tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/developpement-durable-21018/articlesdéveloppement durable – The Conversation2024-03-24T17:52:32Ztag:theconversation.com,2011:article/2211452024-03-24T17:52:32Z2024-03-24T17:52:32ZComment rendre l’électronique plus soutenable ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/583519/original/file-20240321-18-b6xkt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=482%2C534%2C4604%2C2888&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Alors que la part de l’électronique dans nos déchets et nos émissions de carbone continue d’augmenter, il est urgent de diminuer l’impact de cette industrie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/une-carte-de-circuit-imprime-cassee-posee-sur-le-sol-BRLT_FHxAEs">Hans Ripa/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>L’électronique n’est aujourd’hui pas soutenable au sens du rapport de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland">Brundtland</a> : elle ne répond pas « aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. »</p>
<p>Pour pouvoir atteindre les engagements fixés par les <a href="https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris">accords de Paris pour 2050</a>, l’impact de toute l’industrie, y compris celle de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/electronique-24110">électronique</a>, doit être fortement réduit. Des solutions existent, mais nécessitent une transformation globale de l’industrie électronique dont les impacts environnementaux augmentent rapidement, <a href="https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/rapport-pour-un-numerique-soutenable_dec2020.pdf">notamment de par son rôle dans la transformation numérique</a>.</p>
<p>En effet, le numérique représente <a href="https://infos.ademe.fr/magazine-avril-2022/faits-et-chiffres/numerique-quel-impact-environnemental/">2,5 % de l’empreinte carbone de la France</a> et jusqu’à <a href="https://joinup.ec.europa.eu/collection/rolling-plan-ict-standardisation/ict-environmental-impact-rp2023">4 % de l’empreinte carbone mondiale</a>. Or, le GIEC recommande de <a href="https://www.unep.org/resources/emissions-gap-report-2022">diviser par sept</a> les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 pour limiter le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/climat-20577">réchauffement climatique</a> à un niveau acceptable.</p>
<p>Dans un tel monde décarboné, mais où la contribution du numérique resterait inchangée, sa part dans les émissions mondiales passerait de 4 % à 23 %. Cette projection est même plutôt optimiste puisque le secteur de l’électronique croît régulièrement. Par exemple, la fabrication des composants électroniques à base de semi-conducteurs, du type processeur ou mémoire, émet une <a href="https://hal-lara.archives-ouvertes.fr/hal-04112708/">quantité croissante</a> de gaz à effet de serre du fait de l’augmentation de leur complexité. En effet, leur miniaturisation fait appel à des matériaux toujours plus purs et divers, et à des processus extrêmement énergivores.</p>
<p>Au-delà des gaz à effet de serre, l’industrie électronique génère mondialement <a href="https://ewastemonitor.info/gem-2020/">53 mégatonnes</a> de déchets solides par an dans le monde, dont seulement 17 % sont collectés et recyclés. Pour le reste, on estime que <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/la-decharge-de-dechets-electroniques-dagbogbloshie-veritable-defi-economique-et-environnemental-pour-le-ghana_3863287.html">80 % des déchets non recyclés</a> sont transportés illégalement dans des pays en développement.</p>
<h2>Évaluer l’impact pour mieux agir</h2>
<p>Une première étape pour converger vers une filière plus soutenable est d’être capable d’évaluer l’impact des produits électroniques. L’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/cycle-de-vie-21061">analyse de cycle de vie</a> (ACV) est l’outil standard permettant de mesurer les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service. Elle intègre les impacts tout au long de la fabrication, de l’usage et de la fin de vie du produit ; par exemple les matières premières utilisées, le transport, les processus de transformation, l’énergie consommée, l’usage, le traitement, et le recyclage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les composants de l'ordinateur représente la majorité des émissions totales. Parmi les composants, la carte mère est la plus coûteuse en carbone, en particulier à cause du processeur." src="https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=533&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=533&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=533&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=670&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=670&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581323/original/file-20240312-18-j4zf1n.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=670&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Émissions en CO2 équivalent d'un ordinateur Dell utilisé cinq ans. D'après Loubet et al.,</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-022-02131-z">Pierre Le Gargasson/INSA Rennes, d'après Loubet et al. 2023</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dans une ACV, l’impact des produits ou d’un service est quantifié selon <a href="https://environment.ec.europa.eu/publications/recommendation-use-environmental-footprint-methods_en">16 catégories</a> incluant les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation d’eau, la toxicité ou encore l’utilisation de ressources non renouvelables. En électronique, la fabrication des circuits intégrés nécessite notamment beaucoup d’eau et émet des gaz fluorés qui ont un fort impact sur l’effet de serre.</p>
<p>Le résultat d’une ACV permet d’identifier quelles parties du produit contribuent majoritairement à son impact, ce qui permet de guider une transformation vers un produit plus soutenable. Une ACV d’un téléphone portable a, par exemple, permis d’établir que celui-ci émet <a href="http://arxiv.org/abs/2011.02839">plus de 80 % de son CO₂</a> au moment de sa production. Elle permet de déduire qu’une augmentation de la durée de vie du téléphone pourrait engendrer une réduction significative de son impact carbone.</p>
<h2>Augmenter la durée de vie des appareils</h2>
<p>L’obsolescence programmée est souvent considérée comme responsable de la fin de vie prématurée des appareils du fait de dysfonctionnements introduits par le fabricant. Cependant, la réalité semble être plus nuancée.</p>
<p>Par exemple, un téléphone portable a aujourd’hui une <a href="https://www.statista.com/statistics/619788/average-smartphone-life/">durée de vie moyenne de 2,8 ans</a>. Cette faible durée de vie s’explique davantage par un système économique qui pousse à un renouvellement régulier plutôt que par une panne de l’appareil, puisque la majorité des téléphones <a href="https://www.researchgate.net/profile/Tamar-Makov/publication/351912224_Submission_to_the_Journal_of_Cleaner_Production_SI_Investigating_Repair_Is_repairability_enough_big_data_insights_into_smartphone_obsolescence_and_consumer_interest_in_repair/links/60fd8b880c2bfa282afe209a/Submission-to-the-Journal-of-Cleaner-Production-SI-Investigating-Repair-Is-repairability-enough-big-data-insights-into-smartphone-obsolescence-and-consumer-interest-in-repair.pdf">restent fonctionnels bien au-delà de 3 ans</a>. Ainsi, l’obsolescence prématurée est un phénomène complexe qui, pour les produits destinés au grand public, s’explique principalement par des aspects sociaux (la pression à posséder un appareil récent) et psychologiques (la lenteur perçue de l’appareil).</p>
<p>Cela ne signifie pas pour autant que le produit n’est jamais en faute. Mais là encore, il s’agit probablement plus d’une <a href="https://ebooks.iospress.nl/volumearticle/47873">réduction des coûts de production engendrant une baisse de qualité</a> plutôt qu’une volonté délibérée des industriels de réduire la durée de vie.</p>
<p>Ainsi, une transformation des modes de consommation favorisant des produits de qualité avec une durée de vie plus longue est nécessaire. Celle-ci ne pourra cependant s’opérer que si des solutions alternatives existent sur le marché. Par exemple, les <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_23_1794">initiatives réglementaires</a> qui imposent la réparabilité vont dans ce sens en offrant la possibilité de prolonger la durée de vie d’un appareil au-delà de sa première panne. Finalement, la <a href="https://smaaart.fr/blog/barometre-smaaart-ifop-2023-sur-le-marche-du-reconditionne/">popularité grandissante du reconditionné</a> indique que des modes de consommations alternatifs peuvent exister s’ils s’accompagnent d’une garantie de qualité auprès du consommateur.</p>
<h2>Mieux recycler</h2>
<p>Lorsque la réparation et la réutilisation ne sont plus efficaces, le processus de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/recyclage-21060">recyclage</a> doit permettre de <a href="https://theconversation.com/droit-a-la-reparation-leurope-sattaque-aux-millions-dappareils-electroniques-qui-dorment-dans-nos-tiroirs-225587">réutiliser les matières premières de l’électronique</a>. En 2021 en France, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estimait que <a href="https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/6555-equipements-electriques-et-electroniques-donnees-2021.html">seulement 49,8 %</a> des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) avaient été traités. Ce faible taux de traitement s’explique par un coût de gestion élevé de ces déchets. De plus, sur près d’une mégatonne de DEEE traités chaque année, 75,4 % sont recyclés et 1,8 % réutilisés. Le reste est incinéré (11,8 %) ou enfoui (11 %).</p>
<p>Cette nouvelle manne financière attire des <a href="https://www.ouest-france.fr/europe/espagne/une-mafia-du-dechet-electronique-tombe-aux-canaries-2310d4e6-8da8-11ed-9545-6a86069fe887">entreprises peu scrupuleuses</a> qui font disparaître les déchets à moindre coût en les envoyant illégalement dans d’autres pays ou bien en les <a href="https://www.sudouest.fr/france/pres-de-marseille-la-justice-frappe-la-mafia-des-dechets-10909274.php">incinérant dans la nature</a>.</p>
<p>Des solutions sont en développement pour valoriser ces déchets en extrayant leurs métaux pour les réinjecter dans la chaîne de production. Le <a href="https://www.apple.com/fr/newsroom/2019/04/apple-expands-global-recycling-programs/">robot Daisy d’Apple</a> permet déjà de désassembler des iPhones pour en récupérer les métaux.</p>
<p>Cependant, les métaux sont mélangés avec d’autres éléments moins valorisables (comme de la résine époxy et la fibre de verre des circuits imprimés) et les procédés actuellement utilisés pour les séparer nécessitent l’utilisation de composés polluants tels que l’acide sulfurique, allant à l’encontre de l’objectif initial de soutenabilité. De <a href="https://www.inc.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/des-mousses-pour-recuperer-proprement-les-metaux-des-e-dechets">nouveaux procédés</a> sont néanmoins à l’étude et pourraient permettre une extraction plus respectueuse de l’environnement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-nouvelles-technologies-pour-recycler-les-dechets-electroniques-132530">De nouvelles technologies pour recycler les déchets électroniques</a>
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<h2>Former dans une industrie en mutation</h2>
<p>Une solution à plus long terme pour réduire l’impact de l’électronique sera de modifier en profondeur les processus de production en réponse aux analyses de cycle de vie. Le problème est que, en électronique plus que dans d’autres industries, les techniques de fabrication sont maintenues secrètes. Ainsi, si une entreprise souhaite améliorer la soutenabilité de sa chaîne de production, elle s’appuiera sur des compétences internes. Or, les formations d’ingénieurs n’incluent que rarement les <a href="https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2022/06/Manifeste-Climatsup-INSA-version-Print.pdf">enjeux climatiques</a>.</p>
<p>Le défi de l’adaptation de l’électronique aux contraintes environnementales est considérable, car il doit prendre en compte les aspects sociaux et économiques de la soutenabilité. À l’horizon 2050, la moitié des ingénieurs actuellement en poste le <a href="https://numeum.fr/les-ingenieurs-dans-le-numerique-en-2022">seront encore</a>. Il faut donc non seulement former les futurs professionnels aux méthodes permettant d’atteindre une électronique soutenable, mais également les professionnels déjà en exercice. <a href="https://esos.insa-rennes.fr">Le projet ESOS</a> (électronique soutenable, ouverte et souveraine) financé par France2030 de 2023 à 2028 vise à créer des formations permettant d’engager l’électronique sur une trajectoire soutenable.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/ProjetIA-23-CMAS-0007">ESOS</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221145/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Beuve a reçu des financements du projet France2030 ESOS - Electronique Soutenable, Ouverte and Souveraine,
opéré par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maxime Pelcat a reçu des financements du projet France2030 ESOS - Electronique Soutenable, Ouverte and Souveraine, opéré par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Weppe a reçu des financements du projet France2030 ESOS - Electronique Soutenable, Ouverte and Souveraine, opéré par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pierre Le Gargasson a reçu des financements du projet France2030 ESOS - Electronique Soutenable, Ouverte and Souveraine, opéré par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thibaut Marty a reçu des financements du projet France2030 ESOS - Electronique Soutenable, Ouverte et Souveraine, opéré par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). </span></em></p>L’électronique pèse lourd dans nos émissions de carbone et nos déchets. Quelles sont les voies pour diminuer l’impact de cette industrie cruciale pour la transition écologique ?Nicolas Beuve, Enseignant-Chercheur en modelisation et optimisation mathématiques, INSA Rennes, INSA RennesMaxime Pelcat, Maître de conférences, INSA RennesOlivier Weppe, Enseignant-Chercheur en électronique soutenable, INSA RennesPierre Le Gargasson, Enseignant-Chercheur spécialisé en électronique, INSA RennesThibaut Marty, Enseignant-Chercheur en électronique numérique, INSA RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2228212024-03-05T10:14:40Z2024-03-05T10:14:40ZL’alimentation positive, c’est s’inspirer du régime méditerranéen et limiter le sucre<p>L’alimentation peut être positive ! C’est le cas quand elle favorise la santé en combinant deux approches clés : l’adoption d’un <a href="https://theconversation.com/fr/topics/regime-mediterraneen-21767">régime méditerranéen</a> et la réduction de la consommation de sucres non essentiels qui sont ajoutés par l’industrie agroalimentaire dans différentes familles de produits (gâteaux, biscuits pour goûter, sodas, etc.)</p>
<p>Et l’alimentation peut aussi être durable quand elle contribue à la diminution de la production de gaz à effet de serre.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Le régime occidental favorise l’obésité et les maladies cardiovasculaires</h2>
<p>Les changements socioéconomiques, influencés par la grande distribution et les géants de l’agroalimentaire, éloignent les individus des choix alimentaires sains comme le régime méditerranéen.</p>
<p>Le principal problème réside en l’accessibilité trop facile de produits ultra-transformés, trop riches en sucres et graisses et souvent peu coûteux.</p>
<p>En France, la <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-interview-eco/crise-agricole-le-consommateur-doit-prendre-conscience-que-l-alimentation-vertueuse-est-plus-chere-selon-le-chercheur-sebastien-abis_6335743.html">crise agricole</a> récente a également mis en lumière les déséquilibres dans la chaîne alimentaire, en montrant la nécessité de repenser notre approche de sa production, de sa distribution et de sa consommation.</p>
<p>Pour faire le lien avec la santé, il est clairement établi que l’hyperalimentation devient le principal défi de santé publique, bien que la pénurie alimentaire reste une préoccupation majeure pour bon nombre de personnes dans le monde.</p>
<p>Sont en cause : l’augmentation de la taille des portions, leur plus grande densité énergétique, l’alimentation industrielle en excès, la grande disponibilité de l’alimentation, et l’évolution des prix alimentaires qui sont tous des éléments qui favorisent des repas trop riches en calories.</p>
<p>Ce type de régime, couramment appelé « régime occidental », est à l’origine d’une prise de poids excessive. Ainsi, l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/obesite-23289">obésité</a> est un véritable problème de santé publique, que ce soit en France ou au niveau mondial. <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">En France, une personne sur deux est en surpoids et 17 % de la population souffre d’obésité</a>.</p>
<p>Une vaste étude épidémiologique montre que les facteurs de risque alimentaires sont responsables de <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">plus de 11 millions de décès par an dans le monde</a>, un chiffre qui date de 2017. Et <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">il est prévu qu’il continue de croître dans les années à venir</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/risque-cardiovasculaire/definition-facteurs-favorisants">maladies cardiovasculaires</a> constituent la principale cause de décès liés à une alimentation inadéquate, totalisant 10 millions de décès, suivies des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers">cancers</a> (environ 1 million) et du <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete/diabete-comprendre/definition">diabète de type 2</a> (environ 340 000).</p>
<p>Il est également alarmant de constater, toujours selon cette étude, que plus de 5 millions de décès liés à l’alimentation (représentant 45 % du total) surviennent chez des adultes de moins de 70 ans.</p>
<h2>Trop de viande rouge, de sel, de sucres et pas assez de fibres, de fruits, de légumes</h2>
<p>Les principaux facteurs de risque alimentaires incluent un faible apport en céréales complètes (issues du petit-déjeuner, du pain, du riz, des pâtes, etc.) et une consommation insuffisante de fruits et de légumes.</p>
<p>En revanche, dans cette <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">alimentation occidentale</a>, l’apport en sodium (le sel dans le langage courant) est trop élevé, notamment dans les plats préparés. Elle est également marquée par une surconsommation de sucre ajouté, de viande rouge, d’<a href="https://theconversation.com/acides-gras-trans-limites-par-lue-que-se-passe-t-il-au-niveau-moleculaire-pour-quils-soient-nocifs-157791">acides gras trans</a> et de viandes transformées (charcuterie), ainsi qu’un faible apport en certaines céréales, légumineuses (lentilles, haricots secs…), produits de la mer et en calcium.</p>
<p>Des <a href="https://academic.oup.com/jnci/article/97/12/906/2544064">études</a> <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2776517">montrent</a> clairement que le risque de <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles">cancer colorectal</a> peut être réduit en prenant en compte ces facteurs de risque dans nos habitudes alimentaires, notamment en réduisant la consommation de viande rouge, d’abats et de charcuterie.</p>
<h2>Pourquoi le choix du régime méditerranéen ?</h2>
<p>Pour la sixième année consécutive, le régime méditerranéen a été désigné comme le meilleur régime à suivre en 2023 par le <a href="https://health.usnews.com/best-diet/mediterranean-diet">« US News and World Report »</a>. Il est à présent universellement reconnu comme un des modèles d’alimentation de référence pour une bonne santé.</p>
<p>Le terme « régime méditerranéen » désigne un mode alimentaire établi dans le bassin méditerranéen depuis des millénaires, reposant sur l’utilisation des ressources locales. Au cours des 30 dernières années et après plus de 3000 références d’<a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/14/14/2956">articles scientifiques publiés dans le monde</a>, ce régime s’est avéré être un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joim.13333">allié précieux pour la santé</a>, dans la prévention de l’infarctus, de l’accident vasculaire cérébral, du diabète, de certains cancers…</p>
<p>Dès les années 1990, en France, Michel de Lorgeril et ses collaborateurs ont mis en lumière les <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/01.CIR.99.6.779">effets protecteurs du régime méditerranéen contre les maladies cardiovasculaires</a>. Ces études ont largement démontré les bienfaits de ce régime sur de vastes échantillons de population.</p>
<p>Ces effets bénéfiques s’expliquent notamment par la présence d’aliments aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, ainsi que par son efficacité globale dans le contrôle du poids et la réduction de l’obésité.</p>
<h2>En pratique, ça donne quoi le régime méditerranéen ?</h2>
<p>Le <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-319-29370-7">régime méditerranéen</a> apporte une multitude de bienfaits pour la santé grâce à sa variété d’aliments nutritifs. Les produits de la mer, comme les sardines, le saumon et le maquereau, fournissent des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-acides-gras-om%C3%A9ga-3">acides gras oméga-3 essentiels</a>, tandis que <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/7/9/5356">l’huile d’olive extra vierge</a>, principale source de graisse dans ce régime, est riche en molécules actives bénéfiques.</p>
<p>Les fruits et légumes occupent une place prépondérante dans le régime méditerranéen, offrant une grande diversité de nutriments tels que les fibres, le <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">potassium</a>, la <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">vitamine C</a> et les polyphénols. Des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/proceedings-of-the-nutrition-society/article/generating-the-evidence-for-risk-reduction-a-contribution-to-the-future-of-foodbased-dietary-guidelines/D4CBE7A3A8218A48859A70E0314C0D36#">études</a> ont démontré que leur consommation réduisait le risque de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408398.2017.1392288">maladies cardiovasculaires, d’accident vasculaire cérébral</a>, de diabète de type 2, de cancer du côlon rectal et de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2161831322003970">prise de poids</a>.</p>
<p>Les légumineuses, les céréales et les oléagineux sont également des composantes importantes de ce régime, riches en fibres, en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">vitamines et en minéraux</a>. En particulier, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780081005965225110">consommation</a> de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/nuts-and-coronary-heart-disease-an-epidemiological-perspective/3560F2ECAF709F832E625C4DB163C8D4">noix</a>, amandes ou encore noisettes est <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jcp.27506">cruciale</a> en raison de leur teneur en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-lipides">acides gras monoinsaturés et polyinsaturés</a> ainsi qu’en flavonoïdes (des antioxydants présents dans le thé, le cacao, les pommes… qui appartiennent à la grande famille des polyphénols).</p>
<h2>Pourquoi il faut réduire la consommation de sucres non essentiels</h2>
<p>Il convient également de réduire la consommation de sucres non essentiels ajoutés artificiellement à notre alimentation via les produits industriels notamment. L’objectif est de réduire les pics de <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete/diabete-symptomes-evolution/autosurveillance-glycemie">glycémie</a> (ou taux de sucre dans le sang) pour éviter les coups de fatigue et le stockage de graisses.</p>
<p>Limiter les aliments à indice glycémique élevé (le sucre blanc raffiné, pain blanc, viennoiseries, les pommes de terre cuites…) et favoriser les sucres lents (la famille des féculents par exemple) et nutriments complets (farine complète, riz et pain complets…) est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (<a href="https://www.who.int/fr/news/item/04-03-2015-who-calls-on-countries-to-reduce-sugars-intake-among-adults-and-children">OMS</a>) et, en France, par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/sucres-dans-l%E2%80%99alimentation">Anses</a>).</p>
<p>L’OMS suggère de limiter les sucres ajoutés à moins de 25 g par jour (soit cinq cuillères à café environ). Les sucres libres sont présents dans les aliments transformés et les boissons telles que les jus de fruits et les sodas. Réduire leur consommation de moitié est recommandé par les organismes officiels pour lutter contre le diabète et l’obésité.</p>
<p>Or, le régime méditerranéen limite naturellement les sucres rapides. Limiter les sucres et augmenter les lipides, selon la littérature scientifique, favorise la perte de poids et améliore la santé globale. C’est notamment la stratégie adoptée quand on met en place un <a href="https://www.inrae.fr/actualites/regime-cetogene-utile-pas-forcement-perdre-du-poids">régime dit cétogène</a>.</p>
<h2>Manger mieux aussi pour la planète</h2>
<p>Manger mieux pour sa santé est également bénéfique pour l’environnement. L’agriculture intensive, telle qu’elle est pratiquée depuis les années 1960, a certes des rendements extraordinaires, mais elle épuise les sols et pollue l’environnement.</p>
<p>L’émission de méthane par les ruminants y joue un rôle majeur. La prise de conscience récente des limites des ressources naturelles et de la pollution des sols, de l’air et de l’eau, pousse vers une nouvelle agriculture, l’agriculture axée sur le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/developpement-durable-21018">développement durable</a>.</p>
<p>En France, l’agriculture est le deuxième poste d’émission de gaz à effet de serre avec <a href="https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/climat/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-et-l-empreinte-carbone-ressources/article/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-de-l-agriculture">19 % du total national</a>.</p>
<p>Ainsi, il est primordial que l’agriculture contribue à l’effort général de réduction des émissions de gaz et c’est donc à nous, citoyens de ce monde, de pousser tous les acteurs, des politiciens à la grande distribution, à diminuer cette production.</p>
<h2>Des repères pour manger positif et durable ?</h2>
<p>Pour concrétiser nos recherches, nous avons créé le site Internet <a href="https://mmmenus.fr/">Mes meilleurs menus</a> qui propose un programme de menus hebdomadaires. Ce programme a été réalisé grâce aux méta-analyses publiées dans les plus grandes revues scientifiques internationales et en tenant compte des recommandations officielles.</p>
<p>Ces menus s’appuient sur une alimentation méditerranéenne à faible indice glycémique, équilibrée en 25 nutriments essentiels et personnalisée en fonction du poids, de l’âge, du sexe et du niveau d’activité physique.</p>
<p>Ce service est offert gratuitement. L’objectif est également d’inciter la population à adopter de bonnes habitudes alimentaires sans culpabilité.</p>
<p>D’autres sites fournissent des repères pour mieux connaître la qualité des aliments et manger mieux comme la <a href="https://ciqual.anses.fr/">table de composition nutritionnelle</a> de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).</p>
<p>A nous de nous rapprocher de nos agriculteurs, de nos fermes, afin de consommer local en privilégiant les <a href="https://www.aprifel.com/fr/">produits de saison</a>,ce qui favorise une alimentation saine et durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222821/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joffrey Zoll a reçu des financements de l'Université de Strasbourg, la société STEPAN. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anouk Charlot a reçu des financements de l’université de Strasbourg (bourse doctorale)</span></em></p>Manger positif et durable pour sa santé et pour la planète, c’est possible. Pour cela, il faut adopter un régime méditerranéen et limiter le sucre non essentiel présent dans les aliments industriels.Joffrey Zoll, MCU-PH en physiologie, faculté de médecine, Université de StrasbourgAnouk Charlot, Doctorante, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2235052024-02-26T15:53:39Z2024-02-26T15:53:39ZNorthvolt : les citoyens peuvent-ils encore s’opposer à un projet fait au nom de la transition énergétique ?<p>Le 8 février, lors d’un point de presse, le premier ministre François Legault invitait la population québécoise <a href="https://www.journaldequebec.com/2024/02/08/les-quebecois-doivent-changer-dattitude-a-legard-des-grands-projets-dit-legault">à « changer d’attitude » par rapport aux grands projets</a> liés à la transition vers une économie axée sur des technologies à faible émission de GES. </p>
<p>Bien que cette exhortation fasse référence à la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2015219/northvolt-usine-projet-seance-information">mobilisation citoyenne contre le projet d’usine de batteries Northvolt</a>, elle reflète une tendance plus large du gouvernement caquiste voulant que le territoire québécois soit mis au service du développement d’une <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/economie/publications/developpement-filiere-batterie/a-propos#:%7E:text=Le%20Qu%C3%A9bec%20a%20tout%20ce,approvisionnement%20de%20la%20fili%C3%A8re%20batterie.">« filière batterie »</a>. </p>
<p>Le premier ministre a-t-il raison de rappeler ainsi à l’ordre la société québécoise ? Est-il moralement et politiquement problématique de s’opposer aux projets qui visent à contribuer à la transition énergétique mondiale ?</p>
<p>Dans une récente étude, « Par-delà l’obligation d’exploiter le territoire. Autodétermination des communautés locales et transition énergétique au Québec », à paraître sous peu dans la Revue canadienne de science politique, nous avons étudié et comparé les arguments en faveur et contre des projets d’exploitation du territoire québécois aux fins de la transition énergétique. Notre objectif était d’évaluer dans quelle mesure une opposition citoyenne pouvait être considérée comme légitime dans ce contexte.</p>
<h2>Le Québec, riche en ressources nécessaires à la transition énergétique mondiale</h2>
<p>Si la filière batterie occupe une aussi grande place dans le <a href="https://coalitionavenirquebec.org/fr/blog/2023/09/05/developpement-de-la-filiere-batterie-quebecoise/">plan de développement économique de la Coalition Avenir Québec</a>, c’est notamment parce que le Québec dispose de toutes les ressources pour jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique mondiale. Non seulement est-il possible d’y développer tout l’écosystème économique nécessaire à la production de véhicules électriques, mais son sous-sol minier regorge des <a href="https://www.canada.ca/fr/campagne/mineraux-critiques-au-canada/les-mineraux-critiques-une-occasion-pour-le-canada.html">minéraux critiques</a> pour cette transition, telle que le nickel, le cobalt, le cuivre, le lithium, le graphite et le zinc.</p>
<p>Le <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/799142/filiere-batteries-nationalisme-vert-legault">« nationalisme vert »</a> du gouvernement Legault s’inscrit en outre dans une logique de réappropriation collective du territoire dont les bénéfices seraient redirigés vers des programmes sociaux, en faisant une forme de <a href="https://iris-recherche.qc.ca/blogue/environnement-ressources-et-energie/quest-ce-que-lextractivisme/#:%7E:text=Le%20n%C3%A9o%2Dextractivisme%20est%20fonctionnel,enclaves%20d%E2%80%99exploitation%2Fexportation.">« néoextractivisme »</a> à teneur environnementale. Le « néoextractivisme », tout comme l’extractivisme classique, est un modèle de développement économique fondé sur l’extraction de ressources sur un territoire, mais avec la particularité d’inscrire cette exploitation dans un discours politique aux prétentions progressistes.</p>
<h2>La frilosité québécoise à l’égard de la filière batterie</h2>
<p>Bien avant l’arrivée de Northvolt, la question de l’adhésion de la population québécoise se posait déjà en lien avec la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1906119/claims-mines-laurentides-lanaudiere-graphite-lithium">prolifération des titres miniers au Québec</a>. </p>
<p>Plusieurs groupes décrient depuis plusieurs années l’importante perte d’habitats (et <a href="https://snapquebec.org/quand-le-regime-minier-devient-un-champ-de-mines/">ses effets sur la biodiversité</a>) occasionnée par ce néoextractivisme québécois. On s’inquiète aussi du fait que les <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2023-04-20/demandes-d-exclusion-d-activites-minieres/les-villes-se-heurtent-a-quebec.php">communautés locales n’aient pas leur mot à dire</a> dans l’approbation des projets. </p>
<p>Le Québec a récemment connu une <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2023-10-06/sud-du-quebec/la-hausse-de-claims-miniers-preoccupe-les-citoyens.php">prolifération des titres miniers</a> détenus sur son territoire, hausse qui a suscité une vague de résistance. Et certains projets miniers – comme le projet de <a href="https://lomiko.com/fr/projets/projet-la-loutre/#:%7E:text=Le%20plan%20minier%20pr%C3%A9voit%2021,aux%20exigences%20locales%20du%20site.">mine de graphite La Loutre</a> – ont du même coup provoqué d’<a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2001689/manifestation-projet-minier-la-loutre-outaouais">importantes mobilisations citoyennes</a>.</p>
<p>Manifestement, que ce soit pour des projets comme Northvolt ou des projets miniers, les développements en lien avec la filière batterie font systématiquement face à de la résistance de la part des communautés locales.</p>
<h2>Le Québec aurait un devoir moral de contribuer à la transition</h2>
<p>À une époque où l’électrification de l’économie est vue <a href="https://www.economist.com/leaders/2023/04/05/the-case-for-an-environmentalism-that-builds">comme une panacée</a>, toute opposition citoyenne aux projets en lien avec la transition énergétique risque d’être dépeinte comme un phénomène de <a href="https://www.iedm.org/sites/default/files/pub_files/note0308_fr.pdf">« pas dans ma cour »</a>. Cette accusation morale attribue aux mouvements d’opposition des motivations égocentriques s’opposant au bien commun. </p>
