tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/topics/fourmis-54184/articlesfourmis – La Conversation2023-10-10T21:14:23Ztag:theconversation.com,2011:article/2147962023-10-10T21:14:23Z2023-10-10T21:14:23ZLes animaux et les plantes peuvent-ils s’entraider ?<p>Les plantes constituent le premier maillon des chaînes alimentaires. Elles sont consommées par les animaux ou les insectes herbivores, qui à leur tour sont les proies des prédateurs. Les plantes fournissent donc les éléments essentiels à la survie des animaux. Bien que basées sur des interactions où l’un se nourrit de l’autre, les chaînes alimentaires jouent un rôle essentiel dans le maintien de la circulation de la matière, qui sera ensuite remobilisée sous forme d’éléments nutritifs par les décomposeurs, au bénéfice des plantes qui s’en nourrissent.</p>
<p>Dans la grande majorité des cas, les herbivores se nourrissent de plantes, mais il existe des cas où les plantes se nourrissent d’insectes herbivores, c’est le cas des plantes carnivores.</p>
<p>Mais où est l’entraide dans tout cela, puisque ces interactions sont bénéfiques uniquement pour un seul des partenaires au détriment de l’autre qui est consommé ?</p>
<p>Pour qu’il y ait entraide, il faut que les bénéfices soient réciproques pour les deux espèces qui interagissent, c’est ce que l’on appelle scientifiquement un mutualisme.</p>
<h2>Les animaux aident les plantes à se reproduire</h2>
<p>La pollinisation et la dispersion des graines font partie des mutualismes les plus connus entre des plantes et des animaux. Dans le premier cas, les animaux pollinisateurs, transportant des grains de pollen d’une fleur à une autre, permettent à la plante de se reproduire. Les insectes, tels que les abeilles, les papillons ou les bourdons, sont parmi les pollinisateurs les plus importants. Dans le deuxième cas, les disséminateurs dispersent les graines dans des environnements favorables à leur germination. Les oiseaux, les singes, les éléphants, les fourmis constituent quelques exemples d’animaux disperseurs. En retour, les animaux pollinisateurs et disperseurs de graines bénéficient d’une récompense alimentaire sous forme de nectar floral sucré et riche en énergie ou de pulpe de fruits.</p>
<p>Moins bien connu, mais tout aussi important que les mutualismes de dispersion du pollen et des graines, évoquons le mutualisme de protection. Il implique des plantes et des fourmis, peut être facultatif ou obligatoire.</p>
<h2>Quand les fourmis protègent les plantes</h2>
<p>Dans le cas du mutualisme de protection opportuniste et non spécifique, de nombreuses espèces de fourmis interagissent avec des plantes. Le point commun de ces plantes est de secréter du nectar au niveau de petites glandes situées sur les feuilles (nectaires extrafloraux), qui se différencient des glandes florales. Les nectaires extrafloraux produisent des liquides généralement riches en sucres qui peuvent également contenir des acides aminés, des protéines et des vitamines. À l’instar du nectar floral, qui attire et « récompense » des animaux pollinisateurs, le nectar extrafloral attire en premier lieu les fourmis.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Fourmis Azteca andreae qui chassent un insecte sur une feuille de Cecropia obtusa en Guyane française." src="https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553018/original/file-20231010-15-lvtiga.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Fourmis Azteca andreae qui chassent un insecte sur une feuille de Cecropia obtusa en Guyane française.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Céline Leroy</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les ouvrières patrouillent ainsi sur l’ensemble du feuillage et des branches des plantes. Agressives et prédatrices, les fourmis expulsent ou capturent les herbivores, assurant ainsi la protection de la plante. Le coût que représente la production de nectar pour la plante est ainsi compensé par le bénéfice qu’elle retire de cette défense par procuration.</p>
<p>Certaines plantes tropicales vivent obligatoirement avec une ou quelques espèces de fourmis spécialistes. La majorité de ces interactions se produit dans les zones tropicales d’Asie du Sud-Est, d’Afrique et d’Amérique Centrale et du Sud. La spécificité et la fidélité de ces interactions reposent sur des spécialisations importantes, à la fois chez la plante et chez les fourmis.</p>
<p>Du côté des plantes, désignées comme « plantes à fourmis », le développement de structures creuses, permettant le logement de la colonie de fourmis, est un caractère fondamental. Ces structures creuses sont localisées, selon les cas, au niveau du tronc, des rhizomes ou des feuilles. En plus du logement, les plantes à fourmis peuvent également, mais pas systématiquement, fournir des aliments aux fourmis, sous forme de nectar extrafloral et/ou de « corps nourriciers » qui couvrent tout ou partie des besoins de la colonie de fourmis.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Détail du tronc de la plante à fourmis Cecropia obtusa, présente en Guyane française, montrant les logements où habitent la colonie de fourmis." src="https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1134&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1134&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553019/original/file-20231010-27-uuf49m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1134&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Détail du tronc de la plante à fourmis Cecropia obtusa, présente en Guyane française, montrant les logements où habitent la colonie de fourmis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Céline Leroy</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Du côté des fourmis, la capacité des reines fondatrices à reconnaître la plante hôte est un caractère primordial. Si les fourmis bénéficient de nourriture fournie par la plante, elles n’en demeurent pas moins prédatrices. Les proies capturées fournissent une source principale ou complémentaire d’azote aux fourmis qui, en exerçant leur prédation sur le feuillage de leur plante hôte, contribuent à sa protection contre les herbivores. Au-delà de ce rôle de protection, les fourmis apportent des nutriments à leur plante hôte en déposant leurs excréments et/ou des déchets divers dans les logements.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214796/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Leroy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plantes et animaux peuvent coopérer. C’est le cas de certaines fourmis qui, en échange de nourriture, vont protéger la plante contre les herbivores.Céline Leroy, Directrice de recherche en écologie tropicale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2017032023-03-23T17:50:11Z2023-03-23T17:50:11ZÉpidémies : les fourmis tropicales, parfaites sentinelles pour surveiller les virus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517289/original/file-20230323-20-jdspol.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3872%2C2585&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des fourmis légionnaires photographiées dans la forêt tropicale de Mabira, en Ouganda.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Army_Ants_(Dorylus_sp.)_(7073859635).jpg">Bernard Dupont / Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La majorité des maladies infectieuses qui ont émergé chez l’être humain sont des zoonoses, ce qui signifie qu’elles trouvent leur origine chez les animaux. On estime en effet que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7111083/">sur les 1415 pathogènes qui ont été historiquement capables d’infester notre espèce, 62 % sont d’origine zoonotique</a>.</p>
<p>Outre les bactéries, parasites ou champignons, les <a href="https://www.nature.com/articles/nature22975">virus provenant de mammifères sauvages sont particulièrement préoccupants</a>, en raison de leur rapidité de dissémination ou de leur gravité potentielle. Rappelons que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), Ebola ou les virus de syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2) sont tous soupçonnés de provenir de mammifères sauvages.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Au cours des 50 dernières années, la quasi-totalité des maladies émergentes ont surgi de la faune animale sauvage des forêts tropicales humides d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, <a href="https://doi.org/10.1038/nature22975">toujours de manière inattendue et imprévisible</a>, ce qui témoigne de notre incapacité à prévenir et anticiper ces émergences.</p>
<p>Mais les choses pourraient changer. Nos récents travaux ont en effet identifié de nouvelles alliées potentielles pour surveiller précocement les émergences virales : les fourmis, et plus précisément, les fourmis légionnaires. Explications.</p>
<h2>Les virologues face au défi des forêts tropicales humides</h2>
<p>L’imprévisibilité des émergences virales auxquelles nous avons fait face au cours des dernières décennies met en lumière <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/ab8dd7">notre méconnaissance profonde de la composition virale de ces écosystèmes</a>. Bien que consciente d’une telle défaillance, la communauté scientifique semble désarmée et impuissante.</p>
<p>Elle se heurte en effet à une difficulté de taille : pour pouvoir étudier les nombreux virus qui circulent dans ces milieux, il faut avoir accès à des échantillons d’animaux et de végétaux qui sont les hôtes desdits virus. Or, les forêts tropicales sont généralement immenses, denses et impénétrables. De ce fait, la majeure partie de ces territoires sont totalement inexplorés, et seuls des nombres limités d’animaux peuvent y être capturés, prélevés, et donc analysés.</p>
<p>Par ailleurs, la plupart des virus se répliquent dans des cellules de la lignée monocytaire (les <a href="https://www.mqzh.ch/cm/images/bph/bp_2011_2_2.pdf">monocytes</a> sont des cellules immunitaires), lesquelles sont principalement présentes dans les organes internes des animaux (rate et foie). Les débusquer nécessite le sacrifice de ces derniers, une pratique inapplicable, car contraire aux règles éthiques en vigueur. Les seuls échantillons non invasifs pouvant être facilement récupérés sont les matières fécales. Malheureusement, seule une fraction minime de la communauté virale peut y être détectée.</p>
<p>Pour contourner ce problème, les scientifiques pourraient peut-être s’adjoindre les services d’alliées de poids : les fourmis légionnaires, de redoutables prédatrices qui patrouillent dans les écosystèmes forestiers d’Afrique.</p>
<h2>Les fourmis magnans, d’extraordinaires collectrices de virus</h2>
<p>Originaires d’Afrique centrale et orientale, les fourmis légionnaires, aussi appelées « magnans » en référence à leur voracité extrême (les magnans, ou vers à soie, sont connus pour leur grande voracité). Elles <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2026534118">sont connues pour les raids spectaculaires</a> qu’elles mènent en colonnes de millions d’individus s’étendant sur plusieurs dizaines de mètres.</p>
<p>Une autre particularité de ces fourmis est d’être nomades : elles ne vivent pas en fourmilière, mais alternent déplacements de quelques heures à plusieurs jours et « campements » de quelques semaines. Elles construisent alors des bivouacs formés par le corps des fourmis elles-mêmes, se tenant les unes par-dessus les autres pour abriter la reine et le couvain.</p>
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<p>Carnivores, elles peuvent s’attaquer à une large gamme d’êtres vivants, qu’elles peuvent parfois atteindre jusqu’à plus de 20 mètres du sol. Leurs proies vont des arthropodes et autres invertébrés (crickets, cafards, vers de terre…) à des animaux vertébrés de petite taille tels qu’oiseaux, reptiles, ou micromammifères. Elles consomment également toutes espèces de plantes, et sont également capables de dévorer des carcasses de gros animaux.</p>
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<img alt="Les puissantes mandibules d’une fourmi légionnaire appartenant à l’espèce Dorylus wilverthi" src="https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les puissantes mandibules d’une fourmi légionnaire appartenant à l’espèce Dorylus wilverthi.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.antwiki.org/wiki/File:Dorylus_wilverthi_casent0172657_head_1.jpg">AntWeb.org</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les quantités de nourritures qu’elles prélèvent <a href="https://doi.org/10.1111/j.1469-7998.2007.00360.x">peuvent atteindre 2 kg de biomasse par jour pour l’ensemble d’une colonie</a>. Leurs mandibules sont si puissantes qu’elles restent accrochées à leurs proies, ce qui incitait autrefois les habitants de ces régions à les utiliser pour faire des sutures et favoriser la cicatrisation de petites plaies, malgré leur morsure douloureuse.</p>
<p>L’ensemble de ces caractéristiques – grande diversité des proies, nomadisme, quantités très élevées de nourriture ingurgitée – nous ont fait émettre l’idée que ces fourmis magnans seraient susceptibles d’absorber et accumuler les virus hébergés par les hôtes qu’elles consomment, qu’ils soient végétaux, animaux invertébrés ou vertébrés.</p>
<p>Afin de tester cette hypothèse, nous avons réalisé une étude pilote (projet <a href="https://rr-africa.woah.org/fr/projets/ebo-sursy-fr/">EBO-SURSY « renforcement des capacité et surveillance de la maladie à Virus Ebola »</a>, financé par l’Union européenne) <a href="https://doi.org/10.24072/pcjournal.249">à partir de 209 fourmis légionnaires appartenant au genre <em>Dorylus</em>, provenant de 29 colonies différentes</a>, collectées sur les pistes de latérite en pleine forêt tropicale africaine, au nord-est du Gabon.</p>
<h2>Mise en évidence d’une importante matière noire virale</h2>
<p>Nous avons analysé chacune de ces fourmis via une approche de <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2013/06/medsci2013295p501/medsci2013295p501.html">métagénomique virale</a>. Cette démarche consiste à récupérer l’ensemble du matériel génétique (ADN et ARN) présent au sein d’un échantillon (ici la fourmi) puis à analyser la portion correspondant au génome viral total ou virome (l’échantillon contient également du matériel génétique provenant des animaux ou plantes que la fourmi a consommés). Objectif : identifier les virus avec lesquels les fourmis ont été en contact.</p>
