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Tous hacktivistes

#DeleteFacebook : les slacktivistes défient les GAFAM !

Zeevveez/Flickr, CC BY

La fin de l’impunité pour les GAFAM (et pour les autres) ?

Quand j’affirme qu’un pouvoir citoyen peut s’exprimer et avoir des conséquences, quand je souligne que le slacktivisme fait désormais partie intégrante de l’hacktivisme et doit être pris en considération, ce ne sont pas des vues de l’esprit, pas plus que ce ne sont des assertions sans fondement. Les faits récents ne me donnent-ils pas raison ? Le slacktivisme ne représente-t-il pas une force de contestation efficace avec laquelle il va falloir composer ?

Bien évidemment, suite à l’affaire Cambridge Analytica, Facebook ne va pas disparaître demain. C’est un réseau vieillissant mais il faudra du temps avant que deux milliards d’usagers ne s’en détournent. Il apparaît vraisemblable que les désabonnements – à court et moyen terme – seront quantitativement à la marge pour le colosse : entre exprimer sa colère par un hashtag vengeur et passer à l’acte, il y a un pas. Toujours est-il que le grand public s’est illustré à l’échelle mondiale et a démontré qu’il n’est plus une simple masse d’usagers dociles disposés à se faire « Gafamiser » et abuser sans rien faire ! L’opération #DeleteFacebook a démontré une possibilité d’agir à la portée de toutes et tous. Les entreprises vont devoir en tirer des enseignements.

Il y a certes des leaders d’opinion qui, dans de nombreux cas, amplifient les choses, crédibilisent un mouvement et lui donnent du poids, cela ne minimise pas pour autant le phénomène. Dans le cas de Facebook l’élément accélérateur aura été indéniablement la prise de position de Brian Acton cofondateur de WhatsApp (service qu’il revendra en 2014 a Facebook). Après avoir pris position sur Twitter en appelant les utilisateurs à quitter Facebook : « Il est temps. Supprimez Facebook », Brian Acton ajoutera un autre tweet lapidaire « Il est temps de se soucier de la vie privée »…

Brian Acton.

Face à la fronde des utilisateurs, les excuses de Mark Zukerberg s’avéreront bien vaines. Elles seront rendues quelques jours plus tard encore plus inaudibles par la révélation de deux mémos actant que la fin justifiait les moyens pour la firme, et ce, quelles que soient les dérives. Sans parler d’une phrase d’anthologie du rédacteur de l’un des mémos (identifié comme un proche conseiller du président directeur général) arguant pour se défendre :

« Je ne suis pas d’accord avec le texte aujourd’hui et je ne l’étais pas non plus quand je l’ai écrit » (Andrew Bosworth)

L’inconséquence est rarement sans conséquence.

Les conséquences

Il aura fallu à peine huit séances pour que Facebook perde la confiance des investisseurs à Wall Street. Entre le 19 et le 28 mars le réseau social a vu sa capitalisation chuter, ellepassera de 538 milliards à 445 milliards de dollars.

Le scandale Facebook et l’action #DeleteFacebook n’auront pas été sans occasionner des dégâts collatéraux. La défiance des investisseurs s’étendra rapidement aux autres GAFAM, qui dans la même période verront leur capitalisation chuter de 345 milliards de dollars. Pour autant, c’est un coup de semonce, et l’action ne devrait pas tarder à retrouver son niveau de valorisation boursière d’avant crise.

Dans l’attente de la suite, s’il fallait le démontrer, voilà qui est fait : que les GAFAM et les acteurs du réseau en soient prévenus : les slacktivistes sont prêts à en découdre.

À suivre

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