tag:theconversation.com,2011:/es/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112/articlespetites et moyennes entreprises (PME) – The Conversation2024-03-25T10:51:38Ztag:theconversation.com,2011:article/2261442024-03-25T10:51:38Z2024-03-25T10:51:38ZEntrepreneurs, comment faire face à la solitude du dirigeant ?<p>La vie d’un entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille, notamment lors des premières années suivant la création de son organisation. Le créateur d’entreprise se trouve notamment confronté à un fort sentiment d’isolement, généré par l’incertitude et la complexité de l’environnement, la peur de l’échec, le poids des responsabilités, les préjugés à l’égard des chefs d’entreprise et la difficulté à concilier vie personnelle et vie professionnelle. En effet, une <a href="https://presse.bpifrance.fr/download?id=17144&pn=a63a9cc8e1d38a3ef0fca1a0169b52bd.pdf">étude</a> montre que 45 % des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dirigeants-dentreprise-143599">dirigeants</a> de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME) ou d’entreprise de taille intermédiaire (ETI) déclarent se sentir isolés pour ces raisons.</p>
<p>Dans la littérature, le sentiment d’isolement est décrit comme une émotion néfaste qui affecte le bien-être de l’individu. En psychologie, la solitude est perçue comme un <a href="https://psycnet.apa.org/record/2006-21836-011">ensemble de sentiments complexes</a> ressenti lorsque les besoins d’un individu ne sont pas satisfaits. Cette solitude peut être inhérente à la personnalité de l’entrepreneur, telle que la timidité, la faible estime de soi, ou résulter de facteurs personnels ou professionnels.</p>
<h2>« J’avais besoin de soutien »</h2>
<p>La solitude peut être à la fois <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-entrepreneuriat-2010-1-page-82.htmUR">objective et/ou subjective</a>. La solitude objective se manifeste par une privation de compagnie humaine, tandis que la solitude subjective est un état d’âme ressenti émotionnellement. Nos études sur les <a href="https://www.cairn.info/les-faces-cachees-de-l-entrepreneuriat--9782376873341-page-160.htm">entrepreneurs marginalisés et/ou précaires</a> ont notamment mis en évidence la vulnérabilité de ces individus, notamment les <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315794570-11/supporting-training-female-necessity-entrepreneurs-walid-nakara-nesrine-bouguerra-alain-fayolle">femmes</a> ou les <a href="https://www.amazon.fr/Perception-lEntrepreneuriat-chez-jeunes-difficult%C3%A9s/dp/6202261242">jeunes issus de quartiers défavorisés</a>. Quelle que soit sa forme, la solitude ressentie par les entrepreneurs et chefs d’entreprise peut et doit être endiguée ou minimisée.</p>
<p>Pour lutter contre l’isolement des entrepreneurs, une première approche consiste à réduire la solitude objective par la solidarité entrepreneuriale. Ainsi, les espaces de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/coworking-27599">coworking</a>, les chambres de commerce et d’autres réseaux professionnels favorisent une meilleure intégration des entrepreneurs et peuvent contribuer à surmonter l’isolement.</p>
<p>Un entrepreneur que nous avons rencontré dans le cadre de nos recherches en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Travailler dans un espace de coworking m’a permis d’échanger avec mes pairs […] j’ai réalisé que je n’étais pas seul […] j’ai trouvé mon premier client grâce à un contact rencontré lors d’un événement réseau organisé par la chambre de commerce ».</p>
</blockquote>
<p>Le deuxième conseil pour combattre la solitude subjective est de privilégier l’entrepreneuriat collectif. Les structures d’accompagnement, telles que les coopératives d’activités et les sociétés de portage, réduisent le risque juridique et offrent un contrat d’entrepreneur salarié, conciliant autonomie de l’entrepreneur et protection sociale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/582778/original/file-20240319-16-yj9a8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’entrepreneuriat collectif, un levier pour limiter la solitude subjective.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1432563">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Notre recherche auprès d’une société coopérative et participative (SCOP) révèle que, sur les 100 nouveaux porteurs de projets intégrant la coopérative, 30 se sont immatriculés principalement pour rompre l’isolement et tisser des partenariats. Un entrepreneur détaille son choix :</p>
<blockquote>
<p>« Je ne pouvais plus tout gérer seul […] j’avais besoin de soutien […] mon comptable et mon assurance étaient onéreux […] seul, je ne pouvais pas répondre à certaines demandes ou viser d’autres marchés ».</p>
</blockquote>
<p>Le modèle de cette SCOP illustre le succès de l’entrepreneuriat collectif dans la réduction de l’isolement. Alors que les faillites inquiètent parmi les très petites entreprises (TPE), le taux de pérennité à 5 ans des SCOP augmente, atteignant <a href="https://www.les-scop.coop/chiffres-cles-2023">76 % en 2023 contre 61 %</a> pour l’ensemble des entreprises françaises.</p>
<h2>Mieux accepter l’échec</h2>
<p>Ce succès s’explique notamment par un meilleur accompagnement, un réseau solide et un soutien efficace aux entrepreneurs. Le mode de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/entrepreneuriat-25460">l’entrepreneuriat</a> collectif prôné par ces coopératives montre une vraie réussite dans l’accompagnement, le réseautage et le soutien aux entrepreneurs luttant par là même contre l’isolement des entrepreneurs.</p>
<p>Au-delà de la lutte contre l’isolement, il reste par ailleurs essentiel de s’appuyer sur d’autres leviers pour renforcer l’activité entrepreneuriale.</p>
<p>À court ou moyen terme, cela passe en particulier par un changement des mentalités et une meilleure acceptation de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/echec-47709">l’échec</a>. Diminuer l’écart entre ceux qui aspirent à entreprendre et ceux qui franchissent le pas nécessite une valorisation accrue du risque et une meilleure protection des entrepreneurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226144/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>En plus de ses activités d'enseignant, Farba Ndour est directeur général de la coopérative d'entrepreneurs Crealead.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Walid A. Nakara ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La recherche a identifié plusieurs pistes pour limiter le sentiment d’isolement que de nombreux créateurs d’entreprise peuvent ressentir au moment de prendre une décision qui les engage.Walid A. Nakara, Professeur, Directeur de la Chaire BEST, Montpellier Business SchoolFarba Ndour, Professeur, ESI Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2251352024-03-13T15:57:16Z2024-03-13T15:57:16ZRéindustrialisation, décarbonation… Il ne faudrait pas oublier les entreprises de taille intermédiaire<p>En 2022, la France a émis <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/emissions-de-gaz-effet-de-serre-et-empreinte-carbone-en-2022-syntheses-des-connaissances-en-2023">404 millions de tonnes de CO₂ équivalent</a>, soit 25 % de moins qu’en 1990, année de référence pour le protocole de Kyoto. Bien qu’orientée dans la bonne direction, cette trajectoire de réduction doit encore s’accélérer pour atteindre les <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/green-deal/fit-for-55-the-eu-plan-for-a-green-transition/">objectifs fixés</a> : une baisse de 55 % des gaz à effet de serre d’ici 2030 et la neutralité carbone à l’horizon 2050.</p>
<p><iframe id="k4EqC" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/k4EqC/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Comment la France a-t-elle réussi à <a href="https://theconversation.com/topics/transition-energetique-23303">décarboner</a> jusqu’à présent ? Sur les 136 millions de tonnes de CO<sub>2</sub> équivalent gagnées entre 1990 et 2022, 66 millions, soit près de la moitié, proviennent d’une réduction des émissions de l’industrie manufacturière.</p>
<p><iframe id="G2kqF" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/G2kqF/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Ce recul contraste très largement avec l’évolution des émissions industrielles mondiales qui, entre 2000 et 2022, ont bondi de 64 %. Plusieurs facteurs expliquent cette divergence de trajectoires et tous ne sont pas forcément positifs pour l’environnement. Tenter de les identifier, comme nous le faisons dans notre rapport « <a href="https://etilab.minesparis.psl.eu/wp-content/uploads/2023/12/etilab-decarboner-les-ETI-04dec23.pdf">Décarbonation, réindustrialisation & Entreprises de Taille Intermédiaire</a> » donne quelques clés pour penser la suite de ce mouvement global de réduction de la pollution atmosphérique.</p>
<h2>Une décarbonation « facile » jusqu’alors ?</h2>
<p>Si réduire les émissions de production est une nécessité, la question plus fondamentale est celle de l’<a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-de-la-france-de-1995-2022">empreinte carbone réelle de notre mode de vie</a>. Quand <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6474294">décarboner signifie importer plus</a>, l’empreinte française se voit <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7702892">gonflée</a> du contenu carbone de la production dans des économies moins vertueuses sur le plan environnemental. Or, la mesure des seules émissions locales ne tient pas compte du contenu importé. Dans ce cas, la décarbonation apparente peut s’accompagner en réalité d’une aggravation du problème environnemental.</p>
<p>A contrario, exporter davantage de produits plus vertueux grâce à une énergie plus décarbonée en Europe serait un gage de réduction globale des émissions, peut-être au prix d’émissions moins limitées pour ce qui concerne le Vieux continent. Réduire le déficit de notre balance commerciale tout en diminuant les émissions globale, tel est l’enjeu de la réindustrialisation verte. On est en cependant très loin aujourd’hui.</p>
<p>Si l’industrie française a réduit ses émissions depuis la signature du protocole de Kyoto, c’est en effet en partie car elle a connu une <a href="https://www.franceindustrie.org/wp-franceindustrie/wp-content/uploads/2023/02/TABLEAU-DE-BORD-DE-FRANCE-INDUSTRIE-fevrier-2023.pdf">réduction de sa production manufacturière</a> sur la période (-11 % entre 2006 et 2022) contrairement à d’autres économies, notamment en Asie (+ 124 % entre 2006 et 2022), qui se sont fortement développées.</p>
<p><iframe id="7csFk" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/7csFk/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p><iframe id="0vX51" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/0vX51/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>L’industrie française a aussi su décarboner sa production en s’appuyant sur un meilleur mix énergétique utilisant de moins en moins de pétrole et de charbon, signal plus positif. Elle a également bénéficié d’innovations de rupture, en particulier dans la chimie qui a radicalement réduit ses émissions de protoxyde d’azote dans la fabrication d’acide adipique, d’acide nitrique et d’acide glyoxylique. De telles bonnes surprises sont cependant rares, et les prochaines innovations de rupture qui pourront engendrer de telles réductions ne sont pas encore connues.</p>
<h2>Priorités aux grands sites ? Oui, mais…</h2>
<p>Pour accompagner l’effort de décarbonation, l’Union européenne a lancé le paquet <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/green-deal/fit-for-55-the-eu-plan-for-a-green-transition/"><em>fit for 55</em></a>. La politique publique française se concentre, elle, principalement sur les 50 sites les plus émetteurs, le fameux <a href="https://www.economie.gouv.fr/actualites/transition-ecologique-strategie-accelereration-decarbonation-sites-industriels">top 50</a>. Objectif fixé par le président de la République le 8 novembre 2022 : diviser par deux les émissions industrielles françaises des cinquante sites les plus polluants au cours de la prochaine décennie avec 54 milliards d’euros mis sur la table pour accompagner le mouvement. Fin janvier, le premier ministre Gabriel Attal a annoncé une <a href="https://www.bfmtv.com/economie/pollution-le-gouvernement-veut-cibler-les-50-sites-industriels-qui-mettent-le-plus-de-plastique-sur-le-marche_AV-202401300697.html">démarche similaire</a> en direction des 50 sites mettant le plus d’emballages plastiques sur le marché.</p>
<p>Certes, ces sites représentent à eux seuls près de 60 % des émissions industrielles et constituent incontestablement une cible de choix pour la décarbonation. Ils sont en outre surtout actifs dans les secteurs de la métallurgie, des matériaux de construction et de la chimie. Ces sites produisent les biens « simples » nécessaires à la fabrication des biens industriels plus complexes. La décarbonation de ces sites aura donc un impact direct sur leurs émissions, mais aussi un impact indirect pour les autres secteurs. Accompagner l’effort de ces sites favorise de plus leur maintien sur le territoire, ce qui est une question de souveraineté qui légitime elle aussi une telle intervention.</p>
<p>L’intérêt porté aux 50 sites les plus émetteurs ne doit pas pour autant faire passer sous le radar le reste de l’industrie, qui représente tout de même 40 % des émissions industrielles, l’essentiel de l’emploi du secteur et la clé de voûte d’une potentielle réindustrialisation verte du pays. Contrairement aux 50 sites les plus émetteurs, cette industrie diffuse s’étend sur un grand nombre de secteurs et sur l’ensemble du territoire. Compte tenu du nombre d’entreprises, il est difficilement concevable d’engager un dialogue particulier avec chacune d’entre elles : le pouvoir public ne paraît pas pouvoir utiliser la recette appliquée aux 50 sites.</p>
<p>Alors comment faire ?</p>
<h2>Que faut-il décarboner ?</h2>
<p>Pour saisir le problème de la décarbonation de l’industrie diffuse, il est important de rappeler qu’il existe deux types d’émissions : les émissions de « procédés » et les émissions de « combustion ». Les émissions de « procédés » sont inhérentes à la réaction chimique nécessaire à la production. Par exemple, la production de ciment implique le chauffage à très haute température d’un mélange de calcaire, d’argile et de sable dégageant des gaz à effet de serre. Les émissions de « combustion » proviennent, quant à elles, des énergies utilisées pour permettre la combustion. Par exemple, les hauts fourneaux sidérurgiques utilisent du charbon qui, en brûlant, dégage, des gaz à effet de serre.</p>
<p>La décarbonation des « procédés » est avant tout un problème d’innovation. Pour réduire ces émissions, il faut inventer une nouvelle manière de produire, utiliser une autre réaction chimique qui dégage moins de gaz à effet de serre. Des solutions ont été découvertes, comme le <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/ciment-sans-clinker-la-solution-davenir-129691/">ciment sans clinker</a> qui est produit à froid et consomme moins d’énergie, d’autres sont en cours de développement.</p>
<p><iframe id="v0K4I" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/v0K4I/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Pour réduire les émissions de « combustions », il faut remplacer une énergie par une autre moins émettrice, c’est par exemple remplacer un four à gaz par un four électrique, ou substituer un moteur électrique à un moteur à fuel. Ce sont ces économies de « combustions » qui semblent les plus accessibles dans l’économie diffuse. L’industrie manufacturière a déjà abandonné les sources fossiles les plus émissives pour passer au gaz, énergie majoritaire dans tous les secteurs à l’exception de la métallurgie des métaux ferreux qui repose structurellement sur l’usage de la houille. La réduction des émissions de l’industrie diffuse devra s’appuyer sur un grand effort d’électrification.</p>
<h2>Décentraliser et coopérer</h2>
<p>Les clés du succès semblent détenues par la puissance publique et par les entreprises elles-mêmes. Le rôle de la puissance publique est d’informer et de soutenir en prenant au maximum en compte les particularités sectorielles et locales. La <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/loi-portant-sur-nouvelle-organisation-territoriale-republique-notre">loi NOTRe</a> du 7 août 2015 qui donne à la région la responsabilité du développement économique et durable peut être un vecteur important de réussite, tout comme le développement de politiques industrielles territorialisées, si suffisamment de moyens lui sont donnés. La <a href="https://www.impots.gouv.fr/sites/default/files/media/1_metier/2_professionnel/2024-02-2142--fiche-cvae-reforme-2024-com-impots.gouv.pdf">suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée</a> (CVAE), en diminuant l’indépendance des collectivités territoriales, ne va pas dans ce sens.</p>
<p>De leur côté, les entreprises peuvent faciliter la décarbonation en coopérant et en partageant leurs expériences. La création d’un réseau est le moyen le plus sûr et le plus rapide de favoriser la propagation des bonnes pratiques et la reproduction des solutions qui fonctionnent.</p>
<p>Gageons que l’industrie française pourrait être exemplaire en la matière, grâce à une électrification de l’industrie, qui constitue la prochaine poche de réduction des émissions à exploiter. Grâce aussi à une main-d’œuvre de grande qualité, et grâce à un maillage de politique publique, national et régional, qui pourrait massivement utiliser la coopération locale et l’expérimentation dans un tissu industriel diffus constitué d’entreprises plus petites et moins connues que les grandes, majoritaires dans le top 50, et néanmoins <a href="https://etilab.minesparis.psl.eu/wp-content/uploads/2023/06/Lettre-5.pdf">prédominantes dans l’emploi industriel</a>. D’une pierre, trois coups…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225135/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Fleckinger est titulaire de la chaire de recherche et d'enseignement etilab, accueillie par la Fondation Mines Paris. Au titre du mécénat, la chaire etilab reçoit des financements publics et privés de la Région Île-de-France, du club ETI Île-de-France, du METI, de Mazars, du Crédit Agricole d'Île-de-France, d'Acorus, de Diot-Siaci, d'ETPO, de Réseau DEF, de Septodont et de Socotec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Prevet est directeur exécutif de la chaire de recherche et d'enseignement etilab, accueillie par la Fondation Mines Paris. Au titre du mécénat, la chaire etilab reçoit des financements publics et privés de la Région Île-de-France, du club ETI Île-de-France, du METI, de Mazars, du Crédit Agricole d'Île-de-France, d'Acorus, de Diot-Siaci, d'ETPO, de Réseau DEF, de Septodont et de Socotec.
</span></em></p>La politique industrielle et environnementale française cible les plus grands sites de production. Il ne faudrait pas pour autant négliger les ETI qui appellent des politiques différentes.Pierre Fleckinger, Professur d'économie, chercheur associé à Paris School of Economics, titulaire de la chaire etilab, Mines Paris - PSLAntoine Prevet, Directeur exécutif Chaire etilab, Chercheur en économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2245852024-03-10T16:45:12Z2024-03-10T16:45:12ZRéconcilier le capital et le travail : comment étendre l’actionnariat salarié aux PME ?<p>Une <a href="https://theconversation.com/topics/inflation-28219">inflation</a> qui pénalise le pouvoir d’achat et, en parallèle, des annonces en série de <a href="https://theconversation.com/dou-viennent-les-profits-record-des-compagnies-petrolieres-et-a-quoi-servent-ils-199797">dividendes records</a> pour les <a href="https://theconversation.com/topics/actionnariat-24609">actionnaires</a> des grandes entreprises : voilà de quoi relancer le débat sur le partage de la valeur. La <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048480565">loi de novembre 2023</a> destinée à l’améliorer, grâce à la généralisation de primes par exemple, s’applique certes aux bénéfices mais pas au <a href="https://theconversation.com/topics/capital-29595">capital</a>.</p>
<p>Un développement de l’actionnariat salarié serait-il envisageable ? Cette option aurait également l’avantage de répondre au défi de la transmission des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI). D’autres pays l’ont compris. Quand bien même le combat pour la présidentielle s’annonce des plus âpres aux États-Unis, démocrates et républicains ont déposé une proposition commune pour accorder des <a href="https://www.nceo.org/employee-ownership-blog/employee-equity-investment-act-introduced-both-houses-bipartisan-support">prêts garantis par l’État lorsque des entreprises sont reprises par des salariés</a>. Le modèle américain est d’ailleurs <a href="https://www.carenews.com/carenews-pro/news/maxime-baduel-nous-souhaitons-rendre-l-economie-sociale-et-solidaire-plus-visible">étudié par le Délégué ministériel à l’Économie sociale et solidaire</a> français et est préconisé par la <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/pour-une-democratisation-du-travail-transformer-lentreprise-par-le-dividende-salarie/">Fondation Jean Jaurès</a> pour démocratiser le travail.</p>
<h2>Partager la valeur, ce n’est pas que partager un revenu</h2>
<p>Le débat sur le partage de la valeur dans l’entreprise assimile souvent à tort deux logiques pourtant bien distinctes : une logique de flux de revenus et une logique de stock de capital. Les salaires, les primes d’intéressement et de participation, le versement de dividendes aux actionnaires, voire le dividende salarié, s’inscrivent dans la première logique, celle sous laquelle le partage de la valeur est souvent évoqué. C’est ici le flux de valeur créée qui est partagé, <em>ex-post</em>.</p>
<p>Or, l’ensemble doit aussi être analysé en termes de partage du capital, <em>ex-ante</em>. Les actionnaires reçoivent des dividendes parce qu’ils détiennent des actions. Il faut aussi regarder du côté de la répartition du capital dans l’entreprise pour s’attaquer à la source du problème de partage de la valeur. Plutôt que de redistribuer la valeur créée, la partage du capital permet de la <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20220023">pré-distribuer</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1613280662995206144"}"></div></p>
<p>Nous estimons ainsi que l’accès au capital des salariés compte parmi les véritables solutions de partage de la valeur. Nos <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/cpoib-12-2022-0133/full/html">récents travaux</a> de recherche ont mis en évidence le potentiel de l’actionnariat salarié en matière de lutte contre les inégalités et la pauvreté en Amérique latine. Potentiel également souligné aux États-Unis par le <a href="https://esca.us/wp-content/uploads/2021/06/ESOP-Study-Final.pdf">rapport</a> d’un économiste de la Maison Blanche, Jared Bernstein, et le <a href="https://www.hbs.edu/faculty/Pages/item.aspx?num=61313">travail prospectif</a> proposé par Ethan Rouen, chercheur à Harvard.</p>
<p>L’actionnariat salarié présente aussi de nombreux atouts que la littérature académique a démontré. De nombreux <a href="https://wol.iza.org/articles/does-employee-ownership-improve-performance/long">travaux</a> montrent qu’il améliore satisfaction, motivation et engagement des salariés en même temps qu’il réduit le <em>turnover</em> et l’absentéisme, qu’il est un facteur de performance et de stabilité pour les entreprises, d’attractivité et de fidélisation des salariés. Il est également un moyen de partager l’information avec les salariés, notamment sur les réalités économiques de l’entreprise.</p>
<h2>Les PME sur la touche en France ?</h2>
<p>La France est le premier pays européen en termes d’actionnariat salarié avec plus de <a href="http://www.efesonline.org/Annual%20Economic%20Survey/2022/Survey%202022.pdf%22page=32">3 millions de salariés actionnaires</a> même si leur poids est en déclin ces dernières années. Elle est aussi le seul pays au monde où la <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/45f13d10-09b7-4341-9d99-94e45298e7ca/files/1a69883c-ebe0-4fa8-bdec-186afb72e200">participation aux bénéfices est obligatoire</a> pour les entreprises, ce depuis 1967.</p>
<p>Les dispositifs restent malgré cela peu développés dans les PME, types d’entreprises qui réalisent tout de même <a href="https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/tableau/60_ETP/0.62_ENT">43 % de la valeur ajoutée à partager et emploient 46 % des salariés</a>. D’après les <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/lepargne-salariale-en-2021">chiffres 2021 de la Dares,</a> seuls 19 % des PME de moins de 50 salariés mettent en place un dispositif d’épargne salariale contre près de 89 % des entreprises de plus de 1000 salariés. <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quelle-place-occupe-lactionnariat-salarie-en-2020">Présent dans 0,8 % des entreprises de moins de 50 salariés</a>, l’actionnariat salarié est surtout une réalité dans les grandes entreprises cotées en bourse et il peine à se développer ailleurs malgré les objectifs définis par le gouvernement et les incitations fiscales introduites par la loi Pacte depuis 2019.</p>
<p>De ce fait, la part de la <a href="https://ourworldindata.org/grapher/labor-share-of-gdp?tab=chart&time=2017..latest&country=FRA%7EDEU%7EITA">valeur ajoutée revenant aux travailleurs</a> français, 61 %, serait significativement inférieure à celle des travailleurs allemands, 63 %, chiffres de 2020.</p>
<h2>Des sources d’inspiration</h2>
<p>Doit-on s’y résigner ? D’autres pays ont une autre conception de l’actionnariat salarié et ont parié sur son développement dans les PME et les ETI. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, les dispositifs <a href="https://hal.science/hal-02514614/document"><em>employee stock ownership plans</em></a> (ESOP) et <a href="https://www.bdo.co.uk/en-gb/insights/tax/global-employer-services/employee-ownership-trusts-(eot)"><em>employee ownership trust</em></a> (EOT) bénéficient d’une fiscalité avantageuse qui les rendent attractifs en particulier au moment de la transmission de l’entreprise.</p>
<p>La transmission de l’entreprise est une étape cruciale de la vie d’une entreprise et un moment privilégié pour partager la valeur. <a href="https://www.tf1info.fr/vie-pro/un-chef-d-entreprise-sur-quatre-a-t-il-plus-de-60-ans-2261358.html">Un quart des dirigeants de PME ont plus de 60 ans et 11 % plus de 66 ans</a>. Dans ce contexte, l’absence de solution de transmission de l’entreprise aux salariés est un défi majeur qui menace leurs emplois. Un défi bien identifié par le <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion_fin/l16b1088_rapport-information">rapport de l’Assemblée nationale d’avril 2023 sur la partage de la valeur</a>.</p>
<p>Les modèles anglo-saxons ont des spécificités importantes. Les salariés se voient attribuer gratuitement les actions et le risque pour les salariés d’investir en actions de l’entreprise est ainsi considérablement réduit. Autre avantage important, le dirigeant qui cède une proportion significative du capital de son entreprise à ses salariés (plus de 30 %) bénéficie d’une exonération de la fiscalité sur sa plus-value, c’est le « <a href="https://www.employeeownershipfoundation.org/articles/the-esop-tax-free-rollover">tax-free rollover</a> ». Ces avantages n’existent pas en France pour les <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/plans-d-epargne-salariale-le-fcpe-de-reprise">fonds communs de placement d’entreprise (FCPE) de reprise</a>, un dispositif qui n’a permis la reprise que d’une poignée d’entreprises alors qu’il existe depuis 2006.</p>
<p>Une hybridation des différents modèles pourrait être envisagée en combinant leurs avantages : mécanismes financiers, place des salariés dans la gouvernance et incitations fiscales. Une adaptation de l’ESOP a été <a href="https://chaireterres.hypotheses.org/2827">proposée au niveau européen</a>. La France pourrait s’en inspirer et développer son propre modèle ou faire évoluer les FCPE de reprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224585/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Renaud Bourlès a reçu des financements de l'Institut Universitaire de France (entre 2018 et 2023). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Aubert ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En France, l’actionnariat salarié, malgré ses nombreux avantages mis en avant par la recherche, reste peu développé dans les petites et moyennes entreprises.Nicolas Aubert, Professeur des Universités en Finances, IAE, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille UniversitéRenaud Bourlès, Professeur des universités en Economie, Centrale MéditerranéeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2224202024-02-05T09:58:00Z2024-02-05T09:58:00ZGénération Z et entreprises du numérique : PME vs. grandes entreprises, le match de l’attractivité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/572406/original/file-20240131-19-ayudj1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C28%2C1876%2C1253&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2023, un poste sur 10 n’était pas pourvu dans le secteur du numérique
