tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/covid-19/articlesCOVID-19 – La Conversation2024-01-10T14:40:22Ztag:theconversation.com,2011:article/2204522024-01-10T14:40:22Z2024-01-10T14:40:22ZVRS, influenza et SRAS-CoV-2 : pleins feux sur la triple épidémie de virus respiratoires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568660/original/file-20240110-27-k3w5hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C995%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le virus influenza, artisan de la grippe saisonnière, est de retour à son rythme habituel après une interruption due aux mesures sanitaires.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis 2022, une triple épidémie de virus respiratoires (VRS, influenza et SRAS-CoV-2) bouscule notre quotidien. Et les médias rappellent sans cesse qu’elle met à rude épreuve les urgences médicales.</p>
<p>Comment se distingue cette saison des virus respiratoires de l’ère pré-Covid ?</p>
<p>En tant que spécialiste des interactions entre les hôtes et les virus, je propose d’apporter un éclairage sur la nouvelle dynamique de la saison des virus respiratoires.</p>
<h2>Le tristement célèbre SRAS-CoV-2</h2>
<p>Le SRAS-CoV-2, instigateur de la pandémie de Covid-19, persiste. Malgré un accès aux tests de dépistage limité, l’influence considérable du virus se manifeste à travers le nombre d’hospitalisations observées.</p>
<p>L’Institut National de Santé publique du Québec a dénombré plus de 33 000 hospitalisations au Québec en 2023, touchant toutes les catégories d’âge, <a href="https://www.inspq.qc.ca/Covid-19/donnees/age-sexe/evolution-hospitalisations">y compris 648 enfants de moins de 9 ans</a>.</p>
<p>Le virus ne montre pas de saisonnalité. Il se transmet avec une efficacité redoutable via les aérosols, surtout quand nous nous réfugions à l’intérieur pour échapper au froid. Le virus qui circule actuellement est en réalité un mélange de différents virus, appelés variants, dont chacun a le potentiel d’échapper partiellement à l’immunité acquise par une infection précédente ou la vaccination.</p>
<h2>Une vraie grosse grippe</h2>
<p>Le virus influenza, artisan de la grippe saisonnière, est de retour à son rythme habituel après une interruption due aux mesures sanitaires. Il circule à nouveau avec <a href="https://www.cdc.gov/flu/about/viruses/types.htm">ses différentes versions appartenant aux groupes (souches) A et B</a>, bien que les scientifiques pensent qu’un type de souche B, la <a href="http://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2022.27.39.2200753">souche Yamagata, ait disparu</a>.</p>
<p>Un variant du groupe A de type H1N1, différent des virus qui ont causé les pandémies de 1918 et 2009, domine actuellement en Amérique du Nord, fait augmenter les hospitalisations, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/fluwatch/2023-2024/week-49-december-3-december-9-2023.html">surtout chez les aînés et les jeunes enfants</a>.</p>
<p>Cependant, il faudra rester vigilant, car il peut y avoir un changement de souche au cours d’une même saison. Résultat ? La population cible pourrait changer, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/fluwatch/2018-2019/annual-report.html">comme dans la saison 2018-2019</a>.</p>
<h2>Et le VRS dans tout ça ?</h2>
<p>Enfin, le virus respiratoire syncytial (VRS) semble aussi <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/surveillance/respiratory-virus-detections-canada/2023-2024/week-50-ending-december-16-2023.html">reprendre une transmission prépandémique</a>.</p>
<p>Le VRS cause des bronchiolites et des pneumonies. <a href="https://cps.ca/fr/documents/position/bronchiolitis1">Les bronchiolites sont caractérisées par une obstruction des petites voies aériennes, qui peut évoluer vers une respiration sifflante ou une détresse respiratoire</a>.</p>
<p>Les enfants sont virtuellement tous infectés avant l’âge de 2 ans. Et l’infection par le VRS est l’une des principales causes d’hospitalisation chez les jeunes enfants.</p>
<p>Avant la pandémie de Covid-19, on dénombrait en moyenne 2 523 hospitalisations annuelles au Canada, <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2810133">dont la moitié chez les moins de 6 mois et plus d’un quart nécessitant une admission aux soins intensifs</a>.</p>
<p>Mais le VRS touche également sévèrement les aînés et les adultes immunodéprimés ou ayant des conditions chroniques existantes. Le VRS démontre des niveaux élevés d’atteintes sévères, hospitalisations et décès à l’hôpital chez les adultes, <a href="https://doi.org/10.1093/infdis/jiad559">chiffres qui se comparent à ceux de la grippe</a>.</p>
<p>Certes, ces trois virus captent l’attention, mais d’autres virus respiratoires moins médiatisés circulent également, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/surveillance/respiratory-virus-detections-canada/2023-2024/week-50-ending-december-16-2023.html">témoignant d’un environnement viral diversifié</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme hospitalisée" src="https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Avec la présence continuelle du SRAS-CoV-2, nos hôpitaux n’arrivent pas à reprendre leur souffle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le SRAS-CoV-2 a tout bousculé</h2>
<p>La présence du SRAS-CoV-2 marque la principale différence avec l’ère prépandémie, en alourdissant la charge sur un système de santé fragilisé. Le défi est amplifié par la capacité de transmission extrêmement élevée du SRAS-CoV-2, en comparaison à l’influenza et au VRS, ce qui rend la gestion saisonnière beaucoup plus complexe.</p>
<p>Auparavant, la saison des virus respiratoires avait un début et une fin assez prévisibles, déterminés par la surveillance des virus au cours des années. Nos systèmes étaient pourtant déjà difficilement capables d’absorber cette augmentation saisonnière de patients. Aujourd’hui, le tableau s’est encore complexifié par la présence continuelle du SRAS-CoV-2. Et nos hôpitaux, qui n’arrivent pas à « reprendre leur souffle », peinent à suivre.</p>
<h2>Au-delà de l’infection</h2>
<p>La seconde différence majeure qu’il ne faut pas négliger est la capacité du SRAS-CoV-2 à causer des problèmes de santé étendus bien au-delà du système respiratoire. De plus, il provoque des séquelles à long terme après l’infection, comme le syndrome post-Covid (aussi connu sous le nom de Covid longue), qui affecte des millions de personnes.</p>
<p>L’étendue des conséquences de l’infection et des réinfections sur la santé humaine reste incertaine, tout comme l’efficacité des vaccins à limiter ces effets. La pandémie de SRAS-CoV-2 – avec sa transmission exceptionnelle – a mis à la disposition de la recherche un grand nombre de patients. Couplé aux financements sans précédent, cela a permis de débuter des recherches qui n’avaient jamais été possibles auparavant pour caractériser un syndrome post-viral.</p>
<p>Bien sûr, le nombre de personnes infectées par le VRS ou la grippe globalement chaque année n’arrive pas à la cheville du nombre de personnes infectées par le SRAS-CoV-2, même à ce stade de la pandémie. Cependant, il existe plusieurs preuves montrant qu’en plus des symptômes aigus et du taux de mortalité associé à la grippe et au VRS, des <a href="https://doi.org/10.1038/s41591-022-01810-6">conditions post-virales existent également</a>, comme pour le SRAS-CoV-2.</p>
<h2>L’importance des vaccins</h2>
<p>La dernière distinction par rapport à la période prépandémie est l’arrivée de vaccins contre le VRS. Au Canada, le vaccin Arexvy est approuvé pour les plus de 60 ans et le vaccin Abrysvo est également approuvé pour les femmes enceintes, offrant ainsi une immunité transmise aux enfants dès la naissance. Toutefois, ces deux vaccins n’ont pas encore fait l’objet de recommandation officielle. On attend encore un vaccin qui serait disponible pour les enfants. Le trio de vaccins contre la Covid-19, la grippe et le VRS aidera certainement lors des prochaines saisons à atténuer les symptômes sévères associés aux infections liées aux virus respiratoires.</p>
<p>Notre objectif premier doit cependant viser à réduire l’incidence des infections par les virus respiratoires. Malgré la vaccination, en raison du vieillissement de la population, on peut s’attendre à ce que la mortalité et la morbidité associées à ces infections augmentent.</p>
<p>Les trois virus ont en commun leur transmission par voie aérienne. Et cette dernière pourrait être diminuée par la mise en place de stratégies passives visant à réduire la concentration d’aérosols dans l’air intérieur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220452/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Grandvaux a reçu des financements de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI), la fondation du centre hospitalier de l'université de Montréal, et du ministère de l'économie te de l"innovation du Québec.</span></em></p>La triple épidémie de virus respiratoire qui sévit à l’heure actuelle touche toutes les catégories d’âge, incitant à la comparaison avec l’ère pré-Covid-19.Nathalie Grandvaux, Professeure en biochimie des interactions hôte-virus, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2138172023-10-19T13:21:38Z2023-10-19T13:21:38ZChangements climatiques, pandémie : les scientifiques devraient pouvoir informer le public librement<p><a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/06/l-ete-2023-le-plus-chaud-jamais-mesure-marque-par-une-litanie-impressionnante-d-evenements-climatiques-extremes_6188157_3244.html">Les évènements climatiques récents</a> et la pandémie ont mis en lumière le besoin de mettre en œuvre des politiques préventives et d’adaptation. Comment s’y prendre ? Notamment, en s’appuyant sur les preuves scientifiques disponibles. L’annonce par Québec le 11 septembre dernier de la création d’un comité d’experts sur l’adaptation aux changements climatiques <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009380/adaptation-changements-climatiques-comite-experts?depuisRecherche=true">s’inscrit dans un tel objectif</a>.</p>
<p>Toutefois, plusieurs obstacles empêchent une meilleure contribution des scientifiques à la formulation de ces politiques. S’il va de soi que la science se doit d’informer l’assentiment populaire sans toutefois le remplacer, celle-ci devrait toutefois disposer d’une place de choix dans le débat politique. Pourtant, la science est souvent subordonnée à la parole politique, voire instrumentalisée. <a href="https://theconversation.com/decrochage-de-la-population-aux-mesures-sanitaires-une-sante-publique-plus-autonome-est-necessaire-176629">La pandémie</a>, les <a href="https://theconversation.com/climat-comment-lindustrie-petroliere-veut-nous-faire-porter-le-chapeau-213142">changements climatiques</a>, ou les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009928/environnement-doug-ford-rapport-chaleur-feux?depuisRecherche=true">récents déboires du gouvernement Ford en Ontario le démontrent</a>.</p>
<p>L’absence d’institutions scientifiques publiques autonomes en est l’une des raisons principales. En effet, le modèle démocratique de contrôle de l’administration implique dans la pratique que les organisations scientifiques publiques agissent sous le contrôle des représentants élus. Concrètement, cela signifie que des institutions comme l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ne peuvent pas librement communiquer leurs recommandations au public, et donc participer pleinement au débat politique.</p>
<p>Doctorants en science politique, nos recherches portent sur l’utilisation de la science dans les politiques publiques. Dans cet article, nous apportons un éclairage sur les conséquences découlant de l’absence d’autonomie de la part des institutions scientifiques publiques, tant au Québec qu’aux États-Unis. Nous argumentons en conséquence pour la mise en place de procédures simples qui pourraient y remédier.</p>
<h2>L’influence de l’organisation du conseil scientifique sur les choix politiques</h2>
<p>Dans un premier temps, nos recherches sur la pandémie démontrent que l’organisation du conseil scientifique – c’est-à-dire la sélection des experts, leurs disciplines, et leur niveau de transparence et d’autonomie – a des implications concrètes sur la formulation des politiques publiques. En effet, une discipline scientifique dispose d’une vision encadrée par les méthodes, et les valeurs, de cette discipline. Et il en va de même pour les scientifiques. </p>
<p>Par exemple, durant la pandémie, le conseil scientifique suédois a été organisé autour de l’agence de santé publique, laquelle disposait d’une forte autonomie dans la formulation des politiques sanitaires. Or, le chef épidémiologiste de l’agence, A. Tegnell, avait lui-même participé à des publications, plusieurs années auparavant, dans lesquelles il <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19628172/">reconnaissait les incertitudes entourant des mesures sévères comme la fermeture des écoles dans un contexte de pandémie</a>.</p>
<p>L’approche d’A. Tegnell consistait à trouver un équilibre, en termes de santé publique, entre les effets délétères de politiques extrêmes, et ceux du virus sur la population ; ce qui a impliqué des mesures moins sévères qu’ailleurs dans le monde. <a href="https://www.cirst.uqam.ca/nouvelles/2021/ecouter-la-science-dans-la-conception-des-politiques-publiques-de-lutte-contre-la-Covid-19-le-cas-de-la-fermeture-des-ecoles-au-quebec-et-en-suede/">Pour Tegnell, davantage de preuves scientifiques étaient nécessaires pour justifier une telle sévérité</a>. On voit ici que l’organisation du conseil scientifique autour de Tegnell, et l’autonomie dont jouissait son agence, n’a pas été sans conséquence sur le choix politique. </p>
<p>Or, la création d’un groupe d’experts au Québec sur les changements climatiques pourrait avoir des implications similaires. D’une part, qui seront ces scientifiques ? On parle des « meilleurs experts reconnus en la matière », alors que <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009380/adaptation-changements-climatiques-comite-experts?depuisRecherche=true">l’identité de ces derniers n’est pas encore connue</a>. Et d’autre part, quel niveau d’autonomie caractérisera ce groupe ? Pourra-t-il communiquer librement au grand public ? Ces points méritent d’être éclaircis.</p>
<p>Dans les faits, le secret politique pèse lourd. L’Ontario a par exemple été récemment accusé d’avoir passé sous silence un rapport scientifique sur les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009928/environnement-doug-ford-rapport-chaleur-feux?depuisRecherche=true">conséquences des changements climatiques</a>. Durant la pandémie, les recommandations de la Santé publique du Québec ont manqué de transparence, et ont <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1851196/msss-revue-editeur-predateur-publication-scientifique">parfois difficilement justifié certaines mesures comme le couvre-feu</a>. Ceci implique de repenser nos institutions. </p>
<h2>L’utilisation de la science au service des intérêts privés</h2>
<p>Du côté des États-Unis, nos recherches soulignent l’impact des intérêts économiques sur les politiques d’adaptation. En Louisiane, un état républicain et conservateur, les dirigeants politiques au Sénat et à la Chambre des représentants se gardent de reconnaître l’existence des changements climatiques et leur impact sur l’immense perte de territoire et l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, incendies de forêt). </p>
<p>Les politiques actuelles visent plutôt à rétablir les processus naturels de sédimentation pour ralentir l’érosion des côtes de <a href="https://climatoscope.ca/article/reconstruire-ou-partir-les-defis-de-ladaptation-en-louisiane/">manière à préserver leur capacité à soutenir la production de pétrole et de gaz</a>. La légitimation de cette stratégie d’adaptation – la <a href="https://revuelespritlibre.org/le-controle-de-leau-en-louisiane-entre-repere-identitaire-et-menace-existentielle">restauration</a> – se fait par l’utilisation d’un discours scientifique et technique axé exclusivement sur les processus naturels du delta. Par ce biais, on ignore la science climatique et ses causes, en particulier le rôle des énergies fossiles dans l’accélération des dérèglements environnementaux et climatiques. </p>
<p>Cette sélectivité scientifique empêche l’évocation <a href="https://www.wwno.org/coastal-desk/2022-03-03/climate-change-could-prove-more-deadly-in-louisiana-without-immediate-action-report-says">d’autres options</a> d’adaptation, comme la relocalisation des populations côtières ou l’atténuation des changements climatiques. La compréhension du public quant aux effets à long terme des changements climatiques se voit ainsi brimée. </p>
<h2>Un déni partisan</h2>
<p>En argumentant que « la science » est de leur côté, même si elle ignore celle des changements climatiques, les décideurs empêchent le questionnement de leurs politiques. « La science montre que c’est la seule manière de nous sauver », proclame régulièrement le président de l’agence environnementale louisianaise. </p>
<p>Cette agence utilise un discours scientifique biaisé de manière à obtenir le soutien des républicains climatosceptiques au Sénat et à la Chambre des représentants. En évitant de contester l’influence des énergies fossiles dans le problème climatique, l’objectif est de dépolitiser l’adaptation et de la soustraire du débat public en brandissant le caractère rationnel de leurs politiques. </p>
<p>La recherche montre que le déni du changement climatique aux États-Unis <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1111/j.1533-8525.2011.01198.x">est fortement partisan</a> et qu’il s’appuie sur une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09644016.2016.1189233">« chambre d’écho » antiréflexive</a> d’outils politico-culturels conservateurs et néolibéraux. L’anti-réflexivité est <a href="https://doi.org/10.1177/0263276409356001">définie par les chercheurs Aaron McCright et Riley Dunlap</a> comme un contre-mouvement des républicains et conservateurs américains visant à préserver le système capitaliste productiviste de sa remise en question par la science climatique et les mouvements environnementaux.</p>
<p>Ces discours scientifiques antiréflexifs entretiennent l’ambiguïté sur la science climatique et sur l’impact de la production des énergies fossiles. Pire encore, ils encouragent l’ignorance et l’inaction et provoquent une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/03623319.2020.1848294">« adaptation agnostique »</a>, à savoir une adaptation dénuée de toute croyance dans les changements climatiques. </p>
<h2>Pour la création d’institutions scientifiques publiques autonomes</h2>
<p>Le public devrait pouvoir être librement informé par les scientifiques.</p>
<p>Or, l’inexistence dans le paysage politique d’institutions scientifiques publiques autonomes l’en empêche, et non sans conséquences. Durant la pandémie, elle a eu un <a href="https://theconversation.com/decrochage-de-la-population-aux-mesures-sanitaires-une-sante-publique-plus-autonome-est-necessaire-176629">effet négatif sur l’adhésion de la population, qui a commencé à questionner la légitimité des experts</a>. Dans le cas des changements climatiques, l’instrumentalisation du discours scientifique restreint le débat public, et dépolitise les enjeux climatiques au profit de la satisfaction d’intérêts privés. </p>
<p>Nous proposons donc d’étendre l’autonomie d’institutions scientifiques publiques comme l’INSPQ. D’une part, en instaurant la possibilité de communiquer librement leurs recommandations au public, en dehors de toute tutelle. Et d’autre part, en permettant la formulation de demandes citoyennes de rapports ou de recommandations scientifiques de la part du public sous la forme de pétitions. </p>
<p>Ceci permettrait d’ajouter une « troisième voix » au débat politique, qui informerait le débat en permettant au public de faire un choix libre et éclairé. Mais cela permettrait également d’apporter un discours alternatif au discours partisan et à la polarisation, sans pour autant le remplacer. </p>
<p>Des auteurs comme Zynep Pamuk proposent également la création de <a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691218939/politics-and-expertise">« tribunaux scientifiques » composés d’experts et de citoyens</a>. Ces tribunaux saisis par initiative citoyenne statueraient sur des problèmes publics mobilisant des connaissances scientifiques, comme la pandémie ou les changements climatiques. Suivant le modèle judiciaire, un jury composé de citoyens voterait sur une proposition de politiques publiques – par exemple, devrions-nous interdire la voiture à essence en ville ? – au terme d’une procédure contradictoire impliquant des vues opposées d’experts dans le domaine. </p>
<p>Si ces solutions ne sont pas à écarter, bâtir sur des institutions préexistantes et leurs solides expertises en leur offrant une place plus importante dans le débat apparaît une solution réalisable à court terme, et qui étendrait à la science le principe démocratique. </p>
<p>Une solution qui tirerait les leçons des crises récentes, dont la pandémie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213817/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Lemor a reçu un financement du Fond de recherche du Québec société et culture (FRQSC) dans le cadre de sa thèse de doctorat.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sarah Munoz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il n’existe pas d’institution scientifique publique autonome dans le débat politique. Quelles en sont les conséquences, en contexte de pandémie et de changements climatiques ?Antoine Lemor, Candidat au doctorat en science politique et chargé de cours / Political science PhD candidate and lecturer, Université de MontréalSarah M. Munoz, Doctoral researcher in political science / Doctorante en science politique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2022182023-05-11T12:24:30Z2023-05-11T12:24:30ZLes limites de l’expertise en sciences sociales : les nombreuses prévisions ratées durant la pandémie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517448/original/file-20230324-26-lg0my7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1279&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les experts et chercheurs des sciences sociales peuvent-il vraiment prédire des changements sociaux? Leurs avis durant la pandémie de Covid-19 indique que non.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Afin d’évaluer dans quelle mesure les spécialistes des sciences sociales savent prévoir les changements sociétaux, des scientifiques ont mené le plus vaste projet de prédiction de l’histoire de ce domaine. </p>
<p>Voici ce qu’ils ont découvert.</p>
<p>Imaginez que vous soyez un dirigeant politique au début de la pandémie de Covid-19. Vous devez déterminer les actions à recommander, le niveau de risque à tolérer et les sacrifices que vous pouvez demander à la population.</p>
<p>À qui vous adresseriez-vous pour prédire la réaction du public ? De nombreuses personnes vous conseilleront de solliciter des experts, soit les spécialistes des sciences sociales. Mais ce n’est peut-être pas une si bonne idée.</p>
<p>En tant que chercheurs en psychologie avec une expérience combinée de plusieurs décennies dans l’étude de la <a href="https://www.cell.com/trends/cognitive-sciences/fulltext/S1364-6613(19)30097-X?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS136466131930097X%3Fshowall%3Dtrue">prise de décision</a>, de la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1745691616672066">sagesse</a>, des <a href="https://doi.org/10.1037/amp0000903">prédictions des experts</a> et des <a href="https://doi.org/10.1037/amp0000898">changements sociétaux</a>, nous espérions que les prédictions des spécialistes des sciences sociales seraient exactes et utiles. Nous avions néanmoins des doutes.</p>
<p>Notre discipline traverse une crise en raison de l’<a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aac4716">échec de certaines études de réplication</a> et de <a href="https://doi.org/10.1177/0956797611417632">pratiques de recherche douteuses</a>. Si les conclusions de base ne peuvent être reproduites dans des expériences contrôlées, comment garantir que nos théories peuvent expliquer les phénomènes complexes du monde réel ?</p>
<h2>Prédire les changements sociaux</h2>
<p>Pour savoir dans quelle mesure les spécialistes des sciences sociales sont capables de prédire les changements sociétaux, nous avons lancé le plus grand projet prospectif de l’histoire de notre domaine en nous basant sur les prédictions d’évolution pour la première année de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons utilisé deux moyens d’évaluer les prédictions des spécialistes des sciences sociales. Tout d’abord, nous leur avons demandé de faire des estimations rapides sur la façon dont les choses allaient se transformer au cours des deux prochaines années de la pandémie.</p>
<p>Ensuite, nous avons organisé un concours où plus de 100 équipes de chercheurs en sciences sociales ayant accès à des données historiques devaient formuler des prédictions mois par mois. Nous avons procédé à une évaluation formelle de leurs hypothèses pour une série de phénomènes sociaux, notamment l’évolution des préjugés, du bien-être subjectif, de la violence, de l’individualisme et de la polarisation politique de mai 2020 à mai 2021.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Erreurs de prévision lorsque les chercheurs en sciences sociales prévoyaient les conséquences sociales et psychologiques de la Covid-19" src="https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/515307/original/file-20230314-2482-pwibpx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Résultats du concours de prévisions organisé par Forecasting Collaborative pour les années 2020-2021 de la pandémie de Covid-19.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Igor Grossmann)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nos conclusions, détaillées dans des articles évalués par des pairs et publiés dans <a href="https://doi.org/10.1038/s41562-022-01517-1"><em>Nature Human Behaviour</em></a> et <a href="https://doi.org/10.31234/osf.io/g8f9s"><em>American Psychologist</em></a>, brossent un tableau qui donne à réfléchir. Malgré la nature causale de la plupart des théories en sciences sociales et l’importance accordée à la prédiction dans des environnements contrôlés, les pronostics des spécialistes n’étaient généralement pas très bons.</p>
<p>Dans les deux études, nous avons constaté que les prédictions des spécialistes n’étaient globalement pas plus exactes que celles formulées par des représentants du grand public. En outre, elles étaient souvent moins bonnes que celles générées par des modèles statistiques simples.</p>
<h2>Comment améliorer les prédictions</h2>
<p>Nos études nous ont tout de même donné des raisons d’être optimistes. Tout d’abord, les prédictions étaient plus précises lorsque les équipes possédaient une expertise dans le domaine sur lequel elles travaillaient. Par exemple, si une personne était experte en dépression, elle était plus à même de prédire les tendances en matière de dépression.</p>
<p>Ensuite, lorsque les équipes étaient composées de scientifiques de différents domaines, elles obtenaient en général de meilleures prévisions. Enfin, les équipes qui ont utilisé des modèles simples pour générer leurs prévisions et qui se sont appuyées sur des données antérieures ont généralement obtenu des résultats plus fiables.</p>
<p>Ces conclusions indiquent que, malgré les faibles performances des spécialistes dans nos études, ceux-ci peuvent adopter des mesures afin d’améliorer la précision de leurs prédictions.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une infographie de la carte du monde avec des points bleus indiquant la provenance des participants au World after Covid" src="https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/515306/original/file-20230314-24-v7vilk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Résultats du projet World after Covid qui met en évidence la diversité et le caractère incertain des prédictions des membres de la communauté scientifique mondiale en ce qui a trait aux conséquences sociales et psychologiques de la pandémie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Igor Grossmann)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nos recherches ont également montré que, en comparaison avec les profanes, les spécialistes des sciences sociales avaient davantage conscience de la nature herculéenne de la tâche à accomplir. Ils ont exprimé moins de confiance que les personnes non expertes dans leurs prédictions.</p>
<p>De même, les spécialistes <a href="https://doi.org/10.1037/amp0000903">ont énoncé des doutes</a> en émettant des prédictions ouvertes pour le projet <a href="https://worldaftercovid.info/">World after Covid</a>, une série de vidéos que nous avons réalisée avec d’éminents scientifiques pendant la première année de la pandémie.</p>
<p>Ainsi, les spécialistes des sciences sociales peuvent encore transmettre de la sagesse, en nous rappelant l’importance de douter et de <a href="https://www.nature.com/articles/s44159-022-00081-9">faire preuve d’humilité</a> lorsque l’on tente de prévoir l’avenir.</p>
<h2>Appel à l’action</h2>
<p>Nos travaux mettent en évidence l’importance de développer des sources de données fiables et proposent des stratégies susceptibles d’améliorer l’exactitude des prévisions.</p>
<p>Nos conclusions constituent un appel à l’action pour la communauté scientifique, qui doit développer de meilleures méthodes de prédiction des changements sociétaux afin que la population puisse se fier aux scientifiques en temps de crise.</p>
<p>Nos recherches montrent que les prédictions effectuées par des experts pendant la pandémie concernant les changements sociétaux étaient loin d’être parfaites, mais ils proposent également des façons de les améliorer. Les spécialistes des sciences sociales peuvent produire des prévisions plus précises et utiles pour les décideurs et le public en s’appuyant sur une expertise particulière, en ayant des équipes multidisciplinaires et en élaborant des modèles fondés sur des données.</p>
<p>La communauté scientifique devrait s’efforcer d’améliorer ses méthodes pour prédire les changements sociétaux, tout en reconnaissant l’incertitude et la complexité que cela suppose. Les décideurs devraient comprendre la valeur des avis des experts, tout en étant conscients de leurs limites et de leurs biais éventuels. Si nous voulons prédire l’avenir, ou même l’influencer, un peu d’humilité ne peut pas faire de tort.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202218/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Igor Grossmann a reçu des financements de le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le ministère de la Recherche, de l’Innovation et des Sciences de l’Ontario, la Fondation John Templeton et la Fondation caritative mondiale Templeton. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cendri Hutcherson est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, la Fondation canadienne pour l'innovation, le ministère de la Recherche et de l'Innovation de l'Ontario et les National Institutes for Mental Health (États-Unis).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michael Varnum a reçu des fonds de la National Science Foundation (États-Unis), du programme Fulbright américain et de la China Postdoctoral Science Foundation.</span></em></p>Les chercheurs et experts en sciences sociales ont peiné à prédire l’évolution de la société pendant la pandémie de Covid-19, révèle une vaste étude.Igor Grossmann, Professor of Psychology, University of WaterlooCendri Hutcherson, Associate Professor of Psychology, University of TorontoMichael Varnum, Associate Professor of Psychology, Arizona State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1901072023-03-07T14:04:04Z2023-03-07T14:04:04ZLes milliards de masques utilisés depuis le début de la pandémie menacent la faune<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483347/original/file-20220907-26-juby92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C44%2C4910%2C3278&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un masque de protection, utilisé comme mesure préventive contre la Covid-19, gît sur le sol d'une plage près de Barbate, dans la province de Cadix, au sud de l'Espagne, en février 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Emilio Morenatti)</span></span></figcaption></figure><p>Tout au long de la pandémie de Covid-19, le port du masque a été l’une des principales mesures de santé publique mises en œuvre pour lutter contre la maladie. Depuis mars 2020, des milliards de masques chirurgicaux jetables ont été utilisés dans le monde, ce qui soulève la question suivante : que deviennent tous ces masques usagés ?</p>
<p>En tant que chercheurs dans le domaine de la pollution par les plastiques à usage unique et les microplastiques, nous avons compris qu’une vague mondiale de pollution par résidus de plastique se préparait dès les premiers jours de la pandémie, et ce, même pendant les périodes de confinement, quand l’exercice physique se limitait à de courtes promenades dans le quartier. Masques et gants jonchaient le sol, volaient au vent et s’accrochaient aux clôtures.</p>
<p>De plus, en tant qu’écologistes, nous avions une idée des endroits où on retrouverait ces déchets : dans les nids, l’estomac des animaux sauvages ou enroulés autour de leurs pattes.</p>
<p>Au Canada, une équipe de chercheurs dirigée par la biologiste de la conservation Jennifer Provencher a <a href="https://doi.org/10.1139/er-2018-0079">étudié l’impact des résidus de plastique sur la</a> faune. Dans une étude menée lors du nettoyage d’un canal aux Pays-Bas, des biologistes du centre de biodiversité Naturalis ont constaté <a href="https://doi.org/10.1163/15707563-bja10052">que les résidus d’équipements de protection individuelle (ÉPI) présentaient une interaction avec la faune similaire à celle des autres plastiques</a>.</p>
<h2>Des effets sur la faune</h2>
<p>Dans un dessin humoristique <a href="https://www.reddit.com/r/RATS/comments/i4nv66/face_masks_for_the_win/">qui circule sur Internet</a>, un rat rentre chez lui avec des sacs d’épicerie et trouve deux autres rats allongés dans des hamacs superposés faits de masques chirurgicaux. Le rat allongé en bas s’exclame : « On trouve des hamacs gratuits partout en ville. Un vrai miracle ! »</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1294320425099571202"}"></div></p>
<p>Nous avons partagé ce dessin avec nos collègues au début de la pandémie, alors que nous enquêtions sur les déchets d’ÉPI dans les rues et les stationnements de Toronto.</p>
<p>Nous avons constaté que dans la zone que nous avons étudiée (qui couvre une superficie de Toronto équivalente à environ 45 terrains de football), plus de 14 000 masques, gants ou lingettes désinfectantes jetables s’étaient accumulés à la fin de l’année. De quoi faire des dortoirs entiers de hamacs à rats.</p>
