreprises de transformation de produits de la mer de type <a href="https://open.library.ubc.ca/soa/cIRcle/collections/ubctheses/24/items/1.0390311">« du bateau à la fourchette »</a> ont mieux résisté aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement des produits de la mer en raison de capacité d’adaptation et de leur proximité avec les consommateurs.</p>
<p>Actuellement, les agriculteurs et pêcheurs à petite échelle bénéficient de moins de soutien, car la plupart des <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2020.539214">subventions vont aux grandes entreprises industrielles</a>. Cependant, ces petits producteurs jouent un rôle crucial dans <a href="https://theconversation.com/the-future-of-food-is-ready-for-harvest-103050">l’approvisionnement alimentaire des marchés régionaux et locaux</a>, ce qui peut servir de tampon important en période de crise, réduisant le stress lié aux chaînes d’approvisionnement de longue distance.</p>
<p>La mise en place d’un revenu de base garanti serait une mesure proactive pour <a href="https://doi.org/10.1080/19320248.2015.1004220">soutenir des moyens de subsistance équitables</a> pour les petits agriculteurs et pêcheurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des personnes se tiennent sur le pont d’un petit bateau de pêche qui flotte dans le port d’un plan d’eau" src="https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des pêcheurs autochtones quittent le port de Saulnierville, Nouvelle-Écosse en octobre 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Andrew Vaughan</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les prochaines étapes pour le système alimentaire</h2>
<p>Un revenu de base garanti aurait le potentiel d’apporter de nombreux impacts positifs. Mais il ne devrait pas remplacer les programmes gouvernementaux existants de soutien à l’agriculture et à la pêche tels que les subventions, la recherche publique et la formation et les programmes de développement des compétences.</p>
<p>Un revenu de base garanti ne devrait pas non plus remplacer les programmes contributifs tels que les <a href="https://www.canada.ca/fr/services/prestations/ae/assurance-emploi-pecheur.html">prestations d’assurance-emploi pour les pêcheurs</a>. Un revenu de base garanti offrirait un soutien aux pêcheurs dont les revenus sont trop faibles pour être admissibles à l’assurance-emploi ou qui sont dans l’incapacité de partir en mer.</p>
<p>Des recherches et des efforts politiques supplémentaires seront essentiels pour mieux comprendre comment un revenu de base garanti pourrait chevaucher d’autres formes de soutien financier telles que les assurances, les prêts et le financement climatique.</p>
<p>Des recherches supplémentaires seront également essentielles pour comprendre comment un revenu de base garanti pourrait soutenir les travailleurs migrants recrutés dans le cadre du <a href="https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/travailleurs-etrangers-temporaires.html">Programme des travailleurs étrangers temporaires</a>. Les travailleurs migrants sont essentiels à la transformation des produits de la pêche, de la viande et de l’horticulture.</p>
<p>Il est également nécessaire de réfléchir de manière systématique et holistique au rôle du revenu de base dans l’ensemble du système alimentaire. La seule façon de le faire est d’obtenir davantage de contributions des communautés agricoles et de pêche et des communautés autochtones en collaboration avec des organisations de lutte contre la pauvreté, de souveraineté alimentaire et de justice alimentaire.</p>
<p>Nous pensons qu’un revenu de base garanti est un outil prometteur pour contribuer à la durabilité et à la justice dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, tout en encourageant le développement de réseaux intersectoriels, de recherches et de politiques communes.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs tiennent à souligner la contribution des équipes d’auteurs de la série de documents de Coalition Canada sur le revenu de base.</em></p>