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.publicdomainpictures.net/fr/view-image.php?image=270605&picture=le-marketing-numerique">Publicdomainpictures.net</a></span></figcaption></figure><p>Les leviers permettant d’attirer la génération Z, <a href="http://pewsocialtrends.org/essay/on-the-cusp-of-adulthood-and-facing-an-uncertain-future-what-we-know-about-gen-z-so-far/psdt_generations_defined/">née après 1996</a>, vers les entreprises étant encore peu connus, s’interroger sur la pertinence des modèles d’attractivité développés pour les générations qui l’ont précédée est donc utile. Pour mieux les comprendre, nous avons mené, avec le soutien du Syndicat régional des professionnels de l’informatique et du numérique (SYRPIN), une <a href="https://openurl.ebsco.com/EPDB:gcd:16:12133584/detailv2?sid=ebsco:plink:scholar&id=ebsco:gcd:163875687&crl=c">recherche</a> sur l’attractivité des entreprises de services numériques (ESN) en Nouvelle-Aquitaine.</p>
<p>Les entreprises de ce secteur, très petites entreprises (TPE), petites et moyennes entreprises (PME) et grandes entreprises (GE), sont aujourd’hui particulièrement concernées par les difficultés de recrutement, en raison de la pénurie des profils recherchés. Selon une étude de l’Institut Montaigne publiée mi-2023, près de <a href="https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/Institut%20Montaigne-note%20daction-Mobiliser-et-former-les-talents-du-nume%CC%81rique_0.pdf">10 % des emplois ne seraient pas pourvus</a> dans le secteur du numérique, soit environ 85 000 postes.</p>
<p>La rareté des compétences recherchées ressort comme principale cause de cette difficulté. Les entreprises de petite taille, confrontées à la concurrence des sociétés nationales et internationales, sont spécialement touchées. Elles ne bénéficient pas d’une notoriété importante et ne peuvent déployer des moyens et des arguments aussi convaincants pour attirer les futurs diplômés.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1661032451206963201"}"></div></p>
<p>Dans la région Nouvelle-Aquitaine, l’économie numérique s’est peu à peu imposée comme l’un des domaines d’excellence, avec notamment la <a href="https://www.digital-aquitaine.com/">création du cluster Digital Aquitaine, dès 2014</a>. Cet affichage politique a eu de nombreuses conséquences parmi lesquelles une forte tension du marché du travail relatif aux technologies numériques. Les ESN de Nouvelle-Aquitaine, en majorité PME et ETI, se sont retrouvées en concurrence avec des grands groupes faisant le choix d’y localiser leur siège (comme le site de paris en ligne Betclic à Bordeaux, en 2017) ou d’y ouvrir une antenne (<a href="https://www.sudouest.fr/economie/emploi/ubisoft-inaugure-son-studio-a-bordeaux-et-recrute-encore-3302760.php">implantation d’un studio de développement de jeux vidéo</a> Ubisoft cette même année). Ce contexte constitue donc un cas d’école en matière de « guerre des talents ».</p>
<h2>Trois leviers d’attractivité se dégagent</h2>
<p>Pour étudier l’attractivité comparée des PME et des GE de services numériques, nous avons interrogé, en Nouvelle-Aquitaine, de futurs diplômés du numérique et de l’informatique inscrits en écoles ou à l’université (N = 143 étudiants de fin de cycle). Nous leur avons demandé d’évaluer <a href="https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/30728570/IJA24%282%29-libre.pdf?1392101982=&response-content-disposition=inline%3B+filename%3DThe_state_of_theory_in_three_premier_adv.pdf&Expires=1706699583&Signature=UXtlwOa8wsdDnoghgBkhRE0H2x-He1VJz8PFZokV5wk%7E2OKYzg0LSXs5N4eNINsM6sF94gKqKYLZfzCPaHMSBQo1GsCJbUnb1sQCJstG-Z%7E0rAzYW3L9vb4gLqxNsF5geN6NcldpEm3st%7EwQ9gdPhP3LcyzXbX3Zh2tTeujTwy0I79KCugAmtmsrDElIWBeniwQgHW3QzWEK5CXbS8hLYenj2-w%7EMr0ui7JBwm6xOFk85yUh%7E4%7ETVEVcUC2kNxvJV0n397HUCK9BjFiP3fKLIf3vbMPC6Qv9uFjo7L9LTs-TgdL7ZW">cinq leviers décrivant l’attractivité des ESN</a>.</p>
<p>La recherche a permis d’identifier trois leviers d’attractivité qui se dégagent : la valeur d’intérêt, la valeur sociale et la valeur économique.</p>
<p><iframe id="UIwsk" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/UIwsk/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Tout d’abord, la <strong>valeur d’intérêt</strong> impacte positivement l’attractivité des PME. Les Z sont attirés par les PME qui offrent un environnement de travail stimulant, axé sur la créativité et l’innovation. Il est à noter que ce facteur ne ressort pas comme un levier d’attractivité des GE du secteur numérique. Les Z ont tendance à les percevoir comme des organisations bureaucratiques au sein desquelles les tâches sont répétitives.</p>
<p>Pour contrer ce frein, certaines grandes entreprises adoptent une structure hybride pour <a href="https://www.hbrfrance.fr/organisation/focus-sur-la-start-up-hybride-60189">entretenir un « esprit start up</a> ». À titre d’exemple, Airbus UpNext, une entité du célèbre avionneur qui a pour mission de propulser les ruptures technologiques, <a href="https://www.usinenouvelle.com/editorial/comment-airbus-repere-et-evalue-les-technologies-de-rupture.N2067232">cherche à fonctionner comme une véritable jeune pousse</a>.</p>
<p>Ensuite, si proposer un bon salaire et des perspectives d’évolution s’avère un levier d’attractivité particulièrement pertinent pour les GE, a contrario, la <strong>valeur économique</strong> a un impact négatif sur l’attractivité des PME. Deux facteurs peuvent expliquer ce résultat. Premièrement, les Z ne s’attendent pas à ce que les PME proposent des salaires élevés et la sécurité de l’emploi. Deuxièmement, les Z effectuent un arbitrage entre la quête de sens au travail et le salaire.</p>
<p>Si nos résultats montrent qu’un bon salaire est un levier d’attractivité pour les GE, l’intérêt de ce levier pourrait se limiter à l’embauche car <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/lambiance-avant-le-salaire-ou-linteret-du-travail">l’argent n’est plus un moteur suffisamment puissant pour motiver et fidéliser</a> tandis que la garantie de pouvoir progresser, évoluer et se former prend de l’importance.</p>
<p>Enfin, aucune relation significative n’est observée, pour les PME, entre la <strong>valeur sociale</strong> et l’attractivité. Pour les grandes entreprises, s’il existe bien une relation entre la valeur sociale et l’attractivité, celle-ci est négative. Ces résultats ne sont pas ceux attendus. Un début d’explication est à rechercher dans le souhait d’un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les Z accordent <a href="https://bonafide.paris/analyse-lentreprise-devra-t-elle-bientot-se-faire-recruter/">plus d’importance à la réussite de la vie privée qu’à celle de la vie professionnelle</a>.</p>
<p>Le lien social en entreprise n’est pas une fin en soi pour les Z et pourrait même être perçu comme un risque de s’y engager davantage, au détriment de la vie privée. L’engouement pour le télétravail pourrait être un corolaire du désintérêt des Z pour la valeur sociale. Gorgias, une entreprise franco-américaine de support pour l’e-commerce, a par exemple <a href="https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/flexibilite-au-travail/le-100-teletravail-sans-frontieres-remede-a-la-penurie-de-cerveaux-dans-la-tech-1942062">intégré cette nouvelle donnée</a> en permettant à ses développeurs de télétravailler à 100 %. Ces derniers peuvent ainsi vivre dans le pays de leur choix.</p>
<h2>Quelles recommandations pour les entreprises ?</h2>
<p>Cette recherche aide les ESN à identifier les arguments sur lesquels elles devraient axer leur communication ME afin d’attirer les Z. Pour les PME, plutôt que les promesses d’une rémunération et de perspectives de carrières pour lesquelles elles auraient du mal à concurrencer les entreprises à dimension nationale ou internationale, ce sont les éléments liés à un environnement de travail stimulant et à des pratiques qui favorisent la créativité des salariés qui feront la différence.</p>
<p>Le futur employeur gagnerait ainsi à se positionner comme une entreprise qui met l’innovation au centre de ses préoccupations, aussi bien dans les produits/services offerts que dans l’organisation du travail et l’environnement de ce dernier. Puisque les jeunes de la génération Z sont plus enclins que leurs ainés à gagner moins pourvu que leur travail ait du sens et/ou qu’il permette de respecter un équilibre avec la vie personnelle, les PME doivent également utiliser cet argument dans leur communication.</p>
<p>Pour les grandes entreprises, attirer par un salaire élevé peut s’avérer payant à court terme, mais il serait risqué de faire reposer l’attractivité sur le seul levier du salaire et de la sécurité de l’emploi. Selon une <a href="https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/flexibilite-au-travail/le-100-teletravail-sans-frontieres-remede-a-la-penurie-de-cerveaux-dans-la-tech-1942062">étude</a> récente, 67 % des Z comptent gagner moins d’argent mais avoir plus de temps libre et 87 % n’envisagent pas de faire carrière dans la même entreprise. Créer une ambiance start up au sein des GE du secteur numérique, comme le fait Airbus, permettrait d’améliorer leur attractivité auprès des Z en apportant une réponse à la crainte d’une organisation trop bureaucratique et d’un travail trop répétitif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222420/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L'equipe de recherche à laquelle appartient Laila Benraïss-Noailles a reçu des financements du SYRPIN.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Herrbach a participé au projet de recherche financé par le SYRPIN.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Viot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude menée en région Aquitaine révèle des attentes des jeunes générations sur lesquelles les petites entreprises peuvent capitaliser pour s’imposer dans la « guerre des talents ».Laila Benraïss-Noailles, Professeur des universités en sciences de gestion, directrice adjointe, IAE BordeauxCatherine Viot, Professeur des Universités en sciences de gestion, IAE BordeauxOlivier Herrbach, Professeur des universités en sciences de gestion, directeur, IAE BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2199212024-01-15T11:09:12Z2024-01-15T11:09:12ZBig data, IA, ChatGPT… Dans les PME aussi, la donnée est devenue incontournable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/565763/original/file-20231214-29-rb0t1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C0%2C1155%2C747&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Environ 80% des dirigeants de PME considèrent que le numérique représente un réel bénéfice.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1443941">Pxhere/Mohammed Hassan</a></span></figcaption></figure><p>Dès <a href="https://theconversation.com/big-data-big-money-qui-profite-de-lexplosion-des-donnees-77906">l’irruption massive des données</a> dans la société au tournant des années 2010, les grandes entreprises se sont saisies des technologies numériques. Une décennie plus tard, le big data, le cloud ou encore l’intelligence artificielle (IA) occupent également une grande place dans les activités des petites et moyennes entreprises (PME). Le <a href="https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/strategie-numerique/comprendre-le-numerique/barometre-france-num-2023-ou-en-sont">baromètre France Num 2023</a> montre qu’environ 80 % des dirigeants d’organisations de moins de 250 salariés considèrent que le numérique représente un réel bénéfice.</p>
<p>Notre dernier <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S016649722300161X">article de recherche</a>, paru dans la revue <em>Technovation</em>, démontre plus particulièrement une forte accélération de l’adoption de logiciels d’analyse des données. Ces outils d’analyse des données apparaissent même dans des secteurs traditionnellement non technophiles. Par exemple, nous avons identifié, dans l’ouvrage <a href="https://www.istegroup.com/fr/produit/management-et-marketing-du-vin-2/"><em>Management et marketing du vin 2</em></a> (ISTE Group) des usages stratégiques dans le secteur vitivinicole. Certaines PME avaient ainsi commencé par utiliser Excel avant d’investir dans des outils comme SQL Server, Amazon Redshift ou BigQuery afin de stocker et organiser leurs données à mesure que leur volume augmentait.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/big-data-big-money-qui-profite-de-lexplosion-des-donnees-77906">Big data, big money : qui profite de l’explosion des données ?</a>
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<p>Pour l’analyse, beaucoup choisissent Power BI qui fournit des tableaux de bord interactifs dont les courbes évoluent en temps réel. Ce logiciel facilite le reporting financier, améliore les prédictions des tendances futures et aide les dirigeants à prendre des décisions.</p>
<p>D’autres PME exploitent Google Analytics pour améliorer leur connaissance client, analyser les performances de leur site web, paramétrer leur stratégie de référencement ou concevoir des communications marketing ciblées. Elles collectent plus de données sur les usages de leurs clients et développent des services numériques innovants pour satisfaire de nouveaux besoins.</p>
<h2>Quand ChatGPT détrône Google</h2>
<p>Plus récemment, <a href="https://theconversation.com/chatgpt-pourquoi-tout-le-monde-en-parle-197544">ChatGPT</a> a fait irruption dans les PME. Développé par l’entreprise OpenAI, cet assistant virtuel s’est diffusé dès son lancement, fin 2022, dans de nombreux métiers. Nos recherches en cours révèlent ainsi que, dans certaines PME, ChatGPT a détrôné les navigateurs les plus populaires comme Google pour des requêtes du type « quelles sont les meilleures pratiques pour réussir une publication sur Instagram ? » ou encore « quelles mesures légales le site e-commerce d’une PME doit-il respecter pour être conforme au RGPD directive européenne sur la protection des données) ? »</p>
<p>Dans certaines PME, les salariés utilisent ChatGPT pour la création de contenu. Un directeur commercial génère par exemple des propositions commerciales pour des prospects ou des réponses à des appels d’offres. Une directrice marketing l’utilise pour rédiger des publications sur son blog ou les réseaux sociaux. Avec l’IA, les salariés réduisent leur charge de travail en optimisant la génération d’idées et l’écriture de textes, et ce à moindre coût.</p>
<p>ChatGPT est également capable de résoudre des problèmes techniques. Dans les PME spécialisées dans l’édition de logiciels, certains programmeurs lui demandent, par exemple, de détecter les erreurs dans leurs lignes de code et de fournir une solution afin que leur programme fonctionne correctement. Dans une autre entreprise, un directeur administratif et financier lui pose régulièrement des questions d’ordre comptable.</p>
<h2>Nouveaux défis</h2>
<p>Cependant, il s’agit pour l’instant plus de démarches individuelles que d’une prise de conscience collective. D’ailleurs, ChatGPT reste un tabou dans certaines petites entreprises car son usage peut être perçu comme une façon de tromper l’employeur en faisant effectuer son travail à l’IA. Son utilisation soulève également des questions fondamentales sur la création de valeur dans certains métiers dont les tâches peuvent désormais être confiées à la machine. L’IA s’avère néanmoins stratégique en exécutant des tâches quotidiennes et libérant du « temps », la ressource la plus précieuse pour innover et créer de la valeur ajoutée.</p>
<p>L’adoption de ces outils d’analyse de la donnée entraine néanmoins d’importants défis à relever pour les PME : préoccupations en matière de sécurité et de confidentialité des données, considérations éthiques, besoin de personnel qualifié pour gérer et interpréter les données, etc.</p>
<p>En outre, le <a href="https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/strategie-numerique/comprendre-le-numerique/barometre-france-num-2023-ou-en-sont">baromètre France Num 2023</a> révèle que la moitié des dirigeants doute du retour sur investissement dans les technologies numériques. La crainte de passer à côté d’une innovation technologique mobilisée par des concurrents peut parfois constituer une possible motivation.</p>
<p>Ce phénomène révèle que l’adoption de ces nouveaux outils s’accompagne d’une courbe d’apprentissage. Les PME doivent donc aujourd’hui investir dans la <a href="https://theconversation.com/lintelligence-artificielle-inquiete-il-est-temps-deduquer-la-population-a-la-programmation-202025">formation et l’éducation</a> des employés pour s’assurer de leur compétence à exploiter tout le potentiel de l’analyse de la donnée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219921/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des outils d'analyse de « big data », le cloud ou encore ChatGPT sont de plus en plus utilisés dans les petites structures, y compris dans des secteurs traditionnellement peu technophiles.Théo Justy, Doctorant, Attaché d'enseignement et de recherche, Big Data analytics et PME, Montpellier Management, Université de MontpellierDenis Lescop, Professeur en stratégie et transformation digitale, Montpellier Business SchoolEstelle Pellegrin-Boucher, Maître de conférences en sciences de gestion à l'Institut Montpellier Management, Université de MontpellierJulien Granata, Professeur à Montpellier Business School - Responsable d'axe de la Chaire MIND, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2199312023-12-18T18:59:51Z2023-12-18T18:59:51ZLes entreprises familiales se caractérisent aussi par un solide ancrage territorial<p>Au travers des interactions entre <a href="https://theconversation.com/topics/entreprises-20563">entreprise</a> et <a href="https://theconversation.com/topics/territoires-33611">territoire</a>, un ancrage se construit dans le temps. Celui-ci apparaît particulièrement fort pour les <a href="https://theconversation.com/topics/entreprises-familiales-92864">entreprises familiales</a> qui restent sur le même territoire pendant des années, parfois des générations. Le territoire donne une certaine couleur à l’identité d’une entreprise comme à l’identité des individus qui la composent. L’ancrage territorial s’exprime donc aussi dans le <a href="https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2006-4-page-298.htm">sentiment d’appartenance</a> de ces derniers à cet espace.</p>
<p>Or, ce sentiment d’appartenance apparaît particulièrement marqué chez les dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) familiales, dont le pouvoir décisionnel et la majorité du capital sont détenus par une famille, comme le montre la dernière <a href="https://www.calameo.com/read/0001372067ec856a36028">étude</a> de l’Observatoire national de l’entrepreneuriat familial, porté par la <a href="https://www.audencia.com/chaire-entrepreneuriat-familial">Chaire Entrepreneuriat familial & Société d’Audencia</a> en partenariat avec le CIC Banque privée et mise en œuvre par OpinionWay.</p>
<h2>« On a grandi ici… »</h2>
<p>Dans notre échantillon représentatif de 656 entreprises, 25 % des entreprises de plus de 10 salariés en France sont des entreprises familiales. Celles-ci sont plus présentes en province qu’en Île-de-France (15 %). En tête, le Sud-Est avec 30 % d’entreprises familiales. La deuxième région où leur proportion est la plus importante est le Nord-Ouest (28 %), suivie en proportion égale par le Sud-Ouest et le Nord-Est (25 %).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565785/original/file-20231214-23-crn595.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.calameo.com/read/0001372067ec856a36028">Observatoire national de l’entrepreneuriat familial (2023)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les dirigeants de ces entreprises familiales se distinguent notamment par un fort attachement à leur région d’origine. Au niveau national, 92 % des dirigeants interrogés habitent dans la même région que leur entreprise, un pourcentage qui grimpe à 97 % pour les entreprises familiales (EF) contre 91 % pour les entreprises non familiales (ENF). En outre, 18 % des dirigeants interrogés sont nés dans la région de l’entreprise et y vivent depuis toujours. Un chiffre qui monte à 22 % pour les dirigeants d’entreprises familiales. 45 % des dirigeants interrogés y vivent même depuis plus de 20 ans, dont 54 % de dirigeants d’entreprises familiales.</p>
<p>Le directeur général d’une PME familiale dans le secteur du bâtiment fait partie de ceux-là :</p>
<blockquote>
<p>« On a grandi ici, dans la région, mon frère et moi. […] ce qu’on trouve ici c’est un réel confort de vie et puis un environnement que nous jugeons extrêmement favorable et agréable au quotidien. C’est un élément qui compte pour nous et par conséquent, on veille aussi à le développer ou à maintenir l’attractivité sur notre territoire, donc ça va au-delà de l’entreprise, c’est aussi son environnement ».</p>
</blockquote>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565790/original/file-20231214-27-7frlu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.calameo.com/read/0001372067ec856a36028">Observatoire national de l’entrepreneuriat familial (2023)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En conséquence, les entreprises familiales contribuent davantage à l’économie locale. Une part importante des ventes est en effet réalisée dans la région du siège de l’entreprise, un phénomène encore plus vrai au sein des entreprises familiales. Ainsi, pour 56 % des dirigeants interrogés au niveau national, plus de la moitié des ventes est réalisée dans la région du siège de l’entreprise, avec un écart important de 21 points entre EF (72 %) et ENF (51 %). Exception notable pour la région du Nord-Est (42 %) qui s’explique par la proximité des pays limitrophes comme l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, avec lesquels les dirigeants entretiennent des relations commerciales plus soutenues.</p>
<p>Le dirigeant d’un fonds de capital-investissement interrogé dans l’étude avance une explication :</p>
<blockquote>
<p>« Les petites boîtes ne sont pas toujours attirées par le « Big is beautiful ». Elles préfèrent investir dans l’ancrage territorial et ne pas grossir ».</p>
</blockquote>
<p>Par ailleurs, 59 % des dirigeants d’entreprises familiales détiennent plus de 50 % de leurs propriétés immobilières, foncières et d’équipement dans la région du siège (contre 39 % pour les ENF). Cela concerne le plus souvent les dirigeants âgés entre 50 et 64 ans (52 %) ou exerçant dans les ETI ayant entre 500 et 999 salariés (71 %).</p>
<h2>Un moindre attachement chez les salariés</h2>
<p>Les résultats de l’Observatoire montrent également que les salariés présentent un moindre intérêt pour l’ancrage régional que les dirigeants, même si cet ancrage reste important.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=672&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=672&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=672&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=845&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=845&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565791/original/file-20231214-23-7lv05t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=845&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.calameo.com/read/0001372067ec856a36028">Observatoire national de l’entrepreneuriat familial (2023)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Lorsqu’on regarde les 5 régions, on constate notamment que les régions du Nord (Ouest et Est) semblent présenter un plus grand attachement des employés à leur territoire. En effet, environ 9 dirigeants sur 10 dans ces régions affirment que plus de la moitié de leurs employés viennent de la région. Cela est légèrement plus prononcé pour les entreprises familiales que pour les entreprises non familiales.</p>
<p>Comme en témoigne le directeur général adjoint d’une PME familiale dans le transport :</p>
<blockquote>
<p>« Dans notre entreprise historique, 47 % de nos collaborateurs habitent à moins de 25 kilomètres de l’entreprise alors qu’on est en campagne. Et nous, la famille, on habite tous à moins de 5 km de l’entreprise familiale. On est vraiment très attachés au territoire et on essaye toujours d’embaucher des personnes de chez nous ».</p>
</blockquote>
<p>Cependant, cette tendance apparaît moins marquée dans les régions du Sud qui attirent principalement des salariés d’autres régions, peut-être en raison de la qualité de vie et du climat. Seulement 58 % des dirigeants d’ENF du Sud-Ouest déclarent par exemple que plus de la moitié de leurs employés viennent de la région.</p>
<p>L’Île-de-France attire également les salariés, mais pour des raisons différentes. Les employés y travaillent, mais ne vivent pas nécessairement dans la région ou n’en sont pas originaires. En effet, seulement 51 % des dirigeants en IDF estiment que plus de la moitié de leurs employés sont originaires de la région de l’entreprise.</p>
<h2>Et demain ?</h2>
<p>Si les entreprises familiales se sont construites localement au fil des générations, la culture des jeunes générations semble différente aujourd’hui. Les jeunes dirigeants n’ont pas les mêmes opportunités ni le même niveau d’études que leurs parents, ils peuvent par exemple étudier ou travailler à l’international plus facilement avant d’intégrer l’entreprise familiale.</p>
<p>De plus, leurs rapports au travail et à la famille ne sont plus les mêmes que pour les générations précédentes. L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est devenu fondamental. Pour autant, lorsqu’ils décident de revenir dans l’entreprise familiale, c’est pour la faire grandir, la diriger et la gouverner autrement. À leur manière, ils redonnent du sens à sa mission initiale, décidant, pour certains, à la transformer, par exemple en une entreprise à mission, responsable.</p>
<p>De nouveaux profils, pas toujours repreneurs, se saisissent de cet objet qu’est l’entreprise familiale pour en faire un terrain de jeux pour expérimenter des projets entrepreneuriaux, philanthropiques ou bien encore pour devenir les gardiens du patrimoine immatériel, et donc de l’ancrage territorial de l’entreprise, pour la transmettre aux générations suivantes.</p>
<hr>
<p><em>Vous pouvez consulter ici le <a href="https://www.calameo.com/read/0001372067ec856a36028">rapport complet de l’Observatoire</a> porté par la Chaire Entrepreneuriat familial & Société d’Audencia, en partenariat avec le CIC Banque privée et mise en œuvre par OpinionWay, auprès d’un échantillon national représentatif de 656 dirigeants d’entreprises de 10 salariés et plus du secteur privé. La représentativité de l’échantillon est assurée par les critères de région (UDA5), de taille d’entreprise et de secteur d’activité. Ce sondage a été complété par des entretiens individuels complémentaires</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219931/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon une récente étude, les dirigeants font preuve d’un attachement plus important à leur région lorsqu’ils sont à la tête d’une PME familiale.Miruna Radu-Lefebvre, Professeur en Entrepreneuriat, AudenciaRaina Homai, Research Analyst, AudenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2191762023-12-12T18:47:36Z2023-12-12T18:47:36ZLes entreprises « nées mondiales » : quels dispositifs d’aide publique faut-il privilégier ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/563385/original/file-20231204-28-htf506.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1366&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le stand BPI France, au salon Vivatech</span> <span class="attribution"><span class="source">Pierre Métivier / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Fin août 2023, le gouvernement français lançait le plan <a href="https://www.cci.fr/actualites/lancement-du-plan-osez-lexport">« Osez l’export »</a> avec l’objectif de passer de 150 000 à 200 000 <a href="https://theconversation.com/topics/exportations-28791">entreprises exportatrices</a> d’ici 2030. L’initiative découle du constat suivant : les <a href="https://theconversation.com/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">PME françaises</a> ne seraient pas assez présentes sur les marchés étrangers, autrement dit, pas assez compétitives à l’international. L’enjeu est aussi celui de la <a href="https://theconversation.com/topics/reindustrialisation-86098">réindustrialisation</a> de la France.</p>
<p>Aussi pourrait-on commencer par interroger sur l’efficacité des <a href="https://theconversation.com/topics/aides-detat-107629">aides publiques</a> déjà déployées en faveur des petites entreprises présentes à l’international. Tel a été l’objectif de notre <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7661148">étude récente</a>, publiée dans <em>Économie et Statistique</em>, la revue de l’Insee. Nous y examinons le lien entre différents dispositifs d’aide publique octroyés par la Banque publique d’investissement (Bpifrance) et les performances des entreprises « nées mondiales » dans le secteur manufacturier en France.</p>
<p>Ces entreprises, autrement appelées « born globals » dans la littérature anglo-saxonne, sont celles qui réalisent au moins 20 % de leur chiffre d’affaires grâce à l’export dès leurs trois premières années d’existence. Ce sont aussi celles qui intéressent le plus les pouvoirs publics dans la mesure où elles incarnent l’espoir d’un fort potentiel de compétitivité et de croissance. Ces entreprises ont par ailleurs été pointées par de grandes institutions telles que l’<a href="https://www.oecd-ilibrary.org/sites/400c491d-en/index.html?itemId=/content/component/400c491d-en">OCDE</a> ou l’<a href="https://www.eurofound.europa.eu/en/publications/2013/born-global-potential-job-creation-new-international-businesses">Eurofound</a>, qui plaident depuis le début des années 2010 en faveur de mécanismes visant à promouvoir l’internationalisation des PME et en particulier des jeunes entreprises innovantes.</p>
<p>Nous nous sommes concentrées, dans nos travaux, sur la période 1998-2015, celle pour laquelle la désindustrialisation a été particulièrement marquée dans l’Hexagone.</p>
