tag:theconversation.com,2011:/fr/sante/articlesSanté – The Conversation2024-03-26T11:24:12Ztag:theconversation.com,2011:article/2239232024-03-26T11:24:12Z2024-03-26T11:24:12ZRéseaux sociaux : quels usages favorisent le bien-être ?<p>Les <a href="https://theconversation.com/fr/search?q=r%C3%A9seaux+sociaux+">réseaux sociaux</a> ont « un impact sur le développement affectif, sensoriel, cognitif d’un enfant ». <a href="https://theconversation.com/faut-il-avoir-peur-des-ecrans-retour-sur-une-annonce-presidentielle-224456">Ces paroles sont celles du président Emmanuel Macron</a> qui appelle à mettre en œuvre des recommandations pour « le bon usage des écrans […] parce qu’il en va de l’avenir de nos sociétés et de nos démocraties ».</p>
<h2>Quel impact psychologique de l’excès de médias numériques ?</h2>
<p>Mais comment éduquer les enfants si les parents sont eux-mêmes très souvent devant des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ecrans-52265">écrans</a> ? Cette question est d’autant plus importante que des recherches ont montré que <a href="https://theconversation.com/mobile-deprime-et-e-anxiete-quand-les-reseaux-sociaux-nous-rendent-malades-84986">nombres d’usages des écrans, et surtout des réseaux sociaux, sont également liés à des problèmes psychologiques chez les adultes</a> et ce, sans même que les utilisateurs aient conscience de ces liens.</p>
<p>Mais il y a une bonne nouvelle : on peut se protéger de ces problèmes et les <a href="https://www.dunod.com/connectes-et-heureux-du-stress-digital-au-bien-etre-numerique-du-stress-digital-au-bien-etre">solutions</a> ne passent pas nécessairement par la diminution du temps d’écran.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>D’une manière globale, des études sur de larges populations montrent que plus on utilise les médias numériques (smartphones, Internet, réseaux sociaux, jeux vidéo…) et plus on est susceptible de souffrir de problèmes psychologiques (émotions négatives, anxiété, symptômes dépressifs…).</p>
<p>Les récentes recherches montrent que si les liens entre les utilisations de ces médias et l’altération du bien-être sont significatifs, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33187873">l’ampleur n’est tout de même pas très élevée</a>.</p>
<p>Par exemple, chez les adolescents, jusqu’à présent, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2167702621994549">écrans ne causeraient pas le « tsunami délétère »</a> que certains annoncent parfois.</p>
<p>Cependant, ces résultats globaux masquent de grandes différences entre individus, certains seraient plus touchés que d’autres. Analysons les deux grands processus impliqués dans les états affectifs négatifs et les altérations du bien-être.</p>
<h2>Se comparer sur les réseaux présente des effets délétères</h2>
<p>Dans notre vie, se comparer aux autres est un besoin social fondamental qui permet d’obtenir des informations sur soi, de s’autoévaluer et de construire son identité sociale.</p>
<p>Si ce processus, normal, est souvent mis en œuvre de manière automatique, c’est-à-dire non intentionnelle et non consciente dans notre vie quotidienne, il est <a href="https://econtent.hogrefe.com/doi/full/10.1027/1864-1105/a000304">mis en œuvre de la même manière sur les réseaux sociaux</a>. Toutefois, sur les réseaux, chacun essaye de présenter l’image de soi et ses activités d’une manière fortement valorisée. Les photos sont, par exemple, judicieusement construites et travaillées dans ce but.</p>
<p>Nombreuses sont alors les comparaisons en notre défaveur : à partir de son profil et de ses posts, nous allons considérer que telle personne, que nous connaissons plus ou moins, est « mieux que nous » (sur le plan physique, sur le plan de ses compétences dans la vie…) ou a « une plus belle vie que la nôtre ».</p>
<p>Ainsi, comme notre image de soi et notre estime personnelle est construite à la suite de nos interactions avec les autres, ces comparaisons dites ascendantes, peuvent altérer notre propre image et <a href="https://psycnet.apa.org/record/2016-45315-074">augmenteraient tristesse et mal-être</a>.</p>
<h2>Attention aussi aux situations de vulnérabilité accrue !</h2>
<p>Dans le processus de comparaison, les récentes recherches montrent que nous sommes différents les uns des autres. Examinons quelques cas où les personnes se comparent plus que les autres sur les réseaux sociaux, ce qui les rend plus vulnérables aux problèmes psychologiques.</p>
<p>En effet, il faut savoir que certains individus ressentent davantage, dans leur vie, le besoin de se comparer aux autres. Ils vont alors, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0144929X.2018.1545049">bien plus souvent que les autres, se comparer sur les réseaux sociaux</a> et ce, sans même qu’ils en aient conscience.</p>
<p>D’autre part, certaines personnes sont plus « matérialistes » que d’autres (les matérialistes pensent que le bonheur réside dans la possession matérielle). Globalement, elles passent plus de temps sur les réseaux sociaux que les personnes « non matérialistes ». Dans les informations qu’elles postent, elles affichent plus souvent que les autres les biens qu’elles possèdent et vont fortement se comparer pour entrer « en compétition » avec les autres et tenter de les surpasser. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0747563217300687">Les conséquences sont souvent délétères pour elles</a>.</p>
<p>On sait également que les personnes qui n’ont pas une bonne image d’elles-mêmes, plutôt anxieuses, timides et hypersensibles sont également fortement sensibles aux comparaisons sociales.</p>
<p>Sur les réseaux sociaux, des <a href="https://econtent.hogrefe.com/doi/full/10.1027/1864-1105/a000304">études</a> ont montré qu’elles utilisent des stratégies de présentation de soi plus valorisantes afin de diminuer l’angoisse sociale et d’accroître leur estime de soi.</p>
<p>Ces personnes sont également plus sensibles aux commentaires des autres qui, s’ils sont positifs, les rassurent quant à leur appartenance à des groupes sociaux et à leur identité sociale. À l’inverse, des commentaires négatifs altèrent facilement leur bien-être.</p>
<p>D’autres recherches ont également montré que plus les personnes présentent des <a href="https://psycnet.apa.org/record/2024-29223-001">symptômes dépressifs</a>, plus elles se comparent aux autres. Elles entrent ensuite dans un cercle vicieux : plus elles se comparent et plus cela augmente leurs symptômes dépressifs initiaux.</p>
<h2>Développer son intelligence numérique plutôt que diminuer son temps d’écran</h2>
<p>On comprendra, dès lors, qu’une première solution n’est pas de diminuer le temps d’écran mais davantage de modifier la manière d’utiliser les médias numériques et notamment les réseaux sociaux. Globalement, le défi pour l’être humain aujourd’hui est de mieux s’adapter à ce nouvel environnement digital en développant une nouvelle forme d’intelligence : l’intelligence numérique.</p>
<p><a href="https://www.dunod.com/connectes-et-heureux-du-stress-digital-au-bien-etre-numerique-du-stress-digital-au-bien-etre">Celle-ci est définie</a> comme la capacité à bien s’adapter, grâce à des procédures mentales spécifiques, à un environnement numérique en mutation permanente et à interagir de manière optimale avec cet environnement pour satisfaire nos besoins psychologiques, et sociaux. Et ce, tout en préservant, voire en améliorant notre santé physique et mentale.</p>
<p>Ainsi, une fois que l’usager prend conscience du processus de comparaison à l’œuvre sur les réseaux sociaux, il peut mettre en place des « stratégies cognitives » conscientes pour corriger les conséquences potentiellement délétères pour lui.</p>
<p>Il peut par exemple chercher, d’une part, à diminuer le temps qu’il passe à regarder les infos que les autres postent sur eux-mêmes pour se valoriser, et d’autre part, se construire un “beau profil” et poster des informations sur lui-même dont il pourra être fier, aussi bien sur un plan personnel que social. En effet, <a href="https://www.liebertpub.com/doi/abs/10.1089/cyber.2009.0411">poster des informations valorisantes pour soi contribue à améliorer son estime personnelle</a>.</p>
<h2>Des « usages passifs » qui nuisent aux relations avec nos proches</h2>
<p>Le deuxième processus impliqué dans les états affectifs négatifs et l’altération du bien-être concerne les relations que nous entretenons sur les réseaux sociaux avec nos proches, c’est-à-dire les personnes psychologiquement et socialement importantes pour nous (famille, amis chers).</p>
<p>Les <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/developpement-personnel/ces-liens-qui-nous-font-vivre_9782415003685.php">récentes recherches</a> montrent que le bien-être dépend avant tout des relations positives et chaleureuses que nous établissons avec nos proches.</p>
<p>Or, de <a href="https://academic.oup.com/jcmc/article/24/5/259/5583692">nombreuses pratiques sur Internet</a> nuisent à ses relations si précieuses pour nous. C’est notamment le cas des jeux vidéo qui se jouent seul ou avec des inconnus en ligne. De même, lorsque nous passons du temps à naviguer sur les réseaux sociaux simplement pour lire ou regarder les posts ou vidéos mis en ligne par des individus que nous ne connaissons pas ou peu. C’est ce que les chercheurs nomment les « usages passifs ». Autant de temps non consacré à interagir avec nos proches.</p>
<h2>Émoticônes, vocaux et autres modes de partage positifs</h2>
<p>À l’inverse, toutes les pratiques qui favorisent les relations sociales et affectives avec les proches comme des appels téléphoniques, les messages vocaux (entendre la voix d’un proche aimé apporte des émotions positives) ou écrits (les émoticônes affectivement chargés transmettent « de bonnes émotions »).</p>
<p>Pour être précis, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/09637214211053637">relations qui accroissent le plus le bien-être</a> sont celles qui, d’une part, sont perçues comme réciproques, chacun montrant de l’intérêt pour l’autre, et, d’autre part, sont perçues comme véritablement chaleureuses.</p>
<p>De même, les vidéos et les divertissements sont bénéfiques lorsqu’ils favorisent l’interaction avec les proches en permettant de vivre des expériences socio-émotionnelles positives qui rapprochent affectivement.</p>
<p>Par exemple, lorsque les divertissements sont regardés ensemble en présentiel, offrant alors des moments de partages sociaux agréables lors desquels, par exemple, on rit ensemble, ou lorsqu’ils font l’objet d’un partage en ligne où on sait que nous allons surprendre ou faire rire nos proches, par écrans interposés.</p>
<p>Enfin, n’oublions pas que les médias numériques facilitent également les rencontres en présentiel (sorties, soirées…) avec les proches. Ainsi, s’ils sont bien utilisés, les médias numériques sont bénéfiques pour le bien-être, nous donnent le sentiment que nous sommes bien intégrés socialement et favorisent les relations affectives chaleureuses avec ceux que nous apprécions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Didier Courbet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Poster des informations qui nous valorisent plutôt que de se comparer les uns aux autres ou encore privilégier les moments de partage… Quand le bon usage des réseaux sociaux favorise le bien-être.Didier Courbet, Professeur et Chercheur en Sciences de la Communication, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2265272024-03-25T16:39:00Z2024-03-25T16:39:00ZKate Middleton suit une « chimiothérapie préventive » contre le cancer. Qu’est-ce que cela veut dire ?<p>Catherine Middleton, dite Kate Middleton, princesse de Galles et épouse du prince William, héritier du Royaume-Uni, a mis un terme la semaine dernière aux spéculations concernant sa santé, en annonçant souffrir d’un cancer. Dans une vidéo de deux minutes destinées à remercier ses abonnés sur les réseaux sociaux pour leurs messages de soutien, la princesse a expliqué que « les analyses effectuées après l’opération [de chirurgie abdominale] ont révélé la présence d’un cancer. »</p>
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<p>« Mes conseillers médicaux m’ont recommandé d’entamer une chimiothérapie préventive, dont les premières étapes ont commencé. », ajoute-t-elle. Aucun autre détail n’a été communiqué concernant le traitement en cours.</p>
<p>Que signifie « chimiothérapie préventive » ? Dans quel contexte ce type de prise en charge peut-il s’avérer efficace ? Voici ce que nous pouvons en dire.</p>
<h2>Il ne s’agit pas d’un remède contre le cancer</h2>
<p>Il est désormais scientifiquement bien établi qu’adopter un certain mode de vie permet de <a href="https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer">limiter le risque de survenue de cancers</a>. Faire du sport, adopter un régime alimentaire sain, se protéger du soleil… toutes ces actions ont fait montre de leurs bénéfices.</p>
<p>Dans des cas très spécifiques, l’administration de certains médicaments peut aussi être envisagée. C’est par exemple le cas du tamoxifène, qui bloque les récepteurs aux œstrogènes dont sont pourvues certaines cellules cancéreuses. Cette molécule peut être administrée aux patientes dont le risque de <a href="https://www.inserm.fr/actualite/cancer-du-sein-une-piste-pour-bloquer-la-formation-de-metastases/">cancer du sein</a> est très élevé.</p>
<p>Les travaux évaluent également l’intérêt de <a href="https://www.cancer.gov/about-cancer/causes-prevention/research/aspirin-cancer-risk">l’aspirine pour les personnes à haut risque de développer un cancer du côlon</a> ou certains autres cancers.</p>
<p>Toutefois, dans le cas présent, il ne s’agit pas de ce type de thérapie.</p>
<h2>En quoi une chimiothérapie peut-elle être préventive ?</h2>
<p>Dans le contexte de la prise en charge d’un cancer déclaré, la chimiothérapie préventive se réfère à l’administration de médicaments anticancéreux après suppression des cellules cancéreuses. L’objectif est d’empêcher la maladie de se réinstaller.</p>
<p>Il faut savoir que lorsqu’un cancer est localisé, autrement dit limité à une région donnée du corps, et que l’imagerie (scanner) n’a pas mis en évidence de propagation à d’autres sites, il est possible de venir à bout de la maladie grâce à des traitements tels que la chirurgie ou la radiothérapie.</p>
<p>En revanche, si la maladie a été détectée après qu’elle se soit propagée à d’autres parties du corps, les cliniciens optent pour des traitements <a href="https://www.healthline.com/health/cancer/metastatic-cancer">qui vont circuler dans l’ensemble de l’organisme</a>. C’est le cas des chimiothérapies (médicaments anticancer), des traitements hormonaux, ou des immunothérapies.</p>
<p>Les chimiothérapies peuvent également être utilisées via une autre approche, qui consiste à les administrer avant ou après une chirurgie ou une radiothérapie. L’idée est alors <a href="https://www.verywellhealth.com/adjuvant-therapy-5198903">d’empêcher le cancer initial de revenir</a>. En effet, si la chirurgie peut permettre d’éliminer l’intégralité des cellules cancéreuses, il peut aussi arriver dans certains cas que des cellules aient pu passer dans la circulation sanguine et ainsi s’installer dans d’autres endroits du corps.</p>
<p>Administrer une chimiothérapie avant ou après la chirurgie ou la radiothérapie permet de tuer ces cellules et de limiter le risque de retour du cancer.</p>
<p>L’efficacité de cette approche a été prouvée grâce à des essais cliniques. Le taux de rechute et la survie de patients ayant subi uniquement une chirurgie ont été comparés à ceux de patients ayant subi une chirurgie puis une chimiothérapie (lorsque la chimiothérapie est administrée administrée après l’acte chirurgical, on parle de <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Chimiotherapie">chimiothérapie adjuvante</a>). Les résultats ont montré que dans le second cas les patients étaient moins sujets aux rechutes et survivaient plus longtemps.</p>
<h2>Quelle est l’efficacité de la chimiothérapie préventive ?</h2>
<p>L’efficacité de cette approche dépend du type de cancer et du type de chimiothérapie administrée.</p>
<p>Dans le cas du cancer du côlon, considéré comme à haut risque de récidive après une chirurgie (en raison soit de son étendue soit de cette dissémination aux ganglions lymphatiques), la première chimiothérapie testée <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7564362/">avait augmenté le taux de survie à 5 ans de 15 %</a>. Dans le cas de l’administration de chimiothérapie plus intensive, les chances de survie à six ans approchent les 80 %.</p>
<p>On administre généralement ce genre de chimiothérapie pendant une durée de trois à six mois.</p>
<h2>Comment fonctionne la chimiothérapie ?</h2>
<p>Un grand nombre de médicaments utilisés en chimiothérapie empêche la division des cellules cancéreuses en s’attaquant à leur ADN (le matériel génétique situé dans leur noyau). Pour améliorer leur efficacité, les médicaments ciblant différents sites cellulaires peuvent être combinés.</p>
<p>La chimiothérapie n’est pas sélective, autrement dit elle ne s’attaque pas uniquement aux cellules cancéreuses : elle tue toutes les cellules qui se divisent.</p>
<p>Cependant, dans le cas du cancer, les tissus anormaux contiennent une proportion plus élevée de cellules en division que le reste du corps. Cela signifie qu’à chaque cycle de chimiothérapie une <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Se-faire-soigner/Traitements/Chimiotherapie/Qu-est-ce-que-la-chimiotherapie">proportion plus importante de cellules cancéreuses est éliminée</a> (en regard des dommages collatéraux subis par les cellules saines).</p>
<p>Les tissus normaux peuvent en outre « récupérer » entre deux cycles.</p>
<h2>Quels sont les effets secondaires des chimiothérapies ?</h2>
<p>Les <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-l-endometre/Chimiotherapie/Les-effets-secondaires">effets secondaires des chimiothérapies</a> sont généralement réversibles, et se font sentir dans les parties du corps où les cellules se renouvellent le plus.</p>
<p>Les chimiothérapies perturbent par exemple la production des cellules sanguines. Or, lorsque la quantité de globules blancs est basse, le risque d’infection augmente. La mort des cellules qui compose la paroi de l’intestin se traduit quant à elle par des aphtes, des nausées, des vomissements et des troubles intestinaux. Certains médicaments parfois administrés pendant la chimiothérapie peuvent aussi s’attaquer à d’autres organes, provoquant par exemple un engourdissement des mains et des pieds.</p>
<p>Les chimiothérapies génèrent également des symptômes généralisés, tels que la <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-l-endometre/Chimiotherapie/Les-effets-secondaires#toc-fatigue">fatigue</a>.</p>
<p>Étant donné que la chimiothérapie préventive est administrée après que toute trace de cancer a été éliminée par un acte de chirurgie locale, les patients peuvent généralement reprendre leurs activités dans les semaines qui suivent la fin du dernier cycle de traitement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226527/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ian Olver est financé par le Conseil australien de la recherche.</span></em></p>La princesse de Galles a annoncé souffrir d’un cancer dont la prise en charge nécessite l’administration d’une « chimiothérapie préventive ». De quoi s’agit-il ?Ian Olver, Adjunct Professsor, School of Psychology, Faculty of Health and Medical Sciences, University of AdelaideLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2263252024-03-24T17:51:50Z2024-03-24T17:51:50ZCe que vos cheveux peuvent vous apprendre sur votre santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/583399/original/file-20240305-20-96aic6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C4684%2C3130&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La génétique, les hormones et l’âge peuvent affecter la croissance des cheveux.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/damaged-hair-frustrated-asian-young-woman-2403657911">Kmpzzz/ Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Nos <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cheveux-98073">cheveux</a> ont beaucoup à dire. La façon dont nous les coupons, les coiffons et les colorons est souvent une représentation de ce que nous sommes.</p>
<p>Mais les cheveux ne se limitent pas à leur rôle esthétique. Ils remplissent également bon nombre de fonctions importantes : ils empêchent, par exemple, la perte de chaleur par la peau ou (dans le cas de nos sourcils) empêchent la sueur de couler dans nos yeux.</p>
<p>Les cheveux peuvent également être le reflet de ce qui se passe à l’intérieur de notre corps. De nombreuses maladies peuvent altérer la qualité et l’apparence de nos cheveux. Prêter attention à leur aspect peut nous donner des indices sur notre état de santé.</p>
<h2>Le cycle du cheveu</h2>
<p>Les follicules qui produisent et nourrissent les cheveux font partie des organes les plus minuscules de notre corps. Les cheveux ne peuvent pousser qu’aux endroits où sont présents des follicules.</p>
<p>La croissance des cheveux est un processus complexe. Chaque minuscule follicule passe par différents <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1064740618300270">stades cycliques</a>. Le premier est la phase de croissance active du cheveu (phase « anagène »), avant que la croissance ne s’arrête (phase « catagène »). Cette phase évolue ensuite vers la perte du cheveu ou la chute du follicule (phase « télogène »).</p>
<p>De nombreux facteurs – notre génétique, nos <a href="https://theconversation.com/fr/topics/hormones-34553">hormones</a>, en passant par notre âge – peuvent affecter ces follicules et leur croissance.</p>
<h2>L’excès de pilosité</h2>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK534854/">L’hypertrichose</a> est une affection dans laquelle les poils poussent en excès sur l’ensemble du corps. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une réaction à la prise d’un nouveau médicament, comme la phénytoïne utilisée pour traiter l’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/epilepsie/definition-causes-facteurs-favorisants">épilepsie</a>. Mais elle peut également être causée par des maladies telles que l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0738081X23000329">anorexie</a> et le <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/vih">VIH</a>.</p>
<p>(<em>L’Assurance maladie invite à faire un bilan médical en cas d’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/pilosite-excessive-femme/bilan-traitement">hypertrichose simple ou pilosité abondante chez la femme</a>, ndlr</em>).</p>
<p>Certaines pathologies provoquent également la pousse de poils à des endroits où ils ne devraient pas pousser. Chez les nouveau-nés, la présence de touffes de poils près de la base de la colonne vertébrale peut indiquer un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10657727/pdf/cureus-0015-00000047396.pdf">spina bifida occulta</a>. <a href="https://www.orpha.net/fr/disease/detail/645202?name=Spina%20bifida%20occulta&mode=name">Cela se produit</a> lorsque les vertèbres inférieures de la colonne vertébrale ne se sont pas formées correctement, ce qui laisse la délicate moelle épinière recouverte uniquement de peau.</p>
