tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/topics/covid-19-82467/articlesCovid-19 – La Conversation2024-03-18T15:34:27Ztag:theconversation.com,2011:article/2259602024-03-18T15:34:27Z2024-03-18T15:34:27ZCovid-19 : comment le coronavirus détruit des neurones essentiels pour la fertilité et la cognition<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582547/original/file-20240318-20-ppt6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C1089%2C3515%2C2252&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Micrographie électronique à balayage colorisée d'une cellule (rose) infectée par des particules du virus SARS-CoV-2 (vert et violet), isolée à partir d'un échantillon de patient.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nihgov/50798069536/in/photolist-2koRoi7-2ivWYAQ-2itgZyx-2jk18mh-2iERQiZ-2iYmxva-2mFfcQ7-2jcerea-2jk18s4-2jk2hum-2jfwmb2-2jch9HX-2j4b4fV-2j4fdct-2iCRVRX-2iP8B13-2iERQmQ-2jfwm3X-2jfzdMX-2iDSu3E-2iDSu77-2iDWFNp-2iDVeTu-2iDVeUX-2iDVeVt-2iERQ8d-2iG5wqt-2iYiNki-2iPbjqr-2itfPmQ-2iDWFMh-2iDSu65-2iDVeQd-2iDSu8u-2nWQgad-2iETgaX-2ivUoVj-2ivUoW6-2itgZwo-2ivY9VB-2ivY9Xk-2o9zewJ-2koRooc-2koRocL-2jk2hQG-2jfAxCS-2jk18et-2itfPhS-2ivUoUn-2koRYXP"> Image prise au NIAID Integrated Research Facility (IRF) à Fort Detrick, Maryland / NIAID/NIH </a></span></figcaption></figure><p><em>Difficultés de concentration, de planification, troubles de la mémoire immédiate… Les personnes souffrant de Covid long se plaignent très souvent de problèmes cognitifs, qui s’ajoutent aux nombreux autres symptômes dont elles souffrent. Quatre ans après la première vague de la pandémie, la recherche sur les causes de ce « brouillard cérébral » progresse.</em></p>
<p><em>On sait aujourd’hui que le coronavirus SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie est notamment capable de pénétrer dans notre cerveau et de détruire certaines cellules cérébrales. L’infection d’une petite population de neurones inquiète particulièrement les scientifiques : il s’agit des neurones à GnRH, qui jouent un rôle essentiel non seulement dans la fertilité, mais aussi dans le neurodéveloppement des enfants.</em></p>
<p><em>Directeur de recherche et responsable du laboratoire Inserm « Développement et plasticité du cerveau neuroendocrine », Vincent Prévot nous explique pourquoi leur destruction est préoccupante.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Des travaux récents ont montré que l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2, même quand elle ne s’accompagne que de symptômes modérés, <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2311330">est associée à des atteintes cognitives</a>. Aujourd’hui, il ne fait plus de doute que l’infection par le SARS-CoV-2 est délétère pour le cerveau ?</strong></p>
<p><strong>Vincent Prévot :</strong> Plusieurs études ont montré que l’infection par le SARS-CoV-2 a des effets sur le cerveau. L’une des plus spectaculaires, <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-022-04569-5">publiée dans la revue <em>Nature</em></a>, montre qu’elle s’accompagne d’une diminution du volume du cerveau et d’une perte cognitive, d’autant plus importante que les personnes sont âgées. Et ce, même chez des gens qui n’ont pas fait de forme sévère.</p>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/s41593-021-00926-1">Avec nos collaborateurs</a>, nous avons de notre côté démontré que le coronavirus était à l’origine de microruptures de vaisseaux sanguins cérébraux, parfois très nombreuses. Celles-ci pourraient entraîner la mort de certains neurones, et avoir des conséquences sur le vieillissement cérébral.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-le-coronavirus-sintroduit-dans-notre-cerveau-185834">Covid-19 : comment le coronavirus s’introduit dans notre cerveau</a>
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<p>Divers travaux ont par ailleurs montré que ce dernier <a href="https://www.researchsquare.com/article/rs-3818580/v1">semblait d’ailleurs accéléré</a> chez certains patients. Nous avons nous-mêmes constaté la dégradation très rapide, suite à l’infection par le coronavirus, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37428895/">l’état d’un patient atteint de démence vasculaire à un stade précoce</a>.</p>
<p><strong>The Conversation : Avec vos collaborateurs, vous vous êtes particulièrement intéressé aux effets de l’infection sur une catégorie bien particulière de neurones, les neurones à GnRH. Pourriez-vous nous expliquer ce dont il s’agit ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> Ces neurones produisent une hormone appelée GnRH (Gonadotropin-Releasing Hormone). Éparpillés dans notre cerveau, ils sont très peu nombreux : on estime qu’il en existe seulement environ 10 000, dont 2000 dans l’hypothalamus. En regard des 100 milliards d’autres neurones, c’est extrêmement peu.</p>
<p>Cependant ces neurones, que l’on retrouve chez tous les vertébrés, sont essentiels. En effet, ils contrôlent notamment les capacités de reproduction. Les neurones à GnRH s’activent à la puberté. L’hormone qu’ils produisent à cette période passe dans le sang et atteint l’hypophyse, une petite glande située sous le cerveau.</p>
<p>Celle-ci libère alors deux autres hormones, la LH et la FSH, qui vont agir sur les ovaires et les testicules, entraînant leur croissance et déclenchant la production de spermatozoïdes et d’ovocytes. LH et FSH sont aussi impliquées dans la sécrétion des œstrogènes et de la testostérone.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Donc, depuis l’hypothalamus, les neurones à GnRH contrôlent tous les processus associés aux fonctions reproductrices : la puberté, l’acquisition des caractères sexuels secondaires et, à l’âge adulte, la fertilité.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout. Ces neurones jouent aussi <a href="https://theconversation.com/trisomie-21-une-hormone-ouvre-des-pistes-de-traitement-inedites-189887">un rôle essentiel dans le neurodéveloppement des enfants</a>. En effet, une semaine après la naissance, une première activation des neurones à GnRH se produit. Transitoire, elle est à l’origine d’une « mini-puberté » qui dure six mois environ, avant que ces neurones ne se mettent en hibernation en attendant la puberté adolescente. Or, cette première étape est fondamentale pour le développement des capacités cognitives des enfants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/trisomie-21-une-hormone-ouvre-des-pistes-de-traitement-inedites-189887">Trisomie 21 : une hormone ouvre des pistes de traitement inédites</a>
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<p><strong>The Conversation : Comment avez-vous fait le lien entre ces neurones et le Covid-19 ?</strong></p>
<p><strong>Vincent Prévot :</strong> Au début de la pandémie, nous avons été troublés par le fait que la majorité des victimes des formes graves de Covid-19 étaient des hommes. Or, on sait que le dimorphisme sexuel est en partie contrôlé par le cerveau, via l’hypothalamus et les neurones à GnRH.</p>
<p>En outre, bon nombre de ces patients étaient en surpoids, voire obèses, ou diabétiques. Un constat qui, là encore, faisait soupçonner une implication de l’hypothalamus, car cette structure, qui intervient dans de nombreux mécanismes physiologiques (croissance, faim et soif, rythme circadien, régulation de la température, métabolisme…), joue aussi un rôle dans l’obésité et le diabète.</p>
<p>Nous nous sommes donc rapidement interrogés sur la possibilité que le virus puisse franchir la barrière hématoencéphalique, qui protège le cerveau des envahisseurs. À l’époque, peu de gens étaient prêts à l’admettre, car le SARS-CoV-2 était surtout considéré comme un virus pulmonaire.</p>
<p>Nous avons cependant prouvé que le virus pouvait bien accéder au cerveau, qui plus est de diverses façons.</p>
<p><strong>The Conversation : Comment le virus parvient-il à atteindre ces neurones ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> La muqueuse de la cavité nasale (l’épithélium olfactif) est l’une de ses portes d’entrée. Il faut savoir que les neurones à GnRH ne naissent pas dans le cerveau, mais dans le nez, pendant le développement embryonnaire. Ils migrent dans le cerveau seulement dans un second temps.</p>
<p>Or, nous avons découvert ces dernières années que même une fois installés dans le cerveau, les neurones à GnRH gardent une attache physique avec l’épithélium olfactif, via leurs fibres nerveuses. C’est par là que passe le virus.</p>
<p>Qui plus est, dans la muqueuse nasale se trouve une autre sorte de neurones, les neurones olfactifs, dont le rôle est de détecter les molécules odorantes. Leurs fibres nerveuses sont en contact avec le bulbe olfactif situé dans le cerveau (la structure qui traite les informations liées aux odeurs). Nous avons démontré que le coronavirus SARS-CoV-2 était capable d’infecter ces neurones (c’est pour cela que l’un des symptômes est la perte de l’odorat, ou anosmie), lesquels constituent donc une seconde porte d’entrée.</p>
<p>Mais le virus dispose aussi d’une troisième voie d’accès au cerveau. Nos collègues allemands ont en effet découvert que le coronavirus <a href="https://theconversation.com/Covid-19-comment-le-coronavirus-sintroduit-dans-notre-cerveau-185834">détruit les cellules qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins cérébraux</a>. Ceux-ci perdent alors leur étanchéité, endommageant la barrière hématoencéphalique censée isoler le cerveau, et laissant « fuir » le virus.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-le-coronavirus-sintroduit-dans-notre-cerveau-185834">Covid-19 : comment le coronavirus s’introduit dans notre cerveau</a>
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<p>Enfin, à certains endroits de l’hypothalamus, la barrière hématoencéphalique s’interrompt, pour laisser passer librement dans le sang les neurohormones produites par cette structure cérébrale, telle que la GnRH. On peut donc imaginer que le virus, présent dans le sang, puisse lui aussi passer par là. Nous avons d’ailleurs montré qu’il infecte aussi des cellules appelées <a href="https://www.inserm.fr/actualite/les-tanycytes-des-intermediaires-indispensables-au-controle-de-la-glycemie-par-le-cerveau/">« tanycytes »</a>, qui régulent notamment la fréquence de sécrétion de la GnRH dans le sang…</p>
<p>L’entrée du virus dans le cerveau n’est pas sans conséquence : lorsque nous avons pratiqué des autopsies de patients décédés de la maladie, nous avons découvert que leurs neurones à GnRH avaient été tués ou étaient en train de mourir. La GnRH n’était donc plus produite à des taux suffisants. Or, en l’état actuel des connaissances, on considère que ces neurones ne se régénèrent pas.</p>
<p><strong>The Conversation : Quelles sont les conséquences pour les patients ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> Divers rapports scientifiques avaient fait état de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34409772/">taux de testostérone très bas</a> chez des patients atteints de Covid-19. Par ailleurs, de nombreux hommes atteints de Covid long se plaignent d’une baisse de libido ou de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36251682/">problèmes érectiles</a>.</p>
<p>Nous l’avons aussi constaté dans la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34008009/">cohorte</a> de 47 hommes que nous avons analysée lors de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37713808/">nos derniers travaux</a>. Les dosages que nous avons effectués indiquent par ailleurs que cette baisse de testostérone n’est pas due à un problème au niveau des organes sexuels, mais bien à un déficit de production de GnRH dans l’hypothalamus (c’est ce que l’on appelle un <a href="https://www.chu-lyon.fr/hypogonadisme-hypogonadotrope">hypogonadisme hypogonadotrope</a>.</p>
<p>Mais les problèmes posés pourraient être plus importants qu’une simple baisse de la libido. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37713808/">Dans cette même étude</a>, nous avions déjà constaté un plus fort taux de mortalité chez les personnes en réanimation dont l’axe gonadotrope était altéré. Mais on sait aussi qu’un déficit en GnRH peut se traduire par des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37261390/">troubles cognitifs</a>.</p>
<p>Ainsi, certains traitements du cancer de la prostate ou de l’endométriose, qui consistent à supprimer l’axe GnRH, s’accompagnent d’une perte cognitive chez certaines personnes, ainsi que d’un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer plus tard.</p>
<p>Or, dans notre cohorte, les patients qui présentaient des dosages hormonaux anormaux se traduisant par une baisse de testostérone étaient en proportion plus nombreux à signaler des troubles de la mémoire ou de l’attention, ou des difficultés de concentration. Ces résultats doivent encore être confirmés sur des cohortes de plus grande taille incluant également des femmes.</p>
<p><strong>The Conversation : Doit-on craindre que l’effet du virus se fasse sentir à long terme ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> On peut légitimement se poser la question des conséquences de l’infection par le SARS-CoV-2 sur le cerveau humain. Comment vont vieillir les cerveaux des personnes infectées ? Les troubles cognitifs dont se plaignent les patients vont-ils persister ? Va-t-on assister à une augmentation des cas de démence dans les décennies à venir ?</p>
<p>C’est d’autant plus inquiétant que des effets sur le cerveau ont été constatés, y compris chez des personnes souffrant seulement de symptômes modérés.</p>
<p>Il ne s’agit pas d’être alarmiste, bien entendu. Mais le cas de <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/grippe#:%7E:text=la%20pand%C3%A9mie%20de%201918%20dite,due%20au%20sous%2Dtype%20H3N2.">l’épidémie de grippe espagnole survenue au début du XXème siècle</a>, doit nous faire réfléchir : une <a href="https://www.nature.com/articles/s41531-020-00123-0">grande partie des survivants avait développé la maladie de Parkinson</a>, pour des raisons <a href="https://www.vidal.fr/actualites/30687-il-y-a-100-ans-l-encephalite-lethargique-un-fleau-oublie.html">qui restent à élucider</a>.</p>
<p>Par ailleurs, on peut se demander si l’infection des enfants en très bas âge, longtemps considérée comme peu problématique, ne pourrait pas avoir elle aussi des conséquences à plus long terme. Si l’étape de mini-puberté a été altérée chez certains nourrissons, leur développement neurologique pourrait s’en ressentir, et nécessiter un accompagnement afin de tenter d’atténuer l’impact de cette situation.</p>
<p>Répondre à ces questions va nécessiter d’approfondir les recherches dans les années à venir.</p>
<p><strong>The Conversation : Quelle va être la suite de ces travaux ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> Jusqu’ici, nos résultats ont été obtenus sur de petites cohortes. Nous allons maintenant changer d’échelle, en analysant des échantillons provenant d’hommes et de femmes participant à la <a href="https://etude-coper.fr/">cohorte française Coper</a>.</p>
<p>Il s’agit de 300 personnes qui ont eu un Covid « léger » sans conséquence à long terme, et 300 personnes qui ont eu un Covid similaire, mais ont développé un Covid long.</p>
<p>Nous allons tester l’état de l’axe gonadotrope et le comparer entre les deux groupes, afin de vérifier si un axe gonadotrope déficient est effectivement associé à des troubles neurologiques.</p>
<p>En attendant d’en savoir plus, mieux vaut éviter d’être contaminé par ce virus, qui n’est de toute évidence pas un simple virus respiratoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225960/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Prévot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Loin de n’être qu’un « banal » virus respiratoire, le coronavirus SARS-CoV-2 peut envahir de nombreuses sortes de cellules dans notre corps. Y compris dans le cerveau, normalement si bien protégé.Vincent Prévot, Directeur de Recherche en Neuroendocrinologie et Neurosciences, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2257442024-03-15T17:34:08Z2024-03-15T17:34:08ZLa prochaine pandémie ? Les animaux la vivent déjà. La grippe aviaire décime de nombreuses espèces<p>Je suis une biologiste de la conservation et j’étudie les maladies infectieuses émergentes. Quand on me demande quelle sera la prochaine pandémie, je réponds souvent que nous en vivons une en ce moment, mais qu’elle touche d’autres espèces que la nôtre.</p>
<p>Je fais référence à la souche hautement pathogène de la grippe aviaire H5N1 (IAHP H5N1) qui a tué des millions d’oiseaux et un nombre indéterminé de mammifères, surtout au cours des trois dernières années.</p>
<p>Cette souche est apparue chez les oies domestiques en Chine en 1997 et s’est rapidement propagée à l’humain en Asie du Sud-Est, avec un taux de mortalité de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1634780/">40 à 50 %</a>. Mon groupe de recherche <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1634780/">a été en contact</a> pour la première fois avec le virus en 2005 lorsqu’il a causé la mort de <a href="https://svw.vn/owstons-civet/">civettes palmistes d’Owston</a>, un mammifère menacé d’extinction, qui faisaient partie d’un programme d’élevage en captivité dans le parc national de Cuc Phuong, au Viêt Nam.</p>
<p>On ignore comment ces bêtes ont contracté la grippe aviaire. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de vers de terre, de sorte qu’elles n’ont pas été infectées par la consommation de volailles malades, comme c’est arrivé pour des tigres en captivité de la région.</p>
<p>Cette découverte nous a incités à compiler tous les cas confirmés de mort par la grippe aviaire afin d’évaluer l’ampleur du péril que ce virus pourrait représenter pour la faune sauvage.</p>
<p>Voici comment un virus récemment détecté dans des élevages de volailles chinoises en est venu à menacer une partie importante de la biodiversité mondiale.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une personne en combinaison blanche conduit un chariot élévateur à fourche transportant des dindes mortes" src="https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/580987/original/file-20240311-22-gzginr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le virus H5N1 est apparu dans une ferme avicole chinoise en 1997.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/western-negev-israel-march-18-2006-111241157">ChameleonsEye/Shutterstock</a></span>
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<h2>Les premiers signes</h2>
<p>Jusqu’en décembre 2005, la plupart des infections confirmées avaient été trouvées dans quelques zoos et refuges en Thaïlande et au Cambodge. Notre étude de 2006 a montré que près de la moitié (48 %) des différents groupes d’oiseaux (ou « ordres », selon les taxonomistes) comportaient une espèce chez laquelle on avait signalé des cas de mort par la grippe aviaire. Ces 13 ordres représentent 84 % de toutes les espèces d’oiseaux.</p>
<p>Il y a 20 ans, nous avons estimé que les souches de H5N1 en circulation étaient probablement hautement pathogènes pour tous les ordres d’oiseaux. Nous avons également observé que la liste des espèces chez lesquelles on avait confirmé une infection comprenait des espèces menacées à l’échelle mondiale et que des habitats importants, tels que le delta du Mékong au Viêt Nam, se trouvent à proximité de foyers d’éclosion chez les volailles.</p>
<p>Parmi les mammifères qu’on sait avoir été exposés à la grippe aviaire au début des années 2000, on compte des primates, des rongeurs, des porcs et des lapins. De grands carnivores tels que des tigres du Bengale et des panthères nébuleuses en sont morts, ainsi que des chats domestiques.</p>
<p>Des animaux de zoo ayant mangé des volailles infectées figurent parmi les premières victimes de la grippe aviaire.</p>
<p>Notre article de 2006 montrait la facilité avec laquelle ce virus franchit la barrière d’espèce et suggérait qu’il pourrait un jour constituer une menace pandémique pour la biodiversité mondiale.</p>
<p>Malheureusement, nous avions raison.</p>
<h2>Une maladie qui s’étend</h2>
<p>Près de vingt ans plus tard, la grippe aviaire tue des espèces de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2039158/alaska-aviaire-mammifere-infection">l’Extrême-Arctique</a> jusqu’à la <a href="https://www.huffingtonpost.fr/environnement/video/la-grippe-aviaire-a-atteint-l-antarctique-une-potentielle-catastrophe-pour-les-pingouins_230419.html">péninsule antarctique</a>.</p>
<p>Ces dernières années, la grippe aviaire s’est rapidement propagée en Europe et s’est infiltrée en Amérique du Nord et du Sud, causant la mort de millions de volailles et de diverses espèces d’oiseaux et de mammifères. Selon un <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/30/3/23-1098_article">récent article</a>, 26 pays ont signalé la mort de mammifères d’au moins 48 espèces différentes des suites du virus depuis 2020, date de la dernière hausse du nombre d’infections.</p>
<p>Même l’océan n’est pas à l’abri. Depuis 2020, 13 espèces de mammifères aquatiques ont été touchées, notamment des otaries, des marsouins et des dauphins, dont certaines meurent par milliers en Amérique du Sud. Il est désormais confirmé qu’un grand nombre de mammifères charognards et prédateurs vivant sur la terre ferme, tels que des cougars, des lynx, et des ours bruns, noirs et polaires, sont également affectés.</p>
<p>Le Royaume-Uni à lui seul <a href="https://www.rspb.org.uk/birds-and-wildlife/seabird-surveys-project-report">a perdu plus de 75 %</a> de ses grands labbes et a connu un déclin de 25 % de ses fous de Bassan. Le déclin récent des sternes caugek (35 %) et des sternes pierregarin (42 %) est aussi <a href="https://maryannsteggles.com/wp-content/uploads/2024/02/Bird-flu-causing-%E2%80%98catastrophic-fall-in-UK-seabird-numbers-conservationists-warn-Bird-flu-The-G.pdf">causé en grande partie par le virus</a>.</p>
<p>Les scientifiques n’ont pas encore réussi à <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/30/3/23-1098_article">séquencer complètement</a> le virus chez toutes les espèces touchées. La recherche et une surveillance soutenue pourraient nous indiquer dans quelle mesure il peut s’adapter et s’il peut s’étendre à d’autres espèces. Nous savons qu’il infecte déjà des humains – avec quelques mutations génétiques, il risque de devenir plus contagieux.</p>
<h2>À la croisée des chemins</h2>
<p>Du 1<sup>er</sup> janvier 2003 au 21 décembre 2023, on a rapporté 882 cas d’infection humaine par le virus H5N1 dans 23 pays, dont <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/influenza/human-animal-interface-risk-assessments/influenza-at-the-human-animal-interface-summary-and-assessment--from-4-october-to-1-november-2023.pdf">461 (52 %) ont été fatals</a>.</p>
<p>Plus de la moitié des morts se sont produites au Viêt Nam, en Chine, au Cambodge et au Laos. Des infections transmises de volaille à humain ont été enregistrées pour la première fois au Cambodge en décembre 2003. On a signalé des cas sporadiques jusqu’en 2014, puis on a observé une interruption jusqu’en 2023, où il y a eu 41 décès pour 64 cas. On a détecté le sous-type H5N1 chez des volailles au Cambodge depuis 2014. </p>
<p>Au début des années 2000, le virus H5N1 en circulation avait un taux de mortalité élevé chez les humains. Il est donc inquiétant de constater que des gens meurent à nouveau après avoir été en contact avec des volailles.</p>
<p>Les sous-types H5 de la grippe aviaire ne sont pas les seuls à préoccuper les humains. Le virus H10N1 a été isolé à l’origine chez des oiseaux sauvages en Corée du Sud. On a signalé sa présence dans des échantillons provenant de Chine et de Mongolie.</p>
<p>Des <a href="https://www.frontiersin.org/journals/microbiology/articles/10.3389/fmicb.2023.1256090/full">recherches récentes</a> ont montré que ces sous-types de virus étaient pathogènes chez des souris et des furets de laboratoire et qu’ils pourraient infecter les humains. La première personne dont l’infection par le virus H10N5 a été confirmée <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2024-DON504">est décédée</a> en Chine le 27 janvier 2024, mais elle était également atteinte d’une grippe saisonnière (H3N2). Elle avait été en contact avec des volailles vivantes qui se sont révélées positives pour le virus H10N5.</p>
<p>Des espèces menacées d’extinction ont connu des morts de la grippe aviaire au cours des trois dernières années. On vient de confirmer que le virus a fait ses premières victimes dans la péninsule antarctique <a href="https://www.cidrap.umn.edu/avian-influenza-bird-flu/avian-flu-reaches-antarcticas-mainland">chez les grands labbes</a>, ce qui constitue une menace imminente pour les colonies de pingouins dont les grands labbes mangent les œufs et les poussins. Le virus a déjà tué des <a href="https://ccnse.ca/resources/evidence-briefs/la-grippe-aviaire-ah5n1-poursuite-de-la-flambee">manchots de Humboldt</a> au Chili.</p>
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<img alt="Une colonie de manchots" src="https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/580982/original/file-20240311-26-mmf7j5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des colonies de manchots sont déjà menacées par les changements climatiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/king-penguin-colony-103683413">(AndreAnita/Shutterstock)</a></span>
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<p>Comment peut-on endiguer ce tsunami de H5N1 et d’autres grippes aviaires ? Il faut revoir complètement la production de volaille à l’échelle mondiale et rendre les exploitations autosuffisantes en matière d’élevage d’œufs et de poussins au lieu d’en faire l’exportation. En outre, la tendance aux mégafermes de plus d’un million d’oiseaux doit être enrayée.</p>
<p>Pour éviter les pires conséquences de ce virus, il faut se pencher sur sa source première : l’incubateur que sont les élevages intensifs de volailles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225744/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Diana Bell ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La grippe aviaire décime des espèces déjà menacées par le changement climatique et la perte d’habitat.Diana Bell, Professor of Conservation Biology, University of East AngliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2244542024-03-04T16:55:16Z2024-03-04T16:55:16ZDiriger un établissement scolaire à l’ère post-Covid : des risques psychosociaux qui persistent<p>Au printemps 2023, alors que la pandémie Covid-19 passait à l’arrière-plan des préoccupations mondiales, le <a href="https://www.educationsolidarite.org/barometre-i-best-2023/">Baromètre I-BEST</a> (International barometer of education staff) s’est penché sur le vécu professionnel et le bien-être des personnels de l’éducation à travers le monde. Parmi les 26 000 participants issus de quatre continents, près d’un millier étaient des chefs d’établissements scolaires, essentiellement en France, en Espagne et en Argentine.</p>
<p>Les personnels de direction des écoles, des collèges ou des lycées assurent au quotidien les missions administratives et pédagogiques indispensables au bon fonctionnement de la structure placée sous leur responsabilité, rendant ainsi l’environnement propice à l’apprentissage des élèves qui la fréquentent. Ces professionnels doivent faire face à des <a href="https://www.aderae.ca/wp-content/uploads/2017/12/Revue_ERAdE_Vol1_No1_Pelletier.pdf">contraintes spécifiques</a> : charge importante de travail et horaires irréguliers, omniprésence de problèmes notamment d’ordre relationnel, isolement lié à la position, etc.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/enseigner-en-france-en-espagne-au-royaume-uni-un-bien-etre-professionnel-qui-se-degrade-214778">Enseigner en France, en Espagne, au Royaume-Uni : un bien-être professionnel qui se dégrade ?</a>
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<p>La pandémie Covid-19, en plaçant les personnels de direction en première ligne dans l’organisation aussi bien des <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/24/nos-ecoles-continuent-de-tourner-le-quotidien-des-chefs-d-etablissement-pendant-le-confinement_6034173_3224.html">périodes d’école à la maison</a> que de retour sur site, a encore renforcé les défis du métier. Mais alors, en 2023, quels sont les facteurs de <a href="https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%208002">risques psychosociaux</a> auxquels sont soumis ces personnels et comment vont-ils au décours de la crise sanitaire ?</p>
<h2>Des risques psychosociaux bien présents</h2>
<p>Les personnels de direction des établissements d’enseignement qui ont participé au baromètre I-BEST 2023 exerçaient presque tous dans l’enseignement public. Dans l’échantillon français, 80 % y exerçaient dans le premier degré. Dans les échantillons espagnol et argentin, les personnels de direction du second degré (cheffes et chefs d’établissement) étaient un peu plus représentés : 51 % et 35 % des échantillons respectivement.</p>
<p>Au regard des sex-ratios des échantillons de répondants, le métier de personnel de direction des établissements d’enseignement dans ces 3 pays apparaît largement féminisé avec plus de deux tiers de femmes, et même près de 9 sur 10 en Argentine. On remarque tout de même que la présence masculine augmente avec le niveau d’enseignement.</p>
<p>Constat partagé par les personnels de direction des trois pays enquêtés : le volume de travail est important et le stress omniprésent. Au moins deux tiers des personnels de direction qualifient d’assez ou de très stressant leur métier (respectivement 86 % en France, 78 % en Espagne et 67 % en Argentine) et ce ressenti est significativement moins favorable que celui de leurs collègues enseignants (73 % des enseignants en France, 65 % en Espagne et 46 % en Argentine).</p>
<p>En moyenne, un personnel de direction travaille plus de 40 heures par semaine, de l’ordre d’une cinquantaine d’heures hebdomadaire en France dans le second degré par exemple. D’ailleurs, le sentiment de déséquilibre vie professionnelle/personnelle est largement répandu pour ces personnels (Figure 1).</p>
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<p>Si les facteurs d’intensité du travail sont bien présents dans le métier, les personnels de direction semblent a contrario bénéficier d’une bonne autonomie de travail, avec une très large majorité des répondants qui la qualifie de « bonne » ou du moins de « relative ». En France tout de même, 1 personnel de direction sur 6 considère avoir peu ou pas d’autonomie au travail et la fréquence de cette opinion négative contraste défavorablement avec celle de leurs collègues enseignants (Figure 1).</p>
<p>Plus préoccupant : l’exposition des personnels de direction des établissements d’enseignement à la violence professionnelle. En France, 1 personnel de direction sur 2 a été victime de violence au travail dans les 12 derniers mois, là où 1 enseignant sur 3 déclarait déjà avoir été victime. Pour les personnels de direction en Espagne et Argentine, la violence au travail semble moins courante qu’en France, et à peu près aussi fréquente que celle rapportée par les personnels enseignants de ces pays, mais reste non négligeable : 18 % de personnels de direction victimes dans l’année écoulée en Espagne et 26 % en Argentine (Figure 1).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bien-etre-des-enseignants-apres-la-pandemie-une-eclaircie-tout-depend-du-pays-219529">Bien-être des enseignants : après la pandémie, une éclaircie ? Tout dépend du pays</a>
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<p>Toutefois, lorsqu’elles sont considérées « en général », les relations qu’entretiennent les personnels de direction avec les différents membres de la communauté éducative sont évaluées très positivement, et cette opinion tend à être meilleure que celle exprimée par leurs collègues enseignants. Ainsi, le taux de satisfaction des personnels de direction est presque de 100 % concernant la relation avec les élèves et dépasse 90 % pour la relation avec les parents et les autres membres du personnel respectivement. La relation avec la ligne hiérarchique prête à un peu plus de réserve, en particulier en France. Les personnels de direction apparaissent y plébisciter un meilleur soutien de la part des supérieurs, y compris sur les questions de qualité de vie au travail.</p>
<h2>Selon le pays, un bien-être contrasté</h2>
<p>Concernant les aspects motivationnels tels que les possibilités de formation, les opportunités de carrière et le niveau de salaire, l’avis des personnels de direction apparaît assez favorable en Argentine, intermédiaire en Espagne et plus négatif en France (Figure 3). Comparés aux enseignants, les personnels de direction semblent un peu plus satisfaits de leurs opportunités de carrière et de leur salaire.</p>
<p>Si, dans les trois pays, une grande majorité des personnels de direction considèrent que leur métier n’est pas valorisé dans la société (93 % en France, 81 % en Espagne, 71 % en Argentine), cette opinion négative des personnels de direction reste toutefois légèrement moins répandue que parmi leurs collègues enseignants.</p>
<p>Qu’en est-il globalement de la satisfaction au travail des personnels de direction ? En Espagne et en Argentine, elle se maintient, avec plus de 7 personnels de direction sur 10 qui choisiraient le métier si c’était à refaire. En France, avec seulement la moitié des personnels qui choisiraient de nouveau ce métier, la satisfaction apparaît entamée.</p>
<p>En cohérence, les indicateurs de bien-être généraux des personnels de direction indiquent une situation préoccupante en France, intermédiaire en Espagne et plus favorable en Argentine, que l’on s’intéresse au bien-être subjectif, ou encore à la santé mentale.</p>
<p>Notamment, le bien-être subjectif des personnels de direction apparait particulièrement fragilisé en France, avec au moins un personnel sur 2 qui se situe sur la partie inférieure d’une échelle à 8 degrés (Figure 4). La santé psychologique est non seulement préoccupante en France, mais aussi en Espagne, avec plus de 4 personnels de direction sur 10 qui ressentent souvent, très souvent ou toujours, des sentiments négatifs tels que l’anxiété ou la dépression dans ces deux pays (Figure 4).</p>