<p>C’est à cet argumentaire que recourt François Legault : l’opposition aux mines ou aux usines de batteries priverait l’humanité des ressources nécessaires à la transition énergétique. Or, <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/portfolio/2024-02-12/energies-renouvelables/le-quebec-ne-peut-pas-se-reposer-sur-ses-lauriers.php?sharing=true">cet argument n’est pas sans fondement</a> : de telles oppositions risquent d’encourager l’<a href="https://multinationales.org/fr/enquetes/cac40-et-climat-au-dela-des-effets-d-annonces/comment-l-europe-et-ses-entreprises-delocalisent-leurs-emissions-de-gaz-a-effet">externalisation de ces industries</a>, exposant davantage des communautés déjà vulnérables aux effets de la crise environnementale.</p>
<p>Selon cette vision, l’exploitation du territoire québécois serait une chose doublement noble, répondant autant aux besoins québécois en matière de financement des services publics qu’aux impératifs planétaires de la lutte contre les changements climatiques. </p>
<p>Doit-on pour autant conclure que les communautés locales n’ont pas la légitimité de s’opposer aux projets liés à la transition énergétique ? </p>
<h2>Les collectivités locales doivent jouir d’une certaine autonomie territoriale</h2>
<p>Les <a href="https://plato.stanford.edu/entries/territorial-rights/">droits sur le territoire</a> sont centraux à l’autonomie des communautés. Les devoirs qu’entretiennent les collectivités locales à l’égard de la crise climatique n’invalident pas complètement leurs revendications légitimes en lien avec les lieux qu’elles habitent. De tels pouvoirs permettent de promouvoir certains besoins et certaines valeurs sociales et de penser leur rapport au territoire d’une manière qui les reflète.</p>
<p>Ces droits ne sont certainement pas absolus, en particulier face à la crise environnementale actuelle. L’imposition de certains projets au nom de la justice sociale et environnementale est parfois tout à fait légitime. Il n’empêche que le fardeau de la justification revient à ceux voulant priver les communautés locales de leur droit de s’opposer aux projets qui dénaturent leur milieu de vie. </p>
<h2>L’« attitude » de la population québécoise en lien avec la filière batterie demeure légitime</h2>
<p>Le paradigme de la transition énergétique présuppose que, par le développement de technologies dites « vertes », l’humanité puisse sortir de la crise climatique sans remettre en question le principe de développement économique. </p>
<p>Mais cette hypothèse est loin de faire consensus. </p>
<p>Parmi les <a href="https://www.ledevoir.com/lire/806617/coup-essai-mensonge-transition-energetique">nombreuses raisons</a> mettant en doute ce postulat, il y a notamment le fait que l’accroissement de la demande finit toujours par rattraper les gains en (éco)efficience (l’ <a href="https://www.pourleco.com/le-dico-de-l-eco/leffet-rebond-paradoxe-de-jevons">« effet rebond »</a>). À ceci s’ajoute la <a href="https://www.systext.org/node/1785">quantité astronomique de déchets</a> générée par l’exploitation des minéraux critiques, venant plomber l’empreinte environnementale de la ruée vers les technologies « vertes ».</p>
<p>Mais surtout, le modèle de la transition énergétique ne remet aucunement en question certaines causes profondes de la crise environnementale. Pensons seulement ici à l’importance de l’automobile dans nos habitudes de vie et nos aménagements urbains. La supériorité du modèle de la transition énergétique – par rapport à d’autres solutions passant par une refonte plus substantielle du modèle de développement économique et territorial québécois – reste donc à démontrer.</p>
<p>La filière batterie se présente certes comme une solution aux inégalités environnementales et à la crise climatique. Mais pour justifier une limite au droit d’une communauté de dire non à un mégaprojet venant perturber son milieu de vie, il faut faire la démonstration que cette stratégie est pleinement crédible, ce à quoi les tenants de la transition énergétique ne sont pas encore parvenus.</p>
<p>La société québécoise peut ainsi conserver en toute légitimité son « attitude » réfractaire – n’en déplaise au premier ministre. L’horizon moral et politique dans lequel s’inscrit la filière batterie devra tôt ou tard faire l’objet d’une véritable délibération publique au Québec.</p>
<p>Le gouvernement Legault a manqué à cette obligation en modifiant les critères d’assujettissement pour éviter un BAPE dans le dossier Northvolt. Il est aussi impératif que la Loi sur les mines soit révisée, comme <a href="https://www.ledroit.com/actualites/politique/2023/05/07/claims-miniers-maite-blanchette-vezina-envisage-de-modifier-la-loi-sur-les-mines-3B2ZLBZ6TFAKZHRHNB65VCCCLU/">semblait l’envisager la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina</a>, en mai 2023.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223505/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Gosselin-Tapp a reçu des financements des organismes subventionnaires et centres de recherche suivants : le CRSH, le CRSNG, le FRQSC, le CSBQ et le Fonds François-et-Rachel-Routhier.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Frédérique Jean a reçu des financements des organismes subventionnaires suivants : le CRSH et le FRQSC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Léonard Bédard a reçu des financements des organismes subventionnaires et centres de recherche suivants : le CRSH, le FRQSC, le Groupe de recherche interuniversitaire sur normativité (GRIN) et l'Institut d'éthique appliquée de l'Université Laval (IDÉA).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sacha-Emmanuel Mossu a reçu des financements du Fonds François-et-Rachel-Routhier, de Mitacs, du Groupe interuniversitaire sur la normativité (GRIN) et de l'Institut d'éthique appliquée de l'Université Laval (IDÉA). </span></em></p>Les communautés locales n’ont guère leur mot à dire dans le développement de projets comme les usines de batteries pour voitures électriques, qui visent à favoriser la transition énergétique mondiale.Jérôme Gosselin-Tapp, Professeur adjoint, Université LavalFrédérique Jean, Candidate à la maîtrise en philosophie, Université LavalLéonard Bédard, Candidat à la maîtrise en philosophie, Université LavalSacha-Emmanuel Mossu, Doctorant en philosophie, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2213902024-02-01T18:59:23Z2024-02-01T18:59:23ZLes classements des villes sur leur qualité de vie nous informent souvent mal sur leur développement durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569946/original/file-20240108-27-dzn9ni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C0%2C2751%2C1553&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les palmarès des villes se concentrent souvent sur les facteurs économiques et de développement et négligent la durabilité et l'environnement.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Chaque année, des indices sont publiés afin de classer les villes du monde selon leur <a href="https://www.theglobeandmail.com/investing/article-most-livable-cities-canada-2023/">habitabilité</a>, leur <a href="https://www.arcadis.com/en/knowledge-hub/perspectives/global/sustainable-cities-index">durabilité</a>, leur <a href="https://innovation-cities.com/worlds-most-innovative-cities-2022-2023-city-rankings/26453/">innovation</a> et leur qualité de vie en général. Les grandes villes canadiennes comme Vancouver, Calgary et Toronto sont <a href="https://www.cicnews.com/2023/12/3-canadian-cities-ranked-among-the-most-liveable-in-the-world-1241721.html">souvent</a> en <a href="https://www.cicnews.com/2023/12/3-canadian-cities-ranked-among-the-most-liveable-in-the-world-1241721.html">tête de ces listes</a>, en dépit de leur <a href="https://www.vancouverisawesome.com/local-news/vancouver-ranks-3rd-most-expensive-city-in-north-america-5490661">coût élevé de la vie</a>.</p>
<p>Le classement des <a href="https://macleans.ca/canadas-best-communities-in-2021-full-ranking/">meilleures collectivités du Canada</a> établi par le magazine <em>Maclean’s</em> évalue 415 collectivités en fonction de divers indicateurs, notamment la prospérité économique, l’accessibilité du logement, la fiscalité, la mobilité durable, la sécurité publique ainsi que l’accès aux services de santé et aux activités culturelles et de loisirs.</p>
<p>Ces indicateurs et indices de qualité de vie peuvent être utiles pour comparer les villes ou choisir un lieu de résidence. Néanmoins, si les villes basent leurs politiques sur de tels critères, cela pourrait conduire à un développement non durable.</p>
<h2>Différences entre durabilité et qualité de vie</h2>
<p>Une <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecolind.2020.106879">étude récente</a> a mis en lumière les critères environnementaux et socio-économiques couramment utilisés, en utilisant des indicateurs tels que les espaces verts, le recyclage, l’utilisation des transports publics, le taux de chômage et le taux de criminalité.</p>
<p>Une autre récente <a href="https://www.espon.eu/programme/projects/espon-2020/applied-research/quality-of-life">étude internationale</a> réalisée par l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Observatoire_en_r%C3%A9seau_de_l%27am%C3%A9nagement_du_territoire_europ%C3%A9en#:%7E:text=L%27Observatoire%20en%20r%C3%A9seau%20de,de%20la%20politique%20r%C3%A9gionale%20europ%C3%A9enne.">Observatoire en réseau de l’aménagement du territoire européen</a> a évalué les villes selon des critères comme l’emploi, le logement, l’accès aux soins de santé et la sécurité. Les indicateurs comprenaient, entre autres, le coût de la vie, le revenu des ménages et la qualité des services publics.</p>
<p>Beaucoup des indicateurs de ces classements sont utilisés pour mesurer à la fois le développement durable et la qualité de vie dans une ville. Cette convergence peut s’expliquer par la <a href="https://www.iisd.org/articles/deep-dive/pathways-sustainable-cities">base commune de ces deux concepts</a> : il s’agit essentiellement de la manière dont une ville satisfait les besoins essentiels de ses habitants, que ce soit en matière de logement, de transport, de santé, d’éducation et de loisir.</p>
<p>La capacité à satisfaire ces besoins dépend fortement de facteurs économiques, comme le revenu, la richesse et le coût de la vie, qui jouent un rôle clé dans l’évaluation de la durabilité et de la qualité de vie des villes. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un couple de personnes âgées se promenant dans un parc avec un vélo" src="https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568733/original/file-20240110-21-uisy1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le développement visant à améliorer la vie urbaine peut parfois se faire au détriment de la durabilité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré ces points communs, des <a href="https://researcharchive.lincoln.ac.nz/server/api/core/bitstreams/81da68e3-f4cb-4b2c-a67b-506d41bd84e4/content">contradictions</a> apparaissent. Des initiatives visant à améliorer la vie urbaine — l’expansion des infrastructures par exemple — peuvent parfois se faire au détriment de l’environnement, ce qui va à l’encontre des principes du développement durable.</p>
<p>En outre, l’accent mis sur la durabilité ne garantit pas nécessairement l’amélioration des conditions de vie. En effet, la durabilité peut requérir la réduction de la consommation de certains biens et services, une diminution de la taille des logements pour densifier les quartiers, ou l’instauration de taxes pour diminuer la pollution. </p>
<p>Ces mesures, quoique bénéfiques pour l’environnement, peuvent réduire le confort individuel et augmenter le coût de la vie, impactant ainsi la qualité de vie des habitants.</p>
<h2>Les caractéristiques des villes durables et agréables à vivre</h2>
<p>Nous avons récemment mené une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264275123004201">étude visant à répondre à la question suivante</a> : quelles sont les caractéristiques des villes les plus performantes en termes de qualité de vie et de durabilité ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, nous avons analysé les similitudes et les différences entre les facteurs qui sous-tendent les classements en matière de durabilité et de qualité de vie pour 171 villes canadiennes de plus de 25 000 habitants.</p>
<p>Nos résultats révèlent une corrélation positive et statistiquement significative entre la qualité de vie urbaine et les indicateurs de développement durable dans les villes canadiennes. Cependant, des contradictions importantes existent concernant la durabilité des modes de vie dans les trois principales dimensions du développement durable : économique, sociale et environnementale.</p>
<p>Par exemple, Wood Buffalo, en Alberta, se classe dans les 20 % des villes les plus performantes en matière de durabilité, principalement en raison de ses revenus élevés et de sa population instruite, malgré une faible performance environnementale. En revanche, elle se situe dans les 20 % inférieurs pour la qualité de vie à cause du coût élevé de la vie et du manque d’équipements culturels. </p>
<p>Kamloops, en Colombie-Britannique, a obtenu de bons résultats en matière de qualité de vie, grâce à son abordabilité, la qualité de l’éducation et des soins de santé, et sa richesse culturelle. En revanche, elle se situe dans les 20 % inférieurs pour la durabilité, en raison des défis liés à la gestion des déchets, de l’énergie et de l’écologisation.</p>
<p>Les évaluations de la qualité de vie sont principalement basées sur des dimensions économiques et prennent en compte des indicateurs tels que le taux de chômage et le revenu moyen. Certains indicateurs concernent également la dimension sociale du développement durable, notamment la criminalité, l’accessibilité du logement, la santé et les arts. </p>
<p>Toutefois, certains aspects sociaux fondamentaux du développement durable, comme la répartition de la richesse et l’éducation, ne sont pas abordés directement.</p>
<p>La dimension environnementale est également largement négligée, à l’exception de la mobilité durable (par exemple, combien de personnes utilisent les transports publics). Il y a également absence de mesures directes des émissions de gaz à effet de serre, de la qualité des espaces verts ou de la qualité de l’eau d’une ville.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un trottoir de ville très fréquenté" src="https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568734/original/file-20240110-21-au3gwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les indices de qualité de vie peuvent être utiles pour comparer les villes. Toutefois, si les villes fondent leur politique sur de telles mesures, cela pourrait conduire à un développement non durable.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Les villes devraient donner la priorité à la durabilité</h2>
<p>Ces différences entre la qualité de vie et le développement durable sont préoccupantes pour deux raisons principales. Tout d’abord, comme les gens peuvent utiliser ces classements pour décider où vivre, les villes bien classées, mais dont la durabilité est faible peuvent paraître attrayantes. </p>
<p>Deuxièmement, comme les villes cherchent généralement à attirer des résidents, elles peuvent être tentées de prendre des décisions basées sur des variables qui améliorent leur classement en matière de qualité de vie au détriment du développement durable. </p>
<p>Les villes les mieux classées sont susceptibles de maintenir le statu quo en ce qui concerne leur stratégie de développement afin de rester en tête de liste. En outre, les villes moins bien classées sont susceptibles d’imiter les façons de faire des villes les plus performantes.</p>
<p>Toutefois, ces objectifs ne sont pas toujours compatibles avec la durabilité urbaine, qui prend en compte des préoccupations environnementales et collectives plus larges, telles que la préservation de la qualité de l’environnement et la réduction de la pression sur les ressources naturelles et les espaces verts.</p>
<p>Cela signifie que la qualité de vie n’est pas durable si elle ne tient pas compte des impacts environnementaux tels que la gestion des déchets et l’utilisation de la voiture. Il en va de même pour la répartition de la richesse. </p>
<p>Donner la priorité à la durabilité, même si cela signifie un classement inférieur en termes de qualité de vie à court terme, garantit que les villes resteront viables. Intégrer des mesures de durabilité dans les politiques publiques, telles que l’amélioration des transports publics et la conservation d’espaces verts, est essentiel pour répondre aux besoins actuels et anticiper les défis futurs, garantissant ainsi un bien-être à long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221390/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les indicateurs qui mesurent la qualité de vie d’une ville dans les palmarès ne disent pas tout, notamment en ce a trait à son développement durable.Georges A. Tanguay, Professeur titulaire, Université du Québec à Montréal (UQAM)Juste Rajaonson, Professeur agrégé, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2212662024-01-28T16:06:21Z2024-01-28T16:06:21ZAvec l’écopédagogie, repenser l’éducation au développement durable<p><a href="https://theconversation.com/quelle-ecole-dans-un-monde-en-surchauffe-208152">L’éducation au développement durable</a> concentre de plus en plus d’attentions et s’est fait une place dans les programmes scolaires. Elle se focalise souvent sur les responsabilités individuelles, en incitant les jeunes à changer d’attitudes et de comportements, à travers notamment les écogestes – le tri des déchets, par exemple à la cantine.</p>
<p>Avec une telle approche, comme l’observent Angela Barthes et Yves Alpe, professeurs en sciences de l’éducation, « la <a href="https://shs.hal.science/halshs-00963810/document">question de la responsabilité des systèmes de production dans les atteintes à l’environnement</a> est peu abordée » alors qu’elle est déterminante si l’on veut changer la situation à grande échelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/etre-eco-delegues-au-college-ou-au-lycee-quels-moyens-daction-195979">Être éco-délégués au collège ou au lycée : quels moyens d’action ?</a>
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<p>À la frontière entre la philosophie, les sciences sociales et la didactique, un champ de recherche se développe pour permettre à chacun de mieux se repérer dans tous les <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/28518">enjeux relatifs à l’environnement</a>, notamment les questions de justice sociale. Arrêtons-nous sur l’un de ses courants, l’écopédagogie, qui propose une autre approche aux citoyens et citoyennes.</p>
<h2>L’écopédagogie, de l’Amérique latine aux États-Unis</h2>
<p><a href="https://www.bloomsbury.com/uk/ecopedagogy-9781350083790/">L’écopédagogie</a> est un courant de la recherche en éducation qui est apparu en Amérique latine dans la deuxième moitié des années 1990, <a href="https://lecourrier.ch/2018/08/03/leco-pedagogie-une-conscience-planetaire/">d’abord au Costa Rica, avec Cruz Prado et Fernando Gutierrez</a>, puis au Brésil avec Moacir Gadotti de l’Institut Paulo Freire. La <a href="https://www.questionsdeclasses.org/la-charte-de-l-ecopedagogie/">Charte de l’écopédagogie</a>, en 1999, met en avant la nécessité de développer une conscience planétaire seule à même de pouvoir prendre en compte les défis écologiques.</p>
<p>L’écopédagogie se situe dans la continuité de l’œuvre du pédagogue brésilien <a href="https://theconversation.com/les-enseignements-de-paulo-freire-un-pedagogue-toujours-actuel-73079">Paulo Freire</a> qu’elle entend compléter en y intégrant la dimension environnementale. Paulo Freire, en particulier dans son ouvrage <a href="https://journals.openedition.org/lectures/53295"><em>Pédagogie des opprimés</em></a>, a avancé l’idée que l’éducation devait favoriser la conscience sociale critique. C’est ce qu’il appelle la conscientisation, tournée vers la prise de conscience des injustices sociales. Cela a donné lieu au développement des pédagogies critiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Fresque représentant Paulo Freire, père des pédagogies critiques" src="https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571443/original/file-20240125-25-famlqp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Fresque représentant Paulo Freire, père des pédagogies critiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Painel.Paulo.Freire.JPG">Luiz Carlos Cappellano, via Wikimedia</a></span>
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<p>Néanmoins, aussi bien en Amérique latine qu’aux États-Unis se sont constitués des mouvements sociaux qui ont lié les questions environnementales et les questions sociales. L’économiste <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2015-2-page-90.htm">Joan Martinez Alier</a> a ainsi parlé pour l’Amérique latine d’écologie des pauvres. Aux États-Unis, c’est le mouvement pour la <a href="https://www.academia.edu/31821047/Les_enjeux_du_Vert_en_Noir_et_Blanc_racisme_environnemental_et_antiracisme_critique_en_contextes_de_racialisation">justice environnementale</a> qui a mis en lumière les liens entre inégalités sociales et les nuisances environnementales.</p>
<h2>Articuler écologie anthropocentrée et écologie non anthropocentrée</h2>
<p>Le chercheur en écopédagogie <a href="https://www.youtube.com/watch?v=LAdhj--3qnA">Greg Misiaszek</a> a développé une philosophie de l’éducation écopédagogique où il établit une distinction conceptuelle entre le monde et la planète.</p>
<ul>
<li><p>Le monde désigne la sphère anthropocentrée. La question de l’environnement y est abordée à partir des intérêts humains. La pédagogie critique et le mouvement de la justice environnementale se situent à ce niveau. Ils sont tournés vers des préoccupations de justice sociale relativement aux êtres humains.</p></li>
<li><p>La planète désigne la sphère non anthropocentrée, celle des vivants non humains. Il faut signaler que l’écopédagogie repose sur une écologie biocentrée, ce qui veut dire qu’elle considère la planète Terre comme un grand organisme vivant. Elle s’appuie sur <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/l-hypothese-gaia-de-james-lovelock-theorie-influente-et-controversee-1824581">l’hypothèse Gaia</a>.</p></li>
</ul>
<p>À cette première distinction conceptuelle est liée une autre, celle entre les opprimés et les dominés.</p>
<ul>
<li><p>Les opprimés désignent les groupes sociaux humains qui souffrent des inégalités sociales. Les opprimés sont capables d’autoréflexion et d’une prise de conscience qui peut les conduire à devenir des sujets de la transformation sociale.</p></li>
<li><p>Les dominés désignent les vivants non-humains. Contrairement aux êtres humains, les vivants non-humains ne peuvent pas produire d’injustices, en revanche ils peuvent souffrir des injustices produites par les humains.</p></li>
</ul>
<p>L’articulation de ce qu’on appelle l’écologie anthropocentrée et l’écologie non anthropocentrée est l’enjeu de l’écopédagogie. Cette dernière pense la sphère humaine comme une dimension de la sphère planétaire.</p>
<h2>Qui souffre et qui profite des atteintes à l’environnement ?</h2>
<p>L’écopédagogie propose une réflexion philosophique et pédagogique sur les différents niveaux de justice qui sont enchevêtrés lorsqu’on réfléchit aux questions environnementales.</p>
<p>Une première dimension consiste à affirmer que ce sont les êtres humains dans leur ensemble qui souffrent par exemple du changement climatique. C’est en cela que l’écopédagogie suppose une conscience planétaire. Mais, on peut ajouter que la réflexion doit prendre en compte également les générations humaines futures.</p>
<p>Néanmoins, il est en outre possible de réfléchir au fait que les dégradations environnementales ne touchent pas autant tous les groupes sociaux. C’est ce que les sciences humaines et sociales étudient sous le nom d’inégalités environnementales en relation avec les inégalités sociales. L’économiste <a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/pages-chercheurs/page.php?id=18">Laurent Eloi</a> parle ainsi de social-écologie.</p>
<p>Ces deux dimensions doivent être prises en compte, mais elles abordent néanmoins la question environnementale uniquement au prisme des intérêts humains. C’est pourquoi l’écopédagogie intègre dans sa réflexion la souffrance animale et l’impact sur la planète Terre qui subit également une souffrance en tant qu’organisme vivant.</p>
<p>La seconde perspective de réflexion de l’écopédagogie est de poser la question de qui profite des dégradations environnementales. À un premier niveau, il est possible de dire que ces dégradations sont faites au profit de l’ensemble de l’humanité. On pourrait même parler d’anthropocène pour signifier ici que c’est l’ensemble de l’humanité qui profiterait de ces dégradations au détriment des vivants non-humains.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/anthropocene-ou-anthro-probleme-une-question-detymologie-et-surtout-dechelle-220232">Anthropocène… ou anthro-problème ? Une question d’étymologie et surtout d’échelle</a>
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<p>Mais, il est également possible de resserrer encore la focale pour s’intéresser, à ce que par exemple le géographe <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/103447-003-A/climat-qui-a-allume-le-feu/">Andréas Malm</a>, appelle le capitalocène, c’est-à-dire à l’impact qu’ont plus spécifiquement le mode de vie des classes sociales supérieures et le fonctionnement du système capitaliste.</p>
<p>L’écopédagogie s’intéresse à la manière dont il est possible de développer la conscience citoyenne des différents niveaux de justice sociale et écologique. Cette approche à plusieurs enjeux. Elle vise par exemple à ne pas prendre en compte que la perspective relevant des modes de consommation individuels pour se pencher aussi à des éléments structurels socio-économiques, mettant notamment en lumière l’impact des dégradations environnementales sur les groupes les plus socialement minorisés.</p>
<p>Au lieu de partir d’injonctions ou de modes d’emploi, l’écopédagogie remet le citoyen au centre de la réflexion en lui donnant les moyens de comprendre les tenants et les aboutissants des controverses en écologie. Elle permet à chacun et chacune de se repérer dans les différentes thèses concernant les êtres impactés par les dégradations environnementales et les groupes humains qui ont le plus d’impact. L’objectif est d’ouvrir des discussions sur le caractère contradictoire de ses différentes thèses ou leur possible articulation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221266/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Irène Pereira est membre du Conseil Mondial des Instituts Paulo Freire et du Conseil scientifique de la collection Freire Focus des Editions Bloomsbury</span></em></p>En mettant l’accent notamment sur les écogestes, l’éducation au développement durable tend à se focaliser sur les responsabilités individuelles. L’écopédagogie propose de changer d’angle de réflexion.Irène Pereira, Professeure des Universités en sciences de l'éducation et de la formation, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2166952023-11-07T23:20:39Z2023-11-07T23:20:39ZCollectivement, nous ne consacrons que 45 minutes par jour aux activités les plus polluantes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556674/original/file-20231011-23-q2o40b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6000%2C3997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En étudiant les heures consacrées à certaines activités mondialement, on obtient une image de la manière dont nous utilisons collectivement le temps.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Pourquoi nous sentons-nous impuissants dans nos efforts pour résoudre les grandes crises de durabilité du XXI<sup>e</sup> siècle ? Entre la nécessité impérieuse d’<a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-cycle/">atténuer avec succès les effets du changement climatique</a> et celle de progresser dans la réalisation des <a href="https://sdgs.un.org/fr/goals">objectifs de développement durable</a> axés sur la personne, les enjeux de l’anthropocène – <a href="https://doi.org/10.1038/nature14258">l’ère dans laquelle nous vivons aujourd’hui</a> – peuvent sembler insurmontables. </p>
<p>Pourtant, malgré le rôle central des interventions humaines dans la création d’options durables, aucune représentation globale et approfondie de ce que fait la population mondiale n’a été réalisée en termes précis et chiffrés. </p>
<p>Nous présentons cette image en cartographiant l’utilisation du temps par les gens à l’échelle mondiale, grâce à la collecte de nombreuses sources de données afin d’offrir des perspectives interdisciplinaires sur les aspects fondamentaux du comportement et du vécu humains.</p>
<p>Nos résultats suggèrent que les solutions aux crises de durabilité sont éminemment réalisables, concrètement, si l’on donne aux gens les motivations politiques et économiques appropriées.</p>
<h2>L’étude de l’emploi du temps des gens</h2>
<p>En tant que chercheurs issus de la science du système terrestre, nous nous efforçons d’aligner l’étude de l’être humain sur les approches utilisées pour examiner le reste du système terrestre. Pour ce faire, nous quantifions l’ensemble des activités humaines en unités de temps, en fonction de leurs résultats physiques. </p>
<p>Le temps est une mesure robuste parce qu’il s’agit d’une quantité universelle et physique : les huit milliards d’habitants de la planète disposent tous des mêmes 24 heures par jour pour se consacrer à toute une série d’activités. </p>
<p>Les activités que nous choisissons d’entreprendre, le temps que nous y consacrons et la technologie utilisée façonnent continuellement notre planète, nos sociétés et notre expérience subjective de la vie. </p>
<h2>Compréhension de la situation dans son ensemble</h2>
<p>À l’instar du <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/features/CarbonCycle">cycle mondial du carbone</a>, qui permet de comprendre en un clin d’œil comment et où le carbone se déplace sur la Terre, nous avons entrepris de créer une vue d’ensemble de ce que fait l’humanité à l’aube de l’anthropocène. </p>
<p>En combinant et normalisant un large éventail de données sur la façon dont les gens occupent leur temps – compilées à partir d’enquêtes nationales sur l’emploi du temps, de statistiques économiques, de paramètres sur l’éducation des enfants, de dispositifs portables de mesure du sommeil – nous décrivons ce que fait la population dans son ensemble sur une période moyenne de 24 heures : la <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0270583">Journée humaine mondiale</a>.</p>
<p>L’observation la plus immédiate est la suivante : à l’échelle mondiale, une grande majorité du temps est consacrée à des activités que nous classons comme étant directement centrées sur la personne.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une femme portant un masque chirurgical et des sacs marche dans une rue" src="https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’habitant moyen de la Terre consacre près de sept heures par jour à des activités telles que la socialisation, l’utilisation des médias, les repas et l’exercice physique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>En plus des neuf heures de sommeil et de l’heure et demie vouée aux besoins biologiques et aux soins de santé, l’habitant moyen de la planète consacre près de sept heures par jour à la détente passive, aux relations sociales, à l’utilisation des médias, aux repas, à l’exercice physique, aux jeux et à la pratique religieuse. Quant à l’éducation et à la recherche, elles ne représentent qu’une heure.</p>
<p>Nous identifions également un ensemble d’activités dévolues au fonctionnement et à la gestion de nos sociétés et de nos économies. Les tâches de gouvernance, de droit, de finance, de commerce, d’opérations bancaires et de paiement de factures occupent une heure. Une autre heure est utilisée pour les trajets quotidiens et les déplacements d’un lieu à l’autre.</p>
<h2>Moins de quatre heures par jour</h2>
<p>Au total, il reste un peu plus de trois heures pendant lesquelles nous modifions délibérément la Terre et nos environnements. Près des trois quarts de ce temps sont consacrés à notre système alimentaire et à l’entretien des zones habitées. </p>
<p>Le temps restant – environ les 45 dernières minutes de la journée de l’individu moyen – est employé à l’extraction des ressources, à la fabrication et à la construction, qui représentent les aspects les plus destructeurs de la civilisation industrialisée sur le plan écologique. En effet, l’extraction de tous les matériaux et la production entière d’énergie, y compris l’extraction et le raffinage de tous les combustibles fossiles, n’occupent que six minutes.</p>
<p>Avec un peu plus d’une demi-heure consacrée à la construction et à la fabrication, ces 45 minutes pour l’approvisionnement, l’expansion et l’entretien de l’environnement bâti constituent un chiffre étonnamment bas pour des activités responsables de la production et de la consommation d’<a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1613773114">environ 70 gigatonnes de matériaux</a> par an. Cela met en évidence l’efficacité de l’industrie moderne et l’ampleur de ses répercussions.</p>
<p>En comparaison, une minute seulement est accordée à la gestion des déchets.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="deux personnes en tenue de sécurité se promènent sur le terrain extérieur d’une usine" src="https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Seulement 45 minutes de la journée humaine moyenne sont consacrées aux activités qui déterminent l’essentiel de notre impact sur la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Utilisation de notre temps</h2>
<p>Nos résultats ne suggèrent pas que l’extraction de matériaux et la fourniture d’énergie sont des activités sans importance. Elles représentent encore des milliards d’heures de travail par an et contribuent au fonctionnement de notre civilisation moderne.</p>
<p>Mais le temps consacré à ces activités est relativement faible par rapport à l’ensemble de notre vie quotidienne – au même titre que celui que nous passons collectivement à nettoyer nos maisons et à laver la vaisselle. </p>
<p>Dans ce contexte, il est possible d’imaginer une modification de la composition de ces activités dans une large mesure (par exemple, en <a href="https://doi.org/10.1016/j.joule.2017.07.005">construisant des systèmes d’énergie renouvelable</a> plutôt qu’en continuant à extraire des combustibles fossiles) sans perturber les schémas généraux de la vie humaine. </p>
