tag:theconversation.com,2011:/es/topics/obligations-83121/articlesobligations – The Conversation2024-02-25T16:26:05Ztag:theconversation.com,2011:article/2240372024-02-25T16:26:05Z2024-02-25T16:26:05ZÉpargne : les Français toujours accro au livret A malgré des envies de risque et de rendement<p>Que retenir du 22ᵉ baromètre Ipsos réalisé pour le Cercle des épargnants sur <a href="https://www.cercledesepargnants.com/post/barom%C3%A8tre-2024-les-fran%C3%A7ais-l-%C3%A9pargne-et-la-retraite">« Les Français, l’épargne et la retraite »</a> ? Si quatre Français sur cinq possèdent un compte sur livret, ils sont plus nombreux que par le passé à envisager une plus grande prise de risque.</p>
<p>Ces comptes sur livret servent avant tout à recueillir une épargne de précaution, pour 53 % des Français. Malgré l’attrait grandissant du plan d’épargne <a href="https://theconversation.com/topics/retraite-20151">retraite</a>, ils recueillent aussi, pour 26 % des répondants, une <a href="https://theconversation.com/topics/epargne-20568">épargne</a> destinée à compléter à long terme les revenus tirés du régime général.</p>
<p><iframe id="2PRMT" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/2PRMT/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Prêts à prendre plus de risque, les Français seraient aussi disposés à se détourner en partie des placements très liquides où l’épargne est mobilisable immédiatement.</p>
<p><iframe id="w6QaC" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/w6QaC/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<h2>Prêts à prendre plus de risque, vraiment ?</h2>
<p>Ce constat pourrait être favorable au plan d’épargne avenir climat (PEAC) qui doit être lancé courant 2024 par Bercy. Le dernier-né des produits financiers fait appel à l’épargne des moins de 18 ans afin d’investir dans les actions et les obligations des entreprises vertueuses en matière d’environnement, de social ou de gouvernance. L’argent placé est bloqué jusqu’à la majorité du porteur et piloté afin de désensibiliser le portefeuille d’investissement à l’approche de l’échéance. Ce produit appelle donc une épargne qui devra demeurer bloquée et exposée au risque. C’est un excellent moyen pédagogique qui devrait permettre de faire comprendre les notions de risque et de rendement aux plus jeunes en particulier à ceux attachés aux notions de durabilité.</p>
<p>Ne nous y trompons pas, nous sommes encore loin d’une prise de risque généralisée. Si la dynamique est bien favorable (+8 points de pourcentage en 7 ans), elle fait passer le nombre de Français prêts à prendre un peu plus de risque de seulement 6 % à désormais 14 %. Dans ce contexte, les placements liquides et sans risque restent et de loin les placements préférés des Français au premier rang desquels le livret A.</p>
<p>La hausse de l’appétence pour les placements risqués et peu liquides semble par ailleurs avoir également avoir partie liée avec la hausse des taux d’intérêt observée depuis 2022.</p>
<p><iframe id="wUFaI" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/wUFaI/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<h2>Au-delà, un besoin de pédagogie</h2>
<p>Selon les résultats du baromètre, les Français, à la recherche de rendement, sont prêts à faire des concessions en termes environnementaux et à moins investir dans les fonds socialement responsables (labellisés ISR) qu’ils jugent notamment peu différenciés des fonds classiques. Ils sont pourtant 37 % à déclarer connaître le label ISR. Il y a donc vraisemblablement un effort de pédagogie à réaliser sur ce point.</p>
<p>C’est probablement l’ensemble de la culture financière des Français qu’il faut développer. De nombreuses études l’estiment plutôt faible, <a href="https://www.banque-france.fr/fr/communiques-de-presse/la-culture-financiere-des-francais-sameliore-progressivement-dapres-de-nouvelles-etudes-menees-par">proche de la moyenne des pays de l’OCDE</a>. Or, une faible culture financière conduit à des <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/jel.52.1.5">choix de placement non optimaux</a> qui à long terme peuvent faire une différence significative en termes de patrimoine.</p>
<p>Dans la dernière version du baromètre du Cercle des épargnants, nous avons voulu prolonger cette analyse en demandant au Français quelles étaient leurs connaissances en matière d’organisation du système financier et en particulier quel était le fonctionnement de leur placement préféré : le livret A.</p>
<p><iframe id="kSifd" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/kSifd/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Une majorité de Français (53 %) pensent que le livret A sert uniquement à financer des prêts en faveur du logement social. Or sur les 508 milliards d’euros d’épargne des Français placés sur des livrets A, LDDS et LEP, 170 milliards (bien moins de la moitié donc) sont investis par la Caisse des Dépôts dans le financement de la cohésion sociale. Le reste est soit investi dans des obligations d’État et notamment des obligations vertes ou directement prêté par les banques qui collectent l’épargne du livret A à des entreprises de petites et moyennes tailles (TPE et PME).</p>
<p>De manière plus surprenante, 8 % des Français pensent encore que les sommes déposées sur le livret A peuvent servir à spéculer sur les produits dérivés ou sur les devises et 46 % déclarent ne pas savoir du tout la destination des fonds placés.</p>
<p><iframe id="r26EL" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/r26EL/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>De même si 20 % des Français associent principalement l’assurance-vie à l’investissement en actions, une majorité ne sait pas donner la destination des fonds placés sur un plan d’épargne retraite (56 %). Or ces deux produits permettent de manière assez proche une exposition aussi bien aux actions qu’aux obligations selon des profils variables qui favoriseront plus ou moins la prise de risque selon le choix du porteur.</p>
<p>Connaître ces différences et l’organisation générale du système de financement de l’économie française permet de faire des choix éclairés qui peuvent faire une vraie différence à l’échéance de la retraite. Cultivons-nous donc financièrement !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224037/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Dupuy est président du conseil scientifique du Cercle des Epargnants </span></em></p>Le livret A reste la star des produits de placement mais la perte de pouvoir d’achat ressentie depuis deux ans pousse aussi les épargnants français à rechercher le rendement plutôt que la sécurité.Philippe Dupuy, Professeur au département Gestion, Droit et Finance, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2034342023-04-13T17:50:57Z2023-04-13T17:50:57ZComment développer une finance verte dans les pays émergents ?<p>Lors de l’ouverture du forum Cartac en février 2023, <a href="https://www.imf.org/en/News/Articles/2023/02/02/sp-improving-access-climate-finance-cartac">Tobias Adrian</a>, conseiller financier au <a href="https://theconversation.com/topics/fonds-monetaire-international-fmi-54333">Fonds monétaire international (FMI)</a> et directeur du département Monnaie et marchés financiers, déclarait :</p>
<blockquote>
<p>« Le changement climatique sera, selon moi, probablement l’un des principaux défis macroéconomiques, financiers et de politique de dette auxquels les pays membres du FMI devront faire face au cours des prochaines décennies. Pour relever ce défi, il faudra une augmentation massive et sans précédent des investissements mondiaux en faveur de l’adaptation au changement climatique et de l’atténuation de ses effets. La bonne nouvelle, c’est qu’au rythme actuel de 630 milliards de dollars par an, cette montée en puissance a déjà commencé. »</p>
</blockquote>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/topics/pays-en-developpement-130323">pays émergents</a> sont directement concernés par ces défis pour atteindre les Objectifs de développement durable des Nations unies. Dans des publications récentes du FMI, différentes caractéristiques et enjeux du marché des <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/qu-est-ce-qu-un-green-bond-760714.html">« green bonds »</a> des pays émergents sont mis en perspectives. Il s’agit d’obligations, d’emprunts donc, émis sur les marchés dans l’objectif de financer un projet contribuant à la transition écologique.</p>
<h2>Une photographie du paysage</h2>
<p>Beaucoup de pays émergents n’ayant pas les marges de manœuvre budgétaires nécessaires pour investir dans la transition énergétique, les investisseurs privés semblent avoir un rôle important à jouer. Depuis le premier « green bond » émis par la <a href="https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/ce-pays-est-le-premier-au-monde-a-emettre-un-green-bond_AN-201612190134.html">Pologne</a> en 2016, le mécanisme s’est bien développé. Rohit Goel, Deepali Gautam, and Fabio Natalucci du FMI indiquent dans une <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2022/09/09/Sustainable-Finance-in-Emerging-Markets-Evolution-Challenges-and-Policy-Priorities-521689">publication</a> récente que l’année 2021 a représenté un tournant en la matière.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/519817/original/file-20230406-14-gcairu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Émissions de Green bonds depuis 2014, répartition par devise, secteur et catégories d’émetteur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2022/09/09/Sustainable-Finance-in-Emerging-Markets-Evolution-Challenges-and-Policy-Priorities-521689">Rohit Goel, Deepali Gautam et Fabio Natalucci (2022)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au total, les émissions par les pays émergents ont culminé à <a href="https://www.imf.org/en/Blogs/Articles/2022/10/07/how-to-scale-up-private-climate-finance-in-emerging-economies">103 milliards de dollars</a> en 2021, soit 2,5 fois la moyenne des cinq années précédentes. La Chine est un acteur fondamental de ce marché, second émetteur sur ce segment en pourcentage de son PIB (un peu moins de 2 %) derrière le Chili (près de 4 %).</p>
<p>Elles se font essentiellement en <a href="https://climatedata.imf.org/pages/fi-indicators#fr1">dollar, en euro ou en yuan</a>. En 2021, la Chine a beaucoup émis en dollar, même si, et ce depuis 2014, la part en monnaie locale reste la plus importante. L’Inde, l’Indonésie, le Brésil, le Chili, le Pérou et le Mexique sont aussi de gros émetteurs en dollar. La Malaisie, la Colombie et l’Afrique du Sud privilégient quant à elles la monnaie locale.</p>
<p>Dans certains pays, comme en Chine, les émissions par le secteur financier restent importantes. Sur une période récente néanmoins, la part des émissions par les autres secteurs a beaucoup augmenté. Les émissions souveraines ont en outre atteint une part de 60 % en 2019-2021 (contre 40 % en 2016-18).</p>
<h2>Des initiatives pour doper les investissements</h2>
<p>Les investisseurs, très sensibilisés à la transition énergétique, démontrent un appétit fort pour les « green bonds », ou plus largement pour les investissements à impact ESG (environnemental, social et de gouvernance). Ces actifs offrent aussi des rendements très importants, qui dépassent souvent les rendements des actifs de référence (depuis 2019, de 1,5 à 2,1 points de pourcentage supplémentaires).</p>
<p>On retrouve en toile de fond une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1566014110000142">classification</a> connue des déterminants des mouvements de capitaux. Il existe des facteurs dits <em>Push</em> ou extérieurs, parmi les lesquels le comportement des investisseurs, la recherche de diversification et de profit. On trouve également des facteurs <em>Pull</em> (nationaux) avec notamment les rendements proposés par les pays émergents, modulo les risques associés.</p>
<p>Au-delà, on identifie les questions relatives à notre sujet : les projets verts des pays émergents ou leur volonté d’en développer peuvent-ils attirer durablement les capitaux étrangers ? Est-ce un facteur <em>pull</em> crédible ? Les pays émergents ont-ils à long terme la capacité de mettre en place de tels projets ? Cela ne représente-t-il pas un risque ? Si à court terme les rendements des « green bonds » sont très élevés, ces enjeux de long terme restent primordiaux pour le maintien des investisseurs étrangers sur ce segment.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Des <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2021-1-page-71.htm">initiatives</a> sont mises en place pour attirer les investissements. En 2018, la société Amundi, en lien avec la <em>International Finance corporation</em>, un partenaire de la Banque Mondiale, a par exemple créé un <a href="https://www.imf.org/-/media/Files/Publications/GFSR/2022/October/English/ch2.ashx">fonds d’obligations vertes</a> émises dans plusieurs pays émergents. <em>Amundi Planet Emerging Green One</em> (tel est son nom) visait un investissement de l’ordre de deux milliards de dollars à la faveur des pays émergents et une plus grande diversification pour les investisseurs. Avec la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, un cadre de référence pour évaluer le niveau de réalisation par les émetteurs des objectifs de l’Accord de Paris a également été mis en place.</p>
<p><a href="https://www.proparco.fr/fr/actualites/finance-climat-proparco-investit-50-millions-deuros-dans-le-1er-fonds-dobligations">Regio</a> – Real Economy Green Investment Opportunity – est le second fond après Amundi à proposer ce type d’investissements. Il est, lui, géré par HSBC Asset Management.</p>
<p>Cela suffira-t-il néanmoins sur le long terme pour financer les projets verts ?</p>
<h2>Approfondir les marchés de la dette</h2>
