tag:theconversation.com,2011:/columns/jean-fancois-fiorina-265063Les 100 mots de l’école du futur – The Conversation2018-04-09T20:14:08Ztag:theconversation.com,2011:article/944652018-04-09T20:14:08Z2018-04-09T20:14:08ZDes ed-techs dans une école de management : retour d’expérience<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/213711/original/file-20180408-5575-x8xrgq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=229%2C7%2C1940%2C944&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Connecté !</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://thumb9.shutterstock.com/thumb_large/2137922/552606142/stock-vector-brainstorming-creative-idea-innovation-and-solution-vector-illustration-552606142.jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En conclusion de mes trois posts publiés l’an dernier sur les ed-techs, j’insistais sur la nécessité pour la France de créer une filière d’excellence dans ce domaine, pour ne pas passer à côté de cette (r)évolution et permettre à des porteurs de projet ou des start-up de se développer.</p>
<h2>Une multiplication d’initiatives</h2>
<p>Ce souhait, partagé par grand nombre d’acteurs des ed-tech a permis une véritable prise de conscience de tout l’environnement et la situation a favorablement évolué :</p>
<ul>
<li><p>Arrivée sur le marché de deux fonds spécialisés dans les ed-techs, <a href="https://www.educapital.fr/">Educapital</a> et <a href="https://www.brighteyevc.com/">Brighteye Venture</a> ;</p></li>
<li><p>Ouverture d’incubateurs spécialisés, avec notamment le <a href="http://www.learnspace.fr/">LearnSpace</a> lancé le 17 mars par <a href="https://twitter.com/svenibus?lang=fr">Svénia Busson</a> ou encore les initiatives de l’<a href="http://orientation.blog.lemonde.fr/2018/01/30/emlyon-reviendra-a-lyon-en-2022/">EM Lyon</a> et de <a href="http://incubateur.neoma-bs.fr/neoma-ed-tech-accelerator/">Neoma</a> ;</p></li>
<li><p>Le <a href="http://www.bpifrance-lehub.fr/startups-selectionnees-la-5eme-promotion-dimpact-usa/">Totem ed-tech de BPI France</a> ;</p></li>
<li><p>Sans oublier bien sûr l’<a href="http://www.observatoire-ed-tech.com/">Observatoire ed-techs</a> fondé par <a href="https://twitter.com/VWacrenier">Victor Wacreniez</a> et qui vient de fêter sa 2<sup>e</sup> année.</p></li>
</ul>
<p>On ne peut que se réjouir de ces projets qui vont dans le bon sens et se féliciter également de l’arrivée de BPI, preuve que les institutionnels commencent à s’intéresser à ce secteur.</p>
<p>Du côté de GEM, nous avons très tôt été interpellés par l’arrivée de ces nouvelles start-up. Nous avons rapidement pris conscience qu’elles seraient, à la fois nos concurrentes et nos alliées, des partenaires de R&D stratégiques pour notre cœur de métier.</p>
<p>Le fait que certaines soient portées par des étudiants « blasés » par le système d’enseignement français nous a renforcé dans notre conviction et loin de les prendre à la légère, nous avons réfléchi à travailler avec elles <strong>dans une logique de co-innovation</strong> en leur apportant notre expertise avancée, inscrite dans nos gènes, en matière de transformation de la technologie en valeurs économiques et sociètales – et, s’agissant d’innovation pédagogique, en leur servant de terrain d’expérimentation grandeur nature. Cette dynamique est similaire à celle de nombreuses entreprises s’efforçant de construire et de nourrir leur propre réseau de start-up.</p>
<h2>Un constat réaliste</h2>
<p>Nous n’avons pas souhaité créer un incubateur spécialisé car d’une part, ce n’est pas notre mission et que d’autre part, une offre conséquente existe déjà en Europe ou hors Europe. Inutile d’ajouter une énième structure qui ajouterait à l’éparpillement de l’effort et au manque de visibilité et de lisibilité de l’apport.</p>
<p>En échangeant avec les acteurs, nous avons fait plusieurs constats</p>
<ul>
<li><p>Il existe dans les ed-techs de nombreux POC (<em>proof of concept</em>), très orientées techno mais dont la faisabilité pédagogique n’est pas été assez démontrée ;</p></li>
<li><p>Les porteurs de projet ont paradoxalement des difficultés à travailler avec les établissements d’enseignement et ne savent pas comment les aborder – car la plupart d’entre eux n’ont pas les structures pour s’interfacer et interagir de manière appropriée ;</p></li>
<li><p>Les évolutions dans le domaine de l’enseignement couvrent de nombreux domaines et se développent à une telle vitesse qu’il nous est impossible en tant qu’établissement de tous les suivre ou de les investiguer ;</p></li>
<li><p>Notre modèle pédagogique, le <a href="https://www.grenoble-em.com/gem-learning-model">GLM</a> (<em>gem learning model</em>), pionnier de l’expérientiel et de l’expérimentation étudiante nécessite des applications spécifiques qui ne peuvent être conçues que par des structures agiles ;</p></li>
<li><p>Il en est de même pour les services aux étudiants, un des éléments clé de l’école du futur.</p></li>
</ul>
<p>Du côté de GEM, nous avons identifié que nous pouvons apporter :</p>
<ul>
<li><p>Une expertise reconnue dans la traduction de techno en business-modèles. Ces <em>process</em> nous les avons déjà réalisés pour des secteurs d’activité ou pour des entreprises, c’est notre offre « after POC », visant à fiabiliser et accélérer le déploiement de solutions émergentes ;</p></li>
<li><p>Un champ d’expérimentation. GEM, c’est 50 programmes de formation, initiale ou continue, en France et à l’étranger. Nous pouvons donc tester des solutions auprès de différents publics et profils, pour différents types d’application.</p></li>
<li><p>Une offre de service combinant une équipe de recherche spécialisée dans les business-modèles, un campus spécialisé – le GEM labs pour les expérimentations, des profs formés à l’innovation pédagogique et une direction de l’innovation dont la mission est de piloter et de coordonner ce type d’opérations, en lien étroit avec l’écosystème d’innovation grenoblois ;</p></li>
<li><p>Une expérience réussie de conduite de projets pédagogiques innovants conséquents comme les <a href="https://www.grenoble-em.com/serious-games">serious games</a> d’Hélène Michel ou le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=4is7QbwPmjU">« shop connecté »</a> de Christian Rivet.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213265/original/file-20180404-189801-555fpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Lancement du programme « ed-tech factory »</h2>
<p>De ce fait, nous avons décidé de créer notre « ed-tech factory », programme spécifique au service des starts-up leur permettant de bénéficier d’un accompagnement pour tester leurs solutions auprès de nos étudiants ou des enseignants et d’un retour d’expérience documenté.</p>
<p>Programme au service également de nos entreprises clientes qui peuvent ainsi découvrir de nouveaux modèles de formation et des étudiants aguerris aux nouvelles façons de travailler.</p>
<p>Programme enfin au service de GEM avec des réponses à nos besoins pédagogiques ou de services aux étudiants.</p>
<p>Ce programme s’insère par ailleurs dans l’éco-système français des ed-techs, en étant complémentaire des dispositifs qui se mettent en place. Cette notion est pour nous importante. <strong>Pour que la filière ed-tech soit efficace, il faut que les acteurs aient un positionnement précis pour éviter toute ambiguïté ou cannibalisation.</strong></p>
<p>D’un point de vue pratique, ce programme se déroule en différentes saisons d’une durée de 3 mois.</p>
<h2>Les enseignements de la « saison 1 »</h2>
<p>La première saison qui a accueilli sept start-up – quatre pour des projets à vocation pédagogique et trois pour du SRM (<em>student relationship management</em>) – vient de se terminer et nous pouvons déjà tirer quelques enseignements</p>
<ul>
<li><p><strong>La mise en place sera longue et pas facile</strong>. Elle nécessite une gestion de projet agile et un leadership bienveillant pour apprendre à toutes les parties prenantes à travailler ensemble, pour éduquer et sensibiliser les étudiants aux pratiques et comportements futurs, impliquer le corps professoral, définir précisément les champs d’expérimentation, les attendus et leurs évaluations.</p></li>
<li><p><strong>Il nous faut également du temps</strong> pour nous faire connaître auprès des différents acteurs de la ed-tech, en France et dans le monde. Cette action doit s’inscrit dans le long terme</p></li>