<p><em>Cet article a été traduit de l’anglais par Marie-Camille Théorêt, assistante de recherche de <a href="https://theconversation.com/profiles/bryan-dale-1145023/">Bryan Dale</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205252/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kristen Lowitt a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charles Z. Levkoe a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du gouvernement de l'Ontario.</span></em></p>Le revenu de base garanti est un outil prometteur pour contribuer à la durabilité et à la justice dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.Kristen Lowitt, Assistant Professor, Environmental Studies, Queen's University, OntarioCharles Z. Levkoe, Canada Research Chair in Equitable and Sustainable Food Systems, Lakehead UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2104392023-08-04T14:03:07Z2023-08-04T14:03:07ZInstagram fait de vous un très mauvais touriste – voici comment voyager respectueusement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539583/original/file-20230726-23-sls4tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C11%2C1891%2C1261&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Que se cache-t-il derrière ces clichés partagés sur les réseaux sociaux?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/happy-man-taking-selfie-selfportrait-bali-1908620083">(DavideAngelini/Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Les voyages reprennent de plus belle cet été… tout comme les mauvais comportements des touristes. </p>
<p>Les destinations populaires ont connu une augmentation des incidents impliquant des touristes ces <a href="http://darwin.cnn-travel-vertical.ui.cnn.io/travel/article/tourists-behaving-badly/index.html">dernières années</a>. Même le Colisée de Rome a été vandalisé, un <a href="https://www.euronews.com/culture/2023/06/30/hunt-for-tourist-who-carved-name-in-colosseum-intensifies">homme y ayant gravé son nom</a> ! Cela démontre que les comportements se sont dégradés, même dans des endroits où il y avait rarement des problèmes par le passé.</p>
<p>Qu’est-ce qui se cache derrière ces actes odieux ? <a href="https://ertr-ojs-tamu.tdl.org/ertr/article/view/541/178">Selon mes recherches</a>, l’une des réponses se trouve dans les médias sociaux. Instagram et TikTok ont permis de plus facilement découvrir les « perles cachées » et de nouveaux endroits à ajouter à sa « to do list », soit sa liste d’activités à réaliser.</p>
<p>Mais cette démocratisation du voyage a eu d’autres conséquences.</p>
<p>En voyant sur leurs médias sociaux leurs contacts voyager dans des lieux exotiques, bien des gens supposent (consciemment ou non) que le comportement qu’ils adoptent habituellement chez eux est également acceptable à l’étranger.</p>
<p>C’est ce que l’on appelle la <a href="https://fs.blog/mental-model-social-proof/">« preuve sociale »</a>, c’est-à-dire le fait de s’inspirer du comportement des autres pour orienter ses propres actions. Par ailleurs, les gens ont tendance à agir de manière plus <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0013916508319448">hédoniste lorsqu’ils sont en vacances</a>. </p>
<p>J’ai identifié d’autres mauvaises attitudes et habitudes de voyage qui sont apparues à la suite de ce que j’appelle le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212571X23000045?via%3Dihub">« tourisme induit par les médias sociaux »</a>. </p>
<p>Les touristes étant souvent hébergés dans des hôtels et des centres de villégiature loin des communautés locales, ils peuvent penser (à tort) que le fait de se rendre dans un endroit éloigné de chez eux est l’occasion d’adopter un mauvais comportement qui demeurera sans conséquences. Ils sous-estiment ou ignorent l’effet que leurs actions peuvent avoir sur les habitants ou sur l’économie locale. </p>
<h2>L’effet Instagram</h2>
<p>Lorsque les gens voyagent dans un endroit magnifique, la tentation de poster des photos et des vidéos <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13683500.2022.2086451">sur les médias sociaux est grande</a>. </p>
<p>Les touristes voient ainsi leurs amis poster des photos d’un lieu (révélées par les géotags). Ils souhaitent par la suite visiter les mêmes endroits et prendre le même genre de photos d’eux-mêmes. Ils les publieront sur les mêmes réseaux sociaux.</p>
<p>Cela peut certes consolider son <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10548408.2018.1499579">statut social</a>, mais signifie généralement que la création de contenu sur les médias sociaux a pris le dessus sur l’exploration, la découverte ou le respect des coutumes locales.</p>
<h2>Bali veut discipliner ses visiteurs</h2>
<p>Bali est la destination typique induit par les médias sociaux. L’île photogénique, qui regorge de retraites de yoga, attire énormément les influenceurs.</p>