<p>Au final, dans trois pays aux conjonctures, cultures et systèmes éducatifs divers, les personnels de direction apparaissent exposés à des risques psychosociaux significatifs. Le bien-être subjectif des personnels de direction est néanmoins plus contrasté selon le pays. En décrivant ces situations à partir de données récentes, I-BEST contribue à identifier des voies d’améliorations tenant compte de la réalité du terrain. En particulier, les facteurs et organisations dans les pays où les indicateurs de bien-être sont les plus favorables représentent autant de <a href="https://www.cnesco.fr/le-bien-etre-a-lecole/">pistes à considérer</a> pour les pays où de fortes marges de progression existent.</p>
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<p><em>Remerciement : le Réseau Éducation et Solidarité et tous ses partenaires pour la mise en œuvre d’I-BEST ; Nathalie Billaudeau pour les statistiques et les figures ; Nathalie Billaudeau, Pascale Lapie-Legouis, Karim Ould-Kaci, Ange-Andréa Lopoa et Morgane Richard pour la relecture de l’article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224454/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Noël Vercambre-Jacquot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En première ligne pendant la pandémie de Covid, les personnels de direction ont vu les défis de leur métier se renforcer. Le baromètre I-BEST a évalué leur bien-être aujourd’hui.Marie-Noël Vercambre-Jacquot, Chercheur épidémiologiste, Fondation d'entreprise pour la santé publiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2236292024-02-16T16:22:02Z2024-02-16T16:22:02ZScandale ArriveCan : comment éviter un tel dérapage à l’avenir ?<p>Le plus récent rapport de la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, a eu l'effet d'une bombe: l'application ArriveCan, qui devait coûter 80 000 dollars, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2048787/couts-arrivecan-hausse-rapport-verificatrice">a été mise à jour 177 fois, entraînant une facture qui s'élève à au moins 59,5 millions de dollars</a>. L'entreprise derrière ce scandale, GC Stratégies, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2024-02-14/contrats-federaux/258-millions-pour-l-entreprise-derriere-arrivecan.php">a reçu depuis moins de 10 ans plusieurs millions de dollars en contrats fédéraux</a>. </p>
<p>Karen Hogan a mentionné que bien qu'il ait été justifiable d'assouplir certaines normes pour une réaction rapide du gouvernement fédéral face à la pandémie, la dérogation à l'exigence de documentation adéquate pour l'attribution des contrats liés à la création de l'application soulève des questions. ArriveCan collectait des informations concernant la santé et les coordonnées des personnes en déplacement à l'extérieur du pays durant la pandémie de COVID-19. </p>
<p>Son rapport dévoile une gestion éhontée des fonds publics par l’Agence des services frontaliers du Canada.</p>
<p>Comment cela a-t-il pu arriver ? En tant que spécialiste en certification du secteur public, je vais examiner les divers facteurs qui se sont combinés pour créer cette situation extrême.</p>
<h2>Des mesures exceptionnelles pour une situation inédite</h2>
<p>La pandémie, exceptionnelle et inédite, a bouleversé profondément nos vies quotidiennes et a redéfini notre perception de la normalité à l'échelle mondiale. </p>
<p>Elle a conduit les gouvernements à prendre des mesures tout aussi exceptionnelles, souvent sans précédent.</p>
<p>Ainsi, entre 2020 et 2023, <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/organisation/mandat/a-propos-agence/lois-reglements/liste-lois-reglements.html#">des décrets d'urgence ont été établis en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine</a>, dans le but de protéger la santé publique au Canada. </p>
<p>Les décrets émis dans le cadre de la réponse du Canada à la pandémie <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/conformite-application-loi/covid19-arrete-urgence-drogues-instruments-medicaux-aliments-speciales/note.html">ont notamment facilité l'acquisition rapide d’équipement de protection individuelle</a>, reflétant une réponse gouvernementale adaptée à l'urgence sanitaire. Cependant, ces mesures ont également engendré des dérives, notamment avec la création de l’application ArriveCAN.</p>
<h2>Des conflits d’intérêts</h2>
<p>Dans le cas d’ArriveCan, la vérificatrice générale a noté plusieurs situations qui semblent démontrer l’apparence d’un conflit d’intérêts. </p>
<p>Elle indique notamment dans son rapport les manquements au niveau du processus d'octroi du contrat. De plus, elle souligne que des employés de l'Agence ont participé à des dîners et à d'autres événements organisés par des fournisseurs. Cependant, il n'existe pas de documentation prouvant que ces employés ont informé leur superviseur de ces interactions, comme l'exige le code de conduite de l'Agence.</p>
<p>Il est important de noter que les entités gouvernementales doivent respecter des normes élevées d'intégrité et d'équité dans leurs processus d'approvisionnement. Par conséquent, même si la législation ne mentionne pas explicitement l'interdiction pour une entité gouvernementale qui établit les critères d'un appel d'offres de soumissionner, il est probable que de telles actions seraient considérées comme un conflit d'intérêts et contraires aux principes d'équité et de transparence. </p>
<p>En effet, tout fournisseur qui désire transiger avec une entité liée au gouvernement, et en particulier le Gouvernement du Canada, doit respecter en tout temps <a href="https://www.tbs-sct.canada.ca/pol/doc-fra.aspx?id=32627">la Directive sur les conflits d’intérêts</a> et adhérer <a href="https://www.tbs-sct.canada.ca/pol/doc-fra.aspx?id=25049">au code de valeurs et d’éthique du secteur public</a>.</p>
<h2>Préparation de l’appel d’offres et soumission</h2>
<p>La vérificatrice générale a constaté que la société qui a reçu le contrat, GC Stratégies, était aussi impliquée dans la définition des critères utilisés pour évaluer et sélectionner l'entreprise. Cela représente une violation des principes d’équité et de transparence mis de l’avant par Services publics et Approvisionnement Canada, tout en plaçant l'entreprise dans une position de conflit d'intérêts.</p>
<p>Les appels d’offres liés à des instances gouvernementales doivent respecter certaines règles et lois <a href="https://www.mccarthy.ca/en/insights/articles/deep-dive-canadas-public-procurement-law-2-part-series">qui imposent des obligations de transparence et de non-discrimination dans les appels d’offres publics</a>. Les principes fondamentaux du cadre légal des appels d'offres au Canada mettent l'accent sur l'ouverture, l'équité et la transparence des processus d'approvisionnement. Cela signifie que <a href="https://achatsetventes.gc.ca/pour-le-gouvernement/acheter-pour-le-gouvernement-du-canada/les-regles-et-processus-d-approvisionnement">tout processus d'appel d'offres doit être ouvert</a> (tout le monde peut soumissionner), équitable (les soumissionnaires et les candidats potentiels sont traités de manière égale), et transparent (les règles sont connues de tous).</p>
<p>Cela n'a vraisemblablement pas été le cas pour ArriveCan.</p>
<h2>Un manque d'imputabilité</h2>
<p>Un autre élément clé réside dans la gestion du projet, où les responsabilités de chacun doivent être clairement établies. La vérificatrice générale a noté de grandes lacunes à ce niveau, précisant même qu’il n’y avait aucun accord officiel établi dans le but de préciser les rôles et responsabilités de chacune dans la création et la gestion du projet d’ArriveCan. </p>
<p>Or, la <a href="https://www.tbs-sct.canada.ca/pol/doc-fra.aspx?id=32594&section=html">Directive sur la gestion de projets et programmes du Gouvernement du Canada</a> stipule en toute lettre la nécessité d’attribuer les diverses responsabilités d’un projet afin d’en assurer l’imputabilité. Cette notion fait d’ailleurs partie du <a href="https://www.pmi.org/-/media/pmi/documents/public/pdf/ethics/pmi-code-of-ethics.pdf?sc_lang_temp=en">Code d’éthique et de conduite professionnelle du Project Management Institute</a>, l’entité qui régit les gestionnaires de projets. </p>
<p>Ces déficiences en matière d'imputabilité et de responsabilité ont ainsi entraîné une reddition de comptes inefficace, comme l’a souligné la vérificatrice générale dans son rapport.</p>
<h2>Un incident exceptionnel, mais pas isolé</h2>
<p>Bien que le cas de l'application ArriveCAN soit surprenant pour les contribuables canadiens, avec des coûts passant de 80 000 $ à près de 59,5 millions $, ce n'est pas un incident isolé dans l'histoire des projets gouvernementaux canadiens. </p>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scandale_des_commandites">scandale des commandites</a> est un exemple éloquent. Entre 1997 à 2003, des fonds publics ont été utilisés pour financer des campagnes de relations publiques visant à contrer les efforts de souveraineté d’un parti politique provincial (le Parti québécois), sans une supervision adéquate des dépenses ou de l'efficacité de ces campagnes.</p>
<p>À une échelle plus locale, on peut citer l'exemple du projet pilote de Formule E, à Montréal, en juillet 2017, avec la tenue de courses de véhicules électriques dans ses rues. <a href="https://bvgmtl.ca/wp-content/uploads/2021/03/RA2017_FR-section4_9-1.pdf">Dans son rapport concernant l'événement</a>, la vérificatrice générale de la Ville de Montréal révélait, à travers les conclusions de son audit, que le projet souffrait d'une gestion inefficace, d'une attribution imprécise des rôles et responsabilités, et d'une reddition de comptes inadéquate. Plusieurs commentateurs ont alors estimé que l'affaire a coûté en partie la réélection du maire d'alors, Denis Coderre. </p>
<h2>Des solutions pour éviter de tels scandales</h2>
<p>Ainsi, l'affaire ArriveCAN n’est que l’exemple le plus récent de scandale impliquant l'utilisation outrancière de fonds publics. Cela souligne l'importance cruciale d'une gouvernance transparente et d'une gestion rigoureuse des fonds publics pour préserver la confiance des citoyens et l'intégrité des institutions. </p>
<p>Ainsi, les entités gouvernementales et paragouvernementales devraient implanter des contrôles visant à s'assurer de respecter les diverses politiques et directives gouvernementales auxquelles elles sont assujetties. </p>
<p>Par ailleurs, il faudrait instaurer des comités composés de membres externes à l'organisation, qui évalueraient les divers projets tout en garantissant une gestion appropriée et une reddition de comptes efficace et ponctuelle. Cela ferait en sorte que les décisions et les actions de l'organisation seraient soumises à un examen impartial et approfondi, favorisant ainsi une transparence accrue et une meilleure responsabilisation des acteurs impliqués. </p>
<p>Ces mesures, bien que sommaires, contribueraient néanmoins à renforcer l'imputabilité des différentes parties prenantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223629/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Annie Lecompte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dépassements de coûts de l’application ArriveCan sont exceptionnels, mais le scandale n’est pas unique dans l’histoire. Des solutions existent pour éviter l’utilisation outrancière de fonds publics.Annie Lecompte, Associate professor, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2225372024-02-07T14:52:47Z2024-02-07T14:52:47ZLes pays africains confrontés à une dette élevée, des exigences de dépenses accrues et l'effondrement de leurs monnaies : voici quelques solutions politiques utiles<p>Les pays africains très endettés sont confrontés à des compromis difficiles entre le service d'une dette coûteuse, le soutien à des besoins de développement élevés et croissants et la stabilisation des monnaies nationales.</p>
<p>La dette publique a augmenté dans au moins <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">40 pays africains</a> au cours de la dernière décennie. Par conséquent, certains se trouvent confrontés à une situation délicate associant une dette élevée, des besoins accrus en matière de dépenses de développement dans un contexte de déficit budgétaire, et des contraintes défavorables sur les taux de change. </p>
<p>Ces questions sont devenues plus pressantes depuis 2022, lorsque la persistance d'une inflation élevée a incité les principales banques centrales du monde à se lancer dans la <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects">campagne de resserrement monétaire</a> la plus agressive depuis des décennies. La politique monétaire se resserre lorsque les banques centrales augmentent les taux d'intérêt. </p>
<p>Depuis lors, les taux d'intérêt mondiaux ont <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">continué de croître</a>, entraînant une augmentation des remboursements des prêts extérieurs et alourdissant le fardeau de la dette accumulée au cours de la dernière décennie. En outre, certains pays dont la situation d'endettement s'aggrave ont subi d'importantes dépréciations de leur taux de change et se sont efforcés de stabiliser la valeur de leur monnaie nationale. </p>
<p>Mon point de vue, forgé par des années de recherche sur les défis du développement de l'Afrique, est que de nombreux pays sont confrontés à trois dilemmes qu'il n'est pas facile de résoudre. S'attaquer à l'un de ces problèmes compromet les autres.</p>
<p>En voici quelques exemples : </p>
<ul>
<li><p>endiguer l'augmentation de la dette publique et contenir les baisses de taux de change rendrait plus difficile la satisfaction de besoins plus importants en matière de dépenses publiques </p></li>
<li><p>rechercher une réduction de la dette publique tout en soutenant des dépenses supplémentaires risque de peser davantage sur les monnaies nationales </p></li>
<li><p>donner la priorité à des besoins de dépenses plus importants et atténuer les tensions sur la monnaie risque d'entraîner une augmentation de la dette publique. </p></li>
</ul>
<p>Il est possible d'adopter des mesures pour avoir une plus grande marge de manœuvre afin de relever ces défis tout en facilitant les arbitrages difficiles. Il s'agit notamment de donner la priorité aux mesures de dépenses publiques qui stimulent la croissance, de résoudre le problème de collecte des recettes auquel sont confrontés tous les pays africains et de restructurer la dette publique insoutenable.</p>
<h2>Augmentation de la dette publique et dilemmes politiques</h2>
<p>Le triple dilemme s'est développé au fur et à mesure que la dette publique a augmenté de manière substantielle au cours de la dernière décennie. Comme le montre la figure 1, la dette publique médiane a plus que doublé depuis 2012 et a atteint <a href="https://www.imf.org/fr/home">61 % du PIB</a> en 2023. </p>
<p>Dans un premier temps, les <a href="https://www.economist.com/briefing/2023/11/02/markets-think-interest-rates-could-stay-high-for-a-decade-or-more">taux d'intérêt mondiaux historiquement bas</a> au cours de la décennie qui a suivi la crise financière mondiale de 2008 ont fortement contribué à l'explosion de la dette en rendant l'emprunt de sommes importantes à bas coût plus facile. </p>
<p>Depuis lors, l'évolution de la dette des pays s'est fortement détériorée. La pandémie de COVID-19, qui a déclenché une crise du coût de la vie, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a contribué à une hausse rapide des taux d'intérêt mondiaux, font partie des facteurs ayant contribué à cette détérioration. </p>
<p>En Afrique, les gouvernements ressentent vivement le poids de l'augmentation des coûts d'emprunt, car la dette publique représentait <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">près de 60 %</a> de la dette extérieure totale de la région en 2022 (figure 1). <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">Dix-neuf pays</a>, dont le Ghana et la Zambie, sont déjà en situation de surendettement (c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en mesure de faire face à leurs obligations financières) ou présentent un risque élevé de surendettement.</p>
<p>La dette publique du Ghana a plus que doublé depuis 2012 et s'élève à <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">85 %</a> du PIB. Celle de la Zambie a augmenté bien davantage, s'établissant à <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">98 %</a> en 2022. </p>
<p>Le <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Ghana</a> et la <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Zambie</a>, ainsi que l’<a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Éthiopie</a>, sont en défaut de paiement sur leur dette extérieure, ce qui fait craindre une crise plus large de la dette souveraine sur le continent si d'autres pays tombent en situation de surendettement. </p>
<p>D'autres pays sont confrontés à un risque élevé de surendettement. Le Kenya frôle la détresse financière après une augmentation constante de sa dette, atteignant <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">70 %</a> du PIB. </p>
<p>L'Afrique du Sud est également confrontée à une dette publique élevée, qui a presque doublé au cours de la dernière décennie et représente actuellement <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">74 %</a> du PIB. </p>
<p>Cependant, il ne sera pas facile de réduire les dettes élevées. Les besoins en matière de développement sont élevés, les caisses ayant été vidées par des dépenses plus importantes liées à la pandémie et aux répercussions de la crise en Ukraine. </p>
<p>Le Fonds monétaire international estime que les pays d'Afrique subsaharienne avec un ratio médian doivent augmenter leurs dépenses d'au moins <a href="https://www.imf.org/en/Publications/Departmental-Papers-Policy-Papers/Issues/2023/09/15/Navigating-Fiscal-Challenges-in-Sub-Saharan-Africa-Resilient-Strategies-and-Credible-529230">20 % du PIB</a> pour atteindre les objectifs de développement durable en matière de santé, d'éducation et d'infrastructures d'ici 2030. L'adaptation au changement climatique devrait nécessiter <a href="https://www.imf.org/en/Publications/Departmental-Papers-Policy-Papers/Issues/2023/09/15/Navigating-Fiscal-Challenges-in-Sub-Saharan-Africa-Resilient-Strategies-and-Credible-529230">des milliards de dollars</a> de plus chaque année pour le continent. </p>
<p>Les caisses sont également vidées par l'augmentation des dépenses liées au remboursement d'emprunts coûteux. Cela a pour effet supplémentaire d'épuiser les réserves de change, contraignant ainsi les pays surendettés à faire face à la dépréciation de leur monnaie. </p>
<p>La part des intérêts de la dette dans les recettes du Kenya est passée de <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">11 % en 2014</a> à plus de <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">20 %</a> après 2020. Cette évolution a entraîné une réduction de ses réserves, représentant une part de la dette extérieure, passant de 47 % à moins de 20 % au cours de la même période. Cette pression sur le shilling kenyan s'est traduite par une perte de <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-11-28/-paramilitary-tax-agents-deployed-in-kenya-budget-revenue-drive">19 %</a> par rapport au dollar américain l'année dernière.</p>
<p>Dans le cas du Ghana et de la Zambie, les paiements d'intérêts sur la dette ont atteint des niveaux encore plus élevés. Pour le Ghana, ils représentaient environ <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">45 %</a> des recettes. Pour la Zambie, environ <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">39 %</a>. En 2022, les réserves avaient chuté à <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">22 %</a> au Ghana et à <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">10 %</a> en Zambie. </p>
<p>Cette situation a entraîné une forte dépréciation des réserves de change.</p>
<p>En 2023, les recettes collectées représentaient <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">16 %</a> du PIB au Ghana, <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">17 %</a> au Kenya et <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">21 %</a> en Zambie. Ces chiffres sont nettement inférieurs au niveau médian de <a href="https://www.imf.org/en/Publications/REO/SSA/Issues/2023/10/16/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-october-2023">27 %</a> observé dans d'autres économies en développement. Bien que ce niveau médian soit égalé par l'Afrique du Sud, l'augmentation des coûts des transferts sociaux, y compris les aides sociales et les subventions aux entreprises publiques telles que la compagnie d'électricité Eskom et la compagnie de transport Transnet, a ajouté une pression sur <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects">la dette publique dans un contexte de ralentissement de la croissance</a>. </p>
<h2>Ce qui peut être fait</h2>
<p>Un certain nombre de mesures peuvent être prises pour atténuer les compromis que les pays doivent faire.</p>
<p>Tout d'abord, les gouvernements devraient donner la priorité aux mesures de dépenses publiques qui stimulent la croissance. </p>
<p>Il s'agit notamment des dépenses essentielles en matière d'éducation, de santé, d'infrastructures et d'autres investissements de qualité qui favorisent la croissance. La reprise de la croissance économique devrait générer davantage de recettes publiques pour le remboursement de la dette.</p>
<p>Cela signifie également qu'il faut allouer davantage de dépenses aux réformes de première génération. Il s'agit de réformes structurelles qui atténuent les principaux obstacles à la croissance. Par exemple, les réformes de longue date en matière de gouvernance restent essentielles dans les pays africains, qui sont généralement à la traîne par rapport aux pays d'autres régions en ce qui concerne diverses mesures de la qualité de la gouvernance, telles que l'État de droit, la lutte contre la corruption et la responsabilité du gouvernement. </p>
<p>Deuxièmement, les pays doivent résoudre leurs problèmes de collecte de recettes. Alors que la croissance entraîne une expansion de l'économie qui génère des revenus supplémentaires, les faibles niveaux de collecte des revenus nationaux restreignent la capacité des gouvernements à rembourser la dette et à financer les secteurs sociaux et de croissance essentiels.</p>
<p>En Afrique, plusieurs pays, dont l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, la Zambie, le Kenya et l'Éthiopie, ont déployé des efforts pour stimuler la collecte des recettes. Il s'agit notamment de nouveaux prélèvements, de taxes plus élevées, de l'inscription d'un plus grand nombre de magasins au registre des impôts, de l'élargissement de l'assiette fiscale, du renforcement de l'administration fiscale et d'autres mesures d'amélioration des recettes.</p>
<p>Enfin, les gouvernements doivent restructurer leurs portefeuilles de dettes. Lorsqu'une crise de la dette ne peut être évitée, la restructuration de la dette peut réduire le montant dû aux créanciers en révisant le montant et le calendrier des futurs paiements de capital et d'intérêts. Le Tchad a conclu un accord de restructuration de sa dette extérieure au titre du <a href="https://www.imf.org/en/Publications/REO/SSA/Issues/2023/10/16/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-october-2023">Cadre commun du G20 pour les traitements de dette en 2022</a>. Il s'agit d'une initiative destinée à soutenir les pays en développement à faible revenu dont la dette est insoutenable. Depuis, le Ghana et la Zambie ont également entamé des négociations sur la restructuration de leur dette au titre du <a href="https://clubdeparis.org/sites/default/files/annex_common_framework_for_debt_treatments_beyond_the_dssi.pdf">Cadre commun du G20</a>. </p>
<p>D'autres pays très endettés qui luttent pour assurer le service de leur dette pourraient être amenés à faire de même, alors que la lenteur des progrès du cadre commun suscite de plus en plus d'inquiétudes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222537/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jonathan Munemo est affilié au Council on Foreign Relations. Il a été nommé International Affairs Fellow for Tenured International Relations Scholars pour l'année académique 2023-24.</span></em></p>De nombreux pays sont confrontés à trois tpes de dilemmes, ce qui crée une situation complexe à gérer.Jonathan Munemo, Professor of Economics, Salisbury UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209622024-01-11T16:38:39Z2024-01-11T16:38:39ZEn papier ou en tissu, quels mouchoirs privilégier pour notre santé et pour la planète ?<p>Au moment où vous lisez ces lignes, votre nez subit peut-être les assauts du <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">rhume</a>, de la grippe, du Covid-19 ou d’une crise d’allergie, vous obligeant à garder à portée de main un mouchoir en papier ou en tissu.</p>
<p>Vous vous demandez probablement lequel de ces deux objets est le plus efficace pour empêcher la propagation des infections, et lequel a l’impact environnemental le moins important. Est-ce le mouchoir en tissu, qui existe au moins depuis l’époque romaine ? Ou le mouchoir en papier, développé plus récemment sous sa forme contemporaine, mais qui a rapidement envahi nos vies ? Les conclusions des scientifiques à ce sujet pourraient vous surprendre. Les voici.</p>
<h2>Une brève histoire du mouchoir en tissu et du mouchoir en papier</h2>
<p>Si simples soient-ils, les mouchoirs que nous utilisons pour nous moucher ou capturer nos éternuements et autres quintes de toux sont les fruits d’une longue et complexe histoire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">Pourquoi les enfants sont-ils si souvent enrhumés ?</a>
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<p>Parmi leurs ancêtres figurent le <em>sudarium</em> qu’utilisaient, au I<sup>er</sup> siècle de notre ère, les Romains afin d’éponger la sueur de leur visage ou pour masquer leur bouche. Au fil du temps, des pièces de tissus du même genre, que l’on considérerait aujourd’hui comme des mouchoirs, ont été utilisées comme couvre-chef, voile, déguisement, ou encore pour se nettoyer les mains, assainir des plaies, ou stopper le saignement.</p>
<p>Au sein des catégories les plus aisées de la population, elles constituaient un marqueur de classe sociale et de bonnes manières, employées notamment pour se débarrasser discrètement des expectorations. Les familles royales les ont par exemple utilisés comme signes extérieurs de richesses et de pouvoir, offrant des mouchoirs de lin ou de soie ornés d’or et d’argent à leurs sujets les plus privilégiés. Le roi Henri VIII en possédait par exemple une vaste collection.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un soldat ramasse le mouchoir qu’une jeune dame a laissé tomber et le lui rend" src="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Laisser tomber son mouchoir pour qu’on le ramasse constituait autrefois un gage d’amour.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomecollection.org/works/enpm4vak/images?id=mwb4mevj">Wellcome Collection</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les mouchoirs ont également servi à manifester ses sentiments, qu’il s’agit d’exprimer son amour, de faire montre de sa fidélité, voire d’indiquer discrètement ses préférences sexuelles. À la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, le « code du mouchoir », un système de codage des couleurs et de placement des mouchoirs, était utilisé à cet effet. Il est d’ailleurs <a href="https://www.refinery29.com/en-au/lgbtq-secret-handkerchief-code-language">encore employé aujourd’hui</a> dans les communautés LGBTQ+.</p>
<p>Les origines du mouchoir en papier semblent encore plus anciennes, puisqu’elles <a href="https://www.euppublishing.com/doi/epub/10.3366/cult.2020.0214">remonteraient à la Chine du II<sup>e</sup> siècle avant notre ère</a>. Toutefois, ce n’est qu’à partir des années 1920 que le mouchoir en papier tel que nous le connaissons aujourd’hui <a href="https://www.kleenex.co.uk/kleenex-history">a été développé</a>, comme ustensile de démaquillage et pour essuyer les nez qui coulent à cause du rhume des foins.</p>
<h2>Pour la santé, mouchoir en tissu ou en papier ?</h2>
<p>Voici plus de 100 ans, le mouchoir en tissu était parfois considéré comme <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5248216/pdf/hosplond73063-0008b.pdf">« le petit pavillon de la Mort »</a>, en raison des germes qu’il transportait et de sa propension supposée à contaminer les poches dans lesquelles il était laissé. Plus tard, cependant, l’argumentaire a évolué, et les gens se sont vu recommander d’utiliser des mouchoirs, <a href="http://resource.nlm.nih.gov/101449736">car</a> « les toux et les éternuements propagent des maladies ».</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Affiche promouvant l’emploi de mouchoirs, car les toux et les éternuements propagent des maladies" src="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cette affiche des années 1960 de Nouvelle-Zélande encourage à utiliser un mouchoir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/archivesnz/21665866709/in/photolist-238NiVN-z1xem2-2jmC8YU-2iFV9CP-2iEYm5C-2iLnkGm-2iLkHAp-2iJP3pk-2iLL4Wc-JrEbjz-2iLnkTP-2iLhUHs-2iLhUKG-2iLkHHo-2iLhUJE-2iLhULy-2iLkHzn-2iLnkRe-DoShu-e6nLop-e6nLkz-e6toYU-e6tp2j-2iLkHN8-2iLhUNN-e6toVu-4mEw9J">Archives New Zealand</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, nous savons que les sécrétions nasales contiennent des virus tels que ceux des rhumes, qui survivent effectivement dans l’environnement et peuvent être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jmv.22027">transférés</a> sur <a href="https://www.abc.net.au/health/talkinghealth/factbuster/stories/2011/06/02/3231404.htm">diverses surfaces</a> (mains, mouchoirs en tissu ou en papier, poignées de porte, claviers, etc.) où ils sont capables de survivre parfois <a href="https://doi.org/10.1093/oxfordjournals.aje.a113473">longtemps après</a> la contamination initiale.</p>
<p>Il existe un risque de voir ces virus se propager lorsque l’on se mouche dans un mouchoir en coton, puis que l’on touche un autre objet. Même si vous ne gardez pas votre mouchoir utilisé dans votre poche, et le mettez immédiatement au lavage, une contamination des surfaces touchées peut se produire en chemin (poignées de portes, machine à laver…).</p>
<p>Les choses sont un peu différentes avec les mouchoirs en papier, car les virus qui s’y trouvent ne <a href="https://doi.org/10.1093/infdis/146.1.47">survivent généralement pas aussi longtemps</a> que sur les mouchoirs en tissu. Tant que vous jetez les mouchoirs immédiatement après les avoir utilisés et ne les laissez pas traîner, le risque de transmettre des germes à d’autres personnes est plus faible.</p>
<p>Une autre question qui se pose est celle de l’efficacité des mouchoirs en papier ou en tissu lorsqu’il s’agit de faire barrière à la toux et aux autres projections respiratoires. Certes, les protections en tissu basiques, telles que les mouchoirs ou les bandanas, sont capables de retenir les expectorations, tout comme les mouchoirs en tissu. Cependant, plusieurs études ont montré qu’elles ne <a href="https://doi.org/10.1021/acs.nanolett.0c02211">filtreraient pas efficacement</a> les <a href="https://aaqr.org/articles/aaqr-13-06-oa-0201.pdf">aérosols respiratoires</a>, et empêchent moins <a href="https://doi.org/10.1177/153567601001500204">d’inhaler</a> certains polluants, agents pathogènes ou <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijheh.2018.03.012">petites particules en suspension dans l’air</a>.</p>
<h2>Et pour la planète, papier ou tissu ?</h2>
<p>La société américaine Ecosystem Analytics a <a href="https://ecosystem-analytics.com/wp-content/uploads/2013/10/Complete-LCA-Facial-Tissue-Handkerchief.pdf">comparé</a> l’impact environnemental de mouchoirs en coton réutilisables à celui de mouchoirs en papier jetables en effectuant une <a href="https://doi.org/10.1007/BF02978505">analyse de cycle de vie</a>, une méthode d’évaluation visant à quantifier les impacts environnementaux des produits et services. Pour ce faire, elle a pris en compte quatre types d’impacts environnementaux liés à la production, au transport, à l’utilisation et à l’élimination :</p>
<ul>
<li><p>Les impacts sur le changement climatique (somme des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, vapeur d’eau, oxyde nitreux et CFC) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la qualité de l’écosystème (pollution chimique des sols et des eaux) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la santé humaine (toxicité cancérogène et non cancérogène pour les humains) ;</p></li>
<li><p>Les impacts en matière de ressources (besoins énergétiques totaux en énergie non renouvelable et extraction minérale).</p></li>
</ul>
<p>Le verdict ? Sur les quatre mesures, un mouchoir en coton avait un impact cinq à sept fois plus important qu’un mouchoir en papier équivalent. Les différences d’impact les plus importantes étaient liées aux étapes de production de chacun de ces produits, plutôt qu’à celles concernant leur utilisation ou à leur élimination.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Mouchoirs en coton sur une corde à linge" src="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les mouchoirs en coton sont-ils meilleurs pour la planète que les mouchoirs en papier ? Pas si sûr…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/using-reusable-textile-pure-cotton-colourful-1107810197">Shutterstock</a></span>
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<p>Si vous tenez toujours à utiliser un mouchoir en tissu, mieux vaut opter pour du coton biologique, dont <a href="https://www.sei.org/publications/ecological-footprint-water-analysis-cotton-hemp-polyester/">l’empreinte écologique est plus faible que celle d’un coton standard produit au même endroit</a>. Cependant, la production de coton biologique ayant des <a href="https://www.nytimes.com/wirecutter/blog/is-organic-cotton-better-for-the-environment/">rendements plus faibles</a> que son équivalent conventionnel, il faut une surface de terre agricole plus importante pour produire une quantité équivalente, ce qui augmente aussi l’impact environnemental.</p>