<p>Il nous fallait comprendre l’ampleur des dommages causés à la faune sauvage par les ÉPI. Nous avons constaté que beaucoup d’autres personnes étaient également préoccupées par la situation.</p>
<h2>Des images choquantes</h2>
<p>Après avoir mené une enquête mondiale en consultant les comptes des réseaux sociaux portant sur les interactions de la faune avec les résidus d’ÉPI, nous avons découvert des images choquantes : un hérisson pris dans un masque, les élastiques emmêlés dans ses piquants. Une minuscule chauve-souris, les élastiques de deux masques enroulés autour d’une de ses ailes. Un nid, rempli d’œufs blanc ivoire, isolé par des plumes duveteuses et un masque en tissu.</p>
<p>Beaucoup de ces animaux sont morts, mais la plupart étaient vivants au moment où ils ont été observés, et certains ont pu être libérés de leur piège de plastique par les personnes qui les avaient pris en photo.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CDAB4MQBCKO","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>En tout, nous avons trouvé 114 cas d’interactions entre la faune et des déchets d’ÉPI, signalés sur les réseaux sociaux par des personnes inquiètes, partout dans le monde. La plupart des animaux sauvages étaient des oiseaux (83 %), mais des mammifères (11 %), des poissons (2 %), des invertébrés tels qu’une pieuvre (4 %) et des tortues de mer (1 %) ont également été observés.</p>
<p>La majorité des observations provenaient des États-Unis (29), de l’Angleterre (16), du Canada (13) et de l’Australie (11), ce qui s’explique probablement à la fois par l’augmentation de l’accès aux appareils mobiles et le fait que les mots-clés de notre recherche étaient en anglais. Les observations provenaient également de 22 autres pays répartis sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.</p>
<h2>Peser le pour et le contre</h2>
<p>Alors que l’on <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.0c02178">estime à 129 milliards le nombre de masques utilisés chaque mois dans le monde</a>, comment pouvons-nous, en tant qu’écologistes et chercheurs en environnement, dire aux gens de partout sur la planète confrontés à une pandémie mondiale d’utiliser moins de masques ? C’est tout simplement impossible.</p>
<p>Les masques N95 ont joué un rôle essentiel dans la réduction de la transmission de la Covid-19 et, bien qu’ils soient plus néfastes pour l’environnement que les masques en tissu, <a href="https://doi.org/10.1021/acs.chas.1c00016">leur bénéfice pour la santé est incontestablement</a> supérieur.</p>
<p>Alors, qu’aurions-nous pu faire de mieux ? Lors de notre recherche sur les déchets provenant des ÉPI, nous avons constaté une profusion de masques et de gants jetés à proximité des poubelles publiques.</p>
<p>Nous avançons une hypothèse : l’absence de messages clairs, de la part des municipalités et des provinces, sur les bonnes façons de se débarrasser des ÉPI, ainsi que notre réticence à nous rassembler près des endroits où ils sont jetés, ont probablement contribué à ce phénomène de pollution mondiale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une poubelle publique remplie d’EPI et de masques chirurgicaux jusqu’au point de débordement" src="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Développer de meilleurs moyens pour que les gens se débarrassent de leurs déchets EPI pourrait aider à empêcher les masques chirurgicaux usagés de finir dans l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Améliorer les façons dont on peut se débarrasser des ÉPI usagés pourrait contribuer à éviter que des masques usagés ne se retrouvent dans la nature.</p>
<p>Les leçons tirées de cette expérience peuvent encore être mises en œuvre pendant que nous continuons à subir les vagues de cette pandémie ; l’utilisation des masques n’est pas encore révolue. Notre recherche se poursuit et nous surveillons l’accumulation de déchets d’ÉPI qui se retrouveront probablement dans d’autres nids et autour des corps d’autres animaux.</p>
<p>Si une augmentation de l’utilisation de plastique à usage unique causée par la Covid-19 était probablement inévitable, la hausse de la pollution plastique aurait quant à elle pu être atténuée grâce à des investissements dans la sensibilisation du public et à des modifications des infrastructures de gestion des déchets. Masques et autres ÉPI auraient ainsi pu être éliminés et traités correctement, avec un minimum de rejets dans l’environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190107/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des milliards de masques et autres équipements de protection individuelle ont été utilisés tout au long de la pandémie. Contenant du plastique, ces articles nuisent à la faune et à son environnement.Shoshanah Jacobs, Associate Professor, Integrative Biology, University of GuelphJackie Saturno, Research Associate, Dalhousie UniversityJustine Ammendolia, PhD Student, Resource and Environmental Studies, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1966122023-01-30T14:59:42Z2023-01-30T14:59:42ZIsolés pendant la pandémie : quel usage des TIC ont fait les étudiants internationaux ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/503465/original/file-20230106-20-qbxmb8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C657&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans un contexte où plusieurs étudiants internationaux arrivent au Canada sans avoir un réseau d’entraide (amis ou famille), la pandémie a amplifié le sentiment de solitude et l’anxiété.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Dans le contexte de la pandémie liée à la Covid-19, plusieurs recherches se sont penchées sur l’état de la population. Mais elles ont eu tendance à laisser de côté les étudiants internationaux (ÉI). Pourtant, ils constituent une population vulnérable en raison de leur statut migratoire précaire et des <a href="https://www.journal.psy.ulaval.ca/ojs/index.php/ARIRI/article/view/FrozziniTremblay_Alterstice9%282%29">divers défis liés à leur adaptation aux nouveaux environnements</a>.</p>
<p>De plus, dans les <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-626-x/11-626-x2020003-fra.htm#n2-refa">universités canadiennes</a> et <a href="http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/administration/librairies/documents/Ministere/acces_info/Statistiques/Statistiques_ES/Portrait-stat-etudiants-internationaux.pdf">québécoises</a>, ils constituent une bonne proportion des effectifs étudiants, qui a tendance à augmenter à travers le temps.</p>
<p>Dans le cadre d’un projet de recherche en partenariat avec le Carrefour jeunesse-emploi-Saguenay, mes collègues et moi avons documenté l’expérience du confinement chez les ÉI inscrits dans des universités québécoises. Nous avons analysé les usages des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans ce contexte ainsi que les répercussions sur la qualité de vie des ÉI.</p>
<p>Des entrevues menées en ligne auprès de quarante ÉI ont permis d’explorer diverses thématiques. Ici, nous présentons quelques éléments relatifs aux TIC et une partie de l’expérience des ÉI.</p>
<h2>La pandémie a eu des impacts réels</h2>
<p>Dans un contexte où plusieurs ÉI arrivent au Canada sans avoir un réseau d’entraide (amis ou famille), la pandémie a amplifié le sentiment de solitude et l’anxiété. Les participants à l’étude ont rapporté une perte de motivation, une baisse de la qualité du sommeil et de l’anhédonie (l’incapacité à éprouver du plaisir particulièrement lors de situations antérieurement considérées plaisantes). Ces données permettent d’avancer que leur santé mentale a été affectée pendant cette période, mais aussi leur <a href="https://doi.org/10.1016/0277-9536(95)00112-K">qualité de vie</a>. Ce dernier paramètre a été impacté par un niveau de sédentarité élevé (diminution de la diversité des loisirs) et une diminution des occasions pour socialiser (occasions de rencontre, diversité des relations, etc.).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503467/original/file-20230106-9864-utpr0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’usage intensif des TIC contribue à une fatigue physique et à une saturation psychologique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’apparition de symptômes physiques est mentionnée (maux de tête, douleurs musculaires) à la suite de l’exposition prolongée à l’écran de l’ordinateur. Une <a href="https://hbr.org/2020/04/how-to-combat-zoom-fatigue">« fatigue numérique »</a>, qui n’est pas rapportée comme tel dans les études internationales sur les étudiants, mais qui commence à faire l’objet d’études dans le champ de la <a href="https://doi.org/10.1037/tmb0000030">cyberpsychologie</a>, est également rapportée.</p>
<p>Les ajustements en contexte de pandémie touchent plusieurs aspects de la vie, en particulier les relations avec les colocataires, avec qui les enjeux semblent augmenter. Parmi les effets directs de la pandémie, il y a eu aussi des répercussions significatives sur les finances des ÉI avec des dépenses imprévues (mise à niveau de l’accès Internet ; achats d’appareils informatiques ; parfois l’achat de mobilier comme des chaises ou bureaux ; et une augmentation de la consommation d’électricité). Ces dépenses ont grevé leur budget, déjà réduit par les coupures de salaire ou d’aide financière, ce qui a augmenté leur précarité et constitué une source de stress supplémentaire. Plusieurs d’entre eux ont dû réorganiser leur budget et faire des sacrifices dans leur style de vie.</p>
<h2>Le caractère pratique des TIC</h2>
<p>Les conditions d’enseignement et d’apprentissage ont été affectées et une détérioration des résultats scolaires est rapportée. Pour la très grande majorité des ÉI, le suivi des cours s’est effectué à l’aide de l’ordinateur portable, mais quelques-uns d’entre eux ont utilisé leur tablette ou leur téléphone à cet effet.</p>
<p>Les accommodements aux nouvelles contraintes pédagogiques sont passés essentiellement par l’appropriation des fonctionnalités des plates-formes de visioconférences imposées par les universités, en particulier Zoom et Teams, et dans certains cas Moodle. Ce passage à de nouvelles plates-formes ne semble pas avoir constitué un stresseur important, contrairement aux résultats <a href="https://doi.org/10.1002/hpm.3145">d’autres études</a>. Leur facilité d’usage et l’aide en ligne fournie par les universités ou les ressources disponibles sur Internet ont en effet permis l’apprentissage de nouvelles compétences informatiques.</p>
<p>Les TIC ont servi à plusieurs fonctions (communication avec l’entourage familial et amical, quête d’informations en particulier sur la Covid-19, participation à des activités en visioconférence, divertissement, achats en ligne), et ce, sur des supports logiciels variés. Il est intéressant de remarquer que WhatsApp et Messenger étaient les deux applications les plus utilisées afin de communiquer avec leurs famille et amis.</p>
<h2>Des conditions d’apprentissage difficile</h2>
<p>Comme dans d’autres études, l’un des avantages essentiels du recours aux TIC renvoie à la possibilité de continuer la formation universitaire dans un environnement relativement favorable. Les gains de temps, la flexibilité et l’accès au contenu des cours enregistrés ou des capsules constituent des atouts relevés par plusieurs ÉI. Ces derniers soulignent aussi l’adaptation d’une grande proportion des professeurs à ces nouvelles conditions pour permettre la mise en place d’un environnement académique adéquat (approches, ressources pédagogiques et évaluations).</p>
<p>À l’inverse, les divers désavantages de l’enseignement en ligne recoupent les conclusions d’autres travaux menés parmi les étudiants : le maintien de la communication (connexion, coupures, qualité du son) et le transfert des travaux de fin de session. À ces difficultés s’ajoutent les contraintes pédagogiques liées aux incompétences technologiques de plusieurs professeurs et à l’arbitraire dans les stratégies de cours.</p>
<p>Les ÉI relèvent aussi l’absence d’interactions soutenues avec les professeurs et leurs collègues de cours. Ces conditions affectent la transmission des savoirs, les échanges et les communications asynchrones entre professeurs et ÉI et elles contribuent à une atmosphère globale menant à l’apathie. À ces limites s’ajoutent l’absence d’accès aux ressources bibliographiques, la disparition des cours en laboratoire dans plusieurs programmes, ce qui affecte l’acquisition de compétences jugées essentielles et produit le sentiment d’une formation incomplète.</p>
<p>Si l’ensemble de ces caractéristiques peuvent être appliquées aux étudiants québécois, leurs effets semblent plus grands chez les ÉI en situation d’absence de réseau d’entraide ou d’un réseau réduit.</p>
<h2>Une question de résilience</h2>
<p>Les résultats de notre recherche illustrent l’importance de l’environnement technologique dans une situation de confinement. Un double effet sur la qualité de vie a été observé : d’une part, ces pratiques ont contribué à améliorer la qualité de vie en période de confinement, en atténuant les effets de la distanciation et d’isolement par l’accès à un support social et à des ressources diverses. D’autre part, les TIC concourent, avec l’augmentation du temps passé en ligne, à une dépendance rapportée par près de la moitié des ÉI, et à des niveaux de stress et d’anxiété relevés par plusieurs.</p>
<p>L’usage intensif des TIC contribue aussi à une fatigue physique et à une saturation psychologique. Ces répercussions peuvent entraîner un abandon des TIC pour certains d’entre eux, un effet rapporté dans d’autres études en <a href="https://doi.org/10.1016/j.techfore.2021.120600">cyberpsychologie</a> en période de confinement.</p>
<p>À ces quelques éléments s’ajoute le statut migratoire des ÉI, résultant en un portrait plus complexe de la situation. Mais il va sans dire que la résilience des ÉI illustre clairement leur agentivité (la capacité d’action et d’influence sur le monde – évènements et êtres).</p>
<hr>
<p><em>Je tiens à souligner la contribution de M. Serge Tremblay (intervenant en intégration pour les immigrants au Carrefour jeunesse-emploi-Saguenay) pour la relecture de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196612/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jorge Frozzini a reçu des financements du CRSH engagement partenartial et du Réseau de recherche en santé des populations du Québec (RRSPQ). </span></em></p>Les étudiants internationaux constituent une population vulnérable en raison de leur statut migratoire précaire et des divers défis liés à leur adaptation aux nouveaux environnements.Jorge Frozzini, Professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en communication interculturelle et technologies de gestion en contexte pluraliste, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1915692023-01-20T14:25:17Z2023-01-20T14:25:17ZComment les gestionnaires du réseau de la santé peuvent favoriser des lieux de travail psychologiquement plus sûrs<p>La crise du personnel des soins de santé au Canada semble s’aggraver de jour en jour, avec des <a href="https://www.nytimes.com/2022/09/14/world/canada/nurse-shortage-emergency-rooms.html">fermetures de salles d’urgence</a>, une <a href="https://theconversation.com/with-family-doctors-heading-for-the-exits-addressing-the-crisis-in-primary-care-is-key-to-easing-pressure-on-emergency-rooms-189199">pénurie de médecins de famille</a> et des <a href="https://www.wellesleyinstitute.com/wp-content/uploads/2020/09/Waiting-for-Long-Term-Care-in-the-GTA.pdf">délais d’attente élevés pour accéder aux soins de longue durée</a>. </p>
<p>Au cœur du problème se trouve un personnel soignant physiquement et mentalement épuisé par les milieux peu sécuritaires dans lesquels on lui demande de travailler depuis des années, et qui se sont considérablement détériorés pendant la pandémie de Covid-19. </p>
<p>Les dirigeants du secteur de la santé ont un rôle clé à jouer dans la conception de lieux de travail psychologiquement plus sûrs pour favoriser le bien-être de nos professionnels de la santé. Pour créer des milieux plus sûrs, il faut des décideurs qui comprennent comment des années de restrictions des ressources, d’environnements malsains, <a href="https://doi.org/10.1186/s12913-020-05084-x">d’abus de la part des patients</a>, <a href="https://doi.org/10.3389/fpubh.2021.750529">sans oublier une pandémie</a>, ont contribué à l’épuisement professionnel et à l’insatisfaction que l’on constate chez les travailleurs.</p>
<h2>Risques physiques et émotionnels</h2>
<p>Avant même la pandémie de Covid-19, les travailleurs de la santé canadiens souffraient déjà d’<a href="https://www.cma.ca/sites/default/files/2018-11/nph-survey-f.pdf">épuisement professionnel et de dépression</a>. La pandémie a détérioré des environnements de travail déjà précaires, les exposant non seulement à un virus mortel, mais aussi à une <a href="http://doi.org/10.1001/jama.2021.2701">montée de la violence physique et verbale</a>, entraînant une <a href="https://www.cma.ca/sites/default/files/2022-08/NPHS_final_report_FR.pdf">hausse des taux d’épuisement professionnel et de dépression</a>.</p>
<p>Il n’est donc pas surprenant que les travailleurs de la santé soient de plus en plus nombreux à quitter la profession, <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/nurses-canada-overtime-pandemic-burnout-1.6545963">ce qui exacerbe encore davantage les conditions de travail de ceux qui restent</a>. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un ambulancier portant une visière de protection et une veste jaune fluo longe une file de patients sur des civières dans un couloir d’hôpital" src="https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486636/original/file-20220926-21-w3atsc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les enjeux ne se limitent pas à un seul groupe de travailleurs de la santé ni à un seul type de lieu de travail ; les préposés aux bénéficiaires, le personnel infirmier, les médecins, les ambulanciers exerçant dans les hôpitaux, les soins de longue durée, les cliniques de soins primaires et les services d’urgence font tous état d’épuisement professionnel.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette</span></span>
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<p>Les enjeux ne se limitent pas à un seul groupe de travailleurs de la santé ni à un seul type de lieu de travail ; les préposés aux bénéficiaires (PAB), le personnel infirmier, les médecins, les ambulanciers exerçant dans les hôpitaux, les soins de longue durée, les cliniques de soins primaires et les services d’urgence font tous état d’épuisement professionnel. <a href="https://clri-ltc.ca/files/2021/02/PSW_Perspectives_FinalReport_Feb25_Accessible.pdf">Les PAB actifs dans le domaine des soins de longue durée dénoncent</a> des milieux de travail dangereux sur le plan physique et émotionnel, des ratios personnel/patients insuffisants et des environnements irrespectueux.</p>
<p>Nous savons que la <a href="https://www.mentalhealthcommission.ca/wp-content/uploads/drupal/Workforce_Psychological_Safety_in_the_Workplace_ENG.pdf">santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail</a> sont directement liées à la productivité, à la rétention, à l’absentéisme, aux conflits professionnels et au succès opérationnel global du lieu de travail. Les dirigeants, gestionnaires et superviseurs canadiens du secteur de la santé sont exceptionnellement bien placés pour aider les organisations de soins de santé à créer des environnements de travail où le personnel se sent soutenu et en sécurité. </p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Panneau extérieur affichant « Recrutement de PAB -- nombreux quarts de travail -- avantages »" src="https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486638/original/file-20220926-879-z9tmaw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les PAB actifs dans le domaine des soins de longue durée dénoncent des milieux de travail dangereux sur le plan physique et émotionnel, des ratios personnel/patients insuffisants et des environnements irrespectueux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Frank Gunn</span></span>
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</figure>
<p>Notre équipe de recherche a récemment été financée par la <a href="https://commissionsantementale.ca/">Commission de la santé mentale du Canada</a> pour examiner les facilitateurs et les obstacles rencontrés par les organisations de soins de santé dans la création d’environnements de travail sûrs. Nous avons sondé et interviewé des <a href="https://commissionsantementale.ca/resource/exploration-de-deux-facteurs-de-securite-psychologique-pour-les-travailleurs-de-la-sante/">centaines de travailleurs de la santé, toutes disciplines, tous lieux de travail et toutes provinces confondus</a>. Voici ce qu’ils nous ont dit : </p>
<ul>
<li><p>Beaucoup d’attention est accordée au renforcement de la résilience du personnel soignant, mais sans lui donner le temps et l’espace nécessaires pour le faire. Les organisations peuvent aider en garantissant les congés des travailleurs. </p></li>
<li><p>Des travailleurs de la santé nous ont dit que des ressources organisationnelles à long terme telles que des champions du mieux-être, des éthiciens et des indemnités de maladie efficaces pour tout le personnel soignant (par exemple, des prestations qui couvrent les services de consultation) contribueraient à soutenir leur bien-être. </p></li>
<li><p>Des politiques et des procédures opérationnelles appropriées et transparentes liées aux soins cliniques ou aux ressources humaines, qui régissent l’ensemble d’une organisation, contribuent à instaurer un climat de travail équitable et sûr. Les gestionnaires peuvent appuyer davantage leurs travailleurs en s’assurant que ces politiques et procédures sont appliquées et suivies de manière cohérente.</p></li>
<li><p>Les organisations devraient recruter et épauler des dirigeants efficaces, compatissants et authentiques. Il est essentiel de former des dirigeants du secteur des soins de santé qui sont compétents et se montrent à la hauteur dans leur environnement stressant ; il convient de les encourager et de les récompenser. Les gestionnaires ont également été mis à rude épreuve au cours des dernières années et ont besoin d’être soutenus par leur organisation. </p></li>
<li><p>Moins de 50 % des travailleurs de la santé de notre étude ont déclaré exercer dans un climat éthique. Par exemple, de nombreux soignants n’ont pas accès aux soutiens nécessaires pour résoudre les dilemmes éthiques. Les organisations de soins de santé ont tout intérêt à se concentrer sur ce point ; en cultivant un environnement de travail éthique, elles démontrent à leurs employés leur volonté de les protéger de la détresse morale. </p></li>
<li><p>Des professionnels de la santé nous ont dit que la transparence et les communications efficaces sont essentielles et renforcent la confiance dans leurs dirigeants. </p></li>
</ul>
<p>L’avenir de notre système de santé dépend du recrutement et de la rétention de travailleurs de la santé passionnés, dévoués et hautement qualifiés. Chaque travailleur de la santé, dans chaque lieu de travail, dans chaque province, a besoin d’une organisation qui valorise et privilégie sa santé et sa sécurité psychologiques. </p>
<p>Pour le rapport complet, veuillez visiter : <a href="https://commissionsantementale.ca/resource/exploration-de-deux-facteurs-de-securite-psychologique-pour-les-travailleurs-de-la-sante/">CSMC – Exploration de deux facteurs de sécurité psychologique pour les travailleurs de la santé</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191569/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’avenir de notre système de santé dépend du recrutement et de la rétention d’un personnel soignant et hautement qualifié. Il est essentiel de créer des environnements où ils se sentent soutenus et en sécurité.Angela Coderre-Ball, Assistant Professor (Adjunct), Family Medicine, Queen's University, OntarioColleen Grady, Associate Professor, Family Medicine, Queen's University, OntarioDenis Chênevert, Professor and director of healthcare management hub, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1789592023-01-19T14:50:25Z2023-01-19T14:50:25ZLes défis d’être une personne proche aidante en milieu rural pendant la pandémie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466426/original/file-20220531-16-hx3lis.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les mesures liées à la pandémie ont eu des répercussions majeures sur la santé et le bien-être des PPA qui demeurent en région rurale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une personne proche aidante (PPA) <a href="https://www.publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003000/">se définit comme</a> « toute personne qui apporte un soutien à un ou à plusieurs membres de son entourage qui présentent une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre, peu importe leur âge ou leur milieu de vie, avec qui elle partage un lien affectif, familial ou non ».</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-laide-les-proches-aidants-sont-epuises-et-nous-en-payons-tous-le-prix-121420">À l'aide! Les proches aidants sont épuisés et nous en payons tous le prix</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>La pandémie vécue depuis mars 2020 a mené les PPA à <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-04-15/gerer-mon-risque.php">revoir leur rôle de soutien</a> dans le respect des consignes sanitaires émises par la santé publique. Pour plusieurs, cette situation a eu pour effet d’augmenter leurs responsabilités, exacerbant de ce fait leur niveau de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1704222/info-proche-aidant-covid-19-chsld-domicile-augmentation-demande">stress, d’anxiété, d’épuisement et de détresse</a>.</p>
<p>Leurs expériences varient en fonction de la nature du diagnostic de la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003000/">personne aidée, de l’accompagnement requis, de l’aide et du soutien disponibles</a>, mais également <a href="https://doi.org/10.1177/23337214211025124">selon leur milieu (urbain ou rural) de vie</a>. À cet effet, des recherches suggèrent que l’accès aux services de soins est, de manière générale, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1837064/etude-iris-soins-sante-rural-outaouais-classement">moindre en région rurale qu’en région urbaine</a>.</p>
<p>Membres de la Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’UQAR, <a href="https://www.uqar.ca/recherche/la-recherche-a-l-uqar/unites-de-recherche/chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales/axes-de-recherche-chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales">nous nous sommes intéressées</a> aux conséquences de la pandémie sur la santé physique et mentale des PPA demeurant en milieu rural et prenant soin d’une personne ayant un trouble de santé mentale, du spectre de l’autisme ou un problème lié au vieillissement. <a href="https://qualaxia.org/wp-content/uploads/2022/06/quintessence-vol-13-no-03.pdf">Une étude a été menée entre les mois de mars et août 2021, principalement dans quatre régions du Québec, auprès de 68 PPA et 14 acteurs communautaires (intervenants et directeurs d’organismes)</a>.</p>
<p>Les principales variables d’intérêt étaient la santé globale des PPA, les changements de responsabilités occasionnés par la pandémie et le statut rural-urbain. Il existe plusieurs définitions de la <a href="https://doi.org/10.1177/23337214211025124">« ruralité » en recherche sur la santé</a>. Deux principaux éléments de définition ont été retenus ici, soit la densité de la population (moins de 100 000 habitants) et le code postal.</p>
<h2>Détresse chez les PPA qui demeurent en milieu rural</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">61,8 % des PPA et 92,8 % des acteurs communautaires considèrent que la pandémie a moyennement ou énormément fragilisé la santé globale des PPA.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les PPA estiment, dans une proportion de <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1913/">61,8 %</a>, que la pandémie a affecté leur <a href="https://www.infodimanche.com/actualites/actualite/402748/limpact-de-la-pandemie-sur-les-proches-aidants">santé physique et psychologique</a>. Depuis le début de la crise sanitaire, 35,5 % d’entre eux révèlent avoir vécu des symptômes s’apparentant à la dépression (tristesse, irritabilité, difficultés de concentration, découragement, sentiment d’inutilité) ou à l’anxiété (incertitude, peur de l’inconnu, sentiment de perte de contrôle).</p>
<p>Par ailleurs, 76,9 % des acteurs communautaires croient que la pandémie a engendré une grande détresse émotionnelle chez les PPA, particulièrement chez celles devant prodiguer des <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-01/l-epuisement-des-parents-fait-peur">soins soutenus</a> (en continu et sur du long terme), à un membre de leur entourage.</p>
<p>Les PPA qui rapportent avoir éprouvé une plus grande détresse psychologique indiquent aussi avoir ressenti davantage de symptômes physiques (courbatures, tensions musculaires, maux de tête, troubles digestifs). Celles qui prennent soin d’une personne présentant une autonomie fonctionnelle et un état de santé relativement stable ont été moins affectées par la crise.</p>
<p>Certaines ont pu conserver un soutien familial, social ou professionnel :</p>
<blockquote>
<p>Je parle au téléphone avec ma mère à tous les jours. J’ai aussi 4 sœurs, dont une qui s’implique beaucoup. Je sais que je peux l’appeler jour et nuit si j’ai besoin de quelque chose. Elle est vraiment touchée par ma situation et je sais que si j’ai besoin de quelque chose, je peux compter sur elle.</p>
</blockquote>
<p>D’autres ont pu maintenir ou adopter de saines habitudes de vie, leur permettant ainsi d’évacuer plus facilement leur stress et se changer les idées :</p>
<blockquote>
<p>Depuis le mois de mars, je me suis mise à faire de l’exercice, 1h de marche dehors, puis du tapis roulant, à peu près 30 minutes par jour et c’est très sain pour mon psychologique.</p>
</blockquote>
<h2>Portrait de la situation</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un échantillon de 68 PPA, soit 56 femmes et 12 hommes, provenant de différentes régions du Québec, ont participé à la première phase de cette étude qui consistait à remplir un questionnaire en ligne.</span>
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</figure>
<p>L’étude révèle que la pandémie et les restrictions sanitaires ont suscité de <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1912/">nouvelles inquiétudes</a> chez les PPA demeurant en milieu rural.</p>
<p>D’une part, celles dont la personne aidée demeure à l’extérieur (logement autonome, ressource de type familial (RTF), ressource intermédiaire (RI), centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD)) ont dû <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-04-24/chsld-les-proches-aidants-veulent-que-quebec-assouplisse-les-regles">restreindre leurs contacts</a> et n’ont pu assurer les mêmes soins et offrir le même soutien qu’avant la pandémie. Cette situation a généré de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1697697/proche-aidant-chsld-quebec-appui-personne-agee-coronavirus">l’impuissance, de l’anxiété et des inquiétudes</a> chez les PPA, concernant la situation de leur proche.</p>
<p>D’autre part, les PPA qui <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1777960/quebec-vaccination-covid-19-handicape-autiste-deficience-ressource-supervisee">demeurent avec la personne aidée</a> ont vu leur charge de travail et leurs responsabilités s’accroître, particulièrement lors de la période de confinement :</p>
<blockquote>
<p>C’était d’organiser ses journées, de le surveiller pour ne pas qu’il passe 100 % de son temps sur l’ordi, de surveiller qu’il mange, qu’il prenne sa médic, qu’il se lave, qu’il s’habille, qu’il s’occupe de son chien, c’était tout ça. Donc c’était une surcharge de travail pour moi, vraiment une surcharge.</p>
</blockquote>
<p>Leur quotidien étant centré sur leur rôle de soutien, les PPA ont été privées des moments de répit ou de détente et ont vécu beaucoup d’isolement et de solitude. Ainsi, 40 % des PPA de l’étude croient que les mesures sanitaires les ont beaucoup ou énormément contraintes dans leur rôle d’aidants et 50 % estiment que ce rôle a présenté davantage de défis au quotidien.</p>
<h2>La particularité du milieu rural</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">61,4 % des PPA et 71,4 % des acteurs communautaires croient que la proche aidance se vit différemment en milieu rural et en milieu urbain.</span>
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</figure>
<p>Dans les milieux ruraux, l’accessibilité réduite aux services de santé, en particulier aux services spécialisés, a été exacerbée par la pandémie. <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1916/">Les milieux ruraux sondés</a> ont été touchés par les mesures gouvernementales visant à limiter la propagation du virus : fermeture des ressources d’aide et de soutien, délestage de certaines activités et transitions de divers soins et services en mode virtuel.</p>
<p>Des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1816567/deficience-intellectuelle-pandemie-pertes-acquis-services">personnes vulnérables</a> ont été privées d’accès à plusieurs ressources pourtant essentielles à leur bien-être physique et psychologique, alourdissant de ce fait les responsabilités des PPA déjà éprouvées. Le tiers révèle avoir dû s’impliquer davantage auprès de la personne aidée pour <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2021-09-22/ruptures-de-services/c-est-pire-que-jamais.php">combler le manque de services sur leur territoire</a>.</p>
<blockquote>
<p>Mon fils s’est détérioré. Les difficultés qu’on a rencontrées à cause de la pandémie ont augmenté. Son anxiété, sa rigidité, son agressivité ont pris de l’ampleur. Il s’est mis à avoir des comportements inappropriés, des rituels, des obsessions, des choses comme ça. On n’avait plus les services pour l’aider. Tout reposait sur nous. On est exténués.</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs d’entre elles évoquent aussi leur difficulté à composer avec le surcroît de responsabilités occasionné par le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1856012/sante-pandemie-delestage-penurie">manque de disponibilité et d’accessibilité des ressources</a>. Le passage à des services en mode virtuel a représenté un défi supplémentaire pour ces milieux, où les <a href="https://www.ledroit.com/2021/12/06/internet-en-zone-rurale-le-parcours-dun-combattant-e3f3181e7a09ea96312c47f51c0d6dd3">problèmes de connectivité</a> ont empêché une utilisation optimale des plates-formes de télécommunication. De plus, plusieurs PPA estiment que les rencontres virtuelles se sont avérées plus ou moins adaptées à leurs besoins et à ceux de leur proche, rendant davantage complexe une juste évaluation de la gravité des situations.</p>
<blockquote>
