tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/zimbabwe-46488/articlesZimbabwe – The Conversation2024-03-18T16:16:45Ztag:theconversation.com,2011:article/2260012024-03-18T16:16:45Z2024-03-18T16:16:45ZAbus financier de la part d'un partenaire intime ? Trois façons de vous protéger<p>Il y a <a href="https://www.abus.ca/index3.html">abus financier</a> lorsqu'une personne prend le contrôle de la capacité d'une autre personne à acquérir, utiliser et conserver des ressources financières. Cela peut prendre la forme, par exemple, de se voir refuser l'accès à ses propres fonds ou d'être contraint de déposer son salaire sur un compte bancaire commun sans pouvoir y accéder. Cela peut également se produire lorsque des retraits importants sont effectués sur des comptes bancaires communs sans aucune explication. </p>
<p>Selon l’<a href="https://www.isdj.org.za/">Institut pour le développement social et la justice</a>, une société sud-africaine à but non lucratif, l'abus financier peut varier et changer de forme, mais elle se produit lorsque l'accès aux opportunités économiques est contrôlé ou restreint par un partenaire intime. </p>
<p>Cela peut se produire lorsque votre partenaire retient des informations financières ou vous cache de l'argent. Un autre exemple est celui où votre partenaire refuse de vous laisser travailler, contrôlant ainsi votre capacité à générer un revenu. Vous pouvez aussi être contraint de payer la plupart des dépenses du ménage lorsque vous gagnez moins que votre partenaire. Il peut également arriver que le coupable accumule des dettes sur une carte de crédit, sachant que la carte n'est pas à son nom. </p>
<p><a href="https://www.justice.gov.za/legislation/acts/2021-014.pdf">La loi sud-africaine sur la violence domestique</a> considère l'abus financier comme un acte criminel. Plusieurs autres pays africains, tels que le Ghana, le Kenya, l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe, reconnaissent également qu'il s'agit d'une infraction pénale. Mais elle reste largement impunie.</p>
<p>Malheureusement, l'exploitation financière n'est pas un problème nouveau. Au fil des ans, mes <a href="https://researchprofiles.canberra.edu.au/en/persons/bomikazi-zeka">recherches</a> ont montré qu'une utilisation judicieuse des services financiers peut aider les personnes défavorisées à transformer leurs revenus en richesse. Mais lorsque l'argent est mêlé à des relations, la situation peut devenir difficile à gérer. </p>
<p>Les abus financiers peuvent toucher n'importe qui, indépendamment de l'âge, du sexe, de la situation matrimoniale, de la situation professionnelle ou du niveau de revenu. En cas d'abus financier, les femmes risquent le plus de voir leur sécurité financière menacée si la dynamique de la relation se détériore. Les femmes sont plus vulnérables aux abus financiers, car cela peut aller de pair avec <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10896-023-00639-y">d'autres formes d'abus</a>. </p>
<p>En identifiant les signaux, vous pouvez prendre les trois mesures suivantes pour renforcer votre sécurité financière : la prévention, la préparation et la protection. </p>
<h2>La prévention</h2>
<p>Se renseigner sur les antécédents financiers de votre partenaire est un premier pas important pour prévenir les abus financiers. Demandez-lui comment il a géré ses dettes dans le passé (et comment il s'est retrouvé dans cette situation) ou s'il épargne activement de l'argent. </p>
<p>Aborder le sujet sur l'argent peut être difficile, mais ces informations peuvent vous donner un aperçu de ses comportements financiers passés, qui pourraient influencer et expliquer ses comportements financiers futurs. </p>
<p>Une autre stratégie préventive consiste à interroger votre partenaire sur son attitude concernant de l'argent dans les relations. Par exemple, estime-t-il la façon de gérer l'argent varie selon qu'on est homme ou femme? Aborder ce sujet dès le début peut également vous aider à fixer des limites à la gestion de l'argent dans la relation. </p>
<h2>La préparation</h2>
<p>Se familiariser avec les signes des abus financiers peut vous aider à vous préparer. Si vous soupçonnez que des abus financiers commencent à se manifester, surveillez-les de près en consignant tous les éléments de preuve. C'est important, car les auteurs d'abus peuvent vous faire croire que vous exagérez, surtout si les signes sont subtils. Consignez autant de preuves que possible et assurez-vous d'avoir des copies de tous les documents juridiques importants, car cela vous sera utile si vous avez besoin d'une assistance juridique. </p>
<p>Si vous n'en avez pas encore, demandez à un conseiller financier comment vous pouvez protéger vos finances et vos biens. </p>
<h2>La protection</h2>
<p>Dans la mesure du possible, conservez une source de revenus indépendante, car cela réduit le risque de dépendance à l'égard d'un partenaire. La dépendance financière peut entraîner des sentiments d'isolement et de désespoir, ce qui rend plus difficile la possibilité de quitter votre bourreau parce qu'il contrôle les finances. </p>
<p>Une autre mesure pour protéger votre situation financière est de veiller à ne pas signer de documents que vous ne comprenez pas. Souvent, les auteurs d'abus financiers acquièrent des actifs au nom de leur partenaire et leur imposent la charge financière des remboursements, les piégeant ainsi dans un endettement.</p>
<h2>Obtenir de l'aide</h2>
<p>Bien que les mesures énumérées ici ne soient pas exhaustives, elles constituent un bon point de départ pour réfléchir lorsque vos finances sont fusionnées avec celles de quelqu'un d'autre. </p>
<p>Si vous vous inquiétez de votre sécurité financière, il existe des moyens d'obtenir de l'aide. FIDA-Kenya, une organisation de défense des droits des femmes au Kenya, propose une <a href="https://www.fida-kenya.org/">aide juridique gratuite</a>. Au Nigeria, la Women at Risk International Foundation gère une <a href="https://warifng.org/contact-us/">ligne d'assistance</a> gratuite et confidentielle fonctionnant 24 heures sur 24. </p>
<p>Vous pouvez obtenir des conseils gratuits auprès d'un travailleur social via le <a href="https://gbv.org.za/about-us/">site web</a> du ministère sud-africain du Développement social , qui met à votre disposition un centre d'appel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, qui dispose d'un numéro d'urgence : 0800 428 428. Le centre d'appel dispose d'une ligne d'urgence au 0800 428 428. Vous pouvez visiter le <a href="https://thewarriorproject.org.za/helplines/">site web</a> du Warrior Project, une organisation à but non lucratif, pour plus d'informations sur les lignes d'assistance et les ressources.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226001/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bomikazi Zeka does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Lorsque l'argent est mêlé aux relations, les choses peuvent vite devenir compliquées.Bomikazi Zeka, Assistant Professor in Finance and Financial Planning, University of CanberraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2207932024-01-21T07:07:01Z2024-01-21T07:07:01ZLes jeunes africains pourraient perturber les États autoritaires, mais ils ne le font pas : voici pourquoi<p>L'Afrique a la <a href="https://www.un.org/ohrlls/news/young-people%E2%80%99s-potential-key-africa%E2%80%99s-sustainable-development#:%7E:text=Africa%20has%20the%20youngest%20population,to%20realise%20the%20best%20potential.">plus population jeune la plus importante au monde</a>. D'ici 2030, <a href="https://www.prb.org/resources/africas-future-youth-and-the-data-defining-their-lives/">75%</a> de la population africaine aura moins de 35 ans. Le nombre de jeunes Africains âgés de 15 à 24 ans devrait atteindre <a href="https://www.worldbank.org/en/news/feature/2023/06/27/investing-in-youth-transforming-afe-africa">500 millions</a> en 2080. </p>
<p>Bien que la dynamique démographique varie sur le continent, la plupart des pays subsahariens ont un <a href="https://www.wilsoncenter.org/blog-post/africas-median-age-about-19-median-age-its-leaders-about-63">âge médian inférieur à 19 ans</a>. Le Niger est le pays le plus jeune du monde avec un âge médian de 14,5 ans, tandis que l'Afrique du Sud, les Seychelles, la Tunisie et l'Algérie ont des âges médians supérieurs à 27 ans. </p>
<p>Ces données démographiques constituent une <a href="https://www.brookings.edu/articles/three-myths-about-youth-employment-in-africa-and-strategies-to-realize-the-demographic-dividend/">force de croissance potentielle</a>. Toutefois, le potentiel du dividende démographique de l'Afrique a été éclipsé par les préoccupations des gouvernements et des donateurs internationaux concernant la relation entre les fortes populations de jeunes, les taux de chômage et l'instabilité politique. </p>
<p>De nombreux pays ayant une forte population de jeunes et des taux élevés de chômage et de sous-emploi des jeunes <a href="https://ugapress.org/book/9780820348858/the-outcast-majority/">vivent dans la paix</a>. Mais le discours politique dominant soutient que les jeunes chômeurs constituent une menace pour la stabilité. </p>
<p>En outre, le rôle des jeunes dans les manifestations populaires - comme au <a href="https://www.cmi.no/publications/7420-after-the-uprising-including-sudanese-youth">Soudan en 2019</a> - a suscité de grandes attentes quant à leur rôle dans la lutte contre les gouvernements autocratiques et la contribution à la démocratie. </p>
<p>En tant que politologue et sociologue, nous souhaitons comprendre l'interaction entre les jeunes et les régimes autocratiques, d'autant plus que les autocraties élues <a href="https://alinstitute.org/images/Library/RetreatOfAfricanDemocracy.pdf#page=1">s'imposent</a> en Afrique. </p>
<p>Les autocraties électorales sont des régimes élus au pouvoir en utilisant des stratégies autoritaires. Celles-ci comprennent la manipulation des élections et la répression de l'opposition, des médias indépendants et de la société civile.</p>
<p><a href="https://www.cmi.no/projects/2177-nfr-youth-in-africa">Notre recherche</a> se concentre sur les interactions entre les jeunes et les régimes en Éthiopie, au Mozambique, en Ouganda et au Zimbabwe. Il s'agit dans tous les cas d'autocraties électorales.</p>
<p>Ces régimes sont conscients de l'importance de leur population de jeunes qui les défient parfois. <a href="https://theconversation.com/bobi-wine-has-shaken-up-ugandan-politics-four-things-worth-knowing-about-him-153205">Bobi Wine</a>, musicien populaire devenu candidat à la présidence, en est un exemple. </p>
<p>Les quatre pays étudiés ont également connu des guerres civiles, au cours desquelles les groupes armés victorieux ont pris le pouvoir et y sont restés depuis la fin de la guerre. Cela a créé une dynamique particulière entre les gouvernements rebelles vieillissants et la majorité des jeunes.</p>
<p>Dans des contextes autocratiques comme ceux-ci, les efforts visant à responsabiliser les jeunes peuvent facilement être manipulés pour servir les intérêts du régime. Certains jeunes peuvent décider de jouer le jeu et de saisir les opportunités offertes par les acteurs du régime. D'autres peuvent y résister. Certains saisissent les opportunités en espérant qu'elles servent leurs propres intérêts et non ceux du régime. Cependant, cela pourrait reproduire des formes de clientélisme. </p>
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Read more:
<a href="https://theconversation.com/abiy-ahmed-gained-power-in-ethiopia-with-the-help-of-young-people-four-years-later-hes-silencing-them-195601">Abiy Ahmed gained power in Ethiopia with the help of young people – four years later he's silencing them</a>
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<p>Tout cela est important parce que l'avenir de la démocratie est en jeu et que l'utilisation des opportunités offertes par l'État pourrait contribuer à la reproduction de l'autoritarisme.</p>
<p>Nos équipes de recherche dans chaque pays ont <a href="https://www.cmi.no/projects/2177-nfr-youth-in-africa">étudié</a> la panoplie de politiques mises en place par les gouvernements pour “s'occuper” des jeunes. Elles ont notamment accordé des prêts aux jeunes entrepreneurs et mis en place des conseils de jeunes et des quotas de jeunes dans les institutions politiques. </p>
<p>Nous avons constaté que les stratégies ciblées sur les jeunes - qui visent essentiellement à promouvoir l'emploi et la participation politique - font partie des règles du jeu dans les quatre pays que nous avons étudiés. Les programmes d'emploi et d'entreprenariat sont suscpetibles de faire l'objet d'abus par le biais des réseaux clientélistes du parti au pouvoir et ont été orientés vers les partisans du régime. </p>
<h2>Les jeunes ne parviennet pas à sauver la démocratie</h2>
<p><a href="https://www.cmi.no/projects/2177-nfr-youth-in-africa">Notre recherche</a> a révélé que les jeunes d'Éthiopie, du Mozambique, d'Ouganda et du Zimbabwe se sentaient lésés par le fait que ces opportunités étaient canalisées vers les partisans du régime. Ils ont également une restriction des opportunités pour s'exprimer de manière significative. Les institutions mises en place pour permettre la participation des jeunes ont été cooptées et ont manqué d'indépendance par rapport aux gouvernements. </p>
<p>Certains jeunes expriment leurs griefs par des manifestations en faveur de la démocratie, comme au <a href="https://www.reuters.com/world/africa/violent-protests-break-out-mozambique-after-local-elections-2023-10-27/">Mozambique en octobre 2023</a>. Mais dans l'ensemble, <a href="https://www.theafricareport.com/221141/why-africas-youth-is-not-saving-democracy/">la jeunesse africaine n'est pas en train de sauver la démocratie</a>. </p>
<p>Ils ne sont pas plus en train de contrer la tendance <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17531055.2022.2235656">croissante</a> de l'autocratisation sur le continent, où les gouvernements en place de plus en plus <a href="https://library.oapen.org/handle/20.500.12657/60999">concentrent le pouvoir</a> entre les mains de l'exécutif. Nos recherches l'ont confirmé au Zimbabwe, au Mozambique, en Éthiopie et en Ouganda.</p>
<h2>Études de cas par pays</h2>
<p>Au <a href="https://www.cmi.no/publications/8797-the-risk-of-authoritarian-renewal-in-zimbabwe-understanding-zanu-pf-youth">Zimbabwe</a>, le Zanu-PF est au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1980. Le parti au pouvoir et bon nombre de ses dirigeants, aujourd'hui vieillissants, se servent de leur passé de vétérans de la guerre de libération des années 1970 <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01436590600842472?casa_token=B53EF1Ev0XcAAAAA:7W-Izw-iDMuOCRc8RZiW8UcDpXn7kH5E-siDc2W1ux_L9w1WpyB-2mnTSMzmAXrLM5YmfFCx3Mlo4YA">pour conserver leur emprise sur le pouvoir</a>. </p>
<p>Pour ce faire, ils créent des récits autour de l'histoire de la libération du pays et du patriotisme, et accusent la génération “née libre” (ceux qui sont nés après l'indépendance) d'avoir trahi la guerre de libération. Cela délégitime tout mécontentement que les jeunes pourraient ressentir. Le Zanu-PF cible les jeunes parmi ses <a href="https://opendocs.ids.ac.uk/opendocs/handle/20.500.12413/14906">larges variétés d'options stratégiques</a> pour se maintenir au pouvoir.</p>