<p>Pour avoir moins mauvaise conscience lorsque l’on se mouche, opter pour des mouchoirs fabriqués à partir de matériaux recyclés peut être une solution. Leur fabrication s’accompagne en effet d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s11367-013-0597-x">moindre émission de gaz à effet de serre</a>. Se moucher avec des mouchoirs en papier que l’on élimine correctement après utilisation (et que l’on ne garde pas dans sa poche), fabriqués à partir de matériaux recyclés, est donc préférable tant du point de vue de la santé que de l’environnement.</p>
<p>Mais ces mouchoirs ont un défaut : ils n’ont pas tout à fait le même panache que leurs ancêtres en tissus fins, ni la même polyvalence…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor est un employé à temps plein de l'EPA (Environment Protection Authority) Victoria, nommé au poste statutaire de scientifique en chef de l'environnement. Il est également professeur honoraire à l'université Macquarie de Sydney.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hester Joyce ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En matière d’impact environnemental, les mouchoirs en papier n’ont pas forcément un bilan moins bon que les mouchoirs en tissu. Et concernant l’hygiène, le tissu ne fait pas mieux non plus.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityHester Joyce, Adjunct Associate Professor, Creative Arts, La Trobe UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2204522024-01-10T14:40:22Z2024-01-10T14:40:22ZVRS, influenza et SRAS-CoV-2 : pleins feux sur la triple épidémie de virus respiratoires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568660/original/file-20240110-27-k3w5hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C995%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le virus influenza, artisan de la grippe saisonnière, est de retour à son rythme habituel après une interruption due aux mesures sanitaires.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis 2022, une triple épidémie de virus respiratoires (VRS, influenza et SRAS-CoV-2) bouscule notre quotidien. Et les médias rappellent sans cesse qu’elle met à rude épreuve les urgences médicales.</p>
<p>Comment se distingue cette saison des virus respiratoires de l’ère pré-Covid ?</p>
<p>En tant que spécialiste des interactions entre les hôtes et les virus, je propose d’apporter un éclairage sur la nouvelle dynamique de la saison des virus respiratoires.</p>
<h2>Le tristement célèbre SRAS-CoV-2</h2>
<p>Le SRAS-CoV-2, instigateur de la pandémie de Covid-19, persiste. Malgré un accès aux tests de dépistage limité, l’influence considérable du virus se manifeste à travers le nombre d’hospitalisations observées.</p>
<p>L’Institut National de Santé publique du Québec a dénombré plus de 33 000 hospitalisations au Québec en 2023, touchant toutes les catégories d’âge, <a href="https://www.inspq.qc.ca/Covid-19/donnees/age-sexe/evolution-hospitalisations">y compris 648 enfants de moins de 9 ans</a>.</p>
<p>Le virus ne montre pas de saisonnalité. Il se transmet avec une efficacité redoutable via les aérosols, surtout quand nous nous réfugions à l’intérieur pour échapper au froid. Le virus qui circule actuellement est en réalité un mélange de différents virus, appelés variants, dont chacun a le potentiel d’échapper partiellement à l’immunité acquise par une infection précédente ou la vaccination.</p>
<h2>Une vraie grosse grippe</h2>
<p>Le virus influenza, artisan de la grippe saisonnière, est de retour à son rythme habituel après une interruption due aux mesures sanitaires. Il circule à nouveau avec <a href="https://www.cdc.gov/flu/about/viruses/types.htm">ses différentes versions appartenant aux groupes (souches) A et B</a>, bien que les scientifiques pensent qu’un type de souche B, la <a href="http://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2022.27.39.2200753">souche Yamagata, ait disparu</a>.</p>
<p>Un variant du groupe A de type H1N1, différent des virus qui ont causé les pandémies de 1918 et 2009, domine actuellement en Amérique du Nord, fait augmenter les hospitalisations, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/fluwatch/2023-2024/week-49-december-3-december-9-2023.html">surtout chez les aînés et les jeunes enfants</a>.</p>
<p>Cependant, il faudra rester vigilant, car il peut y avoir un changement de souche au cours d’une même saison. Résultat ? La population cible pourrait changer, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/fluwatch/2018-2019/annual-report.html">comme dans la saison 2018-2019</a>.</p>
<h2>Et le VRS dans tout ça ?</h2>
<p>Enfin, le virus respiratoire syncytial (VRS) semble aussi <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/surveillance/respiratory-virus-detections-canada/2023-2024/week-50-ending-december-16-2023.html">reprendre une transmission prépandémique</a>.</p>
<p>Le VRS cause des bronchiolites et des pneumonies. <a href="https://cps.ca/fr/documents/position/bronchiolitis1">Les bronchiolites sont caractérisées par une obstruction des petites voies aériennes, qui peut évoluer vers une respiration sifflante ou une détresse respiratoire</a>.</p>
<p>Les enfants sont virtuellement tous infectés avant l’âge de 2 ans. Et l’infection par le VRS est l’une des principales causes d’hospitalisation chez les jeunes enfants.</p>
<p>Avant la pandémie de Covid-19, on dénombrait en moyenne 2 523 hospitalisations annuelles au Canada, <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2810133">dont la moitié chez les moins de 6 mois et plus d’un quart nécessitant une admission aux soins intensifs</a>.</p>
<p>Mais le VRS touche également sévèrement les aînés et les adultes immunodéprimés ou ayant des conditions chroniques existantes. Le VRS démontre des niveaux élevés d’atteintes sévères, hospitalisations et décès à l’hôpital chez les adultes, <a href="https://doi.org/10.1093/infdis/jiad559">chiffres qui se comparent à ceux de la grippe</a>.</p>
<p>Certes, ces trois virus captent l’attention, mais d’autres virus respiratoires moins médiatisés circulent également, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/surveillance/respiratory-virus-detections-canada/2023-2024/week-50-ending-december-16-2023.html">témoignant d’un environnement viral diversifié</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme hospitalisée" src="https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568438/original/file-20240109-27-z61q6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Avec la présence continuelle du SRAS-CoV-2, nos hôpitaux n’arrivent pas à reprendre leur souffle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le SRAS-CoV-2 a tout bousculé</h2>
<p>La présence du SRAS-CoV-2 marque la principale différence avec l’ère prépandémie, en alourdissant la charge sur un système de santé fragilisé. Le défi est amplifié par la capacité de transmission extrêmement élevée du SRAS-CoV-2, en comparaison à l’influenza et au VRS, ce qui rend la gestion saisonnière beaucoup plus complexe.</p>
<p>Auparavant, la saison des virus respiratoires avait un début et une fin assez prévisibles, déterminés par la surveillance des virus au cours des années. Nos systèmes étaient pourtant déjà difficilement capables d’absorber cette augmentation saisonnière de patients. Aujourd’hui, le tableau s’est encore complexifié par la présence continuelle du SRAS-CoV-2. Et nos hôpitaux, qui n’arrivent pas à « reprendre leur souffle », peinent à suivre.</p>
<h2>Au-delà de l’infection</h2>
<p>La seconde différence majeure qu’il ne faut pas négliger est la capacité du SRAS-CoV-2 à causer des problèmes de santé étendus bien au-delà du système respiratoire. De plus, il provoque des séquelles à long terme après l’infection, comme le syndrome post-Covid (aussi connu sous le nom de Covid longue), qui affecte des millions de personnes.</p>
<p>L’étendue des conséquences de l’infection et des réinfections sur la santé humaine reste incertaine, tout comme l’efficacité des vaccins à limiter ces effets. La pandémie de SRAS-CoV-2 – avec sa transmission exceptionnelle – a mis à la disposition de la recherche un grand nombre de patients. Couplé aux financements sans précédent, cela a permis de débuter des recherches qui n’avaient jamais été possibles auparavant pour caractériser un syndrome post-viral.</p>
<p>Bien sûr, le nombre de personnes infectées par le VRS ou la grippe globalement chaque année n’arrive pas à la cheville du nombre de personnes infectées par le SRAS-CoV-2, même à ce stade de la pandémie. Cependant, il existe plusieurs preuves montrant qu’en plus des symptômes aigus et du taux de mortalité associé à la grippe et au VRS, des <a href="https://doi.org/10.1038/s41591-022-01810-6">conditions post-virales existent également</a>, comme pour le SRAS-CoV-2.</p>
<h2>L’importance des vaccins</h2>
<p>La dernière distinction par rapport à la période prépandémie est l’arrivée de vaccins contre le VRS. Au Canada, le vaccin Arexvy est approuvé pour les plus de 60 ans et le vaccin Abrysvo est également approuvé pour les femmes enceintes, offrant ainsi une immunité transmise aux enfants dès la naissance. Toutefois, ces deux vaccins n’ont pas encore fait l’objet de recommandation officielle. On attend encore un vaccin qui serait disponible pour les enfants. Le trio de vaccins contre la Covid-19, la grippe et le VRS aidera certainement lors des prochaines saisons à atténuer les symptômes sévères associés aux infections liées aux virus respiratoires.</p>
<p>Notre objectif premier doit cependant viser à réduire l’incidence des infections par les virus respiratoires. Malgré la vaccination, en raison du vieillissement de la population, on peut s’attendre à ce que la mortalité et la morbidité associées à ces infections augmentent.</p>
<p>Les trois virus ont en commun leur transmission par voie aérienne. Et cette dernière pourrait être diminuée par la mise en place de stratégies passives visant à réduire la concentration d’aérosols dans l’air intérieur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220452/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Grandvaux a reçu des financements de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI), la fondation du centre hospitalier de l'université de Montréal, et du ministère de l'économie te de l"innovation du Québec.</span></em></p>La triple épidémie de virus respiratoire qui sévit à l’heure actuelle touche toutes les catégories d’âge, incitant à la comparaison avec l’ère pré-Covid-19.Nathalie Grandvaux, Professeure en biochimie des interactions hôte-virus, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2206452024-01-09T18:36:17Z2024-01-09T18:36:17ZRetour à l’école : le tutorat, une des solutions au rattrapage scolaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568312/original/file-20240108-15-s5ntry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C0%2C5490%2C3649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Après avoir manqué plusieurs jours, voire semaines d'école, le tutorat peut permettre d’aider certains élèves au Québec. Mais sa forme doit être repensée. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les élèves québécois reviennent à l’école après une grève d’enseignants du secteur public variant de plusieurs jours à plusieurs semaines, selon les cas. Cette interruption n’est pas sans rappeler celle provoquée par la pandémie de Covid-19. À chaque fois, le tutorat a été évoqué comme un recours potentiel pour favoriser une certaine continuité dans les apprentissages ou un rattrapage scolaire. </p>
<p>Sociologue de formation et professeure en éducation, je m’intéresse <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_tutorat_de_pairs_dans_l_enseignement_superieur_enjeux_institutionnels_technopedagogiques_psychosociaux_et_communicationnels_cathia_papi-9782343004143-40007.html">au tutorat sous différentes formes depuis plusieurs années</a>. J’ai mené, de 2021 à 2023, une recherche sur quelques mesures mises en œuvre par le ministère de l’Éducation du Québec en 2021, notamment celle concernant le tutorat. En attendant la publication des résultats en avril, je propose dans cet article de revenir sur ce recours au tutorat.</p>
<h2>Des pertes d’apprentissage</h2>
<p>Dès les premiers mois de confinement visant à endiguer la pandémie, les <a href="https://doi.org/10.3102/0013189X20965918">projections internationales</a> prévoyaient des pertes d’apprentissage, concernant tant ceux prévus, mais n’ayant pas pu avoir lieu, que les oublis des apprentissages précédemment réalisés.</p>
<p>De fait, en 2022, il a été possible de constater un <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/fr/education/pisa-2022-results-volume-ii_a97db61c-en">important déclin du niveau des élèves dans la plupart des pays de l’OCDE</a>. Le Québec n’y a pas échappé. En effet, malgré des <a href="https://www.cmec.ca/Publications/Lists/Publications/Attachments/438/PISA-2022_Canadian_Report_EN.pdf">scores toujours parmi les meilleurs aux tests PISA en mathématiques</a>, les résultats aux examens ministériaux de 2022 (français écrit de cinquième secondaire et mathématiques de quatrième secondaire) ont mis en évidence que, dans l’ensemble, les <a href="https://www.journaldequebec.com/2023/01/26/des-eleves-ont-reussi-lexamen-de-math-avec-55">élèves avaient un niveau plus faible que ceux ayant passé ces examens avant la pandémie en 2019</a>. </p>
<p>Par ailleurs, au printemps 2023, les trois quarts des 309 directions d’écoles publiques primaires et secondaires ayant participé à notre enquête nous ont indiqué qu’en dépit d’un retour en classe sans interruption en 2022-2023, davantage de lacunes et de difficultés qu’avant la pandémie étaient toujours constatées chez les élèves. Ces dernières concernaient aussi bien les apprentissages, que la socialisation et le bien-être, et venaient alourdir la charge de travail du personnel scolaire, notamment des enseignants.</p>
<p>Alors que les élèves n’avaient encore pas récupéré de la pandémie, l’interruption scolaire du mois de décembre, suivi des vacances de Noël, ont fait en sorte que certains élèves n’ont pas été en classe pendant une durée pouvant aller jusqu’à un mois et demi. Les recherches existantes sur les <a href="https://doi.org/10.1111/caje.12035">grèves d’enseignants en Ontario</a> ou <a href="https://doi.org/10.4000/ries.9950">à l’étranger</a> font état de pertes d’apprentissage, tout comme les recherches sur les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0002831220937285">interruptions liées aux vacances estivales</a>. Cette récente interruption scolaire — une des <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/12/16/nos-ecoles-fermees-une-greve-rare-a-lechelle-mondiale#:%7E:text=21%20jours%20%C3%A9tal%C3%A9s%20sur%20cinq,dans%20les%20annales%20du%20Qu%C3%A9bec.">plus longues enregistrées dans le monde</a> — va sans doute exacerber les difficultés déjà rencontrées par plusieurs élèves.</p>
<h2>Le tutorat, une forme d’aide connue et efficace</h2>
<p>Durant la pandémie, le tutorat a constitué une des <a href="https://www.torontomu.ca/diversity/reports/the-evidence-for-tutoring-to-accelerate-learning-and-address-educational-inequities-during-canada-s-pandemic-recovery">solutions privilégiées par plusieurs gouvernements pour aider les élèves</a>, notamment en Australie, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Ontario et au Québec. De plus, bon nombre de parents <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/education/2022-01-04/le-recours-au-tutorat-en-pleine-croissance.php">ont eu recours à des services de tutorat pendant et à la suite de la pandémie</a>, de même que <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2032995/greve-fae-tutorat-parents-popularite">durant de la grève des enseignants</a>.</p>
<p>Existant de longue date, le tutorat est une forme d’aide connue, proposée par diverses organisations (écoles, organismes à but non lucratif, entreprises) et mêlant généralement soutien scolaire et socioaffectif grâce au lien privilégié qui se tisse entre le tuteur et le tutoré. De plus, <a href="https://theconversation.com/le-tutorat-pour-soutenir-les-eleves-une-bonne-idee-196268">comme je l’ai écrit dans un précédent article</a>, le tutorat, surtout <a href="https://annenberg.brown.edu/sites/default/files/EdResearch_for_Recovery_Design_Principles_1.pdf">dans sa formule intensive</a> (assuré par des professionnels de l’éducation ou des intervenants formés et effectué de manière individuelle ou auprès de petits groupes d’au plus trois ou quatre élèves, de manière régulière au moins trois fois par semaine), s’avère être <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0034654316687036">l’approche de soutien à l’apprentissage la plus efficace selon la littérature scientifique</a>.</p>
<h2>Les limites d’une bonne idée</h2>
<p>Au Québec, depuis 2021, un financement est accordé pour encourager le déploiement du tutorat pour les élèves en difficulté. Dans la mesure où d’autres dispositifs de soutien à l’apprentissage étaient déjà en place dans les écoles (réponse à l’intervention, coenseignement, récupération, etc.) le <a href="https://theconversation.com/le-tutorat-pour-soutenir-les-eleves-une-bonne-idee-196268">financement du tutorat a parfois été utilisé pour développer davantage ces dispositifs</a>, plutôt que pour en ajouter d’autres, propres au tutorat.</p>
<p>Certains parents peuvent ainsi avoir l’impression que leurs enfants n’ont pas bénéficié ou ne bénéficient pas de la mesure tutorale, alors qu’ils en profitent indirectement dans un autre dispositif. Les sommes allouées semblent effectivement avoir été utilisées pour soutenir les élèves, mais dans des dispositifs n’ayant pas toujours l’appellation « tutorat » ni toutes les caractéristiques du tutorat intensif.</p>
<p>Le tutorat intensif est peu connu du milieu scolaire. Les méta-analyses ont donné lieu <a href="https://www.povertyactionlab.org/publication/transformative-potential-tutoring-pre-k-12-learning-outcomes-lessons-randomized">à des publications scientifiques en anglais, pour la plupart récentes</a> et ne semblent pas avoir été diffusées dans les milieux scolaires. </p>
<p>Si des effets positifs de l’accompagnement ainsi offert sont constatés par les directions d’école, ils ne sont pas toujours aussi importants qu’ils pourraient l’être. De plus, alors que le tutorat est le plus souvent exercé par du personnel scolaire, les contraintes en termes de disponibilités et de budget amènent en général à réserver ces services aux élèves les plus en difficulté. </p>
<p>Par ailleurs, le fait que certaines familles recourent à des services de tutorat privé est susceptible d’accentuer les <a href="https://www.quebecscience.qc.ca/societe/ecole-trois-vitesses-egalite/#:%7E:text=Son%20rapport%20de%20recherche%2C%20publi%C3%A9,retrouvent%20ensemble%2C%20en%20petite%20communaut%C3%A9.">inégalités déjà importantes dans un système à trois vitesses</a>.</p>
<p>Bien qu’il offre un soutien incontestable à certains élèves, le tutorat, dans sa forme actuelle, ne permet donc pas forcément d’aider tous les élèves en ayant besoin, ni de réduire les inégalités autant que cela pourrait être souhaité. </p>
<p>Pour accroître sa portée, il semblerait pertinent, non seulement de poursuivre le tutorat déjà en place (et pourquoi pas d’en augmenter le budget), mais aussi de faire enfin connaître les critères du tutorat intensif, de soutenir davantage les organismes à but non lucratif en proposant, voire de créer des aides financières en fonction des revenus pour les familles faisant appel à des services de tutorat privé. </p>
<p>Tous les élèves ne se sont pas encore remis de la pandémie, tant en termes de bien-être que d’apprentissage, et la majorité vient de vivre une nouvelle interruption scolaire. Il parait ainsi important d’accorder à ces élèves tout le soutien nécessaire et d’envisager de se centrer une année de plus sur l’évaluation des savoirs essentiels.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220645/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathia Papi a reçu des financements du ministère de l'Éducation du Québec pour la réalisation de cette recherche. </span></em></p>Bien qu’il contribue à soutenir certains élèves, le tutorat tel qu’il existe actuellement ne permet pas d’aider tous les élèves en ayant besoin ni de réduire toutes les inégalités.Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2172302023-11-12T16:15:02Z2023-11-12T16:15:02ZAvec la pandémie, les abandons d’études ont-ils augmenté à l’université ?<p>La pandémie de Covid-19 a bouleversé les trajectoires académiques de nombreux étudiants. Qu’ils aient été novices dans l’enseignement supérieur ou déjà engagés dans leur parcours universitaire, ceux-ci ont été confrontés à une situation sans précédent : la fermeture des universités et la transition vers l’apprentissage en ligne ont transformé le rapport à l’éducation.</p>
<p>Les salles de classe virtuelles sont devenues la nouvelle norme, et les interactions en personne ont cédé la place à des relations à distance. Outre l’aspect social, la qualité de l’apprentissage a été mise à l’épreuve. Les défis techniques et la variabilité de l’accès à Internet ont entraîné des inégalités dans la participation et l’engagement des étudiants. Les méthodes d’enseignement en ligne, bien que nécessaires, ont laissé de côté les interactions pédagogiques, impactant l’efficacité de l’apprentissage.</p>
<p>L’ensemble de ces facteurs a eu des répercussions profondes sur l’expérience des étudiants. De nombreux jeunes ont exprimé des sentiments de solitude, d’isolement, et d’incertitude quant à leur avenir académique. En somme, la pandémie a généré une transformation radicale de l’expérience étudiante, parfois au point de décourager certains étudiants, qui ont été contraints d’abandonner leurs études.</p>
<h2>Les répercussions de la pandémie sur les choix d’orientation</h2>
<p>Il est essentiel de prendre en considération que la pandémie n’a pas seulement eu un impact immédiat en interrompant les cours à l’échelle mondiale, mais elle a également eu des effets sur l’acquisition de connaissances. Des études menées dans plusieurs pays estiment que la pandémie a entraîné une <a href="https://www.researchgate.net/publication/367558783_A_systematic_review_and_meta-analysis_of_the_evidence_on_learning_during_the_Covid-19_pandemic">chute d’environ 35 % résultats scolaires sur une année académique</a>. Les élèves les moins privilégiés semblent avoir été les plus durement touchés par cette perte d’apprentissage, ce qui a aggravé les inégalités éducatives déjà existantes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/inegalites-scolaires-des-risques-du-confinement-sur-les-plus-vulnerables-135115">Inégalités scolaires : des risques du confinement sur les plus vulnérables</a>
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<p>La perturbation de l’éducation due à la pandémie de Covid-19 va avoir des conséquences qui vont au-delà de la simple diminution des performances académiques, influençant également les choix futurs des étudiants. En Suède, une étude récente met en lumière que la <a href="https://www.iza.org/publications/dp/15107/from-epidemic-to-pandemic-effects-of-the-Covid-19-outbreak-on-high-school-program-choices-in-sweden">pandémie a influencé les choix d’orientation des étudiants</a> en réduisant l’intérêt pour les formations professionnelles dans des secteurs fortement touchés comme l’hôtellerie et la restauration.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-mystere-de-la-grande-demission-comment-expliquer-les-difficultes-actuelles-de-recrutement-en-france-173454">Le mystère de la « Grande démission » : comment expliquer les difficultés actuelles de recrutement en France ?</a>
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<p>Cette tendance reflète les inquiétudes des étudiants quant à la stabilité et à la viabilité de certaines carrières à la lumière des perturbations économiques provoquées par la pandémie. Ainsi, les conséquences à long terme du Covid-19 sur l’éducation et les perspectives professionnelles des étudiants sont à surveiller de près.</p>
<p>En France, une analyse approfondie du comportement des étudiants à l’université révèle une <a href="https://www.researchgate.net/publication/374978342_Dropping_Out_of_University_in_Response_to_the_Covid-19_Pandemic">chute notable de 10,6 % dans la probabilité des étudiants de poursuivre leurs études suite la pandémie de Covid-19</a>. Cette réduction du taux de réinscription est d’autant plus préoccupante qu’elle équivaut à la somme des baisses observées durant la décennie précédente. Ces chiffres mettent en évidence un phénomène inquiétant puisque ces décrochages se traduisent par des opportunités sur le marché du travail moindres pour les étudiants concernés.</p>
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<p>De plus, les taux de présence aux examens n’ont pas montré de variations significatives l’année de la pandémie. Cela suggère que la diminution des taux de réinscription ne peut être attribuée à une augmentation de l’absentéisme, mais plutôt à d’autres facteurs liés à la crise sanitaire. Cette situation suscite des interrogations majeures quant à la manière dont les étudiants ont été touchés par la pandémie et la manière dont elle a affecté leurs perspectives académiques et professionnelles.</p>
<h2>Des facteurs démographiques et universitaires à prendre en compte</h2>
<p>Les répercussions de la pandémie sur les étudiants varient considérablement en fonction de diverses caractéristiques démographiques et de leur niveau d’études. Nos résultats montrent que les étudiants en premier et deuxième cycle universitaire ont été les plus durement touchés, avec une baisse significative d’inscriptions de 20,9 % et 17,3 % respectivement par rapport à l’année précédente.</p>
<p>De même, les étudiants inscrits dans des domaines liés aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques (STEM) ont subi une diminution encore plus marquée des taux de réinscription, ce qui met en évidence les défis particuliers auxquels ces étudiants ont dû faire face en raison des restrictions liées à la pandémie.</p>
<p>Une autre tendance qui mérite d’être soulignée est que les hommes semblent avoir été davantage affectés par la pandémie que les femmes, du moins en ce qui concerne l’abandon des études. Cette disparité entre les sexes dans les taux de réinscription met en lumière la nécessité de prendre en compte les facteurs socio-démographiques dans l’élaboration de politiques éducatives pour atténuer les conséquences de la pandémie sur les étudiants.</p>
<p>Lors du déconfinement, les différentes régions ont été soumises à des restrictions sanitaires d’intensités variables. Notamment, les zones situées à l’est ont été classées en zone rouge, ce qui a entraîné un processus de déconfinement plus progressif, marqué par la mise en place de mesures de restriction supplémentaires pendant une brève période. Au sein de ces zones, il est intéressant de noter qu’il ne semble pas y avoir eu d’effet significatif découlant de ces mesures additionnelles.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-corps-a-t-il-encore-sa-place-dans-lenseignement-a-distance-157915">Le corps a-t-il encore sa place dans l’enseignement à distance ?</a>
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<p>Cette observation suggère que ce n’est pas tant l’intensité des politiques de restrictions qui a influencé les comportements de réinscription des étudiants, mais plutôt l’expérience globale du confinement en elle-même. Ce constat souligne une nouvelle fois l’importance de comprendre les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32861840/">répercussions émotionnelles et psychologiques de la pandémie sur les étudiants</a>, qui ont dû faire face à des bouleversements majeurs dans leur parcours éducatif.</p>
<p>La compréhension des effets de la pandémie sur les étudiants revêt une importance cruciale, car elle permet de mieux appréhender les défis auxquels sont confrontés les étudiants dans un monde post-pandémie. Il est impératif que les décideurs politiques prennent en compte les leçons tirées de cette période sans précédent afin de bâtir un avenir éducatif plus résilient et équitable pour tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217230/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Etienne Dagorn a bénéficié d'un financement de la Région Île-de-France (Chaire en sciences humaines et sociales, EX061002 - 21010352) pour la réalisation de cette recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Léonard Moulin a bénéficié d'un financement de la Région Île-de-France (Chaire en sciences humaines et sociales, EX061002 - 21010352) pour la réalisation de cette recherche.</span></em></p>La pandémie de Covid-19 a perturbé la pédagogie et l’organisation des études supérieures, avec des conséquences à long terme sur les choix d’orientation des jeunes.Etienne Dagorn, Postdoctoral fellow, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLéonard Moulin, Research fellow, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2165542023-10-30T16:17:24Z2023-10-30T16:17:24ZLes hommes déclarent qu'ils consacrent plus de temps aux tâches ménagères et qu'ils aimeraient en faire plus : enquête réalisée dans 17 pays<p>Dans les pays du Sud, les femmes effectuent entre <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=7">trois et sept fois plus de tâches de soins</a> que les hommes. Ces tâches comprennent les travaux domestiques et se concentrent principalement sur les soins aux enfants. </p>
<p>Il faut espérer que cette situation évolue. Le <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf">Rapport 2023 sur la situation des pères dans le monde</a>, intitulé “Centrer les soins dans un monde en crise”, a exploré les expériences et l'implication dans les soins de 12 000 hommes et femmes, dont beaucoup sont des parents, dans 17 pays. L'enquête s'est penchée sur ceux qui s'occupent des soins, comment ils s'en occupent, pour qui, et sur ce que les hommes et les femmes pensent des soins.</p>
<p>Je suis l'un des cinq coauteurs du rapport, qui révèle une remarquable appréciation des soins de la part des personnes interrogées. Dans une enquête en ligne, ils ont massivement associé les soins à des termes positifs. L’“amour” est le mot le plus fréquemment mentionné dans tous les pays. </p>
<p>Parmi les autres mots fréquemment cités figurent “aide”, “protection”, “attention”, “responsabilité”, “santé”, “gentillesse” et “famille”.</p>
<p>La plupart des hommes ayant participé à l'enquête ont déclaré qu'ils effectuaient des tâches de soin et qu'ils étaient disposés à en faire davantage. Mais de nombreux obstacles se dressent sur leur chemin, notamment les normes sociétales et les contraintes financières. Si les résultats de l'étude laissent entrevoir des changements, ils montrent également que le rythme de ces changements est beaucoup trop lent. </p>
<h2>Pression croissante en faveur d'une plus grande égalité</h2>
<p>Au début de cette année, les États membres des Nations unies ont désigné à l'unanimité le 29 octobre <a href="https://www.un.org/fr/observances/care-and-support-day">journée internationale des soins et de l'assistance</a>. Cela veut dire qu'il y a de plus en plus de reconnaissance de la valeur des soins et du travail de soins et met en évidence le besoin urgent de répartir plus équitablement les responsabilités en matière de soins. </p>
<p>Fournir des soins à une autre personne peut être une expérience positive, favorisant l'empathie et des relations constructives. Cependant, la répartition inégale des <a href="https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_633115/lang--en/index.htm">soins</a> entre les hommes et les femmes entrave depuis longtemps la participation des femmes au travail rémunéré. </p>
<p>En 2018, l'Organisation internationale du travail a estimé que 606 millions de femmes en âge de travailler n'étaient pas en mesure de le faire en raison des tâches de soin non rémunérées. Et le lourd fardeau de ce travail de soins a eu des <a href="https://www.researchgate.net/publication/354252144_Women's_wellbeing_and_the_burden_of_unpaid_work">conséquences néfastes </a>sur le bien-être physique et mental des femmes.</p>
<h2>Aller dans la bonne direction</h2>
<p>Le rapport sur la situation des pères dans le monde révèle que les mères continuent d'assumer une plus grande part de responsabilité dans les tâches de soins, telles que le nettoyage, les soins physiques et émotionnels pour les enfants, la cuisine et les soins pour le/la conjoint(e). Les femmes ont déclaré avoir effectué 1,32 fois de plus de soins physiques aux enfants et avoir fait 1,36 de fois de plus de ménage que les hommes dans tous les pays étudiés dans le rapport. </p>
<p>Mais les pères de pays aussi divers que l'Argentine, l'Irlande, la Chine, la Croatie et le Rwanda ont également déclaré consacrer un nombre d'heures important à diverses tâches non rémunérées au sein du foyer.</p>
<p>L'étude sur la situation des pères dans le monde attribue cette évolution à plusieurs facteurs, dont l'impact du <a href="https://www.who.int/europe/emergencies/situations/covid-19#page=58">COVID-19</a>, l'évolution des normes sexospécifiques relatives à la prestation de soins et des facteurs structurels tels que les systèmes de soins et les politiques en matière de congé parental.</p>
<p>Dans 15 pays, entre 70 et 90 % des hommes sont d'accord avec l'affirmation suivante : “Je me sens autant responsable des tâches de soins que ma partenaire”. </p>
<p>Fait encourageant, dans certains pays comme <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf">l'Afrique du Sud (85 %) et le Rwanda (93 %)</a>, les hommes n'étaient pas d'accord avec l'affirmation suivante : “On ne devrait pas apprendre aux garçons à coudre, à cuisiner, à faire le ménage ou à s'occuper de leurs frères et sœurs”.</p>
<p>Les hommes plus conscients de leurs émotions et ouverts à solliciter un soutien émotionnel étaient <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=22">deux à huit fois</a> plus susceptibles de s'occuper d'un membre de leur famille que ceux qui n'étaient pas conscients de leurs émotions. </p>