<h2>Les <em>born globals</em>, des entreprises plus performantes</h2>
<p>Ces jeunes entreprises ne sont pas très nombreuses en France. Sur notre période d’observation, elles représentent environ 3 % des nouvelles entreprises. Par comparaison, les entreprises non exportatrices représentent environ 85 % des entreprises nouvellement créées que nous observons. Les 12 % restants sont soit des entreprises qui deviennent exportatrices précocement mais de manière moins intense (les <em>born exporters</em> dans notre terminologie), soit des entreprises qui deviennent exportatrices mais plus tardivement (les <em>late exporters</em> dans notre terminologie).</p>
<p>Même si leur nombre est faible, les entreprises dites <em>born globals</em> méritent l’attention que leur accordent les pouvoirs publics. En effet, du fait de leur précoce insertion internationale, ces entreprises pourraient être plus à même d’endiguer la perte de compétitivité du secteur manufacturier français responsable de la désindustrialisation particulièrement marquée sur notre période d’étude. Un soutien plus fort des pouvoirs publics aux entreprises <em>born globals</em> manufacturières serait-il à même de relancer certains secteurs industriels, notamment les plus intensifs en technologie ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1730601498675937615"}"></div></p>
<p>Pour y répondre, nous combinons des données d’entreprises issues de l’Insee et des Douanes et des données sur les aides d’État octroyées aux entreprises françaises fournies par Bpifrance. Nous nous concentrons sur les entreprises opérant dans le secteur manufacturier français, un secteur pour lequel les enjeux de pertes de compétitivité sont particulièrement forts.</p>
<p>La comparaison des performances des <em>born globals</em> avec celles des entreprises non exportatrices, mais aussi avec les <em>born exporters</em> et <em>late exporters</em>, conforte l’a priori selon lequel ces entreprises sont en moyenne plus performantes que leurs homologues qui n’exportent pas ou qui exportent de manière moins intense ou moins précoce. Du point de vue de la performance économique, il ressort que les entreprises <em>born globals</em> ont en moyenne des chiffres d’affaires, des emplois salariés et des productivités du travail plus élevés. Sans surprise, l’écart de performance le plus fort est observé vis-à-vis des entreprises non exportatrices. Du point de vue de la performance commerciale, les <em>born globals</em> sont également plus performantes en moyenne que les autres exportatrices. Elles exportent vers plus de destinations, plus de variétés de produits et ces produits sont en moyenne de qualité supérieure.</p>
<h2>Moins susceptibles d’accéder aux financements les plus efficaces</h2>
<p>De nombreuses contraintes peuvent freiner l’internationalisation d’une entreprise et même empêcher une « née mondiale » d’entrer sur le marché. Ces entreprises sont en règle générale innovantes en plus d’être jeunes. Elles ont donc de forts besoins en matière de financement externe mais elles font face également à plus de contraintes de financement que les autres entreprises. Par nature moins capables d’offrir des garanties nationales que les entreprises qui s’établissent d’abord localement avant de s’étendre à l’étranger, elles pourraient aussi être les moins aptes à fournir les collatéraux nécessaires pour accéder aux financements externes.</p>
<p>Dans ce cadre-là, les aides publiques peuvent apparaître comme un réel soutien aux <em>born globals</em> sous réserve qu’elles soient effectivement adaptées à leurs besoins.</p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s’interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
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<p>Dans notre étude, nous analysons la probabilité qu’ont ces jeunes pousses d’obtenir différents types de fonds publics : des subventions à l’innovation, des prêts publics ciblant des projets innovants ou internationaux, et enfin des prêts non ciblés soutenant l’investissement dans les capacités productives de l’entreprise. Il ressort que les entreprises <em>born globals</em> ont une probabilité plus forte de recevoir des aides à l’innovation et des aides à l’internationalisation. Elles sont en revanche moins susceptibles de recevoir des prêts d’investissement.</p>
<p>Il peut paraître paradoxal que des entreprises qui cherchent à s’étendre rapidement sur de nombreux marchés internationaux aient moins recours aux prêts d’investissements visant précisément à étendre les capacités productives. Une explication potentielle est que ces entreprises pourraient être les moins aptes à fournir les collatéraux nécessaires pour accéder aux financements externes, incluant les prêts publics.</p>
<p>Surtout que, parmi toutes les aides accordées, il ressort de notre étude que l’outil le plus efficace est le prêt d’investissement. Son rendement global s’avère élevé, tant en matière de chiffre d’affaires que d’emploi, quand celui des autres instruments est parfois proche d’être nul. Autrement dit, les entreprises « nées mondiales » obtiennent de meilleures performances après avoir reçu cette aide. Ce dernier résultat nous conforte dans l’idée que ces entreprises, en dépit de leur déficit de collatéral domestique, devraient bénéficier d’un meilleur accès aux prêts d’investissement et non pas seulement aux prêts ciblés sur leurs projets d’innovation ou d’internationalisation.</p>
<p>Nos résultats suggèrent ainsi qu’il serait possible d’améliorer l’efficacité de l’allocation des aides publiques en réorientant une partie des aides sous forme de prêts d’investissement vers les <em>born globals</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219176/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Pommet a reçu des financements de la part de Bpifrance pour des projets de recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Laffineur a reçu des financements de la BPIfrance. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Flora Bellone a reçu des financements de Bpifrance pour l'accès aux données</span></em></p>Les entreprises qui s’internationalisent rapidement ont beau être les plus performantes, elles rencontrent plus de difficultés que les autres à accéder aux dispositifs de financement efficaces.Sophie Pommet, Maître de Conférences en Sciences économiques, Université Côte d’AzurCatherine Laffineur, Maître de conférences en sciences économiques à l'Université Nice Sophia Antipolis - Groupe de Recherche en Droit, Economie, Gestion (GREDEG), Université Côte d’AzurFlora Bellone, Professeure des Universités en Sciences économiques, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2192482023-12-11T10:24:42Z2023-12-11T10:24:42ZLa passion ou la gestion ? Le dilemme de l’artisan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/563602/original/file-20231205-29-63vizn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6145%2C4093&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Passionnés par leur activité, artisans et artisanes sont souvent moins à l'aise avec des tâches élémentaires de gestion.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Si l’<a href="https://theconversation.com/topics/artisanat-35040">artisanat</a> a toujours été vanté par les institutions représentatives comme étant la <a href="http://www.culturepub.fr/videos/artisanat-de-france-l-artisanat-1ere-entreprise/">« première entreprise de France »</a>, cela n’a jamais été aussi vrai qu’en 2023. Avec plus de <a href="https://www.artisanat.fr/analyses-donnees/artisanat-en-france">1 800 000 entreprises pour plus de 3 millions d’actifs</a>, le secteur est en <a href="https://theconversation.com/sens-au-travail-ce-que-revele-le-boom-des-neo-artisans-207523">plein boom</a>, le nombre d’entreprises a presque <a href="https://www.cairn.info/revue-marche-et-organisations-2015-3-page-15.htm">doublé depuis 2015</a>.</p>
<p>L’artisanat, c’est le secteur des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032854341">métiers</a> : il en regroupe 250, auxquels s’ajoutent de nombreuses activités, d’art par exemple. Un métier est une activité manuelle, de production/fabrication ou de services, que l’artisan exerce au service d’une clientèle – bien souvent – de proximité. Auparavant, l’accès à l’artisanat se faisait par le Certificat d’aptitudes professionnelles (CAP), passé durant l’adolescence, puis par une expérience en tant qu’ouvrier. Enfin, l’ouvrier, en quête d’autonomie, se met à son compte. Tel est ce que le sociologue Bernard Zarca identifiait, dans les années 1980, comme le <a href="https://www.cairn.info/l-artisanat-francais--9782717811162.htm">parcours idéaltypique artisanal</a>.</p>
<p>De <a href="https://www.theses.fr/2022ULILH026">récents travaux</a> ont mis en évidence la part croissante, dans le secteur artisanal, de ceux que Caroline Mazaud, sociologue à l’école supérieure d’agricultures appelle des <a href="https://pur-editions.fr/product/4901/l-artisanat-francais">« reconvertis »</a>, des anciens cadres ou autres professions libérales, qui partent chercher du sens dans le travail manuel, « une architecte d’intérieur devenue boulangère, un ex-banquier à la tête de sa fromagerie… ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1646085975532089344"}"></div></p>
<p>Quel que soit leur parcours d’accès à l’artisanat, CAP ou reconversion, les artisans vont devoir, dans leur nouvelle vie de chef d’entreprise, jongler avec deux casquettes : celle de producteur, et celle de chef d’entreprise. À l’instar de <a href="https://editions.flammarion.com/ethique/9782080413550">Spinoza</a>, qui oppose la passion et la raison, nous observons le rapport des artisans entre la passion et la gestion. Notre <a href="https://hal.science/tel-03893268/">travail de thèse</a>, ainsi que celui bientôt publié dans la revue de l’entrepreneuriat, traite de cette dualité, qui malheureusement peut parfois devenir source de tensions pour les artisans, qualifiées de <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=QI-aEAAAQBAJ">« conflits identitaires »</a> en psychologie. Ces tensions entre la passion et la gestion vont générer des difficultés de plusieurs ordres.</p>
<h2>Le temps de travail et le prix</h2>
<p>Nous identifions tout d’abord des tensions liées à la qualité du produit. Les artisans (ou les artisanes, qu’il convient de ne pas oublier, et qui sont nombreuses dans notre étude) sont en effet des professionnels dans un métier, et bien souvent, ce métier est aussi passion. Or, la passion peut entraîner l’artisan à faire ce que nous pourrions appeler de la « surqualité », à vouloir trop en faire. Cette surqualité génère deux difficultés. Tout d’abord, le prix de vente est difficile à fixer, quand l’artisan passe trop de temps pour atteindre la perfection ; soit le prix du produit devient prohibitif, soit l’artisan vend ses heures au rabais. Clotaire, ébéniste, nous explique :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai augmenté mes prix déjà depuis 2 ans. Mais sur une table, par exemple, je vais encore facturer 13h de travail alors que je vais en mettre 25 : je n’arrive pas encore à facturer aux vraies heures et aux vrais taux horaires. »</p>
</blockquote>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Lorsque les clients essayent de discuter du tarif, cela peut dégrader la relation en créant une situation qui peut devenir conflictuelle. La négociation du prix, pratique somme toute courante dans le commerce, peut être vécue comme un casus belli par l’artisan. Brunehaut, bijoutière, redoute d’avoir à y faire face :</p>
<blockquote>
<p>« Non, ils ne discutent pas les prix. Soit ils s’en vont, soit ils commandent. Je n’ai jamais eu ça et heureusement : je pense que je m’énerverais un peu. »</p>
</blockquote>
<p>La deuxième source de tension est liée à la croissance de l’entreprise. 91 % des entreprises artisanales sont de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277845?sommaire=4318291#:%7E:text=Un%20peu%20plus%20des%20trois,de%20services%20(97%20%25).">très petite taille</a> (moins de 5 salariés, voire aucun). Les artisans, bien souvent, se mettent à leur compte pour être autonomes et non pour devenir <em>businessman</em> ou <em>businesswoman</em>. Si l’artisan embauche, il peut perdre ce rapport avec son métier et se trouver de plus en plus accaparé par les activités de gestion, qui clairement ne sont pas une passion, et pour lesquelles leur formation n’est pas du tout adaptée. C’est ce que nous explique Thierry, ancien boucher :</p>
<blockquote>
<p>« C’est justement ces problèmes qu’on ne nous apprend pas au CAP : gestion des collaborateurs, de la vie de l’entreprise, toutes ces choses-là on ne nous les apprend pas là-bas. On ne sait pas regarder quelqu’un dans les yeux en lui disant : “écoute, je suis désolé, mais tu ne fais pas l’affaire”. »</p>
</blockquote>
<h2>Planter une graine de gestion dans ce terreau de passion</h2>
<p>On touche au cœur du sujet. Les artisans sont de formidables professionnels, avec un savoir-faire technique, traditionnel – et parfois patrimonial – dont la France ne peut qu’être fière. C’est d’ailleurs non sans raison que les consommateurs <a href="https://theconversation.com/la-revolution-artisanale-a-contribue-a-developper-le-marche-du-cafe-de-specialite-187814">privilégient de plus en plus l’artisanat</a>, perçu comme plus authentique. Néanmoins, si la passion et l’engagement envers le métier sont souvent irréprochables, les connaissances et compétences en gestion de nombre d’artisans sont parfois insuffisantes et ils se « retrouvent dedans », comme en témoigne Clothilde, une experte-comptable :</p>
<blockquote>
<p>« Vous allez chez un coiffeur, c’est son métier, c’est son plaisir : il va vouloir faire de la créativité, donc il va faire un shampooing brushing en 1h15 et il va le vendre à 18€. Vous savez qu’il va être dedans. Vous allez chez celui qui va vouloir monter son petit resto, qui est passionné de cuisine, qui voit Top Chef et qui, du coup, va vous proposer un menu entrée, plat, dessert à 18€. Et quand vous voyez le menu, vous savez qu’il va être dedans, avant même de leur avoir fait calculer le coût de revient. Il vous dit “ah non, mais à la louche”, et vous lui dites “non, mais ce n’est pas à la louche”. Moi je veux que tu pèses tout. »</p>
</blockquote>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1669424400418983947"}"></div></p>
<p>Il existait, il y a encore quelques années, un stage obligatoire préalable à l’installation pour les futurs artisans. Si ceux qui l’ont suivi nous ont indiqué que c’était loin d’être parfait, cela avait au moins le mérite de poser des bases : planter une graine de gestion dans ce terreau de passion. Supprimer ce stage préalable fut, selon nous, une erreur. Il faudrait, si nous souhaitons que le secteur artisanal croisse, embauche plus, aider les artisans à maîtriser les concepts de gestion le plus rapidement possible. Nous éviterions ainsi probablement un certain nombre de faillites. Car, il faut le dire, si le secteur créé des entreprises, il en détruit également beaucoup : en 2022, 42 500 défaillances <a href="https://www.artisanat-nouvelle-aquitaine.fr/Record-de-hausse-des-defaillances-d-entreprises-en-France-en-2022-PME-et-jeunes-entreprises-extremement-vulnerables_a8547.html">d’entreprises</a> ont été enregistrées, et parmi elles de <a href="https://www.altares.com/wp-content/uploads/01_2023_ALTARES_CP_DEFAILLANCES_T4_BILAN_2022.pdf">nombreux artisans</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219248/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Grégory Blanchard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Beaucoup d’artisans exercent par passion et n’ont pas en tête des fondamentaux de gestion par manque de formation. Ils se mettent ainsi parfois dans le rouge en fixant des prix « à la louche ».Grégory Blanchard, Enseignant-chercheur. Recherche : artisanat, identités, TPE. Enseignant en négociation - vente, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2186242023-11-28T17:11:30Z2023-11-28T17:11:30ZLoi Pinel, FIFA et titres-restaurant : trois symboles des contradictions de la gestion des niches fiscales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/561829/original/file-20231127-17-vaazae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=100%2C0%2C1068%2C790&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2022, le ministère de l'Économie et des Finances recensait plus de 450 niches fiscales.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Paris_-_Minist%C3%A8re_de_l%27%C3%89conomie_et_des_Finances_B%C3%A2timent_Sully_%2827835898915%29.jpg"> Fred Romero/Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La Cour des comptes a relancé le débat sur les niches fiscales en publiant en juillet 2024 une <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2023-07/20230707-note-thematique-Depenses-fiscales.pdf">note thématique</a> pour mieux évaluer et piloter les 465 dispositifs identifiés en 2022 par Bercy. Le manque à gagner des finances publiques est estimé à 86 milliards d’euros, soit 3,6 % du PIB ou 25 % de l’ensemble des recettes fiscales.</p>
<p>Les sages de la rue Cambon préconisaient un mécanisme de plafonnement de leur coût sur la période de la <a href="https://theconversation.com/deficit-public-pourquoi-les-objectifs-affiches-ne-sont-jamais-atteints-215168">loi de programmation des finances publiques 2023-2027</a>, une limitation de la durée des nouvelles mesures à quatre ans et une évaluation exhaustive de toutes les niches par l’Inspection générale des finances d’ici 2027.</p>
<h2>Le retour des carottes locatives ?</h2>
<p>Après avoir inscrit dans la loi de programmation 2023-2027 un plafond des nouvelles dépenses fiscales et leur bornage dans le temps, la <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16t0178_texte-adopte-seance">loi de finances pour 2024</a>, adoptée via le 49.3 en première lecture le 7 novembre 2023, se contente finalement de demander au gouvernement la remise, avant le projet de loi de finances pour 2025, de plusieurs rapports sur le crédit d’impôt recherche (la plus coûteuse et la plus décriée des niches avec un coût de 7 milliards en 2023), le taux réduit d’impôt sur les sociétés (IS) pour les petites et moyennes entreprises (PME), les mesures d’exonération pour l’investissement en outre-mer, etc.</p>
<p>Nouvelle manifestation de l’ambivalence de la classe politique dans la gestion des niches le même texte proroge ou élargit de nombreux dispositifs dérogatoires comme l’exonération des pourboires, la réduction des dons de l’impôt sur le revenu et les réductions Malraux et Denormandie pour l’investissement immobilier.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-est-il-si-difficile-de-reformer-les-niches-fiscales-191801">Pourquoi est-il si difficile de réformer les niches fiscales ?</a>
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<p>Le <a href="https://www.economie.gouv.fr/cedef/pinel-investissement-locatif">dispositif Pinel</a> permet aux résidents fiscaux français – sous certaines conditions très strictes – de réduire leur impôt sur le revenu via l’acquisition d’un bien immobilier neuf à mettre en location. Pour un coût de 1,5 milliard d’euros par an, cette exonération constitue un cas d’école des contradictions insolubles de la gestion des niches dans le cadre de la fiscalité actuelle des particuliers.</p>
<p>En 2019, un <a href="https://www.igf.finances.gouv.fr/igf/pages-hors-navigation/liste-de-tous-les-rapports-de-mi/evaluation-du-dispositif-daide-f.html">rapport</a> commandé en 2019 par le gouvernement à l’Inspection générale des finances déconseillait la suppression de ce dispositif, car il favorise la mise à disposition de logements neufs pour les ménages, tout en militant pour sa limitation.</p>
<p>Par la suite, le rapport annexé au PLF pour 2022 prônait sa <a href="https://investir.lesechos.fr/placements/immobilier/vers-une-extinction-de-la-reduction-dimpot-pinel-des-la-fin-de-2023-1868951">disparition progressive</a> qui a finalement été actée dans le PLF pour 2024. Au plus mauvais moment. En effet, la politique du logement ayant été <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/02/01/un-quinquennat-qui-a-delaisse-le-logement_6111910_3224.html">largement délaissée</a> sous le premier quinquennat du président Emmanuel Macron, le nombre de logements mis en chantier est tombé de 437 000 (dont 113 000 dans le parc social) en 1915 à 358 000 en 2022 (dont 48 000 dans le parc social). Pour 2023, on attend encore à une chute de 30 % du fait notamment de la hausse des coûts de construction et des taux d’intérêt.</p>
<p>La France reste donc très loin des 350 000 nouveaux logements nécessaires chaque année pour éviter une crise majeure de l’offre de plus en plus visible chez les locataires et des 500 000 qui permettrait de résoudre la crise du logement. En effet, le <a href="https://www.fondation-abbe-pierre.fr/sites/default/files/2023-01/REML2023_CAHIER4_Les%20chiffresdumallogement.pdf">nombre de ménages mal logés s’élève à plus de 4 millions</a>, les demandeurs en attente d’un logement social atteignent le chiffre inédit de 2,42 millions, et les personnes sans domicile seraient environ 330 000.</p>
<p>Or, on peut d’ores et déjà parier sur la poursuite de la crise dans le secteur de la construction qui devrait perdre 180 000 emplois en 2024. Son poids dans l’économie étant de 5 %, une contraction de 20 % du secteur obérerait le PIB de 1 %, ce qui générerait des pertes fiscales sans commune mesure avec le coût du dispositif Pinel.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1723988486078828577"}"></div></p>
<p>C’est pourquoi une nouvelle niche fiscale compensant la fiscalité la plus lourde des pays riches sur l’immobilier des particuliers semble <a href="https://www.ericpichet.fr/assets/files/v1/Fiscalite-du-patrimoine-avril2016-PICHET.pdf">désormais inévitable</a>…</p>
<h2>Une niche dorée pour la FIFA</h2>
<p>Les avantages fiscaux accordés aux représentations d’États étrangers en France remontent à une longue tradition de courtoisie diplomatique réglementée pour la première fois au Congrès de Vienne en 1815, ville signataire des traités de 1961 et 1963 qui stipulent les exonérations fiscales accordées aux États.</p>
<p>Hormis les États, 23 organisations internationales basées en France ont négocié des privilèges fiscaux <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/emplois-stages-concours/travailler-dans-les-organisations-internationales/etre-ou-devenir-fonctionnaire-international/statut-de-fonctionnaire-international/article/statut-fiscal-des-fonctionnaires-internationaux">via des accords de sièges bilatéraux</a> comme le conseil de l’Europe en 1952, l’Unesco en 1954 ou Interpol en 1982. Tout comme les conventions fiscales bilatérales, ces dérogations fiscales sont approuvées par un traité dûment ratifié et ont dès lors une autorité supérieure aux lois de finances.</p>
<p>Dans ce cadre, un avantage fiscal destiné à la trentaine de fédérations sportives internationales reconnues par le Comité international olympique a été <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/10/19/le-cadeau-fiscal-de-la-majorite-aux-federations-sportives-internationales_6195460_3242.html">intégré en dernière minute au PLF 2024</a> le 18 octobre par voie d’amendement. Le Sénat a toutefois adopté, samedi 25 novembre, <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/11/25/les-senateurs-annulent-les-exonerations-fiscales-en-faveur-des-federations-sportives-internationales_6202314_3242.html">l’annulation de cette disposition</a> d’exonération fiscale.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1715242428167307526"}"></div></p>
<p>Certes, ces privilèges peuvent être perçus comme peu populaires puisqu’ils s’appliquent à des associations sportives internationales richissimes et à la gouvernance <a href="https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/entreprises-controversees/isr-rse/la-fifa-pourtant-minee-par-la-corruption-leve-le-pied-sur-les-poursuites-146206.html">régulièrement critiquée pour leur opacité</a>. Pourtant, le contribuable peut y voir aussi une excellente affaire pour le pays et les finances publiques. En effet, en fixant leur centre de décision à Paris, l’écosystème de compétences directes et indirectes créé générerait de nouvelles rentrées fiscales, le tout en contribuant au rayonnement du pays.</p>
<h2>L’extension dommageable du domaine des titres-restaurant</h2>
<p>Les très populaires titres-restaurant, créés en 1967, sont en principe destinés à permettre aux salariés qui ne peuvent déjeuner chez eux le midi de pouvoir, en l’absence de cantine d’entreprise de <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21059">se restaurer de manière modique</a> à proximité de leur lieu de travail.</p>
<p>Ils forment donc une véritable niche socio-fiscale puisque la contribution patronale, comprise selon les entreprises entre 50 et 60 % de la valeur faciale du titre, est exonérée de cotisations sociales dans la limite de 6,50 euros au 1<sup>er</sup> janvier 2023. En outre, cet avantage en nature est expressément <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000047770107">exonéré d’impôt sur le revenu</a> pour les 5 millions de bénéficiaires, le tout pour un coût annuel de 1,5 milliard pour les finances publiques.</p>
<p>Le confinement de 2020 et l’envolée du télétravail ont amené les pouvoirs publics à élargir jusqu’au 31 décembre 2023 le champ d’utilisation des tickets à des produits alimentaires pas directement consommables.</p>
<p>Pour lutter contre l’inflation alimentaire, l’Assemblée nationale a voté en urgence, hors loi de finances et à la quasi-unanimité (117 voix pour une contre) le jeudi 23 novembre une <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1870_proposition-loi">proposition de loi</a> prévoyant la prorogation jusqu’au 31 décembre 2024 de cette dérogation. Les députés pérennisent ainsi de facto un avantage légitime directement lié à la sujétion sur le lieu de travail en un dispositif de soutien au pouvoir d’achat des salariés – au détriment de la petite restauration qui souffre à la fois du télétravail mais désormais de la concurrence des grandes surfaces qui absorbent 28 % des tickets.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1726520635310887308"}"></div></p>
<h2>Traquer les niches illégitimes</h2>
<p>Dans notre <a href="https://univ-droit.fr/recherche/actualites-de-la-recherche/parutions/9505-theorie-generale-des-depenses-socio-fiscales"><em>Théorie générale des dépenses socio-fiscales</em></a>, nous qualifions de niche, ou de dépense socio-fiscale :</p>
<blockquote>
<p>« Toute disposition, législative, réglementaire ou administrative, dont la mise en œuvre entraîne pour les administrations publiques une perte de recettes, qui peut être remplacée par une dépense budgétaire et qui accorde, directement ou indirectement, à une catégorie de contribuables, un allégement de ses prélèvements obligatoires par rapport à ce qui serait résulté de l’application de la norme issue des principes généraux du droit et appliqué au segment spécifique de référence considéré. »</p>
</blockquote>
<p>Mais seules les mesures fiscales incitatives sont légitimes. Si elles ne le sont pas, il peut toutefois s’agir de simples modalités d’imposition justifiées par la prise en compte d’un préjudice. Par exemple : l’exonération de rentes d’invalidité ou pour simplifier le calcul de l’impôt comme l’abattement de 10 % pour frais professionnels.</p>
<p>À défaut, il faut les éliminer, travail qui reviendra au législateur éclairé par la littérature scientifique et les futurs rapports programmés de l’Inspection générale des finances. Il lui faudra toutefois garder à l’esprit la porosité de la frontière entre dépense fiscale illégitime et simple modalité d’imposition. Ainsi, il est peu probable que le plafond de 13 522 euros autorisé pour les frais professionnels des revenus 2022 (hors remboursement des frais inhérents à l’exercice de leur métier) au-delà d’un revenu annuel net de charges sociales de 135 220 soient vraiment dépensés par les cadres supérieurs conformément à leur objet…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218624/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Pichet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs exonérations remises en cause dans le projet de loi de finances pour 2024 illustrent toute la difficulté à réformer les dispositifs existants.Éric Pichet, Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2175762023-11-19T16:33:00Z2023-11-19T16:33:00ZLa suppression de la CVAE, une mesure de relance de l’industrie française mal ciblée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/559046/original/file-20231113-23-5mabib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C39%2C1138%2C738&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ne concerne actuellement qu’environ 400&nbsp;000 entreprises sur les près de 5&nbsp;millions recensées.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/pe_wu/15394754783">Pe_Wu/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>La loi de finances pour 2023 a prévu la <a href="https://entreprendre.service-public.fr/actualites/A16251">suppression de la Contribution sur la valeur ajoutée des entreprises</a> (CVAE), dans l’objectif de soutien à l’activité économique et de reconquête industrielle. La contribution des entreprises a été diminuée de moitié en 2023 et devait être intégralement supprimée en 2024, date <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/la-cvae-ne-sera-finalement-supprimee-dans-son-integralite-quen-2027">finalement décalée à 2027</a>, mais ce report n’aura pas d’effet pour les collectivités locales.</p>