<li><p>Ces expérimentations nécessitent la <strong>constitution d’équipes mixtes</strong> associant professeurs et collaborateurs de GEM (SI par ex), partenaires externes, apprenants…</p></li>
<li><p>Il nous faut donc <strong>apprendre à créer ces équipes et leur apprendre à travailler ensemble</strong> en leur donnant les moyens (dans tous les sens du terme) de mener à bien ces expériences. Nous devons également réfléchir à comment intégrer ces projets dans la carrière d’un professeur, ou encore à tolérer l’erreur et motiver la prise de risques !</p></li>
<li><p><strong>Le résultat ne sera pas forcément positif à chaque fois</strong>. En fait, le plus souvent, le positif ne sera possible qu’après plusieurs cycles d’essai-erreur. Les ed-techs génèrent un grand dynamisme et beaucoup d’enthousiasme mais il faut accepter parfois que l’issue ne soit pas celle des espoirs attendus ou que la solution puisse fonctionner pour d’autres établissements d’enseignement supérieur… mais pas pour GEM. Elles suivent le <em>hype cycle</em> des technologies, l’excitation autour des belles promesses puis le désillusionnement après les premiers essais… nous travaillons à ce qui suit, la transformation en progrès au niveau de tout le système.</p></li>
<li><p>La relation doit être une expérimentation et <strong>non une forme déguisée de clients/fournisseurs</strong>. Cette ambiguïté n’est profitable pour aucune des deux parties</p></li>
</ul>
<p>La création d’écosystèmes de ce type est l’un des piliers de l’école du futur. Il doit nous permettre de garantir notre pérennité et d’accompagner les transformations que le monde de l’enseignement supérieur va vivre dans les prochaines années.</p>
<p>Il faudra également que nous nous interrogions sur la pertinence de <strong>collaborations avec d’autres établissements d’enseignement supérieur évoluant dans d’autres domaines</strong>. Cela devrait nous permettre de mutualiser – et rationaliser – nos ressources tout en offrant aux ed-techs une variété plus large de publics.</p>
<hr>
<p><em>Ce « retour d’expérience a été co-écrit par : Jean‑François Fiorina, directeur général adjoint de Grenoble École de Management ; Sylvie Blanco, directrice de l’innovation de Grenoble École de Management ; Aurore Besson, catalyseur d’innovation à la Direction Innovation Expérimentation, Grenoble École de Management ; et David Courty, designer d’expérimentations digitales et pédagogiques, Grenoble École de Management.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94465/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Témoignage et analyse d’acteurs engagés autour de la mise en place d’un programme de « ed-tech factory ».Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Sylvie Blanco, Professeur de Management de la Technologie et de l’Innovation, Directrice du Campus GEM BIS, Expérimentation & Innovation, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/755222017-04-05T22:39:29Z2017-04-05T22:39:29ZLes grandes transformations de l’enseignement supérieur : la réponse d’un directeur de B-school<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/163699/original/image-20170403-21972-myv4eu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels</span></span></figcaption></figure><p>Très bel article de <a href="http://bit.ly/2o5UVdT">Mélanie Cuissi</a> sur les grandes transformations que va devoir relever (affronter ?) l’enseignement supérieur. Je suis entièrement d’accord avec l’auteure. Ses propos ne font que confirmer ce que j’énonce depuis longtemps, avec entre autres le grand retour de la pédagogie.</p>
<p>Je souhaite juste apporter quelques compléments et participer au débat.</p>
<p>Les enjeux sont en effet importants et la réponse ne pourra être que <strong>collective</strong> entraînant une coopération (obligatoire) entre établissements d’enseignement supérieur ou assimilés (universités d’entreprises par ex). Je trouve dommage par ailleurs qu’aucun des candidats à la Présidentielle ne mentionne ses enjeux dans son programme</p>
<h2>Les nouvelles technologies</h2>
<p>La transition numérique, sans conteste, entraîne des changements importants, voire même radicaux et sur tous les éléments de notre chaîne de valeur. Dite autrement, elle concerne l’aspect pédagogique, l’extra pédagogique et également la gestion d’établissement.</p>
<p>La mise en relation des étudiants avec l’entreprise est un très bon exemple des (r)évolutions prévues. Jusqu’à présent, l’une des forces des écoles de management était de mettre en relation les étudiants avec les entreprises (et vice-versa). « Demain », ces deux « populations » pourront se passer de nous. Elles le font d’ailleurs déjà !</p>
<p>Concrètement, nos étudiants sont contactés par des entreprises pour des stages/alternances ou emplois sans avoir candidaté. Les entreprises, grâce au big data, définissent les profils qui les intéressent et vont les chercher sur les réseaux sociaux. Potentiellement, nous n’avons plus aucune valeur ou avantage.</p>
<p>Que tous les directeurs et doyens se rassurent, nous en aurons encore mais cela supposera de redéfinir notre modèle et notre <em>process</em>.</p>
<h2>Les compétences actuelles</h2>
<p>Oui mais notre responsabilité se décline sur trois temps :</p>
<ul>
<li><p>Court terme : former nos étudiants à être employables et trouver rapidement « le job de leur rêve, au salaire de leur rêve dans l’entreprise de leur rêve » ;</p></li>
<li><p>Moyen terme : préparer nos étudiants à pouvoir évoluer en termes de métiers, entreprises et secteurs d’activité. Nous le savons, cette génération n’est pas fidèle et change fréquemment de fonctions ;</p></li>
<li><p>Long terme : préparer nos étudiants à affronter, dans le futur, des situations que nous n’imaginons même pas.</p></li>
</ul>
<p>Attention à ne pas trop se « spécialiser » ou « focaliser » sur des compétences qui n’existeront plus (ou auront évolué) dans quelques années.</p>
<p>Sans compter aussi les nouveaux métiers qui vont émerger et pour lesquels nos diplômés devront être compétents. Attention, également, les <em>soft skills</em> ne sont qu’une partie de la formation. Paradoxalement, les fondamentaux et la culture générale sont des éléments importants de l’école du futur.</p>
<h2>Les conséquences pour les établissements d’enseignement supérieur</h2>
<p><strong>1. Importance de la définition de notre mission</strong> : Elle se fera à partir de la question « qu’est-ce que j’enseigne ? »</p>
<p>Différentes réponses seront possibles :</p>
<ul>
<li><p>J’enseigne « ce que je crée » et la dimension recherche sera primordiale ;</p></li>
<li><p>J’enseigne ce que d’autres ont créé en y ajoutant une dimension spécifique (pédagogique, cible, thématiques…) ;</p></li>
<li><p>Je certifie sans forcément enseigner.</p></li>
</ul>
<p>Tous les établissements ne pourront pas faire de la recherche, ce qui va supposer des « révisions déchirantes » pour certains.</p>
<p><strong>2. Des investissements considérables</strong> : le numérique ne se résume pas à de la vidéo que l’on introduit dans un PowerPoint. Ce sont des projets conséquents qui nécessitent du temps et du financement !</p>
<p>Ces investissements concerneront également les infrastructures des établissements.</p>
<p><strong>3. Une réflexion sur l’aménagement des espaces</strong> et notamment les flux de circulation.</p>
<p><strong>4. L’accompagnement au changement</strong> de nos professeurs, de nos intervenants extérieurs mais aussi des étudiants.</p>
<p><strong>5. Un questionnement autour de notre ROI</strong>, surtout pour nous business-schools qui sommes payantes. Quelle est notre valeur ajoutée ? Comment nous sommes capables de la mesurer et pourquoi nous sommes crédibles dans ces domaines ?</p>
<p>En définitive, ces grandes transformations vont changer l’ensemble de notre chaîne de valeur et nos métiers. Je l’ai indiqué, la réponse ne pourra être que collective : un établissement ne pourra agir seul dans son coin. D’où de nouvelles stratégies, plus particulièrement, celle à laquelle je crois qui est la mutualisation de nos opérations. De toute façon, nous n’avons pas le choix.</p>