<p>Au <a href="https://www.cmi.no/publications/8798-poorly-designed-youth-employment-programmes-will-boost-the-insurgency-in-mozambique">Mozambique</a>, le Frelimo, le parti au pouvoir, a remporté toutes les élections depuis 1992. Le parti a concentré le pouvoir et les ressources entre les mains de l'élite politique. Les jeunes continuent d'être sous-représentés et ont de grandes difficultés à accéder aux ressources. Cette situation, qui s'ajoute à d'autres dynamiques de conflit, a contribué à une insurrection dans la région septentrionale de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17531055.2020.1789271">Cabo Delgado à partir de 2017</a>. Elle est dirigée par un groupe religieux radical appelé localement Al-Shabaab, ou parfois “machababo” (les jeunes).</p>
<p>Les manifestations organisées par les jeunes en <a href="https://www.cmi.no/publications/7829-neglect-control-and-co-optation-major-features-of-ethiopian-youth-policy-since-1991">Éthiopie</a> ont contribué à la chute en 2018 du parti au pouvoir depuis 1991. Elles ont également conduit à <a href="https://theconversation.com/how-change-happened-in-ethiopia-a-review-of-how-abiy-rose-to-power-110737">l'arrivée au pouvoir</a> d'Abiy Ahmed cette année-là. </p>
<p>La mobilisation des jeunes a depuis <a href="https://theconversation.com/abiy-ahmed-gained-power-in-ethiopia-with-the-help-of-young-people-four-years-later-hes-silencing-them-195601">été réduite au silence</a>. Seuls les loyalistes ont accès aux programmes de création d'emplois. On a également assisté à une militarisation des mouvements ethniques dominés par les jeunes. On l'a vu, par exemple, avec le <a href="https://www.theafricareport.com/322001/ethiopia-understanding-the-fano-and-the-fate-of-amhara/">groupe Fano Amhara</a> dans la guerre du Tigré en <a href="https://theconversation.com/ethiopia-tigray-war-parties-agree-pause-expert-insights-into-two-years-of-devastating-conflict-193636">2020-2022</a>.</p>
<p><a href="https://www.cmi.no/publications/8801-moving-ugandas-national-development-planning-to-the-grassroots-whats-in-it-for-youth">L'Ouganda</a> a été un pionnier dans l'institutionnalisation de la participation des jeunes à la prise de décision. L'engagement des jeunes dans les structures politiques est considéré comme un outil de contrôle du gouvernement. Nous avons constaté que les jeunes politiciens estimaient que ce système de représentation imparfait offrait des opportunités de mobilisation à la fois contre et en faveur du régime actuel. Les jeunes candidats qui se présentent à l'un des sièges du parlement réservés aux jeunes, par exemple, ne peuvent pas facilement se soustraire à la tutelle du parti au pouvoir.</p>
<h2>La voie à suivre</h2>
<p>La jeunesse africaine est très diversifiée. Cependant, elle a souvent été caractérisée comme étant soit <a href="https://www.un.org/africarenewal/magazine/december-2019-march-2020/african-youth-and-growth-violent-extremism">violente</a>, soit comme <a href="https://press.un.org/en/2019/sc13968.doc.htm">des artisans du changement et militants de la paix</a>. Ces caractérisations représentent les extrémités opposées d'un spectre. </p>
<p><a href="https://www.cmi.no/projects/2177-nfr-youth-in-africa">Notre projet de recherche</a> a impliqué une diversité de jeunes dans différentes positions et en mouvement constant entre les différentes parties du spectre. Cela nous a permis de mieux comprendre la façon dont ils se comportent et réagissent face à la manière dont les régimes cherchent à les gérer.</p>
<p>Selon nous, la recherche et les initiatives politiques en faveur des jeunes dans les États autoritaires doivent reconnaître que les interventions bien intentionnées en faveur des jeunes peuvent reproduire les politiques autoritaires lorsqu'elles sont canalisées vers les militants du parti. </p>
<p>Les interventions visant à promouvoir la création d'emplois et l'autonomisation des jeunes devraient exercer un contrôle sur la manière dont les jeunes bénéficiaires sont sélectionnés et les fonds déboursés afin d'éviter toute interférence de la part d'acteurs partisans.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220793/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lovise Aalen est financée par le programme Norglobal du Conseil norvégien de la recherche (subvention n° 288489).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marjoke Oosterom a reçu un financement du Conseil de la recherche économique et sociale (ESRC).</span></em></p>La jeunesse africaine ne s'oppose pas à l'aggravation de l'autocratie sur le continent.Lovise Aalen, Research Professor, Political Science, Chr. Michelsen InstituteMarjoke Oosterom, Research Fellow and Cluster Leader, Power and Popular Politics research cluster, Institute of Development StudiesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2167682023-11-02T09:23:40Z2023-11-02T09:23:40ZPiéger le carbone dans le sol : ce que peut l’agriculture<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556882/original/file-20231031-23-xvib7j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=150%2C30%2C3875%2C2987&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">On trouve trois fois plus de carbone dans les sols que dans l'atmosphère. </span> <span class="attribution"><span class="source">Rémi Cardinael</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Il est là, sous nos pieds. Dans notre vie quotidienne on le regarde à peine, et pourtant, il ne s’agit rien de moins que du plus grand stock de carbone des écosystèmes terrestres. Ce palmarès ne revient en effet pas aux forêts, ni à l’atmosphère mais bel et bien aux <a href="https://essd.copernicus.org/articles/14/4811/2022/">sols</a>. On trouve environ 2400 milliards de tonnes de carbone dans les deux premiers mètres de profondeur sous la terre, soit trois fois plus que ce que l’on trouve dans l’atmosphère.</p>
<p>À l’heure du dérèglement climatique et de la nécessité absolue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, cette impressionnante capacité des sols à stocker du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/carbone-21198">carbone</a> laisse songeur. Si les sols ne pourront bien entendu pas à eux seuls faire baisser drastiquement les concentrations de gaz à effets de serre dans l’atmosphère qui sont responsables du réchauffement climatique, ils peuvent néanmoins jouer un rôle substantiel, via la préservation des stocks importants de carbone souterrain, mais aussi via la restauration des terres dégradées notamment grâce à certaines pratiques agricoles, qui permettent de piéger davantage de carbone sous la terre, voici comment.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Comment le carbone entre dans les sols</h2>
<p>Tout commence par la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/photosynthese-63763">photosynthèse</a> : au cours de celle-ci, les plantes fixent du dioxide de carbone (CO<sub>2</sub>) atmosphérique au sein de chloroplastes, de petits organites cellulaires riches en chlorophylle. Le CO<sub>2</sub> est associé à des molécules d’eau (H<sub>2</sub>0) grâce à l’énergie solaire, et produit ainsi des glucides (molécules riches en carbone) et de l’oxygène (O<sub>2</sub>). Une partie de ce carbone capté par la plante arrive directement dans le sol via les racines des végétaux, à la fois par l’exsudation racinaire et par le renouvellement des racines fines.</p>
<p>Du carbone peut également entrer dans les sols lorsque les feuilles mortes d’une plante tombent, ou quand les résidus de culture sont laissés sur le champ. Une fois tombées, ces feuilles mortes riches en carbone tapissent le sol, se décomposent, sont ingérées par des bactéries, champignons ou vers de terre et finissent par se transformer en matières organiques des sols. Des animaux peuvent également accélérer ce processus de transfert du carbone dans le sol par exemple, les termites champignonnistes, qui transportent des résidus de végétaux dans leurs termitières où une symbiose avec des champignons leur permet de les rendre plus assimilables pour celles-ci.</p>
<p>Certaines régions et écosystèmes possèdent des stocks de carbone des sols très importants. C’est le cas par exemple des régions boréales, où des stocks énormes sont préservés dans le permafrost mais aujourd’hui <a href="https://www.nature.com/articles/nature14338">menacés par le réchauffement climatique</a>. Dans les régions tropicales, la productivité importante des écosystèmes notamment forestiers, ainsi que des sols très profonds, expliquent aussi les <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aav0550">stocks importants observés</a>.</p>
<p>L’enjeu principal pour tous ces écosystèmes riches en carbone tels que les forêts, les zones humides, les mangroves ou encore les prairies permanentes est le maintien de ces stocks plus que leur augmentation, car ce carbone est considéré comme <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-020-0738-8">irrécouvrable</a> à l’échelle humaine. Cela passe par un arrêt de la déforestation et de la conversion des écosystèmes en terres cultivées. En moyenne, 25 % du carbone du sol est perdu lorsque des forêts ou des zones humides sont converties en terres cultivées, parfois <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-39338-z">plus</a>. Sur les terres agricoles, certaines pratiques permettent de séquestrer plus de carbone dans les sols. Généraliser leur utilisation est un des objectifs de l’initiative baptisée « 4 pour 1000 » lancée à l’occasion de la COP21.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xohnOdgz-C4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de l’initiative 4 pour 1000.</span></figcaption>
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<h2>Quelles pratiques agricoles augmentent le stock de carbone des sols ?</h2>
<p>De <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-39338-z">nombreuses pratiques</a> permettent d’augmenter les stocks de carbone des sols agricoles, comme l’agroforesterie, les couverts intermédiaires, ou encore les amendements organiques. Parmi les solutions souvent mises en avant, trois reviennent régulièrement. La première est le non-labour ou la réduction du travail du sol. Cette technique consiste à semer les cultures sans que l’intégralité du champ n’ait été travaillée ou labourée, au préalable. Cette pratique permet de réduire l’érosion du sol, de ralentir la décomposition des matières organiques par une moindre oxygénation du sol, de préserver sa biodiversité (notamment les vers de terre).</p>
<p>La deuxième pratique promue est celle de la couverture permanente des sols, soit avec des paillis issus des résidus de culture laissés sur le champ, soit par des couverts végétaux vivants entre les différentes cultures. Cette couverture des sols les protège contre l’érosion notamment hydrique, permet de fixer du carbone tout en étant bénéfique pour la faune du sol (bactéries, champignons, lombrics…).</p>
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<img alt="Un homme prélève un échantillon de sol au Zimbabwe dans une parcelle agricole avec des résidus de maïs (paillis) appliqués à la surface après la récolte" src="https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556831/original/file-20231031-21-hiu1cm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Prélèvement de sol au Zimbabwe dans une parcelle agricole avec des résidus de maïs (paillis) appliqués à la surface après la récolte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémi Cardinael</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>La troisième technique promue est celle de la diversification des cultures, soit en rotation, soit en association. Cette diversification permet de limiter le développement des bioagresseurs et maladies des plantes, mais aussi d’augmenter la productivité des parcelles cultivées notamment grâce à des effets précédents des cultures. Par exemple, une légumineuse (pois, haricot, arachide, féverole, luzerne…) dans la rotation va fixer de l’azote de l’air et le rendre disponible dans le sol pour la culture suivante, favorisant ainsi sa croissance. Une meilleure productivité des cultures permet d’avoir plus de carbone fixé sur la parcelle, et donc plus de carbone dans les sols, notamment via les racines des cultures.</p>
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<img alt="Rotation de cultures au Cambodge, à gauche le manioc, à droite le maïs. Les cultures alternent sur chaque parcelle d’une année à l’autre" src="https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556830/original/file-20231031-27-1medqs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Rotation de cultures au Cambodge, à gauche le manioc, à droite le maïs. Les cultures alternent sur chaque parcelle d’une année à l’autre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vira Leng</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Ces trois pratiques correspondent aux trois piliers de ce que l’on appelle « l’agriculture de conservation ». Ces pratiques deviennent réellement efficaces pour augmenter le carbone des sols lorsqu’elles sont associées. Pratiquées seules, elles n’ont parfois que peu ou pas d’impact. C’est notamment le cas du non-labour seul, qui peut avoir un effet positif sur le carbone des sols dans certains contextes mais pas dans d’autres. La communauté scientifique a mis du temps à s’en rendre compte car les travaux se sont d’abord surtout focalisés sur les premiers centimètres du sol qui, sous l’effet du non-labour, avaient effectivement une plus forte teneur en carbone.</p>
<p>Mais cela s’accompagnait parfois d’une réduction du carbone du sol dans les couches plus profondes par rapport à des systèmes labourés où le carbone du sol est homogénéisé sur 20 ou 30 cm de profondeur. Le non-labour a donc, dans certains cas, surtout un effet sur la redistribution du carbone dans le profil de sol, sans nécessairement conduire à une <a href="https://acsess.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2136/sssaj2007.0342">augmentation nette</a> du stock sur son ensemble, ce qui est nécessaire quand on s’intéresse à l’atténuation du changement climatique. Une synthèse récente de travaux menés en Afrique subsaharienne suggère que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167198718301296">seule la combinaison des trois piliers</a> de l’agriculture de conservation permet d’augmenter significativement les stocks de carbone des sols, la réduction du travail du sol seule étant inefficace.</p>
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<p><em>L’article que vous parcourez vous est proposé en partenariat avec <a href="https://shows.acast.com/64c3b1758e16bd0011b77c44/episodes/64f885b7b20f810011c5577f?">« Sur la Terre »</a>, un podcast de l’AFP audio. Une création pour explorer des initiatives en faveur de la transition écologique, partout sur la planète. <a href="https://smartlink.ausha.co/sur-la-terre">Abonnez-vous !</a></em></p>
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<h2>Quels résultats au Zimbabwe et au Cambodge ?</h2>
<p>Pour bien comprendre les bénéfices de ces trois pratiques quand elles sont associées, il est crucial d’avoir des expérimentations sur le long cours. Il faut en effet compter en moyenne 5 à 10 ans pour qu’une variation de stock de carbone du sol soit détectée de façon significative.</p>
<p>Au <a href="https://www.researchgate.net/publication/371875138_Soil_organic_carbon_and_nitrogen_dynamics_under_long-term_conservation_agriculture_systems_in_Cambodia">Cambodge</a>, le Cirad et le ministère de l’agriculture du Cambodge ont démarré des expérimentations il y a quatorze ans, sur des systèmes à base de manioc, une culture couvrant près de 700 000 hectares dans le pays et principalement destinée à l’exportation pour produire de la farine pour l’alimentation animale.</p>