<p>Le pourquoi et le comment de ces affections et de leur capacité à déclencher une hypertrichose restent mal compris.</p>
<p>L’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/pilosite-excessive-femme/pilosite-excessive-hirsutisme-virilisme-traitement">hirsutisme</a> est une autre affection caractérisée par une croissance excessive des poils, mais selon un schéma typiquement masculin <em>(en d’autres termes, les poils se trouvent localisés à des endroits du corps où ils sont d’ordinaire présents chez l’homme et non chez la femme, ndlr)</em> : sur le visage, les lèvres, la poitrine et les bras. Ce phénomène est dû aux hormones androgènes, à savoir la testostérone qui, à des niveaux élevés, favorise la croissance des poils au niveau de ces zones. Ce phénomène peut être observé dans le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27510481/">syndrome des ovaires polykystiques</a>.</p>
<p><em>(Le <a href="https://www.inserm.fr/dossier/syndrome-ovaires-polykystiques-sopk/">syndrome des ovaires polykystiques</a> ou SOPK est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer ainsi que la première cause d’infertilité féminine, ndlr)</em>.</p>
<h2>La perte de cheveux</h2>
<p>Les cheveux peuvent également commencer à tomber en quantités anormales, devenant plus fins ou absents sur certaines parties du corps. Le terme médical pour désigner la perte de cheveux est l’<a href="https://dermato-info.fr/fr/les-phan%C3%A8res_cheveux-et-poils/l%E2%80%99alop%C3%A9cie">alopécie</a>. Elle peut être localisée ou généralisée. <a href="https://www.pcds.org.uk/clinical-guidance/alopecia-an-overview">Les causes de l’alopécie</a> sont multiples et comprennent les infections fongiques (<em>provoquées par des champignons, ndlr</em>), l’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/anemie/comprendre-anemie">anémie</a> due à une déficience en fer, un faible taux d’hormones thyroïdiennes et la prise de médicaments (y compris la chimiothérapie).</p>
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<a href="https://theconversation.com/les-deces-dus-aux-infections-fongiques-ont-double-en-dix-ans-221506">Les décès dus aux infections fongiques ont doublé en dix ans</a>
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<img alt="Un homme présentant une perte de cheveux man." src="https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579864/original/file-20240305-28-7sscn3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La calvitie masculine peut débuter vers l’âge de 20-25 ans.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/caucasian-man-hair-loss-problem-2335225091">ANDRANIK HAKOBYAN/Shutterstock</a></span>
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<p>L’âge, le sexe et la génétique sont également en cause. La <a href="https://dermato-info.fr/fr/les-phan%C3%A8res_cheveux-et-poils/l%E2%80%99alop%C3%A9cie/">calvitie masculine</a> se manifeste à la racine des cheveux et au sommet de la tête. Elle est influencée par l’hormone testostérone qui raccourcit la phase de croissance des cheveux et les rend plus fins. La plupart des hommes atteints de calvitie masculine commencent à observer une perte de cheveux vers l’âge de 20-25 ans.</p>
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<p>La <a href="https://dermato-info.fr/fr/les-phan%C3%A8res_cheveux-et-poils/l%E2%80%99alop%C3%A9cie">calvitie féminine</a>, en revanche, affecte généralement d’abord la ligne frontale des cheveux et provoque un amincissement plutôt qu’une perte complète des cheveux. Le rôle de la testostérone est plus discutable chez les femmes. Mais il y a une cause hormonale puisque l’amincissement des cheveux est plus fréquent autour et après la ménopause.</p>
<p>La perte de cheveux peut également résulter de l’arrachage des cheveux. Une coiffure serrée peut provoquer une traction sur le follicule et la perte de l’intégrité du cheveu. Certaines personnes peuvent également tirer ou arracher leurs cheveux par habitude. C’est ce qu’on appelle la <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/trichotillomanie/16709">trichotillomanie</a>.</p>
<h2>Traiter les problèmes capillaires</h2>
<p>Pour aider les cheveux à repousser, il peut suffire de traiter l’affection sous-jacente qui en est à l’origine. Un traitement avec un médicament à base du principe actif <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31496654/">minoxidil</a> peut également être envisagé. Ce médicament a été initialement développé pour traiter l’hypertension artérielle, mais il a été observé qu’il favorisait également la repousse des cheveux. Son action peut être due à un effet direct sur les follicules pileux ou à une amélioration de la circulation sanguine au niveau du cuir chevelu. Ces incertitudes peuvent expliquer pourquoi certains patients voient leur état s’améliorer et d’autres non.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>La <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0190962221009014">transplantation capillaire</a> est également une possibilité. Cela consiste à replacer des cultures de cheveux dans les zones devenues chauves. On peut procéder de deux façons : on transplante soit plusieurs petits greffons par « perforation », soit une plus grande bande de peau. Les greffons sont prélevés sur la peau poilue du corps du patient – ce qui est un exemple d’autogreffe.</p>
<p>Parfois, des poils se trouvent sur certaines zones visibles du corps où leur présence n’est pas souhaitable. Il existe certains traitements pour arrêter cette croissance excessive. Outre les méthodes traditionnelles d’épilation, la pilule contraceptive et d’autres médicaments qui <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/pilosite-excessive-femme/pilosite-excessive-hirsutisme-virilisme-traitement">régulent l’influence hormonale</a> sur les poils (comme le finastéride) peuvent être envisagés dans les cas où une maladie hormonale en est la cause (comme le SOPK).</p>
<p><em>(En France, l’<a href="https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/finasteride-1-mg-et-chute-de-cheveux/information-pour-les-patients-traites-par-finasteride-1-mg">Agence nationale de sécurité des médicaments</a> ou ANSM met en garde contre les effets indésirables notamment psychiques (anxiété, dépression, pensées suicidaires susceptibles de conduire au suicide) qui peuvent être liés à la prise de finastéride 1 mg. « En raison d’un risque de malformation des organes génitaux des garçons, les femmes enceintes ou susceptibles de l’être ne doivent jamais manipuler des comprimés cassés ou écrasés de finastéride », alertent aussi les services de l’ANSM. Enfin, l’agence invite les personnes qui prennent du finastéride à en informer systématiquement les médecins qu’elles sont amenées à consulter, ndlr)</em>.</p>
<h2>Testez vos propres cheveux</h2>
<p>Pour avoir une meilleure idée de la santé de vos cheveux, vous pouvez effectuer vous-même un test simple à la maison, connu sous le nom de <a href="https://dermato-info.fr/fr/les-phan%C3%A8res_cheveux-et-poils/l%E2%80%99alop%C3%A9cie">traction des cheveux</a>.</p>
<p>Sélectionnez un groupe de 30 à 50 cheveux (une petite touffe) et passez vos doigts de la base des cheveux au cuir chevelu, jusqu’aux pointes. Il n’est pas nécessaire de tirer fort, une légère traction suffit pour déloger un cheveu qui tombe. Regardez combien de cheveux vous avez arrachés.</p>
<p>Normalement, un ou deux cheveux seulement s’enlèvent en tirant dessus, mais cela peut varier d’une personne à l’autre. Au-delà de dix cheveux, il est probable que votre cuir chevelu perd plus de cheveux que la normale. Cela peut évoquer une alopécie, mais le recours à un dermatologue pour une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31479564">inspection plus détaillée</a> peut vous aider à déterminer si votre perte de cheveux est le signe d’un problème plus grave.</p>
<p>Des modifications au niveau de vos cheveux ne sont pas nécessairement liées à l’âge ou à la façon dont vous les avez coiffés. Il existe de nombreuses situations qui nécessitent de prêter attention à la croissance ou à la perte de cheveux. Prenez en compte tout changement, qu’il soit constaté par vous-même ou par votre coiffeur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226325/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dan Baumgardt ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De nombreuses maladies peuvent altérer la qualité et l’apparence de vos cheveux mais aussi la localisation ou la quantité de poils présents sur certaines parties de votre corps.Dan Baumgardt, Senior Lecturer, School of Physiology, Pharmacology and Neuroscience, University of BristolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2235792024-03-21T15:42:15Z2024-03-21T15:42:15ZVIH : et si les drones servaient aussi à sauver des vies ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582475/original/file-20240318-20-cmdd44.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En Guinée, à Conakry, le projet AIRPOP évalue le coût/efficacité et l’acceptabilité du transport de prélèvements sanguins par drone pour améliorer le dépistage précoce du VIH chez les nouveau-nés.</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Drones de loisir utilisés <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/lukraine-a-achete-2-000-drones-chinois-pour-mettre-la-pression-sur-larmee-russe-1481930">comme arme et moyen d’espionnage en Ukraine</a>, pour <a href="https://www.slate.fr/story/163724/chine-oiseaux-bioniques-drone-robotiques-espionner-citoyens">surveiller les populations en Chine</a>, dans le but, un jour, d’être employés <a href="https://www.slate.fr/story/228829/des-drones-equipes-de-taser-pourraient-un-jour-surveiller-les-ecoles-americaines">comme tasers volants pour sécuriser les écoles aux États-Unis</a>, et même d’ores et déjà <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/09/le-fleau-de-la-livraison-par-drone-dans-les-prisons_6193221_3224.html">pour la livraison de drogues et d’armes dans les centres de détention en France</a>…</p>
<h2>Des livraisons commerciales par drones en plein essor</h2>
<p>Derrière ces usages répressifs ou illicites, largement médiatisés, l’usage des drones de loisir, initialement destinés aux prises de vues aériennes, s’est largement développé dans l’industrie et l’agriculture notamment. De fait, leur utilisation pour les livraisons commerciales est en plein essor.</p>
<p>Motivé par leur rapidité et leur faible impact carbone, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36033593/">dix fois inférieurs à celui des livraisons par voie routière</a>, Amazon, le géant de la livraison, a d’ailleurs largement investi dans les drones en créant sa filiale Amazon Prime Air. Celle-ci <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/06/amazon-croit-toujours-a-la-livraison-par-drone-malgre-les-obstacles_6156919_3234.html">projette plus de 500 millions de livraisons annuelles d’ici 2030</a>. Une nouvelle paire de baskets livrée à domicile 30 minutes après une commande sur Internet est un « rêve » bientôt accessible.</p>
<h2>Des programmes pour acheminer en urgence médicaments ou poches de sang</h2>
<p>En matière de livraison, les drones peuvent aussi avoir une utilité plus essentielle, par exemple dans le secteur de la santé, où ils commencent à être utilisés dans certains pays pour l’acheminement en urgence de médicaments ou de poches de sang destinés à des transfusions.</p>
<p>Ainsi, au Rwanda, Zipline, une start-up américaine, réalise 80 % des livraisons des poches de sang grâce aux drones. La solution proposée par Zipline présente cependant des limites. Son coût élevé, le rayon d’action limité des drones à 80 km et son infrastructure lourde avec des rampes de lancement expliquent le fait que pour le moment, elle soit surtout utilisée en zone rurale, dans des pays de petite superficie caractérisés par une forte densité de populations et des ressources financières suffisantes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/OnDpE8uSb7M?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Au Rwanda, Zipline, une start-up américaine, réalise 80 % de ses livraisons de poches de sang par drones.</span></figcaption>
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<h2>En Afrique de l’Ouest, le drone pour améliorer le dépistage précoce du VIH chez les nouveau-nés</h2>
<p>En Afrique de l’Ouest et du Centre, la densité de population en zone rurale est faible, les superficies des pays élevées et les ressources financières limitées. Pourtant, les besoins de santé sont également importants et les drones pourraient contribuer à améliorer l’accès aux soins.</p>
<p>Ils pourraient notamment être utilisés pour améliorer l’accès au dépistage précoce du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vih-46821">VIH</a> chez les enfants nés de mères vivant avec le VIH, dont le risque de mortalité est particulièrement élevé dans les deux premiers mois de vie, en l’absence de traitement.</p>
<p>Compte tenu des appareils de laboratoire nécessaires pour ce diagnostic, le diagnostic précoce des nouveau-nés n’est réalisé que dans quelques laboratoires urbains. Lorsque les femmes vivant avec le VIH accouchent dans des formations sanitaires qui ne disposent pas de ces équipements, les prélèvements doivent être acheminés vers ces laboratoires de référence.</p>
<p>Or, les systèmes de transport par voie routière sont lents et peu fonctionnels en raison des nombreux embouteillages en zone urbaine et du mauvais état, voire de l’absence d’infrastructures routières en zone rurale. Les résultats sont souvent rendus tardivement. Les nouveau-nés infectés par le VIH sont donc rarement traités à temps, c’est-à-dire dans leurs premiers mois de vie, <a href="https://journals.lww.com/aidsonline/fulltext/2009/01020/emergence_of_a_peak_in_early_infant_mortality_due.14.aspx">ce qui les expose à un risque important de décès</a>.</p>
<h2>En Guinée, un projet mené par des chercheurs guinéens, européens et une ONG</h2>
<p>En Guinée, <a href="https://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/data-book-2022_en.pdf#page=99">seul un tiers des nouveau-nés dont la mère vit avec le VIH bénéficient d’un diagnostic</a>. Parmi ceux chez qui le VIH a été diagnostiqué, on estime que moins de la moitié seraient traités à temps, d’après des données nationales non publiées.</p>
<p>Conakry, sa capitale, est tristement réputée pour ses embouteillages où un déplacement de quelques kilomètres peut parfois prendre plusieurs heures. À l’instar de nombreuses métropoles d’Afrique de l’Ouest, cette capitale a connu une expansion urbaine rapide liée à un exode rural important au cours des dernières décennies.</p>
<p>C’est coincée dans un de ces fameux embouteillages à Conakry, regardant une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=w_foIhQT2X8">vidéo</a> d’un drone livrant des burgers et des bières à Reykjavik en Islande, qu’une équipe de Solthis, ONG qui travaille depuis 20 ans pour l’amélioration de la santé en Afrique de l’Ouest, a eu l’idée d’utiliser des drones pour un usage plus utile que le commerce de la junk food.</p>
<p>Il s’agissait d’utiliser des drones pour transporter en urgence des prélèvements sanguins et ainsi permettre de diagnostiquer et traiter les 1 400 enfants qui naissent chaque année avec le VIH en Guinée. En 2020, Sothis a développé le projet AIRPOP.</p>
<p>Mis en œuvre en partenariat avec des chercheurs guinéens, des responsables du programme de lutte contre le VIH, des chercheurs en anthropologie de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et, en modélisation, de la Lincoln International Institute for Rural Health et avec le soutien de l’Agence nationale de recherche sur le sida, les hépatites virales et les maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE), le projet AIRPOP, a cherché à évaluer le coût/efficacité et l’acceptabilité d’un transport des prélèvements par drone.</p>
<h2>Une solution coût-efficace en nombre de vies sauvées, d’après les premiers tests</h2>
<p>L’enjeu était de tester une solution, acceptable par la population et finançable dans les pays à ressources limitées. Le projet a comparé l’efficacité et le coût d’un transport par drone avec un transport par moto et le système actuel par voiture.</p>
<p>La modélisation a montré que le <a href="https://gh.bmj.com/content/8/11/e012522.long">drone est une solution coût-efficace en termes de nombre de vies sauvées</a>, malgré des coûts d’investissement et d’entretien supérieurs à celui des motos ou des voitures, pour un pays à ressources limitées comme la Guinée.</p>
<p>En parallèle, des vols de drones automatisés ont été effectués entre deux structures de santé pour tester la faisabilité en contexte urbain et une étude anthropologique a analysé les perceptions des acteurs concernés. D’une manière générale, les drones bénéficient d’une perception plutôt positive dans un contexte récent de troubles politiques où ces appareils ont été utilisés par des journalistes et des partis de l’opposition pour attester de l’ampleur de manifestations.</p>
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<p>Néanmoins, diverses craintes, comme celle d’un détournement par des groupes terroristes, suscitent des inquiétudes et soulignent la nécessité d’une information claire des populations. Nos travaux sur la question seront prochainement publiés.</p>
<p>Pour autant, les résultats encourageants du test suscitent l’intérêt des autorités de santé du pays et créent les conditions favorables pour poursuivre les recherches nécessaires au déploiement par le pays de cette innovation sur l’ensemble du territoire.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/800896984" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le projet AIRPOP mené en Guinée a comparé l’efficacité et le coût d’un transport de prélèvements sanguins par drone avec un transport par moto et le système actuel par voiture.</span></figcaption>
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<h2>Mutualiser aussi les drones pour le transport des poches de sang lors de l’accouchement</h2>
<p>Après cette première phase test, AIRPOP2 évaluera l’utilisation des drones à Conakry et en zone rurale avec l’ambition de proposer cette stratégie à l’échelle du pays pour permettre de dépister et de traiter les 1 400 enfants qui naissent avec le VIH chaque année. Elle explorera également l’intérêt de la mutualisation des drones pour les transports urgents d’autres produits de santé, notamment les poches de sang pour les femmes ayant des hémorragies lors de l’accouchement, première cause de décès maternels en Afrique.</p>
<p>Bien que les fabricants de drones soient pour l’instant principalement basés dans les pays les plus riches, la simplicité des techniques de fabrication et les moyens déjà investis pour améliorer la performance des drones, nous laissent penser que dans un futur proche, des fabricants pourraient émerger en Afrique de l’Ouest.</p>
<p>Cela ne ferait qu’améliorer le coût-efficacité de cette solution et simplifierait la maintenance. Osons imaginer, qu’aux yeux des investisseurs, sauver des vies humaines pourrait constituer un enjeu aussi important que celui de livrer en urgence, des burgers et des baskets, aux quatre coins du monde.</p>
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<p><em>Cet article a été co-écrit par : Guillaume Breton, Maxime Inghels, Oumou Hawa Diallo, Mohamed Cissé, Youssouf Koita et Gabrièle Laborde-Balen.</em></p>
<p><em>Ont participé à cette étude : (1) Solthis, Paris, France ; (2) Lincoln International Institute for Rural Health, University of Lincoln, Lincoln, Royaume-Uni ; (3) Solthis, Conakry, Guinée ; (4) Service de Dermatologie, Centre de Traitement Ambulatoire, Laboratoire de Biologie Moléculaire, CHU Donka, Conakry, Guinée ; (5) Programme National de Lutte contre le VIH sida et les Hépatites (PNLSH), Conakry, Guinée ; (6) TransVIHMI, Université de Montpellier, Inserm, Institut de Recherche pour le Développement, Montpellier, France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223579/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Breton est salarié de Solthis.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Oumou Hawa Diallo est salariée de Solthis.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriele Laborde-Balen, Maxime Inghels et Mohammed Cissé ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les drones peuvent avoir une utilité autre que commerciale ou militaire. Ainsi, en Guinée, des chercheurs et une ONG testent leur efficacité pour le dépistage précoce du VIH chez les nouveau-nés.Guillaume Breton, Médecin infectiologue. Référent pathologies infectieuses et recherche de l'ONG Solthis. Médecin attaché service de maladies infectieuses, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, Sorbonne UniversitéGabriele Laborde-Balen, Anthropologue, Centre Régional de Recherche et de Formation à la prise en charge Clinique de Fann (CRCF, Dakar), Institut de recherche pour le développement (IRD)Maxime Inghels, Research Fellow, University of Lincoln, Université Paris CitéMohammed Cissé, Médecin dermatologue. Doyen de la Faculté de Médecine de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, Guinée, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC)Oumou Hawa Diallo, Médecin pneumologue. Hôpital Ignace Deen Conakry, Guinée, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2260382024-03-19T16:57:11Z2024-03-19T16:57:11ZMénopause : quels sont les symptômes les plus courants, et comment les prendre en charge ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582478/original/file-20240313-30-p6p9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C151%2C7772%2C5041&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/menopausal-mature-woman-having-hot-flush-2281774401">Shutterstock/SpeedKingz</a></span></figcaption></figure><p>En dépit d’un nombre croissant de nouvelles recherches menées sur la ménopause, il semble de plus en plus compliqué de trouver des informations claires sur ce sujet. En effet, médias, Internet, soignants ou scientifiques ne s’accordent pas tous systématiquement.</p>
<p>Pour ajouter encore à cette confusion, une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)00462-8/fulltext">série d’articles</a> parus récemment dans le prestigieux journal médical <em>The Lancet</em> a remis en question certains aspects que l’on croyait acquis concernant non seulement les symptômes de la ménopause, mais aussi l’efficacité des traitements hormonaux (aussi appelés <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/traitements">« traitements hormonaux substitutifs de la ménopause »</a>) pour soulager certains d’entre eux.</p>