<p>Toutes les institutions du monde font face à ces mêmes enjeux et pour nous, ne pas répondre à ces défis serait préjudiciable à l’ensemble de notre enseignement supérieur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75522/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Les grandes transformations de l’enseignement supérieur vont radicalement changer les chaînes de valeur des institutions.Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/730822017-02-19T20:17:42Z2017-02-19T20:17:42ZL’entrepreneuriat au cœur des problématiques de l’école du futur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/157323/original/image-20170217-10232-112282g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C0%2C2041%2C1235&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pôle Entrepreneuriat et Innovation de l'École Polytechnique</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/117994717@N06/26812231586/in/photolist-CPsF9c-GRiGjW-GopgVF-GrWamJ-GkYMpy-D6qn99-AJ2JAj-BXStDo-CAa66K-D4Cacp-BFyiGR-By3BEm-yMuySx-B3LgYX-B83gf2-Gswhjx-BSTNoR-GswhoF-B3o9kp-BSvH3e-Fx4FML-Gjn3iE-Gjn3qU-GrbR3p-GoTRuy-By3Ca9-Fxfdrk-FxfcTB-xPGteo-yu7r2C-yudkbB-Gudyy5-yudkMg-xPQPkZ-xPGsZW-yudknD-Gi2A9Q-yudizR-AL3gfy-G25fdq-yGHxG9-HXe3fw-G23UH5-Gi2zC9-yu8vVb-yu8xo1-yKKfbs-yu8wJL-xPQQve-y2RNps">Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Aussi surprenant qu’il puisse paraître, <strong><em>l’entrepreneuriat</em></strong> est l’une des bases de l’école du futur.</p>
<p>Tous les établissements d’enseignement supérieur quels qu’ils soient – écoles d’ingénieurs, <a href="http://bit.ly/2kQBQHj">universités</a> et bien évidemment les écoles de management – ont créé et mis en place des dispositifs et des programmes d’accompagnement qui s’appuient sur des cours, programmes de formation ou incubateurs. Le Ministère a même créé le <a href="http://bit.ly/2kQD4T0">statut d’étudiant entrepreneur</a>.</p>
<h2>Les raisons du fort engouement pour l’entrepreneuriat</h2>
<ul>
<li><p><strong>D’un point de vue pédagogique</strong>, l’entrepreneuriat présente un grand <a href="http://bit.ly/2lSsiA4">nombre davantages</a> avec la mise en perspective de l’ensemble des cours tout en étant un excellent compromis entre théorie et pratique. Il permet en outre de développer chez les étudiants ces fameuses compétences du XXI<sup>e</sup> siècle. Même si l’étudiant ne crée pas son entreprise, il aura énormément appris et acquis des compétences qu’il n’aurait pas expérimentées dans un cadre plus conventionnel.</p></li>
<li><p>Une expérience <strong>très bien perçue par les entreprises</strong>. Pour les recruteurs, au même titre qu’une expérience significative dans une association étudiante, la conduite d’un projet d’entrepreneuriat, quelle que soit son issue constitue un véritable plus.</p></li>
<li><p><strong>Une forte demande des étudiants</strong> : ne pas avoir de patron. L’aspect financier et possibilité de gagner beaucoup d’argent est très peu évoqué par les étudiants. Ils sont plus dans une logique de choix de vie. Rappelons à ce propos que le revenu moyen mensuel d’un dirigeant de TPE/PME en France tourne autour de 3 000 euros. Je suis frappé quand j’interroge les apprentis entrepreneurs de constater qu’ils ont tous une grande maturité, conscients des conséquences sur leur vie personnelle et des risques qu’ils peuvent encourir. D’un point de vue social, c’est également très bien perçu !</p></li>
<li><p><strong>Un environnement digital propice</strong> à l’entrepreneuriat. La plupart des projets porte sur la numérisation d’une activité ou d’un métier existant. Pour démarrer, nul besoin d’investissement conséquent. Un ordinateur et une connexion Internet suffisent.</p></li>
</ul>
<h2>Un élément important de l’école du futur</h2>
<p><strong>1.</strong> La <a href="http://bit.ly/2kFtdOU">formation à l’entrepreneuriat</a> ne doit pas être l’apanage exclusif de l’enseignement supérieur mais doit être un continuum <strong>tout au long de la scolarité</strong>. Pour moi, cela doit débuter dès la fin du primaire avec quelques projets puis ensuite une montée en puissance progressive.Cela permettra d’aller plus loin dans les projets et leur réalisation. Pourquoi pas un « carnet de bord » de l’entreprenariat au fil des années ?</p>
<p><strong>2.</strong> <strong>Base de la transversalité et de la coopération</strong> entre les différents établissements d’enseignement supérieur.</p>
<p>Il nous faut associer des étudiants provenant d’horizons différents.
Favorisera l’innovation et préparera encore mieux les étudiants à travailler avec des personnes de cultures et de formation différentes. Leur apprendre à travailler ensemble, à se connaître, est vraisemblablement la chose la plus compliquée à réussir.</p>
<p><strong>3.</strong> En rêvant un peu, il devrait être l’acte fondateur des <strong>regroupements et partenariats entre établissements</strong> et ce d’autant plus, que nous allons avoir besoin de moyens matériels conséquents pour la réalisation des projets.</p>
<p>Nous devrons par exemple proposer à nos étudiants des fab labs ou des <a href="http://bit.ly/2lSiCFt">plates-formes d’expérimentation</a>.</p>
<p>Nous ne pourrons pas supporter seuls les investissements et devront les partager.</p>
<p>Nous n’aurons pas également les expertises techniques et technologiques et devrons collaborer avec ceux qui les maîtrisent.</p>
<p><strong>4.</strong> <strong>L’entrepreneuriat préfigure de ce que sera l’emploi de demain</strong> avec des diplômés qui seront plus entrepreneurs de leur propre personne et prestataires de services que salariés d’une entreprise.</p>
<p>Ce sont des changements importants qui se préparent avec des formes d’activité hors salariat traditionnel. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, je vous invite à lire l’<a href="https://accntu.re/2eqNZzY">enquête d’Accenture sur les tendances technologiques</a> qui montrent bien cette évolution au travers de la création de plates-formes. L’entrepreneuriat sera à la fois un choix de vie, une philosophie et un principe de fonctionnement.</p>
<p><strong>5.</strong> <strong>Une forte attente des (grandes) entreprises</strong> générant de nouveaux modes de collaboration. Celles-ci sont toutes en train de créer leur propre structure d’accompagnement des start-up. Je prévois qu’elles vont nous demander dans les années à venir :</p>
<ul>
<li><p>D’identifier les profils et talents qui rejoindront ces start-up</p></li>
<li><p>Même démarche avec des projets déjà existants</p></li>
<li><p>De la formation</p></li>
<li><p>De travailler sur des nouveaux business-models. Ce sera la mission confiée à nos enseignants-chercheurs.</p></li>
</ul>
<p><strong>6.</strong> <strong>Une nouvelle dimension : l’international</strong></p>
<p>Nos étudiants n’hésitent plus à s’expatrier pour aller créer à l’étranger, attirés par des <a href="http://bit.ly/2lqGdfk">programmes internationaux</a>. Les villes et incubateurs du monde entier se livrent à une bataille acharnée pour attirer les meilleurs talents et projets. Par ailleurs, la prise en compte de l’international est devenue incontournable. Cela signifie que nous devons intégrer dans nos formations cette internationalisation des activités</p>
<h2>La nécessité de nouveaux modèles</h2>
<p>Enfin, au risque de provoquer quelques grincements de dents, parce qu’il y a en France trop de structures et d’aides et d’accompagnement qui se cannibalisent plus qu’elles ne se complètent, nous – établissements d’enseignement supérieur – allons devoir créer de nouveaux modèles pour développer l’entrepreneuriat dans nos établissements.</p>
<p>Outre la collaboration entre nous évoquée auparavant, cela passera par la constitution d’écosystèmes – physiques, virtuels et internationaux ! Ce sera une très bonne illustration de l’impact qu’auront les établissements d’enseignement supérieur sur leur territoires et leurs communautés</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73082/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
L’entrepreneuriat sera à la fois un choix de vie, une philosophie et un principe de fonctionnement pour nos étudiants. À nous de l’intégrer dans nos établissementsJean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/717212017-01-24T21:42:38Z2017-01-24T21:42:38ZLes MOOC, symboles de l’école du futur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/153827/original/image-20170123-8057-13un1k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">MOOC (massive open online course).