<p>En couplant le non-travail du sol et du semis direct, la couverture permanente des sols avec des couverts végétaux, et la rotation des cultures avec du maïs, nous avons pu noter une hausse importante de carbone dans les sols, avec des taux d’accumulation du carbone de l’ordre de 0,7 à 0,8 tonnes de carbone par hectare et par an jusqu’à 40 cm de profondeur. Le climat chaud et humide de la région permet en effet une couverture permanente des sols avec des couverts végétaux très productifs incluant des légumineuses (crotalaire, niébé) et des graminées (mil) entre la culture du manioc et du maïs, sur lesquels on sème le maïs.</p>
<p>Ce faisant, du carbone est fixé toute l’année par la photosynthèse, et un système racinaire très profond se développe permettant d’augmenter les stocks de carbone au-delà des premières strates du sol. Ce stockage de carbone additionnel dans le sol va continuer jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre du système soit atteint. Cet essai a vocation à être maintenu dans la durée pour estimer pendant combien de décennies un tel système permet de stocker du carbone. Une fois l’équilibre atteint, l’enjeu sera alors la préservation de ces stocks de carbone par le maintien des bonnes pratiques de gestion des sols. Bien gérer les sols suppose une gestion sur la durée plutôt que par à-coup.</p>
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<img alt="Semis direct du maïs sous couvert végétal au Cambodge. Le couvert intermédiaire est détruit mécaniquement, et le maïs est semé directement sans labour ni travail du sol, le sol étant ainsi en permanence couvert et protégé contre l’érosion" src="https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556832/original/file-20231031-19-o1m52h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Semis direct du maïs sous couvert végétal au Cambodge. Le couvert intermédiaire est détruit mécaniquement, et le maïs est semé directement sans labour ni travail du sol, le sol étant ainsi en permanence couvert et protégé contre l’érosion.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vira Leng</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Au Zimbabwe, dans un contexte totalement différent, avec une saison sèche de sept mois et une saison des pluies de cinq mois, nous avons voulu également mesurer l’efficacité de ces pratiques couplées sur le long terme. Nous disposons pour cela d’un essai mis en place par nos collègues du <a href="https://www.cimmyt.org/about/">Centre International d’Amélioration du Maïs et du Blé</a> <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880922003565">il y a dix ans</a> dans un système bas-intrant avec pour culture principale le maïs. Nous avons pu mesurer les stocks de carbone du sol des différentes pratiques, seules ou associées : des champs avec du travail du sol, des champs sans travail du sol, avec ou sans résidu de culture du maïs (paillis), et avec ou sans rotation avec le niébé, une légumineuse.</p>
<p>Encore une fois, les résultats montrent que le non-travail du sol seul ne peut pas grand chose, il induit même une <a href="https://egusphere.copernicus.org/preprints/2023/egusphere-2023-1233/">légère perte de carbone du sol</a> par rapport à un travail du sol. Cela est expliqué sur ce site par la plus forte compaction du sol quand celui-ci n’est pas travaillé, les racines donc ont du mal à se développer. De plus, la pluie pénètre moins bien et ruisselle sur le sol, ce qui entraîne des stress hydriques sur le maïs. Au final, le maïs se développe beaucoup moins bien dans ces systèmes, il y a donc moins d’apport de carbone au sol par les racines, ce qui se traduit par une perte de carbone des sols.</p>
<p>En revanche, les champs sans travail du sol avec un paillis de résidus de culture de maïs de la saison précédente et une rotation des cultures permettent eux d’augmenter les stocks de carbone, avec, cependant, un <a href="https://egusphere.copernicus.org/preprints/2023/egusphere-2023-1233/">effet limité à l’horizon de surface</a>. On observe cependant une augmentation nette du stock de carbone car aucune perte de carbone en profondeur n’a été observée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556833/original/file-20231031-19-pl3bb0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carottage de sol au Zimbabwe dans un essai de longue durée en agriculture de conservation des sols afin de quantifier les stocks de carbone organique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémi Cardinael</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Quels obstacles au développement de ces pratiques ?</h2>
<p>Si ces résultats sont prometteurs, ces pratiques ne sont pour autant pas toujours faciles à mettre en place. Au Zimbabwe, par exemple, une contrainte majeure apparaît. Les systèmes agricoles sont des systèmes de polyculture-élevage à bas-intrant (peu de fertilisation minérale, peu ou pas de mécanisation). À la récolte, seuls les épis de maïs sont récoltés, à la main, et les tiges de maïs restent debout dans le champ. Celles-ci serviront de nourriture au bétail pendant la saison sèche où les vaches viennent pâturer directement dans les champs, après avoir vagabondé dans les forêts et zones communales pendant la saison humide.</p>
<p>Il y a donc une compétition d’usage pour les résidus de maïs, pour nourrir le bétail ou pour couvrir les sols. Certains agriculteurs installent des clôtures afin que le bétail ne vienne pas manger les résidus durant la saison sèche, ce qui a un coût. D’autres les récoltent et les entreposent en hauteur, à l’abri des bêtes, et apportent le paillis à l’approche de la saison humide. Cela suppose toute une organisation, du temps et de l’énergie supplémentaires. Dans les deux cas, il faut également trouver une source d’alimentation alternative pour le bétail.</p>
<p>Sur ces terrains comme sur d’autres, l’intérêt de ces pratiques pour les agriculteurs ne réside donc pas dans la séquestration de carbone dans les sols et de son impact sur l’atténuation du changement climatique. Ces techniques sont surtout plébiscitées pour leur impact positif sur la fertilité des sols et la productivité des cultures qui en découle, en réduisant le risque d’érosion, en améliorant la disponibilité des nutriments mais aussi en permettant de s’adapter au changement climatique à travers par exemple une meilleure conservation de l’eau. Ces bénéfices sont cruciaux et bien souvent prioritaires pour les agriculteurs du Sud Global, qui sont parmi les plus impactés par le changement climatique.</p>
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<p><em>Cet article s’inscrit dans le cadre d’un projet associant The Conversation France et l’AFP audio. Il a bénéficié de l’appui financier du Centre européen de journalisme, dans le cadre du programme « Solutions Journalism Accelerator » soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates. L’AFP et The Conversation France ont conservé leur indépendance éditoriale à chaque étape du projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216768/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour les travaux de recherche au Zimbabwe, Rémi Cardinael a reçu des financements du projet DSCATT “Agricultural Intensification and Dynamics of Soil Carbon Sequestration in Tropical and Temperate Farming Systems” (<a href="https://dscatt.net/">https://dscatt.net/</a>) (N° AF 1802-001, N° FT C002181) financé par la Fondation Agropolis (“Programme d′Investissement d′Avenir” Labex Agro, ANR-10-LABX- 0001-01) et cofinancé par la Fondation Total. Au Cambodge, les travaux sont financés par le projet ASSET "Agroecology and Safe food System Transitions in Southeast Asia" (<a href="http://www.asset-project.org">www.asset-project.org</a>), financé par l'Agence Française de Développement (AFD) et par l'Union Européenne (EU Contribution Agreement N° FOOD/2020/415-683), avec la composante sur les sols financée par le Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Armwell Shumba et Vira Leng ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>On trouve trois fois plus de carbone dans les sols que dans l'atmosphère. À l'heure du dérèglement climatique, les facultés de l'agriculture à stocker plus ou moins de carbone sont scrutées de très près.Rémi Cardinael, Chercheur en Science du sol et Agronomie, CiradArmwell Shumba, Chercheur en agronomie, University of ZimbabweVira Leng, Doctoral student, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1402692020-06-10T18:17:17Z2020-06-10T18:17:17ZL’euro, un rempart contre l’hyperinflation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/340292/original/file-20200608-176542-mpaqq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C21%2C1794%2C1145&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La banque centrale européenne, en charge de la politique monétaire de la zone euro, a pour objectif principal de maintenir le pouvoir d'achat et donc la stabilité des prix.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://images.unsplash.com/photo-1443110189928-4448af4a2bc5?ixlib=rb-1.2.1&ixid=eyJhcHBfaWQiOjEyMDd9&auto=format&fit=crop&w=597&q=80">Didier Weemaels / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Toutes les critiques que l’on peut adresser à l’euro ne doivent pas faire oublier l’un de ses grands succès : avoir évité aux pays les plus endettés de sombrer dans l’hyperinflation, qui trouve son origine et son développement dans le financement monétaire de déficits budgétaires excessifs.</p>
<p>En effet, les <a href="https://www.academia.edu/4690826/Cagan_-_The_monetary_dynamics_of_hyperinflation">études</a> menées sur les épisodes d’hyperinflation de l’entre-deux-guerres en Europe centrale et en <a href="https://econpapers.repec.org/bookchap/mtptitles/0262022796.htm">Amérique latine</a> dans les années 1980 ont fait apparaître un seuil de déclenchement de l’hyperinflation au niveau d’un financement monétaire des déficits publics de l’ordre d’une dizaine de points de pourcentage du produit intérieur brut (PIB).</p>
<p>Or, en l’espace d’une dizaine d’années, des pays tels que l’Italie, Espagne, le Portugal, ou la Grèce ont connu deux épisodes majeurs de crises budgétaires. Après la crise économique de 2008-2009, ces pays avaient vu les déficits publics dépasser largement le seuil de 10 % du PIB.</p>
<h2>La BCE, gardienne de la stabilité des prix</h2>
<p>Aujourd’hui, du fait de la crise sanitaire extrême, les prévisions du Fonds monétaire international annoncent pour 2020 une nouvelle dérive dangereuse des déficits publics vers le seuil de 10 % du PIB pour ces mêmes pays.</p>
<p>L’inflation <a href="https://theconversation.com/trois-arguments-qui-laissent-penser-quil-ny-aura-pas-dinflation-apres-la-crise-136278">ne devrait pas repartir</a> pour autant : pour sortir de la crise, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé mi-mars la mise en place de nouveaux programmes de rachat massif de dettes publiques (programmes <em>Pandemic Emergency Purchase Programme</em>, PEPP, et <em>Public Sector Purchase Programme</em>, PSPP). Ce type de politique, initié en 2015 et accéléré fin 2019, a conduit au <a href="https://www.contrepoints.org/2016/01/31/236995-la-folie-des-banques-centrales-de-patrick-artus-et-marie-paule-virard">gonflement du prix des actifs</a>, soutenant les cours de la bourse ou encore la hausse de l’immobilier, mais pas à une hausse des prix à la consommation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1250477704950022151"}"></div></p>
<p>La BCE, institution indépendante, a justement comme mission essentielle de maintenir la stabilité des prix dans la zone euro et donc de préserver la valeur de la monnaie unique. L’aversion de la société allemande envers l’inflation, qui trouve sa source dans le traumatisme de l’hyperinflation des années 1920, s’est ainsi, d’une certaine façon, transmise à la BCE.</p>
<p>Dans la zone euro, la responsabilité de l’émission et la gestion de la monnaie unique étant entre les mains de la BCE, aucun de ces gouvernements n’avait ni n’a la possibilité d’envisager un financement monétaire de ses déficits.</p>
<p>Que se serait-il passé si des pays tels que l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou encore le Portugal, faisant face aux deux crises budgétaires majeures de cette décennie, avaient conservé leurs propres monnaies ?</p>
<p>Face à l’ampleur des déficits publics, la défiance des investisseurs, et l’extrême difficulté d’un financement par émission de nouveaux titres de dettes ou prélèvements fiscaux supplémentaires, on peut imaginer l’exercice d’une forte pression des gouvernements sur les banques centrales nationales pour obtenir un financement monétaire.</p>
<p>L’issue d’une telle pression aurait pu être le développement de l’hyperinflation, c’est-à-dire une accélération de l’inflation pouvant conduire à des hausses des prix importantes et difficilement supportables pour les populations.</p>
<h2>Quand l’économie est entraînée vers le chaos</h2>
<p>L’hyperinflation est un phénomène rare, mais elle n’appartient pas au passé. Aujourd’hui, le Venezuela est en <a href="https://sites.krieger.jhu.edu/iae/files/2018/02/Hanke-Bushnell_Venezuela.pdf">situation d’hyperinflation</a> depuis 2016. Le phénomène se produit principalement dans un contexte de troubles politiques et de fragilité financière des autorités publiques qui les conduisent à n’avoir plus d’autres recours pour financer un déficit budgétaire important que la création monétaire.</p>
<p>Cependant, la faiblesse et le laxisme politique de certains gouvernements sont aussi de nature à orienter ces derniers vers l’option de financement la plus simple qu’est la création monétaire.</p>
<p>Le cas de la Bolivie illustre cette possibilité. À la fin des années 1970, les autorités boliviennes laissèrent croître dangereusement le déficit budgétaire. Après que les limites du recours à l’emprunt aient été dépassées, le gouvernement bolivien se mit à recourir à l’option la plus aisée à mettre en place c’est-à-dire la création monétaire. L’<a href="https://www.uni-ulm.de/fileadmin/website_uni_ulm/mawi.inst.150/lehre/ws1112/GundW/BernholzKugler.pdf">hyperinflation bolivienne</a> qui a suivi, avec plus de 120 % de hausse des prix mensuelle à son paroxysme, a été sévère.</p>
<p>Toutefois, il faut remarquer que l’escalade hyperinflationniste est un phénomène qui n’a pratiquement pas de limites. Les trois épisodes d’hyperinflations les plus extrêmes de l’histoire monétaire en sont l’illustration.</p>
<p>En janvier 1994 en Yougoslavie, lors de la troisième hyperinflation la plus sévère de l’histoire monétaire, le taux d’inflation mensuel le plus élevé avait atteint <a href="https://www.uni-ulm.de/fileadmin/website_uni_ulm/mawi.inst.150/lehre/ws1112/GundW/BernholzKugler.pdf">309 millions de pourcent</a>, correspondant à un taux d’inflation quotidien de 64,6 % et à un doublement du niveau des prix tous les 1,4 jours.</p>
<p>En novembre 2008 au Zimbabwe, la deuxième hyperinflation la plus sévère de l’histoire monétaire avait conduit à un taux d’inflation mensuel de <a href="https://www.cato.org/sites/cato.org/files/serials/files/cato-journal/2009/5/cj29n2-8.pdf">79,6 milliards de pourcent</a>, équivalent à un taux d’inflation quotidien de 98 % impliquant un doublement des prix toutes les 24,7 heures.</p>