<p>Les pays émergents font de plus en plus face à un dilemme : soutenir la croissance et la stabilité financière à court terme ou privilégier la croissance à long terme en intégrant les problématiques environnementales.</p>
<p>Parmi les défis, les marchés de la dette en monnaie locale restent à développer comme nous l’indiquions dans un précédent <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-pays-emergents-et-en-developpement-emettent-ils-encore-de-la-dette-en-dollars-et-en-euros-153586">article</a> publié sur <a href="https://theconversation.com/fr">The Conversation</a>. Deux raisons rendent compte des difficultés. Il y a d’une part l’incomplétude des marchés financiers, le manque d’instruments pour se couvrir des risques (risque emprunteur, risque de change) et des coûts de transaction élevés (ce sont les coûts annexes au prix du titre). D’autre part, la faible qualité des institutions, l’instabilité macroéconomique, la forte volatilité du cours de change ou l’inflation élevée, par exemple, ne créent pas un contexte favorable aux investissements étrangers.</p>
<p>Le développement financier des marchés en général reste d’ailleurs parfois faible dans les pays émergents.</p>
<p><iframe id="t5KTo" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/t5KTo/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les institutions multilatérales et les banques régionales de développement, comme l’Asian Development Bank, sont des catalyseurs de ces marchés en monnaies locales. En émettant elles-mêmes des titres en monnaie de pays émergents, elles participent à la diminution des risques et donc à l’attrait des investisseurs sur des actifs plus rémunérateurs. Ils deviennent plus nombreux, et par là même les marchés plus liquides. Elles réduisent aussi les coûts de transaction en apportant des conseils techniques aux émetteurs.</p>
<p>Un autre enjeu réside dans la divulgation de données de qualité. Comment savoir à quel point un produit financier ou les activités d’une entreprise s’avèrent vertes ? Un certain niveau de confiance en la fiabilité des informations est nécessaire. L’émetteur en sait plus que l’investisseur sur les conséquences climatiques des projets. Ce dernier se trouve ainsi dans une situation dite d’ <a href="https://theconversation.com/le-triple-defi-de-linvestissement-a-impact-dans-les-pays-emergents-193544">« asymétrie d’information »</a>. Il a en outre besoin d’évaluer correctement le prix des actifs et les risques. Cela peut jouer des tours aux pays émergents, alors que les agences de notation, comme JPMorgan ou Standard & Poor’s, intègrent de plus en plus les scores ESG dans la détermination des <em>ratings</em>.</p>
<p>Le FMI considère en la matière qu’il a un <a href="https://www.imf.org/-/media/Files/Publications/GFSR/2022/October/English/ch2.ashx">rôle à jouer</a> pour aider les pays à mettre en place un système d’information fiable sur la transition climatique et les actifs verts. La conditionnalité qui accompagne les facilités de crédit qu’il accorde aux pays en difficultés économiques pourra ainsi inclure des engagements en termes de politiques macroéconomiques pour le climat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203434/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Delphine Lahet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des initiatives, promues notamment par le FMI et la Banque mondiale, tentent de stimuler les appétits des investisseurs privés pour les « green bonds ».Delphine Lahet, Professeur en sciences économiques, BSE, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1970782023-01-03T20:09:23Z2023-01-03T20:09:23ZFinance : pourquoi les obligations protégées de l’inflation souffrent quand même de la hausse des prix<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/502677/original/file-20221227-89077-t5j4h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C5%2C1270%2C896&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'inflation monte en flèche, mais les investisseurs ne semblent pas pour autant demandeurs sur les marchés secondaires des obligations qui la prennent en considération.</span> <span class="attribution"><span class="source">Gerd Altmann / Pixabay</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La chose semble paradoxale. L’inflation a augmenté de manière inédite, à un <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/inflation/l-inflation-va-grimper-a-7-en-debut-d-annee-2023-selon-l-insee_5546121.html">taux annuel de 6,2 %</a> en 2022 en France (l’Insee anticipe même 7 % sur un an en janvier 2023) : on pourrait alors penser que des titres un peu particuliers, les obligations indexées sur cet indicateur, suivent le mouvement. Puisque leur valeur est protégée de la hausse des prix, elles devraient logiquement être plus demandées et voir leur prix augmenter.</p>
<p>Et pourtant c’est le contraire que l’on observe. L’<a href="https://www.aft.gouv.fr/en/oatis-key-figures">indice global</a> des cours des obligations publiques françaises indexées sur l’inflation, a baissé de 8,45 % depuis le début de l’année. Sur la même période, le même indice aux États-Unis a lui baissé de 11,17 %.</p>
<p><iframe id="gcV23" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/gcV23/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Comment l’expliquer ? Pour comprendre, ce qu’il se passe, il est tout d’abord utile d’examiner le cas plus simple des obligations ordinaires.</p>
<p>Une obligation est un titre de dettes, valable un temps donné, distribué lorsqu’un investisseur prête de l’argent. Elle confère à son détenteur le droit de recevoir une somme périodique nommée « coupon » et, à la maturité, le remboursement de ce que l’on appelle le « principal ».</p>
<h2>Des paramètres fixes dans le temps, mais des exigences qui évoluent</h2>
<p>Lorsque les perspectives d’inflation augmentent, l’investisseur exige des taux de rendement plus élevés pour plusieurs raisons.</p>
<p>D’une part, il essaie de préserver le pouvoir d’achat des capitaux qu’il prête. Au moment où la dette lui est remboursée, il ne faut pas qu’il puisse acheter moins avec son argent par rapport au moment où il l’a prêté, ce qui est le cas quand les prix augmentent et que le montant de cet argent reste le même.</p>
<p>D’autre part, en période d’inflation, il s’attend à ce que les banques centrales augmentent les taux courts pour lutter le phénomène. L’estimation de ce qu’il obtiendrait par une succession de placements à court terme augmente, ce qui le conduit à hausser le rendement qu’il exige sur les obligations à long terme.</p>
<p>Une obligation est souvent émise « au pair », c’est-à-dire à un prix initial égal au principal. Dans ce cas, le coupon est calibré pour qu’il représente, en pourcentage du principal, le taux de rendement exigé par l’investisseur lors de l’émission. Ce taux de rendement exigé d’une obligation ordinaire est nominal. Ce rendement est obtenu en additionnant un taux réel exigé et une perspective d’inflation.</p>
<p>Cependant, alors que ces paramètres, les montants du coupon et du principal, sont calibrés une fois pour toutes, les exigences de l’investisseur, elles, vont évoluer au cours de la durée de vie de l’obligation. La solution pour lui est alors de se tourner vers les marchés secondaires, là où les investisseurs se rachètent et revendent des titres entre eux.</p>
<p>La variable qui y permettra un ajustement aux exigences de l’investisseur est le prix de l’obligation. Pour que le coupon et le principal, qui sont tous les deux fixes, produisent le taux de rendement exigé quand celui-ci augmente, alors le cours de l’obligation doit baisser. En effet, si l’on souhaite obtenir une différence relative plus importante entre son investissement au départ et ce que l’on touche à l’arrivée, et si ce que l’on touche à l’arrivée ne peut varier, alors il faut que ce que l’on investit au départ diminue.</p>
<p>On comprend donc pourquoi, lorsque les rendements exigés par les investisseurs augmentent suite à une hausse de l’inflation, les prix des anciennes obligations diminuent sur le marché secondaire.</p>
<h2>Quand l’inflation engendre une baisse des prix</h2>
<p>Revenons maintenant à notre cas plus spécifique, celui d’une obligation indexée. Elle est également émise avec un principal et un coupon décidés à l’avance et inchangés ultérieurement mais son fonctionnement diffère d’une obligation ordinaire de plusieurs manières. D’abord, à la maturité, les détenteurs sont remboursés du principal augmenté de l’inflation cumulée depuis l’émission. Le coupon de chaque période est lui augmenté de l’inflation cumulée jusqu’alors. Un coupon réel en pour cent est en effet appliqué au principal indexé de l’obligation.</p>
<p>Pour le cas simple d’une inflation annuelle constante, cela implique que le taux de rendement nominal d’une obligation indexée est égal à l’addition du coupon réel en pour cent et du taux d’inflation réalisée, quelle qu’elle soit. Le coupon réel en pour cent, décidé à l’émission, est donc un taux de rendement réel garanti, quelle que soit l’inflation ultérieure. Il est choisi pour correspondre au taux de rendement réel exigé par les investisseurs lors de l’émission.</p>
<p>En France, environ <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/budget/pourquoi-l-etat-a-12-de-ses-dettes-indexees-sur-l-inflation-aa83af82-3a71-11ed-b21b-a9a4fa94aa00">12 % de la dette publique</a> est émise sous cette forme, ce qui explique en partie que les intérêts à payer, le « service de la dette », aient significativement augmenté en 2022.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Aussi longtemps que le taux de rendement réel exigé par les investisseurs se trouve inchangé, et quelles que soient les variations de l’inflation, le prix de l’obligation indexée va donc rester constant sur le marché secondaire. Mais évidemment le taux de rendement réel exigé par les investisseurs évolue de manière continue en fonctions de toute une série de facteurs autres que l’inflation. Et comme le principal à indexer et le coupon réel en pour cent restent inchangés jusqu’à la maturité, c’est une nouvelle fois le prix de l’obligation sur le marché secondaire qui s’ajustera.</p>
<p>Si le taux de rendement réel exigé était resté constant depuis le début de l’année, le cours des obligations indexées serait resté inchangé, alors même que l’inflation a fortement augmenté. Si les obligations indexées ont baissé depuis le début de l’année, c’est parce que le taux de rendement réel exigé par les investisseurs a augmenté.</p>
<p>L’augmentation du taux de rendement réel exigé par les investisseurs peut s’expliquer partiellement par un effet indirect de l’inflation qui a détérioré les perspectives de croissance. Les investisseurs sont devenus plus sensibles au risque, les dettes des États moins solides et les taux à court terme réels attendus à la suite de la réaction des banques centrales plus élevés. Il y a bien sûr d’autres causes que l’inflation, mais cet effet paradoxal, une inflation qui engendre une baisse de prix, méritait d’être signalé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197078/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Dor ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le contexte actuel devrait favoriser les produits financiers censés comporter des protections face à la flambée des prix. Or, leurs cours ne cessent de baisser. Pourquoi ?Eric Dor, Director of Economic Studies, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1737802021-12-20T18:55:33Z2021-12-20T18:55:33ZLe menaçant retour des déficits jumeaux américains<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/437585/original/file-20211214-25-1w27c88.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C35%2C1120%2C804&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2021, le déficit budgétaire fédéral devrait s’établir à 12,5&nbsp;% du PIB et le déficit courant à 4&nbsp;%.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/59937401@N07/5857169353">Images Money / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Face à la pandémie de coronavirus, Washington a adopté une série de <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/US/situation-de-l-economie-americaine-et-perspectives-a-moyen-terme">plans massifs de soutien</a> à l’économie américaine qui ont creusé les déficits publics. Après avoir atteint le niveau record de 3 132 milliards de dollars en 2020, soit près de 15 % du PIB, le déficit budgétaire fédéral devrait s’établir à 2 770 milliards de dollars en 2021, soit 12,5 % du PIB.</p>
<p>Dans le même temps, le déficit courant, qui correspond approximativement au solde négatif entre la valeur des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens et services, s’est creusé pour atteindre près de 3 % du PIB en 2020. Selon les prévisions du Fonds monétaire international et de l’Organisation de coopération et de développement économiques, la dégradation des comptes extérieurs américains devrait en outre se poursuivre en 2021 et 2022 (le déficit courant pourrait atteindre 4 % du PIB en 2022).</p>
<p>L’expression de déficits jumeaux (<a href="https://www.everycrsreport.com/reports/RS21409.html">« Twin Deficits »</a>), qui désigne la hausse simultanée du déficit budgétaire et du déficit courant, semble donc s’appliquer au contexte actuel. Dans un <a href="https://doi.org/10.3917/ecofi.137.0339">article publié</a> en 2020, nous avions d’ailleurs montré qu’il existait une relation positive de long terme entre ces déficits : une augmentation d’un dollar du déficit budgétaire américain s’accompagne d’une augmentation de 0,40 dollar du déficit courant américain.</p>
<p>Mais le creusement actuel est-il transitoire, comme il a pu l’être ces dernières décennies (voir graphique ci-dessous) ? Ou marque-t-il le début d’une nouvelle phase de dégradation qui pourrait constituer un danger pour les États-Unis, en raison cette fois-ci d’une moindre capacité à mobiliser l’épargne étrangère ?</p>