<p>Bien entendu, cela requerra des incitations économiques et politiques importantes, mais ce qui est clair, c’est que nous disposons du temps nécessaire pour y parvenir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216695/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Galbraith a reçu des financements du CRSNG.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>William Fajzel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La combinaison de différentes approches de l’utilisation du temps permet de dresser un tableau interdisciplinaire de la journée humaine mondiale.William Fajzel, PhD student, Earth and Planetary Science, McGill UniversityEric Galbraith, Professor of Earth Science and Canada Research Chair in Human-Earth System Dynamics, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143212023-10-16T13:57:12Z2023-10-16T13:57:12ZLe logement est bien plus qu’un bien marchand. Et la crise actuelle ne se réduit pas à équilibrer l’offre et la demande<p>La crise du logement est un défi mondial : près de 1,6 milliard de personnes vivent dans des conditions précaires ou inadéquates. Et ce nombre pourrait même doubler d’ici 2030, selon l’<a href="https://unhabitat.org/news/13-jul-2023/the-world-is-failing-to-provide-adequate-housing">UN Habitat</a>. </p>
<p>Le Canada n’est pas épargné. Amplifiée par la pandémie de Covid-19, la demande de logements y surpasse largement l’offre. D’ici 2030, <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionnels/marche-du-logement-donnees-et-recherche/recherche-sur-le-logement/rapports-de-recherche-en-habitation/accroitre-loffre-de-logements/penurie-de-logements-au-canada--resoudre-la-crise-de-labordabilite">3,5 millions de logements supplémentaires seront nécessaires</a>. Et pour y faire face, les initiatives gouvernementales se multiplient. </p>
<p>En tant que professeur en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal, je m’intéresse à la manière dont les villes canadiennes contribuent aux <a href="https://www.sosve.org/objectifs-de-developpement-durable-post-2015/">17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies</a>, notamment le 11<sup>e</sup>, qui vise à rendre les villes inclusives, sûres, résilientes et durables.</p>
<h2>Les gouvernements se mobilisent</h2>
<p>En septembre 2023, le gouvernement du Canada a annoncé une <a href="https://www.canada.ca/fr/ministere-finances/nouvelles/2023/09/bonification-du-remboursement-de-la-tps-pour-immeubles-dhabitation-locatifs-afin-de-construire-plus-dappartements-pour-les-locataires.html">exonération de la TPS</a> pour la construction de nouveaux immeubles locatifs, dans l’optique d’alléger les coûts pour les constructeurs. Cette initiative s’ajoute à celles de la <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/strategie-nationale-sur-le-logement/questce-que-la-strategie#strategyfr">Stratégie nationale sur le logement</a> lancée en 2018, un plan de 82 milliards de dollars étalé jusqu’en 2028. Ce plan englobe des subventions pour de nouveaux logements abordables, la rénovation, le soutien au logement communautaire et la promotion de la recherche en matière de logement. </p>
<p>Les gouvernements provinciaux et municipaux sont également à pied d’œuvre. Par exemple, l’<a href="https://news.ontario.ca/mmah/en">Ontario</a> multiplie les soutiens financiers aux projets immobiliers. Le Québec propose, entre autres, une <a href="https://www.revenuquebec.ca/fr/citoyens/votre-situation/faible-revenu/programme-allocation-logement/">Allocation-Logement</a> aux ménages les moins aisés. Et la Colombie-Britannique a instauré la <a href="https://news.gov.bc.ca/releases/2023HOUS0059-000851">Housing Supply Act</a>, adoptée en 2022, visant à mieux cibler les besoins en logement en collaboration avec les municipalités. </p>
<p>Plusieurs villes, comme <a href="https://globalnews.ca/news/9738121/toronto-multiplex-policy-housing/">Toronto</a>, <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/multiplex-housing-vancouver-1.6967977">Vancouver</a>, <a href="https://montreal.ca/articles/metropole-mixte-les-grandes-lignes-du-reglement-7816">Montréal</a> et <a href="https://www.lesoleil.com/actualites/actualites-locales/la-capitale/2023/09/27/un-plan-ambitieux-pour-contrer-la-crise-du-logement-UHZAPO6FXFGIDHBI255E4KY2E4/">Québec</a>, adoptent des stratégies pour augmenter la densité et favoriser la construction de logements sociaux et locatifs, collaborant souvent avec des <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionnels/financement-de-projets-et-financement-hypothecaire/programmes-de-financement/toutes-les-opportunites-de-financement/fonds-dinnovation-pour-le-logement-abordable#:%7E:text=Le%20Fonds%20d%27innovation%20a,municipaliti%C3%A9s%2C%20provinces%20et%20territoires">entités communautaires</a> pour innover.</p>
<p>L’objectif de ces mesures ? Faire passer le taux d’inoccupation des logements de <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/housing-research/research-reports/2022/housing-shortages-canada-solving-affordability-crisis-fr.pdf">1,9 % au Canada et de 1,7 % dans les grandes villes du Québec à une fourchette de 3 à 4 %</a>, considérée comme un équilibre entre l’offre et la demande de logements.</p>
<h2>La valeur sociétale du logement</h2>
<p>Cependant, la crise du logement ne se réduit pas simplement à une équation où il suffit d’équilibrer l’offre et la demande. Agir sur l’offre, en stimulant la construction et sur la demande, en fournissant des aides financières aux ménages, peut avoir un impact temporaire. Mais ces mesures ne ciblent que les symptômes de la crise, et non ses causes fondamentales. </p>
<p>Pourquoi ? Parce que le logement est bien plus qu’un bien marchand : il représente un foyer, un espace de vie et un élément structurant du tissu urbain, social et économique. Sa valeur sociétale dépasse ainsi sa valeur marchande, avec des implications sur l’accès aux services et aux lieux d’emploi, sur la stabilité de la population et l’attractivité urbaine, sur la santé physique et mentale ainsi que sur la compétitivité des entreprises locales.</p>
<p>La crise actuelle ne provient pas seulement d’un manque absolu de logements, mais surtout d’une pénurie relative de logements adaptés aux revenus de la majorité des habitants de chaque ville. À <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/market-reports/rental-market-report/rental-market-report-2022-fr.pdf">Montréal</a>, par exemple, le taux d’inoccupation pour les logements abordables pour les ménages les moins fortunés est seulement de 1 %. En revanche, pour les ménages à revenus moyens et élevés, il est de 5,4 %. À <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/market-reports/rental-market-report/rental-market-report-2022-fr.pdf">Québec et à Gatineau</a>, la situation est similaire, montrant que la compétition pour accéder à un logement est plus rude pour les individus et les familles les plus exposés à la crise.</p>
<p>La vision mercantile de la propriété a érodé sa valeur sociétale, transformant ce qui était autrefois un rêve en un simple outil d’investissement où l’objectif est d’acheter, rénover, fixer un loyer en fonction de l’investissement et séduire une population plus aisée.</p>
<h2>Des conséquences pour les citoyens et les entreprises</h2>
<p>Les conséquences sont nombreuses. D’une part, les prix élevés des propriétés ont transformé beaucoup de citoyens en locataires à long terme, écartant leur rêve de propriété. Cette situation crée une tension sur le nombre de logements locatifs disponibles, particulièrement pour les étudiants et les nouveaux arrivants. L’écart croissant entre les loyers des logements vacants et ceux occupés a aussi ralenti le taux de roulement, comme illustré à <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/market-reports/rental-market-report/rental-market-report-2022-fr.pdf">Québec et à Gatineau</a>. </p>
<p>Les populations économiquement précaires subissent les effets les plus sévères, devant opter pour des logements basés sur leur capacité financière plutôt que leurs besoins. Cela se traduit par une baisse de la qualité de vie, des trajets plus longs vers les lieux de travail et de services ainsi que des coûts de transport augmentés. </p>
<p>Enfin, cette situation impacte directement le développement économique régional. L’augmentation rapide des loyers par rapport aux salaires peut diminuer la compétitivité des entreprises locales qui peinent à attirer et retenir les talents. Cette situation peut entraîner une baisse de la productivité (par exemple, des employés stressés par leurs finances), des temps de trajet plus longs pour les employés (choisissant de vivre en périphérie où le coût de logement est moindre), un frein à l’innovation régionale (avec moins d’entrepreneurs prêts à prendre des risques dans des zones chères) et la migration des talents vers des régions plus abordables.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="homme noir travaille de la maison" src="https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les employeurs pourraient contribuer financièrement aux coûts du logement des employés en télétravail.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Des solutions existent</h2>
<p>Pour aborder la crise, le logement doit avant tout être considéré comme un service sociétal essentiel et non seulement comme un bien marchand. Quatre pistes de solution peuvent compléter les interventions publiques actuelles.</p>
<p><strong>Ajuster les loyers aux réalités économiques locales.</strong> En plus des mesures gouvernementales actuelles visant à stimuler l’offre (par plus de constructions) et la demande (par l’aide financière aux ménages), l’idée est d’établir une fourchette de loyers acceptable en fonction des capacités financières des résidents locaux. Les propriétaires dépassant cette fourchette pourraient être soumis à des mesures fiscales, dont les recettes permettraient de soutenir des logements plus abordables. Un tel calcul peut paraître complexe, mais pas impossible à réaliser en travaillant, par exemple, avec le milieu universitaire. C’est pourquoi l’instauration d’un registre des loyers, comme le suggèrent <a href="https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/2023/09/17/crise-du-logement-manque-de-vision-des-gouvernements-LUYQVANSXVHTDAOV5FVKEGDH4A/">14 maires et mairesses au Québec</a>, est pertinente.</p>
<p><strong>Faire des employeurs des alliés.</strong> L’accès à un logement est devenu un atout pour attirer et retenir la main-d’œuvre. Les employeurs pourraient offrir des primes « logement » aux employés à faibles revenus. Pour ceux en télétravail, les employeurs pourraient contribuer financièrement aux coûts du logement (loyers et dépenses liées au travail). Comme de telles mesures contribuent au succès des entreprises, elles pourraient être appuyées par les agences de développement économique.</p>
<p><strong>Soustraire les groupes vulnérables de la compétition.</strong> Les jeunes, les familles monoparentales, les personnes âgées, les Premières Nations et les nouveaux arrivants doivent être soustraits de la compétition pour le logement, car ils ne sont pas en position de concurrence équitable. Des taxes sur certains logements de luxe, par exemple, permettraient de générer des fonds dédiés aux logements de ces groupes. </p>
<p>Enfin, des alternatives comme les résidences intergénérationnelles ou les micrologements temporaires pourraient être encouragées. Ces modèles offrent des solutions abordables et adaptées à divers besoins temporaires, surtout en milieu urbain. </p>
<p>Considérer le logement simplement comme un bien marchand à la merci des forces du marché est réducteur. Il a une profonde valeur sociétale, et c’est en la reconnaissant et en la préservant que nous aborderons la crise de front.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214321/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La crise du logement ne peut pas être résolue simplement en équilibrant l’offre et la demande. Il faut plutôt repenser le logement comme un service sociétal plutôt que comme un simple bien marchand.Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2071672023-09-12T14:32:21Z2023-09-12T14:32:21ZComment mieux construire ? Voici un nouveau guide qui assure la durabilité et la résilience des infrastructures<p>Les nouveaux projets d’infrastructure <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/09/02/ce-peuple-de-batisseurs-qui-nest-plus">se font rares au Québec ces dernières décennies</a>. Le troisième lien entre Québec et Lévis semble au point mort, tout comme le « REM de l’Est », en <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1993440/rem-est-rapport-final">raison de ses coûts qui dépassent l’entendement</a>. </p>
<p>Comme dans la majorité des pays occidentaux, on ne peut plus construire des infrastructures sans se questionner sur les meilleures pratiques à adopter et en respectant les critères de développement durable.</p>
<p>Comment pouvons-nous concevoir de telles infrastructures qui vont durer dans le temps, et qui répondent aux besoins des parties prenantes et de la communauté ? </p>
<p>Professeure agrégée à HEC Montréal, experte de la gouvernance et l’innovation des grands projets et de leur acceptabilité sociale, je m’intéresse à un système d’évaluation conçu pour améliorer la durabilité et la résilience des infrastructures au moyen d’indicateurs standardisés. Il s’agit d’Envision, qui existe depuis 2012. Je remercie pour sa contribution à cet article Hélène Dubé, experte de ce système chez SNC-Lavalin et très impliquée dans le projet du pont Samuel-De Champlain. Elle est actuellement dans l’équipe du <a href="https://www.calgary.ca/green-line.html">Calgary Green Line</a>. </p>
<p>Envision cible tous types et tailles d’infrastructure telles que les routes, les ponts, les ports, les aéroports, les gares et les réseaux de transport. C’est un outil intéressant à prendre en compte pour développer des infrastructures de façon harmonieuse, en respectant le milieu naturel et les collectivités.</p>
<p>Il est administré par l’Institute for Sustainable Infrastructure (ISI), un organisme à but non lucratif dont la <a href="https://sustainableinfrastructure.org/about-isi/">mission</a> est d’aider les communautés à construire des infrastructures civiles durables, résilientes et équitables par le biais de l’éducation et la recherche. Au Canada, Envision est en partenariat avec la Société canadienne d’ingénierie civile.</p>
<h2>Le pont Samuel-De Champlain, première Reconnaissance Envision</h2>
<p>Le nouveau pont Samuel-De Champlain, inauguré en 2019, <a href="https://afg.quebec/actualites/blogue/reconnaissance-envision-platine-pour-le-nouveau-pont-champlain/">a été le premier projet vérifié Envision au Québec</a> et le premier pont d’envergure au Canada à recevoir cette distinction.</p>
<p>Les enjeux du projet étaient nombreux puisqu’il se trouve à la fois au cœur du milieu urbain et d’un milieu naturel sensible. Le projet incluait la reconstruction et l’élargissement de l’autoroute, la reconfiguration des échangeurs et voies d’accès, un corridor réservé au transport en commun et une piste multifonctionnelle offrant un nouveau lien pour le transport actif entre Montréal et la Rive-Sud. </p>
<p>Bien que l’arrivée du REM <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-08-08/pont-samuel-de-champlain/la-voie-reservee-pour-les-autobus-arrive-a-sa-fin.php">ait impliqué la fin de la voie réservée aux autobus</a>, il faut souligner en amont les efforts de développement et de concertation avec les nombreux paliers gouvernementaux qui ont été réalisés pour permettre l’intégration de ce mode collectif de transport au pont. </p>
<p>En plus de maintenir un lien avec les communautés tout au long du processus, plusieurs initiatives, telles que la communication des enjeux et <a href="https://sustainableinfrastructure.org/project-awards/projet-de-corridor-du-nouveau-pont-champlain-new-champlain-bridge-corridor-project/">l’intégration du développement durable</a> à la gestion environnementale du projet, ont été mises en place afin de favoriser l’acceptabilité sociale du projet.</p>
<h2>Soixante-quatre critères pour concevoir des infrastructures durables</h2>
<p><a href="https://sustainableinfrastructure.org/envision/use-envision/">Envision est un guide</a> pour évaluer 64 critères de développement durable, appelés crédits, et répartis en cinq catégories : qualité de vie, leadership, utilisation des ressources, milieu naturel ainsi que changements climatiques et résilience. </p>
<p><strong>La qualité de vie :</strong> Il s’agit de l’impact d’un projet sur les communautés, depuis la santé et le bien-être des individus jusqu’à celui de l’ensemble de la communauté et incluant l’intégration de l’infrastructure à son milieu.</p>
<p>Il s’agit d’évaluer si les projets d’infrastructure sont conformes aux objectifs et besoins de la communauté, à court et long terme, et s’ils sont intégrés dans les réseaux communautaires existants. Cette catégorie couvre la mobilité, le transport actif, l’amélioration de l’espace urbain ainsi que l’équité et la justice sociale. Les représentants des communautés concernées sont des parties prenantes importantes dans le processus décisionnel. </p>
<p><strong>Le leadership :</strong> Un projet durable exige une nouvelle façon de le concevoir et le mettre en œuvre. Les équipes sont plus performantes si elles collaborent dès le début, si elles impliquent une équipe multidisciplinaire et si elles comprennent une vision holistique à long terme du projet. Cette catégorie couvre la gouvernance, les parties prenantes, les analyses de cycle de vie et la maintenance.</p>
<p><strong>L’utilisation des ressources :</strong> Les ressources sont nécessaires à la construction et au fonctionnement des infrastructures. Il s’agit de la quantité et des caractéristiques de ces ressources et de leur impact sur la durabilité du projet. En plus de couvrir les pratiques d’approvisionnement responsables, le recyclage, la gestion des matières résiduelles, l’utilisation de l’eau et de l’énergie, Envision s’assure du suivi de la performance et de la disponibilité des ressources lors de l’exploitation. </p>
<p><strong>Le milieu naturel :</strong> Les infrastructures peuvent avoir des effets indésirables sur l’environnement, notamment sur les habitats fauniques et floristiques et sur les services écosystémiques. Ceux-ci sont liés aux fonctions essentielles du milieu qui nous fournissent de l’air pur, de l’eau propre et contribuent à l’atténuation des risques. Par exemple, les plaines inondables jouent un rôle pour la régulation des niveaux d’eau. </p>
<p>Envision permet de rehausser la performance des projets avec différentes actions mesurables et permettant de prévenir la pollution et d’améliorer la biodiversité, en plus de renforcer les mesures d’atténuation selon le principe d’évitement, réduction, atténuation et compensation.</p>
<p><strong>Les changements climatiques et la résilience :</strong> Cette catégorie vise à réduire les émissions susceptibles de contribuer au changement climatique et à d’autres risques à court et à long terme, et à veiller à la résilience des infrastructures. </p>
<p>Ainsi, les vulnérabilités doivent être identifiées et permettent de développer un plan pour s’adapter aux risques pour la durée de vie de l’ouvrage. Envision propose aussi le calcul des GES et du <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26558155/carbone-intrinseque">carbone intrinsèque</a>, soit la somme du carbone requis tout au long du cycle de vie du projet, pour guider la réduction de l’empreinte des matériaux et du projet et optimiser les méthodes de construction. </p>
<p><strong>Vérification officielle et reconnaissance Envision :</strong> Un pointage est associé lorsque les crédits Envision sont atteints. Il peut être confirmé par une tierce partie, indépendante et formée avec rigueur, au moyen de documents déposés en ligne et démontrant la conformité. Un pourcentage du pointage est ainsi atteint et quatre niveaux de reconnaissance sont possibles : vérifié, argent, or et platine.</p>
<h2>Les bons projets, de la bonne manière</h2>
<p>Les critères Envision sont alignés avec les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dont les entreprises doivent tenir compte. Ils permettent de concrètement reconnaître des initiatives et de proposer des améliorations à l’empreinte de durabilité, de résilience et de gouvernance des organisations et des infrastructures. </p>
<p>Et au-delà de bien réaliser les projets, conformément aux principes de développement durable, Envision permet essentiellement de se demander si nous réalisons les bons projets… et de la bonne manière, ce qui offre un outil de réflexion intéressant pour modifier nos pratiques. </p>
<p>Bien que le système Envision commence à se faire connaître par les principaux donneurs d’ouvrage locaux, et que des projets pilotes sont envisagés ou amorcés, une meilleure compréhension de ses avantages permettra à terme de générer plus de valeur sociétale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207167/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maude Brunet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un nouveau système d’évaluation améliore la durabilité et la résilience des infrastructures au moyen d’indicateurs standardisés. Il permet de réaliser les bons projets, de la bonne manière.Maude Brunet, Professeure agrégée, Gestion de projets, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2052522023-08-08T14:02:53Z2023-08-08T14:02:53ZUn revenu de base garanti pour un système alimentaire plus juste et plus durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/524926/original/file-20230508-40482-cjmogq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C18%2C3971%2C2975&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une agricultrice de la ferme urbaine Roots Community Food Centre, dans le nord-ouest de l'Ontario, récolte les courges Gete-Okosomin.</span> <span class="attribution"><span class="source">(C. Levkoe)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le système alimentaire canadien <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/62f0014m/62f0014m2022014-fra.htm">subit des bouleversements constants</a>. Perturbations de la chaîne d’approvisionnement, inflation des prix et évènements météorologiques extrêmes sont en cause. </p>
<p>Évidemment, la population ressent les effets de ces tensions : en 2021, près de 16 % des ménages provinciaux ont <a href="https://proof.utoronto.ca/wp-content/uploads/2022/08/Household-Food-Insecurity-in-Canada-2021-PROOF.pdf">connu une certaine forme d’insécurité alimentaire</a>.</p>
<p>Des programmes fédéraux tels que la <a href="https://www.canada.ca/fr/services/prestations/ae/pcusc-application.html">Prestation canadienne d’urgence (PCU)</a> et le récent <a href="https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/nouvelles/2023/04/le-ministre-fraser-presente-les-investissements-du-budget-de-2023-pour-fournir-un-nouveau-remboursement-propose-pour-lepicerie.html">remboursement des épiceries</a> témoignent des interventions gouvernementales directes sur le revenu pour garantir l’équité en période d’urgence, y compris l’accès à la nourriture.</p>
<p>Il a été évoqué que ce <a href="https://theconversation.com/does-ottawas-grocery-rebate-signal-a-shift-to-a-broader-guaranteed-basic-income-203132">nouveau remboursement des épiceries</a>, qui a été distribué par le biais du système de crédit pour la taxe sur les produits et services (TPS/TVH), ouvrait la voie à l’atteinte d’un revenu de base garanti. </p>
<p>Or, un revenu de base garanti doit passer par des paiements réguliers, et non un remboursement ponctuel. </p>
<p>Un revenu de base garanti pourrait jouer un rôle clé dans la lutte contre <a href="https://www.northernpolicy.ca/upload/documents/publications/reports-new/tarasuk_big-and-food-insecurity-fr.pdf">l’insécurité alimentaire individuelle et familiale</a> chez les personnes les plus vulnérables. Et il permettrait de s’assurer que chacun puisse répondre à ses besoins de base avec dignité.</p>
<h2>Ce que disent les recherches</h2>
<p>Les groupes et réseaux en faveur d’un revenu de base au Canada s’entendent sur la mise en place d’une <a href="https://basicincomecoalition.ca/fr/qu-est-revenu-de-base/revenu-de-base-que-nous-voulons/">évaluation du revenu</a>, impliquant des transferts d’argent aux personnes dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil.</p>
<p>En tant qu’experts en systèmes alimentaires durables, nous suggérons qu’un revenu de base garanti pourrait non seulement être un outil important pour aborder l’accès économique à l’alimentation, mais également pour soutenir la durabilité de l’ensemble du système alimentaire.</p>
<p>Nous nous appuyons sur nos recherches réalisées en collaboration avec <a href="https://basicincomecoalition.ca/fr/">Coalition Canada</a>, un réseau de groupes de défense du revenu de base. Nos recherches ont réuni des équipes interdisciplinaires de chercheurs et de professionnels pour <a href="https://basicincomecoalition.ca/en/actions/case-for-basic-income/">développer une série d’études de cas</a> examinant le revenu de base dans différents secteurs. Ces secteurs comprennent les arts, la finance, la santé, les municipalités et le système de justice pénale.</p>
<p>Notre travail s’est concentré sur les secteurs de <a href="https://basicincomecoalition.ca/wp-content/uploads/2023/03/1.-Case-for-agriculture-March-3-2023.pdf">l’agriculture</a> et de la <a href="https://basicincomecoalition.ca/wp-content/uploads/2022/08/Fisheries-basic-income-case-formatted-July-2022.pdf">pêche</a>, avec l’implication des membres de l’Union nationale des fermiers, de l’Union paysanne, d’Ecotrust Canada et de l’Alliance des pêcheurs autochtones.</p>
<p>Dans l’ensemble, nos recherches suggèrent qu’un revenu de base garanti pourrait avoir un impact significatif sur les incertitudes économiques auxquelles sont confrontées les <a href="https://www.nfu.ca/fr/policy/towards-a-national-agricultural-labour-strategy-that-works-for-farmers-and-farm-workers/">agriculteurs</a> et les <a href="https://doi.org/10.1007/s10393-005-6333-7">communautés de pêcheurs</a> du Canada. Cet outil pourrait également contribuer à une <a href="https://theconversation.com/lautonomie-alimentaire-nest-pas-suffisante-il-faut-viser-un-systeme-alimentaire-sain-et-juste-195416">transition plus juste et durable du système alimentaire</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lautonomie-alimentaire-nest-pas-suffisante-il-faut-viser-un-systeme-alimentaire-sain-et-juste-195416">L’autonomie alimentaire n’est pas suffisante. Il faut viser un système alimentaire sain et juste</a>
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<h2>Réduire l’incertitude économique</h2>
<p>L’un des impacts potentiels d’un revenu de base garanti serait de réduire l’incertitude économique pour les travailleurs les plus vulnérables des secteurs de l’agriculture et des pêcheries. </p>
<p>Les personnes employées dans le secteur de la transformation alimentaire et de la pêche ainsi que les ouvriers agricoles sont particulièrement vulnérables au chômage saisonnier, aux bas salaires, aux avantages sociaux inéquitables, et aux conditions de travail dangereuses, y compris des <a href="https://doi.org/10.1016/j.aquaculture.2021.736680">taux élevés d’accidents du travail et de maladies professionnelles</a>.</p>
<p>Un revenu de base garanti pourrait offrir aux individus une plus grande sécurité financière et un plus grand contrôle sur leurs choix d’emploi et ainsi contribuer à résoudre les inégalités raciales, de classe et de genre <a href="https://doi.org/10.15353/cfs-rcea.v9i2.521">qui prévalent dans le travail lié aux systèmes alimentaires</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une moissonneuse-batteuse récolte une culture de blé dans un champ" src="https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un revenu de base garanti pourrait avoir un impact significatif sur les incertitudes économiques auxquelles font face les travailleurs-euses des industries agricoles et de la pêche au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jeff McIntosh</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Soutenir les nouveaux pêcheurs et agriculteurs</h2>
<p>Un deuxième impact potentiel d’un revenu de base garanti pourrait être de soutenir la relève dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Dans l’ensemble du Canada, la main-d’œuvre des industries de la <a href="https://atlanticfisherman.com/the-greying-of-the-fleet/">pêche commerciale</a> et de <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220511/dq220511a-fra.htm">l’agriculture</a> vieillit.</p>
<p>Soutenir les nouveaux agriculteurs et pêcheurs, en particulier ceux qui utilisent des pratiques socialement et écologiquement durables, est essentiel pour construire un système alimentaire plus résilient.</p>
<p>La relève en agriculture et dans le milieu de la pêche commerciale <a href="https://foodsecurecanada.org/fr/communaute-et-reseaux/nouveaux-agriculteurs-et-pecheurs">fait face à d’importantes barrières</a> liées aux coûts élevés d’entrée tels que l’accès à la terre et aux équipements ou l’achat d’un bateau et d’une licence de pêche combinés à des prix fluctuants et incertains pour leurs produits.</p>
<p>Bien qu’un revenu de base garanti ne puisse pas à lui seul résoudre ces défis, il pourrait offrir une <a href="https://www.nfu.ca/wp-content/uploads/2020/04/Income-Stability-Supplement-Proposal.pdf">plus grande stabilité économique aux nouveaux agriculteurs et pêcheurs</a>, particulièrement dans l’optique où ils doivent investir dans les infrastructures et la formation.</p>
<h2>Se préparer aux futurs facteurs de stress</h2>
<p>Un revenu de base garanti pourrait également constituer une étape vers la construction d’une résilience face aux facteurs de stress persistants, tels que la crise climatique et les évènements météorologiques extrêmes, en plus de permettre de se préparer aux urgences futures.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a démontré que ceux et celles ayant des revenus plus stables et des conditions de travail flexibles sont <a href="https://doi.org/10.3389/fsufs.2021.614368">mieux équipés pour s’adapter aux chocs imprévus</a>. Par exemple, pendant la pandémie, les entreprises de transformation de produits de la mer de type <a href="https://open.library.ubc.ca/soa/cIRcle/collections/ubctheses/24/items/1.0390311">« du bateau à la fourchette »</a> ont mieux résisté aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement des produits de la mer en raison de capacité d’adaptation et de leur proximité avec les consommateurs.</p>
<p>Actuellement, les agriculteurs et pêcheurs à petite échelle bénéficient de moins de soutien, car la plupart des <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2020.539214">subventions vont aux grandes entreprises industrielles</a>. Cependant, ces petits producteurs jouent un rôle crucial dans <a href="https://theconversation.com/the-future-of-food-is-ready-for-harvest-103050">l’approvisionnement alimentaire des marchés régionaux et locaux</a>, ce qui peut servir de tampon important en période de crise, réduisant le stress lié aux chaînes d’approvisionnement de longue distance.</p>
<p>La mise en place d’un revenu de base garanti serait une mesure proactive pour <a href="https://doi.org/10.1080/19320248.2015.1004220">soutenir des moyens de subsistance équitables</a> pour les petits agriculteurs et pêcheurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des personnes se tiennent sur le pont d’un petit bateau de pêche qui flotte dans le port d’un plan d’eau" src="https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des pêcheurs autochtones quittent le port de Saulnierville, Nouvelle-Écosse en octobre 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Andrew Vaughan</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les prochaines étapes pour le système alimentaire</h2>
<p>Un revenu de base garanti aurait le potentiel d’apporter de nombreux impacts positifs. Mais il ne devrait pas remplacer les programmes gouvernementaux existants de soutien à l’agriculture et à la pêche tels que les subventions, la recherche publique et la formation et les programmes de développement des compétences.</p>
<p>Un revenu de base garanti ne devrait pas non plus remplacer les programmes contributifs tels que les <a href="https://www.canada.ca/fr/services/prestations/ae/assurance-emploi-pecheur.html">prestations d’assurance-emploi pour les pêcheurs</a>. Un revenu de base garanti offrirait un soutien aux pêcheurs dont les revenus sont trop faibles pour être admissibles à l’assurance-emploi ou qui sont dans l’incapacité de partir en mer.</p>
<p>Des recherches et des efforts politiques supplémentaires seront essentiels pour mieux comprendre comment un revenu de base garanti pourrait chevaucher d’autres formes de soutien financier telles que les assurances, les prêts et le financement climatique.</p>
<p>Des recherches supplémentaires seront également essentielles pour comprendre comment un revenu de base garanti pourrait soutenir les travailleurs migrants recrutés dans le cadre du <a href="https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/travailleurs-etrangers-temporaires.html">Programme des travailleurs étrangers temporaires</a>. Les travailleurs migrants sont essentiels à la transformation des produits de la pêche, de la viande et de l’horticulture.</p>
<p>Il est également nécessaire de réfléchir de manière systématique et holistique au rôle du revenu de base dans l’ensemble du système alimentaire. La seule façon de le faire est d’obtenir davantage de contributions des communautés agricoles et de pêche et des communautés autochtones en collaboration avec des organisations de lutte contre la pauvreté, de souveraineté alimentaire et de justice alimentaire.</p>
<p>Nous pensons qu’un revenu de base garanti est un outil prometteur pour contribuer à la durabilité et à la justice dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, tout en encourageant le développement de réseaux intersectoriels, de recherches et de politiques communes.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs tiennent à souligner la contribution des équipes d’auteurs de la série de documents de Coalition Canada sur le revenu de base.</em></p>
<p><em>Cet article a été traduit de l’anglais par Marie-Camille Théorêt, assistante de recherche de <a href="https://theconversation.com/profiles/bryan-dale-1145023/">Bryan Dale</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205252/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kristen Lowitt a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charles Z. Levkoe a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du gouvernement de l'Ontario.</span></em></p>Le revenu de base garanti est un outil prometteur pour contribuer à la durabilité et à la justice dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.Kristen Lowitt, Assistant Professor, Environmental Studies, Queen's University, OntarioCharles Z. Levkoe, Canada Research Chair in Equitable and Sustainable Food Systems, Lakehead UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2018342023-06-15T07:15:35Z2023-06-15T07:15:35ZLes entreprises peuvent-elles atteindre une véritable durabilité ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517772/original/file-20230327-18-bi2555.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C2%2C1897%2C1273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour que les approches des entreprises en matière de développement durable fonctionnent réellement, elles doivent être sincères et authentiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Il est rare qu’une journée passe sans que l’on entende parler de la fragilité de nos écosystèmes naturels et des <a href="https://doi.org/10.1111/conl.12713">répercussions que l’activité économique linéaire</a> a sur eux. </p>
