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Les entreprises françaises du secteur TIC ont besoin de vous ! Bartolomiej Pietrzyk / Shutterstock

Digital : trois raisons de consommer local

Entreprise ou ménage, vous êtes de plus en plus amenés à réfléchir au lieu de production des biens et services que vous consommez pour la nourriture, les vêtements en passant par les meubles. Mais qu’en est-il lorsque l’on évoque les technologies de l’information et de la communication (TIC) ?

Essayez de répondre sincèrement à ces questions : quelle application utilisez-vous lorsque vous achetez ou vendez des produits d’occasion ? Quelle est la marque de la tablette que vous avez offerte à vos enfants à Noël ? Pire, quelle est celle qu’il retrouve à l’école ? Quel est votre moteur de recherche par défaut ? Mais aussi, plus important encore : quels sont les outils digitaux proposés aux salariés de votre entreprise ? Quels sont les fournisseurs de votre entreprise en termes de technologies de l’information et de la communication ?

Un digital « made in France »

Le soutien à une offre de biens et services TIC « made in France » est tout à fait assumé. L’État français investit très largement dans la formation et à l’innovation pour encourager le développement de ce secteur. Le président Emmanuel Macron, qui appelle de ses vœux l’existence de 25 licornes françaises (entreprises technologiques valorisées à plus d’un milliard de dollars) d’ici 2025, a annoncé en septembre dernier que 5 milliards d’euros de seraient investis en trois ans.

Ces efforts sont justifiés. D’après l’OCDE, le secteur des TIC ne représente que 4,63 % de la valeur ajoutée globale en France. Contre 7 % en Suède et en Finlande ou encore 6,04 % aux États-Unis.

Ce retard est aussi étonnant que regrettable car la production de biens et services TIC est source d’emplois et d’innovation sur le territoire. D’après une étude menée par l’auteure de cet article, les départements français pour lesquels la part du secteur TIC dans la valeur ajoutée totale est la plus élevée sont aussi ceux pour lesquels le niveau d’emploi, le nombre de brevets ou encore le nombre de créations d’entreprises par habitant sont les plus élevés.

À l’origine d’externalités positives importantes, ce secteur peut constituer le centre d’écosystèmes dynamiques avec à la fois des capacités de recherche et d’innovation mais aussi de production et de conception de nouveaux produits ou services. Comme celui que l’on retrouve autour de Grenoble, par exemple.

Faire confiance aux licornes françaises

Encourager l’offre dans le secteur TIC est une chose. Mais cela risque de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau si la demande ne suit pas. Surtout si la demande locale n’est pas au rendez-vous. Les entreprises françaises du secteur TIC ont donc besoin de vous. Si vous doutez de votre intérêt propre à consommer les technologies françaises, nous vous proposons trois bonnes raisons de changer vos habitudes digitales et de faire confiance à ces trop méconnues licornes « made in France » :

Tout d’abord, elles protègent votre vie privée. Vaste question que cette protection des données personnelles et sujet central lorsque l’on parle de digital… Nous sommes nombreux à avoir pris conscience que télécharger une simple application de vieillissement de visage comme FaceApp et de l’utiliser pouvait nous amener à transmettre des données personnelles à l’étranger et à perdre le contrôle de celles-ci. Comment, dès lors, ne pas se poser la question de la protection de nos données personnelles lorsque nous utilisons des biens ou services digitaux ? Cette question est légitime lorsque l’on sait, par exemple, que le Cloud Act oblige les entreprises américaines à fournir les données stockées sur leurs serveurs quel que soit le lieu où le datacenter soit situé.

FaceApp : Faut-il se faire des cheveux blancs pour nos données ? (France 24, juillet 2019).

Malheureusement, le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), créé pour protéger les données personnelles des internautes européens, ne peut rien contre cela. Le moteur de recherche français Qwant, qui a fait de la protection de la vie privée son slogan « le moteur de recherche qui respecte votre vie privée » et revendique le fait de ne pas tracer ses utilisateurs ou vendre leurs données personnelles, semble bien rassurant dans ce contexte, non ? De même, ne devrait-on pas être tenté de faire confiance à la licorne françaises OVH et ses services de cloud computing lorsqu’il s’agit de stocker ses données ?

Deuxième raison qui devrait vous pousser à changer vos habitudes : les technologies françaises proposent des biens et services en cohérence avec nos modes de vie et nos habitudes de consommation. Les TIC ne sont pas aussi déconnectées de leur territoire et de leur culture que l’on pourrait le penser. Les tablettes tactiles QOOQ produites à Montceau-les-Mines en Saône-et-Loire par la société Unowhy sont parfaitement adaptées à la culture pédagogique française. Est-ce tout à fait un hasard si cette entreprise a commencé avec la cuisine dans le pays du chef Paul Bocuse ? De même, est-ce un hasard si l’application Doctolib, autre licorne, a été créée en France sachant qu’un Français sur dix consulte un médecin au moins une fois par mois ? Enfin, la très parisienne « Vestiaire collective », application proposant aux utilisateurs d’échanger des vêtements de luxe, est un autre exemple de succès digital en pleine adéquation avec son territoire.

Le consommateur français détient la clé

Troisième et dernière raison : les technologies françaises sont plus respectueuses de l’environnement. Cette raison est essentielle à l’heure où la question de l’impact des TIC sur l’environnement inquiète de plus en plus.

Bien sûr, il est aisé de comprendre qu’il vaut mieux ne pas faire faire des kilomètres à nos produits avant de les avoir en main. Mais n’est-il pas aussi important de maîtriser un minimum la conception et la production de nos appareils électroniques, par exemple ? L’entreprise (française, bien sûr) A2TEO propose de l’informatique responsable avec PC « vert ».

Reportage de France 3 sur la production de la tablette QOOQ d’Unowhy (2011).

Et puis, ne soyons pas trop chauvins et souvenons-nous que nous sommes aussi européens : le fairphone, le téléphone « socialement responsable » est originaire des Pays-Bas. Au-delà de ces cas d’école, les entreprises européennes font face à des réglementations sévères et rigoureuses qui doivent pouvoir pour rassurer sur la qualité des produits digitaux qu’elles vous proposent que ce soit pour vos loisirs, votre activité professionnelle ou pour le suivi de votre santé.

Si l’on souhaite donc donner une chance aux entreprises françaises de rattraper leur retard vis-à-vis des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ou des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) et accroître le nombre de licornes, il va aussi falloir aussi rappeler aux consommateurs français qu’ils peuvent faire confiance aux compétences et à la créativité des entrepreneurs qui les entourent. Cela concerne les particuliers évidemment mais aussi les entreprises.

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