<h2>Le statut du dollar</h2>
<p>Au cours de la première moitié des années 1980, la réduction des impôts résultant pour l’essentiel de l’application de <a href="https://www.history.com/this-day-in-history/reagan-signs-economic-recovery-tax-act-erta">l’Economic Recovery Act</a> (août 1981), combinée à la hausse de dépenses publiques, avait conduit à une forte augmentation du déficit budgétaire fédéral américain, qui est passé de 2,6 % du PIB en 1980 à 5 % en 1985. Sur la même période, au cours de laquelle est apparu le terme de « déficits jumeaux », le déficit extérieur s’est fortement creusé pour atteindre 3,2 % du PIB en 1985.</p>
<p>Par la suite, les États-Unis ont connu deux autres épisodes similaires. Le premier s’est déroulé au début des années 2000. À l’époque, à côté de déficits courants élevés et persistants, les comptes publics ont connu une dégradation sous l’effet conjugué de la guerre en Irak et de nombreuses réductions fiscales accordées par l’administration de George W. Bush afin de relancer l’activité économique mise à mal par l’éclatement de la bulle Internet.</p>
<p>Le second épisode a débuté en 2017. Alors que l’économie américaine était proche du plein emploi, le président Donald Trump a adopté une politique budgétaire expansionniste, en réduisant les impôts (application de la grande réforme fiscale « Tax cuts and Jobs Act » adoptée en décembre 2017) et en augmentant les dépenses publiques. Cette politique budgétaire procyclique a alors provoqué un creusement du déficit budgétaire et du déficit courant (les deux déficits ont atteint respectivement 4,6 % et 2,2 % du PIB en 2019).</p>
<p><iframe id="M6WA6" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/M6WA6/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Jusqu’à présent, les États-Unis ont bénéficié d’un « financement sans pleurs et sans heurts » de leurs déficits jumeaux. Compte tenu du statut de <a href="http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/em/abstract.asp?NoDoc=12731">monnaie internationale du dollar</a>, les investisseurs internationaux, privés et officiels, ont en effet accepté d’ajouter à leurs portefeuilles des titres du Trésor émis par les États-Unis pour financer leur double déficit.</p>
<p>La hausse des entrées nettes de capitaux aux États-Unis durant les épisodes de déficits jumeaux a ainsi provoqué, du moins au début, une appréciation du dollar qui a entraîné à son tour une dégradation de la balance courante américaine. Les graphiques suivants montrent la corrélation positive entre les déficits jumeaux et le cours du dollar (entre 1980 et 1985, puis entre 2000 et 2002 et enfin entre 2018 et 2020).</p>
<p><iframe id="aQVzu" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/aQVzu/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p><iframe id="qMG2l" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/qMG2l/9/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le système monétaire international dit de <a href="https://www.research.natixis.com/Site/fr/publication/O6-4CMuqzwBK5Q76CJSmZg%3D%3D">« Bretton-Woods 2 »</a>, en vigueur entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, a notamment permis le financement des déficits jumeaux américains par la Chine, et dans une moindre mesure, par les autres pays émergents d’Asie.</p>
<p>De son côté, pour éviter que sa monnaie s’apprécie sous l’effet d’excédents commerciaux colossaux, la Chine a accumulé d’importantes réserves de change en dollars (jusqu’à 4000 milliards de dollars), qui ont été investies majoritairement en actifs en dollars, en particulier en titres du Trésor. Pendant des années, l’empire du Milieu a ainsi constitué le plus gros détenteur de bons du Trésor américains (fin 2013, il en détenait pour 1 312 milliards de dollars, soit 23 % du total détenu hors des États-Unis). La Chine a ainsi contribué de façon significative au financement des déficits courant et budgétaire américains.</p>
<h2>Moins d’investisseurs étrangers</h2>
<p>Depuis le début de la crise sanitaire, la baisse de la part des bons du Trésor détenus par les non-résidents (moins 6 points entre mars 2019 et septembre 2021) était compensée par la hausse de celle détenue par la Réserve fédérale (Fed). Cependant, le processus de réduction progressive des achats d’actifs par la Fed ( <a href="https://www.brookings.edu/blog/up-front/2021/07/15/what-does-the-federal-reserve-mean-when-it-talks-about-tapering/">« tapering »</a>), qui a débuté en novembre dernier, va obliger le Trésor américain à emprunter davantage auprès de ses autres créanciers domestiques et étrangers.</p>
<p>Depuis la fin des années 1980, la tendance est d’ailleurs à la réduction de la part des bons du Trésor détenus par les non-résidents. Après avoir atteint un point haut de 58 % en 2008, cette part a diminué progressivement pour tomber à 33 % en septembre 2021.</p>
<p>Or, l’augmentation de l’émission de bons du Trésor américains sur les marchés, alors que la demande reste inchangée, pourrait provoquer une baisse du cours des obligations, et donc une hausse des taux d’intérêt à long terme. Au cours des prochaines années, le budget fédéral américain devra alors être prioritairement axé sur la réduction du besoin de financement du Trésor.</p>
<p>Des déficits jumeaux demeurant trop élevés et/ou devant persister sur une trop longue période pourraient ainsi, à terme, entamer la confiance des investisseurs internationaux dans les titres libellés en dollars.</p>
<p>Il y a aujourd’hui de bonnes raisons de considérer que, compte tenu de l’importance des déficits jumeaux américains, les variables de taux d’épargne et de solde courant des États-Unis puissent exercer encore pendant un certain temps une influence significative sur les taux longs américains et les taux de change. Selon certains prévisionnistes, ces variables pourraient même à l’avenir peser davantage que les <a href="https://www.groupama-am.com/fr/article/la-thematique-des-deficits-jumeaux-aux-etats-unis-constitue-un-risque-a-la-baisse-sur-le-dollar-et-a-la-hausse-sur-leuro/">mesures de politique monétaire</a>, telle que la fin des politiques accommodantes d’assouplissement quantitatif aux États-Unis et dans la zone euro.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173780/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Dupuy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Aux États-Unis, la double dégradation actuelle des déficits publics et de la balance courante pourrait mettre fin à une période historique de financement aisé auprès des investisseurs étrangers.Michel Dupuy, Professeur d'économie internationale, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1706652021-11-03T19:23:32Z2021-11-03T19:23:32ZLes bourses sont-elles vraiment devenues plus respectueuses de l’environnement ?<p>La crise financière de 2008 a eu un impact majeur sur le comportement des bourses dans le monde. Les places financières – accusées d’être responsables du krach – ont souffert d’une <a href="https://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/2008/06/pdf/kodres.pdf">crise d’éthique et de confiance</a> des investisseurs, ce qui les a obligées à tenter d’améliorer leur image et leur conduite des affaires.</p>
<p>Au cours de la même période, on a assisté à une prise de conscience croissante de l’importance de la durabilité et du rôle des entreprises dans la protection de l’environnement, avec en point d’orgue les appels à l’action lancés à l’occasion des négociations des Nations unies sur le climat, connues sous le nom de <a href="https://page.theconversation.com/cop26-glasgow-2021-climate-change-summit/">COP26</a> dont le sommet s’est ouvert ce 31 octobre à Glasgow (Royaume-Uni).</p>
<p>Pour répondre aux défis auxquels est aujourd’hui confronté le secteur financier, un certain nombre de bourses ont adopté de nouvelles pratiques et de nouveaux produits pour rendre les marchés financiers plus respectueux de l’environnement. Dans une <a href="https://innover.sciencesconf.org/">analyse</a> récente, nous avons examiné comment les bourses se sont adaptées au nouveau contexte et les politiques qu’elles ont mises en œuvre pour devenir plus écologiques.</p>
<p>Nous avons pour cela exploité diverses sources de données de ces institutions, notamment leurs sites web, leurs rapports sur la durabilité et la responsabilité sociale des entreprises ainsi que leurs rapports annuels. L’échantillon comprend 85 bourses de valeurs dans le monde. Cet article se concentre spécifiquement sur les mesures prises pour protéger l’environnement.</p>
<h2>Obligations vertes</h2>
<p>Les mesures environnementales prises par les bourses peuvent être divisées en deux catégories. La première concerne les efforts visant à contribuer directement à la protection de l’environnement par le biais de politiques internes.</p>
<p>Ces mesures seront familières pour beaucoup, notamment le recyclage, la réduction de l’utilisation de ressources importantes comme l’eau et l’électricité, la promotion de la documentation électronique plutôt que sur papier, les mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la réduction des déchets plastiques et alimentaires, ainsi que le reboisement. Ces efforts s’accompagnent généralement de programmes éducatifs destinés aux employés pour les sensibiliser à l’environnement.</p>
<p>De plus, certaines bourses se sont lancées dans des projets de construction écologique : la bourse canadienne a ainsi fait en sorte que 78 % de la superficie totale de ses bureaux soit <a href="https://www.usgbc.org/leed">certifiée LEED Platinium</a>, l’un des systèmes d’évaluation des bâtiments écologiques les plus utilisés dans le monde.</p>
<p>La deuxième catégorie comprend des outils financiers tels que les obligations vertes qui financent des projets environnementaux et facilitent la transition écologique.</p>
<p>Parmi notre échantillon de bourses, 42 % ont développé des indices liés à la durabilité et 30 % ont une catégorie d’obligations de durabilité principalement liée à l’environnement. La plupart de ces bourses se trouvent en Amérique du Nord, en Asie-Pacifique et en Europe et représentent les plus grands marchés du monde.</p>
<p>L’une des bourses qui a le plus contribué au marché des titres verts est la bourse de Luxembourg, qui a coté en 2007 la première obligation verte au monde : l’« <a href="https://www.eib.org/en/investor-relations/disclaimer.htm">obligation climatiquement responsable</a> » de la Banque européenne d’investissement. En 2016, la bourse a lancé la <a href="https://www.bourse.lu/green">Luxembourg Green Exchange</a>, ou LGX, une plate-forme exclusivement dédiée aux titres verts.</p>
<p>Si les bourses des pays développés restent les pionnières de cette transition environnementale, notre analyse montre qu’un nombre croissant de bourses des marchés émergents s’engagent également vers un monde de la finance plus vert, à faibles émissions et résilient au changement climatique.</p>
<p>La bourse de Moscou a par exemple créé deux indices de durabilité en 2019 : le <a href="https://www.moex.com/en/index/MRRT">Responsibility and Transparency Index</a> et le <a href="https://www.moex.com/en/index/MRSV">Sustainability Vector Index</a>. La même année, la bourse russe a émis des obligations vertes promouvant des projets énergétiques et environnementaux. Toujours en 2019, en Chine, la bourse de Shanghai a lancé ses propres <a href="http://english.sse.com.cn/markets/greensecurities/">indices de titres verts</a>.</p>
<p>La moitié des bourses de l’échantillon disposaient de directives écrites sur le reporting environnemental, social et de gouvernance d’entreprise, ou ESG. Certaines d’entre elles, dont les bourses de Malaisie et de Johannesburg (Afrique du Sud), demandaient aux sociétés cotées de préciser si elles publiaient des rapports prenant en compte les questions ESG. D’autres, comme le Nasdaq aux États-Unis, fournissent à leurs utilisateurs des <a href="https://data.nasdaq.com/databases/NESG/overview">mesures de performance ESG</a> pour les sociétés cotées.</p>
<p>Quelques places financières encouragent le dialogue entre les émetteurs et les investisseurs sur les questions ESG par le biais d’événements sur les marchés financiers. Par exemple, avant la pandémie, la <em>borsa italiana</em> de Milan a organisé des événements sur le développement durable pour encourager les discussions entre investisseurs et émetteurs sur les questions ESG.</p>
<p>Enfin, le cas de la <a href="https://www.ey.com/es_cl/lavozdelmercado">bourse de Santiago</a>, au Chili, est particulièrement intéressant : elle a créé un indice qui offre aux entreprises cotées en bourse une analyse de la perception qu’ont leurs propres parties prenantes de leurs pratiques ESG. Elle a également publié une enquête sur la perception qu’ont les agents du marché des pratiques de durabilité des principales entreprises chiliennes.</p>
<h2>Disparités</h2>
<p>L’analyse montre que la plupart des bourses du monde ont pris le train en marche et ont entrepris des efforts pour s’attaquer aux problèmes environnementaux.</p>
<p>Mais les résultats soulignent les grandes disparités entre elles en termes d’initiatives entreprises, ce qui peut s’expliquer en partie par la nature volontaire de l’engagement durable et l’absence d’un cadre réglementaire qui pourrait guider la transition (que certains <a href="https://sseinitiative.org/publication/how-exchanges-can-embed-sustainability-within-in-their-operations-a-blueprint-to-advance-action">affirment être nécessaire</a>).</p>
<p>Ces disparités peuvent également s’expliquer par les différences dans leur développement. La plupart des bourses qui ont introduit des outils financiers environnementaux représentent les marchés les plus grands et les plus développés du monde.</p>