<p>Son éducatrice voulait me donner un coup de main par Zoom, mais devant l’écran, souvent le comportement de l’enfant change. C’est attractif. Ma fille fait une fixation sur tout ce qui est électronique, donc aussitôt qu’on faisait une rencontre Zoom, elle se métamorphosait complètement, son caractère changeait, donc c’était pas du tout la même façon d’intervenir. Ça été problématique.</p>
</blockquote>
<h2>Des pistes de solutions</h2>
<p>La <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-835-01W.pdf">première Politique nationale</a> pour les personnes proches aidantes (2021) et les mesures du <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-835-11W.pdf">Plan d’action gouvernemental</a> en découlant offrent déjà des pistes de réflexion intéressantes (reconnaissance des compétences et des connaissances des PPA, adoption d’une approche de partenariat, développement d’environnements conciliants, promotion des ressources).</p>
<p>Il convient toutefois d’examiner comment intervenir de façon plus ciblée en tenant compte de la diversité des contextes de proche aidance et des réalités spécifiques aux milieux ruraux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178959/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène Morin a reçu des financements de Fond institutionnel de recherche de l'Université du Québec (FIR-UQAR); Réseau intersectoriel de recherche en santé de l'Université du Québec (RISUQ); Ministère de l'économie et de l'innovation (MEI). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Sophie Bergeron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie a eu des conséquences sur la santé physique et psychologique des personnes proches aidantes qui prennent soin d’une personne demeurant en région rurale.Marie-Hélène Morin, Professeure travail social, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Anne-Sophie Bergeron, Agente de recherche, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1941432022-12-09T13:58:52Z2022-12-09T13:58:52ZLa Covid-19 a remodelé notre façon d’acheter, de préparer et de consommer les aliments<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/494694/original/file-20221110-18-lrgnri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C992%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La pandémie a eu un impact à la fois sain et malsain sur nos relations avec la nourriture.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au début de l’année 2020, alors que les <a href="https://www.statcan.gc.ca/fr/quo/bdd/nec/mar2020">provinces canadiennes déclaraient tour à tour l’état d’urgence</a> et que diverses restrictions sanitaires entraient en vigueur, nos sorties routinières à l’épicerie ont été grandement bouleversées.</p>
<p>Devant l’incertitude causée par la Covid-19, plusieurs personnes <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/62f0014m/62f0014m2020005-fra.htm">au Canada</a> et <a href="https://doi.org/10.3390/nu13010020">à travers le monde</a> ont fait des réserves de nourriture et d’autres produits.</p>
<p>Ce fut le début d’une série d’impacts de la pandémie sur nos expériences avec la nourriture.</p>
<p>Pour mieux comprendre les décisions liées à l’alimentation durant la pandémie, notre équipe de recherche a mené une étude en ligne auprès d’un échantillon d’adultes vivant au Québec. Cette étude a couvert trois périodes différentes entre le confinement initial au printemps 2020 et le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1850929/couvre-feu-quebec-etude-science-annonce-gouvernement-ministere">couvre-feu instauré dans la province</a> à l’hiver 2021.</p>
<h2>Achats d’aliments : comment et pourquoi ?</h2>
<p>Notre étude a montré qu’au début de la pandémie, les <a href="https://doi.org/10.3389/fpubh.2021.752204">gens ont réduit la fréquence avec laquelle ils achetaient des aliments en magasin</a>. Cette diminution s’est produite en parallèle avec une <a href="https://heia.com.au/wp-content/uploads/2021/09/HEIA_V26No2_Food-purchasing-patterns-in-Quebec.pdf">augmentation de l’utilisation des services de cueillette et de livraison d’épicerie</a>. Cette hausse générale de la popularité des méthodes d’épicerie sans contact <a href="https://doi.org/10.1002/agr.21679">a également été observée ailleurs dans le monde</a>, et était probablement due au fait que les gens tentaient de limiter leur exposition au virus.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une personne portant un t-shirt rouge met des denrées dans le coffre d’une voiture noire" src="https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492378/original/file-20221028-60938-5kpxxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La popularité de la cueillette d’épicerie et de la livraison à domicile a augmenté pendant les périodes de confinement, alors que moins d’individus faisaient leur épicerie en magasin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notre étude suggère que la fréquence des achats en magasin est revenue à son niveau prépandémique au milieu de l’année 2020. Toutefois, il est attendu que l’utilisation des méthodes d’épicerie sans contact <a href="https://doi.org/10.1111/cjag.12237">persiste dans le temps chez une portion considérable de la population</a>.</p>
<p>La pandémie a non seulement changé notre façon d’acheter les aliments, mais également les motivations derrière ces achats. <a href="https://www.researchgate.net/publication/364811680_Food_values_food_purchasing_and_eating-related_outcomes_among_a_sample_of_Quebec_adults_during_the_Covid-19_pandemic">Tel qu’indiqué dans un article qui sera publié prochainement</a>, plus des trois quarts de nos répondants ont exprimé que leur désir de soutenir les commerces alimentaires locaux avait augmenté par rapport à 2019. De plus, 68 % d’entre eux ont affirmé accorder une importance plus grande au pays d’origine des aliments.</p>
<p>Les répondants ont également rapporté que leurs décisions d’achat étaient motivées par la <a href="https://doi.org/10.1111/ijcs.12691">sécurité et le prix</a> des produits, ainsi que par leur impact <a href="https://doi.org/10.3390/su13063056">environnemental</a> et éthique.</p>
<h2>Davantage de repas faits maison</h2>
<p>Les changements sociétaux majeurs comme la fermeture des restaurants, l’école à domicile et le télétravail ont été accompagnés par une <a href="https://doi.org/10.1016/j.seps.2021.101107">augmentation de la fréquence de la cuisine maison ainsi qu’une augmentation des compétences en matière d’alimentation telles que les aptitudes de cuisine et de planification des repas</a>. De nombreux Canadiens <a href="https://doi.org/10.3390/ijerph18105485">ont appris de nouvelles recettes</a>, et l’augmentation <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/north/sourdough-popular-Covid-19-1.5529649">très médiatisée de la popularité de la boulangerie</a> est corroborée par une <a href="https://trends.google.com/trends/explore?date=2020-01-01%202020-12-31&geo=CA&q=bread%20recipe%2Brecette%20de%20pain">augmentation spectaculaire des recherches de recettes de pain en ligne</a> au cours des premières semaines de la pandémie (recherches qui sont demeurées plus nombreuses qu’avant la pandémie pour bonne partie de 2021).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/493993/original/file-20221108-14-57bra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Popularité des recherches Google pour le terme « recette de pain » (ou son équivalent anglais « bread recipe ») en 2019, 2020 et 2021 au Canada. Les recherches ont atteint un sommet en avril 2020, pendant le premier confinement pandémique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Google Trends), Fourni par l’auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’amélioration des compétences liées à l’alimentation était <a href="https://search.informit.org/doi/abs/10.3316/informit.365014239384456">particulièrement prononcée chez les familles</a>, ce qui est probablement dû à une <a href="https://doi.org/10.1017/S1368980021001932">augmentation de la participation des enfants aux activités culinaires pendant les confinements</a>. En outre, plus du tiers des personnes interrogées dans le cadre de notre étude ont indiqué que l’amélioration des compétences au sein de leur ménage était due à une augmentation du temps et de la motivation pour cuisiner, du réconfort et du plaisir tirés de la nourriture, et de l’intérêt pour la nourriture.</p>
<p>Bien que l’amélioration des compétences culinaires et l’augmentation de la fréquence de la cuisine maison puissent être considérées comme bénéfiques, il y a un revers à cette médaille. Certaines personnes ont semblé se fatiguer de préparer des repas au fil du temps, ce qui s’est traduit par une augmentation des commandes à emporter ou des livraisons d’aliments préparés au début de 2021 par rapport à 2020.</p>
<h2>Tentation et santé</h2>
<p>L’effet de la pandémie sur les comportements alimentaires était variable d’un individu à l’autre. D’une part, la nourriture semble avoir été utilisée comme une source de réconfort et une façon d’éviter l’ennui pendant les confinements. Plus du quart de nos répondants ont rapporté une <a href="https://www.researchgate.net/publication/364811680_Food_values_food_purchasing_and_eating-related_outcomes_among_a_sample_of_Quebec_adults_during_the_Covid-19_pandemic">augmentation de leur désir de manger pendant la pandémie</a> comparativement à la période prépandémique. Selon leurs dires, cette augmentation est due au fait qu’ils étaient toujours à la maison et entourés de nourriture.</p>
<p>D’autre part, une faible proportion de répondants ont rapporté que leur désir de manger avait diminué. Les principales raisons invoquées pour expliquer ce changement sont des sentiments de stress et d’anxiété ainsi qu’une diminution de la motivation à cuisiner.</p>
<p>Les confinements ont également eu des effets mitigés sur le caractère sain des choix alimentaires. <a href="https://doi.org/10.1093/advances/nmab130">Une étude résumant des données recueillies à travers le monde</a> a révélé que, de façon générale, les gens ont déclaré avoir consommé davantage d’aliments malsains tels que des grignotines et des sucreries pendant les périodes de confinement.</p>
<p>Toutefois, certains individus semblent également avoir profité des confinements pandémiques pour faire des <a href="https://doi.org/10.1016/j.foodqual.2020.104145">choix alimentaires plus sains</a>. Les changements malsains pourraient donc avoir été compensés par une consommation accrue d’aliments plus nutritifs tels que les fruits et légumes, les légumineuses et les céréales.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme confus regardant des produits dans les rayons d’une épicerie" src="https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492371/original/file-20221028-58735-cq8dx0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La pandémie a eu des résultats mitigés sur nos choix alimentaires. Les gens ont déclaré avoir consommé davantage d’aliments malsains tels que des grignotines et des sucreries pendant les périodes de confinement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La grande variabilité des changements liés à l’alimentation peut en partie s’expliquer par les impacts variés de la pandémie sur la situation personnelle des individus. <a href="https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa336">Davantage de changements dans les comportements alimentaires ont probablement été observés chez les individus dont les conditions de travail ont été perturbées</a> par la pandémie, en raison notamment de la perte d’un emploi ou d’une transition vers le télétravail.</p>
<p>De plus, compte tenu de la survenue inattendue de la Covid-19, la plupart des études ont dû comparer les habitudes alimentaires des participants pendant les confinements avec les souvenirs qu’avaient ces participants de leurs habitudes prépandémiques. <a href="https://dictionary.apa.org/recall-bias">Ces souvenirs ne correspondent toutefois pas toujours à la réalité</a>.</p>
<h2>Plus de recherches sont nécessaires</h2>
<p>Les groupes vulnérables ont probablement été sous-représentés dans la plupart des études à propos des impacts de la pandémie sur l’alimentation. De plus amples recherches sont nécessaires afin de comprendre comment les changements d’habitudes alimentaires induits par la pandémie évolueront au fil du temps en fonction du groupe d’âge des individus, de leur statut socio-économique, et de la structure du ménage dans lequel ils vivent.</p>
<p>Le temps nous dira si les changements dans nos valeurs et dans nos compétences liées à l’alimentation seront permanents ou s’ils se dissiperont à mesure que nous retournerons à nos vies prépandémiques. La pandémie a possiblement apporté quelques changements positifs dans nos relations avec la nourriture et nos compétences alimentaires.</p>
<p>Un soutien continu aux produits alimentaires locaux pourrait contribuer à promouvoir une alimentation saine ainsi que la durabilité de notre système alimentaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194143/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daiva Nielsen a reçu du financement de l’Initiative interdisciplinaire en infection et immunité de l’Université McGill (MI4) pour l'étude décrite dans l'article.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Katherine Labonté ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La Covid-19 a eu un impact considérable sur nos façons d’acheter et de consommer les aliments. Mais ces impacts seront-ils permanents ?Katherine Labonté, Postdoctoral Fellow/Stagiaire postdoctorale, School of Human Nutrition, McGill UniversityDaiva Nielsen, Assistant Professor, School of Human Nutrition, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1955132022-11-30T15:12:25Z2022-11-30T15:12:25ZLes protestations contre la politique zéro-Covid se multiplient en Chine. Personne ne sait comment tout cela va finir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/497699/original/file-20221128-21-6bnudf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C0%2C8601%2C5742&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des manifestants brandissent des feuilles blanches et scandent des slogans lors d'une marche de protestation à Pékin, le 27 novembre 2022. </span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Ng Han Guan)</span></span></figcaption></figure><p>Les manifestations qui se déroulent en Chine en réaction aux restrictions gouvernementales pour contrer la Covid-19 ont <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/28/chine-au-moins-deux-personnes-ont-ete-arretees-a-shanghai-au-lendemain-de-manifestations-inedites_6151960_3210.html">défrayé la chronique</a> dans le monde entier au cours de la fin de semaine, <a href="https://www.courrierinternational.com/article/chine-apres-un-incendie-mortel-des-manifestations-eclatent-au-xinjiang-contre-le-confinement">après l’incendie d’un appartement</a> à Urumqi, dans le Xinjiang, qui a causé la mort de dix personnes la semaine dernière.</p>
<p>De nombreux internautes <a href="https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/au-xinjiang-lincendie-qui-a-mis-le-feu-aux-poudres-20221128_F4EVQESMTVBM3BTVZ5C6YU6W3U/">ont affirmé</a> que des résidents n’avaient pas pu sortir de l’immeuble parce que celui-ci était partiellement verrouillé, ce que les autorités ont démenti.</p>
<p>Selon certaines informations, des manifestants ont exhorté le président Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste chinois nouvellement réélu, <a href="https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/xi-jinping-demission-en-chine-les-protestations-se-multiplient-contre-le-zero-Covid-20221127_DI3TUKAUX5BAXNEVVQU2FEINVQ/">à démissionner</a>. D’autres ont critiqué la domination du parti.</p>
<p>Les dispositions prises par la Chine pour lutter contre la Covid sont parmi les plus strictes au monde, car le pays poursuit ses mesures de confinement pour supprimer le virus, appelées politique « zéro-Covid dynamique ».</p>
<p>Si les protestations constituent assurément des défis sérieux à l’autorité, il convient de les relativiser. Ainsi, il n’existe pas de véritable parallèle avec les manifestations de la place Tiananmen en 1989. Cette fois, les manifestants se dispersent après avoir défilé et protesté, et leurs revendications portent principalement sur les restrictions pour contrer la Covid et non sur des principes politiques plus larges.</p>
<p>Le principal problème ici est la frustration, non seulement à l’égard des mesures Covid, mais aussi à l’égard de leur mise en œuvre incohérente.</p>
<p>Les réactions de l’État devraient, à court terme du moins, rester modestes. Des pressions s’exercent indubitablement en faveur d’un changement, bien qu’il soit difficile de prévoir comment il se produira.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1596978419400441856"}"></div></p>
<h2>Une réaction à l’échelle nationale</h2>
<p>Les manifestations en Chine sont devenues assez courantes au cours des deux dernières décennies, bien qu’elles soient presque toujours axées sur un enjeu particulier et très localisées.</p>
<p>Les ouvriers d’une usine protestent contre des défauts de paiement ou la <a href="https://www.researchgate.net/publication/265966550_Anita_Chan_and_Kaxton_Siu_Chinese_Migrant_Workers_Factors_Constraining_the_Emergence_of_Class_Consciousness_in_Beatriz_Carrillo_and_David_S_G_Goodman_eds_China%E2%80%99s_Peasants_and_Workers_Changing_Class_Id">détérioration de leurs conditions</a> de travail. Les villageois contraints de déménager pour que leurs terres puissent être réaménagées tentent de résister, allant parfois jusqu’à <a href="https://www.google.com.au/books/edition/The_Great_Urban_Transformation/3GYVDAAAQBAJ?hl=en&gbpv=0">refuser</a> d’être déplacés. Les habitants des nouveaux lotissements <a href="https://www.elgaronline.com/view/9781781005705.00015.xml">se mobilisent</a> pour se plaindre de l’absence des routes, des commerces et des services promis.</p>
<p>Ce type de revendication est généralement résolu de manière raisonnable et rapide, notamment grâce à l’intervention de représentants de l’État qui s’efforcent de trouver des solutions au nom du maintien de la stabilité.</p>
<p>Les protestations portant sur des principes plus généraux, tels que la liberté d’expression, la représentation légale ou les responsabilités gouvernementales se prêtent moins à une solution instantanée. Dans de tels cas, la réaction du gouvernement consiste à exercer diverses sortes de répression.</p>
<p>Cependant, ces protestations ont presque toujours été localisées et n’ont pas mené à un mouvement régional ou national. Cela vaut même pour les conflits industriels où les travailleurs ont protesté dans une ou plusieurs usines d’une même marque ou appartenant au même propriétaire.</p>
<p>Rien n’indique à ce stade que le mouvement actuel soit national et organisé. Mais les manifestants de chaque ville semblent avoir été enhardis par ceux des autres villes.</p>
<p>La lecture des médias sociaux chinois montre que les manifestants de Beijing ou de Shanghai, par exemple, relatent les protestations dans l’autre ville, tout en commentant les causes initiales liées à Urumqi.</p>
<p>Jusqu’à présent, les réactions de la police ont varié selon les endroits. Dans certains lieux, les policiers auraient toléré la <a href="https://www.europe1.fr/international/xi-jinping-demission-les-manifestations-eclatent-en-chine-contre-la-politique-zero-Covid-4150658">poursuite des manifestations</a>.</p>
<p>Mais ailleurs, des <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/chine-le-mouvement-de-contestation-contre-la-politique-zero-Covid-19-continue_5508933.html">altercations</a> ont été signalées, ainsi que <a href="https://www.theguardian.com/world/2022/nov/28/clashes-in-shanghai-as-protests-over-zero-Covid-policy-grip-china">quelques arrestations</a>.</p>
<p>À l’écart des rues et des manifestations, certains résidents asymptomatiques des immeubles verrouillés <a href="https://twitter.com/dansoncj/status/1596697470905774081?s=46&t=ufi6q9htz0mKm4P7gHZpdQ">protestent à leur tour</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1596924775292882944"}"></div></p>
<h2>Demandes des étudiants</h2>
<p>Une quarantaine d’étudiants de la plus prestigieuse université de Beijing ont publié dimanche une <a href="https://gaodawei.wordpress.com/2022/11/27/2022-peking-u-students-on-epidemic-prevention-and-control-draft-and-tsinghua-u-alumni-statement/">déclaration</a> dans laquelle ils critiquent « la mise en œuvre de la politique zéro-Covid. » Ils affirment que les mesures zéro-Covid présentent de plus en plus de problèmes et ont conduit à des « tragédies horribles », tout en reconnaissant l’importance et l’efficacité des mesures de sécurité déployées plus tôt dans la pandémie.</p>
<p>Ils ajoutent que « la tâche la plus urgente est maintenant de trouver un mode de coexistence temporaire qui minimise les dangers de l’épidémie tout en assurant un ordre social de base et en permettant de répondre aux besoins économiques et de subsistance fondamentaux. »</p>
<p>Pour ce faire, ils proposent cinq mesures clés :</p>
<ol>
<li><p>« Pour éviter tout abus de pouvoir public, il convient de mettre fin à tous les blocus de quarantaine régionaux afin de garantir que toutes les personnes des communautés, villages, unités et écoles puissent entrer et sortir librement. »</p></li>
<li><p>« Abolir les moyens techniques permettant de surveiller les allées et venues des citoyens, tels que les codes d’accès et l’application de suivi des téléphones portables [code santé]. Cesser de considérer la propagation de l’épidémie comme relevant de la responsabilité de certaines personnes ou institutions. Consacrer des ressources à des actions à long terme telles que l’élaboration de vaccins, de médicaments et la construction d’hôpitaux. »</p></li>
<li><p>« Mettre en place un dépistage volontaire [PCR] et une quarantaine volontaire pour les personnes non diagnostiquées et asymptomatiques. »</p></li>
<li><p>« Assouplir les restrictions à l’expression de l’opinion publique et autoriser les suggestions et les critiques concernant les problèmes concrets de mise en œuvre de mesures dans les différentes régions. »</p></li>
<li><p>« Divulguer honnêtement les données sur la maladie, y compris le nombre de personnes infectées, le taux de mortalité, le taux de Covid longue, afin d’éliminer la panique épidémique pendant la transition. »</p></li>
</ol>
<p>Le principal enjeu consiste à savoir comment passer de la politique actuelle « zéro-Covid dynamique » à autre chose, et même ce que devrait être cette « autre chose », étant donné la couverture sanitaire inadéquate dans une grande partie du pays.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195513/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David S G Goodman ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les manifestations en Chine, bien qu’assez courantes, ont tendance à être très localisées. Mais ces protestations contre le confinement ont déclenché une réponse davantage nationale.David S G Goodman, Director, China Studies Centre, Professor of Chinese Politics, University of SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1835152022-11-23T14:40:46Z2022-11-23T14:40:46ZDevenir parent en temps de pandémie : entre désarroi et bonheur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485982/original/file-20220921-10462-w7mlpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C998%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nombreux articles ont mis en lumière les défis psychologiques et sociaux rencontrés par les femmes enceintes pendant la crise sanitaire. Cependant, la pandémie a aussi eu des aspects positifs pour certaines d'entre elles.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La grossesse est souvent synonyme de grande joie. Mais certaines femmes enceintes vivent aussi du stress ou de la détresse psychologique. Ces émotions peuvent affecter leur santé et leur bien-être, ainsi que celui de l’enfant en devenir.</p>
<p>La pandémie a exacerbé cette situation, selon <a href="https://doi.org/10.1016/j.psychres.2021.113912">diverses études</a>. Ses répercussions sur les femmes enceintes seraient dues, notamment, à la <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2020.07.126">diminution du soutien social</a>, conséquence directe des mesures sanitaires.</p>
<p>Notre équipe intersectorielle de chercheuses associées à la <a href="https://risuq.uquebec.ca/reseau-de-chaires/les-chaires/sante-des-familles/">Chaire en santé des familles</a> de l’Université du Québec (<a href="https://risuq.uquebec.ca/">RISUQ</a>) réunit des expertises en sociologie, en sciences du mouvement, en psychologie, en anthropologie et en biologie. Notre objectif principal est de mieux comprendre les facteurs protecteurs, comme la capacité d’adaptation au changement et les réseaux familiaux et sociaux, et ceux liés aux vulnérabilités, comme la précarité sociale, auxquelles font face les femmes enceintes et nouvelles mères, afin de mieux identifier les cibles et stratégies d’intervention et de prévention.</p>
<h2>La pandémie a impacté les besoins des femmes enceintes</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1186/s12884-021-03691-y">Des données qualitatives</a> et provenant d’<a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1841092/pandemie-impacts-femmes-enceintes-precarite">organismes communautaires</a> ont souligné les effets délétères de la diminution du soutien social et des contacts physiques pour les femmes enceintes et récemment mères. Ces distanciations sociales ont compliqué en particulier la célébration des différentes étapes associées à l’arrivée d’un nouveau-né, notamment avec les (futurs) grands-parents, la famille élargie ou les amis.</p>
<p>Des analyses préliminaires de l’étude en cours « Résilience et stress périnatal pendant la pandémie » (<a href="https://www.resppa.ca/">RESPPA</a>), menée auprès de femmes de différentes régions du Québec, a montré que celles ayant moins de support de leur partenaires avaient des niveaux d’anxiété (générale et en lien avec la grossesse) plus élevés ainsi que plus de symptômes de dépression. Cette étude est unique de par son devis longitudinal (suivi depuis le premier trimestre de la grossesse jusqu’à deux ans postnatal). Elle permettra d’explorer l’évolution de la santé psychologique au cours du temps (et des différentes vagues de la pandémie), et les facteurs qui peuvent modifier ou modérer positivement comme négativement l’effet de la pandémie sur la santé psychologique.</p>
<p>Les habitudes de vie telles que <a href="http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2018-100056">l’activité physique</a>, la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33508080/">nutrition</a>, et le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33571887/">sommeil</a> qui ont un effet particulièrement <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2020.07.126">protecteur</a> pendant la grossesse, ont aussi été <a href="https://doi.org/10.1016/j.midw.2021.102929">négativement affectées</a> par la pandémie. D’autre part, la perte de revenu, la distanciation sociale et l’isolement font partie des facteurs pouvant entraîner une détérioration des saines habitudes de vie et du bien-être. L’étude RESPPA pourra aussi explorer comment les habitudes de vie ont été affectées pendant la pandémie et si elles ont eu un effet protecteur sur le maintien du bien-être.</p>
<h2>L’importance d’une grossesse en santé</h2>
<p>L’expérience de la grossesse et de la transition vers la parentalité est intimement liée à l’environnement dans lequel vit la femme, ainsi qu’à des facteurs biologiques et génétiques. Selon le concept des origines développementales de la santé et des maladies (<a href="https://dohadsoc.org/fr/">DOHaD</a>), l’interaction de ces éléments influence la santé à long terme de la mère et de son enfant. Cette interaction peut être à l’origine de maladies cardiovasculaires, par exemple.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Médecin portant un masque de protection effectuant un dépistage par ultrasons pour une femme enceinte dans une clinique moderne" src="https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une approche intersectorielle permet de fournir des informations complémentaires importantes et une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En contexte de pandémie, l’étude du bien-être associé à la transition à la parentalité est cruciale pour mieux comprendre les facteurs associés, entre autres, au bien-être psychologique et à l’adoption ou au maintien d’un mode de vie sain pendant la grossesse. Ces facteurs peuvent notamment avoir un effet positif sur le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26691753/">fonctionnement du placenta</a>, organe essentiel au bien-être de la grossesse et du fœtus.</p>
<p>Nos travaux de recherche sur le placenta apportent ainsi un regard nouveau sur l’impact de la pandémie sur la grossesse et la santé des futures mères et de leur enfant. Ainsi, étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une <a href="https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/dossiers/recherche-intersectorielle/intersectorialite-une-definition/">approche intersectorielle</a> (bio-psycho-sociale) permet de fournir des informations complémentaires importantes et une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.</p>
<h2>Les côtés positifs de la pandémie</h2>
<p>Certaines femmes enceintes durant la pandémie disent avoir vécu une transition plus douce vers la parentalité. Par exemple, une <a href="https://doi.org/10.1007/s00737-021-01108-5">étude</a> a montré que la pandémie peut contribuer à resocialiser les personnes les plus à risque d’isolement social, à travers des contacts et réunions virtuels tels que les appels vidéo avec des amis, la famille et même des prestataires de soins de santé. Cet effet positif de la pandémie a été observé plus particulièrement chez les femmes enceintes à mobilité réduite ou celles ayant de la difficulté à accéder aux ressources communautaires existantes, comme les nouvelles arrivantes dont les réseaux sociaux sont limités.</p>
<p>En accord avec ces observations, d’autres analyses préliminaires de l’étude RESPPA ont révélé qu’au-delà des impacts négatifs, certaines femmes enceintes ont identifié des aspects positifs de la pandémie, comme, par exemple, l’augmentation du temps de qualité.</p>
<p>Dans un autre de nos projets intersectoriels, intitulé « Périnatalité et transition à la parentalité au temps de la Covid-19 : du social au moléculaire » (<a href="https://inrs.ca/linrs/direction-scientifique/programme-de-soutien-de-linrs-pour-des-projets-de-recherche-novateurs-dans-la-lutte-contre-la-Covid-19/">PériParP</a>) Laurence Charton, une des chercheuses principales, a réalisé des entrevues au Québec qui ont permis de mieux comprendre les expériences vécues par les femmes enceintes, les nouvelles mères et leur famille durant la pandémie. Il est ainsi entre autres ressorti que la mise en place du télétravail pendant la pandémie a facilité l’expérience de la grossesse pour certaines, notamment en leur évitant de devoir prendre les transports en commun ou en leur permettant de se reposer sans culpabiliser :</p>
<blockquote>
<p>Travailler de la maison. Ça change tout. De se dire « Si t’es trop fatiguée, tu peux prendre une sieste, tu peux continuer ton travail après ».</p>
</blockquote>
<p>Le télétravail durant les premiers mois suivant l’accouchement a également été vécu positivement par de nombreux parents, qui pour certains n’envisagent plus que ce mode de travail :</p>
<blockquote>
<p>C’est peut-être bizarre à dire, mais, moi, la pandémie, ça m’a comme arrangée dans le fond. Je retournerai pas travailler au bureau non plus […] C’est quelque chose que mon travail a mis en place pis je suis vraiment contente.</p>
</blockquote>
<h2>Un moment pour repenser sa vie et fonder une famille</h2>
<p>Alors que les médias et des études ont relevé les <a href="https://theconversation.com/Covid-19-hausse-des-problemes-de-sante-mentale-chez-les-femmes-enceintes-139358">effets négatifs de la pandémie</a>, certains individus rapportent plutôt que cette expérience leur a permis de repenser leur trajectoire de vie, notamment leur désir, ou non-désir, d’enfants.</p>
<p>La pandémie a permis aussi à certains couples, en ralentissant le rythme du quotidien, d’envisager avoir un enfant, comme le confiait par exemple une Montréalaise :</p>
<blockquote>
<p>Pendant le confinement, moi j’ai pas travaillé pendant un trois mois […] Pis là, honnêtement, ça comme été une pause, ça vraiment vraiment fait du bien. On dirait qu’à partir de là, je sentais que j’étais prête à vivre la maternité.</p>
</blockquote>
<p>Pour d’autres couples, déjà parents, la pandémie s’est présentée comme le « bon moment » pour agrandir leur famille, comme l’explique une mère rencontrée en Abitibi-Témiscamingue :</p>
<blockquote>
<p>C’est le meilleur moment, dans le fond pour en avoir un autre, bébé. Parce qu’on va rester chez nous de toute façon. On est obligé de le faire, fait que tant qu’à ça, tsé ! On va comme en profiter pour ! Fait que nous, c’est vraiment dans ce minding-là.</p>
</blockquote>
<p>Ces différentes observations et données soulignent la pertinence d’étudier de manière intersectorielle la santé et le bien-être périnatal. Ainsi, comprendre comment différents facteurs biologiques, psychologiques et sociétaux peuvent interagir pour favoriser ou altérer la santé et le bien-être de la mère, de l’enfant et de la famille permettra de mieux comprendre les facteurs protecteurs et de vulnérabilité vécus en temps de pandémie.</p>
<p>Nos résultats contribueront ainsi à la mise en place de stratégies d’intervention et de prévention pour favoriser le bien-être des familles en contexte de pandémie et de bouleversement social.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183515/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephanie-May Ruchat a reçu des financements de l'UQTR, CIUSSS MCQ, Diabète Québec, REPAR, IRSC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Herba est professeure à l’UQAM et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte Justine. Elle est aussi membre du RISUQ (Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec). L’étude RESPPA était financée par le Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cathy Vaillancourt a reçu des financements de l’Université du Québec pour le Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec | RISUQ (dont nous sommes tous membres les co-autrices), une subvention du RISUQ et du FRQS-COVID pour l’étude RESPPA et du financement de l’INRS pour l’étude PériParP.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kelsey Dancause est membre du Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec | RISUQ – Chaire périnatalité et parentalité.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurence Charton est membre du Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec | RISUQ – Chaire périnatalité et parentalité. Elle a reçu du financement de l’INRS pour l’étude PériParP.
