Menu Close
La prise de notes à la main est un outil cognitif et une technique d’étude incontournables. Shutterstock

Écrire, un excellent moyen de renforcer la mémoire

Prenez-vous un vieux cahier et un stylo, ou si vous avez un faible pour les Moleskine et les Montblanc ?

Que vous soyez sélectif ou non, sachez que les outils pour les mains sont des outils pour le cerveau. Les notes manuscrites sont excellentes pour le cryptage de la cognition incarnée et, en retour, elles améliorent la capacité du cerveau à récupérer de l’information. De plus, en écrivant à la main, on crée une très bonne mémoire externe : le carnet.

La prise de notes manuscrites est un processus utile qui fait partie de la panoplie d’outils cognitifs de chaque élève. L’apprentissage d’une prise de notes manuscrites efficace et son intégration en tant qu’outil d’apprentissage et d’étude peut commencer dès la troisième ou quatrième année, mais il n’est jamais trop tard pour s’y mettre.

La communication numérique s’intègre désormais dans notre quotidien. Développer la capacité d’écrire au clavier de manière automatique est une compétence importante, et les outils et applications de la communication numérique continueront d’évoluer et d’être utiles. Mais la saisie au clavier ne fournit pas au cerveau la rétroaction tactile que permet le contact entre le crayon ou le stylo et le papier — qui crée les circuits neuronaux du système main-cerveau.


Read more: Voici pourquoi il faut réintroduire l’écriture cursive à l’école


Le traitement de l’information

A hand holding a pen.
La prise de notes n’est pas seulement une question d’enregistrement de l’information, mais aussi de son traitement. Shutterstock

Si l’ordinateur portable peut sembler plus rapide et plus efficace, il existe de bonnes raisons de garder à portée de main un cahier et un bon stylo.

Les chercheurs ont découvert que lorsque l’on prend des notes au clavier, on le fait textuellement sans traiter l’information. On parle alors d’une prise de notes « non générative ». En revanche, en écrivant à la main, on doit faire preuve d’un engagement cognitif pour arriver à résumer, paraphraser, organiser, mettre en correspondance des concepts et du vocabulaire. La manipulation et la transformation de l’information approfondissent la compréhension.

La prise de notes écrites devient une prise de notes mentale. On travaille activement à donner du sens pour pouvoir ensuite passer à la réflexion, à l’étude ou au partage afin de comparer sa compréhension avec des partenaires de laboratoire ou des camarades de classe. Il s’agit d’une bonne stratégie d’étude, car le traitement de l’information ainsi amassée peut être consolidé par la discussion.

Il existe des modèles et des formats qui enseignent des façons efficaces de prendre des notes manuscrites. La méthode Cornell, élaborée par le professeur Walter Pauk, est très populaire. On peut explorer d’autres moyens selon ses besoins, tels que les tableaux de comparaison/contraste ou les sites web.

Comment prendre des notes avec la méthode Cornell.

Besoins cognitifs pour la prise de notes

La qualité de la prise de notes dépend de l’habileté de la main, c’est-à-dire de la capacité à combiner lisibilité et rapidité. Pour cela, il faut une écriture propre, épurée et liée, soit une écriture cursive, que les jeunes commencent à apprendre en deuxième année. L’habileté de la main se développe dans les premières années d’école grâce à l’enseignement et à la pratique et nécessite de fréquentes activités d’écriture, ce qui permet d’allouer de l’espace de mémoire de travail aux besoins cognitifs de la prise de notes.


Read more: Lire et écrire : tout part des mains


Le passage de la troisième à la quatrième année constitue un grand pas pour les élèves. Le contenu des programmes de sciences, d’études sociales, de la langue maternelle et des mathématiques exige des enfants qu’ils améliorent rapidement leurs compétences en lecture et en écriture.

Plus on avance dans son parcours scolaire, plus on doit développer sa capacité à lire et à écrire, à comprendre et à donner un sens à de grandes quantités d’informations dans des formats multimodaux.

De l’utilité du dessin

Sketch of a woman’s face.
Dessin de Léonard de Vinci : Tête de la Vierge (1510-1513). Shutterstock

Léonard de Vinci a écrit : « … plus une description est minutieuse, plus on risque d’embrouiller l’esprit du lecteur et de l’éloigner de la connaissance de la chose décrite. C’est pourquoi il est nécessaire de faire un dessin… en plus d’une description… »

Les carnets de l’artiste révèlent un esprit créatif, curieux, inventif et un homme de science et d’art sans pareil, en avance de plusieurs siècles sur son temps. Fergus Craik et Robert Lockhart, pionniers de la recherche en neurosciences cognitives, ont observé trois niveaux de traitement de l’information. Leur théorie dévoile comment, d’un point de vue neuroscientifique, les découvertes de Vinci ont été possibles il y a plusieurs siècles. Lorsque les gens illustrent l’information visuellement, ils peuvent approfondir leur compréhension de concepts tels que les cycles et les relations. C’est pourquoi certains chercheurs en neurosciences cognitives préconisent d’enseigner dès le plus jeune âge en présentant la connaissance de différentes façons.

Florence Nightingale est connue pour sa contribution à la réforme de la médecine grâce à ses observations, son enregistrement de données, sa prise de notes et ses écrits, le tout fait de manière détaillée et méticuleuse. On lui doit la création du diagramme circulaire qui représente ces informations.

Je demande à mes étudiants, qui se préparent à devenir enseignants, de dessiner la disposition de la classe où ils travaillent dans le cadre de leur stage. Ils prennent également des notes d’observation manuscrites qu’ils consignent selon la méthode Cornell. Ce travail vise à interpréter ce qui se passe en classe. Ce processus de documentation constitue une bonne base pour la réflexion et l’élaboration d’une théorie sur l’art de l’enseignement.

Si l’écriture fait partie de votre travail, que ce soit en journalisme, en enseignement, en architecture, en ingénierie, en mode ou dans tout autre domaine, vous connaissez déjà les avantages et l’importance de la prise de notes et de l’élaboration de croquis.

Vidéo d’un carnet de croquis d’architecte.

Du papier au numérique

Pour comprendre et se souvenir, établir des liens personnels et susciter une réflexion créative, les notes manuscrites sont utiles et ont l’avantage de se conserver.

Il est intéressant d’observer que l’art de tenir un journal ou un agenda en version papier a fait naître de nombreuses communautés en ligne. Beaucoup prennent plaisir à préparer des calendriers, des agendas, des cartons, des notes et des listes de toutes sortes, ou à écrire à la main l’histoire familiale pour leurs descendants — pour ensuite partager le tout en ligne.

Pour les étudiants sérieux, la prise de notes est un outil cognitif et une technique d’étude indispensables. La création de circuits neuronaux pour la mémoire et le sens à travers la connexion main-cerveau est la clé pour décoder les notes manuscrites. Réfléchissez-y à deux fois avant de vous fier uniquement à votre ordinateur portable cet automne !

This article was originally published in English

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 181,800 academics and researchers from 4,938 institutions.

Register now