<p>Cette étude exploratoire constitue une première étape dans l’analyse de la contribution des bourses à une finance plus durable et ouvre la voie à des recherches plus approfondies. Nous devons encore comprendre si les mesures décrites dans cet article conduisent à des résultats efficaces tant au sein des bourses que dans la société dans son ensemble.</p>
<p>Nous devons également explorer la contribution de ces échanges à la résolution d’autres défis du développement durable, en particulier les questions sociales telles que la promotion de l’égalité des sexes et l’amélioration de la culture financière.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170665/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Faten Ben Slimane ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Même si des disparités existent, de nombreuses places financières ont aujourd’hui entrepris des efforts pour s’attaquer aux problèmes climatiques.Faten Ben Slimane, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1627072021-06-16T17:34:36Z2021-06-16T17:34:36ZComment les obligations vertes peuvent-elles gagner en légitimité ?<p>Les acteurs financiers pourraient-ils davantage participer à la transition écologique grâce au marché des obligations vertes ? Quels obstacles peuvent être identifiés et comment les lever ? C’est ce à quoi une <a href="https://www.mdpi.com/1911-8074/13/3/61">étude</a>, que nous avons récemment publiée dans le numéro spécial <a href="https://www.mdpi.com/journal/jrfm/special_issues/GSF">« Green and sustainable finance »</a> du <a href="https://www.mdpi.com/journal/jrfm"><em>Journal of Risk and Financial Management</em></a>, tente de répondre.</p>
<p>Le marché des obligations vertes a vu le jour en 2007 avec l’émission par la Banque européenne d’investissement d’un premier titre climatiquement responsable (un « Climate Awareness Bond »). L’année suivante, c’est la Banque mondiale qui a émis sa première obligation verte. Celle-ci était libellée en couronnes suédoises (SEK) pour un montant total de 2,7 milliards de couronnes, avec un coupon de 3,5 %, une échéance de six ans et une notation de triple A.</p>
<p>Entre 2008 et 2012, la croissance du marché des obligations vertes apparaît d’abord plutôt timide. Elle est ensuite devenue exponentielle, passant de 2,6 milliards de dollars en nouvelles émissions en 2012 à 258,9 milliards en 2019 selon la <a href="https://www.climatebonds.net/">Climate Bond Initiative</a>. Néanmoins, cette croissance ne traduit pas pleinement le potentiel de ce marché prometteur, puisque les obligations vertes représentent à peine 2 % du total des émissions de dette.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1403985516144566278"}"></div></p>
<p>Pour comprendre les éléments qui limitent le développement de ce marché, onze experts, dont des investisseurs, des émetteurs d’obligations et des intermédiaires financiers, ont été interrogés par nos soins. L’objectif était de répondre à tout un ensemble de questions portant sur la nature de ces obstacles, leur perception par rapport à leur réalité mais aussi sur les processus actuels pour émettre des obligations vertes, leur accessibilité pour financer l’investissement durable et les risques qui y sont associés et, enfin, sur le rôle des décideurs publics.</p>
<h2>Difficultés opérationnelles</h2>
<p>À partir de l’analyse de données primaires et secondaires, nos travaux mettent en évidence cinq explications possibles pour justifier la faible part occupée pour l’heure par les obligations vertes.</p>
<p>Une incertitude plane, tout d’abord, dans les discours de la plupart des acteurs interrogés quant aux avantages que présentent ces titres. Leur émission reste souvent vue comme étant associée à des coûts plus élevés et à des processus complexes. Le manque de standardisation, malgré des améliorations substantielles entre les normes existantes, demeure ainsi un obstacle majeur. En outre, le marché des obligations vertes paraît encore relativement jeune, et demande encore à faire ses preuves. Enfin, selon toutes les parties prenantes le risque de <em>greenwashing</em> persiste, celui que ces titres ne soient émis que pour se donner une image écologique pourtant éloignée de ce qui survient en pratique.</p>
<p>L’importance accordée à chacun de ces facteurs varie selon les acteurs. Pour les émetteurs, trois raisons principales contribuent à expliquer leur réticence : les obligations vertes ne présentent pas un taux d’intérêt préférentiel ; ils peinent à identifier des projets verts à financer ; et ils attestent aussi des risques élevés de <em>greenwashing</em>.</p>
<p>Pour les investisseurs, les principaux freins résident dans l’absence de normes harmonisées, un niveau élevé d’exigences et des problèmes de liquidité de cet instrument. Quant aux institutions financières, elles doivent également faire face à des problèmes opérationnels et de gestion, avec un besoin d’expertise dédié pour accompagner leurs clients sur l’émission d’obligations vertes.</p>
<h2>Changement de paradigme</h2>
<p>Sur la base de ces observations, nous formulons quatre axes de recommandations pour accélérer le développement du marché des obligations vertes.</p>
<p>En premier lieu, les efforts de standardisation doivent être poursuivis pour attirer un plus grand nombre d’émetteurs et d’investisseurs. Deuxièmement, la transparence et la divulgation publique d’informations doivent être renforcées en exigeant des procédures de mesure d’impact et de reporting, avec notamment la promotion du cadre de la <a href="https://www.fsb-tcfd.org/">Taskforce for Climate-related Financial Disclosures</a>.</p>
<p>De plus, contre le risque de <em>greenwashing</em>, il semble important de distinguer les obligations vertes d’autres instruments, tels que les obligations de transition ou les instruments de la finance durable, la multiplication des labels pour les produits durables nuisant à la clarté et à la crédibilité des obligations vertes. Enfin, les investissements dans les économies émergentes constituent une vraie opportunité pour accroitre le marché des émissions vertes.</p>
<p>Le développement de ce marché marque un changement de paradigme sur la capacité des acteurs financiers à participer à l’économie réelle et à la transition énergétique. Grâce à un effort coordonné, et impliquant l’ensemble des acteurs politiques et financiers, ce marché peut acquérir une vraie légitimité. Cela permettra de réduire les coûts de transaction et d’attirer plus d’émetteurs, en particulier les plus petits. De tels efforts permettront aussi de renforcer la confiance sur ce produit, attirant ainsi un plus grand nombre d’investisseurs appartenant à des secteurs et des géographies variés.</p>
<hr>
<p><em>Pauline Deschryver, Associate Investment Officer chez IFC (International Finance Corporation), a co-rédigé cet article et le travail de recherche sur lequel il s’appuie</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162707/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Manque de standardisation, « greenwashing », incertitudes… Comprendre les obstacles rencontrés par ce marché permet de penser un effort coordonné impliquant tous les acteurs politiques et financiers.Sabri Boubaker, Professor of Finance, EM NormandieFrederic de Mariz, Lecturer in International and Public Affairs (Part-time), Columbia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1546752021-02-17T19:56:26Z2021-02-17T19:56:26ZLes marchés financiers restent réservés face aux émissions d’obligations vertes<p>Axée sur une perspective environnementale, l’orientation des investissements vers des activités durables a été possible grâce à la création de nouveaux instruments financiers aidant les entreprises et gouvernements à financer leur transition écologique, notamment les obligations vertes, ou « green bonds ».</p>
<p>Une obligation verte est un instrument de dette émis par une entreprise (financière ou non financière) ou une entité publique (ville, région, gouvernement, banque de développement, etc.) sur les marchés, pour financer uniquement des projets qui contribuent positivement à l’environnement. La principale différence avec les obligations classiques réside dans les engagements pris par l’émetteur sur l’utilisation des fonds, qui doit avoir des externalités environnementales positives.</p>
<h2>Le marché des « green bonds » et ses acteurs clés</h2>
<p>Il existe deux principales normes internationales qui permettent de vérifier l’intégrité du label « Green » attribué à une dette. La première norme est <a href="https://www.icmagroup.org/sustainable-finance/the-principles-guidelines-and-handbooks/green-bond-principles-gbp/">Green Bond Principles</a> de l’<a href="https://www.icmagroup.org/">International Capital Market Association</a> qui a contribué à standardiser la définition d’un projet « vert » pouvant être financé par une émission verte.</p>
<p>Cette norme a également défini la manière dont l’émetteur doit communiquer sur son processus de sélection et d’évaluation des projets ; sa façon de gérer les fonds pendant la durée de vie de l’obligation ; et sur l’affectation périodique de ces fonds et leurs impacts environnementaux.</p>
<p>La deuxième norme reconnue au niveau international est le <a href="https://www.climatebonds.net/climate-bonds-standard-v3">Climate Bond Standard</a> publié par la <a href="https://www.climatebonds.net/">Climate Bond Initiative</a>. Enfin, il existe d’autres normes régionales, principalement en Asie (China Green Bond Guidelines, Hongkong Green Bond Guidelines, Asean Green Bond Standards ou Japan Green Bond Guidelines), en Afrique (Nigeria Green Bond Guidelines) ou en Amérique latine (Mexican Green Bond Principles).</p>
<p>Le marché des obligations vertes a connu une croissance exponentielle ces dernières années passant de 2,6 milliards USD de nouvelles émissions en 2012 à 258,9 milliards USD en 2019 selon le <a href="https://www.climatebonds.net/cbi/pub/data/bonds">Climate Bond Initiative</a>. Le total des émissions cumulées depuis 2007, date à laquelle ce marché est né avec l’émission de la première obligation verte par la Banque mondiale, s’élève à 754 milliards USD selon la même source.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/382539/original/file-20210204-14-1gtnpxz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">À la suite de la conférence environnementale 2016, les institutions financières publiques françaises ont été incitées « à lancer des obligations vertes, dédiées à des projets d’investissements environnementaux ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ecologie.gouv.fr/obligations-vertes">Ministère de la Transition écologique</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En conséquence, il parait aujourd’hui important d’approfondir la question du financement via les obligations vertes. Pour ce faire, nous avons mené une <a href="https://doi.org/10.3390/jrfm13020025">étude</a> questionnant l’impact de l’annonce d’une émission d’obligations vertes sur le cours de l’action de l’émetteur.</p>
<h2>Quelle réaction attendue des marchés financiers ?</h2>
<p>Dans la littérature financière, il n’y a pas de consensus quant aux effets d’une émission d’obligations vertes sur le cours de l’action de l’émetteur. Une première hypothèse suggère que le marché réagirait positivement à l’annonce d’une émission verte traduisant une évolution positive du modèle économique de l’émetteur à long terme.</p>
<p>En ligne avec les politiques environnementales des régulateurs, avec une moindre exposition aux risques environnementaux et une plus grande attractivité de la part des investisseurs verts, l’entreprise entre dans une dynamique positive avec des activités plus stables et plus rentables à long terme.</p>
<p>Une deuxième hypothèse propose le contraire. En effet, l’annonce de l’utilisation d’un nouvel instrument, notamment pour financer une transition perçue, par les investisseurs, comme une activité axée sur le développement durable, pourrait être interprétée comme une source d’incertitude. Une telle considération pourrait donc conduire à une révision à la baisse des projections de rentabilité, avec une réaction négative du marché.</p>
<p>La première difficulté qui se présente pour étudier ce marché est celle des données. Au cours des premières années de son développement et encore aujourd’hui, la plupart des acteurs (banques commerciales, investisseurs institutionnels, etc.) ont construit leurs propres bases de données.</p>
<p>Plus récemment, de nouvelles entités spécialisées dans la collecte de données environnementales ont vu le jour. Nous comptons plusieurs fournisseurs officiels de données, qui diffèrent les uns des autres sur divers aspects, tels que l’accessibilité, l’univers de couverture et le type d’informations fournies (Bloomberg, Dealogic, Environmental Finance, Climate Bond Initiative, Trucost, Shenzhen Securities Information).</p>
<h2>Réaction négative à la première émission verte</h2>
<p>En croisant les données de plusieurs fournisseurs, nous avons constitué une base de données de 2 079 émissions vertes sur dix ans. Dans notre échantillon, les émissions des entreprises et des institutions financières représentent seulement 23 % (soit 475 émissions dont 173 en Chine et 119 en France).</p>