</span> </figcaption></figure><p>Apparus il y a moins de 10 ans, les MOOC ont été le symbole d’un changement dans l’éducation, générant comme toute innovation de grands espoirs, pas mal d’interrogations et d’appréhensions.</p>
<p>On peut les caractériser par un cours gratuit accessible à tous, quels que soient sa localisation géographique et son niveau de formation.</p>
<h2>L’esprit des MOOC</h2>
<p>Dit d’une autre manière, tout le monde sur la planète peut suivre un MOOC sans être inscrit dans une université.</p>
<p>Les MOOC ne sont pas des Power-Points améliorés avec un peu de vidéo, mais de véritables cours créés par des professeurs et comprenant :</p>
<ul>
<li><p>Des objectifs pédagogiques</p></li>
<li><p>Du contenu organisé en séances courtes de quelques minutes</p></li>
<li><p>Diffusé de différentes manières (textes, lectures, vidéos…)</p></li>
<li><p>Des forums de discussion</p></li>
<li><p>Des ressources pédagogiques complémentaires</p></li>
<li><p>Une évaluation finale pour les MOOC certifiant</p></li>
</ul>
<p>Ils ne doivent pas être confondus avec des modules d’e-learning.</p>
<p>Un certain nombre de critères les différencie</p>
<ul>
<li><p>Les MOOC sont offerts par des institutions d’enseignement, généralement supérieurs alors que les modules peuvent être proposés par des éditeurs</p></li>
<li><p>Ils sont créés et reposent sur un professeur bien identifié alors que les modules sont anonymes</p></li>
<li><p>Sont des cours complets (au sens anglo-saxon du terme) s’étalant sur différentes séances alors que les modules portent plutôt sur des thèmes</p></li>
<li><p>La notion de communauté d’apprenants et d’interrelation entre les apprenants est plus développée</p></li>
<li><p>Ils se déroulent sur un temps déterminé (4 à 8 semaines)</p></li>
<li><p>L’inscription et le suivi se font au travers de plate-forme (Coursera, Edx, Futurelearn, Fun…)</p></li>
</ul>
<p>Mais très vite s’est posée la question de leur raison d’être. Pourquoi créer un MOOC qui ne rapporte pas de recettes alors que l’investissement peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros ? Question pertinente s’il en est !</p>
<h2>Des MOOC pour quelle stratégie ?</h2>
<p>Un MOOC doit – selon moi – s’inscrire dans une stratégie d’établissement. J’ai identifié sept axes stratégiques :</p>
<p><strong>1) Stratégie d’image.</strong></p>
<p>C’est celle que nous avons adoptée à GEM. Elle consiste à créer des MOOC sur des thèmes d’expertise de l’établissement. L’objectif est de diffuser auprès d’un grand nombre de personnes ces thèmes pour conforter son positionnement.</p>
<p><strong>2) Stratégie de « nobélisation »</strong></p>
<p>Elle permet à un professeur d’avoir une plus grande visibilité, de toucher de nouveaux publics, d’avoir de la matière pour ses prochains cours et recherches (au travers entre autres des forums). Sur le plan financier, il peut suggérer aux participants d’acheter ses publications.</p>
<p><strong>3) Stratégie de recrutement déguisé</strong></p>
<p>Toutes les grandes marques mondiales de l’enseignement ont l’obsession de trouver la perle rare, le futur Bill Gates ou le futur Mark Zuckerberg.
Or, ces personnes ne sont pas forcément dans les circuits traditionnels de l’éducation, d’où l’importance des MOOC pour les attirer et les révéler.</p>
<p>Aux établissements ensuite de leur proposer des bourses pour venir étudier ou… vendre des listes de « petits génies » aux entreprises. L’investissement dans un MOOC est inférieur au coût d’une campagne de communication internationale.</p>
<p><strong>4) Stratégie d’innovation pédagogique</strong></p>
<p>Les MOOC sont une mine d’informations. L’analyse des données peut aider à mieux comprendre le processus d’apprentissage des apprenants et permettre au prof d’optimiser sa pédagogie. Il peut aussi expérimenter certaines pratiques ou approches.</p>
<p><strong>5) Stratégie pédagogique</strong></p>
<p>Il s’agit de remplacer certains cours par des MOOC. Cette stratégie peut s’appliquer lorsque l’établissement est en sur-effectif ou a des contraintes logistiques importantes. Elle ne peut fonctionner que si les MOOC ont été labellisés avant par l’équipe pédagogique et que les étudiants ont la possibilité d’avoir des séances de Q/R ou de tutorat.</p>
<p>Ce sera peut-être une stratégie développée par de nouveaux entrants dans les années à venir qui proposeront des parcours de formation construits avec des MOOC. Ils seront opérateurs offrant à leurs clients des espaces pédagogiques et un tutorat. Autre possibilité, celle d’un professeur qui exigerait de ses élèves le suivi d’un MOOC spécifique. L’objectif serait pour lui d’avoir plus de temps pour se concentrer sur d’autres aspects de son cours, par exemple des études de cas.</p>
<p><strong>6) Stratégie de spécialisation</strong></p>
<p>Pour un établissement qui souhaiterait proposer à ses élèves une spécialisation mais qui n’aurait pas la ressource professorale ou les effectifs suffisants sur le plan pédagogique. Comme pour la stratégie pédagogique, cela suppose une labellisation et un suivi.</p>
<p><strong>7) Stratégie financière</strong></p>
<p>Sur cet axe, différentes approches sont possibles :</p>
<ul>
<li><p>Offrir des certificats aux apprenants. La partie MOOC est gratuite mais si les participants veulent un certificat, ils doivent s’acquitter d’une certaine somme.
Quelques dizaines de Dollars ou d’Euros sur plusieurs milliers de participants peuvent conduire à une somme substantielle.
Cette approche reste très théorique néanmoins</p></li>
<li><p>Transformer ses MOOC en SPOC (<em>small private on-line courses</em>).