<p>Les hommes qui passaient plus de temps à s'occuper des autres ressentaient un plus grand bien-être. Les personnes interrogées qui se sont déclarées satisfaites de leur participation à l'éducation de leurs enfants étaient <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=8">1,5 fois</a> plus susceptibles d'être d'accord avec l'affirmation “Je suis la personne que j'ai toujours voulu être” et de faire état d'un sentiment de gratitude dans la vie que les personnes interrogées qui ne se sont pas déclarées satisfaites de l'éducation de leurs enfants. </p>
<h2>Tout le monde doit participer</h2>
<p>Il est important de reconnaître que la prise en charge d'un enfant ne peut pas dépendre uniquement des efforts individuels. Les hommes et les femmes ont besoin du soutien des communautés, des systèmes de soins et des politiques pour prodiguer des soins de manière efficace. </p>
<p>Plus de la moitié des mères et des pères considèrent que <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=8">l'activisme</a> en faveur des politiques de congé pour soins est une priorité. Ce sentiment varie : 57 % des pères et 66 % des mères en Inde, et 92 % des pères et 94 % des mères au Rwanda soutiennent cette cause.</p>
<p>Les femmes sont plus enclines que les hommes à <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=54">donner la priorité aux politiques de soins</a>, au même titre que les politiques de santé et d'égalité entre les hommes et les femmes. Les préoccupations concernant le coût de la vie étaient sont assez répandues chez les deux sexe, avec un peu plus de femmes (58 %) que d'hommes (53 %) exprimant cette inquiétude. </p>
<p>L'étude a révélé qu'une proportion importante de personnes dans tous les pays ont déclaré <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=54">prendre des mesures </a> pour améliorer les politiques de soins. La majorité d'entre elles (74 %) ont discuté de la question avec leurs amis et leur famille, tandis que 39 % des femmes et 36 % des hommes ont signé ou partagé des pétitions en ligne. En outre, 27 % des femmes et 33 % des hommes ont participé à des manifestations appelant à l'amélioration des politiques de soins.</p>
<p>Les décideurs politiques ont un rôle important à jouer dans les réformes visant à améliorer le congé parental. De meilleures données permettent d'élaborer de meilleures politiques. Il faut donc disposer de statistiques plus précises sur, par exemple, le nombre de pères qui prennent un congé parental et la répartition du temps consacré aux soins entre les hommes et les femmes. </p>
<p>Il est essentiel de faciliter le partage des tâches ménagères entre les hommes si l'on veut que les pays <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=81">prospèrent</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216554/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Wessel Van Den Berg travaille pour Equimundo : Centre pour les Masculinités et la Justice Sociale</span></em></p>Le dernier rapport sur la situation des pères dans le monde indique que dans 15 pays, entre 70 et 90 % des hommes se sentent autant responsables des tâches ménagères que leurs conjointes.Wessel Van Den Berg, Research fellow, Stellenbosch UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2150322023-10-30T13:54:59Z2023-10-30T13:54:59ZApprendre le piano en ligne, est-ce possible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/555660/original/file-20231024-23-y1e3u3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C994%2C646&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les moyens d'apprendre le piano sont nombreux et diversifiés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Apprendre le piano, ou tout autre instrument de musique, n’est pas facile et demande une grande discipline. </p>
<p>Mais en faire l’apprentissage en ligne, est-ce possible ? </p>
<p>Avec la pandémie, les musiciens en herbe, enfants, adolescents ou adultes, se sont tournés vers des méthodes moins traditionnelles pour apprendre la musique. </p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs en éducation dont les intérêts de recherche touchent notamment la littératie, la culture, la formation à distance et la technologie éducative. </p>
<p>Le thème de l’apprentissage du piano en ligne, qui fait l’objet de cet article, touche ces quatre domaines.</p>
<h2>Les différents modes de fonctionnement</h2>
<p>Les moyens d’apprendre le piano sont nombreux et diversifiés. </p>
<ul>
<li><strong>En personne</strong></li>
</ul>
<p>Apprendre le piano en personne est, bien entendu, la façon la plus traditionnelle d’apprendre cet instrument. </p>
<p>Les professeurs demandent normalement à leurs élèves de pratiquer quotidiennement, de manière autonome, quelques mesures, de peaufiner une partition déjà apprise, puis de présenter le fruit de leurs efforts lors du cours suivant. </p>
<p>Selon les approches préconisées par les professeurs, il peut y avoir une alternance entre les exercices techniques, les gammes, le solfège et les pièces musicales au fil des séances.</p>
<ul>
<li><strong>Par correspondance, avant l’avènement des cours à distance</strong></li>
</ul>
<p>Dans les dernières décennies, de nombreux cours ont été donnés à distance, par correspondance, y compris pour apprendre à jouer d’un instrument de musique. Ainsi, les personnes qui n’avaient pas accès à un professeur de piano pouvaient tout de même l’apprendre. Dans ce cas, elles recevaient leurs partitions de musique et leurs cassettes/DVD à écouter par la poste et pratiquaient individuellement. Après avoir suffisamment pratiqué de manière autonome, elles s’enregistraient afin de retourner une cassette à leur professeur et ainsi obtenir de la rétroaction sur leurs nouvelles cassettes de consignes. </p>
<ul>
<li><strong>En mode synchrone, par visioconférence</strong></li>
</ul>
<p>Durant la pandémie de Covid-19, divers types d’apprentissages relevant de la sphère des loisirs ont été proposés en ligne tels que des <a href="https://theconversation.com/la-danse-en-ligne-une-bouee-de-sauvetage-pour-les-danseurs-148968">cours de danse</a>, d’arts martiaux ou de musique. Ainsi, des cours de piano ont commencé à être donnés de façon synchrone, c’est-à-dire en direct, par l’entremise de la visioconférence. Pour certaines personnes, revoir leur professeur de piano fut bénéfique et motivant. Pour d’autres, la <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/260/200">visioconférence fut une barrière au côté humain et relationnel</a>. </p>
<p>À l’écran, la rétroaction donnée par le professeur de piano peut être plus difficile à cerner pour les élèves puisque le non verbal semble plus ardu à comprendre. Il est aussi plus difficile d’indiquer à l’élève comment placer ses mains adéquatement. Le professeur doit alors modéliser encore plus, et de façon différente, en fonction de cette situation d’apprentissage atypique. Le but est que l’élève pianiste puisse bien comprendre ce que le professeur est en train d’expliquer de l’autre côté de l’écran pour pouvoir finalement le reproduire.</p>
<p>L’enseignement par visioconférence peut être très déstabilisant : le professeur a moins de contrôle sur la situation. <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/201/198">L’effet enseignant est donc primordial ici, mais il est tout de même « dilué »</a> ; en effet, les rétroactions explicites et le renforcement positif peuvent s’avérer encore plus importants qu’en présentiel en raison de la distance physique. Les attentes du professeur doivent aussi être adaptées à la situation d’enseignement-apprentissage à distance. </p>
<p>Avec l’essoufflement de la pandémie, certains professeurs de piano ont proposé un mode de fonctionnement hybride, alternant le présentiel et le virtuel.</p>
<p>En visioconférence, le mode de fonctionnement pour l’élève reste cependant le même qu’en personne : pratiquer chaque jour et présenter le fruit de ses efforts la semaine suivante.</p>
<ul>
<li><strong>En mode asynchrone</strong></li>
</ul>
<p>Avec la pandémie, les cours de piano en ligne, de façon asynchrone, sont devenus populaires. Nous vous présentons ici l’exemple de l’<a href="https://www.academiegregory.com/">Académie Gregory</a>. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="des enfants jouent du piano en regardant une vidéo sur une tablette" src="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Apprendre le piano en ligne, c’est bien possible.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En 2017, bien avant l’arrivée de la Covid-19 dans nos vies, l’artiste aux multiples talents et pianiste Gregory Charles a créé une académie en ligne. Il s’agit d’une plate-forme pour les personnes qui désirent apprendre le piano à leur rythme. Son slogan : <em>tout ce qu’il nous faut pour jouer d’un instrument, ce sont des oreilles, des doigts et un cœur</em>. </p>
<p>Ce slogan peut sembler simpliste, mais il est surtout réaliste. Pourquoi ? Parce que la méthode utilisée par Gregory Charles (le <em>Gregory Piano System</em>) permet d’apprendre le piano de manière intuitive, sans savoir lire la musique. </p>
<p>La méthode traditionnelle liée à l’apprentissage de la musique demande d’abord d’apprendre à lire la musique sur une portée, en clé de sol et en clé de fa, de comprendre les notions de durée des notes, le rythme et les annotations musicales de base. Le fait de ne pas connaitre cette « littératie musicale » est souvent ce qui freine les gens à apprendre à jouer d’un instrument de musique.</p>
<p>L’Académie Gregory propose des cours pour débutants, intermédiaires ou avancés pour les enfants et les adultes. La structure proposée : 100 capsules de leçons vidéos par session et une pratique de 10 minutes par jour. <a href="https://youtu.be/ecHC9-skAaA">De petites bandelettes descendantes montrent sur quelles notes jouer</a> et comment jouer à partir des pièces musicales composées par l’artiste. Cette approche imite en quelque sorte le célèbre jeu <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Guitar_Hero_(video_game)">Guitar Hero</a>, créé en 2005, où les joueurs jouent de la musique en suivant les signaux lumineux. Ce mode de fonctionnement existe également sur YouTube ou sur différents sites web comme l’application <a href="https://yousician.com/lp/yousician">Yousician</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ecHC9-skAaA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">De petites bandelettes descendantes montrent sur quelles notes jouer et comment jouer à partir des pièces musicales composées par l’artiste.</span></figcaption>
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<p>Pour ceux qui savent déjà lire la musique, les partitions de toutes les pièces apprises pendant la session sont disponibles. Des capsules audios permettent également d’entendre intégralement les pièces. Il s’agit donc d’une méthode qui permet à qui le souhaite d’apprendre la musique, peu importe son âge ou son niveau. </p>
<p>Les principaux avantages du mode asynchrone sont la possibilité de regarder les capsules vidéos à toute heure de la journée (horaire flexible) et de les revoir autant de fois que désiré pour répéter. De plus, les cours asynchrones (par correspondance ou en ligne) permettent aux apprenants d’être moins stressés dans leur pratique puisque personne ne les regarde jouer.</p>
<h2>Apprendre le piano en ligne… est-ce possible ?</h2>
<p>Oui, à condition de faire preuve d’autonomie et d’assiduité dans ses apprentissages. </p>
<p>Une astuce pour éviter la procrastination peut être de mettre son cours ou sa pratique dans son emploi du temps et d’essayer de ne pas en déroger, car l’<a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/334">autorégulation</a> et la <a href="https://www.puq.ca/catalogue/livres/perseverance-abandon-formation-distance-4047.html">persévérance</a> sont les clés de tout apprentissage à distance. </p>
<p>Rappelons-nous que la musique apporte de nombreux bienfaits, peu importe l’âge. </p>
<p>Enfin, pour progresser en piano, que ce soit en présentiel ou en <a href="https://www.hellovirtuoso.com/blog/cours-piano-ligne">ligne</a>, il est nécessaire de pratiquer au moins 10 minutes par jour. Par contre, à ce jour, aucune recherche sérieuse ne semble avoir été réalisée pour savoir quel mode de fonctionnement prioriser. Il n’est donc pas possible de déterminer quelle <a href="https://www.hellovirtuoso.com/blog/methode-piano-debutant#:%7E:text=La%20m%C3%A9thode%20Alfred%20d%E2%80%99apprentissage,qui%20compl%C3%A8te%20l%E2%80%99apprentissage%20pratique">méthode</a> peut permettre d’apprendre le piano plus facilement ou de façon plus efficace. </p>
<p>Mais il s’agit certainement d’une question qui pourrait faire l’objet de l’une de nos recherches à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215032/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Gérin-Lajoie est professeur à l'Université TÉLUQ. Il y a agi à titre d'expert en formation à distance et y réalise des projets de recherche financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cathia Papi, Isabelle Carignan, Ph.D. et Marie-Christine Beaudry ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Apprendre le piano en ligne, est-ce possible ? Avec la pandémie, enfants, adolescents et adultes se sont tournés vers des méthodes moins traditionnelles pour apprendre la musique.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire en éducation, Université TÉLUQ Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Serge Gérin-Lajoie, Professeur, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2160272023-10-22T15:07:33Z2023-10-22T15:07:33ZMode, beauté, « effet rouge à lèvres » : ces comportements de consommation qui ont changé depuis le Covid<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554768/original/file-20231019-29-y0la2x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5599%2C3741&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En période de crise, les ventes de produits cosmétiques ont tendance à augmenter, un phénomène désigné comme un «&nbsp;effet rouge à lèvres&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/poudres-pulverisees-et-rouges-a-levres-de-couleurs-assorties-1377034/">Dan Cristian Pădureț / Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La pandémie mondiale liée au <a href="https://theconversation.com/topics/coronavirus-81702">coronavirus</a> a, comme pour bien d’autres secteurs, eu un impact considérable sur <a href="https://www.businessoffashion.com/reports/news-analysis/the-state-of-fashion-2022-industry-report-bof-mckinsey/">l’ensemble du monde de la mode</a>, modifiant le comportement des consommateurs, perturbant les chaînes d’approvisionnement et affectant les principales entreprises du secteur.</p>
<p>En <a href="https://theconversation.com/topics/crises-55191">période de difficultés économiques</a>, il a plusieurs fois par le passé suivi une dynamique assez atypique que les chercheurs ont nommée <a href="https://www.forbes.com/sites/pamdanziger/2022/06/01/with-inflation-rising-the-lipstick-effect-kicks-in-and-lipstick-sales-rise/">« effet rouge à lèvres »</a>. Une augmentation des ventes de <a href="https://theconversation.com/topics/cosmetiques-20977">cosmétiques</a> et de maquillage chez les femmes a en effet été observée lors de <a href="https://www.theguardian.com/business/2008/dec/22/recession-cosmetics-lipstick">crises</a> telles que la Grande Récession de 2007-2009 et même la Grande Dépression des années 1930.</p>
<p>Daniel MacDonald et Yasemin Dildar, chercheurs à l’Université de Californie, ont proposé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2214804319304884?via%3Dihub">trois hypothèses</a> explicatives. La première est psychologique : les femmes achèteraient plus de maquillage simplement parce qu’elles veulent se faire plaisir au milieu des difficultés. Une autre est de nature anthropologique : les femmes achètent plus de maquillage pour mieux attirer des partenaires. La dernière fait appel à des considérations touchant au marché de l’emploi : acheter plus de maquillage serait une stratégie pour augmenter ses chances d’être (meilleures) employées.</p>
<p>Qu’en a-t-il été en période de pandémie ? Selon un <a href="https://www.mckinsey.com/%7E/media/McKinsey/Industries/Consumer%20Packaged%20Goods/Our%20Insights/How%20COVID%2019%20is%20changing%20the%20world%20of%20beauty/How-Covid-19-is-changing-the-world-of-beauty-vF.pdf">rapport</a> du cabinet de conseil, McKinsey, on a pu relever, en France la semaine du 16 mars 2020, celle du premier confinement, une augmentation de <a href="https://www.mckinsey.com/%7E/media/McKinsey/Industries/Consumer%20Packaged%20Goods/Our%20Insights/How%20COVID%2019%20is%20changing%20the%20world%20of%20beauty/How-Covid-19-is-changing-the-world-of-beauty-vF.pdf">jusque 800 %</a> des ventes de savons de luxe par comparaison avec la même semaine en 2019. Il semble néanmoins difficile ici de distinguer ce qui relèverait des conséquences d’une promotion soudaine des gestes barrières d’un effet rouge à lèvres.</p>
<p>Au cours du mois d’avril toutefois, Zalando, leader électronique du secteur en Europe, a fait état d’un boom dans les catégories de produits de beauté pour le bien-être et les soins personnels ; les ventes de produits de soins pour la peau, les ongles et les cheveux ont augmenté de 300 % d’une année sur l’autre. Les ventes de produit de maquillage, effet du télétravail sans doute, s’orientaient, elles à la baisse. Les mêmes tendances ont été observées chez Amazon.</p>
<p>Nos <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/14707853231201856">travaux</a> se sont ainsi donnés pour objectif de creuser cet effet rouge à lèvres d’un genre nouveau.</p>
<h2>Changements des comportements du consommateur</h2>
<p>Certaines <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0969698920309814?via%3Dihub">recherches</a> ont mis en évidence un changement du comportement des consommateurs pendant la crise Covid. Ont été par exemple soulignés, des achats impulsifs ou hédoniques, un rejet des achats en magasin, une modification des dépenses discrétionnaires ou un intérêt croissant pour la façon dont les marques traitent leurs employés. À notre connaissance néanmoins, une seule <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0887302X211014973">étude</a> a exploré l’évolution des habitudes de consommation dans le secteur de la beauté, et plus précisément des vêtements, au moment de la pandémie de Covid.</p>
<p>Ses auteurs ont étudié 68 511 tweets collectés entre janvier 2020 et septembre 2020, révélant divers éléments. Les internautes parlent de problèmes de sécurité (expédition depuis la Chine, virus sur les vêtements, vêtements de protection, désinfection des vêtements), de perturbations de la consommation (préoccupations concernant les services de revente et de location, inquiétudes concernant l’achat de vêtements spéciaux, inquiétudes concernant les achats en magasin, inquiétudes concernant l’expédition), demandes refoulées (arrêt ou report des achats, désir de soldes). Ils évoquent aussi une transition de la consommation (prise de poids et « rétrécissement des vêtements »), des changements d’habitude (style vestimentaire, désencombrement et don, sensibilisation à l’éthique) et de consommation (adaptation à un nouveau style vestimentaire, digitalisation).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1683902003653509120"}"></div></p>
<p>Notre <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/14707853231201856">projet de recherche</a> visait ainsi à explorer un potentiel effet rouge à lèvres Covid, à partir de trois études explorant l’impact à long terme de la pandémie sur les pratiques d’achats vestimentaires et de beauté.</p>
<h2>Un effet autocentré</h2>
<p>Dix-sept participants (neuf femmes et huit hommes), tous étudiants ont été recrutés pour notre première étude. Nous avons choisi exclusivement des étudiants sans responsabilité professionnelle ni présence familiale afin d’observer des pratiques de la mode pendant le confinement isolées de toute pression parentale ou managériale.</p>
<p>Les résultats suggèrent un impact potentiel des deux confinements sur les pratiques de mode et de beauté chez les femmes mais pas chez les hommes : les participantes ont passé beaucoup de temps à explorer leur relation avec les vêtements et les produits de beauté afin de mieux aligner leurs pratiques sur elles-mêmes, tandis que les étudiants de sexe masculin n’ont pas modifié leurs pratiques en matière de mode.</p>
<p>Pour approfondir cette intuition, nous avons recruté 111 étudiantes, lesquelles ont été invitées à compléter des questionnaires décrivant leur pratique vestimentaire, d’estime de soi et de bien-être avant la pandémie Covid et depuis le début de pandémie. Ils montré qu’elles choisissaient des couleurs plus vives et une gamme de couleurs plus large ainsi que des textures et des vêtements favorisant la mobilité. Une troisième étude sur le maquillage a souligné que les participantes en utilisaient une quantité moindre et moins fréquemment depuis le début de la pandémie.</p>
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<p>Notre recherche a mis en évidence, pour la première fois, un type spécifique de l’effet « rouge à lèvres », à savoir « l’effet rouge à lèvres autocentré » spécifique à la crise sanitaire Covid. Nos résultats ont confirmé que les participantes utilisaient moins de produits de maquillage mais aussi ont montré qu’elles portaient des vêtements différents pour mieux refléter leur identité authentique, leur « moi », une des réponses des consommateurs face à cette crise sanitaire. C’est un facteur d’explication de l’augmentation des ventes de produits de beauté pendant et post-Covid focalisées sur les produits cosmétiques, naturels, et/ou à faire soi-même.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216027/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurore Bardey ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On observe généralement en période de crise une hausse qui peut sembler paradoxale des dépenses en produit de beauté. Le phénomène a toutefois pris un tour nouveau pendant le Covid.Aurore Bardey, Associate Professor in Marketing, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2138172023-10-19T13:21:38Z2023-10-19T13:21:38ZChangements climatiques, pandémie : les scientifiques devraient pouvoir informer le public librement<p><a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/06/l-ete-2023-le-plus-chaud-jamais-mesure-marque-par-une-litanie-impressionnante-d-evenements-climatiques-extremes_6188157_3244.html">Les évènements climatiques récents</a> et la pandémie ont mis en lumière le besoin de mettre en œuvre des politiques préventives et d’adaptation. Comment s’y prendre ? Notamment, en s’appuyant sur les preuves scientifiques disponibles. L’annonce par Québec le 11 septembre dernier de la création d’un comité d’experts sur l’adaptation aux changements climatiques <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009380/adaptation-changements-climatiques-comite-experts?depuisRecherche=true">s’inscrit dans un tel objectif</a>.</p>
<p>Toutefois, plusieurs obstacles empêchent une meilleure contribution des scientifiques à la formulation de ces politiques. S’il va de soi que la science se doit d’informer l’assentiment populaire sans toutefois le remplacer, celle-ci devrait toutefois disposer d’une place de choix dans le débat politique. Pourtant, la science est souvent subordonnée à la parole politique, voire instrumentalisée. <a href="https://theconversation.com/decrochage-de-la-population-aux-mesures-sanitaires-une-sante-publique-plus-autonome-est-necessaire-176629">La pandémie</a>, les <a href="https://theconversation.com/climat-comment-lindustrie-petroliere-veut-nous-faire-porter-le-chapeau-213142">changements climatiques</a>, ou les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009928/environnement-doug-ford-rapport-chaleur-feux?depuisRecherche=true">récents déboires du gouvernement Ford en Ontario le démontrent</a>.</p>
<p>L’absence d’institutions scientifiques publiques autonomes en est l’une des raisons principales. En effet, le modèle démocratique de contrôle de l’administration implique dans la pratique que les organisations scientifiques publiques agissent sous le contrôle des représentants élus. Concrètement, cela signifie que des institutions comme l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ne peuvent pas librement communiquer leurs recommandations au public, et donc participer pleinement au débat politique.</p>
<p>Doctorants en science politique, nos recherches portent sur l’utilisation de la science dans les politiques publiques. Dans cet article, nous apportons un éclairage sur les conséquences découlant de l’absence d’autonomie de la part des institutions scientifiques publiques, tant au Québec qu’aux États-Unis. Nous argumentons en conséquence pour la mise en place de procédures simples qui pourraient y remédier.</p>
<h2>L’influence de l’organisation du conseil scientifique sur les choix politiques</h2>
<p>Dans un premier temps, nos recherches sur la pandémie démontrent que l’organisation du conseil scientifique – c’est-à-dire la sélection des experts, leurs disciplines, et leur niveau de transparence et d’autonomie – a des implications concrètes sur la formulation des politiques publiques. En effet, une discipline scientifique dispose d’une vision encadrée par les méthodes, et les valeurs, de cette discipline. Et il en va de même pour les scientifiques. </p>
<p>Par exemple, durant la pandémie, le conseil scientifique suédois a été organisé autour de l’agence de santé publique, laquelle disposait d’une forte autonomie dans la formulation des politiques sanitaires. Or, le chef épidémiologiste de l’agence, A. Tegnell, avait lui-même participé à des publications, plusieurs années auparavant, dans lesquelles il <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19628172/">reconnaissait les incertitudes entourant des mesures sévères comme la fermeture des écoles dans un contexte de pandémie</a>.</p>
<p>L’approche d’A. Tegnell consistait à trouver un équilibre, en termes de santé publique, entre les effets délétères de politiques extrêmes, et ceux du virus sur la population ; ce qui a impliqué des mesures moins sévères qu’ailleurs dans le monde. <a href="https://www.cirst.uqam.ca/nouvelles/2021/ecouter-la-science-dans-la-conception-des-politiques-publiques-de-lutte-contre-la-Covid-19-le-cas-de-la-fermeture-des-ecoles-au-quebec-et-en-suede/">Pour Tegnell, davantage de preuves scientifiques étaient nécessaires pour justifier une telle sévérité</a>. On voit ici que l’organisation du conseil scientifique autour de Tegnell, et l’autonomie dont jouissait son agence, n’a pas été sans conséquence sur le choix politique. </p>
<p>Or, la création d’un groupe d’experts au Québec sur les changements climatiques pourrait avoir des implications similaires. D’une part, qui seront ces scientifiques ? On parle des « meilleurs experts reconnus en la matière », alors que <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009380/adaptation-changements-climatiques-comite-experts?depuisRecherche=true">l’identité de ces derniers n’est pas encore connue</a>. Et d’autre part, quel niveau d’autonomie caractérisera ce groupe ? Pourra-t-il communiquer librement au grand public ? Ces points méritent d’être éclaircis.</p>
<p>Dans les faits, le secret politique pèse lourd. L’Ontario a par exemple été récemment accusé d’avoir passé sous silence un rapport scientifique sur les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2009928/environnement-doug-ford-rapport-chaleur-feux?depuisRecherche=true">conséquences des changements climatiques</a>. Durant la pandémie, les recommandations de la Santé publique du Québec ont manqué de transparence, et ont <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1851196/msss-revue-editeur-predateur-publication-scientifique">parfois difficilement justifié certaines mesures comme le couvre-feu</a>. Ceci implique de repenser nos institutions. </p>
<h2>L’utilisation de la science au service des intérêts privés</h2>
<p>Du côté des États-Unis, nos recherches soulignent l’impact des intérêts économiques sur les politiques d’adaptation. En Louisiane, un état républicain et conservateur, les dirigeants politiques au Sénat et à la Chambre des représentants se gardent de reconnaître l’existence des changements climatiques et leur impact sur l’immense perte de territoire et l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, incendies de forêt). </p>
<p>Les politiques actuelles visent plutôt à rétablir les processus naturels de sédimentation pour ralentir l’érosion des côtes de <a href="https://climatoscope.ca/article/reconstruire-ou-partir-les-defis-de-ladaptation-en-louisiane/">manière à préserver leur capacité à soutenir la production de pétrole et de gaz</a>. La légitimation de cette stratégie d’adaptation – la <a href="https://revuelespritlibre.org/le-controle-de-leau-en-louisiane-entre-repere-identitaire-et-menace-existentielle">restauration</a> – se fait par l’utilisation d’un discours scientifique et technique axé exclusivement sur les processus naturels du delta. Par ce biais, on ignore la science climatique et ses causes, en particulier le rôle des énergies fossiles dans l’accélération des dérèglements environnementaux et climatiques. </p>
<p>Cette sélectivité scientifique empêche l’évocation <a href="https://www.wwno.org/coastal-desk/2022-03-03/climate-change-could-prove-more-deadly-in-louisiana-without-immediate-action-report-says">d’autres options</a> d’adaptation, comme la relocalisation des populations côtières ou l’atténuation des changements climatiques. La compréhension du public quant aux effets à long terme des changements climatiques se voit ainsi brimée. </p>
<h2>Un déni partisan</h2>
<p>En argumentant que « la science » est de leur côté, même si elle ignore celle des changements climatiques, les décideurs empêchent le questionnement de leurs politiques. « La science montre que c’est la seule manière de nous sauver », proclame régulièrement le président de l’agence environnementale louisianaise. </p>
<p>Cette agence utilise un discours scientifique biaisé de manière à obtenir le soutien des républicains climatosceptiques au Sénat et à la Chambre des représentants. En évitant de contester l’influence des énergies fossiles dans le problème climatique, l’objectif est de dépolitiser l’adaptation et de la soustraire du débat public en brandissant le caractère rationnel de leurs politiques. </p>
<p>La recherche montre que le déni du changement climatique aux États-Unis <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1111/j.1533-8525.2011.01198.x">est fortement partisan</a> et qu’il s’appuie sur une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09644016.2016.1189233">« chambre d’écho » antiréflexive</a> d’outils politico-culturels conservateurs et néolibéraux. L’anti-réflexivité est <a href="https://doi.org/10.1177/0263276409356001">définie par les chercheurs Aaron McCright et Riley Dunlap</a> comme un contre-mouvement des républicains et conservateurs américains visant à préserver le système capitaliste productiviste de sa remise en question par la science climatique et les mouvements environnementaux.</p>
<p>Ces discours scientifiques antiréflexifs entretiennent l’ambiguïté sur la science climatique et sur l’impact de la production des énergies fossiles. Pire encore, ils encouragent l’ignorance et l’inaction et provoquent une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/03623319.2020.1848294">« adaptation agnostique »</a>, à savoir une adaptation dénuée de toute croyance dans les changements climatiques. </p>
<h2>Pour la création d’institutions scientifiques publiques autonomes</h2>
<p>Le public devrait pouvoir être librement informé par les scientifiques.</p>
<p>Or, l’inexistence dans le paysage politique d’institutions scientifiques publiques autonomes l’en empêche, et non sans conséquences. Durant la pandémie, elle a eu un <a href="https://theconversation.com/decrochage-de-la-population-aux-mesures-sanitaires-une-sante-publique-plus-autonome-est-necessaire-176629">effet négatif sur l’adhésion de la population, qui a commencé à questionner la légitimité des experts</a>. Dans le cas des changements climatiques, l’instrumentalisation du discours scientifique restreint le débat public, et dépolitise les enjeux climatiques au profit de la satisfaction d’intérêts privés. </p>
<p>Nous proposons donc d’étendre l’autonomie d’institutions scientifiques publiques comme l’INSPQ. D’une part, en instaurant la possibilité de communiquer librement leurs recommandations au public, en dehors de toute tutelle. Et d’autre part, en permettant la formulation de demandes citoyennes de rapports ou de recommandations scientifiques de la part du public sous la forme de pétitions. </p>
<p>Ceci permettrait d’ajouter une « troisième voix » au débat politique, qui informerait le débat en permettant au public de faire un choix libre et éclairé. Mais cela permettrait également d’apporter un discours alternatif au discours partisan et à la polarisation, sans pour autant le remplacer. </p>
<p>Des auteurs comme Zynep Pamuk proposent également la création de <a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691218939/politics-and-expertise">« tribunaux scientifiques » composés d’experts et de citoyens</a>. Ces tribunaux saisis par initiative citoyenne statueraient sur des problèmes publics mobilisant des connaissances scientifiques, comme la pandémie ou les changements climatiques. Suivant le modèle judiciaire, un jury composé de citoyens voterait sur une proposition de politiques publiques – par exemple, devrions-nous interdire la voiture à essence en ville ? – au terme d’une procédure contradictoire impliquant des vues opposées d’experts dans le domaine. </p>
<p>Si ces solutions ne sont pas à écarter, bâtir sur des institutions préexistantes et leurs solides expertises en leur offrant une place plus importante dans le débat apparaît une solution réalisable à court terme, et qui étendrait à la science le principe démocratique. </p>