<p>La Chine représente à peu près un tiers des émissions vertes dont un quart sont celles des entités non gouvernementales. Quant à la France – qui occupe une position similaire aux États-Unis et à la Suède en nombre d’émissions vertes – elle se singularise avec à peu près les deux tiers de ses émissions faites par des entités non gouvernementales. Enfin, les États-Unis qui cumulent 164 émissions vertes n’affichent que 27 émissions des entités non gouvernementales.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/382533/original/file-20210204-16-hs0xr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">D’après l’échantillon de l’étude, près d’un tiers des émissions vertes est réalisé par des acteurs chinois.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/central-hong-kong-dec-21-2017-788358010">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour examiner la réaction du marché à l’annonce d’une émission d’obligations vertes, nous avons considéré les rentabilités anormales cumulées, définies comme la différence entre les rentabilités réalisées et les rentabilités d’équilibre estimées par des modèles théoriques.</p>
<p>Les résultats indiquent que les rentabilités anormales cumulées de la fenêtre de deux jours et celle de trois jours à l’annonce de l’émission sont négatives et statistiquement significatives. La rentabilité anormale cumulée est, en moyenne, d’environ – 0,2 %. Ce résultat corrobore la thèse selon laquelle l’annonce d’une émission verte pourrait être interprétée par les investisseurs comme une incertitude quant à l’évolution du business model de l’émetteur, dont le niveau de rentabilité pourrait être impacté.</p>
<p>Une analyse plus détaillée de nos résultats révèle que le marché financier réagit négativement à une première émission verte (par comparaison aux émissions suivantes du même émetteur) par une institution financière (par comparaison aux entreprises des autres secteurs d’activités) sur un marché développé (par comparaison aux marchés émergents). En conclusion, l’engouement pour ce nouvel instrument financier contraste avec la réaction mitigée des marchés financiers.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154675/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L'étude mentionnée dans l'article a été menée dans le cadre d'un contrat Cifre entre l'Intitut de Recherche en Gestion (IRG - EA 2354) et Amundi Asset Management. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martin Lebelle était en contrat CIFRE chez Amundi entre 2017 et 2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Syrine Sassi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude internationale montre que les investisseurs restent réservés, voire inquiets, quant aux émissions de « green bonds » sur les marchés financiers.Souad Lajili Jarjir, Enseignant-chercheur en finance, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Martin Lebelle, ESG & Impact bond analyst, PhD/CIFRE, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Syrine Sassi, Finance, South Champagne Business School (Y Schools) – UGEILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1484052020-10-21T20:07:34Z2020-10-21T20:07:34ZLa Covid-19 : pourquoi existe-t-il des anti-masques ?<p>Né <a href="https://www.franceculture.fr/societe/covid-19-les-anti-masques-au-grand-jour-des-etats-unis-a-la-france">aux États-Unis</a> chez les <a href="https://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais/faut-il-prendre-les-libertariens-au-serieux-26-06-2014-1840809_493.php#">libertariens</a> en réponse à l’obligation du port du masque dans les lieux publics, le mouvement des anti-masques s’est étendu, au fil des mois, à un grand nombre de pays dans le monde, dont la <a href="https://www.lejdd.fr/Societe/les-anti-masques-organisent-leur-acte-1-demain-en-france-3988198">France</a>. </p>
<p>Alors que la grande majorité des citoyens voit le port du masque comme un moyen efficace de limiter la propagation du virus, pourquoi la mouvance anti-masque rejette-t-elle cette mesure ?</p>
<h2>Complotisme</h2>
<p>Un grand nombre de médias ont mis en avant le lien entre <a href="https://www.dailymotion.com/embed/video/x7w196j?autoplay=1&fbclid=IwAR3mN78UHJ45WM6saGlTyMTKt9H4rktMdNyDLuV0_1yXuygwvpTWGE381S4">conspirationnisme</a> et rejet du port du masque. <a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/bas-les-masques-sociologie-des-militants-anti-masques">Une récente étude française</a> a montré que les individus qui rejettent le masque adhèrent plus fortement aux thèses conspirationnistes que l’ensemble de la population française. 90 % des anti-masques (contre 43 % sur l’ensemble de la population française) pensent par exemple que le ministère de la Santé s’est allié aux compagnies pharmaceutiques pour cacher la nocivité des vaccins.</p>
<p>Les anti-masques sont très actifs sur les réseaux sociaux où un grand nombre de fake news sur le port du masque ont été activement relayées. D’après eux, le masque serait inutile, voire même carrément <a href="https://factuel.afp.com/usine-virus-dangereux-pour-la-sante-les-fausses-affirmations-dune-publication-virale-sur-le-masque">dangereux pour la santé</a>. Inutile car le maillage ne serait pas adapté et laisserait passer le virus. Dangereux car il diminuerait l’apport d’oxygène dans le sang, augmenterait l’inhalation de toxines, détériorerait le système immunitaire ou activerait des rétrovirus dormants déjà présents dans l’organisme. C’est évidemment faux comme l’explique en détail cet <a href="https://factuel.afp.com/ces-affirmations-sur-les-dangers-du-port-du-masque-sont-fausses">article de l’AFP</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/k5npQivAmcE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">COVID-19 : Doctor wears six face masks to debunk oxygen deprivation myth.</span></figcaption>
</figure>
<p>D’autres vont encore plus loin. Le port du masque serait <a href="https://www.dailymotion.com/embed/video/x7w196j?autoplay=1&fbclid=IwAR3mN78UHJ45WM6saGlTyMTKt9H4rktMdNyDLuV0_1yXuygwvpTWGE381S4">« un rituel des pédo-satanistes »</a> comme le prétend par exemple <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/eve-engerer-la-medecin-complotiste-qui-prescrivait-des-certificats-anti-masques_2132928.html">Eve Engerer</a>, récemment radiée de l’Ordre des médecins, ou le groupe <a href="https://www.franceculture.fr/sciences/qanon-est-il-un-vrai-mouvement-populaire">QAnon</a>. Mais comment expliquer qu’un nombre non négligeable de personnes (indépendamment de leur niveau d’éducation) soient à ce point sensibles aux fake news sur le port du masque ?</p>
<h2>La tête dans le sable</h2>
<p>La situation incertaine dans laquelle nous nous trouvons depuis plusieurs mois nous a amenés à développer différents mécanismes de défense qui nous permettent de continuer à évoluer dans notre environnement, malgré la crise sanitaire. Un de ces mécanismes de défense est <a href="https://www.jstor.org/stable/10.1086/505250?casa_token=VGGJvAlwO6AAAAAA%3AGCs6fF3j0rl6h5gbYKUc6HdU_gKkk4IzLXK9wAWLNMDq-BtMeOUdVh_29D90FGPU2-4Y8D3NVW9VB4z16jtyBlPwoWpDO0KWuJZTLPPIJwPkohfa6wY&seq=1#metadata_info_tab_contents">l’effet autruche</a>, qui désigne la tendance à mettre la <a href="https://theconversation.com/comment-le-coronavirus-nous-a-tous-biaises-134415">« tête dans le sable »</a> dans le but d’ignorer des informations décrivant une situation incertaine ou dangereuse.</p>
<p>À plusieurs reprises, on a pu entendre des anti-masques expliquer qu’ils rejetaient cette mesure sanitaire car ils trouvaient que voir toutes les personnes autour d’eux porter un masque était « anxiogène ». À la différence de la majorité des citoyens que le <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/deconfinement-port-du-masque-peut-il-etre-angoissant-psychologues-nantes-angers-repondent-1827782.html">port du masque rassure</a>, il est pour les personnes qui ont tendance à faire l’autruche, un rappel permanent de la <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/masques-de-protection/port-obligatoire-du-masque-pourquoi-cela-suscite-t-il-des-tensions-voire-des-violences-6930919">potentielle dangerosité</a> de la situation actuelle. Il devient alors impossible d’ignorer la crise sanitaire et d’échapper au stress qu’elle engendre.</p>
<p>Pour ne rien arranger, on ne fait pas seulement l’autruche de manière consciente. La forme inconsciente de l’effet autruche se manifeste souvent quand un évènement remet en question l’image positive qu’un individu se fait de lui-même. Ce dernier aura alors tendance à ignorer ou même rejeter les informations qui risquent de blesser son égo, afin de maintenir une image flatteuse de lui-même. L’adhérence aux fake news et autres théories du complot apparaît comme un moyen efficace pour un « individu-autruche » de justifier son rejet du masque, tout en préservant son égo. Il ne rejette pas le masque parce qu’il est terrifié par la pandémie, mais parce qu’en tant qu’individu supérieur il sait, mieux que la plupart des gens, que les masques ne sont pas efficaces, sont dangereux pour la santé, ou encore que le SARS-CoV-2 n’existe tout simplement pas.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1302247078685540352"}"></div></p>
<h2>La réactance psychologique</h2>
<p>Un autre phénomène pourrait expliquer le rejet du masque. Un grand nombre d’études ont montré que lorsqu’un individu a l’impression que l’on menace ou que l’on restreint ses libertés individuelles, il aura tendance à s’opposer à cette perte de liberté et à tenter d’asseoir son autorité en adoptant le « comportement défendu ». Ce comportement étudié depuis presque une cinquantaine d’années porte le nom de <a href="https://nospensees.fr/la-theorie-de-la-reactance-psychologique-la-rebellion-sans-cause-et-sans-canal/">réactance psychologique</a>.</p>
<p>Chez les anti-masques, l’obligation du port du masque est vue comme une atteinte intolérable à leurs libertés individuelles de la part du gouvernement qui tenterait de les <a href="https://www.lefigaro.fr/actualite-france/c-est-notre-dernier-combat-avant-le-vaccin-obligatoire-en-france-les-anti-masque-refusent-la-museliere-20200805">« museler »</a>.</p>
<p><a href="https://www.leparisien.fr/economie/contestations-sociales-le-calendrier-tres-charge-de-la-fin-d-annee-11-11-2019-8191068.php">La contestation sociale</a> était déjà très forte avant le début du confinement (gilets jaunes, personnels soignants, écologistes entre autres) et la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber ce mécontentement qui <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/13/la-marche-pour-le-climat-annulee-a-paris_6032856_3244.html">ne peut plus</a> du tout, ou plus difficilement, s’exprimer du fait de la pandémie. Le refus du port du masque apparaît comme un moyen détourné d’exprimer sa colère et de contester le gouvernement. </p>
<p><a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/bas-les-masques-sociologie-des-militants-anti-masques">L’étude française sur les anti-masques</a>, déjà citée précédemment, a d’ailleurs montré que seul 2 % des anti-masques font confiance à Emmanuel Macron. Ils sont par contre 87 % à soutenir le Pr. Raoult, <a href="https://theconversation.com/pourquoi-sommes-nous-aussi-divises-sur-la-question-de-lhydroxychloroquine-135149">grande figure contestataire</a> qui n’a eu de cesse de <a href="https://www.leparisien.fr/politique/didier-raoult-tacle-le-gouvernement-la-decrue-continue-25-09-2020-8391381.php">remettre en question</a> les mesures prises par le gouvernement depuis le début de la crise, y compris celles concernant <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/pour-les-masques-raoult-aurait-prefere-une-recommandation-pas-une-obligation_fr_5f3cf015c5b61551404f611c">l’obligation du port du masque</a>. Il a été montré que plus un individu est en colère, plus <a href="https://www.sciencenews.org/article/coronavirus-covid-19-how-fear-anger-change-risk-perception">sa perception du risque diminue</a>. Les personnes qui rejettent le masque par réactance psychologique sont donc probablement moins conscience du risque que cet acte représente car ils sont partiellement aveuglés par la colère.</p>
<h2>Que faire ?</h2>
<p>Rappelons-le, <a href="https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S0140-6736%2820%2931142-9">plusieurs études récentes</a> ont montré que le port du masque permettait de limiter significativement la transmission du virus. De même, l’obligation du port du masque dans la plupart des grandes villes aurait largement contribué à faire <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/masques-de-protection/le-masque-permet-il-de-developper-des-formes-moins-severes-du-coronavirus-6992469">diminuer le nombre de cas graves</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/0Tp0zB904Mc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les Masques, Ça Marche Vraiment ? (Capture Schlieren en Slow Motion !).</span></figcaption>
</figure>
<p>Aux vues de ces résultats, il parait donc nécessaire de développer des stratégies visant à contrer ces phénomènes d’effet autruche et de réactance psychologique afin d’augmenter l’acceptation du port du masque.</p>
<p>Il est possible de limiter l’occurrence de la réactance psychologique en adoptant un discours fort, clair et pédagogique. Or la communication du gouvernement sur le port du masque a été on ne peut plus <a href="https://www.france24.com/fr/20200807-covid-19-variation-du-discours-politique-sur-le-port-du-masque-en-france">chaotique</a> et a eu de graves répercussions tant sur la <a href="https://elabe.fr/barometre-politique-octobre-2020/">confiance des Français</a> envers les dirigeants politiques, que sur la propension de ces premiers à respecter des normes sanitaires émanant du pouvoir exécutif. Il faudrait que le gouvernement fasse preuve d’un trésor de pédagogie pour restaurer la confiance des citoyens. La seule option restante est probablement (malheureusement) de fortement pénaliser le refus du port du masque.</p>