<p>Cette méthode nous a permis de détecter un nombre exceptionnel de séquences génomiques, soit près de 443 645 séquences l’une longueur supérieure à 200 nucléotides (les nucléotides sont les sous-unités qui constituent les molécules d’acides nucléiques, supports de l’information génétique). 46 377 de ces séquences s’apparentaient à des séquences de virus de bactéries, de plantes, d’invertébrés et de vertébrés (soit 10,5 %).</p>
<p>De manière très intéressante, seules 22 406 des 46 377 séquences (soit 48,3 %) présentaient une similarité avec des genres viraux reconnus ou en cours de reconnaissance par le <a href="https://ictv.global/">Comité international de taxonomie des virus</a>. Les séquences virales restantes (51,7 %) n’ont pu être en revanche assignées qu’à des niveaux de classification supérieurs (famille virale (24,7 %), ordre viral (3 %), voire domaine viral (24 %). Autrement dit, il n’a pas été possible de déterminer précisément de quels virus il s’agissait. Cela signifie que, dans les écosystèmes forestiers parcourus par les fourmis, se trouvent probablement de très nombreux virus encore inconnus.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/MLuxmry7eZo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Au-delà de la mise en évidence de cette « matière noire » virale qui reste encore à caractériser, cette étude a permis la détection de séquences virales appartenant à 157 genres viraux différents et 56 familles virales, ce qui reste assez exceptionnel sur la base d’un si faible nombre d’échantillons (209 fourmis).</p>
<h2>Les fourmis magnans, observatoire des émergences virales</h2>
<p>Ces fourmis pourraient devenir un véritable observatoire pour la surveillance précoce des virus de la faune sauvage, des émergences virales, des maladies et des épidémies. Ces petits animaux pourraient, à l’avenir, jouer un rôle majeur dans la politique de santé publique en assurant la surveillance et la détection des virus au sein de leurs réservoirs animaux avant leur transmission aux populations humaines et l’apparition des épidémies.</p>
<p>On peut par exemple imaginer mettre en place un système d’échantillonnage basé sur une collecte mensuelle de fourmis légionnaires, en des lieux définis. Une rapide analyse PCR pourrait alors renseigner sur les virus présents à ces endroits et sur le niveau de circulation virale. Si des virus problématiques atteignent un seuil critique, des mesures d’interventions pourraient être mises en place.</p>
<p>L’intérêt potentiel de cette approche ne se limite d’ailleurs pas uniquement au domaine de la santé publique, mais concerne également le secteur agroalimentaire. Elle pourrait en effet également être mise en œuvre pour surveiller les virus de plantes potentiellement problématiques, qui pourraient être impliquées dans des contaminations de cultures.</p>
<h2>Mieux connaître les virus qui circulent dans les forêts tropicales</h2>
<p>Ces travaux pionniers constituent une preuve de concept qui pourrait aussi ouvrir la voie à des études à grande échelle sur le virome des écosystèmes forestiers tropicaux et améliorer ainsi considérablement les connaissances des innombrables virus tapis au sein de la faune sauvage.</p>
<p>Ils démontrent en effet que les fourmis légionnaires accumulent une diversité extraordinaire de séquences génomiques provenant de virus appartenant notamment à leurs nombreuses proies. Et ce, peut-être même durant toute leur vie, exactement comme si elles étaient situées en bout de la chaîne alimentaire.</p>
<p>Leur utilisation comme outil d’échantillonnage permettrait de collecter, déterminer et caractériser une fraction substantielle des virus circulant au sein de l’écosystème tropical forestier d’Afrique. Cela permettrait de pallier les difficultés que rencontrent actuellement les scientifiques qui surveillent les virus hébergés par les espèces végétales et animales de ces zones.</p>
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<p>Enfin, cette approche permettrait aussi d’obtenir des indices solides sur l’identité des réservoirs animaux de virus pour lesquels aucune connaissance n’est disponible. En effet, les fourmis portent également des traces du matériel génétique provenant des animaux qu’elles consomment. Son analyse pourrait permettre, par recoupement, d’associer la présence d’un virus avec une espèce animale (ce qui permettrait de restreindre le cercle des suspects possibles). Dans un second temps, les virologues à la recherche du réservoir dudit virus pourraient se concentrer sur les animaux dont les traces ont aussi été repérées chez les fourmis contaminées.</p>
<p>Les fourmis légionnaires, carnivores et omnivores à souhait, dévorant tout sur leur passage, pourraient donc devenir le maillon manquant tant recherché, « écologique », dans l’interminable chaîne des mesures de lutte contre les virus. Sentinelles vigilantes et aguerries, elles participeraient ainsi à la surveillance précoce des virus zoonotiques, nous permettant de prédire, anticiper et prévenir l’émergence de maladies et d’épidémies dont nous sommes encore trop souvent simples spectateurs, médusés et impuissants.</p>
<p>Loin de l’image de « nuisibles » qui leur colle trop souvent aux mandibules, ces petits insectes sociaux pourraient remplir une nouvelle fonction éminemment sociale… Envers nous les humains.</p>
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<p><em>Depuis la première publication de cette article, notre équipe a reçu un financement de l'Agence nationale pour la recherche (ANR) pour mener un projet de plus grande envergure sur ce sujet qui est apparu particulièrement prometteur.
L'ANR finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201703/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les virus qui hantent les forêts tropicales humides peuvent être à l’origine de graves maladies émergentes. Pour mieux les surveiller, les scientifiques pourraient bientôt compter sur les fourmis.Éric Leroy, Directeur de recherche, virologue, spécialiste des zoonoses virales, Institut de recherche pour le développement (IRD)Philippe Roumagnac, Directeur de recherche UMR PHIM (Plant Health Institute Montpellier - Université de Montpellier-CIRAD-INRAE-IRD-Institut Agro), CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2012332023-03-14T20:00:21Z2023-03-14T20:00:21ZDes fourmis bien armées pour récolter du nectar<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/515105/original/file-20230314-16-msyt5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=44%2C31%2C2950%2C1958&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La fourmi Ectatomma sur une feuille d’Inga, Guyane.</span> <span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste, MNHN</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les fourmis sont des insectes étonnants. Elles se sont adaptées de façon variée, notamment par leur extraordinaire et complexe vie sociale, et des <a href="https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/nph.12690">« mutualismes » remarquables avec les plantes</a>. Elles font partie du succès phénoménal des insectes sur notre planète, par leur biomasse considérable (des millions de tonnes, plus de 10 % de tous les organismes réunis) et leur diversité.</p>
<p>La fourmi tropicale des Amériques <em>Ectatomma</em> (Hyménoptères Formicidae) possède des mandibules impressionnantes. Ces outils massifs ne servent pas des fins guerrières, mais à récupérer délicatement le nectar sucré produit par des glandes végétales, comme les « glandes à nectar ».</p>
<p>En effet, les insectes raffolent du nectar, cette substance nutritive sucrée, et les plantes ne le produisent pas seulement au niveau des fleurs (où il attire des pollinisateurs). De nombreuses structures spéciales, sur les feuilles par exemple, sécrètent également du nectar, dit « nectar extrafloral ».</p>
<p>La forme incurvée des épaisses mandibules de la fourmi <em>Ectatomma</em> permet à une goutte de liquide sucré de s’y maintenir facilement pour être transportée jusqu’à la fourmilière pour y nourrir les larves.</p>
<p>Ici, la fourmi surveille une glande à nectar (petite cupule entre les feuilles) sur une feuille d’Inga, un arbre de la famille des légumineuses de la forêt guyanaise. En échange, la plante est protégée par les fourmis contre les agresseurs qui voudraient s’en prendre à leurs feuilles, fruits ou graines, ou consommer à leur place le nectar. C’est donc une véritable co-évolution entre les fourmis et les plantes pour arriver à ce mutualisme.</p>
<h2>Se nourrir et protéger la plante</h2>
<p>Les fournis sont en général omnivores et ne se nourrissent pas que de nectar. En effet, dans un même nid, une partie des ouvrières chasse des insectes dans les arbres, et l’autre partie récolte le nectar. Leurs nids sont dans le sol, à la base des arbres, où elles élèvent leurs larves avec ces deux types de nourritures.</p>
<p>La co-évolution entre les insectes et les plantes est l’un des moteurs de l’évolution de nos écosystèmes. Une des interactions les plus fondamentales entre plantes et insectes est la pollinisation, avec l’apparition des plantes à fleurs qui ont tant intrigué Charles Darwin dans ses profondes réflexions sur l’évolution. Les plantes à fleurs sont apparues au Jurassique et les insectes ont joué un rôle dans leur succès, qui a été fulgurant mais difficilement explicable, et <a href="https://www.france.tv/france-5/l-abominable-mystere-des-fleurs/3378388-emission-du-jeudi-19-mai-2022.html">qui a tant intrigué Charles Darwin dans ses profondes réflexions sur l’évolution</a>.</p>
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<p>Les fourmis <em>Ectatomma</em> ne sont pas les seules à avoir des adaptations mandibulaires. De nombreuses autres adaptations existent : dans le registre fossile, certaines sont tellement extraordinaires que l’on ne sait pas à quoi elles servaient. Par exemple les <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/zoologie-redoutable-fourmi-licorne-vivait-il-y-99-millions-annees-63016/">« fourmis licornes »</a> présentent des appendices céphaliques et des mandibules tellement transformées que l’on ne sait pas à quoi elle servait.</p>
<p>Lorsque ces « mutualismes », qui ne sont pas des relations obligatoires (les fourmis peuvent se passer de la plante et inversement) le deviennent, alors on parle de « symbioses », comme avec certains champignons. Voilà bien l’un des « superpouvoirs » que les insectes ont développés au cours des 300 millions d’évolution connue de ce groupe majeur d’animaux… qui seraient en fait encore plus vieux, et auraient autour de 470 millions d’années (les mammifères, en comparaison, ont environ 200 millions d’années).</p>
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<p><em>Pour en savoir plus, découvrez le film <a href="https://dai.ly/x8huasr">« Mystérieux insectes »</a> sur France 5, dont l’auteur a été à l’origine et conseiller scientifique.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201233/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements de MNHN, CNRS, Sorbonne Univ., Labex BCDiv, ANR, MRAE, National Geographic</span></em></p>Les plantes et les insectes ont évolué ensemble, s’adaptant les unes aux autres. Quoi de mieux des des mandibules géantes pour délicatement récolter du nectar ?Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1883972022-08-18T17:36:53Z2022-08-18T17:36:53Z« Pourquoi je me suis laissé piquer par des dizaines d'insectes différents au nom de la science… »<p><em><a href="https://theconversation.com/les-tiques-des-animaux-venimeux-120246">Tiques</a>, <a href="https://theconversation.com/comment-les-moustiques-nous-piquent-et-les-consequences-186325">moustiques</a>, <a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-bien-connaitre-les-effets-de-leurs-morsures-pour-mieux-sen-proteger-184437?notice=L%27article+a+%C3%A9t%C3%A9+mis+%C3%A0+jour.">punaises de lit</a>… L'été n'est jamais sans risque ! Notre série « Un été qui pique » fait le point sur les piqûres, morsures, etc. les plus fréquentes, les pires, et sur les façons de limiter les dangers. Nous finissions avec l'échelle des piqûres les plus douloureuses, établie par l'entomologiste Justin Schmidt…</em></p>
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<p>Au cours des 40 dernières années (mais en réalité depuis l’âge de cinq ans), j’ai été fasciné par les insectes et leur capacité à piquer et à causer de la douleur. Durant mes études supérieures pour devenir entomologiste, j’ai commencé à m’intéresser au pourquoi de ces piqûres… et au comment : comment des animaux si petits peuvent-ils causer de telles souffrances ?</p>
<p>Pour répondre à mes questions, il fallait d’abord trouver un moyen de mesurer la douleur. J’ai donc inventé <a href="http://www.improbable.com/ig/winners/">l’échelle des douleurs causées par les insectes</a>. Cette échelle est basée sur des estimations réalisées à partir d’environ un millier de piqûres que j’ai personnellement subies, administrées par des hyménoptères (guêpes, fourmis, etc.) appartenant à plus de 80 groupes d’insectes, ainsi que sur les évaluations de divers collègues.</p>
<p>Pourquoi les insectes piquent-ils ? La protection conférée par les piqûres leur ouvre des portes vers davantage de ressources alimentaires, leur permet d’accéder à des territoires plus étendus et à la vie sociale au sein de colonies. Et étudier les insectes piqueurs nous permet aussi de mieux comprendre notre propre façon de vivre, ainsi que les sociétés dans lesquelles nous évoluons.</p>
<h2>Pourquoi piquer ?</h2>
<p>Dire que les insectes piquent « parce qu’ils le peuvent » ne répond pas vraiment à la question… Le point essentiel est de comprendre pourquoi les insectes se sont retrouvés dotés d’un dard.</p>
<p>Il est évident que cet organe présentait un certain intérêt, sinon il ne serait jamais apparu au cours de l’évolution – ou, s’il était présent au départ, il aurait été perdu par l’effet de la sélection naturelle.</p>