<p>Quels sont les symptômes qui indiquent de façon fiable le début de la périménopause ou de la ménopause ? Et quel est l’intérêt réel des traitements hormonaux ? Voici ce qu’en dit la science.</p>
<h2>Qu’est-ce que la ménopause ?</h2>
<p>Pour le dire brièvement, la ménopause est la perte complète de la fertilité féminine.</p>
<p>Il s’agit de la période de la vie d’une femme (ou de personnes dont le sexe de naissance était le sexe féminin) durant laquelle les règles (menstruations) s’arrêtent définitivement. La ménopause est diagnostiquée après 12 mois sans nouvelles règles (sauf en cas d’ablation des ovaires, laquelle qui provoque une ménopause induite chirurgicalement). Commence alors la période de postménopause.</p>
<p>La <a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/derniers-stocks-cest-quoi-la-premenopause">périménopause</a> débute quant à elle lorsque les cycles menstruels varient pour la première fois de sept jours ou plus. Elle se termine lorsqu’il n’y a pas eu de règles pendant 12 mois.</p>
<p>La périménopause et la ménopause sont difficiles à identifier dans le cas ou une personne a subi une hystérectomie, mais que ses ovaires sont intacts, ou bien si les menstruations naturelles sont supprimées par un traitement (comme la contraception hormonale) ou une maladie (comme un trouble de l’alimentation).</p>
<h2>Quels sont les symptômes les plus courants de la ménopause ?</h2>
<p>Au cours de nos travaux, nous avons analysé la littérature scientifique afin de faire un état des lieux des recommandations de prise en charge de la ménopause et de la périménopause se basant sur les standards les plus exigeants. Nous avons ainsi pu en identifier les <a href="https://srh.bmj.com/content/early/2024/02/21/bmjsrh-2023-202099.long">symptômes reconnus au niveau international</a> :</p>
<ul>
<li><p>bouffées de chaleur et sueurs nocturnes (connues sous le nom de symptômes vasomoteurs) ;</p></li>
<li><p>troubles du sommeil ;</p></li>
<li><p>douleurs musculo-squelettiques ;</p></li>
<li><p>diminution de la fonction ou du désir sexuel ;</p></li>
<li><p>sécheresse et irritation vaginales ;</p></li>
<li><p>perturbation de l’humeur (humeur maussade, changements d’humeur ou symptômes dépressifs), mais sans dépression clinique.</p></li>
</ul>
<p>Aucun de ces symptômes n’est cependant spécifique à la ménopause, ce qui signifie qu’ils pourraient avoir d’autres causes.</p>
<h2>Des symptômes dont la gravité varie d’une personne à l’autre</h2>
<p><a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2015/07000/moderate_to_severe_vasomotor_and_sexual_symptoms.6.aspx">Notre étude</a> sur les femmes australiennes a révélé que 38 % des femmes avant la périménopause, 67 % des femmes périménopausées et 74 % des femmes postménopausées de moins de 55 ans ont déclaré avoir eu des bouffées de chaleur et/ou des sueurs nocturnes.</p>
<p>Mais la <a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2015/07000/moderate_to_severe_vasomotor_and_sexual_symptoms.6.aspx">gravité de ces symptômes varie considérablement</a>. Avant la périménopause, seules 2,8 % des femmes ont indiqué avoir subi des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes modérément à sévèrement gênantes, contre 17,1 % des femmes périménopausées et 28,5 % des femmes postménopausées de moins de 55 ans.</p>
<p>Bouffées de chaleur et sueurs nocturnes gênantes semblent donc constituer des indicateurs fiables de la périménopause et de la ménopause. Toutefois, ce n’en sont pas les seuls symptômes. Ce ne sont pas non plus des phénomènes touchant uniquement les femmes occidentales, contrairement à ce qui a pu être parfois suggéré : les femmes des pays asiatiques sont également concernées.</p>
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<img alt="Femme assise sur une chaise, l’air déprimé" src="https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ne pas avoir de sueurs nocturnes ou de bouffées de chaleur ne signifie pas pour autant ne pas être ménopausée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/sad-asian-mature-woman-lonely-home-1682995819">Maridav/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Les symptômes dépressifs et l’anxiété sont également souvent liés à la ménopause, mais ces symptômes sont moins spécifiques que les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes, car ils peuvent survenir tout au long de la vie adulte. Néanmoins, les recommandations actuelles considèrent que l’apparition de troubles de l’humeur peut constituer à elle seule la manifestation des <a href="https://www.cell.com/cell/abstract/S0092-8674(23)00905-4">changements hormonaux en lien avec la ménopause</a>. Autrement dit, une femme qui n’a pas de bouffées de chaleur ou de sueurs nocturnes <a href="https://srh.bmj.com/content/early/2024/02/21/bmjsrh-2023-202099.long">peut néanmoins être en périménopause ou en postménopause</a>.</p>
<p>On appréhende encore mal dans quelle mesure les changements hormonaux de la ménopause pourraient être liés à des problèmes de mémoire, de concentration ou à des difficultés de réflexion (des symptômes fréquemment regroupés et sous l’appellation « brouillard cérébral »). Certaines études suggèrent que la périménopause pourrait altérer la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13697137.2022.2122792">mémoire verbale épisodique</a>, mais que ce trouble pourrait se résoudre de lui-même à mesure que les femmes traversent la ménopause. Il semblerait que les fonctions cérébrales exécutives (réflexion stratégique, planification) <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13697137.2022.2122792">ne soient en revanche pas affectées</a>.</p>
<h2>Dans quels cas les traitements hormonaux sont-ils utiles ?</h2>
<p>Les articles du <em>Lancet</em> suggèrent que le traitement hormonal substitutif de la ménopause soulage les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes (symptômes « vasomoteurs »). Toutefois, la probabilité qu’une telle thérapie améliore le sommeil, l’humeur ou le « brouillard cérébral » semble ne concerner que les femmes qui sont gênées par ces symptômes vasomoteurs.</p>
<p>Le traitement hormonal est aussi recommandé pour la prise en charge des troubles de l’humeur associés à la ménopause. Autrement dit, se voir prescrire une telle thérapie ne nécessite pas d’avoir des bouffées de chaleur ou des sueurs nocturnes.</p>
<p>Souvent, les traitements hormonaux de la ménopause sont prescrits en association avec un œstrogène à application topique, afin de traiter les symptômes vaginaux (sécheresse, irritation ou nécessité fréquente d’uriner).</p>
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<img alt="Médecin parlant à une femme" src="https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nul besoin de ressentir des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes pour prendre une thérapie hormonale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/mature-woman-consultation-female-doctor-sitting-1393901327">Monkey Business Images/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Aucune des directives internationales actuelles ne recommande en revanche la prescription de traitement hormonal en ce qui concerne la prise en charge des symptômes cognitifs responsables du « brouillard cérébral ».</p>
<p>Par ailleurs, l’efficacité de ce genre de traitement pour prendre en charge les douleurs musculo-squelettiques, qui constituent les symptômes ménopausiques les <a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2016/07000/prevalence_and_severity_of_vasomotor_symptoms_and.6.aspx">plus courants dans certaines populations</a>, doit encore être étudiée.</p>
<p>Enfin, certaines recommandations nationales considèrent que le traitement hormonal est efficace <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13697137.2023.2258783">pour limiter le risque d’ostéoporose ou de fractures</a>, mais pas pour prévenir d’autres maladies.</p>
<h2>Quels sont les risques des thérapies hormonales ?</h2>
<p>Les principales préoccupations à propos des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ont concerné l’accroissement potentiel du risque de cancer du sein et de thrombose veineuse profonde (qui est susceptible de provoquer la formation d’un caillot dans les poumons).</p>
<p>Aujourd’hui, on considère que les traitement hormonaux recourant uniquement à des œstrogènes <a href="https://www.nice.org.uk/guidance/ng23">n’entraînent pas, ou peu, de modification du risque de cancer du sein</a>.</p>
<p>Les œstrogènes pris avec un progestatif, nécessaire pour les femmes qui n’ont pas subi d’hystérectomie, <a href="https://www.moh.gov.my/moh/resources/Penerbitan/CPG/Women%20Health/CPG_Management_of_Menopause_2022_e-version-1.pdf">ont été associés à une petite augmentation</a> du risque de cancer du sein (mais comme tout risque, celui-ci semble varier en fonction <a href="https://www.bmj.com/content/bmj/371/bmj.m3873.full.pdf">du type de traitement utilisé, de la dose et de la durée d’utilisation</a>).</p>
<p>Les œstrogènes pris par voie orale ont également été associés à un risque accru de thrombose veineuse profonde, ledit risque variant en fonction de la formulation utilisée. Ce problème peut être évité en utilisant des <a href="https://www.bmj.com/content/bmj/364/bmj.k4810.full.pdf">patchs ou des gels d’œstrogènes prescrits à des doses standards</a>.</p>
<h2>Et si je ne veux pas de thérapie hormonale ?</h2>
<p>Si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas prendre de traitement hormonal pour atténuer les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes gênantes, des thérapies non hormonales efficaces sont aussi disponibles sur ordonnance.</p>
<p>En Australie, la plupart de ces options sont « hors indication », cependant le <a href="https://ec.europa.eu/health/documents/community-register/2023/20231207160974/anx_160974_fr.pdf">fezolinetant</a>, un nouveau médicament, vient d’être approuvé pour traiter les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes postménopausiques. </p>
<p>(<em>en Europe, ce médicament a obtenu <a href="https://www.apmnews.com/freestory/10/404209/amm-europeenne-pour-veoza-dans-les-symptomes-vasomoteurs-associes-a-la-menopause">une autorisation de mise sur le marché en décembre 2023</a>. Il avait été approuvé aux États-Unis au mois de mai de la même année, ndlr</em>) </p>
<p>Pris sous forme de comprimé, le fezolinetant agit dans le cerveau en bloquant la neurokinine 3, la molécule responsable de la réponse thermique inappropriée à l’origine des bouffées de chaleur et/ou des suées.</p>
<p>Si l’on peut déplorer que l’efficacité de la plupart des traitements en vente libre soit <a href="https://srh.bmj.com/content/early/2024/02/21/bmjsrh-2023-202099.long">nulle ou non prouvée scientifiquement</a>, notons que la thérapie cognitivo-comportementale et l’hypnose peuvent permettre de <a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2023/06000/the_2023_nonhormone_therapy_position_statement_of.4.aspx">soulager certains symptômes</a>.</p>
<hr>
<p><em><strong>Pour en savoir plus :</strong></em></p>
<ul>
<li><a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause">Le dossier de l’Assurance maladie consacré à la ménopause et à la périménopause</a>, ainsi qu’à leur prise en charge </li>
<li>Le dossier de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) <a href="https://www.inserm.fr/dossier/menopause/">sur la périménopause et la ménopause</a> </li>
<li>La page consacrée à <a href="https://cngof.fr/espace-grand-public/la-menopause-et-apres/">la ménopause et la périménopause</a> sur le site du Collège national des gynécologues et obstétriciens </li>
<li><a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-menopause-pour-tout-le-monde">« Ménopause pour tout le monde »</a>, une série de quatre podcasts proposée par France Culture.</li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/226038/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Susan Davis est chercheuse au NHMRC et directrice du programme de recherche sur la santé des femmes de l'Université de Monash. Elle a assuré des présentations de ses travaux pour Theramex, Besins Healthcare, Mayne Pharma et Abbott Laboratories. Elle a aussi fait partie de comités de conseils consultatifs pour Theramex, Astellas, Besins Healthcare, Mayne Pharma, Abbott Laboratories et Gedeon-Richter.</span></em></p>Bouffées de chaleurs, sueurs nocturnes, « brouillard cérébral »… Les symptômes de la ménopause sont multiples. Comment les détecter et les prendre en charge ? Voici les recommandations scientifiques.Susan Davis, Chair of Women's Health, Monash UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2253752024-03-19T09:25:34Z2024-03-19T09:25:34ZPour limiter les troubles du sommeil liés à l’âge, il faut s’exposer à la lumière naturelle<p>La lumière est essentielle à la vision. Mais on sait aujourd’hui qu’elle joue également un rôle clé dans le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sommeil-20272">sommeil</a>. Des études ont montré que la lumière naturelle est le troisième régulateur du sommeil, avec l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/chronobiologie/">horloge circadienne</a> qui synchronise le sommeil sur l’alternance jour/nuit et l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/">homéostasie</a>, un ensemble de mécanismes qui accroît le besoin de sommeil quand la période de veille se prolonge.</p>
<p>Le fait que la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lumiere-32399">lumière</a> naturelle joue un rôle aussi important dans le sommeil est une bonne nouvelle parce que la lumière naturelle n’est pas un médicament. Tout le monde y a accès. Elle est gratuite et disponible à l’extérieur. Pour en bénéficier, il suffit de sortir !</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><a href="https://www.crnl.fr/fr/user/165">Notre équipe</a> qui mène des travaux de recherche dans ce domaine vient d’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jpi.12930">identifier un nouveau mécanisme d’adaptation de la rétine au vieillissement</a>. Notre étude suggère que, lorsqu’on prend de l’âge, il faut s’exposer plus longtemps à la lumière naturelle pour limiter les troubles du sommeil et bien dormir. Explications :</p>
<h2>La rétine synchronise l’horloge biologique et le sommeil</h2>
<p>Avant tout, il est indispensable de décrire la composition de la lumière naturelle. Elle est constituée de plusieurs longueurs d’ondes, et celles qui se situent entre 400 et 700 nm (le nanomètre ou nm correspond à l’unité de mesure des longueurs d’ondes) sont visibles par l’œil humain.</p>
<p>En dessous de 400 nm, on est dans l’ultra-violet et, au-dessus de 700 nm, dans l’infrarouge. Si la lumière naturelle est blanche, c’est parce qu’elle est composée par toutes les longueurs d’ondes (couleurs du spectre) dans la même quantité (le bleu, le vert, le rouge, le jaune, etc.).</p>
<p>Notre rétine a évolué sous l’influence de cette lumière naturelle pour optimiser notre vision (composantes bleu, vert et rouge de la lumière via des cellules appelées les cônes et les bâtonnets). Les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jpi.12562">travaux</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32342043/">récents</a> nous ont appris qu’elle a aussi évolué pour synchroniser notre horloge biologique et notre sommeil, via des cellules très spécifiques de la rétine (les cellules à mélanospine), spécifiquement sensibles à la lumière bleue du spectre lumineux.</p>
<h2>Quand la rétine s’adapte au vieillissement</h2>
<p>En accord avec la littérature scientifique récente, nos résultats suggèrent qu’un sujet jeune pourrait se contenter d’être exposé à une lumière qui correspond au bleu du ciel, pour que ses rythmes biologiques soient bien synchronisés à la journée de 24 heures et que le sommeil soit nocturne. Chez le sujet plus âgé en revanche, ce n’est pas aussi simple.</p>
<p>Au court du vieillissement, le cristallin – la lentille de l’œil qui permet à la lumière de converger sur la rétine – brunit, et diminue ainsi la quantité de lumière bleue qui atteint la rétine. Nos résultats montrent qu’avec l’âge, pour que la lumière naturelle continue à jouer son rôle de régulateur du sommeil de manière efficace, la rétine doit recevoir une lumière naturelle plus riche.</p>
<p>A noter que dans notre étude, les sujets les plus âgés avaient environ 60 ans et les plus jeunes, autour de 25 ans. Il est également important de comprendre que le vieillissement de la rétine et le brunissement du cristallin sont des continuums, même si on observe une accélération entre 35-40 et 60 ans.</p>
<p>Quand on vieillit, il semble que l’horloge biologique et le sommeil ne se contentent plus du bleu mais doivent percevoir une lumière présentant des couleurs additionnelles (dans les longueurs d’ondes rouge et vert).</p>
<p>Ainsi, nous proposons qu’un mécanisme adaptatif pourrait s’être mis en place au cours de l’évolution afin de maintenir une bonne sensibilité à la lumière avec l’âge, et donc une bonne synchronisation de l’horloge biologique et du sommeil, pour faire face au brunissement inéluctable du cristallin.</p>
<h2>Des résultats à prendre en compte dans la vraie vie</h2>
<p>Il est impossible d’empêcher le vieillissement de la rétine. En revanche, nos résultats suggèrent qu’il est important de s’exposer plus longtemps et à des lumières plus riches quand on est plus âgés, surtout dans nos sociétés modernes où nous passons 80 % de nos journées dans des bâtiments, sous des lumières artificielles.</p>
<p>Notre équipe travaille chez l’humain depuis toujours. Nous faisons le lien entre les mécanismes fondamentaux de la physiologie, et la santé dans la vraie vie. En pratique, différents paramètres influencent les comportements. En l’occurrence, l’hiver, la durée du jour plus courte et le froid représentent de réels freins à une exposition suffisante à la lumière naturelle.</p>
<p>Le manque de lumière est corrélé à la saisonnalité. En France, nous bénéficions d’une exposition à la lumière de 16 heures l’été ; elle est limitée à 8 heures l’hiver. L’intensité lumineuse varie aussi : elle est comprise entre 2 000 et 20 000 lux à l’extérieur l’hiver, entre 10 000 et 100 000 lux l’été. Toutefois, même en hiver, nous conservons une intensité lumineuse qui est suffisante pour le bon fonctionnement de l’horloge biologique.</p>
<p>Néanmoins, si le jour est deux fois plus court en hiver qu’en été, cela ne signifie pas pour autant qu’il convient de s’exposer à des lumières deux fois plus intenses durant cette saison. Les relations ne sont pas linéaires.</p>
<h2>Mieux dormir en Ehpad en apportant plus de lumière</h2>
<p>Nos résultats peuvent aussi avoir des implications concrètes pour nos parents et grands-parents qui résident dans des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ehpad-52036">Ehpad</a>. Quand nous leur rendons visite, nous voyons bien que les locaux sont souvent peu lumineux, et cela peut avoir des conséquences sur la qualité de leur sommeil la nuit.</p>
<p>Nous recommandons donc aux responsables d’établissements de soin (Ehpad et hôpitaux) de prendre en compte l’importance de la lumière. Il est en effet indispensable d’apporter une certaine intensité lumineuse à l’intérieur des locaux, en installant des éclairages de plus forte intensité, même quand la vue des résidents ou des patients est très affaiblie.</p>
<p>L’intensité lumineuse moyenne dans les Ehpad américains est en moyenne de 70 lux. C’est évidement très insuffisant et les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18544724/">études</a> montrent que ce niveau de lumière trop faible explique, en partie, à la fois les troubles du sommeil nocturne, la somnolence diurne, et le déclin cognitif.</p>
<p>L’éclairage devrait dépasser les 500 lux et sans doute atteindre au moins 1 000 lux durant la journée. À titre de comparaison, l’intensité lumineuse d’une lampe de chevet n’est que de 30 lux, celle du soleil au lever du jour de 10 000 lux.</p>
<p>Et dans la mesure du possible, même en fauteuil roulant, il faut que les résidents des Ehpad bénéficient de la lumière extérieure en journée, surtout s’ils sont somnolents pendant la journée et/ou dorment mal la nuit.</p>
<h2>Pourquoi certains sont « couche-tard » et « lève-tard », d’autres « couche-tôt » et « lève-tôt »</h2>
<p>On découvre aujourd’hui l’importance de la lumière naturelle pour réguler le sommeil, alors que le rôle de l’horloge circadienne, cette petite structure localisée dans le cerveau, est lui connu depuis longtemps. L’horloge circadienne pulse avec une oscillation de presque 24 heures.</p>
<p>L’<a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199501053320102">étude des personnes non voyantes</a> nous a appris que la synchronisation de l’horloge circadienne passe par la rétine à laquelle est connectée. La rétine capte la lumière qui est responsable de la synchronisation de l’horloge circadienne. Cette horloge biologique est en permanence synchronisée, c’est-à-dire remise à l’heure, sous l’effet de l’environnement, et en particulier de la lumière.</p>
<p>L’horloge circadienne des personnes que l’on classe dans la catégorie des « couche-tard » ou « lève-tard » est lente et peut osciller avec une période de 24h30. Chaque jour, si les conditions lumineuses sont suffisantes, elle va être avancée de 30 minutes et permettre une physiologie au bon moment, sinon les horaires de coucher et de lever seront plus tardifs chaque jour, jusqu’à 30 minutes, par exemple chez l’aveugle.</p>
<p>En revanche, l’horloge circadienne des « couche-tôt » et « lève-tôt » est rapide. Elle peut osciller sur 23h30 et doit être retardée quotidiennement. Là encore, c’est un cycle lumière-obscurité suffisant et stable qui va permettre la remise à l’heure de l’horloge biologique, et des horaires de sommeil réguliers.</p>
<p>Encore une fois, il faut comprendre que la lumière ne sert pas qu’à la vision. On comprend désormais combien elle est au cœur de la santé humaine, pour le sommeil comme dans d’autres domaines.</p>