</span></em></p>Étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une approche intersectorielle (bio-psycho-sociale) permet de fournir une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.Stephanie-May Ruchat, professeur en sciences de l'activité physique, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Catherine Herba, Professeure agrégée en psychologie à l’UQAM et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, Université du Québec à Montréal (UQAM)Cathy Vaillancourt, Professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Kelsey Dancause, Professeure en sciences de l'activité physique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Laurence Charton, Sociodémographe, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1945862022-11-18T14:45:08Z2022-11-18T14:45:08ZGrippe, rhume et Covid-19 : que nous réserve la saison des virus respiratoires ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495753/original/file-20221116-24-tht0wu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C31%2C3000%2C1841&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tout comme l'ensemble des urgences pédiatriques du pays, celle du CHEO, à Ottawa, est bondée par les temps qui courent, en raison notamment du VRS. </span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Adrian Wyld</span></span></figcaption></figure><p>Les experts en santé publique de l’hémisphère nord <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1931732/virus-respiratoire-debut-saison-actif-Covid-grippe-canada">prévoient un automne et un hiver exceptionnels pour les virus respiratoires</a>, ce qui fait ressortir l’importance des efforts de surveillance mondiale et des vaccins comme outils de lutte contre l’influenza (grippe) et la Covid-19.</p>
<h2>Les effets de la Covid-19 sur la grippe saisonnière</h2>
<p>Avant la pandémie de Covid-19, la saison annuelle des virus respiratoires dans les hémisphères nord et sud était une sorte d’épidémie, caractérisée par une augmentation rapide du taux d’influenza et de maladies de type grippal à partir du milieu de l’automne, avec un pic au milieu de l’hiver et un déclin au milieu du printemps.</p>
<p>Le schéma de l’activité grippale, qui était auparavant prévisible dans les deux hémisphères, ne l’est plus vraiment depuis la fin des mesures de confinement.</p>
<p>Aux États-Unis, on a signalé environ 36 millions d’infections, 390 000 hospitalisations et 25 000 décès dus à la grippe <a href="https://www.cdc.gov/flu/about/burden/past-seasons.html">au cours de la saison 2019-2020</a>. En 2020-2021, on a observé une activité grippale très faible, tandis qu’en 2021-2022, on a compté quatre fois moins d’infections que pendant les saisons prépandémiques.</p>
<p>La mise en œuvre de mesures de santé publique strictes pendant la pandémie de Covid-19 a contribué à réduire l’incidence de l’influenza et des maladies de type grippal au cours des deux dernières saisons de virus respiratoires dans les deux hémisphères. Toutefois, <a href="https://doi.org/10.1016/S2214-109X(22)00358-8">l’assouplissement de ces mesures</a> risque d’entraîner une très forte recrudescence des infections virales respiratoires dans les semaines à venir.</p>
<p>Ces infections comprennent <a href="https://doi.org/10.1016%2Fj.ijid.2022.08.002">l’influenza</a>, le <a href="https://covid19.healthdata.org/global?view=cumulative-deaths&tab=trend">SARS-CoV-2</a> et le <a href="https://www.cdc.gov/surveillance/nrevss/rsv/natl-trend.html">virus respiratoire syncytial</a> (VRS), qui touche particulièrement les <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/palivizumab-infection-virus-respiratoire-syncytial-nourrissons.html">enfants</a>.</p>
<h2>L’influenza dans l’hémisphère sud</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Quatre taches circulaires rouges sur un fond bleu" src="https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue microscopique de particules du virus de l’influenza B.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré l’incidence de la Covid-19 sur la santé mondiale et une saison grippale presque négligeable au cours des deux dernières années, l’hémisphère sud a vu l’activité grippale changer de façon radicale en 2022.</p>
<p>Au <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7143a1.htm?s_cid=mm7143a1_w">Chili</a>, la saison a commencé par une flambée de grippe B en janvier, suivie d’une accalmie relative en mars et avril, puis d’une montée de la grippe A qui a atteint un pic en juin. En comparaison, en <a href="https://www.health.gov.au/sites/default/files/documents/2022/10/aisr-fortnightly-report-no-7-20-june-to-3-july-2022.pdf">Australie</a>, la saison de la grippe a commencé en mars, a connu un pic record en juin et a été dominée tout au long par la grippe A.</p>
<h2>Que nous réservent l’automne et l’hiver ?</h2>
<p>Contrairement à la grippe saisonnière, la Covid-19 se comporte essentiellement comme un virus pandémique, avec une transmission virale simultanée et importante partout sur la planète. L’activité de la Covid-19 peut être « saisonnière » à certains égards, avec des taux de transmission plus élevés pendant les mois d’automne et d’hiver, lorsque les gens, qui sont plus souvent à l’intérieur, pratiquent moins la distanciation sociale.</p>
<p>L’expérience de l’hémisphère sud en 2022 est un indicateur de ce qui attend les climats nordiques pour la saison 2022-2023 des virus respiratoires.</p>
<p>Dans l’hémisphère nord, les virus respiratoires ont fait leur apparition de manière précoce et fulgurante, en particulier aux <a href="https://www.cdc.gov/flu/weekly/index.htm">États-Unis</a> et au <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/grippe-influenza/surveillance-influenza/rapports-hebdomadaires-influenza.html">Canada</a>, et semblent voués à faire des ravages dans les <a href="https://www.lesoleil.com/2022/11/10/virus-respiratoires-la-sante-publique-appelle-les-canadiens-a-redoubler-de-prudence-06385505df1e72817a0456a6f860830f">systèmes de soins de santé</a> déjà malmenés par les répercussions de la Covid-19.</p>
<h2>L’importance de la vaccination contre la grippe</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="Taches circulaires vertes avec des marques noires sur un fond bleu" src="https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue au microscope de particules du virus de la grippe H1N1.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La vaccination constitue une des mesures de santé publique les plus efficaces dans la lutte contre l’influenza et la Covid-19. Les recommandations sur la composition des vaccins contre la grippe sont formulées deux fois par an par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs mois avant la saison des virus respiratoires dans chaque hémisphère.</p>
<p>Cependant, l’homologation des vaccins contre la grippe relève généralement des juridictions nationales. Des formulations semblables de vaccins sont approuvées aux <a href="https://www.cdc.gov/flu/professionals/acip/2022-2023/acip-table.htm">États-Unis</a>, au <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/guide-canadien-immunisation-declaration-vaccination-antigrippale-2022-2023.html">Canada</a>, au <a href="https://www.gov.uk/government/publications/flu-vaccines-for-the-current-season/flu-vaccines-for-the-2022-to-2023-season">Royaume-Uni</a> et dans d’autres pays du Nord, et sont maintenant largement accessibles.</p>
<p>La <a href="https://www.who.int/news/item/25-02-2022-recommendations-announced-for-influenza-vaccine-composition-for-the-2022-2023-northern-hemisphere-influenza-season">composition du vaccin contre l’influenza</a> pour la saison 2022-2023 dans les latitudes septentrionales est basée sur la surveillance des souches virales en circulation pendant la dernière saison dans l’hémisphère sud. L’OMS a recommandé le vaccin quadrivalent (quatre souches) et le vaccin trivalent (trois souches), sans accorder de préférence à l’un ou l’autre.</p>
<p>Le vaccin quadrivalent contient deux <a href="https://www.mcgill.ca/oss/article/health/what-does-it-mean-when-vaccine-contains-inactivated-virus">souches inactivées</a> de la grippe A (H1N1 et H3N2) et deux souches inactivées de la grippe B. Le vaccin trivalent est similaire, sauf qu’il ne contient qu’une seule souche inactivée de la grippe B.</p>
<h2>L’efficacité des vaccins contre la grippe</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des mains gantées faisant une injection dans une épaule" src="https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">On peut recevoir le vaccin contre l’influenza en même temps que celui contre la Covid-19.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Rogelio V. Solis)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La protection vaccinale contre l’infection, les formes graves de la grippe et les décès a d’immenses répercussions sur la santé publique, mais elle est souvent mal comprise. <a href="http://doi.org/10.1183/16000617.0258-2020">L’efficacité du vaccin</a> varie d’une saison à l’autre et <a href="https://www.cdc.gov/flu/vaccines-work/effectivenessqa.htm">dépend de plusieurs facteurs</a>, notamment le degré de correspondance entre le vaccin et les souches en circulation, l’utilisation de vaccins à forte dose ou à dose standard, les antécédents de maladie grippale ou de vaccination, l’âge, l’état de santé général et les mesures de santé publique telles que la distanciation sociale ou le port du masque médical.</p>
<p>Les vaccins contre la grippe tendent à offrir une <a href="https://www.cdc.gov/flu/vaccines-work/vaccineeffect.htm">meilleure protection contre les sous-types de la grippe B et de la grippe A H1N1</a>, mais une efficacité moindre contre le sous-type A H3N2.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1093/cid/ciab462">La recherche</a> a démontré que, aux États-Unis, l’efficacité des vaccins antigrippaux à dose standard pour prévenir les formes graves de grippe pendant la saison 2019-2020 était plus élevée pour les jeunes adultes (60 %), relativement faible chez les adultes d’âge moyen (20 %) et faible ou négligeable pour les personnes âgées.</p>
<p>Les vaccins à haute dose permettent d’obtenir une efficacité de 30 % chez les personnes âgées. Par conséquent, les personnes âgées de 65 ans et plus devraient recevoir un vaccin quadrivalent à haute dose. Les vaccins contre la grippe doivent être accompagnés d’autres précautions de prévention des infections, notamment la distanciation sociale, le port du masque à l’intérieur et le lavage fréquent des mains.</p>
<h2>Ai-je besoin d’un vaccin contre la grippe ?</h2>
<p>On peut se faire vacciner en même temps <a href="https://www.cdc.gov/flu/prevent/coadministration.htm">contre la grippe et contre la Covid-19</a>.</p>
<p>Les vaccins contre l’influenza sont considérés comme sûrs et efficaces chez pratiquement tous les individus, malgré <a href="https://www.scientificamerican.com/article/flu-shots-may-not-protect-the-elderly-or-the-very-young/">l’absence de preuves solides de protection chez les très jeunes enfants et les personnes âgées</a>. Leur usage est comparable à la protection qu’offre le port de la ceinture de sécurité : on ne sera peut-être pas impliqué dans un accident, mais si on l’est, les chances de survie et de protection contre les blessures graves sont plus élevées avec que sans ceinture.</p>
<p>Au cours de la <a href="https://www.cdc.gov/flu/prevent/flushot.htm">saison 2019-2020 de virus respiratoires aux États-Unis</a>, la vaccination contre la grippe a permis d’éviter plus de 100 000 hospitalisations et plus de 6 000 décès. Compte tenu de la pression que la grippe et la pandémie de Covid-19 risquent d’exercer sur les soins de santé, les avantages de la vaccination seront probablement plus importants pendant la saison actuelle que pour les années précédentes.</p>
<p>À quoi servent les doses de rappel contre la Covid-19 ?</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Masses orange constellées de petits points verts" src="https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue microscopique de particules de la souche Omicron du virus SARS-CoV-2 (colorées en vert) sur une cellule humaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour la Covid-19, <a href="https://doi.org/10.1136/bmj-2022-072141">l’efficacité d’une primovaccination de deux doses avec une seule dose de rappel</a> est de près de 90 % pour prévenir l’hospitalisation, mais elle chute progressivement à environ 65 % au cours des quatre à cinq mois suivant la dernière dose. Les rappels avec le vaccin bivalent pourraient <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(22)00692-2">préserver l’immunité induite par la vaccination</a> contre les nouveaux variants du SARS-CoV-2.</p>
<p>Les vaccins contre la Covid-19 font partie d’une bonne stratégie pour contrer la prochaine vague d’infection. Les derniers <a href="https://secure.medicalletter.org/TML-article-1660c">vaccins bivalents</a> de Pfizer et de Moderna sont recommandés pour les doses de rappel des personnes ayant reçu au moins deux doses de primovaccination contre la Covid-19.</p>
<p>On pense que les vaccins bivalents sont meilleurs contre les souches dominantes BA.4 et BA.5 d’Omicron que les vaccins à ARNm originaux, mais qu’ils sont <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/vaccines-immunization/summary-national-advisory-committee-immunization-november-3-2022-recommendations-use-moderna-spikevax-bivalent-mrna-50-mcg-Covid-19-booster-vaccine-adults.html">aussi efficaces que les vaccins bivalents de première génération</a> qui ciblent la souche originale et le sous-variant BA.1 d’Omicron. Les <a href="https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/coronavirus-Covid-19-update-fda-authorizes-moderna-and-pfizer-biontech-bivalent-Covid-19-vaccines">États-Unis</a>, le <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/resume-comite-consultatif-national-immunisation-3-novembre-2022-recommandations-utilisation-adultes-vaccin-rappel-arnm-spikevax-bivalent-50-mcg-moderna-contre-Covid-19.html">Canada</a> et l’<a href="https://www.ema.europa.eu/en/news/comirnaty-spikevax-ema-recommendations-extra-doses-boosters">Europe</a> ont des critères d’éligibilité légèrement différents en fonction de l’âge et des délais pour ces doses de rappel.</p>
<p>On s’attend à ce que l’influenza et la Covid-19 gagnent du terrain pendant la saison des virus respiratoires dans les climats nordiques. La vaccination, associée à des mesures de protection individuelle, constitue le meilleur moyen de préserver sa santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194586/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sameer Elsayed ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Après une accalmie en raison des confinements, la grippe, le VRS et la Covid-19 devraient progresser au cours de la saison actuelle des virus respiratoires.Sameer Elsayed, Professor of Medicine, Pathology & Laboratory Medicine, and Epidemiology & Biostatistics, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1931892022-10-25T17:32:30Z2022-10-25T17:32:30ZChine : Xi Jinping plus fort que jamais au sein d’un parti communiste entièrement construit autour de lui<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/491738/original/file-20221025-15-qwlmdm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4215%2C2901&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’ex-président chinois Hu Jintao quitte sous escorte la cérémonie de clôture du 20e Congrès du Parti communiste chinois, sans émouvoir son successeur, Xi Jinping. </span> <span class="attribution"><span class="source">(EPA-EFE/Mark R Cristino)</span></span></figcaption></figure><p>On avait cru, à tort, que la manière dont Xi Jinping a publiquement <a href="https://www.la-croix.com/Monde/Congres-PCC-Pekin-mystere-lexpulsion-Hu-Jintao-direct-2022-10-22-1201238962">exclu son prédécesseur</a> à la présidence de la République populaire de Chine, Hu Jintao, de la cérémonie de clôture du 20<sup>e</sup> congrès du Parti communiste, ferait les manchettes toute la semaine.</p>
<p>Ce développement spectaculaire était-il dû à l’état de santé de Hu Jintao ? Ou s’agissait-il d’une purge en direct, planifiée ou décidée spontanément ? On ne le saura sans doute jamais. Mais la froideur affichée par Xi devant un Hu désespéré dépeint certainement la fin de ce à quoi Hu (et avant lui Deng Xiapoing et Jiang Zemin) était associé : leadership collectif, démocratie interne et recherche du consensus.</p>
<p>Au cours de cette <a href="https://www.ledevoir.com/monde/asie/766721/un-troisieme-mandat-historique-pour-xi-jinping">semaine de congrès</a>, la plupart des changements de personnes, de doctrine et de priorités politiques pointent dans la même direction. Après dix ans d’effort pour centraliser son pouvoir, Xi Jinping a désormais le contrôle total du Parti communiste chinois.</p>
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<p>La composition du 20<sup>e</sup> <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-63272858">Comité permanent du Politburo</a> (CPP), organe directeur du parti et du pays, illustre parfaitement sa domination de Xi de l’appareil politique. Outre Xi qui y siège, les six autres postes du CPP annoncés le 23 octobre appartiennent à un inconditionnel qui lui est lié politiquement et personnellement.</p>
<p>Li Qiang et Cai Qui, respectivement secrétaires du PC de Shanghai et de Pékin, ont été les exécutants de la très impopulaire <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/congres-du-pc/chine-xi-jinping-defend-sa-politique-zero-Covid-lors-du-congres-du-parti-communiste_5425291.html">politique Zéro Covid</a>. Ding Xuexiang (chef de cabinet de Xi) le sert depuis son mandat à Shanghai en 2007. Et Li Xi (secrétaire du PC du Guangdong) est l’un des plus anciens partisans et un ami de la famille. Ces quatre nouveaux membres rejoignent deux « loyalistes » du 19<sup>e</sup> CPP : Zhao Leji (secrétaire du Comité central pour l’inspection disciplinaire) et Wang Huning (principal théoricien de Xi).</p>
<p>Les sept membres du CPP sont choisis parmi les 24 qui forment le Politburo, dont la composition illustre également le contrôle renouvelé de Xi sur les élites du parti. Pour y parvenir, le PCC a également créé plusieurs précédents en ignorant ou en interprétant de manière sélective les vieilles règles et coutumes régissant la carrière des politiciens. Et, pour la première fois depuis des décennies, ce cercle rapproché ne compte <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/congres-du-pc/chine-il-n-y-a-aucune-femme-au-bureau-politique-du-parti-communiste-pour-la-premiere-fois-en-25-ans_5435227.html">aucune femme</a>.</p>
<h2>Mots d’ordre : stabilité et contrôle</h2>
<p>Au chapitre des idées maîtresses et des priorités politiques, le congrès a adopté en bloc le programme de Xi. Il l’a ensuite inscrit à la constitution du parti avant de le réélire au Secrétariat général pour la troisième fois — du jamais vu. <a href="https://www.la-croix.com/Congres-Parti-communiste-chinois-annonces-attendues-2022-10-21-1301238775">Sur le plan économique</a>, les politiques existantes sont toutes réaffirmées. La référence à la « prospérité commune » (une croissance plus équitable pour tous) et l’accent mis sur le marché intérieur (ses capacités d’innovation et d’autonomie) n’ont pas changé. Quant à la politique du Zéro Covid, aucun assouplissement n’est annoncé : l’ingérence décisive de l’État — qui s’est intensifiée — se poursuivra.</p>
<p>La vision sous-jacente est celle d’une Chine plus repliée sur elle-même, moins impliquée dans les affaires du monde, et dont les politiques s’élaboreront en conformité avec les volontés du centre du parti — Xi lui-même. Pour la première fois depuis la mort de Mao, il ne semble plus exister de contrôle institutionnel ou politique sur le pouvoir du chef suprême.</p>
<p>Mais il <a href="https://theconversation.com/china-xi-jinping-poised-for-a-third-term-with-no-plans-to-relinquish-power-any-time-soon-192560">est simpliste de comparer Xi à Mao</a>. Ce dernier se considérait au-dessus du parti, qu’il voyait comme un véhicule pour mettre en œuvre ses idées irrationnelles et régler ses comptes. Il s’entourait de courtisans qui ne savaient pas gouverner, contrairement à Xi qui s’est entourés de technocrates loyaux. Et bien sûr, Mao n’a pas hésité à jeter le PCC dans l’abîme du radicalisme lorsqu’il en a perdu le contrôle.</p>
<p>Xi a grandi à l’époque des ravages et de l’anarchie de la <a href="https://www.lesoleil.com/2016/05/14/il-y-a-50-ans-la-chine-vivait-sa-revolution-culturelle-303b618603954c425fd977ca5b8938f4">Révolution culturelle</a> décrétée par Mao, dont il est ressorti avec de profondes cicatrices (son père Xi Zhongxun a été enlevé par les Gardes rouges et sa sœur aînée Xi Heping s’est suicidée) et un dégoût pour le désordre.</p>
<p>Lorsque Xi est arrivé au pouvoir en 2012, il s’est inquiété du laxisme dans la discipline du parti et de son contrôle inefficace de la société. En dix ans, il a considérablement accru la capacité de surveillance et de répression du parti, il a purgé la plupart des cadres corrompus et déloyaux envers lui, et il a centralisé le contrôle du régime communiste.</p>
<h2>La montée en puissance du PCXi</h2>
<p>Xi centralise le pouvoir de façon très différente de Mao, car il le fait au sein du parti. Mais la manière se ressemble sur un point essentiel : la direction collective, la démocratie interne et la recherche du consensus sont sacrifiées au profit de la discipline et de la loyauté envers le leader « central ». En l’absence quasi totale de contrepouvoirs, le dirigeant n’est plus contraint par la nécessité de former des consensus. Son charisme personnel, son jugement, ses forces et ses faiblesses du leader auront donc un impact beaucoup plus important sur l’orientation future et la résilience du régime.</p>
<p>En outre, l’histoire nous apprend que plus un système est centralisé, plus la lutte pour la succession risque d’être âpre. En l’absence d’un héritier clair, il sera beaucoup plus difficile d’assurer une transition stable parmi des hauts dirigeants unis par leur seule loyauté envers Xi, alors que les conventions de jadis quant à la succession ont été abolies. Si la santé de Xi flanche ou à la première velléité de retraite, les couteaux risquent de voler bas dans son entourage pour arracher la succession.</p>
<p>Par la centralisation, Xi a transformé le PCC en une machine personnelle obsédée par le contrôle, mais au prix de saper des principes de fonctionnement qui avaient pourtant joué un rôle important dans la longévité et le succès du parti. Il reste à voir si ce nouveau « PCXi » parviendra à assurer la prospérité d’une société en évolution dynamique — ce que l’ancienne version du PCC avait su faire jusqu’à présent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193189/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Konstantinos Tsimonis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Après dix ans d’effort pour centraliser son pouvoir, Xi Jinping a désormais le contrôle total du Parti communiste chinois.Konstantinos Tsimonis, Lecturer in Chinese Society, King's College LondonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1909422022-09-20T13:36:34Z2022-09-20T13:36:34ZDes scientifiques canadiens ont contribué au vaccin ARNm. Mais la recherche fondamentale est en péril au pays<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485346/original/file-20220919-3936-x562fz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C0%2C5000%2C2806&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le financement de la recherche est essentiel pour relever les défis futurs en matière de santé.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le prix Nobel de physiologie ou médecine sera décerné le 3 octobre. Le Canada sera de nouveau à l’honneur grâce à la participation de scientifiques canadiens au développement d’un vaccin à ARNm.</p>
<p>Le <a href="https://gairdner.org/laureats/laureats-actuels/?lang=fr">prix international Canada Gairdner</a>, offert à cinq chercheurs qui ont excellé dans les sciences médicales, est souvent considéré comme un prédicteur du prix Nobel.</p>
<p>Or, cette année, ce prix a récompensé un de nos chercheurs, <a href="https://gairdner.org/laureats/laureats-actuels/?lang=fr#Pieter_Cullis">Pieter Cullis</a>, de l’Université de Colombie-Britannique, ainsi que ses collègues Katalin Karikó, de BioNTech, en Allemagne, et Drew Weissman, de l’Université de Pennsylvanie. Cullis a été reconnu pour la mise au point de l’emballage de nanoparticules lipidiques enveloppant l’ARNm conçu par Karikó, ainsi que par Weissman, pour les composantes du vaccin de la Covid-19.</p>
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<figcaption><span class="caption">The 2022 Canada Gairdner International Awards.</span></figcaption>
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<h2>Développement d’un vaccin à ARNm</h2>
<p>La contribution du Canada au développement de vaccins à ARNm fonctionnels comprend également Nahum Sonenberg, un <a href="https://www.mcgill.ca/gci/article/sante-gala-road-rna-therapies">pionnier de la recherche sur l’ARNm</a> qui a été consulté en lien avec le développement du vaccin à ARNm de Moderna. Sonenberg a reçu un <a href="https://gairdner.org/award_winners/nahum-sonenberg/">Prix international Gairdner en 2008</a> pour avoir découvert comment l’ARNm est construit pour permettre la synthèse des protéines.</p>
<p>Moderna a elle-même été cofondée par <a href="https://www.utoronto.ca/news/lab-saving-lives-moderna-co-founder-derrick-rossi-becoming-serial-entrepreneur">Derrick Rossi de l’Université de Toronto</a>, et <a href="https://mcgillnews.mcgill.ca/s/1762/news/interior.aspx?gid=2&pgid=2347">Noubar Afeyan de l’Université McGill</a>.</p>
<h2>Vaccins contre les adénovirus</h2>
<p>En 2021, le Canada avait approuvé non seulement les vaccins à ARNm de BioNTech et Moderna, mais également le vaccin d’Oxford utilisant un virus connu sous le nom d’adénovirus. Ce vaccin utilise un adénovirus pour insérer le gène de la protéine de pointe du virus Covid-19. La vaccination conduit à l’immunité au Covid-19.</p>
<p>C’est le biologiste moléculaire <a href="https://brighterworld.mcmaster.ca/articles/analysis-how-the-puzzle-of-viral-vector-vaccines-was-solved-leading-to-todays-Covid-19-shots/">Frank Graham</a> qui a été le pionnier de l’utilisation de l’adénovirus pour générer ce type de vaccins.</p>
<p>La recherche a estimé que <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(22)00320-6">19,8 millions de vies ont été sauvées grâce aux vaccins en 2021</a>, avec plus de 310 000 vies au Canada seulement.</p>
<h2>Sous-estimer l’importance de la recherche</h2>
<p>La reconnaissance de scientifiques exceptionnels par le comité du prix Nobel n’est malheureusement pas une valeur partagée par notre gouvernement fédéral aujourd’hui. En 2017, la <a href="http://www.revuescience.ca/eic/site/059.nsf/fra/accueil">ministre des Sciences Kirsty Duncan</a> a souligné la nécessité d’augmenter le financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) pour inverser le déclin de la recherche canadienne.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-financement-de-la-recherche-scientifique-fondamentale-est-crucial-pour-faire-face-a-la-pandemie-de-coronavirus-134719">Le financement de la recherche scientifique fondamentale est crucial pour faire face à la pandémie de coronavirus</a>
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<p>En 2017, le financement des IRSC ne représentait que 2,5 % de celui des National Institutes of Health (NIH) correspondants aux États-Unis. En 2022, le financement des IRSC était proportionnellement inférieur, à <a href="https://cihr-irsc.gc.ca/f/52798.html">2,3 %</a> à celui des <a href="https://www.aip.org/fyi/2022/nih-budget-fy22-outcomes-and-fy23-request">NIH</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1392118457861386241"}"></div></p>
<p>Les États-Unis reconnaissent l’importance de la recherche en investissant cinq fois plus par habitant que le Canada. Au fur et à mesure que chaque budget fédéral est annoncé, tous les scientifiques du Canada attendent avec impatience une augmentation des budgets à des niveaux compétitifs à l’échelle internationale. Malheureusement cette croissance ne vient jamais.</p>
<p>L’écart entre le Canada et les autres pays du G7 et de l’OCDE, signifie que <a href="https://www.timeshighereducation.com/news/large-surpluses-post-lockdown-blip-say-canadian-universities">nos futurs scientifiques canadiens formés en recherche fondamentale iront ailleurs pour poursuivre des opportunités de carrières fructueuses</a>.</p>
<p>La perte de nos scientifiques aura un effet nuisible sur la santé des Canadiens et sur l’économie.</p>
<h2>La culture scientifique au Canada</h2>
<p>Pendant la pandémie, les Canadiens ont suivi les mises à jour et les nouvelles concernant les messages de santé publique qui affectent leur vie quotidienne. Nous avons observé et examiné comment la recherche scientifique est menée et communiquée.</p>
<p>La pandémie semble avoir suscité une soif et une curiosité pour la science. Plus les gens s’informent, plus ils sont protégés des fausses informations qui pourraient leur nuire ainsi qu’à leurs proches.</p>
<p>Jamais il n’a été aussi nécessaire de promouvoir la pertinence de la science auprès de tout le Canada et particulièrement auprès de nos décideurs aux niveaux fédéral et provincial.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 nous a ouvert les yeux sur le fait que le Canada n’était pas préparé pour contrer les grandes pandémies. Du <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-2012-7">premier séquençage de l’ARN viral du SARS-CoV-2</a> à la <a href="https://www.england.nhs.uk/2020/12/landmark-moment-as-first-nhs-patient-receives-Covid-19-vaccination/">première inoculation du vaccin requis pour atténuer la menace</a>, la rapidité de la réponse des scientifiques fondamentaux et appliqués du monde entier, a démontré pourquoi la recherche scientifique est si pertinente pour tous. Avec de multiples menaces sanitaires, investir dans la recherche ne doit plus être considéré comme un luxe.</p>
<h2>Compétition mondiale</h2>
<p>Alors que l’inflation apparemment incontrôlable et les problèmes économiques s’installent, les <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-student-scientists-demand-action-on-federal-scholarships/">scientifiques canadiens, leurs étudiants et leurs postdoctorants sont gravement touchés par le manque de financement pour soutenir les laboratoires</a>. Sans un investissement accru dans les budgets des trois organismes subventionnaires de la recherche scientifique, le <a href="https://montrealgazette.com/opinion/opinion-montreal-aids-conference-steeped-in-legacy-and-hope">Canada ne pourra pas être compétitif sur le plan scientifique</a>. Cette situation est une menace pour la santé et l’économie du Canada.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/prix-nobel-les-chercheurs-canadiens-aspirent-a-plus-148417">Prix Nobel : les chercheurs canadiens aspirent à plus</a>
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<p>Avec la compétition mondiale pour recruter des chercheurs, il nous faut retenir, recruter et soutenir nos scientifiques de grands talents. Le Canada se doit de relever les défis qui proviendront de nouvelles pandémies, de l’augmentation de la résistance aux antibiotiques contre les infections bactériennes, du traumatisme et de la dévastation du cancer, de la crise des pathologies liées à l’âge, y compris la maladie d’Alzheimer et d’autres neurodégénératives, et bien sûr, contre le diabète. Cette dernière est un exemple de réussite. C’est en effet la découverte de l’insuline qui nous a valus <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/1923/summary/">notre premier prix Nobel de physiologie ou médecine</a> en 1923.</p>
<p>La recherche sauve les vies.</p>
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<p><em>John Bergeron remercie Kathleen Dickson en tant que coauteure et Michel L. Tremblay (Université McGill) pour la lecture du texte.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190942/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Bergeron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les scientifiques canadiens ont contribué à la lutte contre la Covid-19, notamment dans le développement des vaccins. Mais le sous-financement de la science au pays menace son futur.John Bergeron, Emeritus Robert Reford Professor and Professor of Medicine, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1891822022-09-19T13:19:04Z2022-09-19T13:19:04ZPost-pandémie : une meilleure conciliation emploi-famille sans baisse de salaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483092/original/file-20220906-20-49l9q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C983%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le télétravail, qui est un avantage souhaité par la majorité de ceux qui l’ont expérimenté, facilite la conciliation de plusieurs parents.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La crise sanitaire s’est traduite par des situations difficiles pour les parents travailleurs qui ont dû jongler avec leurs responsabilités professionnelles, la fermeture ponctuelle des classes et les périodes d’isolement de leur enfant. En tant que spécialistes de la conciliation emploi-famille au Québec, nous nous intéressons à l’expérience des parents québécois, plus de deux ans après le début de la crise sanitaire et de la mise en place du télétravail à grande échelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-facilite-la-conciliation-emploi-famille-mais-moins-pour-les-femmes-161718">La pandémie a facilité la conciliation emploi-famille… mais moins pour les femmes</a>
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<p>Quelles sont les concessions que les parents québécois sont prêts à faire pour faciliter leur conciliation emploi-famille ? Cette question est au cœur de nos travaux, effectués en partenariat avec <a href="https://www.concilivi.com/fr/sceau-convilivi">l’initiative Concilivi du Réseau pour un Québec famille (RPQF)</a>.</p>
<p>À la demande du RPQF, la firme Léger a été mandatée pour mener des enquêtes auprès des travailleurs québécois dans le but de dresser le portrait de la conciliation emploi-famille chez les parents et les proches aidants. Les données permettent de faire des comparaisons entre la situation des parents avant la pandémie, en janvier 2018 et en février 2020, et à trois reprises depuis le début de la crise, soit en juin 2020 et en mai 2021 et 2022.</p>
<h2>Une meilleure conciliation, oui, mais pas à n’importe quel prix</h2>
<p>Avant la pandémie, à l’hiver 2018, alors qu’environ 10 % des Québécois avaient l’opportunité de télétravailler, une proportion élevée de parents – 37 % – affirmaient être prêts à accepter une réduction de salaire pour obtenir de meilleures mesures de conciliation.</p>
<p>Les enquêtes subséquentes, menées au cours de la crise, révèlent un changement important dans le discours des parents. La proportion de ceux se disant ouverts à une baisse de salaire en échange de meilleures mesures de conciliation a chuté à 31 % en juin 2020, et stagné à 27 % en mai 2021 et 2022.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>Certaines catégories de travailleurs – en particulier les répondants qui détiennent un diplôme universitaire, qui ne sont pas nés au Canada, ou qui sont âgés de moins de 35 ans – se disent davantage prêts à accepter une réduction de salaire pour améliorer leurs conditions depuis 2020.</p>
<p>En revanche, la tendance n’est pas claire en ce qui a trait aux femmes. Alors qu’une proportion relativement élevée d’entre elles se disait prête à faire un tel compromis en 2018 et en 2021, ce n’était pas le cas en 2020 et en 2022. De même, l’analyse des données des répondants selon le secteur d’emploi ne permet pas de dégager des constats qui se répètent d’une année à l’autre.</p>
<h2>La tendance se maintient</h2>
<p>Le télétravail, qui est un avantage <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2021001/article/00012-fra.htm">souhaité par la majorité de ceux qui l’ont expérimenté</a>, facilite la conciliation de plusieurs parents. D’ailleurs, la tendance selon laquelle la conciliation emploi-famille serait facilitée depuis le début de la crise sanitaire et la mise en place du télétravail semble se pérenniser.</p>
<p>Ce constat est important et inattendu. <a href="https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/14234">Nos recherches</a> ont montré qu’une proportion supérieure de parents <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-facilite-la-conciliation-emploi-famille-mais-moins-pour-les-femmes-161718">avaient affirmé avoir une conciliation emploi-famille « facile » en période de confinement</a>. Nous émettions alors l’hypothèse que cette perception d’une conciliation facilitée était le résultat d’une diminution des conflits de temps lors des périodes charnières le matin et en fin d’après-midi.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p>À la suite de la réouverture des écoles et avec la reprise de l’ensemble des activités parascolaires, il semblerait que ce soit davantage le télétravail et <a href="https://tout-petits.org/publications/sur-le-radar/Covid-19/les-employeurs-des-partenaires-essentiels-de-la-conciliation-famille-travail/">l’attitude des employeurs</a> que l’absence d’activités pour les enfants, qui facilite la conciliation. C’est ce que révèlent les données recueillies en 2021 et 2022. Puisque la plupart des parents estiment avoir une conciliation « facile », ils sont donc possiblement moins enclins à diminuer leur salaire pour de meilleures conditions.</p>
<h2>Les enseignants ressentent une diminution du soutien offert par leur employeur</h2>
<p>La majorité des employés avec des responsabilités de soins affirment que leur employeur a « maintenu » (53 %) ou augmenté (10 %) le soutien qui leur était offert depuis le début de la crise. L’empathie manifestée par les employeurs à l’égard de leurs employés s’est donc poursuivie au-delà des semaines de confinement obligatoire.</p>
<p>À l’inverse, parmi tous les secteurs d’emploi, ce sont les répondants qui travaillent dans le domaine de l’enseignement qui sont proportionnellement les plus nombreux à percevoir une baisse de soutien de leur employeur. Est-ce là le reflet d’une certaine fatigue pandémique, les enseignants ayant été constamment sollicité à <a href="https://theconversation.com/enseignement-a-distance-un-succes-mitige-et-des-lecons-a-tirer-158859">changer leur approche pédagogique</a>, tout en gérant le port du masque chez les élèves ?</p>
<p>Difficile à dire. Dans un contexte où <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-07-08/recrutement-d-enseignants/une-occasion-de-repenser-la-profession.php">près d’un enseignant sur quatre quitte la profession dans les cinq premières années</a>, il faudra rapidement réfléchir aux bonnes pratiques en termes de gestion des ressources humaines afin de soutenir et de reconnaître le travail des enseignants et ainsi éviter d’accentuer la pénurie de main-d’œuvre.</p>
<h2>Les impacts de la pénurie de main-d’œuvre</h2>