Dans ce cas, on va réutiliser son MOOC en le personnalisant pour les besoins d’une entreprise avec à la fin une certification.</p></li>
<li><p>On peut aussi avoir la version de création directe d’un SPOC
L’établissement facturera l’ingénierie pédagogique, la mise en forme et la certification</p></li>
</ul>
<p>Les stratégies sont nombreuses mais il faut être réaliste. Elles ne peuvent être que l’apanage de grandes marques mondiales, qui ont la visibilité, la crédibilité et les moyens de les déployer.</p>
<p>Les MOOC ont-ils un avenir ? Réponse dans ma prochaine chronique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71721/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Le développement et l’avenir des MOOC dépendront des stratégies. Il y a différents modèles possibles. Elles ne peuvent être que l’apanage de grandes marques mondiales.Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/707252017-01-03T22:03:40Z2017-01-03T22:03:40ZLes ed-tech : limites et contraintes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/151538/original/image-20170102-29222-1p3ov0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Gros plan sur les ed-tech.</span> </figcaption></figure><p>Comme on a pu le voir, le secteur des ed-techs est en pleine ébullition et développement. Tous les jours de nouveaux acteurs apparaissent, apportant de nouvelles opportunités et champs d’investigation. Je suis impressionné par cette créativité et les possibilités offertes. Je l’ai souvent indiqué, il n’y a plus aucune limite dans la salle de classe et… à l’extérieur</p>
<p>Néanmoins, il y a à l’heure actuelle – en France – un certain nombre de limites et contraintes qui pénalisent le développement de ce type d’entreprise</p>
<h2>Quatre limites</h2>
<p><strong>1. Un marché très fragmenté</strong></p>
<p>Comme on a pu le voir, les cibles sont nombreuses, tout comme les business-models et les applications.</p>
<p>Il n’est pas facile de trouver des points communs ou des synergies entre celles évoluant dans le domaine de l’orientation et celles relevant de la formation continue</p>
<p><strong>2. Des processus d’achat complexes</strong></p>
<p>Les utilisateurs ne sont pas forcément les acheteurs. Je pense entre autres aux parents ou aux professeurs.</p>
<p>Il faut donc cibler les 2, ce qui n’est pas toujours évident, les attentes pouvant être différentes (et opposées)
Il faut aussi tenir compte des prescripteurs qui ont, à mon avis, un rôle encore plus important. Là aussi la difficulté est de les identifier</p>
<p><strong>3. Dans ce processus d’achat</strong>, et plus spécifiquement pour la France, <strong>l’Éducation nationale est un acteur incontournable</strong>, voire même obligatoire mais qui rebute toute initiative</p>
<ul>
<li><p>Process d’achat inadapté aux réalités des ed-techs</p></li>
<li><p>Aucune liberté pour le directeur d’école, le chef d’établissement ou les équipes enseignantes d’expérimenter des solutions proposées par des ed-techs</p></li>
<li><p>Faiblesse du taux d’équipement des écoles, rendant aléatoire ces expéimentations ou utilisations</p></li>
<li><p>Pas ou peu d’argent et nécessité de traiter avec un autre « mastodonte », les collectivités locales qui pour encore plus compliquer la situation ne sont pas les mêmes (mairie pour la maternelle ou le primaire, le conseil départemental pour le collège et la région pour les lycées). Quant à l’enseignement supérieur, tout le monde connaît son sous-investissement</p></li>
<li><p>Je ne suis pas sur non plus qu’un enseignant souhaitant créer une ed-tech puisse bénéficier d’une aide et d’un accompagnement, sans compter l’impact (négatif ?) sur sa carrière</p></li>
</ul>
<p><strong>4. L’importance du gratuit</strong> qui rend aléatoire le retour sur investissement et peut décourager des investisseurs</p>
<p>Ces contraintes sont des réalités mais elles ne doivent pas empêcher le développement des ed-techs.</p>
<p>Ces dernières apportent de vraies solutions, que ce soit dans l’apprentissage, la découverte, l’expérimentation, l’approfondissement des connaissances ou les services.</p>
<p>Elles seront au cœur de l’école du futur, c’est indéniable.</p>
<h2>Il faut une filière française d’excellence</h2>
<p>Ces ed-techs sont aussi des enjeux économiques, industriels et géopolitiques. Je suis surpris lorsque je vais dans des salons internationaux de l’importance du nombre de pavillons de pays.</p>
<p>Il y a véritablement une compétition entre pays dans ce domaine, soit pour attirer ces entreprises, soit pour aider leurs « champions » à s’internationaliser. La France est à la traine dans ce domaine (même si je dois le reconnaître, la situation commence un peu à changer)</p>
<p>Il faut absolument une filière française d’excellence qui bénéficie</p>
<ul>
<li><p>du soutien de l’État, au travers des ministères (pas uniquement de l’Éducation Nationale mais aussi de Bercy), de ses bras financiers que sont la CDC ou la BPI ou de la FrenchTech ;</p></li>
<li><p>de fonds privés (il y en a très peu en France) ;</p></li>
<li><p>d’incubateurs spécialisés ;</p></li>
<li><p>de l’implication des établissements. L’objectif n’est pas de nous faire concurrence mais de mutualiser pour permettre aux porteurs de projet d’expérimenter et de bénéficier de nos expertises pédagogiques.</p></li>
</ul>
<p>Le défi est immense mais c’est une partie de l’avenir de l’école !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70725/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Pourquoi il faut absolument une filière française d’excellence dans le domaine des ed-techs.Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/690622016-11-21T20:17:03Z2016-11-21T20:17:03ZTentative de classement des ed-techs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/146846/original/image-20161121-4560-rzrnt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le _market map_ des ed-techs.</span> </figcaption></figure><p>Au cours de mon précédant post, j’ai tenté de définir ce qu’était une ed-tech et les raisons de leur développement. Poursuivons la découverte de ces nouveaux acteurs en s’intéressant à leur typologie, leurs finalités et leurs business-models. L’exercice est un peu délicat car, lorsqu’on tente d’analyser un peu plus en profondeur ces entreprises, on s’aperçoit qu’elles sont toutes différentes, en termes d’usage, de publics et de fonctionnement. Et pour compliquer un peu les choses, certaines sont même à cheval sur différentes catégories !</p>
<p>Avec un peu de recul et beaucoup de synthèse, voici quand même un classement.</p>
<h2>4 business-modèles + 1 !</h2>
<p>Sujet délicat car la perception que nous avons de l’éducation est de considérer que ce n’est pas une marchandise. Néanmoins, il faut bien que ces ed-techs fonctionnent et assurent leur développement. Sujet délicat également car il n’y a pas encore eu à ma connaissance – en France – d’études approfondies réalisées sur ce sujet.</p>
<p>J’ai identifié différentes approches :</p>
<ul>
<li><p><strong>B2B – business to business, d’entreprise à entreprise</strong>. C’est par exemple une ed-tech spécialisée dans l’apprentissage des langues étrangères qui contractualise avec une entreprise. Modèle le plus simple.</p></li>
<li><p><strong>B2C – business to consommateur</strong>. Le client final est l’individu qui achète une prestation. Le bon exemple pourrait être une ed-tech dans le domaine de l’orientation qui vent une prestation à un élève de terminale. C’est moins simple qu’il n’y parait car l’utilisateur final n’est pas forcément le décideur mais ses parents par exemple. Cela suppose pour la ed-tech d’être capable de communiquer sur ces différents publics en sachant que les attentes et les motivations ne sont forcément pas les mêmes et que l’élève subit la pression de ses parents. Se pose également la question de savoir si le décideur est le payeur ou pas.</p></li>
<li><p><strong>B2P – business to peer</strong>. C’est une catégorie que j’ai inventée mais c’est la vente de prestations auprès de pairs. C’est par exemple un prof qui aurait créé une ed-tech de contenu et qui vend ses services à ses collègues
C’est le pendant marchand et business du P2P.</p></li>
<li><p><strong>P2P – peer to peer</strong>. Il s’agit d’une ed-tech créée par des étudiants par exemple et qui ne s’adresse qu’à des étudiants. Il y a une finalité, peut-être un service qui est délivré gratuitement</p></li>
</ul>
<p>Je rajouterai un dernier business-model, qui est à inventer car c’est celui qui permettra à la fois le développement d’une filière française d’ed-tech et qui permettra à l’école de se transformer. Je le qualifierai de <strong>B2EN – Business to « Education nationale »</strong>.</p>
<p>Il s’agit de permettre à ces ed-techs de travailler avec l’éducation nationale et sur un modèle… agile.</p>
<h2>7 catégories d’ed-tech</h2>
<p>(<a href="https://www.linkedin.com/pulse/tour-dhorizon-des-edtech-en-france-avec-140startups-victor-wacrenier?trk=prof-post">Identifiées par Viktor Wacreniez</a>).</p>
<ol>
<li><p><strong>Orientation :</strong> tout ce qui permet d’aider à définir son orientation scolaire et professionnelle. Dans ce domaine, les ed-techs peuvent aider en donnant des informations sous différentes formes (schémas, graphiques, textes, vidéos….), répondre aux questions que se posent les élèves (ou leurs parents). Certaines proposent même du coaching en ligne et on peut imaginer que dans les années à venir certaines proposeront par le biais de la réalité augmentée de s’immerger dans des métiers pour les « vivre en live » ou par l’intelligence artificielle d’avoir des propositions d’études.</p></li>
<li><p><strong>Enfants :</strong> toutes les applications pour les maternelles et primaires. Permettent des approches ludiques et favorisent la créativité.</p></li>
<li><p><strong>Adolescents :</strong> on est plus dans l’aide aux devoirs ou les compléments de cours.</p></li>
<li><p><strong>Higher education :</strong> s’adressent aux étudiants dans l’enseignement supérieur. On peut ensuite définir des sous-catégories en fonction du niveau d’études ou des types d’études. Par rapport aux finalités, on est dans des logiques de contenu et surtout de services. C’est dans ce domaine qu’il y a un filon important. Pour nous, business-schools, compte tenu des frais de scolarité, ce qui fera la différence, c’est la notion de service que nous apporterons à nos étudiants. Nous ne pourrons pas le faire sans l’aide d’ed-techs, à la fois dans la mise en œuvre ou comme labo d’idées.</p></li>
<li><p><strong>Corporate training :</strong> ciblent les entreprises (et de temps en temps aux individus) pour des « solutions « dans le domaine de la formation continue.