<p>Les dards ont deux usages principaux : obtenir de la nourriture et éviter de devenir la nourriture d’un autre animal. Parmi les exemples d’utilisation du dard pour se nourrir, citons les guêpes parasites, qui piquent et paralysent les chenilles, lesquelles deviennent la nourriture des <a href="http://what-when-how.com/insects/venom-insects/">jeunes guêpes</a>, ou les <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Myrmecia_%28ant%29">fourmis bouledogues</a> qui piquent des insectes difficiles à maîtriser pour les soumettre.</p>
<p>Plus important encore, le dard constitue une avancée majeure dans la défense contre les grands prédateurs. Imaginez un instant que vous soyez un insecte de taille moyenne attaqué par un prédateur un million de fois plus grand que vous : sans dard, quelle chance auriez-vous de vous en sortir ?</p>
<p>Les abeilles domestiques sont confrontées à ce problème avec les ours friands de miel. Mordre, griffer ou donner des coups de pied ne fonctionne pas… Piquer avec un dard injectant un venin douloureux est bien plus efficace.</p>
<p>En ce sens, l’insecte piqueur a trouvé un moyen de surmonter le problème posé par sa petite taille. Le dard est en quelque sorte un « pistolet pour insectes », qui neutralise la différence de taille entre l’agresseur et la victime.</p>
<h2>L’indice de douleur des piqûres d’insectes</h2>
<p>C’est ici que mon <a href="https://www.barnesandnoble.com/w/the-sting-of-the-wild-justin-o-schmidt/1122850012">échelle de douleur des piqûres d’insectes</a> prend tout son sens, car il prend en compte durée des piqûres, le type et l’intensité de la douleur qu’elles provoquent, etc. </p>
<p>En effet, sans chiffres pour comparer et analyser, le vécu des piqûres n’est qu’un tissu d’anecdotes et d’histoires à raconter. Avec des chiffres, en revanche, nous pouvons comparer l’efficacité de la « défense par la douleur » d’un insecte piqueur par rapport à un autre, et ainsi tester des hypothèses (<em>les descriptions de l’auteur sont aussi très imagées, pour faciliter le ressenti, ndlr</em>).</p>
<p>L’une de ces hypothèses est que les piqûres douloureuses constituent un moyen pour les petits insectes de se défendre (et de défendre leurs petits) contre les grands prédateurs tels que mammifères, oiseaux, reptiles ou amphibiens. Plus la douleur est forte, plus la défense est efficace.</p>
<p><a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047248414000591">Une meilleure défense</a> permet aux insectes de former des groupes et de devenir des sociétés complexes, comme nous le voyons chez les fourmis, les guêpes sociales et les abeilles. Plus la douleur est grande, plus la société peut croître. Et les grandes sociétés ont des avantages dont ne bénéficient pas les individus solitaires ou les sociétés plus petites.</p>
<p>Parmi les piqûres les plus douloureuses figure celle de la guêpe du genre <em>Pepsis</em> (aussi appelée en anglais « Tarantula hawk », littéralement « faucon à tarantule », car elle chasse les araignées). Elle ne dure toutefois que quelques minutes, alors que la douleur causée par le venin de la fourmi <em>Paraponera</em> (ou fourmi « Balle de fusil »), cause un niveau de douleur similaire, mais qui peut durer jusqu’à 24 heures !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="L'échelle comporte 4 niveaux." src="https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1040&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1040&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1040&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1307&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1307&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478109/original/file-20220808-1720-e5d8uk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1307&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Échelle de la douleur provoquée par les piqûres de plus de 80 Hyménoptères ( fourmis, abeilles, guêpes…). Le niveau 0 correspond à une piqûre sans effet chez nous.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Justin Schmidt</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
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<p><em>[Plus de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>.]</em></p>
<h2>Sociétés humaines et sociétés d’insectes</h2>
<p>La socialité de l’être humain permet à certains individus de se spécialiser et ainsi de devenir capables d’accomplir une tâche particulière mieux que la plupart de leurs congénères. Parmi les spécialistes humains, on peut citer les plombiers, les chefs cuisiniers, les médecins, les agriculteurs, les enseignants, les avocats, les soldats, les rugbymen… et même les politiciens – une profession parfois considérée comme douteuse, mais nécessaire au fonctionnement de la société.</p>
<p>Les sociétés que forment les insectes sociaux ont également des spécialistes, qui cherchent de la nourriture, s’occupent des jeunes, défendent la colonie, se reproduisent et servent même de croque-morts. Un autre avantage de former des sociétés est la possibilité de recruter d’autres individus pour pouvoir exploiter une grande source de nourriture, pour mettre en place une défense commune, ou encore pour obtenir des aides supplémentaires afin d’accomplir certaines tâches difficiles.</p>
<p>La socialité présente également un avantage plus subtil : elle réduit les conflits entre les individus d’une même espèce. Les individus qui ne vivent pas en groupe social ont tendance à se battre lorsqu’ils entrent en contact. Mais pour vivre en groupe, les conflits doivent être limités.</p>
<p>Chez bien des animaux sociaux, les conflits sont atténués par l’établissement d’une hiérarchie. Souvent, si l’individu dominant dans la hiérarchie est éliminé, de violentes batailles éclatent.</p>
<p>Dans les sociétés humaines, les conflits sont également diminués par l’établissement d’une hiérarchie, mais surtout par des lois, ainsi que par la mise en place d’une police chargée de faire respecter lesdites lois ; les échanges, discussions et des apprentissages contribuent en outre à inculquer un comportement coopératif. </p>
<p>Dans les sociétés d’insectes, le risque de conflits est réduit par l’établissement d’une hiérarchie et des phéromones (« odeurs » qui identifient les individus et leur place dans la société).</p>
<h2>Que nous dit la douleur ?</h2>
<p>L’indice de douleur provoqué par les piqûres d’insectes ouvre également une fenêtre sur la psychologie et les émotions humaines. Pour le dire brièvement, les humains sont fascinés par les insectes piqueurs. Nous prenons plaisir à raconter des histoires de piqûres, d’accidents évités de justesse, voire à nous épancher sur notre peur des insectes piqueurs.</p>
<p>Pourquoi ? Parce que nous avons une <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1090513814001032">peur innée</a> des animaux qui nous attaquent, qu’il s’agisse de léopards, d’ours, de serpents, d’araignées ou d’insectes piqueurs. Les personnes qui ne ressentent pas cette peur ont plus de risques d’être dévorées ou de mourir après une piqûre ou morsure par un animal venimeux. Et donc plus de risque de ne pas pouvoir transmettre leur bagage génétique que les personnes qui sont plus sensibles à cette crainte innée.</p>
<p>Les insectes piqueurs nous font peur parce qu’ils sont source de douleur. Or, la douleur est la façon dont notre corps nous indique qu’un dommage est en train de se produire, s’est produit ou est sur le point de se produire. Les dommages sont mauvais et nuisent à notre capacité à nous reproduire.</p>
<p>En d’autres termes, notre peur émotionnelle et notre fascination presque irraisonnée pour les insectes dont la piqûre est douloureuse favorisent notre survie à long terme… C’est d’autant plus étonnant que nous manifestons peu de crainte à l’égard des cigarettes ou des aliments gras et sucrés, qui tuent beaucoup plus de gens que lesdits insectes… Une explication de cette différence, en ce qui concerne les aliments gras et sucrés, est que ceux-ci ont longtemps été plébiscités par notre corps – quoique dans des quantités réduites. La peur de ces « tueurs » ne s’est pas inscrite dans nos gènes, en quelque sorte…</p>
<p>L’échelle de douleur des piqûres d’insectes n’est pas seulement « amusante » (même si elle l’est aussi). Elle permet de mieux nous comprendre, de comprendre comment nous avons évolué pour arriver là où nous sommes, et ce que nous pourrions attendre de l’avenir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188397/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Justin Schmidt ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Intensité, durée, type… La douleur causée par une piqûre d’insecte peut être analysée par un entomologiste comme le vin par un œnologue. Justin Schmidt les a hiérarchisées d’après son expérience.Justin Schmidt, Entomologist, Southwest Biological Institute, University of ArizonaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1580892021-04-13T15:01:24Z2021-04-13T15:01:24ZLe commerce des animaux de compagnie – comme les fourmis ! – contribue à la propagation d’espèces invasives<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/394556/original/file-20210412-19-1ig0183.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1024%2C677&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La fourmi rouge, Myrmica rubra, est une des espèces de fourmis envahissantes en Ontario. Sa piqûre est douloureuse.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Jon Sanders)</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>À l’adolescence, je travaillais comme bénévole dans la section forêt tropicale d’un aquarium. Plusieurs fois par semaine, nous recevions un appel de quelqu’un qui voulait donner un animal dont il ne pouvait plus s’occuper. Principalement des tortues et des grenouilles. Un perroquet de temps en temps. Une fois, une danseuse à la retraite cherchait un nouveau foyer pour deux boas constrictors qui avaient fait partie de son spectacle.</p>
<p>L’aquarium ne pouvait toutefois pas prendre tous les animaux qu’on lui offrait, et je me suis souvent demandé ce qui arrivait de ces animaux non désirés. Beaucoup ont sans doute trouvé un nouveau foyer, mais, malheureusement, <a href="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip">certains ont probablement été relâchés dans des parcs ou des étangs</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Python birman femelle transporté par deux hommes" src="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ce python birman femelle de quatre mètres et de 43 kilogrammes a été découvert à quelques mètres d’un lotissement haut de gamme à Naples, en Floride. La plupart des experts pensent que les pythons de compagnie relâchés ont établi une population reproductrice au milieu des années 1990.</span>
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</figure>
<p>Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Lausanne nous met en garde contre le fait que le <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2016337118">commerce des animaux de compagnie contribue à la propagation d’espèces invasives</a> dans le monde entier. Cette étude, publiée dans la revue <em>Proceedings of the National Academy of Sciences</em> (PNAS), révèle que de nombreux animaux de compagnie sont des espèces invasives, c’est-à-dire qu’ils s’installent à des endroits où on ne les trouvait pas avant.</p>
<p>Il ne s’agit pas seulement de grands animaux qu’on relâche dans la nature lorsqu’ils deviennent trop gros pour leur cage, comme les <a href="https://www.smithsonianmag.com/science-nature/snakes-ate-florida-180972534/">pythons birmans qui ont envahi les Everglades en Floride</a>, mais aussi d’espèces utilisées depuis peu comme animaux domestiques et qui vivent bien dans des appartements : les fourmis.</p>
<h2>Des animaux populaires</h2>
<p>J’étudie les fourmis, ce qui fait de moi une myrmécologue, et je garde parfois des colonies de fourmis vivantes dans mon laboratoire à des fins de recherche. À une époque, j’avais près de 100 colonies de fourmis vivantes pour une étude <a href="https://doi.org/10.1111/1365-2656.13310">où l’on comparait le rôle des fourmis envahissantes et celui des indigènes dans la dissémination de graines</a>.</p>
<p>Je collecte des reines et des ouvrières sauvages dans une <a href="http://ksr.utoronto.ca/">station biologique</a> près de chez moi et je les place dans des éprouvettes, que j’enveloppe dans du papier d’aluminium et que je remplis partiellement d’ouate humide. Cela permet de garder les éprouvettes humides et sombres et, généralement, la reine et ses ouvrières s’y installent rapidement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un tube à essai contenant des fourmis et fermé par des boules de coton" src="https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une reine et d’autres fourmis dans une fourmilière en éprouvette.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Parce que les fourmis ne demandent pas beaucoup de soins et qu’elles sont fascinantes à observer, leur popularité en tant qu’animaux domestiques est en plein essor. Selon l’étude du PNAS, il existe aujourd’hui plus de 65 sites web qui vendent et expédient des fourmis dans le monde entier.</p>
<p>En tant que myrmécologue, je suis ravie que d’autres personnes s’intéressent aux fourmis. Elles ont une vie sociale complexe, jouent un rôle important dans les écosystèmes et sont capables de choses vraiment remarquables.</p>
<p>Certaines fourmis unissent leurs corps pour former des <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1016658108">radeaux</a> ou des <a href="https://www.pnas.org/content/112/49/15113">ponts</a> afin de traverser de l’eau ou d’autres obstacles. D’autres sont assez intelligentes pour <a href="https://www.pnas.org/content/85/14/5287">trouver le chemin le plus direct pour rentrer chez elles et s’en souvenir</a>.</p>
<p>Une des espèces de fourmis que j’étudie crée <a href="https://www.nature.com/articles/437495a">d’énormes jardins de ses plantes hôtes dans la forêt amazonienne en empoisonnant toutes les autres espèces avec de l’acide formique</a>. Il existe plus de 15 000 espèces de fourmis sur Terre, et elles vivent sur tous les continents sauf en Antarctique. Les fourmis sont même allées <a href="https://www.popularmechanics.com/space/a14883/ants-in-space/">dans l’espace</a>.</p>
<p>J’adore les fourmis, alors je ne peux pas condamner les gens qui les choisissent comme animaux de compagnie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/4BdjxYUdJS8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les fourmis ont un comportement social complexe et peuvent travailler ensemble pour résoudre des problèmes, notamment en construisant un pont pour transférer de la nourriture au-dessus d’un espace vide.</span></figcaption>