<p>La pénurie de main-d’œuvre à laquelle le Québec fait face pourrait se révéler un couteau à double tranchant pour les conditions de travail. D’une part, les difficultés de recrutement des organisations créent une <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-05-23/la-penurie-de-main-d-oeuvre-vraiment-une-bonne-nouvelle.php">pression sur la hausse des salaires</a>. Selon certains observateurs, les candidats à la recherche d’un emploi peuvent négocier de manière très avantageuse leurs <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-06-04/entrevues-d-embauche.php">conditions d’embauche</a>.</p>
<p>D’autre part, les données de 2022 montrent que la moitié des répondants affirment que la pénurie de main-d’œuvre nuit à l’accès à des mesures de conciliation. Les femmes (54 %), les enseignants (65 %) et les travailleurs dans le secteur de la santé et des services sociaux (62 %) étaient significativement plus enclins à faire ce constat, sans doute en raison du manque de main-d’œuvre et de l’intensification du travail dans ces milieux.</p>
<p>À un moment où les employeurs cherchent par tous les moyens à attirer et à conserver la main-d’œuvre, les employeurs devraient certes revoir leur attitude face aux mesures de conciliation. Des éléments comme une table de billard, une machine expresso, le fait de pouvoir amener son chien au bureau, l’offre d’aliments gratuits (viennoiseries, fruits) et des services de concierge peuvent parfois attirer du personnel à court terme.</p>
<p>Mais pour favoriser la rétention de ce personnel à long terme, il faut plutôt miser sur la flexibilité des horaires et divers aménagements du temps de travail et de l’espace de travail (télétravail).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189182/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Mathieu a reçu du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour ses recherches sur la conciliation emploi-famille. Sophie Mathieu travaille aujourd'hui pour l'Institut Vanier de la famille.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Diane-Gabrielle Tremblay a reçu des financements de l'université Téluq et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour ses recherches sur la conciliation emploi-famille.</span></em></p>La proportion des parents se disant ouverts à une baisse de salaire en échange de meilleures mesures de conciliation a chuté à 31 % en juin 2020, et stagné à 27 % en mai 2021 et 2022.Sophie Mathieu, PhD en sociologie, Université TÉLUQ Diane-Gabrielle Tremblay, Professeure à l'Université TELUQ, Université du Québec, directrice de l'ARUC sur la gestion des âges et des temps sociaux et de la Chaire de recherche du Canada sur l'économie du savoir, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1877312022-09-15T12:52:07Z2022-09-15T12:52:07ZLa nostalgie de l’enfance occulte les expériences des enfants d’aujourd’hui<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/477747/original/file-20220804-2246-maxlo6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C26%2C5928%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La nostalgie n'est pas une preuve de la façon dont les choses étaient autrefois. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La nostalgie est revenue en force dans le sillage de la Covid-19. Les confinements imposés ont en effet donné lieu à une augmentation des <a href="https://doi.org/10.1080/01490400.2020.1773993">activités nostalgiques telles que regarder des films classiques, faire de la pâtisserie et se souvenir du passé</a> avec la famille et les amis.</p>
<p>La nostalgie peut être définie comme un sentiment de <a href="https://www.basicbooks.com/titles/svetlana-boym/the-future-of-nostalgia/9780465007080/">regret d’un temps plus heureux qui n’existe plus et qui n’a peut-être jamais existé</a>.</p>
<p>Lorsqu’elle n’est pas excessive, la nostalgie peut être un sentiment productif, en ce sens qu’il donne une impression de <a href="https://www.michigandaily.com/statement/nostalgia-time-Covid/">continuité, d’utilité et d’optimisme dans les moments difficiles</a>.</p>
<p>Comme l’explique l’autrice Danielle Campoamor : « <a href="https://www.nytimes.com/2020/07/28/smarter-living/coronavirus-nostalgia.html">La nostalgie est une sorte d’objet transitionnel, qui nous aide à nous habituer à une nouvelle réalité</a> bouleversante, stressante ou traumatisante. »</p>
<p>Mais la nostalgie peut créer une image exagérément simpliste <a href="https://reporter.rit.edu/views/hindsight-isnt-always-2020-dark-side-nostalgia">du passé, qui détourne l’attention du présent et limite la capacité d’imaginer un avenir différent</a>.</p>
<h2>À quoi sert la nostalgie ?</h2>
<p>Comme la nostalgie fait généralement appel à des souvenirs de <a href="https://theconversation.com/a-new-view-of-an-old-emotion-or-how-science-is-saving-nostalgia-16658">liens sociaux et fraternels, elle peut aider les gens à composer avec le sentiment de solitude</a>.</p>
<p>La théoricienne de la culture Svetlana Boym ajoute que la nostalgie perturbe <a href="http://monumenttotransformation.org/atlas-of-transformation/html/n/nostalgia/nostalgia-svetlana-boym.html">« le caractère irréversible du temps qui accable la condition humaine »</a> et permet d’utiliser le passé pour repenser le présent et l’avenir.</p>
<p>Pour ces raisons, la <a href="https://doi.org/10.1080/10463283.2022.2036005">nostalgie peut être particulièrement importante pour les gens fragilisés en raison de déplacements, de deuils ou de problèmes de santé mentale</a>.</p>
<p>Certaines personnes peuvent même ressentir une <a href="https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2021/09/pandemic-nostalgia-tiktok/620230/">nostalgie des débuts de la crise de la Covid-19, alors que les confinements étaient vécus comme une pause du tumulte du quotidien</a>. Toutefois, la nostalgie reflète une vision exagérément positive de cette époque et met l’accent sur les expériences des personnes privilégiées ou bénéficiant d’une meilleure protection dans la société.</p>
<p>Alors que la pandémie évolue, le désir de retrouver la vie « normale » peut aussi engendrer des <a href="https://www.concordia.ca/cunews/offices/vprgs/sgs/public-scholars-21/2021/06/03/nostalgia-in-the-times-of-Covid-19.html">attentes irréalistes et des sentiments d’impatience, de frustration et de peur</a>.</p>
<p>La nostalgie de la vie prépandémique peut être une façon de s’adapter aux <a href="https://www.nytimes.com/2021/03/11/opinion/Covid-isolation-narrative.html">nombreux deuils liés à la Covid-19</a> et aux effets inégaux de la maladie, de l’apprentissage en ligne et de l’accès aux ressources pour les <a href="https://doi.org/10.22329/JTL.V15I2.6714">enfants, les jeunes</a> et les <a href="https://doi.org/10.1080/08959420.2020.1764319">adultes</a>.</p>
<h2>L’innocence de l’enfance et les jeux</h2>
<p>La nostalgie est traditionnellement associée à <a href="https://doi.org/10.2307/25601604">l’enfance et au désir de revenir à un état d’innocence fantasmé</a>.</p>
<p>Encore aujourd’hui, dans l’imaginaire populaire occidental dominant, l’enfance est perçue comme une <a href="https://doi.org/10.1111/chso.12428">période qui précède les responsabilités, les problèmes et la violence, et la conscience du deuil et de la mort</a>.</p>
<p>Les objets ludiques conçus pour les enfants sont, eux aussi, empreints de nostalgie. L’archéologue Jane Eva Baxter remarque que les <a href="https://doi.org/10.1080/21594937.2016.1220046">jouets peuvent en dire tout autant sur la nostalgie de l’enfance</a> des adultes que sur les enfants auxquels ils sont destinés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Teddy bears" src="https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471891/original/file-20220630-18-i93i5u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les jouets créés pour les enfants témoignent aussi de la nostalgie des adultes pour l’enfance.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Souvenirs d’enfance d’enseignants</h2>
<p>Nos travaux examinent la <a href="https://theconversation.com/how-teachers-remember-their-own-childhoods-affects-how-they-challenge-school-inequities-154996">manière dont les souvenirs d’enfance des futurs enseignants et éducateurs façonnent la perception qu’ils ont de leur rôle</a>.</p>
<p>Dans le cadre de notre recherche, nous avons demandé à des étudiants de premier cycle inscrits aux programmes de formation des enseignants et d’études de l’enfance de <a href="https://doi.org/10.1080/14681366.2022.2063930">choisir un objet – jeton, jouet ou outil – qui, selon eux, représente l’enfance</a>.</p>
<p>Les participants ont été invités à parler de l’objet choisi dans un groupe de discussion. Une foule d’objets ont été passés en revue : peluche, vélo, jumelles, jeux, casse-tête, dessins et livres.</p>
<p>À première vue, ces choix n’ont rien de surprenant. On pourrait même dire qu’ils <a href="https://www.jstor.org/stable/j.ctv18phh3d">représentent les idées normatives sur le développement de l’enfant et la tendance à voir l’enfance comme l’antichambre de la vie adulte productive</a>.</p>
<p>Or, les participants ne se sont pas contentés de réaffirmer les normes représentées par leur objet. Ils l’ont utilisé pour décrire différentes expériences difficiles vécues durant l’enfance, comme la perte d’un être cher, des questions de genre et de sexualité, des moments d’inquiétude, d’intimidation ou d’échec, et la <a href="https://doi.org/10.37291/2717638X.202232170">manière dont ils ont agi pour faire face à des objectifs éducatifs rigides</a>.</p>
<h2>L’enfance prépandémique et les jouets sans technologie</h2>
<p>Si les répondants de notre étude ont décrit des expériences difficiles vécues en tant qu’enfants, ils sont retournés à une vision nostalgique de l’enfance lorsque le sujet de la Covid-19 a été soulevé.</p>
<p>Les technologies étaient au cœur de ces discussions. Plus précisément, les participants ont souligné que l’absence de technologie de leur objet était plus naturelle, plus innocente et plus joyeuse que les gadgets qui, selon eux, dominent les expériences des enfants aujourd’hui.</p>
<p>D’un côté, il existe des raisons importantes de s’inquiéter des <a href="https://doi.org/10.1080/22041451.2016.1266124">technologies conçues pour les enfants, notamment sur le plan de la vie privée, de la sécurité et du consentement</a>. Plusieurs jeunes ont eux-mêmes <a href="https://theconversation.com/youth-have-a-love-hate-relationship-with-tech-in-the-digital-age-109453">exprimé leurs inquiétudes quant aux effets des technologies dans leur vie</a>.</p>
<p>Dans le cas de l’enseignement en ligne d’urgence, Sarah Barrett, spécialiste de la formation des enseignants, relève le rôle des technologies dans <a href="https://doi.org/10.22329/jtl.v15i2.6683">l’aggravation des inégalités sociales et la disparition des communautés scolaires</a>.</p>
<p>D’un autre côté, l’utilisation créative des technologies par les enfants n’est peut-être pas si différente de leur utilisation des objets matériels et des jouets. <a href="https://theconversation.com/should-you-get-your-child-an-ai-doll-this-holiday-89115">Même s’ils soulèvent des interrogations, les jouets haute technologie peuvent être des exutoires pour l’imagination, la curiosité et l’attachement émotionnel</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une paire de jumelles vertes pour enfants" src="https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471657/original/file-20220629-13-orfg4y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La nostalgie peut masquer la complexité des réalités actuelles et des expériences historiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Ce qu’oublie la nostalgie</h2>
<p>Le problème est que la nostalgie occulte tout débat de ce type. Le désir de retrouver l’enfance prépandémique révolue peut renforcer les <a href="https://www.routledge.com/Decolonizing-Place-in-Early-Childhood-Education/Nxumalo/p/book/9781138384538">idées normatives définissant ce qu’est une enfance « réelle » ou « naturelle », même si ces idées n’ont jamais inclus tous les enfants</a>.</p>
<p>Ainsi, la nostalgie peut amener à ignorer les <a href="https://www.tcpress.com/sex-death-and-the-education-of-children-9780807776483">expériences des enfants mêmes, expériences qui ont toujours été touchées par les transitions historiques, les inégalités sociales et les conflits émotionnels</a>, comme en témoigne la discussion des participants à notre étude.</p>
<p>La nostalgie des enfances d’avant la pandémie oublie peut-être aussi que les <a href="https://peopleforeducation.ca/our-work/towards-race-equity-in-education/">écoles n’ont jamais été un espace sûr pour tout le monde</a>, surtout pas pour les <a href="https://news.ubc.ca/2021/10/19/half-of-canadian-kids-witness-ethnic-racial-bullying-at-school-study/">minorités racisées</a> et les <a href="https://www.thestar.com/life/parent/2010/12/03/many_canadian_gay_bisexual_trans_students_bullied_study.html">enfants queers et trans</a>.</p>
<p>Considérant ces inégalités, il est révélateur que bon nombre d’enfants et de jeunes personnes minorisés aient décrit le passage technologique de l’éducation en ligne pendant la pandémie comme un <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-for-some-children-online-learning-had-unexpected-benefits/">répit de la violence raciste, homophobe et transphobe se produisant en personne à l’école</a>.</p>
<p>Parce que la nostalgie crée une vision exagérément positive du passé, elle peut également détourner l’attention de la <a href="https://jtl.uwindsor.ca/index.php/jtl/article/view/6663">nécessité de changements structuraux dans les plans de relance post-Covid-19 du secteur de l’éducation</a>.</p>
<h2>La bonne nouvelle</h2>
<p>La nostalgie est une émotion puissante qui peut être ressentie comme la preuve certaine d’une époque idéalisée à laquelle nous pouvons aspirer à revenir.</p>
<p>La théoricienne de l’éducation Janet Miller indique cependant qu’il est important « <a href="https://journal.jctonline.org/index.php/jct/article/view/181">d’assumer la responsabilité de tout récit nostalgique qu’on se répète simplement par envie de revenir à une époque ou à un lieu bien souvent idéalisé, qui n’existe plus, et qui n’a fort probablement jamais existé</a> ».</p>
<p>Ce pourrait bizarrement être une bonne nouvelle que de reconnaître que la nostalgie ne prouve pas les faits passés. Si nous arrivons à garder à l’esprit l’impossibilité des promesses idéalisées de la nostalgie, et si nous arrivons à assumer la responsabilité des récits nostalgiques que nous racontons, alors nous pourrons peut-être imaginer une vision nouvelle et inclusive de l’enfance et de l’éducation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187731/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lisa Farley a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Debbie Sonu a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julie C. Garlen a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sandra Chang-Kredl a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et du Fonds de recherche de Québec - Société et Culture (FRQSC).</span></em></p>L’enfance n’était pas plus « innocente » ou « naturelle » avant les technologies numériques ou la pandémie.Lisa Farley, Associate Professor, Education, York University, CanadaDebbie Sonu, Associate Professor, Curriculum and Teaching, Hunter CollegeJulie C. Garlen, Associate Professor, Childhood and Youth Studies, Carleton UniversitySandra Chang-Kredl, Associate Professor in Education, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1837692022-08-30T12:46:01Z2022-08-30T12:46:01ZProduction locale d’équipements de protection : la solution pour éviter les pénuries futures ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/467761/original/file-20220608-219-8pvfva.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C983%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La production des EPI se concentre en Asie, surtout en Chine, qui répondait à 50% de la demande au moment où la pandémie s’est amorcée en 2020.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Pendant les premiers mois de la pandémie de Covid-19, l’approvisionnement en équipements de protection (masques, gants, visières, blouses) a été une tâche ardue pour presque tous les réseaux de la santé des pays industrialisés. Les <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-19-septembre-2020">pénuries</a> se sont multipliées partout sur la planète. Dans cette course contre la montre, tous se sont arrachés les produits provenant des mêmes fournisseurs, <a href="https://cpp.hec.ca/wp-content/uploads/2021/04/PP-2020-03.pdf">surtout localisés en Asie</a>. Ces produits n’étaient, par ailleurs, <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-03-29/le-canada-verifiera-la-qualite-des-masques-chinois">pas toujours de grande qualité, quand ils ne sont pas carrément défectueux</a>.</p>
<p>Dans la foulée, des manufacturiers locaux, œuvrant dans d’autres secteurs d’activités comme le textile, pour la fabrication de blouses, ou le pharmaceutique, pour le gel désinfectant, ont investi dans la <a href="https://cpp.hec.ca/wp-content/uploads/2021/06/PP-2020-03_2.pdf">production des équipements de protection individuelle (EPI)</a>. Cependant, plusieurs de ces manufacturiers n’ont pas pu soutenir cette production, faute de contrats d’achat, d’accès aux matières premières ou encore en raison d’une capacité limitée à <a href="https://www.ledevoir.com/economie/598946/60-moins-de-blouses-medicales-a-coudre-que-prevu-par-ottawa">répondre à la demande de différents clients</a></p>
<p>Et si la solution pour éviter une telle situation lors d’une prochaine crise était justement de développer dès maintenant une production locale ?</p>
<p>Nous nous intéressons depuis plusieurs années à la gestion des achats et de l’approvisionnement dans le secteur de la santé. Les immenses défis vécus au début de la pandémie pour l’achat des EPI nous ont motivés a étudier en profondeur la résilience de la chaîne logistique de ces équipements. L’une des solutions que nous explorons dans nos travaux de recherche est justement l’approvisionnement local.</p>
<h2>Les avantages de la production locale</h2>
<p>Les EPI sont achetés par multiples organisations, notamment dans le secteur de la santé (hôpitaux, cliniques). Ces équipements sont achetés auprès des fournisseurs, qui les produisent ou qui distribuent des produits d’autres manufacturiers.</p>
<p>Lorsqu’on parle d’approvisionnement local, on peut faire référence à des distributeurs locaux, qui achètent à des usines situées à l’étranger, ou encore à des manufacturiers locaux. Dans nos recherches, nous nous intéressons surtout à la production locale, bien que les distributeurs locaux contribuent également à l’économie locale et à la résilience de la chaîne logistique. Une fois achetés, les EPI sont distribués à l’intérieur des organisations à tous les utilisateurs qui ont en besoin.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="schéma illustrant les fournisseurs, producteurs, acheteurs" src="https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=163&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=163&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=163&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=205&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=205&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/467747/original/file-20220608-12-h3o7rg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=205&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Différents joueurs sont impliqués dans la chaîne logistique des EPI.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Martin Beaulieu)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>La production locale contribue principalement à <a href="https://doi.org/10.1108/IJPDLM-01-2021-0019">sécuriser l’approvisionnement</a>. Elle permet également de diminuer les risques et les coûts logistiques associés à l’approvisionnement à l’international, qui ont été <a href="https://doi.org/10.1108/00070701211252048">exacerbés par la pandémie</a>. La congestion dans les ports, la pénurie des conteneurs et de main-d’œuvre et les prix élevés du carburant sont en effet parmi les écueils que l’on doit contourner afin de faire parvenir des biens provenant de régions éloignées.</p>
<p>L’approvisionnement local permet également de réduire les effets néfastes du transport de marchandises pour l’environnement et facilite la gestion des fournisseurs par les organisations acheteuses. Ainsi, la proximité géographique permet un contrôle plus strict, de la part des acheteurs, des conditions des travailleurs afin d’éviter, par exemple, les manufacturiers qui sont soupçonnés <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2022-05-21/la-presse-en-malaisie/le-cout-humain-des-gants-a-bas-prix.php">d’avoir recours au travail forcé</a>. La proximité des organisations acheteuses avec les manufacturiers favorise également le développement conjoint de produits qui correspondent mieux aux besoins des utilisateurs et aux critères de développement durable.</p>
<h2>Une production locale ? Oui, mais…</h2>
<p>Mais l’approvisionnement local des EPI n’est pas une mince tâche. Avant la pandémie, il y avait très peu de producteurs locaux. La production des EPI se concentre en Asie, surtout en Chine, qui répondait à la moitié de la demande <a href="https://www.business-standard.com/article/current-affairs/global-annual-spend-on-ppe-can-hit-50-80bn-china-key-player-jefferies-120063000576_1.html">au moment où la pandémie s’est amorcée en 2020</a>. La raison de cette domination asiatique ? La prépondérance du plus bas prix comme critère d’achat dans les appels d’offres, et ce, <a href="https://www.usitc.gov/publications/332/journals/final_china_and_medtech_gvc_jice_508_compliant.pdf">depuis de très nombreuses années</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/rb0cjtWDwlA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En 2020, face à une pénurie, la France a dû se tourner vers la Chine pour lui fournir des masques.</span></figcaption>
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<p>Pour que la production locale soit viable, il est nécessaire que le critère de localisation puisse être tenu en compte lors de la sélection des fournisseurs par les acheteurs. Une autre option est de réserver une partie des contrats à des fournisseurs locaux. On devrait cependant s’assurer que la production locale reste compétitive.</p>
<p>En effet, des prix trop élevés en comparaison à des producteurs étrangers seraient difficilement durables à long terme, dans l’optique où des options nettement plus économiques seraient disponibles. Des investissements en technologies de production et en automatisation peuvent aider à ce que la production locale dépende moins de la main-d’œuvre bon marché pour être compétitive.</p>
<p>De plus, dans le cas du Québec, où le marché local est relativement modeste, le défi demeure de maintenir une industrie locale forte, avec un nombre de joueurs suffisant pour garantir une saine concurrence. Les entretiens que nous avons réalisés avec des producteurs locaux révèlent qu’ils ne souhaitent pas des subventions pour maintenir la production des EPI, mais une demande prévisible par des contrats d’approvisionnement.</p>
<p>En effet, l’aide ponctuelle du gouvernement à travers de subventions ne garantit pas que les manufacturiers puissent trouver des clients pour leurs produits et ainsi survivre après que la subvention s’épuise. En revanche, la possibilité d’obtenir des contrats d’achat à long terme permettrait aux producteurs de soutenir leurs activités dans le temps.</p>
<h2>Une production locale, mais surtout verte et équitable</h2>
<p>Lorsqu’on parle de production locale, il faut aussi se poser la question de l’origine des intrants (matières premières, emballages). Si les intrants clés viennent tous de l’étranger, la production locale sera trop vulnérable aux effets d’une pandémie ou d’une autre crise mondiale.</p>
<p>Les tissus utilisés pour la fabrication des masques, par exemple, ont été très convoités pendant le début de la pandémie. Naturellement, un manufacturier local devrait arrêter sa production, faute des stocks de tissus. L’origine des intrants devrait ainsi faire partie des critères de sélection des fournisseurs.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/o-LuIxmaO0s?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En août 2020, le gouvernement canadien annonçait la fabrication de masques N95 en Ontario.</span></figcaption>
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<p>La décision d’achat des organisations devrait aussi tenir compte de l’impact environnemental des EPI. Par exemple, les EPI biodégradables et réutilisables, bien que plus dispendieux, pourraient devenir intéressants lors d’appels d’offres, dans l’optique où l’on considère des critères environnementaux. Les gouvernements commencent déjà à modifier leur critères d’achat pour <a href="https://www.ledevoir.com/economie/669771/projet-de-loi-12-les-pme-d-ici-d-abord">favoriser les achats locaux responsables</a>.</p>
<h2>Une partie de la solution</h2>
<p>Il serait cependant naïf de croire que seule la production locale pourrait assurer l’approvisionnement des EPI lors de la prochaine pandémie. Depuis le début de l’actuelle pandémie, la prévision de la demande en EPI est un défi constant. Bien malin est celui qui peut prévoir l’ampleur et l’impact de la prochaine crise sanitaire sur les besoins en EPI.</p>
<p>Les fournisseurs locaux ne pourront jamais répondre à une augmentation subite de la demande, telle que celle qui a été observée au début de l’année 2020, ni aux variations successives et abruptes de la demande associées aux changements dans les consignes sanitaires.</p>
<p>Il faudra donc (1) conserver des réserves à différents niveaux (national, local, institutionnel) de produits finis et de matières premières, (2) maintenir de bonnes relations avec des fournisseurs étrangers capables de supporter des variations significatives de la demande et (3) compter sur un système logistique assez performant pour pouvoir anticiper et répondre rapidement aux <a href="https://cpp.hec.ca/wp-content/uploads/2021/04/PP-2020-03.pdf">besoins en EPI de la prochaine pandémie</a>.</p>
<p>Mais une production locale, plus verte et équitable, fait sans doute partie de la solution.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183769/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claudia Rebolledo a reçu des financements de CRSH</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martin Beaulieu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Est-ce que la production locale des équipements de protection individuelle (EPI) représente la solution miracle pour assurer l’approvisionnement en EPI lors de la prochaine pandémie ?Claudia Rebolledo, Professeure en gestion de l'approvisionnement, HEC MontréalMartin Beaulieu, Chercheur associé, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1891792022-08-26T13:41:43Z2022-08-26T13:41:43ZCovid-19 : la surmortalité en Suède durant la pandémie a été parmi les plus faibles d’Europe<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/481200/original/file-20220825-17-gbap46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C0%2C3844%2C2554&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des gens sont attablés dans un café de Stockholm, lei 8 avril 2020. Le gouvernement suédois a fait le choix d'imposer peu de mesures restrictives afin de lutter contre la Covid-19.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Andres Kudacki, File)</span></span></figcaption></figure><p>Alors que la plupart des pays du monde ont fermé leurs frontières au début de la pandémie de Covid-19, la <a href="https://theconversation.com/sweden-under-fire-for-relaxed-coronavirus-approach-heres-the-science-behind-it-134926">Suède est restée accessible</a>.</p>
<p>L’approche du gouvernement a été controversée, certains la qualifiant d’ <a href="https://bristoluniversitypress.co.uk/the-swedish-experiment">« expérience suédoise »</a>. Mais près de deux ans et demi après le début de la pandémie, que pouvons-nous dire aujourd’hui des résultats de cette « expérience » ?</p>
<p>Tout d’abord, rappelons en quoi consistait la stratégie de la Suède. Le pays s’en est largement tenu à son <a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/contentassets/b6cce03c4d0e4e7ca3c9841bd96e6b3a/pandemiberedskap-hur-vi-forbereder-oss-19074-1.pdf">plan de lutte contre la pandémie</a>, élaboré à l’origine pour être utilisé en cas de pandémie de grippe. Au lieu d’un confinement, l’objectif était de parvenir à une distanciation sociale par le biais de recommandations de la santé publique.</p>
<p>Les Suédois ont été encouragés à travailler à domicile dans la mesure du possible et à <a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/nyheter-och-press/nyhetsarkiv/2020/mars/tank-over-om-resan-verkligen-ar-nodvandig/">limiter leurs déplacements</a> à l’intérieur du pays. En outre, il a été demandé aux personnes <a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/nyheter-och-press/nyhetsarkiv/2020/mars/personer-over-70-bor-begransa-sociala-kontakter-tills-vidare/">âgées de 70 ans ou plus</a> de restreindre leurs contacts sociaux, et à celles présentant des <a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/nyheter-och-press/nyhetsarkiv/2020/mars/ny-fas-kraver-nya-insatser-mot-Covid-19/">symptômes de Covid-19</a> de s’isoler. L’objectif était de protéger les personnes âgées et les autres groupes à haut risque tout en ralentissant la propagation du virus afin de ne pas surcharger le système de santé.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-suede-est-tres-relax-face-au-coronavirus-voici-la-science-derriere-cette-decision-135018">La Suède est très relax face au coronavirus. Voici la science derrière cette décision</a>
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<h2>Un marathon, et non pas un sprint</h2>
<p>Lorsque le nombre de cas a augmenté, certaines restrictions ont été imposées. À la fin mars 2020, on a imposé une <a href="https://www.regeringen.se/artiklar/2020/03/forbud-mot-allmanna-sammankomster-eller-offentliga-tillstallningar-med-fler-an-50-deltagare/">limite de 50 personnes</a> pour les événements publics, et de <a href="https://www.regeringen.se/pressmeddelanden/2020/11/max-atta-personer-vid-allmanna-sammankomster-och-offentliga-tillstallningar/">8 personnes</a> en novembre 2020. Les visites dans les maisons de retraite <a href="https://www.regeringen.se/pressmeddelanden/2020/03/nationellt-besoksforbud-pa-aldreboenden/">ont été interdites</a> et les <a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/nyheter-och-press/nyhetsarkiv/2020/mars/larosaten-och-gymnasieskolor-uppmanas-nu-att-bedriva-distansundervisning/">établissements de niveau secondaire supérieur ont été fermés</a>. Les écoles primaires sont toutefois restées ouvertes tout au long de la pandémie.</p>
<p>Le port du masque n’était pas obligatoire pour le grand public pendant la première vague, et seulement dans <a href="https://sverigesradio.se/artikel/7639458">certaines situations</a> plus tard dans la pandémie.</p>
<p>Au printemps 2020, le taux de décès liés à la Covid-19 rapporté en Suède figurait parmi les <a href="https://www.aftonbladet.se/nyheter/a/8mgXb2/sverige-har-nu-hogst-dodlighet-i-varlden-i-Covid-19">plus élevés au monde</a>. Les pays voisins qui ont mis en place des mesures de confinement rapide, comme la Norvège et le Danemark, s’en sortaient beaucoup mieux, et la Suède a été <a href="https://time.com/5899432/sweden-coronovirus-disaster/">durement critiquée</a> pour son approche laxiste.</p>
<p>Mais les défenseurs de la stratégie suédoise affirmaient qu’elle serait payante à long terme, soutenant que les mesures radicales n’étaient pas durables et que la pandémie était un <a href="https://www.bbc.com/news/world-europe-53498133">marathon</a>, et non un sprint.</p>
<h2>Alors, l’approche de la Suède a-t-elle fonctionné ?</h2>
<p>Considérons la surmortalité comme l’un des principaux exemples. Cette mesure se base sur le nombre total de décès et le compare aux niveaux d’avant la pandémie, en tenant compte de sa portée plus large et des déclarations erronées relatives aux décès dus à la Covid.</p>
<p>Bien que la Suède ait été durement touchée par la première vague, la <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(21)02796-3/fulltext">surmortalité</a> totale au cours des deux premières années de la pandémie a été en fait parmi les <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Excess_mortality_-_statistics">plus basses</a> en <a href="https://www.who.int/data/stories/global-excess-deaths-associated-with-Covid-19-january-2020-december-2021">Europe</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/immunite-collective-contrairement-aux-pays-confines-la-suede-serait-pres-dy-arriver-137192">Immunité collective : contrairement aux pays confinés, la Suède serait près d’y arriver</a>
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<p>En date de cette semaine, la Suède a enregistré 19 682 décès de la Covid-19, pour une population de 10,35 millions d’habitants (en guise d’exemple, le Québec a enregistré 16 222 décès sur une population de 8,4 millions d’habitants).</p>
<p>La décision de garder les écoles primaires ouvertes a également été fructueuse. L’incidence de la Covid aiguë sévère chez les enfants <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2026670">est demeurée faible</a>, et une étude récente a montré que les enfants suédois n’ont pas subi les conséquences de la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0883035522000891">perte d’apprentissage</a> observée dans de nombreux autres pays.</p>
<p>Dans cette optique, la stratégie suédoise est passée du statut de <a href="https://time.com/5899432/sweden-coronovirus-disaster/">« désastre »</a> et de <a href="https://www.nytimes.com/2020/07/07/business/sweden-economy-coronavirus.html">« mise en garde »</a> à celui de <a href="https://washingtonmonthly.com/2022/04/19/what-sweden-got-right-about-Covid/">« succès scandinave »</a>. Mais pour tirer des conclusions pertinentes, il est essentiel de creuser un peu plus la façon dont les Suédois ont navigué à travers la pandémie.</p>
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<img alt="Des gens déambulent dans une rue commerçante" src="https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478736/original/file-20220811-12-czgmpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des promeneurs à Malmö, en Suède. Le pays a été largement critiqué pour son approche concernant la Covid-19.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/sweden-june-7-2020-people-take-1751901830">Dan_Manila/Shutterstock</a></span>
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<p>Notamment, toute perception selon laquelle les Suédois ont poursuivi leur vie quotidienne pendant la pandémie comme si rien n’avait changé est fausse.</p>
<p>Dans un relevé effectué par l’Agence suédoise de santé publique au printemps 2020, <a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/nyheter-och-press/nyhetsarkiv/2020/juni/stor-majoritet-har-anpassat-sitt-beteende-under-pandemin/">plus de 80 %</a> des Suédois ont déclaré avoir adapté leur comportement, par exemple en pratiquant la distanciation sociale, en évitant les foules et les transports publics, et en travaillant à domicile. Les données mobiles agrégées ont confirmé que les Suédois ont réduit leurs déplacements et leur mobilité <a href="https://www.svd.se/a/6zlE8O/svenskar-forsiktigast-i-norden-under-pandemin">pendant la pandémie</a>.</p>
<p>Bien qu’ils n’étaient pas obligés de prendre des mesures contre la propagation du virus, ils l’ont tout de même fait. Cette approche volontaire n’aurait peut-être pas fonctionné partout, mais la Suède a toujours eu une grande confiance dans les autorités, et les gens <a href="https://www.thelocal.se/20160608/why-most-swedes-get-their-children-vaccinated/">ont tendance à se conformer</a> aux recommandations de la santé publique.</p>
<p>Il est également difficile de comparer les résultats de la Suède à ceux de pays non scandinaves dont les conditions sociales et démographiques sont très différentes.</p>
<h2>Forces et faiblesses</h2>
<p>Malgré les avantages que représente une absence de confinement, la réponse suédoise n’a pas été sans faille. Fin 2020, la Commission Corona, un comité indépendant nommé par le gouvernement pour évaluer la réponse suédoise à la pandémie, <a href="https://www.government.se/4af26a/contentassets/2b394e1186714875bf29991b4552b374/summary-of-sou-2020_80-elderly-care-during-the-pandemic.pdf">a constaté</a> que le gouvernement et l’Agence de santé publique avaient largement échoué dans leur volonté de protéger les personnes âgées.</p>
<p>À cette époque, près de 90 % des personnes décédées en raison de la Covid-19 en Suède avaient 70 ans ou plus. La moitié de ces personnes vivaient dans une maison de soins, et un peu moins du tiers bénéficiaient de services d’aide à domicile.</p>
<p>En effet, de nombreux problèmes relatifs aux soins aux personnes âgées en Suède sont clairement ressortis pendant la pandémie. Des lacunes structurelles telles que des effectifs insuffisants ont laissé les maisons de retraite <a href="https://www.reuters.com/article/health-coronavirus-sweden-commission-idUSKBN28P1PP">non préparées et mal équipées</a> pour faire face à la situation.</p>
<p>Dans son rapport final sur la réponse à la pandémie, la Commission Corona a conclu que des mesures plus sévères auraient dû être prises <a href="https://sverigesradio.se/artikel/corona-commission-swedens-Covid-response-was-flawed-but-allowed-freedoms">dès le début de la pandémie</a>, comme la mise en quarantaine des personnes revenant des zones à haut risque et une interdiction temporaire d’entrée en Suède.</p>
<p>La commission a toutefois déclaré que la stratégie visant à éviter tout confinement était fondamentalement raisonnable, et que l’État ne devrait jamais interférer avec les droits et libertés de ses citoyens plus qu’il n’est absolument nécessaire. La commission a également soutenu la décision de maintenir les écoles primaires ouvertes.</p>
<p>En comparaison, la Commission Corona en Norvège, l’un des rares pays d’Europe où la surmortalité est inférieure à celle de la Suède, a conclu que, bien que la gestion de la pandémie en Norvège ait été généralement bonne, les enfants ont été <a href="https://www.regjeringen.no/contentassets/d0b61f6e1d1b40d1bb92ff9d9b60793d/no/pdfs/nou202220220005000dddpdfs.pdf">durement touchés</a> par les confinements, et les autorités ne les ont pas protégés de manière adéquate.</p>
<p>La stratégie de la Suède visait à réduire la propagation du virus, mais aussi à prendre en compte d’autres aspects de la santé publique et à protéger la liberté et les droits fondamentaux. Si l’approche suédoise reste controversée, la plupart des pays adoptent aujourd’hui des mesures semblables face à la pandémie persistante.</p>
<p>Avec le recul, il semble un peu injuste que le pays, qui a suivi son plan adopté avant la pandémie, soit celui accusé d’avoir mené une expérience sur sa population. La Suède devrait sans doute être plutôt considérée comme la population de référence, alors que l’expérience se déroulait dans les autres pays du monde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189179/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>De 2018 à 2021, Emma Frans a occupé un rôle d'ambassadrice de la démocratie dans le cadre de The Committee for a Strong Democracy in Sweden. Ce rôle a été nommé par le gouvernement en place d'octobre 2014 à janvier 2019.
