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Doctorants : retourner à l'école pour transmettre le goût des sciences

A travers des projets très pratiques, on peut sensibiliser les enfants à de grandes questions scientifiques. Shutterstock

À une époque où les informations sont disponibles en quantité grâce au numérique, il est parfois facile de s’y noyer, et pourtant, la culture scientifique fait partie du bagage essentiel du citoyen éclairé. Notre système éducatif doit à ce titre nous donner à tous les capacités d’appréhender ce thème de manière critique. Mais que reste-t-il des multiples connaissances acquises sur les bancs de l’école en biologie, chimie ou physique, si l’on s’est contenté de copier des leçons et de bachoter pour un contrôle ?

En s’investissant dans des projets concrets, les élèves expérimentent le plaisir de découvrir et, en menant leurs propres recherches, développent une vraie familiarité avec des domaines qui pourraient sembler arides au premier abord. C’est sur cette conviction que nous avons lancé en 2017 le programme « Retour à l’école ».

Avec des étudiants et des doctorants bénévoles de l’Université de Clermont-Auvergne, nous avons décidé de partir de grands sujets qui fascinent les enfants, comme la conquête de l’espace ou la découverte de la nature, pour proposer à des écoles primaires des travaux de groupe au long cours. Une fois par semaine, pendant plusieurs mois, nous avons réuni une quinzaine de volontaires de 8 à 10 ans dans deux écoles d’Aubière.

Dialogue et créativité

« Préparer un voyage sur Mars », « Construire la cabane du futur », tels sont les défis dans lesquels nous avons pu embarquer ces jeunes curieux en 2017 et 2018, avec le soutien de la municipalité et des équipes pédagogiques. Au fil des mois, nous avons envisagé sous un angle très pratique une foule de grandes questions scientifiques : comment se repérer dans le système solaire, construire une fusée et un habitat sur place, se nourrir en produisant ses propres fruits et légumes, etc.

De quoi stimuler leur imagination, leur créativité, et, surtout, leur montrer l’importance de collaborer et l’efficacité de l’intelligence collective pour réussir. Le dialogue entre leur génération et la nôtre s’est en effet doublé d’un dialogue entre différents domaines d’études. Face à des projets d’une telle envergure, il faut à la fois être polyvalent et très pointu dans une discipline. Des qualités difficiles à réunir tout seul.

C’est ainsi que les bénévoles venaient de différentes filières – génie civil, génie des procédés, écologie, ou encore informatique – et d’associations diverses, comme l’Association des naturalistes d’Auvergne (ADNA), Doct’Auvergne ou LieUtopie. Chaque année, le groupe d’intervenants est mouvant, dépendant des arrivées et des départs. Chaque année les domaines couverts sont donc différents, ce qui implique une mission différente proposée aux enfants.

Recherche citoyenne

À travers ces projets collaboratifs, les élèves ont pu réactiver, approfondir ou étoffer les connaissances acquises en classe, tout en trouvant un espace pour s’exprimer. La réinscription la deuxième année d’élèves présents lors de la première année témoigne de leur intérêt pour leur activité. Pour nous, étudiants et doctorants, cette expérience de bénévolat a été aussi très formatrice : cela nous a permis d’apprendre à expliquer nos travaux à des publics beaucoup plus variés mais aussi d’échanger entre nos domaines d’expertise et de rencontrer des profils variés.

Cela a donné lieu à des activités dépassant nos premières attentes. Ainsi, nous avons pu participer deux années de suite à Exposciences Auvergne, festival de vulgarisation autour de la démarche scientifique, et organiser à chaque fois une dernière séance rassemblant l’ensemble des participants afin de célébrer l’aventure collective avec leurs parents. L’engouement bénévole a été tel que nous avons pu présenter notre activité lors du 68e congrès d’aéronautique 2017 à Adélaïde en Australie (Poulet et coll., 2017).

À l’heure actuelle, l’ADNA remobilise des bénévoles et se réorganise pour pouvoir poursuivre l’aventure avec de nouveaux élèves. À suivre…

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