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<h2>De nombreuses espèces invasives</h2>
<p>Certaines espèces de fourmis sont également des insectes nuisibles.</p>
<p><a href="http://www.iucngisd.org/gisd/100_worst.php">Cinq espèces de fourmis – la fourmi d’Argentine, la fourmi rouge importée, la fourmi folle jaune, la fourmi électrique et la fourmi à grosse tête – figurent parmi les 100 pires espèces envahissantes au monde</a>, car elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur certains écosystèmes. Les fourmis envahissantes <a href="https://doi.org/10.1007/s004420000572">supplantent souvent les insectes indigènes</a>, nuisent aux <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10530-017-1516-z">oiseaux qui nichent au sol et dans des terriers</a> t contribuent à la propagation <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2014.2846">d’autres animaux nuisibles</a>.</p>
<p>L’étude de la PNAS a révélé que 520 espèces de fourmis sont commercialisées en tant qu’animaux de compagnie, et que 57 d’entre elles (soit 11 %) sont envahissantes contre seulement 1,7 % de l’ensemble des fourmis. Cependant, le commerce de fourmis de compagnie est assez récent pour que ces 57 espèces invasives n’aient probablement pas été introduites dans de nouvelles régions du monde après avoir été achetées comme animaux domestiques.</p>
<p>Selon des recherches récentes, les mêmes caractéristiques qui font d’une espèce un bon animal de compagnie en font souvent un bon envahisseur. Ainsi, les fourmis envahissantes <a href="https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1046/j.1523-1739.2003.02018.x">ont généralement des colonies qui comptent plus d’une reine</a>, ce qui augmente son succès sur le plan commercial.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Fourmis rampant sur un gecko pâle" src="https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des fourmis folles jaunes attaquant un gecko en Inde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:YellowCrazyAnt-Dinakarr-4May11.JPG">(Dinakarr/Wikimedia)</a></span>
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<p>Comme j’étudie des fourmis envahissantes dans mon laboratoire, tous les gens qui y travaillent doivent prendre des précautions particulières afin que les fourmis ne puissent pas s’échapper. Nous plaçons les éprouvettes avec les nids de fourmis dans des récipients en plastique que nous enduisons d’une substance appelée Fluon, une résine blanche laiteuse qui rend les parois si lisses que les fourmis ne peuvent y grimper. Nous installons ensuite ces récipients sur des étagères dont les pieds sont posés dans de petits bols d’huile minérale. Si une fourmi rebelle tente de s’enfuir, elle restera prisonnière de l’huile.</p>
<p>Les personnes qui ont des fourmis ou d’autres animaux envahissants comme animaux de compagnie ne sont pas toujours aussi prudentes.</p>
<p>Heureusement, il existe une solution facile : faites un peu de recherche lorsque vous souhaitez acquérir un nouvel animal de compagnie et optez pour une espèce indigène à votre région.</p>
<p>Les amateurs de fourmis peuvent même trouver une colonie près de chez eux. Les fourmis sont si diverses et abondantes qu’il y a de fortes chances de dénicher une espèce indigène intéressante près de chez soi, peu importe où on habite dans le monde. Il est toutefois important <a href="https://askabiologist.asu.edu/explore/collecting-ants">d’avoir une reine pour que la colonie fonctionne</a>. Ensuite, on peut s’installer confortablement et s’abandonner à son amour des fourmis.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158089/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Megan Frederickson reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et de la Fondation Gordon et Betty Moore.</span></em></p>Les animaux commercialisés sont plus susceptibles d’être des espèces envahissantes, y compris un animal de compagnie relativement nouveau : les fourmis.Megan Frederickson, Associate Professor of Ecology & Evolutionary Biology, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1573442021-04-05T16:24:04Z2021-04-05T16:24:04ZÀ la recherche de la fourmi du bout du monde et de son génome unique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/393235/original/file-20210402-13-1bo5oan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=908%2C300%2C3737%2C2594&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"> La fourmi Myrmecia croslandi.</span> <span class="attribution"><span class="source">Théotime Colin</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>En fonction des questions scientifiques posées, les chercheurs utilisent des modèles biologiques différents, chacun ayant un intérêt spécifique. Pour étudier la régulation du cycle des cellules, ils ont utilisé et utilisent toujours des modèles parfois exotiques : la levure, eucaryote unicellulaire (levure de bière ou levure de boulanger), la drosophile (mouche du vinaigre) ou le nématode (un petit ver) pour la génétique, l’oursin, l’étoile de mer ou le Xénope (grenouille africaine) pour des études biochimiques.</p>
<p>Chacun de ces modèles présente des qualités spécifiques pour la recherche fondamentale. Plusieurs d’entre eux ont permis, grâce à leurs qualités complémentaires, une théorie unifiée des mécanismes enzymatiques qui régulent la division cellulaire. Néanmoins, les mécanismes moléculaires qui gouvernent la mitose ne sont pas encore tous connus. Le fuseau mitotique est un assemblage complexe de fibres intracellulaires, les microtubules, qui permettent de répartir correctement les chromosomes dans les deux cellules filles issues de la division de la cellule mère.</p>
<p>Pour étudier les aspects très fins, au niveau moléculaire, de la division cellulaire (mitose), des modèles simples doivent être utilisés. Il n’est pas pensable en observant par exemple une cellule humaine, avec ses 23 paires de chromosomes, de décrypter des mécanismes clés au niveau des structures du fuseau mitotique. Un modèle simple, minimaliste, avec un ou quelques chromosomes simplifierait largement les choses.</p>
<p>La fourmi <em>Myrmecia croslandi</em>, une espèce australienne endémique, possède un patrimoine génétique très simple de deux chromosomes identiques, soit la formule la plus simple qui puisse exister : 2N=2. Seules deux espèces animales, découvertes à ce jour, présentent cette particularité, l’autre étant un nématode. L’intérêt supplémentaire de cette fourmi est que, comme chez tous les hyménoptères (classe d’insectes vivants en société, comme les fourmis ou les abeilles), les femelles (ouvrières) sont diploïdes (deux paires de chromosomes homologues) et les mâles, qui proviennent d’œufs non fécondés, sont haploïdes (N=1), c’est-à-dire un seul chromosome.</p>
<p>Cet organisme pourrait donc constituer un nouveau modèle biologique pour étudier la division cellulaire. L’objectif serait d’étudier directement l’organisme ou de dériver des lignées cellulaires à partir d’embryons de fourmis.</p>
<p>Petit problème. Ces fourmis sont endémiques du continent australien, localisées dans certains secteurs très spécifiques. Elles ont déjà été étudiées par des chercheurs australiens, mais pas pour des questions liées au caryotype (nombre de chromosomes). Elles portent un dard, un peu comme une abeille, avec un venin particulièrement venimeux. La piqûre peut en effet être mortelle pour des personnes allergiques. Dans tous les cas, elle est très douloureuse.</p>
<p>Il existe 70 espèces de Myrmecia dont certaines sont communes (mais pas les croslandi). En Australie, on apprend aux enfants à les reconnaître pour les empêcher de jouer à proximité : elles ont deux longues mandibules caractéristiques. Et en plus, elles sautent ! On les appelle aussi Jack Jumper. Dès qu’on touche au nid, elles sortent comme des folles et deviennent agressives.</p>
<p>L’idée d’utiliser cette espèce très particulière vient d’une publication de 1986 dans la <a href="https://science.sciencemag.org/content/231/4743/1278.full.pdf+html">revue scientifique <em>Science</em></a>. Beaucoup plus tard, un chercheur portugais, Helder Maiato, relit la publication et reconstitue l’histoire : un chercheur japonais avait récupéré et rapporté les fourmis au Japon. Helder Maiato contacte le chercheur japonais, mais ce dernier avait pris sa retraite, et… plus de traces des fourmis ! Heureusement, dans les années 1980, les chercheurs avaient noté où les nids étaient localisés, avec des coordonnées GPS, malgré tout assez imprécises à l’époque.</p>
<h2>L’importance des rencontres chez les chercheurs</h2>
<p>Certains chercheurs intéressés par la division cellulaire se demandaient comment récupérer ces fourmis si particulières. Or, au même moment, un enseignant-chercheur de Sorbonne Université, Mathieu Molet, défend une habilitation à diriger des recherches, décrivant un sujet de recherche lié aux fourmis. Il dirige à la Faculté des Sciences située à Jussieu un laboratoire qui entretient des élevages de plusieurs espèces de fourmis, et qui possède le savoir-faire pour les récupérer. Il révèle en plus qu’il a déjà réalisé une expédition en Australie et qu’il avait rapporté des fourmis… mais d’une espèce voisine, possédant hélas une quarantaine de chromosomes.</p>
<p>Mais peu importe. La rencontre avait eu lieu, les intérêts partagés, et c’est ainsi que quatre chercheurs dans le vent issus de trois groupes de recherche parisiens se sont alliés pour partir récupérer ces fourmis en Australie (Mathieu Molet, Alain Debec et Romain Peronnet de Sorbonne Université, Michael Lang, Institut Jacques Monod, Université de Paris). Il ne manquait que le financement de l’expédition : payer quatre billets d’avion pour l’Australie et le séjour, emporter le matériel nécessaire à l’identification de l’espèce et pouvoir faire un caryotype pour être sûr qu’il s’agissait bien de la bonne espèce.</p>
<p>Il fallait monter un petit laboratoire de campagne : une loupe binoculaire, quelques outils de dissection et des produits pour fixer des échantillons, le minimum afin d’identifier la bonne espèce. L’obtention par l’administration australienne d’un permis de prélèvement et d’un permis d’exportation était indispensable, mais ne devait pas poser de problème.</p>
<p>Concernant le financement, il fallut comme pour de nombreux sujets de recherche taper à plusieurs portes. Le CNRS ne finança pas le projet, mais d’autres personnes et d’autres institutions furent plus enthousiastes et un an plus tard, la somme nécessaire à l’expédition, de l’ordre de 10 000 euros (un faible budget), était rassemblée. Il fallait aussi choisir la bonne période, correspondant à l’automne en Australie. L’expédition eut lieu en mars 2018.</p>
<h2>L’expédition elle-même : pas si simple !</h2>
<p>Il faut beaucoup marcher, ce type d’expédition sélectionne de fait des participants résistants : pour être chercheur, il faut parfois non seulement un bon cerveau, mais aussi de bonnes jambes ! Un appartement loué à Canberra et partiellement transformé en laboratoire, au point que des voisins s’étaient posé des questions quant à la nature des activités des quatre chercheurs ! Il a aussi fallu louer une voiture adaptée aux pistes australiennes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/393236/original/file-20210402-15-pgmht2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Expérience dans le laboratoire de campagne.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
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<p>Les journées étaient assez denses : départ tôt le matin vers les forêts où les nids avaient été précédemment décrits. Lorsqu’un nid (une colonie) était repéré, une marque jaune était laissée sur place et les coordonnées enregistrées avec un GPS actuel, nettement plus précis.</p>
<p>Quelques individus de chaque nid étaient ramenés à l’appartement. Pour reconnaître les « bonnes » fourmis, il faut dans un premier temps les observer à la loupe binoculaire et identifier, chez <em>Myrmecia croslandi</em>, des motifs spécifiques sur la cuticule du thorax. En effet, il existe de nombreuses espèces de Myrmecia extrêmement proches morphologiquement.</p>
<p>Pendant une dizaine de jours, les résultats restaient négatifs. Des nids étaient bien trouvés, mais ce n’était jamais la bonne espèce qui était identifiée. Heureusement, des entomologistes australiens purent suggérer aux chercheurs français d’autres lieux, plutôt dans les plaines.</p>
<p>Chaque jour, une nouvelle zone était étudiée. Les premières colonies de <em>Myrmecia croslandi</em> furent alors enfin identifiées. Les préparations sommaires de coloration des chromosomes réalisées dans le laboratoire de campagne furent observées à l’Université de Canberra afin d’affirmer qu’il s’agissait vraisemblablement de la bonne espèce. En revenant vers les nids, il ne fallait pas y toucher dans un premier temps, pour ne pas faire sortir toutes les fourmis, tout en faisant attention aux fourmis fourrageuses, parties en chasse, et susceptibles de revenir au nid et d’attaquer les intrus… par-derrière. Avec toutes ces précautions, le nid était alors excavé et environ 300 individus et la reine, en toute fin, récupérés. L’excavation totale durait environ deux heures, en choisissant de préférence un terrain assez meuble.</p>
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<span class="caption">Excavation d’une colonie.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Après trois semaines d’expédition, une trentaine de boites contenant les colonies de fourmis correctement fermées dans deux valises arrivèrent à l’aéroport Charles de Gaulle. Les colonies furent installées dans le laboratoire de Jussieu. Elles y sont maintenues actuellement, chaque reine pondant régulièrement des œufs.</p>
<h2>Un autre travail commence, cette fois, au laboratoire !</h2>
