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Climat des affaires : confiance historiquement élevée en France et dans le monde

Paris. Walkerssk/Pixabay

Grenoble École de Management et l’association des Directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG) recueillent chaque trimestre l’avis des responsables financiers français. Les résultats sont agrégés au niveau mondial par un réseau d’universités coordonnées par Duke University aux États-Unis. Pour le troisième trimestre 2017, l’enquête s’est déroulée du 22 août au 7 septembre 2017.


Le niveau de confiance reste historiquement élevé dans le monde et en particulier en France. Le souffle d’optimisme apporté par l’élection d’Emmanuel Macron ne semble pas devoir fléchir. Notre indicateur de climat des affaires s’établit à 61,9 sur une échelle de zéro à cent, bien au-delà de sa moyenne de long terme. Il est aussi frappant de noter que depuis le printemps, les responsables financiers nous disent avoir une confiance plus importante pour le pays dans son ensemble que pour leur propre entreprise et ce alors que la France a toujours été, selon nos chiffres, la championne du grand écart en faveur de l’entreprise. Autre chiffre révélateur, seules 15 % des entreprises nous disent que la politique gouvernementale pose un risque à leur activité alors que le mécontentement touche jusqu’à 31,6 % des entreprises américaines.

Réponses à la question : « Quel est votre degré d’optimisme quant à l’économie de votre pays (onglet Pays)/de votre entreprise (onglet Entreprise). »

Plus généralement, au niveau européen, l’indice moyen atteint 63,4 au mois de septembre contre 61,2 au trimestre précédent et il faut remonter au pic de l’année 2007 pour trouver des valeurs durablement supérieures à celles observées aujourd’hui sur le vieux continent. L’optimisme est particulièrement important en Allemagne où notre indicateur de confiance s’établit désormais à 75,9. Il est aussi élevé dans les secteurs de l’énergie (75) et des ventes au détail (70). Ce boom d’optimisme général est compatible avec une économie européenne tournant à plein régime dans les trimestres à venir.

Seul bémol en Europe, le Brexit continue de peser sur le moral des responsables financiers outre-Manche où le climat des affaires s’établit à 51,7 en septembre contre 50,5 en juin.

Vers le point haut du cycle économique ?

Aux États-Unis, ni les turpitudes du président Donald Trump ni les tensions avec la Corée du Nord ne semblent devoir influer significativement sur le climat des affaires. Celui-ci se maintient au-dessus de sa moyenne à 65,9 contre 67,4 au trimestre précédent. Ce niveau de confiance reste compatible avec une croissance élevée pour les trimestres à venir. Néanmoins l’effacement de l’écart entre les niveaux de confiance aux États-Unis et en Europe pourrait indiquer l’approche du point haut du cycle économique.

Le climat des affaires

Niveau d’optimisme moyen des responsables financiers en Europe (bleu) et aux États-Unis (rouge).

Dans le reste du monde, l’Amérique latine participe amplement au regain d’optimisme à l’exception notable de la Colombie (45). Le Mexique et le Brésil enregistrent désormais respectivement des niveaux de 63 et 57 alors qu’ils se situaient en dessous de 50 il y a moins d’un an sous le double effet de la crise politique au Brésil et de l’élection de Donald Trump. En Asie, le climat moyen des affaires s’établit à 60,2 indiquant le maintien probable d’une croissance soutenue. Ce chiffre cache néanmoins de fortes disparités entre la Malaisie et le Japon qui affichent respectivement 50 et 52 et l’Inde où l’indicateur s’établit à 64. La Chine conserve avec 62 un niveau de climat des affaires très favorable à la croissance. Enfin, en Afrique, les indicateurs de climat des affaires se redressent aussi même si ils restent sur les niveaux les plus bas observés dans le monde avec en moyenne 52. Les entreprises africaines mettent en particulier en avant l’instabilité politique de certains pays comme frein principal à l’expansion.

Tensions sur le marché de l’emploi

Ce trimestre, il ressort clairement de notre enquête que le marché de l’emploi se tend à travers le monde. Ce résultat n’est pas surprenant tant le climat des affaires est au beau fixe dans le monde depuis plusieurs trimestres. Les principales Banques Centrales de la planète devraient d’ailleurs trouver là une bonne raison de mettre définitivement fin à leurs politiques monétaires accommodantes. Par exemple, ce n’est que la deuxième fois sur les 20 dernières années, que les entreprises américaines estiment qu’attirer et conserver du personnel qualifié est la principale difficulté à laquelle elles font face loin devant le risque géopolitique ou l’environnement macro- économique. Nous avions observé un phénomène similaire au sommet du précédent cycle économique courant 2006.

Pour la moitié d’entre elles, ce manque de ressource est même un frein à leur expansion et à la poursuite de nouveaux projets. En particulier, elles nous disent que trouver aujourd’hui des managers rapidement opérationnels c’est-à-dire qui ont les compétences adaptées à leur secteur d’activité demande un budget dont elles ne disposent pas actuellement. Le marché est à ce point tendu que les entreprises américaines nous déclarent même manquer de candidats possédant le bagage minimum en mathématique, connaissance de la langue voire en éthique du travail !

Le manager introuvable

Sur le marché européen, les tensions sont moindres même si l’emploi qualifié semble commencer à poser problème en particulier lorsqu’il s’agit des nouvelles technologies. Par exemple, 64 % des entreprises françaises déclarent rencontrer des difficultés pour embaucher des profils adaptés à leurs besoins et un peu plus de 50 % déclarent même garder dans leurs cartons des projets dans lesquels elles ne peuvent s’engager faute de ressources en particulier managériales. Si la fonction finance semble peu touchée, ce n’est pas le cas des services de recherche – innovation – développement. Paradoxalement, en Allemagne, les entreprises déclarent ne pas percevoir autant de difficultés à trouver des talents. Pourtant elles sont tout aussi nombreuses à ralentir le rythme de leur expansion en ne se lançant pas de manière mécanique dans tous les projets a priori rentables. La raison de cette prudence a de quoi étonner : si elles ne profitent pas à plein de la situation c’est, selon les réponses que nous collectons, parce qu’elles craignent que l’embauche de nouveaux managers nuise à l’efficacité de leurs organisations !


L’enquête Duke University–Grenoble École de Management mesure chaque trimestre depuis plus de 20 ans le climat des affaires tel que perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête est courte (environ 10 questions). Elle recueille plus de 1 200 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C’est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant.

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