<p>La suppression de cette taxe s’inscrit dans le cadre de la politique <em>pro-business</em> du gouvernement consistant à <a href="https://www.cae-eco.fr/Les-impots-sur-ou-contre-la-production">renforcer la compétitivité des entreprises</a> à travers la diminution des impôts dits « de production ». À ce stade, elle se traduit surtout par la suppression d’une ressource fiscale régulièrement critiquée ces dernières années alors que, lors de son instauration en 2008, elle était considérée comme particulièrement bien conçue.</p>
<p>Les représentants d’entreprises se sont félicités de cette politique mise en œuvre sans aucune étude d’impact préalable, étape pourtant obligatoire d’après la constitution. Elle a d’ailleurs été décidée rapidement et sans réelle consultation des collectivités locales dont la CVAE constitue une ressource non négligeable. </p>
<p>On peut se demander quels sont les principaux bénéficiaires de cette politique ? Et quels sont les implications et enjeux pour les collectivités locales ?</p>
<h2>L’industrie et les ETI, grandes gagnantes ?</h2>
<p>À quelques <a href="https://shs.hal.science/halshs-03795061/document">exceptions</a> près, la littérature scientifique ne s’est que peu penchée sur la CVAE. Toutefois, un <a href="http://www.rexecode.fr/public/Analyses-et-previsions/Documents-de-travail/La-fiscalite-locale-de-production-un-facteur-d-ecart-de-competitivite-entre-la-France-et-les-autres-pays-europeens">rapport</a> récent (septembre 2023) de <a href="http://www.rexecode.fr/public">Rexecode</a>, institut privé d’analyse et de prévision de conjoncture économique, a tenté d’identifier les principaux bénéficiaires. Selon les calculs effectués, les grands gagnants seraient :</p>
<p>1/L’industrie manufacturière et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui représentent respectivement 22 et 39 % des recettes de CVAE ;</p>
<p>2/Les ETI qui bénéficieraient davantage de la réforme que les très petites entreprises (TPE) et les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME).</p>
<p>Il est trivial de conclure que les ETI sont plus avantagées que les PME et TPE car la CVAE reste très concentrée ; elle ne concerne en effet que 400 000 entreprises environ sur les près de 5 millions enregistrées. En effet, seules les entreprises dont le chiffre d’affaires (CA) annuel hors taxe est supérieur à 500 000 euros y sont soumises, ce qui exclut la très grande majorité des TPE et PME.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1722256848878027103"}"></div></p>
<p>De plus, le <a href="https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F23546">taux de CVAE est progressif</a> en fonction du CA de l’entreprise, ce qui accroît mécaniquement la part des ETI dans les recettes de CVAE. Une comparaison avec les grandes entreprises offrirait une perspective différente. Ainsi, les premiers résultats de nos recherches, dans le cadre d’un projet pour le réseau Finances locales (réseau FiL), indiquent que les grandes entreprises, contribuant pour plus de 50 % des recettes de CVAE, sont les grandes gagnantes de cette réforme et non les autres catégories d’entreprises.</p>
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<p>Les conclusions sur l’industrie manufacturière interrogent également. En effet, en ne représentant que 22 % des recettes de CVAE, les autres secteurs bénéficient pour presque 80 % de la suppression, dont une partie relève d’un pur effet d’aubaine. Par ailleurs, nos premiers résultats suggèrent que le commerce et la finance sont les plus avantagés. Les effets à attendre sur la balance commerciale et l’emploi risquent alors d’être modestes, car les entreprises opérant dans ces secteurs n’exportent quasiment pas mais préfèrent créer des filiales à l’étranger.</p>
<p>Au-delà de ces résultats sur le tissu productif, la suppression de la CVAE interroge la situation et les capacités financières des collectivités dans le futur.</p>
<h2>Des pertes pour les collectivités locales</h2>
<p>L’impact de la réforme sur les finances des collectivités locales pourrait être non négligeable : par rapport à 2022, la disparition partielle de cet impôt engendre un manque à gagner de <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/826539/supprimer-la-cvae-doit-il-concerner-les-collectivites-avant-2025/">4,99 milliards d’euros pour les intercommunalités et 3,7 pour les départements</a>.</p>
<p>La question de la compensation de ces pertes de ressources fiscales a fait l’objet de nombreux débats. L’accord de principe retenu est l’affectation d’une partie du produit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 2023, avec une compensation « à l’euro près ». La question reste toutefois de savoir qui va compenser le manque à gagner pour l’État. En effet, cette suppression représente pour ce dernier une dépense nette de l’ordre de 4,5 milliards d’euros.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1573264977925922818"}"></div></p>
<p>Cette nouvelle exonération totale d’un impôt sur les entreprises va accroître le déséquilibre de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/fiscalite-23513">fiscalité</a> entre ménages et <a href="https://theconversation.com/fr/topics/entreprises-20563">entreprises</a>. Les ménages contribuent déjà majoritairement aux recettes fiscales et sont soumis à une <a href="http://www.ires.fr/index.php/etudes-recherches-ouvrages/etudes-des-organisations-syndicales/item/6572-un-capitalisme-sous-perfusion-mesure-theories-et-effets-macroeconomiques-des-aides-publiques-aux-entreprises-francaises">pression fiscale supérieure à celle des entreprises</a>. La compensation prévue pour la suppression de la CVAE accentue donc la tendance à la croissance de la contribution des ménages au budget des collectivités locales.</p>
<p>Cette suppression pourrait également entraîner des conséquences importantes sur les équilibres territoriaux. La compensation est en effet calculée sur la base de la situation actuelle. Or rien ne garantit que l’évolution du montant perçu soit cohérente avec celle du tissu local d’entreprises. De plus, le remplacement de la CVAE par la TVA érode davantage l’autonomie fiscale des collectivités. Ces dernières perdent ainsi les quelques marges de manœuvre dont elles disposaient pour accroître l’assiette fiscale en accueillant de nouveaux projets d’entreprises.</p>
<h2>Le débat sur l’autonomie fiscale ravivé</h2>
<p>Les associations représentatives des collectivités locales considèrent que la suppression de la CVAE était inopportune au regard même de l’action sur le développement économique et des politiques d’attractivité des entreprises. Cela pourrait en effet désinciter les intercommunalités à investir pour attirer des entreprises et créer un contexte local favorable à l’emploi et à la création de richesses.</p>
<p>Cette idée, héritée de l’économiste américano-canadien John Kenneth Galbraith dans <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/Le-Nouvel-%C3%89tat-industriel"><em>Le Nouvel État Industriel</em></a> (1967), que les services publics bénéficient aux entreprises s’applique également à l’échelle locale. C’est pourquoi les collectivités locales s’attachent à créer un environnement <em>pro-business</em>. Or, à court ou moyen terme, les dépenses d’investissement des collectivités locales pourraient diminuer en raison de la baisse des ressources financières potentielles liée à la déconnexion entre les montants de TVA réaffectés et le développement économique local.</p>
<p>Par ailleurs, les collectivités locales doivent faire des économies pour atteindre l’équilibre budgétaire. Ce recul des dépenses d’équipement en faveur de la création d’un environnement favorable à l’activité des entreprises aurait des effets délétères sur ces dernières dont la croissance reste plus sensible à l’investissement public qu’à la pression fiscale, lorsque celle-ci est plafonnée.</p>
<p>Contrairement aux objectifs visés par la suppression de la CVAE, les plus grands bénéficiaires ne semblent donc pas être forcément ceux espérés. Par ailleurs, au-delà de l’identification des principaux gagnants, la réforme a ravivé le débat sur le principe d’autonomie fiscale, pendant de l’autonomie financière des collectivités selon de nombreux élus. Enfin, considérer qu’il y a des marges de manœuvre sur les dépenses est discutable car beaucoup de dépenses sont contraintes ou hors de la maîtrise des collectivités locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217576/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nadine Levratto a reçu des financements de Réseau Finances Locales dans le cadre de l'Appel à Manifestations d'Intérêt n°3.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Poinsot a reçu des financements de Réseau Finances Locales dans le cadre de l'Appel à Manifestations d'Intérêt n°3.</span></em></p>L’allègement fiscal prévu dans le projet de loi finances 2023 renforce la compétitivité des grandes entreprises mais ne concerne qu’une minorité du tissu économique. Décryptage.Nadine Levratto, Directrice de Recherche au CNRS, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresPhilippe Poinsot, Maître de conférences, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2155482023-10-12T17:26:41Z2023-10-12T17:26:41ZLa conférence sociale sur les bas salaires acte les difficultés à négocier des hausses collectives dans les entreprises<p>Pressé d’agir pour soutenir le pouvoir d’achat des salariés dans un contexte d’inflation, le gouvernement a convoqué les partenaires sociaux pour une <a href="https://www.sudouest.fr/economie/conference-sociale-sur-les-bas-salaires-le-gouvernement-annonce-ce-rendez-vous-pour-le-16-octobre-16751525.php">conférence sociale</a> sur « les carrières et les branches situées sous le salaire minimum », ce lundi 16 octobre. Trois thèmes seront plus précisément abordés : les « minima conventionnels, les classifications et les déroulés de carrière », puis « les temps partiels et les contrats courts », et enfin « les exonérations de cotisations, primes d’activité et tassement des rémunérations ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1705104986969874766"}"></div></p>
<p>Cette conférence sur les bas salaires apparait toutefois comme un signe de la dévitalisation du rôle des branches dans la régulation du rapport salarial dans un nombre considérable de secteurs d’activité, où les salaires se déterminent en <a href="https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/09/18/que-sait-on-du-travail-quel-role-pour-la-branche-dans-la-definition-des-conditions-d-emploi-et-des-salaires-en-france_6189853_1698637.html">dehors de toute référence à sa convention collective</a>. Elle est en cela aussi l’aboutissement d’une politique constante de ce gouvernement, et de ses prédécesseurs sur ces vingt dernières années, consistant, au moyen d’une multitude de réformes du « dialogue social », à donner la priorité aux négociations d’entreprise dans la construction des compromis salariaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1704400673423364601"}"></div></p>
<p>Mais que cela signifie-t-il de négocier dans les entreprises quand les syndicats <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/17b3ae156eb512bed6bef61a7ebb2407/DR_IRP_2021.pdf">y sont de moins en moins présents</a> (en 2021, seulement 11,2 % des entreprises de 10 salariés ou plus disposaient d’au moins un délégué syndical, représentant 57,5 % des salariés du champ), ou quand les moyens mis à disposition des élus du personnel ont été <a href="https://ires.fr/publications/cfdt/lordonnance-de-2017-sur-le-cse-un-affaiblissement-de-la-democratie-sociale-en-entreprise/">diminués par les ordonnances Travail de 2017</a> ?</p>
<p>La question de la réalité du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dialogue-social-44601">dialogue social</a> dans les entreprises, en fonction en particulier des contextes de marché des entreprises et des contextes de travail des salariés, est l’objet de notre ouvrage collectif <a href="https://editions-croquant.org/dynamiques-socio-economiques/917-un-compromis-salarial-en-crise-que-reste-t-il-a-negocier-dans-les-entreprises-.html"><em>Un compromis salarial en crise. Que reste-t-il à négocier dans les entreprises ?</em></a> qui vient tout juste d’être publié aux Éditions du Croquant.</p>
<h2>La négociation salariale, une réalité très inégale</h2>
<p>En croisant analyse statistique et enquête de terrain, nous y montrons que la négociation de nouveaux compromis entre employeurs et salariés sur les conditions de rémunération et de travail de ces derniers est devenue très difficile. La priorité donnée à la négociation d’entreprise contribue également à creuser encore plus les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/inegalites-salariales-103013">inégalités entre salariés</a>, en renforçant la précarité des moins diplômés, des salariés des petites entreprises, ou encore des travailleurs « essentiels » du secteur sanitaire et social.</p>
<p>Peut-on négocier dans des petites entreprises dépourvues de délégués syndicaux ou de représentants du personnel syndiqués, et dans lesquelles les salariés sont pris dans des relations de subordination directes avec leur patron ? La réponse est clairement non : la négociation collective dans ce type d’entreprises, qu’on a appelé « petites entreprises paternalistes », reste déjà très rare et quand elle a lieu, on ne peut qualifier d’accord son issue tant il s’agit davantage d’une décision unilatérale de l’employeur !</p>
<p>Or ce sont dans ces <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME) paternalistes qu’on trouve principalement les salariés peu qualifiés, mal rémunérés, comme les travailleurs de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/logistique-27386">logistique</a>, du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/batiment-36381">bâtiment</a> ou du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/commerce-20442">commerce</a>. Même quand les employeurs sont disposés à accorder quelques avantages salariaux, ou autre, à leurs salariés pour les fidéliser ou en attirer de nouveaux (salariés) dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre dans certains de ces secteurs, leurs marges de manœuvre restent très contraintes par leur dépendance à un donneur d’ordre ou à un marché économique à bas coûts de plus en plus concurrentiel.</p>
<p><iframe id="qeETg" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/qeETg/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Certes, lorsque les salariés sont plus qualifiés et disposent de davantage de ressources pour monnayer leurs savoir-faire professionnels, le rapport de force apparait certes différent. Dans notre analyse, on retrouve ces salariés dans des PME du type « innovantes et dynamiques », à l’instar des start-up ou des cabinets de conseil, et qui se situent sur des marchés internationalisés ou de niche avec des produits à haute valeur ajoutée.</p>
<p>Cependant, les négociations collectives appuyées par de réels échanges restent rares dans ce type d’entreprises. Même si ces organisations apparaissent plus souvent dotées que les précédentes de représentants du personnel, ces derniers sont rarement syndiqués face à des employeurs résolument hostiles à la présence syndicale et qui assoient l’hégémonie de leur pouvoir par le maintien de politiques de rémunération très individualisées.</p>
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<p>La présence syndicale reste donc un préalable à la possibilité de construire de nouveaux compromis salariaux favorables aux salariés, par les ressources qu’ils peuvent mobiliser et le rapport de force qu’ils peuvent engager. Cela étant dit, leur capacité de mobilisation s’est amenuisée sous l’effet de la précarisation et de l’éclatement des collectifs de travail. En outre, leurs marges d’action réelles dans les négociations se sont largement affaiblies, dans un contexte de financiarisation des plus grandes entreprises et de néolibéralisation des politiques publiques.</p>
<h2>Pression des actionnaires et de l’État</h2>
<p>C’est le cas des grands groupes industriels ou ceux de la grande distribution (les « entreprises néo-fordistes en tension » dans notre typologie) : la présence syndicale y est beaucoup plus forte et implantée depuis plus longtemps, de sorte que la négociation des salaires via les négociations annuelles obligatoires (NAO) s’est institutionnalisée.</p>
<p>Toutefois, du fait des fortes pressions des actionnaires et des risques de délocalisation pour certaines de ces entreprises, les syndicats peinent à obtenir de nouveaux avantages sociaux ou des augmentations de salaire conséquentes – quand ces négociations ne sont pas vidées de leur substance par l’absence d’autonomie de la direction d’établissement (les décisions étant prises uniquement au niveau de la tête de groupe).</p>
<p>Dans le secteur des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/services-29744">services</a>, les contraintes sont parfois d’un autre ordre. Notre enquête a par exemple mis à jour le modèle socio-économique qui caractérise les organisations du secteur sanitaire et social, qu’elles aient le statut d’entreprise commerciale ou d’association. Les budgets et même les normes de travail y sont largement encadrés par les pouvoirs publics, laissant peu de marges de manœuvre aux directions dans leur gestion du personnel et donc dans la détermination des salaires.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=714&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=714&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=714&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=897&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=897&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=897&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://editions-croquant.org/dynamiques-socio-economiques/917-un-compromis-salarial-en-crise-que-reste-t-il-a-negocier-dans-les-entreprises-.html">Éditions du Croquant (août 2023)</a></span>
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</figure>
<p>Pourtant, les salariés et les salariées – le plus souvent des femmes – subissent des conditions de travail particulièrement difficiles. Dans ce type d’organisations, le dialogue social ne permet le plus souvent que de décrocher de faibles primes pour la plupart des salariés et ne répond pas aux problématiques centrales d’organisation du travail et d’amélioration des conditions de travail.</p>
<h2>Une nécessaire intervention de l’État</h2>
<p>En même temps qu’elle a affaibli la capacité des représentants syndicaux à obtenir des compromis salariaux favorables aux salariés, et plus encore pour celles et ceux qui subissent de mauvaises conditions de travail et de rémunération, la décentralisation de la négociation collective a renforcé sa subordination aux logiques du marché et a modifié en conséquence la nature des compromis négociés.</p>
<p>De fait, négocier les salaires au niveau de l’entreprise a activement contribué à l’individualisation et à la flexibilisation des politiques de rémunérations en facilitant le développement des primes – d’intéressement, de participation, ou plus récemment la <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35235">« prime Macron »</a> – qui dépendent des résultats de l’entreprise ou n’a pas vocation à être pérennisé pour la dernière citée.</p>
<p>L’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/inflation-28219">inflation</a>, elle, touche pourtant durablement le revenu des salariés, ce qui justifie d’autant plus une intervention active de l’État pour créer les conditions d’une hausse généralisée et durable des salaires pour l’ensemble des salariés, par le mécanisme de la loi et des conventions de branche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215548/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La rencontre entre le gouvernement et les partenaires sociaux du 16 octobre intervient dans un contexte de recul des syndicats et de flexibilisation dans la fixation des revenus.Camille Signoretto, Maître de conférences en économie, membre du LADYSS, Université Paris CitéBaptiste Giraud, Maître de conférences en science politique, membre du LEST et de l'IRISSO, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2146002023-10-04T18:38:54Z2023-10-04T18:38:54ZRSE : les pays nordiques, un modèle à suivre pour les entreprises françaises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550957/original/file-20230928-25-v92w2u.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C13%2C1185%2C815&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près de trois entreprises sur 10 en France sont «&nbsp;bien engagées dans une trajectoire responsable&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1444091 ">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’<a href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">étude</a> sur les performances en matière de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-societale-des-entreprises-rse-21111">responsabilité sociale et environnementale</a> (RSE) des entreprises françaises, européennes, de l’OCDE et des BICS (sans la Russie donc pour cette dernière édition) publiée début septembre 2023 par le Médiateur des entreprises et la plate-forme de notation EcoVadis confirme l’essentiel des résultats et tendances présentés à l’occasion des études précédentes, tout en apportant des informations inédites essentielles.</p>
<p>Cette cinquième étude (après les éditions de 2015, 2017, 2019 et 2021) met en effet en évidence une performance extra financière remarquable des entreprises françaises, performance améliorée par rapport à celles observées précédemment, notamment il y a deux ans.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/rse-la-performance-remarquable-des-entreprises-francaises-en-2021-175376">RSE : la performance remarquable des entreprises françaises en 2021</a>
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<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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</figure>
<p>Les progrès, significatifs, reposent sur de véritables « locomotives » qui représentent une part en nette augmentation des « entreprises bien engagées dans une trajectoire responsable » (selon les termes employés dans l’étude, soit les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/entreprises-20563">entreprises</a> dont le score global RSE s’avère supérieur à 65). Cette part représente ainsi 28 % des entreprises évaluées en 2022 en France, à comparer à la moyenne européenne de 19,8 %. Avec un score global moyen de 57,6, ses entreprises permettent à la France de se classer au 4<sup>e</sup> rang derrière un trio constitué de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/norvege-22151">Norvège</a>, de la Finlande et de la Suède.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les performances remarquables de la catégorie « Nordics »</h2>
<p>Les performances des pays qui la constituent ont conduit les réalisateurs de l’étude à créer une nouvelle catégorie de pays, à côté des traditionnelles catégories que sont l’OCDE ou les BICS. Cette catégorie dite « Nordics » partage avec la France le fait de voir les plus fortes progressions sur les deux dernières années. L’« avance » prise par les entreprises de ces pays a donc tendance à s’accroître. </p>
<p>De façon générale, il est possible de conclure de ces observations que plus une entreprise (et au niveau agrégé un pays) est engagée dans le développement et le déploiement de pratiques RSE, plus elle (ou il) a tendance à aller plus loin, comme si les bénéfices récoltés (en partie émergents ou induits, c’est-à-dire allant au-delà des effets attendus, bien compris au départ) encourageaient les « plus avancées » à produire davantage d’efforts.</p>
<h2>Des progrès dans tous les secteurs</h2>
<p>En France, des progrès en matière de RSE sont ainsi observés pour toutes les tailles d’entreprises françaises, avec des améliorations particulièrement fortes pour les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises (PME)</a> et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette tendance témoigne du fait que les « locomotives » évoquées plus haut, encore souvent des grandes entreprises, ne sont pas les seules à progresser. Les plus grandes organisations ont en effet embarqué progressivement dans leur démarche leurs partenaires, notamment leurs fournisseurs.</p>
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<p>Les progrès sont également notables dans tous les secteurs observés (de l’agroalimentaire, à la construction ou aux transports). Plus intéressant encore, toutes les dimensions de la RSE enregistrent des progrès, ses entreprises permettant même à la France de se classer à la deuxième place (derrière la Finlande) sur le thème « Social et droits humains ».</p>
<p>La France gagne également deux places (se classant 6<sup>e</sup>) sur le thème « Éthique » et une sur le thème « Environnement » (se classant 4<sup>e</sup>). Les « Achats responsables », qui constituent le 4<sup>e</sup> thème observé voient la France <a href="https://index.ecovadis.com/country?regions=EU&regions=Denmark&regions=Finland&regions=France&regions=Norway&regions=Sweden&size=All&theme=SUP">reculer d’une place (4ᵉ) au profit de la Norvège</a>. Cette dernière dimension, qui voit pourtant le score de la France progresser de façon non négligeable par rapport à 2020 (en dépit de la perte d’une place) reste néanmoins essentielle pour la diffusion des pratiques responsables dans toute l’économie. Nous retrouvons bien ici le rôle de « locomotive » des entreprises les plus avancées, rôle que nous évoquions dans un précédent article.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-grandes-entreprises-un-role-de-locomotive-a-assumer-pour-leconomie-francaise-113863">Les grandes entreprises, un rôle de locomotive à assumer pour l’économie française</a>
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<p>Essentielles du point de vue de la bonne santé des entreprises et de l’économie en général, les pratiques responsables observées dans le cadre de cette étude s’appuient sans doute sur des leviers différents d’un pays à l’autre.</p>
<p>Le rôle de la réglementation reste fondamental et tire incontestablement de façon importante les pratiques vers plus de responsabilité. Citons ici, par exemple, le rôle du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034290626/">devoir de vigilance</a> en vigueur en France depuis 2017 que l’on peut lier à un certain nombre de progrès mesurés par l’étude. Reposant sur une démarche volontariste, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/labels-33624">labels</a> (comme le <a href="https://www.economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprises/label-relations-fournisseurs-et-achats-responsables">label Relations fournisseurs et achats responsables</a>) amènent en outre les entreprises qui entrent dans une démarche de labellisation à ajouter des contraintes à des contraintes légales qui se renforcent. Ces organisations y gagnent souvent de façon non négligeable en visibilité et s’appuient généralement sur des convictions fortes et les valeurs de leurs dirigeants.</p>
<h2>Pragmatisme nordique</h2>
<p>Les pays nordiques nous montrent une autre voie, plus pragmatique, dans le sens où elle repose sur des intérêts économiques mieux compris, bien plus que sur les valeurs des dirigeants (ce qui ne les exclut pas bien entendu). En matière d’achats responsables, les progrès réalisés par les pays nordiques reposent ainsi en grande partie sur des démarches très poussées en termes d’analyse et d’évaluation des risques (RSE).</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<p>La cartographie des risques liés aux achats est en effet en place au sein de 20 % des entreprises évaluées sur la zone Nordics contre 14 % en France. La différence provient essentiellement des niveaux de pratiques des grandes entreprises de 1000 salariés et plus (53 % contre 40 % en France). Les intérêts visés se définissent alors de façon précise en termes de réduction de risque, mais aussi de capacité à saisir des opportunités.</p>
<p>Il ne s’agit bien sûr pas ici d’opposer les valeurs et les intérêts économiques bien compris, mais plutôt de permettre aux seconds de renforcer la mise en pratique des premières. Il est souvent important, en effet, pour les dirigeants d’entreprise, de prendre conscience du fait que si les pratiques responsables coûtent généralement (même si de nombreux exemples montrent qu’elles s’avèrent de réelles <a href="https://formation-professionnelle.lemonde.fr/guide/articles/la-rse-levier-de-performance-pour-les-entreprises-22393">sources d’économies</a>), ne pas les mettre en œuvre risque de coûter beaucoup plus cher. Forts d’arguments financiers robustes et particulièrement utiles dans les discussions avec les actionnaires, ils ont alors la possibilité de décider et d’agir en meilleure cohérence avec leurs valeurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugues Poissonnier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude mondiale sur la performance en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises classe la France au 4ᵉ rang derrière la Norvège, la Finlande et la Suède.Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2064492023-05-28T15:36:27Z2023-05-28T15:36:27ZLes PME sont moins enclines à licencier que les grandes entreprises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/528315/original/file-20230525-15-rnw4f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La proximité sociale dans les petites structures rend plus difficile la décision d'un licenciement.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1436889">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis le début de l’année 2023, les grandes entreprises de la tech américaine ont multiplié les annonces de suppression de postes : <a href="https://www.francetvinfo.fr/internet/amazon/amazon-va-supprimer-27-000-postes-en-2023-annonce-son-directeur-general_5722667.html">27 000 chez Amazon</a>, <a href="https://fr.euronews.com/2023/01/19/10-000-licenciements-chez-microsoft">10 000 chez Microsoft</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/03/14/meta-va-supprimer-10-000-postes-de-plus_6165436_4408996.html">10 000 chez Meta</a>, la maison-mère de Facebook. Fin 2022, Elon Musk, nouveau patron de Twitter, annonçait <a href="https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/hecatombe-dans-la-tech-plus-de-130-000-licenciements-en-2022-940762.html">3 700 licenciements dans le monde</a>.</p>