<p>Dans ce projet, l’étape la plus importante et finalement la plus audacieuse était de rapporter à Paris cette espèce de fourmi dont on avait perdu la trace depuis plusieurs dizaines d’années. Mais comme dans toute démarche scientifique rigoureuse, il s’agissait ensuite d’apporter la preuve définitive qu’il s’agissait bien de la bonne espèce, la fameuse <em>Myrmecia croslandi</em>. Des caryotypes ont donc été effectués sur des neuroblastes (cellules de cerveau) isolés sur l’animal entier. Grâce aux microscopes modernes, le magnifique chromosome unique a pu être observé en détail, et il apparaît totalement identique aux images publiées en 1986. Cette partie était donc gagnée !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=579&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=579&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=579&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=727&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=727&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/393238/original/file-20210402-17-16nro3w.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=727&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Division cellulaire. Les deux chromosomes en mitose (ouvrière diploïde)</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’analyse des divisions cellulaires va être entreprise sur ce modèle minimaliste à un chromosome. Sans rentrer dans les détails, cette situation exceptionnelle va grandement faciliter de nouvelles expériences sur la division cellulaire. Bien que cette étude puisse se faire sur l’organisme vivant, afin de ne pas sacrifier systématiquement les fourmis de ces précieuses colonies, l’idéal sera de générer à partir des embryons des lignées cellulaires stables. Cette étape est en cours de développement au laboratoire. En cas de réussite, d’autres chercheurs vont pouvoir profiter de cellules à un chromosome !</p>
<h2>Quelles leçons nous apporte cette aventure scientifique ?</h2>
<p>Cette expédition pointe du doigt la difficulté pour les chercheurs de trouver un financement approprié, sur des projets originaux. Elle montre aussi l’intérêt de maintenir une pluridisciplinarité au sein des Instituts de recherche. Il s’agit ici d’un bel exemple d’interaction entre chercheurs et enseignants-chercheurs issus de domaines différents de la biologie : entomologie, biologie cellulaire et génétique. À cet égard, le système universitaire est potentiellement un lieu idéal qui favorise le rapprochement d’équipes aux compétences complémentaires. Et enfin, elle confirme la nécessité de préserver et d’explorer l’immense biodiversité animale et végétale sur notre planète. Si nous prenons conscience de sa richesse, il est à parier que de nouveaux modèles biologiques seront découverts dans le futur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157344/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le projet a eu lieu grâce aux financements suivants: direction de l'Institut Jacques Monod (Université de Paris), Nicolas Minc (Institut Jacques Monod), l'Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (Sorbonne Université), Ashley Davis (Cytoskeleton Inc.), Elliot Liddle (Universal Biological Ltd) et la société Dominique Dutscher.</span></em></p>La fourmi Myrmecia croslandi est une espèce endémique d’Australie qui pourrait servir de modèle pour étudier la division cellulaire. Elle valait bien une belle expédition !Frédéric Tournier, Maître de conférences, Responsable du Master Journalisme, culture et communication scientifiques, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1427502020-09-27T16:13:08Z2020-09-27T16:13:08ZRestaurer la nature, un travail de fourmis ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347900/original/file-20200716-33-ane89q.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=127%2C23%2C3686%2C2521&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Fourmi du genre Messor transportant une graine.</span> <span class="attribution"><span class="source">Renaud Jaunatre, IMBE</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Le 07 août 2009, la fuite accidentelle d’un oléoduc provoquait une marée noire terrestre sur plus de 5 hectares dans la plaine de la Crau, au cœur d’une <a href="http://www.reserves-naturelles.org/coussouls-de-crau">réserve naturelle</a> située dans le sud-est de la France.</p>
<p>Devant l’ampleur de la pollution générée par les 4 700 m<sup>3</sup> de pétrole brut épandu, <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/2014/05/27/la-crau-des-fourmis-moissonneuses-au-secours-des-scientifiques-485963.html">72 000 tonnes de sols pollués</a> sont retirées l’année suivante sur une profondeur moyenne de 50 cm pour être ensuite stockées dans une décharge spécialisée.</p>
<p>Depuis, plusieurs méthodes ont été testées pour restaurer les écosystèmes dans la zone. L’une d’entre elles est fondée sur l’introduction de fourmis moissonneuses dans les sols contaminés.</p>
<h2>Détruire un site pour en réparer un autre</h2>
<p>Après la catastrophe, une colossale opération de transfert de sol a dans un premier temps été mise en place au printemps 2011 pour reboucher le trou créé par le retrait des terres contaminées. Un sol et une végétation identiques ont alors été prélevés en dehors de la réserve naturelle, dans une carrière en cours d’extension à quelques kilomètres du site accidenté.</p>
<p>Cette intervention constituait déjà une première en matière de restauration des écosystèmes, laquelle consiste à assister la régénération naturelle d’un écosystème dégradé, altéré ou détruit.</p>
<p>Elle comprenait de nombreuses <a href="http://www.set-revue.fr/ecologiser-le-genie-civil-pour-innover-dans-la-restauration-des-ecosystemes-le-cas-dun-chantier-de">préconisations écologiques</a>. Entre autres, le transfert de sol devrait être le plus direct possible, sans stockage, et les couches de sol reconstituées à l’identique. L’opération serait par ailleurs menée en période printanière afin de maximiser la germination des plantes et de limiter le dérangement des oiseaux steppiques avant leur période de nidification.</p>
<p>Les premiers résultats se sont révélés significatifs en matière de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/rec.12424">restauration des propriétés du sol</a> et de la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0925857414003516?via%3Dihub">végétation</a>. Cette intervention de génie civil a toutefois entraîné la destruction des cinq hectares du site donneur, occasionnant un coût financier et environnemental considérable. Le transfert de sols a nécessité des dizaines de rotations de camions et l’action d’engins de travaux publics très polluants. Un comble : pour restaurer, on a finalement détruit et pollué !</p>
<h2>Une solution bio-inspirée</h2>
<p>Notre équipe de recherches a donc imaginé un autre type d’ingénierie pour compléter cette opération, privilégiant une solution « fondée sur la nature » ou « bio-inspirée ».</p>
<p>Pour la première fois au monde, plusieurs dizaines de reines fondatrices d’une espèce de fourmi moissonneuse commune des pelouses sèches méditerranéennes (<em>Messor barbarus</em> L.) ont alors été ré-implantées dans la zone précédemment polluée.</p>
<p>Il s’agissait ainsi d’accélérer la recolonisation de cette espèce afin de renforcer sa population mais aussi d’accélérer la restauration de la végétation typique de la plaine de Crau, une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S030147970500318X">sorte de steppe unique en Europe de l’Ouest</a>.</p>
<h2><em>Messor barbarus</em>, ingénieure des écosystèmes</h2>
<p>Pourquoi avoir choisi cette fourmi en particulier ? Des études d’écologie fondamentale menées dans les années 80 sur les mœurs de <a href="https://www.persee.fr/doc/ecmed_0153-8756_1986_num_12_3_1170"><em>M. barbarus</em></a> nous ont conduit à la considérer comme une potentielle espèce dite « ingénieur des écosystèmes », c’est-à-dire dont la simple présence ou activité a des conséquences majeures sur l’évolution de l’habitat qu’elle fréquente.</p>
<p>Si les castors sont bien connus pour leur action bénéfique sur la diversification des habitats en rivières, bien d’autres espèces d’animaux, de plantes mais aussi de champignons et de bactéries pourraient être manipulés par l’homme pour restaurer telle ou telle composante ou fonction d’un écosystème dans le cadre de sa restauration. Or les ouvrières de l’espèce <em>M. barbarus</em> sont capables de transporter des graines sur des distances de plusieurs dizaines de mètres afin de les stocker dans leur nid.</p>
<p>Attention, ce n’est pas parce que de telles manipulations sont écologiques qu’elles sont pour autant sans danger. Il demeure très important de connaître au préalable la place et les rôles de ces organismes afin d’éviter tout effet secondaire indésirable. Par exemple, leur éventuelle prolifération aux dépens d’autres organismes dans le cas où l’ordre d’arrivée ne serait pas respecté au cours d’une opération de réimplantation.</p>
<p>Les fourmis moissonneuses sont des prédatrices de graines mais participent également à leur dispersion. Le long de leur piste, qui mesure 10 à 30 mètres, elles perdent une partie de leur récolte ou la laissent dans des dépotoirs à l’entrée de leur fourmilière, <a href="https://myrmecologicalnews.org/cms/index.php?option=com_content&view=article&id=1269:myrmecol-news-23-91-100&catid=1462&Itemid=367">ce qui augmente ainsi localement la densité et la richesse de la végétation</a>.</p>
<p>Les facteurs à l’origine de ces mouvements et dépôts sont encore largement méconnus, mais l’on sait que les fourmis transportent les graines des trois-quarts des espèces végétales herbacées de la steppe, et ce depuis des millénaires. Les nids matures peuvent contenir en moyenne 8 000 ouvrières et occuper une surface de plusieurs mètres carrés pour une densité moyenne d’un nid tous les 1 000 m<sup>2</sup>. On imagine donc aisément le rôle qu’elles ont joué dans la formation de la steppe au cours du temps, en redistribuant une grande partie des graines au gré de leurs pérégrinations.</p>
<h2>Une recolonisation réussie</h2>
<p>Dans le cas de la plaine de la Crau, nous avons récolté à l’automne 2011, des reines fondatrices, lors <a href="http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i72cerdan.pdf">du vol nuptial</a> au cours duquel elles sont fécondées. Elles se retrouvent ensuite au sol où elles s’arrachent les ailes puis creusent au plus vite une petite cavité afin d’y constituer progressivement une nouvelle fourmilière.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1160&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1160&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1160&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1458&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1458&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347903/original/file-20200716-31-4d6z1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1458&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Récolte des reines, placées dans des tubes à essai contenant de la ouate humide.</span>
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<p>C’est à cette étape que nous les avons récupérées, sur le sol de la steppe voisine du site accidenté. Elles ont alors été transférées dans des tubes à essai contenant de la ouate humide puis 169 d’entre elles ont été réimplantées dès que possible sur le site à restaurer. De petites cavités ont été creusées à cet effet dans le sol afin d’y déposer chaque reine fondatrice.</p>
<p>Nous avons ensuite recouvert ces renfoncements d’un galet pour les protéger des prédateurs (oiseaux, scolopendres, araignées, autres fourmis) et pour y restituer la chaleur accumulée durant la journée. Six mois plus tard, <a href="https://myrmecologicalnews.org/cms/index.php?option=com_content&view=category&id=599&Itemid=364">plus de la moitié des reines avaient survécu</a> et commencé à développer une colonie. Un réel succès, sachant <a href="https://myrmecologicalnews.org/cms/index.php?option=com_content&view=category&id=1462&Itemid=367">que seule une reine fondatrice sur 1 000</a> parvient en moyenne à s’installer naturellement.</p>
<p>Cette réussite constitue une première étape indispensable pour valider l’opération. Il est toutefois essentiel que les fourmilières développées à partir de cette transplantation (ou d’une colonisation naturelle) aient finalement une action significative de restauration de la steppe qui préexistait avant l’accident.</p>
<h2>Fertilité des sols, végétation et stocks de graines</h2>
<p>C’est ce que nous avons <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320719319469">démontré en 2018</a>, sept années après la transplantation des reines fondatrices. Grâce à leur action de brassage du sol et d’incorporation de la matière organique, la fertilité des sols a été augmentée très significativement là où étaient présents des nids dans la zone restaurée.</p>
<p>Il en va de même pour la végétation car la biomasse, la composition et la richesse y sont plus proches de celles de la steppe avoisinante. Enfin, la réserve de graines viables dans le sol encore appelée « stock semencier » ou « banque de graines » y est aussi significativement plus riche, dense et proche de celle de la steppe que là où aucune fourmilière ne s’est développée.</p>
<p>Indéniablement, les insectes ont bien joué leur rôle attendu <a href="https://www.departement13.fr/fileadmin/user_upload/Actualit%C3%A9s_2019/Prix-recherche-2019/GRAND_PRIX_DUTOIT.mp4">d’ingénieurs de l’écosystème</a> en accélérant la restauration du sol et de la végétation pour les ramener vers ceux de la steppe qui préexistait avant l’accident.</p>
<p>Il faudra encore de bien longues années pour que l’ensemble du sol du site soit brassé par l’action de fourmis et que l’intégralité de la structure de la végétation steppique soit restaurée. Elle a elle-même mis plus de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0959683609348841">6 000 ans à nous parvenir</a> telle qu’elle est aujourd’hui sous l’action conjuguée du climat méditerranéen, du pâturage ovin et des feux pastoraux.</p>
<p>Cette opération aura aussi eu le mérite de mettre en œuvre une véritable ingénierie écologique à une échelle opérationnelle et non plus seulement expérimentale, sur de petites superficies. En cette période où est évoquée la nécessité de créer d’autres relations entre l’homme et la nature, investir dans la recherche permettrait de développer des solutions fondées sur la nature et la bio-inspiration <a href="https://www.youtube.com/watch?v=FpGiCIp0Oo4">plus applicables</a> et plus durables. Et ainsi de limiter les changements globaux causés par plus d’un siècle d’utilisation à outrance d’un génie civil pollueur et destructeur de précieuses ressources non renouvelables.</p>