Le recours à des ed-techs permet d’industrialiser, de cibler des publics importants et d’uniformiser les messages et les contenus.</p></li>
<li><p><strong>Vocational training :</strong> pour ceux qui souhaitent apprendre sans forcément de finalité professionnelle.</p></li>
<li><p><strong>Language training :</strong> apprendre, découvrir ou se perfectionner dans des langues étrangères. Ce n’est pas dans ce domaine que je vois l’évolution la plus importante.</p></li>
</ol>
<h2>3 types d’usage</h2>
<ol>
<li><p><strong>Contenu :</strong> création, partage ou diffusion de contenu créé par des spécialistes (ou pas) à destination principalement des élèves et/ou apprenants.</p></li>
<li><p><strong>Outils et équipement pour la salle de classe :</strong> les exemples sont très nombreux et vont des écrans interactifs à des systèmes de contrôle de présence en passant par tout ce qui permet d’optimiser l’enseignement.
J’avais eu l’an dernier un coup de cœur lors de ma visite au <a href="http://www.bettshow.com/">BETT</a> pour le système BIRD. L’interactivité au bout doigt pour vos présentations, animations, cours et bien au-delà.</p></li>
<li><p><strong>Services :</strong> liste également très longue puisque cela concerne des services pour l’ensemble des acteurs de l’enseignement et leur environnement (élèves, parents, profs, établissements…)</p></li>
</ol>
<p>En termes d’évolution, je pense que cela va être plus compliqué pour les ed-techs évoluant dans le domaine du contenu. Il faudra qu’elles travaillent sur la création de valeur par rapport au contenu.
Par contre, « aucune limite » pour les 2 autres quand je vois l’apparition des nouvelles technologies et la créativité des porteurs de projets.
Pour celles évoluant dans la catégorie « outils » se posera la question de l’industrialisation de leurs produits et du financement de la R&D.
Problématique qui sera moins aiguë pour celles relevant de la catégorie « services ».</p>
<p>Ce post a été un peu plus théorique que les précédents mais mon souhait était de prendre un peu de recul par rapport à ce phénomène des ed-techs et d’avoir plus une approche « entreprise » que « pédagogique »</p>
<p>Fin de cette série sur ces ed-techs lors mon prochain billet !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/69062/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Pour y voir plus clair dans le grand bouillonnement des ed-techs.Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/677352016-10-27T22:21:40Z2016-10-27T22:21:40Z1ᵉʳ mot de cette série sur les 100 mots : les ed-techs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/143491/original/image-20161027-11252-qkdejr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plusieurs ed-techs se sont développées ces dernières années en France, y compris Coorpacademy, digiSchool et Nomad.</span> </figcaption></figure><p>Ed-tech : ce terme est apparu à plusieurs reprises ces dernières semaines, que ce soit au travers d’une <a href="https://www.linkedin.com/pulse/tour-dhorizon-des-edtech-en-france-avec-140startups-victor-wacrenier?trk=prof-post">étude réalisée par Victor Wacreneiez sur 140 start-ups</a>, de <a href="http://www.edtechworldtour.com/">« l’Edtech world tour</a> » réalisé par <a href="https://www.linkedin.com/in/svenia-busson-8a246a72?authType=NAME_SEARCH&authToken=8cOL&locale=fr_FR&trk=tyah&trkInfo=clickedVertical%253Amynetwork%252CclickedEntityId%253A257932922%252CauthType%253ANAME_SEARCH%252Cidx%253A1-1-1%252CtarId%253A1476876952204%252Ctas%253Asven">Svenia Busson</a> et <a href="https://www.linkedin.com/in/audreyjarre?authType=NAME_SEARCH&authToken=y9bz&locale=en_US&srchid=169301851476876973196&srchindex=1&srchtotal=1&trk=vsrp_people_res_name&trkInfo=VSRPsearchId%253A169301851476876973196%252CVSRPtargetId%253A132664618%252CVSRPcmpt%253Aprimary%252CVSRPnm%253Atrue%252CauthType%253ANAME_SEARCH">Audrey Jarre</a>, étudiantes à HEC ou encore de différentes levées de fonds significatives réalisées par quelques sociétés françaises.</p>
<p>Une ed-tech se définit comme une Start-up évoluant dans le domaine de l’éducation, au sens large du terme, utilisant la technologie dans son modèle. Cependant, caractériser les business-models des ed-tech et leur cible est beaucoup moins évident, comme je le démontrerai plus loin.</p>
<p>Plusieurs ed-techs se sont développées ces dernières années en France.
Je pense <a href="https://nomadeducation.fr/fr/">à Nomad Education</a> (800K€ pour créer l’éducation mobile), <a href="https://www.digischool.fr/">digiSchool</a> (14M€, devenir leader européen de l’e-éducation) ou tout dernièrement Coorpacademy pour son développement en Europe (10M€).</p>
<p>C’est un peu faible eu regard de ce qui passe aux États-Unis (marché de plusieurs milliards de dollars), mais cela montre le début d’un frémissement en France. Ainsi, L’<a href="http://www.letudiant.fr/educpros/evenements-educpros/learning-expedition-san-francisco-silicon-valley-2016-lexsf.html">Étudiant- Educpros</a> organise des <em>learning expeditions</em> à destination des professionnels de l’enseignement supérieur pour leur permettre d’aller à la rencontre de ces entreprises.</p>
<p>Il existe également une dimension internationale, voire même géopolitique de ces ed-techs. J’ai été particulièrement impressionné l’an dernier lors de ma visite du salon <a href="http://www.online-educa.com">OEB – Online Education Berlin</a> où 2200 visiteurs provenant de 90 pays se sont bousculés pour rencontrer des ed-techs. Même impression cette fois-ci lors de mon passage au <a href="http://www.bettshow.com">BETT de Londres</a> avec la présence de stands pays. Pour certains, cela paraissait évident (Corée du Sud, Singapour, pays nordiques). Pour d’autres, un plus surprenant (Espagne, Turquie, EAU). La France était bien présente, mais pas sous un label ed-tech !</p>
<h2>Pourquoi un tel engouement international ?</h2>
<p>J’ai identifié six causes permettant de comprendre le développement et l’enthousiasme pour ces start-up.</p>
<p><br><strong>1. L’école du futur</strong></p>
<p>Notre monde de l’éducation et de l’enseignement est en pleine évolution et nous allons connaître dans les années à venir un grand nombre de révolutions.</p>
<p>Je les ai exposées dans <a href="https://theconversation.com/les-mots-de-lecole-du-futur-64623">mon premier article</a>, aussi inutile de revenir là-dessus. Nous aurons besoin d’acteurs pour nous permettre de réaliser cette école du futur (dans tous les domaines, pédagogiques, administratifs, marketing, communication…) et parmi ceux-ci les ed-techs pourront nous apporter des transformations « disruptives » ou nous accompagner dans ces changements.</p>
<p>Prenons un exemple avec la réalité augmentée (RA). Demain, nous pourrons, grâce à la RA immerger nos étudiants dans une négociation avec des Chinois. Ils pourront prendre conscience de l’importance du « non verbal », pourront le faire autant de fois qu’ils le veulent et à leur propre rythme.</p>
<p>C’est fantastique, génial, mais nous, établissements ne pourront pas concevoir ces solutions. Ce n’est pas notre rôle et de toute façon, n’en avons pas les moyens.</p>
<p>Le recours à une start-up – <a href="https://www.motion-recall.com/">Motion Recall</a> par exemple, sera nécessaire. Elle pourra nous mettre en place des solutions personnalisées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/143432/original/image-20161027-11271-1p9xaxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La réalité virtuelle pour apprendre différemment pourra être développée grâce aux ed-techs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/utknightcenter/17191398541/">Knight Center for Journalism</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><br><strong>2. La demande des entreprises</strong></p>
<p>Les entreprises réfléchissent également à cette école du futur, dans une logique de professionnalisation de leurs équipes, d’accompagnement au changement ou d’évolution de carrière.</p>
<p>La logique de ces entreprises est « d’individualiser l’industrialisation » des formations tout en y apportant une valeur ajoutée. Cela ne pourra se faire qu’avec des acteurs qui pourront là aussi leur permettre d’atteindre ces objectifs.</p>
<p>Je le dis souvent, les entreprises sont parfois en avance dans cette formation du futur. Là aussi, changement de paradigme pour nous établissements d’enseignement supérieur….</p>