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<p><em>Nos travaux de recherche ont été soutenus par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets, dans le cadre des programmes <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-12-TECS-0005">TecSAN</a> et <a href="https://anr.fr/ProjetIA-16-IDEX-0005">IDEXLYON</a>. L’ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>. Ces recherches ont également reçu des financements de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’université Claude Bernard de Lyon</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225375/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Gronfier est Président de la Société francophone de chronobiologie. Il a reçu des financements de la part de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’Université Claude Bernard de Lyon.</span></em></p>Des travaux de recherche suggèrent que, lorsqu’on prend de l’âge, s’exposer davantage à la lumière naturelle aide à limiter les troubles du sommeil. Des résultats à appliquer, par exemple, en Ehpad.Claude Gronfier, chercheur neurobiologiste à l'Inserm, Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL, Inserm/CNRS/Université Claude-Bernard Lyon 1), InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2259602024-03-18T15:34:27Z2024-03-18T15:34:27ZCovid-19 : comment le coronavirus détruit des neurones essentiels pour la fertilité et la cognition<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582547/original/file-20240318-20-ppt6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C1089%2C3515%2C2252&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Micrographie électronique à balayage colorisée d'une cellule (rose) infectée par des particules du virus SARS-CoV-2 (vert et violet), isolée à partir d'un échantillon de patient.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nihgov/50798069536/in/photolist-2koRoi7-2ivWYAQ-2itgZyx-2jk18mh-2iERQiZ-2iYmxva-2mFfcQ7-2jcerea-2jk18s4-2jk2hum-2jfwmb2-2jch9HX-2j4b4fV-2j4fdct-2iCRVRX-2iP8B13-2iERQmQ-2jfwm3X-2jfzdMX-2iDSu3E-2iDSu77-2iDWFNp-2iDVeTu-2iDVeUX-2iDVeVt-2iERQ8d-2iG5wqt-2iYiNki-2iPbjqr-2itfPmQ-2iDWFMh-2iDSu65-2iDVeQd-2iDSu8u-2nWQgad-2iETgaX-2ivUoVj-2ivUoW6-2itgZwo-2ivY9VB-2ivY9Xk-2o9zewJ-2koRooc-2koRocL-2jk2hQG-2jfAxCS-2jk18et-2itfPhS-2ivUoUn-2koRYXP"> Image prise au NIAID Integrated Research Facility (IRF) à Fort Detrick, Maryland / NIAID/NIH </a></span></figcaption></figure><p><em>Difficultés de concentration, de planification, troubles de la mémoire immédiate… Les personnes souffrant de Covid long se plaignent très souvent de problèmes cognitifs, qui s’ajoutent aux nombreux autres symptômes dont elles souffrent. Quatre ans après la première vague de la pandémie, la recherche sur les causes de ce « brouillard cérébral » progresse.</em></p>
<p><em>On sait aujourd’hui que le coronavirus SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie est notamment capable de pénétrer dans notre cerveau et de détruire certaines cellules cérébrales. L’infection d’une petite population de neurones inquiète particulièrement les scientifiques : il s’agit des neurones à GnRH, qui jouent un rôle essentiel non seulement dans la fertilité, mais aussi dans le neurodéveloppement des enfants.</em></p>
<p><em>Directeur de recherche et responsable du laboratoire Inserm « Développement et plasticité du cerveau neuroendocrine », Vincent Prévot nous explique pourquoi leur destruction est préoccupante.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Des travaux récents ont montré que l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2, même quand elle ne s’accompagne que de symptômes modérés, <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2311330">est associée à des atteintes cognitives</a>. Aujourd’hui, il ne fait plus de doute que l’infection par le SARS-CoV-2 est délétère pour le cerveau ?</strong></p>
<p><strong>Vincent Prévot :</strong> Plusieurs études ont montré que l’infection par le SARS-CoV-2 a des effets sur le cerveau. L’une des plus spectaculaires, <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-022-04569-5">publiée dans la revue <em>Nature</em></a>, montre qu’elle s’accompagne d’une diminution du volume du cerveau et d’une perte cognitive, d’autant plus importante que les personnes sont âgées. Et ce, même chez des gens qui n’ont pas fait de forme sévère.</p>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/s41593-021-00926-1">Avec nos collaborateurs</a>, nous avons de notre côté démontré que le coronavirus était à l’origine de microruptures de vaisseaux sanguins cérébraux, parfois très nombreuses. Celles-ci pourraient entraîner la mort de certains neurones, et avoir des conséquences sur le vieillissement cérébral.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-le-coronavirus-sintroduit-dans-notre-cerveau-185834">Covid-19 : comment le coronavirus s’introduit dans notre cerveau</a>
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<p>Divers travaux ont par ailleurs montré que ce dernier <a href="https://www.researchsquare.com/article/rs-3818580/v1">semblait d’ailleurs accéléré</a> chez certains patients. Nous avons nous-mêmes constaté la dégradation très rapide, suite à l’infection par le coronavirus, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37428895/">l’état d’un patient atteint de démence vasculaire à un stade précoce</a>.</p>
<p><strong>The Conversation : Avec vos collaborateurs, vous vous êtes particulièrement intéressé aux effets de l’infection sur une catégorie bien particulière de neurones, les neurones à GnRH. Pourriez-vous nous expliquer ce dont il s’agit ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> Ces neurones produisent une hormone appelée GnRH (Gonadotropin-Releasing Hormone). Éparpillés dans notre cerveau, ils sont très peu nombreux : on estime qu’il en existe seulement environ 10 000, dont 2000 dans l’hypothalamus. En regard des 100 milliards d’autres neurones, c’est extrêmement peu.</p>
<p>Cependant ces neurones, que l’on retrouve chez tous les vertébrés, sont essentiels. En effet, ils contrôlent notamment les capacités de reproduction. Les neurones à GnRH s’activent à la puberté. L’hormone qu’ils produisent à cette période passe dans le sang et atteint l’hypophyse, une petite glande située sous le cerveau.</p>
<p>Celle-ci libère alors deux autres hormones, la LH et la FSH, qui vont agir sur les ovaires et les testicules, entraînant leur croissance et déclenchant la production de spermatozoïdes et d’ovocytes. LH et FSH sont aussi impliquées dans la sécrétion des œstrogènes et de la testostérone.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Donc, depuis l’hypothalamus, les neurones à GnRH contrôlent tous les processus associés aux fonctions reproductrices : la puberté, l’acquisition des caractères sexuels secondaires et, à l’âge adulte, la fertilité.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout. Ces neurones jouent aussi <a href="https://theconversation.com/trisomie-21-une-hormone-ouvre-des-pistes-de-traitement-inedites-189887">un rôle essentiel dans le neurodéveloppement des enfants</a>. En effet, une semaine après la naissance, une première activation des neurones à GnRH se produit. Transitoire, elle est à l’origine d’une « mini-puberté » qui dure six mois environ, avant que ces neurones ne se mettent en hibernation en attendant la puberté adolescente. Or, cette première étape est fondamentale pour le développement des capacités cognitives des enfants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/trisomie-21-une-hormone-ouvre-des-pistes-de-traitement-inedites-189887">Trisomie 21 : une hormone ouvre des pistes de traitement inédites</a>
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<p><strong>The Conversation : Comment avez-vous fait le lien entre ces neurones et le Covid-19 ?</strong></p>
<p><strong>Vincent Prévot :</strong> Au début de la pandémie, nous avons été troublés par le fait que la majorité des victimes des formes graves de Covid-19 étaient des hommes. Or, on sait que le dimorphisme sexuel est en partie contrôlé par le cerveau, via l’hypothalamus et les neurones à GnRH.</p>
<p>En outre, bon nombre de ces patients étaient en surpoids, voire obèses, ou diabétiques. Un constat qui, là encore, faisait soupçonner une implication de l’hypothalamus, car cette structure, qui intervient dans de nombreux mécanismes physiologiques (croissance, faim et soif, rythme circadien, régulation de la température, métabolisme…), joue aussi un rôle dans l’obésité et le diabète.</p>
<p>Nous nous sommes donc rapidement interrogés sur la possibilité que le virus puisse franchir la barrière hématoencéphalique, qui protège le cerveau des envahisseurs. À l’époque, peu de gens étaient prêts à l’admettre, car le SARS-CoV-2 était surtout considéré comme un virus pulmonaire.</p>
<p>Nous avons cependant prouvé que le virus pouvait bien accéder au cerveau, qui plus est de diverses façons.</p>
<p><strong>The Conversation : Comment le virus parvient-il à atteindre ces neurones ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> La muqueuse de la cavité nasale (l’épithélium olfactif) est l’une de ses portes d’entrée. Il faut savoir que les neurones à GnRH ne naissent pas dans le cerveau, mais dans le nez, pendant le développement embryonnaire. Ils migrent dans le cerveau seulement dans un second temps.</p>
<p>Or, nous avons découvert ces dernières années que même une fois installés dans le cerveau, les neurones à GnRH gardent une attache physique avec l’épithélium olfactif, via leurs fibres nerveuses. C’est par là que passe le virus.</p>
<p>Qui plus est, dans la muqueuse nasale se trouve une autre sorte de neurones, les neurones olfactifs, dont le rôle est de détecter les molécules odorantes. Leurs fibres nerveuses sont en contact avec le bulbe olfactif situé dans le cerveau (la structure qui traite les informations liées aux odeurs). Nous avons démontré que le coronavirus SARS-CoV-2 était capable d’infecter ces neurones (c’est pour cela que l’un des symptômes est la perte de l’odorat, ou anosmie), lesquels constituent donc une seconde porte d’entrée.</p>
<p>Mais le virus dispose aussi d’une troisième voie d’accès au cerveau. Nos collègues allemands ont en effet découvert que le coronavirus <a href="https://theconversation.com/Covid-19-comment-le-coronavirus-sintroduit-dans-notre-cerveau-185834">détruit les cellules qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins cérébraux</a>. Ceux-ci perdent alors leur étanchéité, endommageant la barrière hématoencéphalique censée isoler le cerveau, et laissant « fuir » le virus.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-le-coronavirus-sintroduit-dans-notre-cerveau-185834">Covid-19 : comment le coronavirus s’introduit dans notre cerveau</a>
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<p>Enfin, à certains endroits de l’hypothalamus, la barrière hématoencéphalique s’interrompt, pour laisser passer librement dans le sang les neurohormones produites par cette structure cérébrale, telle que la GnRH. On peut donc imaginer que le virus, présent dans le sang, puisse lui aussi passer par là. Nous avons d’ailleurs montré qu’il infecte aussi des cellules appelées <a href="https://www.inserm.fr/actualite/les-tanycytes-des-intermediaires-indispensables-au-controle-de-la-glycemie-par-le-cerveau/">« tanycytes »</a>, qui régulent notamment la fréquence de sécrétion de la GnRH dans le sang…</p>
<p>L’entrée du virus dans le cerveau n’est pas sans conséquence : lorsque nous avons pratiqué des autopsies de patients décédés de la maladie, nous avons découvert que leurs neurones à GnRH avaient été tués ou étaient en train de mourir. La GnRH n’était donc plus produite à des taux suffisants. Or, en l’état actuel des connaissances, on considère que ces neurones ne se régénèrent pas.</p>
<p><strong>The Conversation : Quelles sont les conséquences pour les patients ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> Divers rapports scientifiques avaient fait état de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34409772/">taux de testostérone très bas</a> chez des patients atteints de Covid-19. Par ailleurs, de nombreux hommes atteints de Covid long se plaignent d’une baisse de libido ou de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36251682/">problèmes érectiles</a>.</p>
<p>Nous l’avons aussi constaté dans la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34008009/">cohorte</a> de 47 hommes que nous avons analysée lors de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37713808/">nos derniers travaux</a>. Les dosages que nous avons effectués indiquent par ailleurs que cette baisse de testostérone n’est pas due à un problème au niveau des organes sexuels, mais bien à un déficit de production de GnRH dans l’hypothalamus (c’est ce que l’on appelle un <a href="https://www.chu-lyon.fr/hypogonadisme-hypogonadotrope">hypogonadisme hypogonadotrope</a>.</p>
<p>Mais les problèmes posés pourraient être plus importants qu’une simple baisse de la libido. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37713808/">Dans cette même étude</a>, nous avions déjà constaté un plus fort taux de mortalité chez les personnes en réanimation dont l’axe gonadotrope était altéré. Mais on sait aussi qu’un déficit en GnRH peut se traduire par des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37261390/">troubles cognitifs</a>.</p>
<p>Ainsi, certains traitements du cancer de la prostate ou de l’endométriose, qui consistent à supprimer l’axe GnRH, s’accompagnent d’une perte cognitive chez certaines personnes, ainsi que d’un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer plus tard.</p>
<p>Or, dans notre cohorte, les patients qui présentaient des dosages hormonaux anormaux se traduisant par une baisse de testostérone étaient en proportion plus nombreux à signaler des troubles de la mémoire ou de l’attention, ou des difficultés de concentration. Ces résultats doivent encore être confirmés sur des cohortes de plus grande taille incluant également des femmes.</p>
<p><strong>The Conversation : Doit-on craindre que l’effet du virus se fasse sentir à long terme ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> On peut légitimement se poser la question des conséquences de l’infection par le SARS-CoV-2 sur le cerveau humain. Comment vont vieillir les cerveaux des personnes infectées ? Les troubles cognitifs dont se plaignent les patients vont-ils persister ? Va-t-on assister à une augmentation des cas de démence dans les décennies à venir ?</p>
<p>C’est d’autant plus inquiétant que des effets sur le cerveau ont été constatés, y compris chez des personnes souffrant seulement de symptômes modérés.</p>
<p>Il ne s’agit pas d’être alarmiste, bien entendu. Mais le cas de <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/grippe#:%7E:text=la%20pand%C3%A9mie%20de%201918%20dite,due%20au%20sous%2Dtype%20H3N2.">l’épidémie de grippe espagnole survenue au début du XXème siècle</a>, doit nous faire réfléchir : une <a href="https://www.nature.com/articles/s41531-020-00123-0">grande partie des survivants avait développé la maladie de Parkinson</a>, pour des raisons <a href="https://www.vidal.fr/actualites/30687-il-y-a-100-ans-l-encephalite-lethargique-un-fleau-oublie.html">qui restent à élucider</a>.</p>
<p>Par ailleurs, on peut se demander si l’infection des enfants en très bas âge, longtemps considérée comme peu problématique, ne pourrait pas avoir elle aussi des conséquences à plus long terme. Si l’étape de mini-puberté a été altérée chez certains nourrissons, leur développement neurologique pourrait s’en ressentir, et nécessiter un accompagnement afin de tenter d’atténuer l’impact de cette situation.</p>
<p>Répondre à ces questions va nécessiter d’approfondir les recherches dans les années à venir.</p>
<p><strong>The Conversation : Quelle va être la suite de ces travaux ?</strong></p>
<p><strong>VP :</strong> Jusqu’ici, nos résultats ont été obtenus sur de petites cohortes. Nous allons maintenant changer d’échelle, en analysant des échantillons provenant d’hommes et de femmes participant à la <a href="https://etude-coper.fr/">cohorte française Coper</a>.</p>
<p>Il s’agit de 300 personnes qui ont eu un Covid « léger » sans conséquence à long terme, et 300 personnes qui ont eu un Covid similaire, mais ont développé un Covid long.</p>
<p>Nous allons tester l’état de l’axe gonadotrope et le comparer entre les deux groupes, afin de vérifier si un axe gonadotrope déficient est effectivement associé à des troubles neurologiques.</p>
<p>En attendant d’en savoir plus, mieux vaut éviter d’être contaminé par ce virus, qui n’est de toute évidence pas un simple virus respiratoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225960/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Prévot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Loin de n’être qu’un « banal » virus respiratoire, le coronavirus SARS-CoV-2 peut envahir de nombreuses sortes de cellules dans notre corps. Y compris dans le cerveau, normalement si bien protégé.Vincent Prévot, Directeur de Recherche en Neuroendocrinologie et Neurosciences, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2250392024-03-14T18:58:57Z2024-03-14T18:58:57ZTroubles du sommeil et du rythme circadien : les risques pour notre santé mentale<p>Chacune des cellules de notre corps possède un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK519507/">rythme circadien</a>. Véritables horloges biologiques, ces rythmes suivent <a href="https://www.inserm.fr/dossier/chronobiologie">durée à peu près équivalente à 24 heures</a> (circadien vient du latin <em>circa</em>, autour, et <em>dies</em>, jour). Ils sont critiques pour notre santé et notre bien-être : ils influent par exemples sur le cycle veille/sommeil, ou sur la régulation hormonale.</p>
<p>Lorsque notre mode de vie ne correspond pas à l’alternance jour/nuit, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5142605/">notre rythme circadien peut se trouver perturbé</a>. C’est par exemple le cas lorsque nous sommes soumis au décalage horaire, ou lorsque nous travaillons de nuit. Divers facteurs comme le vieillissement, la génétique ou certaines maladies (telles que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37565922/">maladies auto-immunes</a> et la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6338075/">maladie d’Alzheimer</a>) ont également pu être associées à des perturbations à long terme du rythme circadien.</p>
<p>La qualité du sommeil et les perturbations du rythme circadien peuvent aussi être de bons prédicteurs du déclenchement ou de la rechute de <a href="https://www.psycom.org/comprendre/la-sante-mentale/quand-le-sommeil-sen-mele/">certains troubles psychiques</a>, notamment la dépression, l’anxiété, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7505194/">troubles bipolaires et la schizophrénie</a>. Plus les perturbations du sommeil et du rythme circadien d’une personne sont sévères, plus son humeur se dégrade, ce qui aggrave le risque de rechute et compromet l’efficacité de ses traitements médicaux.</p>
<p>Si ce lien entre perturbation du rythme circadien et troubles psychiques est bien établi, les raisons pour lesquelles il existe demeurent encore largement méconnues. Les recherches que je mène avec mes collègues visent à mieux les comprendre.</p>
<h2>Des perturbations associées à des troubles mentaux</h2>
<p>Nos travaux nous ont non seulement permis de découvrir que les perturbations du sommeil et du rythme circadien semblent <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2214756121">déclencher ou aggraver divers troubles mentaux</a> (dont les troubles bipolaires et la dépression), mais aussi d’identifier certains des mécanismes biologiques spécifiques sous-tendant ce lien.</p>
<p>Pour y parvenir à les mettre en évidence, nous avons passé en revue toutes les recherches publiées au cours des dix dernières années sur des troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété et la psychose. Nous avons principalement concentré nos efforts sur les adolescents et les jeunes adultes.</p>
<p>Nous avons constaté que la majorité des jeunes chez lesquels un trouble de santé mentale avait été diagnostiqué étaient également sujets à des problèmes de sommeil, tels qu’insomnies (difficultés à s’endormir et à rester endormi), syndrome de retard de phase du sommeil et diminution de la vigilance diurne. Nous avons également découvert qu’un tiers des personnes atteintes de trouble bipolaire (et d’autres troubles mentaux) avaient un rythme circadien perturbé, ce qui se traduit par un coucher et un lever plus tardifs que la normale.</p>
<p>Parmi les mécanismes qui pourraient expliquer le lien entre ces problèmes de sommeil et les troubles de santé mentale figure une vulnérabilité accrue, au niveau génétique ou moléculaire, face aux perturbations du rythme circadien.</p>
<p>Nous avons également constaté que l’activité cérébrale de certaines des personnes qui ont participé aux travaux que nous avons analysés a pu se trouver modifiée. En cause, des perturbations de voies de signalisation chimique pouvant affecter le sommeil et l’humeur. Au-delà de ces problèmes, d’autres facteurs peuvent aussi entraîner des troubles du sommeil et du rythme circadien. C’est par exemple le cas lorsque l’on est exposé de façon inappropriée à la lumière (quand on ne reçoit pas suffisamment de lumière naturelle pendant la journée, ou au contraire lorsque l’on est exposé à un excès de lumière artificielle la nuit), ou lorsque l’on mange trop tard le soir, ou pendant la nuit.</p>
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<img alt="Un jeune homme utilise son ordinateur portable la nuit, assis sur son lit" src="https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577906/original/file-20240226-20-bm4d01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’excès de lumière artificielle la nuit pourrait être l’un des mécanismes à l’origine de la perturbation du rythme circadien ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-teen-front-laptop-computer-on-226752055">junpinzon/Shutterstock</a></span>
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<p>Il est important de souligner que la plupart des études menées jusqu’à ce jour se sont uniquement intéressées soit aux effets du sommeil sur l’humeur, soit aux effets de la perturbation circadienne sur l’humeur. Ces deux aspects n’ont été que très rarement étudiés conjointement. En effet, il est plus fréquent (et plus simple) d’évaluer la qualité du sommeil que celle des rythmes circadiens. Les futurs travaux de recherche devront se pencher sur cette question, qui constitue l’une des principales limitations des études actuellement disponibles.</p>
<h2>L’adolescence, une période à risque</h2>
<p>À l’heure actuelle, l’Organisation mondiale de la Santé considère qu’un <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/adolescent-mental-health">jeune sur sept âgé de dix à dix-neuf ans dans le monde est confronté à un trouble mental</a>. Chez les adolescents, la <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/adolescent-mental-health">dépression et l’anxiété figurent parmi les principales causes de maladie et d’invalidité</a>. Par ailleurs, chez les 15-29 ans, le suicide est la quatrième cause de décès. Ne pas prendre en charge les troubles mentaux à l’adolescence peut entraîner leur persistance à l’âge adulte.</p>
<p>L’adolescence est une période durant laquelle les individus sont particulièrement vulnérables au risque de développer des troubles mentaux. C’est aussi la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10136689/">période à laquelle leur sommeil et leurs rythmes circadiens changent</a>. Sous l’effet des modifications qui se produisent à la puberté, le rythme circadien des adolescents se modifie et leur endormissement devient plus tardif, ce qui a tendance à les amener à se coucher plus tard. Mais ils doivent néanmoins toujours se lever aussi tôt pour aller à l’école, au collège ou au lycée… Par conséquent, leur durée de sommeil s’avère souvent plus courte que requise, <a href="https://www.nature.com/articles/s44159-022-00074-8">ce qui peut aggraver leur santé mentale</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-adolescents-francais-ne-dorment-pas-assez-162819">Les adolescents français ne dorment pas assez</a>