<p>L’hyperinflation la plus sévère de l’histoire monétaire reste l’hyperinflation hongroise, qui a eu lieu entre 1945 et 1946, et qui a enregistré le taux d’inflation mensuel le plus élevé de plus de <a href="https://www.uni-ulm.de/fileadmin/website_uni_ulm/mawi.inst.150/lehre/ws1112/GundW/BernholzKugler.pdf">12 millions de milliards de pourcent</a> en juillet 1946, équivalant à un rythme quotidien d’inflation de 195 % soit un doublement des prix toutes les quinze heures.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=544&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=544&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=544&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=683&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=683&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340282/original/file-20200608-176546-zboqlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=683&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Médaille en souvenir de l’hyperinflation allemande de 1923 sur laquelle est écrit : « 1 livre de pain : 3 milliards ; 1 livre de viande : 36 milliards ; 1 verre de bière : 4 milliards ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Inflationmedal.jpg">Gary M. Greenbaum/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En comparaison, la célèbre hyperinflation allemande de 1923, c’est-à-dire celle qui a causé le traumatisme allemand et qui est à la source de l’aversion de la société allemande à l’encontre de l’inflation, n’arrive qu’en « quatrième position » de l’histoire monétaire avec le <a href="https://www.uni-ulm.de/fileadmin/website_uni_ulm/mawi.inst.150/lehre/ws1112/GundW/BernholzKugler.pdf">taux d’inflation mensuel de 29525 %</a> relevé en octobre 1923 correspondant à un taux d’inflation quotidien de 20,9 % et un doublement des prix tous les 3,7 jours.</p>
<p>Ces chiffres effrayants permettent de comprendre que l’hyperinflation entraîne l’économie dans le chaos. Les crises budgétaires en Grèce, Italie, Espagne et Portugal depuis une dizaine d’années sont répétées et sévères.</p>
<p>Les financements des déficits publics par émission de titres de dette sur les marchés financiers ou prélèvements fiscaux supplémentaires sont problématiques. Les gouvernements sont fragilisés. Sans l’euro il n’est pas exagéré de considérer qu’une menace d’hyperinflation ait été probable. Mais la zone euro offre un environnement de stabilité monétaire particulièrement appréciable en période de crises majeures.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140269/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Sokic ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La zone monétaire a permis ces dernières années aux États membres les plus endettés d’éviter de sombrer des scénarios à la vénézuélienne.Alexandre Sokic, Economie, Finance, ESCE International Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1277412019-12-01T19:25:05Z2019-12-01T19:25:05ZInvestir à l’étranger : quand la politique devient un outil pour contrebalancer les risques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/303450/original/file-20191125-74557-goigai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C26%2C992%2C639&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des entreprises parviennent à sécuriser leurs investissements dans des pays instables en tissant des relations politiques. </span> <span class="attribution"><span class="source">Pressmaster/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Investir directement à l’étranger est une pierre angulaire dans la croissance d’une grande entreprise, mais elle n’est pas sans risque. Les compagnies y réfléchissent souvent à deux fois avant de placer leur argent dans certains pays. Comme le Zimbabwe, où le (désormais ex-) président Mugabe avait une fâcheuse tendance à <a href="https://www.lepoint.fr/economie/investissement-zimbabwe-mnangagwa-change-la-donne-pour-les-etrangers-20-03-2018-2204185_28.php">s’approprier les capitaux étrangers</a>, ou à décider que les investissements provenant de l’extérieur seraient contrôlés par les « natifs du Zimbabwe ».</p>
<p>Pour éviter que leurs actifs ne tombent entre les mains des dirigeants locaux, la plupart des entreprises préfèrent tenter leur chance dans des pays garantissant une sécurité à long terme. Pourtant, certaines sociétés semblent se lancer dans des opérations particulièrement risquées au sein d’États ne proposant aucun dispositif de protection officiel, théâtres d’une économie et d’une politique instables, où la corruption prospère.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/303449/original/file-20191125-74603-r8cd82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au Zimbabwe, la législation imposait aux investissements étrangers un contrôle pas des « natifs » du pays.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Oleg Elkov/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Jusqu’à présent, la raison pour laquelle certaines entreprises préféraient jouer la carte de la sécurité, là où d’autres semblaient prêtes à nager au milieu des requins, demeurait incertaine. Nos <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/smj.2927">récentes études</a> ont permis de découvrir pourquoi la majorité des sociétés n’investit à l’étranger qu’à condition de bénéficier d’arrangements supranationaux, alors qu’une poignée choisit délibérément d’opérer dans des pays où leurs placements courent bien plus de risques.</p>
<h2>L’investissement outre-mer, un terrain miné</h2>
<p>Une entreprise qui investit outre-mer se retrouve à la merci des gouvernements étrangers. Tout changement du paysage politique, qu’il soit issu d’un vote démocratique ou d’une révolution, peut compromettre ses placements. Sur l’échelle des préjudices encourus, le premier échelon représente une hausse d’impôts pour les investisseurs extérieurs, et le dernier une expropriation pure et simple.</p>
<p>La révolution cubaine des années 1950, par exemple, a <a href="https://www.20minutes.fr/monde/1503451-20141217-cuba-usa-demi-siecle-conflits-onze-dates">dépossédé des firmes américaines</a> d’une grande partie de leurs actifs. Aujourd’hui encore, certaines d’entre elles, comme la compagnie pétrolière ExxonMobil, <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/biens-nationalises-en-1959-exxonmobil-poursuit-deux-entreprises-cubaines-1337186">attendent une compensation</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/303447/original/file-20191125-74572-1w1i3t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La compagnie pétrolière américaine ExxonMobil a attaqué en justice des entreprises cubaines pour des biens confisqués lors de la révolution de 1959.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Harry Green/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Dans chaque cas de figure, nous trouvons des compagnies regrettant amèrement d’avoir tenté l’aventure. C’est pourquoi la majorité des sociétés s’abstiennent d’injecter leur argent dans une nation, si l’incertitude et le risque d’un changement politique planent au-dessus d’elle telle une épée de Damoclès.</p>
<h2>Des TBI pour attirer les entreprises</h2>
<p>Avant d’investir à l’étranger, la plupart des sociétés exigent une protection officielle. Ces garanties fiables prennent généralement la forme d’un Traité bilatéral d’investissement (TBI), des accords à long terme entre États destinés à préserver les investisseurs, y compris en cas de chamboulement du paysage politique.</p>
<p>Si un pays ne respecte pas les conditions d’un TBI, le litige est arbitré par une nation tierce. D’après les données du CNUCED (la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), en 2017, la majorité des pays du monde avaient signé plus de 3 000 TBI, et les institutions d’arbitrage international avaient résolu plus de 500 litiges concernant ces traités.</p>
<p>Les TBI jouent un rôle crucial en attirant les investisseurs étrangers, puisqu’on dénombre bien plus d’opérations entre les pays ayant établi un traité. Il restait cependant difficile de déterminer lequel, du TBI ou des investissements, influençait l’autre. En étudiant les décisions individuelles prises par les États et les investisseurs, notre recherche a pu prouver pour la toute première fois que, lorsque deux pays établissent un TBI, ce dernier entraîne une hausse directe des investissements croisés.</p>
<h2>Tisser des liens avec les moutons noirs</h2>
<p>En dépit de l’existence des TBI, certaines sociétés décident, en toute connaissance de cause, d’investir dans des pays où leurs placements ne seront pas protégés par ces traités. Ces nations sont souvent le siège d’une économie et d’une politique instables, et d’environnements institutionnels défaillants (victimes de corruption ou d’une application relative des lois), tels que définis par les classements existants de la Banque mondiale.</p>
<p>Au fil de notre étude, nous avons découvert que ces quelques « pionniers » s’appuient sur diverses formes d’influence politique pour investir dans des pays à risque, où leurs concurrents historiques craignent de s’implanter. Ils ne semblent pas redouter l’incertitude ou le changement politique autant que les sociétés ne possédant pas les mêmes appuis politiques, lesquelles n’ont donc pas d’autres recours que les TBI.</p>
<p>En s’impliquant dans la politique de ces pays instables, ces entreprises peuvent offrir une certaine sécurité à des investissements considérés comme hasardeux. Notre étude montre que ces compagnies possèdent au moins l’une des deux « compétences hors marché » suivantes leur permettant d’influencer les décisions des pays qui les accueillent :</p>
<ul>
<li><p><strong>La compétence politique</strong> : une capacité qu’une société développe sur le long terme, en opérant dans des États instables ou aux institutions moins fiables.</p></li>
<li><p><strong>Les relations politiques</strong> : des liens que tissent les entreprises, par exemple, en recrutant d’anciens politiciens au sein de leur conseil d’administration ou de leurs équipes de management.</p></li>
</ul>
<p>Dans les deux cas, les compagnies s’appuient sur des stratégies d’influence politique, telles que le lobbying ou d’autres formes d’engagement politique.</p>
<h2>Toute stratégie hors marché n’est pas véreuse</h2>
<p>Mais alors, les « compétences hors marché » sont-elles simplement un nom savant pour désigner des accords douteux ? Faciliter la corruption est effectivement contraire à l’éthique, toutefois le lobbying et les autres formes d’engagement politique sont des stratégies hors marché parfaitement légales, que vous pouvez exploiter. Les compagnies qui détiennent ces compétences hors marché ont plus de facilité à opérer au sein d’un environnement moins compétitif.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1197041589274763264"}"></div></p>
<p>Il est donc important de comprendre comment ces compétences sont utilisées, et pour quels résultats. Notre enquête a révélé, par exemple, que certaines sociétés françaises ayant des liens avec le régime communiste à Cuba ont pu y réaliser des investissements fructueux. La concurrence y était presque inexistante, puisque le marché cubain demeurait fermé aux entreprises ne disposant pas de ces mêmes relations.</p>
<p>De plus, les firmes étrangères qui injectent de l’argent dans ces pays peuvent contribuer à leur croissance économique et encourager les innovations. Dans un État où les institutions et le climat politique sont instables, et où aucun TBI n’a été établi, les investissements extérieurs soutenus par une influence politique peuvent constituer une véritable bouée de sauvetage pour la nation.</p>
<hr>
<p><em>Cette article s’appuie sur sur l’article académique <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/smj.2927">« Firm non‐market capabilities and the effect of supranational institutional safeguards on the location choice of international investments »</a>, de Joao Albino‐Pimentel, Pierre Dussauge et J. Myles Shaver publié dans Strategic Management Journal (2018).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127741/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Dussauge a reçu des financements de la Fondation HEC</span></em></p>Certaines sociétés ne craignent pas d’engager des fonds dans des États peu stables, sans avoir recours à la protection de traités bilatéraux. Elles mobilisent pour cela leur influence politique.Pierre Dussauge, Professeur en stratégie et politique d'entreprise, HEC Paris Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1140312019-03-22T12:33:55Z2019-03-22T12:33:55ZIdai, cyclone sans frontières<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/265127/original/file-20190321-93039-24hwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C762%2C495&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des personnes fuyant leur domicile, à Beira au Mozambique, après le passage du cyclone tropical Idai.</span> <span class="attribution"><span class="source">Denis Onyodi/IFRC</span></span></figcaption></figure><p>Le cyclone tropical Idai a fait en ce mois de mars la une de l’actualité en Afrique australe. Après 6 jours passés dans le canal du Mozambique, elle a atterri sur la ville de Beira, au Mozambique. Elle a ensuite mis le cap à l’ouest avant de se dissiper.</p>
<p>La tempête a provoqué des inondations, des vents très puissants et des ondes de tempête dans la région centrale du Mozambique. Le <a href="https://theconversation.com/why-malawi-is-failing-to-protect-people-from-floods-and-what-needs-to-be-done-113794">Malawi</a> et le <a href="https://www.iol.co.za/news/africa/cycloneidai-death-toll-in-zimbabwe-soars-to-150-about-2000-missing-19974637">Zimbabwe</a>, pays voisins, ont quant à eux subi de très fortes précipitations, inondations et dégâts causés par des vents extrêmement rapides. <a href="https://www.accuweather.com/en/weather-news/tropical-storm-likely-to-form-near-madagascar-by-end-of-the-weekend/70007641">Madagascar</a>, qui se trouvait sur l’itinéraire qu’a suivi la tempête jusqu’à Beira, a également connu de fortes pluies.</p>
<p>Dans cette région africaine, les inondations ont contraint des centaines de milliers de personnes <a href="https://www.afp.com/en/news/717/mozambique-zimbabwe-cyclone-deaths-exceed-300-un-boosts-aid-doc-1er9m712">à abandonner leur domicile</a>. Le bilan humain n’a quant à lui cessé de s’aggraver au cours de la semaine suivant la catastrophe. Ressentis jusqu’en Afrique du Sud, les effets du cyclone y ont également généré d’importantes <a href="https://city-press.news24.com/News/eskom-blames-cyclone-idai-for-sas-power-outages-20190317">pannes d’électricité</a> : le pays est en effet approvisionné à hauteur de 1 100 MW par des lignes haute tension issues du nord du Mozambique, sérieusement endommagées par le cyclone.</p>
<h2>Des cyclones assez rares dans cette région</h2>
<p>Dans son histoire, le Mozambique a connu <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/joc.3932">neuf tempêtes</a> atteignant l’intensité d’un cyclone tropical. Des événements tropicaux plus faibles, comme des tempêtes tropicales et des dépressions, affectent plus régulièrement la région.</p>
<p>Le <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/joc.3932">plus violent</a> à avoir frappé le Mozambique n’est autre que le cyclone tropical Eline, survenu en février 2000. D’une intensité de catégorie 4 lorsqu’il s’est abattu, il a provoqué à la suite des inondations la mort de 150 personnes. 1 000 autres ont été blessées, 300 000 déplacées et quatre navires ont coulé.</p>
<p>Au large de la côte est de l’Afrique, les tempêtes s’avèrent moins fortes que dans l’hémisphère nord. Dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord, les cyclones tropicaux de catégorie 4 et 5 frappent presque chaque année.</p>
<h2>Un impact transfrontalier</h2>
<p>Comment expliquer que tant de pays aient été affectés ?</p>