<hr>
<p><em>Eric Provost et Adeline Bulot ont contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142750/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Dutoit a reçu des financements du CNRS, de l'université d'Avignon, de la région Sud-PACA, du Conseil Départemental des Bouches du Rhône, de la Fondation de Recherches de la Tour du Valat, de la Société du Pipeline Sud Européen, de la Société Fédérative de Recherche TERSYS et de la Fédération de Recherche ECCOREV</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Mesleard a reçu des financements de la Fondation Tour du Valat, d'Avignon Université</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Blight a reçu des financements d’Avignon université et de la région Sud-PACA. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Tania de Almeida a reçu des financements de la région Sud-PACA et de la Fondation Tour du Valat. </span></em></p>Après la marée noire dans la plaine de la Crau, en 2009, des fourmis ont été introduites dans les sols pour restaurer les écosystèmes du site pollué. Des premiers résultats prometteurs.Thierry Dutoit, Directeur de recherches au CNRS en ingénierie écologique, Université d'Avignon François Mesleard, Chercheur, Université d'Avignon Olivier Blight, Chercheur, Université d'Avignon Tania de Almeida, Doctorante en écologie de la restauration, Université d'Avignon Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1249202019-10-08T20:37:04Z2019-10-08T20:37:04ZBD « Sciences en bulles » : Elles portent dix fois leur masse !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/296018/original/file-20191008-128644-1dunoxu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.fetedelascience.fr/pid35151-cid144926/-sciences-en-bulles-le-nouveau-livre-de-la-fete-de-la-science-2019.html">Peb&Fox/Syndicat national de l’édition</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet extrait de la BD <a href="https://www.fetedelascience.fr/pid34623-cid144926/sciences-en-bulles-la-recherche-en-bd.html">« Sciences en bulles »</a> est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 5 au 13 octobre 2019 en métropole et du 9 au 17 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « À demain, raconter la science, imaginer l’avenir ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Les insectes sociaux – fourmis, abeilles, termites… – fascinent par leurs comportements collectifs et leur organisation. Les fourmis sont en outre une des très rares espèces capables de transporter des charges collectivement. Pour y parvenir, les ouvrières doivent communiquer, s’orienter, stabiliser l’objet transporté et le déplacer. J’étudie ces deux derniers points, qui forment l’aspect biomécanique du transport.</p>
<p>Mais, avant d’aborder le travail collectif des fourmis, je dois en apprendre plus sur leurs performances individuelles. En effet, l’espèce que j’étudie, <em>Messor barbarus</em>, comporte des ouvrières de tailles très variées : entre deux et quinze millimètres !</p>
<p>Leur taille a-t-elle une incidence sur la masse des charges qu’elles peuvent transporter ? Ont-elles plusieurs types de stratégies ? Y a-t-il des ouvrières plus efficaces que d’autres ? Et que signifie « efficacité » dans un tel contexte ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=584&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=584&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=584&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=734&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=734&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296014/original/file-20191008-128677-rwtucd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=734&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.fetedelascience.fr/pid35151-cid144926/-sciences-en-bulles-le-nouveau-livre-de-la-fete-de-la-science-2019.html">Peb&Fox/Syndicat national de l’édition</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Retrouvez les créations dessinées du duo Peb & Fox <a href="http://www.pebfox.com/blog/">sur leur blog</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124920/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Merienne ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avec la complicité dessinée du duo Peb & Fox, on rejoint les colonies de fourmis pour observer de près leurs incroyables performances.Hugo Merienne, Doctorant, cognition animale, Université de Toulouse III – Paul SabatierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1167002019-05-08T19:34:42Z2019-05-08T19:34:42ZCe petit robot qui navigue sans GPS comme une fourmi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/273324/original/file-20190508-183093-q3eafi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1692%2C877&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">AntBot</span> <span class="attribution"><span class="source">CNRS Images</span></span></figcaption></figure><p>La navigation est aujourd’hui un enjeu majeur dans le développement de véhicules et de robots autonomes. En 2018, on compte en moyenne <a href="https://www.lantenne.com/La-flotte-mondiale-n-a-progresse-que-de-huit-porte-conteneurs-en-2017_a41352.html">5 000 porte-conteneurs en service</a>, plus d’un <a href="http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/08/26/un-milliard-de-voitures-dans-le-monde-la-chine-fait-la-course-en-tete/">milliard de voitures</a> en circulation sur les routes, et on estime que près de <a href="https://www.planetoscope.com/Avion/750-nombre-de-vols-d-avions-commerciaux-aux-etats-unis.html">5000 avions sont dans les airs à chaque instant</a>.</p>
<p>Afin d’assurer la fiabilité de ces moyens de transport, il apparaît urgent de travailler à l’élaboration de nouveaux systèmes de navigation robustes. Outre le véhicule autonome de demain, les applications de ces systèmes de navigation sont nombreuses : l’exploration d’environnements ayant subi des dégâts considérables (comme après un tremblement de terre), d’infrastructures urbaines, mais aussi à l’occasion d’exploration extra-terrestre, dont on peut citer les rovers Curiosity (NASA) et Exo-Mars (ESA) ; le transport de biens et de personnes sur de longues distances (livraison par des drones ou des robots terrestres mobiles) ; l’inspection et le ramassage automatiques des récoltes dans les champs ; la navigation maritime ; et enfin les applications militaires comme les missions de reconnaissance.</p>
<p>En nous inspirant des fourmis du désert, nous avons développé <em>AntBot</em>, un petit robot à six pattes capable de se déplacer et surtout de se guider sans GPS.</p>
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<figcaption><span class="caption">AntBot : le robot fourmi | Reportage CNRS.</span></figcaption>
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<h2>Les techniques traditionnelles de localisation</h2>
<p>Le GPS civil est à ce jour la principale méthode utilisée pour se localiser sur notre planète. On le retrouve dans une multitude d’objets du quotidien tels que les téléphones portables, les voitures, et même les montres connectées. Pourtant sa précision reste variable, avec une précision de l’ordre de <a href="https://www.futura-sciences.com/tech/questions-reponses/technologie-precision-gps-6801/">5 mètres</a> dans des conditions d’utilisation standard (ciel dégagé, pas d’occlusion). En milieu urbain, la précision du GPS est facilement altérée par les interférences électromagnétiques, mais également les interruptions de signal dues au blocage des signaux par les arbres et les immeubles.</p>
<p>D’autres stratégies de navigation existent, à l’image des systèmes utilisant des caméras plus ou moins sophistiquées assurant une utilisation convenable en milieu extérieur selon les conditions d’éclairement. Toutefois, ces solutions sont coûteuses en termes de mise en œuvre (temps de traitement de l’information élevé et nécessitant d’importantes ressources calculatoires). Des alternatives novatrices bio-inspirées (inspirées de la nature) font peu à peu leur apparition, à l’image des caméras dites événementielles : ne voyant que ce qui bouge.</p>
<p>On peut également citer l’emploi d’accéléromètres et de gyroscopes, capables de mesurer des informations relatives au mouvement du véhicule ou du robot.</p>
<p>Ces technologies sont cependant sensibles aux effets de dérive à long terme et aux perturbations électromagnétiques, très présentes en milieu urbain et limitent ainsi leur utilisation.</p>
<h2>Le pari de la bio-inspiration</h2>
<p>Chaque système de navigation ainsi décrit présente son lot d’avantages et d’inconvénients au regard du contexte dans lequel il est employé. Des exemples de fusions de données existent déjà, à l’instar des projets de voitures autonomes impulsés par Google et Tesla, mais le <em>Saint Graal</em> de la navigation autonome reste à déterminer, pour peu qu’il existe !</p>
<p>Étant données les connaissances de plus en plus fines des comportements navigationnels des animaux, et fort d’une approche pluridisciplinaire de la science au sein de <a href="https://ism.univ-amu.fr/fr/biorob">notre équipe</a>, nous avons choisi de nous intéresser aux stratégies de navigation des fourmis du désert, particulièrement celles du genre <em>Cataglyphis</em> que l’on trouve sur le pourtour méditerranéen, ou encore les fourmis <em>Melophorus</em> qui vivent en Australie.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/273119/original/file-20190507-103053-81u3c4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cataglyphis fortis, fourmi vivant principalement dans le désert du Sahara.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Estella Ortega/AntWeb.org</span></span>
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<p>Ces fourmis sont connues pour leurs aptitudes remarquables à s’orienter dans <a href="https://www.rtbf.be/info/societe/detail_comment-des-fourmis-resistent-elles-aux-chaleurs-extremes-du-desert?id=9964334">des environnements arides et hostiles</a>. Ces navigatrices hors-pair peuvent parcourir plusieurs centaines de mètres et retrouver leur nid sans utiliser de pistes de phéromones comme le font leurs cousines européennes. En effet, les fourmis du désert utilisent un ensemble d’informations proprioceptives, c’est-à-dire la perception de la position de chaque partie du corps, et visuelles pour déterminer le chemin à prendre afin de rentrer au nid ou de retourner sur un lieu d’intérêt (nourriture).</p>
<p>Pour naviguer, les fourmis du désert peuvent utiliser plusieurs modes de localisation parmi lesquels on peut citer les deux principaux :</p>
<p>– l’intégrateur de chemin qui requiert des indices odométriques (comptage de foulées, défilement optique du sol) et d’orientation (polarisation de la lumière du ciel) ;</p>
<p>– le guidage visuel permettant de retrouver un chemin par reconnaissance de scènes visuelles, du profil de la ligne d’horizon, ou par comparaison avec des panoramas mémorisés préalablement.</p>
<p>L’intégrateur de chemin est souvent décrit comme le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08927014.1990.9525492">fil d’Ariane des fourmis du désert</a>. Un nombre conséquent d’<a href="https://www.nature.com/articles/331435a0">études</a> sur les fourmis du désert mais également d’autres insectes comme le criquet, le grillon, ou encore la sauterelle, ont cherché à comprendre les mécanismes de détection et d’analyse de la polarisation de la lumière du ciel afin d’en extraire une information de cap. Ces insectes sont capables de détecter l’angle de polarisation linéaire, c’est-à-dire l’angle avec lequel la lumière se propage, dans le domaine spectral ultraviolet (UV).</p>
<p>Au vu de ces éléments de littérature, le choix de l’intégrateur de chemin comme alternative minimaliste aux techniques de navigation traditionnelles s’est naturellement imposé en vue notamment de se substituer à celles-ci en cas d’échec, ou bien d’être utilisé comme mécanisme complémentaire visant à consolider la robustesse de l’estimation de position.</p>
<h2>AntBot, un robot fourmi autonome</h2>
<p>La robotique hexapode bénéficie d’une histoire en recherche et développement vieille de <a href="http://cyberneticzoo.com/walking-machines/1969-72-six-legged-walking-machine-mocci-petternella-salinari-italian/">50 ans</a>. En dépit de notre connaissance accrue des procédés de locomotion, aucun projet de navigation autonome ne semble avoir vu le jour avec ces robots. Nous avons donc conçu un robot hexapode imprimé en 3D en s’inspirant directement de la morphologie de la fourmi pour se déplacer.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/273129/original/file-20190507-103045-1yea8qk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le robot AntBot inspiré des fourmis du désert.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Julien Dupeyroux, ISM (CNRS/AMU)</span></span>
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<p>Intrinsèquement conditionné par les paradigmes de la bio-inspiration et du biomimétisme, ce robot insectoïde, appelé <em>AntBot</em>, s’avère offrir un spectre de possibilités bien plus vaste. Il est équipé d’une boussole céleste à deux pixels, sensible à la polarisation de la lumière du ciel en bande UV, reproduisant ainsi l’aire dorsale marginale de l’œil composé des fourmis et permettant de déterminer l’angle de polarisation de la lumière du ciel avec une précision de 0,4°. Cet angle est alors utilisé en tant que cap lorsque le robot navigue.</p>
<p>Comment utiliser la polarisation céleste pour s’orienter ? De manière simple, c’est en quelque sorte comme si dans le ciel se dessinait une droite ; cette droite sert alors de référence et il est possible de l’utiliser pour connaître son cap lorsque l’on se déplace.</p>