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<p>Nos travaux soulignent l’importance de prêter attention aux perturbations du rythme circadien chez les jeunes, surtout en ce qui concerne le risque de survenue de certains troubles psychiques. Ils révèlent qu’il est aussi nécessaire, lorsque quelqu’un est confronté à des problèmes de santé mentale, de prendre en compte les problèmes de sommeil et de rythme circadien auxquels il pourrait être exposé. S’occuper de ces questions pourrait constituer un moyen d’améliorer la santé psychique et la qualité de vie des personnes concernées.</p>
<h2>Mieux prendre en charge les troubles du rythme circadien</h2>
<p>À l’heure actuelle, la prise en charge des problèmes de sommeil (comme l’insomnie) repose sur les <a href="https://academic.oup.com/sleep/article/43/9/zsaa034/5777024">thérapies cognitivo-comportementales</a> et la <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(23)00683-9/fulltext">restriction du temps passé au lit</a> (afin de ramener le temps passé au lit à une durée plus proche de la durée réelle du sommeil). Ces approches visent à améliorer la qualité du sommeil, cependant elles n’abordent pas directement d’éventuels problèmes dus à la perturbation du rythme circadien.</p>
<p>Notre revue de littérature suggère que d’autres approches pourraient s’avérer utiles pour améliorer l’humeur et la qualité du sommeil, tout en alignant aussi les rythmes circadiens. Parmi celles-ci, citons l’exposition à la lumière naturelle (et la réduction de l’exposition à la lumière nocturne), l’attention portée à l’horaire de prise de certains médicaments, ainsi que de meilleures habitudes alimentaires et la pratique d’une activité physique pendant la journée. D’autres recherches seront cependant nécessaires pour déterminer les avantages concrets de chacune de ces interventions en conditions réelles…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225039/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sarah Chellappa ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dépression, troubles bipolaires, anxiété… Tous ces troubles psychiques peuvent être associés à des problèmes de sommeil et à un rythme circadien perturbé.Sarah Chellappa, Associate Professor, Cognitive and Affective Neuroscience, University of SouthamptonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1972642024-03-12T10:04:19Z2024-03-12T10:04:19ZLes protections intimes sont-elles sans danger pour les femmes ?<p>Ces dernières années, la question de la composition des protections intimes a suscité de nombreux débats publics en France. De plus en plus de femmes s’interrogent sur les risques liés à l’utilisation de ces articles d’hygiène féminine. Entre 2018 et 2020, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a réalisé une <a href="https://www.anses.fr/fr/content/protections-intimes-composition-et-choc-toxique-toutes-nos-recommandations">évaluation de la sécurité des protections intimes</a> : les tampons, les serviettes hygiéniques, les protège-slips et les coupes menstruelles.</p>
<p>Suite à cette évaluation et aux recommandations de l’Anses, les pouvoirs publics se sont saisis du sujet en 2022, et ont rédigé un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048737538">décret sur l’étiquetage des protections féminines</a>. Voici ce qu’il faut retenir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Deux catégories de protections intimes</h2>
<p>Les protections intimes sont des produits de grande consommation, utilisés pendant la période des règles afin d’absorber le flux menstruel ou en dehors (par exemple en cas de fuites urinaires). Elles sont utilisées par des femmes à partir de l’âge des premières règles (en moyenne 12 ans et 3 mois).</p>
<p>Il existe sur le marché deux catégories de protections intimes :</p>
<ul>
<li><p>les protections internes destinées à être insérées dans le vagin afin d’absorber les flux menstruels. Elles peuvent être à usage unique, telles que les tampons hygiéniques, ou être réutilisables, telles que les coupes menstruelles ou les disques menstruels ;</p></li>
<li><p>les protections externes telles que les serviettes hygiéniques, les protège-slips et les culottes menstruelles (qui peuvent être à usage unique ou réutilisables).</p></li>
</ul>
<p>De manière générale, les protections intimes à usage unique externe sont composées de produits d’origine naturelle dérivés du bois (cellulose), de substances de nature synthétique (polyoléfines) et de superabsorbant (SAP). Les tampons sont composés de produits d’origine naturelle dérivés du coton qui subissent un traitement chimique, et de produits de nature synthétique de type polyoléfines. Quant aux coupes menstruelles, elles sont composées d’élastomère thermoplastique ou de silicone de qualité médicale.</p>
<h2>Des substances chimiques dans les protections intimes</h2>
<p>En 2017, des <a href="https://www.60millions-mag.com/2016/03/01/test-de-tampons-et-protections-feminines-10206">études</a> ont mis en évidence la <a href="https://www.60millions-mag.com/2017/05/18/tampons-la-presence-de-residus-toxiques-confirmee-11155">présence de substances chimiques dans des protections intimes</a>. Certaines, comme les substances parfumantes, sont ajoutées intentionnellement. D’autres peuvent provenir de la contamination des matières premières, ou sont dues aux procédés de fabrication ; il peut s’agir par exemple de substances cancérogènes (hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dioxines, furanes), des substances reprotoxiques (<a href="https://echa.europa.eu/fr/hot-topics/phthalates">phtalates</a>), des substances parfumantes allergisantes et des pesticides. Soulignons que certains pesticides retrouvés dans les produits analysés sont interdits d’usage dans l’Union européenne, parfois depuis de nombreuses années (c’est le cas du lindane et du quintozène, interdits depuis 2000, ou de l’hexachlorobenzène, depuis 2004). Le glyphosate, dont l’usage est autorisé dans l’Union européenne, a également été retrouvé dans certains produits.</p>
<p>L’expertise de l’Anses a consisté à évaluer les risques sanitaires liés à la présence de ces substances dans les protections intimes – serviettes hygiéniques, protège-slips et tampons. Pour évaluer l’exposition, l’agence a considéré une utilisation de six protections intimes ou de quatre coupes menstruelles par jour, en considérant aussi bien une femme adulte (pour un poids moyen de 60kg) qu’une jeune fille venant d’être réglée (30kg).</p>
<p>En comparant l’exposition estimée aux différentes substances présentes dans les protections intimes avec les seuils toxicologiques pouvant entraîner des effets sur la santé, l’Agence n’a pas mis en évidence de risque chimique pour la santé des femmes exposées.</p>
<p>Néanmoins, l’Anses a recommandé aux fabricants d’améliorer la qualité des matières premières et de réviser certains procédés de fabrication, afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances évoquées précédemment. Sont concernées en particulier, celles présentant des effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR), les perturbateurs endocriniens et les sensibilisants cutanés.</p>
<p>L’Anses recommande également l’élaboration d’un cadre réglementaire plus restrictif au niveau européen, afin de limiter la présence des substances chimiques dans les protections féminines. En effet, il n’existe pas de cadre réglementaire spécifique dans l’UE. Ces produits sont des produits de consommation et dépendent donc de la directive générale de sécurité des produits, qui s’assure de la mise sur le marché de produits sûrs pour une utilisation prévue et raisonnable pour le consommateur. A contrario, aux États-Unis, au Canada ou au Japon, les protections féminines sont des dispositifs médicaux.</p>
<p>L’association 60 millions de consommateurs a testé 24 protections périodiques (tampons, serviettes hygiéniques, protège-slips), 7 ans après son premier comparatif. <a href="https://www.60millions-mag.com/2023/09/28/protections-hygieniques-toujours-des-substances-toxiques-22072">Des substances chimiques toxiques demeurent présentes</a> (glyphosate et son métabolite, dioxines, composés organiques halogénés), bien qu’à des concentrations ne présentant a priori pas de risque majeur pour la santé, en l’état actuel des connaissances.</p>
<h2>Le comportement des femmes par rapport aux protections intimes</h2>
<p>À la demande de l’Anses, une <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/produits-dhygiene-feminine-serviettes-tampons-et-coupes-menstruelles">enquête a été effectuée en 2017</a> auprès d’un échantillon de femmes représentatif de la population féminine française. Celle-ci avait pour objectifs de recueillir des informations concernant leurs pratiques en matière de protection intime, les principaux facteurs qui déterminent leur choix et les perceptions des éventuels risques associés à leur utilisation.</p>
<p>Concernant le type de protections portées, serviettes et protège-slips (les culottes menstruelles étaient encore peu présentes sur le marché français) étaient utilisés en association avec une autre protection par 91 % des femmes, en particulier les 13-24 ans. Les femmes de plus de 25 ans déclaraient utiliser de manière prédominante des tampons. Seuls 21 % des femmes (33 % des 13 à 24 ans) utilisaient exclusivement des serviettes hygiéniques.</p>
<p>Au cours des 12 derniers mois précédant la date de l’enquête, 13 % des répondantes déclaraient avoir changé de type de protection, principalement pour utiliser des coupes menstruelles.</p>
<p>Cette enquête a également mis en évidence une insuffisance des mesures d’hygiène, en particulier le lavage des mains, que ce soit avant ou après le changement de protection, et la durée de port. Les recommandations figurant dans les notices d’utilisation des protections internes préconisent une durée de port maximale entre 4 à 8 h. Elles semblent peu ou mal suivies par la majorité des utilisatrices de tampons, puisque 79 % d’entre elles déclaraient le garder toute la nuit. Près de 30 % des femmes ne changeaient pas de coupe menstruelle durant une journée entière (contre 2 % pour les tampons).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468784721001987">résultats de cette enquête ont été confirmés dans une étude française de 2022</a>. Les durées de port en journée rapportées pour les tampons étaient supérieures à 5 heures pour 10,7 % des répondantes et à 8 heures pour 1,7 % d’entre elles, et pour les coupes menstruelles supérieures à 5 heures pour 39,7 % des répondantes et à 8 heures pour 8,3 %.</p>
<p>Concernant la perception des risques liés à l’utilisation des protections intimes, 81 % des répondantes estimaient qu’au moins un type de protection comporte un risque (principalement les tampons), mais peu les connaissaient précisément. Les risques d’infection et de « problèmes vaginaux » (irritation, ulcération, sécheresse, prurit, etc.) étaient identifiés pour toutes les protections alors que le syndrome de choc toxique menstruel (SCT) était cité uniquement pour les tampons et, dans une moindre mesure, les coupes menstruelles. D’une manière générale, les coupes menstruelles étaient perçues comme les protections les moins risquées.</p>
<p>Il est à noter que pour les irritations, ulcérations, sécheresses, etc., il n’existe pas d’études épidémiologiques. Ces manifestations sont rapportées par les utilisatrices, les gynécologues et par les fabricants à travers leur système de surveillance des produits commercialisés.</p>
<h2>Qu’est-ce que le syndrome de choc toxique menstruel ?</h2>
<p>Le SCT menstruel représente le principal risque lié au port de tampons et aux coupes menstruelles. Il s’agit d’une maladie rare causée par une toxine produite par une bactérie, le staphylocoque doré (la toxine du choc toxique staphylococcique, TSST-1). Une vingtaine de cas sont recensés par an en France (11 cas en 2020). En l’absence de déclaration obligatoire de cette pathologie, il n’est pas possible de connaître le nombre de cas réel en France. Le <a href="https://cnr-staphylocoques.univ-lyon1.fr/icap_website/view/2332">CNR des staphylocoques</a> estime à environ cent cas par an en France de SCT menstruel.</p>
<p>Les premiers symptômes, non spécifiques de cette pathologie (de type grippal), apparaissent dans un délai de 3 à 5 jours après exposition. La toxine se diffuse dans le corps via la circulation sanguine et des atteintes de différents organes (foie, rein, systèmes nerveux et sanguin) commencent à être observées. Elles peuvent aboutir, dans de rares cas, à de graves complications pouvant aller jusqu’à l’amputation voire au décès.</p>
<p>Ce syndrome est lié aux conditions d’utilisation des protections intimes internes : une utilisation prolongée augmente le risque. Les protections d’une capacité d’absorption plus forte que nécessaire majorent mécaniquement ce risque, en augmentant de manière excessive la durée de port. En effet, coupes et tampons empêchent les menstruations d’être éliminées du vagin, où elles vont constituer un nutriment adéquat pour ce [staphylocoque présent chez environ 1 % à 4 % des femmes]. De quoi favoriser leur multiplication puis la production de toxine.</p>
<p>Afin de limiter les risques, l’Anses souligne ces conseils simples à destination des utilisatrices :</p>
<ul>
<li><p>Respecter les recommandations d’utilisation propres à chaque protection, non seulement en ce qui concerne le temps de port des tampons et des coupes, mais également au pouvoir absorbant du tampon – qui doit être adapté au flux menstruel, afin qu’il soit changé régulièrement. Cette recommandation s’applique également aux coupes menstruelles.</p></li>
<li><p>N’utiliser un tampon uniquement que pendant les règles.</p></li>
<li><p>Respecter les règles d’hygiène liées à l’utilisation des protections intimes, notamment le lavage des mains avant et après leur changement.</p></li>
</ul>
<p>L’Anses recommande également de renforcer l’information des professionnels de santé et des femmes sur cette maladie et ses symptômes.</p>
<h2>Et au niveau réglementaire ?</h2>
<p>L’Anses a préconisé que tous les fabricants affichent des indications claires relatives à ce risque <a href="https://www.anses.fr/fr/content/%C3%A9valuation-de-la-s%C3%A9curit%C3%A9-des-produits-de-protections-intimes">sur les emballages et les notices d’utilisation des produits de protections intimes internes</a>.</p>
<p>Cette recommandation a amené les pouvoirs publics français à publier un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048737538">décret qui vise à renforcer la protection et l’information des consommatrices</a>. Ce décret rend obligatoire, à partir du 1<sup>er</sup> avril 2024, l’affichage sur l’emballage et/ou dans la notice, de la composition de ces produits, des modalités et précautions d’utilisation et des risques sanitaires associés à la composition ou l’utilisation de ces produits.</p>
<p>Pour les protections intimes internes, des informations sur le risque de développer un syndrome de choc toxique menstruel doivent également présentes sur l’emballage, ainsi que des recommandations d’usage pour diminuer ce risque, telles que : ne pas dépasser une durée de port de 6 heures, ne pas utiliser ces protections la nuit, consulter immédiatement un médecin en cas d’apparition de symptômes du SCT menstruel en l’informant des menstruations en cours, et retirer la protection.</p>
<p>Ces recommandations sont d’autant plus d’actualité que, dans son comparatif de fin 2023, l’association 60 millions de consommateurs relevait que la composition précise des protections périodiques figure rarement sur les emballages, <a href="https://www.60millions-mag.com/2023/09/28/protections-hygieniques-toujours-des-substances-toxiques-22072">voire est absente</a>.</p>
<hr>
<p><em>Céline Dubois a participé à la rédaction de cet article. Cheffe de projets scientifiques pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de 2007 à 2023, elle est aujourd’hui ingénieure chimiste et responsable réglementation produits pour Arkema.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197264/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Mathieu-Huart ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La composition des protections féminines et les risques liés à leur usage sont une question de santé publique, comme en témoigne le récent décret encadrant leur étiquetage. Que faut-il savoir ?Aurélie Mathieu-Huart, adjointe à la cheffe d'unité Evaluation des valeurs de référence et des risques des substances chimiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2233972024-03-12T09:26:20Z2024-03-12T09:26:20ZEndométriose : et si l’activité physique aidait à combattre les symptômes ?<p>Douleurs pelviennes et fatigue sont les symptômes les plus récurrents de l’<a href="https://theconversation.com/fr/search?q=endom%C3%A9triose">endométriose</a>, cette affection chronique caractérisée par la présence de tissu de l’endomètre en dehors de la cavité utérine ; l’endomètre étant la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus et qui est éliminée pendant les règles.</p>
<p>Mais l’endométriose est aussi fréquemment associée à des troubles digestifs, des douleurs neuropathiques (qui sont des douleurs relatives à une lésion ou à un dysfonctionnement du système nerveux, notamment lorsque ces douleurs sont intenses et persistantes), à des douleurs lors des rapports sexuels, ou encore à de l’infertilité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>L’endométriose est aujourd’hui un <a href="https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/endometriose-11356/article/la-strategie-nationale-2022-2025">enjeu majeur de santé publique</a> au regard de ses conséquences sur la vie des personnes atteintes et du nombre de femmes concernées, <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/endometriose/definition-facteurs-favorisants">près de 10 % d’entre elles</a>.</p>
<p>Les répercussions de cette maladie peuvent être invalidantes et toucher tous les domaines de la vie des personnes atteintes. Le phénomène peut être exacerbé par la chronicité des symptômes qui, pour certaines femmes, ne se limitent pas à la période des règles. Ils peuvent être chroniques, survenir durant le syndrome prémenstruel, au moment de l’ovulation…</p>
<h2>S’interroger sur les bénéfices de l’activité physique dans l’endométriose</h2>
<p>Nous savons déjà que pratiquer de l’activité physique se révèle bénéfique pour réduire les <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-981-15-1792-1_16">douleurs chroniques</a>, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2021.756940/full">neuropathiques</a> et les processus inflammatoires associés.</p>
<p>Faire de l’exercice physique améliore également le bien-être physique et mental chez les douloureux chroniques mais aussi chez des personnes atteintes d’autres pathologies comme <a href="https://journals.lww.com/acsm-msse/fulltext/2019/11000/exercise_guidelines_for_cancer_survivors_.23.aspx">des</a> <a href="https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Benefices-de-l-activite-physique-pendant-et-apres-cancer-Des-connaissances-aux-reperes-pratiques">cancers</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-sa-sante-mentale-et-son-bien-etre-quelles-activites-sportives-privilegier-214016">Pour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?</a>
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<p>C’est pourquoi il est possible de penser que dans le cadre de l’endométriose, l’activité physique pourrait aussi améliorer la qualité de vie ainsi que les symptômes douloureux. Ces suppositions sont renforcées par la mise en évidence de la réduction de <a href="https://faseb.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1096/fasebj.2021.35.S1.02332">marqueurs inflammatoires</a> et une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1933719118799205?icid=int.sj-full-text.similar-articles.7">réduction des lésions</a> dans des études chez l’animal. Mais ces conclusions chez l’animal ne peuvent pas être extrapolées à l’humain. C’est pourquoi des études chez les femmes sont nécessaires.</p>
<p>A notre connaissance, une douzaine d’études a été réalisée pour étudier les effets de l’activité physique et de l’exercice sur les douleurs pelviennes et le bien-être physique et mental des personnes atteintes d’endométriose. Bien qu’un effet positif sur la gestion de la douleur et l’amélioration des symptômes anxiodépressifs ait été observé, les résultats de ces études ne permettent pas de démontrer sans équivoque les <a href="https://bmcwomenshealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12905-021-01500-4">bénéfices de l’activité physique</a> sur cette maladie.</p>
<h2>Douleurs, stress et anxiété : principaux freins à la pratique</h2>
<p>En termes d’activité physique, les femmes atteintes d’endométriose seraient <a href="https://www.mdpi.com/2452176">moins actives</a>. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’elles sont <a href="https://www.mdpi.com/1214090">davantage exposées aux symptômes</a> d’anxiété et de dépression, qu’elles ont plus de difficultés à gérer le stress et qu’elles sont plus <a href="https://academic.oup.com/painmedicine/article/21/10/2280/5653106?login=false">sensibles à la douleur physique</a> que les autres.</p>
<p>La combinaison de tous ces facteurs, associée à la peur d’amplifier les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnbeh.2022.933483/full">douleurs par le mouvement</a>, a tendance à enfermer les personnes atteintes d’endométriose dans un cercle vicieux de sédentarité. Dit autrement : quand une personne est pliée en deux de douleur, le premier réflexe n’est pas de faire de l’activité physique !</p>
<h2>Le programme CRESCENDO sur la pratique sportive et l’endométriose</h2>
<p>Nous avons mené une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38012776/">étude</a>, baptisée programme CRESCENDO pour « aCRoitre le Sport et l’Exercice pour Combattre l’ENDOmétriose ». Dans la première partie de cette étude nous avons mené une enquête par questionnaire auprès de 470 personnes (âge moyen de 31 ans, écart type de 10 ans). Près de la moitié d’entre elles (47 %) était atteinte d’endométriose.</p>
<p>Les résultats du questionnaire n’ont révélé aucune différence dans les niveaux d’activité physique légère (exemple la marche), modérée (exemple le jogging) et vigoureuse (exemple le trail ou le sprint) entre les femmes atteintes d’endométriose et celles qui ne le sont pas.</p>
<p>Néanmoins, d’autres différences ont été mises en évidence. Les femmes atteintes d’endométriose montrent une motivation plus importante envers l’activité physique, c’est-à-dire qu’elles ont intégré le fait que l’activité physique peut être bénéfique. Elles ne pensent pas que l’activité puisse présenter un danger pour elles.</p>