<p>Les cyclones tropicaux constituent des systèmes orageux très importants. Juste autour de l’œil du cyclone – une zone où le temps est calme, sans vent ni pluie – s’étendent sur un rayon minimum d’environ 100 km des spirales de nuages orageux. C’est de ces bandes nuageuses qu’émanent les conditions orageuses, c’est-à-dire la pluie et les vents caractéristiques d’un cyclone tropical.</p>
<p>Ce rayon de 100 km est typique des cyclones tropicaux de catégorie 1, la plus basse intensité. À mesure que la tempête s’intensifie et rejoint les catégories 2, 3, 4 et 5, la <a href="https://journals.ametsoc.org/doi/10.1175/MWR-D-10-05062.1">taille de ce rayon</a> augmente significativement. Une tempête très puissante, comme Idai, a donc une gamme d’impacts beaucoup plus large que la trajectoire qui la précède.</p>
<p>Au cours des dernières années, on a vu émerger une préoccupation croissante autour de l’impact que pourrait avoir le changement climatique sur les cyclones. <a href="https://www.nature.com/articles/nature07234">La recherche</a> a révélé que des variations dans les températures mondiales provoquaient la montée en sévérité des cyclones tropicaux.</p>
<h2>Le rôle du changement climatique</h2>
<p>Des scientifiques se sont récemment <a href="http://www.scielo.org.za/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0038-23532018000600018">penchés sur la question</a> dans le sud de l’Océan indien. Tandis que l’eau se réchauffe, la zone connaissant des températures propices à la formation de cyclones tropicaux s’étend. En parallèle, le changement climatique affecte suffisamment les régions tropicales pour que les cyclones s’y intensifient. Les catégorie 5, que l’Atlantique Nord connaît depuis presque un siècle, ont commencé à frapper dans le sud de l’Océan indien depuis 1994, à un rythme qui n’a fait que s’accélérer depuis.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"786492301866471424"}"></div></p>
<p>À mesure que le changement climatique se poursuit et s’intensifie, ces tempêtes vont donc elles aussi se multiplier. Cela se traduira par une fréquence accrue, non seulement de dommages graves causés par les tempêtes, mais aussi de dégâts touchant une très large région. Outre l’impact du réchauffement sur l’intensité de la tempête, on constate également que les dérèglements climatiques <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-08533-6">étendent</a> les tempêtes dans une intensité donnée.</p>
<h2>Des vents à plus de 180 km/h</h2>
<p>Quelle était alors l’intensité du cyclone tropical Idai ?</p>
<p>Plusieurs organisations climatologiques régionales se chargent de documenter les relevés de trajectoires des tempêtes, qui comprennent l’emplacement géographique de la tempête à des intervalles de temps déterminés, la vitesse du vent et la pression atmosphérique. Ces données sont synthétisées par l’Agence océanographique et atmosphérique nationale (organisme américain), qui fournit une ressource utile aux scientifiques qui s’intéressent au comportement des tempêtes.</p>
<p>Les cyclones tropicaux sont classés sur la base de la vitesse de leurs vents et de leur pression centrale. Pour entrer dans la catégorie 1, une tempête doit avoir une vitesse de vent constante minimale de 119 km/h. Celle-ci doit atteindre 178 km/h pour qu’un cyclone soit rangé dans la catégorie 3. On estime que les <a href="http://hydromet.gov.bz/tropical-weather/saffir-simpson-scale">vents dangereux</a> des tempêtes de catégorie 1 peuvent provoquer quelques dégâts, quand ceux de catégorie 3 sont susceptibles d’être réellement dévastateurs.</p>
<p>L’histoire du cyclone tropical Idai est bien documentée par ces enregistrements. Le cyclone a atteint une <a href="http://www.atms.unca.edu/ibtracs/ibtracs_v04r00/index.php?name=v04r00-2019068S17040#intensity">intensité de catégorie 3</a> entre 3h et 6h du matin le 11 mars 2019, alors qu’il se trouve le plus à l’est de la trajectoire de la tempête. Vers 3h, le 12 mars, la tempête s’est rétrogradée en intensité de catégorie 2, et a fluctué entre les intensités de catégories 2 et 3 pendant les 36 heures suivantes.</p>
<p>À partir du 13 mars à minuit, la tempête s’est maintenue à une intensité de catégorie 3 jusqu’à ce qu’elle n’éclate le 14.</p>
<h2>Comment agir pour prévenir</h2>
<p>En affectant plusieurs pays, les tempêtes imposent aux dirigeants de nouveaux défis. Elles impliquent de s’y préparer de manière proactive et d’être en mesure de prévenir les dommages humains et matériels. Cela exige des pays qu’ils communiquent efficacement les uns avec les autres, qu’ils fournissent des messages cohérents en matière de prévision de l’itinéraire de la tempête et de ses dégâts potentiels, et qu’ils facilitent les évacuations.</p>
<p>Cette nouvelle catastrophe n’augure rien de bon pour le futur des cyclones tropicaux, dans cette zone particulièrement menacée par le changement climatique. Une adaptation efficace est essentielle pour minimiser les dommages à venir, en préparant la région à des tempêtes d’une sévérité accrue. Élaborer des plans de gestion des risques liés aux désastres est également indispensable pour limiter les pertes humaines et matérielles.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l'anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114031/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jennifer Fitchett a reçu des financements de la part du DST-NRF Centre of Excellence for Palaeoscience.</span></em></p>Les tempêtes récentes alertent tristement sur l’avenir des cyclones tropicaux dans la région, qui risquent de s’intensifier sous l’influence du changement climatique.Jennifer Fitchett, Senior Lecturer in Physical Geography, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/971262018-06-04T21:36:50Z2018-06-04T21:36:50ZDes plantes appréciées des chimpanzés pourraient soigner des maladies humaines<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220141/original/file-20180523-90281-a1e128.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C2%2C1920%2C1175&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les plantes médicinales consommées par les chimpanzés pourraient améliorer les traitements pour les humains dans de nombreuses maladies.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/chimpanzee-monkey-ape-view-animal-1589243/">Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Tandis que le cancer et d’autres maladies non-infectieuses sont en augmentation dans le monde entier, il devient de plus en plus difficile pour les scientifiques de trouver des traitements efficaces et sans danger. En outre, les bactéries sont devenues plus résistantes aux médicaments disponibles et les substances thérapeutiques de synthèse, plus agressives pour l’organisme.</p>
<p>Ces défis ont conduit à la <a href="https://www.nps.org.au/australian-prescriber/articles/the-need-for-new-drugs-a-response">rechercher de nouvelles solutions</a> en exploitant notamment les substances naturelles comme les plantes médicinales.</p>
<p>La médecine par les plantes existe <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3358962/">depuis des milliers d’années</a>. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 75 à 80 % de la population mondiale utilise au moins des médicaments à base de plantes.</p>
<p>L’Afrique a sa propre réserve de plantes médicinales, comme celles dont on se sert en <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378874103003507">Côte d’Ivoire</a>, au Kenya, à l’<a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/13880209009082837?journalCode=iphb18">île Maurice</a> en <a href="http://www.daff.gov.za/Daffweb3/Portals/0/Brochures%20and%20Production%20guidelines/Brochure%20Medical%20Plants%20Of%20South%20Africa.pdf">Afrique du Sud</a> et au <a href="https://ethnobiomed.biomedcentral.com/articles/10.1186/1746-4269-9-31">Zimbabwe</a>.</p>
<p>J’ai travaillé avec un groupe de scientifiques pour trouver de nouvelles façons d’exploiter les plantes à des fins médicinales. Dans ce but, nous avons étudié les habitudes alimentaires et le comportement de chimpanzés sauvages du <a href="http://whc.unesco.org/en/list/195">Parc National de Taï</a>, situé au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4618953/">Nous avons identifié</a> ce qu’ils mangeaient, notamment les feuilles, les fruits et les tiges de certains végétaux. Ces plantes ont ensuite été analysées au laboratoire.</p>
<p>Inspirées d’une <a href="https://www.researchgate.net/publication/226245648_Daily_Energy_Balance_and_Protein_Gain_Among_Pan_troglodytes_verus_in_the_Tai_National_Park_Cote_d%27Ivoire">précédente étude</a> sur les apports énergétiques du régime alimentaire des chimpanzés du parc National de Taï, nos recherches ont porté principalement sur les propriétés médicinales des plantes qu’ils consomment.</p>
<p>Les <a href="https://www.researchgate.net/publication/236852089_Antioxidant_activity_of_eight_plants_consumed_by_Great_Apes_in_Cote_d%E2%80%99Ivoire">résultats</a> suggèrent que les chimpanzés mangent des plantes dont les composants renforcent leur système immunitaire et les préservent de certaines maladies. <a href="https://www.ajol.info/index.php/ajb/article/view/128963">Nos découvertes</a> ouvrent la voie à l’examen des propriétés thérapeutiques de ces plantes pour déterminer leur utilité potentielle dans le traitement de maladies humaines.</p>
<h2>Tolérance à la maladie</h2>
<p>Les chimpanzés sont les animaux les <a href="http://www.sciencemag.org/news/2012/06/bonobos-join-chimps-closest-human-relatives">plus proches des humains</a> sur le plan génétique avec 98 % de leur ADN en commun. Cette proximité génétique indique que ces grands primates partagent avec l’homme <a href="https://blogs.scientificamerican.com/extinction-countdown/chimps-human-diseases-risk-reintroduction/">certaines maladies en commun</a> comme les candidoses, la maladie à virus Ebola et le VIH/sida. Les chimpanzés ont peuvent aussi développer <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16438707">des cancers</a>.</p>
<p>Notre hypothèse était que certaines des plantes dont ils se nourrissent contribuent à les maintenir en bonne santé et que cela pourrait servir à l’élaboration de médicaments pour les humains.</p>
<p>Nous avons analysé environ 132 extraits issus de 27 plantes choisies selon :</p>
<ul>
<li><p>La fréquence à laquelle elles sont consommées</p></li>
<li><p>Le temps alloué à leur consommation</p></li>
<li><p>La quantité consommée</p></li>
</ul>
<p>Nous avons testé la capacité de ces plantes à prévenir le cancer et à inhiber la destruction des cellules, le développement des bactéries et des mycoses. Nous avons également analysé leurs apports nutritionnels.</p>
<h2>Un régime préventif</h2>
<p>Certaines des plantes que nous avons analysées sont déjà utilisées par les humains comme plantes médicinales. Cependant les parties utilisées pour les traitements sont différentes de celles mangées par les chimpanzés.<em>Nauclea diderrichii</em> est un bon exemple. Les fruits et les feuilles de cette plante sont consommés par les chimpanzés, mais l’écorce de la tige est utilisée par les hommes pour traiter la fièvre et la jaunisse.</p>
<p>Des plantes prometteuses telles que <a href="https://plants.jstor.org/stable/10.5555/al.ap.upwta.4_168"><em>Tristemma coronatum</em></a>, dont l’extrait des feuilles est connu pour son effet soporifique chez l’homme et <em>Beilschmiedia mannii</em>, qui est utilisée pour traiter des maladies pulmonaires ont été identifiées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/190404/original/file-20171016-31016-1o3qw3b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les feuilles de <em>Tristemma coronatum</em> sont connues pour leur effet soporifique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Author provided.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi les autres plantes bénéfiques, identifiées ici sous leur nom latin et leurs noms usuels dans les dialectes ivoiriens, citons :</p>
<ul>
<li><p><em>Klainedoxa gabonensis</em> (kroma)</p></li>
<li><p><em>Nauclea diderrichii</em> (badi)</p></li>
<li><p><em>Manniophyton fulvum</em> (kolomodia, frafrabié, topué, dobuï,zohé, zoobo)</p></li>
<li><p><em>Beilschmiedia mannii</em> (biliè, tienabi, atiokwo, iréklé, biétou, btei, bhoukéssou)</p></li>
</ul>
<p>Toutes poussent en abondance dans le parc National de Taï.</p>
<p>Notre étude a montré que les plantes analysées induisent une enzyme, la quinone réductase, qui <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1876771/">prévient les dommages</a> des cellules du corps. Ces plantes inhibent le NF-kB, une enzyme dont l’activation <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2803035/">est à l’origine</a> de plus de 20 % de tous les cas des cancer rapportés.</p>
<p>Vingt-quatre extraits (18 %) de ces plantes éliminent les bactéries et six (5 %) détruisent les levures à l’origine des candidoses. <em>Tristemma coronatum</em> a une activité à la fois sur les bactéries et les levures tandis que <em>Beilschmiedia mannii</em> est efficace contre les bactéries, les levures et le cancer, ce qui signifie que ces plantes pourraient donc être utilisées pour chez l’homme pour les soins de santé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/190406/original/file-20171016-31008-13lj4tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ecrasé et mélangé à du carbonate de calcium, le fruit de la <em>Klainedoxa Kabonensis</em> est utilisé pour soigner les abcès et les ulcères. La pulpe est appliquée sur les inflammations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Author provided.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Développement de nouveaux médicaments</h2>
<p>Notre étude démontre le potentiel thérapeutique et nutritionnel de certaines plantes, qui peut être pris en considération dans l’élaboration de nouveaux médicaments.</p>
<p>La prochaine étape sera de tester ces plantes sur des animaux de laboratoire. Une fois leur innocuité et leur efficacité démontrées, nous pourrons évaluer leurs effets sur des humains. Si elles remplissent les conditions nécessaires, le développement de nouveaux médicaments pourra suivre.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par Iris Le Guinio pour <a href="http://www.fastforword.fr">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97126/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Constant Ahoua est chercheur associé au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d'Ivoire et postdoc du consortium Afrique One-ASPIRE, un programme de recherche panafricain soutenu par le Alliance for Accelerating Excellence in Science in Africa (AESA), le African Academy of Sciences (AAS), le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), le Wellcome Trust et l'UKaid. Ses recherches ont été financées par le Programme d'Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES), la Fondation Internationale pour la Science (IFS) et le gouvernement suisse.</span></em></p>Dans un parc national de Côte d’Ivoire, des chercheurs étudient les fruits et végétaux constituant l’alimentation des grands singes. Certains extraits s’avèrent prometteurs contre le cancer.Constant Ahoua, Post-Doctoral Fellow under Afrique One-ASPIRE, Nangui Abrogoua UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/898202018-01-15T20:39:06Z2018-01-15T20:39:06ZL’impunité, le prix à payer pour la démocratie en Afrique ?<p>La mise à l’écart en douceur de Robert Mugabe au Zimbabwe, en novembre 2017, a réactivé le débat sur l’impunité en Afrique et sur son rapport avec l’avancée du processus démocratique. Blanchir les dictateurs de tous les crimes qu’ils ont commis est-il le prix à payer pour retrouver la paix civile et pour revenir à la démocratie ?</p>