<p>En quelques mois, plusieurs des géants mondiaux de la tech auront ainsi supprimé entre 5 % et 50 % de leurs effectifs. Les dirigeants de ces entreprises justifient ces décisions par la nécessité de réduire les coûts et améliorer la performance financière dans un contexte de ralentissement économique lié à la hausse des taux d’intérêt et à une baisse de la demande.</p>
<p>Les vagues de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/licenciement-24562">licenciements</a> en cas de ralentissement de l’activité économique dans un secteur d’activité, comme aujourd’hui dans la tech, constituent un <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amj.2018.1013">phénomène couramment observé depuis les années 1980</a>. Si l’on parle de vagues, c’est que les plans de licenciements dans les grandes entreprises semblent <a href="https://journals.aom.org/doi/10.5465/amj.2018.1013">résulter d’un certain mimétisme</a>.</p>
<p>Autrement dit, lorsqu’une entreprise annonce un plan de licenciements, ses concurrents font souvent rapidement de même, peut-être par crainte d’être taxés de passivité par leurs actionnaires quand d’autres prennent des décisions difficiles. Une pression à la performance exercée par les actionnaires et les marchés financiers contribuerait donc à expliquer les vagues de licenciements.</p>
<h2>Moins de pression sur les PME</h2>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME) sont, elles, moins concernées par ce phénomène. Dans un récent <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-023-05414-z">article</a> de recherche, nous montrons que la probabilité qu’un licenciement se produise est environ 5 % plus faible que dans les grandes entreprises, un chiffre assez stable dans le temps entre 2011 et 2019.</p>
<p>De surcroît, lorsque le chiffre d’affaires de l’entreprise considéré baisse, la probabilité d’observer des licenciements est également sensiblement plus faible dans les PME que dans les grandes entreprises. Ce n’est que dans les contextes de détresse financière, c’est-à-dire lorsque le risque de faillite devient très important, qu’il n’y a plus de différence entre PME et grandes entreprises. Enfin, lorsqu’un licenciement survient, il est d’une ampleur beaucoup plus faible dans une PME que dans d’autres types d’entreprises.</p>
<p>Comment l’expliquer ? Tout d’abord, contrairement aux grands groupes, la grande majorité des PME n’est pas cotée en bourse, et donc peu soumise à la pression des marchés financiers. De plus, les plus petites organisations sont couramment dirigées par le (ou les) actionnaires-gérants. Dès lors, la décision de licencier est prise au sein des PME directement par l’actionnaire-gérant qui travaille au quotidien directement, et parfois dans les mêmes bureaux que les salariés.</p>
<p>En conséquence, on ne licencie pas aussi facilement des collaborateurs avec qui l’on travaille au quotidien, parfois depuis des années, que des salariés que l’on n’a jamais rencontrés dans sa carrière. La probabilité plus faible de licenciement reflète ainsi une différence profonde qui existe en matière de proximité sociale entre les dirigeants et les salariés de PME d’une part et de grandes entreprises d’autre part.</p>
<h2>Un environnement plus sécurisant</h2>
<p>Nos travaux montrent donc que cette plus grande proximité sociale qui existe au sein des PME entre dirigeants et salariés est susceptible de protéger davantage ces derniers de licenciements que dans le cas de grandes entreprises. Nous avons fait l’hypothèse que, dans les contextes de baisse de la performance, les dirigeants de PME accordent plus d’importance au devenir de leurs salariés que ne le font les dirigeants de grandes entreprises, car ils se sentent plus proches d’eux. Dès lors, comme la décision de licencier serait plus difficile à prendre au sein des PME, le nombre de licenciements serait réduit.</p>
<p>Les PME représentent donc un environnement de travail plus sécurisant pour les salariés dont <a href="https://theconversation.com/fr/topics/emploi-20395">l’emploi</a> est moins susceptible d’être remis en question par les variations à court terme de la performance de l’entreprise. Dans la mesure où <a href="https://ec.europa.eu/docsroom/documents/42921">deux emplois sur trois créés par des PME au sein de l’Union européenne</a>, nos résultats soulignent l’importance économique et sociale d’une population dynamique de PME. Le soutien à leur émergence, à leur survie et à leur développement apparaît donc comme un enjeu majeur pour les pouvoirs publics.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206449/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vivien Lefebvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude montre que la probabilité qu’un licenciement se produise est environ 5 % plus faible dans les PME que dans les grandes entreprises, un chiffre qui reste assez stable depuis plus de 10 ans.Vivien Lefebvre, Enseignant-chercheur en finance, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1983342023-05-02T10:44:15Z2023-05-02T10:44:15ZEntreprendre, est-ce bon pour la santé ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506791/original/file-20230127-3270-6vw6f7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=44%2C64%2C1153%2C732&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’attachement des entrepreneurs à leur projet contribue à leur bien-être.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/achievement-confident-free-freedom-6945/">Snapwire/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Quand un dirigeant de grand groupe décède, l’effet sur l’entreprise reste généralement mineur. Le <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/le-titre-apple-en-hausse-malgre-la-mort-de-steve-jobs.N160287">décès pour cause de longue maladie de Steve Jobs</a>, fondateur d’Apple, et la <a href="https://www.boursier.com/actions/actualites/news/michelin-le-titre-limite-son-recul-apres-la-disparition-d-edouard-michelin-187131.html">disparition brutale d’Édouard Michelin</a> n’ont quasiment pas eu d’impact sur la valeur de l’action des entreprises en bourse. Christophe de Margerie, dirigeant de Total, <a href="https://www.lejdd.fr/Economie/Thierry-Desmarest-et-Patrick-Pouyanne-vont-assurer-l-interim-a-Total-pour-remplacer-Christophe-de-Margerie-695852-3178769">a été remplacé 48 heures</a> après son tragique accident. <em>Too big to fail</em>.</p>
<p>Or, cette vérité pour une grande entreprise n’est pas transposable pour les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises (PME)</a> où la disparition du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dirigeants-62811">dirigeant</a> a de fortes chances de remettre totalement en cause la survie de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/entreprises-20563">l’entreprise</a>. C’est la raison pour laquelle nous affirmons que la santé de l’entrepreneur est le premier capital immatériel de la PME.</p>
<p>Malgré cette évidence, la recherche en entrepreneuriat s’est tardivement intéressée à la santé. Les résultats actuels mettent en évidence que la santé des entrepreneurs est contrastée. La majorité des études montrent que la santé des entrepreneurs semble bonne <a href="https://journals.openedition.org/travailemploi/5806">voire meilleure que celle des salariés</a> ou que celle de la population générale. Mais en même temps, d’autres travaux, nettement moins nombreux, semblent <a href="https://www.proquest.com/openview/514036a9c5d0ff8180fb267bbeb291a2/1?pq-origsite=gscholar&cbl=49244">montrer l’inverse</a> (en matière d’épuisement et de stress professionnel, de rapport au sommeil, etc.)</p>
<p>Ces résultats contradictoires conduisent de nombreux chercheurs à conclure à une absence de consensus. Nous ne croyons pas à ce constat. À y regarder de près, ces résultats sont moins contradictoires que complémentaires. Ils révèlent selon nous une seule et même facette qui caractérise le rapport étroit que les entrepreneurs nouent à leur travail, et surtout à leur entreprise, rapport singulier qui finalement impacte doublement la santé à la fois dans sa dimension pathogène et dans sa dimension salutogène.</p>
<p>Cette facette est l’existentialisme, qui considère que l’individu a la charge de son destin et que nous avons étudiée dans un récent <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-entrepreneuriat-2022-Hors%20S%C3%A9rie%202-page-11.htm">article</a> de recherche, est responsable de ses actes et libre de décider des valeurs et des normes qui le guident.</p>
<h2>« Pas le temps d’être malade »</h2>
<p>Depuis quinze ans, nous auscultons la santé des entrepreneurs au sein de <a href="http://www.observatoire-amarok.net/sites/wordpress/">l’Observatoire Amarok</a>, membre du Portail du Rebond. Au fil de l’accumulation des connaissances (10 thèses soutenues entre 2014 et 2021), une évidence est apparue. Les entrepreneurs, notamment patrimoniaux, n’ont pas un rapport au travail comme tout le monde.</p>
<p>Du fait de leur investissement en capital (effet de propriété) et en raison de longues heures de travail – (<a href="https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/entreprise-souffrance-au-travail-des-dirigeants-un-sujet-tabou-13c7a316-bcec-11ed-95d7-ae0463183236">52 heures par semaine</a> versus 36 heures pour un salarié en France, selon Eurostat) – les dirigeants considèrent en grande majorité que leur travail et surtout leur entreprise sont des éléments essentiels de leur existence. Les Allemands ne s’y trompent pas en qualifiant le créateur d’entreprise d’<em>existenzgründer</em>, littéralement un fondateur d’existence.</p>
<p><iframe id="yo2Is" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/yo2Is/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Ce rapport existentiel va avoir trois conséquences sur le plan de la santé. La première est ce que nous appelons le phénomène de subordination. Le terme subordination a un double sens. Il suggère d’abord l’idée d’une hiérarchie implicite où l’entreprise et le travail priment sur la santé et toutes autres considérations extra-professionnelles. Mais la subordination induit aussi un rapport de pouvoir. Dans de nombreuses situations, l’entreprise a une forte emprise sur l’existence de l’entrepreneur. À l’instar d’un aimant, l’entreprise exerce un pouvoir d’attraction qui oriente en permanence l’attention et le comportement de l’entrepreneur. La centralité de l’entreprise est telle qu’elle exerce une domination intellectuelle, émotionnelle et morale sur l’existence même de l’entrepreneur.</p>
<p>De nombreux résultats attestent de ce phénomène de subordination. La plupart des dirigeants disent ne pas avoir le temps d’être malade et quand ils le sont, <a href="https://www.theses.fr/2016MONTD065">ils vont quand même au travail</a> (phénomène de surprésentéisme). Ils ont tendance à moins dormir, à moins se reposer les week-ends, à moins partir en vacances, à moins pratiquer le sport. Les entrepreneures ont tendance à <a href="https://hal.science/hal-03958673/">reprendre le travail plus vite</a> après un accouchement que les salariées et il n’est pas rare que certains entrepreneurs continuent à travailler dans leurs lits d’hôpital.</p>
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<p>Ils sont constamment à dire qu’il y a un <a href="https://iaap-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/apps.12021">« bon stress » et un « mauvais stress »</a>. Dire qu’il y a un bon stress est en partie vraie pour la performance, mais totalement erronée pour la santé. En reprenant notre approche existentialiste, lorsqu’un entrepreneur vit un « bon » stress, cela signifie que les retombées seront positives pour l’entreprise, c’est pourquoi il l’interprète comme stimulant ; encore une fois, c’est le travail avant la santé. De même, accorder du temps à la récupération et au détachement – le fait de ne plus penser au travail en dehors du travail – leur est très difficile. Au final, leur entreprise passe avant leur santé.</p>
<h2>Souffrance bien réelle</h2>
<p>La deuxième conséquence est d’occasionner des situations de souffrance qui peuvent résulter de ce lien trop fort entre l’entreprise et la vie de l’entrepreneur. La souffrance est un thème peu abordé par les chercheurs en entrepreneuriat plus enclins à valoriser le succès de l’entrepreneur plutôt que l’échec.</p>
<p>Pourtant des formes de souffrance sont bien réelles. Le licenciement d’un salarié, la transmission ou la liquidation de son entreprise sont des évènements qui affectent les fondements de la propriété et remettent en cause la gestion de l’entrepreneur et de ce fait mettent en jeu aussi sa santé mentale. Ces évènements peuvent être vécus comme une perte (perte de la relation salariée, perte de l’objet entreprise, perte de contrôle face aux évènements). Les ressorts existentiels sont si forts que les théoriciens de l’entrepreneuriat mobilisent les théories du deuil, parlent de traumatismes, abordent des risques existentiels comme le suicide ou le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/burn-out-106874">burn-out</a>.</p>
<p>L’observatoire Amarok a mis en évidence un risque de burn-out plus élevé chez les entrepreneurs que pour les salariés et la nécessité d’y remédier de manière préventive avec le <a href="http://www.observatoire-amarok.net/sites/wordpress/wp-content/uploads/2023/02/DOSSIER-de-presse-Amarok-e-Sant%C3%A9-agri-VF.pdf"><em>dispositif Amarok e-Santé</em></a> qui se diffuse aujourd’hui dans de nombreux Services de Prévention en Santé au Travail ou dans le monde agricole.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1425489706272235526"}"></div></p>
<p>Dans les cas les plus dramatiques comme le risque suicidaire, dont la <a href="https://econpapers.repec.org/paper/haljournl/hal-04009471.htm">prévalence augmente sensiblement dans les situations de liquidation</a>, il importe de continuer à promouvoir les dispositifs anti-suicide dans le monde patronal comme <a href="https://www.apesa-france.com">Apesa</a> ou <a href="https://agriculture.gouv.fr/agriecoute-mal-etre-solitude-idees-suicidaires-parlez-en">Agri-écoute</a>.</p>
<p>Mais, il serait réducteur, voire contre-productif de limiter la question de la santé des entrepreneurs à la seule dimension pathogène. Il est également important de se pencher sur les ressources et les capacités qui permettent à une personne d’être en bonne santé. Cette salutogenèse découle d’un état de bien-être où la personne est en forte cohérence avec sa condition d’existence.</p>
<h2>Emprise existentielle</h2>
<p>La troisième conséquence repose sur l’interprétation existentielle de la salutogenèse. Les spécialistes décrivent le fonctionnement salutogénique comme la capacité d’un individu de <a href="https://psycnet.apa.org/record/1988-20161-001">voir les stimuli de l’environnement d’une manière positive</a> et constructive, d’utiliser l’information pour prendre des décisions efficaces, d’interpréter les stimuli comme ayant du sens et comme autant de défis qui dirigent son énergie à faire face, à résoudre des problèmes et à obtenir des résultats.</p>
<p>Comment ne pas voir le profil type de l’entrepreneur dans cette description du comportement salutogène ? Voir d’une manière positive et constructive, prendre des décisions efficaces, motivation intrinsèque, percevoir les stimuli comme des défis, résoudre des problèmes, obtenir des résultats. Rien ne ressemble tant à la salutogenèse que l’entrepreneuriat.</p>
<p>Pour vérifier cette concordance, nous avons présenté une liste de 39 facteurs salutogènes (optimisme, résilience, sagesse, auto-efficacité, etc.) à 1224 entrepreneurs français en leur demandant pour chaque facteur s’ils avaient augmenté ou baissé au cours de leur carrière. Les résultats ont montré que les facteurs salutogènes ont quasiment tous augmenté. La capacité de s’adapter et la capacité d’assumer les conséquences de ses propres actions apparaissent en tête de ce palmarès. De manière générale, le fait d’être entrepreneur a un effet bénéfique pour la santé.</p>
<p>Finalement, bien que l’entrepreneur ait tendance à subordonner sa santé personnelle à la santé économique de son entreprise, l’emprise existentielle qui le lie à son travail a pour effet d’amplifier l’intensité et la fréquence des états de bonne santé mentale existentielle (la salutogenèse entrepreneuriale) mais parfois, hélas, d’engendrer des situations de souffrance aiguë.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198334/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les fondateurs, propriétaires ou gérants de petites entreprises se soignent moins que les employés. Ils bénéficient cependant d’un sentiment d’accomplissement qui engendre des effets positifs.Olivier Torrès, Fondateur d'Amarok, observatoire de la santé des dirigeants, Professeur des Universités, Université de MontpellierFlorence Guiliani, Professeure adjointe, Université de Sherbrooke Roy Thurik, Professeur émérite en Économie, Erasmus School of Economics, Rotterdam, Full Professeur en Entrepreneuriat, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1942672022-11-21T19:27:01Z2022-11-21T19:27:01ZPME : comment attirer et fidéliser les talents ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/494404/original/file-20221109-14-coyx50.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C3%2C1187%2C794&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Environ 6 PME sur 10 déclarent aujourd’hui manquer de talents pour croître.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/124247024@N07/14090438714">Flazingo Photos/Flickr </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.bpifrance.fr/nos-actualites/etude-attirer-les-talents-dans-les-pme-et-eti">83 % des petites et moyennes entreprises (PME) françaises rencontrent des problèmes d’attractivité</a>, de rétention et de développement des talents, selon une étude de Bpifrance de 2018. Ce constat est alarmant quand 6 PME sur 10 déclarent manquer de talents pour croître, avec un impact sensible sur leur chiffre d’affaires. Quand ces sociétés manquent de ressources pour investir, les grandes entreprises comme Google, Apple, L’Oréal restent davantage épargnées en raison de leur statut social, des avantages financiers qu’elles proposent et des ressources qu’elles allouent.</p>
<p>L’explication trouve notamment ses origines dans le management des talents (MT). Une étude <em>The Global Leadership and Talent Index</em> du Boston Consulting Group (BCG) de 2015 démontrait d’ailleurs que l’engagement d’une politique de MT (identification et responsabilisation des talents en interne, qualité de vie au travail, coaching, etc.) permettait de <a href="https://www.leapros.com/assets/downloads/The_Global_Leadership_and_Talent_Index_Mar_2015.pdf">multiplier par 2,2 les profits des entreprises</a>, et ce plus rapidement qu’une entreprise fonctionnant de manière classique.</p>
<p>Il s’agit donc d’un sujet important pour les directeurs des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ressources-humaines-rh-120213">ressources humaines</a> (DRH) mais aussi <a href="https://www.pwc.fr/fr/espace-presse/communiques-de-presse/2021/decembre/priorites-2022-des-directions-financieres.html">pour les directeurs financiers</a> qui estiment désormais que la croissance de l’activité de l’entreprise par ses propres moyens constitue le principal levier pour s’adapter au marché, comme souligné dans une étude du cabinet de conseil PWC publiée fin 2021.</p>
<p>Toutefois, il demeure légitime de s’interroger plus largement sur le rôle de chacun des acteurs de l’entreprise dans ce nouveau modèle de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/management-20496">management</a> stratégique. Bien qu’il soit généralement admis que le MT est une affaire du top-management pour faire face aux divers changements contextuels, il n’est pas coutume de discuter le rôle des managers dans cette dynamique, fédératrice et collective.</p>
<p>Cependant, comme nous l’avons montré dans un <a href="https://www.theses.fr/s312719">travail doctoral</a> récent, les managers dans les PME sont des leaders et des accompagnateurs du déploiement du MT au côté du top-management.</p>
<h2>Posture de manager-coach</h2>
<p>D’une part, les managers déterminent non seulement l’implémentation des stratégies et pratiques, mais contribuent également à l’identification du potentiel, des besoins de développement et des moyens de rétention des talents en PME, surtout à la vue de la proximité qui domine le relationnel dans ces organisations. Comme l’avance un DRH que nous avons interrogé :</p>
<blockquote>
<p>« Nous basons notre approche sur les retours des managers, qui appliquent nos pratiques, et qui nous permettent d’ajuster nos démarches et de forger nos politiques de développement des talents par exemple ».</p>
</blockquote>
<p>Les dirigeants doivent donc sensibiliser les managers de leurs rôles, importances et apports à l’organisation et au système de MT. D’autant plus, lorsqu’une nouvelle stratégie doit être mise en œuvre, puisqu’il appartient alors généralement aux managers de s’assurer qu’elle se déploie avec succès. Les managers apparaissent ainsi comme des relais primordiaux, d’où l’importance de les épauler et de les suivre dans leur mission d’agent d’implémentation ou de changement auprès des talents.</p>
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<p>D’autre part, les managers doivent opter pour une posture de manager-coach. Les managers sont en effet le premier point de contact pour leurs subalternes directs. Ils assurent la liaison et transmettent les informations entre les cadres supérieurs, les RH et les collaborateurs.</p>
<p>Les compétences de leadership, qui permettent de conduire efficacement des individus ou des organisations, apparaissent ainsi essentielles pour initier la dynamique et favoriser les comportements souhaités. En l’occurrence, notre recherche a par exemple montré que, dans le cas d’une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">PME</a> du secteur technologique, les compétences de leadership transformationnel des managers avaient été primordiales dans l’accompagnement de la croissance de l’activité de la PME, en même temps que l’adaptation de sa structure, de ses procédures et de ses démarches.</p>
<p>Enfin, les managers sont des dénicheurs et des développeurs de talent. Le dirigeant d’une PME technologique que nous avons interrogé détaille ainsi la politique mise en place au sein de son organisation :</p>
<blockquote>
<p>« nos managers identifient les talents avec un fort potentiel qui auront la capacité d’occuper des postes futurs de responsabilité et d’évoluer, dans et avec la boîte ».</p>
</blockquote>
<p>L’identification des talents peut donc se faire à deux niveaux : à destination des talents qui ont le potentiel pour évoluer dans l’organisation vers des postes de direction et vers d’autres qui peuvent maximiser leur potentiel dans les rôles existants.</p>
<p>D’un autre côté, l’un des véritables objectifs du management des talents est le développement des compétences et de la carrière des employés. Il s’agit d’adopter une attitude proactive, par anticipation, en analysant les besoins futurs en termes de compétences et les potentiels axes d’évolution possibles en termes de carrières et de postes. Autrement dit, le développement des talents consiste à commencer à les préparer au travail qu’ils ne font pas encore mais qu’ils pourraient faire à l’avenir.</p>
<h2>Réussir la réflexion stratégique</h2>
<p>Ainsi, afin de réaliser l’un des objectifs stratégiques de management des talents, à savoir le développement des talents, il est recommandé de confier aux managers les rôles de coach et de mentor. Bien que l’idée traditionnelle soit de développer les talents à travers les méthodes classiques de formation, les managers constituent, entre autres, un levier de développement des talents en PME. Dans ce but, ils associent leurs connaissances personnelles et les compétences managériales pour exercer ce rôle.</p>
<p>Cela leur permet d’améliorer l’efficacité des démarches de développement et la transformation des relations humaines au travail davantage axées sur la qualité (se faire confiance et travailler ensemble en période de changement ou de crise par exemple).</p>
<p>Comme souligné dans notre recherche par les dirigeants :</p>
<blockquote>
<p>« nous avons constaté divers changements positifs à la suite de la mise de l’accent sur nos managers qui, grâce à leur proximité, ont pu développer un climat de travail plus fédérateur ».</p>
</blockquote>
<p>In fine, les managers s’inscrivent donc bien dans la dynamique stratégique du management des talents et jouent un rôle primordial dans les PME en France. Ils permettent de réussir la réflexion stratégique et de faire face aux problématiques d’attractivité, de rétention et de développement des talents en France.</p>
<hr>
<p><em>Sabrina Loufrani-Fedida, professeure des Universités à l’Université Côte d’Azur, a supervisé la recherche doctorale à l’origine de la rédaction de cet article</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194267/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kousay Abid ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Selon un travail de recherche, les managers sont appelés à renforcer leur rôle dans les politiques de ressources humaines pour faciliter le recrutement et fidéliser les meilleurs éléments.Kousay Abid, Attaché temporaire de l’enseignement et de la recherche en sciences de gestion et du management, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1932452022-11-02T19:36:46Z2022-11-02T19:36:46ZLe build-up, un savoir-faire essentiel des capital-investisseurs<p>Le capital-investissement ou <em>private equity</em> a connu une croissance fulgurante depuis dix ans avec des fonds sous gestion multipliés par trois et dépassant <a href="https://www.ft.com/content/4d0e6f18-2d56-4175-98c5-e13559bdbc25">7 000 milliards de dollars US</a>, un montant similaire à la valeur totale des <a href="https://economy-pedia.com/11030561-market-capitalization-of-the-stock-market-by-country">entreprises cotées de l’Union européenne</a>. Cette industrie, autrefois une niche un peu obscure, est devenue un acteur majeur de la gestion d’actifs et du financement des entreprises. Des firmes comme Apollo, Blackstone ou KKR, flibustiers s’attaquant à la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/finance-20382">finance</a> traditionnelle et aux <a href="https://www.lesechos.fr/2015/08/rjr-nabisco-les-barbares-a-la-porte-1107928">conglomérats des années 1980</a>, sont devenues de grands gérants cotés en bourse. En France, le capital-investissement est également devenu un <a href="https://www.franceinvest.eu/chiffres-cles-notre-impact/">acteur important</a> du financement.</p>
<p>Les sociétés de capital-investissement (SCI) lèvent des fonds auprès d’investisseurs (en majorité institutionnels) et les investissent dans des <a href="https://www.franceinvest.eu/financer-et-accompagner/">entreprises non cotées</a> en bourse, en leur apportant des fonds propres (capital-risque, capital-développement) ou en finançant des acquisitions par LBO (<em>leveraged buyout</em> ou acquisition à effet de levier).</p>
<p>Ainsi, les « licornes » (start-up évaluée à plus d’un milliard de dollars) françaises comme Backmarket, Blablacar ou Doctolib sont financées par des fonds de capital-risque et de grandes entreprises comme Birkenstock, Cegid, Cerba Healthcare, Maisons du Monde ou Verallia sont ou ont été détenues par des fonds spécialisés dans le LBO.</p>
<h2>Quelle valeur ajoutée ?</h2>
<p>L’utilité économique et sociétale des LBO, principal segment du capital-investissement, reste cependant contestée. Dans quelle mesure ces opérations sont-elles bénéfiques aux entreprises et à leurs parties prenantes ? Les capital-investisseurs ont-ils une valeur ajoutée à la mesure de leur rémunération – <a href="https://www.agefi.fr/asset-management/actualites/quotidien/20211007/remunerations-dorees-private-equity-progressent-329613">souvent dénoncée comme excessive</a> – et de plus peu imposée, en particulier aux États-Unis ?</p>
<p>Ces derniers soulignent qu’ils sont aptes à identifier et à sélectionner des firmes performantes et, surtout, à les <a href="https://www.baincapitalprivateequity.com/">aider à réussir</a> en étant des actionnaires actifs et compétents, souvent majoritaires. Mais certains observateurs soutiennent que cette supposée valeur ajoutée est très exagérée et que les opérations reposent avant tout sur <a href="https://www.ft.com/content/e089cd78-d223-11e9-a0bd-ab8ec6435630">l’effet de levier financier</a> (une dette élevée) qui rend les entreprises financées plus fragiles.</p>
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<p>De plus, certaines recherches académiques récentes indiquent, bien qu’il n’y ait pas consensus sur le sujet, que la <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3623820">rentabilité moyenne du capital-investissement</a> n’est pas significativement supérieure à celle de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/investissement-20236">investissement</a> dans les sociétés cotées en bourse, ce qui pose la question des montants considérables investis par les investisseurs dans le secteur non coté.</p>