<p>Une solution qui tirerait les leçons des crises récentes, dont la pandémie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213817/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Lemor a reçu un financement du Fond de recherche du Québec société et culture (FRQSC) dans le cadre de sa thèse de doctorat.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sarah Munoz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il n’existe pas d’institution scientifique publique autonome dans le débat politique. Quelles en sont les conséquences, en contexte de pandémie et de changements climatiques ?Antoine Lemor, Candidat au doctorat en science politique et chargé de cours / Political science PhD candidate and lecturer, Université de MontréalSarah M. Munoz, Doctoral researcher in political science / Doctorante en science politique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2147782023-10-10T21:20:33Z2023-10-10T21:20:33ZEnseigner en France, en Espagne, au Royaume-Uni : un bien-être professionnel qui se dégrade ?<p>Le Baromètre international de la santé et du bien-être des personnels de l’éducation (I-BEST) a pour objectif de mieux connaître les conditions de travail et le ressenti des personnels de l’éducation. Il a été mis en place en 2021 par le Réseau Éducation et Solidarité (RES) et la Fondation d’entreprise pour la santé publique (FESP), avec l’appui de l’Internationale de l’Éducation et la Chaire Unesco « ÉducationS et Santé », dans une finalité de promotion de la santé globale, et avec l’idée que l’équilibre physique et mental de ces professionnels est une condition essentielle d’une éducation de qualité.</p>
<p>En 2021, après 18 mois de pandémie, la <a href="https://www.educationsolidarite.org/nos-actions/barometre-international-de-la-sante-du-personnel-de-leducation/">première édition d’I-BEST</a> avait objectivé <a href="https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-met-la-sante-du-personnel-enseignant-sous-haute-tension-171620">l’épuisement des enseignants à travers le monde</a>. Deux ans plus tard, la deuxième édition du Baromètre s’est élargie à 11 territoires repartis sur 4 continents et plus de 26 000 personnels de l’éducation ont répondu à l’enquête en ligne. Parmi eux, 9 595 enseignent en France, 2 723 en Espagne et 2 524 au Royaume-Uni, trois pays d’Europe géographiquement et économiquement proches, mais avec des cultures différentes, et dont la langue est un marqueur fort.</p>
<p>Au sortir de la crise Covid-19, alors que l’année scolaire 2022-2023 <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000381091">marque pour l’école dans son fonctionnement un certain retour à la normale</a>, qu’en est-il du ressenti des enseignants en Europe ? Selon les territoires, leurs ressentis sont-ils similaires, nuancés ou franchement contrastés ?</p>
<h2>Des enseignants qui travaillent 40h par semaine en moyenne</h2>
<p>Sept enseignants sur dix sont des femmes dans les échantillons français, espagnol et britannique, ce qui reflète la féminisation très large du secteur de l’éducation en Europe. Les profils des enseignants des trois pays sont également similaires en âge et niveau d’enseignement (Figure 1), tout comme leur cadre de travail, avec des distributions assez proches en ce qui concerne la taille de l’établissement, le caractère urbain-rural du quartier environnant, le niveau de sécurité perçue au quotidien ou encore les temps de trajet domicile-travail.</p>
<p>L’Espagne se distingue toutefois par des classes plus souvent petites (moins de 20 élèves) et par une relative insatisfaction vis-à-vis des locaux et des conditions matérielles.</p>
<p>Le temps de travail effectif par semaine apparait partout important, supérieur en moyenne à 40 heures hebdomadaires, et même 48 heures au Royaume-Uni. Parallèlement, les enseignants britanniques se révèlent moins satisfaits de l’autonomie dans leur travail et de leurs relations professionnelles tant en équipe qu’avec la hiérarchie. Les réponses en France vont aussi dans le sens d’une crispation avec la hiérarchie, alors que le travail en équipe y est jugé plus favorablement.</p>
<p>En ce qui concerne les possibilités de formation, d’évolutions et le salaire, des trois pays, l’insatisfaction est systématiquement la plus répandue en France (Figure 2).</p>
<p>Avec plus d’un quart des enseignants concernés, la proportion de personnels victimes de violence au travail dans les 12 derniers mois est partout préoccupante : 25 % en Espagne, 27 % au Royaume-Uni, et 35 % en France.</p>
<p>L’équilibre vie professionnelle/vie personnelle est jugé un peu plus défavorablement en France et au Royaume-Uni qu’en Espagne : 6 enseignants sur 10 y sont insatisfaits de cet aspect contre 5 sur 10 en Espagne. Pourtant, une plus forte proportion d’enseignants espagnols sont amenés à apporter, en plus de leur travail, un soutien régulier à un proche : 7 sur 10 en Espagne, versus 1 sur 2 en France et au Royaume-Uni.</p>
<h2>Des indicateurs de santé au travail contrastés</h2>
<p>Les enseignants espagnols apparaissent un peu plus satisfaits globalement de leur travail que ceux de France ou du Royaume-Uni (Figure 3). Dans ces deux pays, moins d’un enseignant sur deux est « d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec l’affirmation « Dans l’ensemble, mon travail me donne satisfaction » contre plus de 7 sur 10 en Espagne. À noter que les enseignants en France déplorent quasi systématiquement une faible valorisation sociétale du métier : 97 % contre 86 % en Espagne et 84 % au Royaume-Uni.</p>
<p>Néanmoins, et faisant écho à la réserve des enseignants espagnols vis-à-vis de leurs conditions matérielles de travail, la proportion de ceux ayant été dans l’impossibilité de travailler à cause d’un problème de voix dans l’année écoulée est sensiblement plus élevée dans le pays : 41 % en Espagne, 26 % en France et 19 % au Royaume-Uni.</p>
<p>L’état de santé général des enseignants se maintient à un niveau favorable, avec un taux similaire dans les 3 pays de plus de 8 enseignants sur 10 qui le qualifient positivement. L’évaluation du bonheur, de la santé mentale et du sommeil est plus contrastée : ainsi les enseignants se situent sur une échelle de bonheur dans la vie plutôt positivement en Espagne (61 % de satisfaits), de manière intermédiaire au Royaume-Uni (53 %) et plus négativement en France (49 %).</p>
<p>La santé psychologique des enseignants apparait d’ailleurs fragilisée en France, et dans une moindre mesure au Royaume-Uni, avec près d’un personnel sur 2 qui y rapporte ressentir souvent, très souvent ou toujours des sentiments négatifs ; de même pour l’insatisfaction vis-à-vis du sommeil (Figure 4).</p>
<h2>Outils numériques : une bonne adhésion mais une pointe d’ambivalence</h2>
<p>Dans l’enseignement européen, la mise à disposition à titre professionnel d’outils numériques (ordinateur, tablette, connexion Internet…) apparait inégale selon les pays, les enseignants britanniques bénéficiant globalement de taux d’équipement meilleurs et la France de moins bon (Figure 5). En miroir, le taux d’utilisation systématique du matériel numérique personnel pour le travail va de 23 % au Royaume-Uni à 55 % en France.</p>
<p>Dans les trois pays, les outils numériques font partie du quotidien enseignant et l’adhésion est globalement bonne, puisque partout, au moins 8 enseignants sur 10 s’estiment à l’aise avec les outils numériques et considèrent qu’ils leur facilitent le travail. Cependant, tant en France qu’en Espagne et au Royaume-Uni, 4 enseignants sur 10 estiment que les outils numériques sont une source de stress. L’opinion est également partagée sur l’impact du numérique sur les relations avec les élèves et les familles : plus de 4 enseignants sur 10 dans les trois pays (même 6 sur 10 en France) expriment une réserve sur ce point.</p>
<h2>Des pistes d’amélioration différentes selon le pays</h2>
<p>I-BEST nous livre, en 2023, un tableau nuancé du bien-être professionnel et général des enseignants en France, au Royaume-Uni et en Espagne, mettant en lumière des marges de progression spécifiques au territoire.</p>
<p>Dans les trois pays, la lutte contre la violence à l’école et une meilleure valorisation du métier d’enseignant sont à renforcer. Mais aussi, l’accent gagnerait à être mis :</p>
<ul>
<li><p>en Espagne, sur les conditions matérielles d’enseignement, les possibilités d’évolution de carrière et la prévention des troubles de la voix ;</p></li>
<li><p>au Royaume-Uni, sur la charge de travail, les relations professionnelles, l’autonomie et l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle ;</p></li>
<li><p>et en France, sur les possibilités de formation et d’évolutions de carrière, le salaire, l’amélioration de la relation avec la hiérarchie, et toujours, l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle.</p></li>
</ul>
<p>Un meilleur accompagnement médical de la santé professionnelle est aussi une piste à considérer au Royaume-Uni et en France, alors que 95 % des enseignants de ces deux pays ne voient jamais la médecine du travail, contre 45 % en Espagne (dans ce pays, un tiers des enseignants bénéficie d’une consultation annuelle).</p>
<p>Étant donné les retombées sociétales majeures à court ou plus long-terme de la santé des enseignants, alors que le bien-être est indispensable au bien-faire, suivre les évolutions au plus près du terrain doit rester une priorité afin d’identifier de manière réactive les pistes d’amélioration.</p>
<hr>
<p><em>Remerciement : le Réseau Éducation et Solidarité et tous ses partenaires pour la mise en œuvre d’I-BEST ; Nathalie Billaudeau pour les statistiques et les figures ; Nathalie Billaudeau, Pascale Lapie-Legouis, Karim Ould-Kaci, Ange-Andréa Lopoa et Morgane Richard.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214778/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Noël Vercambre-Jacquot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment les enseignants se sentent-ils dans leur métier alors que l’année scolaire 2022-2023 marque un certain retour à la normale ? Quelques éléments de réponse avec le baromètre I-BEST 2023.Marie-Noël Vercambre-Jacquot, Chercheur épidémiologiste, Fondation d'entreprise pour la santé publiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2082072023-09-21T16:31:27Z2023-09-21T16:31:27ZL’antivax, cet ennemi trop fantasmé<p>La pandémie de Covid-19 a suscité un grand intérêt pour ce qu’on appelle « l’hésitation vaccinale », non seulement de la part des autorités et des experts, mais aussi d’un public soucieux de mettre fin à la pandémie. La figure de l’« antivax », souvent représenté comme un être profondément irrationnel, complotiste, chevillé aux réseaux sociaux, s’est érigée comme un épouvantail, s’inscrivant dans l’imaginaire collectif.</p>
<p>Cette image caricaturale <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2019-2-page-221.htm">sert souvent de miroir</a> à celles et ceux qui se revendiquent de la méthode scientifique. En sachant qui sont nos adversaires, nous pouvons mieux identifier qui nous sommes…</p>
<p>Pourtant, de nombreuses enquêtes d’opinion ont tenté d’identifier les attitudes du public par rapport à la vaccination et de peindre cette réalité sous un jour plus nuancé. Nous avons contribué à ces efforts, notamment à travers le <a href="https://motivationbarometer.com/">« baromètre de la motivation »</a>, une recherche de grande ampleur menée en Belgique pendant toute la durée de la pandémie.</p>
<p>Sur base de l’expérience acquise dans ce cadre, et plus largement sur foi de la littérature récente sur ces questions en sciences psychologiques, nous aimerions tirer quelques leçons dans le domaine de la psychologie de la vaccination.</p>
<h2>De « l’antivax » à « l’hésitant vaccinal »</h2>
<p>L’hésitation vaccinale correspond au fait de refuser de se faire vacciner, ou de tarder à le faire, en dépit de la disponibilité d’un vaccin. Il s’agit donc souvent d’un comportement « par omission », ce qui le rend d’autant plus difficile à cerner pour les psychologues.</p>
<p>En effet, ce non-comportement peut découler d’une variété de facteurs qui ne correspondent pas forcément à une opposition radicale à la vaccination, comme tendrait à le suggérer l’image caricaturale de l’antivax évoquée plus haut.</p>
<p>On peut, par exemple, être favorable au principe de la vaccination, mais ne pas se faire vacciner (ou ne pas faire vacciner son enfant) pour des raisons logistiques : manque de temps, infrastructures non disponibles, difficultés de mobilité… Ou encore parce qu’on se sent <a href="https://europepmc.org/article/ppr/ppr552049">« peu à risque »</a>, parce que l’on a l’impression que « ça ne sert à rien », etc.</p>
<p>Par ailleurs, certaines personnes sont opposées à un vaccin spécifique, mais pas à un autre. D’autres peuvent considérer que le vaccin est sûr pour la plupart des gens, mais pas pour elles (étant donné leur histoire médicale ou leurs expériences précédentes…). Bref, ce qu’on appelle l’hésitation vaccinale correspond à des réalités psychologiques fort variées.</p>
<p>Ce préalable étant posé, est-il légitime d’associer hésitation vaccinale et conspirationnisme ?</p>
<h2>Les hésitants vaccinaux sont-ils des complotistes ?</h2>
<p>Une vaste <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352250X22001105">étude</a> internationale révèle un lien solide entre l’adhésion à des théories du complot sans rapport direct avec la vaccination (par exemple, à propos de la mort de Lady Di) et l’hésitation vaccinale.</p>
<p>Comment interpréter une telle association ? Il est tentant de voir le conspirationnisme comme la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953622002325">source des attitudes d’opposition à la vaccination</a>. Après tout, la vaccination de masse est une vaste entreprise impliquant de nombreuses institutions et organisations (industries pharmaceutiques, organes de veille sanitaire, médecins…) qui ont le don de susciter la méfiance des personnes attirées par des théories du complot.</p>
<p>Toutefois, à l’inverse, l’adhésion à des théories conspirationnistes permet aussi de rationaliser le refus de se faire vacciner. En d’autres termes, on se trouve face au problème de « l’œuf ou la poule » : si l’hésitation vaccinale peut découler du conspirationnisme, ce dernier peut aussi justifier la non-vaccination a posteriori.</p>
<p>Il se peut ainsi que l’on hésite à se faire vacciner en <a href="https://theconversation.com/us/topics/needle-phobia-31925">raison de la peur des seringues, très commune</a>. Dans le cas d’une telle crainte – bien ancrée, mais dont on admettra aisément le caractère irrationnel, les supposées manigances de « Big Pharma » peuvent agir comme un paravent utilisé pour masquer une réelle panique à l’idée de voir une aiguille pénétrer dans ses muscles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo d’une personne en train de recevoir une injection" src="https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La crainte des piqûres peut dans certains cas expliquer l’hésitation vaccinale, sans que cette motivation soit clairement exprimée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/jWPNYZdGz78">Steven Cornfield/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span>
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</figure>
<p>La question de la poule et de l’œuf n’est donc pas toujours évidente à démêler quand on envisage les relations entre vaccination et complotisme. Cependant, une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/19485506231181659">étude récente</a> suggère que la fonction de rationalisation jouée par le conspirationnisme est plus importante que celle de déterminant.</p>
<p>Bref, il serait simpliste de réduire les causes de l’hésitation vaccinale au conspirationnisme.</p>
<h2>Croire et « croiver »</h2>
<p>Lorsque les gens expriment leur positionnement par rapport à la vaccination, ou par rapport à une théorie conspirationniste, ils ne font pas que révéler une attitude fermement ancrée. Ils expriment aussi la façon dont ils se situent dans leur univers social. Dire « je suis contre la vaccination », peut signifier « je suis libre »/« je ne me laisserai pas faire ». On l’oublie souvent : les attitudes ont une fonction expressive.</p>
<p>Sur la base d’entretiens menés dans un quartier populaire bruxellois, le sociologue Renaud Maes constate que l’opposition à la vaccination chez les jeunes reflète en fait une <a href="https://revuenouvelle.be/La-spirale-de-la-desaffiliation">forme de défiance vis-à-vis du monde médical</a> (qui facturerait des soins non nécessaires) et des autorités (qui chercheraient à les surveiller).</p>
<p>Imaginons quelqu’un qui réponde « tout à fait d’accord » à l’affirmation « les vaccins à ARN messager sont dangereux », dans un questionnaire. Cela reflète-t-il une croyance ? Sebastian Dieguez <a href="https://eliotteditions.fr/10-croiver/">propose</a> la distinction entre « croire » et « croiver » pour caractériser la différence entre deux sens possibles de ce verbe : comme conviction de l’existence d’une réalité (penser que ces vaccins sont effectivement dangereux) d’une part, comme posture manifestant une identité (par ex. son refus d’être un « mouton ») d’autre part.</p>
<p>Ces deux postures n’appellent pas les mêmes réponses. Pour démonter une « croyance », on pourra s’armer de faits. En revanche, s’attaquer à une « croivance » demandera d’en identifier les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0963721420969364">racines</a>. À quelle motivation plus profonde répond l’expression de cette affirmation ? Est-il possible de concilier cette motivation et la vaccination (qui, après tout, n’est ici qu’un prétexte) ?</p>
<p>Bien sûr, plutôt que de voir la croyance et la « croivance » comme des réalités dichotomiques, on peut les envisager comme les extrêmes d’un continuum.</p>
<h2>Réactance</h2>
<p>Nous n’avons pas pris l’exemple de l’affirmation « je suis libre » au hasard. Ce qu’on appelle la réactance ou la volonté d’affirmer sa liberté, en réagissant à des injonctions visant à la contraindre, est une des variables psychologiques les <a href="https://psycnet.apa.org/buy/2018-03974-001">plus intimement associées</a> à l’hésitation vaccinale.</p>
<p>À bien des égards, l’opposition à la vaccination est, pour certains de celles et ceux qui la revendiquent, analogue au comportement du célèbre manifestant chinois bravant seul une colonne de chars sur la place Tien Anmen, en 1989…</p>
<p>La théorie de la <a href="https://books.google.be/books?id=6ZxGBQAAQBAJ">réactance</a> postule que les individus sont attachés à leur liberté et sont dès lors susceptibles de réagir à des messages vécus comme contraignant celle-ci de façon opposée à ce que prescrivent ces messages. Ce faisant, ils espèrent recouvrer leur liberté menacée.</p>
<p>Une <a href="https://psycnet.apa.org/record/2018-03974-001">étude menée dans 24 pays</a> montrait en 2018 que la tendance à la réactance était l’un des principaux corrélats psychologiques des attitudes d’opposition à la vaccination. Une autre met en évidence que cette réactance explique fort bien les <a href="https://iaap-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/aphw.12285">réponses de personnes hésitantes à des politiques d’obligation vaccinale</a>.</p>
<p>Exprimer des attitudes ou croyances contraires à des normes vécues comme contraignantes peut ainsi répondre à une telle motivation. On se situera alors clairement, là encore, dans le domaine de la « croivance ». À la lumière de ces résultats, les travaux sur la réactance et sur la réalité de l’effet de retour de flamme gagneraient à être davantage intégrés pour mieux appréhender l’impact des attitudes vaccinales sur la réaction aux messages de santé.</p>
<h2>L’hésitation vaccinale : une attitude fluctuante</h2>
<p>Lorsqu’on consultait les <a href="https://motivationbarometer.com/fr/portfolio-item/18-vaccinatiebereidheid-en-motivatie/">résultats</a> du baromètre de motivation en décembre 2020, alors que le vaccin n’était pas disponible, il était légitime de s’interroger sur l’enthousiasme de la population belge à se faire vacciner (le même constat s’applique dans de <a href="https://www.mdpi.com/2076-393X/9/8/900">nombreux pays</a>). Une proportion considérable de répondants hésitait ou s’opposait à la vaccination.</p>
<p>En revanche, lorsque nous avons interrogé ces mêmes personnes <a href="https://motivationbarometer.com/fr/rapporten-2/">quelques mois plus tard</a>, la plupart manifestaient des attitudes bien plus favorables. C’était un cas classique de « bandwagoning » (« prise du train en marche ») : à mesure que les personnes de leur entourage se faisaient vacciner, bon nombre d’hésitants de la première heure tendaient à faire de même. Pourquoi ?</p>
<p>L’influence du comportement des autres membres de sa communauté joue ici un rôle capital. Dans une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10410236.2021.1973702">étude</a> ingénieuse, les auteurs ont présenté un site web de prise de rendez-vous en vue d’une vaccination. Selon la condition, soit 25 %, soit 75 % des places étaient déjà prises.</p>
<p>Les répondants s’inscrivaient bien davantage dans cette dernière condition.</p>
<p>Les normes sociales – ce que les membres de notre groupe font ou jugent désirable de faire – jouent un rôle déterminant dans nos attitudes. En situation d’incertitude, elles sont un puissant guide, une preuve sociale, permettant d’orienter nos conduites. Pour vous en convaincre, imaginez-vous en présence d’une foule s’enfuyant devant un nuage de fumée dont vous ignorez l’origine. Ne serez-vous pas tenté de courir avec elle ?</p>
<p>Et de fait, des <a href="https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/bjhp.12550">études récentes</a> montrent que le lien entre conspirationnisme et l’intention de se faire vacciner s’annulait si on prenait en compte les normes perçues. Autrement dit, si on croit que son entourage trouve important de se faire vacciner, on se fait vacciner bien plus, quel que soit le niveau de conspirationnisme. Ce dernier ne prédit l’intention de se faire vacciner que lorsque l’on ne perçoit pas de norme provaccination dans son entourage.</p>
<h2>Rapport à la science et attitudes vaccinales</h2>
<p>Étant donné les résultats spectaculaires de la vaccination, qui constitue l’une des réponses les plus efficaces apportées par la science pour lutter contre les maladies infectieuses, on peut se demander si l’opposition à la vaccination se nourrit d’un manque de culture scientifique.</p>
<p>Une fois encore, la réponse à cette question est plus nuancée qu’il n’y paraît. Certes, l’adhésion à des systèmes de croyances concurrents peut expliquer en partie les attitudes d’opposition à la vaccination. Ainsi l’adhésion à certaines croyances religieuses, telle que la providence divine, <a href="https://www.editions-vendemiaire.com/catalogue/collection-chroniques/antivax-francoise-salvadori-et-laurent-henri-vignaud/">a pu jouer un rôle</a> dans la résistance à la vaccination (et continue à le faire dans certaines communautés).</p>
<p>En Occident, d’un autre côté, une forme de spiritualisme laïque, selon lequel seule l’expérience personnelle, voire l’intuition, seraient plus « vraies » que des propositions générales et abstraites, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X22014633">semble autrement plus important</a>. Son effet sur la vaccination s’explique par une confiance plus faible dans la science.</p>
<p>Dans le même temps, de nombreuses personnes opposées à la vaccination manifestent une véritable foi en la science et <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2019-2-page-221.htm?ref=doi">se réclament de celle-ci</a> pour justifier leurs attitudes. Dans leur esprit, la pratique de la science aurait été pervertie par des intérêts financiers ou politiques. Celles et ceux qui promeuvent la vaccination (des experts universitaires aux autorités) ne pratiqueraient donc pas une science « neutre » et « véritable », dont eux se revendiquent être garants.</p>
<p>En ce sens, c’est moins une absence de culture scientifique, qu’une absence de confiance dans les institutions scientifiques qui nourrit leur défiance.</p>
<h2>Le messager souvent plus important que le message</h2>
<p>Pour un public incertain, peu sûr de ses connaissances médicales, le contenu des messages centrés sur les bénéfices de la vaccination est souvent moins important que leur source – puis-je lui faire confiance ou pas ?</p>
<p>Ainsi, dans une étude menée aux États-Unis auprès de participants chrétiens non vaccinés, un message provaccination s’avérait beaucoup plus efficace si sa source (le directeur d’une importante agence de santé) <a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.2106481118">mettait en exergue sa foi chrétienne que s’il ne le faisait pas</a>. En fait, on constate même qu’un même message de santé peut être accepté ou rejeté selon que ceux qui le professent proviennent d’un groupe auquel on s’identifie ou pas…</p>
<p>Par exemple, aux États-Unis, des électeurs républicains <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/13684302221118534">adhéraient</a> plus à des mesures sanitaires si elles étaient recommandées par des élus républicains que démocrates alors que l’inverse se produisait pour des démocrates… quand bien même cette appartenance politique n’avait aucune pertinence par rapport à leurs compétences médicales.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1426921538083856387"}"></div></p>
<p><em><sub>Ce tweet de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris avait plus de chance d’être entendu par les sympathisants démocrates que républicains… </sub></em></p>
<p>Ces résultats soulignent le fait que la confiance dans les autorités, nécessaire pour mettre en œuvre des comportements de santé comme la vaccination, est ancrée dans l’appartenance à une collectivité dont on se définit comme membre. On a confiance en un message dans la mesure où sa source représente bien un groupe auquel on s’identifie.</p>
<h2>Hésitation vaccinale et rationalité</h2>
<p>Il importe de souligner que les processus psychologiques mis en évidence s’appliquent tout autant aux personnes qui sont favorables à la vaccination.</p>
<p>Lorsque ces dernières font part de leur enthousiasme pour la vaccination, elles aussi répondent à des motivations bien plus diverses qu’une simple adhésion à un message de santé. Il peut s’agir de revendiquer une <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2019-2-page-221.htm">image de « rationalité »</a>, de démontrer son <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S027795362100527X">altruisme</a>, de maintenir un <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/07334648221081982">sentiment de contrôle sur sa destinée</a> ou la croyance que le monde est <a href="https://academic.oup.com/tbm/article/12/2/284/6509471?login=false">juste</a>, etc.</p>
<p>Elles aussi sont sujettes <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10810730.2021.1899346">à des normes sociales</a> et à l’<a href="https://www.ssph-journal.org/articles/10.3389/ijph.2021.636255/full">influence d’autorités en qui elles ont confiance</a>. Et elles aussi tendent à rationaliser leurs choix de santé dans un sens qui les arrange…</p>
<p>Et si un anti-vaccin peut finir par se ranger à la vaccination, le mouvement inverse peut se produire, <a href="https://theconversation.com/vaccination-une-hesitation-francaise-150773">lors d’une crise sanitaire mal gérée par exemple</a>. En matière de lutte contre l’hésitation vaccinale, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/09636625211011881">il ne sert donc à rien de ridiculiser</a> ceux qu’on désigne comme « antivax », car cela risquerait de renforcer leurs postures.</p>
<p>On sera mieux avisé d’essayer de cerner les mécanismes qui motivent les prises de position de chacun, afin mieux comprendre l’origine de ces attitudes et ce qui est susceptible de les (et de nous) faire évoluer…</p>
<hr>
<p><strong><em>Pour aller plus loin :</em></strong></p>
<p><em>- Olivier Klein et Vincent Yzerbyt sont les auteurs de <a href="https://www.editions-ulb.be/fr/book/?GCOI=74530100520450">« Psychologie de la vaccination »</a>, un livre de vulgarisation scientifique présentant les recherches sur l’hésitation vaccinale, paru en 2023 aux Éditions de l’Université de Bruxelles.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208207/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Klein est membre du think thank INES (<a href="https://inesthinktank.be">https://inesthinktank.be</a>). Il a reçu des financements du FRS-FNRS (fonds national belge de la recherche scientifique) et de l'institut national d'assurance malade invalidité (Belgique). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vincent Yzerbyt est membre du think tank InES (<a href="https://inesthinktank.be/">https://inesthinktank.be/</a>). Pour les travaux dans le cadre de la pandémie, il a reçu des financements du Fonds National de la Recherche scientifique (FWB, Fédération Wallonie-Bruxelles, Belgique), de l'INAMI (INAMI Institut national d'assurance maladie-invalidité, Belgique) et du ministère de l'enseignement supérieur de la FWB.</span></em></p>Comprendre les ressorts de l’hésitation vaccinale est essentiel pour mieux convaincre. Loin du cliché de l’antivax complotiste, les recherches de ces dernières années dépeignent un tableau nuancé.Olivier Klein, Professeur de psychologie sociale, Université Libre de Bruxelles (ULB)Vincent Yzerbyt, Professeur de Psychologie sociale, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2123952023-09-21T12:04:43Z2023-09-21T12:04:43ZDégradation de la notation souveraine du Cameroun : quelles causes et quelles conséquences ?<p>Cet été aura été propice à l’annonce de deux mauvaises nouvelles pour le Cameroun, de nature à refroidir l’élan que manifesteraient d’éventuels investisseurs pour acheter de la dette du pays. </p>
<p>Fin <a href="https://www.journalducameroun.com/notation-financiere-moodys-a-retrograde-le-cameroun/#:%7E:text=sur%20Facebook%20Tweetez!-,L'agence%20de%20notation%20am%C3%A9ricaine%20Moody's%20Investors%20Service%20a%20baiss%C3%A9,Caa1%2C%20le%2027%20juillet%202023.">juillet 2023, Moody’s a rétrogradé de B2 à Caa1</a>, la notation des dettes de long terme libellées en devises étrangères et en franc CFA, ainsi que celles des dettes seniors, c'est-à-dire les obligations et emprunts qui ont une priorité de remboursement plus élevée par rapport à d'autres catégories de dettes de l'Etat non garanties par un collatéral (généralement des dettes bancaires). </p>
<p>Début août 2023, <a href="https://www.financialafrik.com/2023/08/10/notation-standard-poors-degrade-a-son-tour-la-note-du-cameroun/">Standard and Poor’s a abaissé de B- à CCC+</a> la note des dettes de long terme libellées en devises étrangères, en y ajoutant les dettes de court terme. </p>
<h2>Ce que cela signifie</h2>
<p>Concrètement, cela signifie que du point de vue d’un investisseur qui souhaiterait acheter sur les marchés de capitaux internationaux de la dette émise par l’Etat camerounais, ce type d’investissement doit désormais être vu comme présentant un risque de défaut substantiel. Il figurait déjà dans la catégorie des investissements très spéculatifs comportant un degré élevé de risque et d'incertitude. </p>
<p>Ces révisions sont-elles arbitraires ? Doit-on considérer, comme le <a href="https://www.lepoint.fr/afrique/enfin-une-agence-de-notation-financiere-africaine-16-05-2022-2475835_3826.php">suggérait</a> le président sénégalais Macky Sall en 2022, que les agences internationales de notation exagèrent le risque financier des pays africains ?</p>
<p>Ayant étudié <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-031-15754-7_5">les marchés financiers</a>, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00036846.2020.1808176">la dette extérieure</a> et <a href="https://shs.hal.science/halshs-02093938/">l'intégration financière des pays africains au reste du monde</a>, mon point de vue est que les agences de notation se fondent généralement sur la situation – et surtout sur les perspectives - budgétaire des pays, ainsi que sur les facteurs susceptibles de créer un risque pour leur situation macroéconomique, financière et sociale.</p>
<p>Dans le cas du Cameroun, l’opinion publique et la presse ont mis en avant l’une des causes de cette <a href="https://www.jeuneafrique.com/1469547/economie-entreprises/pourquoi-yaounde-fait-lautruche-face-a-la-degradation-de-sa-note/">dégradation, à savoir l’accumulation d’arriérés de paiement</a>. En effet, en plus d’un retard de paiement - de plus de 5 jours - du service d’une dette bancaire (remboursement des intérêts et d’une partie du principal dus à une filiale espagnole de la Deutsche Bank au cours de l’année 2022), le gouvernement n’a apuré qu’une partie de ses arriérés sur ses dettes non-commerciales.</p>
<p>Ces dettes non-commerciales sont celles qui n'ont pas été contractées auprès du système bancaire (ce qu'a <a href="https://www.imf.org/fr/News/Articles/2023/06/29/pr23250-cameroon-imf-executive-board-completes-reviews-of-ecf-and-eff-arrangements-for-cameroon">souligné</a>, au mois de juin, l’équipe du Fonds monétaire international (FMI) qui a effectué les quatrièmes revues d’un programme d’aide financière dont le Cameroun bénéficie actuellement au titre de la <a href="https://www.imf.org/fr/News/Articles/2023/01/30/pr2324-cameroon-imf-staff-cameroonian-authorities-reached-sla-third-review-ecf-eff">facilité élargie de crédit</a> et du <a href="https://minepat.gov.cm/fr/2023/05/08/revue-du-pef-2021-2024-la-mission-du-fmi-chez-le-minepat/">mécanisme élargi de crédit</a>. </p>
<h2>Conséquences de la révision des notes</h2>
<p>La décision des agences de notation doit être appréciée dans un contexte particulier. Pour commencer, l’aide dont bénéficie actuellement le Cameroun de la part du FMI est ciblée pour des pays dont l’économie présente de graves problèmes macroéconomiques structurels susceptibles de conduire à des crises de balance de paiement. Par exemple, les problèmes de gouvernance (perception de la corruption) freinent les entrées de capitaux sous la forme d’investissements directs étrangers et de portefeuille. </p>