<p>En réponse au mauvais comportement des touristes, Bali a <a href="https://thebalisun.com/balis-much-anticipated-list-of-dos-and-donts-for-tourists-revealed/">introduit de nouvelles directives</a> pour les visiteurs en juin 2023. Il s’agit notamment de règles concernant les comportements à adopter dans les temples sacrés, avec les habitants, ainsi que le respect de l’environnement. </p>
<p>Les touristes ont désormais besoin d’une <a href="https://thebalisun.com/bali-warns-tourists-must-have-international-driving-license-to-drive-scooters-on-the-island">licence</a> pour louer une moto, et ne peuvent pas s’aventurer sur une montagne ou un volcan au caractère sacré. Les voyageurs ne doivent séjourner que dans des hôtels et des villas enregistrés (ce qui aura un impact sur un certain nombre de propriétés Airbnb). Bali a mis en place une « task force touristique » responsable de faire respecter les restrictions.</p>
<p>L’une des nouvelles directives est de ne pas agir de manière agressive envers les habitants, les représentants du gouvernement ou les autres touristes, que ce soit en personne ou en ligne. Cela montre que les médias sociaux font partie du problème lorsqu’il s’agit de mauvais comportements de la part des touristes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une foule de touristes tentent de prendre une photo de a Mona Lisa au Musée du Louvre, Paris (France)" src="https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539024/original/file-20230724-21-593w4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Prendre le cliché parfait.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/paris-france-april-3-2015-tourists-1296916258">Windcolors/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des destinations populaires lancent des campagnes</h2>
<p>D’autres destinations ont pris des mesures similaires. L’<a href="https://pledge.visiticeland.com">Islande</a>, <a href="https://mauitourism.org/Videos/malama-pledge.htm">Hawaï</a>, <a href="https://palaupledge.com">Palau</a>, la <a href="https://www.tiakinewzealand.com">Nouvelle-Zélande</a>, le <a href="https://costarica-sanctuary.com/make-it-happen/">Costa Rica</a> et d’autres ont adopté des mesures pour que les visiteurs respectent les lois et les coutumes locales. </p>
<p>Des campagnes comme celle de la Suisse <a href="https://www.youtube.com/watch?v=wXcBGfXXL4w">No Drama</a>, de l’Autriche <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Pgn3Y7kvJXE">See Vienna – not #Vienna</a>, de la Finlande <a href="https://www.theguardian.com/travel/2019/oct/17/finland-be-more-like-finn-campaign-tourism-pledge-initiatives">Be more like a Finn</a> et des Pays-Bas <a href="https://www.forbes.com/sites/dariosabaghi/2023/03/31/amsterdam-launches-stay-away-campaign-targeting-wild-party-behavior-of-young-british-tourists/">How to Amsterdam</a> visent à attirer des touristes au comportement irréprochable.</p>
<p>Lorsque ces efforts ne sont pas couronnés de succès, certains endroits, comme la célèbre baie de Maya, en Thaïlande, sont allés plus loin et ont totalement fermé leurs portes aux touristes, <a href="https://edition.cnn.com/travel/article/maya-bay-thailand-recovery-c2e-spc-intl/index.html">à tout le moins temporairement</a>. </p>
<h2>Voyager avec respect</h2>
<p>N’oubliez pas que lorsque vous voyagez, vous êtes l’invité des communautés d’accueil. Voici quelques moyens de vous assurer que l’on vous demandera de revenir. </p>
<p><strong>1. Faites des recherches</strong></p>
<p>Même si vous êtes un voyageur expérimenté, vous ne vous rendez peut-être pas compte de l’impact de vos actions sur les communautés locales. Mais un peu d’information — issue de vos propres recherches ou fournie sur place — peut vous aider à agir de manière plus appropriée. </p>
<p>Que vous soyez d’accord ou non avec les coutumes locales n’a aucune importance. S’il s’agit d’un endroit plus conservateur que celui auquel vous êtes habitué, vous devez en tenir compte, contrairement aux deux influenceurs qui ont été <a href="https://www.telegraph.co.uk/news/2019/08/16/bali-warns-misbehaving-tourists-will-sent-home-instagram-influencers/">arrêtés</a> après avoir eu un comportement explicite dans un temple à Bali.</p>
<p><strong>2. Rangez votre téléphone…</strong></p>
<p>Des études montrent qu’en voyage, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S016073831730097X">gens peuvent ne rien saisir</a> de leur environnement s’ils sont trop concentrés sur leur appareil.</p>
<p>Souvent, les expériences de voyage les plus mémorables sont celles où vous avez un lien significatif avec quelqu’un ou apprenez quelque chose de nouveau que vous n’avez jamais expérimenté auparavant. Cela devient plus difficile si vous regardez constamment votre téléphone. </p>
