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À Jakarta, en Indonésie, les lumières de cet hôtel ont été allumées de façon à ce que sur sa façade se dessine un cœur, symbole de soutien, de gratitude et d'amour pour le personnel médical, en première ligne dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Rifqi Riyanto/INA/AAP

Coronavirus : le point hebdomadaire sur la couverture internationale (8)

Alors que le coronavirus SARS-CoV-2 a infecté plus de 3 millions de personnes infectées dans le monde, la pandémie de Covid-19 nous donne deux précieuses leçons sur le lien entre la recherche en santé et la politique publique.

La première est que nous avons besoin de dirigeants politiques qui soient réceptifs au discours scientifique, et qui accordent du crédit à la science. La seconde est que les politiques gouvernementales doivent inciter le public à prendre part à la lutte contre le Covid-19.

Dans la majorité des pays concernés, rien n’indique que l’épidémie de Covid-19 ait atteint son apogée. Les États-Unis concentrent aujourd’hui un tiers des cas confirmés dans le monde. Bien que la première puissance économique mondiale dispose d’un système de santé moderne et d’un budget important alloué à la recherche scientifique et aux innovations technologiques, le nombre d’infections continue à augmenter dans le pays, tout comme le nombre de décès.

L’issue de la lutte contre le SARS-CoV-2 est en effet déterminée par une variable critique : le type de leadership adopté par les dirigeants politiques. En comparaison, la Nouvelle-Zélande, sous la houlette de sa Première ministre Jacinda Arderns, a pu commencer cette semaine à assouplir son verrouillage.


CC BY

Notre point hebdomadaire d’informations expertes sur le coronavirus. Composé d’associations à but non lucratif, The Conversation est un média qui travaille avec des milliers d’universitaires à travers son réseau mondial. Ensemble, nous publions des analyses basées sur les faits et la recherche académique. Les articles sont gratuits – il n’y a pas de paywall – et peuvent être republiés.


Cette huitième chronique hebdomadaire de notre équipe internationale de rédacteurs en santé met en lumière certains des articles récemment publiés par le réseau mondial de The Conversation.

Protéger les groupes vulnérables

Le coronavirus est transmis via les gouttelettes émises lorsque des personnes infectées toussent ou éternuent. Les individus confinés dans des centres de détention ou vivant avec d’autres personnes dans des maisons exiguës sont particulièrement exposés au risque d’infection, car il est difficile pour eux de maintenir la distanciation physique de un à deux mètres requise pour limiter la contagion.

  • Protéger les réfugiés. 1 400 personnes sont actuellement détenus dans des centres de rétention en Australie. Pour les protéger, Claire Loughnan et ses collègues de l’université de Melbourne explorent un certain nombre de stratégies qui vont de la mise en place d’alternatives à la détention à des mécanismes de distanciation sociale, en passant par le dépistage des détenus et du personnel.

  • Protéger les travailleurs migrants. Au Canada, environ 60 000 travailleurs migrants employés dans le secteur agricole sont logés dans des habitations de taille restreinte abritant de nombreux résidents. Il leur est donc difficile de garder leurs distances, mais sans eux, l’approvisionnement en nourriture du pays cesserait. Pour Tanya Basok et Glynis George, de l’université de Windsor, les modalités d’hébergement de ces travailleurs doivent être repensées.

  • Protéger les personnes âgées. En Afrique du Sud, les personnes âgées jouent un rôle essentiel dans l’économie et dans la vie familiale. Les recherches d’Alexandra Parker et de Julia de Kadt de l’Observatoire de la ville-région de Gauteng montrent que la majorité des personnes âgées de 60 ans sont chefs de famille. Si elles contractent le coronavirus, leurs familles seront donc particulièrement affectées. L’intervention économique et sociale du gouvernement doit de ce fait être rapide et ciblée.

De la lumière au bout du tunnel ?