<p>Cet état de fait n’est pas récent – il perdure au moins depuis que le <a href="https://www.clubofrome.org/publication/the-limits-to-growth/">club de Rome nous a mis en garde</a>, dès 1972, qu’une croissance économique infinie et un développement démographique rapide sont incompatibles avec la vie sur Terre. </p>
<p>La situation actuelle est, sans équivoque, alarmante. Malgré de <a href="https://unfccc.int/process/bodies/supreme-bodies/conference-of-the-parties-cop">nombreuses conférences historiques</a> et d’innombrables promesses visant à rendre l’activité économique plus compatible avec les capacités de notre planète, les progrès environnementaux des trois dernières décennies ne permettent pas de pallier les défis posés par le dérèglement climatique.</p>
<p>Alors que l’action climatique s’est surtout concentrée sur les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous commençons enfin à prendre conscience de <a href="https://theconversation.com/biodiversity-treaty-un-deal-fails-to-address-the-root-causes-of-natures-destruction-196905">l’impact des activités humaines et industrielles sur la perte de biodiversité</a>. </p>
<p>L’érosion de la biodiversité exacerbe le changement climatique en inhibant la capacité de la Terre à se protéger et à se régénérer. Les <a href="https://ipbes.net/assessing-knowledge">services que nous rend la biodiversité sont innombrables</a>. La nature n’a pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’elle. </p>
<p>Nous croyons qu’un changement de paradigme est possible et qu’une partie de ce changement impliquera l’intégration d’une véritable approche de la durabilité dans les organisations. Mais pour que cette approche fonctionne, il faut qu’elle soit à la fois vraie et authentique.</p>
<h2>Un rapport historique</h2>
<p>Allen White, cofondateur de la <a href="https://www.globalreporting.org/"><em>Global Reporting Initiative</em></a>, a décrit le rapport <a href="https://cdn.unrisd.org/assets/library/reports/2022/manual-sdpi-2022.pdf"><em>Authentic Sustainability Assessment</em></a> des Nations unies comme un véritable <a href="https://cdn.unrisd.org/assets/legacy-files/301-info-files/B70382A13E0AE0BDC125841F003C46AC/SDPI---Allen-White-Keynote-Speech.pdf">« moment Brundtland »</a>, en référence au <a href="https://www.britannica.com/topic/Brundtland-Report">rapport historique de 1987</a> sur le développement durable. </p>
<p>White soutient que les historiens se souviendront de cette publication dans dix ans comme d’un grand moment historique dans la trajectoire du développement durable. De nombreux autres dirigeants et experts de l’écosystème du développement durable s’accordent sur <a href="https://sustainablebrands.com/read/new-metrics/un-releases-manual-for-companies-to-conduct-authentic-context-based-sustainability-assessments">l’importance et la pertinence de ce rapport</a>. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un papillon monarque, aux ailes orange et aux veines noires, déploie ses ailes sur la tige d’une plante" src="https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La perte de biodiversité exacerbe le changement climatique en inhibant la capacité de la Terre à se protéger et à se régénérer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Publié en novembre 2022, ce rapport constitue le premier guide complet sur l’utilisation des limites planétaires comme point de référence dans la reddition de comptes des entreprises en matière de développement durable. <a href="https://doi.org/10.1126/science.1259855">Les limites planétaires</a> fixent les frontières à l’intérieur desquelles l’humanité peut se développer et vivre en toute sécurité, sans épuiser les ressources de la Terre. </p>
<p>Ce rapport est l’aboutissement de <a href="https://r3dot0.medium.com/unrisd-ushers-in-a-new-era-of-authentic-sustainability-assessment-with-the-release-of-its-84a1d6761927">plus de quatre années de recherche</a>, de consultation et de plaidoyer en faveur d’une nouvelle génération d’outils de responsabilisation. Il s’agit, dans sa forme la plus simple, d’un engagement à faire entrer l’évaluation de la durabilité organisationnelle dans une nouvelle ère d’authenticité.</p>
<p>En filigrane, le rapport soutient que les pratiques des entreprises actuelles sont inauthentiques et insuffisantes pour parvenir à une véritable durabilité.</p>
<h2>Indicateurs de durabilité</h2>
<p>Le concept d’<a href="https://sdpi.unrisd.org/platform/">indicateurs de performance en matière de développement durable (IPDD)</a> est au cœur du rapport <em>Authentic Sustainability Assessment</em>. Ces indicateurs mesurent les performances en matière de développement durable des entreprises, des organisations à but non lucratif et d’autres organisations économiques en utilisant une approche nouvelle et améliorée. </p>
<p>Ces indicateurs s’éloignent de l’ancienne approche de divulgation qui repose sur l’idée d’extraire des ressources infinies d’une planète finie (postulat d’un modèle économique linéaire). Les rapports qui reprennent cette approche désuète comprennent la <a href="https://www.globalreporting.org/"><em>Global Reporting Initiative</em></a>, le <a href="https://www.sasb.org/"><em>Sustainability Accounting Standards Board</em></a> et le plus récent <a href="https://www.ifrs.org/groups/international-sustainability-standards-board/"><em>International Sustainability Standards Board</em></a>. </p>
<p>La nouvelle approche des IPDD interroge les conditions sous-jacentes qui compromettent le développement durable. Pour ce faire, les IPDD proposent de respecter les limites planétaires de façon holistique, qu’elles soient sociales, économiques ou environnementales.</p>
<p>La divulgation conventionnelle consiste à comparer des organisations similaires du même secteur ou de la même zone géographique et à divulguer ses « bonnes » performances par rapport aux années précédentes. </p>
<p>Les IPDD, quant à eux, comparent les entreprises à un seuil de durabilité scientifiquement établi et basé sur le contexte.</p>
<h2>Seuils de durabilité</h2>
<p>La performance d’une organisation en matière de durabilité s’exprime en termes d’impact de l’organisation sur des actifs vitaux, tels que les limites planétaires et les seuils sociaux, par rapport aux normes de durabilité. Cela garantit le bien-être de toutes les parties prenantes, humaines et naturelles, qui contribuent à l’équilibre social, économique et environnemental. </p>
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<img alt="Une foule de personnes en costume regarde un grand écran sur lequel est inscrit l’indice composite S&P TSX" src="https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les marchés boursiers demandent de plus en plus aux entreprises cotées en bourse de divulguer leurs performances en matière de développement durable ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Tijana Martin</span></span>
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<p>Selon le rapport, c’est seulement en comparant les impacts réels aux impacts normatifs que l’on peut évaluer la véritable durabilité. </p>
<p>Prenons l’exemple de l’eau, une <a href="https://theconversation.com/ipcc-report-half-the-world-is-facing-water-scarcity-floods-and-dirty-water-large-investments-are-needed-for-effective-solutions-175578">denrée de plus en plus rare</a>. Une organisation qui réduit sa consommation d’eau de 35 % ou qui est la plus économe en eau par rapport à ses concurrents ne nous dit rien sur la durabilité de cette consommation d’eau.</p>
<p>Une organisation peut être la meilleure de son secteur en matière d’économie d’eau et pourtant avoir des résultats médiocres en matière de durabilité. La durabilité ne se mesure pas à l’effort, mais à la capacité des écosystèmes – comme les limites planétaires, la pollution et la biodiversité.</p>
<p>Les IPDD recommandent plutôt de comparer la consommation d’eau à la capacité des écosystèmes et aux besoins réels en eau des espèces vivantes. C’est précisément cet équilibre entre la consommation réelle et la disponibilité des ressources, à la lumière de la capacité des écosystèmes, qui déterminera la véritable durabilité d’une organisation.</p>
<h2>Vers une véritable durabilité</h2>
<p>Au fil du temps, les entreprises seront de plus en plus tenues de divulguer leur impact sur le développement durable. Ce sera le cas pour les grandes entreprises européennes à partir de 2024, à la suite de l’adoption de la directive <a href="https://finance.ec.europa.eu/capital-markets-union-and-financial-markets/company-reporting-and-auditing/company-reporting/corporate-sustainability-reporting_en"><em>Corporate Sustainability Reporting</em></a>.</p>
<p>Les marchés boursiers évoluent également dans cette direction, obligeant les entreprises cotées en bourse à divulguer leurs performances en matière de développement durable aux <a href="https://sseinitiative.org/esg-disclosure/">États-Unis</a> et au <a href="https://www.cpacanada.ca/en/business-and-accounting-resources/financial-and-non-financial-reporting/sustainability-environmental-and-social-reporting/publications/a-primer-for-environmental-social-disclosure">Canada</a>. </p>
<p>L’adoption généralisée et concertée des IPDD dans le monde peut, dans le cadre de cette dynamique croissante de divulgation des performances en matière de développement durable, favoriser un développement durable authentique à la hauteur des défis à relever. </p>
<p>Nous devons être collectivement ambitieux et tirer parti de la pertinence et de l’originalité de ces nouveaux indicateurs, qui pavent une nouvelle voie vers la réalisation d’une durabilité authentique.</p>
<hr>
<p><em>Ghani Kolli, associé chez Credo Impact, a co-écrit cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201834/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sofiane Baba a régulièrement reçu des financements d'organismes subventionnaires tels que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Fonds de recherche - Société et Culture du Québec (FRQSC) et le MITACS.</span></em></p>Les progrès récents dans la manière dont les organisations mesurent les performances en matière de durabilité pourraient conduire à une approche véritablement authentique de la durabilité.Sofiane Baba, Professeur agrégé en management stratégique, Université de Sherbrooke Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1959922023-06-15T07:05:04Z2023-06-15T07:05:04ZMesurer le développement durable, est-ce possible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514988/original/file-20230313-16-skrut2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C985%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La recherche d’un équilibre dans la réponse aux besoins humains en lien avec les limites du milieu est un enjeu perpétuel dans l’histoire de l’humanité.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>L’application du développement durable (DD) est complexe. Qui plus est, le DD est une utopie : <a href="https://banq.pretnumerique.ca/resources/4ecd2256d8024b15e0000376">« La seule chose qui soit durable dans l’histoire du vivant, c’est le changement et l’adaptation »</a>, précise l’écologiste Francesco di Castri dans sa préface de « Qui a peur de l’an 2000 ? », un guide d’éducation relative à l’environnement. </p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
<hr>
<p>Alors, comment faire pour mesurer ce qui n’existe pas encore ? Comment le faire de manière objective et systémique ? Comment éviter l’<a href="https://www.lesaffaires.com/dossier/l-investissement-responsable-est-en-vogue/quest-ce-que-lecoblanchiment-et-comment-leviter/636828">écoblanchiment</a> (mascarade écologique), ou <em>greenwashing</em> ? </p>
<p>Nous sommes chercheurs en développement durable, écologie industrielle et lutte aux changements climatiques au Département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Nous tenterons d’apporter un éclairage sur ces questions au sein de la <a href="http://ecoconseil.uqac.ca/">Chaire en éco-conseil</a>.</p>
<h2>Le DD : hier, aujourd’hui et demain</h2>
<p>La volonté de durabilité n’est pas nouvelle. La recherche d’un équilibre dans la réponse aux besoins humains en lien avec les limites du milieu est un enjeu perpétuel dans l’histoire de <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/3/10/1637">l’humanité</a>. À cet égard, le domaine de la foresterie en zone boréale, avec sa perspective temporelle longue, peut bien représenter ce besoin d’équilibre entre tous les utilisateurs et la conservation des écosystèmes. </p>
<p>Néanmoins, le DD a été formalisé vers la fin du <a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">XXᵉ siècle</a>. En 1972, la <a href="http://www.un-documents.net/aconf48-14r1.pdf">Conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm</a> a statué que le développement et l’environnement, jusque-là considérés en opposition, pouvaient être traités de manière mutuellement bénéfique. </p>
<p>En 1987, la <a href="http://www.un-documents.net/our-common-future.pdf">définition moderne du DD</a> émerge du rapport Brundtland « Notre avenir à tous », lors de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement : </p>
<blockquote>
<p>Un développement qui permet de répondre aux besoins de la génération actuelle sans remettre en cause la capacité des générations futures à répondre aux leurs. </p>
</blockquote>
<p>Cette définition est excellente, mais son application par des actions concrètes demeure vague. </p>
<p>Malgré l’adoption en 1992 de l’Agenda 21, la Conférence Rio+20 en 2012, constatant des progrès insatisfaisants, a appelé à l’adoption d’objectifs, de cibles et d’indicateurs applicables à toutes les échelles. Et de surcroît, capables de mobiliser l’action pour obtenir des résultats concrets et mesurables à l’horizon 2030. </p>
<p>C’est ainsi qu’en 2015 a été adopté le <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/">Programme 2030</a>, un cadre de référence global pour le DD. Ce programme s’articule autour de 17 objectifs de développement durable (ODD) et 169 cibles. C’est un appel universel pour éliminer la pauvreté, protéger la planète et améliorer le quotidien de tous les êtres humains partout dans le monde.</p>
<p>Mais comment opérationnaliser ces objectifs vertueux dans des politiques, stratégies, programmes et projets concrets, et objectivement mesurables dans le temps à toutes les échelles ? C’est le défi que l’<a href="https://www.francophonie.org/">Organisation internationale de la francophonie</a> a demandé à la Chaire en éco-conseil de l’UQAC de relever, dans un partenariat de 2014 à 2018.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="vue aérienne d’une forêt" src="https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le domaine de la foresterie en zone boréale, avec sa perspective temporelle longue, peut bien représenter le besoin d’équilibre entre tous les utilisateurs et la conservation des écosystèmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Des outils pour mettre en œuvre le DD</h2>
<p>L’application du DD ne peut se faire sans une démarche systémique. <a href="https://constellation.uqac.ca/8063/">L’analyse systémique de la durabilité</a> (ASD) permet de mettre en perspective les dimensions multiples du DD, les synergies et les antagonismes et les moyens mis en œuvre pour les atteindre. La Grille d’analyse de développement durable (<a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">GADD</a>) et la Grille de priorisation des cibles des ODD (<a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/5/2520">GPC-ODD</a>) sont les deux principaux outils de l’ASD.</p>
<p>Le développement de la GADD a débuté il y a plus de 30 ans, tout juste après la commission Brundtland. Depuis 2017, la GADD fait partie des <a href="https://sdgintegration.undp.org/guide-sustainable-development-analysis-grid">outils disponibles aux Nations unies</a> pour l’intégration des ODD du Programme 2030. La GADD est un outil gratuit et <a href="https://constellation.uqac.ca/id/eprint/3959/">accessible au public</a>. Elle vise à orienter des politiques, des stratégies, des programmes ou des projets (PSPP) de DD, <a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">pour bonifier leurs lacunes et/ou caractériser leur avancement</a>. La GADD opérationnalise le DD par une démarche pragmatique et responsable. </p>
<p>Le DD n’y est pas pensé comme une idéologie, mais plutôt comme une façon de répondre aux besoins légitimes des communautés au présent, ce qui justifie qu’on s’en serve pour contester les politiques, stratégies, programmes et projets. Ces besoins sont identifiés et traités dans un modèle dynamique à six dimensions : écologique, sociale, économique, éthique, culturelle et gouvernance. </p>
<p>La GADD est un outil diagnostique qui peut s’appliquer au présent et dans le futur dans une démarche d’amélioration continue. Ainsi, des figures géométriques et des indices de priorisation permettent de visualiser les résultats de l’analyse, qui fait intervenir la notion d’importance de l’objectif, de la performance actuelle de l’organisation et des mesures de bonification qui pourraient faire l’objet d’un plan d’action pour améliorer la performance, déterminer des indicateurs et fixer des cibles. </p>
<p>La GADD est un outil mature qui a été appliqué dans de nombreux contextes et pays développés et en développement (Canada, États-Unis, France, Chine, Bénin, Burkina Faso, etc.). Une application détaillée est présentée dans un <a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">article de 2017</a>, pour le cas d’étude de la Mine Arnaud à Sept-Îles (Québec, Canada), où un accompagnement de la Chaire en éco-conseil a été effectué. </p>
<p>Grâce à son guide d’utilisation, la GADD peut aussi s’appliquer sans accompagnement. En exemple, le Groupe Boisaco de l’industrie forestière l’a utilisée dans sa <a href="https://boisaco.com/wp-content/uploads/2023/02/Rapport-Developpement-Durable_Boisaco-1.pdf">démarche de planification stratégique</a>. Le Groupe Boisaco est un intervenant forestier majeur en forêt boréale dans la Haute-Côte-Nord. La GADD y a été utilisée pour renforcer l’engagement du Groupe Boisaco envers le DD. La GADD permet d’y considérer tous les facteurs influençant le devenir des forêts et de mettre en place des mesures qui respectent les principes du DD et en couvrent toutes les dimensions. </p>
<p>De son côté, la <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/5/2520">GPC-ODD</a> a été développée en utilisant spécifiquement le cadre des ODD du Programme 2030 et en y appliquant la mécanique de priorisation de la GADD. La GPC-ODD guide des entités (pays, régions, collectivités locales, organisations publiques et privées) dans la priorisation des cibles des ODD pour la mise en œuvre du Programme 2030. Elle leur permet de rapporter leurs réalisations en fonction de leur contribution spécifique à l’avancement des cibles des ODD. </p>
<p>L’entité utilise cet outil dans sa priorisation 1) en identifiant l’importance des cibles, 2) en évaluant les performances actuelles en lien avec ces cibles et 3) en analysant les compétences (selon l’échelle de gouvernance et la portée d’action de l’entité) pour l’application des cibles.</p>
<p>Au final, la GPC-ODD permet aux entités de s’approprier les cibles des ODD et de les mettre en œuvre selon leurs priorités et capacités. La GPC-ODD a été appliquée dans la démarche de la <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/5/2520">Stratégie de DD de la Ville de Québec</a> (Québec, Canada). L’outil est aussi utilisé dans diverses industries comme l’aluminium, la production laitière, le tourisme et les ports, ainsi que dans des projets de recherche à la Chaire en éco-conseil.</p>
<h2>Alors… peut-on mesurer le DD ?</h2>
<p>… Oui, c’est possible, mais dans un cadre où le DD est appliqué de manière dynamique dans le temps et selon une démarche pragmatique et systémique avec des indicateurs mesurables, comme le font la GADD et la GPC-ODD.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195992/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrick Faubert a reçu des financements de Mitacs, MAPAQ, MFFP, etc. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Claude Villeneuve et David Tremblay ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Peut-on mesurer le développement durable ? Peut-on l’opérationnaliser au-delà des principes vertueux ?Patrick Faubert, Professor - Industrial ecology and climate change mitigation, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Claude Villeneuve, Professeur titulaire Chaire en éco-conseil spécialiste des changements climatiques, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)David Tremblay, Chercheur postdoctoral, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2048682023-05-23T13:43:42Z2023-05-23T13:43:42ZLes municipalités québécoises sont plus actives qu’on ne le pense en matière de développement durable<p>Les récentes inondations au Québec ont mis en évidence l’importance de soutenir les villes et les régions pour mieux protéger les populations contre les impacts socio-économiques des phénomènes météorologiques extrêmes, exacerbés par le réchauffement climatique. C’est là tout l’enjeu du développement durable aujourd’hui : protéger les communautés contre ces aléas tout en les préparant aux défis environnementaux futurs.</p>
<p>C’est dans cette optique, entre autres, que le ministère des Affaires municipales et de l’habitation (MAMH) du Québec a publié un <a href="https://www.mamh.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/ministere/developpement_durable/portrait_developpement_durable.pdf">nouveau portrait du développement durable dans 1 108 municipalités locales et 87 MRC du Québec</a>. Ce rapport aborde 19 enjeux répartis en trois dimensions : environnementale, sociale et économique. </p>
<p>En tant que géographe dont les recherches portent sur les indicateurs et les pratiques de développement durable au niveau des villes et des régions, j’ai contribué à la réalisation de ce rapport par la collecte d’informations et de données provenant des sites web des municipalités et des sources gouvernementales. </p>
<p>Ce rapport révèle que les municipalités québécoises, petites et grandes, sont en transition vers un développement plus durable – et sont même plus actives qu’on ne le pense. </p>
<p>Sur certains enjeux, la possibilité d’assujettir les municipalités à la <a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/D-8.1.1">Loi sur le développement durable</a> mérite d’être étudiée, car plusieurs d’entre elles ont déjà adopté des mesures en ce sens. Dans un tel scénario, elles seront tenues d’agir conformément aux principes énoncés dans la Loi et d’en rendre compte, à l’instar de l’ensemble des ministères et agences gouvernementales. Une telle initiative exigerait toutefois de bien distinguer les exigences en fonction de la taille et du niveau d’urbanisation des municipalités. Elle nécessiterait aussi une collaboration plus étroite avec d’autres ministères et organismes gouvernementaux qui soutiennent diverses actions sociales, environnementales et économiques menées par les municipalités. Finalement, elle exigerait une gouvernance de données efficace.</p>
<p>Dans cet article, je propose un aperçu de sept enjeux tirés du rapport du MAMH sur lesquels une majorité de municipalités québécoises sont actives.</p>
<h2>1. La cohésion sociale</h2>
<p>La cohésion sociale vise à créer une société équitable et inclusive qui répond aux besoins de ses membres, tout en tenant compte de l’évolution démographique. 95 % des 1108 municipalités locales et 90 % des 87 MRC du Québec s’en préoccupent, ce qui est encourageant. En effet, l’accentuation du changement climatique affectera surtout les groupes les plus vulnérables tels que les personnes âgées et entraînera une hausse des migrations, notamment en provenance de zones touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes, qu’elles soient locales ou internationales.</p>
<p>Les mesures les plus courantes au Québec comprennent le programme Municipalité amie des aînées et aînés (74,4 % des municipalités), les Municipalités alliées contre la violence conjugale (61,3 %) et la Politique familiale municipale (28,8 %). </p>
<p>Ces initiatives visent à favoriser la participation des aîné·e·s, lutter contre la violence conjugale et soutenir les familles, grâce à des programmes, infrastructures et services adaptés.</p>
<h2>2. La gestion des matières résiduelles</h2>
<p>La gestion des matières résiduelles est le deuxième enjeu le plus important pour les municipalités locales (85 %). </p>
<p>Plus précisément, on parle de 834 municipalités qui ont mis des initiatives en place pour réduire les déchets et encourager le recyclage. Les écocentres, présents dans 582 municipalités (52,5 %), sont des lieux de dépôt volontaire, souvent gratuits pour les citoyens, qui acceptent les matières résiduelles destinées au recyclage, à la valorisation et parfois au réemploi. </p>
<p>La collecte des matières organiques est une autre mesure répandue, mise en œuvre par 557 municipalités (50,3 %). De plus, 41 municipalités (3,7 %) ont choisi de bannir le plastique et les articles à usage unique pour réduire l’impact environnemental de leurs déchets et ce nombre inclut de petites municipalités de 10 000 habitants ou moins. </p>
<h2>3. Les changements climatiques</h2>
<p>En matière de changements climatiques, le <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/programmes/climat-municipalites2/index.htm">Programme Climat municipalités</a> a été central au financement des actions municipales de réduction des émissions de GES et d’adaptation. </p>
<p>La phase 1, en 2009, a financé les inventaires d’émissions et plans d’action de 265 municipalités participantes, tandis que la phase 2 a soutenu des projets novateurs de 59 municipalités. </p>
<p>Depuis 2000, le <a href="https://www.mamh.gouv.qc.ca/developpement-territorial/fonds-et-programmes/fonds-municipal-vertmcfmv/">Fonds municipal vert</a> a financé 170 projets environnementaux dans 102 municipalités québécoises. On parle ici de projets variés en efficacité énergétique comme à <a href="https://info.gmf-fmv.ca/fr-FR/projectdetails/?id=b6f31b67-17dd-ec11-bb3c-0022486da190">Mercier</a> et <a href="https://info.gmf-fmv.ca/fr-FR/projectdetails/?id=fc4c8f58-17dd-ec11-bb3c-0022486da797">Plessiville</a>, ou encore en aménagement du territoire comme à <a href="https://info.gmf-fmv.ca/fr-FR/projectdetails/?id=3e861c61-17dd-ec11-bb3c-0022486da190">Bromont</a> et à <a href="https://info.gmf-fmv.ca/fr-FR/projectdetails/?id=683f9252-17dd-ec11-bb3c-0022486da797">Saint-Valérien</a>.</p>
<h2>4. La gestion de l’eau potable et des eaux usées</h2>
<p>La gestion de l’eau potable et des eaux usées concerne près de 60 % des municipalités. </p>
<p>Les mesures principales s’inscrivent dans la Stratégie municipale d’économie d’eau potable (56,1 % des municipalités), le Programme d’infrastructures municipales d’eau (PRIMEAU) pour 65 municipalités, majoritairement de moins de 10 000 habitants, et le Programme d’excellence Municipalité Écon’Eau, davantage adopté par les municipalités de 100 000 habitants et plus.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un ingénieur contrôlant la qualité de l’eau, réservoir de boues activées aérées dans une usine de traitement des eaux usées" src="https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524208/original/file-20230503-15-a3c023.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La gestion de l’eau potable et des eaux usées concerne près de 60 % des municipalités.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>5. La participation citoyenne</h2>
<p>Plus de la moitié des 1108 municipalités (50,4 %) ont adopté des mesures pour encourager la participation citoyenne, par exemple dans l’élaboration d’un projet ou d’une politique publique.</p>
<p>Les initiatives les plus populaires incluent le vote par correspondance (30,7 %), l’urbanisme participatif (27,2 %) et le budget participatif (4,2 %). </p>
<p>Ces mesures permettent aux citoyens de s’impliquer activement dans la prise de décision et la gestion communautaire.</p>
<h2>6. La mobilité et le transport</h2>
<p>Parmi les mesures les plus courantes en matière de mobilité et transport, 405 municipalités (36,6 %) ont mis en place des services de transport collectif comme les autobus et les taxis collectifs. Ces services offrent une alternative à l’utilisation de la voiture individuelle et permettent une mobilité à un plus grand nombre de personnes.</p>
<p>De plus, 64 municipalités (5,8 %) participent au Programme d’aide financière au développement des transports actifs dans les périmètres urbains, favorisant la marche et le vélo comme modes de déplacement. </p>
<p>Par ailleurs, 58 municipalités (5,2 %) comme <a href="https://umq.qc.ca/publication/une-etape-franchie-pour-le-saint-eustache-de-demain-depot-du-plan-de-mobilite-urbaine/">Saint-Eustache</a> et <a href="https://www.drummondville.ca/projets-majeurs/mobilite-durable/">Drummondville</a>, ont adopté un plan de mobilité durable, intégrant la planification et la gestion des transports dans une vision à long terme du développement urbain. On parle ici d’un ensemble de mesures comme l’amélioration des infrastructures cyclables et piétonnières, l’augmentation de la desserte en transport en commun, la sécurisation et l’embellissement des rues, l’installation de feux piétons, la réduction de la vitesse, la création d’intersections plus sûres et l’expansion du réseau cyclable, ainsi que le verdissement des rues pour atténuer les îlots de chaleur.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Bus circulant sur la route en ville tôt le matin. Vue sur le trafic avec les feux de circulation et le transport" src="https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524213/original/file-20230503-1344-zau23q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Parmi les mesures les plus courantes en matière de mobilité et transport, 405 municipalités (36,6 %) ont mis en place des services de transport collectif.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>7. L’alimentation et l’agriculture</h2>
<p>Enfin, 421 des 1108 municipalités adoptent des mesures liées à l’alimentation et à l’agriculture, principalement celles de 2 000 à 10 000 habitants. </p>
<p>Les mesures incluent des initiatives d’agriculture et potagers communautaires (84 municipalités), la réglementation sur l’élevage, la pisciculture et l’apiculture (77 municipalités) et l’adhésion aux Fleurons du Québec (30 % des municipalités). Cette dernière est un <a href="https://www.fleuronsduquebec.com/municipalites/">programme de reconnaissance des efforts d’embellissement horticole des municipalités québécoises</a> (30 % des municipalités).</p>
<h2>Une approche unique ne convient pas à toutes les municipalités</h2>
<p>Ce portrait réalisé par le MAMH montre que plus de 85 % des municipalités québécoises mènent des actions couvrant les trois dimensions du développement durable, mais leurs priorités varient selon leur taille et leur niveau d’urbanisation. </p>
<p>Pour mieux soutenir les efforts des municipalités en développement durable, le gouvernement pourrait établir des objectifs et des programmes qui tiennent compte de leur situation géographique et des progrès déjà réalisés. Par exemple, il faudra envisager des approches distinctes pour les deux communautés métropolitaines de Montréal et de Québec, les autres grandes villes de plus 100 000 habitants, les municipalités situées dans une zone métropolitaine et celles hors de ces zones.</p>
<p>Concevoir de tels programmes ciblés est aujourd’hui possible, car les données plus précises et fiables permettant au gouvernement d’ajuster ses interventions en fonction des réalités locales et régionales existent. Cependant, face aux disparités en termes de capacités, ressources et compétences numériques des municipalités québécoises, il faudra commencer par établir un système qui faciliterait l’accès, la production, la confidentialité, le partage et l’exploitation des données relatives au développement durable au service des municipalités. Ceci permettrait au gouvernement d’optimiser ses interventions tout en réduisant le fardeau lié à la reddition de compte pour les administrations municipales dont la vaste majorité dispose de ressources humaines limitées. </p>
<p>Cette réflexion autour d’un tel système est au cœur d’un nouveau <a href="https://www.linkedin.com/posts/justerajaonson_sustainabledevelopment-grant-machinelearning-activity-7051927879969865729-V2zM">projet soutenu par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada</a>, piloté au Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG-UQAM, en collaboration avec l’Institut EDS de l’Université Laval et le MAMH.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204868/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Société et Culture pour les étapes initiales de ce projet et du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada pour les étapes subséquentes.</span></em></p>Un rapport du gouvernement provincial montre que les municipalités québécoises sont plus actives qu’on ne le pense en matière de développement durable.Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2042542023-04-21T14:04:56Z2023-04-21T14:04:56ZUn nouveau projet de troisième lien entre Lévis et Québec, mais toujours pas d’études<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522226/original/file-20230420-26-xg4ybr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=50%2C0%2C4850%2C3528&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ministre des Transports du Québec, Geneviève Guilbault, annonce que le gouvernement ne construira pas de troisième lien pour les voitures entre Lévis et Québec lors d'une conférence de presse, le 20 avril 2023 à Québec.</span> <span class="attribution"><span class="source">(La Presse Canadienne/Jacques Boissinot)</span></span></figcaption></figure><p>L’annonce de la CAQ, mercredi, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1973006/troisieme-lien-tunnel-quebec-levis-transport-collectif">à l’effet que le troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis sera consacré exclusivement au transport en commun</a> est certes positive, mais il reste de nombreux questionnements en suspens, notamment en lien avec la viabilité même du projet.</p>