<h2>Opérations complexes</h2>
<p>Sans prétendre trancher ce débat, nous tentons de l’éclairer dans une <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2021-6-page-117.htm">recherche récente</a> sur les LBO build-up (<em>ou consolidation sectorielle</em>). Cette stratégie consiste à acquérir successivement plusieurs petites ou moyennes entreprises d’un même secteur d’activité pour les regrouper et constituer une entité plus grande et plus performante pour céder l’ensemble après quelques années.</p>
<p>Cette stratégie reste néanmoins délicate à mettre en œuvre car elle vise à construire un groupe cohérent et intégré en rassemblant des entreprises différentes et parfois concurrentes, ce qui pose de nombreux problèmes d’exécution : choix du secteur, sélection des cibles, harmonisation des pratiques de gestion, obtention de synergies.</p>
<p>Nous avons pris comme terrain d’étude une SCI française spécialisée dans ce type d’opérations et avons étudié le cas d’une de leurs opérations emblématiques. Nous avons interrogé les principaux acteurs du cas et l’acquéreur final de l’entreprise. Les acquisitions successives de six entreprises familiales régionales ont permis de construire une entreprise de taille intermédiaire (ETI) dans le domaine de la restauration collective qui a été ensuite cédée par la SCI, actionnaire majoritaire du LBO, à l’un des leaders mondiaux du secteur.</p>
<h2>Expérience et savoir-faire</h2>
<p>Notre recherche repose sur une approche dite « synthétique » de la gouvernance d’entreprise qui s’intéresse à la fois aux aspects disciplinaires (l’alignement des intérêts) et cognitifs (les échanges de connaissance). Elle met en évidence un savoir-faire spécifique de la SCI qui contribue au succès des build-up par la mise en place de mécanismes de gouvernance visant à aligner les intérêts des différents acteurs (SCI, dirigeant salarié du groupe, dirigeants/actionnaires des sociétés acquises) et à gérer efficacement échanges et création de connaissances au sein du groupe.</p>
<p>Nous montrons que, loin d’être de simples opérations financières reposant sur le seul levier financier, les LBO build-up reposent sur une implication active des SCI en termes de stratégie et de gouvernance, en particulier dans l’identification du secteur industriel à consolider, la sélection des entreprises à acquérir et l’établissement d’un cadre organisationnel propice à la construction de connaissances partagées. Ceci passe notamment par le recrutement d’un directeur général (DG) salarié à qui les aspects opérationnels de l’intégration des diverses entités sont délégués dans l’objectif de dégager des synergies et de constituer un groupe intégré.</p>
<h2>L’importance des enjeux cognitifs</h2>
<p>Les enjeux cognitifs sont essentiels dans les premiers stades de construction du groupe. La SCI veille à ce que les dirigeants des firmes acquises investissent (en tant actionnaires minoritaires) dans la holding tête de groupe, adhèrent au projet, acceptent le partage d’idées et fassent preuve d’ouverture afin de faciliter les échanges de connaissances et l’harmonisation des pratiques lors de la phase d’intégration.</p>
<p>La SCI s’efforce également d’instaurer un climat de confiance et de transparence favorable à la coopération avec le DG et entre celui-ci et les dirigeants des firmes acquises. Interrogé, le DG met en avant la nécessaire pédagogie déployée vis-à-vis des dirigeants des entités rachetées pour les inciter à faire preuve de transparence et à partager des outils de gestion et un reporting au niveau du groupe. Ceci favorise la diffusion des meilleures pratiques et l’émergence d’un langage commun propice à la réduction de l’hétérogénéité cognitive entre acteurs.</p>
<p>L’acquéreur final de l’ETI indique que la qualité du travail mené par la SCI dans la sélection et l’intégration des firmes, préalablement concurrentes, pour en faire un véritable groupe via, notamment, le partage de bonnes pratiques et les synergies commerciales a joué un rôle clé dans sa décision d’acquisition.</p>
<p>Notre recherche montre aussi que l’expérience acquise antérieurement par la SCI est susceptible d’être redéployée sur d’autres opérations de build-up, ce qui laisse supposer l’existence d’un avantage compétitif en faveur des SCI spécialisées dans ce type d’opérations. Les capital-investisseurs apportent donc, en plus du capital, une réelle valeur ajoutée grâce à leur savoir-faire en termes de gouvernance qui contribue au succès des opérations, un résultat mis en évidence par certaines recherches sur <a href="https://www.researchgate.net/publication/242335535_The_governance_of_going_private_transactions_The_leveraged_buyout_board_of_directors_as_a_distinctive_source_of_value">d’autres types de LBO</a>.</p>
<p>Des <a href="https://lelab.bpifrance.fr/Etudes/la-croissance-externe-au-service-de-la-transformation-de-l-entreprise">études antérieures</a> sur le build-up ont montré l’importance de la forte implication des SCI et d’une coopération étroite avec les dirigeants des firmes acquises pour le succès de ces opérations. Les recherches empiriques disponibles, bien que peu nombreuses, indiquent également que ces opérations seraient <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0929119907000302">plus rentables</a> que les LBO classiques, et que ceux réalisés par les SCI ayant une expérience préalable de cette stratégie produisent des <a href="https://www.bcg.com/publications/2016/private-equity-power-of-buy-build">rentabilités supérieures</a>, laissant supposer un effet d’apprentissage. Tout en apportant un support à ces résultats, notre recherche va plus loin puisqu’elle met en évidence les leviers spécifiques (disciplinaires et, surtout, cognitifs) sur lesquels les SCI sont susceptibles de s’appuyer pour contribuer au succès des opérations de build-up.</p>
<p>Stratégie complexe, le build-up peut aussi contribuer à la croissance des entreprises de taille moyenne. BPI France a d’ailleurs créé le <a href="https://www.bpifrance.fr/nos-solutions/investissement/investissement-expertise/fonds-build-international">Fonds Build-up International</a> dédié à l’accompagnement, par co-investissement, des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">PME</a> et ETI françaises dans leurs acquisitions à l’étranger.</p>
<p>La question de la valeur ajoutée des firmes de LBO s’inscrit dans les débats actuels sur le capital-investissement. Est-il toujours surperformant par rapport au secteur coté ? La rémunération des grands gérants de fonds est-elle excessive ? La régulation et la transparence sont-elles suffisantes au vu des capitaux que cette industrie mobilise ? Prend-elle assez en compte les questions environnementales et l’intérêt des parties prenantes autres que les actionnaires, question importante au vu des <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-decarbonation-des-pme-les-defis-du-private-equity-1867085">attentes en matière d’investissement responsable</a> ?</p>
<p>Il sera également intéressant de voir comment l’industrie s’adapte à un <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/coup-de-frein-a-lactivite-du-capital-investissement-au-deuxieme-trimestre-1776921">nouveau contexte</a> économique marqué par une forte hausse des taux d’intérêt, qui renchérit le coût des acquisitions à effet de levier, et une croissance plus faible (voire une récession) qui pourrait fragiliser les entreprises fortement endettées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193245/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’industrie du « private equity » parvient à dégager de la valeur ajoutée dans les opérations qui consistent à rassembler plusieurs petites entreprises pour ensuite céder le nouvel ensemble.Christophe Bonnet, Professeur de finance, Grenoble École de Management (GEM)Kirsten Burkhardt-Bourgeois, Maître de conférences, IAE Dijon, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1911972022-09-27T20:00:51Z2022-09-27T20:00:51ZAssocier les salariés à la gouvernance d’entreprise, une invention française (et pas allemande)<p>Par une étrange ironie de l’histoire, la France semble aujourd’hui se réconcilier, notamment via la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) <a href="https://www.economie.gouv.fr/plan-entreprises-pacte">promulguée en 2019</a>, avec une tradition séculaire, historique, vivace et qui a fondé un des piliers de notre système de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/gouvernance-23847">gouvernance</a>. Alors que la vision financiarisée de l’entreprise exclut par principe et <em>sui generis</em> les salariés, les évolutions les plus récentes des entreprises permettent en effet de <a href="https://ideas.repec.org/a/dij/revfcs/v22y2019i1p63-88..html">réhabiliter la présence des salariés au cœur de la gouvernance</a>.</p>
<p>Avec la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/loi-pacte-49810">loi Pacte</a>, la codétermination, c’est-à-dire la détermination <em>en commun</em> des décisions par les salariés et les actionnaires, se manifeste concrètement par la participation, au sein du conseil d’administration ou de surveillance de représentants désignés par les salariés.</p>
<p>Ainsi, les articles <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000042012257/">184</a> à <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000038497812">186</a> de la loi Pacte (à la suite de la loi Rebsamen de 2015) rendent obligatoire et renforcent la présence des salariés au sein des conseils d’administration ou de surveillance dans les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (Société anonyme et Société en commandite par actions de plus de 1 000 personnes en France ou 5 000 personnes en France et à l’étranger). La loi introduit la présence d’un administrateur salarié lorsque le conseil compte jusqu’à 8 administrateurs, et de deux administrateurs salariés au-delà de ce seuil qui était jusqu’alors fixé à 12 administrateurs.</p>
<p>Cela n’est pas sans rappeler les systèmes germaniques et nordiques d’association des salariés à la gouvernance regroupés sous le terme de codétermination. Pourtant, cette idée d’impliquer les salariés dans la gouvernance émerge en France dès 1945, soit 30 ans avant la généralisation de ce modèle en Allemagne (1976), qui sert très souvent de point de référence historique sur le sujet. La participation des salariés figure d’ailleurs au <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946">huitième alinéa du préambule de la Constitution</a> française du 27 octobre 1946 :</p>
<blockquote>
<p>« Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises. »</p>
</blockquote>
<p>Certes, le système allemand fait figure de modèle incontournable mais peu de personnes savent que la France a développé après-guerre une école de pensée autonome et novatrice dont les influences sont (partiellement) traduites dans les dernières lois qui permettent aux salariés de participer à la gouvernance et donc à l’orientation de leur entreprise.</p>
<h2>Dépasser la conflictualité</h2>
<p>Les prémisses proviennent de courants aussi différents que le socialisme utopique et le catholicisme social au XIX<sup>e</sup> siècle ou encore le mouvement coopératif au début de XX<sup>e</sup> siècle. Ces courants ont un peu plus tard influencé le général de Gaulle lorsqu’il a développé l’idée d’association du capital et du travail dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’association, cette troisième voie qu’il appelait de ses vœux était censée permettre d’éviter une fracture de la société.</p>
<p>L’association est ensuite devenue la participation des salariés (mise en place entre 1959 et 1967) qui comprenait trois volets : la participation au capital au travers de l’actionnariat salarié, la participation aux profits évoquée ces derniers mois avec le débat sur le dividende salarié et enfin, la participation aux décisions.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-participation-des-salaries-ameliore-le-pouvoir-dachat-et-limite-la-financiarisation-des-entreprises-181531">La participation des salariés améliore le pouvoir d’achat… et limite la financiarisation des entreprises</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Nous avons montré dans un <a href="https://presses-universitaires.univ-amu.fr/reforme-lentreprise-modele-francais-codetermination">ouvrage</a> récent que différents textes ou ouvrages jalonnent notre histoire de celui de l’ex-ministre du Travail Paul Bacon (1946) à la loi Pacte (2019). Ils convergent autour d’une réflexion : la « Réforme de l’entreprise ». À la différence des pensées marxistes ou collectivistes, l’ambition n’est pas de renverser l’entreprise capitaliste. L’idée est plutôt de la faire évoluer vers un modèle dépassant la conflictualité pour fonder une organisation plus équilibrée et respectueuse des parties prenantes internes. Une forme de préfiguration des travaux ultérieurs sur la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-societale-des-entreprises-rse-21111">responsabilité sociale de l’entreprise</a> (RSE).</p>
<h2>Propositions enterrées</h2>
<p>Cette « Réforme de l’entreprise » connut son apogée en 1975 avec le comité et le rapport sur le sujet confiés au haut fonctionnaire Pierre Sudreau par le président Valéry Giscard d’Estaing. Pierre Sudreau réunit un comité qui rassemble tous les partenaires sociaux pour travailler à un véritable projet de réforme de l’entreprise.</p>
<p>Il réussit le tour de force de réunir et de faire travailler ensemble tous les représentants des partenaires sociaux, sans exception, pour proposer des réformes novatrices de l’entreprise. Le comité rédige un <a href="https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1976_num_28_4_16781">rapport</a> comprenant 69 propositions de réformes dont la modernité est plus que frappante. Le rapport est très attendu et est même un succès de librairie : il se vend à plus de 200 000 exemplaires.</p>
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<p>La proposition la plus médiatique est la cosurveillance. Ce terme désigne une forme allégée de codétermination avec des conseils d’administration ou de surveillance composés de salariés pour un tiers. Un an avant l’implantation d’un système similaire en Allemagne, la France manque ce rendez-vous historique puisque le rapport Sudreau comme ses propositions seront enterrés. Seule la <a href="https://www.doctrine.fr/l/texts/lois/JORFTEXT000000339023">loi Beullac de 1977</a> sur le bilan social constituera la traduction d’une de ces 69 propositions.</p>
<p>La cosurveillance proposée par le rapport Sudreau n’a pas été adoptée pour plusieurs raisons liées à la conjoncture économique et politique. En 1975, l’économie française entre en récession avec une croissance du PIB négative pour la première fois depuis 30 ans. Les désaccords au sommet de l’État qui culmineront avec la démission de Jacques Chirac de son poste de premier ministre en 1976 ne sont sans doute pas étrangers aux changements de priorités. L’absence d’un réel soutien politique a ainsi relégué la cosurveillance au second plan au moment où l’Allemagne généralisait ce système en 1976.</p>
<h2>Communauté humaine</h2>
<p>Oubliée pendant quarante ans, la codétermination a <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/05/la-codetermination-est-une-idee-porteuse-d-avenir-qui-doit-trouver-sa-place-dans-la-loi_5196511_3232.html">resurgi dans le débat public</a> ces dernières années. Elle partait d’une réflexion sur la nature de l’entreprise, une entreprise analysée comme une communauté humaine. Cette analyse fait aujourd’hui défaut pour comprendre les problèmes de recrutement et de fidélisation que traversent les entreprises. Le <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-cours-du-college-de-france/le-travail-n-est-pas-une-marchandise-contenu-et-sens-du-travail-au-XXIe-si%C3%A8cle-par-alain-supiot-4554405">travail n’étant pas une marchandise</a>, il ne peut être dissocié de la personne qui le réalise qui éprouve un besoin naturel de participer à la définition de sa finalité. Cela est d’autant plus vrai pour les entreprises où le travail est le principal ingrédient de leur valeur.</p>
<p>Au sein de cette communauté humaine, le travail n’est pas une partie prenante comme les autres mais une partie prenante constitutive de l’entreprise. Par une pirouette de l’Histoire, au regard de la prédominance des sujets de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ou de durabilité, la place des salariés n’est désormais plus fondamentalement remise en cause comme dans les années 1970 ou 1980.</p>
<p>Les crises successives, tant financières que sociétales, du début du XXI<sup>e</sup> siècle ont en effet révélé la responsabilité des entreprises et par conséquent de son mode de décision et sa gouvernance. L’entreprise est tenue responsable vis-à-vis de ses parties prenantes et, parmi ces parties prenantes, les salariés jouent un rôle de premier plan.</p>
<p>Les conclusions des rapports qui ont précédé la loi Pacte, de nombreux rapports internationaux et de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2018-2-page-181.htm">vont dans ce sens</a> : elles préconisent sans ambiguïté la participation des salariés à la gouvernance. Ce même raisonnement qui était au cœur du courant français de la réforme de l’entreprise, il y a près de 40 ans…</p>
<h2>Extension de la loi Pacte</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Couverture du livre « La réforme de l’entreprise : un modèle français de codétermination », par Nicolas Aubert et Xavier Hollandts" src="https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=948&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=948&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=948&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1191&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1191&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486097/original/file-20220922-7052-jyub19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1191&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">« La réforme de l’entreprise : un modèle français de codétermination », par Nicolas Aubert et Xavier Hollandts (2022).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Éditions Presses universitaires d’Aix-Marseille</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Quelle perspective s’ouvre dans les prochaines années ? Si l’on considère que la loi Pacte préfigure des tendances à venir, on devrait en toute logique assister à une généralisation de la codétermination. Son extension était d’ailleurs prévue dans la loi après une <a href="https://www.strategie.gouv.fr/publications/comite-de-suivi-devaluation-de-loi-pacte-deuxieme-rapport">évaluation du dispositif actuel réalisée par France Stratégie</a> en 2021.</p>
<p>L’extension de la codétermination aurait pour conséquence que les salariés soient de plus en plus présents au sein des conseils d’administration ou de surveillance de plus en plus d’entreprises. Une telle extension pourrait également concerner les petites et moyennes entreprises (PME) à l’avenir et non plus seulement les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) comme à l’heure actuelle.</p>
<p>L’approfondissement de la codétermination alignerait le modèle de gouvernance sur le modèle allemand. Parmi les autres pays européens, plus de la moitié associent les salariés aux conseils avec des nuances diverses. La codétermination est ainsi analysée comme la <a href="https://riodd.net/colloque-college-des-bernardins-paris-16-17-mars-2018-gouvernement-participation-et-mission-de-lentreprise/">forme normale du gouvernement d’entreprise</a>. Le Danemark le prévoit par exemple pour les PME.</p>
<p>Dans les grandes entreprises allemandes de plus de 2000 salariés, les conseils de surveillance sont pour moitié composés de salariés. Ces particularités interrogent sur la constitution d’un véritable régime européen de codétermination qui ferait figure de modèle très avancé, largement alimenté par des courants historiques puissants dont l’objectif était bel et bien de réformer l’entreprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191197/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle développait l’idée d’une meilleure association du capital et du travail dans le but d’éviter une fracture de la société.Xavier Hollandts, Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business SchoolNicolas Aubert, Professeur des Universités en Finances, IAE, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1874742022-09-18T16:00:12Z2022-09-18T16:00:12ZComment améliorer la survie des microentreprises ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/475426/original/file-20220721-25-7jjsdw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C14%2C1174%2C783&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, une entreprise sur trois disparaît au bout de 3&nbsp;ans.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1451093">Pxhere</a></span></figcaption></figure><p>Les microentreprises, qui comptent de moins de 10 salariés et ont moins de 5 ans, rencontrent des difficultés dans leur survie-développement : une <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i0763.asp">entreprise sur trois disparaît avant trois ans d’existence</a> et seulement 4 % des structures pérennes à cinq ans créent des emplois.</p>
<p>L’accompagnement entrepreneurial, qui permet <a href="https://www.cairn.info/revue-vie-et-sciences-de-l-entreprise-2013-1-page-93.htm">d’améliorer sensiblement le taux de survie</a> de nouvelles entreprises, doit donc être renforcé. Mais sur quels points doit-il porter plus spécifiquement pour gagner en efficacité ? Pour mieux le comprendre, nous avons mené une recherche-intervention auprès d’un échantillon de seize entreprises, âgées de deux à quatre ans, disposant d’une personnalité morale et dont l’effectif est compris entre zéro et quatre salariés.</p>
<h2>Multiples sources de défaillances</h2>
<p>Notre <a href="https://www.cairn.info/revue-entreprendre-et-innover-2018-2-page-105.htm">étude</a> montre d’abord une grande hétérogénéité des sources de défaillance avec des difficultés majeures, pour le groupe, au niveau de la gestion commerciale, de la gestion stratégique et de la gestion administrative et financière.</p>
<p>Le tableau ci-dessous présente les résultats de notre questionnaire et met en avant, pour le groupe d’entrepreneurs, les activités à risque de défaillance par domaine d’activités en fonction de leur maîtrise perçue de l’activité (« peu satisfaisante » ou « pas du tout satisfaisante ») et de la fréquence qu’ils allouent à celle-ci (« aucune » ou « moins d’une fois par mois »).</p>
<p><iframe id="FJXbJ" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/FJXbJ/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Cette hétérogénéité des activités sources de défaillance peut être expliquée par un second résultat générique : les activités réalisées par l’entrepreneur sont fortement dépendantes de son éducation, de ses formations et de ses expériences professionnelles antérieures. L’intégralité du groupe interrogé réalise une ou plusieurs activités acquises par l’expérience ou par l’éducation ou la formation.</p>
<p>Par exemple, un entrepreneur, ancien directeur financier, oriente ses activités vers le développement d’une analyse financière approfondie tandis qu’un autre, ancien directeur marketing, consacre un temps important à cette dimension. Chacun considère son domaine de prédilection comme primordial pour le succès de son entreprise au détriment d’autres activités sous sa responsabilité. Ainsi, ces facteurs agissent sur les attitudes de l’entrepreneur au sein de son entreprise et entraînent un ensemble d’actions sur le domaine d’activités maîtrisé.</p>
<h2>Besoin d’amélioration de la performance</h2>
<p>En élargissant ces premiers résultats, <a href="http://www.theses.fr/2017LYSE3065">l’analyse</a> économique interorganisations, qui repose sur la <a href="https://intercostos.org/wp-content/uploads/2018/01/SAVALL.pdf">théorie des coûts-performances cachés</a>, met en évidence les répercussions financières de ces dysfonctionnements perçus. Elle aboutit à montant global de 245 000 euros de perte de valeur ajoutée, soit une moyenne de 15 000 euros par entreprise. Ce montant apparaît significatif face au volume d’activités des entreprises : il représente 8,75 % du chiffre d’affaires moyen et 19 % des coûts de production moyens.</p>
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<p>Pour les 16 microentreprises de notre étude, le tableau ci-dessous présente par exemple les principaux dysfonctionnements perçus, une estimation des répercussions économiques provoquées et les sous-thématiques d’activités concernées par le dysfonctionnement. Il montre notamment que les coûts des opportunités non saisies ou encore une faible relation avec les partenaires s’approchent de 40 000 euros.</p>
<p><iframe id="yo6Rf" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/yo6Rf/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>À partir de nos résultats, nous proposons un apprentissage du dirigeant qui passe par un accompagnement en trois étapes. Cette dynamique passe tout d’abord par une appréciation des domaines de besoins de compétences des dirigeants et une analyse de la performance globale et durable de l’entreprise (Étape 1).</p>
<p>Ensuite, la présentation des résultats au groupe de dirigeants peut ensuite favoriser leur prise de conscience des difficultés face à des besoins de compétences apparus dans le diagnostic (Étape 2). Cette deuxième étape doit permettre au dirigeant de s’orienter vers des solutions de formations ciblées (Étape 3) qui répondent à un besoin d’amélioration de la performance globale et durable de l’entreprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187474/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude invite à mieux cibler l’accompagnement des entrepreneurs face à la diversité des activités dont ils sont en charge.Thomas Rouveure, Chercheur associé, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Fabio Saliba, Enseignant vacataire, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1871672022-09-07T18:03:21Z2022-09-07T18:03:21ZLes villes, premiers moteurs de la réindustrialisation en France<p>La pandémie et, plus récemment, le conflit en Ukraine ont accéléré la prise de conscience des faiblesses de notre modèle économique. Nos dépendances vis-à-vis de l’extérieur <a href="https://theconversation.com/la-tragedie-industrielle-et-logistique-des-masques-recit-en-cinq-actes-137819">pour les masques</a>, les tests Covid, les matériaux de construction, l’énergie, ou encore les produits alimentaires de base constituent autant de signaux concrets de la <a href="https://theconversation.com/relocalisation-souverainete-reindustrialisation-resilience-ne-confondons-pas-tout-145890">perte de souveraineté industrielle des pays européens</a>. Dans ce contexte, la France, durement touchée par la <a href="https://www.strategie.gouv.fr/publications/politiques-industrielles-france-evolutions-comparaisons-internationales">désindustrialisation</a> ces dernières décennies, apparait encore plus fragile que ses voisins.</p>
<p>Nos calculs réalisés à partir des <a href="https://ec.europa.eu/eurostat">données Eurostat</a> montrent que la France se place aujourd’hui aux derniers rangs de l’Union européenne en matière d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/industrie-21143">industrie</a>. Elle est 22<sup>e</sup> (sur 27) en termes de part de l’emploi industriel dans l’emploi total et 24<sup>e</sup> pour la part de la valeur ajoutée industrielle dans la valeur ajoutée totale (PIB). Cette situation la place juste devant des pays tels que le Luxembourg, les Pays-Bas, la Grèce, Chypre, ou bien encore Malte qui n’ont jamais véritablement été industriels. De plus, sur la période de rebond de l’industrie, entre 2016 et 2019, la France n’est que 21<sup>e</sup> en termes de croissance de l’emploi industriel (2 %).</p>
<p>De plus, ce rebond se traduit par un retournement spatial illustré par les cartes 1 et 2 ci-dessous.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte 1 : Évolution de l’emploi industriel entre 2011 et 2016" src="https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/474894/original/file-20220719-10057-d4v6tn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte 1 : Évolution de l’emploi industriel entre 2011 et 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eurostat (2016-2019), réalisation des auteures (2022)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/474895/original/file-20220719-10286-4osyy5.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte 2 : Évolution de l’emploi industriel entre 2016 et 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eurostat (2016-2019), réalisation des auteures (2022)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Entre 2011 et 2016, le déclin révèle des différences importantes de dynamisme industriel entre pays. Allemagne, Irlande, République tchèque, Hongrie, Roumanie se distinguent en positif. Depuis 2016, la reprise se généralise, mais avec des disparités spatiales plus marquées au sein des pays, à l’image de ce que l’on observe en France qui se réindustrialise quasi exclusivement au sud de la diagonale Le Havre-Genève.</p>