<p><em>AntBot</em> est également doté d’un capteur de flux optique constitué de seulement 12 pixels et permettant de mesurer la vitesse de déplacement du robot sans être perturbé par les variations abruptes de luminosité ambiante pouvant se produire en extérieur. Cette vitesse optique est alors intégrée pour déterminer la distance parcourue. Enfin, <em>AntBot</em> est capable de compter ses foulées par simple mémorisation de la commande motrice. La fusion de l’odométrie par flux optique et du podomètre permettent d’obtenir une estimation de distance très précise et robuste.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/273321/original/file-20190508-183077-wl8rjg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le robot AntBot et l’ensemble de l’électronique et des capteurs bio-inspirés qu’il embarque.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p><a href="https://robotics.sciencemag.org/content/4/27/eaau0307">Dans notre étude parue dans Science Robotics</a>, AntBot a montré des performances de navigation remarquables, avec une erreur de localisation centimétrique 50 fois inférieure à la précision du GPS civil. En outre, les retombées en termes de réflexion sur la plausibilité de ces modèles biologiques sont une raison significative de parier sur la robotique à pattes pour tester notre intégrateur de chemin. Les travaux à venir se focaliseront principalement sur l’adaptation de ce système à une utilisation de nuit afin d’assurer son utilisation à des fins de navigation (véhicule autonome, robotique de service, etc.).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116700/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ces travaux de recherche sont financés par la Direction Générale de l'Armement, le CNRS, Aix Marseille Université, la région PACA, ainsi que l'ANR via le projet Equipex/Robotex.</span></em></p>Si le GPS est actuellement le système de localisation le plus utilisé, la nature, comme souvent, fait mieux que l’humain. Découvrez Antbot, le robot qui se localise comme une fourmi.Julien Dupeyroux, Doctorant, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1147262019-04-03T20:19:09Z2019-04-03T20:19:09ZDes chercheurs mettent au point une méthode pour détecter les espèces envahissantes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/267191/original/file-20190402-177171-3gniss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">_Anoplolepis gracilipes_, la fourmi « folle », en pleine action. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/steve_shattuck/15006697440/in/photolist-b1mD2H-9FAR82-9FARzg-LgaBrc-p9zZsH-p9jspr-oS6fjL-EiCUTN">Steve Shattuck/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avez-vous déjà entendu parler des « espèces envahissantes » ? Ou encore d’invasions biologiques ? Non, ou vaguement peut-être… Vous devriez pourtant ! Car on ne parle pas ici de quelques petits bonshommes verts, mais bien du tamarix de Russie, du rat noir, de l’étoile de mer japonaise, du poisson-lion, de la jacinthe d’eau, du crapaud-buffle, et de dizaines de milliers d’autres espèces évoluant sur notre planète, mais pas au bon endroit.</p>
<p>Lorsqu’une espèce est introduite dans un écosystème dans lequel elle n’a pas évolué, elle n’est pas adaptée aux espèces locales, et réciproquement. Il y a donc deux alternatives possibles : soit ce sont les espèces locales qui gagnent les nouvelles interactions et l’espèce introduite s’éteint ; soit c’est l’espèce introduite qui gagne et s’établit, s’étend et affecte les espèces locales. On l’appelle alors « espèce envahissante ».</p>
<p>Le sujet est crucial : ces invasions d’espèces introduites par les humains dans des régions inconnues d’elles peuvent causer des dégâts impressionnants ; et cela aussi bien aux écosystèmes qu’aux sociétés humaines. Avec l’augmentation massive des échanges internationaux et le changement climatique, ce phénomène risque de continuer de s’aggraver dans les années à venir.</p>
<p>Jugez-en plutôt : la fourmi de feu coûte par exemple plus de <a href="https://articles.extension.org/sites/default/files/Copy%20of%20the%20National%20Study.pdf">6 milliards de dollars</a> par an aux États-Unis, entre de coût de leur contrôle et les dégâts sur les infrastructures, les réseaux électriques et de communications, l’agriculture et d’autres secteurs économiques. Le moustique tigre remonte du sud de la France avec le potentiel de transmettre par sa piqûre des virus mortels, tels que ceux de <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/05/20/le-moustique-vecteur-de-la-dengue-et-du-chikungunya-remonte-vers-le-nord_4422178_3244.html">la dengue, du chikungunya et du Zika</a>. Le chat introduit dans les îles de tous les océans du monde, a mené à l’<a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/63/10/804/238142">extinction</a> de dizaines d’espèces d’oiseaux, reptiles et amphibiens qui n’avaient jamais vu un tel prédateur.</p>
<p>Les espèces envahissantes dans leur ensemble sont la <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rsbl.2015.0623">seconde cause d’extinction</a> d’espèces vivantes depuis un siècle ; elles représentent également la <a href="https://www.fws.gov/southwest/es/documents/R2ES/LitCited/LPC_2012/Wilcove_et_al_1998.pdf">seconde menace actuelle sur la biodiversité</a> dans le monde ; elles sont aussi responsables de milliers de morts tous les ans. Les terribles morsures de la petite fourmi de feu, par exemple, envoient plus de 100 000 Américains par an chez le médecin ou à l’hôpital, et une près centaine en meurt de choc anaphylactique. Enfin, elles ont un coût économique de centaines de milliards d’euros par an au niveau mondial.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"984144565828386816"}"></div></p>
<h2>Comme un « profiler »</h2>
<p>Face à de telles conséquences, il n’est pas étonnant que les scientifiques aient cherché depuis des décennies un moyen de prévoir quelles espèces peuvent devenir envahissantes, et où, avant même qu’elles ne soient introduites dans une nouvelle région du monde.</p>
<p>Car une intervention à la frontière, ou très rapidement après, permet d’être bien plus efficace et de dépenser bien moins que de tenter de contrôler une espèce envahissante déjà fermement établie et de subir les dégâts occasionnés sur des surfaces sans cesse grandissantes. Ce type de prédiction n’était cependant pas envisageable jusqu’à tout récemment, faute d’outils et de données adéquats.</p>
<p>Ce temps semble désormais révolu : notre équipe (Université Paris Sud/CNRS), en collaboration avec des chercheuses de Suisse et d’Espagne, <a href="https://www.pnas.org/content/early/2019/03/28/1803456116">vient en effet de publier</a> ce 29 mars dans la prestigieuse revue américaine <em>PNAS</em>, une étude où nous avons combiné plusieurs types de modèles statistiques et une grosse base de données de caractéristiques écologiques et comportementales de fourmis ; il s’agit de prédire quelles seront les prochaines espèces de fourmis envahissantes, et quelles régions du monde elles risquent d’envahir. Avant même qu’elles n’aient commencé.</p>
<h2>19 espèces de fourmis</h2>
<p>Ces travaux, démarrés il y a huit ans, utilisent les outils statistiques les plus récents et les plus performants pour identifier, à la manière des <em>profilers</em> de tueurs multirécidivistes dans les séries policières américaines, les profiles psychologiques de ces coupables.</p>
<p>En établissant un modèle statistique de toutes les combinaisons de caractéristiques des fourmis qu’on sait être envahissantes – 19 sont déclarées comme telles par l’Union internationale de la conservation de la nature (IUCN) –, il nous a été possible d’établir un profil écologique de la fourmi envahissante type – avec tel type de système social, tel type de fondement de nouvelles colonies, tel type de régime alimentaire, etc.</p>
<p>Car la fourmi folle jaune, la fourmi électrique, la fourmi fantôme ou la fourmi de feu, pour ne citer qu’elles, n’ont pas en commun que ces noms terribles : il a été ainsi possible d’établir un véritable portrait-robot de leurs caractéristiques écologiques. Ce modèle statistique a ensuite été appliqué à un millier de fourmis non envahissantes pour voir si certaines possédaient le même profil : et effectivement 13 d’entre elles présentaient la même combinaison de caractéristiques ; elles sont donc logiquement capables de faire aboutir le même type d’invasion au cas où les activités humaines les transporteraient négligemment ailleurs…</p>
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<figcaption><span class="caption">L’Australie face à la menace des fourmis de feu. (Euronews/YouTube, 2017).</span></figcaption>
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<p>Cet « ailleurs » a lui aussi été prédit dans <a href="https://www.pnas.org/content/early/2019/03/28/1803456116">notre étude</a> : et cela, en établissant une autre sorte de profil, celui des combinaisons de conditions climatiques idéales pour ces espèces. En le projetant sur la surface terrestre, on peut déterminer dans quelles régions chacune de ces 13 espèces trouvera les conditions favorables à une invasion si elles y sont introduites. Ces régions à risque sont la Floride, l’Amérique centrale et le Brésil, l’Afrique centrale et Madagascar, l’Asie du Sud-est, l’Indonésie et le nord-est de l’Australie et de très nombreuses îles de par le monde.</p>
<p>Parmi ces 13 suspectes se trouve la fourmi des pavés – ainsi nommée pour ces batailles rangées au cours desquelles elle affronte ses rivales, laissant des milliers de cadavres sur le pavé… Ou la fourmi difficile, baptisée de la sorte en référence à la difficulté à la contrôler ; elle entraîne de véritables armées au sein de ses nids pouvant abriter plus de 3 millions d’individus. Ou encore la fourmi d’Éthiopie, qui forme des supercolonies, véritables réseaux de colonies alliées pouvant couvrir et contrôler des territoires gigantesques.</p>
<p>Bien qu’on ne connaisse pas encore le type de dégâts que ces suspectes pourraient causer si elles envahissaient ces régions, on peut imaginer qu’il s’agirait d’une gamme et d’une importance similaire aux 19 espèces déjà connues pour être envahissantes : réduction de la biodiversité locale, perturbation du fonctionnement des écosystèmes, coûts pour l’agriculture, le tourisme et même problèmes sanitaires pour certaines d’entre elles.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/des-vers-geants-predateurs-envahissent-les-jardins-francais-dans-lindifference-96241">Des vers géants prédateurs envahissent les jardins français. Dans l’indifférence</a>
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<h2>Disculper certaines espèces</h2>
<p>La puissance et l’utilité de ce nouvel outil de <em>profiling</em> statistique se trouve renforcée par une découverte inattendue : nous avons en effet établi que l’une des 19 espèces de fourmis cataloguées comme envahissantes – la fourmi champignonniste, celle que l’on voit se balader en file indienne avec un morceau de feuille dans les mandibules – ne se conformait en fait aucunement au profil écologique d’une envahissante ; à tel point même que le modèle ne parvenait jamais à prédire qu’elle pourrait le devenir.</p>
<p>Après des recherches approfondies auprès de spécialistes, cette fourmi a définitivement été identifiée comme ravageur des cultures de sucre de canne en Guadeloupe – où elle cause des dégâts considérables – mais n’a jamais envahi d’autres régions que cette île toute proche de son aire naturelle. Pour cause : elle n’a pas les caractéristiques écologiques lui permettant de faire face aux nouveaux écosystèmes. Le système de <em>profiling</em>, censé permettre de découvrir et de surveiller de nouveaux envahisseurs avant même qu’ils ne commettent des dégâts a donc aussi permis d’innocenter une espèce accusée à tort !</p>
<p>Il reste désormais à transposer cet ensemble d’outils statistiques à d’autres groupes d’espèces, ce que les chercheurs s’emploient déjà à faire – avec sans aucun doute bien d’autres surprises à la clé.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=837&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=837&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=837&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1052&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1052&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266946/original/file-20190401-177167-5zhe8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1052&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Pour découvrir le monde fascinant des fourmis envahissantes, Franck Courchamp et le dessinateur Mathieu Ughetti vous donnent rendez-vous en librairie pour découvrir leur BD « La guerre des fourmis » qui vient de sortir aux éditions des Équateurs. Et aussi sur <a href="https://theconversation.com/fr/topics/la-guerre-des-fourmis-54185">The Conversation</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114726/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Franck Courchamp receives funding from ANR. </span></em></p>À partir de modèles statistiques et d’une base de données sur des espèces envahissantes de fourmis, une équipe internationale vient de mettre au point un outil pour prévenir les invasions biologiques.Franck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/962212018-06-28T21:59:18Z2018-06-28T21:59:18ZBD : « La guerre des fourmis » (épisode final)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/225109/original/file-20180627-112644-1ctb35g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.laguerredesfourmis.com/">Mathieu Ughetti</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parmi les 12 000 espèces de fourmis recensées à ce jour, certaines intéressent tout particulièrement les chercheurs. Qualifiées d’« envahissantes », ces fourmis se révèlent très agressives et compétitives.</p>
<p>Lorsqu’elles sont introduites sur un territoire (à la faveur des échanges aériens ou maritimes du transport international), elles peuvent ainsi représenter une menace sérieuse pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures ou la santé. En France, deux espèces de fourmis envahissantes ont déjà été repérées dans le sud du pays.</p>
<p>Le scientifique Franck Courchamp et l’illustrateur Mathieu Ughetti se sont associés pour créer la bande dessinée « <a href="http://www.laguerredesfourmis.com/" target="_blank">La guerre des fourmis</a> » qui plonge le lecteur dans ce monde méconnu au fil de six épisodes aussi haletants qu’instructifs.</p>
<p>Cette semaine, c’est le sixième et dernier épisode ! On termine en beauté avec des combats entre espèces et des stratégies militaires surprenantes. Bonne lecture à tous… et n’hésitez pas à nous dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de cette série.