<p>C’est un pas dans la bonne direction. Cela fait en effet des mois que nous attendons d’en savoir plus sur les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1918094/etudes-troisieme-lien-59-millions-opportunite-public-cache">études réalisées</a> dans le cadre de ce projet. <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-01-15/abandonnons-le-projet-du-troisieme-lien-quebec-levis.php">De nombreux experts s’y étaient ouvertement opposés</a>. Mais une fois ce recul annoncé, il faudra bien faire face aux enjeux actuels, notamment les changements d’habitudes liés au télétravail, et articuler des éléments de solution pour aborder la mobilité dans la région de Québec.</p>
<p>Étant moi-même impliquée dans ce débat d’actualité, et experte en grands projets d’infrastructure publique, je ne peux prétendre à la neutralité. Ce que je peux avancer par contre, en me basant sur les données scientifiques et les recherches sur ces questions, c’est qu’il serait impératif à ce stade que les citoyens et membres de la société civile puissent accéder aux analyses et hypothèses, suggérer des solutions, voire remettre en question les fondements mêmes de ce projet.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">Acceptabilité sociale : il faut repenser la gouvernance des grands projets publics</a>
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<h2>Déterminer les meilleures solutions</h2>
<p>Il y a des infrastructures vieillissantes. C’est établi. Le pont de Québec a plus de 100 ans, et le pont Pierre-Laporte, plus de 50 ans. Quant au pont Champlain, récemment déconstruit à Montréal, il aura survécu moins de 60 ans, quoique le nouveau devrait en théorie tenir 125 ans. Il y a un <a href="https://tramwaydequebec.info">projet de tramway au centre-ville de Québec</a> qui avance tant bien que mal depuis quelques décennies, qui converge et diverge au gré des acteurs politiques et des coalitions d’acteurs en place. Et il y a une transition écologique, qui demande une modification en profondeur des façons de travailler, de se transporter et de consommer. </p>
<p>Est-ce que creuser un tunnel, entre les centres-villes de Québec et de Lévis, même si cela permet seulement le transport en commun, est réellement la meilleure solution ? Quelles sont les alternatives ? Pourrions-nous prendre part à cette réflexion, nous les citoyens, membres de la société civile, et les experts sur ces questions ? </p>
<p>Pourquoi le parti au pouvoir, la CAQ, qui a défendu le projet du troisième lien malgré tous les avis d’experts et de la science, propose-t-il maintenant une nouvelle solution, sans que plus d’études soient rendues publiques ? Celles-ci devraient inclure des projections d’achalandage ainsi que les coûts et les bénéfices que ce projet pourra engendrer. Il serait intéressant et important de considérer ces enjeux de façon proactive et concertée, plutôt que de réagir et de se repositionner au gré des vagues de l’opinion publique. </p>
<h2>Prendre en compte les nouvelles données</h2>
<p>Il faut désormais considérer <a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">l’acceptabilité sociale</a> dans les grands projets publics. On l’a vu récemment dans le cadre du <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1950451/rem-est-montreal-correspondances-train-leger">projet du REM de l’Est</a>. Les résidents vivant à proximité de l’infrastructure proposée en structure aérienne craignaient une perte de leur qualité de vie. Les acteurs clés de l’Est, les sociétés de transport et les municipalités impactées par le projet n’avaient pas été consultés, notamment sur l’arrimage entre le REM et les infrastructures existantes. </p>
<p>Le repositionnement du projet de troisième lien permet d’envisager une contribution importante du gouvernement fédéral. Ottawa inclut dans ses critères de financement les infrastructures de mobilité durable. </p>
<p>Cependant, au-delà de la solution envisagée, et mise de l’avant sans explications, il faut que le gouvernement caquiste prenne en compte les données sociales, environnementales et systémiques. Par exemple, il faut considérer les flux de transport de personnes, de matériel, mais également miser sur des incitatifs pour régulariser le trafic dans les heures de pointe, en considérant notamment ceux offerts aux fonctionnaires et aux personnes qui adoptent le transport en commun. Ces enjeux sont non seulement contemporains, ils sont extrêmement complexes et ne peuvent être appréhendés que par une seule perspective ou expertise.</p>
<h2>Il faut cesser de glorifier les grands projets</h2>
<p>Si on veut induire du changement, développer le réseau de transport en commun et limiter les coûts en lien avec les infrastructures publiques (autant pour les coûts de projets que de maintien des actifs sur leur durée de vie), on doit réfléchir à ces enjeux en commun, en amont, avec transparence et ouverture aux solutions alternatives, et ne pas improviser en cours de route. </p>
<p>Toute solution ne passe pas nécessairement par de nouvelles constructions. Nous devons être créatifs, et penser autrement, en nous guidant avec ce que la science, aussi interdisciplinaire soit-elle, a à offrir en termes de réponses.</p>
<p>Des grands projets publics, il faut en concevoir. Certains sont incontournables, d’autres sont vraiment intéressants en termes de bénéfices générés versus les coûts investis. Cependant, il faut arrêter de glorifier les grands projets et de vouloir en réaliser à tout prix, coûte que coûte. </p>
<p>La sobriété et la décroissance sont de plus en plus en vogue, et il serait intéressant d’entrevoir des solutions qui permettent de réellement diminuer notre empreinte et notre consommation énergétique. Par ailleurs, ceci n’est pas une vision seulement centrée sur Québec. Le mégachantier de refonte de l’autoroute métropolitaine à Montréal est actuellement en phase d’avant-projet, et <a href="https://www.alliium.com/">nous espérons que des idées audacieuses</a>, inspirées par la nature et rehaussant le bien-être des communautés, pourront influencer la conception et la revitalisation des infrastructures de mobilité urbaine d’aujourd’hui et de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204254/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maude Brunet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il faut arrêter de glorifier les grands projets et de vouloir en réaliser à tout prix, mais privilégier la sobriété et la décroissance, afin de diminuer notre consommation énergétique.Maude Brunet, professeure de gestion de projet, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1959792023-03-27T16:49:34Z2023-03-27T16:49:34ZÊtre éco-délégués au collège ou au lycée : quels moyens d’action ?<p>Depuis 2020, chaque classe de collège et de lycée doit avoir élu un ou deux <a href="https://www.education.gouv.fr/bo/20/Hebdo36/MENE2025449C.htm">éco-délégués</a>. Ils sont en quelque sorte des porte-parole des enjeux du développement durable auprès de leurs camarades et peuvent mettre en œuvre des actions en établissement telles que l’installation de composteurs ou la réduction du gaspillage alimentaire.</p>
<p>Notre analyse des cadrages institutionnels complétée par l’étude des discours tenus par les élèves révèle une tension entre injonctions et réalités du terrain. Prendre en compte le point de vue des élèves, en pleine construction de leur identité dans un <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyg.2022.872544">monde en transition</a>, met en lumière l’écart entre l’urgence de la situation désormais largement appréhendée par la jeune population et les avancées modestes dans les établissements scolaires.</p>
<h2>Les éco-délégués : des demandes fortes de l’institution</h2>
<p>En lien avec la politique de labellisation des établissements scolaires, le terme « éco-délégué », sans être précisément défini, apparaît pour la première fois en 2013 dans un <a href="https://www.education.gouv.fr/bo/13/Hebdo31/MENE1320526N.html">texte ministériel</a>. Aujourd’hui, les élèves éco-délégués sont des appuis pour atteindre les <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">objectifs de développement durable (ODD)</a>.</p>
<p>Ils sont incités à proposer leurs projets au sein des diverses instances représentatives aux échelles de l’établissement et de l’académie (comités de pilotages, conseils de vie collégien ou lycéen). Au niveau national, leurs actions peuvent être reconnues par le prix de <a href="https://www.education.gouv.fr/prix-de-l-action-eco-deleguee-de-l-annee-307360">« l’action éco-déléguée de l’année »</a>) et mises en valeur comme exemples sur le site du ministère. Les éco-délégués doivent aussi acquérir des compétences qu’ils pourront faire valoir en tant que futurs citoyens et <a href="https://eduscol.education.fr/1117/education-au-developpement-durable#vademecum">« acteurs économiques »</a></p>
<p>Le vade-mecum de <a href="https://eduscol.education.fr/1117/education-au-developpement-durable#vademecum">l’éducation au développement durable</a> précise que les éco-délégués ont pour rôle d’incarner les changements de comportements individuels et collectifs :</p>
<blockquote>
<p>« Les éco-délégués, jeunes sentinelles volontaires en mouvement pour le développement durable, engagent leur disponibilité et leur implication par la définition et la poursuite d’objectifs quantifiables et/ou observables et l’adoption d’une attitude modélisante. »</p>
</blockquote>
<p>Ces recommandations cadrent principalement l’éducation au développement durable dans une <a href="https://theconversation.com/la-sagesse-des-enfants-un-atout-contre-le-changement-climatique-176835">éducation aux bons comportements</a> (écogestes) et à la bonne gestion de l’établissement scolaire (économie d’énergie, tri des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dechets-23906">déchets</a>…). Les élèves se voient dépositaires d’une forte responsabilité vis-à-vis des problèmes sociaux et environnementaux.</p>
<h2>Des petites actions mais pas à la hauteur des attentes</h2>
<p>Afin de questionner <a href="https://journals.openedition.org/trema/7090">l’expérience et le point de vue des éco-délégués</a>, des entretiens auprès de 22 collégiens et lycéens ont été réalisés en 2021-2022, dans des contextes scolaires variés.</p>
<p>Quel que soit le niveau scolaire, les éco-délégués interrogés se sentent <a href="https://theconversation.com/avec-la-classe-en-plein-air-lecole-change-de-regard-sur-les-questions-denvironnement-190183">responsables</a> et veulent agir dans leur établissement scolaire pour « aider/préserver la planète » en engageant leurs camarades et les adultes qui les entourent : « Toutes les actions au collège, j’essaie d’y faire participer ma famille » (collégienne).</p>
<p>Les élèves disent être amenés à faire des petites actions dans la classe (communiquer ; ramasser les papiers ; éteindre les lumières et ordinateurs…) et dans l’établissement (installer des poubelles de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/recyclage-21060">recyclage</a>, trier des déchets, limiter le <a href="https://theconversation.com/gaspillage-et-in-securite-alimentaires-les-lecons-a-tirer-de-la-crise-sanitaire-153601">gaspillage alimentaire</a>, correspondant plus à des <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-dictionnaire_critique_des_enjeux_et_concepts_des_education_a_angela_barthes_nicole_tutiaux_guillon_jean_marc_lange-9782343126784-54648.html">éco-gestes</a> liés à des pratiques anecdotiques qu’à des projets avec une portée sur le long terme.</p>
<p>Cela fait bien référence aux exemples d’actions proposées par les <a href="https://eduscol.education.fr/1121/les-eco-delegues">guides des éco-délégués</a>, édités en 2021 par le ministère de l’Éducation nationale et l’Agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie. Les écodélégués y sont désignés comme étant des « décideurs », des « relais », des « garants », des « copilotes » et enfin, des « chefs de projet en herbe ». Ces termes et les illustrations employées construisent l’image d’un éco-délégué tel un <a href="https://centrere.uqam.ca/2023/regard-sur-differents-contextes-francais-dintegration-des-odd-pour-leducation-et-la-formation-conference-publique-26-janvier-2023/">« héros ordinaire »</a>.</p>
<p>L’absence de réflexivité sur les actions réalisées, perçue chez les élèves interrogés, pourrait laisser supposer que le dispositif s’inscrit dans une <a href="https://doi.org/10.4000/ere.441">orientation non « critique »</a> de l’éducation, dans laquelle les élèves seraient des réceptacles des <a href="https://hal.science/hal-03788628/document">prescriptions comportementalistes de l’institution scolaire</a>.</p>
<h2>Des engagements mais des manques de moyens</h2>
<p>L’engagement des éco-délégués interrogés est lié à une motivation forte d’agir pour l’environnement, de se sentir utile et d’être en accord avec les idées défendues pour qu’elles soient appliquées dans leurs différents lieux de vie : « Je me sens très concernée par le changement climatique et j’avais vraiment envie d’agir pour changer les choses », observe ainsi une lycéenne. « On se rend compte qu’il y a des problèmes, qu’il faut aider notre planète et même la biodiversité, etc. Et je pense qu’il faut quelqu’un pour représenter ça », ajoute un lycéen.</p>
<p>C’est bien une vision à grande échelle qui semble motiver les élèves, au-delà des actions au sein d’un seul établissement scolaire. Ces élèves ont des projets à long terme, visant notamment une ouverture au monde et parviennent à les concrétiser dans certains établissements (collectes pour des associations ; marche de la propreté ; « solidarité pour le Congo »).</p>
<p>Un décalage est donc constaté entre leurs aspirations et les objectifs de l’institution, visant l’application des textes officiels, dont la <a href="https://hal.science/hal-03566225">labellisation des établissements scolaires</a>. D’ailleurs, les élèves interrogés n’ont pas connaissance de l’existence de cette labellisation.</p>
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<p>Les rôles prescrits par l’institution scolaire ne correspondent pas toujours à la réalité du terrain. De nombreuses contraintes semblent empêcher les élèves de réaliser pleinement leurs missions.</p>
<p>Les élèves interrogés signalent notamment leurs difficultés à communiquer, à valoriser leurs actions auprès des autres élèves : « je leur en parle vite fait, mais je pense pas qu’ils y font attention, je crois qu’ils s’en fichent un peu », note un collégien. En outre, le rôle d’éco-délégué perd en légitimité lorsque celui du délégué de classe est considéré comme plus important : « les gens sont souvent en train de nous dire qu’on est un peu inutiles, que de toute façon il y a les délégués qui proposent déjà des idées ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Lauréat prix de l’action éco-déléguée 2021 catégorie collège (Collège Courteline, Paris).</span></figcaption>
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<p>Nous constatons par ailleurs des obstacles à la prise de décision. Quand les collégiens disent avoir du mal à faire des choix sur les actions à réaliser, les lycéens rappellent leurs contraintes de temps mais aussi l’absence de diagnostics qui permettraient de réfléchir à des projets liés aux besoins réels de l’établissement.</p>
<p>Quel espace de liberté créative leur est-il offert afin qu’ils puissent devenir <a href="https://doi.org/10.4000/ere.441">« acteurs et auteurs »</a>, combiner l’action et la réflexion, et ainsi participer au changement ? Proposer cet espace implique un réel changement des pratiques éducatives. Il paraît essentiel de questionner la place accordée aux éco-délégués en fonction des contextes scolaires.</p>
<h2>La nécessité d’une meilleure intégration dans l’établissement</h2>
<p>Nos études montrent que les éco-délégués sont davantage motivés et sont force de <a href="https://journals.openedition.org/trema/7090">propositions pour agir</a> lorsque les professionnels leur font confiance, les considèrent comme capables de penser et d’agir, les accompagnent dans leurs questionnements, valorisent leurs actions au sein de l’établissement, notamment en explicitant leurs rôles et missions.</p>
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<a href="https://theconversation.com/crise-ecologique-ces-eleves-ingenieurs-qui-veulent-transformer-leur-metier-184339">Crise écologique : ces élèves ingénieurs qui veulent transformer leur métier</a>
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<p>De même, la participation des éco-délégués aux instances permet de découvrir le fonctionnement de l’établissement, de savoir à qui s’adresser pour la réalisation de projets et de s’adapter aux besoins de l’établissement. Enfin, le travail collectif réalisé lors de réunions ou de formations leur permet de faire des rencontres (ouverture aux autres), de se sentir appartenir à un groupe et valorisés en tant que personne à part entière.</p>
<p>Considérer [la <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807332676-education-et-citoyennete">parole des élèves</a>] et développer des politiques d’établissements volontaristes paraît essentiel pour permettre aux écodélégués d’être pleinement acteurs mais aussi pour développer une éducation au développement durable adaptée à leurs fortes attentes. Pour ce faire, les professionnels sont essentiels et il parait indispensable de questionner désormais la façon dont ils considèrent leur rôle d’accompagnement auprès des éco-délégués.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195979/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Depuis 2020, chaque classe de collège et de lycée élit un ou deux éco-délégués chargés de porter des projets de développement durable. Au-delà du symbole, de quelle marge de manœuvre disposent-ils ?Evelyne Bois, Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation, Université d’OrléansAurélie Zwang, Maître de conférences en sciences de l'éducation et de la formation. Éducation à l'environnement. Didactique des sciences, Université de MontpellierMandarine Hugon, Maître de conférences psychologie sociale du développement et de l'éducation, Laboratoire ERCAE, Université d’OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2005552023-02-27T18:11:41Z2023-02-27T18:11:41ZDéveloppement durable : le levier du financement participatif pour les entrepreneurs<p>L’engagement de l’Union européenne vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030 avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2050 mobiliserait au moins <a href="https://visionsforeurope.eu/v4e-articles/the-european-green-deal-and-sustainable-business-growth/">1000 milliards d’euros d’investissements durables</a> privés et publics dans les dix prochaines années. Ceci se traduit également par un changement de position et d’attitude de la population face à la consommation durable. En France, <a href="https://www.statista.com/statistics/1328926/consumer-attitudes-towards-sustainability-francea">60 %</a> des personnes interrogées ont déclaré que leurs critères d’achat prennent désormais en compte les pratiques durables des marques ainsi que leurs engagements sociétaux.</p>
<p>Certes, l’application des 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies ne progresse pas comme prévu. Le dernier <a href="https://www.oecd.org/wise/the-short-and-winding-road-to-2030-af4b630d-en.htm">rapport</a> de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) alerte sur le retard et la quasi-impossibilité de les atteindre d’ici 2030. Malgré de bonnes <a href="https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/environnement-la-france-fait-plutot-bonne-figure-dans-les-classements-mondiaux-1385045">prestations sur quelques indices climatiques</a>, la France a de son côté accumulé du retard et doit à présent <a href="https://www.geo.fr/environnement/apres-la-cop26-la-france-doit-rehausser-ses-objectifs-selon-le-haut-conseil-pour-le-climat-207536">réviser de manière plus ambitieuse</a> son plan de développement durable.</p>
<p>Le déficit de financement du développement durable afin de réaliser les ODD des Nations unies a encore augmenté de 35 % au cours de 2022 pour atteindre <a href="https://finance.yahoo.com/news/force-good-reveals-funding-gap-083008051.html?guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAKBod4uq5n6knRb6VCF2I1GTcbHaDOfJelQO6l-GcagVHdU8UyYNby6RRJJhVgkLqox4a_gvRQSJkYUQDxNlg0ZBvzaLiXp3BDp4BaSPf2gB0eM0MxakzEzT5q56IW2TAlKe-Z6GjqEwXctI0kPlMPyJGMNLEW1Z1Wg0qP8y6PwB&guccounter=2">135 000 milliards de dollars</a>. À la hauteur de ce défi se trouve également l’identification de plusieurs opportunités pour créer de la valeur à travers l’entrepreneuriat. En effet, les recherches indiquent que les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1111/j.1540-6520.2010.00426.x">entrepreneurs « durables</a> » ont le potentiel de résoudre les problèmes de développement durable auxquels le monde est confronté aujourd’hui.</p>
<h2>Une alternative pour les projets jugés risqués</h2>
<p>L’entrepreneuriat durable constitue une branche de l’entrepreneuriat qui cherche à rallier la création de valeur sociale, environnementale et économique tout en répondant aux besoins actuels. Par exemple, les entrepreneurs durables développent leurs activités dans la gestion des déchets, à la protection de la biodiversité et des écosystèmes naturels entre autres.</p>
<p>Or, ces entrepreneurs durables sont aujourd’hui confrontés à des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-017-3646-8">difficultés supplémentaires</a> lorsqu’ils recherchent des fonds par le biais des canaux de financement traditionnels, car ils doivent justifier de la viabilité de leur modèle économique qui vise non seulement des objectifs économiques mais aussi un cap sociétal et environnemental au-delà du profit. Les institutions de financement traditionnelles peuvent en outre refuser d’octroyer des prêts, car les règles bancaires peuvent ne pas correspondre aux exigences de production de l’entreprise durable, à la quantité de production ou aux installations disponibles dans l’usine.</p>
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<p>Dans ce contexte, nous avons <a href="https://doi.org/10.1108/IJEBR-05-2021-0321">mené une recherche</a> qui explore le rôle du financement participatif pour les entrepreneurs durables. Pour rappel, le « crowdfunding » (financement par la foule en français) permet aux entrepreneurs de financer leurs projets en collectant des contributions financières via des plates-formes en ligne (comme <a href="https://fr.ulule.com/">Ulule</a> ou <a href="https://fr.lita.co/fr">Lita.co</a>). En France, il a connu une forte croissance de plus de 84 % en 2021 avec <a href="https://financeparticipative.org/wp-content/uploads/2022/02/BAROMETRE_CROWDFUNDING-2021_FPF-MAZARS.pdf">1,8 milliard d’euros</a> collectés et plus de 5 milliards depuis son émergence en 2015. Ceci pourrait être particulièrement utile pour les projets innovants de développement durable qui sont jugés trop risqués par les investisseurs traditionnels.</p>
<p>Notre recherche a permis de dégager plusieurs usages sur la façon dont ce mode de financement pourrait aider les entrepreneurs durables à réaliser leurs objectifs au-delà de la collecte de fonds. Tout d’abord, il permet également d’éviter les retards et les défis posés par les institutions de financement traditionnelles. En fonction du secteur et du type de <em>crowdfunding</em> choisi, l’objectif peut être atteint entre <a href="https://financeparticipative.org/wp-content/uploads/2022/02/BAROMETRE_CROWDFUNDING-2021_FPF-MAZARS.pdf">3 heures et 72 jours</a>.</p>
<h2>Créer de l’engouement</h2>
<p>En outre, les fonds collectés aident les entrepreneurs durables à éviter les risques personnels et financiers supplémentaires liés au remboursement, aux taux d’intérêt élevés ou à un défaut de paiement. D’autres types d’exigences telles que le contrôle de l’entreprise ou l’obtention d’une part du capital peuvent également être évitées en choisissant le bon type de crowdfunding.</p>
<p>La start-up <a href="https://nofilter.eco/">NoFilter</a> a par exemple réussi le pari via le financement participatif de son projet afin de s’engager auprès des agriculteurs français en transformant leurs écarts de tri en jus artisanaux et en les accompagnant dans leur conversion vers l’agriculture bio et la transition écologique plus globalement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/QCulgSduImU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Lutter contre le gaspillage alimentaire avec NoFilter (Gouvernement, 2022).</span></figcaption>
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<p>Le <em>crowdfunding</em> aide également les entrepreneurs durables à créer l’engouement en commercialisant et en communiquant librement sur leurs produits, services ou projets durables auprès d’un large spectre de parties prenantes. Il permet également d’attirer, de multiplier et de construire des relations à long terme avec des clients et de poursuivre les aspects traditionnels du marketing tels que la création d’une image de marque, le gain de visibilité, la promotion de produits, ou l’offre de remises par le biais de précommandes.</p>
<p>Par exemple, <a href="https://lamarqueenmoins.fr">La marque en moins</a> a su non seulement se financer mais aussi créer un mouvement autour de ses produits ménagers innovants avec une approche durable.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/OTJYbFghZCE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Brut X : la marque en moins (2021).</span></figcaption>
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<p>Le <em>crowdfunding</em> peut aussi servir aux entrepreneurs durables de tremplin pour d’autres projets : l’investissement dans des produits de substitution, la production et la vente d’autres produits dérivés durables ou l’injection de capitaux pour construire une plate-forme en ligne. De tels projets non définis peuvent souvent être considérés comme incertains et donc poser une ambiguïté dans l’esprit des investisseurs traditionnels qui visent à obtenir un retour sur investissement.</p>
<h2>Choisir la bonne plate-forme</h2>
<p>Contrairement aux moyens traditionnels de collecte de fonds, la plate-forme de <em>crowdfunding</em> offre aux entrepreneurs durables une occasion de tester leurs idées, produits, services ou projets. Elle permet de vérifier si la vision, les buts et les objectifs des entrepreneurs en matière de durabilité sont acceptés ou rejetés par leurs clients potentiels. Ainsi, le taux de réussite de la campagne de financement permet de tester l’appétit du segment de marché ciblé.</p>
<p>De plus, celle-ci peut générer une légitimité pour les entrepreneurs durables et servir de preuve de crédibilité et de source d’information sans manipulation ni discordance. Ainsi, son lancement constitue un argument de vente supplémentaire lorsqu’il s’agit de solliciter des fonds, des partenariats ou d’autres collaborations avec des tiers. <a href="https://actu.fr/bretagne/lannion_22113/lannion-des-ventes-exceptionnelles-pour-endro-cosmetiques-en-2022_57005271.html">Endro Cosmétiques</a>, une start-up bretonne, a par exemple testé le marché et les arguments de vente avant de lancer son déodorant zéro déchet à travers une campagne de <em>crowdfunding</em>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/8AjCwlCBZP4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation d’Enduro cosmétiques (Endro, 2020).</span></figcaption>
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<p>Cependant, outre les avantages que les entrepreneurs durables peuvent exploiter pour lever des fonds, ces derniers doivent cependant faire attention à choisir la bonne plate-forme parmi les quelque 180 en France et le bon type de <em>crowdfunding</em>. Ils doivent notamment se tourner vers celles ayant de solides antécédents en matière de développement durable. Ainsi, les plates-formes qui ont déjà rassemblé des communautés de personnes engagées pourront susciter davantage d’engouement et participer ainsi à la visibilité et la croissance de la start-up bien au-delà de la levée de fonds.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200555/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le « crowdfunding » offre des avantages différents des canaux de financement traditionnel pour des projets dans la gestion des déchets ou la protection des écosystèmes naturels.Ghassan Paul Yacoub, Professor of Innovation, Strategy, and Entrepreneurship, IÉSEG School of ManagementPaulami Mitra, Assistant Professor in Management; Academic Director, IÉSEG School of ManagementTiago Ratinho, Associate Professor in Entrepreneurship, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2006522023-02-24T18:27:27Z2023-02-24T18:27:27ZAgriculture : passer d’une durabilité faible à une durabilité forte<p>À l’été 2022, les Pays-Bas ont pris une décision forte en matière d’agriculture durable. <a href="https://www.la-croix.com/Monde/Pays-Bas-revolte-agriculteurs-contre-reduction-emissions-dazote-2022-07-10-1201224273">Très impopulaire auprès des agriculteurs hollandais</a>, elle consiste à réduire drastiquement les rejets d’azote et les émissions de gaz à effet de serre issus d'exploitations agricoles à proximité de zones naturelles protégées.</p>
<p>Elle va se traduire concrètement par la fermeture et le démantèlement de certaines exploitations et le renoncement à des exportations sur les marchés mondiaux.</p>
<p>Si cette décision interpelle par sa radicalité, elle nous invite plus fondamentalement à comprendre les nouveaux enjeux qui se dessinent en matière d’agriculture durable.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LVHe1gfbUAw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le plan néerlandais de réduction d’azote provoque la colère des producteurs. (Euronews, 2022).</span></figcaption>
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<h2>Des conceptions très différentes du développement durable</h2>
<p>Le « développement durable », notion devenue incontournable quand on aborde les problématiques environnementales, ne semble présenter aucune ambiguïté dans sa définition ; il s’agit, <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/sites/odyssee-developpement-durable/files/5/rapport_brundtland.pdf">comme le propose le rapport Brundtland de 1987</a>, de :</p>
<blockquote>
<p>« Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »</p>
</blockquote>
<p>Popularisée depuis plus de 30 ans par l’ONU, plébiscitée par les entreprises et les ONG, cette notion semble stabilisée et opératoire. <a href="https://theconversation.com/les-malentendus-du-developpement-durable-53595">Elle est en réalité très controversée</a> et renvoie à deux paradigmes dont les ambitions conduisent à des résultats très différents : la durabilité faible et la durabilité forte.</p>
<p>Ces deux aspects prennent leur source dans les travaux de deux économistes : <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/economic-sciences/1987/solow/facts/">Robert Solow</a> pour la durabilité faible ; <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-022-01041-0">Herman Daly</a> pour la durabilité forte. Dans les années 1980 et 1990, ils ont porté des positions très différentes en matière de développement durable.</p>
<h2>La durabilité faible</h2>
<p>Le développement durable faible consiste à trouver des compromis jugés satisfaisants à l’instant T et qui pénalisent à minima le bien-être des générations futures. Des dégradations de l’environnement naturel sont acceptées si elles permettent de maintenir ou de développer les performances du système économique.</p>
<p>Dans le paradigme de la durabilité faible, le capital économique est substituable au capital naturel et le développement technique et scientifique permettra aux générations futures de réparer ou de dépasser les dégradations de l’environnement naturel réalisées par les générations antérieures.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=337&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=337&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512161/original/file-20230224-576-hria2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=337&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Schématisation des approches de durabilité forte et de durabilité faible.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.semanticscholar.org/paper/%C3%89valuation-synth%C3%A9tique-de-la-durabilit%C3%A9-des-%3A-et-de-H%C3%A9ly/5a1cb53595637b52962ed7e95397bf4e34e01a8d/figure/11">Vincent Hély d’après Lourdel (2005)</a></span>
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<p>Cela ne veut bien évidemment pas dire que toutes les dégradations de l’environnement naturel sont permises, mais que certaines d’entre elles sont jugées acceptables, car elles soutiennent un régime de développement économique et technologique dont les générations futures pourront pleinement bénéficier.</p>
<p>Il est ainsi acceptable de continuer à émettre du CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère sur la base d’énergies fossiles, car les performances de ce système permettent d’investir dans de nouvelles technologies qui à l’avenir seront beaucoup moins problématiques et vertueuses pour l’environnement. Le développement durable faible fait un pari sur l’avenir et les capacités du génie humain à solutionner les problèmes.</p>
<h2>La durabilité forte</h2>
<p>Le développement durable fort refuse la substitution entre le capital économique et le capital naturel. Il est à cet égard inenvisageable de compenser une perte de biodiversité ou la dégradation d’un service écosystémique par un surplus de valeur économique ou un nouveau dispositif technologique. Les éléments qui constituent l’environnement naturel ne doivent pas être dégradés afin d’être transmis en l’état aux générations futures.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<p>Il n’est bien évidemment pas interdit de dégrader certaines ressources naturelles, mais cette dégradation ne doit pas dépasser certains seuils, qui permettent à ces ressources de se régénérer ou de se reproduire. Nous léguons aux générations futures un certain état du système Terre qui leur permettra de vivre dans un environnement naturel, ainsi que des biorégions qui auront des caractéristiques biophysiques identiques ou très proches de celles connues aujourd’hui.</p>
<p>Dans cette perspective, l’activité économique ne disparaît bien évidemment pas, mais elle doit s’insérer dans un tissu naturel et social qu’elle ne dégrade pas, voire qu’elle régénère. Dans cette logique, il convient de limiter l’utilisation des énergies fossiles afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C degré et de ne rien lâcher sur ce seuil dont le franchissement entraînerait une transformation considérable des conditions de vie pour les générations futures.</p>
<h2>Vous avez dit « agriculture durable » ?</h2>