<p>En tant que citoyens, nous pouvons nous aussi à notre échelle tenter de lutter contre ces deux phénomènes, qui risquent de se renforcer lorsqu’un <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-vaccin-contre-le-coronavirus-1-francais-sur-3-le-refuserait-voila-pourquoi-sondage-exclusif-yougov_fr_5f1ae94dc5b6f2f6c9f56ae4">vaccin</a> contre la Covid-19 sera mis à disposition. Une stratégie pour limiter la réactance psychologique pourrait être de chercher à dissocier l’obligation du port du masque du gouvernement, en présentant par exemple les preuves scientifiques de son efficacité de manière claire et accessible, ou en proposant des comportements « alternatifs » et moins risqués de réactance psychologique. </p>
<p>Il est probable qu’il soit plus ardu de lutter contre l’effet autruche, tout particulièrement lorsqu’il s’exprime de manière inconsciente. Les individus-autruche étant à la fois très stressés et extrêmement motivés à protéger leur égo, il est nécessaire de faire preuve de beaucoup patience et de bienveillance à leur égard et de se garder de remettre en question leur intelligence, leur rationalité ou leur niveau de connaissances. Commencer la discussion en faisant part de notre propre peur de la crise sanitaire pourrait permettre de mettre la personne en confiance, ce qui facilitera la discussion par la suite.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/6V6p1tgHfm0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">How to have better political conversations | Robb Willer.</span></figcaption>
</figure>
<p>Enfin, essayez d’adopter des arguments susceptibles de convaincre la personne que vous avez en face qui a son propre système de valeurs (probablement différent du vôtre) et non pas des arguments qui vous convainquent vous-même comme le conseille Robb Willer dans son TED talk.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Créé en 2007 pour contribuer au développement et au partage des connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, l’Axa Research Fund a parrainé près de 650 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs de 55 pays. Pour en savoir davantage, consultez son <a href="https://www.axa-research.org">site</a> ou abonnez-vous au compte Twitter dédié <a href="https://twitter.com/axaresearchfund ?lang=fr">@AXAResearchFund</a></em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148405/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eve Fabre a reçu des financements de AXA Research Fund et de la Commission Européenne (Bourse de doctorat Marie Skłodowska-Curie). </span></em></p>Alors que le nombre de cas positifs à la Covid-19 augmente dangereusement en France, comment expliquer qu’une partie de la population rejette encore le port du masque ?Eve Fabre, Chercheure en Facteur Humain & Neurosciences Sociales, ISAE-SUPAEROLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1414032020-06-29T19:07:34Z2020-06-29T19:07:34ZSocial bonds : changement d’échelle pour une finance durable de marché ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/343778/original/file-20200624-132961-1uq2q0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C15%2C10023%2C5590&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’arrivée de nouveaux investisseurs permet à de plus en plus d’États et d’entreprises de financer leurs projets sociaux.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/growing-money-chart-rise-600w-366267482.jpg">Romolo Tavani / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La crise sanitaire liée au Covid-19, en réduisant drastiquement la production et les échanges et donc la distribution des revenus, a entraîné une augmentation sans précédent du besoin en financement des économies.</p>
<p>Compte tenu de l’ampleur des dégâts économiques et sociaux et de la nécessité d’y répondre dans l’urgence, les secteurs publics et les entités privées se sont orientés progressivement vers de nouvelles sources de financement, notamment vers les obligations à vocation sociale, les « social bonds ». Il s’agit d’une forme de finance durable de marché responsable intégrant également une dimension sociétale.</p>
<p>Avec la crise, ce récent marché financier a ainsi profité d’une grande accélération notamment dans les pays émergents et sur le continent africain. Selon la plate-forme de données mondiales des titres à revenus fixes, <a href="http://cbonds.com/">Cbonds</a>, les émissions d’obligations vertes, durables et sociales ont augmenté de 23 % comparé à 2019 pour atteindre un volume global de 84 milliards de dollars entre janvier et avril 2020.</p>
<p>La performance record du marché des social bonds pose la question de la transformation des modes de financement et de l’intégration de la notion de finance durable au cœur des marchés financiers.</p>
<h2>Des instruments adaptés en contexte de crise</h2>
<p>Les « social bonds » sont des instruments financiers émis sur les marchés obligataires permettant aux États et entreprises de s’endetter pour financer des actions telles que l’accès à l’éducation, à la santé ou à l’emploi, notamment pour les populations défavorisées.</p>
<p>Le produit de l’émission est exclusivement utilisé pour financer ou refinancer, partiellement ou en totalité, des projets sociaux nouveaux et/ou en cours et il doit respecter les <a href="https://iilab.fr/wp-content/uploads/2019/01/II-LAB-Obligations-Sociales-FR.pdf">principes</a> des investissements socialement responsables (ISR).</p>
<p>L’avantage principal des social bonds réside dans la capacité à financer des projets à fort impact social à des coûts relativement bas. Les social bonds sont fréquemment émis à des <a href="https://www.umoatitres.org/fr/bons-social-covid-19-plus-de-1-000-milliards-de-fcfa-mobilises-sur-le-marche-">taux faibles, voire plafonnés</a>. Dans ces conditions, il s’avère difficile pour les investisseurs de spéculer sur les marchés secondaires.</p>
<p>L’autre avantage réside dans le fait que les émissions se font fréquemment par placement privé (c’est-à-dire par le biais d’une émission réservée à un nombre limité d’investisseurs), ce qui permet d’éliminer toute possibilité de spéculation sur la dette des émetteurs.</p>
<p>Les social bonds représentent un levier pour les acteurs publics et privés pour réaliser ou valoriser des missions à fort impact social.</p>
<p>Au-delà des investisseurs socialement responsables, il existe aujourd’hui sur le marché des capitaux, des prêteurs privés et publics qui investissent particulièrement sur les social bonds (gestionnaires d’actifs et fonds d’investissement, banques, institutions centrales, fonds de pension et assurances, etc.). L’élargissement de la base des investisseurs offre ainsi des opportunités aux États et entreprises pour financer leurs projets sociaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1263748531132784640"}"></div></p>
<p>Depuis un demi-siècle, plusieurs formes de finance durable ont été initiées partout dans le monde afin de panser les plaies des exclus et des plus démunis face aux crises et aux chocs économiques. Les formes les plus illustres restent :</p>
<ul>
<li><p>les tontines (placement collectif ou mode d’achat à plusieurs d’un bien mobilier ou immobilier) et la finance solidaire (épargne placée sur des produits financiers solidaires) : système d’entraide en Afrique, en Asie ou en France (<a href="http://www.caisse-solidaire.fr/">Caisse solidaire</a>, <a href="https://www.adie.org/">Association pour le droit à l’initiative économique</a>) ;</p></li>
<li><p>les systèmes d’épargne-crédit avec la création de la <a href="http://www.grameen.com/">Grameen Bank</a> au Bangladesh en 1983 par exemple ;</p></li>
<li><p>le microcrédit et la microfinance dans les années 1970 avec des banques de proximité (« banques villageoises ») et des institutions de microfinance (IMF) qui permettent aux exclus du système bancaire d’accéder à des services financiers ;</p></li>
<li><p>la finance éthique durant les années 1980-1990 qui intègre des critères extrafinanciers dans les décisions de placements et la gestion de portefeuille et favorise les fonds investis dans l’économie « verte et vertueuse » qui valorise la dignité humaine ;</p></li>
<li><p>plus près de nous, la finance islamique qui bénéficie d’aménagements fiscaux en France depuis 2008 et qui recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la charia, qui supposent notamment l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude ou de la spéculation.</p></li>
</ul>
<p>Mais cette finance durable reste avant tout liée à des actions de proximité portant sur des petits projets et centrée sur les individus, a priori peu compatible avec les besoins de financement urgents et spécifiques liés à la gestion de la crise sanitaire et de ses impacts.</p>
<p>En effet, l’épidémie mondiale du coronavirus a placé les États et les entreprises devant la nécessité d’emprunter massivement sur les marchés obligataires à l’échelle locale et internationale pour faire face à la hausse de leurs dépenses de fonctionnement.</p>
<h2>Intégrer la durabilité à grande échelle</h2>
<p>Entre février et mai 2020, les émissions locales de [titres Covid-19] des entreprises et banques chinoises répertoriées sur Cbonds (http://cbonds.com/) ont ainsi atteint l’équivalent de 24 milliards de dollars pour des maturités comprises entre 3 et 18 mois.</p>
<p>Sur le marché international, un pays en développement comme le <a href="https://latinlawyer.com/article/1227068/guatemala-makes-landmark-social-bonds-issuance-to-fight-covid-19">Guatemala</a> a réalisé une émission d’obligations Covid-19 d’une valeur de 500 millions de dollars US pour une maturité de douze ans.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/343799/original/file-20200624-132996-6og16e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://cbonds.com/">Cbonds</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En Afrique, la Banque africaine de développement a levé <a href="https://fnh.ma/article/alaune/covid-19-la-bad-emet-la-plus-importante-obligation-sociale-jamais-lancee-sur-les-marches">3 milliards de dollars</a> sur une durée de trois ans pour aider les pays africains à financer leur plan de riposte contre le Covid-19.</p>
<p>La Banque mondiale pour son compte a mobilisé <a href="https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2020/04/15/world-bank-raises-record-breaking-usd8-billion-from-global-investors-to-support-its-member-countries">8 milliards de dollars</a> sous forme d’obligations durables destinées à aider les pays en développement à renforcer leurs systèmes de santé.</p>
<p>Sur la période allant de février à mars 2020, les taux d’intérêt appliqués varient entre 0,75 % et 7,3 % malgré le contexte de tension sur les marchés financiers.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/343797/original/file-20200624-132996-1xeec6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dispersion des taux d’intérêt de 198 émissions (Chine, Guatemala, pays de l’Union monétaire et économique ouest-africaine, et Banque africaine de développement).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://cbonds.com/">Cbonds</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À plus long terme, on peut imaginer que la crise du Covid-19 ne sera pas neutre sur le paradigme standard de la finance. Une finance plus durable basée sur la responsabilité sociale pourrait ainsi servir d’amortisseur des crises à venir.</p>
<p>Cette finance durable s’avère certes multiforme, mais la nouveauté est que la crise du Covid-19 l’a fait évoluer d’un modèle de finance intermédiée transitant par les banques et autres institutions de microfinance vers un modèle de finance « marchéisée » par le biais d’instruments tels que les social bonds.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141403/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La crise sanitaire a conduit à une émission record de ces obligations qui visent à financer l’accès à l’éducation, à la santé ou à l’emploi.Dhafer Saidane, Full Professor - Head of the Msc Corprate Financial Management - Lille and Suzhou, SKEMA Business SchoolBabacar Sène, Directeur du Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA) et du Laboratoire d’Ingénierie Financière et Economique (LIFE), professeur agrégé en économie spécialisé en Monnaie et Finance, Université Cheikh Anta Diop de DakarNabil Jedlane, Professeur de sciences économiques et Chef de département Management de l'École nationale de gestion et commerce de Tanger, Université Abdelmalek EssaadiLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1414962020-06-29T19:07:31Z2020-06-29T19:07:31ZDettes publiques : le Covid-19 augmente la contagion sur le marché des obligations d’État<p>La pandémie liée à la propagation du coronavirus a engendré une récession économique mondiale d’amplitude rarement observée dans l’histoire économique, comparable en cela à un phénomène dit de « <a href="http://www.cepii.fr/BLOG/bi/post.asp?IDcommunique=803">désastre</a> », tel que défini par l’économiste Robert J. Barro.</p>
<p>La nature des chocs qui ont frappé les économies, mélange de chocs d’offre et de demande négatifs associés à une hausse vertigineuse de l’incertitude, ainsi que leur amplitude, ont durement touché l’activité économique.</p>
<p>De leur côté, les marchés financiers ont connu des évolutions diverses. Les marchés d’actions ont d’abord fortement chuté puis se sont <a href="https://theconversation.com/bourses-le-covid-19-aura-encore-confirme-la-deconnexion-avec-leconomie-reelle-140807">rapidement rééquilibrés</a> sous l’effet notamment des interventions massives des banques centrales, mais aussi de certains secteurs qui ont profité de cette crise, notamment le secteur des <a href="https://www.bbc.com/news/business-51706225">technologies de l’information</a>.</p>
<p>Les prix du pétrole ont subi une baisse massive de 75 % depuis le début de l’année 2020, pour rebondir légèrement autour de 40 dollars le baril de Brent fin juin, le prix de certains contrats futurs basculant même en <a href="https://theconversation.com/on-brade-le-petrole-137261">territoire négatif</a> à la clôture du marché le 20 avril 2020.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1254853742295347200"}"></div></p>