</span></em></p>Bien que la Suède ait été durement touchée par la première vague, la surmortalité totale du pays au cours des deux premières années de la pandémie a été parmi les plus faibles d’Europe.Emma Frans, Senior research specialist, C8 Department of Medical Epidemiology and Biostatistics, Karolinska InstitutetLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1830822022-06-01T16:54:57Z2022-06-01T16:54:57Z« Il faut écouter la science », certes. Mais avons-nous perdu tout sens critique durant la pandémie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466429/original/file-20220531-24-pmv3ro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des gens dans le port d'Istanbul, en août 2020. Les mesures sanitaires imposées dans de nombreux pays ont été peu critiquées.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Durant la pandémie — et ça se poursuit depuis — on a entendu répéter dans les médias, par les dirigeants, acteurs et chroniqueurs, qu’il fallait « écouter la science », et accepter ainsi toutes les décisions prises pour contrôler la propagation de la Covid-19.</p>
<p>Or, le cycle de vie de la science est basé sur la soumission d’un élément à la possibilité d’une réfutation. On m’apprend à l’université qu’une théorie scientifique n’est pas une « vérité », mais une <a href="https://calmann-levy.fr/livre/la-quete-inachevee-9782702143216">« approximation de la vérité »</a> au regard de l’état actuel des connaissances sur le sujet.</p>
<p>Pourquoi, alors, des chercheurs sont-ils accusés d’épithètes telles que « novax », « antivax » ou « complotiste » alors qu’ils ont des réserves argumentées sur des questions aussi inédites concernant, par exemple, le couvre-feu, les confinements, le port du masque ou le passeport vaccinal ? D’où vient ce veto par rapport à des hypothèses critiques quant aux actes posés et aux mesures mises en place au nom de la lutte contre la Covid-19 ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-couvre-feu-au-quebec-une-mesure-qui-na-pas-encore-prouve-son-efficacite-157505">Le couvre-feu au Québec : une mesure qui n’a pas encore prouvé son efficacité</a>
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<p>Élément fondateur de la recherche scientifique, le doute est le fait de s’interroger et d’avoir le droit d’être en (dés)accord par rapport à des mesures et à des opinions.</p>
<p>Doctorant en ethnologie et patrimoine, je mène des recherches anthropologiques sur le tourisme (culturel, de masse, avenir du tourisme) et sur le patrimoine (immatériel, alimentaire, Unesco).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466427/original/file-20220531-16-qzipur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une vue de la rue Saint-Catherine presque vide pendant le couvre-feu, à Montréal, le mardi 12 janvier 2021. La mesure a été contestée pour son manque de fondement scientifique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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</figure>
<h2>Des mesures comme des stalactites</h2>
<p>Dans son livre <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/2_essai_sur_le_don/essai_sur_le_don.html">« Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques »</a>, l’anthropologue Marcel Mauss nous introduit au concept de « fait social total », c’est-à-dire un aspect spécifique d’une culture qui est lié à toutes les autres. À la lumière du biennium 2020-2022, la Covid-19 incarne ce fait social, c’est-à-dire <a href="https://jeretiens.net/fait-social-total-definition-don-mauss/">« toute manière de faire, fixée ou non, qui exerce sur l’individu une contrainte extérieure »</a>.</p>
<p>La gestion du coronavirus, qui n’est pas seulement sanitaire mais aussi politique, s’inscrit dans ce fait maussien. De nombreux pays ont adopté des mesures sanitaires par une approche <em>topdown</em>, et donc par le haut, comme des stalactites qui se profilent dans la caverne de la société.</p>
<p>Cette façon de s’immiscer du gouvernement semble s’inscrire dans la notion de <a href="https://www.gallimardmontreal.com/catalogue/livre/securite-territoire-population-foucault-michel-9782020307994">« gouvernementalité »</a> décrite par le philosophe français Michel Foucault. Elle est le miroir des rapports entre le pouvoir et la culture dans les sociétés modernes. Cette approche basée sur la gouvernementalité met l’accent sur l’utilisation d’idées, de techniques et de connaissances pour inspirer des changements volontaires dans les comportements individuels, afin de « conduire les conduites ».</p>
<p>Pourtant, ces « mesures-stalactites », plus ou moins acceptées, n’étaient pas et ne sont pas exemptes d’éclaircissements scientifiques. On peut citer en exemple les questionnements du milieu culturel québécois à la suite des <a href="https://www.ledevoir.com/culture/663150/mesures-sanitaires-le-milieu-culturel-demande-plus-de-previsibilite">fermetures en janvier 2022</a>. De même, le retour du couvre-feu au Québec, annoncé le 30 décembre 2021, a été critiqué pour son caractère non scientifique par divers universitaires dans une <a href="https://pivot.quebec/2021/12/30/le-couvre-feu-inefficace-et-nuisible/">lettre ouverte</a> au gouvernement.</p>
<p>Plus récemment, des questions critiques relatives au port du masque <a href="https://journals.lww.com/md-journal/fulltext/2022/02180/the_foegen_effect__a_mechanism_by_which_facemasks.60.aspx">ont été soulevées sur le plan scientifique</a>.</p>
<p>Ainsi, malgré de nombreuses interrogations, la <em>praxis</em> de la science semble avoir été remplacée par une <em>doxa</em>, c’est-à-dire par une vérité dogmatique. Et les dogmes, nous le savons par nos cours de religion, ne s’argumentent pas.</p>
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<img alt="François Legault, Luc Boileau et Christian Dubé" src="https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=569&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=569&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466432/original/file-20220531-26-euca60.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=569&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le premier ministre du Québec, François Legault, annonce un allègement des mesures sanitaires, le 8 février, à Québec, en compagnie du directeur par intérim de la Santé publique, Luc Boileau, et du ministre de la Santé, Christian Dubé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jacques Boissonot</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une double mort</h2>
<p>Par-delà la variabilité sociohistorique et factuelle, une analogie symbolique à l’épisode de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_noire">peste noire</a> en Europe, au XIV<sup>e</sup> siècle, peut être faite dans une perspective anthropologique quant à la mise à l’épreuve des individus par rapport <a href="https://journals.openedition.org/rechercheseducations/9586#bodyftn27">à l’ordre et au désordre en situation pandémique</a>.</p>
<p>Les clefs de compréhension de la crise <em>covidienne</em> actuelle peuvent être fournies par des auteurs du 14<sup>e</sup> au XVII<sup>e</sup> siècle nous livrant des récits en la matière, par exemple, le <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9cam%C3%A9ron/Texte_entier">Décaméron</a> de Boccace. L’élément frappant de ces récits historiques, tels que ceux de <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-classique/Journal-de-l-Annee-de-la-Peste">Daniel Defoe</a> ou de <a href="https://www.pepysdiary.com/diary/">Samuel Pepys</a>, est le fait qu’ils nous renvoient à une « double mort » : à la mort physique des êtres humains se sommait la déshumanisation des vivants. Ces auteurs nous exposent <a href="https://theconversation.com/ce-que-les-recits-de-la-peste-nous-apprennent-sur-la-crise-actuelle-136061">« les dérives morales et de l’ordre social, parfois bien plus graves que la maladie elle-même »</a>.</p>
<p>Ce que l’on est en train de vivre à l’époque actuelle représenterait-il l’énième théâtre où l’on serait appelé à vivre « civilement », c’est-à-dire à (sauve)garder un esprit humaniste pour éviter non seulement d’être victimes du virus, mais aussi de léser certaines valeurs morales, des libertés individuelles et d’expression ?</p>
<p>Serions-nous en train de vivre la perte du sens de la complexité d’un contexte historique, et donc du <a href="https://www.cairn.info/les-therapies-comportementales-et-cognitives--9782100742219.htm"><em>zeitgeist</em></a> (l’esprit du temps) dans lequel nous nous trouvons ? Si une lutte est vraiment nécessaire, elle se traduirait avec la nécessité de maintenir le souci d’autrui allumé, tel un phare qui oriente la boussole des marins.</p>
<h2>Le registre émotionnel de la peur</h2>
<p>Dans l’essai <a href="https://journals.openedition.org/lectures/16249?lang=es">« Les formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie »</a> publié en 1912, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Durkheim">sociologue français Émile Durkheim</a> propose une lecture analytique et laïque des rapports entre religion et société.</p>
<p>Dans cet essai, l’auteur explique que le ciment de toute communauté humaine, ce sont les émotions et les sentiments. Et bien que certaines émotions, comme la joie, puissent agir comme un collant, d’autres peuvent être un solvant. C’est le cas de la peur, surtout de celle induite.</p>
<p>À cet égard, je crois nécessaire de poser la problématique sur la manière, quelque peu phobique faut-il le dire, dans laquelle les gouvernements et les médias gèrent la situation d’urgence entourant la Covid-19. Ce climat « quasi-terroriste » semble s’apparenter aux analyses sur la <a href="https://www.amazon.it/Manufacturing-Consent-Political-Economy-Media/dp/0375714499">manipulation médiatique</a> proposées par le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Noam_Chomsky">linguiste américain Noam Chomsky</a>.</p>
<p>En fait, la communication médiatique actuelle peut aisément s’insérer dans le registre émotionnel de la peur. Cela peut conduire à l’extinction de la capacité d’analyse critique sur le contexte actuel. Exploiter l’émotion de la peur court-circuite l’analyse rationnelle et, <em>ipso facto</em>, le sens critique de l’individu. En inondant les lecteurs et auditeurs d’informations anxiogènes, ce public « se distrait ».</p>
<p>C’est peut-être précisément avec ce <em>modus operandi</em> qu’ont été mises en place, de manière graduelle plutôt qu’immédiate, des mesures sanitaires qui auraient été difficilement acceptées, et auraient probablement été impopulaires, si elles avaient été appliquées dès le premier confinement. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fabrication_du_consentement">Dans l’essai « Manufacturing Consent : The Political Economy of the Mass Media »</a> (« La Fabrication du consentement : De la propagande médiatique en démocratie »), les auteurs Noam Chomsky et Edward S. Herman expliquent qu’à travers la « stratégie du report » une autre façon de rendre acceptable une mesure qui fait vaciller des valeurs (comme celle de la liberté) est de présenter la mesure comme « douloureuse et nécessaire » au moment de son application, dans l’espoir que « ça va bien aller ».</p>
<p>Je crois que la question des passeports vaccinaux — et donc de la catégorisation des citoyens qui décident ou non de se faire administrer le vaccin (un choix qui est tout à fait libre et personnel, je le précise) — peut être à la base de ce que l’on pourrait qualifier de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=crF_jjqCZHY">« mesure déshumanisante »</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=742&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=742&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=742&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=932&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=932&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466104/original/file-20220530-26-j0wr55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=932&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">« I miss people », « je m’ennuie des gens ». Un sentiment très répandu durant la pandémie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bucharest Wasted Youth</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le virus comme catalyseur</h2>
<p>Directement ou en filigrane, le virus a agi comme un détecteur des dysfonctions des sociétés dans lesquelles nous vivons. Le contexte pandémique a permis de considérer plusieurs concepts socio-anthropologiques.</p>
<p>Les épidémies ne changent que rarement le cours de l’Histoire, certes, mais elles l’accélèrent. Le virus paraît alors jouer le rôle de catalyseur, cristallisant des tensions, attisant des haines et des peurs diffuses, notamment par les discours médiatiques et les mesures politiques.</p>
<p>Pour le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%BCrgen_Habermas">théoricien allemand Jürgen Habermas</a>, l’intention communicative est nourrie par une recherche commune à travers des arguments critiques. C’est le concept de <a href="https://www.amazon.it/Theorie-kommunikativen-Handelns-Handlungsrationalit%C3%A4t-funktionalistischen/dp/3518287753">« situation discursive idéale »</a>.</p>
<p>Je me demande sincèrement si une situation discursive idéale est présente au sein des gouvernements et des sociétés d’aujourd’hui qui imposent, les premiers, et acceptent, les secondes, des mesures dont les dérives semblent quelque peu « impératives », pour le dire avec l’image figurée des temps verbaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183082/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marco Romagnoli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Directement ou en filigrane, le virus a agi comme un détecteur des dysfonctions des sociétés dans lesquelles nous vivons. Il a catalysé les tensions, attisant des haines et des peurs diffuses.Marco Romagnoli, Doctorant en ethnologie et patrimoine, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1803642022-05-19T14:29:56Z2022-05-19T14:29:56ZLa réponse à la pandémie, une occasion manquée de s’attaquer aux inégalités au Québec et dans le monde<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462524/original/file-20220511-24-62thp0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4432%2C2691&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des gens font la queue devant une épicerie de Montréal-Nord, le 30 avril 2020. Le quartier, l’un des plus pauvres au pays, a été l’un des plus affectés par l’épidémie de Covid-19.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p>Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, nous savons que certains groupes de la population <a href="https://theconversation.com/la-covid-19-creuse-les-inegalites-daujourdhui-mais-aussi-celles-de-demain-138288">ont été touchés de manière disproportionnée par la Covid-19</a>.</p>
<p>Nous savons aussi que les inégalités sociales de santé (ISS) peuvent être exacerbées si elles ne sont pas considérées dès la conception des interventions de santé publique.</p>
<p>Voilà pourquoi nous avons lancé <a href="https://health-policy-systems.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12961-021-00707-z">HoSPiCOVID</a>, une étude internationale sur la résilience des systèmes de soins et de santé publique de plusieurs pays face à la pandémie de Covid-19. L’étude est portée par une équipe de recherche composée de spécialistes internationaux en épidémiologie, médecine, santé publique, sciences sociales et géographie.</p>
<p>Les auteurs — des chercheurs, professionnels de recherche et étudiants — ont été impliqués dans le volet santé publique d’HoSPiCOVID en raison de leur expertise sur les ISS. Ce volet s’est penché sur la prise en compte des ISS dans la planification du dépistage et du suivi des contacts pour la Covid-19 au Brésil, en France, au Mali et au Québec. Alors que nous comparons les données, le constat est clair : la question des ISS a largement été oubliée dans la réponse initiale à la Covid-19. Elle devrait pourtant être une priorité en contexte pandémique.</p>
<h2>Des réponses adaptées aux besoins des populations</h2>
<p>Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), <a href="https://www.who.int/health-topics/health-equity#tab=tab_1">l’équité en santé</a> est définie comme l’absence d’écarts systématiques de santé entre des groupes sociaux. Les ISS correspondent aux différences d’états de santé entre divers groupes de la population en raison de leurs positions sociales (ex. : genre, âge, statut socioéconomique, lieu de résidence).</p>
<p>L’OMS reconnaît les ISS comme <a href="https://www.who.int/news-room/facts-in-pictures/detail/health-inequities-and-their-causes">injustes et évitables</a>. Elles peuvent pourtant être réduites par des politiques gouvernementales.</p>
<p>Les interventions de <a href="https://www.jclinepi.com/article/S0895-4356(21)00382-6/fulltext">dépistage</a> et de <a href="https://www.ijidonline.com/article/S1201-9712(21)00227-7/fulltext">suivi des contacts</a> jouent un rôle central dans le contrôle des maladies infectieuses, telle que la Covid-19. Elles permettent la détection, l’isolement et le suivi des cas infectés. Le succès de ces interventions dépend de leur capacité à atteindre tous les groupes de la population, au risque de ne pas freiner la propagation du virus, d’une part, et d’accroître les ISS, d’autre part. L’adoption d’une <a href="https://equityhealthj.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12939-015-0207-6">approche d’universalisme proportionné</a> peut être bénéfique en contexte pandémique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des dizaines de patients reposent dans des lits d’hôpital" src="https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des dizaines de patients reposent dans des lits d’un hôpital temporaire dédié aux malades de la Covid-19, au Brésil.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sebastiao Moreira/EPA</span></span>
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<p>L’universalisme proportionné permet le déploiement d’interventions pour l’entièreté de la population, accompagnées d’efforts supplémentaires proportionnels au niveau de désavantage des divers groupes sociaux. Cette approche est plus équitable, considérant que les groupes les plus difficiles à atteindre sont souvent <a href="https://equityhealthj.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12939-015-0207-6">ceux dans le plus grand besoin</a>.</p>
<p>Dans le contexte de la Covid-19, une approche d’universalisme proportionné aurait pu comprendre des interventions populationnelles de dépistage et de suivi des contacts, combinées à des efforts concertés pour les rendre plus accessibles aux populations défavorisées. Bien que cette approche ait souvent été identifiée comme <a href="https://www.instituteofhealthequity.org/resources-reports/fair-society-healthy-lives-the-marmot-review/fair-society-healthy-lives-full-report-pdf.pdf">préférable pour améliorer l’équité en santé</a>, notre étude montre qu’elle ne semble pas avoir été priorisée.</p>
<h2>Pas de consensus sur les inégalités</h2>
<p>Le volet santé publique d’HoSPiCOVID repose sur des études de cas qualitatives comparant la réponse de la santé publique à la pandémie de Covid-19 lors de la première vague (au printemps 2020) et des adaptations mises en œuvre lors de vagues subséquentes (jusqu’à la fin de 2020). L’étude porte sur quatre sites de continents différents : l’État d’Amazonas au Brésil, la région de l’Île-de-France en France, la ville de Bamako au Mali et la ville de Montréal au Québec.</p>
<p>La perception des ISS des acteurs et de leurs organisations varie dans chacun des sites. À Montréal, les personnes interrogées de divers secteurs (hospitalier, santé publique, communautaire, etc.) soutiennent que la réflexion sur les ISS est bien intégrée au mandat de leur organisme, à différents degrés. En Île-de-France, en Amazonas et à Bamako, cette réflexion apparaît moins formalisée.</p>
<p>Néanmoins, à Montréal et en Île-de-France, les acteurs identifient rapidement, pendant la première vague, plusieurs groupes comme étant plus vulnérables à la Covid-19. Ils mentionnent notamment les impacts inégalitaires de la pandémie sur les populations racisées et migrantes, ce que <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0248336">plusieurs études</a> ont finalement montré. À Bamako et en Amazonas, la plupart des acteurs rencontrés considèrent plutôt que la pandémie n’a pas exacerbé les ISS, considérant que le virus n’affecte pas un groupe social plus qu’un autre.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme porte son enfant, à Bamako, la capitale du Mali. Dans l’étude, la plupart des acteurs rencontrés considèrent plutôt que la pandémie n’a pas exacerbé les inégalités, considérant que le virus n’affecte pas un groupe social plus qu’un autre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Ainsi, dans les quatre sites, les différents acteurs n’ont pas une conception consensuelle des ISS, nuisant potentiellement à leur prise en compte dans les interventions de dépistage et de suivi des contacts. Par ailleurs, le constat selon lequel certains groupes sont plus affectés que d’autres par la pandémie ne se traduit pas directement dans ces interventions.</p>
<h2>Un climat d’urgence</h2>
<p>À Montréal, à Bamako et en Île-de-France, différents acteurs affirment que le climat d’urgence lié à la pandémie éclipse la question des ISS. Elle est mise de côté pour prioriser le déploiement d’interventions à l’échelle de toute la population, dans l’objectif de freiner la propagation du virus.</p>
<p>Cette approche populationnelle est perçue comme nécessaire en contexte pandémique pour que l’ensemble de la population ait un accès égal aux interventions. Égalité et équité sont donc parfois confondues. Certains répondants soulignent néanmoins l’importance d’adapter les interventions pour atteindre les sous-groupes les plus vulnérables.</p>
<p>En Amazonas, le dépistage — non ouvert à l’ensemble de la population — cible plutôt les sous-groupes considérés à risque, incluant initialement les professionnels de la santé, les travailleurs essentiels et les patients hospitalisés. Ce processus de dépistage axé sur les groupes à risques, mis en œuvre lors de la première vague par les autorités d’Amazonas, perdure lors des vagues suivantes.</p>
<h2>Une réponse plus adaptée au fil du temps</h2>
<p>Les interventions de dépistage et de suivi des contacts se sont adaptées au fil du temps. Bien que la question des ISS soit peu considérée à l’étape de la planification initiale des interventions, on s’y intéresse davantage lors de leur mise en œuvre au courant de la première vague. Confrontés à la réalité du terrain, les acteurs impliqués dans la planification des interventions adaptent les interventions pour les vagues subséquentes.</p>
<p>À degré variable entre les sites, favoriser l’accessibilité des interventions devient une priorité dans le but d’atteindre les populations marginalisées. Ces adaptations visent notamment les populations rurales à Bamako, les populations migrantes, racisées et allophones à Montréal, les populations à faible statut socioéconomique en Île-de-France, et les populations autochtones en Amazonas.</p>
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<img alt="Des hommes vêtus de sarraus blancs sont debout, devant un dispensaire" src="https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sur cette photo prise jeudi 21 mai 2020, une délégation conduite par le ministre malien de la Santé, Michel Sidibe, à droite, visite la tente d’isolement des patients atteints du coronavirus à Tombouctou, au Mali.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Baba Ahmed)</span></span>
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</figure>
<p>Parmi les adaptations mises en œuvre, on note le déploiement de cliniques mobiles, la création de nouvelles cliniques de dépistage et l’aide à l’isolement pour les personnes vulnérables testées positives. Le dépistage et le suivi des contacts ont donc été progressivement adaptés, permettant de mieux répondre aux besoins différenciés de certains groupes de la population.</p>
<h2>Un oubli historique</h2>
<p>Alors que les interventions de dépistage et de suivi des contacts mises en œuvre pour faire face à la Covid-19 ne semblent pas avoir considéré les ISS comme une priorité dans leur planification, la pandémie actuelle ne fait pas exception. Il semble plutôt que cet oubli soit historique. Deux revues de littérature menées par notre équipe démontrent effectivement que lors d’épidémies passées dans différents pays (maladies sexuellement transmissibles, VIH, Ebola, tuberculose), la grande majorité des interventions de dépistage et de suivi des contacts ne repose pas sur des stratégies favorisant leur déploiement équitable.</p>
<p>Depuis plusieurs décennies, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/10253823070140021401x">appels</a> à la prise en compte de l’équité et de la justice sociale dans les interventions de santé publique s’accumulent. Différents documents phares de la santé publique — de la <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0005/113882/E93945.pdf">Déclaration d’Alma-Ata</a> de 1978 à la <a href="https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/A62/A62_9-fr.pdf">Commission sur les déterminants sociaux de la santé</a> de 2008, en passant par la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/sante-population/charte-ottawa-promotion-sante-conference-internationale-promotion-sante.html">Charte d’Ottawa</a> de 1986 — insistent sur l’importance de faire de la réduction des ISS une priorité et la base de toute intervention de santé publique.</p>
<p>La réponse à la pandémie de Covid-19 apparaît alors comme une opportunité manquée, qui met en lumière l’attention politique insuffisante portée aux mandats de la santé publique.</p>
<p>Notre étude invite donc à s’attarder à <a href="https://books.openedition.org/pum/10025">l’évaluation</a> de la capacité des interventions sanitaires à tenir compte des ISS, permettant aux professionnels et responsables politiques concernés par la santé publique d’en tirer des leçons. Cela est indispensable pour que les futures interventions de santé publique n’aggravent pas les ISS, et que le climat d’urgence engendré par les pandémies — dont la multiplication semble inévitable — ne serve plus de prétexte au manque de volonté politique à l’échelle mondiale.</p>
<hr>
<p><em>Nous remercions nos collègues Raylson Emanuel Dutra da Nóbrega et Sydia Rosana de Araújo Oliveira pour leur contribution importante à l’étude HoSPiCOVID et leur soutien dans la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180364/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kate Zinszer a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada, des Fonds de recherche en Santé du Québec, et Agence de santé publique du canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lara Gautier a reçu des subventions de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada, des Fonds de recherche en Santé du Québec, et de la Fondation du Grand Montréal.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pauline Boivin a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche et des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stéphanie Gomes de Medeiros a reçu des financements de FIOTEC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Valery Ridde a reçu des financements d'organismes de recherche publics (ANR, IRSC, AFD, etc.).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Camille Beaujoin, Fanny Chabrol, Marie-Catherine Gagnon-Dufresne et Zoé Richard ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Que ce soit au Québec, en France, au Mali ou au Brésil, la réponse à la pandémie de Covid-19 apparaît comme une opportunité manquée de lutter contre les inégalités et les injustices.Marie-Catherine Gagnon-Dufresne, Candidate au doctorat en santé mondiale, Université de MontréalCamille Beaujoin, Research assistant, Université de MontréalFanny Chabrol, Sociologue, chargée de recherche, Centre Population & Développement (CEPED), Institut de recherche pour le développement (IRD)Kate Zinszer, Professeure adjointe à l'École de Santé Publique de l'Université de Montréal (ESPUM) et chercheuse au Centre de Recherche en Santé Publique (CReSP)., Université de MontréalLara Gautier, Professeure adjointe, Université de MontréalPauline Boivin, Anthropologue junior, Université de BordeauxStéphanie Gomes de Medeiros, Candidate au doctorat en sociologie, Universidade Federal de Pernambuco (UFPE)Valery Ridde, Directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Zoé Richard, Ingénieure d'étude, santé publique et COVID-19, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1821872022-05-04T15:19:46Z2022-05-04T15:19:46ZPort du masque au Québec : une « prudence » tant politique que scientifique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/461102/original/file-20220503-17-tbsbz5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=38%2C38%2C6339%2C5201&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le directeur par intérim de la santé du Québec, le Dr Luc Boileau, enlève son masque alors qu'il arrive pour faire le point sur la Covid-19, le 21 avril 2022 à Montréal. Le ministère de la Santé du Québec recommande la prolongation du mandat du masque jusqu'à la mi-mai. </span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz</span></span></figcaption></figure><p>Comme la plupart des mesures sanitaires, l’obligation du port du masque dans les lieux publics fermés est désormais levée dans la plupart des provinces canadiennes, à deux exceptions près : l’Île-du-Prince-Édouard (qui la lèvera le 6 mai) et <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2022-05-04/lieux-publics/le-masque-ne-sera-plus-obligatoire-des-le-14-mai.php">le Québec, dernière province à finalement la retirer, le 14 mai prochain</a>.</p>
<p>À l’instar du couvre-feu, la distinction du Québec ne manque pas de soulever des interrogations. D’autant plus que l’Alberta, qui a retiré la mesure le 1<sup>er</sup> mars 2022, avait depuis la fin du mois de janvier davantage d’hospitalisations par 100 000 habitants que le Québec.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/decrochage-de-la-population-aux-mesures-sanitaires-une-sante-publique-plus-autonome-est-necessaire-176629">Décrochage de la population aux mesures sanitaires : une Santé publique plus autonome est nécessaire</a>
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</p>
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<p>Comment expliquer que, comme avec le couvre-feu, le Québec se distingue une fois de plus « par prudence » ?</p>
<p>Plusieurs explications peuvent être avancées. Toutefois, comme nous le montrons dans ce récent chapitre portant sur la fermeture des écoles au début de la pandémie, certaines différences d’approches peuvent s’expliquer par la façon dont les gouvernements <a href="https://www.elgaronline.com/view/edcoll/9781839106590/9781839106590.00019.xml">traduisent la science en politiques publiques</a>. L’utilisation de la science peut en effet être influencée par la manière dont les institutions politiques sont organisées.</p>
<p>Doctorant en science politique, je cherche précisément à expliquer de quelle manière la science s’intègre à la décision. Face à un nouveau problème, la science est parfois incertaine alors que les institutions (politiques, sociales, culturelles) sont plus stables. Celles-ci peuvent ainsi contraindre les décisions. Par conséquent, une mesure sanitaire n’est jamais tout à fait la traduction exclusive et linéaire d’un constat scientifiquement établi.</p>
<p>Mais qu’en est-il du port du masque ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461079/original/file-20220503-31706-xqubnp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le nombre d’hospitalisations par 100 00 habitants au Québec était inférieur à celui de l’Alberta dès la fin janvier 2022. L’Alberta a suspendu l’obligation du port du masque le 1ᵉʳ mars. Données de ESRI Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESRI Canada</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que trouve-t-on derrière le masque ?</h2>
<p>Parmi toutes les mesures sanitaires, le port du masque est certainement l’une des plus importantes. D’un point de vue épidémiologique, il demeure efficace pour réduire les risques d’infection, comme le montre une récente étude du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) portant sur les <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7106e1.htm?s_cid=mm7106e1_w%20%5Bcdc.gov%5D">lieux publics fermés</a>.</p>
<p>C’est pour cette raison, affirme-t-on, que l’obligation est prolongée au Québec jusqu’au 14 mai. Le 28 avril 2022, le Directeur de la santé publique par intérim, le Dr Boileau, évoquait à cet égard en conférence de presse un besoin de « prévisibilité » et de « prudence », <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2022-04-28/covid-19-au-quebec/le-masque-reste-obligatoire-une-decision-la-semaine-prochaine.php">notamment face au variant BA.2</a>.</p>