<p>Le secteur agricole est aujourd’hui rattrapé par ces deux visions incompatibles du développement durable. S’il est sensible aux enjeux de développement durable depuis au moins 20 ans, le secteur agricole français a toujours été orienté <a href="https://www.cairn.info/le-demeter-2023%E2%80%930011662119-page-25.htm">par une conception faible de la durabilité</a>.</p>
<p>L’objectif a toujours été de maintenir, voire d’accroître, les performances économiques, tout en cherchant à limiter les impacts négatifs sur l’environnement naturel. Cette trajectoire en matière de durabilité conduit à des performances questionnables, car sur les 9 limites planétaires identifiées par les travaux du Stockholm Resilience Centre, <a href="https://www.ecologyandsociety.org/vol22/iss4/art8/">l’agriculture participe directement à la dégradation de 5 d’entre elles</a>.</p>
<p>L’agriculture est ainsi directement responsable du changement climatique, de la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, de la perturbation du cycle de l’eau, de l’érosion de la biodiversité et de l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère.</p>
<p>Ces limites planétaires correspondent à des processus biophysiques dont il ne faut pas perturber le fonctionnement, sous peine de voir toute la machinerie planétaire se transformer, conduisant à une très forte dégradation des conditions d’habitabilité de la planète Terre pour l’espèce humaine.</p>
<p><strong>Représentation des neuf limites planétaires</strong> (traduit de <a href="https://science.sciencemag.org/content/347/6223/1259855">Steffen et coll., 2015</a>)</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/355200/original/file-20200827-14-1wfwwzj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Steffen, W.,et al. « A safe operating space for humanity ». Nature 461, pp. 472–475</span></span>
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<p>La décision radicale des Pays-Bas est emblématique de cette compréhension d’une impasse en matière de trajectoire de durabilité de l’agriculture hollandaise. Les dirigeants politiques ont entériné le fait que leur modèle agricole conduit au dépassement des limites planétaires et qu’une nouvelle trajectoire de durabilité s’impose. La décision prise en 2022 marque ainsi le passage d’une conception de la durabilité agricole de faible à forte.</p>
<p>Dans cette perspective, les pratiques et les ambitions en matière de durabilité agricole ne sont plus les mêmes. Il ne s’agit plus de trouver le meilleur compromis entre les enjeux économiques, sociaux et environnementaux, mais bien de s’assurer que les pratiques agricoles n’ont pas d’impacts négatifs sur les différentes composantes de l’environnement naturel : l’eau, l’air, le sol et la biodiversité.</p>
<h2>En marche vers une durabilité forte</h2>
<p>En dépit des efforts en matière de durabilité, les compromis entre les objectifs sociaux, économiques et environnementaux observables sont à l’heure actuelle en France sont très <a href="https://www.editionsbdl.com/produit/refonder-lagriculture-a-lheure-de-lanthropocene/">largement insuffisants</a>.</p>
<p>Le secteur agricole a un impact négatif sur des processus géophysiques essentiels à la survie de l’espèce humaine et il devra inévitablement apporter des réponses pour aller vers une neutralité, voire potentiellement une régénération.</p>
<p>La société civile et les responsables politiques imposeront des normes dans les années qui viennent qui s’inséreront dans le paradigme de la durabilité forte. Cet objectif implique une puissance remise en question de certaines pratiques agricoles, l’acquisition de nouvelles connaissances, le développement de nouvelles technologies et, bien évidemment, un financement d’une transition.</p>
<p>Cette transition passera également par un renoncement et un démantèlement, comme le montre l’exemple des Pays-Bas.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200652/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bertrand Valiorgue ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Durabilité forte ou faible ? Le secteur agricole français est aujourd'hui rattrapé par ces deux visions incompatibles du développement durable.Bertrand Valiorgue, Professeur de stratégie et gouvernance des entreprises, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1987452023-02-07T19:34:38Z2023-02-07T19:34:38ZÀ quelles conditions peut-on parler d’activités de pêche « durables » ?<p>En Europe, et en France tout particulièrement, la pêche a fait l’objet ces dernières années de nombreux débats – par exemple, sur la pêche profonde, la pêche au chalut électrique, l’empreinte carbone des activités de pêche, les captures accidentelles de dauphins… Cette mise à l’agenda citoyen et politique s’est faite en lien avec une implication accrue des ONG, à l’image de <a href="https://seashepherd.fr/">Sea Sheperd</a>, et la montée en puissance de nouveaux groupes d’opinion, comme <a href="https://bloomassociation.org/">Bloom</a>, représentant la petite pêche et les pêcheurs de loisir.</p>
<p>Une revendication importante concerne la garantie pour le consommateur que les produits de pêche correspondent à des exigences environnementales, économiques et sociales.</p>
<p>Si la mise en place de labels tente de répondre à ces attentes, ainsi qu’au souhait de la filière d’améliorer <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0308597X13000948">l’acceptabilité sociale de ses activités et de ses produits</a>, leur profusion a entraîné une confusion tant dans la filière (chez qui se certifier ?) que chez le consommateur (quel label privilégier ?). Outre ces initiatives, privées en majorité, des démarches sont également en cours au niveau national (<a href="https://docs.score-environnemental.com/">Ecoscore</a>) et européen (CSTEP, 2020) pour améliorer/enrichir l’affichage environnemental public sur les produits de la pêche.</p>
<p>De manière plus globale, c’est la question de la durabilité de ce secteur économique qui est posée. Mais comment définir, évaluer et garantir une pêche durable ? C’est ce que nous allons voir.</p>
<h2>Une question de sécurité alimentaire</h2>
<p>Les produits de la pêche représentent une source importante de protéines animales et de micronutriments essentiels pour l’humanité, avec un coût environnemental parmi les plus faibles, en particulier en <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-022-00965-x">termes de consommation d’énergie et de production de gaz à effet de serre</a> (les coûts variant cependant selon la <a href="https://www.nature.com/articles/s43247-022-00516-4">catégorie d’espèces de poissons ou d’invertébrés</a> ciblés).</p>
<p>L’approvisionnement durable en produits de la pêche est devenu un enjeu stratégique <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-019-1592-6">pour la sécurité alimentaire</a>. Les poissons représentent la plus riche source disponible en acides gras polyinsaturés à longue chaîne, qui sont indispensables à un large éventail de fonctions physiologiques essentielles pour la santé humaine.</p>
<p>Cependant, l’exploitation des ressources halieutiques s’accompagne d’effets délétères <a href="http://bibliomer.ifremer.fr/consult.php?ID=2004-2499">(surcapacité et surexploitation)</a>. <a href="https://theconversation.com/latlantique-moteur-de-la-circulation-oceanique-et-memoire-de-la-folle-course-a-la-morue-153284">L’effondrement de la morue de Terre-Neuve</a> dans les années 1980 en constitue un des exemples les plus frappants. Mais avec la mise en place de systèmes de gestion en Atlantique Nord-Est à partir des années 1970, la proportion de stocks halieutiques exploités à un niveau durable y a <a href="https://doi.org/10.4060/cc0461fr">atteint les 72 % (2019)</a>.</p>
<h2>Moins de navires et de marins</h2>
<p>Au-delà de pérenniser la ressource, les systèmes de gestion des stocks et des exploitations sont indispensables <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.marpol.2016.01.003">au maintien des revenus et des emplois liés à la pêche</a>.</p>
<p>Après une phase de développement continu des capacités de pêche, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et jusque dans les années 1990, la mise en place de système de gestion des stocks et des exploitations a conduit à une <a href="https://www.franceagrimer.fr/content/download/69397/document/20220616_CC_%20PECHE_AQUA%202022_FR.PDF">diminution du nombre de navires et de marins en France</a>, entraînant des bouleversements dans certaines régions littorales où la pêche revêt une importance historique et culturelle.</p>
<p>Bien que la dépendance des communautés littorales à l’activité de pêche reste très faible en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0308597X13000948">moyenne, moins de 1 % en France</a>, l’impact des dynamiques du secteur sur les communautés est aujourd’hui un <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.marpol.2016.05.006">sujet d’étude nécessaire</a>.</p>
<h2>Une activité de pêche « durable », qu’est-ce que c’est ?</h2>
<p>Sur la base du constat de la finitude des ressources halieutiques, les premières cibles de gestion des pêcheries ont été définies dans les années 1950 et se sont focalisées sur l’état des stocks exploités.</p>
<p>Des modèles mathématiques ont permis de simuler la dynamique des populations de poissons exploités et de déterminer des seuils de biomasse et de mortalité par pêche et par conséquent, les prélèvements maximums.</p>
<p>Ces cibles de gestion ont évolué au cours du temps ; actuellement, elles sont régies, dans l’Union européenne comme ailleurs dans le monde, par le principe du « rendement maximum durable » : c’est-à-dire la plus grande quantité de biomasse que l’on peut en moyenne extraire à long terme d’un stock en considérant constants le mode d’exploitation et les conditions environnementales sans affecter significativement le processus de reproduction.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<p>À une échelle plus globale, la durabilité a été notamment théorisée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland dans son rapport <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Notre_avenir_%C3%A0_tous_-_Rapport_Brundtland">« Notre avenir à tous » de 1987</a> qui y distingue trois dimensions : environnementale, économique et sociale. Cette approche de la durabilité est reprise par la FAO dans sa définition de <a href="https://www.fao.org/3/i1146f/i1146f00.htm">l’approche écosystémique des pêches</a> (AEP).</p>
<p>L’état des stocks y est inclus dans la dimension environnementale, entre autres choses. Dès 2003, l’AEP a été conceptualisée de manière très exhaustive, <a href="https://doi.org/10.1016/j.icesjms.2004.12.003">mais en pratique peu opérationnalisée</a>.</p>
<h2>Une notion qui évolue</h2>
<p>Peu à peu cependant, les différents enjeux documentés apparaissent dans les débats sociétaux. Les exemples les plus récents sont la minimisation des captures accidentelles (les cétacés en particulier), le <a href="https://theses.hal.science/tel-03329637/document">maintien du bon état écologique de la faune et de la flore marine</a> ou la décarbonation des flottilles.</p>
<p>La notion de durabilité des pêches évolue encore. Ainsi, les enjeux de bien-être animal, qui ne figurent pas dans la définition de l’AEP, prennent aujourd’hui une importance croissante dans nos sociétés. Les travaux scientifiques sur le sujet <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0165783618300298">restent encore rares, mais existent</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Tableau des objectifs de pêche durable" src="https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1374&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1374&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1374&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1726&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1726&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/508662/original/file-20230207-28-mdpe68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1726&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Objectifs pour une pêche durable, basés sur les travaux de Jules Danto et ses collègues.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00762/87378/">Ifremer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Sur la base de la littérature scientifique existante, nous proposons, compilés dans le tableau ci-contre établi <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00762/87378/">à partir de récents travaux</a>, les objectifs relevant des dimensions environnementale, économique et sociale. Selon les objectifs, il peut s’agir de maximiser (des performances) ou au contraire de minimiser (des impacts).</p>
<p>Il est toutefois utile de rappeler que toute activité de pêche a un impact, et que le concept de minimisation a donc ses limites : une minimisation totale reviendrait à arrêter de pêcher… L’évaluation des impacts se conçoit donc dans deux cadres possibles : la confrontation à une cible de durabilité si elle est définie, ou à défaut la comparaison des impacts de différentes pratiques de pêche en les ramenant à une unité de production.</p>
<h2>Le casse-tête de l’évaluation</h2>
<p>Pourquoi est-il compliqué de juger de la durabilité d’une activité de pêche ?</p>
<p>Un premier élément concerne le manque d’outils pour évaluer toutes les facettes de cette durabilité. Pour certains des objectifs, les scientifiques disposent de données, d’indicateurs, de cibles/seuils et d’un cadre législatif bien établi.</p>
<p>Pour d’autres, il existe des indicateurs, mais pas suffisamment de données pour leur application opérationnelle, ou pas de cibles. Dans certains cas, comme pour le bien-être animal, il n’existe pas d’indicateurs finalisés.</p>
<p>Un autre point concerne le fait que ces outils ne sont pas toujours applicables à l’échelle pertinente. Typiquement, la biodiversité et l’équilibre d’un écosystème sont les résultats d’influences multiples, et peuvent donc être difficiles à relier directement à la pratique d’une activité de pêche.</p>
<p>De même, si l’activité de pêche est un maillon indispensable à l’approvisionnement d’une filière, cette dernière est elle-même intégrée dans des marchés mondialisés de matières premières et de produits. Les emplois de l’industrie de transformation sont également le résultat de dynamiques (prix, produits) à d’autres échelles (nationales, mondiales). Il en est de même de la consommation finale des produits de la mer.</p>
<p>Il faut également souligner que la durabilité des activités de pêche intègre une grande variété de questions.</p>
<p>Si l’on se demande par exemple « Quelles techniques de pêche permettent d’exploiter durablement les quotas français d’une espèce donnée », le cadre d’analyse monospécifique impose en principe de comparer les impacts des différentes flottilles en fonction des quantités qu’elles débarquent de cette espèce. Mais, dans le cas des questions suivantes – « Quelles sont les flottilles qui pêchent de la manière la plus durable ? » ou « Quelles techniques de pêche concilient durabilité et approvisionnement de la population en protéines ? » –, plusieurs choix sont possibles. On peut rapporter les impacts des différentes flottilles à la tonne de poisson débarqué (toutes espèces confondues), à la tonne de poisson capturé, ou encore à la tonne d’équivalent protéine. Ces différences d’unité à laquelle on rapporte les impacts d’une flottille peuvent conduire à des classements et des conclusions différentes.</p>
<p>Ultime difficulté : il faut combiner les « scores » obtenus pour les différents objectifs de durabilité, or il n’existe pas de méthode neutre pour le faire, l’arbitrage relevant de choix politiques et sociétaux.</p>
<p>Certains engins de pêche peuvent ainsi avoir moins d’impact sur les fonds marins, mais provoquer plus de captures accidentelles. Certaines flottilles peuvent être à la fois très sélectives et peu impactantes sur les fonds, mais présenter une consommation en carburant, rapportée au kilogramme de poisson, supérieure à d’autres flottilles. La volonté de maintenir l’emploi à court terme n’est pas forcément compatible avec des objectifs environnementaux ambitieux…</p>
<h2>Affiner les indicateurs</h2>
<p>On l’aura compris, la durabilité des activités de pêche doit répondre à de nombreux critères, sans perdre de vue une double finalité.</p>
<p>Au niveau sociétal, les scientifiques doivent aspirer à définir des objectifs de durabilité sur une base de connaissances de l’ensemble des enjeux et des attentes, et non pas en réponse aux priorités de l’une ou l’autre des parties prenantes. Il est donc nécessaire de développer des approches et des outils pour éclairer la décision multicritère, et permettre d’adapter de manière transparente les critères de durabilité aux priorités de la société et au contexte, en explicitant les arbitrages.</p>
<p>Au niveau individuel, un consommateur devrait idéalement pouvoir choisir ses produits selon ses propres priorités de durabilité, en toute connaissance de cause. Il s’agit ici de produire d’autres types d’outils, indépendants de la priorisation des objectifs.</p>
<p>Finalement, dans les deux cas, il est aujourd’hui nécessaire d’enrichir et améliorer les indicateurs permettant d’évaluer au mieux cette durabilité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198745/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Savina-Rolland a reçu des financements de l'Ifremer.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Fabienne Daurès, Jose-Luis Zambonino Infante, Nicolas Desroy et Youen Vermard ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>De nombreux critères d’évaluation et d’objectifs permettent d’apprécier la durabilité du secteur de la pêche.Marie Savina-Rolland, Chercheure en halieutique, IfremerFabienne Daurès, Chercheure en économie, IfremerJose-Luis Zambonino Infante, Physiologie des poissons, IfremerNicolas Desroy, Chercheur en faune benthique, IfremerYouen Vermard, Chercheure en halieutique, Ifremer, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1960982022-12-12T14:49:15Z2022-12-12T14:49:15ZCOP sur le climat, COP sur la biodiversité : voici pourquoi il faut une approche intégrée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499830/original/file-20221208-7231-1umnjf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=66%2C11%2C7377%2C4855&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La mairesse de Montréal, Valérie Plante, prononce un discours lors de la cérémonie d'ouverture de la conférence de l'ONU sur la biodiversité, la COP15, à Montréal, le 6 décembre 2022.
</span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p>La conférence de l’ONU sur la biodiversité, la <a href="https://www.cbd.int/">COP15</a>, a débuté à Montréal le 7 décembre dernier, peu de temps après la fermeture du <a href="https://cop27.eg/#/">sommet sur les changements climatiques (COP27)</a>, tenu en Égypte en novembre 2022. Ce dernier a été « décevant » pour plusieurs participants, <a href="https://www.reuters.com/business/sustainable-business/after-disappointing-cop27-calls-grow-new-approach-fighting-climate-change-2022-11-28/">lesquels souhaiteraient entreprendre une réforme du processus délibératif</a>.</p>
<p>Alors que les critiques fusent de toutes parts, le temps serait-il venu de fusionner les deux types de conférences entre elles ?</p>
<p>La tenue de deux COP dans un intervalle de temps rapproché peut semer la confusion chez le public. Cet article s’intéresse à l’interaction des agendas sur le climat et la biodiversité, le tout dans un esprit réformiste.</p>
<p>Doctorante en science politique à l’Université de Montréal, mes travaux portent sur l’efficacité des cadres utilisés, notamment celui de santé, pour aborder la crise climatique et leur rôle dans l’apport de changements de politique publique.</p>
<h2>Qu’est-ce que la COP27 ? La COP15 ?</h2>
<p>Lors du <a href="https://www.un.org/fr/conferences/environment/rio1992">sommet de Rio</a> en 1992, les pays membres de l’ONU se sont rassemblés afin de signer trois conventions déterminantes pour favoriser le développement durable : la <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/convention-cadre-nations-unies-changements-climatiques.html">Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)</a>, la <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/convention-diversite-biologique.html">Convention sur la diversité biologique (CDB)</a>, et la <a href="https://ise.unige.ch/isdd/spip.php?article156">Déclaration sur les principes de gestion des forêts</a>. Depuis, des conférences sont organisées pour chacune d’entre elles afin de faire le point sur les avancées et de mettre à jour les objectifs fixés.</p>
<p>La COP 27 s’ajoute à la longue liste des conférences tenues annuellement pour tenter de ralentir le réchauffement climatique, par l’entremise d’une réduction de l’impact des activités humaines. De son côté, la COP15 est associée plus spécifiquement à la préservation de la biodiversité, elle aussi dégradée par ces mêmes activités.</p>
<p>Les COP portant sur la biodiversité sont plus rares que celles sur le climat, puisqu’elles ont lieu une fois tous les deux ans. Le dernier plan stratégique remonte néanmoins à la conférence de <a href="https://www.cbd.int/abs/">Nagoya</a> en 2010. Les gouvernements se sont alors engagés, entre autres, à réduire au moins de moitié la perte d’habitats naturels et à sauvegarder 17 % des zones terrestres et des eaux continentales, ainsi que 10 % des zones marines et côtières. Un rapport récent du secrétariat pour la CDB a cependant démontré que <a href="https://www.cbd.int/gbo5">ces cibles n’ont pas été atteintes</a>.</p>
<p>À l’issue de la COP15, les gouvernements se seront mis d’accord sur de nouveaux objectifs pour la prochaine décennie, d’où son importance capitale.</p>
<h2>Un système à deux vitesses ?</h2>
<p>De plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’une approche intégrée des agendas sur le climat et sur la biodiversité, jusqu’ici systématiquement séparés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="homme parle à d’autres personnes" src="https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499832/original/file-20221208-24-mk2q6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sameh Shoukry, président du sommet climatique de l’ONU, la COP27, s’entretient avec d’autres personnes lors de la session plénière de clôture, le 20 novembre 2022, à Charm el-Cheikh, en Égypte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Peter Dejong)</span></span>
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<p>À peine dix ans après le sommet de Rio, plusieurs chercheurs, dont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378004000275">Joy A. Kim</a>, économiste au <a href="https://www.unep.org/fr/propos-donu-environnement">Programme des Nations unies pour l’environnement</a>, constataient déjà le manque de synergie entre les deux régimes. Pourtant, le climat et la biodiversité représentent des enjeux transnationaux, hautement complexes et connectés, auxquels il faut remédier rapidement. Ils partagent d’ailleurs des causes similaires, soit des activités humaines excessives.</p>
<p>Le réchauffement climatique, par ses conséquences directes ou par les mesures mises en place pour le contrer, vient cependant <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s43538-022-00073-6#:%7E:text=Marked%20increase%20in%20the%20frequency,main%20consequences%20of%20climate%20change.">exacerber ces mêmes impacts</a> sur la biodiversité. Celle-ci fait donc face à un double danger.</p>
<h2>Le climat et la biodiversité sont interdépendants</h2>
<p>Les deux crises sont aussi interdépendantes en termes de solutions, car la biodiversité peut aider à lutter contre les changements climatiques, notamment avec des <a href="https://cieem.net/wp-content/uploads/2020/07/Nature-Based-Solutions-designed.pdf">solutions fondées sur la nature</a> (SfN) pour séquestrer le carbone. Ces solutions incluent, entre autres, la restauration des habitats, la gestion des ressources en eau, et la construction d’infrastructures vertes.</p>
<p>Autrement dit, les impacts des mesures climatiques sur la biodiversité sont peu reconnus, et les atouts de celle-ci sont mal mis à profit. Au lieu de la détériorer, l’action climatique devrait <a href="https://cieem.net/wp-content/uploads/2021/08/CIEEM-COP15-and-COP26-Statement-FINAL.pdf">pouvoir la protéger et même lui permettre de prospérer</a>.</p>
<p>Cette interaction au sein de la gouvernance environnementale est <a href="https://shs.hal.science/halshs-01675503/document">peu reflétée dans le droit international</a>, où les deux régimes n’ont aucune obligation de coopérer. De manière implicite, on les retrouve néanmoins côte à côte dans les <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">Objectifs de développement durable</a> (ODD) de l’ONU.</p>
<p>Tandis que la CDB célèbre son 30<sup>e</sup> anniversaire cette année, sa secrétaire générale, Elizabeth Maruma Mrema, consciente du fait que la crise climatique fait de l’ombre à la crise de la biodiversité, a récemment déclaré que si cela était à refaire, <a href="https://www.carbonbrief.org/the-carbon-brief-interview-un-biodiversity-chief-elizabeth-maruma-mrema/">il n’aurait dû y avoir qu’une seule convention et non trois</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme parle dans un micro" src="https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499831/original/file-20221208-14410-krmmcp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire administrative de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, prend la parole lors de la conférence de presse d’ouverture de la COP15, la conférence des Nations unies sur la biodiversité, à Montréal, le 6 décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes</span></span>
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<h2>Quand la pandémie s’en mêle</h2>
<p>Comme si cela ne suffisait pas, la pandémie de Covid-19 est venue distraire les programmes politiques, en se hissant au sommet des préoccupations des gouvernements. En plus d’avoir retardé l’organisation de la COP27 et de la COP15, celle-ci pourrait amener les décideurs à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722042863">se concentrer en priorité sur des problèmes domestiques</a>, tels que le ralentissement économique qu’elle a elle-même engendré.</p>
<p>D’autres la voient plutôt comme une <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1365-2664.13985">fenêtre d’opportunité</a> pour une reprise économique verte, même si les résultats de la COP27 ont certainement affaibli leur optimisme.</p>
<p>Malgré les circonstances peu favorables, plusieurs initiatives scientifiques ont vu le jour afin de permettre un meilleur maillage d’expertise. Les liens entre les deux crises ont notamment été abordés par le <a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)</a> et la <a href="https://fr.unesco.org/links/biodiversity/ipbes">Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)</a>, qui ont décidé de <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/2021-06/20210609_workshop_report_embargo_3pm_CEST_10_june_0.pdf">coécrire un rapport</a> pour la première fois en 2021.</p>
<p>Les engagements pris lors de la COP15 permettront d’avoir une meilleure idée de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/global-sustainability/article/implications-of-covid19-on-progress-in-the-un-conventions-on-biodiversity-and-climate-change/5B62C3869C37AF0BC406EE17CFC1EDA5">l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la gouvernance environnementale</a>.</p>
<p>Qu’il s’agisse d’une crise sanitaire ou d’une crise environnementale, la solidarité internationale est de mise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196098/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alizée Pillod est membre du Laboratoire de l'opinion climatique (CO-LAB), actuellement financé par le consortium Ouranos, en partenariat avec le Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) du Québec. Elle a notamment reçu des financements du Département de Science politique de l'Université de Montréal, et est affiliée à divers centres de recherche (CECD, CPDS, CERIUM).</span></em></p>Réflexion sur la pertinence de fusionner les agendas sur le climat et sur la biodiversité afin d’éviter un système à deux vitesses dans une ère post-pandémique.Alizée Pillod, Doctorante en science politique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1940792022-11-22T19:26:07Z2022-11-22T19:26:07ZImages de science : se protéger de vagues de plus en plus hautes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/493776/original/file-20221107-15-pveimj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C1006%2C733&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une vague se brise sur une structure en béton dans une simulation numérique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Julien Réveillon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Lors d’une tempête, une digue peut subir des pics de pression très variables, en particulier lorsque des poches d’air sont emprisonnées entre l’eau et le béton. <a href="https://www.theses.fr/2021PAUU3022">Par exemple</a>, des pressions proches de cinq bars menant à des forces de 400 000 newtons par mètre – soit l’équivalent du crash d’un SUV allant à 80 km/h – ont déjà été mesurées sur la digue Artha de Saint-Jean-de-Luz.</p>
<p>Les digues actuelles sont dimensionnées pour ce type d’impact mais la question se pose de leur renforcement face à l’intensification en force et en fréquence des <a href="https://www.geo.fr/environnement/les-tempetes-extremes-prevues-pour-2080-sont-deja-la-210231">tempêtes extrêmes</a> accompagnant le changement climatique. Les simulations numériques visent à adapter au mieux les installations du littoral face aux transformations à venir.</p>
<h2>Les mesures de défense face à la montée des eaux</h2>
<p>L’<a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">élévation du niveau de la mer</a> est une conséquence directe de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, ainsi que de l’expansion thermique des océans. C’est une menace majeure pour les régions côtières, car elle provoque la submersion et l’érosion du trait de côte (la limite terre/mer), l’inondation et la destruction des habitations ou encore la contamination des terres agricoles.</p>
<p>La mise en place de mesures de défense est déjà au cœur des préoccupations des décideurs en charge de l’aménagement du territoire et des bâtisseurs d’ouvrages maritimes. Des <a href="https://theconversation.com/elevation-du-niveau-de-la-mer-quels-littoraux-voulons-nous-pour-demain-180711">stratégies nouvelles sont explorées</a> en se basant sur l’état de la mer au large de nos côtes dans plusieurs dizaines d’années afin d’estimer les surcotes provoquées par les tempêtes – des <a href="https://doi.org/10.4000/vertigo.10947">prédictions extrêmement difficiles</a>.</p>
<p>La solution (dite « dure ») de défense la plus commune consiste à tenter de fixer le trait de côte et de construire ou renforcer les ouvrages de défense. Une autre solution (dite « souple ») consiste à préparer le territoire à l’arrivée de la mer. Par exemple, la commune de Quiberville en Normandie – une des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045726134">126 communes françaises</a> citées au journal officiel en avril 2022 comme devant s’adapter en priorité – a pris la décision de <a href="https://reporterre.net/Face-a-la-montee-des-eaux-s-adapter-plutot-que-betonner">laisser entrer la mer dans les zones basses de la commune et de réorganiser son agencement</a>.</p>
<h2>Quelle sera la force des vagues dans le futur ?</h2>
<p>Les phénomènes de submersion marine se produisent généralement lors d’événements climatiques extrêmes. Il est très difficile d’en prévoir l’intensité car outre le niveau moyen du niveau d’eau et les effets de la marée, ils dépendent de <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.envsoft.2015.07.021">paramètres locaux</a> tels l’intensité du vent s’appuyant sur l’eau, la baisse de pression locale ou la fréquence de succession des vagues déferlantes. L’ensemble de ces phénomènes surélèvent l’eau auprès des ouvrages de protection.</p>
<p>À ce jour, pour estimer leur impact futur sur les structures côtières, on les reproduit expérimentalement à petite échelle dans un canal à houle, ou on les modélise grâce à la simulation numérique, dans une succession d’impacts représentant trois heures de vagues d’une tempête « centennale » (c’est-à-dire dont la probabilité d’apparition est d’une année sur cent).</p>
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<p>Dans les modélisations, les effets de certains paramètres sont encore très difficiles à caractériser, tels que la présence d’air dans l’eau, sous forme de bulles, résultant de l’écume des vagues précédentes ou de poches et tubes d’air capturés par le déferlement ou encore de coussins d’air se formant entre l’eau et la paroi des digues. En fonction des circonstances, cet air va <a href="https://ascelibrary.org/doi/10.1061/%28ASCE%290733-950X%281993%29119%3A4%28381%29">amortir le choc ou encore l’amplifier</a>. Le pire des scénarios est de piéger une petite poche d’air entre l’eau et la paroi : la masse de la vague en cours de déferlement écrase brutalement la poche et augmente très fortement la pression de l’air et donc les forces que subira l’ouvrage.</p>
<p>Grâce au développement de <a href="https://doi.org/10.1146/annurev-fluid-010816-060121">modèles physiques et numériques adéquats</a>, les futurs aménagements du littoral envisagés pourront être soumis virtuellement à tous les évènements climatiques imaginables afin d’évaluer leur efficacité et résistance. Mais ces simulations numériques doivent sortir du cadre strict de la physique car elles resteront inutiles si elles n’intègrent pas une vision globale, comprenant notamment des dimensions de construction durable et d’<a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">assentiment des populations concernées</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Réveillon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avec des tempêtes plus fréquentes et plus dures, l’adaptation au changement climatique passe aussi par la construction de structures résistantes à la pression des vagues.Julien Réveillon, Enseignant-Chercheur, énergie et mécanique des fluides numérique, Chargé de mission DDRS, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1900802022-10-10T19:00:55Z2022-10-10T19:00:55ZBatteries électriques : une meilleure traçabilité pour un lithium plus durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/484039/original/file-20220912-6429-j1xjtu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C10%2C1192%2C786&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des tas de sels contenant du lithium, dans le salar d'Uyuni en Bolivie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/tomab/4147784984/in/photolist-7jwtYd-S98sqr-T9d6F1-T9d6sf-To1b28-TjpQFb-S98uBv-S98sbt-S98shk-mStdaa-mSscCT-mSse7H-8S4TfB-mSydxz-mSrWoH-mSy5gK-mSs7F6-mSs13B-mSxavM-mSsAL6-mSzEYj-mSt2in-mSu3aj-mSxHTa-mReVUh-mSvurq-nbRvRV-nt4nTe-mRdCBH-mSrSYD-mR7FgJ-mR9fKA-mR7mic-mRdx7p-mR5Rbi-mRd2yM-mReZeJ-mR5Vur-mRdsjZ-cpGbH9-mRfsX9-mR6D4Z-mRbtS3-mR85cy-mRduxB-mR8S5q-mRdFZ6-mR8xJg-mRaavB-mR68JM">TomaB/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span></figcaption></figure><p>On aime bien savoir d’où viennent les produits que l’on consomme, preuve en est l’AOC de tel fromage ou vin, l’étiquetage de la provenance des fruits et légumes, l’affichage des conditions équitables de production de telle tablette de chocolat ou du café. Mais alors que l’impact environnemental et social associé à nos appareils électroniques entre de plus en plus dans les consciences (pénurie d’eau, bilan carbone, conditions de travail, respect des peuples indigènes, etc.), on ne peut pas encore savoir d’où vient le lithium, un des éléments les plus problématiques dans les batteries actuellement, et donc s’assurer de son origine.</p>