<p>Cependant, elles se perçoivent comme n’étant pas libres de pratiquer quand elles le souhaitent (faible contrôle comportemental). Leur état de santé apparait comme l’obstacle le plus important à leur pratique. Elles ont un score plus élevé de frustration des besoins de compétence et de proximité sociale. Autrement dit, lorsqu’elles font de l’activité physique, elles se sentent davantage incompétentes et rejetées par les autres.</p>
<p>De même, lorsqu’on les interroge, elles pensent que les femmes malades, comme elles, manquent d’intérêt et d’habiletés pour l’activité physique. Les effets secondaires sont également un frein. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279498/">Les analgésiques</a> (ou antidouleurs), par exemple, peuvent causer des problèmes d’estomac, des nausées, des maux de tête, des vomissements, de la fatigue, des vertiges et des changements de pression artérielle. Quant à la <a href="https://www.nichd.nih.gov/health/topics/endometri/conditioninfo/treatment">thérapie hormonale</a>, elle peut induire des problèmes de sommeil, de l’anxiété, de la dépression et des douleurs articulaires.</p>
<h2>Des premiers résultats à confirmer sur la fatigue, le bien-être et la douleur</h2>
<p>Nous avons ensuite construit et testé notre programme sur dix femmes volontaires en leur proposant plusieurs types d’activités physiques adaptées, pratiquées à différentes intensités.</p>
<p>Les séances axées sur la mobilité et le stretching (c’est-à-dire des activités dites « douces ») semblent avoir davantage de bénéfices sur la douleur par comparaison avec les séances d’activités de renforcement musculaire ou cardiovasculaires. Mais ces deux dernières ont donné de meilleurs résultats quand elles étaient pratiquées ensemble pour améliorer la fatigue et le bien-être.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/endometriose-chez-les-adolescentes-une-prise-en-charge-precoce-est-necessaire-221271">Endométriose chez les adolescentes : une prise en charge précoce est nécessaire</a>
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<p>En résumé, les résultats globaux (tous types d’activités confondus) suggèrent une amélioration significative de la douleur et une tendance à l’amélioration de la fatigue et du bien-être. Chaque personne semble réagir différemment en termes de perception et de tolérance à la douleur suivant les types d’efforts et de séances, mais également suivant les moments du cycle, de la journée ou d’autres facteurs non pris en compte dans notre analyse.</p>
<p>Quoiqu’il en soit, les résultats n’ont montré aucun effet délétère de l’activité physique pour les personnes atteintes d’endométriose. Atténuer la douleur est donc un enjeu crucial dans les objectifs d’accompagnement de l’endométriose par l’activité physique.</p>
<p>Ces conclusions ont par la suite permis d’améliorer le programme CRESCENDO et de proposer une étude à plus grande échelle, étude toujours en cours actuellement.</p>
<h2>Pour l’heure, privilégier la mobilisation du bassin et l’assouplissement</h2>
<p>Bien que la pratique de l’activité physique puisse sembler impossible voire contre-intuitive à une personne qui éprouve des symptômes douloureux et de la fatigue, comme dans l’endométriose, elle peut être <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-981-15-1792-1_16">conseillée</a> et <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/15/8177">encouragée</a>, à condition que cette activité physique soit personnalisée et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9297219/">adaptée</a> aux douleurs et à la forme physique.</p>
<p><strong>Postures pour soulager les douleurs d’endométriose et des règles proposées par Géraldine Escriva-Boulley, chercheuse à l’Université Haute-Alsace</strong></p>
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<iframe style="height:420px;" frameborder="0" type="text/html" src="https://e-diffusion.uha.fr/media/videos/562795ca829f30cd6eda18ecce45492ca5354594232145b89b6f3cd819a15589/4838/1080p.mp4#t=1" width="100%" height="100%"> </iframe>
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<p>Quant aux personnes, atteintes par cette pathologie, qui ne ressentent pas ou peu de douleurs, y compris pendant la pratique, elles peuvent faire tous types d’activités sans limitation ou contre-indication particulière.</p>
<p>Toutefois, les activités « douces » et sans impact, autour de la mobilisation du bassin et l’assouplissement, comme dans certaines pratiques de yoga doux (Yin et Hatha yoga), sont à privilégier lors des pics et des périodes de douleurs.</p>
<p>Faire de l’exercice régulièrement peut aider à lutter contre l’<a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-981-15-1792-1_16">inflammation</a> qui peut dégrader le système nerveux périphérique et central et rendre plus vulnérable à la douleur chronique. Dans certains cas, l’inflammation chronique peut notamment entraîner des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5871676/">lésions tissulaires</a> et la détérioration des tissus, le plus souvent à cause d’une réponse immunitaire inappropriée.</p>
<p>L’objectif est donc de conserver au maximum le mouvement au quotidien, de constituer des routines modulables en fonctions des symptômes, en s’observant et en apprenant à se connaître au fur et à mesure de sa pratique.</p>
<h2>Se faire accompagner par des professionnels de santé et de l’activité physique</h2>
<p>Au besoin, chaque personne peut se faire accompagner par des professionnels de santé (gynécologues, sages-femmes…) comme des professionnels de l’activité physique (enseignants en activité physique adaptée, kinésithérapeutes…) pour reprendre, adapter ou co-construire des routines personnalisées.</p>
<p>De plus en plus d’activités « douces », en présentiel ou en vidéos live, sont également proposées par des associations, des salles de sport, les éducateurs sportifs ou bien des enseignants certifiés dans certaines disciplines comme le yoga.</p>
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<p><em>Le programme CRESCENDO a reçu un financement de l’Association française de lutte contre l’endométriose <a href="https://www.endofrance.org/">EndoFrance</a>.</em></p>
<p><em>Il est également soutenu par l’<a href="https://anr.fr/Projet-ANR-22-CE36-0002">Agence nationale de la recherche</a> (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. L'ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223397/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le contrat d'ingénieure d'étude de Marie-Anne JEAN a été financé par une ANR.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Géraldine Escriva-Boulley a reçu des financements de l'ANR et d'EndoFrance. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Le contrat d’ingénieure d’étude de Tracy Milane a été financé par l’ANR</span></em></p>Des études préliminaires suggèrent un intérêt de l’activité physique adaptée pour atténuer les symptômes de l’endométriose. Des programmes de recherche sont lancés pour confirmer ces résultats.Marie-Anne Jean, Ingénieure d'étude - Enseignante en APA, Université de Haute-Alsace (UHA)Géraldine Escriva-Boulley, Université de Haute-Alsace (UHA)Tracy Milane, Ingénieure d’étude, Université de Haute-Alsace (UHA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2245332024-03-11T16:13:53Z2024-03-11T16:13:53ZProtéines de type prion : quels liens avec Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives ?<p>Une étude britannique parue fin janvier 2024 dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41591-023-02729-2"><em>Nature Medicine</em></a> révèle que des patients ayant reçu une hormone de croissance il y a près de 40 ans ont développé une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Un résultat qui conforte l’hypothèse selon laquelle, dans des circonstances très particulières et dans de rares cas, la <a href="https://theconversation.com/la-maladie-dalzheimer-une-maladie-contagieuse-108118">maladie d’Alzheimer pourrait être transmissible à l’homme</a>.</p>
<p>En France, cette publication nous renvoie aux scandales passés des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/maladie-de-creutzfeldt-jakob/documents/article/le-point-sur-la-maladie-de-creutzfeldt-jakob-iatrogene-apres-traitement-par-hormone-de-croissance-extractive-en-france-aspects-cliniques-epidemi">hormones de croissance contaminées par le prion</a> et de la « vache folle ».</p>
<p>Les prions représentent-ils un nouveau risque sanitaire ? Que nous dit la science sur les liens possibles entre la maladie d’Alzheimer (et d’autres pathologies dégénératives) et cet agent infectieux ? On fait le point sur l’état des connaissances scientifiques à ce jour.</p>
<h2>Les prions : des protéines mal repliées au niveau des neurones</h2>
<p>Pour mieux comprendre ce que sont les prions, il faut remonter au début des années 80 au moment de leur découverte. C’est précisément en 1982 que <a href="https://doi.org/10.1126/science.6801762">Stanley Prusiner décrit l’agent infectieux de la scrapie ou tremblante du mouton</a>, qui fait partie de la famille des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/que-sont-les-enc%C3%A9phalopathies-spongiformes-transmissibles-est">encéphalopathies spongiformes transmissibles</a>.</p>
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<p>Comme les nouvelles propriétés de l’agent responsable de la tremblante le distinguent des virus, bactéries et autres agents infectieux connus, le terme « prion », est proposé pour désigner cette particule infectieuse qui est une protéine.</p>
<p>Les prions responsables de la scrapie sont des agents transmissibles non conventionnels. Ils résultent d’un changement de conformation, plus exactement d’un mauvais repliement, d’une protéine prion baptisée PrP.</p>
<p>Les protéines prion mal repliées (PrPSc) se propageraient de neurone en neurone entraînant la conversion de la protéine normale (PrP) et une neurotoxicité majeure. En 1985, Stanley Prusiner décrit l’existence de prions chez l’homme pour la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM198501103120202">Là encore, la protéine PrP est mise en cause</a>.</p>
<h2>Les scandales des hormones de croissance et de la « vache folle »</h2>
<p>En France, nous avons effectivement été confrontés à deux crises sanitaires majeures dans lesquelles les prions ont été incriminés : la contamination des hormones de croissance et la « crise de la vache folle »</p>
<p>L’hormone de croissance n’a pas toujours été synthétique et produite en laboratoire. Pendant une trentaine d’années, des milliers d’enfants ont ainsi été traités dans le monde avec une hormone de croissance qui, à l’époque, était extraite de l’hypophyse (glande située à la base du cerveau) de cadavres humains.</p>
<p>Aux États-Unis, la survenue de cas suspects de MCJ chez des individus ayant reçu une hormone de croissance extraite de cadavres humains met fin à cette pratique en 1985. En France, il y a eu environ 1700 enfants traités. Parmi eux, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/maladie-de-creutzfeldt-jakob/donnees/#tabs">environ 120 sont décédés de la MCJ</a>, après avoir reçu, entre 1983 et 1988, des injections d’hormone de croissance contaminée par des prions. C’est le scandale de l’hormone de croissance.</p>
<p>En 1996, au Royaume-Uni, une forme de scrapie est décrite chez les bovins : il s’agit de l’encéphalopathie spongiforme bovine. Ce nouveau variant de la protéine prion est transmissible à l’homme, notamment par la consommation de viande bovine contaminée, et provoque une variante de la MCJ. <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/maladie-de-creutzfeldt-jakob/donnees/#tabs">29 décès ont été recensés en France</a> et 178 au Royaume-Uni. Les individus décédés présentaient tous un même profil génétique pour le gène de la protéine PrP.</p>
<h2>Des protéines de type prion dans les maladies d’Alzheimer, Parkinson, Charcot…</h2>
<p>Depuis 1992, l’épidémiologie de la MCJ et ses variants est suivie par un réseau de laboratoires, d’épidémiologistes, de neurologues et d’anatomopathologistes à l’interface entre l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/maladie-de-creutzfeldt-jakob/le-scan/">Santé Publique France</a>. Il permet d’identifier les formes sporadiques, héréditaires (transmises de manière génétique) ou iatrogènes (provoqué par un traitement ou un geste chirurgical) de MCJ.</p>
<p>Comme la MCJ, la plupart des maladies neurodégénératives sont des protéinopathies, c’est-à-dire qu’elles se caractérisent par l’accumulation dans le cerveau de protéines mal repliées. D’ailleurs, Stanley Prusiner, premier chercheur à avoir décrit le prion, a rapidement affirmé que ce mécanisme de conversion de type prion pourrait jouer un rôle dans le développement de pathologies comme la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-neurodegeneratives/maladie-d-alzheimer-et-autres-demences/la-maladie/#tabs">maladie d’Alzheimer</a>, de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/maladie-de-parkinson-quelle-evolution-entre-2016-et-2020">Parkinson</a>, de <a href="https://www.inserm.fr/dossier/sclerose-laterale-amyotrophique-sla-maladie-charcot/">Charcot (ou sclérose latérale amyotrophique)</a>…</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Les différentes protéines qui se retrouvent agrégées dans le cerveau de patients présentant des maladies neurodégénératives sont regroupées sous le terme de « protéines de type prion » ou <a href="https://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2016/12/809-820.pdf">« prion-like »</a>. L’alpha-synucléine dans la maladie de Parkinson, le peptide amyloïde Aß ainsi que les <a href="https://www.inserm.fr/actualite/agregation-ou-propagation-tau-ne-suivrait-pas-meme-sequence-selon-demences/">protéines tau</a> dans la maladie d’Alzheimer sont différentes de la protéine PrP.</p>
<p>Cependant, de <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/ces-proteines-folles-qui-minent-notre-cerveau">nombreuses évidences expérimentales</a> suggèrent que ces protéines peuvent se comporter comme des prions et se propager de neurone en neurone selon des chemins propres à chacune de ces pathologies. Par exemple, dans la <a href="https://www.inserm.fr/dossier/alzheimer-maladie/">maladie d’Alzheimer</a>, la dégénérescence liée à la protéine tau débute dans le cerveau au niveau de l’hippocampe, avant de s’étendre à plusieurs régions cérébrales.</p>
<h2>Une transmission de la maladie d’Alzheimer suggérée par plusieurs études récentes</h2>
<p>La possibilité d’une éventuelle transmission iatrogène de la maladie d’Alzheimer, c’est-à-dire à l’occasion d’un geste ou traitement médical, a été relancée en <a href="https://www.nature.com/articles/nature15369">2015 au Royaume-Uni par le groupe de recherche de John Collinge</a> et par <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00401-017-1791-x">celui de Stéphane Haïk en France en 2018</a>. Les deux équipes ont examiné des patients décédés de MCJ suite à l’administration d’hormone de croissance contaminée.</p>
<p>En effet, l’analyse du cerveau de ces individus indiquait la présence d’une MCJ. Mais elle a également mis en évidence plusieurs marqueurs de la maladie d’Alzheimer. Ces personnes décédées d’une MCJ iatrogène ont donc pu être exposées à de l’hormone de croissance contaminée à la fois par des prions de MCJ ainsi que par des protéines de type prion caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>D’autres observations, en 2016, après des greffes de dure-mère (la membrane fibreuse qui protège le cerveau), suggéraient également une <a href="https://theconversation.com/la-maladie-dalzheimer-une-maladie-contagieuse-108118">transmissibilité iatrogène de la maladie d’Alzheimer</a>. Néanmoins, comme la maladie d’Alzheimer est la forme la plus fréquente de maladies neurodégénératives, ces travaux ne permettaient pas de conclure à une transmission iatrogène.</p>
<h2>Des cas d’Alzheimer survenus 40 ans après traitement par hormone de croissance</h2>
<p>Dans cette nouvelle étude du groupe de John Collinge publiée en janvier 2024, huit individus sont concernés. Tous ont reçu, avant 1985, de l’hormone de croissance contaminée provenant d’extraits hypophysaires humains. Ils n’ont pas développé une MCJ mais une forme précoce de la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>Après trois ou quatre décennies, cinq des huit individus présentaient des symptômes compatibles avec une maladie d’Alzheimer précoce. Ils étaient âgés de 38 à 55 ans au début de leur maladie. Parmi les cinq, trois sont décédés entre 47 et 57 ans.</p>
<p>Parmi les trois personnes non diagnostiquées, deux souffraient néanmoins de troubles de la mémoire (plaintes mnésiques) ou du comportement. La dernière était asymptomatique.</p>
<p>Dans l’ensemble, le seul facteur commun à tous les patients décrits dans cette étude est le traitement à l’hormone de croissance. Cela suggère que des lots d’extraits d’hypophyses humains utilisés pour ce traitement ont pu être contaminés par des protéines de type prion caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>Étant donné les preuves expérimentales solides concernant la transmission des peptides Aß et des protéines tau, le syndrome clinique développé par ces personnes peut être qualifié de maladie d’Alzheimer iatrogène.</p>
<p>Comme la maladie d’Alzheimer est beaucoup plus fréquente que la MCJ, il est possible que d’autres personnes traitées avec de tels extraits d’hypophyses puissent évoluer vers une maladie d’Alzheimer après des périodes d’incubation encore plus longues que celles décrites par l’équipe de John Collinge.</p>
<p>Il est important de souligner que les cas décrits ici ont développé des symptômes après une exposition répétée à l’hormone de croissance contaminée, sur une période de plusieurs années et que ce traitement a été stoppé en France en 1988.</p>
<p>Cependant, même si la maladie d’Alzheimer peut désormais être reconnue comme potentiellement transmissible, il s’agit de cas très particuliers de transmission interhumaine.</p>
<h2>Faut-il s’inquiéter ?</h2>
<p>Aujourd’hui, les situations décrites dans l’étude (en l’occurrence des traitements anciens à l’hormone de croissance humaine) ne sont plus d’actualité.</p>
<p>De plus, l’exposition à des instruments de neurochirurgie, utilisés au préalable chez un patient possiblement atteint de maladie d’Alzheimer et non désinfectés, est actuellement peu probable.</p>
<p>Enfin, on déplore le <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/27/maladies-a-prions-apres-le-deces-de-plusieurs-chercheurs-la-securite-des-laboratoires-en-question_6202615_1650684.html">décès récent de plusieurs chercheurs</a> qui étudiaient la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/maladie-de-creutzfeldt-jakob/notre-action/">MCJ</a>. Le risque le plus grand se situe sans doute au sein des laboratoires de recherche. De <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/27/alzheimer-parkinson-la-recherche-sur-les-agents-pathogenes-ressemblant-aux-prions-sera-mieux-encadree_6202610_1650684.html">nouvelles recommandations</a> ont d’ailleurs été émises quant à la protection des personnels travaillant sur les protéines de type prion.</p>
<h2>De nouvelles pistes de recherche pour des traitements</h2>
<p>Ces résultats de recherche viennent renforcer l’hypothèse des maladies de type prion comme bien sûr la MCJ, la maladie d’Alzheimer mais aussi la maladie de Parkinson, et ouvrent de nouvelles perspectives diagnostiques et thérapeutiques.</p>
<p>Identifier les protéines de type prion permettrait un diagnostic plus précoce. Les cibler par de nouvelles approches thérapeutiques, notamment les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/immunotherapie-126914">immunothérapies</a>, éviterait la propagation de ces protéines de type prion et diminuerait la progression de ces maladies neurodégénératives.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224533/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Luc Buée a reçu des des subventions publiques (ANR, Horizon Europe) et des soutiens de fondations (FRM, France Alzheimer, Alzheimer's Association/Rainwater Charitable Foundation).</span></em></p>Une étude révèle que des patients traités à l’hormone de croissance ont développé une forme précoce de la maladie d’Alzheimer 40 ans après. On fait le point sur les protéines de type prion en cause.Luc Buée, Chercheur en neurosciences, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2075542024-03-10T16:46:25Z2024-03-10T16:46:25ZCannabis : Des idées reçues à déconstruire !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/580373/original/file-20240307-32-eazgkk.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C3846%2C2572&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ces dernières années, plusieurs pays ont choisi d'encadrer l'usage du cannabis plutôt que de le prohiber. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/plantes-vertes-sur-cadre-en-metal-blanc-yovhXPl8V1M">Richard T/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>« Le cannabis amène à consommer des drogues plus dures », « le cannabis entraîne des troubles psychiatriques », « prohiber le cannabis fait baisser la consommation de cannabis », « l’autoriser fait augmenter la consommation »… Qui n’a jamais entendu, ou relayé, ces affirmations réductrices, voire erronées ?</p>
<p>Ces discours tendent à simplifier des interactions qui sont, dans les faits, très complexes. Ancrés dans un registre émotionnel et reposant sur des imaginaires caricaturaux, ils ne tiennent pas compte des données scientifiques, et empêchent la mise en place de politiques efficaces de prévention et de réduction des risques et dommages, qui les prendraient en compte. En réalité, les <a href="https://cnrs.hal.science/hal-03478935">usages du cannabis – et les conséquences de ces usages – diffèrent beaucoup selon les profils sociaux et les contextes de consommation</a>. Déconstruisons donc quelques idées reçues, avec l’aide de la recherche scientifique.</p>
<h2>Une substance très consommée</h2>
<p>Le cannabis est la <a href="https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/DACC-2022.pdf">première substance psychoactive illicite la plus consommée</a> dans notre pays : 18 millions de Français ont déjà expérimenté le cannabis au cours de leur vie. Parmi eux, 1,3 million sont des usagers réguliers (au moins 10 consommations dans le mois) et 850 000 sont des usagers quotidiens.</p>
<p>Le profil type du consommateur de cannabis est celui d’un homme jeune, mais les dernières tendances observées montrent une <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/usages-du-cannabis-en-france-premiers-resultats-du-barometre-sante-de-sante-publique-france-2020">augmentation de la consommation de cannabis chez les femmes et un vieillissement des consommateurs</a>, plus souvent trentenaires ou plus âgés.</p>
