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Climat des affaires : le faux-semblant d'un retour à la normale

Les entreprises espèrent une hausse de 10 % de leur chiffre d’affaires au cours de l’année 2021. Shutterstock

En France, le niveau de confiance mesuré par notre enquête trimestrielle reprend de la hauteur pour s’établir à 56 (sur une échelle de zéro à cent) à la fin du premier trimestre 2021, contre 50,5 au dernier trimestre 2020. Même si ce niveau reste inférieur aux valeurs observées avant la crise de la Covid-19 (la confiance atteignait 62 début mars 2020), il semble indiquer une reprise relativement dynamique à moyen terme, sans risque de récession.

Graphique 1 : Climat des affaires et anticipations d’activité à 12 mois. Auteur (D.R)

Nos résultats révèlent en outre que les anticipations de croissance du chiffre d’affaires des entreprises retrouvent désormais les valeurs observées début 2020. Les entreprises espèrent observer un bond de 10 % du chiffre d’affaires sur l’année 2021. Dans ce contexte, elles envisagent une hausse de 12 % de leurs investissements et d’environ 5 % du nombre de leurs salariés. L’indicateur de solidité financière traduit lui aussi cet optimisme en ressortant à 73 sur une échelle de zéro à cent et dépassant désormais les niveaux observés début 2020.

En Europe, le climat des affaires ressort inchangé à 62, en ligne avec les valeurs observées avant la crise de la Covid-19. En comparaison, aux États-Unis, le climat des affaires fait un bond significatif pour atteindre 67,7 contre 61,6 au trimestre précédent pour l’économie dans son ensemble. Il s’établit à 73,2 contre 71 pour la solidité de l’entreprise.

Graphique 2 : Climat des affaires. Auteur (D.R)

En particulier, une majorité d’entreprises estime que la reprise de la croissance économique est toute proche et peu dépendante du plan de soutien fédéral. Elles sont néanmoins encore peu nombreuses à investir afin d’augmenter leurs capacités de production.

Des risques subsistent

Le rebond récent du commerce mondial a créé des tensions sur les chaînes d’approvisionnement (« bullwhip effect ») provoquant de nombreux retards de livraison comme ce fut par exemple le cas dans certains pays pour les vaccins contre la Covid-19.

En France, 62 % des entreprises qui nous ont répondu ce trimestre déclarent faire face à ce type de tensions sur la chaîne de livraison et elles sont 39 % à estimer que ces retards pourraient ralentir voire remettre en question la normalisation de leur activité.

De même, alors que de nombreux responsables financiers restent optimistes quant à la solidité financière de leur entreprise, il ressort de notre enquête que pour une bonne moitié d’entre elles, cette solidité dépend fondamentalement du plan d’aide gouvernemental et en particulier des prêts garantis par l’État (PGE), contrairement aux résultats obtenus pour les États-Unis. Dès lors, la gestion de la sortie de crise et notamment la fin des aides publiques seront sans aucun doute des éléments majeurs favorisant ou non la pérennité de la reprise.

Ainsi, nous avons demandé aux entreprises d’imaginer un scénario alternatif dans lequel il n’y aurait pas d’aide financière de l’État. Dans ce cas, l’indicateur de solidité financière de l’entreprise ressort à 56 environ contre 73 observé actuellement. L’impact serait particulièrement important pour un peu plus de 50 % des entreprises.

Dans ce sous-échantillon, sans aide de l’État, l’indicateur ressortirait à 46 seulement, au plus bas des niveaux observés durant le premier confinement au printemps 2020. Cette moitié de l’économie pourrait mettre un temps important à retrouver son autonomie financière laissant planer un doute sur sa capacité à conserver des relations d’affaires solides (clients – fournisseurs) comme indiqué dans notre enquête du trimestre précédent.


Pour voir les résultats complets de cette enquête : grenoble-em.com

Prochaine enquête courant juin 2021 : ceocfo.org


Cet article est tiré de la dernière enquête Duke University – Grenoble École de Management soutenue par la DFCG qui mesure chaque trimestre, depuis plus de 20 ans, le climat des affaires tel qu’il est perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête recueille près de 1 000 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. Vous pouvez consulter les résultats complets de cette enquête.

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