<p>Nous proposons une approche géochimique qui établit une « empreinte digitale » du lithium afin de tracer le lithium de nos batteries et, potentiellement, d’offrir des garanties pour une extraction socialement et environnementalement durable.</p>
<h2>Le lithium, nouvel « or blanc »</h2>
<p>Le lithium a un rôle clé dans les batteries rechargeables des appareils électroniques portables (tablettes et téléphones), des moyens de transport électriques (véhicules hybrides et électriques, scooters et vélos électriques) et pour les technologies stationnaires de stockage d’énergie, indispensables pour le développement des énergies renouvelables intermittentes.</p>
<p>En d’autres termes, les « sels de lithium » sont actuellement une des clés de voûte à la transition énergétique décarbonée.</p>
<p>Les tonnages de lithium nécessaires à la fabrication des batteries au lithium devraient dépasser <a href="https://www.mineralinfo.fr/fr/ecomine/marche-du-lithium-2020-enjeux-paradoxes">100 kilotonnes en 2025</a>, notamment car l’électrification des transports, encouragée ou imposée par différent pays de l’Union européenne, va considérablement augmenter le besoin en lithium dans les prochaines années.</p>
<p>Avec la demande croissante en lithium, les impacts environnementaux et sociaux liés à l’exploitation minière vont augmenter, ainsi que les attentes des consommateurs en termes de garanties sur l’origine du lithium et des efforts déployés pour réduire son impact environnemental et social.</p>
<h2>D’où vient le lithium ?</h2>
<p>À l’heure actuelle, seuls <a href="https://www.mineralinfo.fr/fr/ecomine/marche-du-lithium-2020-enjeux-paradoxes">deux types de gisements</a> sont à l’origine de l’essentiel de la production mondiale en lithium. Il s’agit de gisements de lithium sous la forme de roches dures, par exemple les pegmatites à spodumène (Australie, Canada, Chine) et des saumures des salars sud-américains du « triangle du lithium » (Bolivie, Argentine, Chili) et de Chine.</p>
<p>En Argentine, les communautés indigènes signalent déjà que l’exploitation du lithium sur leurs terres menace <a href="https://www.amnesty.org/fr/latest/press-release/2019/03/amnesty-challenges-industry-leaders-to-clean-up-their-batteries/">leur survie et l’exercice de leurs droits ancestraux</a>.</p>
<p>Au Zimbabwe, où l’exploitation du lithium est actuellement faible, des <a href="https://www.business-humanrights.org/fr/derni%C3%A8res-actualit%C3%A9s/investigating-illicit-financial-flows-in-zimbabwes-lithium-mining-sector/">flux financiers illicites</a> ont déjà été identifiés par certaines ONGs dans le secteur de l’extraction du lithium.</p>
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<p>Ces deux sources de lithium présentent aussi des impacts environnementaux différents. Ainsi, l’exploitation des saumures de lithium consomme de grandes quantités d’eau par évaporation et provoque un <a href="https://www.nature.com/articles/s43247-020-00080-9">risque de pénurie d’eau douce</a> pour les populations et les écosystèmes locaux dans des zones déjà très arides. De son côté, l’impact environnemental de l’exploitation du lithium à partir des roches dures est dominé par un traitement à l’acide sulfurique et par un procédé qui passe par la fracturation mécanique et le traitement thermique du minerai donc plus énergivore que celui de la filière salar. Ainsi, pour la filière roches dures l’impact est plus élevé en termes de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32250776/">réchauffement climatique (émission de CO₂) et d’acidification</a> que pour la filière salar.</p>
<p>À titre d’exemple, les sels de lithium issus des spodumènes australiens qui sont ensuite extraits et purifiés en Chine possèdent un <a href="https://www.jadecove.com/research/liohco2impact">bilan carbone trois fois plus élevé</a> que ceux produits à partir des salars du Chili et d’Argentine.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484040/original/file-20220912-20-4pji63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un échantillon de spodumène de 12,5 centimètres à Itagassu, Espirito Santo, Brésil.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM, Urbain de Cayeux</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une chaîne d’approvisionnement complexe</h2>
<p>La chaîne d’approvisionnement pour la fabrication des batteries est complexe et divisée en de nombreuses étapes, généralement réalisées dans des lieux et des pays différents : l’exploitation minière, la métallurgie d’extraction et de purification, la synthèse des matières actives de la cathode, la fabrication des éléments de la batterie et l’assemblage des packs de batteries.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=119&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=119&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=119&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=150&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=150&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484888/original/file-20220915-22-dii1np.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=150&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La chaîne d’approvisionnement pour la fabrication des batteries.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM, Desaulty</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De plus, un fabricant de batteries peut avoir plusieurs sources d’approvisionnement et différents lots de production d’un même modèle de voiture électrique peuvent par exemple contenir des lithiums d’origines très diverses.</p>
<p>En raison de la complexité de cette chaîne d’approvisionnement, il est difficile pour les utilisateurs finaux de s’assurer que le lithium est issu d’une filière d’approvisionnement responsable et durable.</p>
<h2>Les « empreintes digitales » du lithium</h2>
<p>Pour aider à contrôler et à certifier l’origine et le commerce de la production de lithium, nous proposons une méthode analytique, basée sur l’analyse isotopique du lithium.</p>
<p>En effet, le lithium possède deux isotopes stables (les isotopes sont des variantes du même élément, qui se distinguent par leur masse, pour le lithium il s’agit de <sup>6</sup>Li et <sup>7</sup>Li), que l’on retrouve tous les deux dans les échantillons de lithium, mais leur proportion varie en fonction du minerai, et en particulier des conditions physico-chimiques de formation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/relocaliser-lextraction-des-ressources-minerales-en-europe-les-defis-du-lithium-138581">Relocaliser l’extraction des ressources minérales : en Europe, les défis du lithium</a>
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<p>Cette signature isotopique représente une « empreinte digitale » du lithium. Par exemple, le lithium provenant de saumure contient proportionnellement plus de <sup>7</sup>Li (le nom d’un des deux isotopes) que celui des gisements de type roches dures.</p>
<h2>Traçabilité géochimique du lithium ?</h2>
<p>Cette « empreinte digitale » est en fait, dans la plupart des cas, conservée jusqu’au lithium des batteries qui se trouvent dans nos voitures et nos téléphones. En d’autres termes, en analysant nos batteries, nous pouvons savoir d’où provient le lithium qui la compose grâce à une analyse isotopique.</p>
<p>En effet, nous avons montré dans une étude récente publiée dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-022-31850-y"><em>Nature Communications</em></a> que si certains procédés d’extraction et de purification avaient tendance à augmenter le contenu relatif du <sup>7</sup>Li par rapport à la signature isotopique naturelle, les autres étapes de fabrication des batteries ne modifient pas la signature isotopique. Il est ainsi possible de déterminer si le lithium provient d’un gisement de type saumure ou roche dure.</p>
<p>Pour une détermination plus fine de la provenance, le développement d’une base de données regroupant notamment les valeurs des rapports isotopiques des sels de lithium disponibles sur le marché sera nécessaire. La plus grande limite de cette approche sera les chevauchements des signatures pour des produits provenant de différents sites ou producteurs de sel.</p>
<h2>Vers la certification d’une filière d’approvisionnement en lithium responsable et durable</h2>
<p>Dans le contexte de volonté politique de réindustrialiser la production de batteries en Europe, et de défense de filière de production des batteries durables et responsables, avoir les moyens de certifier le lithium est important.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=214&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=214&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=214&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=269&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=269&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484041/original/file-20220912-26-mvs4db.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=269&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La chaîne de certification proposée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM, Desaulty</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le principe de cette méthode analytique est le même que celui développé pour la <a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/video/tao-tracabilite-analytique-or-guyane">traçabilité de l’or</a>, et du <a href="https://www.bgr.bund.de/EN/Themen/Min_rohstoffe/Rohstoff_forsch/LF_Herkunftrsnachweis_COLTAN_Newsletter01-2010.html">coltan</a>, qui permet de vérifier si le produit correspond à son origine déclarée en comparant l’échantillon en question à des échantillons de référence d’origine connue stockés dans une base de données.</p>
<p>L’aspect crucial pour le lithium sera le développement de la base de données de référence contenant les signatures isotopiques complètes et actualisées des différents produits disponibles sur le marché. Cette base de données devra être incrémentée au fur et à mesure de l’exploitation de nouveaux gisements ou du développement de nouveaux procédés d’extraction et de purification. Pour ce faire, il sera nécessaire de collaborer avec les miniers et producteurs de sels de lithium pour évaluer la signature de leurs produits. Cette collaboration entre la recherche publique et les différents acteurs de la filière est une condition sine qua non pour le développement d’une filière d’approvisionnement en lithium responsable et durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190080/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une nouvelle méthode pour tracer le lithium de nos batteries électriques et encourager une gestion plus durable des ressources minérales.Anne-Marie Desaulty, Chercheur en géochimie isotopique, BRGM, BRGMCatherine Guerrot, PhD Géochimie isotopique et géochronologie, BRGMDaniel Monfort Climent, Ingénieur géologue, ressources minérales et économie circulaire, BRGMGaetan Lefebvre, Chercheur, BRGMSébastien Perret, Technicien en analyses isotopiques, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1901832022-09-27T20:00:35Z2022-09-27T20:00:35ZAvec la classe en plein air, l’école change de regard sur les questions d’environnement<p>Et si l’on faisait classe à l’extérieur ? Au lendemain du premier confinement, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, cette proposition a été suivie par de nombreux enseignants. Des chercheurs et personnels de l’éducation se sont relayés dans les médias pour souligner les bienfaits de ce mode d’enseignement, aussi bien <a href="https://www.lemonde.fr/education/article/2020/04/27/coronavirus-et-si-nous-faisions-la-classe-dehors_6037935_1473685.html">sur le plan sanitaire</a> que pour la <a href="https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/maires-aidez-nous-a-sortir-les-enfants-pour-leur-bien-etre-et-le-notre-20210218_7UFCBKW4ENEKZO3GGZIRAAE6CY/">santé d’enfants souvent trop sédentaires</a>. Le précédent ministre de l’Éducation en avait d’ailleurs aussi reconnu « la vertu pédagogique ».</p>
<p>Si le principe de la classe <a href="https://www.youtube.com/watch?v=V5Ew61tgeVs">« en plein air, à ciel ouvert »</a> prend son origine dans des mouvements pédagogiques du XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècle, elle semble actuellement sortir d’une certaine confidentialité. Des reportages montrent ainsi des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NqnqflgJP0Y">classes de maternelle ou de primaire</a> qui, une fois par semaine, sortent dans un espace extérieur, à proximité de l’école, pour y réaliser des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=hsqaOLYvjsQ">observations</a>, des activités physiques ou des expérimentations, parfois très guidées, parfois beaucoup plus libres.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/V5Ew61tgeVs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Emmenez les enfants dehors ! », Crystèle Ferjou (“7 jours sur la planète”, TV5 Monde).</span></figcaption>
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<p>Cette modalité pédagogique et didactique, qui peut être mise en place autant en milieu urbain que rural, n’est actuellement cadrée par aucun texte officiel spécifique. Dans les représentations, il est donc devenu courant de l’assimiler à l’éducation au développement durable. Cette association se retrouve sur des <a href="https://edd.web.ac-grenoble.fr/article/classe-dehors">sites académiques</a> ou des <a href="https://www.cahiers-pedagogiques.com/lecole-dans-et-avec-la-nature%e2%80%89-la-revolution-pedagogique-du-XXIe%e2%80%afsiecle/">ouvrages de pédagogie</a>.</p>
<p>Pourtant, cette affiliation repose sur un malentendu, ou plutôt sur une méconnaissance du cadre institutionnel général de l’éducation au développement durable. Celle-ci est par ailleurs sous les feux des projecteurs avec le défi climatique et les enjeux relatifs à la biodiversité. Mais que disent les textes officiels de l’Éducation nationale à son sujet ? Et en quoi la classe dans la nature s’ancre-t-elle dans d’autres approches ?</p>
<h2>Une éducation à la gestion de la nature</h2>
<p>Le cadre normatif et conceptuel de l’éducation au développement durable a été bâti autour de sept circulaires, parues entre 2004 et 2020, et une note de service en 2013, date à laquelle l’éducation au développement durable est entrée dans le Code de l’éducation.</p>
<p>L’éducation au développement durable scolaire est fille de plusieurs recommandations internationales : en 1992, le <a href="https://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action36.htm">chapitre 36 de l’Agenda 21</a>, en 1997, la <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000117772_fre">conférence internationale de Thessalonique</a> et, en 2002, le Sommet de Johannesburg sur la Décennie des Nations unies pour l’Éducation en vue du Développement Durable. Ces textes internationaux cadrent l’éducation comme un <a href="https://fr.unesco.org/themes/education-au-developpement-durable/comprendre-edd/decennie-des-Nations-Unies">moyen « au service du développement durable »</a>.</p>
<p>Or avec le développement durable, l’éducation se voit subordonnée à une perspective économique de croissance théorisée à la fin du XX<sup>e</sup> siècle, comme une solution pour faire face aux enjeux du XXI<sup>e</sup> siècle :</p>
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<p>«Aujourd’hui, ce dont nous avons besoin, c’est une nouvelle ère de croissance économique, une croissance vigoureuse et, en même temps, socialement et environnementalement durable.» <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland">Rapport Brundtland</a> (1987).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-lecole-ou-chez-soi-bouger-pour-mieux-apprendre-173764">À l’école ou chez soi, bouger pour mieux apprendre ?</a>
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<p>En France, cet horizon conduit à une mise à distance de la nature et des pratiques éducatives dans la nature. En adoptant explicitement une éthique centrée sur l’humain et son développement économique, l’éducation environnementale est désormais appréhendée par la rationalité et la gestion de l’environnement, en mettant à distance des approches sensibles et naturalistes, souvent qualifiées oralement d’attention aux « petites fleurs » et aux « petits oiseaux ».</p>
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<p>Dès 2004, et pendant plus de dix ans, le mot « nature » – au sens de milieu ou d’environnement – est totalement absent des textes officiels français de cette éducation. À partir de 2007, les sorties scolaires et les dispositifs d’immersion du type « classes de mer », « classes de neige » et « classes vertes », n’y sont plus évoqués. La circulaire de 2015 est une exception en instaurant les « coins nature » et en conseillant de nouveau des « sorties dans la nature ». En 2020, les sorties sont présentes dans une parenthèse mais le texte cantonne la nature à un objet de diagnostic ou à un patrimoine à valoriser par les élèves. Elle est ainsi inféodée à la gestion humaine.</p>
<p>En d’autres termes, dans l’éducation au développement durable des textes officiels français, la nature n’est ni pensée pour elle-même ni en tant qu’agent éducatif. Or il en est tout autrement pour nombre de pratiques et d’orientations dans la classe dehors.</p>
<h2>Une éducation avec la nature</h2>
<p>Précisons que les pratiques de classe dehors sont caractérisées par des objectifs très divers. Les intentions des enseignants peuvent aller de la couverture stricte des programmes, <a href="https://www.enseignerdehors.ch/offre/enseigner-dehors-cest-bon-pour-la-sante/">au bien-être de l’élève</a> en passant par la reconquête de la <a href="https://blogs.mediapart.fr/revue-z/blog/160521/pour-une-pratique-emancipatrice-de-l-ecole-du-dehors-0">place de l’enfant dans la ville</a>.</p>
<p>Lorsque les objectifs sont strictement disciplinaires, les contenus peuvent donc être très éloignés des problématiques socio-écologiques. En se basant sur la nature, parfois avec des outils apportés <em>in situ</em> (livres, loupes, matériel plastifié, etc.), les élèves travaillent les <a href="https://youtu.be/-zXXeVbU2Tg">mathématiques</a>, les sciences, le français, les arts plastiques, l’éducation physique et sportive. La nature est utilisée pour les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=V5Ew61tgeVs">apprentissages formels</a> : des brins d’herbe pour compter ou pour classer, un bâton et le sol pour faire du graphisme, le paysage pour dessiner, pour inventer un poème ou une histoire, des rondins de bois pour créer un parcours…</p>
<p>Mais, au-delà, lorsque les espaces de pratique sont suffisamment « ensauvagés », la nature peut littéralement entrer dans les relations éducatives. Elle contribue à l’apprentissage de deux façons, soit d’une façon formelle, lorsque ses manifestations sont présentées, expliquées et mises en avant par l’enseignant, soit d’une façon informelle, par le simple fait de s’y trouver en immersion.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/66YeJzS8sJM?wmode=transparent&start=15" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Avec le Covid-19 la classe en plein air a la cote (Le Parisien.</span></figcaption>
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<p>De premiers travaux publiés de la recherche-action participative <a href="https://wiki.reseauecoleetnature.org/RAP_ECRIN/?PagePrincipale">Grandir avec la nature</a> montrent en effet que les enseignants <a href="https://youtu.be/7lzdHoUtwzM">construisent des savoirs</a>
sur des situations vécues au dehors et non planifiées : un oiseau qui passe, un changement dans la saison, des bruits… Ils contribuent aussi à montrer que la <a href="https://nuage.reel48.org/s/ZzS9jLjJHnkPdas">nature est une source d’apprentissage</a> à travers la construction, par l’expérience, de liens identitaires et d’attachement à l’environnement.</p>
<p>Cette part informelle, nommée <a href="https://www.dailymotion.com/video/x894mq">écoformation</a>, place l’éducation des élèves dans une perspective bien plus orientée vers le devenir de l’être humain que vers un programme économique prédéfini.</p>
<h2>Une éducation « par en bas »</h2>
<p>La classe dehors n’est donc pas assimilable à l’éducation au développement durable telle qu’elle est prescrite dans les circulaires de l’Éducation nationale. Construite par la mobilisation d’acteurs de terrain, dont des professionnels de l’éducation à l’environnement qui ont alerté dès 2008 sur la <a href="https://frene.org/wp-content/uploads/2021/04/manifeste-dynamique-sortir.pdf">diminution des pratiques éducatives au dehors</a>, elle est en mesure d’intégrer la nature dans ses méthodes, ses objectifs et ses finalités. C’est une éducation bâtie « par en bas », par le « terrain ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lecole-dehors-lexposition-a-la-nature-ne-fait-pas-tout-150013">L’école dehors : l’exposition à la nature ne fait pas tout !</a>
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<p><em>A contrario</em>, l’éducation au développement durable est une <a href="https://www.cairn.info/revue-z-2021-1-page-158.htm">éducation « par en haut »</a> orientée par des instances internationales vers un objectif de croissance économique. Son adossement aux objectifs de développement durable (ODD) confirme cette tendance.</p>
<p>Ils sont désormais <a href="https://www.calec-dz.org/wp-content/uploads/2022/08/Livre-Integration-des-Objectifs-de-Developpement-Durable-ODD-en-Milieu-Scolaire-Algerien.pdf">obligatoires pour toute labellisation d’établissement</a> par exemple. Or dans les ODD, la « vie aquatique » et la « vie terrestre » sont en quatorzième et quinzième position, bien après « l’accès à l’emploi » (en huitième position) ou « l’innovation » (en neuvième position), ce qui exprime clairement les hiérarchies à l’œuvre.</p>
<p>En voulant inscrire leurs pratiques dans les cadres existants, les acteurs s’en accommodent et inventent perpétuellement des manières de faire. En l’occurrence, cela permet d’inclure la classe dehors dans le cadre de l’éducation au développement durable mais sans une prise de conscience de son essence. D’autant que l’institution scolaire elle-même alimente un certain flou.</p>
<p>Dans le <a href="https://cache.media.education.gouv.fr/file/Education_au_developpement_durable/66/5/Vademecum_EDD_1377665.pdf">récent « vademecum de l’éducation au développement durable »</a>, on peut lire quelques appels à l’éducation par la nature pour les petites classes à côté d’approches comportementalistes et gestionnaires, largement prédominantes. On pourrait donc en conclure qu’elle prend acte du terrain et incorpore ses évolutions et que peu importe les pratiques, elles peuvent toutes être classées « éducation au développement durable ».</p>
<p>Oui mais, au fond, pour quelles finalités et dans quel cadre éthique des relations humain-nature les enseignants voient-ils leurs pratiques professionnelles orientées ? Ce flou n’est-il pas un des principaux obstacles à sérieuse éducation environnementale ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190183/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Zwang ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Face aux enjeux climatiques, l’éducation au développement durable est sous les feux des projecteurs. Mais, si on la confond souvent avec la classe en plein air, elle repose sur des bases différentes.Aurélie Zwang, Maître de conférences en sciences de l'éducation et de la formation. Éducation à l'environnement. Didactique des sciences, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1900052022-09-12T22:40:46Z2022-09-12T22:40:46ZLa cybersécurité doit aussi se penser durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/482723/original/file-20220905-2318-9vo37n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=70%2C98%2C1891%2C1263&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le potentiel de la technologie reste souvent entravé par des facteurs externes dans son utilisation.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/117994717@N06/40466246635">École polytechnique/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’utilisation des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/technologies-21576">technologies</a> est à la fois porteuse d’opportunités et de risques. Actuellement, les sources d’insécurités sont notamment liées à l’interconnexion des millions d’appareils formant <a href="https://theconversation.com/fr/topics/internet-des-objets-21322">l’Internet des objets</a>. Cette interconnexion peut apparaître comme une bombe à retardement qui risque de faire vaciller la confiance des utilisateurs (organisations et consommateurs) et d’affecter l’économie moderne et les institutions démocratiques. Si nous voulons éviter le pire, nous devons donc adopter une <a href="https://docs.lib.purdue.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1034&context=cit_articles">approche durable de la cybersécurité</a>.</p>
<p>Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont au cœur de toutes les transactions de la vie moderne, qu’il s’agisse de la distribution d’électricité et d’eau, des opérations bancaires, des achats, de la fabrication ou de la correspondance. Elles soutiennent de plus en plus, sinon complètement, les actions traditionnelles de durabilité telles qu’identifiées par les 10 principes du <a href="https://www.un.org/fr/exhibit/odd-17-objectifs-pour-transformer-notre-monde">Pacte mondial des Nations</a> unies et les <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3262527">17 objectifs de développement durable</a>. L’ONU reconnaît en effet aux TIC un rôle catalyseur, un moyen de « <a href="https://sustainabledevelopment.un.org/topics/technology">réaliser l’innovation</a>, les opportunités commerciales et le développement, le commerce des biens et services environnementaux, la finance et l’investissement, et les capacités institutionnelles ».</p>
<p>Cependant, le potentiel de la technologie reste souvent entravé par des facteurs externes dans son utilisation. <a href="https://theconversation.com/fr/topics/internet-20905">L’Internet</a> n’a pas été construit dans un souci de sécurité ; de ce fait, une grande partie des flux de données au niveau mondial sont échangés sur des réseaux publics vulnérables aux attaques.</p>
<h2>Confiance humaine</h2>
<p>L’incapacité à garantir la confidentialité, l’intégrité, l’authenticité ou la disponibilité des informations – c’est-à-dire la cybersécurité ou la sécurité de l’information – peut dès lors entraîner des défaillances critiques. Ces défaillances mettent en péril la réputation, les revenus, les actifs et la longévité même de l’entreprise. Si rien n’est fait, une mauvaise cybersécurité peut également menacer les TIC elles-mêmes. Le chercheur américian Jason Healey, de l’Université de Columbia, soulignait d’ailleurs en 2017 :</p>
<blockquote>
<p>« Même si les [TIC] ne sont pas une ressource naturelle – comme l’air, la terre, la mer ou l’espace – elles peuvent être détruites par des actions imprudentes. En fait, comme leur fondement n’est pas naturel, mais repose essentiellement sur la <a href="https://www.atlanticcouncil.org/wp-content/uploads/2015/08/AC_StrategyPapers_No8_Saving_Cyberspace_WEB.pdf">confiance humaine</a>. Le cyberespace et l’Internet peuvent être beaucoup plus sensibles aux perturbations à long terme. »</p>
</blockquote>
<p>Dans ce contexte, nous nous devons d’avoir une lecture dynamique et sociétale de l’essor des TIC, afin que l’ère numérique poursuive sa croissance exponentielle mais surtout que celles-ci continuent d’assurer ce mécanisme d’innovation nécessaire à la réalisation des ODD définis par les Nations unies.</p>
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<p>La « cybersécurité » en soi n’a pas d’horizon temporel. La recherche de durabilité peut se définir ici comme le fait de vouloir que les générations futures disposent d’un Internet aussi riche, ouvert et sûr que celui d’aujourd’hui. Selon cette perspective, la cybersécurité durable est une approche dans laquelle les interactions avec l’écosystème des TIC sont comprises et délibérées, et où chaque participant comprend sa responsabilité en qualité d’« intendant » en vue de respecter et préserver son utilisation future.</p>
<h2>Mieux informer le marché</h2>
<p>La transition vers une approche de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cybersecurite-31367">cybersécurité</a> axée sur la durabilité demande que l’ensemble des parties prenantes se transforme en acteurs de la sauvegarde de cet écosystème. Dans cette vision: </p>
<ul>
<li><p>les entreprises assument de revoir leurs méthodes de gestion, afin de mieux répartir les stratégies d’investissements et d’évaluer les mesures de rentabilité (internalisation des externalités) ; </p></li>
<li><p>les gouvernements s’engagent à élaborer des stratégies nationales ; </p></li>
<li><p>les assureurs s’attèlent à modifier les incitations par le biais de nouveaux paramètres de souscription ; </p></li>
<li><p>les établissements d’enseignement cherchent à moderniser les programmes d’études ; </p></li>
<li><p>les consommateurs apprennent les éléments pertinents de la cybersécurité et à les intégrer dans leur vie quotidienne.</p></li>
</ul>
<p>Des efforts naissants sont déjà en cours pour accroître la transparence, sensibiliser les consommateurs au respect de la vie privée et à la sécurité, et stimuler la demande de meilleurs produits et services. Aux États-Unis, un groupe d’experts en sécurité technologique et en responsabilité des entreprises est par exemple en train d’élaborer <a href="https://thedigitalstandard.org/standard/"><em>The Digital Standard</em></a> (la norme numérique) pour créer une norme de sécurité et de protection de la vie privée numérique, afin de guider la conception future des logiciels grand public, des plates-formes et services numériques ainsi que des produits connectés à l’Internet.</p>
<p>De même, les meilleures pratiques établies en matière de développement de logiciels et les efforts visant à élaborer une nomenclature de ces derniers contribuent à favoriser un marché informé. À l’instar des consommateurs qui regardent les étiquettes des ingrédients et les pratiques commerciales concernant l’impact environnemental et social, une plus grande transparence et une meilleure connaissance des pratiques de cybersécurité des entités, via par exemple des normes, devront permettre de mieux éduquer les utilisateurs, en les habituant à exiger des produits qui donnent la priorité à la sécurité.</p>
<h2>Effort collectif</h2>
<p>En réponse à cette demande, et également des éléments de la norme, il conviendra d’améliorer les politiques et pratiques d’information dans un <a href="https://www.ssi.gouv.fr/uploads/2016/06/resilience-de-linternet-rapport-2016.pdf">langage simple</a> que la personne non spécialiste peut comprendre, de mieux contrôler les données que l’appareil collecte et à quelles fins ces données seront utilisées.</p>
<p>À partir de ce point de vue élargi, on peut commencer à envisager ce que signifie réellement la cybersécurité durable. En effet, celle-ci ne se limite pas aux mesures prises par les développeurs et les fabricants de matériel. L’intégration de pratiques de gestion de la cybersécurité durable dans l’ensemble de l’écosystème de l’Internet et des TIC doit permettre à toutes les parties prenantes de faire leur part pour améliorer la sécurité de l’écosystème et <a href="https://www.sciencedirect.com/?ref=pdf_download&fr=RR-11&rr=745dab2b6f3899f4">renforcer la confiance</a> dans celui-ci.</p>
<p>Grâce aux pratiques de cybersécurité durable, les parties prenantes du monde entier pourront faire preuve d’intention, lorsqu’elles participent et contribuent à l’économie moderne, qu’il s’agisse de développer des produits et des services, de gérer un foyer, d’exploiter des infrastructures critiques ou d’élaborer des politiques nationales. Grâce à cet effort collectif, l’ensemble des parties pourra avoir davantage confiance dans le fait que les technologies de l’information et des communications soutiennent pleinement et en toute sécurité les innovations d’aujourd’hui et de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190005/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’interconnexion, liée notamment à l’essor de l’Internet des objets, multiplie les risques et les fragilités dans le cyberespace, ce qui exige une réponse plus large qu’aujourd’hui.Olivier Meier, Professeur des Universités, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Jeanne Le Roy, Professeure associée en ressources humaines et comportement organisationnel, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1839522022-09-07T13:50:00Z2022-09-07T13:50:00ZNaviguer dans le changement climatique : comment le transport maritime s’adapte<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/479429/original/file-20220816-1877-81vt6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C1000%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le transport maritime sur le Saint-Laurent doit s'adapter au changement climatique en adoptant des technologique intelligentes, durables et en se décarbonisant.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Lorsqu’on le compare aux grands axes de navigation fluviale à travers le monde, on constate que le fleuve Saint-Laurent est une voie navigable privilégiée.</p>
<p>Il prend sa source à l’embouchure du lac Ontario, à une altitude de 250 mètres. De sa source jusqu’au golfe, le fleuve parcourt 1 197 kilomètres. Il est nourri par plusieurs affluents dont les rivières Outaouais, Richelieu, Saint-François et Saguenay.</p>
<p>Mais les impacts du changement climatique se font sentir. L’industrie maritime s’adapte. Elle amorce présentement un virage vers les technologies intelligentes en vue de cette transition énergétique et de sa décarbonation.</p>