Le confinement, la restriction de circulation interrégionale et le télétravail peuvent être à l’origine d’une fatigue et d’un sentiment de solitude aiguë lorsqu’ils s’étendent sur plusieurs semaines. Cependant, dans divers pays certaines de ces restrictions commencent à être levées. Plusieurs de nos auteurs se sont penchés sur les aspects positifs de cette nouvelle situation. Ils analysent notamment comment se mettra en place cette nouvelle phase qui va faire suite aux mesures de confinement.

Inégalités

Le coronavirus s’attaque à toutes les catégories sociales, néanmoins ce sont les plus pauvres qui en souffrent le plus, et de loin.

  • En Indonésie, des tests pour tous. I Nyoman Sutarsa de l’université nationale australienne et Atin Prabandari de l’université Gadjah Mada expliquent pourquoi la discrimination dans l’accès au test Covid-19, qui donne la priorité à la classe moyenne supérieure et aux fonctionnaires en Indonésie, doit cesser.

  • Dans le sud des États-Unis, les ruraux pauvres face au virus. Alors que des plans de relance de l’économie américaine sont mis en œuvre, les habitants des zones rurales prennent les transports pour aller travailler dans les centres urbains comptent parmi les plus exposés à l’infection. Avec le risque qu’ils le transmettent à des populations vulnérables. Selon Anne Cafer et Meagen Rosenthal de l’université du Mississippi les États du sud du pays doivent augmenter rapidement le nombre de tests de dépistage, afin d’éviter que la transmission ne s’accroisse.

  • En France, le nombre de malades varie énormément d’une région à l’autre. Ce qui fait dire à Laurent Cappelletti du Conservatoire national des Arts et Métiers que les comparaisons entre pays ne sont pas suffisamment explicatives. Pour bien comprendre la dynamique de l’épidémie, l’échelon territorial serait plus pertinent, or c’est le grand oublié des analyses.

Le rôle des dirigeants politiques

Dans la plupart des pays de la planète, les présidents, premiers ministres et ministres de la Santé sont en première ligne pour contrôler la propagation de Covid-19.

  • La Nouvelle-Zélande reste vigilante. Après quatre semaines de mesures de confinement comptant parmi les plus strictes au monde, le nombre de personnes qui se rétablissent aujourd’hui du coronavirus en Nouvelle-Zélande est supérieur au nombre de nouvelles infections. Mais la menace n’est pas écartée pour autant, car le pays assouplit sa politique de verrouillage. Arindam Basu de l’université de Canterbury, a déclaré que les entrées en provenance de l’étranger resteraient fermées et que les tests et la recherche des contacts seraient renforcés pour éradiquer le Covid-19.

  • En Équateur. L’Équateur a été plus proactif que le Brésil et le Venezuela dans sa réponse à l’épidémie de coronavirus, écrivent Dennis Altman de l’Université La Trobe et Juan Carlos Valarezo de l’Université catholique pontificale d’Équateur. Mais même si le taux de mortalité commence à ralentir, le spectre des corps non enterrés gisant dans les habitations et dans les couloirs des hôpitaux plane encore sur le pays et sur toute l’Amérique latine.

  • Aux États-Unis, les mots de Donald Trump Jérôme Viala-Gaudefroy, de l’université Paris Nanterre et Dana Lindaman, de l’University of Minnesota Duluth, analysent les expressions employées par Donald Trump pour désigner le coronavirus. Ils montrent que les mots du président américain éclairent ses calculs politiques et l’évolution de son rapport à la Chine au cours de ces dernières semaines.

Tant que ne seront disponibles ni traitement médicamenteux ni vaccins, le contrôle du Covid-19 dépendra de la capacité des dirigeants politiques à élaborer des politiques fondées sur des preuves scientifiques, à inspirer la confiance à leurs concitoyens et à promouvoir les comportements appropriés pour combattre le virus.

This article was originally published in Indonesian

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