<p>Pourtant, l’efficacité du port du masque n’a pas toujours été aussi évidente pour le gouvernement. Au début de la pandémie, de <a href="https://www.ledevoir.com/non-classe/582387/hesitations-et-decisions-au-sujet-du-port-du-masque">longues hésitations ont ponctué la gestion gouvernementale</a>. D’abord découragée, puis incitée, puis recommandée, ce n’est que le 13 juillet 2020 que l’obligation entre en vigueur, non sans une passe d’armes avec <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/07/08/un-pas-de-plus-vers-lobligation-du-port-du-masque-au-quebec">certains experts</a> ou avec la <a href="https://www.ledevoir.com/societe/sante/582021/coronavirus-montreal-imposera-le-masque">Ville de Montréal</a>.</p>
<p>Or, ces hésitations montrent que le port du masque n’a pas seulement une portée épidémiologique, mais également politique. La succession des raisons invoquées pour ne pas l’imposer entre mars et juillet 2020 le <a href="https://www.ledevoir.com/non-classe/582387/hesitations-et-decisions-au-sujet-du-port-du-masque">démontre</a> : mauvaise utilisation des masques, « raisons juridiques », stocks limités.</p>
<p>Aujourd’hui, sa levée n’en est pas plus différente.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460873/original/file-20220502-19-phcugi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Luc Boileau, directeur intérimaire de la Santé publique nationale du Québec, tient un masque alors qu’il répond aux journalistes lors d’une conférence de presse sur la pandémie de Covid-19, en février 2022 à l’Assemblée législative de Québec.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La Direction de santé publique au Québec : un « exécutif loyal »</h2>
<p>Le port du masque n’est donc pas qu’une mesure dont la seule origine est à trouver dans un constat scientifique. En effet, cette mesure ne peut s’expliquer sans le contexte et les facteurs institutionnels et sociopolitiques qui l’influencent tout autant que la science sur laquelle elle est fondée.</p>
<p>Du côté institutionnel, comparativement aux autres provinces, la littérature scientifique catégorise le Directeur de santé publique du Québec comme un « exécutif loyal », notamment car ce dernier <a href="https://link.springer.com/article/10.17269/s41997-018-0080-3">manque de pouvoirs de communication directe avec la population</a>.</p>
<p>Nous avons pu le constater par la position de « second » qu’a occupée le Dr Arruda par rapport au premier ministre François Legault, mais aussi <a href="https://www.ledevoir.com/societe/sante/582021/coronavirus-montreal-imposera-le-masque">lorsque la Ville de Montréal a voulu imposer le port du masque en 2020 alors que le gouvernement provincial hésitait à le faire</a> : la décision demeure politiquement centralisée.</p>
<p>Bien que ce lien de subordination politique permette d’assurer le contrôle démocratique de l’administration, il peut toutefois diminuer la marge de manœuvre de la Santé publique. Ce contrôle a notamment été illustré par la décision du gouvernement de sortir de l’état d’urgence sanitaire par voie législative (projet de loi 28) <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/693879/le-ministre-dube-resserre-et-renomme-son-projet-de-loi-sur-la-fin-de-l-etat-d-urgence">afin de conserver certains décrets</a>.</p>
<p>En effet, le ministre Christian Dubé <a href="http://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-81849.html">affirmait le 16 mars dernier</a>, que l’article 2 du projet de loi 28 empêcherait tout retour à l’obligation du port du masque une fois retirée, et que le taux de vaccination devrait être suffisant pour ne pas avoir à y revenir.</p>
<p>Alors, pourquoi une telle « prudence » ?</p>
<h2>Port du masque : une « prudence » autant politique que scientifique</h2>
<p>Dans les faits, la « prudence » affichée par le Dr Boileau semble aussi politique que scientifique. D’abord, parce que la Santé publique sera en réalité contrainte par l’article 2 du projet de loi 28, qui l’empêchera de revenir sur la fin de l’obligation. Le report jusqu’au 14 mai prochain semble ainsi lié à l’attente des suites parlementaires du projet de loi <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2022-04-13/la-caq-soupconne-les-autres-partis-de-comploter-pour-bloquer-le-parlement.php">qui n’est pas encore voté et qui suscite une forte opposition</a>.</p>
<p><a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/696336/avec-une-fin-abrupte-a-l-etat-d-urgence-on-va-tuer-du-monde-avertit-boileau">Ensuite, parce que les débats houleux</a> sur le projet de loi 28 semblent s’être traduits, selon les derniers sondages de l’INSPQ, par une polarisation progressive des Québécois.es face à l’état d’urgence sanitaire (<a href="https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/21-avril-2022">54 % favorables aujourd’hui à la fin de l’état d’urgence</a> contre <a href="https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/22-mars-202012">64 % il y a trois semaines</a>), ou face à l’obligation du port du masque (<a href="https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/21-avril-2022">45 % favorables aujourd’hui à l’obligation</a> contre <a href="https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/22-mars-202012">58 % il y a trois semaines</a>).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460878/original/file-20220502-10802-hu217z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le dernier sondage de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) montre que les Québécois.es sont polarisé.es face à la fin du port obligatoire du masque, ou de l’état d’urgence sanitaire, mais sont plus que majoritairement prêts à le porter volontairement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INSPQ</span></span>
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</figure>
<p>Ceci minore ainsi l’autonomie que peut incarner le Dr Boileau qui, comparativement à son prédécesseur, <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/664455/le-scientifique-en-chef-reclame-plus-d-independance-pour-la-sante-publique">annonce seul ses recommandations</a>. Or, comme évoqué dans un précédent article, ce manque d’autonomie peut avoir des effets sur la gestion de la pandémie en <a href="https://theconversation.com/decrochage-de-la-population-aux-mesures-sanitaires-une-sante-publique-plus-autonome-est-necessaire-176629">la rendant plus confuse</a>.</p>
<p>En effet, comme le montre la progressive érosion du soutien des Québécois envers l’obligation (58 % à 45 %), le report répété de la fin de la mesure semble avoir eu un impact sur la population. Notons également que <a href="https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/21-avril-2022">l’adhésion de cette dernière aux mesures de prévention</a> n’a jamais été aussi faible depuis le début de la pandémie (36 %).</p>
<p>Or, si elle était moins contrainte et moins centralisée, la Santé publique pourrait plus facilement se permettre de jongler entre obligation et recommandation, d’autant que les Québécois se disent prêts à le porter volontairement.</p>
<p>Pourtant, au cours de ces derniers mois, choisir librement entre obligation et recommandation semble avoir été impossible pour la Santé publique, dont l’autonomie demeure toute relative.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182187/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Lemor termine un stage en évaluation auprès de l'INSPQ.</span></em></p>Québec maintient l’obligation du port du masque jusqu’au 14 mai 2022. Cette exception ne semble pas moins due à une « prudence » épidémiologique qu’à des contraintes politiques et institutionnelles.Antoine Lemor, Political science PhD candidate and lecturer, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1802172022-04-22T13:57:31Z2022-04-22T13:57:31ZCovid-19 : la désinformation est mortelle, surtout celle véhiculée par les professionnels de la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458025/original/file-20220413-14-aeczs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C0%2C7693%2C5187&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un manifestant tient une pancarte sur laquelle on peut lire «ARNaqueur, voleur, tueur, Pfizer» lors d'une manifestation contre le pass vaccinal et le vaccin contre la Covid-19 devant le siège de Pfizer, à Paris en janvier 2022. </span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Thibault Camus)</span></span></figcaption></figure><p>Au plus creux du confinement, la majorité de la population se tournait vers les différentes plates-formes de réseaux sociaux pour se divertir et s’informer. Or, parmi les multiples capsules humoristiques circulaient également des vidéos accrocheuses, parfois créées par des gens se présentant comme des médecins prestigieux, insinuant que les vaccins à ARN messager contre la Covid-19 sont dangereux et détruisent nos neurones.</p>
<p>Cela a fait réagir Mathieu Nadeau-Vallée, médecin résident en anesthésiologie et détenteur d’un baccalauréat en sciences biomédicales ainsi que d’un doctorat en pharmacologie. Le médecin, qui débute également une maîtrise en épidémiologie à l’automne prochain, s’est donné comme mission de combattre la désinformation qui sévit sur les réseaux sociaux, armé de la plate-forme TikTok et de son bagage scientifique.</p>
<p>Selon lui, décortiquer intelligemment les études scientifiques est une tâche très complexe, tant pour le grand public que pour les experts. Cette barrière au niveau des capacités d’interprétation de la littérature scientifique fondamentale amène certaines personnes, dont des travailleurs de la santé, à partager de fausses nouvelles.</p>
<p>Bien qu’en situation de minorité, ces « experts » minent la confiance du public envers la science et envers les professionnels de la santé. Leur permettre de développer un regard critique pourrait, ultimement, sauver des vies.</p>
<p><strong>Selon vous, est-ce que les médecins au Québec sont bien formés pour déchiffrer la littérature scientifique ?</strong></p>
<p>Ils sont bien formés, et même de façon exemplaire, sur le plan de la science clinique et épidémiologique. Or, on ne les forme pas nécessairement à devenir des scientifiques de laboratoire, des experts des sciences fondamentales. Dans le cadre du parcours de formation en médecine, on n’enseigne pas comment lire et interpréter la littérature scientifique en biologie moléculaire, en immunologie expérimentale, en génomique, ou encore celle liée aux processus de développement de médicaments. Ces compétences requièrent une formation supplémentaire aux cycles supérieurs, que certains médecins chercheurs effectuent de leur plein gré, mais pas tous.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1500894522888409096"}"></div></p>
<p>C’est entre autres pour cette raison, selon moi, que certains médecins partagent de fausses nouvelles. Il importe de rappeler que c’est rare, et que les médecins concernés se font rappeler à l’ordre. Afin de limiter ce phénomène, il est nécessaire d’enseigner davantage la science fondamentale à l’école de médecine. Ce sont d’ailleurs mes études doctorales en pharmacologie qui m’ont fourni le bagage nécessaire à mes activités de vulgarisation. J’y ai appris à faire une analyse critique de la littérature scientifique et à identifier des bonnes sources d’information en ce qui a trait aux expériences scientifiques en laboratoire. Quand on parle de vaccin, de virus et d’ARN, ce type de compréhension est primordial.</p>
<p><strong>Quel effet a eu la pandémie sur la confiance du public envers la science, d’après vous ?</strong></p>
<p>J’aimerais bien le savoir ; j’espère que les gens continuent à avoir confiance en leurs professionnels de la santé, malgré qu’une minorité d’entre eux aient participé à propager de fausses nouvelles. Le problème est que leur voix est amplifiée, leur message est diffusé très rapidement. Les médecins sont compétents à effectuer leur travail, mais ce n’est pas parce qu’une personne est médecin qu’elle est experte en virologie fondamentale ou en génétique. La plupart des médecins ont heureusement la rigueur de spécifier qu’ils ne peuvent pas répondre à une question qui est en dehors de leur domaine de spécialisation. Le Collège des médecins a précisé à maintes reprises que ses membres ne devaient pas propager des nouvelles qui ne sont pas appuyées par la science.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1515845237297627136"}"></div></p>
<p><strong>Pensez-vous que cette minorité vient détruire le travail que les autres experts tentent de réaliser en combattant la désinformation ?</strong></p>
<p>Oui, ils minent la confiance du public envers les professionnels de la santé et envers le vaccin, qui sauve des vies. Par exemple, le médecin québécois René Lavigueur a fait le tour de plusieurs émissions de radio pour parler <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-10-28/replique-au-dr-lavigueur/des-faussetes-et-des-demi-verites-a-corriger.php">contre le vaccin et répandre de fausses informations à son sujet</a>. Certains médecins et scientifiques sont également sortis publiquement, par exemple via le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1839522/reinfo-covid-quebec-collectif-groupe-facebook-site-web">collectif controversé Réinfo Covid</a>, pour répandre des absurdités. Une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1839390/conference-de-presse-3-novembre-medecins-travailleurs-sante-reinfo-covid-quebec-fact-check">pharmacienne québécoise</a> y a même prétendu, arborant son sarrau et écusson professionnel, que des dizaines d’enfants allaient mourir à cause du vaccin. Mon équipe a dû travailler des heures pour <a href="https://vulgamag.ca/?p=608">déboulonner ces mythes</a>.</p>
<p>Il y a plusieurs exemples aussi en Europe, par exemple avec <a href="https://www.ledevoir.com/monde/europe/645483/france-le-controverse-didier-raoult-entendu-par-ses-pairs-lors-d-une-audience-disciplinaire">Didier Raoult</a>, et aux États-Unis, avec <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1849872/dr-robert-malone-dernier-avertissement-vaccins-arnm-covid-enfants">Robert W. Malone</a>. Les fausses déclarations de ces travailleurs de la santé sont irresponsables et pourraient mettre en danger la vie des gens. Dans ce contexte, la désinformation peut être mortelle.</p>
<p><strong>Quelle fausse nouvelle avez-vous trouvé la plus difficile à déboulonner ?</strong></p>
<p>La généticienne française <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/14/alexandra-henrion-caude-caution-scientifique-des-covido-sceptiques_6084016_3224.html">Alexandra Henrion-Caude</a> est une scientifique de renom. Elle a contribué à la littérature scientifique de manière illustre. Or, depuis le début de la pandémie, elle déclare que le vaccin est une thérapie génique, qu’il modifie nos gènes, ce qui est <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1766046/decrypteurs-vaccin-arn-modifie-arn-pfizer-biontech-therapie-genique-alexandra-henrion-caude-vih-2-7-cdc">absolument faux</a>. Selon elle, il ne faut absolument pas se faire administrer ces « injections », qui ont le pouvoir de reprogrammer nos gènes et de détruire nos cellules. Ses affirmations sont plus difficiles à déboulonner, puisqu’elle a un titre crédible. En tant qu’experte, on s’attend donc à ce qu’elle sache de quoi elle parle. Les gens lui font confiance. Voilà pourquoi ses propos sont dangereux.</p>
<p><strong>Comment le grand public peut-il détecter ce type de désinformation ?</strong></p>
<p>Il faut impérativement identifier les sources qui sont utilisées pour vérifier l’information. Parfois, ces sources ne font référence qu’à une vidéo YouTube, une publication Facebook ou même aux dires d’une seule personne. D’accord, cette personne a dit ça, mais sur quelles données s’est-elle basée ? Est-ce que ce sont des publications scientifiques révisées par les pairs ? Ou alors des interprétations libres de l’individu lui-même ? C’est ce que j’essaie de faire dans mes capsules, et j’étais l’un des premiers au Québec à le faire. À l’aide d’un écran vert, je mets mes sources derrière moi ; des tableaux, des graphiques tirés de publications scientifiques. Tout ce que j’affirme est vérifiable par des sources scientifiques crédibles.</p>
<p><strong>Qu’est-ce qui vous a motivé à combattre la désinformation sur les réseaux sociaux ?</strong></p>
<p>Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie, notamment en période de confinement. J’ai réalisé que les gens avaient vraiment besoin de rire et de se divertir. J’ai donc commencé à faire des capsules d’humour sur TikTok. Après plus d’un an sur TikTok, je me suis rendu compte que beaucoup de désinformation y circulait. Au départ, je me contentais de commenter les vidéos en tentant de démentir ces fausses nouvelles, et en mentionnant que j’étais étudiant en médecine. Au lieu de me remercier de les rassurer, les gens disaient que j’étais vendu, que les compagnies pharmaceutiques me payaient pour dire de telles choses. J’étais très surpris et j’ai voulu en faire davantage. J’ai donc commencé à faire des capsules de lutte contre la désinformation, qui ont eu beaucoup de succès. Avec le temps, j’ai cumulé plus de 1,3 million de mentions « j’aime », plus d’une centaine de milliers d’abonnés sur mes différentes plates-formes, des dizaines de millions de visionnements, ainsi que des centaines de témoignages de personnes hésitantes qui ont décidé de se faire vacciner grâce à mes efforts de déboulonnage.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1514025233564454917"}"></div></p>
<p><strong>Avez-vous un exemple qui illustre jusqu’où peut se rendre une fausse nouvelle ?</strong></p>
<p>À l’automne 2021, des rumeurs circulaient que le médecin et microbiologiste-infectiologue Richard Marchand, de l’Institut de cardiologie de Montréal, reconnu mondialement, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2021-09-20/oui-le-dr-richard-marchand-est-doublement-vaccine.php">n’était pas vacciné</a> et que les vaccins étaient dangereux. Afin de soutenir leur propos, les auteurs de ces vidéos s’étaient basés sur une entrevue que le Dr Marchand avait accordée en février 2021, donc au tout début de la vaccination. Au cours d’une discussion, il avait mentionné à Paul Arcand qu’il n’était pas encore vacciné. Cet extrait a par la suite été repris en septembre 2021, pour faire croire qu’à ce moment, pas si lointain, il n’était pas encore vacciné. J’ai alors pris la décision d’écrire au Dr Marchand, afin de l’informer que ces fausses nouvelles à son sujet étaient en train de circuler. Il était outré et très étonné ! Il a donc rédigé une longue publication pour dire que c’était faux, et j’ai également fait une vidéo TikTok pour rétablir les faits et rassurer les gens.</p>
<p><strong>En terminant, à votre avis, est-ce inévitable, de nos jours, d’avoir recours aux médias sociaux afin de combattre la désinformation ?</strong></p>
<p>Oui, il s’agit de la meilleure façon de le faire. C’est là que les gens sont, c’est aussi là que circulent les fausses nouvelles.</p>
<p>Comme le dit si bien Christie Wilcox, journaliste scientifique américaine,</p>
<blockquote>
<p>les plates-formes de médias sociaux […] sont le moyen par lequel le monde se met en réseau et communique. Elles sont le moyen et le lieu où nous partageons des informations – avec nos amis, nos collègues, nos connaissances et tous les autres.</p>
</blockquote>
<p>Pour cette raison, la science se doit d’être sur les réseaux sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180217/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Nadeau-Vallée ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Décortiquer intelligemment des études scientifiques n’est pas chose simple. Cette barrière de compréhension amène certaines personnes, dont des professionnels de la santé, à propager de fausses nouvelles.Mathieu Nadeau-Vallée, Médecin résident en anesthésie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1810102022-04-20T15:08:53Z2022-04-20T15:08:53ZLes Québécois ont-ils été de « bons citoyens » durant la crise sanitaire ? Oui, disent les policiers<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458273/original/file-20220414-18-rv4bfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3000%2C2074&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des policiers patrouillent la rue Sainte-Catherine à Montréal, le 12 avril 2021, pendant le couvre-feu imposé par le gouvernement du Québec. Les citoyens ont généralement suivi les règles sanitaires mises en place.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p>Dans les premiers mois de la pandémie de Covid-19, des membres du gouvernement québécois, ainsi que la mairesse Valérie Plante, <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-12-17/denoncer-les-partys-de-noel-c-est-la-chose-a-faire-dit-plante.php">ont exhorté les citoyens à dénoncer leurs voisins qui transgressaient</a> les règles sanitaires. On a aussi entendu la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbeault, <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/sur-le-vif/segments/entrevue/168376/docile-genevieve-guilbault-covid-19-rene-villemure">affirmer que les Québécois étaient dociles</a>.</p>
<p>C’est le corps policier qui avait la responsabilité de surveiller et de sanctionner les citoyens qui contrevenaient aux règles émises par Québec. Comment ont-ils vécu cette situation hors norme ?</p>
<p>Lors de nos recherches sur la régulation des comportements des citoyens pendant la première année de la crise sanitaire (mars 2020 à juin 2021), notre équipe, composée d’un spécialiste de l’administration publique et de deux chercheurs en éthique publique, a rencontré 37 cadres de 15 services policiers municipaux et plus de 149 patrouilleurs en groupes de discussion. Nous avons produit une <a href="https://cergo.enap.ca/cerberus/files/nouvelles/documents/CERGO/CRSH_Police_regulation%2011%20avril.pdf">recherche dans le cadre du programme de développement de partenariat Covid</a>.</p>
<p>Tous les groupes de discussion et tous les cadres en entrevue ont abordé la thématique du « bon citoyen ». </p>
<h2>De « très très bons citoyens »</h2>
<p>Les patrouilleurs, dont celui-ci, reconnaissent que les citoyens ont majoritairement respecté les consignes sanitaires :</p>
<blockquote>
<p>[…] honnêtement je pense que ça a été quand même bien respecté dans la population générale.</p>
</blockquote>
<p>Ce constat est partagé par les cadres, dont celui-ci, responsable des communications :</p>
<blockquote>
<p>Moi, j’ai envie de vous dire qu’en général, la très, très grande majorité des citoyens ont compris la nécessité de faire attention, d’appliquer des mesures.</p>
</blockquote>
<p>De façon symbolique, plusieurs patrouilleurs et cadres nous ont parlé de 80 % à 90 % des citoyens qui auraient respecté les consignes sanitaires du gouvernement.</p>
<p>Les répondants policiers ont beaucoup de respect pour cette autodiscipline des citoyens, car ils savent que cela exigeait beaucoup de sacrifice et de résilience. Un cadre responsable des relations avec le réseau nous a candidement dit :</p>
<blockquote>
<p>Moi, les citoyens, honnêtement, chapeau !</p>
</blockquote>
<p>Les patrouilleurs vont dans le même sens. Ils ont souvent parlé : « de très, très bons citoyens ».</p>
<h2>Peur de la maladie… et solidarité</h2>
<p>Les patrouilleurs et les cadres donnent différentes interprétations pour expliquer les raisons ayant amené les citoyens à se conformer aux consignes sanitaires.</p>
<p>Plusieurs patrouilleurs pensent que cela s’explique davantage par la peur de la maladie que la crainte de la police. D’autres, peut-être plus idéalistes, disent qu’ils ont senti que plusieurs citoyens ont respecté les décrets par solidarité avec les autres membres de la communauté. Pour sa part, un cadre responsable des relations avec le réseau et de la gendarmerie, très pragmatique, affirme :</p>
<blockquote>
<p>Les citoyens, même s’ils n’adhèrent pas à tout ça, vont quand même suivre les règles […]..[…] les gens comprennent qu’on fait tout le monde un effort.</p>
</blockquote>
<p>Pour les patrouilleurs, il y a eu des contraintes sanitaires plus faciles que d’autres à intégrer dans la routine de la vie quotidienne. Les exigences concernant le port du masque et le lavage des mains dans les commerces ont été vite intégrées aux habitudes de vie. La distanciation des jeunes dans les parcs et les rassemblements entre adultes, dans les maisons privées, ont toutefois fait partie des comportements transgressifs davantage fréquents.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un policier à vélo parle avec des gens assis par terre, dans un parc" src="https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=530&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=530&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458276/original/file-20220414-26-3nemvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=530&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un policier en patrouille dans un parc, à Montréal, le 10 avril 2021. Les espaces publics, comme les parcs, ont été pris d’assaut par les citoyens durant la pandémie..</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les patrouilleurs et les cadres sont cependant lucides : le bon citoyen n’est pas nécessairement docile et soumis. En effet, malgré leur résilience et leur collaboration, la majorité d’entre eux se sont quand même autorisés de petites entorses aux décrets, comme le dit ce cadre responsable des relations avec le réseau :</p>
<blockquote>
<p>C’était sûr que les gens continuaient à souper ensemble, que les gens continuaient de se voir, mais en cachette […]</p>
</blockquote>
<h2>Une question d’équilibre mental</h2>
<p>Cela n’a cependant pas fait paniquer le milieu policier, car dans la majorité des cas, les citoyens restaient prudents lorsqu’ils faisaient ces tricheries. Ils ne tombaient généralement pas dans l’excès. Il s’agissait de transgressions occasionnelles et considérées nécessaires, par nos répondants policiers, pour l’équilibre mental et le maintien des liens sociaux de base.</p>
<p>Les patrouilleurs reconnaissent que, dans la majorité des cas, les citoyens qui ont fait de petites tricheries collaboraient avec eux. Ils acceptaient respectueusement l’avertissement qui leur était donné et se conformaient rapidement aux demandes des patrouilleurs. Il y a consensus, tant chez les cadres que chez les patrouilleurs, pour dire qu’il y a eu « une bonne collaboration des citoyens ».</p>
<p>C’est justement à cause de cette collaboration que les patrouilleurs arrivaient souvent à mettre fin à une situation transgressive, sans avoir à sanctionner le citoyen. Des acteurs du milieu policier ont d’ailleurs rappelé que la finalité de la Loi sur la santé publique n’est pas de pénaliser aveuglément les citoyens. C’est de protéger la santé et la sécurité des individus.</p>
<p>Sans surprise, les policiers ont évidemment reconnu avoir eu à gérer des cas plus lourds de transgressions chez certaines clientèles : les jeunes adultes, les itinérants, certaines communautés religieuses et des clientèles criminalisées connues. Sans compter les nombreux problèmes provoqués par les complotistes qui attiraient l’attention des médias sur leurs transgressions et tenaient des propos violents contre les patrouilleurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux policiers encadrent un homme portant un masque" src="https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458275/original/file-20220414-24-qmsekq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un manifestant anti-vaccin discute avec des policiers à l’extérieur d’un bar sportif d’où il a été escorté, à Québec, le 11 août 2021. Les complotistes attiraient l’attention des médias sur leurs transgressions et tenaient des propos violents contre les patrouilleurs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Jacques Boissinot</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Frustration accumulée et chicanes de voisins</h2>
<p>Pour les patrouilleurs, la durée de la crise sanitaire a aussi eu un impact négatif sur le moral des citoyens, entraînant de l’intolérance chez beaucoup d’entre eux. Cela a conduit à plusieurs vagues de dénonciations excessives qui reposaient sur de la frustration accumulée par des citoyens qui eux, se faisaient un devoir de respecter toutes les consignes à la lettre. Loin de considérer la dénonciation comme un acte de vertu, le milieu policier s’est fait plutôt critique face à ceux et celles qui ont pris d’assaut les lignes 911.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme est interpellée par deux policiers sur une rue du centre-ville" src="https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458274/original/file-20220414-24-lrzqqc.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des policiers interpellent une femme lors du début du couvre-feu imposé au Québec de 22h à 5h, le 31 décembre 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Peter McCabe</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un policier, patrouilleur, affirme :</p>
<blockquote>
<p>Ben, c’est ça, le monde, au lieu de se servir de leur jugement, puis peut-être d’aller avertir leur voisin, ils aimaient mieux appeler la police, puis qu’on y aille, puis que, là, ça fait une chicane de voisins.</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs patrouilleurs, dont celui-ci, trouvaient que les citoyens tombaient souvent bas dans la chasse aux sorcières :</p>
<blockquote>
<p>On devient l’instrument de vengeance des citoyens qui utilisent le système de justice pour faire chier son voisin […] Ce n’est pas ça le rôle de la police […]</p>
</blockquote>
<p>Certains policiers, dont ce patrouilleur, disent que des citoyens se servaient du prétexte sanitaire pour régler de vieilles chicanes de voisins :</p>
<blockquote>
<p>Des voisins qui décident d’appeler pour régler des vieilles chicanes de clôture pour que l’autre aille un ticket de 1500 $, parce que, là, il a invité quelqu’un chez eux, ça on en a vu.</p>
</blockquote>
<p>Des policiers, dont ce patrouilleur, trouvaient vraiment problématique de voir des dénonciateurs surveiller par la fenêtre pour s’assurer que les policiers sanctionnent le voisin :</p>
<blockquote>
<p>Bon là, le voisin appelle, il veut que je débarque. Là, si je ne fais rien, qu’est-ce qu’il va dire ? Il va rappeler : “Heille, ta police, elle n’a pas fait sa job, il y a un constat qui doit être donné”.</p>
</blockquote>
<p>On entre ainsi dans une dynamique où la police se fait policer par les citoyens guetteurs qui veulent imposer leur propre interprétation des lois.</p>
<p>À la lumière de ces résultats, on constate donc que le milieu policier préfère nettement faire affaire avec « monsieur et madame Tout-le-Monde », qui se permettent de faire de petites transgressions occasionnelles, plutôt qu’avec les prétendus « vertueux » qui veulent « jouer à la police » à leur place.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181010/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yves Boisvert a reçu des financements du CRSH. Cette recherche a été réalisé dans le cadre du programme de développement de partenariat COVID. Le partenaire de cette recherche est l'Association des directeurs de police du Québec (ADPQ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Étienne Charbonneau est co-chercheur dans la recherche dirigée par Y. Boisvert et financée par le CRSH dans le cadre du programme de développement de partenariat COVID.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Luc Bégin est co-chercheur dans la recherche dirigée par Y. Boisvert et financée par le CRSH dans le cadre du programme de développement de partenariat COVID. </span></em></p>Une recherche auprès des corps policiers du Québec démontre que les Québécois se sont comportés généralement en « bons citoyens » durant la pandémie, et ont respecté les mesures sanitaires.Yves Boisvert, Professeur titulaire en éthique et intégrité du service public, École nationale d'administration publique (ENAP)Étienne Charbonneau, Professeur & titulaire de la Chaire de recherche du Canada en management public comparé, École nationale d'administration publique (ENAP)Luc Bégin, Professeur de philosophie, Université Laval, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1775922022-03-22T13:38:41Z2022-03-22T13:38:41ZLa crise de la Covid-19 a provoqué l'adoption de mesures radicales, comme le confinement. Étaient-elles justifiées ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/453428/original/file-20220321-27-dhhl2i.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C4%2C2991%2C2254&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le premier ministre du Québec, François Legault, en compagnie de Luc Boileau, directeur intérimaire de la Santé publique nationale du Québec et du ministre de la Santé, Christian Dubé, annonce un assouplissement des mesures sanitaires, lors d'une conférence de presse le 8 février 2022, à Québec.