<p><br><strong>3. Le développement des services</strong></p>
<p>Ce qui fera la différence dans les années à venir, ce sont les services que nous offrirons à nos étudiants et nos alumni. Il faudra leur apporter une valeur ajoutée qui justifiera leur inscription dans nos établissements. En effet, en simplifiant un peu, pourquoi payer des frais de scolarité alors qu’un savoir de très grande qualité est disponible – gratuitement – sur le net.</p>
<p>La réalisation de ces services ne pourra se faire qu’au travers de ces ed-techs et ce dans un double sens :</p>
<ul>
<li><p>Idée « disruptive » reprise par une école <a href="https://vimeo.com/jobteaser">(Jobteaser</a> par exemple)</p></li>
<li><p>Idée imaginée par un établissement, mais réalisée par un prestataire (<a href="https://appscho.com/fr/">Appscho</a>)</p></li>
</ul>
<p>Cette notion de service est elle-même un peu difficile à évaluer car où s’arrête-t-elle ? Pas forcément aux portes de l’école comme le démontre <a href="https://studylink.fr">Studylink</a> qui développe une solution de crowdfunding pour financer ses études (et incubée à GEM !).</p>
<p>Enfin, notre offre de services personnalisés pourra passer par des <a href="http://www.powertrafic.fr/qu-est-ce-qu-un-chatbot-revolution-relation-client/">chabots</a> (pensez à Siri ou Cortana mais pas uniquement) imaginés et créés par des ed-techs.</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/21228618" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un QR code pour donner vie à un CV… une idée qui pourrait être développée par une start-up.</span></figcaption>
</figure>
<p><br><strong>4. La génération Z</strong></p>
<p>Nos étudiants veulent apprendre ou étudier d’une autre manière. Ils baignent dans la technologie et l’utilisent en permanence (même s’ils en ont des niveaux de compréhension et de maîtrise différents). Il nous faut nous adapter en permanence pour tenir compte de ces évolutions. Là aussi la réponse passe par les ed-techs.</p>
<p>Une illustration possible est le développement de l’offre de cours de langues tels que <a href="http://www.babbel.com">Babbel</a>) ou d’exercices corrigés (<a href="https://www.kartable.fr/">Kartable</a> mais qui n’existent pas encore dans l’enseignement supérieur. Cela passe aussi par la participation à des jeux-concours (<a href="http://fr.studyka.com/">Studyka</a>) ou réalisation de missions pour des entreprises (dans une triple logique, d’acquisition d’expériences, compétences et de financement des études (comme l’initiative <a href="https://cremedelacreme.io/">Crème de la crème</a>)</p>
<p><br><strong>5. L’apprentissage pour tous</strong></p>
<p>Ces jeunes pousses vont également nous permettre d’aider « tout le monde » à apprendre. Ainsi <a href="http://optolexia.se/en/">Optolexia</a>aide les élèves dyslexiques et <a href="http://www.robocarelab.com/fr/">Présences+campus</a> permet aux étudiants hospitalisés et ne pouvant être physiquement en cours de ne pas prendre de retard.</p>
<p><br><strong>6. La pression des parents</strong></p>
<p>Il y a une sorte de « business de la peur » qui se traduit par l’explosion de sociétés de soutien scolaire. Les « traditionnels (Academia, Completeude) ont été rejoints sur ce créneau par des start-up proposant leur service, mais avec une approche différente. J’ai été impressionné par les chiffres de <a href="http://www.challenges.fr/emploi/management/digischool-le-leader-francais-de-l-education-numerique-devient-polyglotte_175973">Diggischool</a> concernant les téléchargements de corrections des sujets au moment du bac.</p>
<h2>Un business-model convoité ?</h2>
<p>Les ed-techs suscitent également un intérêt majeur auprès d’autres acteurs économiques.</p>
<p>Je l’ai souvent écrit, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazonà seront bientôt des acteurs importants du monde de l’éducation et seront tout à la fois nos concurrents et nos alliés dans certains domaines. J’inclus bien évidemment aussi LinkedIn qui devient incontournable dans notre monde A titre d’ex, plus de 80 % de nos étudiants ont un profil LinkedIn. J’ai par ailleurs était sidéré la semaine dernière car j’ai demandé à des élèves d’une classe préparatoire aux grandes écoles s’ils avaient un compte LinkedIn et plus de la moitié de la classe a levé la main.</p>
<p>Ces entreprises ne sont pas à proprement parler des ed-techs, mais elles vont donner naissance à tout un écosystème d’applications spécifiques.</p>
<p>Le big data s’immisce déjà dans ces modèles. Demain (et même aujourd’hui), il y aura des solutions qui permettent aux entreprises d’identifier les profils et les talents qui les intéressent grâce à des algorithmes déployés sur des réseaux sociaux. C’est aussi <a href="http://www.eurekos.com/">Eurekos</a>, qui permet à l’enseignant d’avoir un accès aux profils LK de ses étudiants et de se renseigner sur leurs spécialités et leurs attentes.</p>
<h2>Une solution pour les « déçus » de l’enseignement</h2>
<p>Un nombre significatif d’Edtech est enfin créé par des étudiants ou de jeunes diplômés (je ne donnerai pas de noms pour que ceux encours de scolarité n’aient pas d’ennuis !) qui, quand j’échange avec eux, me disent qu’ils ont eu ces idées parce qu’ils ont été déçus et auraient voulu apprendre d’une autre manière.</p>
<p>Souvent, il n’y pas une raison plutôt qu’une autre, mais une combinaison de plusieurs.
Le meilleur exemple étant <a href="https://klaxoon.com/?_locale=fr">Klaxoon</a>, solution qui matche les critères 1 à 5. L’histoire retiendra peut-être que cette jeune entreprise dynamique (avec des locaux qui donnent immédiatement envie de candidater !) aura été – grâce à son succès sur le CES 2016 de Las Vegas, le précurseur d’une filière française.
Klaxoon est une solution très simple qui s’adresse à la fois aux établissements d’enseignement et aux entreprises. Il améliore l’animation des cours, conférences et réunions en facilitant l’interaction. Tout le monde peut s’exprimer et donner son point de vue (même les plus timides !). Dernier avantage et non des moindres, il peut s’utiliser en simultané sur différents lieux.</p>
<p>À suivre, une typologie des ed-techs, les business-models et un plaidoyer pour une filière française d’excellence dans ce domaine !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/67735/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Les ed-techs bouleversent le monde de l’éducation et de l’enseignement. Si définir une ed-tech est relativement facile, caractériser leurs cibles et leurs business-models est beaucoup moins évident.Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/659172016-09-22T12:38:50Z2016-09-22T12:38:50ZLes conséquences de l'école du futur<p>Avant de commencer à détailler ces mots de l’école du futur (il y en a d’ailleurs tous les jours de nouveaux qui apparaissent. Pour moi découverte ce jour de la peeragogie* !) et pour compléter mon premier post, quelques mots sur les conséquences de cette école du futur du point de vue management.</p>
<h2>Quelle est la mission de mon école et quelle est ma valeur ajoutée ?</h2>
<p>Cela supposera de se positionner par rapport à la « chaîne de valeur éducative* »
L’établissement d’enseignement supérieur universel ne pourra plus exister. Chacun devra définir sa (ou ses) spécificités(s), l’expliquer et le justifier.</p>
<p>En résumé : à quoi je sers ? Ma mission est-elle de former des étudiants sur un savoir faire de niche pour un secteur d’activité défini par mon ancrage territorial ? Ai-je l’ambition de me positionner comme un établissement d’excellence à l’échelle internationale ? Ou comme un acteur reconnu pour sa pédagogie innovante qui permet au plus grand nombre d’accéder à un niveau de diplôme satisfaisant ? </p>
<p>De la réponse à ces questions devra découler un plan de développement cohérent, sous peine d’être immédiatement sanctionné par un marché de l’enseignement supérieur très structuré et de plus en plus compétitif.</p>
<p>Il faudra être en mesure de « prouver » ce que l’on dit et montrer ce que l’on fait. Un véritable changement de culture. Un risque de traumatisme pour certains, ou de changement d’ambition, mais pour prendre une métaphore sportive : tout le monde ne peut pas jouer en « champion’s league ».