<p><strong>3… ou utiliser votre pouvoir d’influencer pour le bien</strong></p>
<p><a href="https://matadornetwork.com/read/instagram-vs-reality-tuscany-switzerland/">Certains posts sur Instagram</a> révèlent les énormes foules qui s’agglutinent dans les lieux les plus « Instagrammables ».</p>
<p>Cela peut conduire les gens à se poser des questions : vont-ils à certains endroits uniquement pour prendre l’égoportrait parfait ? Une réflexion qui pourrait conduire à un changement sociétal plus large, qui s’éloignerait du tourisme induit par les médias sociaux.</p>
<p>Si vous avez envie de publier un post, essayez de promouvoir les petites entreprises et assurez-vous de respecter l’étiquette (et la loi) pendant vos vacances.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210439/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lauren A. Siegel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Certains touristes s’imaginent qu’ils peuvent faire n’importe quoi en vacances, surtout si cela conduit à une photo ‘instagrammable’.Lauren A. Siegel, Lecturer, University of GreenwichLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2110042023-08-03T17:33:07Z2023-08-03T17:33:07ZLes adversaires politiques de Justin Trudeau devraient éviter de tirer profit de sa séparation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541062/original/file-20230803-29-zhogb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C5%2C1905%2C1302&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le premier ministre Justin Trudeau et Sophie Grégoire Trudeau arrivent à l'abbaye de Westminster avant la cérémonie de couronnement du roi Charles à Londres en mai 2023. </span> <span class="attribution"><span class="source"> (AP Photo/Kin Cheung)</span></span></figcaption></figure><p>Le premier ministre Justin Trudeau et son épouse, Sophie Grégoire Trudeau, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2000884/justin-trudeau-sophie-gregoire-separation">ont annoncé leur séparation</a> après 18 ans de mariage. Cette annonce surprise a étonné les Canadiens et les Canadiennes qui avaient vu les trois enfants du couple grandir dans un environnement familial en apparence harmonieux.</p>
<p>« Sophie et moi aimerions partager le fait qu’après de nombreuses conversations réfléchies et difficiles, nous avons pris la décision de nous séparer », a écrit M. Trudeau dans un message publié sur son compte Instagram.</p>
<p>Lors d’un événement comme celui-ci, les pensées suivent inévitablement deux voies : la voie personnelle et la voie politique. Une séparation est un processus difficile pour toute famille, et les plus humains d’entre nous souhaitent le meilleur pour toutes les personnes concernées.</p>
<p>Toutefois, les ruptures sont particulièrement difficiles à vivre pour les personnalités politiques connues. La tentation d’utiliser cette rupture à des fins politiques pourrait être tentante pour les adversaires politiques de Justin Trudeau, mais toute attaque risque de paraître, au mieux, insensible et, au pire, cruelle.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une photo en noir et blanc montre un homme âgé et une jeune femme balançant un garçon souriant entre eux" src="https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=945&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=945&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=945&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1187&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1187&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540909/original/file-20230802-27-d7rxo9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1187&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le premier ministre Pierre Trudeau quitte la Chambre des communes avec sa femme Margaret et son fils Justin, âgé de deux ans et demi, en mai 1974.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Fred Chartrand</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’adage de Pierre Trudeau selon lequel <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/medium-large/segments/entrevue/52293/pierre-eliott-trudeau-etat-rien-a-voir-dans-chambres-coucher-etat">l’État n’a pas sa place dans les chambres à coucher de la nation</a> reste aussi vrai aujourd’hui pour les personnalités politiques que pour tout autre citoyen et citoyenne, y compris pour son fils aîné et actuel premier ministre du pays. </p>