<br><br><br></p>
<p><a class="button large primary" id="pleinecran" href="http://www.laguerredesfourmis.com/episode-6.php#chapitre" target="_blank">▶︎ Lire la version dynamique en plein écran</a></p>
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<p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96220/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1"><a class="button large primary" id="pleinecran" href="http://www.laguerredesfourmis.com/episode-6.php#sommaire" target="_blank">Lire les autres épisodes</a><a class="button large" href="http://www.laguerredesfourmis.com/a-propos.php" target="_blank" id="apropos">À propos de la BD</a>
</p>
<div id="clear"></div>
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<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti et Franck Courchamp ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette bande dessinée est basée sur des études scientifiques réalisées entre 2009 et 2018 au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution de l’Université Paris Saclay, notamment lors de stages d’études et de thèses financées par le DIM Astréa de la région Île-de-France, par l’INRA, par le programme européen Biodiversa, le programme ANR Invacost et par le programme Climate Initiative de la Fondation BNP Paribas.</span></em></p>Sixième et dernier épisode de la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp sur le monde étonnant et impitoyable des fourmis.Mathieu Ughetti, Illustrateur-graphiste, chargé de cours en PAO, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresFranck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/962202018-06-21T19:04:13Z2018-06-21T19:04:13ZBD : « La guerre des fourmis » (épisode 5)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218326/original/file-20180509-184630-6wo089.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C35%2C2807%2C1452&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.laguerredesfourmis.com/">Mathieu Ughetti</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parmi les 12 000 espèces de fourmis recensées à ce jour, certaines intéressent tout particulièrement les chercheurs. Qualifiées d’« envahissantes », ces fourmis se révèlent très agressives et compétitives.</p>
<p>Lorsqu’elles sont introduites sur un territoire (à la faveur des échanges aériens ou maritimes du transport international), elles peuvent ainsi représenter une menace sérieuse pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures ou la santé. En France, deux espèces de fourmis envahissantes ont déjà été repérées dans le sud du pays.</p>
<p>Le scientifique Franck Courchamp et l’illustrateur Mathieu Ughetti se sont associés pour créer la bande dessinée <a href="http://www.laguerredesfourmis.com/" target="_blank">« La guerre des fourmis »</a> qui plonge le lecteur dans ce monde méconnu au fil de six épisodes aussi haletants qu’instructifs.</p>
<p>Au programme de ce cinquième épisode, il sera question de réchauffement climatique et d’invasions. Bonne lecture et rendez-vous vendredi prochain pour le dernier épisode !</p>
<p><br> <br></p>
<p><a class="button large primary" id="pleinecran" href="http://www.laguerredesfourmis.com/episode-5.php#chapitre" target="_blank">▶︎ Lire la version dynamique en plein écran</a></p>
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<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti et Franck Courchamp ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette bande dessinée est basée sur des études scientifiques réalisées entre 2009 et 2018 au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution de l’Université Paris Saclay, notamment lors de stages d’études et de thèses financées par le DIM Astréa de la région Île-de-France, par l’INRA, par le programme européen Biodiversa, le programme ANR Invacost et par le programme Climate Initiative de la Fondation BNP Paribas.</span></em></p>Découvrez chaque vendredi, le temps de 6 épisodes exclusifs, la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp sur le monde étonnant et impitoyable des fourmis.Mathieu Ughetti, Illustrateur-graphiste, chargé de cours en PAO, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresFranck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/947872018-06-14T19:44:02Z2018-06-14T19:44:02ZBD : « La guerre des fourmis » (épisode 4)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218325/original/file-20180509-4803-1y99fz5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=149%2C0%2C3492%2C1621&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.laguerredesfourmis.com/">Mathieu Ughetti</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parmi les 12 000 espèces de fourmis recensées à ce jour, certaines intéressent tout particulièrement les chercheurs. Qualifiées d’« envahissantes », ces fourmis se révèlent très agressives et compétitives.</p>
<p>Lorsqu’elles sont introduites sur un territoire (à la faveur des échanges aériens ou maritimes du transport international), elles peuvent ainsi représenter une menace sérieuse pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures ou la santé. En France, deux espèces de fourmis envahissantes ont déjà été repérées dans le sud du pays.</p>
<p>Le scientifique Franck Courchamp et l’illustrateur Mathieu Ughetti se sont associés pour créer la bande dessinée <a href="http://www.laguerredesfourmis.com/" target="_blank">« La guerre des fourmis »</a> qui plonge le lecteur dans ce monde méconnu au fil de six épisodes aussi haletants qu’instructifs.</p>
<p>Au programme de ce quatrième épisode, il sera question de conquête de territoires et de supercolonies. Bonne lecture et rendez-vous vendredi prochain pour de nouvelles aventures !</p>
<p><br> <br></p>
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<p><a class="button large primary" id="pleinecran" href="http://www.laguerredesfourmis.com/episode-4.php#sommaire" target="_blank">Lire les autres épisodes</a><a class="button large" href="http://www.laguerredesfourmis.com/a-propos.php" target="_blank" id="apropos">À propos de la BD</a>
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<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti et Franck Courchamp ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette bande dessinée est basée sur des études scientifiques réalisées entre 2009 et 2018 au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution de l’Université Paris Saclay, notamment lors de stages d’études et de thèses financées par le DIM Astréa de la région Île-de-France, par l’INRA, par le programme européen Biodiversa, le programme ANR Invacost et par le programme Climate Initiative de la Fondation BNP Paribas.</span></em></p>Découvrez chaque vendredi, le temps de 6 épisodes exclusifs, la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp sur le monde étonnant et impitoyable des fourmis.Mathieu Ughetti, Illustrateur-graphiste, chargé de cours en PAO, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresFranck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/962192018-06-07T22:02:25Z2018-06-07T22:02:25ZBD : « La guerre des fourmis » (épisode 3)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218323/original/file-20180509-34024-8wbm3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3156%2C1698&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.laguerredesfourmis.com/">Mathieu Ughetti</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parmi les 12 000 espèces de fourmis recensées à ce jour, certaines intéressent tout particulièrement les chercheurs. Qualifiées d’« envahissantes », ces fourmis se révèlent très agressives et compétitives. </p>
<p>Lorsqu’elles sont introduites sur un territoire (à la faveur des échanges aériens ou maritimes du transport international), elles peuvent ainsi représenter une menace sérieuse pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures ou la santé. En France, deux espèces de fourmis envahissantes ont déjà été repérées dans le sud du pays. </p>
<p>Le scientifique Franck Courchamp et l’illustrateur Mathieu Ughetti se sont associés pour créer la bande dessinée <a href="http://www.laguerredesfourmis.com/" target="_blank">« La guerre des fourmis »</a> qui plonge le lecteur dans ce monde méconnu au fil de 6 épisodes aussi haletants qu’instructifs. </p>
<p>Au programme de ce troisième épisode, gros plan sur les multiples façons dont les fourmis se sustentent. Bonne lecture et rendez-vous vendredi prochain pour de nouvelles aventures !
<br> <br></p>
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<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti et Franck Courchamp ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette bande dessinée est basée sur des études scientifiques réalisées entre 2009 et 2018 au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution de l’Université Paris Saclay, notamment lors de stages d’études et de thèses financées par le DIM Astréa de la région Île-de-France, par l’INRA, par le programme européen Biodiversa, le programme ANR Invacost et par le programme Climate Initiative de la Fondation BNP Paribas.</span></em></p>Découvrez chaque vendredi, le temps de 6 épisodes exclusifs, la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp sur le monde étonnant et impitoyable des fourmis.Mathieu Ughetti, Illustrateur-graphiste, chargé de cours en PAO, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresFranck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/962182018-05-31T20:14:58Z2018-05-31T20:14:58ZBD : « La guerre des fourmis » (épisode 2)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218321/original/file-20180509-34006-ne7bs3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C2731%2C1419&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.laguerredesfourmis.com/">Mathieu Ughetti</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Nous vous proposons cet article en partenariat avec l’émission de vulgarisation scientifique quotidienne <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre">« La Tête au carré »</a>, présentée et produite par Mathieu Vidard sur France Inter. Les auteurs évoqueront leurs recherches et projets dans l’émission du 1er juin 2018.</em></p>
<hr>
<p>Parmi les 12 000 espèces de fourmis recensées à ce jour, certaines intéressent tout particulièrement les chercheurs. Qualifiées d’« envahissantes », ces fourmis se révèlent très agressives et compétitives. </p>
<p>Lorsqu’elles sont introduites sur un territoire (à la faveur des échanges aériens ou maritimes du transport international), elles peuvent ainsi représenter une menace sérieuse pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures ou la santé. En France, deux espèces de fourmis envahissantes ont déjà été repérées dans le sud du pays. </p>
<p>Le scientifique Franck Courchamp et l’illustrateur Mathieu Ughetti se sont associés pour créer la bande dessinée <a href="http://www.laguerredesfourmis.com/" target="_blank">« La guerre des fourmis »</a> qui plonge le lecteur dans ce monde méconnu au fil de 6 épisodes aussi haletants qu’instructifs. </p>
<p>Au programme de ce second épisode, une rencontre avec <em>Monomorium destructor</em>, <em>Solenopsis invicta</em> et autres espèces « envahissantes ». Bonne lecture et rendez-vous vendredi prochain pour de nouvelles aventures !
<br> <br></p>
<p><a class="button large primary" id="pleinecran" href="http://www.laguerredesfourmis.com/episode-2.php#chapitre" target="_blank">▶︎ Lire la BD en version dynamique</a></p>
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</p>
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<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti et Franck Courchamp ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette bande dessinée est basée sur des études scientifiques réalisées entre 2009 et 2018 au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution de l’Université Paris Saclay, notamment lors de stages d’études et de thèses financées par le DIM Astréa de la région Île-de-France, par l’INRA, par le programme européen Biodiversa, le programme ANR Invacost et par le programme Climate Initiative de la Fondation BNP Paribas.</span></em></p>Découvrez chaque vendredi, le temps de 6 épisodes exclusifs, la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp sur le monde étonnant et impitoyable des fourmis.Mathieu Ughetti, Illustrateur-graphiste, chargé de cours en PAO, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresFranck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/956952018-05-24T20:21:12Z2018-05-24T20:21:12ZBD : « La guerre des fourmis » (épisode 1)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/216723/original/file-20180428-135840-1u1z02e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=94%2C64%2C2691%2C1510&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.laguerredesfourmis.com/">Mathieu Ughetti</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parmi les 12 000 espèces de fourmis recensées à ce jour, certaines intéressent tout particulièrement les chercheurs. Qualifiées d’« envahissantes », ces fourmis se révèlent très agressives et compétitives. </p>
<p>Lorsqu’elles sont introduites sur un territoire (à la faveur des échanges aériens ou maritimes du transport international), elles peuvent ainsi représenter une menace sérieuse pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures ou la santé. En France, deux espèces de fourmis envahissantes ont déjà été repérées dans le sud du pays. </p>
<p>Le scientifique Franck Courchamp et l’illustrateur Mathieu Ughetti se sont associés pour créer la bande dessinée « <a href="http://www.laguerredesfourmis.com/" target="_blank">La guerre des fourmis</a> » qui plonge le lecteur dans ce monde méconnu au fil de 6 épisodes aussi haletants qu’instructifs. </p>
<p>Pour ce premier épisode, on part à la découverte de ces minuscules insectes aux capacités d’adaptation extraordinaires. Bonne lecture et rendez-vous vendredi prochain pour de nouvelles aventures !<br>
<br> <br></p>
<p><a class="button large primary" id="pleinecran" href="http://www.laguerredesfourmis.com/episode-1.php#chapitre" target="_blank">▶︎ Lire la BD en version dynamique</a></p>
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<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti et Franck Courchamp ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cette bande dessinée est basée sur des études scientifiques réalisées entre 2009 et 2018 au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution de l’Université Paris Saclay, notamment lors de stages d’études et de thèses financées par le DIM Astréa de la région Île-de-France, par l’INRA, par le programme européen Biodiversa, le programme ANR Invacost et par le programme Climate Initiative de la Fondation BNP Paribas. </span></em></p>Découvrez chaque vendredi, le temps de 6 épisodes exclusifs, la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp sur le monde étonnant et impitoyable des fourmis.Mathieu Ughetti, Illustrateur, vulgarisateur scientifique, InraeFranck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.