</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jacques Boissinot</span></span></figcaption></figure><p>La pandémie de Covid-19 a provoqué à travers le monde une série de réactions de la part des gouvernements, dont la plus spectaculaire a été le confinement massif de population.</p>
<p>Une décision radicale qui a été adoptée par de nombreux pays qui se sont imités les uns les autres, sans tenir compte des idiosyncrasies locales et des caractéristiques culturelles. Comment expliquer le clivage important entre ceux qui défendent la liberté de se protéger individuellement, et ceux qui mettent l'accent sur le caractère collectif de la santé des populations ?</p>
<p>Dans un article publié récemment publié par le <em>Journal of Management Inquiry</em> intitulé <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/10564926221082494">«Exploring the process of policy overreaction : the Covid-19 lockdown decisions»</a>, mon collègue, Sofiane Baba, et moi-même, tous les deux professeurs en management stratégique, examinons comment, lorsqu'une réaction politique excessive se produit, elle peut mener à des décisions injustifiées et dangereuses. Nous avons mené cette analyse en tant que spécialistes des théories des organisations et de leur fonctionnement, en particulier en matière de processus stratégiques et décisionnels.</p>
<h2>Le phénomène de surréaction dans les décisions politiques</h2>
<p>Les premières décisions de politiques consistant à confiner massivement des populations entières ont été acceptées comme allant de soi, du fait que le virus était perçu comme très dangereux. Elles n'ont suscité que peu de réactions presque partout dans le monde, et se sont révélées essentielles au comportement, voire au bien-être des populations concernées.</p>
<p>Lorsque la première décision est massive et radicale, il est difficile de la remettre en question ou de la corriger. Or, ces décisions prises souvent dans l'urgence <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/106591296401700312">peuvent mener à des désastres humains et économiques</a>. Leurs effets se font généralement sentir dans le futur et compte tenu de l'urgence réelle ou perçue, on ne leur accorde pas beaucoup d'attention.</p>
<p>Dans la littérature académique, des politiques excessives ont été occasionnellement documentées. Par exemple, la décision aux conséquences catastrophiques du président américain George W. Bush <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27Irak">d'envahir l'Irak, en 2003</a>, a été présentée comme un exemple typique de réaction politique excessive. En revanche, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_missiles_de_Cuba">lors de la crise des missiles de Cuba en 1962</a>, le président John F. Kennedy a résisté à l'appel aux armes de ses conseillers. Il a ainsi réduit l'intensité de la réponse, évitant probablement une confrontation nucléaire avec l'Union soviétique.</p>
<p>En général, les premières réactions à ce qui semble être une menace inquiétante, qu'elle soit militaire, stratégique ou sanitaire, sont cruciales pour la paix et la prospérité des nations. Ces premières décisions créent une «dépendance au chemin emprunté» (path-dependency), <a href="https://doi.org/https://doi.org/10.1108/00251740210434007">comme l'écrit le professeur américain Ian Greener, de l'Université de Strathclyde</a> et influencent fortement le comportement et les perceptions dans la suite des événements.</p>
<h2>Confiner, ou ne pas confiner la population</h2>
<p>Dans notre article, nous ne portons pas de jugement sur la gestion d'ensemble de la pandémie par les gouvernements. Nous focalisons plutôt sur la réponse initiale à la pandémie, c'est-à-dire la décision de confinement. Nous analysons les réactions à la pandémie de Covid-19 dans des pays qui ont adopté des approches contrastées pour gérer la crise.</p>
<p>La réponse française a attiré l'attention du monde entier. Même si le pays n'était pas le premier à confiner massivement sa population (l'Italie et l'Espagne l'avaient déjà amorcé), le confinement a été parmi les plus radicaux. En ce sens, les esprits à travers le monde ont été frappés par l'image de Paris vidée de ses habitants.</p>
<p>La Suède a de son côté résisté à l'idée de confiner l'ensemble de la population, <a href="https://www.lapresse.ca/international/europe/2021-03-14/covid-19/la-suede-mouton-noir-de-la-pandemie.php">provoquant en cela un concert de critiques des médias à travers le monde</a>. Les autorités suédoises ont agi rapidement pour protéger les segments les plus vulnérables de la population (le <a href="https://www.france24.com/fr/20200916-covid-19-la-su%C3%A8de-accus%C3%A9e-d-avoir-laiss%C3%A9-mourir-les-personnes-%C3%A2g%C3%A9es">pays a quand même connu des éclosions majeures dans ses résidences pour personnes âgées</a>), mais se sont abstenues de toute action radicale généralisée. Elles sont restées proches de la population, lui fournissant les informations disponibles, recherchant la coopération et l'approbation sociale.</p>
<p>Leur bilan n'a généralement été ni meilleur ni pire du point de vue de la santé. Elles ont néanmoins protégé la société suédoise des excès des confinements massifs et des effets de l'incertitude administrative. <a href="https://coronavirus.jhu.edu/data/mortality">En date de février 2022, l'Université Johns Hopkins évaluait la surmortalité</a> liée au coronavirus comme suit: 0,6% en France, 0,7% en Suède, 0,9% en Allemagne, 1,1% au Canada, et 1,2% aux États-Unis.</p>
<h2>La peur qui fait dérailler</h2>
<p>En nous appuyant sur les théories de la complexité, nous croyons que lorsque les relations de cause à effet sont incertaines ou inconnues, les meilleures décisions sont celles prises de manière prudente, afin de pouvoir apprendre et corriger. Elles doivent aussi être participatives, afin de bénéficier de l'expérience collective.</p>
<p>Nous montrons également que les émotions, en particulier la peur, font dérailler la prise de décision rationnelle des individus. Cela est <a href="https://doi.org/https://doi.org/10.1080/02699931.2010.550751">largement documenté dans la littérature psychologique</a>. Lorsqu'elle affecte des populations entières, la peur alimente «un comportement de foule». <a href="https://us.macmillan.com/books/9780374518202/crowds-and-power">Dans son livre «Crowds and Power»</a>, l'écrivain britannico-allemand Elias Canetti, prix Nobel de littérature, a tenté d'expliquer pourquoi des sociétés civilisées rationnelles pouvaient sombrer dans la violence et le désordre. La volonté des individus se dissout dans un comportement de meute. Ils deviennent alors faciles à manipuler et on peut assister à des comportements irrationnels qui, normalement, ne se produiraient pas individuellement. Dans le cas de la Covid-19, le comportement d'une foule inquiète a contribué, entre autres, à empêcher tout ajustement ou correction, et a poussé, au contraire, à une radicalisation accrue.</p>
<p>La décision de confinement a été aussi aggravée par un phénomène <a href="https://uk.sagepub.com/en-gb/afr/institutions-and-organizations/book237665#description">d'isomorphisme institutionnel</a>, soit une situation où l'environnement institutionnel (lois, normes, culture et pratiques) force individus et organisations à des comportements semblables pour asseoir la légitimité de leurs actions. Face à l'incertitude et aux pressions des médias et de populations apeurées, les dirigeants de différents pays se sont imités, scellant la réaction excessive et utilisant des moyens, parfois discutables, pour la justifier et l'appliquer. Le processus de justification et de mise en œuvre repose notamment sur des conseils exclusivement sanitaires, <a href="https://doi.org/10.1108/00251740610715713">sur la pensée de groupe (groupthink)</a> et sur le mépris de toutes les sciences sociales.</p>
<p>Il n'est pas raisonnable, selon nous, dans des décisions où le bien-être et l'avenir de populations entières sont en jeu, de négliger ce que les psychologues, sociologues, historiens, théoriciens des organisations et autres scientifiques pourraient apporter.</p>
<h2>Cinq mesures à apporter</h2>
<p>Notre article propose cinq mesures pour contrôler et limiter les effets des émotions négatives et de l'isomorphisme institutionnel dans la gestion des crises d'urgence :</p>
<ol>
<li><p>Adopter un mode de décision incrémental, par petits bouts, pour permettre l'apprentissage progressif ;</p></li>
<li><p>Décentraliser les décisions de réponse ;</p></li>
<li><p>Assurer une communication ouverte et valoriser l'apport de la société civile ;</p></li>
<li><p>Construire des structures de décision équilibrées, impliquant un large éventail d'experts scientifiques, mais aussi de leaders sociaux concernés ;</p></li>
<li><p>Assurer une véritable gestion basée sur les faits, donc qui prend en compte les aspects variés d'une crise d'urgence.</p></li>
</ol>
<p>L'infection par le SARS-CoV-2 était certes une menace importante et elle a généré une crise majeure et provoqué des millions de morts. Les crises à grande échelle, comme celle-ci, sont justement difficiles à gérer parce qu'elles peuvent faire réagir de manière contre-intuitive.</p>
<p>Afin de garder le contrôle, il est essentiel de veiller à ne pas aggraver leurs effets par des décisions politiques radicales, difficiles à évaluer et à mettre en œuvre. Minimiser l'effet des émotions négatives générées par ces crises et rassurer sont nécessaires afin de susciter l'adhésion des populations et améliorer le processus décisionnel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177592/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Taïeb Hafsi a reçu des financements de CRHS et FRQSC. Depuis une dizaine d'années, je n'ai reçu que des financements des organismes de financement de la recherche canadien (CRSH, MITACS) et québécois (FRQSC). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sofiane Baba a régulièrement reçu des financements d'organismes subventionnaires tels que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Fonds de recherche - Société et Culture du Québec (FRQSC) et le MITACS.</span></em></p>Face à l'incertitude et aux pressions des médias et de populations apeurées, les dirigeants de différents pays se sont imités durant la crise de la Covid-19, utilisant des moyens parfois discutables.Taïeb Hafsi, Professeur en management stratégique et théorie des organisations, HEC MontréalSofiane Baba, Professeur adjoint en management stratégique, Université de Sherbrooke Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1749972022-03-01T15:20:52Z2022-03-01T15:20:52ZLes gestionnaires de CPE ont vécu beaucoup de stress depuis le début de la pandémie. Voici comment mieux les soutenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447819/original/file-20220222-17-1izsnim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C1%2C997%2C700&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La pandémie a mis à rude épreuve les gestionnaires des services de garde à la petite enfance. Ils se sont sentis stressés et isolés. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis mars 2020, la pandémie de Covid-19 a sévèrement touché les services de garde éducatifs à l’enfance (SÉGE) du Québec qui ont dû réorganiser leur mode de fonctionnement pour respecter les mesures sanitaires. De la gestion des espaces, aux équipements et au personnel en passant par les horaires et l’accueil, les <a href="https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/services-garde-educatifs-enfance-covid19">répercussions ont été majeures</a> tant pour les enfants, les relations avec les parents que pour les gestionnaires.</p>
<p><a href="https://www.rcpem.com/_media/document/resume-faits-saillants-etude-bigras.pdf">Une première étude exploratoire menée au printemps 2020</a> par notre équipe de recherche auprès de CPE de la Montérégie révélait déjà une diminution du niveau de bien-être et une augmentation significative du niveau de stress chez les gestionnaires. Ce constat était préoccupant, car même si cet état de stress <a href="https://doi.org/10.1007/s10643-021-01215-z">a été provoqué par la pandémie</a>, des <a href="https://www.stresshumain.ca/le-stress/comprendre-son-stress/etapes-du-stress-chronique">études démontrent qu’il peut devenir chronique</a>.</p>
<p>De plus, de nombreux membres du personnel éducatif des SÉGE se disaient épuisés et envisageaient alors sérieusement de quitter la profession ou l’ont déjà fait. Ce <a href="https://files.elfsightcdn.com/022b8cb9-839c-4bc2-992e-cefccb8e877e/77ea6e06-3c45-4871-9f21-22644992a486.pdf">phénomène n’est pas unique au Québec</a>. S’il advenait une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1755602/cpe-educatrices-covid-enfants-recrutement">pénurie de main-d’œuvre parmi les gestionnaires</a>, cela aurait des conséquences dramatiques pour l’ensemble de la population qui dépend des services de garde pour la conciliation travail-famille. Dans ce contexte, il devenait indispensable de se préoccuper du bien-être au travail des gestionnaires. C’est pourquoi, en février 2021, des membres de notre équipe « Qualité des contextes éducatifs de la petite enfance », affiliées à l’UQAM, l’UQO et l’Université Laval, ont amorcé une étude longitudinale sur le bien-être au travail des gestionnaires de CPE.</p>
<h2>Quatre indicateurs de bien-être</h2>
<p>L’objectif de notre étude était d’évaluer le niveau de bien-être au travail des gestionnaires un an après le début de la pandémie. Pour ce faire, 327 gestionnaires (97,5 % de femmes) provenant des 17 régions administratives du Québec ont rempli un questionnaire en ligne (Lime Survey) comprenant 143 questions visant à documenter les indicateurs de bien-être au travail suivants :</p>
<p>1) L’autocompassion, qui est caractérisée par la présence de bonté envers soi-même (être bienveillant et compréhensif plutôt que critique ou sévère), l’humanité commune (considérer son expérience comme faisant partie de l’expérience humaine commune plutôt qu’isolée) et la <a href="https://doi.org/10.1080/15298860309032">pleine conscience</a>, soit être attentif à son expérience du moment présent plutôt que dans le passé ou le futur.</p>
<p>2) L’épuisement professionnel, qui est un état psychologique d’épuisement émotionnel et mental, de dépersonnalisation ou de cynisme menant à l’indifférence ou à une attitude distante quant au travail ainsi qu’à une inefficacité professionnelle <a href="https://doi.org/10.1177/0013164405282471">issue d’une évaluation négative des performances professionnelles et une faible estime de soi</a>.</p>
<p>3) Les symptômes dépressifs, qui concernent des <a href="https://doi.org/10.1016/j.appdev.2017.09.007">sentiments de désespoir, une irritabilité, une moindre énergie et des difficultés de concentration</a>.</p>
<p>4) Le stress au travail, qui est caractérisé par un ensemble de réactions traduisant un décalage entre les demandes et les <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/42809">pressions exercées sur l’employé ainsi que ses connaissances et capacités</a>.</p>
<h2>Stress et dépression</h2>
<p>Nos résultats préliminaires indiquent que certains indicateurs sont plus négativement affectés par la pandémie.</p>
<p>Ainsi, plus de la moitié des gestionnaires (52,1 %) rapportaient des niveaux élevés d’isolement et le tiers se montraient sévères envers elles-mêmes (30 %). Un tiers (29 %) des répondantes rapportaient un sentiment de dépersonnalisation. Toutes indiquaient ressentir un faible niveau d’accomplissement au travail, composante liée à la motivation et au sens accordé au travail.</p>
<p>Par ailleurs, nos résultats révèlent que 12,3 % d’entre elles manifestaient des symptômes dépressifs au niveau clinique. Près de 80 % des gestionnaires de CPE ont rapporté des niveaux de stress considérés comme moyens ou élevés au début de l’année 2021 (7 % stress élevé ; 71,6 % stress moyen). Parallèlement, les <a href="https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/9-mars-2021">données recueillies par l’Institut national de la santé publique du Québec</a> (INSPQ) pendant la crise sanitaire auprès de la population générale indiquent que 16 % à 17 % des personnes éprouvaient de la détresse psychologique, tandis que 18 % rapportaient un niveau de santé mentale moyen à mauvais et 16 % soulignaient la présence de symptômes d’anxiété modérés à sévères.</p>
<h2>L’importance de mettre en place des mesures de prévention</h2>
<p>D’une manière générale, les nombreuses adaptations liées à la pandémie ont eu un effet majeur sur le rôle des gestionnaires. Le temps consacré à l’application des mesures sanitaires a réduit celui disponible pour les tâches régulières, telles que le soutien pédagogique, l’encadrement des équipes de travail et le suivi de la qualité.</p>
<p>Ceci peut expliquer le faible niveau de sentiment d’accomplissement rapporté par les gestionnaires, le niveau élevé de stress et le sentiment d’isolement associés aux difficultés rencontrées. La forte charge d’exigences liée au contexte pandémique est également à prendre en compte pour comprendre ce sentiment d’isolement accru.</p>
<p>Ces données récoltées un an après le début de la pandémie démontrent l’urgence de mettre en place des mesures pour prévenir la détérioration du bien-être au travail des gestionnaires des CPE, qui pourrait affecter leur santé mentale à long terme. Ceci est d’autant plus important qu’ils continueront à gérer les CPE dans un contexte pandémique ou post-pandémique pendant les prochains mois.</p>
<p>D’ailleurs, les membres de notre équipe de recherche préparent une nouvelle collecte de données ces jours-ci, afin d’approfondir notre compréhension sur les éléments qui affectent le bien-être des gestionnaires, de manière à proposer des pistes pour mieux les soutenir.</p>
<p>Afin de bonifier le niveau de bien-être des gestionnaires, une avenue intéressante consisterait en l’accompagnement de ces derniers, par exemple en mettant en place des rencontres régulières entre pairs. Cela leur offrirait un soutien social susceptible de réduire l’isolement, le stress et le faible sentiment d’accomplissement <a href="https://doi.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Focp0000070">et d’augmenter le niveau de bien-être général</a>. Lorsqu’elles sont conçues de manière à aborder spécifiquement la gestion du stress et les <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyg.2021.630798">moyens de développer l’autocompassion</a>, les rencontres d’accompagnement [hausseraient le niveau de bien-être des participants], ce qui en fait un outil de résilience pertinent dans le contexte actuel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174997/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Bigras a reçu des financements du Regroupement des CPE de la Montérégie (RCPEM), du CRSH et du FQRSC. La recherche dont est issu cet article a été réalisée grâce au financement du RCPEM et du fond d'urgence du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annie Charron (<a href="mailto:charron.annie@uqam.ca">charron.annie@uqam.ca</a>) est membre de l'association des enseignants du préscolaire a Québec (AÉPQ). Elle a reçu des financements du FRQSC, du MEQ et de l'UQAM. La recherche dont est issue cet article a été réalisée grâce au financement du RCPEM et du fond d'urgence du Canada</span></em></p><p class="fine-print"><em><span><a href="mailto:christelle.robert-mazaye@uqo.ca">christelle.robert-mazaye@uqo.ca</a> a reçu des financements du CRSH et du FQRSC. La recherche dont est issu cet article a été réalisée grâce au financement du RCPEM et du fond d'urgence du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Geneviève Fortin a reçu des financements du Regroupement des CPE de la Montérégie (RCPEM) et de l'Équipe de recherche Qualité des contextes éducatifs en petite enfance. La recherche dont est issue cet article a été réalisée grâce au financement du RCPEM et du fond d'urgence du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stéphanie Duval (<a href="mailto:stephanie.duval@fse.ulaval.ca">stephanie.duval@fse.ulaval.ca</a>) a reçu des financements du CRSH et du FRQSC. La recherche dont est issu cet article a été réalisée grâce au financement du RCPEM et du fond d'urgence du Canada </span></em></p>Les nombreuses adaptations liées à la pandémie ont eu un effet majeur sur les gestionnaires de CPE. Il faut mettre en place des mesures pour prévenir la détérioration de leur bien-être au travail.Nathalie Bigras, professeure titulaire, Université du Québec à Montréal (UQAM)Annie Charron, Professeure titulaire, Université du Québec à Montréal (UQAM)Christelle Robert-Mazaye, Université du Québec en Outaouais (UQO)Geneviève Fortin, Étudiante au doctorat en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Stéphanie Duval, Professeure, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1768332022-02-11T15:07:21Z2022-02-11T15:07:21ZConvoi des camionneurs : aux origines d’un mouvement en pleine dérive<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/445807/original/file-20220210-19-f3uw1s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=28%2C0%2C4764%2C3305&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des camionneurs et leurs partisans bloquent l'accès menant au pont Ambassador, reliant Détroit et Windsor, mercredi 9 février 2022. </span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Nathan Denette</span></span></figcaption></figure><p>Depuis le 28 janvier, un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Convoi_de_la_libert%C3%A9">convoi « de la liberté »</a> occupe la colline parlementaire à Ottawa. La manifestation s’est rapidement transformée en occupation, devant le symbole principal de la démocratie canadienne.</p>
<p>La police municipale a rapidement été dépassée par les événements. Le premier ministre ontarien, Doug Ford, se défile et le premier ministre canadien, Justin Trudeau, longe les murs. Pourtant, le discours des organisateurs laissait peu de doutes sur la possibilité que cette mobilisation se transforme en une crise majeure pour la sécurité publique.</p>
<p>Son impact économique est majeur : le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1861160/pont-ambassador-windsor-ferme-manifestation-camionneurs-vaccin">mouvement bloque depuis plusieurs jours l’accès au pont Ambassador</a>, qui relie Windsor à Détroit, provoquant des pénuries de pièces dans les usines ontariennes de Ford et de Toyota et des arrêts dans la production. On parle de <a href="https://www.newsweek.com/trucker-blockade-us-canada-border-causes-over-1b-losses-daily-1678091?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1644521796">pertes d’un milliard de dollars par jour</a>.</p>
<p>L’événement qui a déclenché le mouvement a été l’annonce, en novembre 2021, par le ministre des Transports canadien, qu’une <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/nouvelles/2022/01/les-exigences-pour-les-camionneurs-qui-entreront-au-canada-seront-en-vigueur-a-partir-du-15-janvier-2022.html">preuve vaccinale</a> serait exigée pour les travailleurs du transport à partir de la mi-janvier 2022. Cette exigence s’inscrivait dans la batterie de mesures mises en place par le gouvernement fédéral dans la lutte contre la <a href="https://sante-infobase.canada.ca/covid-19/resume-epidemiologique-cas-covid-19.html">propagation rapide</a> du variant Omicron. Elle ressemble aux obligations applicables aux citoyens et non-résidents arrivant au Canada par voie aérienne.</p>
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<img alt="Des camions arborent l’unifolié, devant un policier" src="https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445813/original/file-20220210-45987-273c38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des camions bloquent une rue d’Ottawa, le 8 février 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Adrian Wyld</span></span>
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<p>Les appuis à la vision des protestataires <a href="https://abacusdata.ca/freedom-convoy-public-reaction-february-2022/">varient significativement</a> en fonction des affiliations politiques. Elle est la plus forte chez les électeurs du Parti populaire (82 %), du Parti vert (57 %) et du Parti conservateur (46 %). Inversement, les électeurs du Parti libéral (75 %), du NPD (77 %) et du Bloc Québécois (81 %) disent avoir peu en commun avec la manière de voir des protestataires.</p>
<p>En tant que chercheurs en sociologie politique, dont nous analysons les dynamiques au Canada et en Europe de l’Ouest, nous croyons essentiel de saisir les protestations actuelles dans leur dimension politique, idéologique et sociohistorique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ladhesion-aux-complots-et-aux-populismes-une-question-deducation-174929">L’adhésion aux complots et aux populismes, une question d’éducation ?</a>
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<h2>Une mobilisation de travailleurs sans mobilisation de classe</h2>
<p>Ce mouvement dit « de camionneurs » n’en est pas exactement un. Il est loin de faire l’unanimité au sein de la profession. L’Alliance canadienne du camionnage a <a href="https://www.canada.ca/fr/transports-canada/nouvelles/2022/01/declaration-commune-des-ministresalghabra-oregan-et-qualtrough-et-du-president-de-lalliance-canadienne-du-camionnage.html">dénoncé sans équivoque l’usurpation de la représentation des camionneurs</a> par les organisateurs du convoi. On estime entre <a href="https://www.thestar.com/business/2022/01/25/trucker-convoys-4-million-in-fundraising-frozen-by-gofundme.html">85 %</a> et <a href="https://twitter.com/OmarAlghabra/status/1486791464248123393">90 %</a> le taux de vaccination chez les transporteurs, ce qui s’apparente à la moyenne canadienne.</p>
<p>Suite logique de décennies de <a href="https://readpassage.com/p/the-trucker-convoy-is-not-a-workers-revolt/">dérégulation</a> du secteur du transport, le convoi met de l’avant une conception très individualiste, voire libertarienne du travail. Ce ne sont pas les mauvaises conditions d’emploi qui sont dénoncées, mais les régulations gouvernementales portant atteinte aux libertés individuelles de petits entrepreneurs du transport.</p>
<p>Il est donc plus approprié de parler d’une « arsenalisation » d’une opposition aux mesures sanitaires, (« weaponization » : soit le fait d’outiller un mouvement politique), par des entrepreneurs politiques de la droite populiste canadienne et américaine.</p>
<h2>Qui sont les organisateurs de ce mouvement ?</h2>
<p>Les entrepreneurs politiques à l’origine du mouvement sont des figures clés de formations politiques de l’Ouest canadien. Patrick King, militant albertain complotiste, ethnonationaliste est le cofondateur du parti Wexit Canada. Depuis devenue « Maverick Party », cette formation réclame la <a href="https://theconversation.com/canadian-populism-got-shut-out-this-election-but-its-still-a-growing-movement-168133">séparation des provinces de l’Ouest du reste du Canada</a>. Tamara Lich est la coordinatrice régionale du même parti, en Alberta. B.J. Dichter, enfin, est un ancien candidat du Parti conservateur du Canada, désormais partisan du Parti Populaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Justin Trudeau" src="https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445809/original/file-20220210-27-8trphe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le premier ministre Justin Trudeau durant une période de questions à la Chambre des communes, à Ottawa, le 10 février 2022. Il est critiqué sévèrement pour sa gestion nonchalante de la crise.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Justin Tang</span></span>
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<p>Les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1861083/convoi-camionneurs-ottawa-preoccupation-ingerence-etrangere-partis-politiques">sources de financement</a> du convoi sont obscures. De nombreux dons anonymes en <a href="https://thetyee.ca/Analysis/2022/02/08/Canada-Must-Investigate-Convoy-Money/">provenance des États-Unis</a> ont transité par la plate-forme GoFundMe <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2022-02-04/gofundme-ne-distribuera-pas-les-millions-aux-camionneurs.php">avant que ces avoirs soient retournés aux donateurs</a>.</p>
<h2>Des racines dans la droite libertarienne de l’Ouest</h2>
<p>Le mouvement actuel est l’une des illustrations récentes de résistances régionales au Canada. Il s’inscrit dans le temps long de la politique protestataire de l’ouest. Caractérisés par une <a href="https://theconversation.com/canadian-populism-got-shut-out-this-election-but-its-still-a-growing-movement-168133">importante dimension populiste</a>, une série de « partis tiers » sont ainsi parvenus à convertir une insatisfaction collective en une accumulation de capital politique sur la scène provinciale, voire nationale. À droite de l’échiquier politique, ces formations partagent un contenu idéologique : un conservatisme social et fiscal et, chez certaines, un ancrage dans le suprémacisme anglo-saxon.</p>
<p>Comme <a href="http://www.albertausa.org/">d’autres formations</a> de l’ouest canadien avant lui, le mouvement actuel mobilise une série de références à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alt-right">l’alt-right américaine</a>, du drapeau des Confédérés, en passant par son opposition au gouvernement « central », ou l’appel à un » 6 janvier » canadien, en référence <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Assaut_du_Capitole_par_des_partisans_de_Donald_Trump">à l’invasion du Capitole, à Washington, par des militants de Donald Trump</a>. Le convoi est d’ailleurs <a href="https://globalnews.ca/news/8602177/freedom-convoy-protest-us-far-right-support/">soutenu par une partie de la droite conservatrice</a> américaine, dont certains membres ont vraisemblablement <a href="https://www.washingtonpost.com/world/2022/02/02/freedom-convoy-alberta-blockade-vaccine-mandate-protests/">participé au mouvement</a>.</p>
<h2>Quelles sont les stratégies du mouvement ?</h2>
<p>La polarisation activée par le mouvement se nourrit de trois stratégies de cadrage. Une première est conjoncturelle. Elle active la polarisation entre les partisans et des détracteurs des restrictions sanitaires mises en place par le fédéral et les provinces. Elle permet d’aller chercher les opposants aux mesures sanitaires de la première heure, <a href="https://theconversation.com/ladhesion-aux-complots-et-aux-populismes-une-question-deducation-174929">dont plusieurs s’inscrivent dans le mouvement complotiste</a>.</p>
<p>Un second cadrage est structurel. Il s’inscrit dans la dynamique fédérale canadienne. Il active le <a href="https://centre.irpp.org/research-studies/the-persistence-of-western-alienation/">sentiment d’aliénation</a> d’électeurs de l’Ouest canadien, cultivant une forme de défiance à l’égard du gouvernement fédéral, des politiques autonomistes, des projets séparatistes. Ce <a href="https://centre.irpp.org/wp-content/uploads/sites/3/2020/09/CoT-2021-Report-6-Respect-Influence-and-Fairness-in-the-Canadian-Federation.pdf">sentiment d’être ignoré</a> dans la politique nationale, spécifique à l’ouest et particulièrement aux Prairies, est différente du souverainisme québécois.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Bidons d’essence jaunes" src="https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445811/original/file-20220210-21-2c4183.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des bidons d’essence à l’arrière d’un camion stationné sur la rue Albert, à Ottawa, le 10 février. Les camionneurs disent se préparer à un long siège.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Justin Tang</span></span>
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</figure>
<p>À cela s’ajoute un cadrage populiste mettant de l’avant une polarisation entre un « nous, méritants », les travailleurs (camionneurs), et un « eux, malhonnêtes et corrompus », les élites libérales du centre et une partie des travailleurs issus de l’immigration. Dans le discours des organisateurs du convoi, ce « nous » a aussi été associé à la défense d’une <a href="https://globalnews.ca/news/8543281/covid-trucker-convoy-organizers-hate/">identité blanche</a> et anglo-saxonne.</p>
<p>Lorsque l’on superpose ces trois cadrages, le Parti libéral du Canada apparaît systématiquement dans le <a href="https://theconversation.com/from-sunny-ways-to-pelted-with-stones-why-do-some-canadians-hate-justin-trudeau-167607">pôle ciblé</a>.</p>
<h2>Résonances variables</h2>
<p>L’opposition aux mesures sanitaires semble en fait former l’unique trait d’union entre les protestataires de l’Ouest et ceux du Québec. L’appui aux mesures sanitaires y est par ailleurs à son plus <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2022/01/11/lappui-aux-mesures-sanitaires-a-son-plus-bas-1">bas</a>. Mais contrairement à Ottawa, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1859895/manifestation-quebec-convoi-mesures-sanitaires">il n’y a pas eu de violences et d’occupation</a> lors de la manifestation organisée le 5 février dans les rues de Québec.</p>
<p>Autrement, loin d’appuyer l’organisation de ce convoi, les politiciens québécois ont surtout lancé des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1859130/veille-convoi-antimesures-quebec-politiciens">appels au calme</a>, et invité à de la fermeté dans l’application de la loi. Seul le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1858673/chef-pcq-soutient-camionneurs-mecontents">Parti conservateur du Québec</a> d’Éric Duhaime s’est distingué par son soutien aux camionneurs.</p>
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<img alt="Manifestants arborant des drapeaux" src="https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445814/original/file-20220210-27-1iikucy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des manifestants anti-mesures sanitaires sont dirigés par des policiers alors qu’ils se dirigent vers l’Assemblée nationale du Québec, le 5 février 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jacques Boissinot</span></span>
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<p>Hors du pays, le mouvement essaime, <a href="https://www.lapresse.ca/international/europe/2022-02-11/la-presse-en-france/le-convoi-de-la-liberte-fonce-vers-paris.php">notamment en France</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/02/07/comment-le-convoi-de-la-liberte-des-camionneurs-canadiens-tente-de-s-exporter-en-france_6112700_4355770.html">soutenu par l’extrême droite</a>, ailleurs en <a href="https://www.politico.eu/article/ottawa-truckers-convoy-far-right-worldwide/">Europe</a> et <a href="https://www.journaldemontreal.com/2022/02/08/un-convoi-de-la-liberte-jusquen-nouvelle-zelande-1">jusqu’en Nouvelle-Zélande</a>.</p>
<p>Le convoi apparaît plutôt comme un révélateur de la capacité d’organisation et de perturbation des structures d’extrême droite, aussi minuscules soient-elles à la base : le Maverick Party (Wexit) n’avait obtenu que 35 278 voix lors de l’élection fédérale de 2021… principalement à l’ouest.</p>
<h2>Des dérives inquiétantes</h2>
<p>Ce n’est pas la première fois que la droite canadienne trouve des soutiens dans des mobilisations extra-parlementaires. Par le passé, des mouvements pro-pipelines avaient déjà mobilisé <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/ottawa/convoy-pipeline-immigration-1.5024863">des convois</a> avec « United we Roll » ; ou à l’émulation des <a href="https://globalnews.ca/news/4770509/yellow-vest-protests-canada/">manifestations</a> de types « gilets jaune » en 2019. On a aussi vu d’autres mobilisations de « citoyens » (« energy citizen », « I <3 Oil ») soutenues dans l’ouest… par les <a href="https://cjc-online.ca/index.php/journal/article/view/3312">lobbys pétroliers</a>.</p>
<p>Certaines mouvances, présentes dans le convoi, ont recours à une rhétorique violente, allant jusqu’à une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1860092/pat-king-manifestation-camionneurs-ottawa">incitation à la violence armée</a> défiant ouvertement l’État de droit.</p>
<p>Le mouvement actuel prend racine dans certaines tendances qui ne sont pas nouvelles dans la politique canadienne, mais qui bénéficient d’un <em>momentum</em> : l’épuisement collectif doublé de l’opportunisme insouciant de plusieurs politiciens fédéraux.</p>
<p>Ce qui en fait un mouvement à surveiller, tient à l’escalade des moyens mobilisés (perturbateurs, violents), à son arsenalisation par l’alt-right <a href="https://www.nytimes.com/2022/02/07/world/canada/canada-protests-right-populists.html">canadienne</a> et américaine, ainsi qu’à sa capacité d’innovation tactique (le siège et le blocage).</p>
<p>Celle-ci donne à une poignée d’individus la capacité d’engendrer des perturbations majeures au fonctionnement de l’État de droit et au travail des gouvernements élus (provinciaux et fédéral). Elles capturent le débat politique. Manifester, contester et discuter font partie d’un répertoire normal, souhaitable dans une démocratie représentative parlementaire. Mais les tactiques et stratégies actuelles ne s’inscrivent pas dans ce registre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176833/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le mouvement prend racine dans des tendances qui ne sont pas nouvelles dans la politique canadienne. Ce qui en fait un mouvement à surveiller est l’escalade des moyens (perturbateurs et violents).Frédérick Guillaume Dufour, Professeur en sociologie politique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Djamila Mones, Doctorante en Sociologie | PhD Candidate in Sociology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.