<p>Dans la plupart des cas, cet usage irrégulier n’occasionne pas de conséquences sociales ou sanitaires majeures, mais certains groupes tels que les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement exposés aux risques liés au cannabis. Les études disponibles mettent en évidence <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3069146/">qu’une personne qui consomme du cannabis sur onze pourrait développer une dépendance</a>, voire une sur six, si la consommation démarre à l’adolescence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/podcast-jeunes-et-cannabis-au-dela-des-caricatures-208160">Podcast : Jeunes et cannabis, au-delà des caricatures</a>
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<h2>Une plante à double tranchant</h2>
<p>S’il existe effectivement des risques à consommer du cannabis, ces risques ne sont pas <a href="https://esprit.presse.fr/article/marie-jauffret-roustide-et-jean-maxence-granier/cannabis-les-risques-de-la-repression-43568">efficacement prévenus</a> par le contexte politique et social dans lequel les consommations se déroulent, dont la prohibition. En effet, un tel contexte limite la possibilité d’un dialogue clair et d’une prévention efficace sur les conséquences de la consommation de cannabis. Par ailleurs, il rend aussi plus difficile le fait d’aborder les bénéfices potentiels de certaines substances actives contenues dans cette plante.</p>
<p>Car le cannabis est une <a href="https://theconversation.com/un-an-apres-la-premiere-prescription-de-cannabis-medical-en-france-ou-en-est-on-179711">plante qui a aussi un intérêt médical</a>. Certaines des substances actives qu’elle contient, comme le tetrahydrocannabinol (THC) ou le cannabidiol (CBD), composent majoritairement certains médicaments prescrits dans des indications précises, comme la douleur neuropathique (douleur étant la conséquence d’une atteinte du système nerveux, suite à un accident, une intervention chirurgicale, un zona, etc.), la rigidité musculaire (spasticité) ou des formes d’épilepsie résistante aux médicaments.</p>
<p>Comment les données scientifiques peuvent-elles nous aider à y voir plus clair ?</p>
<h2>Le cannabis est-il une plante sans risque ?</h2>
<p>Rappelons que l’origine naturelle d’une substance n’est pas une garantie d’absence de risque (ou de présence de bienfait) pour le corps humain.</p>
<p>Au-delà des effets recherchés (plaisir ou autothérapeutique), les substances, comme le THC ou le CBD, peuvent aussi induire des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34282851/">effets indésirables</a>.</p>
<p>L’apparition de ces complications dépend notamment de la façon dont le cannabis est consommé, de la composition du produit (en particulier de sa concentration en THC), des vulnérabilités individuelles et du contexte de consommation.</p>
<p>Parmi les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32877036/">principaux risques liés à un usage de cannabis</a>, on peut citer diverses complications :</p>
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<li><p>neurologiques : somnolence,convulsions ;</p></li>
<li><p>cognitives : troubles de la mémoire, de l’attention et des capacités d’apprentissage ;</p></li>
<li><p>psychiques : anxiété, attaques de panique, paranoïa voire dépendance ;</p></li>
<li><p>digestives : douleurs abdominales, vomissements, prise de poids car le cannabis augmente l’appétit (effet orexigène) ;</p></li>
<li><p>hormonales et sexuelles : perturbations des cycles menstruels et altération de la qualité du sperme et troubles de l’érection et de l’éjaculation chez l’homme ;</p></li>
<li><p>cardio-vasculaires.</p></li>
</ul>
<p>Ces dernières complications sont rares, mais potentiellement graves. En effet, les décès imputables à un usage de cannabis (qui sont eux aussi très rares) sont le plus souvent associés à des troubles du rythme cardiaque, de l’hypertension, un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.</p>
<p>Des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36115751/">complications respiratoires</a> peuvent elles aussi survenir, mais elles sont directement liées à l’usage par voie pulmonaire avec combustion (joint, bang), et le plus souvent en lien avec l’utilisation de tabac.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cbd-lessentiel-a-savoir-avant-den-prendre-171970">CBD : l’essentiel à savoir avant d’en prendre</a>
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<h2>Le cannabis mène-t-il à l’usage d’autres substances plus à risque ?</h2>
<p>C’est un argument fréquent des discours des tenants de la prohibition. Apparu aux États-Unis dès les années 30, il est encore souvent brandi par les opposants à la légalisation d’accès au cannabis, pour qui consommer du cannabis conduirait inéluctablement à expérimenter d’autres drogues comme la cocaïne ou l’héroïne. On parle de « théorie de l’escalade », de « théorie du tremplin » ou de « théorie de la « porte d’entrée ».</p>
<p>La théorie de l’escalade n’a jamais été prouvée scientifiquement, il n’est pas démontré que l’usage de cannabis puisse être la cause d’un usage d’autres drogues illicites. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1156108/">Elle s’est construite sur une confusion entre lien de causalité et corrélation</a>. En effet, la plupart des usagers d’héroïne ont consommé du cannabis auparavant. Mais ils ont également consommé de l’alcool et du tabac. Or, tous les usagers d’alcool, de tabac ou de cannabis ne passent pas pour autant à l’héroïne… Autrement dit, le fait de fumer du cannabis, donc d’être exposé au THC, n’incite pas à lui seul à consommer d’autres produits.</p>
<p>Élaborée en 2002, une autre théorie est plus scientifiquement crédible : celle du « Common liability model », qui repose sur la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12472629/">propension individuelle</a> à consommer des substances psychoactives. Cette dernière refléterait une vulnérabilité individuelle globale qui serait dépendante de facteurs génétiques et environnementaux, et non des substances consommées.</p>
<p>Ainsi, selon ce modèle, les individus ayant consommé du cannabis, puis de la cocaïne (ou de l’héroïne) seraient passés de l’un à l’autre à cause d’une vulnérabilité générale commune à l’usage de ces drogues. L’ordre d’initiation aux drogues refléterait alors plutôt l’ordre dans lequel les individus auraient l’opportunité d’essayer les drogues, et donc aussi de la facilité d’accès à ces drogues et de leur statut dans la société. La disponibilité grandissante de la cocaïne pourrait d’ailleurs changer l’ordre des choses.</p>
<h2>Le cannabis rend-il forcément schizophrène ?</h2>
<p>La schizophrénie est une maladie chronique et sévère qui concerne jusqu’à 1 % de la population, selon les estimations. Elle débute habituellement entre 15 et 25 ans, soit dans les mêmes tranches d’âge que celles des premiers usages de cannabis.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2022-1-page-135.htm">C’est une maladie multifactorielle</a>, qui associe non seulement des facteurs de causalité environnementaux, mais aussi génétiques (la part de l’hérédité est importante : jusqu’à 80 %).</p>
<p>Le passage d’un état de vulnérabilité psychotique (qui concerne environ 10 % de la population générale) vers la maladie schizophrénie dépend de facteurs de risque au moment de l’adolescence, parmi lesquels l’usage de cannabis semble impliqué. En effet, chez les adolescents ayant des niveaux importants de consommation, le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31664453/">risque de présenter un trouble psychotique est multiplié par 4 en moyenne</a>.</p>
<p>Les patients schizophrènes consommateurs de cannabis ont développé la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24345517/">maladie en moyenne trois ans plus tôt que les autres</a>. C’est aussi un facteur péjoratif sur la sévérité et le pronostic de la maladie. L’usage de cannabis est donc non seulement un facteur aggravant mais aussi probablement un <a href="https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2022-1-page-135.htm">facteur explicatif, mais non suffisant</a>, de trouble psychotique.</p>
<p>Il n’est pas nécessaire de consommer du cannabis pour développer une schizophrénie, mais <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32459328/">15 % des nouveaux patients</a> n’auraient pas développé ce trouble s’ils n’avaient pas utilisé du cannabis. D’où la nécessité d’éviter ou retarder le plus tard possible une exposition – notamment chronique – au cannabis chez les personnes de moins de 25 ans.</p>
<h2>La prohibition fait-elle baisser la consommation de cannabis chez les jeunes ?</h2>
<p>Avant tout, il est essentiel de rappeler que les modèles politiques choisis pour encadrer les drogues n’ont que peu d’effets sur les niveaux de consommation chez les jeunes. Ainsi, la France a l’une des législations les plus répressives d’Europe. Pourtant, elle se situe en tête de classement (<a href="https://www.ofdt.fr/publications/collections/drogues-et-addictions-chiffres-cles/drogues-et-addictions-chiffres-cles-9e-edition-2022/">2<sup>e</sup> sur 34</a>) pour la consommation de cannabis chez les adolescents. La Suède, qui a également un modèle très répressif, se situe en fin de ce même classement.</p>
<p>Dans un contexte prohibitionniste, les campagnes de prévention adoptent le plus souvent un discours axé sur la peur et les risques. Or, cela peut avoir un effet contre-productif, et <a href="https://journals-sagepub-com.inshs.bib.cnrs.fr/doi/10.1177/001789690506400206">favoriser l’expérimentation de cannabis chez les adolescents</a></p>
<p>La prohibition du cannabis n’a donc pas tous les effets escomptés : elle ne fait pas baisser la consommation. Par ailleurs, elle a des effets néfastes, car elle ne protège pas suffisamment les consommateurs des risques éventuels.</p>
<h2>La légalisation du cannabis fait-elle augmenter sa consommation ?</h2>
<p>À l’inverse, les pays qui ont assoupli leurs législations vis-à-vis du cannabis, en optant pour des modèles axés sur la santé publique et la réduction des risques, ont des résultats plutôt encourageants concernant les tendances de l’usage chez les jeunes et la prévention.</p>
<p>C’est par exemple le cas du Québec, qui a choisi un modèle de légalisation très axé sur la santé publique. Les autorités ont observé une diminution de la consommation de cannabis au cours des 12 derniers mois chez les jeunes de 15 à 17 ans (de <a href="https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/flash-surveillance/evolution-consommation-cannabis/">22 % à 19 %</a>), ainsi qu’une stabilité chez les 18-20 ans et une augmentation chez les 21-24 ans (de <a href="https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/flash-surveillance/evolution-consommation-cannabis/">39 à 43 %</a>).</p>
<p>En outre, différentes études ont montré que des politiques plus libérales vis-à-vis du cannabis <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0955395919300210">ne se sont pas accompagnées d’une augmentation importante de la consommation chez les plus jeunes</a>.</p>
<p>Par ailleurs, la légalisation du cannabis au Canada a permis de développer la sensibilisation des usagers face au risque, <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/programmes/engagement-legalisation-reglementation-cannabis-canada-bilan-progres/document.html">grâce à des investissements massifs dans les campagnes de prévention</a> (108,6 millions de dollars canadiens sur 6 ans, de 2017 à 2023). Les dernières données québécoises montrent que la population a acquis une <a href="https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/flash-surveillance/evolution-normes-sociale-regard-cannabis-quelques-chiffres/">meilleure connaissance des risques liés au cannabis</a> depuis la légalisation.</p>
<h2>Quel modèle politique adopter ?</h2>
<p>Les <a href="https://www.ofdt.fr/publications/collections/resultats/les-usages-de-substances-psychoactives-chez-les-collegiens-et-lyceens-resultats-enclass-2022/">données françaises</a> montrent une baisse de la consommation de cannabis chez les jeunes et un recul de l’âge à la première consommation chez les collégiens. Malgré cette baisse, les <a href="https://www.emcdda.europa.eu/data/stats2023/gps_en">jeunes Français âgés de 15 à 24 ans se caractérisent par un niveau de consommation de cannabis plus élevé que les autres jeunes Européens</a>. À titre d’exemple, à l’âge de 16 ans, les jeunes Français consomment deux fois plus de cannabis que la moyenne européenne : 13 % déclarent avoir consommé du cannabis dans le dernier mois, contre 7 % en Europe, <a href="https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxss2ab.pdf">selon l’enquête ESPAD</a>.</p>
<p>Face à cet échec de la prohibition à protéger les plus jeunes des risques, de plus en plus de pays choisissent une autre voie, et en particulier celle de la légalisation du cannabis.</p>
<p>Nous <a href="https://bmjopen.bmj.com/content/10/9/e035148.long">manquons de recul aujourd’hui pour faire un bilan complet de ces initiatives de légalisation</a>. Toutefois, il ressort clairement des premières données disponibles que les modèles très libéraux et commerciaux mis en place aux États-Unis, qui ont fait de la vente du cannabis un symbole du capitalisme, peuvent avoir des <a href="https://www.ofdt.fr/publications/collections/bilans/legalisation-du-cannabis-aux-usa-janvier-2021/">effets délétères</a>. En revanche, les modèles très encadrés, axés sur la santé publique, tels que ceux mis en place au Canada semblent plus <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/programmes/engagement-legalisation-reglementation-cannabis-canada-bilan-progres/document.html">prometteurs</a>.</p>
<p>La France est confrontée par ailleurs confrontée à un paradoxe : le cannabis fait le plus souvent l’objet d’un discours très alarmiste, notamment chez les politiques, alors que dans le même temps, l’alcool reste très valorisé. Pourtant, là aussi les données scientifiques sont claires : en France, la <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/addictions/article/l-addiction-a-l-alcool">mortalité liée à l’alcool représente 49 000 cas par an (et 7 % des décès en Europe)</a>. Mais les campagnes de prévention telles que le <a href="https://theconversation.com/alcool-et-dry-january-relever-le-defi-de-janvier-est-toujours-benefique-meme-en-cas-dechec-220556">« Dry January »</a> ne reçoivent pas le <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/addictions/alcool/enquete-comment-le-lobby-de-l-alcool-et-du-vin-fait-tout-pour-limiter-l-ampleur-du-dry-january-f5eed272-8c14-11ed-9fb2-0b86ee40425f">soutien de l’État</a>. Il reste manifestement encore des progrès à faire dans notre pays pour que les politiques des drogues soient axées sur les données scientifiques probantes…</p>
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<h2><em>Pour en savoir plus :</em></h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Couverture de l’ouvrage « Le cannabis pour les nuls », First Éditions." src="https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=728&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=728&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=728&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=915&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=915&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578542/original/file-20240228-26-7z0yk8.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=915&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Couverture de l’ouvrage « Le cannabis pour les nuls ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.lisez.com/livre-grand-format/le-cannabis-pour-les-nuls-grand-format/9782412089347">First Éditions</a></span>
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<p><em>Authier N., Julia V. (avec la collaboration de Marie-Jauffret Roustide, Ivana Obradovic et Alexandre Maciuk) « Le cannabis pour les nuls », First Éditions, parution le 15 mars.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207554/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Jauffret-Roustide est sociologue, chercheure à l'Institut sur la santé et la recherche médicale (INSERM). Elle est membre du comité Stupéfiants et Psychotropes de l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et a été membre du groupe d'experts ayant produit l'avis sur l'expérimentation du cannabis à des fins médicales. Elle est membre du collège scientifique de l'Observatoire Français des Drogues et des Tendances Addictives (OFDT) et de l'Agence Européenne des Drogues (EMCDDA). Elle dirige le programme Sciences sociales, drogues et sociétés (D3S) à l'EHESS, avec le soutien de l'IRESP.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Président de la Fondation Institut Analgesia (fondation partenariale de soutien à la recherche sur la douleur chronique). Président du comité de suivi de l'expérimentation d'accès au cannabis médical de l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé. (ANSM). Membre du collège scientifique de l'Observatoire Français des Drogues et Tendances addictives (OFDT). </span></em></p>Pour sortir de la caricature, les débats récurrents sur le cannabis nécessitent une argumentation moins idéologique. Loin des opinions, voici quelques vérités scientifiques sur cette plante.Marie Jauffret-Roustide, Chargée de recherche Inserm, sociologue et politiste au Centre d'études des mouvements sociaux (CEMS), InsermNicolas Authier, Professeur des universités, médecin hospitalier, Inserm 1107, CHU Clermont-Ferrand, Président de la Fondation Institut Analgesia, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2252222024-03-06T16:08:15Z2024-03-06T16:08:15ZLes acides gras oméga-3 sont liés à une meilleure santé pulmonaire<p>Les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-acides-gras-om%C3%A9ga-3">acides gras oméga-3</a> suscitent un grand intérêt chez les patients et les cliniciens en raison de leurs <a href="https://doi.org/10.3945/an.111.000893">potentiels effets protecteurs sur la santé</a>, y compris sur la santé pulmonaire. Dans une étude publiée récemment, mes collègues et moi-même avons constaté qu’un apport alimentaire plus élevé en acides gras oméga-3 est lié à une <a href="https://doi.org/10.1016/j.chest.2023.09.035">meilleure fonction pulmonaire et une survie plus longue</a> chez les patients atteints de <a href="http://www.maladies-pulmonaires-rares.fr/">fibrose pulmonaire</a>, une maladie respiratoire chronique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lalimentation-positive-cest-sinspirer-du-regime-mediterraneen-et-limiter-le-sucre-222821">L’alimentation positive, c’est s’inspirer du régime méditerranéen et limiter le sucre</a>
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<p>Présents dans les aliments tels que le poisson et les noix, ainsi que dans certains compléments alimentaires, les <a href="https://chem.libretexts.org/Courses/Willamette_University/WU%3A_Chem_199_-_Better_Living_Through_Chemistry/01%3A_Chemicals_in_Food/1.04%3A_Macro-_and_Micronutrients/1.4.02%3A_Fats_and_Cholesterol">acides gras oméga-3</a> sont des graisses polyinsaturées qui sont des nutriments essentiels pour l’homme. Ils remplissent plusieurs fonctions importantes dans l’organisme, telles que la structuration des cellules et la régulation de l’inflammation.</p>
<p>Les chercheurs pensent que deux acides gras oméga-3, <a href="https://doi.org/10.1042/bst20160474">l’acide docosahexaénoïque et l’acide eicosapentaénoïque, ou DHA et EPA</a>, sont les plus bénéfiques pour la santé en général. Lorsque l’organisme les décompose, leurs sous-produits présentent des <a href="https://doi.org/10.1016/j.atherosclerosis.2020.11.018">effets anti-inflammatoires</a>.</p>
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À lire aussi :
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Chemical structure of EPA and DHA" src="https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=507&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=507&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=507&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=637&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=637&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=637&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">l’EPA (pour l’anglais eicosapentaenoic acid) et le DHA (pour l’anglais docosahexaenoic acid) sont deux acides gras oméga-3 particulièrement bénéfiques pour la santé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://med.libretexts.org/Courses/Allan_Hancock_College/Introduction_to_Nutrition_Science_(Bisson_et._al)/07%3A_Lipids/7.04%3A_Fatty_Acid_Types_and_Food_Sources">Minutemen/Wikimedia via LibreTexts</a></span>
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<p>Je suis <a href="https://scholar.google.com/citations?user=QeKA8ZoAAAAJ&hl=en">pneumologue</a> à la faculté de médecine de l’université de Virginie (aux États-Unis), et mon équipe de recherche et moi-même travaillons à l’identification des facteurs de risque susceptibles de contribuer au développement de la <a href="https://asso-fpf.com/">fibrose pulmonaire</a>. Dans cette maladie, le tissu pulmonaire cicatrisé peut entraîner une insuffisance respiratoire et la mort.</p>
<p>Nous avons examiné si des niveaux plus élevés de DHA et d’EPA dans le sang de patients atteints de fibrose pulmonaire dans différents groupes de personnes participant à des travaux de recherche aux États-Unis étaient liés à la progression de la maladie. Nous avons constaté que les patients ayant des niveaux plus élevés d’acides gras oméga-3 dans leur sang présentaient un <a href="https://doi.org/10.1016/j.chest.2023.09.035">déclin plus lent de la fonction pulmonaire et une survie plus longue</a>. Il est à noter que ces résultats ont persisté même après la prise en compte d’autres facteurs tels que l’âge et les maladies concomitantes.</p>
<h2>Pourquoi c’est important</h2>
<p>Il existe actuellement <a href="https://doi.org/10.1111/crj.13466">très peu de traitements</a> pour la fibrose pulmonaire. Et ceux qui existent ont des effets secondaires importants. Nos résultats suggèrent que l’augmentation des acides gras oméga-3 dans le régime alimentaire d’un patient peut ralentir la progression de cette maladie dévastatrice.</p>
<p>Les chercheurs étudient le rôle de la nutrition dans de nombreuses autres maladies. Mais ce rôle reste peu étudié dans les maladies pulmonaires chroniques, y compris la fibrose pulmonaire. Notre étude ainsi que d’autres travaux de recherches suggèrent que des <a href="https://doi.org/10.1183/13993003.00262-2023">modifications au niveau de l’alimentation</a> peuvent influencer la trajectoire de cette maladie et améliorer la capacité du patient à tolérer le traitement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AGr4wrmiWXI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Réunion sur la fibrose pulmonaire organisée le 8 février 2024 par le Centre de référence des maladies pulmonaires rares (de l’adulte) – OrphaLung, sous la coordination du Pr Vincent Cottin (Hôpital Louis Pradel, HCL).</span></figcaption>