<p>Par ailleurs, face à l’ampleur de la pandémie, une baisse historique ainsi qu’un effet de contagion ont été observés sur le marché mondial des taux d’intérêt souverains, c’est-à-dire les taux d’intérêt sur les obligations émises par les États pour financer leur dette publique.</p>
<p>L’évolution de ces taux a des implications cruciales sur les finances des États car on sait désormais que les dépenses des gouvernements vont fortement croître pour financer les mesures extraordinaires de soutien à l’économie pendant la récession due au Covid-19, évaluées dans leur ensemble à <a href="https://blogs.imf.org/2020/05/20/tracking-the-9-trillion-global-fiscal-support-to-fight-covid-19/">9 000 milliards de dollars US</a> selon le Fonds monétaire international.</p>
<h2>Une chute exceptionnelle</h2>
<p>Le taux d’intérêt à long terme de référence sur ce marché est le taux souverain à 10 ans de l’économie américaine. Comme lors de toutes les crises mondiales récentes, le taux d’intérêt américain a chuté, à la suite de la hausse de la demande d’actifs sûrs, dans un réflexe grégaire de fuite vers la qualité.</p>
<p>Après le choc Covid-19, ce taux est passé d’environ 2 % à fin décembre 2019 à un niveau oscillant entre 0,6 % et 0,7 %, soit le niveau le plus bas jamais enregistré.</p>
<p>Certes, les taux d’intérêt des obligations d’État américaines s’inscrivent dans une tendance baissière de long terme, depuis le début des années 1980 – à relier à la baisse du potentiel de croissance du produit intérieur brut (hypothèse de <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2016-1-page-145.htm">stagnation séculaire</a>) – mais ce point bas reste remarquable.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/344101/original/file-20200625-33533-10do46y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Évolution mensuelle du taux d’intérêt des obligations d’État américaines à 10 ans. Federal Reserve Bank of St Louis. Dernier point en mai 2020 (0,67 %).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fred database</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un aspect intéressant à considérer dans ce contexte est la manière dont la contagion se propage au sein du marché mondial des obligations souveraines. Nous supposons ici que la contagion se manifeste à travers la propagation des chocs d’un pays à un autre, via de forts mouvements des prix et des quantités.</p>
<p>Dans un premier temps, observons les relations entre les pays au sein de ce marché global, sur une longue période (du 3 janvier 2006 au 13 avril 2020), sans focaliser sur la crise du Covid-19.</p>
<p>L’analyse porte sur des données relatives au rendement des titres souverains à 10 ans, jour par jour, pour un ensemble de pays industrialisés et émergents, à savoir États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Chine, Brésil et Afrique du Sud.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/344109/original/file-20200625-33515-wtxcrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique en réseau des connexions entre pays. La taille des nœuds représente le degré de connexion du pays avec les 5 autres pays et la taille des flèches représente les connexions bilatérales entre pays.</span>
<span class="attribution"><span class="source">calcul des auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les 3 points suivants ressortent de l’analyse :</p>
<ul>
<li><p>les pays industrialisés sont très connectés entre eux ;</p></li>
<li><p>les pays émergents sont faiblement connectés entre eux ;</p></li>
<li><p>et les pays industrialisés et émergents sont faiblement connectés entre eux.</p></li>
</ul>
<p>Le rôle mineur des pays émergents sur ce marché global peut en partie s’expliquer par le manque d’ouverture du marché domestique aux investisseurs étrangers, notamment en Chine, même si la détention par des étrangers de la dette des pays émergents en monnaie locale est en <a href="https://www.bis.org/publ/bisbull05.pdf">hausse</a>.</p>
<p>Cela implique notamment qu’en cas de crise dans un pays émergent, la probabilité de contagion aux autres pays émergents est en général plutôt faible. Le contraire prévaut : une hausse marquée des taux américains aurait de grandes chances d’avoir des répercussions en Europe occidentale.</p>
<h2>Pic de contagion en 2020</h2>
<p>L’évolution au cours du temps de la contagion entre pays est aussi riche d’informations.</p>
<p>Le graphique ci-dessous présente l’évolution de la contagion mondiale mesurée sur des fenêtres glissantes d’une année.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/344117/original/file-20200625-33515-2k4ocs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Évolution de la contagion au cours du temps au sein du système.</span>
<span class="attribution"><span class="source">calcul des auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On observe que la contagion a tendance à croître avec les crises économiques et financières internationales. En particulier, le degré de contagion a connu un pic pendant la « grande récession » de 2008-2009, puis a cru ensuite sous l’effet de la récession économique liée à la crise des dettes souveraines en zone euro en 2011-2013.</p>
<p>On note également une remontée entre 2016 et 2017 liée vraisemblablement en partie aux incertitudes dues à la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne.</p>
<p>La forte augmentation de la contagion en 2020 est à relier à la récession due au Covid-19. Certes, on note une hausse systématique de la contagion sur le marché des obligations souveraines lors des crises, mais la hausse sur la période récente apparaît comme exceptionnelle face à ce choc global majeur et ce risque de désastre.</p>
<h2>Un endettement public à deux vitesses</h2>
<p>Dans le contexte actuel, cette forte hausse dans le degré de contagion au sein du système reflète le fait que les pays émergents ont également été impactés par ce choc global.</p>
<p>En fait, les investisseurs internationaux semblent opérer une discrimination entre les pays considérés comme sûrs, qui ont vu leur taux longs souverains chuter (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Chine), et les pays considérés comme risqués qui eux ont connu des fortes tensions sur leurs taux d’intérêt (Brésil, Afrique du Sud).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/344118/original/file-20200625-33528-lzka00.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Rendements des obligations d’État à 10 ans (en %).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Datastream, données journalières du 3 janvier 2006 au 13 avril 2020</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les conséquences de cette discrimination du marché sont potentiellement importantes sur la soutenabilité des dettes publiques.</p>
<p>En effet, à la suite des réponses massives des gouvernements à la crise du Covid-19 via une hausse de leurs dépenses budgétaires, les États vont devoir ainsi s’endetter sur les marchés pour financer leurs dettes.</p>
<p>Mais s’endetter à des faibles taux d’intérêt va limiter la charge de la dette et donner ainsi des marges de manœuvre aux pays considérés comme non risqués. En revanche, si la situation sur les taux perdure, les pays émergents considérés comme risqués risquent de connaître de sérieuses difficultés à rembourser leur dette dans les années à venir.</p>
<p>Il est crucial que les instances internationales prennent ce risque en compte dans les prochaines discussions. Le G20 (groupe composé de 19 pays et de l’Union européenne) a déjà mis en place un <a href="https://fr.reuters.com/article/idFRKCN21X2B4">moratoire</a> sur la dette des pays pauvres à compter du 1<sup>er</sup> mai jusqu’à la fin 2020, mais ce sujet devrait s’imposer à nouveau dans l’agenda à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141496/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Ferrara est membre du Comité Directeur de l'Association Française de Science Economique. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Capucine Nobletz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie a provoqué une baisse historique des taux des obligations d’État. Mais certains pays se retrouvent désormais beaucoup plus exposés à une crise de la dette.Laurent Ferrara, Professeur d’Economie Internationale, SKEMA Business SchoolCapucine Nobletz, Doctorante, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1383182020-05-17T18:08:54Z2020-05-17T18:08:54ZL’épineuse question de la dette privée des pays africains dans le contexte du Covid-19<p>La <a href="http://cadtm.org/IMG/pdf/toussaintmillet_origine-2.pdf#page=9">crise de 1982</a> avait déclenché un vaste programme de restructuration de la dette des pays en développement, dont un certain nombre étaient en défaut de paiement. Dans les années 1970, ces pays avaient largement bénéficié de prêts accordés par les gouvernements des pays développés, les institutions de Bretton Woods et les banques commerciales internationales, dans un contexte de montée en puissance de la liquidité mondiale largement imputable à l’<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/1970/04/HEYMANN/29589">accumulation des euro-dollars</a>.</p>
<p>Après de longues périodes de négociations entre créanciers et États en défaut de paiement, un consensus s’est dégagé à travers le <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/12/27/dette-le-plan-brady_4162931_1819218.html">plan Brady</a> qui a permis une restructuration de la dette de 18 pays. Ce plan était fondé sur des mécanismes d’échanges de dettes bancaires contre des titres obligataires.</p>
<h2>Comment la crise de 1982 a contribué à instaurer un cadre institutionnel fondé sur les clauses d’action collective</h2>
<p>Au début des années 2000, après plusieurs réflexions et concertations, le comité monétaire et financier (CMFI), l’organe consultatif du Conseil des gouverneurs du FMI, propose deux mécanismes de restructuration de la dette souveraine (MRDS). La première approche, plus souple pour les débiteurs, reposait sur un cadre juridique légal de restructuration de la dette. Une seconde, plus compliquée, basée sur l’introduction de clauses d’action collective (CAC) dans les émissions de titres souverains, a été retenue par les créanciers privés. En langage simple, les <a href="https://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/sdrmf.htm">clauses d’action collective</a> permettent aux détenteurs d’obligations de se mettre d’accord sur la restructuration de la dette, même si certains d’entre eux s’y opposent, à condition que la majorité soit d’accord.</p>
<p>Les CAC sont des dispositifs de résolution que les créanciers peuvent déclencher à la suite d’un défaut souverain. C’est la règle de la majorité qualifiée qui est appliquée, en principe entre 75 % et 85 % des votants. Les créanciers minoritaires sont obligés de suivre la majorité favorable à la restructuration proposée par le pays débiteur. Ces CAC représentent certes des solutions permettant de résoudre des problèmes liés à une situation de défaut ; ces solutions sont toutefois très compliquées à mettre en œuvre car les créanciers sur le marché des eurobonds sont très nombreux et dispersés. En cas d’échec, certains créanciers peuvent assigner en justice les États en défaut pour les obliger à payer ou revendre les titres à des fonds vautours.</p>
<h2>Une crise sanitaire accélératrice des défauts de paiement</h2>
<p>La crise du Covid-19 est en train de mettre à l’épreuve les mécanismes de gestion de la dette commerciale des pays en développement. Des moratoires et décaissements via les guichets du FMI et d’autres institutions financières multilatérales ont été accordés à de nombreux pays en difficulté, mais ces mesures d’urgence portent uniquement sur les dettes bilatérale et multilatérale.</p>
<p>Les graphiques suivants montrent que la dette des pays en développement a connu des mutations profondes au cours de ces dernières années. En 2019, le stock de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire a atteint <a href="https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2019/10/02/debt-stocks-of-developing-countries-rose-to-78-trillion-in-2018-world-bank-international-debt-statistics">7 800 milliards de dollars US</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334362/original/file-20200512-175246-1fe7ajl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Source : FSE (2020).</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis l’annonce des premiers cas confirmés de Covid-19, les rendements et les primes de risque sur les marchés secondaires <a href="https://theconversation.com/la-dette-des-etats-dafrique-subsaharienne-a-lepreuve-du-covid-19-136762">ont fortement réagi à la situation d’incertitude créée par la pandémie</a>. Cette situation, si elle perdure encore, peut entraîner, dans un futur proche, des <a href="https://www.life-sn.org/wp-content/uploads/2020/04/Working_Paper_Avril_2020_N%C2%B04.pdf">défauts en cascade</a>. À titre d’exemples, entre mars et avril 2020, l’Équateur, l’Argentine et le Liban sont entrés en situation de défaut technique – c’est-à-dire dans l’incapacité de rembourser le service de la dette sur une période définie – voire de défaut. Ces pays étaient déjà confrontés à des difficultés bien avant la crise sanitaire mondiale. Mais la situation actuelle a accéléré le processus de défaut de paiement dans chacun de ces trois pays.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334365/original/file-20200512-175276-196cqsr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Source : FSE (2020).</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le gouvernement argentin a proposé fin avril 2020 une restructuration d’une partie importante de ses emprunts obligataires émis en dollars sous juridiction américaine. La négociation portait sur un montant de <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-04-18/argentina-debt-offer-delays-most-principal-until-next-decade">66,5 milliards dollars US</a> et consistait à faire de nouvelles émissions à 0,5 % et 0,6 % avec des délais de grâce de trois ans. Ses créanciers, majoritairement américains, ont rejeté ce plan de restructuration, ouvrant ainsi la voie au contentieux.</p>