<p>Zoomons un peu plus près sur les territoires français (carte 3).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte 3 : Évolution de l’emploi industriel à l’échelle des aires d’attraction (2016-2019)" src="https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/474896/original/file-20220719-16-in33sx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte 3 : Évolution de l’emploi industriel à l’échelle des aires d’attraction (2016-2019).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Insee, Acoss (2016-2019), réalisation des auteures (2022)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les résultats de notre analyse des <a href="https://www.urssaf.org/home/observatoire-economique/donnees-statistiques.html">données Acoss</a> sur les emplois nous amènent à distinguer trois types d’espaces susceptibles de jouer un rôle structurant dans les années à venir.</p>
<h2>La vigueur industrielle des métropoles</h2>
<p>Pour des raisons évidentes, l’industrie n’est pas spontanément associée au tissu économique des plus grandes villes (emprise foncière, pollution, nuisance sonore, trafic routier, etc.). Pourtant, 60 % des emplois industriels créés sur la période 2016-2019 l’ont été dans les métropoles et leur couronne (ou <a href="https://www.insee.fr/fr/information/4803954">aires d’attraction</a> de plus de 700 000 habitants), alors même qu’elles ne concentrent que 35 % des emplois industriels français pour plus de 50 % des emplois totaux.</p>
<p>Cela s’explique en partie par une spécialisation dans des secteurs industriels dynamiques, associés à de hauts niveaux de qualification et de valeur ajoutée (industrie de l’information et de la communication, fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques, mais aussi fabrication de matériels de transport hors automobile). Ces secteurs génèrent à eux seuls l’essentiel des variations positives de l’emploi industriel dans les espaces métropolitains.</p>
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<p>Ces nouvelles dynamiques soulèvent de nombreux enjeux dans ces espaces déjà fortement sous pression foncière et démographique à l’image de villes comme Montpellier, Toulouse, Nantes ou Bordeaux, d’autant qu’aucune métropole n’est intégrée à la politique des <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/territoires-dindustrie/la-carte">territoires d’industrie</a> menée par le gouvernement français. Mais d’autres territoires apparaissent également stratégiques.</p>
<h2>Les atouts pluriels des villes moyennes</h2>
<p>En 2019, les villes moyennes françaises (ou aires d’attraction comprises entre 50 000 et 200 000 habitants), <a href="https://www.mdpi.com/2413-8851/4/2/15">plus traditionnellement associées à une dynamique industrielle</a>, concentrent 16 % de l’emploi total, mais 21 % de l’emploi industriel.</p>
<p>Sur la période 2016-2019, elles ont contribué à 21 % du regain industriel en France. Leur dynamisme est d’autant plus remarquable que leur spécialisation sectorielle a plutôt tendance à les pénaliser. On y observe par exemple un recul de l’industrie automobile ou encore de la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique dans lesquelles elles sont très souvent spécialisées.</p>
<p>Nombre de ces villes moyennes continuent à être sévèrement touchées par la <a href="https://theconversation.com/uk/topics/desindustrialisation-36070">désindustrialisation</a>, mais celles qui parviennent à rebondir enregistrent une croissance rapide de l’emploi industriel. Plus précisément, près de 60 % des aires de cette taille se réindustrialisent. Les secteurs qui portent cette dynamique sont l’industrie alimentaire, la fabrication de matériel de transport, de machines ou bien encore l’industrie pharmaceutique.</p>
<h2>La permanence de l’industrie rurale</h2>
<p>Enfin, l’une des caractéristiques de l’industrie française tient dans son maintien en milieu rural. 27 % de l’emploi dans les espaces ruraux sont encore industriels, pour 16,5 % en moyenne en France. Ce maintien s’explique par <a href="https://www.cairn.info/revue-pour-2016-1-page-53.htm">plusieurs facteurs</a> parmi lesquels la disponibilité foncière, la main-d’œuvre spécialisée, l’organisation industrielle autour d’un tissu dense de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME) ou bien encore des effets de proximité sectorielle et géographique favorisant la présence, par exemple, d’une industrie agroalimentaire. La hausse des emplois industriels reste néanmoins modérée, et contribue à hauteur de 5 % des variations positives observées depuis 2016.</p>
<h2>Des complémentarités territoriales</h2>
<p>Même si ces quelques résultats soulignent la place prépondérante des villes dans ces dynamiques de relance industrielle, on sait que les effets de taille n’expliquent pas tout. Les cartes européenne et française soulignent les effets régionaux, auxquels s’ajoutent des effets sectoriels.</p>
<p>Les premiers sont notamment conditionnés par les dynamiques démographiques, qui bénéficient aux territoires de l’Ouest et du Sud. Les seconds s’expliquent par l’histoire nationale et locale, ainsi que par les atouts différenciés des territoires (ressources matérielles et immatérielles, savoir-faire spécifiques, infrastructures, etc.).</p>
<p>L’ensemble de ces éléments témoigne de la diversité des richesses territoriales mais aussi, et surtout, d’une grande complémentarité entre les différents types d’espace. Il apparait donc nécessaire d’organiser, au niveau national et régional, la mise en cohérence des échelles d’action pour mener à bien la politique de relance industrielle. Tous les territoires ont en effet un rôle à jouer, des plus grandes villes aux espaces de faible densité dans une logique de complémentarité, de réciprocité équitable et de gestion durable des ressources.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187167/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Entre 2016 et 2019, 60 % des emplois industriels créés ont été dans les métropoles et leurs couronnes.Marjolaine Gros-Balthazard, Géographe, Maîtresse de conférences, laboratoire Pacte, Université Grenoble Alpes (UGA)Magali Talandier, Professeure des universités en études urbaines, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1854292022-07-04T18:42:25Z2022-07-04T18:42:25ZLe microcrédit, un soutien décisif à l’entrepreneuriat au Brésil<p>Les très petites entreprises (TPE) ont un poids considérable dans l’économie du Brésil : elles représentent <a href="https://www.sebrae.com.br/sites/PortalSebrae/ufs/mt/noticias/micro-e-pequenas-empresas-geram-27-do-pib-do-brasil,ad0fc70646467410VgnVCM2000003c74010aRCRD">53,4 % du PIB</a> national. Dans le domaine de l’industrie, leur participation (22,5 %) est déjà proche de celle des moyennes entreprises (24,5 %) et dans le secteur des services, plus d’un tiers de la production brésilienne (36,3 %) provient de leur activité.</p>
<p>L’impact des TPE dans l’économie brésilienne s’explique par la création de <em>supersimples</em> qui a réduit les impôts et unifié huit impôts en un seul, mais également par l’augmentation de la scolarisation au Brésil et l’expansion du marché de consommation depuis 2011. Ces trois facteurs ont motivé les Brésiliens à <a href="https://www.researchgate.net/profile/Walid-Nakara/publication/281983168_Les_bad_pratiques_d%27accompagnement_a_la_creation_d%27entreprise_Le_cas_des_entrepreneurs_par_necessite/links/561ccb6908aea8036725d19b/Les-bad-pratiques-daccompagnement-a-la-creation-dentreprise-Le-cas-des-entrepreneurs-par-necessite.pdf">entreprendre par opportunité et non plus par nécessité</a>.</p>
<p>Malheureusement, la plupart des entrepreneurs rencontrent encore des difficultés à obtenir des ressources pour démarrer l’entreprise. Celles-ci doivent être bien planifiées et structurées pour <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00950636">assurer une performance globale et durable</a> de l’entreprise. La difficulté d’accéder au crédit demeure donc un obstacle de taille à la croissance et à la survie des TPE.</p>
<p>Aujourd’hui, les petites entreprises brésiliennes disposent de trois voies différentes pour accéder aux ressources financières nécessaires à leur développement : les banques, les usuriers et les sociétés de microcrédit. Il ressort d’un récent travail de recherche que ce sont ces dernières qui représentent la voie d’accès au financement la plus efficace.</p>
<h2>Depuis 50 ans</h2>
<p>La première initiative de microfinance au Brésil a eu lieu à <a href="https://www.editorapeiropolis.com.br/produto/impacto-em-renda-no-microcredito/">Recife, Pernambuco et Bahia, en 1973</a>. L’Union du Nord-Est pour l’Assistance aux Petites Organisations (UNO) avait alors dirigé un programme de microcrédit devenu une référence pour plusieurs initiatives similaires en Amérique latine. Cependant, malgré ses succès, l’UNO a fermé en 1991, principalement en raison de son incapacité à générer une viabilité financière à long terme.</p>
<p>En 1982, la deuxième organisation du segment de la microfinance entre en vigueur. Il s’agit de l’Association brésilienne pour le développement de la femme – Banco da Mulher, créée à Rio de Janeiro pour lutter pour l’insertion des femmes dans la société et dans la qualité de vie de la famille. Plus tard, avec l’aide du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et de la Banque interaméricaine de développement (BID), Banco da Mulher a été lancé à Bahia, offrant un cours de formation et un crédit financier avec un soutien à la commercialisation.</p>
<p>Quatre autres institutions ont ensuite été créées entre 1986 et 1989, à savoir Banco do Microcrédito (Paraná), Promicro (District fédéral), le Centre de soutien aux propriétaires de petites entreprises (CEAPE-RS à Porto Alegre, Rio Grande do Norte et Maranhão, devenue le <a href="http://www.ceapepi.org.br/v3/institucional.php">CEAPE national en 2018</a>) et l’Institut du développement de l’action communautaire (l’IDACO, à Rio de Janeiro).</p>
<p>Dans les années 1990, trois autres initiatives voient le jour : Pró Renda à Ceará, le Tool Desk de Caixa Econômica Federal et Banco Providência à Rio de Janeiro. Enfin, certaines banques privées ont commencé à fournir des microcrédits aux entrepreneurs formels et informels à partir de 2002.</p>
<h2>Rapport qualité/prix</h2>
<p>Le microcrédit, dans notre étude, est considéré comme l’octroi de prêts de faible valeur de 21 000 reals brésiliens maximum (3 414 euros) à de petites entreprises n’ayant pas accès au système financier traditionnel (prêt bancaire), principalement parce qu’elles <a href="https://www.bcb.gov.br/content/publicacoes/outras_pub_alfa/microcredito.pdf">ne peuvent offrir de garanties suffisantes</a>.</p>
<p>Notre étude, menée entre août 2019 et août 2021 auprès de 114 d’entrepreneurs souhaitant recourir à un microcrédit à São Paulo, a permis de faire ressortir les principaux facteurs de motivation du choix du microcrédit que nous pouvons classer en 4 dimensions :</p>
<p>Tout d’abord, la dimension <strong>relation client</strong>, qui est exprimée par 90 % de notre échantillon (102 sur 114). Les entrepreneurs apprécient en effet d’être traités avec empathie, comme le souligne l’un de nos répondants :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai trouvé une structure qui m’écoute et me respecte en tant qu’entrepreneur, ce que je n’avais jamais vu auparavant dans une banque ».</p>
</blockquote>
<p>Ensuite, la <strong>facilité d’accès</strong> est mise en en avant par 75 % de notre échantillon (85 sur 114). Les entrepreneurs peuvent en effet demander de nouveaux prêts lorsqu’ils ont déjà payé au moins 80 % des échéances du précédent, ce qui n’est pas le cas des banques ou des usuriers. L’un d’entre eux en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Mes interlocuteurs disposent d’un historique de toutes mes activités, ce qui facilite l’approbation d’un nouveau crédit lorsque j’en ai besoin. Cela me donne plus de sécurité ».</p>
</blockquote>
<p>Environ 60 % de l’échantillon (68 sur 114) salue également le microcrédit comme un moyen de <strong>limiter la bureaucratie</strong> qui peut constituer un obstacle à l’approbation du crédit. Un entrepreneur reconnaît ainsi que :</p>
<blockquote>
<p>« Tout est plus rapide lors de la demande d’un nouveau crédit. Cela garantit que j’ai toujours une alternative disponible lorsque j’ai besoin d’argent pour gérer mon entreprise ».</p>
</blockquote>
<p>Enfin, 40 % de notre échantillon (45 sur 114) évoque l’avantage d’une <strong>planification financière personnalisée</strong>. L’un de nos répondants y voit un de la compréhension fine des besoins des par les sociétés de microcrédit :</p>
<blockquote>
<p>« La partie encaissement est bien développée, ils ne nous font pas oublier le paiement, cela aide beaucoup à planifier la partie financière et à respecter nos obligations avec eux ».</p>
</blockquote>
<p>Plus globalement, lorsque les entrepreneurs ont été interrogés sur les principaux facteurs positifs par rapport au crédit reçu, 100 % des répondants ont pointé le rapport qualité/prix comme principal facteur de souscription.</p>
<h2>Alternative essentielle</h2>
<p>Le microcrédit se donc présente comme un véritable créateur d’opportunités. Sans ce soutien, les entreprises de notre échantillon <a href="https://bibliotecadigital.fgv.br/ojs/index.php/rce/article/view/26573/25435">n’auraient pas pu aboutir aux améliorations</a> et aux progrès qu’elles ont réalisés grâce à ce canal de financement.</p>
<p>Soutenir l’accès au crédit des petites entreprises constitue donc l’une des fonctions motrices pour l’émergence d’alternatives professionnelles, l’augmentation de la productivité, la faisabilité de nouvelles entreprises et, par conséquent, le <a href="https://www.scielo.br/j/rap/a/XHgkBVrf7zLrFjVKD5cLcWf/?lang=pt">développement de l’économie nationale</a>. Ainsi, l’instrument du microcrédit devient une alternative essentielle dans la lutte contre la survie et le développement des très petites entreprises au Brésil.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185429/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plus que les banques ou les usuriers, les sociétés octroyant des prêts faible valeur constituent l’accès essentiel au financement des petites entreprises brésiliennes.Fabio Saliba, Enseignant vacataire, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Thomas Rouveure, Chercheur associé, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1855532022-06-29T22:48:57Z2022-06-29T22:48:57ZANVAR, Oséo, Bpifrance… les subventions institutionnelles favorisent l’accès au crédit des PME innovantes<p>Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME) innovantes jouent un rôle central dans les trajectoires de croissance économique des pays. En effet, une étude montre qu’elles sont le <a href="https://academic.oup.com/icc/article/19/4/969/658017">moteur du changement technologique</a> car elles amènent des produits et services plus innovants sur le marché. Il apparaît donc primordial que ces entreprises aient un accès aux financements externes (banques, capital-risque, etc.) afin de pouvoir développer leur plein potentiel, ce qui permettra à terme d’assurer le renouvellement du tissu industriel en France.</p>
<p>Dans la réalité, ce type d’entreprises souffre cependant de ce qu’on appelle « contraintes de financement » en raison des imperfections du marché des capitaux. Ce phénomène s’explique principalement par l’existence d’asymétrie d’information entre les PME innovantes et leurs prêteurs de fonds potentiels. Ainsi une PME innovante dispose de beaucoup plus d’informations sur son projet et sa probabilité de succès que les investisseurs externes. De plus, il n’est pas dans l’intérêt des firmes innovantes de donner des informations stratégiques sur ledit projet en raison de potentielles « fuites » qui pourraient servir la concurrence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-obtenir-un-financement-lorsquon-est-une-petite-structure-153737">Comment obtenir un financement lorsqu’on est une petite structure ?</a>
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<p>En conséquence, les investisseurs potentiels vont exiger une prime de risque plus élevée pour accepter de financer ce projet. Cette prime est en outre plus élevée pour les projets innovants que pour les investissements matériels (achat de machine, par exemple) car il est plus difficile de distinguer les « bons » projets des « mauvais » projets lorsque l’on parle d’innovation.</p>
<h2>Effet « certification »</h2>
<p>Depuis 2008, les initiatives publiques se sont ainsi multipliées dans le but de diminuer les contraintes de financement auxquelles font face les PME innovantes, et ce dans la plupart des pays européens et outre-Atlantique. Ces aides peuvent prendre la forme de subventions, d’avances remboursables, de crédit d’impôt, etc. En France, depuis les années 2000, différentes structures institutionnelles se sont succédé afin d’allouer les aides publiques à l’innovation. Le montant des subventions à l’innovation a notamment connu une forte hausse après la création, fin 2012, de Bpifrance, née de la fusion d’Oséo avec la Caisse des dépôts et consignations entreprises et le Fonds stratégique d’investissement (FSI). Il est donc pertinent d’évaluer l’efficacité de ces aides publiques.</p>
<p>Dans une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S004873332200021X">étude</a> récemment publiée dans la revue <em>Research Policy</em> couvrant la période 2000-2014, nous montrons un impact globalement positif des subventions à l’innovation octroyées successivement par l’Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR), Oséo et Bpifrance sur l’accès au crédit des PME. Nos estimations montrent que les firmes qui ont reçu une subvention à l’innovation de la part d’un de ces trois organismes ont augmenté significativement leur ratio de levier financier (total des dettes bancaires sur le total de l’actif), deux ans après l’obtention de ladite subvention. L’effet reste cependant hétérogène et semble centré sur les jeunes entreprises (moins de 7 ans) et sur les micros et petites entreprises.</p>
<p>Nous montrons également que cet impact positif provient essentiellement d’un effet de certification. En effet, d’un point de vue théorique, deux mécanismes peuvent expliquer comment l’octroi d’une subvention à l’innovation améliore l’accès aux financements extérieurs des entreprises : (i) l’effet « ressource » et (ii) l’effet « certification ».</p>
<p><iframe id="iG95b" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/iG95b/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>L’effet « ressource » renvoie au fait que la subvention octroyée accroît les capacités financières de l’entreprise. Ainsi, cette dernière va pouvoir se servir des fonds obtenus afin de financer ses investissements. <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150808">L’existence de cet effet a été démontrée</a> dans une étude portant sur le programme américain de soutien à l’innovation.</p>
<p>L’effet « certification » renvoie au fait que la subvention octroyée peut créer un effet indirect (ou de second tour) sur l’accès aux financements. L’idée est que l’octroi d’une subvention dans le cadre d’un processus compétitif confère un signal de qualité aux potentiels investisseurs. Bien entendu, le caractère compétitif du processus d’allocation des subventions et l’expertise reconnue de l’agence publique en charge de l’allocation sont des conditions nécessaires afin que cet effet puisse se matérialiser.</p>
<p>En revanche, nous ne trouvons pas d’augmentation significative du ratio de capital sur la période d’étude (capitaux propres sur le total de l’actif) pour les PME françaises après obtention de la subvention à l’innovation. Ce résultat s’explique par le fait que, même si un effet de certification est également présent pour les investisseurs en capital, il n’est pas suffisamment fort pour contrebalancer l’accroissement de l’utilisation de la dette bancaire dans la structure de capital des entreprises après l’obtention de la subvention.</p>
<p>En effet, les PME françaises restent très dépendantes du crédit bancaire qui constitue leur principale source de financement. C’est donc ce mode de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/financement-61240">financement</a> qui est largement privilégié après obtention de la subvention à l’innovation.</p>
<h2>Le levier du partenariat public-privé</h2>
<p>Le manque d’accès aux financements externes pour les PME innovantes reste donc un enjeu majeur de politique publique. En effet, ces contraintes financières subies par les PME peuvent amener à un sous-investissement en Recherche et Développement (R&D) et nuire aux perspectives de croissance. Cela justifie, donc, clairement la mise en place de politiques publiques spécifiques afin d’augmenter la R&D et les activités innovantes des PME en diminuant les contraintes financières auxquelles ces dernières font face.</p>
<p>En France, les différentes institutions successives de soutien à l’innovation ont prouvé que leur expertise permettait d’envoyer un signal positif aux investisseurs extérieurs afin de permettre le financement des projets amorcés par les PME. Néanmoins, le signal envoyé par les subventions semble être plus valorisé par les banques que par les investisseurs en capital.</p>
<p>En conséquence, quelques recommandations peuvent être faites en vue d’améliorer l’effet du signal sur le financement par capitaux propres. Premièrement, on peut imaginer que l’effet serait plus important si l’organisme améliorait sa communication, notamment au niveau des critères de sélection retenus pour le financement des projets. Deuxièmement, l’accroissement des partenariats avec des investisseurs privés rendrait également le signal plus efficace. Par exemple, un partenariat systématique pourrait être créé avec des investisseurs externes afin d’augmenter la part des projets financés ou le nombre d’entreprises subventionnées. Cela contribuerait à attirer des investisseurs externes, à réduire l’aléa moral pour ces investisseurs et à renforcer l’effet de certification.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185553/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bpifrance a financé l'accès aux services du Centre d'Accès Sécurisé à Distance (CASD).</span></em></p>Plus qu’un accroissement de leurs capacités financières, les entreprises bénéficient d’un signal de qualité auquel les investisseurs se montrent sensibles.Raphaël Chiappini, Maître de conférences en économie, Université de BordeauxBenjamin Montmartin, Associate Professor of Econometrics and Data Science, SKEMA Business SchoolSophie Pommet, Maître de Conférences en Sciences économiques, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1753072022-05-31T13:58:02Z2022-05-31T13:58:02ZLes études de marché sont essentielles à la réussite du parcours entrepreneurial<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447142/original/file-20220217-21-16ewqte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C992%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'étude documentaire est la première étape clé pour développer une bonne intelligence de marché.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>L’absence de marché est la deuxième raison, après celle du manque de financement, susceptible d’expliquer l’échec du parcours entrepreneurial, selon la société d’études et de conseils américaine <a href="https://www.cbinsights.com/research/start-up-failure-reasons-top/">CB Insights</a>.</p>
<p>Pourtant, nombre d’entrepreneurs et de professionnels de l’accompagnement continuent de dénigrer la phase d’étude de marché, au profit du principe de <em>Fail Fast, Pivot Quickly</em>. Très tendance, en particulier dans le monde des start-up, cette logique suggère de lancer rapidement son entreprise quitte à adapter ensuite l’offre en fonction des retours de la clientèle.</p>
<p>Mais comme en a fait l’amère expérience, l’entrepreneur canadien Tom Zaragoza, l’apprentissage par répétition n’est pourtant pas une recette miracle pour s’assurer de la bonne adhésion de son offre avec le marché. En 2017, après des mois d’efforts, il a lancé son site Gymlisted afin de faciliter la mise en relation entre clubs de gym privés et utilisateurs potentiels pour finalement se rendre compte qu’il n’y avait finalement <a href="https://www.failory.com/interview/gymlisted">aucune demande pour un tel service</a>.</p>
<p>Au travers de mes activités de professeur en marketing entrepreneurial, je rencontre malheureusement de plus en plus d’entrepreneurs convaincus d’avoir identifié l’idée du siècle, mais peu soucieux d’étudier le marché de façon plus structurée. Pourtant, l’étude de marché reste une étape essentielle pour les entrepreneurs, car si le porteur de projet n’est pas l’expert de son marché, alors qui le sera ?</p>
<h2>Deux idées reçues sur les études de marché</h2>
<p>En dépit du récit sur l’entrepreneur intuitif et visionnaire, et dans un contexte où la modernité encense l’action aux dépens de toute réflexion préalable, l’étude de marché s’avère pourtant essentielle et pertinente pour peu qu’on lève deux idées reçues qui freinent son adoption.</p>
<p><strong>Première idée reçue :</strong> <em>l’étude de marché est un processus linéaire et rationnel peu compatible avec le contexte d’une entreprise en création</em>.</p>
<p>En fait, il s’agit d’un ensemble de méthodes et d’outils dont la finalité est de permettre une boucle d’apprentissage continue, en alternant phases de réflexions et phases d’expérimentation. La démarche, quelle que soit la taille de l’entreprise qui la met en œuvre, est donc beaucoup plus itérative (par répétition), inductive et diversifiée qu’on ne le pense.</p>
<p>Comme le montre l’approche <a href="https://www.d-eship.com/en/who-is-bill-aulet">« disciplinée »</a> proposée par Bill Aulet, un professeur du MIT, il est en réalité tout à fait possible d’étudier un marché de façon structurée et agile. Afin d’encadrer le parcours de création, le processus composé de 24 étapes démarre avec l’étude des fondamentaux du marché. Cette première étape est essentielle pour comprendre comment celui-ci est structuré et surtout quels sont les différents segments de clients. Une fois la clientèle cible identifiée, le processus se décline avec plusieurs aller-retour entre des phases d’études rationnelles et des phases d’expérimentation sur le terrain.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="représentation imagée des 24 étapes d’une approche disciplinée" src="https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=587&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=587&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=587&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=737&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=737&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448631/original/file-20220225-32360-1b0i8eo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=737&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Approche disciplinée en 24 étapes permettant une étude de marché structurée et agile.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.d-eship.com/">Image tirée du livre « Disciplined Entrepreneurship » de Bill Aulet</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Deuxième idée reçue :</strong> <em>l’étude de marché se résume à la mise en œuvre de questionnaires sur de larges échantillons</em>.</p>
<p>En réalité, la méthode des <a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/sondage/">sondages</a> n’est pas la panacée des études de marché, bien au contraire. Contrairement à ce que suggèrent certains sites de conseil aux entrepreneurs, il s’agit de méthodes complexes nécessitant un savoir-faire spécialisé. L’utilisation de solutions en ligne gratuites, comme Google Forms, par des entrepreneurs peu expérimentés, n’apporte en réalité le plus souvent que des résultats biaisés et finalement peu utilisables.</p>
<p>Au regard de ces deux idées reçues, il conviendrait plutôt d’utiliser le terme « d’intelligence de marché », formulation mieux à même de traduire les deux étapes clés d’un processus pragmatique et agile adapté au contexte de création.</p>
<h2>Les deux étapes clés pour développer une bonne « intelligence » de marché</h2>
<p><strong>Étape 1 : Faire une étude documentaire pour connaître son marché</strong>.</p>
<p><a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/etude-documentaire/">L’étude documentaire</a> consiste à exploiter l’ensemble des connaissances déjà existantes.</p>
<p>Un moyen rapide et efficace consiste à se rapprocher d’organismes comme les <a href="https://www.toutmontreal.com/eetp/associationsp.html">associations professionnelles</a>, les <a href="https://www.cpmt.gouv.qc.ca/reseau-des-partenaires/comites-sectoriels.asp">comités sectoriels</a> ou encore les chambres de commerce. Ces institutions ont en effet comme mission de collecter, synthétiser et rendre accessible, pour un coût souvent très raisonnable, l’ensemble de l’information pertinente et crédible sur un secteur ou un marché donné.</p>
<p>Cette démarche permet d’acquérir rapidement les connaissances nécessaires pour commencer à structurer les premières hypothèses du <a href="https://www.desjardins.com/coopmoi/entreprises/fiches-conseils/etude-marche-etape-incontournable/index.jsp">modèle d’affaires</a> : quels sont les différents profils de clientèles ? Quelles sont leurs attentes et leurs habitudes d’achat ? Quelles sont les offres concurrentes déjà sur le marché ? etc.</p>
<p><strong>Étape 2 : Mener des études qualitatives pour amender et valider le modèle d’affaires</strong>.</p>
<p>Vient ensuite le temps de l’expérimentation et l’exploration terrain à l’aide de méthodes <a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/etude-qualitative/">qualitatives</a>. Ce type d’études prend la forme d’entretiens individuels ou en groupes, voire de simples observations, et permet d’approfondir les hypothèses émises suite à l’étude documentaire en allant interroger directement les acteurs sur le terrain.</p>