<p>En effet, le cas de Mugabe n’est pas isolé. Avant lui, le <a href="https://theconversation.com/presidentielles-en-afrique-comment-ca-va-la-democratie-71747">départ de Yahya Jammeh en Gambie</a> (janvier 2017) avait été négocié contre la promesse de le laisser quitter son pays sans être inquiété. À cette occasion, l’autocrate déchu avait choisi avec soin son pays d’accueil (la Guinée équatoriale) dont il pouvait être presque sûr que le président – l’autre dictateur Obiang Nguema – ne lui jouerait pas le mauvais tour du Nigeria à l’encontre de Charles Taylor.</p>
<p>On se souvient en effet que l’ancien chef d’État du Liberia avait lui aussi accepté de partir en 2003, moyennant l’impunité et l’exil à Lagos (Nigeria). Mais, sous la pression de la communauté internationale, le président nigérian Olusegun Obasanjo a finalement accepté, en 2006, la demande d’extradition du criminel de guerre, d’abord vers la Sierra Leone, théâtre de ses exactions les plus graves, puis vers la <a href="http://www.liberation.fr/planete/2013/09/26/cinquante-ans-de-prison-confirmes-pour-charles-taylor_934893">Cour pénale internationale de La Haye</a>.</p>
<h2>Amnisties informelles</h2>
<p>L’impunité n’est donc pas forcément éternelle. Parfois, elle est même très passagère. Ainsi l’ex-président malgache Marc Ravalomanana, « démissionnaire » en mars 2009, exilé en Afrique du Sud puis condamné (par contumace) aux travaux forcés à perpétuité en août 2010 pour la mort d’une trentaine de partisans de son rival d’alors Andry Rajoelina, avait vu son mandat d’arrêt annulé pendant quelques heures en janvier 2012, au moment où il s’apprêtait à revenir dans la Grande Île. Le prix à payer pour la réconciliation nationale avait sans doute paru trop élevé à l’époque, mais l’homme est néanmoins de retour aujourd’hui dans son pays et semble bénéficier d’une « amnistie informelle ».</p>
<p>Les ex-présidents ne sont pas les seuls bénéficiaires de telles largesses. Parfois des criminels de guerre notoires sont tellement au-dessus des lois qu’ils peuvent encore être candidats à la magistrature suprême. C’est le cas du Libérien Prince Johnson, qu’une vidéo de 1995 le montrant en train de boire une bière pendant que ses hommes coupaient les <a href="http://www.jeuneafrique.com/176384/politique/liberia-l-horrible-fin-de-samuel-doe-6/">oreilles de l’ancien président Samuel Doe</a> a rendu tristement célèbre.</p>
<p>Malgré les milliers d’autres morts dont il est probablement responsable, il a reconquis une forme de respectabilité en se faisant élire sénateur du Comté de Nimba en 2005. Puis il est arrivé troisième au 1<sup>er</sup> tour de la présidentielle de 2011, avec 12 % des suffrages. Toujours dans la course, il a encore recueilli 9 % des voix lors du scrutin présidentiel de 2017, et il a largement contribué à la victoire de George Weah. Au Libéria, ce n’est pas tant la réconciliation qui est recherchée que la paix civile, car l’ancien chef de guerre dispose encore dans son fief frontalier de la Côte d’Ivoire et de la Guinée de miliciens et d’armes susceptibles de faire replonger le pays dans le cauchemar des années 1990.</p>
<p>On pourrait également citer des présidents en exercice qui échappent à la justice – nationale ou internationale – justement parce qu’ils sont présidents mais aussi parce que l’opinion publique et la communauté internationale semblent avoir peur du désordre qui pourrait s’installer si on leur appliquait la loi. Ainsi <a href="https://theconversation.com/en-afrique-du-sud-la-chute-programmee-de-lanc-89172">Jacob Zuma</a> parvient-il à échapper aux lourdes charges qui pèsent contre lui grâce à l’immunité qui le protège et au soutien de ses amis politiques.</p>
<p>Quant au dirigeant du Soudan Omar el-Bechir, passible de la Cour pénale internationale, il continue à circuler tranquillement en dehors de son pays sans être inquiété par les mandats d’arrêt lancés contre lui en 2009 et 2010 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité <a href="https://theconversation.com/soudan-soudan-du-sud-tchad-guerres-sans-fin-guerriers-sans-frein-71237">au Darfour</a>.</p>
<h2>L’impunité par contumace</h2>
<p>Pour autant, l’impunité n’est pas forcément la règle, même si elle est largement répandue dans toutes les strates de la société dans bon nombre d’États africains. Ainsi le dictateur sanguinaire éthiopien Mengistu Hailé Mariam, réfugié en 1991 au Zimbabwe, a été condamné à mort par contumace en 2008.</p>
<p>De même, les autocrates chassés par les printemps arabes de 2011 ont-ils été poursuivis par la justice. En Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali a été sous le coup de 93 chefs d’inculpation dont 35 relevant de tribunaux militaires. À l’issue d’une douzaine de procès, il a été condamné par contumace à plusieurs peines de réclusion à perpétuité. <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/14/ben-ali-arabie-saoudite_n_8978494.html">Il est réfugié en Arabie saoudite</a>, qui refuse de l’extrader.</p>
<p>En Égypte, Hosni Moubarak a risqué la peine de mort par pendaison lors d’un long procès ouvert le 2 août 2011, mais il a finalement été acquitté et libéré le 2 mars 2017 sous réserve de ne pas quitter le territoire.</p>
<p>Quelques mois plus tard, l’ex-président malien Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars 2012 et réfugié au Sénégal, était sous la menace d’une inculpation pour haute trahison avant qu’une commission <em>ad hoc</em> le blanchisse de ces charges en 2016. <a href="http://www.jeuneafrique.com/505161/politique/mali-lex-president-att-est-arrive-a-bamako-apres-5-ans-dexil/">Il vient d’ailleurs de regagner Bamako.</a></p>
<p>En Centrafrique, l’ex-président François Bozizé, renversé le 24 mars 2013 et réfugié au Cameroun, est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice de son pays le 29 mai 2013. Au Burkina-Faso, <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20171118-cote-ivoire-ex-president-burkinabe-compaore-sort-son-silence">Blaise Compaoré</a>, chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 et réfugié en Côte d’Ivoire, est également visé par 18 mandats d’arrêt internationaux, dont certains ont été levés mais d’autres courent toujours, notamment pour la répression de l’insurrection populaire qui a provoqué sa chute.</p>
<h2>Laurent Gbagbo, un cas particulier</h2>
<p>Ailleurs, le cas de Laurent Gbagbo est particulier : il a été arrêté en avril 2011 et transféré sept mois plus tard (30 novembre 2011) à la Cour pénale internationale de La Haye. Nul doute que, lors des négociations ayant précédé son départ du Palais présidentiel d’Abidjan, l’argument de l’impunité (et de l’exfiltration) a pu être avancé par l’une ou l’autre des parties. Mais le pays était en situation de guerre civile larvée, les institutions – et singulièrement les tribunaux – étaient sinistrées et le régime d’Alassane Ouattara ne disposait pas des moyens pour faire face à un éventuel procès sur place.</p>
<p>Ainsi donc, à l’exception d’Hosni Moubarak et de Laurent Gbagbo, tous ces acteurs ont bénéficié d’une impunité <em>de facto</em> puisqu’ils sont en exil dans des pays qui refusent de les extrader. Ces refus sont souvent hypocritement justifiés par le manque de confiance dans les institutions judiciaires nationales concernées.</p>
<h2>Par quelle justice passer ?</h2>
<p>Alors pourquoi ne pas déléguer cette fonction à une instance internationale, comme ce fut le <a href="https://theconversation.com/le-proces-habre-un-moment-crucial-de-la-justice-internationale-en-afrique-60839">cas pour Hissène Habré</a>, jugé au Sénégal à partir de juillet 2015 par les Chambres africaines extraordinaires et <a href="http://www.jeuneafrique.com/432752/societe/tchad-hissene-habre-condamne-a-appel/">condamné à la réclusion à perpétuité</a>. En effet, cette juridiction originale créée par l’Union africaine semble être la bonne réponse à la défiance généralement ressentie à l’endroit à la fois des justices nationales et de la Cour pénale internationale. Cette dernière est, d’ailleurs, de plus en plus <a href="https://theconversation.com/lafrique-et-la-cour-penale-internationale-chronique-dun-divorce-annonce-68040">mal supportée par les États africains</a> qui l’accusent de ne s’en prendre qu’aux autocrates du continent.</p>
<p>En fait, la CPI a souvent du mal à instruire correctement ses procès, comme on a pu le voir en décembre 2014 lorsqu’elle a dû abandonner les <a href="http://lemonde.fr/afrique/article/2014/12/05/cpi-abandon-des-poursuites-contre-le-president-kenyan-kenyatta_4535316_3212.html">charges contre le président Uhuru Kenyatta</a>, pourtant accusé de crimes contre l’humanité, mais qui avait profité du pouvoir qu’il exerçait (à nouveau) pour purger son dossier des preuves attendues.</p>
<p>Cet exemple illustre bien le cœur du problème : comment faire prévaloir une justice réellement indépendante dans des pays où les libertés sont muselées ? Quels magistrats, quels tribunaux, quelles cours ont le courage d’affronter des pouvoirs qui, s’ils ne sont pas tous autocratiques, sont souvent complices des dictateurs ? On dispose de très peu d’exemples.</p>
<p>En juin 2015, la justice sud-africaine avait instruit la requête d’une ONG demandant que soient exécutés les mandats d’arrêt internationaux qui visaient le président soudanais Omar el-Bechir, de manière à ce qu’il soit bloqué à Pretoria lors de son passage dans le pays. Mais cette audace n’avait pas duré plus de 24 heures. Plus courageuse, la présidente du Malawi (Joyce Banda) avait préféré renoncer à accueillir le sommet de l’Union africaine en 2012 plutôt que d’y voir ce même Omar El-Bechir.</p>
<p>Alors Robert Mugabe, Yahya Jammeh, Prince Johnson, François Bozizé, Blaise Compaoré, Mengistu Hailé Mariam, Omar el-Bechir, Uhuru Kenyatta et quelques autres pourront sans doute encore vivre des jours tranquilles à l’abri des sanctions, au mépris des souffrances qu’ils ont infligées ou infligent encore à leurs peuples. À ceux-ci de dire si l’impunité – réelle ou <em>de facto</em> – dont bénéficient ces autocrates leur a procuré un mieux-vivre au quotidien.</p>
<p>Encore faudrait-il que ce quotidien ne soit pas lui-même marqué par une impunité généralisée, à tous les échelons de la société, faisant ainsi oublier la notion même de justice.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89820/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bouquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Blanchir les dictateurs de tous les crimes qu’ils ont commis est-il le prix à payer pour retrouver la paix civile et pour revenir à la démocratie ?Christian Bouquet, Chercheur au LAM (Sciences-Po Bordeaux), professeur émérite de géographie politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/884092017-12-14T23:01:07Z2017-12-14T23:01:07ZGrace Mugabe, quand la Première dame oscille entre symbolique et politique<p>La récente démission de Robert Mugabe au Zimbabwe a montré l’influence quasi autodestructrice de son épouse, Grace Mugabe, qui s’imaginait, depuis quelques années déjà, avoir un pied sur le trône. Si le rôle historique de femmes africaines a prouvé que la présidence n’est pas une affaire d’hommes – Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente du Libéria, en est sans doute le meilleur exemple – la réputation sulfureuse de Grace Mugabe ne joue pas en sa faveur.</p>
<p>La violence de ses discours, sa disposition à en venir aux mains, et ses habitudes de shopping compulsif ont fait de ladite « Gucci Grace » ou « Disgrace » (« honte » en français) une femme particulièrement impopulaire. Toutefois, les débats autour de son ambition dévorante ont fait ressortir une question : quel est le rôle de la Première dame, politique, ou symbolique, ou les deux peut-être ?</p>
<p>Il n’y a là rien de particulièrement africain. Après tout, quelques jours après son investiture, le Président français Emmanuel Macron faisait ainsi établir une <a href="http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/charte-de-transparence-relative-au-statut-du-conjoint-du-chef-de-l-etat/">« Charte de transparence relative au statut du conjoint du Chef de l’État »</a>, assurant que son épouse, Brigitte Macron, se limiterait à un rôle de représentation officielle. Surfant sans doute sur la vague d’indignations causées par « l’affaire Pénélope » qui a coûté au candidat Républicain François Fillon son ticket présidentiel, cette Charte devait rassurer les Français sur les bonnes intentions du couple de l’Élysée.</p>
<p>Si Macron déclarait ainsi vouloir « mettre fin à une hypocrisie française », on ne sait vraiment s’il faisait allusion aux affres amoureuses de son prédécesseur, le Président Hollande, ou peut-être à l’épouse du Président Chirac, Bernadette, dont l’influence politique était bien connue (surtout comme adversaire de Nicolas Sarkozy) et dépassait largement sa quête de pièces jaunes.</p>
<h2>Extrême personnalisation, succession taboue</h2>
<p>On voit donc les limites d’un cadre constitutionnel qui ne conditionne que ce qui est visible et ce dont on peut, éventuellement, rendre compte. Dans une <a href="https://theconversation.com/debat-le-role-des-reseaux-masculins-dans-les-violences-faites-aux-femmes-88052">politique faite de réseaux</a>, comme le rappelait Maurice Daumas récemment, le symbolique peut masquer un ancrage politique plus profond.</p>
<p>Le cas de Grace Mugabe est éclairant : d’un côté, on voit une femme à l’ambition dévorante qui pose problème dans un système politique encore très patriarcal ; de l’autre, son ascension s’est accompagnée d’un resserrement de l’institution présidentielle autour de la famille d’un Président vieillissant, dont l’extrême personnalisation du pouvoir avait rendu sa succession taboue.</p>
<p>L’enjeu d’une réforme constitutionnelle a été au cœur de la crise présidentielle au Zimbabwe sans doute autant que la question de la personnalisation du pouvoir. <a href="https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2017/11/15/to-understand-the-coup-in-zimbabwe-you-need-to-know-more-about-grace-mugabe/?utm_term=.bc2e430dbbfc">Comme le rappelle la professeure Chipo Dendere</a>, ce n’est qu’en 2008 que Grace Mugabe a officiellement fait part de ses ambitions politiques – après douze années de vie commune avec le président Mugabe et dans un contexte de délitement politique, économique et social qui a renforcé la suprématie du parti présidentiel, ZANU-PF.</p>
<p>La montée en puissance de Grace, a fait tomber plusieurs têtes non seulement au sein du parti mais aussi au sein des institutions étatiques – comme le limogeage de la vice président Joice Mururu en 2014 – et est apparue au grand jour quand Grace a demandé, en novembre 2017, que la Constitution du ZANU-PF prévoit qu’un vice-président sur deux soit une femme. Quelques jours plus tard, Emmerson Mnangagwa, alors premier vice-président, était limogé.</p>
<h2>Phallocratie régnante</h2>
<p>Les ambitions de Grace Mugabe tout comme la chute de son époux ont nourri des débats animés non pas seulement sur la capacité de cette dernière à gouverner, mais aussi sur la capacité d’une femme à prendre des responsabilités politiques. Quand certaines dénoncent une <a href="https://www.washingtonpost.com/news/global-opinions/wp/2017/11/24/stop-blaming-grace-mugabe/?utm_term=.afdf4baf3540">mise en scène misogyne</a> de la chute de Mugabe, d’autres dénoncent le fait que les <a href="http://africasacountry.com/2017/11/on-grace-mugabe-coups-phalluses-and-what-is-being-defended/">ambitions politiques de Grace n’ont pas été assez prises au sérieux</a>, et n’ont même que trop méprisées par la phallocratie régnante.</p>