J’insiste sur cet aspect car jusqu’à présent, nous avions une approche universelle où nous avions tous les mêmes activités. Demain, il va falloir faire des choix.
Ce sont des chantiers considérables pour les établissements d’enseignement supérieur mais nos différents« clients » vont être de plus en plus exigeants.</p>
<h2>La réorganisation des bâtiments et des espaces</h2>
<p>Cela peut paraître paradoxal à l'heure du numérique et des outils de communication à distance, mais le bâtiment va devenir essentiel. Il sera tout à la fois lieu d’apprentissage, lieu de travail, de rencontre, de créativité, de découverte ou de socialisation.
Cela signifie que nous devrons avoir beaucoup plus d’espaces et réorganiser les différents flux.</p>
<p>La salle de classe sera également transformée pour permettre différentes configurations. Cette salle de classe du futur ressemblera fort à nos classes de maternelle : une salle avec différents lieux !
Il faudra également penser aux autres types de salle et à l’organisation des flux.
Dans ce domaine, de grands bouleversements s'annoncent, qui vont nécessiter des moyens considérables. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les grandes entreprises appellent de plus en plus souvent leurs sièges sociaux des campus.</p>
<h2>Les Systèmes d'Information au cœur du dispositif</h2>
<p>Les SI devront être à la base de la mise en place de l’école du futur, utilisées pour toutes les applications (pédagogiques, gestion, communication…) et utilisables par tous pour tous les usages.
Au-delà d’un système SI performant et d’une infrastructure qui fonctionne, nécessité d’avoir un système de big data*.
On le voit, on rentre dans des systèmes très complexes mais qui nous seront indispensables.</p>
<p>LE SRM* - Student Relationship Management - est une illustration de ces nouveaux usages qui intègre la relation de l’établissement avec son élève au travers de différentes phases : prospect, admission, intégration, scolarité, diplomation, alumni.
Différents départements sont concernés par ces phases mais pas au même moment, et pas avec le même niveau de service.
Par ailleurs, nous gérons tout à la fois des individus, des groupes, des parcours, des promos sur différents programmes, dispensés sur différents lieux.</p>
<h2>Des services supports et de nouveaux métiers</h2>
<p>Ces services sont une évidence à la lumière des éléments ci-dessus.
L’école du futur s’appuiera sur des services supports qui vont gagner en expertise et sur un travail d’équipe renforcé entre tous les acteurs.
Cela va également entraîner la création de nouveaux métiers, mais j’aurai l’occasion de les aborder dans une prochaine chronique
Autre aspect tout aussi important, la formation de l’ensemble de nos collaborateurs.
Quoi qu’il en soit, l’école du futur ne pourra fonctionner que si les établissements préparent et accompagnent leurs collaborateurs à ces évolutions.</p>
<h2>La création d'un écosystème* et une mutualisation des pratiques</h2>
<p>L’école du futur ne pourra pas tout faire. Instant de lucidité, constat de faiblesse ? Non, agilité ! Nous ne pourrons pas être des experts dans tous les domaines. La réussite sera donc collective et passera par la capacité des écoles à s’entourer d’un écosystème de partenaires fiables, capables de l’assister dans tous les domaines qui s’éloigneront de son cœur de compétence : la pédagogie !</p>
<p>L’école du futur sera donc une communauté de professionnels, d’experts, de prestataires et de start-ups.
Autre innovation, nous devrons mutualiser certaines de nos actions avec des établissements concurrents, sur le modèle de ce que fait Renault-Nissan par exemple. Nos problématiques étant communes, il pourra être pertinent de rassembler nos moyens et nos forces plutôt que se disperser et s’essouffler.</p>
<p>Vous l’avez compris, ce sont là des (r )évolutions considérables, qui concernent tous les acteurs de l’enseignement et tous les domaines.
Passionnant, mais il ne faut pas tarder !</p>
<p>À suivre …</p>
<p>Tous les mots suivi d’un * sont dans la liste des 100 et feront l’objet d’une explication.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65917/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Avant de commencer à détailler ces mots de l’école du futur (il y en a d’ailleurs tous les jours de nouveaux qui apparaissent. Pour moi découverte ce jour de la peeragogie* !) et pour compléter mon premier…Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/646232016-09-06T14:34:31Z2016-09-06T14:34:31ZLes mots de l’école du futur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/136611/original/image-20160905-4787-kojt2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le tableau noir et la carte statique laisse aujourd’hui la place à l’intéractif et au numérique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=925">Albert Bettanier (1851-1932)</a></span></figcaption></figure><p>Témoin privilégié (et un peu acteur) du monde des business-schools, j’ai pu voir leur évolution au cours des ans et l’évolution de l’enseignement. Je me souviens avec émotion de mes premières expériences d’enseignant. À l’époque, je ne pouvais compter que sur le tableau noir, des craies de couleur et un rétroprojecteur. Les transparents étaient faits à la main et si nous utilisions la photocopie, les tirages importants étaient compliqués à organiser.</p>
<p>Le cours se résumait au face à face dans la salle de classe et les étudiants allaient peu en bibliothèque. De toute façon, peu d’écoles en avaient une et le plus généralement, cela se résumait à un centre de documentation avec quelques livres et quelques abonnements à des revues, journaux et magazines.</p>
<p>L’arrivée des PC a ensuite permis des améliorations sensibles : amélioration des transparents (qui se souvient encore d’Harvard Graphics ?), formalisation des documents, stockage des informations. L’histoire s’est ensuite accélérée et le cours est maintenant devenu un projet complexe dans lequel le face-à-face et la salle de classe ne constituent qu’un aspect de l’apprentissage.</p>
<p>Un cours aujourd’hui comprend des objectifs précis, des compétences associées, un système d’assurance qualité, des supports pédagogiques divers et variés, un séquençage, du travail « avant » et « après », tout un système d’aide et accompagnement, des évaluations.</p>
<p>Prenons un exemple bien concret de mes expériences passées notamment dans l’enseignement de matières en relation avec l’international. L’un des premiers cours que j’ai dispensé était intitulé « histoire économique contemporaine » et je devais, à l’époque, traiter de l’éclatement de la Yougoslavie.</p>
<p>Voyons comment l’enseignement de ce module aurait évolué. Au départ, j’aurais manié des cartes statiques (grandes masses dessinées au tableau) ou photocopiées (mais pas en couleur). Ensuite avec l’arrivée d’Internet, j’aurais pu demander aux étudiants de faire des recherches et d’analyser les causes et conséquences de ce conflit, par exemple en parcourant la presse étrangère pour confronter et comprendre différents points de vue. J’aurais également pu suggérer aux étudiants de voir des vidéos.</p>
<p>Aujourd’hui, je proposerai aux étudiants d’interviewer des spécialistes par Skype, de travailler avec des étudiants d’autres formations (par exemple IEP ou militaires) sur ce sujet. Je pourrai également travailler sur des cartes évolutives (je suis un fan de l’enseignement par les cartes) pour mieux comprendre.
Le système d’information pédagogique me permettra de voir si les étudiants ont effectivement passé du temps sur le cours et s’ils l’ont bien compris. Demain, avec le développement des technologies, les étudiants pourront éventuellement grâce à la réalité virtuelle « participer » à une session du tableau pédagogique intéractif (TPI) ou publier collectivement un ouvrage numérique sur ce cours.</p>
<p>C’est toute cette évolution que je trouve fantastique, fascinante et qui est en train de révolutionner l’enseignement.
Je l’ai souvent écrit et proclamé haut et fort, l’école du futur marquera le retour en force de la pédagogie.
Toutes les technologies (au sens large du terme) ne sont que des moyens et non des fins. Elles permettent d’optimiser l’apprentissage mais si l’enseignant n’est pas pédagogue, elles ne servent à rien.</p>
<p>La définition de cette école du futur est passionnante et va transformer nos établissements d’enseignement supérieur.
C’est tout cela que je partagerai avec vous deux fois par mois, en identifiant tous les mots de cette école du futur.
Blockchain, <em>active learning</em>, classe inversée, réalité augmentée, e-portfolio, edtech… vont devenir des termes courants dans l’enseignement des mots courant. Et il en existe plein d’autres.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64623/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
L’école du futur implique une révolution technologique, déjà en cours, mais qui ne peut fonctionner sans un accompagnement pédagogique de qualité.Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.