<p>Les progrès dans l’achèvement des projets de réhabilitation des infrastructures dans les secteurs du transport et de l’énergie ne sont pas suffisamment rapides pour hausser le niveau de la productivité globale des facteurs. Par ailleurs, le pays peine à réduire son taux de pauvreté qui <a href="https://www.un.org/africarenewal/fr/derni%C3%A8re-heure/cameroun-cr%C3%A9er-des-opportunit%C3%A9s-de-croissance-inclusive-et-de-r%C3%A9duction-de-la">culmine autour de 40 %</a> et qui s’accompagne de grandes disparités régionales, mais aussi entre zones rurales et zones urbaines.</p>
<p>Au-delà des chiffres encourageants sur les perspectives de croissance, les équilibres budgétaires et les réformes menées par l’administration fiscale, la question importante porte sur la capacité de résilience de la situation macro-budgétaire - qui reste fragile – face à la multiplication des chocs. Ce sont des facteurs de risques : crise du Covid-19, guerre d’Ukraine, crise politique et insécurité dans <a href="https://theconversation.com/comprendre-le-conflit-meurtrier-en-cours-dans-les-regions-anglophones-du-cameroun-179849">les régions anglophones</a>, tensions inflationnistes, remontée des taux d’intérêt mondiaux, crise migratoire, etc. </p>
<p>Or, l’orientation actuelle de tous ces facteurs joue en défaveur du Cameroun. Ce qui explique que la moindre décision de reporter le règlement d’une échéance sur une dette soit lue comme un signe avant-coureur d’un possible défaut (même si, <em>in fine</em>, ce dernier ne se produit pas). Les agences de notation s’intéressent au fait de savoir si ces facteurs sont susceptibles de peser négativement sur les indicateurs macroéconomiques, budgétaires et financiers du Cameroun.</p>
<h2>Un signal envoyé par les marchés</h2>
<p>La réponse est, sans doute, positive. Tout d’abord, les chances que les dépenses publiques évoluent en-deçà des limites prévues dans son programme d’ajustement <a href="https://www.imf.org/fr/News/Articles/2023/06/29/pr23250-cameroon-imf-executive-board-completes-reviews-of-ecf-and-eff-arrangements-for-cameroon">conclu avec le FMI</a> sont jugées faibles au regard de plusieurs facteurs : </p>
<ul>
<li><p>probables hausses des subventions aux ménages et aux entreprises dont le niveau de pauvreté s’est accru en raison de l’inflation;</p></li>
<li><p>hausse des dépenses liées aux migrations provoquées par la <a href="https://theconversation.com/comprendre-le-conflit-meurtrier-en-cours-dans-les-regions-anglophones-du-cameroun-179849">crise sociopolitique avec les Etats anglophones</a> du Nord, et par la volatilité des prix du pétrole qui risque de renchérir les importations de pétrole raffiné;</p></li>
<li><p>hausse des taux d’intérêt mondiaux qui risque également de durcir les conditions de refinancement sur les marchés de capitaux mondiaux, en affectant donc directement le service de la dette. </p></li>
</ul>
<p>Par ailleurs, les réformes visant à améliorer des ressources budgétaires et le potentiel de croissance sont en cours et n’ont pas encore révélé leur pleine potentialité. <a href="https://www.imf.org/fr/News/Articles/2023/06/29/pr23250-cameroon-imf-executive-board-completes-reviews-of-ecf-and-eff-arrangements-for-cameroon">La dernière revue du FMI en juin 2023</a> souligne que les réformes structurelles progressent à un rythme lent. Ce dernier élément est susceptible de peser sur l’amélioration du climat des affaires. Il peut obérer les capacités du Cameroun à recevoir des investissements directs étrangers qui seraient nécessaires au financement de l’activité des secteurs non pétroliers. </p>
<p>Le Cameroun peut être classé parmi les pays dont <a href="https://www.imf.org/fr/News/Articles/2023/06/29/pr23250-cameroon-imf-executive-board-completes-reviews-of-ecf-and-eff-arrangements-for-cameroon">la balance des paiements et les soldes budgétaires</a> font apparaître des besoins de financement élevés. Au point que le pays est appuyé par un programme du FMI pour lui éviter une crise de liquidités. Dans ce contexte, une règle d’or est que les arriérés de paiement ne peuvent servir, même temporairement, à financer les dépenses. La décision de Moody’s et de Standard and Poor’s était donc attendue. </p>
<p>Les conséquences à court terme de la dégradation de la note souveraine sont imprévisibles. Mais on peut interpréter cette dégradation comme un signal envoyé par les marchés au gouvernement, au moment où ce dernier bénéficie d’un appui financier du FMI et doit engager des réformes structurelles pour accroître la productivité de son économie et dégager des ressources permettant de réduire la pauvreté.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212395/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles Dufrénot does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>La dégradation de la note souveraine du Cameroun peut être interprétée comme un signal envoyé par les marchés au gouvernement, au moment où il bénéficie d’un appui financier du FMI.Gilles Dufrénot, Economiste, Chercheur associé au CEPII et Professeur à Aix-Marseille Université, Sciences Po AixLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2128832023-09-10T14:54:41Z2023-09-10T14:54:41ZLes multiples crises affectent les stratégies d’acquisitions des multinationales françaises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546344/original/file-20230905-24-76zl2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=43%2C0%2C1113%2C722&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2020, 23 multinationales françaises ont réalisé 64 acquisitions, contre 121 rachats opérés par 30 groupes l’année précédente.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/iceninejon/16277774798">Flickr/Jonathan</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>La pandémie de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/Covid-19-82467">Covid-19</a> ou encore la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/conflit-russo-ukrainien-117340">guerre en Ukraine</a> ont constitué des crises d’ampleur mondiale qui ont remis en cause la politique d’investissement des multinationales. Ces chocs exogènes, par nature imprévisibles, ont en effet provoqué un fort climat d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/incertitude-23726">incertitude</a> et contraignent les entreprises à s’interroger sur leur politique d’acquisition.</p>
<p>Ces rachats d’entreprises permettent aux multinationales d’accélérer leur croissance et de saisir de nouvelles opportunités de développement. Elles comportent cependant de nombreux risques liés à leurs complexités financières et organisationnelles, qui sont accentuées <a href="https://theconversation.com/ces-frictions-culturelles-qui-menent-a-lechec-des-fusions-acquisitions-internationales-117059">lorsque les cibles sont localisées dans des pays éloignés</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1131278602014736384"}"></div></p>
<p>Les chocs exogènes récents ont particulièrement affecté les stratégies des multinationales du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cac-40-53816">CAC 40</a> qui avaient multiplié leurs investissements dans les économies matures et émergentes avant 2020. C’est l’une des conclusions d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2023-4-page-53.htm?u=077cc613-8848-437b-a211-fcf958b89dee&WT.tsrc=email&WT.mc_id=crn-ar-RFG_311">travail de recherche</a> récent, qui a pris la forme d’une étude qualitative fondée sur l’examen systématique des rapports annuels d’activité, des sites Internet et des communiqués de presse des 40 plus grandes <a href="https://theconversation.com/fr/topics/multinationales-22485">multinationales</a> cotées à la bourse de Paris ainsi que sur les articles de presse publiés sur Factiva (plate-forme de recherche d’actualités et de données mondiales).</p>
<h2>Nouveau recul en 2022</h2>
<p>L’analyse des données collectées met en relief la chute des acquisitions face au choc exogène de la pandémie : seulement 23 multinationales ont réalisé 64 acquisitions en 2020, contre 30 multinationales ayant réalisé 121 acquisitions en 2019. 17 multinationales du CAC 40 ont ainsi renoncé à une stratégie d’acquisition face au choc exogène de la pandémie. </p>
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<p>Parmi celles-ci figurent des entreprises comme Publicis Groupe qui avait expliqué ce choix par le fort climat d’incertitude lié à la crise mondiale du Covid-19. Après la chute observée en 2020, les acquisitions <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/ma/nouvelle-donne-dans-les-fusions-acquisitions-mondiales-1893108">reprennent fortement en 2021</a> avant de connaître une nouvelle chute en 2022 suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. <a href="https://www.pwc.fr/fr/publications/fusions-acquisitions/global-manda-tendances-et-perspectives-2023.html">Le ralentissement se confirme</a> au premier semestre 2023.</p>
<p>Cependant, dans des secteurs d’activité favorisés par la pandémie, comme la santé, les télécommunications ou le conseil en transformation digitale, les entreprises ont multiplié les acquisitions en 2020 pour saisir de nouvelles opportunités de croissance, diversifier leurs activités ou acquérir de nouvelles compétences.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1257512720821256193"}"></div></p>
<p>Par exemple, <a href="https://atos.net/fr/2021/communiques-de-presse_2021_02_18/resultats-annuels-2020">Atos a réalisé dix acquisitions en 2020</a> afin de se développer dans les domaines du numérique et de la cybersécurité. L’objectif est de répondre aux besoins de digitalisation de la relation client et de la protection des données, renforcés par la crise sanitaire liée au Covid-19. Le directeur général du groupe Atos explique dans le rapport annuel :</p>
<blockquote>
<p>« En 2020, nous avons réalisé 10 acquisitions pour accélérer notre stratégie. Nous avons également renforcé nos partenariats et élargi notre écosystème, non seulement avec des acteurs majeurs, mais aussi avec des start-up qui stimulent l’innovation. »</p>
</blockquote>
<p>Depuis la pandémie, les multinationales du CAC 40 privilégient les <a href="https://www.tradingsat.com/cac-40-FR0003500008/actualites/cac-40-pourquoi-le-cac-40-fait-tres-largement-ses-emplettes-a-l-etranger-pour-racheter-des-start-up-1071951.html">acquisitions d’entreprises innovantes</a>, notamment de start-up, afin de renforcer leurs activités digitales. Par exemple, Publicis Groupe annonce <a href="https://www.businesswire.com/news/home/20230719132025/fr/">plusieurs acquisitions dans le domaine digital</a> (Practia, Yieldify, Profitero et Corra) en 2023.</p>
<p>Notre étude révèle en outre que les multinationales ayant réalisé des acquisitions pendant la pandémie ont globalement privilégié des cibles dans les pays matures, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Parmi les 64 acquisitions effectuées en 2020, 23 opérations concernent des cibles localisées en France, 14 des cibles localisées aux États-Unis et respectivement 3 opérations des cibles localisées au Canada, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.</p>
<h2>Des cibles plus petites</h2>
<p>Les chocs exogènes semblent ainsi influencer la localisation des cibles qui sont choisies. En effet, la pandémie a été marquée par la fermeture de nombreuses frontières et les restrictions en matière de mobilité, qui rendent les rencontres entre équipes dirigeantes plus difficiles, notamment dans les pays éloignés. Les acquisitions internationales ont connu un rebond en 2021 avant d’enregistrer un nouveau ralentissement en 2022 et 2023, qui est lié au conflit en Ukraine et à la crainte d’une récession économique mondiale.</p>
<p>Notre travail met en relief que le ralentissement du mouvement des acquisitions concerne aussi la valeur des opérations effectuées. Dans un contexte de crise mondiale, la plupart des multinationales du CAC 40 ciblent des entreprises de plus petite taille aux activités complémentaires, et en particulier des start-up, afin de limiter les risques liés aux investissements effectués.</p>
<p>La dégradation de l’environnement économique mondial et la forte remontée des taux d’intérêt qui s’expliquent par la multiplication des crises semblent marquer la <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/fusions-et-dacquisitions-recul-des-mega-deals-1473948">fin des « méga-deals</a> ». Les multinationales du CAC 40 continuent de favoriser des opérations moins risquées <a href="https://www.lesechos.fr/start-up/ecosysteme/le-cac40-achete-plus-de-start-up-etrangeres-que-francaises-1949746">et des cibles de plus petite taille</a>.</p>
<p>Dans ces périodes de forte turbulence, les multinationales françaises affichent ainsi une volonté de réduire leur exposition au fort degré d’incertitude qui caractérise les crises d’ampleur mondiale. Les comportements observés soulignent par ailleurs la tendance à une plus forte proximité des investissements réalisés et à une reconfiguration davantage régionalisée de la mondialisation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212883/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie avait entraîné un ralentissement des rachats d’entreprises. Depuis, les groupes du CAC 40 ont repris le mouvement mais en sélectionnant plus finement leurs cibles.Ludivine Chalencon, Maître de conférences, finance et comptabilité, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Manon Meschi, Doctorante contractuelle à Université Côte d'Azur, IAE Nice, GRM et Professeure Assistante, ESSCA School of ManagementUlrike Mayrhofer, Professeur des Universités à l'IAE Nice et Directrice du Laboratoire GRM, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2105782023-08-23T20:25:12Z2023-08-23T20:25:12ZHumanitaire : les paradoxes au cœur de l’exercice de la profession<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541733/original/file-20230808-27-zal3tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C5%2C3440%2C2291&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme la plupart des personnes exerçant dans l’humanitaire, les membres de l'équipe de Rumah Zakat sont confrontés à de nombreux paradoxes lors de leurs actions en Indonésie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/kY8m5uDIW7Y">Su Nyoto / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Être autonome en obéissant aux règles. Avoir l’esprit d’équipe dans un système hyper concurrentiel. <a href="https://www.google.fr/books/edition/Le_Capitalisme_paradoxant_Un_syst%C3%A8me_qu/6IZyBwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0">Le capitalisme impose des exigences contradictoires</a> que les employés sont sommés de respecter. Les sociologues parlent à cet égard d’<a href="https://www-cairn-info.proxybib-pp.cnam.fr/dictionnaire-de-sociologie-clinique--9782749257648-page-365.htm">« injonctions paradoxales »</a> – des situations où les individus sont confrontés à un dilemme insoluble, difficile à résoudre, ce qui peut entraîner un état de tension et de mal-être.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/la-necessaire-transformation-de-laide-humanitaire-internationale-145671">secteur humanitaire</a> est lui aussi sujet aux paradoxes. Plusieurs réalités y cohabitent, s’entremêlent et s’affrontent. J’ai mené une <a href="https://theconversation.com/innover-pour-faire-face-a-la-crise-que-peut-on-apprendre-des-organisations-humanitaires-157787">enquête au sein de diverses associations</a> pour comprendre les situations paradoxales auxquelles les professionnels sont quotidiennement confrontés. Ces acteurs font preuve d’un dévouement professionnel total et d’un engagement intense, face à des contraintes considérables dues à <a href="https://www.medecinsdumonde.org/action/crises-et-urgences/">l’augmentation rapide du nombre de personnes nécessitant de l’aide</a>. Ils travaillent dans des milieux où se multiplient les situations, activités et discours paradoxaux.</p>
<p>Selon <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.2000.3707712?journalCode=amr">Marianne Lewis</a>, professeure de management spécialisée en paradoxes organisationnels, le paradoxe se définit ainsi : des <a href="https://theconversation.com/quels-roles-pour-les-ong-occidentales-dans-un-monde-qui-se-desoccidentalise-198452">éléments contradictoires mais interreliés</a> qui existent simultanément et persistent dans le temps. Cette définition met en évidence deux composantes. D’une part, les tensions sous-jacentes, c’est-à-dire des éléments qui semblent logiques individuellement, mais qui deviennent incohérents lorsqu’ils sont juxtaposés. D’autre part, les réponses qui embrassent simultanément ces tensions. Au sein des associations humanitaires, des paradoxes s’expriment dans <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.2009.0223?journalCode=amr">quatre domaines</a> : apprentissage, appartenance, organisation et performance.</p>
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<h2>Un paradoxe d’apprentissage</h2>
<p>Le paradoxe d’apprentissage traduit <a href="https://www.strategie-aims.com/conferences/29-xxviieme-conference-de-l-aims/communications/4984-gerer-les-paradoxes-organisationnels-en-construisant-du-sens-lors-dune-conduite-paradoxale-du-changement/download">l’articulation parfois conflictuelle entre différents modes d’apprentissage</a> : exploitation et exploration, apprentissage individuel et apprentissage organisationnel. Il se manifeste le plus souvent dans le cadre d’une conduite de changement et témoigne de la nécessité de faire cohabiter les pratiques et routines passées, tout en en développant de nouvelles pour que la norme puisse s’insérer efficacement dans l’organisation. Tout changement implique une part de destruction des acquis du passé, ainsi que des efforts constants pour s’adapter et se renouveler.</p>
<p>Dans les associations humanitaires, la crise du Covid a entraîné une refonte du passé et <a href="https://immap.org/story/empowering-humanitarian-professionals-in-managing-the-venezuelan-migrant-crisis-through-effective-information-management-trainings/">l’adoption de nouvelles pratiques managériales</a> fondées sur l’autonomisation des collaborateurs et la délégation. Pendant la période de confinement, les structures hiérarchiques ont été atténuées, permettant l’émergence de l’autonomie chez ceux qui étaient auparavant supervisés, ce qui a apporté un <a href="https://theconversation.com/innover-pour-faire-face-a-la-crise-que-peut-on-apprendre-des-organisations-humanitaires-157787">nouvel élan</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1504019645560500227"}"></div></p>
<h2>Un paradoxe d’appartenance</h2>
<p>Le <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.2009.0223?journalCode=amr">paradoxe d’appartenance</a> décrit les tensions entre identité personnelle et appartenance à un groupe ou entre les rôles opposés que doivent tenir simultanément les membres d’une organisation. Cette catégorie de paradoxe s’identifie au sein des associations humanitaires où plusieurs types de relations contractuelles coexistent pour régir les interactions et les engagements. Cette diversité de contrats découle de la nature variée des activités menées par l’association, de ses partenariats, des relations avec les adhérents, salariés, bénévoles, donateurs, etc. Cette variété de contrats peut présenter des défis et des opportunités. Ceci nécessite une gestion adéquate pour assurer le bon fonctionnement de l’association.</p>
<blockquote>
<p>« Pour faire en sorte que la machine fonctionne, on a besoin d’une polyvalence énorme » Frédéric Despretz, Délégué Général de la <a href="https://ba67.banquealimentaire.org/">Banque alimentaire du Rhin</a>.</p>
</blockquote>
<p>Au sein de la <a href="https://ba67.banquealimentaire.org/">Banque alimentaire du Rhin</a>, Frédéric Despretz, délégué général, assure des activités multiples : participation à la prise de décisions stratégiques, gestion des relations institutionnelles, gestion financière des dons et subventions, animation des équipes. Il gère également les situations conflictuelles, dont l’occurrence est inévitable pour de multiples raisons, notamment : le départ et le désengagement des bénévoles, les conflits intergénérationnels (bénévoles seniors/salariés juniors), les conflits de professionnalisation entre salariés et bénévoles.</p>
<h2>Un paradoxe d’organisation</h2>
<p>La structure de décision et de travail d’une organisation peut prendre différentes formes. Celles-ci doivent parfois <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.2009.0223?journalCode=amr">coexister de manière simultanée</a>. La crise du Covid fût en cela un cas d’école. Durant celle-ci, la plupart des distributions alimentaires ont été interrompues en raison de l’insuffisance de bénévoles disponibles. Comme le souligne <a href="https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/le-mans-72000/sarthe-benevolat-et-Covid-19-beaucoup-de-retraites-se-sont-mis-en-retrait-8d132c20-fcd9-11ea-9686-5e970ac095ee">Annick Brindeau</a>, présidente de France Bénévolat Sarthe, c’est notamment arrivé dans les associations où la plupart des bénévoles avaient plus de 65 ans : « Par exemple à Tarmac, beaucoup de retraités se sont mis en retrait par crainte de la contagion de Covid-19 ».</p>
<p>Les bénévoles doivent-ils prendre un risque pour leur santé ou risquer la santé des bénéficiaires isolés ? Est-ce que la santé des bénéficiaires compte plus que celles des bénévoles ?</p>
<p>Par ailleurs, les gestes barrières imposés par la crise Covid ont représenté un dilemme pour les collaborateurs des associations humanitaires. Ceux-ci imposaient de renoncer au partage qui est au cœur de leur métier, de leurs priorités et de leurs valeurs. En raison des règles de distanciation sociale, ils n’étaient plus en mesure de partager et de créer du lien social avec les populations vulnérables.</p>
<h2>Un paradoxe de performance</h2>
<p>Ce type de paradoxe découle de la diversité des parties prenantes, dont les stratégies et les objectifs <a href="https://www.researchgate.net/publication/270889110_Managing_Social-Business_Tensions_A_Review_and_Research_Agenda_for_Social_Enterprise">entrent en compétition</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1523573491412389888"}"></div></p>
<p>Ce paradoxe s’illustre parfaitement au sein des associations humanitaires, où la mesure de la performance est un processus complexe qui peut dépendre de l’une des variables suivantes :</p>
<ul>
<li><p>Impact sur les bénéficiaires : l’impact direct sur les personnes aidées est souvent la mesure la plus significative de la réussite d’une association humanitaire. Cela peut être évalué en termes de nombre de vies sauvées, de réduction de la pauvreté, d’inclusion sociale et professionnelle, etc.</p></li>
<li><p>Transparence et responsabilité financière : la manière dont l’organisation gère ses ressources financières et rend des comptes à ses parties prenantes peut être un facteur important de mesure de la réussite. Une gestion responsable et transparente des fonds inspire confiance et crédibilité.</p></li>
<li><p>Partenariats et collaborations : la capacité d’une association humanitaire à établir des partenariats efficaces avec d’autres organisations, des <a href="https://theconversation.com/dans-le-business-de-lhumanitaire-doit-on-tirer-profit-des-refugies-113303">gouvernements locaux</a>, des communautés et des acteurs clés peut renforcer son impact et sa portée.</p></li>
<li><p>Reconnaissance et confiance du public : lorsqu’une association humanitaire est bien perçue par le public, qu’elle est reconnue pour ses efforts et qu’elle gagne la confiance des donateurs, cela peut être considéré comme un signe de réussite.</p></li>
</ul>
<p>Les indicateurs de succès peuvent également varier en fonction du type d’aide apportée, du contexte géographique, des enjeux spécifiques aux populations concernées et des objectifs globaux de l’organisation.</p>
<p>Pour Bruno Morel, ex-directeur général d’<a href="https://www.emmaus-solidarite.org/">Emmaüs Solidarité</a> :</p>
<blockquote>
<p>« De nouveaux objectifs causés par la crise Covid se mettent en concurrence : Agir contre le manque de nourriture, l’isolement aggravé par le confinement, l’inaccessibilité des services de première nécessité, la violence aux femmes, et augmenter la capacité d’accueil des centres d’hébergement tout en respectant les mesures sanitaires ».</p>
</blockquote>
<p>Les professionnels des associations humanitaires sont toujours confrontés à la cohabitation simultanée de logiques différentes. Cette situation complexe peut être source de défis, mais elle est également essentielle pour atteindre les objectifs humanitaires de manière efficace et équilibrée. Ainsi, les paradoxes sont importants dans notre vie sociale car ils stimulent la réflexion critique, l’innovation et les progrès sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210578/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fadia Bahri Korbi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans les associations humanitaires, les professionnels sont confrontés à la cohabitation de logiques parfois contradictoires. Tour d’horizon de ces injonctions paradoxales.Fadia Bahri Korbi, Maître de conférences en sciences de gestion, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050902023-07-11T14:48:11Z2023-07-11T14:48:11ZCourse à pied, fabrication de pain : traverser la pandémie grâce à de nouvelles passions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526903/original/file-20230517-18592-xkares.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage. </p>
<p>Chercheuses en psychologie, nous avons mené avec notre équipe de recherche <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">trois études durant la pandémie de Covid-19</a> afin d’examiner les bienfaits reliés au développement de nouvelles passions en contexte d’adversité. </p>
<p>Nous avons trouvé que les personnes ayant développé une passion harmonieuse ont vécu des émotions agréables et ont réussi à se désengager d’une activité passionnante irréalisable, ce qui les a amenés à ressentir du bien-être psychologique. </p>
<p>Les personnes ayant développé une passion obsessive, quant à elles, ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être (symptômes anxieux et dépressifs). </p>
<h2>Les passions ne sont pas toutes égales</h2>
<p>Prenons l’exemple d’Alex et de Charlie, deux personnages fictifs, afin d’illustrer les différents types de passion. Durant la pandémie, Alex a développé une passion pour la cuisine. Chaque soir, il adorait préparer une nouvelle recette et passer du temps en famille autour de bons repas. Dans la ville voisine, Charlie a quant à elle développé une passion pour le ski. Souhaitant participer à des compétitions, elle s’entraînait sur une base régulière et elle se sentait coupable les jours où elle ne skiait pas. Elle négligeait également ses études afin d’optimiser sa performance et se sentir fière d’elle dans son sport favori.</p>
<p>Alex et Charlie ont tous deux développé une passion pour une nouvelle activité, c’est-à-dire que cette activité aimée est devenue une partie de leur identité et ils y ont investi beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, ils ne se sont pas engagés dans cette activité de la même manière, ce qui a affecté différemment leur santé mentale. En effet, il existe <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0022-3514.85.4.756">deux types de passion</a>. </p>
<p>La <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion harmonieuse</a> est bien intégrée aux autres sphères de vie des individus. Ainsi, elle interfère peu avec leur travail, leurs loisirs ou leurs relations interpersonnelles. C’est le cas d’Alex, qui passe du temps en famille tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. De plus, les personnes ayant une passion harmonieuse sont en mesure de se désengager de leur activité passionnante au besoin, par exemple lors d’un confinement qui les empêche de la pratiquer. </p>
<p>Au contraire, la <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion obsessive</a> est caractérisée par un besoin incontrôlable de pratiquer l’activité aimée. Les personnes ayant une passion obsessive basent souvent leur estime de soi sur leur performance dans leur activité passionnante, comme Charlie qui ne peut s’empêcher de skier.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne debout sur une piste de ski" src="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Durant la pandémie, les personnes ayant développé une passion obsessive ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le rôle des émotions agréables et désagréables</h2>
<p>Alors que la passion harmonieuse d’Alex risque de lui procurer de nombreux bienfaits, la passion obsessive de Charlie pourrait engendrer des conséquences négatives sur sa santé mentale. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">Nos études</a> ont montré que les liens entre les types de passion et la santé psychologique peuvent être partiellement expliqués par la présence d’émotions agréables et désagréables. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780124072367000012">émotions agréables</a> permettent d’ouvrir ses horizons et de développer des ressources personnelles (p. ex., la présence attentive, qui réfère à la capacité d’être conscient de ses états internes et de son environnement) qui pourront être utilisées pour faire face aux situations stressantes. Les émotions désagréables ont également leurs fonctions. Par exemple, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0749597818305193">culpabilité</a> nous permet de reconnaître des comportements immoraux. Cependant, elles peuvent être associées à un repli sur soi et à des problèmes de santé psychologique.</p>
<p>Nos résultats indiquent que les personnes qui ont poursuivi une passion harmonieuse préexistante durant la pandémie et ceux qui en ont développé une nouvelle vivaient davantage d’émotions agréables, ce qui menait à un bien-être psychologique accru (satisfaction de vie, bonheur et trouver un sens à son existence). Au contraire, les personnes qui ont poursuivi une passion obsessive (préexistante et nouvelle) vivaient un peu de bien-être, mais surtout des émotions désagréables et des symptômes anxieux et dépressifs. </p>
<h2>Développer sa capacité à se désengager d’une passion</h2>
<p>La capacité à se désengager d’une passion est importante pour la santé mentale. Durant la pandémie, les personnes qui se désengageaient plus facilement de leur passion irréalisable, comme le voyage ou l’entraînement en salle, vivaient moins de symptômes d’anxiété et de dépression. </p>
<p>Nos résultats indiquent que le développement d’une nouvelle passion harmonieuse pourrait faciliter le désengagement face à une ancienne passion irréalisable qu’il est nécessaire de délaisser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme assise dans un avion" src="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Favoriser la résilience grâce à la passion</h2>
<p>Il est important de souligner que les passions peuvent être des facteurs de résilience. Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Pendant la pandémie, le développement de nouvelles passions (surtout harmonieuses) était un facteur de protection important pour la santé mentale. </p>
<p>Cela appuie les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jopy.12774">résultats d’autres études récentes</a> portant sur l’importance des passions harmonieuses pour promouvoir la résilience. En période de stress, il est donc bénéfique de prioriser les activités que l’on aime et de développer de nouveaux intérêts pour promouvoir sa santé mentale tout en veillant à ce que ces activités passionnantes soient intégrées de façon harmonieuse aux autres sphères de vie.</p>
<p>Bien que nos recherches ne se soient pas poursuivies après les confinements reliés à la pandémie, d’autres études ont montré que les passions harmonieuses ont tendance <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10902-018-0059-z">à perdurer dans le temps</a>. Ainsi, il est fort probable que les passions harmonieuses développées durant la pandémie se maintiennent et continuent d’être bénéfiques à la santé psychologique encore aujourd’hui !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205090/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Cimon-Paquet a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et des Fonds de recherche du Québec - Société et culture.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Holding a reçu des financements de Canadian Social Sciences and Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Virginie Paquette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Durant la pandémie, de nombreuses personnes ont développé une passion alors que d’autres ont dû abandonner une activité passionnante. Ces passions ont joué un rôle dans la santé psychologique.Catherine Cimon-Paquet, Candidate au doctorat, conférencière et chargée de cours, Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Anne Holding, Chercheuse postdoctorale en motivation humaine, New York UniversityVirginie Paquette, Stagiaire postdoctorale en psychologie organisationnelle/industrielle, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2071982023-06-26T17:21:15Z2023-06-26T17:21:15ZPartout dans le monde, la résilience des systèmes de santé affaiblie par les réformes néolibérales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/532365/original/file-20230616-19-wyhese.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C26%2C5955%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’épuisement des soignants n’est que l’un des nombreux effets des réformes conduites dans de nombreux pays du monde.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/frightened-doctor-infectious-diseases-having-mental-1709102851">eldar nurkovic/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les systèmes de santé sont avant <a href="https://www.ijhpm.com/article_3902.html">tout des systèmes sociaux</a>. La manière dont ils fonctionnent aujourd’hui s’inscrit dans une histoire politique nationale mais aussi dans la diffusion d’idées et de croyances à l’échelle internationale concernant la manière dont ils devraient être organisés. Or, depuis plusieurs décennies, en de nombreux lieux de la planète, ce sont les idées néolibérales qui ont le vent en poupe et qui ont inspiré les réformes des systèmes de santé. </p>