<p>Dans cet article, nous verrons comment l’industrie maritime et portuaire intègre le changement climatique dans ses modèles d’affaires et met en place différentes mesures d’adaptation.</p>
<p>Professeur émérite de géographie à l’Université de Montréal, je suis conseiller académique à l’Administration portuaire de Montréal. Je m’intéresse aux enjeux du transport maritime depuis 30 ans.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/limportance-de-la-voie-maritime-du-saint-laurent-pour-leconomie-du-quebec-aujourdhui-et-encore-plus-demain-183951">L’importance de la voie maritime du Saint-Laurent pour l’économie du Québec, aujourd’hui et encore plus demain</a>
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<h2>Une communication intelligente</h2>
<p>La navigation maritime commerciale sur le Saint-Laurent est affectée par plusieurs réalités : variations des niveaux d’eau en lien avec des changements cycliques saisonniers, inégalité des précipitations, mouvement des glaces à la surface du fleuve, variations de température et mutations dans l’apport des affluents et autres facteurs anthropiques.</p>
<p>Dans ce système, la zone de transition entre l’eau salée et l’eau douce débute à l’est de l’île d’Orléans. Une eau avec une concentration de sel plus élevée a une densité plus élevée que celle d’eau douce, où les navires s’enfoncent davantage.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></strong></p>
<p><br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d’une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
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<p>La route de navigation doit donc être entretenue et disposée d’équipements d’aide à la navigation fixe et flottante (phares, feux d’alignement, bouées, etc.). Le <a href="https://www.cidco.ca/partenaires/service-hydrographique-du-canada">Service hydrographique du Canada</a> surveille les marées et les niveaux d’eau, produit des cartes marines et collecte un ensemble de données nécessaires à l’établissement de programmes d’utilisation sécuritaire et durable de la voie navigable.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un phare rouge et blanc dans une étendue d’eau" src="https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480427/original/file-20220822-76470-i4l0ig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un phare dans le fleuve Saint-Laurent, près de Tadoussac. Il fait partie des nombreux équipements d’aide à la navigation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>L’aide à la navigation comprend un système de télécommunications entre les navires et les rives du fleuve. <a href="https://ogsl.ca/fr/news/les-defis-de-la-navigation-sur-le-saint-laurent-perspective-dun-pilote-maritime/">Le Saint-Laurent étant particulièrement difficile à naviguer</a>, le recours à des pilotes du fleuve est nécessaire pour favoriser la sécurité et la sûreté des navires venus de partout dans le monde. Ouvert à la navigation océanique hivernale, la Garde côtière assure le maintien d’une flotte de brise-glaces afin de permettre la circulation des navires.</p>
<h2>Les impacts du changement climatique</h2>
<p><a href="https://www.ouranos.ca/wp-content/uploads/ACA_GLSL-synth%c3%a8se_VF.pdf">La littérature scientifique</a> confirme que le transport maritime, les systèmes portuaires et les chaînes d’approvisionnement sont influencés par l’action combinée du changement climatique et de plusieurs formes d’interventions anthropiques.</p>
<p>Le changement climatique se manifeste surtout par l’augmentation de la température de l’air qui affecte les niveaux d’eau, les précipitations, les conditions de glace et les tempêtes. Ils peuvent accroître la vulnérabilité de la chaîne de transport fluvio-maritime du Saint-Laurent et provoquer l’augmentation du coût de la participation du Québec au commerce international.</p>
<p>Voici comment l’industrie maritime et portuaire intègre et s’adapte à ces nouvelles donnes.</p>
<p>1) <strong>Des températures extrêmes</strong></p>
<p>Des températures extrêmes chaudes entraînent un ralentissement de la productivité de la main-d’œuvre et une réduction des heures de travail à l’extérieur. Il en résulte un rallongement des heures de navires à quai et par conséquent, un retard dans les opérations et de plus nombreux navires en attente.</p>
<p>Par ailleurs, des températures élevées ont des répercussions sur les équipements portuaires. La machinerie est plus à risque de bris. On enregistre une hausse des coûts d’énergie en lien avec la ventilation et la climatisation.</p>
<p>Une hausse des températures peut par ailleurs accroître la vulnérabilité de l’environnement marin aux tempêtes et à l’amplitude des vagues. Les tempêtes ont des répercussions directes sur la planification d’un trajet de navigation sur le Saint-Laurent.</p>
<p><strong>Les solutions :</strong> Certaines innovations utilisent la navigation intelligente pour réduire la vulnérabilité de la navigation maritime commerciale aux variations extrêmes de températures (froids et chaleurs extrêmes), de fluctuation des niveaux d’eau (étiage et inondations) et de changements dans la force et la direction des vents.</p>
<p>La navigation intelligente repose sur l’interconnectivité entre systèmes d’information. L’assistance à la navigation (numérisation des fonds marins, réalité augmentée et mixte pour le pilotage et les réparations matérielles en mer) permet de limiter les risques d’incidents et d’accidents sur le fleuve ou dans le chenal navigable.</p>
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<img alt="Un gros navire est accompagné dans l’eau par un homme en tenue orange" src="https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480422/original/file-20220822-76834-cpqei8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le cargo Dolfijngracht est accompagné pour faire son entrée dans le port de Baie-Comeau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Pour assurer l’amarrage sécuritaire des navires à quai en cas de grands vents ou d’événements atmosphériques extrêmes, les administrations portuaires renforcent les bornes d’amarrage pour éviter les ruptures. En outre, les ports du Saint-Laurent ont adopté des plans de prévision des retards pour l’amarrage et le déchargement des cargaisons afin de limiter les délais d’attente au port en cas de conditions météorologiques extrêmes.</p>
<p>2) <strong>Fluctuation des eaux</strong></p>
<p>Considérant que le système Saint-Laurent permet l’accès à des navires de forte capacité, le niveau d’eau est un problème plus important qu’ailleurs.</p>
<p>Or, le changement climatique accentue les problèmes d’accès dans tous les ports du fleuve. Les changements de profondeur d’eau n’affectent pas seulement leur capacité, mais également leur fiabilité, un facteur clé dans le développement des trafics.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/changements-climatiques-a-quoi-sattendre-pour-le-sud-du-quebec-166327">Le réchauffement climatique annonce des hivers plus courts, moins froids, avec davantage de redoux et d’épisodes de pluie</a>. Des épisodes de fortes pluies peuvent accroître les besoins de dragage et d’entretien des chenaux d’accès en raison d’une amplification du transport de sédiments.</p>
<p>Ce seuil peut provoquer de graves inondations des quais et des aires de manutention portuaire en raison des débordements côtiers et des problèmes de captage en surface des eaux de pluies. Une inondation importante pourrait aussi endommager les équipements de surveillance et compromettre la sécurité du port.</p>
<p><strong>Les solutions :</strong> Durant les épisodes de baisses du niveau d’eau, les administrations portuaires renforcent la sécurité de tous les navires qui circulent sur le système fluvial par l’installation d’une signalétique numérique et physique localisant les phénomènes de courants ainsi que les hauts-fonds.</p>
<p>Dans un contexte de pluies intenses et extrêmes, les ports entreprennent un rehaussement des quais et des infrastructures. Les sédiments prélevés lors des dragages d’entretien peuvent être utilisés pour stabiliser les infrastructures qui subissent des processus d’érosion accrus ou assurer en complément des services écologiques.</p>
<p>3) <strong>L’englacement</strong></p>
<p>L’englacement est un phénomène qui assure en partie la protection des côtes en période hivernale. Avec sa diminution, il y aura une hausse potentielle de l’exposition des côtes aux fortes vagues et du même coup, une <a href="https://theconversation.com/erosion-des-berges-du-saint-laurent-il-faut-travailler-avec-la-nature-et-non-la-combattre-178824">érosion accrue des berges</a>.</p>
<p>Le changement climatique va mener à une plus grande variabilité des épaisseurs moyennes de glace et surtout, à un morcellement du couvert de glace sur le fleuve Saint-Laurent. Dans plusieurs ports du Saint-Laurent, ce morcellement pourrait s’accélérer avec la manœuvre des navires à l’entrée et à la sortie des ports.</p>
<p>Ces détachements multiples des glaces soulèvent d’importants problèmes de sécurité maritime, augmentent les risques de collision avec les navires, forcés à ralentir.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un brise-glace dans la glace du fleuve" src="https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/479454/original/file-20220816-2734-6mhkzt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un brise-glace au travail dans le fleuve Saint-Laurent. Le changement climatique va mener à une plus grande variabilité des épaisseurs moyennes de glace et à un morcellement du couvert de glace.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p><strong>Les solutions</strong> : Pour lutter contre la formation erratique des glaces, la création d’un service de surveillance des conditions de glace dans les eaux du fleuve est une mesure prioritaire qui est systématisée ou renforcée. Il permet de fournir un outil de navigation précis aux navires. L’acquisition de remorqueurs équipés de brise-glace fonctionnant 24/7 permet d’éviter l’accumulation de glaces à proximité du port et dans le chenal navigable et d’augmenter ainsi la sécurité des navires de commerce.</p>
<h2>Transition énergétique</h2>
<p>La décarbonation de l’économie maritime portuaire est au cœur de la lutte aux changements climatiques. Les transporteurs maritimes et les ports composent avec différentes stratégies de gestion de la transition énergétique.</p>
<p>Des transporteurs maritimes canadiens comme Fednav, CSL, Groupe Desgagnés Inc, NEAS, Groupe Océan, ainsi que la Société des traversiers du Québec et la Garde côtière canadienne, ont consenti des investissements dans : 1) l’amélioration de leur flotte par des technologies de réduction des émissions ; 2) la réduction de la vitesse des navires ou 3) l’utilisation de carburants alternatifs dont le gaz naturel liquéfié (GNL) et les biocarburants.</p>
<p>Les ports du Saint-Laurent ont aussi entrepris plusieurs initiatives : installation de bornes électriques pour alimenter les navires (Montréal) ; introduction du gaz naturel comme nouveau service d’avitaillement des navires (Montréal, Québec) ; abaissement des droits portuaires pour les armateurs écoresponsables (Québec) ; déploiement de nouveaux équipements de chargement permettant de réduire les délais d’attente des navires (Sept-Îles) ; fonds de soutien aux projets et aux innovations écologiques (Trois-Rivières) ; projets d’économie circulaire (Bécancour) ; installation de convoyeurs électriques (Saguenay).</p>
<p>Cette transition énergétique en cours nécessite la mise au point d’outils de production énergétique renouvelable, une recherche de gains en efficience, une baisse de la consommation et un accroissement des interconnexions pour faciliter les échanges.</p>
<p>Cette transformation structurelle des modes de production et de consommation de l’énergie nécessite des investissements importants, l’introduction d’innovations et une volonté politique forte. C’est dans ce contexte que les actions de l’industrie maritime et portuaire du Québec s’inscrivent au sein de pratiques exemplaires de la transition énergétique à l’international.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183952/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Comtois a reçu des financements de plusieurs ministères fédéraux et provinciaux (Transport Canada, Ministère des Transports du Québec, Ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations), du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSHC), du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie (FRQNT) et du Réseau Québec Maritime (RQM).</span></em></p>Le transport maritime sur le Saint-Laurent est en cours d'adaptation au changement climatique en adoptant des technologique intelligentes, durables et en se décarbonisant.Claude Comtois, Professeur émérite de géographie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1844252022-07-27T13:04:39Z2022-07-27T13:04:39ZIl faut repenser notre manière d’habiter le fleuve Saint-Laurent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/470329/original/file-20220622-22-t9b505.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C7%2C983%2C658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des maisons construites le long du fleuve Saint-Laurent, à La Malbaie. Les techniques d’enrochement et de bétonisation utilisées pour protéger les terrains privés et les sites industriels des fluctuations du niveau de l’eau réduisent la biodiversité des rives.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le fleuve Saint-Laurent est d’une richesse incommensurable. Drainant à lui seul un <a href="https://wwf.ca/stories/5-amazing-facts-about-the-st-lawrence-river/">quart des réserves d’eau douce de la planète</a>, il forme l’un des plus vastes écosystèmes au monde.</p>
<p><a href="https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=204378&type=bien">Depuis des temps immémoriaux, sa navigation a joué un rôle prépondérant dans le développement culturel, économique et social du continent :</a> il constitue aujourd’hui le principal repère patrimonial commun des peuples autochtones, des descendants des premiers colons européens et des nouveaux arrivants qui habitent sa région.</p>
<p>Principal vecteur de l’urbanisation de l’est de l’Amérique du Nord, <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/2986">la privatisation de ses rives à des fins résidentielles, commerciales et industrielles continue toutefois d’appauvrir les générations futures</a>. Centrée sur une logique d’exploitation exclusive aux plus riches, elle génère des nuisances écologiques importantes et entraîne un coût de gestion du risque considérable pour l’État québécois. <a href="https://glslcities.org/wp-content/uploads/2015/05/Brochure-Alliance_Final_BR_SPREAD.pdf">Les accès publics au fleuve sont, de leur côté, nettement insuffisants.</a></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
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<p>Ainsi, afin de définir l'avenir de notre fleuve, il nous paraît nécessaire d’entamer un vaste projet citoyen avec tous les acteurs concernés : les gouvernants nationaux, provinciaux et municipaux, la communauté scientifique, la société civile, les entreprises ainsi que les communautés locales et translocales qui habitent le long du fleuve. Nous proposons de concevoir ensemble un projet qui réponde aux <a href="https://www.umontreal.ca/transition/onu/">objectifs de développements durables des Nations unies</a> ainsi qu’aux principes des droits humains et des <a href="https://www.un.org/development/desa/indigenouspeoples/wp-content/uploads/sites/19/2018/11/UNDRIP_F_web.pdf">droits des peuples autochtones</a>.</p>
<p>Piloté par un groupe de chercheurs et de professionnels à l’Université de Montréal, dont je fais partie, le projet <em>Fluvialités</em> de la <a href="https://www.unesco-paysage.umontreal.ca/fr/">Chaire Unesco en paysage urbain</a> réunit les savoirs scientifiques et citoyens dans des actions concrètes qui pourront être implantées au courant de la prochaine décennie. Ces actions concernent l’ensemble du bassin hydrographique du Saint-Laurent, en se focalisant plus spécifiquement sur les zones habitées à proximité des rives du fleuve.</p>
<p>Le projet entend concevoir plusieurs stratégies d’aménagement paysager et de design écosystémique, une approche qui vise l'intégrité et la viabilité des écosystèmes. Il souhaite aussi repenser les cadres constitutionnels, législatifs et réglementaires, ainsi que les normes sociales qui définissent aujourd’hui notre relation collective à cette vaste étendue d’eau.</p>
<h2>Inondations et érosions</h2>
<p>Depuis quelques années, les changements climatiques accroissent le risque d’inondations le long du fleuve et de ses affluents, en raison d’une intensification des précipitations sur l’ensemble du bassin hydrographique et de l’élévation des océans. </p>
<p>On tente d’amenuiser le risque par l’artificialisation des berges. Or, les techniques d’enrochement et de bétonisation utilisées pour protéger les terrains privés et les sites industriels des fluctuations du niveau de l’eau réduisent la biodiversité des rives, en plus de limiter leur accessibilité à la population.</p>
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<img alt="Rangée de maisons donnant sur un cours d’eau" src="https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’artificialisation des berges le long du fleuve Saint-Laurent avec des techniques d’enrochement et de bétonisation réduisent la biodiversité des rives.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>La <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf">hausse globale d’un ou deux degrés Celsius prévue dans les prochaines décennies</a> suffira à faire monter le niveau de l’eau de plusieurs mètres en de nombreux endroits. En touchant les quartiers résidentiels et sites industriels situés à proximité des rives, les inondations mettent en péril plusieurs vies humaines <a href="https://ceriu.qc.ca/system/files/2018-02/A2.5_L.Dasilva_0.pdf">et peuvent causer des dégâts matériels représentant des milliards de dollars</a>. </p>
<p>Toutes les municipalités situées le long du fleuve seront affectées, soit directement, soit indirectement, par les conséquences de cette hausse du niveau de l’eau.</p>
<p>Une quantité phénoménale de <a href="https://ici.radio-canada.ca/amp/1170964/inondations-pollution-debris-ordures-environnement-contamination">débris et de produits chimiques se retrouvent de plus dispersés par le courant</a>, ce qui pollue l’écosystème fluvial, mais aussi les terres et les nappes phréatiques du bassin hydrographique. Le processus d’érosion des berges s’en retrouve déjà accéléré, et menace ainsi un nombre croissant d’habitats naturels riverains. Il favorise les glissements de terrain et le rejet de substances toxiques dans l’environnement.</p>
<p>Ce scénario est aujourd’hui bien connu des chercheurs et des décideurs politiques. Or, malgré <a href="https://www.planstlaurent.qc.ca">d’excellents travaux</a> pour évaluer les multiples risques et proposer des stratégies d’aménagement pour mitiger ceux-ci, il n’existe à l’heure actuelle aucun projet qui offre une vision d’aménagement à long terme de l’ensemble du fleuve Saint-Laurent.</p>
<p>Il nous paraît donc primordial que les connaissances actuelles et à venir sur les risques naturels et humains soient mises en œuvre rapidement. Nous devons repenser de manière radicale notre rapport à l’habitat fluvial du Saint-Laurent, des Grands Lacs à l’océan Atlantique. </p>
<h2>Une tendance mondiale</h2>
<p>Premier projet du genre au monde, <em>Fluvialités</em> , initié en 2021-2022, s’inscrit dans une <a href="https://living-with-rivers.com">tendance globale pour une gouvernance mondiale des grands fleuves</a></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue de Montréal de la Rive-Sud. La majorité des citoyens du Québec vivent au bord du fleuve Saint-Laurent, comme les Montréalais.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Nous nous inspirons de projets tels que <a href="https://archive.arch.ethz.ch/studio-basel/publications/books/switzerland-an-urban-portrait.html">« Switzerland : an Urban Portrait »</a> du Studio Basel, la <a href="https://submarinechannel.com/lagos-wide-close/">recherche sur la métropole de Lagos, au Nigeria</a>, menée par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, <a href="https://ecoleanthropocene.universite-lyon.fr">l’Ecole de l’anthropocène</a>, dirigée par le géographe français Michel Lussault, et la vision de l’urbaniste italienne Paola Viganò pour une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=T2GvZAWwew4">Métropole horizontale</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">La vision de l’urbaniste italienne Paola Viganò pour une Métropole horizontale.</span></figcaption>
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<p>Ces démarches font écho à une pratique grandissante dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture de paysage. En abordant les enjeux de sociétés à plusieurs échelles, ces disciplines arrivent aujourd’hui à produire des solutions concrètes pour la société et l’environnement, tout en favorisant le développement économique. Les projets qui découlent de ces connaissances sont plus à même d’atteindre les objectifs de durabilité.</p>
<h2>Un réseau multidisciplinaires</h2>
<p><em>Fluvialités</em> fera l’objet d’une première phase de consolidation jusqu’en 2023-2024. Nous visons la constitution d’un réseau de chercheurs universitaires, d’organismes à but non lucratifs, de représentants des communautés riveraines et d’entreprises soucieuses du devenir du fleuve.</p>
<p>Nous comptons réaliser une première consultation publique sur les aspirations citoyennes en 2024-2025. Celle-ci s’inspire d’exercices de démocratie interactive sur les enjeux environnementaux récemment menés en <a href="https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr">France</a> et au <a href="https://www.climateassembly.uk">Royaume-Uni</a>.</p>
<p>En parallèle, nous constituons un atlas numérique des savoirs scientifiques, sociaux et culturels du fleuve. Ces activités se traduiront entre autres par des activités d’enseignement universitaire et collégial selon une approche de recherche-création où les étudiants et les étudiantes participent au changement.</p>
<p>Des équipes pédagogiques, composées d’experts locaux et internationaux, conduiront ainsi des ateliers de planification et d’aménagement sur différentes sections du fleuve ainsi que sur des contextes comparables à l’international.</p>
<p>Le développement durable et inclusif du fleuve Saint-Laurent mérite notre attention. Si son développement se poursuit tel qu’aujourd’hui, cela aura des conséquences néfastes sur les populations et l’environnement en Amérique du Nord. Il faut mettre en place une stratégie transnationale pour le développement inclusif et durable du fleuve et de notre société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184425/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Shin Koseki ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le développement durable et inclusif du fleuve Saint-Laurent est essentiel. Un laissez-faire prolongé aura des conséquences néfastes sur les populations et l’environnement.Shin Koseki, UNESCO Chair Professor in Urban Landscape, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1855482022-06-27T16:05:31Z2022-06-27T16:05:31ZGenre et climat : décryptage de la rhétorique des acteurs du développement<p>Le fait que le changement climatique accentue les inégalités de genre fait désormais consensus, mais les manières d’en parler diffèrent selon les acteurs du monde de l’aide au développement.</p>
<p>Lors du Sommet de la Terre de Rio (1992) et de la 4<sup>e</sup> Conférence mondiale sur les femmes (1995), des engagements ont été pris liant les questions de genre et de changement climatique. Au cours des décennies suivantes, ces <a href="https://institut-du-genre.fr/fr/ressources/revues-en-etudes-de-genre/article/cahiers-genre-et-developpement">questions</a> ont fait l’objet de <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/281114-rapport-du-giec-sur-le-climat-un-constat-alarmant">productions académiques importantes</a>. En 2015, l’<a href="https://sdgs.un.org/fr/2030agenda">Agenda 2030</a> de l’ONU présente la réduction des inégalités de genre et la lutte contre le changement climatique comme deux des <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">17 objectifs de développement durable</a> (ODD 5 et ODD 13). Enfin, en novembre 2021, lors de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), les États ont <a href="https://unfccc.int/fr/news/l-elan-se-renforce-a-la-cop-26-pour-une-action-en-faveur-de-l-egalite-des-sexes">réaffirmé l’importance de ces aspects</a> avec toutefois <a href="https://vert.eco/articles/a-la-cop26-les-liens-entre-genre-et-climat-sont-les-laisses-pour-compte-des-negociations">peu d’annonces concrètes.</a></p>
<p>En soulignant le caractère incontournable des enjeux liés au climat et à l’égalité femmes-hommes, la plupart des acteurs du développement ont traduit dans leurs discours une volonté partagée affirmant l’urgence et la légitimité d’une nouvelle perspective pour le développement, associant égalité de genre et durabilité environnementale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/genre-et-changement-climatique-des-photos-qui-parlent-81131">Genre et changement climatique : des photos qui parlent</a>
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<p>Comment ces deux problématiques s’articulent-elles dans les récits et les narratifs de ces acteurs ?</p>
<h2>Huit types de discours</h2>
<p>Une <a href="https://www.afd.fr/en/ressources/how-do-international-organizations-address-articulation-between-gender-and-climate">étude de l’OFCE réalisée avec le soutien de l’AFD</a> a permis de conduire une analyse de 800 productions discursives (déclarations, stratégies, feuilles de route…) articulant les questions de genre et de climat et de mieux comprendre les différentes visions et les objectifs de transformation plus ou moins profonds à l’œuvre dans ces deux champs.</p>
<p>Huit narratifs principaux (des plus partagés aux émergents) ont été identifiés à partir des documents d’organisations suivantes : des banques multilatérales, régionales ou bilatérales de développement (19), des agences des Nations unies et autres institutions supranationales (14), des organisations de la société civile (10) et du monde académique (11).</p>
<p>Alors que les narratifs 1 à 6 peuvent être présentés comme dominants et figurent à des degrés divers selon leur poids et leurs priorités dans la plupart des organisations sélectionnées, les narratifs 7 et 8, dits émergents, se concentrent sur un nombre plus restreint d’organisations.</p>
<h2>1. Le prisme des vulnérabilités comme grille d’analyse et d’intervention des actions climatiques d’urgence</h2>
<p>En matière de lutte contre les conséquences directes et indirectes (humanitaires) du changement climatique, l’intégration du genre dans les actions d’urgence est conçue comme une réponse aux vulnérabilités telles que la pauvreté, le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=pgX06v60QDo">manque de capacités/capabilités d’agir</a>, l’analphabétisme ou un plus grand risque de violence sexiste et d’exploitation sexuelle qui viennent amplifier l’exposition aux catastrophes climatiques.</p>
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<figcaption><span class="caption">Changement climatique : les femmes, premières victimes (Euronews, 9 novembre 2021).</span></figcaption>
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<p>Cette approche se classe en première position pour quatre des cinq catégories d’acteurs : agences nationales de développement, ONG transnationales, organisations internationales de type nations unies et communautés académiques.</p>
<h2>2. L’approche de l’économie intelligente (« smart economics ») comme opportunité de genrer l’agenda climatique</h2>
<p>Les femmes (et les filles) sont de <a href="https://blogs.lse.ac.uk/gender/2020/07/23/gender-equality-as-smart-economics-questioning-the-assumptions-behind-the-claim/">plus en plus considérées</a> comme des agents économiques potentiels de la transition verte, pour progresser vers des économies et des sociétés neutres en carbone, résilientes au changement climatique et socialement et écologiquement durables.</p>
<p>Le narratif met ici l’accent sur l’accès au crédit, à l’éducation et à la formation, aux compétences numériques « vertes » et plus largement à l’autonomisation économique des femmes dans les domaines de la finance, du renforcement des capacités et de l’innovation comme des facteurs clés de l’agenda climatique.</p>
<h2>3. Les outils d’intégration du genre (« gender mainstreaming ») dans l’agenda du changement climatique</h2>
<p>L’intégration du genre n’est pas seulement une méthode et un outil d’analyse, mais aussi le moteur même de la dimension sexospécifique du changement climatique. Les outils d’intégration qui prennent en compte les rôles différents des femmes et des hommes, leurs besoins et leurs intérêts stratégiques respectifs et les structures inégalitaires de pouvoir jouent un rôle important dans la conception et la réalisation de politiques de changement climatique sensibles à l’égalité entre les femmes et les hommes.</p>
<h2>4. L’autonomisation des femmes et des filles dans une perspective d’adaptation au climat</h2>
<p>Pour dépasser la division sexuelle traditionnelle du travail reproductif et productif et ses conséquences sur des rôles sociaux inégalitaires, l’autonomisation des femmes est présentée comme essentielle pour renforcer l’adaptation et la résilience climatiques.</p>
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<figcaption><span class="caption">Ces femmes qui luttent contre le changement climatique, Oxfam International, 27 mars 2015.</span></figcaption>
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<p><a href="https://www.carefrance.org/ressources/themas/1/770,Adaptation_genre_et_autonomisation_d.pdf">Le narratif correspondant</a> se focalise sur la propriété foncière, l’éducation et la prise de décision.</p>
<h2>5. L’intégration du genre pour une action climatique transformatrice</h2>
<p>Afin de tendre vers une plus grande justice climatique et accompagner une <a href="https://theconversation.com/afrique-du-sud-une-transition-juste-est-elle-possible-dans-une-societe-profondement-inegalitaire-177397">transition juste</a>, l’approche de genre est considérée comme un levier de la transformation des relations de pouvoir inégalitaires entre les femmes et les hommes. Justice de genre et justice climatique <a href="https://www.jstor.org/stable/27809203?seq=5">sont très imbriquées</a> dans une sorte de réciprocité entre les enjeux d’égalité femmes-hommes et les réponses aux défis du changement climatique.</p>
<p>C’est le récit d’un changement radical et profond qui est ici mobilisé essentiellement par les approches féministes et de genre pour viser une transformation structurelle plutôt que cosmétique.</p>
<h2>6. La dimension des inégalités et des discriminations</h2>
<p>Ce narratif met explicitement l’accent sur les facteurs cumulatifs de risque ou d’exposition aux inégalités au cœur de l’articulation genre et climat.</p>
<p>Le genre n’y est pas appréhendé sous l’angle de la vulnérabilité mais <a href="https://www.youtube.com/watch?v=_MxRRTbnxJs">sous l’angle des inégalités et des discriminations croisées ou cumulatives</a> telles que l’âge, le statut social, la situation de handicap ou encore l’ethnicité et vise donc à soutenir explicitement le développement de politiques plus inclusives dans la lutte contre le changement climatique, en tenant compte des groupes les plus marginalisés, y compris les populations autochtones, les travailleurs domestiques ou les personnes LGBT.</p>
<h2>7. La dimension écoféministe : les femmes, gardiennes de la Terre-mère</h2>
<p>Enraciné dans <a href="https://information.tv5monde.com/terriennes/et-francoise-d-eaubonne-l-amazone-verte-crea-l-ecofeminisme-398983">différents courants écoféministes</a> liant les femmes à la préservation de la nature, ce récit s’appuie sur des métaphores pour associer la terre aux « traits féminins ».</p>
<p>Dans ce type de récit en émergence, la contribution des femmes à la lutte contre le changement climatique consiste principalement dans la préservation des écosystèmes et des communautés locales, le maintien de moyens de subsistance durables et respectueux de l’environnement ainsi que dans leur perception présentée comme différente des risques induits par le changement climatique. On retrouve ce récit par exemple à l’<a href="https://www.usaid.gov/">USAID</a>, à <a href="https://www.christianaid.org.uk/">Christian Aid</a> ou au <a href="http://www.globalenvironmentfund.com/">Fonds Global pour l’Environnement</a> (GEF). </p>
<h2>8. Décoloniser le genre et l’action climatique</h2>
<p>Ce récit <a href="https://www.youtube.com/watch?v=uKKz2yJ29VI">ancré dans les études dites post-coloniales/décoloniales</a> entend montrer que les voix des groupes autochtones, indigènes et autres groupes marginalisés et plus largement des populations et des femmes des Sud doivent être entendues et doivent participer à la construction d’une modernité écologique, en favorisant la diffusion des réflexions et la circulation des connaissances issues de ces géographies dans leur lutte contre le changement climatique.</p>
<p>Ce narratif encore marginal se retrouve par exemple à la <a href="https://www.iadb.org/fr">Banque Interaméricaine de Développement</a> ou à la <a href="https://www.packard.org/">Fondation David et Lucile Packard</a>.</p>
<h2>Des paroles aux actes</h2>
<p>Les narratifs articulant les enjeux genre et climat révèlent que, au-delà des principaux récits les plus fréquemment exprimés à des degrés divers par les organisations, il existe des cadres interprétatifs complémentaires ou concurrents, définis sur la base de leur résonnance avec des projets de transformation plus profonde tant de l’action climatique que des rapports sociaux de sexe dans le cadre des politiques d’aide au développement.</p>
<p>Toutefois, si les parties prenantes au développement dans leur diversité ont depuis presque deux décennies eu la volonté de produire un ensemble de récits, qu’en est-il de leurs pratiques et de leurs interventions effectives ? Quelles en sont les limites ? Tout l’intérêt de l’étude est bien d’avoir posé les bases d’un référentiel permettant de mesurer le niveau de réalisation des engagements affichés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185548/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Rabier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tous les acteurs du développement cherchent à lier réflexion sur la lutte contre le changement climatique et prise en compte de la question du genre. Leurs discours, toutefois, sont très variés.Serge Rabier, Chargé de recherches Populations genre, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.