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Embrouillé ? Ne vous en faites pas, cela peut vous servir à mieux apprendre

Se sentir quelque peu confus est chose commune dans nos vies, mais cela peut être utile et peut-être même nécessaire, en particulier lorsque nous essayons d’apprendre quelque chose. La confusion nous saisit généralement lorsque nous sommes confrontés à de nouvelles informations. Ce sentiment est particulièrement susceptible de se produire lorsque les informations auquelles nous sommes confrontées sont complexes, contre-intuitives ou contraires à tout ce que nous avons connu auparavant.

Lorsque cela se produit, il peut être difficile de concilier la nouvelle information avec ce que nous savons déjà. Par exemple, nous pourrions être déstabilisés par un problème de maths parce que nous ne connaissons pas les symboles mathématiques ou que nous avons des difficultés avec les calculs.

Si la connaissance préalable que nous avons nous laisse mal équipés pour faire face à de nouvelles informations, nous pouvons être saisis de confusion.

Impasse cognitive

Quelle qu’en soit la raison – parce que les choses sont trop complexes ou apparemment illogiques –, la confusion est toujours associée à une sorte d’impasse cognitive, quand nous éprouvons une difficulté à incorporer de nouvelles informations dans notre manière habituelle de comprendre le monde. C’est pourquoi elle est qualifiée d’émotion épistémique, c’est-à-dire d’une émotion associée spécifiquement à nos processus d’apprentissage et de compréhension.

Quand les gens essaient d’apprendre quelque chose de nouveau, la confusion est souvent considérée comme une chose négative, quelque chose à éviter.

Peu d’entre nous peuvent imaginer qu’une expérience d’apprentissage positive est associée à cet état. La raison est que, quand elle est persistante, la confusion peut très facilement produire de la frustration ou de l’ennui.

De là, ce sentiment peut mener rapidement à un désengagement, et à un renoncement à essayer de progresser plus avant. Pour ces raisons, de nombreux enseignants essaient d’éviter les situations où leurs élèves risquent d’être saisis par la confusion.

Confusion positive

Mais notre recherche et d’autres travaux suggèrent que la confusion peut constituer un élément positif – et non pas négatif – dans le processus d’apprentissage.

Épreuves à Polytechnique. Les concepts nouveaux peuvent susciter de la confusion mais il est possible de la dépasser. École polytechnique/Flickr, CC BY-SA

Se sentir confus peut servir de marqueur signalant que quelque chose ne fonctionne pas – il est, par définition, un signe d’une impasse cognitive – et en tant que tel, il peut être un signal particulièrement utile pour les étudiants et les enseignants.

La clé est de faire en sorte que lorsque la confusion se produit, elle soit reconnue et il faut faire en sorte qu’elle ne puisse pas persister pendant trop longtemps.

Pour nous assurer que nous retirerons un bénéfice de notre état de confusion, nous devons d’abord le reconnaître et l’admettre. La plupart des participants à nos études ont été réticents à ce sujet. Ils ne l’ont révélé que plus tard, lors d’entrevues en profondeur. Cela n’est pas surprenant car il y a une connotation négative attachée à la confusion. Elle est souvent injustement considérée comme un signe de stupidité ou d’un manque d’intelligence. Donc, un moyen clé pour exploiter cet état lorsque vous êtes confronté à de nouveaux concepts ou idées est de la reconnaître. Soyez à l’aise avec cela, mais cherchez à y pallier.

La complexité évacuée

Se sentir confus est parfois difficile à assumer dans un monde qui favorise souvent des explications simples pour les idées complexes. Par exemple, dans beaucoup de nouveaux médias, les idées et des concepts complexes sont souvent présentés à la façon d’un documentaire : lisse, fluide, attrayant et divertissant. De plus en plus de vidéos en ligne expliquent des processus scientifiques complexes avec des animations spectaculaires et faciles à comprendre, appuyées par un joli commentaire, très écrit. Les idées présentées comme cela semblent faire sens immédiatement. Mais si nous ne nous confrontons pas réellement aux concepts, ils ne pourront pas être traités assez profondément pour conduire à un apprentissage durable.

En outre, cette façon de présenter peut nous amener à avoir confiance dans notre compréhension des concepts complexes alors qu’en fait, nous ne les comprenons pas. Il a été montré que ces ressources documentaires attractives peuvent conduire à un sens gonflé de ce qui est réellement appris.

Apprendre à se servir de notre confusion

Il peut être très facile de trouver sur Internet des informations sur des phénomènes très complexes, tels que le changement climatique ou la vaccination, qui semblent faciles à comprendre et sont cohérentes avec nos conceptions intuitives (ou nos idées fausses !). C’est en partie parce que l’on trouve en ligne des explications attrayantes, efficaces pour se débarrasser de la complexité et par là, rendre les concepts compréhensibles. Il se peut aussi que nous sommes attirés par des interprétations qui correspondent à nos conceptions.

Mais si nous voulons tirer avantage de notre état de confusion, nous devons comprendre deux choses.

Premièrement, être perturbé par des concepts et des phénomènes complexes peut signifier que nous faisons un gros effort mental pour essayer de comprendre. Ne pas être troublé par des idées nouvelles et complexes déroutantes au premier abord peut être un signe d’un excès de confiance préjudiciable à l’apprentissage

Deuxièmement, en rencontrant des nouvelles, des idées complexes, il est utile de les trouver difficiles et déroutants, aussi longtemps que la confusion ne persiste pas trop longtemps. La difficulté à la surmonter nous aide à trouver de meilleures stratégies pour comprendre le monde.

Donc, la prochaine fois que vous vous sentirez confus en essayant d’apprendre quelque chose de nouveau, rassurez-vous : cela pourrait signifier que vous êtes sur la bonne voie.

This article was originally published in English

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