<p>Un débat organisé par la revue internationale <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0277953623000989?via%3Dihub"><em>Social Science & Medicine</em></a> a notamment permis de mettre en exergue les effets qu’ont eus les réformes néolibérales des systèmes de santé sur la <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/346527/WHO-UHL-PHC-SP-2021.02-fre.pdf">résilience de ceux-ci</a>, c’est-à-dire sur leur capacité à s’adapter aux chocs auxquelles ils sont exposés.</p>
<p>Les crises récentes, à commencer par la pandémie de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/Covid-19-82467">Covid-19</a>, ont mis à rude épreuve cette résilience, déjà mise à mal par les réformes des années précédentes.</p>
<h2>Des systèmes de santé « néo-libéralisés »</h2>
<p>Les exemples ne manquent pas, dans de nombreux pays du monde.</p>
<p>En France, <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/LONDON/65370">Nicolas Da Silva</a> montre parfaitement comment, au cours de l’histoire des réformes successives du système de santé, on a de plus en plus laissé le service privé et la pratique privée de la médecine se développer, y compris au sein des hôpitaux publics. Alors que les soins concernent d’abord les malades, ceux-ci ont été mis à l’écart des prises de décisions qui affectent directement leur vie.</p>
<p>Au Mali et au Sénégal, les thèses de <a href="https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/24405">Lara Gautier</a> et de <a href="https://theses.hal.science/tel-02336956">Jean-Hugues Caffin</a> ont explicité comment les organisations internationales cherchent à imposer la mise en œuvre de réformes néolibérales des systèmes de santé nationaux, à commencer par l’indexation du financement sur la performance.</p>
<p>L’objectif, le plus souvent, est d’inciter à l’utilisation d’instruments politiques issus de la « nouvelle gestion publique » (<a href="https://www.cairn.info/revue-gestion-et-management-public-2012-2-page-1.htm">New Public Management</a>, NPM) où l’État est censé réduire ses actions au profit d’acteurs privés, soi-disant plus efficaces.</p>
<p>Dans le domaine des réformes hospitalières, cela se traduit par une demande de plus d’autonomie pour les établissements, d’approches contractuelles où les hôpitaux ont des objectifs à atteindre pour obtenir des financements, de séparation des fonctions entre l’acheteur et le fournisseur de soins, de paiement direct de la part des patients ou d’incitations liées à l’atteinte d’objectifs de performance.</p>
<p>Dans les années 1990, des <a href="https://link.springer.com/book/10.1057/9780230599819">études</a> conduites au Ghana, au Zimbabwe, au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande avaient déjà mis en évidence les effets catastrophiques de ces approches sur le fonctionnement des hôpitaux et l’accès aux soins. En France, les réformes de l’hôpital public ont été qualifiées par des spécialistes de <a href="https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/la-casse-du-si%C3%A8cle/">casse du siècle</a>. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-racines-de-la-crise-de-lhopital-128341">Les racines de la crise de l’hôpital</a>
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<p>Au <a href="https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante1-2011-1-page-57.htm">Québec</a>, une analyse portant sur 50 années (1961-2010) de réformes s’appuyant sur le NPM constate qu’elles ont abouti à « l’omniprésence de l’idéologie managériale » et eu un impact profondément négatif sur le système de santé. Une synthèse mondiale du recours des approches fondées sur le paiement à la performance dans les systèmes de santé montre <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JHOM-04-2020-0161/full/html">qu’il n’existe pas de théorie</a> permettant de justifier scientifiquement cette approche et que son application doit plus à l’idéologie du NPM qu’à son efficacité concrète pour mieux soigner les malades.</p>
<p>Dans la revue du MAUSS, <a href="https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2013-1-page-77.htm">Batifollier</a> montre aussi combien en France, <a href="https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/cus/front-matter/introduction/">comme en Afrique d’ailleurs</a>, la <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/15/la-marchandisation-des-soins-et-la-financiarisation-de-la-sante-s-opposent-a-l-ideal-d-un-systeme-solidaire-equitable-et-de-qualite_6177809_3232.html">marchandisation</a> des soins s’est développée au détriment de la solidarité, de l’accès aux soins et des relations de soins. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/I6UC-6HauIo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p><a href="https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2022-2-page-5.htm">Gelly et Spire</a> ont rendu compte des effets délétères de la présence du privé dans les hôpitaux publics français sur l’égalité de traitement pour les patients mais aussi sur les conditions de travail des soignants.</p>
<h2>Aux racines d’une crise organisationnelle</h2>
<p>C’est dans ce contexte, dont un <a href="https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/cus/front-matter/introduction/">résumé concernant l’Afrique est présenté ailleurs</a>, qu’il faut appréhender la façon dont les systèmes de santé contemporains réagissent aux crises. Que ces crises soient internes (changements de personnel, mode de financement, modalité de gestion) ou externes (épidémie, attaque informatique ou terroriste, ouragan, etc.), de forte ou de basse intensité, de courte ou de longue durée, anticipées ou non, il est essentiel de comprendre comment les systèmes y font face.</p>
<p>L’enjeu n’est évidemment pas seulement scientifique ou conceptuel : il suffit de penser aux épidémies ou aux événements liés aux changements climatiques (canicules, inondations, etc.) pour comprendre qu’il est indispensable de tirer les leçons de ces expériences afin de se préparer à réagir au mieux face à d’autres événements similaires. Comment expliquer l’absence de préparation du système de santé français à la pandémie de Covid-19 alors qu’il disposait de plans, de comités, et d’expériences, avec par exemple la canicule de 2003, les attentats de 2015 ou la lutte contre le VIH ? </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/democratie-sanitaire-en-france-les-lecons-de-la-pandemie-de-covid-19-200369">Démocratie sanitaire en France : les leçons de la pandémie de Covid-19</a>
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<p>Le concept de résilience est très ancien et, évidemment, ses critiques sont nombreuses et <a href="https://academic.oup.com/heapol/article/32/suppl_3/iii88/4210464?login=false">très connues</a>. D’abord utilisé dans le monde de la physique et de la <a href="https://www.ecologyandsociety.org/vol21/iss4/art44/">biologie</a>, puis développé dans celui de la psychologie, il a été mobilisé plus récemment dans le champ de la <a href="https://bmchealthservres.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12913-023-09242-9">recherche sur les systèmes de santé</a>.</p>
<p>Il convient, en employant ce concept, de ne pas se laisser emporter par le mésusage politicien d’une résilience néolibérale comme cela a été le cas de nombreux pays durant la pandémie de Covid-19. Le terme a été instrumentalisé à des fins politiques, afin de cacher les enjeux de pouvoir, les inégalités structurelles et surtout les réformes de ces dernières décennies qui ont contribué, comme nous venons de l’expliciter, à <a href="https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2022-3-page-215.htm">fragiliser les systèmes de santé</a>. En quelques jours, les politiciens de presque tous les pays ont trouvé des moyens presque infinis pour répondre à la crise alors qu’ils n’en trouvaient pas pour renforcer les systèmes de santé et qu’ils les avaient fragilisés avec des instruments néolibéraux, justifiés par… le manque de financement et leur efficience théorique.</p>
<h2>La négligence des soins de santé primaires en temps de crise</h2>
<p>On se rappellera qu’en 2008, le <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/43951">apport mondial de la santé de l’OMS</a> mettait en avant trois principales tendances nuisant à l’orientation des systèmes de santé envers les soins de santé primaires : l’hospitalo-centrisme, la marchandisation, la fragmentation. Cela explique certainement pourquoi <a href="https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/EB152/B152_5-en.pdf">l’Assemblée mondiale de la santé de mai 2023</a> a mis l’accent sur le fait que les soins de santé primaires sont la fondation de la résilience des systèmes de santé, dont il faut s’occuper en urgence. </p>
<p>Quinze ans après ce rapport, nos études ont montré que ce contexte de réformes néfastes avait contraint les établissements de santé lorsqu’il a fallu faire face à la pandémie de Covid-19. C’est le cas aussi bien au <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23288604.2023.2186824">Québec</a>, qu’au <a href="https://gh.bmj.com/content/7/Suppl_9/e010683.info">Mali</a>, dans le <a href="https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2021-6-page-971.htm?ref=doi">Nord-Est du Brésil</a>, à <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23288604.2023.2175415">Tokyo</a>, au <a href="https://gh.bmj.com/content/7/Suppl_9/e010062">Sénégal</a> ou <a href="https://gh.bmj.com/content/1/1/e000056">au Burkina Faso</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/senegal-un-modele-dassurance-sante-resilient-en-temps-de-covid-19-143116">Sénégal : un modèle d’assurance santé résilient en temps de Covid-19</a>
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<p>Ces exemples tirés d’études scientifiques confirment que l’étude de la résilience n’empêche évidemment pas une <a href="https://odi.org/en/publications/applied-political-economy-analysis-a-problem-driven-framework/">analyse d’économie politique</a>, au cœur, depuis longtemps, de la recherche sur les systèmes de santé.</p>
<h2>Comprendre la résilience</h2>
<p>En outre, à l’aide d’une <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4255090">démarche systématique et consensuelle</a>, les travaux menés par notre équipe ont permis de tirer des leçons opérationnelles et de les valider auprès des différentes parties prenantes. Certaines suggèrent par exemple de fournir aux équipes médicales un encadrement plus réactif en matière de prévention et de contrôle des infections, ou encore d’améliorer la coordination et la numérisation des systèmes d’information par les autorités sanitaires afin de faciliter le partage de l’information et la prise de décision rapide par la direction de l’hôpital. Mais évidemment, tout cela n’est possible que si les enjeux d’économie politique et de contexte local sont pris en compte dans la mobilisation de ces leçons des crises passées.</p>
<p>Ainsi, la résilience n’est finalement qu’un mot, qu’un concept, dont on voit bien que chacun <a href="https://gh.bmj.com/content/8/1/e010895.abstract">peut l’interpréter dans le sens qu’il le souhaite</a>. </p>
<p>Pour des raisons idéologiques, certains peuvent vouloir ne pas l’utiliser car ils l’interprètent dans une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17441692.2023.2212750">perspective néolibérale</a>, bien loin de son origine, de son usage possible et de son utilité pour la recherche sur les systèmes de santé. Ce qui est certain, c’est que « la poursuite de l’économie néolibérale ne résoudra pas les problèmes d’inégalité et de changement climatique, et ne fera pas de la santé un droit humain fondamental », <a href="https://www.bmj.com/content/381/bmj.p1178">comme viennent de l’affirmer Michael Marmot et Paulo Buss</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207198/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valery Ridde a reçu des financements de l'ANR, des IRSC et de l'AFD pour les études évoquées dans cet article. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christian Dagenais a reçu des financements des IRSC et de l'ANR pour les études évoquées dans.cet article.</span></em></p>Ayant subi des années de réformes néolibérales, les systèmes de santé de nombreux pays du monde ont vu leur résilience face aux crises se réduire significativement.Valery Ridde, Directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Christian Dagenais, Professeur, département de psychologie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2079512023-06-22T18:59:35Z2023-06-22T18:59:35ZCovid : une nouvelle méthode de modélisation pour mieux évaluer les risques épidémiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/532440/original/file-20230616-27-30orlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C98%2C5955%2C3862&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Disposer de bonne faculté de modélisation des épidémies permettra de mieux anticiper (France, mars 2020).</span> <span class="attribution"><span class="source">Shocky/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’humanité est, depuis des millénaires, frappée par des épidémies… Elle a, à chaque fois, pris des mesures de protection qui <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsfs.2021.0049">s’inscrivaient dans le contexte des connaissances voire des opinions de l’époque sur les modes de contamination</a>. Prenons les pestes qui ravagèrent l’Europe il y a quelques siècles. À l’époque, on croit fermement que ce mal ravageur est causé par l’inhalation de miasmes et le déséquilibre des humeurs corporelles qui s’ensuit. Fleurissent alors les masques fourrés d’herbes médicinales logées dans un bec pointu : c’est l’image d’Épinal des masques à bec d’oiseau…</p>
<p>Au début du XX<sup>e</sup> siècle, on assiste à un virage majeur en faveur du rôle prédominant des contacts proches dans la transmission. Les recommandations changent et les mesures de prévention promues au début de la pandémie de Covid-19 découlent de ce revirement : lavage des mains, éventuellement avec du gel hydroalcoolique, mouchoir à usage unique, éternuement dans le coude, etc. Le tout pour parer au risque d’infections manuportées directes ou par le biais d’objets contaminés (dits fomites) par une personne contagieuse.</p>
<p>En trois ans de pandémie, bien des <a href="https://hal-pasteur.archives-ouvertes.fr/pasteur-03155847/document">cartes ont été rebattues dans la compréhension académique de la transmission des maladies respiratoires</a>. Que sait-on actuellement de ses mécanismes ? Comment évaluer les risques en fonction des situations – entre une terrasse de café, une file d’attente respectant une certaine distanciation sociale et une rue passante ? Nous avons cherché à répondre à ces questions en développant une méthode de modélisation simple et rapide.</p>
<h2>Éclairer le mécanisme de transmission par aérosols</h2>
<p>À l’heure actuelle, il y a lieu de penser que la <a href="https://theconversation.com/Covid-comment-se-proteger-simplement-de-la-transmission-aerienne-du-virus-167222">transmission par aérosols est le mécanisme dominant de propagation du Covid</a>.</p>
<p>Sur cette voie aéroportée, la collecte de données expérimentales avait démarré bien avant la pandémie : les images du groupe de Lydia Bourouiba sur la <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-fluid-mechanics/article/violent-expiratory-events-on-coughing-and-sneezing/475FCFCBD32C7DB6C1E49476DB7A7446">projection de micropostillons émise lors d’un éternuement</a> (ci-dessous), comme celles des équipes de Lidia Morawska et de William D. Ristenpart, entre autres, sur la taille des gouttelettes et aérosols émis lors de diverses activités expiratoires, remontent en effet à plusieurs années.</p>
<p>De ces études, il ressort que toux et éternuements projettent des aérosols sur des distances potentiellement supérieures à 2 m, et que le simple fait de parler pendant une minute peut générer autant de gouttelettes qu’une quinte de toux.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/9qqHOKUXY5U?wmode=transparent&start=3" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Postillons et micropostillons émis lors d’un éternuement (tiré de L. Bourouiba, E. Dehandschoewercker et J. Bush).</span></figcaption>
</figure>
<p>Malgré ces résultats, des désaccords persistent sur des données de base comme la distribution des tailles des gouttelettes et aérosols produits, élément pourtant critique pour déterminer leur temps de chute et leur chance de rester suspendus dans l’air, en milieu intérieur. Qui plus est, difficultés expérimentales et soucis éthiques empêchent d’étudier toutes les conditions d’émission, d’inhalation et d’environnement possibles.</p>
<h2>La simulation numérique : le remède ?</h2>
<p>Comment faire, alors, pour multiplier les possibilités de tests ? Une réponse est le recours à l’outil numérique, en tirant parti de la puissance de calcul des ordinateurs.</p>
<p>Reste à faire le choix du système à simuler : la transmission aéroportée s’opérant par le transport de virus au sein de gouttelettes et aérosols formés dans les voies respiratoires (tapissées de mucus) et la bouche (remplie de salive), tout l’enjeu est de <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-2923-3">simuler la propagation de ces micropostillons-cargos</a> depuis leur émission jusqu’à leur inhalation – voire jusqu’à leur pénétration et dépôt dans les voies respiratoires.</p>
<p>De telles simulations de dynamique des fluides ont fait florès depuis les débuts de la pandémie et ont mis le doigt sur la complexité du processus, l’importance de bien décrire les structures turbulentes de l’écoulement, la variabilité du jet d’air exhalé selon la phonation, la sensibilité de l’évaporation des gouttelettes à l’environnement d’haleine, et ainsi de suite.</p>
<p>Si l’on se contente de modèles grossiers, la description des risques peut en être fortement affectée et on a vu apparaître, dans les premiers temps de l’épidémie, de nombreuses études aux hypothèses contestables. À l’inverse, des modèles très fins, simulant de manière sophistiquée la propagation des gouttelettes de fluide respiratoire, offrent davantage de réalisme… Mais ils butent sur la complexité de l’analyse des données produites (que faire avec ces éventails de trajectoires variant à chaque microchangement ?) et sur leur coût en temps de calcul – le nerf de la guerre pour les simulations numériques.</p>
<h2>La solution des « cartes dynamiques de risques »</h2>
<p>Pour tirer le meilleur des deux mondes, une idée consiste à utiliser des simulations très fines de dynamique des fluides, avec une résolution de l’ordre du millimètre, et y estimer la dynamique des risques autour d’un émetteur de manière plus agrégée, c’est-à-dire sans se soucier de la localisation précise de chacun des micropostillons.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue aérienne des passants avec particules projetées par un émetteur" src="https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=643&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=643&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532435/original/file-20230616-29-w8i7nv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=643&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Figure 1 : Une modélisation multi-échelles des risques de transmission virale est rendue possible par la création de cartes dynamiques des concentrations virales autour d’un émetteur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Nicolas, S. Mendez</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sauf qu’une carte unique n’est pas suffisante : en réalité, la « carte des risques » ainsi obtenue varie selon que la personne est en train de parler, de marcher, selon le vent ou les courants d’air, etc. Il faut donc constituer toute une bibliothèque de situations de référence et, dans les intervalles entre elles, inférer celles qui manquent. C’est <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/advs.202205255">ce à quoi nous nous sommes attelés</a>.</p>
<p>Avec pour résultats des enseignements clairs et simples. Ainsi, il ressort que le moindre vent qui s’invite dans la scène diminue drastiquement les risques de transmission virale. Cela vient clore un débat entamé au début de la pandémie, où l’on se demandait s’il ne pouvait pas favoriser les contaminations en portant plus loin les gouttelettes et aérosols. En fait, dans tous les scénarios étudiés, il les disperse.</p>
<p>Plus généralement, l’importante réduction du coût numérique grâce à l’usage des « cartes dynamiques de risques » a rendu possible l’étude de situations concrètes impliquant des dizaines, voire des centaines de personnes.</p>
<h2>Des résultats concrets</h2>
<p>Concrètement, nous avons pu arpenter les rues de Lyon au cœur de la pandémie et poser notre dispositif caméra (filmant les gens de dessus dans le respect de leur anonymat) en divers lieux, à l’extérieur ou en milieu intérieur peu confiné (vaste et bien aéré). Parmi ceux-ci figurent une gare SNCF, une station de métro, des rues passantes, un marché de plein air, des terrasses de café et une berge aménagée du Rhône.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Exemples indiqués : gare, rue passante, marché en plein air, berges" src="https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=160&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=160&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=160&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=201&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=201&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532437/original/file-20230616-24-u12fte.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=201&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2 : Quelques exemples des situations étudiées pour les risques de transmission qu’elles peuvent, ou non, présenter. Les données ont été recueillies en période pandémique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Nicolas, S. Mendez</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De ces vidéos, nous avons extrait les trajectoires et orientations des têtes des piétons et avons couplé ces données aux cartes de risques susmentionnées (Figure 1). Bilan :</p>
<ul>
<li><p>Les rues passantes (non bondées) présentent un risque très faible en comparaison du marché en plein air, où les passants étaient beaucoup plus nombreux et serrés. Comme on pouvait s’y attendre, <strong>la densité joue un rôle majeur</strong>.</p></li>
<li><p>Toutes ces situations présentaient moins de risques de nouvelles contaminations que les terrasses de café (Figure 3), où les gens partagent des <strong>contacts proches et prolongés</strong>, quand bien même la densité globale y est plus faible.</p></li>
<li><p><strong>L’activité expiratoire a un rôle majeur</strong>, dans la mesure où les émissions de gouttelettes par une personne en train de parler sont bien plus élevées que si elle est en train de respirer par la bouche (et, a fortiori, par le nez).</p></li>
</ul>
<p>Cette hiérarchisation de scénarios concrets à partir de modèles théorico-numériques illustre comment l’on peut exploiter des simulations de haute fidélité pour examiner des situations de la vie courante. Ce qui peut servir d’aide à la décision en politique de santé publique.</p>
<p>L’outil de modélisation joue alors le rôle précieux de passerelle entre les connaissances fondamentales sur la propagation virale aéroportée et les mesures sanitaires à mettre en place.</p>
<h2>Atouts et limites d’une approche prometteuse</h2>
<p>Comparée aux approches fines, où la destinée de chaque gouttelette respiratoire est prédite et influencée par de nombreux phénomènes (recirculations d’air autour de mobiliers urbains, influence du sillage de chaque piéton…), la nôtre permet d’estimer les risques en situation réelle en à peine quelques minutes, les simulations les plus coûteuses ayant été réalisées en amont, une fois pour toutes.</p>
<p>Certes, cela a un prix : l’impact des piétons autres que l’émetteur n’est pas pris en compte, ce qui s’avère limitant en cas de foules extrêmement denses. D’autres effets, comme l’influence de la température sur la dispersion des aérosols exhalés, pourraient par contre être intégrés dans des améliorations à venir.</p>
<p>Malgré ces limitations, les possibilités d’utilisation sont multiples, car le modèle de transmission peut aussi bien être combiné à des mesures de terrain pour de la hiérarchisation de risques, que couplé à des trajectoires simulées de piétons. On pourra ainsi, par exemple, quantifier à l’avance l’influence des choix architecturaux sur les risques de transmission dans un bâtiment ou organiser la circulation d’une foule en période d’épidémie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Graphes pour un malade en train de parler ou respirant par la bouche. Le risque de transmission est maximal à une terrasse de café puis au marché. Il est par contre limité sur un quai de métro" src="https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532439/original/file-20230616-17-novafc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 3 : Estimation des risques de nouvelles contaminations (en un quart d’heure) dans diverses situations, sans port de masque, selon l’activité de la personne contagieuse (« malade »). Attention : le contexte des scénarios est celui qui prévalait au cœur de la pandémie et les valeurs utilisées sont des chiffres moyens, ce qui masque la forte variabilité entre les cas et les individus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Nicolas, S. Mendez</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/207951/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Mendez a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR-21-CO15-0002) et a reçu le soutien de GENCI pour réaliser les simulations numériques sur TGCC-IRENE (Projets AP010312425, A0100312498, et A0120312498).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexandre Nicolas a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR-20-COV1-0003), de l'Institut Rhônalpin des Systèmes Complexes et du CNRS dans le cadre de ses recherches . </span></em></p>La modélisation de la diffusion des virus est un outil majeur lors d'une épidémie. Elle est souvent, malheureusement, trop grossière ou trop complexe pour être utile. Voici la solution intermédiaire…Simon Mendez, Chargé de recherche au CNRS, laboratoire de Mathématiques et de Modélisation, Université de MontpellierAlexandre Nicolas, Chargé de recherche au CNRS; physicien, Université Claude Bernard Lyon 1Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2058862023-06-12T09:58:19Z2023-06-12T09:58:19ZMali : une étude montre que la chicha est un facteur de propagation du tabagisme chez les jeunes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531129/original/file-20230609-17-iblgu4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un Palestinien fume la chicha sur la plage pendant le dernier coucher de soleil, dans la ville de Gaza, le 31 décembre 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo : MOHAMMED ABED/AFP via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>Au Mali, la consommation de la chicha gagne de l'ampleur chez les jeunes, alors qu'elle est plus dangereuse que la cigarette. La chicha ou narguilé est une pipe à eau permettant de fumer une préparation de tabac chauffée grâce à un charbon, dont la fumée est refroidie par un passage dans un récipient d'eau avant d'être inhalé. Le tabac peut être utilisé sous forme de tabamel, mélange comportant de la mélasse additionnée d’arômes, qui se consume avec un charbon. La fumée inhalée est comparable à celle de la cigarette et <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02124343">expose potentiellement les fumeurs</a> aux effets du tabac sur la santé. </p>
<p>Originaire du Moyen-Orient, la chicha se compose de plusieurs parties : une cheminée, un foyer (un bol supérieur), un plateau qui sert de cendrier, un vase (un réservoir à eau), un tuyau et une pipe. </p>
<p>La chicha est souvent une activité sociale pratiquée par un groupe de personnes qui partagent un seul dispositif et prennent tour à tour des bouffées de fumée à travers un embout.</p>
<h2>Engouement des jeunes</h2>
<p>Les premières références de la consommation de la chicha datent du XVème siècle en Perse (actuel Iran) par le physicien Abu’l-Fath Gilani qui en serait le créateur. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), <a href="https://zoom-eco.net/a-la-une/monde-plus-de-100-millions-de-personnes-consomment-la-chicha-oms/">plus de 100 millions de personnes</a> dans le monde consomment la chicha aujourd'hui et son usage est très répandu en Amérique et au Moyen Orient, mais aussi en Afrique. Ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui en sont les plus friands. </p>
<p>L’engouement pour ce nouveau mode d’intoxication tabagique a motivé <a href="https://doi.org/10.1016/j.rmra.2022.11.251">quelques études</a> encore <a href="https://www.bibliosante.ml/handle/123456789/5026">parcellaires</a> portant sur les connaissances, attitudes et comportements des adolescents et jeunes dans la capitale malienne sur cette consommation banalisée au vu et au su des parents. </p>
<p>Ces études conduites par l’équipe du chef de service de la pneumologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G, le Professeur Yacouba Toloba, ont attiré l’attention des plus hautes autorités maliennes sur les dangers de cette pratique.</p>
<p>Une <a href="https://www.bibliosante.ml/handle/123456789/5026">première étude</a>, menée auprès des scolaires des communes 2 et 3 du district de Bamako, la capitale malienne, a mis en évidence l’ampleur du problème. Cette étude qui a concerné 3012 scolaires (lycées et écoles professionnelles) a été conduite entre février et septembre 2021. </p>
<h2>Prédominance féminine</h2>
<p><strong>Premiers enseignements :</strong> la prévalence de la consommation de la chicha est alors de 71,3 %, avec une prédominance féminine 55,8 % (1199 cas). L’âge moyen est de 17, 31 ans avec des extrêmes de 15 et 21 ans. L’effet de mode est le motif le plus cité avec 53,1 % des cas. La majorité – soit 74,8 % – fume la chicha de temps en temps, et le week-end est la période choisie dans 89,2 % des cas surtout le soir (94,6 % des cas). </p>
<p>Dans 80,8 % des cas, des fumeurs de chicha possède leur propre appareil. Le bar à chicha est le lieu où les jeunes préfère fumer à 66,22 % et la menthe est le parfum préféré pour 38,4 % des personnes interrogées. Plus de la moitié des scolaires fumeurs de chicha, soit 58,1 %, savent que le tabac est dangereux. La toux et l’irritation de la gorge sont les symptômes les plus signalés parmi les fumeurs de chicha.</p>
<p>Une deuxième <a href="https://doi.org/10.1016/j.rmra.2022.11.251">étude transversale</a> à l'aide d'un questionnaire auto-administré via internet (à travers Google form) pré-testé et validé auprès de 364 jeunes de la commune 4 du district de Bamako a été menée par les tabacolgues du CHU du point G et du CHU mère-enfant LUXEMBOURG de Bamako. Dans ce travail, 13 % ne savent pas que la chicha est responsable de maladies respiratoires. Dans cette population, nous avons retrouvé 19,23 % de consommateurs réguliers.</p>
<p>La tranche d’âge de 15 à 20 ans et celle de 25 à 30 consomment le plus avec respectivement des taux de 62,86 % et 30 %. Ils consomment davantage dans les bars et clubs de chicha (46 %). Les effets ressentis sont les vertiges (21,43 %), l’irritation de la gorge (15,71 %), la toux (14,29 %) et la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dyspnee">dyspnée</a> (5,71 %). Plus de la moitié des jeunes pensent que l’eau du réservoir filtre les substances toxiques et ne savent pas que la chicha est plus dangereuse que la cigarette.</p>
<p>Près de 25 % affirment avoir utilisé les boissons alcoolisées à la place de l’eau dans le réservoir. L’embout n’est pas changé et est partagé avec les autres consommateurs dans 95 % des cas. Or la moitié des consommateurs ne savent pas que cet embout est pourvoyeur de la transmission de certaines maladies : herpès, hépatite, tuberculose, Covid-19, etc.</p>
<h2>Ignorance des dangers</h2>
<p>Ces enquêtes ont mis en évidence une connaissance limitée des jeunes de Bamako sur les dangers liés à la consommation de la chicha. Elle constitue un véritable fléau pour la santé des jeunes et des adolescents. Elle est dangereuse par ses effets sur la santé de façon générale.</p>
<p>Il est important de rappeler que lors de la combustion de la chicha, comme celle de la cigarette, près de 4000 substances chimiques sont émises dont la nicotine, le goudron, le monoxyde de carbone, le cobalt, le chrome et le plomb. Beaucoup de ces substances sont cancérigènes. La consommation de la chicha a plusieurs risques sur la santé notamment : les maladies respiratoires (la bronchite chronique, la bronchopneumopathie chronique obstructive, le cancer du poumon); les maladies cardio-vasculaires, etc.</p>
<p>Tirant les leçons de ces études, depuis le 15 août 2022, les autorités maliennes <a href="https://www.africanews.com/2023/02/17/mali-begins-crackdown-on-shisha-after-grace-period-expired/">ont interdit</a> l'importation, la distribution, la vente et l'usage de la chicha sur toute l’étendue du territoire. </p>
<p>L'arrêté dispose ce qui suit :</p>
<blockquote>
<p>Toute personne qui se rend coupable de la production ou l'importation de la chicha ou tout autre appareil similaire est punie d'un emprisonnement de 1 à 10 jours et d'une amende de 300 à 18 000 francs CFA (0,5 à 29 dollars US).</p>
</blockquote>
<p>Par ailleurs, toute personne reconnue “coupable de la commercialisation de la chicha ou tout autre appareil est punie d'une amende de 300 à 10 000 francs CFA (0,5 à 16 dollars)”. De plus, tout individu qui se rend coupable de l'usage de la chicha ou tout autre appareil est puni d'un emprisonnement de 1 à 10 jours et d'une amende de 300 à 10 000 francs CFA.</p>
<p>Aujourd’hui, l’Office central des stupéfiants (OCS) est à pied d’œuvre pour le respect strict de l’arrêté interministériel sur l’interdiction de la chicha. Dans ce cadre, beaucoup de commerçants, des responsables de bar et des consommateurs ont été arrêtés et sanctionnés selon la réglementation en vigueur.