<p>Prenons l’exemple de <a href="https://www.hotel-uniq.com/a-propos">l’Hôtel UNIQ</a>, une offre d’hébergement éphémère lancée en 2020, afin d’illustrer quelles pourraient être les principales étapes d’une étude de marché.</p>
<p>Dans un premier temps, l’étude des rapports du <a href="https://veilletourisme.ca/publications/">réseau de veille</a> de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM et ceux de <a href="https://www.campingquebec.com">Camping Québec</a> permettrait de constater que cette offre intéresse potentiellement les amateurs de « glamping » souhaitant concilier confort et nature. UNIQ propose en effet des genres de yourtes qui peuvent être montées et démontées dans différents espaces.</p>
<p>Dans un deuxième temps, il serait ensuite pertinent de réaliser des entretiens individuels ou en groupes, afin de mieux comprendre les spécificités de ce profil de clientèle en ce qui concerne leurs habitudes, leurs attentes et les possibles freins.</p>
<p>Cette phase d’exploration permettrait de mieux comprendre quels sont les prestations considérées comme essentielles ou encore les modes de réservation les plus couramment utilisés.</p>
<p>Ce type d’étude qualitative serait une étape importante pour compléter le <a href="https://www.revuegestion.ca/comment-arriver-aa-une-proposition-de-valeur-innovante-">canevas de la proposition de valeur</a>, un outil permettant d’illustrer pourquoi les bénéfices apportés par l’offre répondront bien aux attentes du marché. Les informations ainsi obtenues permettraient également de dresser un profil précis de la clientèle prévue à l’aide de <a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/persona-en-marketing/">« persona »</a>, une méthode permettant de résumer les principales caractéristiques des futurs acheteurs.</p>
<p>Une fois cette phase d’exploration achevée, il serait alors pertinent de conclure avec une expérimentation afin de s’assurer qu’il existe bien une demande pour ce type d’offre d’hébergement éphémère en appliquant par exemple la <a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/test-de-concept/">méthode du test de concept</a>. Simple et peu coûteux, le processus consiste à soumettre à la clientèle cible une description papier ou vidéo de la future offre afin d’étudier leurs réactions et leur degré d’intention d’achat.</p>
<p>Ces quelques bonnes pratiques ne font pas tout et toutes les méthodes d’études de marché ne sont pas toujours applicables dans un contexte de création. Mais comme l’ont démontré de très nombreuses recherches scientifiques, il n’en reste pas moins que bien connaître son marché est un facteur clé de réussite pour toute entreprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175307/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Je fais référence à mon expérience au sein de EDC-Paris Business School, à la fois comme enseignant-chercheur en marketing entrepreneurial et comme responsable du département Entrepreneuriat, de 2016 à 2018, en charge de la direction du master en entrepreneuriat et du parcours d'accompagnement des étudiants-entrepreneurs.</span></em></p>Alors que l’étape d’étude de marché est régulièrement décriée comme inutile et inadaptée, il convient de rappeler pourquoi elle reste absolument essentielle pour la réussite du parcours de création.Philippe Massiera, Professeur agrégé en Marketing Management, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1815202022-04-20T18:13:51Z2022-04-20T18:13:51ZLe soutien familial, un vecteur essentiel de bien-être chez les entrepreneurs<p>Imaginez la scène : C’est la fin de l’après-midi. Une maman participe à une réunion Zoom dans la cuisine tout en essayant de préparer le dîner pour un enfant (affamé) qui va bientôt arriver de l’école. Pendant ce temps, son époux court vers l’école primaire pour récupérer leur fils, juste après avoir terminé une importante réunion de travail. Dans une heure, il reprendra ses tâches à la maison tandis que la mère, qui viendra de terminer sa réunion sur Zoom, s’occupera de l’enfant.</p>
<p>Cette scène est devenue courante dans les foyers d’aujourd’hui, surtout depuis la crise du Covid-19 en 2020 avec l’essor des pratiques de travail à distance. L’équilibre entre les responsabilités professionnelles et familiales, appelé « équilibre travail-famille » (EFT), est ainsi devenu une préoccupation majeure de la population active d’aujourd’hui.</p>
<p>D’ailleurs, le soutien de la famille, en particulier entre conjoints, constitue un facteur important qui aide les gens à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales. Les <a href="https://www.researchgate.net/profile/Wendy-Casper/publication/242107991_Work_and_Family_Research_in_IOOB_Content_Analysis_and_Review_of_the_Literature_1980-2002/links/5dc03128a6fdcc212800fa0e/Work-and-Family-Research-in-IO-OB-Content-Analysis-and-Review-of-the-Literature-1980-2002.pdf">recherches</a> indiquent qu’un équilibre réussi entre vie professionnelle et vie familiale entraîne une plus grande satisfaction dans ces deux domaines.</p>
<h2>« Je réussis bien à concilier travail et famille »</h2>
<p>Mais existe-t-il des spécificités pour les entrepreneurs ? Dans notre <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00472778.2019.1659675">recherche</a>, nous nous sommes concentrés sur le sentiment de bien-être des patrons français de petites et moyennes entreprises (PME), qui créent et dirigent leur propre entreprise et <a href="https://www.oecd.org/mcm/documents/C-MIN-2017-8-EN.pdf">jouent un rôle essentiel dans l’économie moderne</a>. Nous avons mesuré le sentiment de bien-être en examinant la satisfaction familiale des entrepreneurs, la satisfaction au travail, le stress lié au travail et l’incidence de l’épuisement professionnel, et nous l’avons relié à leur soutien familial.</p>
<p>Nous avons constaté que, dans l’ensemble, les entrepreneurs se sont déclarés satisfaits de leur bien-être au travail. Lorsqu’on leur a demandé d’évaluer s’ils étaient d’accord ou non, sur une échelle de 1 à 5, avec des affirmations telles que « Je suis capable de négocier et d’accomplir ce que l’on attend de moi au travail et dans ma famille » et « Les personnes qui me sont proches diraient que je réussis bien à concilier travail et famille », les patrons de PME ont obtenu une moyenne de 3,8.</p>
<p><iframe id="RPGQY" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/RPGQY/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>En ce qui concerne la famille, lorsque les répondants ont été invités à évaluer des éléments tels que « En général, je suis satisfait de ma vie de famille » et « Ma vie de famille est très agréable », leur score était de 3,95. Le résultat était même de 4,25 lorsqu’il s’agissait de la satisfaction au travail et la plupart de notre échantillon était d’accord avec l’affirmation « Dans l’ensemble, je suis satisfait de mon travail ».</p>
<p>Bien que la moyenne du ETF semble élevée, il existe néanmoins des variations entre les individus, pour lesquelles, nous avons voulu savoir dans quelle mesure elles étaient liées au soutien familial.</p>
<p>Pour avoir une compréhension plus nuancée et approfondie du rôle joué par le soutien familial sur le EFT et le sentiment de bien-être des entrepreneurs, nous avons examiné deux types de soutien : le soutien instrumental et le soutien émotionnel. Que signifient ces deux types de soutien ? Le soutien instrumental est constitué de comportements et d’attitudes des membres de la famille dans le but d’accomplir certaines tâches concrètes pour les entrepreneurs. Il peut s’agir par exemple de faire les tâches ménagères, de préparer le dîner ou de s’occuper des enfants. Le soutien émotionnel, quant à lui, est un comportement ou une attitude des membres de la famille visant à encourager, à comprendre, à accorder de l’attention et un regard positif sur les entrepreneurs. Cela peut se faire, par exemple, en exprimant de l’attention, de l’amour et de l’appréciation.</p>
<p>Notre étude montre qu’en général, le soutien familial est positivement lié au EFT des entrepreneurs, et que le fait d’avoir un sentiment de EFT conduit à un sentiment de bien-être plus élevé. Cependant, à notre grande surprise, nous avons constaté que si le soutien émotionnel de la famille augmente le sentiment d’EFT et de bien-être des entrepreneurs, le soutien instrumental quant à lui diminue leur sentiment d’EFT et de bien-être en général.</p>
<h2>Des avantages pas toujours évidents</h2>
<p>Le résultat de notre recherche semblait contradictoire avec ce que nous attendions. Alors que nous pensions intuitivement que tout type de soutien familial serait bénéfique aux entrepreneurs, il semble que le soutien familial ne soit pas une « one size fits all » (« taille unique »).</p>
<p>Le premier message à retenir de notre recherche est que la EFT est la clé d’une plus grande satisfaction familiale et professionnelle, et d’une diminution du stress professionnel et de l’épuisement chez les entrepreneurs de petites et moyennes entreprises. Toutefois, si le soutien familial joue un rôle important à cet égard, les avantages qu’il procure ne sont pas toujours évidents.</p>
<p>Le second message à retenir de notre recherche est que les membres de la famille doivent être conscients de quel type de soutien ils apportent aux entrepreneurs, et être conscients que tous les types de soutien ne sont pas forcément bénéfiques.</p>
<p>Si le soutien émotionnel de la famille peut être une source d’inspiration et de réconfort pour les entrepreneurs, le fait de les soutenir en effectuant leurs tâches et leurs corvées peut diminuer leur sentiment d’accomplissement dans la gestion de leurs responsabilités professionnelles et familiales, et aller à l’encontre de leur sentiment de bien-être. Ainsi, les membres de la famille devraient demander plutôt que supposer a priori quel type de soutien et d’aide serait perçu comme bénéfique pour les entrepreneurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181520/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Je reconnais le soutien de mes co-auteurs de l'article original dans le Journal of Small Business Management, Y. K. Leung, et, R. Thurik. </span></em></p>Les patrons de petites entreprises apprécient particulièrement lorsque leurs proches leur apportent une aide émotionnelle, montre un récent travail de recherche.Jinia Mukerjee, Professeur Associé/Associate Professor, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1758602022-01-31T19:07:10Z2022-01-31T19:07:10ZComment les PME exportatrices ont adapté leur communication digitale pendant la crise sanitaire<p>Malgré l’importance socio-économique des petites et moyennes entreprises (PME), les études sur la gestion du Covid-19 portent principalement sur les <a href="https://theconversation.com/la-grande-disparite-des-reponses-des-multinationales-du-cac-40-a-la-crise-137503">grands groupes</a>. Pourtant, l’actualité récente montre que ces entreprises aux ressources financières et humaines limitées restent <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/les-pme-apres-le-covid-vous-avez-dit-crise-1324326">particulièrement vulnérables</a> face aux difficultés contextuelles. Compte tenu de l’ampleur de la crise sanitaire, il était donc nécessaire que les PME informent au mieux leurs clients, fournisseurs et salariés des actions entreprises afin de préserver leurs activités et leurs relations d’affaires.</p>
<p>L’objectif de notre dernière <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ipme/2021-v34-n3-4-ipme06591/1084339ar/">étude</a>, portant sur 74 PME qui réalisent plus de 50 % de leur chiffre d’affaires à l’export, était d’analyser la communication digitale mise en place par <a href="https://books.emeraldinsight.com/page/detail/Key-Success-Factors-of-SME-Internationalisation/?k=9781787542785">ces entreprises</a> pendant la crise sanitaire. La pandémie a en effet constitué un <a href="https://www.forbes.fr/business/developpement-a-linternational-des-pme-et-eti-5-axes-pour-adapter-les-plans-de-developpement-au-contexte-economique-mondial/">frein important au développement international</a> de leurs activités, en raison des incertitudes liées à la fermeture des frontières et à l’organisation des salons internationaux.</p>
<p>Cette question mérite une attention particulière, car la communication digitale joue un <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/tpe-pme/avec-la-crise-covid-deux-fois-plus-de-pme-et-tpe-francaises-ont-un-site-internet-894643.html">rôle essentiel</a> dans la gestion des crises qui peuvent menacer la survie des entreprises.</p>
<h2>Ressources limitées</h2>
<p>Tout d’abord, les résultats de notre étude montrent que les PME exportatrices ont assez peu communiqué sur les actions menées face à la crise sanitaire : 80 % des entreprises de notre échantillon n’ont pas annoncé de mesures spécifiques concernant la gestion de la pandémie sur leur site Internet. Ce choix, qui peut s’expliquer par les <a href="https://blocnotesdeleco.banque-france.fr/billet-de-blog/crise-sanitaire-quel-impact-sur-lendettement-des-pme">ressources limitées des PME</a>, présente cependant des risques dans la mesure où les sites Internet constituent des vitrines importantes à l’échelle nationale et internationale. Il a donc pu être perçu de manière négative et assimilé à un manque d’actions des entreprises.</p>
<p>Seulement 20 % des PME de notre échantillon ont annoncé des mesures spécifiques concernant la pandémie sur leur site Internet. Ces entreprises ont également utilisé les réseaux sociaux numériques, en particulier LinkedIn, Facebook, Twitter et YouTube, pour communiquer sur les actions mises en place.</p>
<p>En raison des différents confinements, des règles de distanciation physique et du télétravail, ces PME ont rencontré plus de <a href="https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/internationaliser-exporter/0604060078009-export-le-coronavirus-pousse-les-pme-a-revoir-leurs-methodes-340365.php">difficultés pour interagir avec leurs clients</a> et ont pu utiliser leur site Internet et les réseaux sociaux numériques pour assurer la continuité de leurs activités. Par exemple, un fabricant de produits en céramique et en métaux précieux a publié le texte suivant sur son site Internet :</p>
<blockquote>
<p>« Alors qu’une partie de notre personnel est désormais engagée dans le travail à distance, nous disposons de systèmes robustes pour soutenir l’activité et nous continuons d’exploiter la grande majorité de nos sites de fabrication pour livrer en toute sécurité à nos clients ».</p>
</blockquote>
<p>Une PME dans le transport et la logistique a partagé de son côté une vidéo sur YouTube expliquant aux clients que l’entreprise continuait de fonctionner en respectant les mesures de sécurité. Un fabricant de pièces mécaniques a lui utilisé son site pour prévenir ses clients des soucis techniques qui pouvaient perturber leurs commandes :</p>
<blockquote>
<p>« Pour le moment, la production et les opérations sont en mesure de répondre à la plupart de vos demandes, cependant, en raison de problèmes spécifiques tels que la logistique, de petites perturbations pourraient survenir, comme vous le comprenez certainement dans ces conditions Covid-19 hors de notre contrôle ».</p>
</blockquote>
<p>Face à la pandémie, certaines PME ont dû en outre modifier leur offre de produits afin de pouvoir répondre à leurs clients. Par exemple, un fabricant de technologies médicales a déclaré sur son site Internet :</p>
<blockquote>
<p>« Afin de garantir la continuité de l’activité, et afin de maximiser sa capacité, notre entreprise est contrainte de restreindre la gamme de ses produits […]. Dans ce contexte, on peut vous proposer un produit alternatif ».</p>
</blockquote>
<p>D’autres entreprises ont, a contrario, annoncé un élargissement de leur gamme à des produits très demandés pendant la crise sanitaire.</p>
<h2>« Prenez soin de vous »</h2>
<p>Pour traverser la crise, les PME ont également dû <a href="https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/idees-de-business/dossiers/covid-patrons-pme-reprise/crise-du-covid-les-patrons-de-pme-entre-reprise-et-cinquieme-vague-346059.php">maintenir la confiance de leurs salariés</a> qui pouvaient se retrouver en télétravail, ou au chômage technique. Pour préserver leur niveau d’activité, il était essentiel de veiller à la santé et à la sécurité des équipes. Plusieurs PME ont ainsi annoncé les règles de sécurité mises en place sur leur site Internet.</p>
<p>Les PME devaient également anticiper l’après-crise et informer les salariés qu’ils pouvaient retourner sur les lieux de travail si la sécurité et les mesures sanitaires étaient respectées. Une PME spécialisée dans la production de produits radio-pharmaceutiques a ainsi communiqué ces éléments sur son site Internet :</p>
<blockquote>
<p>« Durant cette période troublée, que nous espérons la plus courte possible, notre entreprise prépare activement la reprise afin que nous soyons prêts à assurer la meilleure qualité de service possible à notre retour ».</p>
</blockquote>
<p>La même entreprise a aussi délivré un message de soutien à ses employés sur son site Internet :</p>
<blockquote>
<p>« Prenez soin de vous, de votre famille, de vos amis et de vos collègues en essayant de suivre les recommandations qui nous protégeront au maximum de ce virus. Nos pensées vont à ceux qui ont été affectés ou infectés ces dernières semaines ».</p>
</blockquote>
<p>Enfin, plusieurs PME que nous avons observées ont annoncé des <a href="https://www.boursier.com/actualites/economie/les-pme-francaises-ont-continue-d-innover-pendant-la-crise-mais-deplorent-le-manque-de-soutien-de-l-etat-47674.html">mesures innovantes</a> liées au contexte de la crise sanitaire, notamment en créant de nouveaux produits et services.</p>
<h2>Communiquer pour rassurer</h2>
<p>Par exemple, une entreprise spécialisée dans l’aménagement des points de vente a annoncé sur son site Internet qu’elle avait développé la production de gel hydroalcoolique dont l’emballage pouvait être personnalisé. Autre exemple : une PME qui produit des matériaux publicitaires a annoncé qu’elle avait élaboré des produits spécifiques pour aider ses clients à signaler le respect des nouvelles normes :</p>
<blockquote>
<p>« Nous pouvons vous aider à mettre votre entreprise rapidement aux normes du Covid-19 : autocollant, affiche, roll-up ».</p>
</blockquote>
<p>De même, un producteur de bières a posté des messages sur Facebook et LinkedIn concernant l’utilisation de ses usines pour produire du gel hydroalcoolique, tandis qu’un fabricant de ressorts industriels annonçait sur LinkedIn le développement de respirateurs simplifiés. D’autres PME ont, elles, choisi de mettre en place la vente en ligne afin de pouvoir continuer à vendre leurs produits.</p>
<p>Les résultats de notre étude permettent ainsi de formuler plusieurs recommandations à destination des PME qui souhaitent <a href="https://www.lesechos.fr/partenaires/salesforce/comment-le-digital-est-devenu-le-moteur-de-la-croissance-des-pme-et-eti-1367420">améliorer leur communication digitale</a> en contexte de crise. Compte tenu de l’importance prise par celle-ci, il paraît notamment souhaitable que les PME utilisent davantage leur site Internet et les réseaux sociaux numériques pour communiquer les mesures prises face à la pandémie.</p>
<p>Ces entreprises devraient en particulier communiquer de manière plus régulière les actions menées face à la crise afin de rassurer leurs clients, fournisseurs et salariés. Elles pourraient également enrichir les contenus des informations annoncées dans l’objectif de mettre en exergue leur agilité, <a href="https://bpifrance-creation.fr/entrepreneur/actualites/dirigeants-pme-eti-face-a-crise-combatifs-resilients">leur résilience</a> et leurs <a href="https://theconversation.com/comment-les-pme-peuvent-sappuyer-sur-leurs-valeurs-pour-sortir-de-la-crise-137788">valeurs</a> humaines. Ces actions de communication devraient leur permettre de renforcer leur image et de mieux rebondir après la crise sanitaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175860/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les petites entreprises tournées vers l’international, peu nombreuses à avoir mis en place des actions spécifiques, ont cherché à rassurer leurs clients, leurs fournisseurs et leurs salariés.Ulrike Mayrhofer, Professeur des Universités en Sciences de Gestion à l'IAE Nice, Université Côte d’AzurAline Pereira Pündrich, Enseignante-chercheure en management, Université de StrasbourgÉlodie Deprince, Assistant Professor Marketing, Université de MonsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1757672022-01-30T19:06:54Z2022-01-30T19:06:54ZRepreneurs d’entreprise et fonds d’investissement, un mariage sous tension<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/442731/original/file-20220126-13-76n2ap.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C1191%2C801&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quelque 50&nbsp;000 opérations de cession d’entreprise sont enregistrées chaque année en France.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1447001">Pxhere.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Chaque année, environ <a href="https://lelab.bpifrance.fr/enquetes/rapport-sur-l-evolution-des-pme-2020">50 000 opérations de cession d’entreprises</a> ont lieu en France. Parmi les repreneurs personnes physiques, certains sont désireux de mener à bien un projet d’acquisition avec un fonds d’investissement, afin de capter des petites et moyennes entreprises (PME) d’envergure qu’ils ne pourraient financer seuls, avec un simple concours bancaire. Ils réalisent alors une opération de « management buy-in » (MBI), acquisition d’entreprise par un repreneur extérieur à la cible, dans le cadre d’un montage à effet de levier (s’endetter pour dégager une plus-value), ou « leveraged buy-out » (LBO).</p>
<p>Cette association avec un fonds d’investissement pour partenaire financier peut se révéler, dans les faits, plus complexe que prévue, comme nous le relevons dans un <a href="https://www.business-science-institute.com/docteurs/martine-story/">travail doctoral de DBA</a> récent. En effet, les enjeux inhérents au repreneur et au fonds d’investissement, parfois antagonistes, dans un contexte où l’entreprise est elle-même mise sous tension par l’endettement, sont de nature à faire émerger des tensions potentielles entre les acteurs lors de la constitution puis du fonctionnement de la dyade entrepreneur-investisseur.</p>
<h2>Asymétrie d’information</h2>
<p>D’abord, le repreneur désireux d’initier un projet entrepreneurial, n’a pas toujours l’expérience de la PME ou du secteur d’activité de l’entreprise convoitée. Il aspire toutefois à une large latitude managériale.</p>
<p>De son côté, le fonds d’investissement a pour objectif de créer de la valeur dans un horizon de temps fini, souvent de 3 à 7 ans ; la création de valeur se calcule entre la valeur d’acquisition et la valeur de l’entreprise au moment de la sortie de l’investissement, selon une stratégie qui vise à acheter la société le moins cher possible et à maximiser le gain au moment de la sortie de l’opération.</p>
<p>Pour cela, le fonds d’investissement sélectionne les investissements, dans un environnement marqué par la rareté des cibles de qualité. Les cibles sont choisies pour leur potentiel de création de valeur, dans le respect de la stratégie propre à chaque véhicule d’investissement.</p>
<p>Les entreprises acquises sont également destinées à garantir les intérêts des souscripteurs du fonds d’investissement. Les investisseurs en capital se révèlent extrêmement sélectifs, les cibles éligibles représentant moins de 3 % des dossiers étudiés. Des critères de sélection drastiques, associés à une raréfaction des cibles expliquent que peu d’entreprises sont éligibles à un montage LBO.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442733/original/file-20220126-19-15ie72p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Moins de 3 % des dossiers étudiés par les fonds sont finalement retenus.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/l-homme-inscrivez-vous-papier-5710164/">Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le fonds d’investissement sélectionne également le repreneur, dans une configuration particulière ou celui-ci est extérieur à la cible. Cette sélection intervient dans un contexte d’asymétrie d’information et de sélection adverse, contexte dans lequel il est difficile d’évaluer les capacités et les performances du repreneur, spécialement lorsque ce dernier n’a aucune expérience entrepreneuriale.</p>
<h2>Désalignement des intérêts</h2>
<p>À l’appui de 22 entretiens réalisés auprès de repreneurs et de fonds d’investissement sous LBO, nous avons identifié une quinzaine de tensions potentielles, prédictibles, et d’intensités variables, susceptibles d’apparaître entre le repreneur et le fonds d’investissement, depuis la « demande en mariage », jusqu’au débouclage de l’opération.</p>
<p>En amont de l’opération, les principaux sujets de tension concernent la négociation du « management package » (incitations financières destinées au repreneur en cas de réalisation des objectifs) et les pourparlers relatifs au pacte d’actionnaires (document contractuel régissant les relations entre associés).</p>
<p>Ces deux sujets de tensions se caractérisent en effet par un désalignement des intérêts entre les acteurs. Comme en témoigne un repreneur :</p>
<blockquote>
<p>« Ce sont des moments de tension où l’on n’est pas aligné avec les fonds ».</p>
</blockquote>
<p>La signature de l’accord (ou « closing ») marque ensuite le début d’une « lune de miel » entre le repreneur et le fonds d’investissement. La première année de collaboration se caractérise en effet par le souhait pour les deux parties de collaborer dans les meilleures conditions.</p>
<p>Cette période de relative sérénité dure environ trois ans. Elle n’est toutefois pas exempte de tensions, notamment en ce qui concerne les possibles contre-performances de l’entreprise à mesure que l’on se rapproche de l’horizon de sortie du fonds d’investissement. Le représentant d’un fonds interrogé le reconnaît :</p>
<blockquote>
<p>« C’est à partir de la troisième année que le sujet commence à naître. Certains LBO sont construits sur six ans et on sait très bien que les sorties se font en regardant les trois dernières années »</p>
</blockquote>
<p>Un autre interviewé précise cependant que, en cas de dégradation des performances, la qualité de la relation entre le repreneur et le fonds d’investissement est alors corrélée au niveau de confiance et de transparence entre les parties prenantes :</p>
<blockquote>
<p>« Plus les fonds d’investissement vont avoir de la transparence, moins ils seront crispés dans l’hypothèse d’une mauvaise performance ».</p>
</blockquote>
<p>Enfin, au moment de la sortie du fonds (« débouclage »), les tensions peuvent apparaître en raison d’un nouveau désalignement des intérêts, lorsque le repreneur souhaite racheter les parts du fonds d’investissement sortant ou réaliser un LBO secondaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442735/original/file-20220126-21-3uchjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La reprise d’entreprise avec l’appui d’un fonds d’investissement peut parfois ressembler à un chemin semé d’embûches.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/ilamont/13955102370">Ian Lamont/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Dans ce cas, le repreneur, quelle que soit sa position capitalistique cherche à minimiser la valorisation de l’entreprise, alors que le fonds d’investissement, désireux d’assurer la défense des intérêts de ses souscripteurs, a pour objectif la maximisation de la valeur de la société. Cette résurgence des tensions marque alors le début d’une période de fortes turbulences entre les acteurs.</p>
<h2>Tensions évitables</h2>
<p>En conclusion, le niveau de confiance entre le repreneur et le fonds d’investissement constitue le paramètre qui permet de contenir les tensions à l’état latent et d’éviter qu’elles ne se muent en tensions saillantes et deviennent une source de conflits préjudiciables aux deux parties, de façon parfois irrémédiable, avec des répercussions sur les performances et le corps social de l’entreprise.</p>
<p>Les tensions potentielles qui peuvent survenir entre le repreneur et le fonds d’investissement, nées de leurs enjeux et objectifs respectifs, parfois opposés, peuvent nuire à la création de valeur d’une opération de LBO. Pour autant, ces tensions n’ont pas de caractère inéluctable. Elles peuvent être anticipées, contenues et donc désamorcées.</p>
<p>Il convient cependant de préciser que nos travaux concernent spécifiquement des opérations de MBI, réalisées par des repreneurs extérieurs à la cible. Il serait opportun de poursuivre l’étude par l’analyse des relations entre manager et fonds d’investissement dans le cadre d’une opération de transmission familiale ou d’une transmission à l’un des salariés ou encore dans les autres familles du capital investissement, à savoir le capital-risque, le capital-développement et le capital-retournement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175767/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Barredy a reçu des financements de CPER-Ariane. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martine Story dirige depuis 2004 deux sociétés de conseil en reprises / cessions d’entreprises, ALTHEO et EVALTEAM.</span></em></p>À chaque étape de la transmission, des tensions liées à des intérêts divergents entre le nouveau dirigeant et les investisseurs peuvent apparaître.Céline Barredy, Professeur de finance et entrepreneuriat, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresMartine Story, Docteure du Business Science Institute, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.