Alors que les conséquences des changements climatiques sur la santé sont déjà visibles, la Croix-Rouge française a organisé les 15 et 16 avril à Cannes la première « COP humanitaire ». A l’occasion du 100e anniversaire de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), cette conférence mondiale a rassemblé plus de 400 participants, experts et acteurs de terrain. Ensemble, ils ont fait le point sur les connaissances actuelles, présenté des solutions innovantes et appelé à la mobilisation de tous pour relever le plus grand défi de santé publique du XXIe siècle.

« Chaque année, 13 millions de volontaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge agissent pour secourir, accompagner et relever des centaines de millions de personnes partout dans le monde, victimes de la sécheresse, d’inondations, de tempêtes, d’ouragans et autres aléas climatiques. » En accueillant les participants à cette première « COP humanitaire », le Professeur Jean-Jacques Eledjam, Président de la Croix-Rouge française, rappelle que le mandat de la Croix-Rouge est d’agir aux côtés des populations les plus vulnérables… Or, aux quatre coins du monde, elles sont souvent les plus exposées aux risques climatiques, directement impactées.

S’adapter aux changements climatiques

Alors que de nombreux acteurs abordent le sujet du réchauffement climatique sous l’angle de l’atténuation – comment agir sur les causes –, la Croix-Rouge a fait le choix de se concentrer sur les actions à mener pour lutter contre les effets de ce réchauffement climatique. Autrement dit, de s’interroger sur la façon dont on peut limiter l’impact de ces aléas, accentuer la prévention et renforcer la résilience des populations. Comment peut-on, donc, « soigner une humanité à +2°C » ? « Le titre de notre conférence est un brin provocateur : naturellement, la Croix-Rouge souhaite que le seuil de +1,5°C (défini par l’Accord de Paris) ne soit pas dépassé, précise le Professeur Jean-Jacques Eledjam. Mais il faut aussi regarder la réalité en face et poser les enjeux de l’adaptation. »

Regarder la réalité en face, poser les enjeux sanitaires de l’adaptation et imaginer des solutions nouvelles, tels étaient donc les objectifs de cette première « COP humanitaire ». Un événement totalement inédit, dont la qualité a été relevée par l’ensemble des experts internationaux et acteurs de terrain qui avaient fait le déplacement à Cannes. Plus de 400 participants et des intervenants de renom1 ont contribué à la richesse de ces échanges, avec un programme construit autour de plusieurs grands thèmes de santé incontournables. Vagues de chaleur en milieu urbain, risques épidémiques, catastrophes, mouvements de populations, insécurité alimentaire, conflits, santé mentale et soutien psychosocial… Réfléchir aux changements climatiques et à leurs conséquences sanitaires, dans le but de formuler des solutions d’adaptation innovantes, implique de s’intéresser aux différentes dimensions de l’action humanitaire.

Renforcer la résilience des populations

Cette vision à 360° est d’autant plus nécessaire que les effets directs et indirects des changements climatiques sur la santé des populations sont multiples et complexes. Les changements climatiques agissent en effet comme un « multiplicateur de menaces ». Dès lors, les acteurs humanitaires doivent accompagner les communautés pour réduire leurs vulnérabilités face aux risques climatiques, en particulier lorsque leur santé est menacée, et mettre en place des programmes pour renforcer leur résilience. Tous ces sujets ont été mis en lumière et débattus lors la COP humanitaire, entre conférences-débats, présentations de projets novateurs et ateliers thématiques, dans un réel souci de faire émerger une mobilisation collective, à la hauteur des enjeux. 

A l’issue de ces deux jours, la Croix-Rouge française a montré qu’il était possible de fédérer et d’innover dans ces domaines. Elle appelle en outre les pouvoirs publics à se mobiliser davantage sur ces questions, qui demeurent encore sous-financées par rapport aux mesures d’atténuation. . Dans son discours de clôture, le Professeur Jean-Jacques Eledjam a notamment plaidé pour l’émergence d’un « droit de l’Homme à vivre dans un environnement sain ». Après avoir contribué à la création du Droit international humanitaire il y a plusieurs décennies, la Croix-Rouge poursuit et adapte son engagement, avec Humanité.

Anne-Lucie Acar