Ces arrestations prouvent que la consommation de la chicha continue de manière clandestine.</p>
<p>Avec l’arrêté interministériel et l’implication de l’OCS, ensemble, nous pensons vaincre ce fléau sur le territoire malien. D’autres études sont envisagées pour évaluer l'impact de la décision d'interdiction de la consommation de la chicha.</p>
<p>Par ailleurs, les études menées à Bamako ont permis de formuler les recommandations suivantes :</p>
<ul>
<li><p>l'organisation régulière de campagnes de lutte contre la consommation de
chicha; </p></li>
<li><p>le suivi scrupuleux de l’application des dispositions de la loi 033 du 12 juillet 2010 portant sur la restriction de la publicité et de l’usage du tabac au Mali.</p></li>
</ul>
<p>Les résultats de nos travaux prouvent à suffisance que ce mode de consommation banalisée du tabac constitue un véritable problème de santé publique et sa prévalence est non moins importante dans la population juvénile.</p>
<p>Un <a href="http://www.sante.gov.ml/index.php/nep-mali/item/2452-decret-97-162-limitation-usage-du-tabac/">décret présidentiel</a> a fixé les modalités de restriction de la publicité et de l’usage du tabac au Mali. En plus de ce decret, le Mali a ratifié en 2005 la <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/42812/9242591017.pdf">Convention-cadre</a> de l'OMS, le premier traité anti-tabac négocié sous les auspices de l’Organisation mondiale de la Santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205886/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Salif Koné does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Des enquêtes ont mis en évidence une connaissance limitée des jeunes sur les dangers liés à la consommation de la chicha. Elle a des effets sur le système respiratoire, cardiovasculaire et digestif.Salif Koné, Docteur en médecine, spécialisé en pneumologie et chargé de cours, Université Scientifique Libre de BamakoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2040712023-05-31T16:20:57Z2023-05-31T16:20:57ZComprendre l’essor de la diplomatie scientifique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/529310/original/file-20230531-27-5nd0xx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=307%2C9%2C2619%2C2235&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Double Brain</span></span></figcaption></figure><p>La complexité croissante des défis environnementaux (dérèglement climatique, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/transition-ecologique-66536">transition écologique</a>), sanitaires (pandémie inédite) et des changements sociétaux induits par l’évolution de technologies disruptives (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/intelligence-artificielle-ia-22176">intelligence artificielle</a>, réalité augmentée) implique toujours plus la sphère scientifique dans la gouvernance internationale, en fournissant de l’expertise basée sur des preuves scientifiques pour instruire les décisions de politiques publiques.</p>
<p>L’idée de développer une « diplomatie scientifique » a ainsi fait son chemin. <a href="https://royalsociety.org/topics-policy/publications/2010/new-frontiers-science-diplomacy/">Une définition</a> consensuelle de ce concept émerge en 2010 à la Conférence de la <a href="https://royalsociety.org/">Royal Society</a> britannique et de <a href="https://www.aaas.org/sites/default/files/New_Frontiers.pdf">l’American Association for the Advancement of Science</a> (AAAS). Elle met en avant le principe de coopération internationale : « La diplomatie scientifique est l’utilisation des interactions scientifiques entre les États pour résoudre les problèmes communs auxquels l’humanité est confrontée et pour établir des partenariats internationaux constructifs, fondés sur la connaissance. »</p>
<p>Cette définition, très large, donne lieu à deux acceptions de ce concept.</p>
<h2>Deux idées de la diplomatie scientifique</h2>
<p>La première de ces deux visions se construit dans un <a href="https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2014-2-page-9.htm">« nationalisme méthodologique »</a>. De ce point de vue, la diplomatie scientifique est, pour chaque État, avant tout une projection de son « soft power », un élément qui participe à promouvoir l’intérêt national et un moyen de favoriser la participation de sa communauté scientifique aux <a href="https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/2064">coopérations transnationales</a>.</p>
<p>Lorsqu’un pays utilise la diplomatie scientifique en mettant en avant ses propres avancées scientifiques, il considère la coopération scientifique internationale comme un moyen de renforcer son pouvoir d’attractivité et de promouvoir ses intérêts nationaux tout en contribuant au progrès scientifique mondial. Cela lui confère une influence accrue sur la scène internationale et renforce sa réputation de leader technologique.</p>
<p>La seconde acception de la notion de diplomatie scientifique conçoit la science et la recherche comme <a href="https://www.sciencediplomacy.org/sites/default/files/global_science_diplomacy_for_multilateralism_2.0_0.pdf">« nouveaux acteurs de la gouvernance globale »</a>. Cette vision a donné lieu à la création de différents <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52021JC0003">partenariats</a> entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile, le monde universitaire et la communauté scientifique. Tous ces partenariats sont essentiels pour un multilatéralisme inclusif et fonctionnel. Ainsi, dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19, les États ont démontré une volonté de coopérer par-delà les frontières nationales malgré certaines tendances isolationnistes.</p>
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<p>Il est important de considérer que ces deux visions peuvent coexister et être mises en pratique en même temps, mais la reconnaissance du rôle croissant de la science dans la gouvernance mondiale, émerge comme un nouveau paradigme considéré comme une évolution plus récente de la diplomatie scientifique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pandemie-de-covid-19-eclairee-par-lhistoire-de-la-cooperation-sanitaire-internationale-137461">La pandémie de Covid-19 éclairée par l’histoire de la coopération sanitaire internationale</a>
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<p>Le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/covax-92564">mécanisme COVAX</a> en est une illustration. Ce système, <a href="https://www.who.int/fr/initiatives/act-accelerator/covax">qui vise à accélérer la mise au point et la fabrication de vaccins contre le Covid-19</a> et d’assurer un accès juste et équitable à ces vaccins à l’échelle mondiale, atteste de la pertinence de la mutualisation des ressources pour faire face aux crises.</p>
<h2>Les initiatives internationales de diplomatie scientifique</h2>
<p>Entre 2018 et 2021, l’Union européenne, dans le cadre d’<a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/horizon-2020-le-programme-de-l-union-europeenne-pour-la-recherche-et-l-innovation-46458">Horizon 2020</a> (programme européen pour la recherche et le développement), met en place et finance une stratégie pour une diplomatie scientifique régionale avec le projet <a href="https://www.insscide.eu/about/about-us/">InsSciDE</a>, premier consortium interdisciplinaire européen. Il engage des réseaux de diplomates et de scientifiques, des experts en stratégie et des décideurs politiques pour mettre la diplomatie scientifique au premier plan et mieux l’utiliser. Le second projet européen <a href="https://www.s4d4c.eu/about/">S4D4C</a> déploie la diplomatie scientifique dans un cadre transnational. En effet, les défis globaux requièrent des actions collaboratives entre les gouvernements, par-delà des frontières nationales et des <a href="https://www.s4d4c.eu/time-for-a-new-era-of-science-diplomacy">intérêts étatiques</a>.</p>
<p>Par ailleurs, afin de soutenir les dynamiques développées au sein de ces projets, la <a href="https://www.science-diplomacy.eu/about/eu-science-diplomacy-alliance/">EU Science Diplomacy Alliance</a>, dont fait partie la représentation de <a href="https://www.auf.org/europe-ouest/">l’Agence universitaire de la Francophonie en Europe occidentale</a>, a été créée en 2021.</p>
<p>Plusieurs plates-formes comme le <a href="https://gesda.global/how-it-all-started/">GESDA</a> (<em>Geneva Science and Diplomacy Anticipator</em>) ou le <a href="https://gspi.ch/">GSPI</a> (<em>Geneva Sciences Policy Interface</em>) ont été mises en place à partir de 2018 à Genève, et relayées par l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN). Le GSPI contribue à la construction d’une synergie entre les multiples acteurs menant des travaux et appels à projets sur l’interface entre la science et la diplomatie. Dans ce cadre sont mises en place des formations à destination des professionnels de la politique et autres parties prenantes désireuses de contribuer à l’élaboration de politiques éclairées par la science.</p>
<p>En 2021, <a href="https://ufmsecretariat.org/fr/">l’Union pour la Méditerranée</a> (UpM) a développé des actions placées sous le signe de la diplomatie scientifique pour faire face aux problèmes tels que la pénurie d’eau, les inondations, la fonte des glaciers, la salinisation et l’érosion côtière. Ces actions permettent d’aligner les agendas scientifiques et diplomatiques et favorisent des partenariats entre les <a href="https://ufmsecretariat.org/wp-content/uploads/2021/12/Report_Science_Innovation_Diplomacy_Mediterranean_ALTA.pdf">rives sud-est et nord.</a> et entre les <a href="https://auforg.sharepoint.com/:w:/r/sites/fichiers/_layouts/15/Doc.aspx?sourcedoc=%7B26CAD922-96BC-48A6-BBDF-3483FD3471F2%7D&file=Compte-rendu%20UFM-Science%20Diplomacy%20Conference.docx&action=default&mobileredirect=true">Suds de cette région</a>. En juillet 2021, l’UpM a adopté un <a href="https://ufmsecretariat.org/mediterraneanpavilion/?event=science-diplomacy-and-climate-change-the-mediterranean-as-a-global-testbed">nouvel agenda</a> pour la coopération en matière de recherche et d’innovation dans la région, mettant l’accent sur les énergies renouvelables, la santé et le <a href="https://www.researchgate.net/publication/352153770_Challenges_in_strategies_for_socioeconomic_democratization_Assessing_solidarity_economy_policies_in_Barcelona">changement climatique</a>.</p>
<p>Autre initiative notable, pendant l’été 2022, l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) et The World Academy of Sciences (TWAS), (deux associations qui ont notamment pour objectif de promouvoir la science, de défendre la liberté académique et d’encourager la responsabilité scientifique) ont proposé une <a href="https://twas.org/opportunity/aaas-twas-course-science-diplomacy">formation professionnelle en diplomatie scientifique</a> destinée aux scientifiques, décideurs politiques et diplomates. Les parties prenantes ont pu explorer les principales questions de politique internationale contemporaines liées à la science, à la technologie, à l’environnement et à la santé, et élaborer un socle de compétences visant à aider les participants à mener par la suite des carrières à l’intersection de la science et de la diplomatie.</p>
<p>Les rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat – <a href="https://www.unep.org/fr/resources/rapport/sixieme-rapport-devaluation-du-giec-changement-climatique-2022">GIEC</a> sont des exemples éminents de la production scientifique au cœur des négociations internationales. Le dernier rapport du GIEC fait le point sur l’état des connaissances, à partir de l’évaluation critique des éléments issus des publications scientifiques, et plaide pour des politiques publiques associées à l’investissement dans la recherche et le développement. Le rapport souligne, sur la base de preuves scientifiques (<em>evidence-based policy</em>), les risques associés au changement climatique.</p>
<h2>Perspectives d’une diplomatie scientifique pour l’espace francophone</h2>
<p>Dans le même temps, on observe une sous-représentation des pratiques de diplomatie scientifique au sein de la francophonie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pV4vpUb-MZs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Organisée, promue et diffusée, la diplomatie scientifique peut pourtant être le fer de lance du réseau francophone. Les pays membres de la Francophonie entretiennent des liens privilégiés susceptibles de <a href="https://www.francophonie.org/sites/default/files/2020-02/passeport_2020.pdf">favoriser la coopération politique, éducative, économique et culturelle</a>.</p>
<p>Divers outils, initiatives et réseaux sont dédiés à l’encouragement de ces pratiques au sein de la francophonie. <a href="https://ingsa.org/ingsa-news/franco-secretariat-2022/">Un réseau francophone</a> a été mis en place au sein de l’International Network for Governmental Science Advice (INGSA), afin de soutenir la formation en conseil scientifique, de documenter et encourager les pratiques y relatives, et de <a href="https://ingsa.org/divisions/francophonie/fr/">favoriser les maillages entre les différents milieux</a>.</p>
<p>Initié par l’Agence universitaire de la Francophonie, le <a href="https://www.auf.org/nouvelles/actualites/le-manifeste-pour-une-diplomatie-scientifique-francophone-est-disponible/">« Manifeste pour une Diplomatie scientifique francophone »</a> a été signé en octobre 2022, lors de la Conférence ministérielle francophone des ministres en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cette déclaration insiste sur le développement d’actions autour de la formation, de la production, de la valorisation et de la circulation des savoirs au service d’une gouvernance multilatérale – façon, pour la Francophonie, de contribuer à l’élaboration de réponses aux défis globaux.</p>
<p>En conclusion, la diplomatie scientifique est devenue essentielle pour la formulation de politiques fondées sur des preuves scientifiques et le partage de connaissances pour relever les défis mondiaux cruciaux. Les initiatives concrètes de diplomatie scientifique démontrent la pertinence des interactions scientifiques entre les États pour faire face aux crises et promouvoir des politiques éclairées par la science. Au sein de la francophonie, des réseaux et initiatives se développent pour encourager la diplomatie scientifique, ou elle émerge comme un concept visant à placer la science au cœur des décisions politiques dans une gouvernance multilatérale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204071/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La gestion de crises impliquant une connaissance toujours plus précise des enjeux scientifiques, la diplomatie s’est dernièrement mise à accorder davantage d’importance aux experts.Marielle Payaud, Professeur des Universités, Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)Olfa Zéribi, Professeur des Universités, Directrice Régionale Europe Occidentale, Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2056622023-05-31T16:20:51Z2023-05-31T16:20:51ZAvez-vous changé votre manière de vous déplacer depuis la pandémie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526507/original/file-20230516-21-m0hs5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=331%2C42%2C3751%2C2658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Y'a-t-il vraiment eu un « un monde d’après » concernant les mobilités ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/bqUX5QhlQUM">Overade Company / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Début mai 2023, le gouvernement a présenté son nouveau <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/09/20/le-plan-velo-sera-dote-de-250-millions-d-euros-en-2023-annonce-matignon_6142361_3234.html">plan vélo</a> et mobilités actives pour 2023-2027. Celui-ci acte un doublement des investissements de l’État en faveur du développement de la pratique du vélo, qui complète les investissements déjà très conséquents engagés récemment par les collectivités locales.</p>
<p>Ces financements s’inscrivent en continuité d’une intégration graduelle du cyclisme dans les politiques de mobilité depuis une dizaine d’années. Ceux-ci visent également à répondre à l’augmentation de la pratique du vélo accélérée par la crise du Covid-19. Mais, au-delà de cet engouement pour la petite reine, comment ont évolué les pratiques et les politiques de mobilité depuis la pandémie ?</p>
<p>Si la modification des mobilités pendant la crise est <a href="https://forumviesmobiles.org/dictionnaire/13661/confinement">attestée</a> (diminution des déplacements en transports collectifs et en voiture, augmentation des <a href="https://theconversation.com/marche-velo-les-gains-sanitaires-et-economiques-du-developpement-des-transports-actifs-en-france-189487">déplacements à pied et à vélo</a>, valorisation de la proximité spatiale), il apparaît plus difficile de caractériser une inflexion des pratiques après la pandémie.</p>
<p>Peu d’enquêtes sont disponibles pour documenter ces évolutions. L’Île-de-France fait office de précieuse exception : <a href="https://omnil.fr/spip.php?article262">8 enquêtes</a> y ont été menées entre 2020 et 2022 par l’Observatoire des Mobilités. Celles-ci soulignent une amplification des tendances existantes et infirment l’hypothèse d’« un monde d’après » radicalement différent. Cinq informations principales ressortent de ces études.</p>
<p>La première souligne une réduction du nombre de déplacements par jour, avec une baisse de 10 % (de 43 millions avant la crise sanitaire à 39 millions de déplacements en juin 2022). La seconde indique une augmentation du <a href="https://theconversation.com/teletravail-trois-ans-apres-le-premier-confinement-quelles-tendances-perdurent-203196">télétravail</a> avec une part des actifs télétravaillant au moins un jour par semaine en hausse (34 % en juin 2022 contre 29 % en juin 2021). La troisième information mesure une diminution de la fréquentation des <a href="https://theconversation.com/developper-le-reseau-de-transports-en-commun-beneficie-t-il-vraiment-aux-plus-pauvres-198261">transports collectifs</a> (-21 % de déplacements en juin 2022 par rapport à 2018) et de l’usage de la voiture (-22 % de déplacements en juin 2022 par rapport à 2018). La quatrième confirme la croissance de la marche comme premier mode de déplacement (17 millions de déplacements par jour) et de l’usage du vélo, même si sa part dans le total de déplacements reste faible (1,2 million de déplacements par jour). Enfin, la cinquième atteste du renforcement des logiques de proximité, déjà majoritaires dans la période pré-crise (49 % des déplacements dans la commune de résidence et 12 % dans une commune limitrophe en 2018), mais s’accentuant (62 % des déplacements dans la commune de résidence en juin 2022 et 13 % dans une commune limitrophe).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/To5oXucDWL8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Ces enquêtes apportent des informations sur les déplacements mais également leur sociologie et leur géographie. Elles montrent par exemple que le développement du télétravail est réel, mais concerne principalement les cadres et les professions intermédiaires. Enfin, si ces enquêtes ne traitent pas de la mobilité des marchandises (4,3 millions de mouvements logistiques en Île-de-France en 2018), le chiffre d’affaires du commerce en ligne en France a connu une hausse importante (<a href="https://www.fevad.com/bilan-du-e-commerce-en-2020-les-ventes-sur-internet-atteignent-112-milliards-deuros-grace-a-la-digitalisation-acceleree-du-commerce-de-detail/">+37 % en 2020</a>). L’impact de cette croissance sur la réorganisation des circuits logistiques (livraison à domicile, drives, dark stores…) est <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/1er-octobre-e-commerce-metropole-grand-paris">considérable</a>. Elle implique des enjeux nouveaux de régulation.</p>
<h2>Une inflexion des politiques de mobilité ?</h2>
<p>Cette amplification des tendances préexistantes à la pandémie s’est-elle accompagnée d’une évolution des politiques de mobilité ? Ces politiques sont marquées depuis les années 2000 par des <a href="https://shs.hal.science/tel-01261303">objectifs de réduction des impacts environnementaux</a> associés à une boîte à outils standard (développement du transport collectif, réduction de la place de l’automobile, soutien aux modes actifs que sont la marche et le vélo, densification urbaine).</p>
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<p>À la fin du premier confinement, les collectivités locales ont eu recours à un urbanisme « tactique » pour aménager des espaces dédiés au vélo et aux piétons pour organiser la distanciation spatiale, fluidifier la circulation et décongestionner les transports publics. En Île-de-France, <a href="https://observatoire-coronapistes.velo-iledefrance.fr/">158 km de pistes temporaires</a> ont ainsi été aménagés durant la crise sanitaire, dont un tiers à Paris. Ces aménagements ont pris des formes différentes : pistes, espaces pacifiés, voies sur chaussée ou sur trottoir, etc. La pandémie a eu également un effet immédiat sur l’aménagement des espaces publics piétons de façon à organiser la distanciation sociale (extension des zones à priorité piétonne, réservation de rues aux modes actifs, création d’espaces d’attente et traversées piétonnes).</p>
<p>Une partie de ces aménagements temporaires a été ou est en cours de pérennisation, en lien avec des incitations de l’État, des appuis financiers de la Région et des revendications d’associations. La crise liée au Covid-19 a eu ainsi des effets sur l’intensification des politiques vélo, à l’échelle régionale (avec la consolidation du <a href="https://rerv.fr/">projet de RER vélo</a> engagé en 2020), métropolitaine (<a href="https://www.metropolegrandparis.fr/fr/plan-velo-metropolitain">Plan vélo métropolitain</a> soutenu par la métropole du Grand Paris) et locale, de manière différenciée – comme le souligne la <a href="https://velo-iledefrance.fr/accueil/cartecyclable/">carte ci-dessous</a>.</p>
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<img alt="Les aménagements cyclables d’Île-de-France" src="https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=620&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=620&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/526278/original/file-20230515-26296-7oogjm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=620&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les aménagements cyclables d’Île-de-France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://velo-iledefrance.fr/accueil/cartecyclable/">Collectif Vélo Ile-de-France, Métropole du Grand Paris, OSM France</a></span>
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<p>Pour des communes déjà engagées en faveur du vélo, comme à <a href="https://www.paris.fr/pages/un-nouveau-plan-velo-pour-une-ville-100-cyclable-19554">Paris</a>, à <a href="https://www.montreuil.fr/vie-citoyenne/la-municipalite/espace-presse/detail/barometre-de-la-pratique-du-velo-la-politique-ambitieuse-de-montreuil-en-matiere-de-pistes-cyclables-et-de-stationnement-velo-placent-montreuil-dans-lesvilles-cyclables-en-plus-forte-progression-ces-deux-dernieres-annees">Montreuil</a> ou <a href="https://www.sevres.fr/dossiers/le-velo-a-sevres/">Sèvres</a>, la crise a conforté leurs actions. Pour d’autres, elle a accéléré la concrétisation d’une politique vélo en émergence (comme au Kremlin-Bicêtre autour du projet de <a href="https://www.lemoniteur.fr/article/la-rd-7-requalifiee-en-boulevard-urbain.1120704">requalification de la RD 7</a>).</p>
<p>Pour d’autres, la pandémie n’a rien changé. Certaines communes, telles qu’Argenteuil ou Puteaux, ont en effet <a href="https://www.lemonde.fr/blog/transports/2020/06/03/ces-villes-qui-suppriment-des-pistes-cyclables-temporaires/">supprimé des aménagements cyclables temporaires</a>, pour ne pas contraindre la fluidité automobile. Ces exemples illustrent alors le caractère controversé de ces aménagements cyclables, comme l’illustrent les conflits médiatisés autour des voies cyclables de l’avenue de Saint-Ouen ou de l’avenue Michelet à <a href="https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/vegetalisation-mobilites-douces-stationnements-a-saint-ouen-le-reamenagement-de-lavenue-michelet-prend-forme-07-07-2022-F6JAGPXFGJGULCOEABEJBAS3W4.php">Saint-Ouen</a> – ou des aménagements temporaires à Drancy ou <a href="https://actu.fr/ile-de-france/noisy-le-grand_93051/seine-saint-denis-petition-et-manifestation-contre-les-nouvelles-pistes-cyclables-de-noisy-le-grand_35442191.html">Noisy-le-Grand</a>.</p>
<p>Au-delà de la question des modes « actifs », la crise liée au Covid-19 a également interpellé les politiques de mobilité sur d’autres points. Elle a révélé la fragilité du système de transport collectif en Île-de-France. En effet, le niveau de service peine à revenir à ces niveaux antérieurs, du fait du cumul de différents problèmes (recrutement de chauffeurs et conducteurs, retard dans des chantiers, <a href="https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/financement-de-lexploitation-des-transports-collectifs-en-ile-de-france/">difficultés de financements de l’exploitation</a>). Les effets du télétravail sur la fréquentation du transport collectif (<a href="https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/des-heures-de-pointe-aux-jours-de-pointe-effets-de-la-pandemie-sur-le-mass-transit-en-ile-de-france/">avec l’apparition de jours de pointe</a>) soulèvent également de nouvelles questions pour l’autorité organisatrice (Île-de-France Mobilités) et les exploitants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/developper-le-reseau-de-transports-en-commun-beneficie-t-il-vraiment-aux-plus-pauvres-198261">Développer le réseau de transports en commun bénéficie-t-il vraiment aux plus pauvres ?</a>
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<p>La crise sanitaire, combinée au surcoût de l’énergie en raison de la reprise de l’activité post-pandémie puis de la guerre en Ukraine, a creusé le déficit des transports franciliens que l’autorité organisatrice Île-de-France Mobilités peine à combler sans appui de l’État. Au plus fort de la pandémie, la perte de recettes d’Île-de-France Mobilités était estimée à <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2022-02/20220216-rapport-RPA-2022.pdf">1,4 milliard en 2020</a>. Cela pose la question controversée d’une augmentation de la contribution des usagers au financement des transports.</p>
<h2>Tout bouge, rien ne change ?</h2>
<p>Si l’hypothèse d’une évolution radicale des mobilités a pu être avancée au plus fort de la crise, les tendances en cours indiquent plutôt une inflexion relative des pratiques. On constate une baisse mesurée des déplacements, un renforcement des logiques de proximité, une croissance de la marche et du vélo, une fragilisation des transports collectifs et une inflexion de la mobilité automobile.</p>
<p>Cette évolution participe d’une modification des politiques publiques en particulier en faveur du vélo. Il sera intéressant d’en suivre la pérennité. Le monde « d’après » semble néanmoins ressembler beaucoup au monde « d’avant », car si cette pandémie a modifié pour un temps les conditions de mobilité, les modes de vie restent peu bousculés en sortie de crise. À l’exception de quelques ménages plus libres de leurs mouvements, la majorité reste dépendante de conditions de mobilité <a href="https://shs.hal.science/halshs-01230217">contraintes à l’échelle francilienne</a>. Les <a href="https://www.omnil.fr/IMG/pdf/20220802_resultats_Covid_juin_2022_p8_vf.pdf">inégalités sociales et spatiales persistent</a>, posant la question d’une évolution des politiques de mobilité pour mieux prendre en compte ces enjeux.</p>
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<p><em>Ce travail de recherche s’inscrit dans le cadre du programme <a href="https://geographie-cites.cnrs.fr/mama/">Du Monde d’avant au monde d’après</a> (MAMA, 2021-2024) financé par l’institut des sciences humaines et sociales du CNRS.</em></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205662/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cette recherche menée à l'UMR Géographie-cités s'inscrit dans le programme Monde d’Avant Monde d’Après (MAMA, 2021-2024) financé par l’institut des sciences humaines et sociales du CNRS
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette recherche menée à l'UMR Géographie-cités s'inscrit dans le programme Monde d’Avant Monde d’Après (MAMA, 2021-2024) financé par l’institut des sciences humaines et sociales du CNRS.</span></em></p>Comment ont évolué les pratiques et les politiques de mobilité depuis la crise de Covid-19 ? Y a-t-il vraiment eu un « un monde d’après » ? Étude du cas francilien.Jean Debrie, Professeur des Universités, Urbanisme et Aménagement, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneJuliette Maulat, Maître de conférence en urbanisme et en aménagement , Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2056172023-05-16T18:40:41Z2023-05-16T18:40:41ZCroissance chinoise : les chaînes de valeur dynamisent les voisins asiatiques<p>Avec sa réouverture post-Covid, la <a href="https://theconversation.com/topics/chine-20235">Chine</a> connaît une période de reprise économique soutenue. Les dernières projections de croissance de l’Asian Development Bank Institute (ADBI) sont de 5 % pour 2023, 4,5 % pour 2024, après 3 % en 2022, 8,4 % en 2021 et 2,3 % en 2020. Dans son dernier <a href="https://www.adb.org/outlook">rapport <em>Asian Development Outlook</em></a> publié en avril, le think tank asiatique indique que l’économie de l’empire du Milieu devrait entraîner avec elle la <a href="https://theconversation.com/topics/croissance-economique-21197">croissance</a> régionale à travers la demande de biens et de services, autant qu’à travers les <a href="https://theconversation.com/topics/chaines-dapprovisionnement-85385">chaînes d’approvisionnement</a> mondiales ou <em>global value chains</em> (GVCs). En <a href="https://theconversation.com/topics/asie-22182">Asie</a>, 40 % des exportations (chiffre de 2015) sont liés à ces circuits. Cela fait de la région l’aire géographique la plus intégrée après l’Europe.</p>
<p>La mondialisation du commerce s’est traduite, depuis des décennies, par la fragmentation de la production des biens en différentes tâches, réalisées dans divers pays. Un pays va produire des biens intermédiaires qui seront ensuite utilisés par d’autres pays où ils seront améliorés ou assemblés pour aboutir au bien final. À chaque étape de la production, un pays apporte de la valeur au bien, jusqu’à ce qu’il soit mis à disposition des consommateurs.</p>
<p>Plusieurs données sont habituellement produites, notamment par l’<a href="https://www.oecd.org/fr/industrie/ind/mesurerlecommerceenvaleurajoutee.htm">Organisation de coopération et de développement économiques</a> (OCDE), pour mesurer l’implication d’un pays dans la chaîne de valeur mondiale d’un bien. La participation amont (<em>backward</em>) d’un pays aux GVCs mesure la part de la valeur ajoutée étrangère, soit des produits intermédiaires étrangers importés, dans les exportations du pays. Elle peut se décomposer selon l’origine géographique de la valeur ajoutée. La participation aval (<em>forward</em>), quant à elle, mesure la part de la valeur ajoutée locale dans les exportations d’un pays tiers.</p>
<p>Ce processus de production a beaucoup bénéficié aux pays émergents, notamment en Asie. Ils se sont spécialisés dans des tâches à forte intensité de main-d’œuvre depuis les années 1990, en parallèle de la signature d’accords de libre-échange dans la région. Ce que l’on observe est que tous les pays de notre échantillon voient leur participation amont avec la Chine augmenter depuis les années 2000, ce qui n’est pas sans conséquences pour l’avenir.</p>
<h2>Chaînes de valeur, chaînes de transmission</h2>
<p>Les pays asiatiques affichent la plus forte participation amont avec la Chine, aux côtés d’autres grands pays émergents comme l’Afrique du Sud ou le Mexique : la teneur en produits intermédiaires provenant de Chine est particulièrement élevée dans leurs exportations. Les pays asiatiques ont aussi une participation aval importante, tout comme l’Afrique du Sud et certains pays d’Amérique latine. La teneur en intrants de ces pays dans les exportations de la Chine est la plus forte parmi les pays de notre échantillon.</p>
<p><iframe id="GNnxX" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/GNnxX/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p><iframe id="UtNX2" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/UtNX2/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>La plupart des pays émergents sont ainsi très intégrés aux chaînes de valeur avec la Chine. Pour les pays émergents d’Asie, cela s’apparente à des chaînes de valeur régionales. Cela implique une forme de dépendance.</p>
<p>Une <a href="https://www.adb.org/sites/default/files/publication/871976/asean-global-value-chains-resilience-sustainability.pdf#page=91">étude récente</a> des économistes Adrian Mendoza et James Villafuerta, toujours pour l’<em>Asian Development Bank Institute</em>, décrit leurs calculs des effets de report (<em>spillovers</em> en anglais) sur les dix pays membres de l’<a href="https://asean.org/">Association des nations de l’Asie du Sud-Est</a> (Asean) de chocs provenant de leurs principaux partenaires dans les GVCs. Ils observent que la sensibilité aux chocs américains a baissé durant la décennie 2000 quand celle touchant aux événements sur le marché chinois s’est accentuée. Un choc positif de 1 % sur la production chinoise avait un impact de 1,7 % sur celle de l’Asean en 2000, de 4,9 % en 2010 et de 6,3 % en 2020.</p>
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<p>Une <a href="https://www.adb.org/sites/default/files/publication/871976/asean-global-value-chains-resilience-sustainability.pdf#page=94">autre de leur analyse</a> montre que le commerce de l’Asean lié aux GVCs a augmenté de 27,8 % en 2021. Cette forte hausse incombe pour les auteurs à la reprise de la croissance chinoise. La Chine est ainsi devenue la source de chocs positifs la plus importante pour ces pays, mettant alors en valeur le rôle des chaînes de valeur régionales plutôt que mondiales.</p>
<p>À l’inverse, sans pouvoir encore le quantifier sur les pays de l’Asean, les auteurs indiquent que la transmission du choc de la pandémie liée au coronavirus a été amplifiée pour les pays participants aux GVCs.</p>
<p><iframe id="6ps8g" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/6ps8g/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les confinements sont intervenus dans les trois grandes zones au centre du système : l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie avec une très forte intensité en Chine. Dans les pays durement touchés par le Covid-19, la baisse de la demande en bien final ou en intrants intermédiaires a affecté les producteurs locaux ainsi que leurs fournisseurs nationaux et étrangers. Cela a aussi augmenté le chômage et baissé les revenus et la croissance, générant en retour de nouvelles tensions sur les activités impliquées dans les GVCs. Les perturbations sur les transports, notamment maritimes, et leurs coûts, en ont exacerbé les premiers effets néfastes.</p>
<h2>Comment la reprise peut-elle être durable ?</h2>
<p>Dans un <a href="https://www.adb.org/sites/default/files/publication/871976/asean-global-value-chains-resilience-sustainability.pdf#page=23">article</a> paru au sein du même rapport, Mia Mikic, économiste spécialiste de la zone, propose un état des lieux des différents enjeux relatifs à la participation des pays émergents d’Asie dans le processus des chaînes de valeur pour garantir une implication durable, porteuse de croissance et de résilience.</p>
<p>Dans un contexte d’incertitude et de tensions commerciales, présent avant même la pandémie, elle considère que les pays doivent intensifier l’intégration régionale en Asie continentale, et plus largement encourager un régionalisme ouvert vers le Japon et les pays du Pacifique. Cela se ferait à travers des accords à l’image du Partenariat régional économique global (<a href="https://theconversation.com/la-chine-au-coeur-de-la-plus-grande-zone-de-libre-echange-de-la-planete-150313">RCEP</a>) qui unit quinze pays de la zone Asie-Pacifique.</p>
<p>Comme les découvertes techniques et scientifiques sont régulières et provoquent la montée en gamme des productions, par exemple dans l’électronique et l’automobile, secteurs dépendant des GVCs, l’avantage comparatif des pays émergents d’Asie sur des tâches à forte intensité de main-d’œuvre non qualifiée risque de diminuer. Les États et les entreprises doivent donc travailler à renouveler les compétences des travailleurs, à créer des emplois : dans l’Asean, <a href="https://www.adb.org/sites/default/files/publication/871976/asean-global-value-chains-resilience-sustainability.pdf#page=37">plus d’un emploi sur quatre</a> est lié aux GVCs. Cela passe aussi par la promotion de l’innovation.</p>
<p>Les investisseurs de long terme privilégiant de plus en plus les pays à croissance durable et verte, il sera aussi important que les entreprises des pays d’Asie « verdissent » ou « décarbonent » les chaînes de valeur pour répondre à ces attentes : par exemple, par la promotion du commerce de biens et de services respectueux de l’environnement, la numérisation des procédures de commerce et de transport ainsi que par l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables. Enfin, l’étude considère que les chaînes de valeur doivent être simplifiées et raccourcies, c’est-à-dire repensées pour intégrer moins de pays et des pays « environment-friendly ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205617/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Delphine Lahet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les liens entre la Chine et les pays d’Asie se sont renforcés ces dernières années et, avec eux, la dépendance de ces derniers aux chocs qui affectent l’empire du Milieu.Delphine Lahet, Professeur en sciences économiques, BSE, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.