<h2>Quelles implications pour les besoins de financement du continent ?</h2>
<p>Étant donné le caractère très particulier de la dette privée, la question de son réaménagement doit être appréciée tant en rapport avec sa faisabilité qu’au regard de l’espace budgétaire qui serait libéré par son allègement, dans un contexte de ralentissement économique et de tarissement des sources de financement.</p>
<p>Du fait de la part relativement importante que le service de la dette représente dans le budget des États (<a href="https://www.sentresor.org/app/uploads/budget_programme_2020_2019-11-05_08-26.pdf#page=77">environ 800 milliards de francs CFA</a>, pour des recettes fiscales d’environ 2 600 milliards franc CFA, au Sénégal), un allégement de la dette totale libérerait autant de ressources qui pourraient être consacrées à endiguer la pandémie de Covid-19 et à limiter la baisse de l’activité économique qui s’en est suivie.</p>
<p>Le niveau d’amélioration de l’espace budgétaire dépendra principalement de deux paramètres :</p>
<p><strong>a) La durée de l’allègement</strong>.</p>
<p>Si l’allègement était total et portait sur une seule année, la marge de manœuvre budgétaire augmenterait du montant actuel du service de la dette. Si la durée est allongée à deux ans, la marge de manœuvre est multipliée par deux, et ainsi de suite. Dans le cadre de l’arrangement en cours, la durée considérée est d’une année.</p>
<p><strong>b) La part de la dette qui est couverte</strong>.</p>
<p>Dans l’arrangement actuel, la dette privée n’est pas concernée par les mesures prises. Ce qui implique que la marge de manœuvre que gagnent les États se réduirait au montant du seul service des dettes bilatérale et multilatérale alors que la dette privée a connu une hausse considérable ces dernières années. Toutefois, le 30 avril 2020, le Club de Paris et l’Institut de Finance Internationale regroupant les créanciers privés ont organisé une rencontre virtuelle pour discuter d’une initiative de suspension du service de la dette (ISSD). Malgré quelques réserves, les créanciers privés ont soutenu l’initiative. Celle-ci vise à accorder des moratoires aux emprunteurs qui en feront la demande.</p>
<p>Si un moratoire de la dette privée constituerait une énorme bouffée d’oxygène pour les États africains, sa mise en œuvre, quoique probable, n’est pas pour autant garantie. Par ailleurs, les coûts pour les économies africaines devraient en être évalués. Un important coût à considérer est lié aux notations de nos économies.</p>
<p>Parmi les <a href="https://tradingeconomics.com/country-list/rating">22 États africains notés par Standard & Poors</a>, 19 ont reçu la note BB+ ou moins, dont 4 sont dans la catégorie CCC, qui sont les pays pour lesquels le risque de défaut est le plus élevé (Angola, Mozambique, Zambie et RD Congo).</p>
<p>En résumé, quel que soit le scénario qui se présentera en rapport avec la restructuration de la dette privée des États africains, le risque est élevé qu’il ne laisse pas intacte leur capacité d’endettement international, à moyen et long terme. Ce qui réduirait d’autant leur espace budgétaire, déjà fortement entamé.</p>
<p>Pour pouvoir financer la relance post-pandémie, dans un probable contexte de récession mondiale, les États africains auront besoin de fournir beaucoup plus d’efforts pour la mobilisation des ressources domestiques.</p>
<p>Une des solutions, en cette période de crise, consisterait à préconiser l’usage de politiques monétaires plus accommodantes fondées sur des injections de liquidités plus importantes. Ce dispositif devrait systématiquement être combiné avec un contrôle strict des capitaux nécessaires – pour préserver les réserves de change et empêcher une forte dépréciation des monnaies nationales – et d’une baisse considérable des taux d’intérêt (taux directeurs à 0 %). Mais cette solution est peu envisageable pour les pays à faible revenu, contrairement aux pays ayant des institutions plus fortes et une économie plus diversifiée et qui attirent beaucoup plus de capitaux étrangers.</p>
<p>Les estimations qui ont été effectuées au <a href="https://www.cgdev.org/sites/default/files/PP165-Gupta-DRM-Senegal-Full_0.pdf">Sénégal par Niang et Mbaye (2020)</a> indiquent également que le potentiel fiscal non réalisé dans ce pays atteint 11 % du PIB par an. Ce qui est largement supérieur aux montants dont il est question dans les discussions sur l’annulation de la dette.</p>
<p>Réaliser, ne serait-ce partiellement, le potentiel fiscal requerrait que d’importantes réformes soient menées au niveau de l’administration fiscale, en termes d’élévation du niveau du plateau et des compétences techniques, mais aussi de transparence et d’efficacité budgétaires. Un élargissement de la base productive par l’amélioration de l’environnement des affaires est par ailleurs une condition sine qua non de succès d’une telle entreprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138318/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une bonne partie de la dette des pays africains est due à des créanciers privés. Ce qui complique tout consensus sur son éventuelle restructuration pour lutter efficacement contre le Covid-19.Ahmadou Aly Mbaye, Professeur d'économie, Directeur du programme doctoral WASCAL, Université Cheikh Anta Diop de DakarBabacar Sène, Directeur du Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA) et du Laboratoire d’Ingénierie Financière et Economique (LIFE), professeur agrégé en économie spécialisé en Monnaie et Finance, Université Cheikh Anta Diop de DakarCheikh Ahmed Bamba Diagne, Directeur scientifique du Laboratoire de recherche économique et monétaire (LAREM), Université Cheikh Anta Diop de DakarLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1323202020-02-27T19:52:07Z2020-02-27T19:52:07ZLa Bourse régionale des valeurs mobilières, instrument majeur de l’économie ouest-africaine<p>En 1993, le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a décidé de créer une <a href="https://www.brvm.org/">Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM)</a> commune aux huit pays membres : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, la Guinée Bissau, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le processus de mise en place de la Bourse régionale s’est déroulé en plusieurs étapes et a abouti au démarrage de ses activités en 1998. Elle dispose d’antennes nationales au niveau de chaque pays membre. Ses principales missions sont d’organiser le marché boursier, la cotation et la négociation des valeurs mobilières, la diffusion des informations boursières, la promotion et le développement du marché.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-congolaise-de-gestion-2018-2-page-75.htm">Notre recherche</a> sur ce sujet est motivée par le fait que malgré la multitude des études empiriques sur la performance des fonds mutuels (<a href="http://finance.martinsewell.com/fund-performance/Ippolito1989.pdf">Ippolito, 1989</a> ; <a href="https://econpapers.repec.org/article/cupjfinqa/v_3a29_3ay_3a1994_3ai_3a03_3ap_3a419-444_5f00.htm">Grinblatt et Titman, 1994</a> ; <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1540-6261.1995.tb04800.x">Brown et Goetzmann, 1995</a> ; <a href="https://www.amazon.com/Random-Investing-Burton-Malkiel-2007-01-30/dp/B01K3OLMXQ">Malkiel, 2007</a>), aucune étude scientifique ne s’est réellement penchée sur les stratégies et décisions d’investissement appliquées par les gestionnaires de ces fonds dans l’UEMOA, encore moins sur leurs performances, d’où la nécessité de combler cette lacune.</p>
<p>L’objectif de la proposition est double : (1) Porter un jugement sur la performance des fonds mutuels et la justification de leur raison d’être ; (2) Détecter les meilleurs fonds mutuels à travers un classement selon leur <a href="https://www.pearson.fr/resources/titles/27440100815470/extras/7458_chap06.pdf">performance ajustée au risque</a>.</p>
<h2>L’organisation de la gestion collective des valeurs mobilières</h2>
<p>Afin de faciliter l’investissement en actions et en obligations, et d’impulser une dynamique de développement plus forte du marché, les autorités de régulation du marché des valeurs mobilières de l’UEMOA ont mis en place un cadre réglementaire permettant l’émergence et le développement de fonds mutuels via des sociétés de gestion. Au sein de l’UEMOA, les fonds mutuels sont des portefeuilles de valeurs mobilières détenues collectivement par des investisseurs institutionnels – ou particuliers qui en délèguent la gestion à une société de gestion de placement collectif.</p>
<p>Ces fonds mutuels ont été institués à la BRVM grâce à l’instruction <a href="http://www.crepmf.org/Wwwcrepmf/Reglementation/pdf/Instructions/INSTRUCTION%20021.pdf">n° 21/99 du 2 juillet 1999</a> relative à la classification des organismes de placement collectif en valeurs mobilières. Cette instruction précise dans son article premier :</p>
<blockquote>
<p>« La gestion collective des valeurs mobilières s’effectue au sein des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). »</p>
</blockquote>
<p>Les principaux avantages des fonds mutuels pour les clients (particuliers, investisseurs institutionnels) sont la sécurité des placements (du fait de la diversité des investissements), la souplesse (grâce aux liquidités dont disposent les fonds) et la simplicité de fonctionnement (la gestion des actifs du fonds mutuels étant déléguée à un gestionnaire).</p>
<p>Le graphique suivant présente la répartition des actifs gérés par les OPCVM :</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Répartition des actifs gérés par les OPCVM de l’UEMOA au 31 décembre 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On constate que les Fonds mutuels de l’UEMOA investissent avant tout sur la catégorie obligations, avec plus de 40 % des encours, ce qui est peut-être une indication qu’une bonne partie des investisseurs veulent prendre moins de risques.</p>
<h2>Un développement spectaculaire</h2>
<p>La gestion collective de l’épargne des agents économiques investie en valeurs mobilières par les professionnels à travers les fonds mutuels a connu un développement spectaculaire au cours des dernières années à la bourse régionale.</p>
<p>Les deux premiers fonds mutuels ont vu le jour 26 juin 2000 ; depuis, cette forme de gestion d’actifs ne cesse de se développer. Le nombre de fonds créés a progressé de manière remarquable : fin 2016, on compte sur le marché 57 fonds mutuels dont 1 Société d’investissement à capital variable (SICAV) diversifiée, 3 fonds communs de placement (FCP) obligations à court terme, 13 FCP obligations à moyen et long termes, 9 FCP actions et 31 FCP diversifiés (dont 5 fonds communs de placement d’entreprise, FCPE).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nombre d’OPCVM gérés par SGO à la BRVM au 31 décembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces dernières années, des flux d’investissement très importants ont été dirigés vers les organismes de placement commun en valeurs mobilières. Le montant des actifs gérés par les sociétés de gestion a connu une expansion extraordinaire et se chiffre en 2016 à 665,38 milliards de FCFA contre 279,66 milliards en 2015, soit une progression de 57,97 % par an.</p>
<p>Ce dynamisme s’explique, sans doute, par une multiplication de l’offre, avec la création de nouvelles sociétés de gestion.</p>
<h2>Les bonnes performances des fonds mutuels</h2>
<p>L’<a href="https://www.cairn.info/revue-congolaise-de-gestion-2018-2-page-75.htm">étude</a> de la performance des fonds mutuels sur un échantillon de 13 fonds communs de placement à la BRVM faisant partie des catégories obligations, actions et diversifiés, sur la période allant du 2 septembre 2013 au 16 décembre 2016, à travers trois indicateurs de performance ajustée au risque – le <a href="https://www.andlil.com/definition-du-ratio-de-sharpe-130658.html">ratio de Sharpe modifié</a>, le <a href="http://www.clubampere.org/glossaire/ratio-dinformation/">ratio d’information</a> et le <a href="http://www.performance-metrics.eu/papers/measure/Treynor_Mazuy_1966_Short_Description.pdf">ratio de Treynor-Mazuy</a> –, montre que les fonds mutuels de la BRVM sont en moyenne plus performants que l’<a href="https://www.sikafinance.com/analyses/chronique-comprendre_les_indices_boursiers-86">indice BRVM Composite</a>. Celui-ci représente la valeur moyenne des l’ensemble des actions cotées à la bourse.</p>
<p>En outre, les gestionnaires de fonds mutuels à la BRVM possèdent de réelles capacités en termes de sélectivité et d’anticipation du marché. De tels résultats justifient l’intérêt d’investir dans ces types de placements financiers. Enfin, le classement par catégories indique que les fonds mutuels les plus performants sont FCP actions, suivis des fonds FCP diversifiés. Les FCP obligations sont les moins performants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132320/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Modou Dieng ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La bourse régionale des valeurs mobilières de l’Afrique de l’Ouest joue un rôle majeur dans la mobilisation l’épargne locale via les investisseurs institutionnels.Modou Dieng, Enseignant-chercheur en économie, Université Alioune Diop de BambeyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.