<p>En effet, le mariage de Pierre Trudeau avec la mère de Justin Trudeau, Margaret Trudeau, s’est effondré alors qu’il était premier ministre, <a href="https://www.washingtonpost.com/archive/politics/1977/05/28/trudeau-wife-separate/593a216c-8aad-4d86-80a2-ec8aeee6f432/">ce qui a donné lieu à une rupture très médiatisée</a>.</p>
<h2>Des limites qui s’estompent</h2>
<p>Il existe au Canada une tradition de longue date, plus souvent observée que le contraire, selon laquelle la vie familiale privée des personnalités politiques ne donne pas lieu à de scrupuleux examens et critiques comme cela se voit aux États-Unis — à moins que leur vie privée ne devienne publiquement scandaleuse.</p>
<p>Certes, le mur délimitant la vie publique et la vie privée s’est quelque peu érodé sous l’ère Justin Trudeau. </p>
<p>Il existe plusieurs raisons qui expliquent cette érosion. Tout d’abord, la famille Trudeau a elle-même choisi d’être à l’avant-scène à de nombreuses reprises. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un couple et leurs trois enfants marchent en ligne. Tous sont vêtus de rouge ou de blanc" src="https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540904/original/file-20230802-15-8djwnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le premier ministre Justin Trudeau et son épouse Sophie Grégoire Trudeau sont rejoints par leurs enfants Ella-Grace, Xavier et Hadrien, alors qu’ils arrivent aux célébrations de la fête du Canada 2022 à Ottawa.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Sean Kilpatrick</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parallèlement, la polarisation croissante de la culture politique au Canada a réduit le nombre de sujets interdits à la critique, en particulier sur Internet et en marge de la vie politique. </p>
<p>Il est tout à fait probable, et regrettable que des internautes se livrent à des attaques peu ragoûtantes, incluant certaines dénuées de faits. C’est ce que l’on constate déjà en lisant les commentaires sur les publications Instagram de Trudeau et de Grégoire Trudeau concernant leur rupture, ainsi que les remarques acerbes qui circulent sur d’autres plates-formes de réseaux sociaux.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CvctRb3uszw/ ?utm_source=ig_web_copy_link\u0026igshid=MzRlODBiNWFlZA==","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>L’impact que cette séparation aura sur la carrière politique de Justin Trudeau reste à déterminer. Elle constitue bien évidemment un défi, mais aussi une opportunité pour le premier ministre et pour son épouse. </p>
<p>Si des failles apparaissent dans l’image publique de leur séparation consensuelle, cela affectera inévitablement la perception de Justin Trudeau, compte tenu des efforts qu’il a déployés pour afficher l’image d’un mari et d’un père dévoué.</p>
<h2>Une empathie partagée par la plupart des Canadiens</h2>
<p>En même temps, il y a une opportunité à saisir. </p>
<p>Nombre d’entre nous, y compris moi-même, ont vu leur mariage se terminer par une séparation ou un divorce et élèvent leurs enfants avec leur ex-conjoint ou ex-conjointe.</p>
<p>C’est pourquoi nous sommes sans doute nombreux à éprouver de l’empathie pour ce que vivent présentement les Trudeau — et c’est pourquoi les adversaires politiques seraient mal avisés d’en tirer un quelconque profit. Bien que les ruptures conjugales soient douloureuses et difficiles, elles peuvent mener à des situations bénéfiques pour toutes les personnes impliquées. </p>
<p>Après près de 10 ans au pouvoir, certains Canadiens se sont lassés du portrait très <a href="https://www.ctvnews.ca/politics/trudeau-says-image-making-is-part-of-governing-1.2705646">soigneusement construit par Justin Trudeau</a>. Il est possible que les Trudeau en soient tout aussi fatigués. </p>
<p>S’ils émergent de cette rupture en étant à même de vivre une vie authentique, cela pourrait marquer le début d’un nouveau chapitre, plutôt que la fin d’une histoire, tant sur le plan public que personnel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211004/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stewart Prest ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De nombreuses personnes éprouvent de l’empathie pour ce que Justin Trudeau et Sophie Grégoire Trudeau traversent en ce moment ; les adversaires politiques devraient en faire autant.Stewart Prest, Lecturer, Political Science, Simon Fraser UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.