<p>On retrouve là des débats courants sur la place de la Première dame en politique, comme celui dont la femme de l’ancien président béninois, Rosine Soglo, a fait l’objet. Femme de tête issue d’une aristocratie éclairée, Rosine Soglo a su transformer ses activités caritatives en tremplin politique, constituant l’unique base politique de son mari, le président Nicéphore Soglo. En 1994, alors que le parti présidentiel avait implosé sous l’effet d’irréductibles divisions, elle appela publiquement son mari à rejoindre son organisation politique. S’ensuivit « un choc », comme l’écrit <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2004-3-p-71.htm">Emile Tozzo</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Certains hommes politiques résistèrent, dans un premier temps, à l’idée de se soumettre à une femme, fut-elle l’épouse du chef de l’État. Mais par la suite, plusieurs partis se sabordèrent, parfois à contrecœur, pour se conformer cet appel. »</p>
</blockquote>
<h2>Entretiens secrets</h2>
<p>Les résistances à l’influence des femmes politiques signalent l’importance de leur entregent, non seulement quand il s’agit de mobiliser les masses, mais aussi dans la résolution de conflits internes à l’élite gouvernante.</p>
<p>Ayant préalablement écrit sur l’<a href="https://theconversation.com/craintes-ou-courtisees-les-femmes-et-la-politique-africaine-81505">importance politique des femmes africaines, tantôt craintes ou courtisées</a>, prenons ici en exemple le rôle prenant de l’ancienne Première dame kenyane et mère du Président fraîchement réélu Uhuru Kenyatta, Mama Ngina. Pas plus tard qu’en janvier 2017, alors que la campagne se préparait, <a href="http://www.nation.co.ke/news/politics/moi-mama-ngina-meeting-kanu-support-uhuru/1064-3791104-7ismau/index.html">celle-ci a conduit des entretiens très secrets avec l’ancien chef de l’État Daniel arap Moi</a>, avec l’espoir de pouvoir assurer à son fils le soutient du parti KANU alors dirigé par le fils du Président Moi, Gideon. Depuis l’accession de son mari Jomo Kenyatta à la présidence en 1964, Mama Ngina est donc restée un acteur incontournable de la politique kenyane.</p>
<p>Une telle influence témoigne également de la fusion qui s’est opérée entre famille et politique. S’il était évidemment faux de dire que les Premières dames en sont la cause, elles peuvent toutefois révéler des faiblesses d’un système de pouvoir centré autour de la figure d’un seul homme. En 2004, les chercheurs <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2004-3-page-5.htm">Christine Messiant et Roland Marchal</a> observaient déjà que « le rôle croissant de la Première dame accompagne en parallèle le délitement du contrat social, l’autonomisation du pouvoir du Président par rapport aux clans et la montée de la prédation organisée par sa famille ».</p>
<h2>Dynamiques familiales</h2>
<p>Derrière la personnalisation du pouvoir – ce qui ne veut pas dire que les institutions étatiques sont faibles, mais plutôt qu’elles sont structurées autour de quelques personnalités influentes –, les dynamiques familiales peuvent apparaître comme les plus sûres. Ce qui explique l’influence politique de Premières dames comme Mama Ngina (Kenya), Rosine Soglo (Bénin), Simone Gbgagbo (Côte d’Ivoire) ou encore <a href="https://theconversation.com/after-mugabe-all-eyes-are-on-museveni-how-long-can-he-cling-to-power-87964">Jane Museveni</a> (Ouganda). Toutes ont été – et sont pour certaines encore – à la fois organisatrice de campagnes politiques, faiseuses de réseaux de clientèle et premières confidentes.</p>
<p>Si l’ascension de Grace et la chute de Robert Mugabe illustrent parfaitement le risque d’une trop forte « familiarisation » du pouvoir, la fusion entre famille et politique ne se substitue pas aux institutions étatiques, mais cherche à les infiltrer. On pourrait argumenter que Grace n’a, finalement, pas tenté de coup d’État mais a été le symptôme d’une crise profondément institutionnelle : celle de la succession de Mugabe à l’heure où toute perspective de renouvellement démocratique était, et reste inconnue.</p>
<p>Grace était, en quelque sorte, le symptôme d’un dilemme bien connu des États africains postcoloniaux : celui de la survie politique par le repli familial (avec toute la dimension économique que la famille implique), ou celui du renouvellement par l’ouverture sur un futur incertain.</p>
<p>Quant à la place des femmes en politique au Zimbabwe, celle-ci demeure précaire. Ces dernières sont encore <a href="https://www.newsdeeply.com/womenandgirls/articles/2017/12/06/after-mugabe-zimbabwes-women-push-for-more-political-visibility?utm_source=News+Deeply+Content+Partners&utm_campaign=fcc96dedc1-EMAIL_CAMPAIGN_2017_09_13&utm_medium=e-mail&utm_term=0_d32d258b92-fcc96dedc1-117790949">sous-représentées dans la nouvelle administration d’Emmerson Mnangagwa</a> – seulement quatre femmes ministres sur plus d’une vingtaine de ministères, et depuis 2013, environ 35 % des sièges parlementaires occupés par des femmes – malgré des dispositions constitutionnelles qui requièrent une plus grande parité des genres. La lutte doit continuer pour amener une représentation des femmes en politique plus équitable, pour faire cesser les stéréotypes sur l’inaptitude des femmes à gouverner et pour démonter l’idée que seuls les <a href="https://mg.co.za/article/2017-12-11-the-toxic-masculinity-that-fuelled-mugabes-reign-in-zimbabwe-and-ended-it">« vrais hommes »</a> sont dignes du pouvoir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88409/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anaïs Angelo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Grace Mugabe est le symptôme d’un dilemme bien connu des États africains postcoloniaux : celui de la survie politique par le repli familial ou celui de l’ouverture sur un futur incertain.Anaïs Angelo, Chercheuse (Post Doc), Universität WienLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/878092017-11-23T21:30:40Z2017-11-23T21:30:40ZLe coup de force au Zimbabwe montre l’incohérence des organisations régionales africaines<p>La confusion initiale sur la nature des évènements au Zimbabwe le 14 novembre a été levée, le jour suivant, par les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=EW2Sixz-n6w">déclarations</a> de l’armée qui laissaient très peu de doute sur le fait qu’il s’agissait bel et bien d’une <a href="http://information.tv5monde.com/en-continu/zimbabwe-de-l-intervention-de-l-armee-aux-appels-au-depart-de-mugabe-203987">prise de contrôle militaire</a> demandant la démission du président de la République, le nonagénaire Robert Mugabe.</p>
<p>Les faits indiquant bien un coup d’État, pourquoi ne pas l’avoir nommé ainsi ? La réponse se trouve quelque part entre la stratégie de l’armée (Forces de Défense du Zimbabwe) et l’incohérence des élites politiques et des organisations africaines.</p>
<p>D’une part, les « putschistes zimbabwéens » craignaient certainement, conformément à l’<a href="http://www.achpr.org/fr/instruments/au-constitutive-act/#30">article 30 de l’Acte constitutif de l’Union Africaine</a> (UA), une suspension et des <a href="http://www.peaceau.org/fr/article/communique-de-la-551eme-reunion-du-conseil-de-paix-et-de-securite">sanctions</a> potentielles de l’organisation, que les États membres se doivent d’appliquer. D’autre part, Mugabe, au pouvoir depuis 37 ans, adulé par ses pairs comme l’<a href="http://www.jeuneafrique.com/298498/politique/le-tchadien-idriss-deby-itno-designe-president-de-lunion-africaine/">« infatigable militant de l’indépendance et de la dignité de l’Afrique »</a>, ceux-ci allaient probablement se ranger derrière lui.</p>
<h2>Dangereux coups d’État</h2>
<p>De fait, il existe un large consensus – y compris et surtout de la part de nombreux régimes autoritaires africains – <a href="http://www.jeuneafrique.com/231863/politique/dar-es-salaam-les-chefs-d-tat-de-l-afrique-de-l-est-condamnent-le-coup-d-tat-au-burundi/">contre les coups d’État militaires ou « changements anticonstitutionnels de gouvernement »</a>.</p>
<p>La <a href="http://www.achpr.org/fr/instruments/charter-democracy/">Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (CADEG) de 2007</a>, en son article 3 (10), énonce le principe du « rejet et la condamnation des changements anticonstitutionnels de gouvernement ». Même si jusqu’à présent, seuls dix pays ont signé et <a href="http://www.achpr.org/fr/instruments/charter-democracy/ratification/">ratifié cette Charte</a>, ce principe est « endossé » par les organismes sous-régionaux africains, y compris la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le Zimbabwe est un État membre.</p>
<p>La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) <a href="http://www.peaceau.org/en/article/the-au-calls-for-a-speedy-orderly-and-peaceful-transition-and-transfer-of-power%20aux%20nouvelles%20autorit%C3%A9s%20en%20Gambie">« s’appuie »</a> elle aussi sur cette Charte et l’a d’ailleurs récemment utilisée comme base pour <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20170122-gambie-accord-depart-yahya-jammeh-guinee-conakry-equatoriale-malabo-cedeao">pousser l’ex-président de la République gambienne Yahya Jammeh vers la sortie</a>.</p>
<p>C’est sur cette base que, Alpha Condé, actuel président de l’UA, <a href="https://au.int/fr/node/3587">qui regroupe 55 pays membres en 2017</a>, a exigé « un retour à l’ordre constitutionnel » et martelé le fait que l’organisation <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/16/nous-allons-trouver-une-solution-au-zimbabwe-dit-le-president-alpha-conde_5216089_3212.html">« n’acceptera jamais un coup d’État »</a> militaire à Harare.</p>
<p>De même, Jacob Zuma, président en exercice de la SADC, a également <a href="https://www.news24.com/Africa/Zimbabwe/zuma-slams-unconstitutional-take-over-of-zim-20171115">exprimé</a> le refus de son organisation face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement.</p>
<p>Il est, par ailleurs, difficile de nier l’impact négatif des coups d’État militaires sur la démocratie et la stabilité sociopolitique d’un pays.</p>
<p>Cas emblématique, la République centrafricaine a connu au moins une vingtaine de putschs ou tentative de coups d’État et <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/27/guterres-appelle-a-renforcer-la-force-de-l-onu-en-centrafrique_5206668_3212.html">continue de croupir dans une instabilité paralysante</a>.</p>
<p>Dans ce dernier cas, la condamnation initiale des putschistes par les organisations régionales ne les ont pas empêchés de « s’accommoder » de l’état de fait et de participer au processus de <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20130818-debut-transition-centrafrique-michel-djotodia-face-defis">« constitutionnalisation »</a> du régime éphémère de Michel Djotodia.</p>
<p>Les institutions régionales ont le mandat de se porter garante d’une meilleure gouvernance politique et démocratique et soutenir dans cette voie leurs membres. Or, dans les faits, elles demeurent assez timorées.</p>
<h2>Incohérence dans l’application des principes</h2>
<p>La Charte (CADEG) définit ainsi comme principes :</p>
<p>« Le respect des droits humains, la tenue d’élections régulières, transparentes, libres et équitables, la transparence et l’équité dans la gestion des affaires publiques et la condamnation et le rejet des actes de corruption, des infractions connexes et de l’impunité. »</p>
<p>Cependant, pour les organisations régionales africaines, certaines violations semblent être moins répréhensibles que le renversement militaire d’un régime corrompu et autoritaire.</p>
<p>Pour exemple, sur la question des <a href="http://www.france24.com/fr/20150923-congo-brazzaville-president-annonce-referendum-constitution-sassou-nguesso">modifications des Constitutions à des fins électoralistes</a> – comme ce fut le cas en République du Congo – avec les <a href="https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/republique-du-congo/congo-vague-de-repression-contre-les-opposants-au-projet-de-nouvelle">violences qui en découlent</a>, les organisations régionales africaines ont été pour le moins passives.</p>
<p>Lors des tensions autour de la modification de la Constitution, l’UA s’est contentée d’exhorter les acteurs politiques <a href="http://www.peaceau.org/fr/article/l-union-africaine-appelle-au-calme-et-a-la-retenue-en-republique-du-congo">« à trouver, par le dialogue, une solution à leurs différences »</a>, pour plus tard en appeler au respect de la décision de la cours constitutionnelle <a href="https://au.int/fr/node/27523">validant l’élection présidentielle</a>, avalisant ainsi des élections et des régimes qui ne brillent pas par leur caractère démocratique.</p>
<p>En même temps, peut-on, par exemple, être <a href="http://www.jeuneafrique.com/298498/politique/le-tchadien-idriss-deby-itno-designe-president-de-lunion-africaine/">président de l’UA</a> et critiquer ses propres égarements antidémocratiques comme ce fut le cas pour le président <a href="http://www.jeuneafrique.com/319316/politique/presidentielle-tchad-idriss-deby-itno-reelu-cinquieme-mandat/">tchadien Idriss Déby</a> ?</p>
<p>Il y a là un grand paradoxe inhérent à la structure des organisations intergouvernementales africaines. En effet, la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement (CCEG) de l’UA, en tant qu’<a href="https://au.int/fr/organes/conference">organe suprême de l’institution</a>, jouit de tous les pouvoirs tandis que le parlement panafricain (qui se réunit deux fois par an) est un <a href="http://www.panafricanparliament.org/">organe purement consultatif</a>.</p>
<p>Cette critique peut d’ailleurs s’appliquer, dans une certaine mesure, au <a href="http://www.un.org/fr/sc/members/">Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU)</a> – organe suprême sur les questions de paix et de sécurité internationales – où les membres dit du P5 jouissent d’un pouvoir disproportionné (avec droit de veto)- tandis que l’<a href="http://www.un.org/fr/ga/">Assemblée générale qui réunit les 193 membres de l’organisation</a>, rend des décisions qui ont valeur d’orientations et de recommandations.</p>
<p>Cette situation montre, dans le cas de l’UA, que l’organisation est dysfonctionnelle. Cependant, la suprématie de la CCEG s’explique aussi par le désir des États membres de protéger leur souveraineté nationale, toute chose qui ne devrait pas nécessiter de s’émanciper des exigences de l’État de droit.</p>
<p>L’écart entre la position de principe des organisations africaines sur les coups d’État et la violation des droits humains, la fraude électorale et les modifications opportunistes des Constitutions par de <a href="http://www.jeuneafrique.com/470871/politique/nouveau-report-de-la-presidentielle-en-rdc-lua-est-ok-le-rassemblement-pas-ko/">nombreux dirigeants africains</a>, montre bien l’incohérence de leur posture.</p>
<p>Comment peut-on rejeter le putsch au Zimbabwe et le déclarer anticonstitutionnel, tout en détournant le regard des <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/30/robert-mugabe-est-le-nouveau-president-de-l-union-africaine_4566953_3212.html">agissements antidémocratiques</a> du même régime ? Comment peut-on prôner le respect absolu des Constitutions et approuver tacitement le maintien au pouvoir quasi-anticonstitutionnel de la <a href="http://afrique.latribune.fr/politique/2017-07-20/rdc-l-impressionnant-cartel-des-kabila-qui-regne-sur-l-economie-du-pays-744700.html">dynastie Kabila</a> en République démocratique du Congo ?</p>
<h2>Zone de turbulences</h2>
<p>Après avoir brandi la « baguette magique constitutionnelle » pour tenter de conserver son siège, <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/21/zimbabwe-robert-mugabe-a-demissionne-selon-le-president-du-parlement_5218193_3212.html">Mugabe a fini par « démissionner », par la voix du président du Parlement</a>.</p>
<p>S’ouvre donc à Harare une période de « transition » qui sera conduite par celui qui a eu raison du téméraire « négociateur » de <a href="http://www.francesoir.fr/actualites-monde/zimbabwe-dates-cle-depuis-larrivee-au-pouvoir-de-mugabe">Lancaster House</a> », Emmerson Mnangagwa. Le coup de force ayant été légitimé par la démission de Mugabe et par la mobilisation populaire, les nouvelles autorités du Zimbabwe ne risquent, a priori, aucune sanction de l’UA ou de la SADC.</p>
<p>Par contre, il est à craindre que l’arrivée au pouvoir de Mnangagwa avec l’aide de l’armée, n’augure pas forcément de <a href="https://theconversation.com/zimbabwe-beware-the-military-is-looking-after-its-own-interests-not-democracy-87712">lendemains meilleurs pour le pays et ses populations</a>. Le « crocodile » comme on le surnomme, à 75 ans, est en effet un <a href="http://www.jeuneafrique.com/mag/494251/politique/zimbabwe-qui-est-emmerson-mnangagwa-lhomme-qui-a-fait-tomber-robert-mugabe/">pur produit du système qu’il a contribué à bâtir et à maintenir par tous les moyens</a>. De même, si le rôle de l’armée dans la chute de Mugabe apparaît salutaire, il n’en demeure pas moins que les militaires ont pris conscience de leur poids dans l’arène politique zimbabwéenne.</p>
<p>Le nouveau pouvoir fera-t-il les réformes qui s’imposent, notamment dans la perspective de la présidentielle de 2018 ?</p>
<p>La question reste entière car, le ZANU-PF, (ancien) parti de Mugabe, et <a href="http://www.rfi.fr/emission/20171117-daniel-jouanneau-mugabe-supportait-mnangagwa-veuille-succeder">Emmerson Mnangagwa le « fils »</a> de ce dernier conserveront probablement les rênes de l’État. Ce qui est certain, c’est que le Zimbabwe est rentré dans une zone de très fortes turbulences.</p>
<p>En fin de compte, on pourrait aussi considérer la « transition » actuelle au Zimbabwe comme la fin d’une ère pour les leaders indépendantistes africains, que Mugabe a incarnée dans son pays. Le Zimbabwe, à 37 ans, est un État extrêmement jeune qui connaîtra certainement d’autres vicissitudes sur son parcours vers la consolidation de ses structures.</p>
<p>Reste à savoir si les organisations régionales africaines sont en mesure de s’adapter aux bouleversements profonds qui risquent d’émerger avec la <a href="https://theconversation.com/mugabe-et-dos-santos-quand-le-pouvoir-des-doyens-africains-setiole-87791">mort symbolique des doyens africains</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87809/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mohamed M Diatta ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La crise politique au Zimbabwe révèle les failles des organisations régionales africaines et de leur capacité à être les garants d’un fonctionnement démocratique au sein des états membres.Mohamed M Diatta, Ph.D. Candidate & Lecturer in Political Science-International Relations, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/877912017-11-20T20:49:24Z2017-11-20T20:49:24ZMugabe et Dos Santos: quand le pouvoir des doyens africains s’étiole<p>La confusion s’est emparée de Harare, la capitale du Zimbabwe. Depuis quelques jours, l’armée a confiné le chef de l’État nonagénaire Robert Mugabe dans <a href="https://www.news24.com/Africa/Zimbabwe/mugabe-latest-leader-over-years-to-be-placed-under-house-arrest-20171115">son palais présidentiel</a> – officiellement afin d’assurer sa sécurité – alors que ce dernier <a href="http://www.lefigaro.fr/international/2017/11/19/01003-20171119ARTFIG00063-zimbabwe-un-dimanche-decisif-pour-robert-mugabe.php">refuse obstinément de démissionner</a>.</p>
<p>Quelques jours auparavant, le 15 novembre, à Luanda, capitale de l’Angola, on annonçait le <a href="http://www.jeuneafrique.com/493095/politique/angola-isabel-dos-santos-limogee-de-la-presidence-de-la-sonangol-par-joao-lourenco/">limogeage d’Isabel Dos Santos</a> de Sonangol. Elle dirigeait cette entreprise pétrolière publique <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/01/06/la-nomination-contestee-d-isabel-dos-santos-a-la-tete-du-petrole-angolais_5058683_3212.html/">depuis juin, sur ordre de son père</a>, José Dos Santos, alors président de l’Angola, un poste qu’il a occupé depuis 1979, peu après l’indépendance du pays, jusqu’à son récent départ.</p>
<p>Le limogeage de <a href="https://www.forbes.com/forbes/welcome/?toURL=https://www.forbes.com/sites/kerryadolan/2013/08/14/how-isabel-dos-santos-took-the-short-route-to-become-africas-richest-woman/">celle que <em>Forbes</em> appelle</a> « la femme la plus riche d’Afrique » a été acté par le nouveau chef de l’État, João Lourenço, arrivé au pouvoir en septembre dernier.</p>
<p>Bien qu’il n’existe pas de lien direct entre ces deux événements, il est difficile de ne pas les rapprocher. Ils montrent en effet que les dynasties familiales à la tête de ces deux pays quasiment depuis leur indépendance sont arrivés aujourd’hui à un moment charnière.</p>
<h2>Bas les masques !</h2>
<p>Robert Mugabe, à la tête du <a href="http://www.zanupf.org.zw/">Zimbabwean African National Union-Patriotic Front</a> (Zanu-PF), a pris la direction de l’État en <a href="http://www.africanews.com/2017/11/15/as-he-turns-93-years-old-today-who-is-robert-mugabe/">avril 1980</a>.</p>
<p>En dépit d’une façade démocratique forgée sur un semblant de constitutionnalisme et la tenue d’élections régulières, le règne de Mugabe est devenu de plus en plus autoritaire. Ces dernières années, il avait <a href="https://www.slate.fr/story/le-zimbabwe-est-il-un-etat-%C2%ABvoyou%C2%BB">clairement renoncé à appliquer l’État de droit</a>. L’économie du Zimbabwe a, par ailleurs, connu un profond ralentissement, avec une <a href="https://www.afdb.org/fr/countries/southern-africa/zimbabwe/zimbabwe-economic-outlook//">croissance se réduisant de moitié entre 2015 et 2016</a>. Le pays, qui avait été qualifié de <a href="http://www1.rfi.fr/actufr/articles/096/article_59809.asp">« grenier de l’Afrique »</a>, est devenu, au tournant des années 2000, synonyme de crise agricole.</p>
<p>José Eduardo dos Santos, président de la République d’<a href="http://www.bbc.com/news/world-africa-13036738">Angola</a> depuis le décès du <a href="https://afrolegends.com/2011/08/04/agostinho-neto-doctor-poet-president-and-father-of-angolan-independence/">père de l’indépendance angolaise</a> Agostinho Neto en 1979 a établi de longue date un régime autoritaire, voire dictatorial.</p>
<p>Il a, entre autres, fait face à de <a href="http://www.africansunmedia.co.za/Sun-e-Shop/Product-Details/tabid/78/ProductID/429/Default.aspx">nombreuses ingérences extérieures</a> et connu <a href="http://www.sahistory.org.za/article/angolan-civil-war-1975-2002-brief-history">deux décennies de guerre civile</a>.</p>
<p>L’Angola est, par ailleurs, devenue de plus en plus « célèbre » pour ses pratiques de corruption à grande échelle, impliquant tout particulièrement les nantis qui ont fait fortune <a href="https://theconversation.com/why-luandas-residents-are-asking-where-did-all-the-oil-riches-go-49772">grâce au commerce du pétrole</a>.</p>
<p>La paupérisation de ces deux pays, où la grande majorité vit au-dessous du seuil de pauvreté, n’empêche cependant pas les dirigeants de vivre dans le faste. Le 90<sup>e</sup> anniversaire de Mugabe avait choqué l’opinion <a href="http://www.parismatch.com/Actu/International/Mugabe-le-festin-de-la-honte-712008">par son opulence</a>. L’ancien marxiste José Eduardo Dos Santos est lui, à la tête d’une fortune estimée à quelque <a href="http://news.abidjan.net/h/512260.html">20 milliards de dollars US</a>. Alors que les soins et infrastructures médicales <a href="https://www.voanews.com/a/angola-faces-health-crisis-as-oil-price-drop-leads-to-cutbacks/3187177.html">manquent cruellement en Angola</a> et <a href="https://www.huffingtonpost.com/nycity-news-service/zimbabwes-poor-healthcare_b_184200.html">au Zimbabwe</a>, Dos Santos et Mugabe se rendent régulièrement à l’étranger pour leurs traitements médicaux, le <a href="https://afrique.lalibre.be/5754/angola-inquietude-pour-la-sante-du-president-dos-santos/">premier en Espagne</a> et le second à Singapour.</p>
<h2>Partir pour tenter de rester</h2>
<p>Bien que Dos Santos ait été aussi réticent que Mugabe à renoncer au pouvoir, il a pris la décision de démissionner en août après avoir passé <a href="http://www.jeuneafrique.com/477230/politique/angola-joao-lourenco-investi-president-apres-38-annees-de-pouvoir-de-jose-dos-santos/">38 ans à la tête du pays</a> pour mieux tenter de conserver une certaine influence à travers son parti et en s’appuyant sur les membres de sa famille.</p>
<p>Mugabe, a, lui, essayé d’imposer son épouse en la <a href="https://www.news24.com/Africa/Zimbabwe/mugabe-announces-appointment-of-controversial-wife-grace-to-a-key-post-20170915">désignant comme successeur</a>. Ayant failli, il cherche désormais à se maintenir au pouvoir malgré la prise de contrôle du pays par l’armée.</p>
<p>Les récents événements à Luanda et Harare montrent ainsi, que malgré tous leurs efforts, ces vétérans du pouvoir ne sont plus capables d’imposer leur dynastie.</p>
<h2>Intrigues à l’angolaise</h2>
<p>Lorsqu’en 2016, les problèmes de santé de Dos Santos l’obligèrent à se rendre en Espagne <a href="https://www.enca.com/africa/angolan-president-back-home-after-treatment-in-spain">pour se faire soigner</a>, il annonça qu’il démissionnerait de ses fonctions et <a href="https://theconversation.com/election-unlikely-to-herald-the-change-angolans-have-been-clamouring-for-82851">approuva la désignation de son ministre de la Défense</a> João Manuel Gonçalves Lourenço comme son successeur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=896&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=896&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=896&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1126&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1126&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/195486/original/file-20171120-18525-gs4bq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1126&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Jose Eduardo dos Santos, l’ancien président de l’Angola.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jos%C3%A9_Eduardo_dos_Santos_3_(cropped).jpg">Ricardo Stuckert/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Peu après la victoire du parti au pouvoir, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), lors des élections générales en août dernier, Lourenço a pris ses fonctions comme <a href="http://ewn.co.za/2017/09/26/new-angolan-president-joao-lourenco-sworn-in">Président</a>. Dos Santos, toujours chef du MPLA, restait cependant tapis dans l’ombre, s’attendant à ce que Lourenço défende les intérêts de son prédécesseur et ceux de son affluente famille.</p>
<p>Le limogeage d’Isabel dos Santos a dû ainsi faire l’effet d’une douche froide pour l’ancien Président. L’événement marque en effet une rupture et illustre la volonté de Lourenço d’être son propre maître et de se distancier de la famille Dos Santos, que de nombreux Angolais associent à la <a href="https://www.transparency.org/news/feature/elections_in_angola_time_to_tackle_corruption">corruption qui mine le pays</a>.</p>
<p>Isabel Dos Santos, qui fait ses études à Londres, avait pourtant fait ses preuves à la tête de Sonangol, et ce malgré la morosité économique et la <a href="https://www.reuters.com/article/us-oil-prices/oils-bull-run-hides-a-deep-disconnect-crude-traders-warn-idUSKBN0NR1Q320150506">chute du prix du baril</a>. Il est donc peu probable que la décision de Lourenço ait été motivée par des raisons purement économiques.</p>
<p>Selon les rumeurs qui courent à Luanda, c’est désormais le frère d’Isabel qui serait dans le collimateur présidentiel. <a href="https://mg.co.za/article/2012-11-02-00-angola-whos-who-in-the-palace">José Filomeno dos Santos</a> pourrait ainsi être remercié et quitter son poste de dirigeant du plus grand <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-01-24/angolan-wealth-fund-plans-shift-away-from-external-managers">fonds souverain du pays</a>. Par ailleurs, le patriarche lui-même pourrait être inquiété à son poste de chef du parti.</p>
<h2>L’échec de « Gucci Grace »</h2>
<p>Au Zimbabwe, Robert Mugabe avait tout prévu. Sa femme « Gucci Grace » <a href="https://www.news24.com/Africa/Zimbabwe/fall-from-grace-mugabes-wife-was-his-weakness-20171116">aurait pu lui succéder</a> si <a href="https://www.iol.co.za/capetimes/news/gucci-grace-from-benoni-robert-mugabes-biggest-mistake-12024383">tous deux</a> n’avaient pas fait l’erreur de forcer la main au gouvernement en décidant de <a href="https://www.dailynews.co.zw/articles/2017/11/07/vp-mnangagwa-fired">renvoyer</a> le Vice-Président Emmerson Mnangagwa.</p>
<p>Sous l’impulsion de ce dernier, appuyé par l’armée, Mugabe est sur le point de perdre définitivement la tête de son parti et celle du pays.</p>
<p>Un changement de leadership en Angola et au Zimbabwe aurait un impact considérable sur l’ensemble de la région.</p>
<h2>Vers de nouveaux horizons</h2>
<p>Si Mnangagwa a fait ses preuves au sein du gouvernement zimbabwéen depuis de nombreuses années, son <a href="http://www.bbc.com/news/world-africa-41995876">implication</a> dans les massacres de 20 000 <a href="https://books.google.co.za/books?id=zi-tWekXbD8C&pg=PA19&lpg=PA19&dq=%22the+early+rain+which+washes+away+the+chaff+before+the+spring+rains%22&source=bl&ots=dWX2SIUj7r&sig=0aDLpmmQfN93e_RNJuKcBmGGEYI&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwioi-joj6LWAhWE7hoKHRF_C7wQ6AEIOTAD#v=onepage&q=%22the%20early%20rain%20which%20washes%20away%20the%20chaff%20before%20the%20spring%20rains%22&f=false">personnes d’ethnie Ndebele dans le sud-ouest du pays, au Matabeleland en 1983-84</a> demeure vivace dans les esprits et il est peu probable qu’il émerge comme le champion de la démocratie.</p>
<p>En Angola, Lourenço cherche toujours à asseoir son autorité à la tête du pays.</p>
<p>Il serait donc irréaliste d’attendre que ces pays émergent sans trop de problèmes de décennies de régime autoritaire, où la transparence et l’État de droit font cruellement défaut.</p>
<p>Mais si les <a href="https://theconversation.com/africas-old-mens-club-out-of-touch-with-continents-suave-burgeoning-youth-48618">anciens dictateurs perdent réellement</a> de leur influence, et si les mouvements de « libération » politique dont ils sont issus ne se transforment plus systématiquement en parti politique, une nouvelle ère politique pleine de promesses pourrait s’ouvrir non pas seulement pour l’Angola et le Zimbabwe mais pour l’ensemble des pays de l’Afrique australe.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87791/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chris Saunders ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans ces deux pays, les familles au pouvoir depuis des décennies voient leur position brutalement remise en question. Un espoir pour toute l’Afrique australe.Chris Saunders, Emeritus Professor, University of Cape TownLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.