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<p>Par ailleurs, d’autres études menées sur des souris ont mis en lumière la façon dont les acides gras oméga-3 peuvent <a href="https://doi.org/10.1186/1471-2466-14-64">protéger contre la fibrose pulmonaire</a> en régulant l’activité des cellules inflammatoires et en ralentissant la formation de tissu cicatriciel dans les poumons.</p>
<h2>Ce que l’on ne sait pas encore</h2>
<p>Comme nous n’avons pas pu mesurer les taux d’acides gras oméga-3 dans le sang qu’à un seul moment, nous n’avons pas pu déterminer si l’évolution de ces taux au cours du temps est corrélée à l’évolution de la fibrose pulmonaire.</p>
<p>Il est donc essentiel de savoir si l’augmentation des niveaux d’acides gras oméga-3 dans le sang aura un effet significatif sur la vie des patients atteints de fibrose pulmonaire. Ces taux d’acides gras oméga-3 pourraient ne pas avoir d’effet direct sur la fibrose pulmonaire et pourraient simplement être le reflet de modes de vie et de régimes alimentaires plus sains.</p>
<p>Des essais cliniques sont donc nécessaires pour déterminer si les acides gras oméga-3 sont bénéfiques pour les patients atteints de maladies respiratoires.</p>
<h2>Les prochaines étapes</h2>
<p>Nous prévoyons de poursuivre nos recherches pour déterminer si les acides gras oméga-3 ont un effet protecteur contre la fibrose pulmonaire.</p>
<p>Plus précisément, nous espérons déterminer le mécanisme par lequel des apports enrichis en oméga-3 affectent les poumons des patients atteints de fibrose pulmonaire.</p>
<p>Il s’agit là d’étapes importantes pour identifier les patients qui pourraient être particulièrement réceptifs aux thérapies à base d’oméga-3 et pour faire progresser ces traitements vers des essais cliniques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225222/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Kim est financé par le National Institute of Health et la Chest Foundation.</span></em></p>Les acides gras essentiels présents, entre autres, dans le poisson et les fruits à coque sont bénéfiques pour la santé. Les chercheurs découvrent aussi leur rôle positif en cas de fibrose pulmonaire.John Kim, Assistant Professor of Medicine, University of VirginiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2227732024-03-05T16:00:36Z2024-03-05T16:00:36ZLes mycotoxines dans les céréales et autres aliments : une menace pour la santé, un défi pour la sécurité alimentaire<p>C’est quoi les mycotoxines, en bref ? Les <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mycotoxins">mycotoxines</a> sont des molécules naturelles toxiques susceptibles de contaminer les aliments. Elles sont sécrétées par des champignons ubiquitaires microscopiques tels que <em>Penicillium</em>, <em>Aspergillus</em> ou <em>Fusarium</em>, entre autres. Communément appelées moisissures, elles prospèrent dans des environnements chauds et humides, rendant les pays au climat tropical particulièrement vulnérables.</p>
<p>Les mycotoxines posent des risques sérieux pour la santé humaine et animale, ainsi que des <a href="https://publications.iarc.fr/_publications/media/download/1378/cf18c35802429a1f50a2d434340e848cb6d26f28.pdf">pertes économiques considérables</a> (du fait des récoltes détruites mais aussi de problèmes de santé animale et humaine).</p>
<p>La <a href="https://theconversation.com/fr/topics/toxicite-66344">toxicité</a> des mycotoxines va de <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mycotoxins">symptômes aigus à des maladies chroniques graves</a>. Certaines mycotoxines comme les aflatoxines, les ochratoxines et les fumonisines, sont particulièrement problématiques car fréquemment présentes dans l’alimentation et <a href="https://doi.org/10.1016/j.toxicon.2020.04.101">toxiques même à faible dose</a>.</p>
<p>Difficilement détectables à l’œil nu, l’identification et la quantification des mycotoxines dans les produits alimentaires s’effectuent essentiellement en laboratoire.</p>
<h2>Dans les céréales, fruits à coque, épices, aliments pour animaux</h2>
<p>Les microorganismes qui produisent les mycotoxines ont la particularité de pouvoir se développer sur différentes cultures, à deux moments clés : dans les champs, lorsque les conditions climatiques sont favorables à leur croissance (chaleur et humidité importantes) ; et après récolte, pendant le stockage des denrées alimentaires.</p>
<p>Ces contaminants toxiques peuvent se retrouver dans <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-mycotoxines">divers aliments de base</a>, tels que les céréales, les fruits à coque, les épices, etc. mais également dans les aliments pour animaux ou dérivés des animaux (lait, viande).</p>
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<p>La présence de mycotoxines dans l’alimentation est un problème de santé publique majeur qui nécessite une attention urgente. Malgré leur impact significatif sur la santé mondiale, les mycotoxines restent méconnues du grand public et des autorités, en particulier dans les pays les moins avancés. Il est donc crucial de sensibiliser davantage les populations à cette menace invisible dans notre chaîne alimentaire pour limiter l’exposition humaine et animale.</p>
<h2>Une situation maîtrisée en France et en Europe</h2>
<p>En Europe et en Amérique du Nord, des réglementations strictes limitent la présence de mycotoxines dans les aliments. Cependant, de nombreux autres pays, notamment en Afrique, n’ont pas de limites réglementaires pour les mycotoxines, ce qui expose les populations vulnérables à des <a href="https://doi.org/10.3390/toxins15090583">risques sanitaires et économiques</a>.</p>
<p>En France, un système de traçabilité efficace et des seuils réglementaires stricts assurent la sécurité des consommateurs. Les produits contaminés sont rapidement <a href="https://rappel.conso.gouv.fr/categorie/0/1/mycotoxines">retirés du marché</a>.</p>
<h2>Des épidémies silencieuses en Afrique</h2>
<p>Parmi les problèmes majeurs qui entravent la sécurité alimentaire en Afrique, la contamination des aliments par les mycotoxines est considérée comme l’un des principaux dangers. Les épidémies de mycotoxicoses récentes, telles que l’ergotisme ou l’aflatoxicose, ont des <a href="https://doi.org/10.3390/toxins14070442">taux de mortalité élevés</a>. En Afrique, les cultures de base, notamment le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ma-s-36047">maïs</a>, les arachides, le sorgho et le mil, sont souvent fortement contaminées par une ou plusieurs mycotoxines.</p>
<p>L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que <a href="https://www.who.int/docs/default-source/resources/the-need-for-integrated-approaches-to-address-food-safety-risk---the-case-of-mycotoxins-in-africa-en.pdf">plus de 500 millions de personnes dans le monde, principalement en Afrique subsaharienne, sont exposées à des niveaux dangereux de mycotoxines</a>. Les conditions climatiques, les pratiques agricoles et les systèmes de stockage des aliments contribuent à ce problème. Les fortes pluies, les températures élevées et l’humidité favorisent la croissance des champignons producteurs de mycotoxines.</p>
<p>Les exemples qui suivent, non exhaustifs et qui relatent des épidémies survenues au XXI<sup>e</sup> siècle, illustrent l’ampleur et la persistance de l’enjeu lié aux métabolites fongiques (c’est-à-dire issus des champignons) dans les cultures et les produits alimentaires africains.</p>
<p>Ainsi, la <a href="https://doi.org/10.1081/TXR-120024094">mort de 12 personnes dans le district de Meru North au Kenya en 2001</a> a été attribuée à la consommation de grains de maïs contaminés par l’aflatoxine.</p>
<p>Pour cette même raison, plus tard, en 2004, le Kenya a connu l’un des <a href="https://doi.org/10.1128/AEM.02370-06">épisodes les plus graves d’intoxications humaines jamais enregistrés dans l’histoire des mycotoxines</a>. Cette épidémie aiguë a provoqué 125 décès sur 317 cas signalés au 20 juillet 2004, soit un taux de mortalité de 39 %.</p>
<p>Malheureusement, l’épidémie d’aflatoxicose s’est poursuivie au cours des années suivantes (2005-2008 et 2010), en particulier chez les agriculteurs de subsistance d’Afrique de l’Est. Il s’agit d’agriculteurs dont la production est essentiellement destinée à les nourrir eux-mêmes ainsi que leur famille, sans qu’ils puissent dégager de surplus commercialisable.</p>
<p>Une étude approfondie menée dans l’est du Kenya a révélé que <a href="https://doi.org/10.1289/ehp.1003044">plus de 470 cas d’empoisonnement étaient survenus entre 2004 et 2010</a> à la suite de l’ingestion d’aliments contaminés par l’aflatoxine, avec un taux de mortalité de 40 %.</p>
<p>Plus récemment, une <a href="https://doi.org/10.3920/WMJ2018.2344">épidémie d’aflatoxicose a été signalée entre mai et novembre 2016 en Tanzanie centrale</a>, entraînant un taux de mortalité de 30 %.</p>
<p>Bien que ces cas aient été largement documentés, la possibilité que ces chiffres soient sous-estimés est élevée. En effet, l’inadéquation ainsi que le manque d’organisation du système de suivi coordonné et de la surveillance médicale conduisent souvent à de nombreux cas non signalés.</p>
<p>Il convient de noter que la grande majorité des foyers de mycotoxicoses documentés en Afrique ne concerne que celles dues aux aflatoxines, malgré le large éventail d’autres mycotoxines qui contaminent les denrées alimentaires. Ces intoxications aiguës ne sont donc que la partie émergée de l’iceberg.</p>
<h2>Des causes climatiques, agricoles et individuelles</h2>
<p>La lutte contre les mycotoxines pose de nombreuses difficultés en raison de la multiplicité des facteurs à prendre en compte. Ces contaminations résultent de l’interaction de causes climatiques, agricoles et individuelles, dans un contexte où les données scientifiques et les moyens de détection restent insuffisants.</p>
<p>Pour prévenir les contaminations, plusieurs méthodes existent : en champs, entre autres, recourir à des rotations de cultures et utiliser des variétés résistantes ; pour le stockage, éviter les lieux chauds et humides, bien aérer les moissons ou récoltes, etc.</p>
<p>Mais le changement climatique pourrait aggraver le problème des mycotoxines en Afrique, en créant des conditions encore plus favorables aux moisissures, <em>via</em> une alternance de sécheresses et de fortes précipitations.</p>
<p>Il s’agit de gérer un aléa sanitaire dont les effets sur le long terme sont mal cernés. Une approche pluridisciplinaire, systémique et concertée est nécessaire pour une maîtrise durable de ce problème. Les épidémies passées soulignent la nécessité de renforcer la surveillance et le contrôle de la contamination par les mycotoxines, de développer des techniques de culture et de stockage adaptées, d’intensifier les programmes de détection et de sensibiliser la population aux risques de consommation de produits contaminés.</p>
<h2>L’urgence : produire des données sur les mycotoxines en Afrique</h2>
<p>Les mycotoxines sont un problème mondial, particulièrement grave dans les pays moins avancés, notamment en Afrique, où la surveillance et le rappel des produits contaminés sont insuffisants. Les seuils réglementaires sont souvent inexistants ou plus élevés, et la traçabilité des aliments est déficiente, contribuant aux épidémies régulières. Le manque de données sur la contamination, la toxicité et l’exposition aux mycotoxines entrave l’établissement de réglementations protectrices.</p>
<p>La production de ces données est essentielle pour identifier les mycotoxines les plus dangereuses. Mais elle dépend de la disponibilité de fonds de recherche, d’installations technologiques et d’une main-d’œuvre qualifiée, souvent inadéquats ou inexistants dans les pays les moins avancés.</p>
<h2>À terme, réduire de l’impact sanitaire et socio-économique sur les populations vulnérables</h2>
<p>Ainsi, nos travaux de recherche se concentrent sur la compréhension des facteurs favorisant la croissance de moisissures produisant des mycotoxines, mais aussi l’identification de mycotoxines locales, l’évaluation de la contamination des cultures, ainsi que l’estimation de l’exposition et des risques sanitaires des populations.</p>
<p>Ces travaux visent à produire des données fiables au niveau local, en étroite collaboration avec les chercheurs africains. L’objectif est de co-concevoir avec les parties prenantes africaines des solutions adaptées, telles que des méthodes de détection et de prévention durables. Il s’agit également de renforcer les capacités analytiques nationales et de coopérer avec la recherche internationale selon une logique de co-développement.</p>
<p>Ces efforts de recherche viendront fournir une base factuelle solide aux pays africains pour élaborer des réglementations nationales efficaces. L’objectif final est de réduire de manière durable l’impact sanitaire et socio-économique des mycotoxines sur les populations vulnérables du continent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222773/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mohamed Haddad a reçu des financements de l'IRD et de l'Université Toulouse 3 Paul Sabatier</span></em></p>En Europe, des réglementations strictes limitent la présence de mycotoxines dans les aliments. Mais en Afrique, des épidémies et des décès sont liés à la consommation de céréales contaminées.Mohamed Haddad, Chercheur, chimiste des produits naturels, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2228212024-03-05T10:14:40Z2024-03-05T10:14:40ZL’alimentation positive, c’est s’inspirer du régime méditerranéen et limiter le sucre<p>L’alimentation peut être positive ! C’est le cas quand elle favorise la santé en combinant deux approches clés : l’adoption d’un <a href="https://theconversation.com/fr/topics/regime-mediterraneen-21767">régime méditerranéen</a> et la réduction de la consommation de sucres non essentiels qui sont ajoutés par l’industrie agroalimentaire dans différentes familles de produits (gâteaux, biscuits pour goûter, sodas, etc.)</p>
<p>Et l’alimentation peut aussi être durable quand elle contribue à la diminution de la production de gaz à effet de serre.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Le régime occidental favorise l’obésité et les maladies cardiovasculaires</h2>
<p>Les changements socioéconomiques, influencés par la grande distribution et les géants de l’agroalimentaire, éloignent les individus des choix alimentaires sains comme le régime méditerranéen.</p>
<p>Le principal problème réside en l’accessibilité trop facile de produits ultra-transformés, trop riches en sucres et graisses et souvent peu coûteux.</p>
<p>En France, la <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-interview-eco/crise-agricole-le-consommateur-doit-prendre-conscience-que-l-alimentation-vertueuse-est-plus-chere-selon-le-chercheur-sebastien-abis_6335743.html">crise agricole</a> récente a également mis en lumière les déséquilibres dans la chaîne alimentaire, en montrant la nécessité de repenser notre approche de sa production, de sa distribution et de sa consommation.</p>
<p>Pour faire le lien avec la santé, il est clairement établi que l’hyperalimentation devient le principal défi de santé publique, bien que la pénurie alimentaire reste une préoccupation majeure pour bon nombre de personnes dans le monde.</p>
<p>Sont en cause : l’augmentation de la taille des portions, leur plus grande densité énergétique, l’alimentation industrielle en excès, la grande disponibilité de l’alimentation, et l’évolution des prix alimentaires qui sont tous des éléments qui favorisent des repas trop riches en calories.</p>
<p>Ce type de régime, couramment appelé « régime occidental », est à l’origine d’une prise de poids excessive. Ainsi, l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/obesite-23289">obésité</a> est un véritable problème de santé publique, que ce soit en France ou au niveau mondial. <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">En France, une personne sur deux est en surpoids et 17 % de la population souffre d’obésité</a>.</p>
<p>Une vaste étude épidémiologique montre que les facteurs de risque alimentaires sont responsables de <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">plus de 11 millions de décès par an dans le monde</a>, un chiffre qui date de 2017. Et <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">il est prévu qu’il continue de croître dans les années à venir</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/risque-cardiovasculaire/definition-facteurs-favorisants">maladies cardiovasculaires</a> constituent la principale cause de décès liés à une alimentation inadéquate, totalisant 10 millions de décès, suivies des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers">cancers</a> (environ 1 million) et du <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete/diabete-comprendre/definition">diabète de type 2</a> (environ 340 000).</p>
<p>Il est également alarmant de constater, toujours selon cette étude, que plus de 5 millions de décès liés à l’alimentation (représentant 45 % du total) surviennent chez des adultes de moins de 70 ans.</p>
<h2>Trop de viande rouge, de sel, de sucres et pas assez de fibres, de fruits, de légumes</h2>
<p>Les principaux facteurs de risque alimentaires incluent un faible apport en céréales complètes (issues du petit-déjeuner, du pain, du riz, des pâtes, etc.) et une consommation insuffisante de fruits et de légumes.</p>
<p>En revanche, dans cette <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">alimentation occidentale</a>, l’apport en sodium (le sel dans le langage courant) est trop élevé, notamment dans les plats préparés. Elle est également marquée par une surconsommation de sucre ajouté, de viande rouge, d’<a href="https://theconversation.com/acides-gras-trans-limites-par-lue-que-se-passe-t-il-au-niveau-moleculaire-pour-quils-soient-nocifs-157791">acides gras trans</a> et de viandes transformées (charcuterie), ainsi qu’un faible apport en certaines céréales, légumineuses (lentilles, haricots secs…), produits de la mer et en calcium.</p>
<p>Des <a href="https://academic.oup.com/jnci/article/97/12/906/2544064">études</a> <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2776517">montrent</a> clairement que le risque de <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles">cancer colorectal</a> peut être réduit en prenant en compte ces facteurs de risque dans nos habitudes alimentaires, notamment en réduisant la consommation de viande rouge, d’abats et de charcuterie.</p>
<h2>Pourquoi le choix du régime méditerranéen ?</h2>
<p>Pour la sixième année consécutive, le régime méditerranéen a été désigné comme le meilleur régime à suivre en 2023 par le <a href="https://health.usnews.com/best-diet/mediterranean-diet">« US News and World Report »</a>. Il est à présent universellement reconnu comme un des modèles d’alimentation de référence pour une bonne santé.</p>
<p>Le terme « régime méditerranéen » désigne un mode alimentaire établi dans le bassin méditerranéen depuis des millénaires, reposant sur l’utilisation des ressources locales. Au cours des 30 dernières années et après plus de 3000 références d’<a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/14/14/2956">articles scientifiques publiés dans le monde</a>, ce régime s’est avéré être un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joim.13333">allié précieux pour la santé</a>, dans la prévention de l’infarctus, de l’accident vasculaire cérébral, du diabète, de certains cancers…</p>
<p>Dès les années 1990, en France, Michel de Lorgeril et ses collaborateurs ont mis en lumière les <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/01.CIR.99.6.779">effets protecteurs du régime méditerranéen contre les maladies cardiovasculaires</a>. Ces études ont largement démontré les bienfaits de ce régime sur de vastes échantillons de population.</p>
<p>Ces effets bénéfiques s’expliquent notamment par la présence d’aliments aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, ainsi que par son efficacité globale dans le contrôle du poids et la réduction de l’obésité.</p>
<h2>En pratique, ça donne quoi le régime méditerranéen ?</h2>
<p>Le <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-319-29370-7">régime méditerranéen</a> apporte une multitude de bienfaits pour la santé grâce à sa variété d’aliments nutritifs. Les produits de la mer, comme les sardines, le saumon et le maquereau, fournissent des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-acides-gras-om%C3%A9ga-3">acides gras oméga-3 essentiels</a>, tandis que <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/7/9/5356">l’huile d’olive extra vierge</a>, principale source de graisse dans ce régime, est riche en molécules actives bénéfiques.</p>
<p>Les fruits et légumes occupent une place prépondérante dans le régime méditerranéen, offrant une grande diversité de nutriments tels que les fibres, le <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">potassium</a>, la <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">vitamine C</a> et les polyphénols. Des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/proceedings-of-the-nutrition-society/article/generating-the-evidence-for-risk-reduction-a-contribution-to-the-future-of-foodbased-dietary-guidelines/D4CBE7A3A8218A48859A70E0314C0D36#">études</a> ont démontré que leur consommation réduisait le risque de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408398.2017.1392288">maladies cardiovasculaires, d’accident vasculaire cérébral</a>, de diabète de type 2, de cancer du côlon rectal et de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2161831322003970">prise de poids</a>.</p>
<p>Les légumineuses, les céréales et les oléagineux sont également des composantes importantes de ce régime, riches en fibres, en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">vitamines et en minéraux</a>. En particulier, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780081005965225110">consommation</a> de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/nuts-and-coronary-heart-disease-an-epidemiological-perspective/3560F2ECAF709F832E625C4DB163C8D4">noix</a>, amandes ou encore noisettes est <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jcp.27506">cruciale</a> en raison de leur teneur en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-lipides">acides gras monoinsaturés et polyinsaturés</a> ainsi qu’en flavonoïdes (des antioxydants présents dans le thé, le cacao, les pommes… qui appartiennent à la grande famille des polyphénols).</p>
<h2>Pourquoi il faut réduire la consommation de sucres non essentiels</h2>
<p>Il convient également de réduire la consommation de sucres non essentiels ajoutés artificiellement à notre alimentation via les produits industriels notamment. L’objectif est de réduire les pics de <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete/diabete-symptomes-evolution/autosurveillance-glycemie">glycémie</a> (ou taux de sucre dans le sang) pour éviter les coups de fatigue et le stockage de graisses.</p>
<p>Limiter les aliments à indice glycémique élevé (le sucre blanc raffiné, pain blanc, viennoiseries, les pommes de terre cuites…) et favoriser les sucres lents (la famille des féculents par exemple) et nutriments complets (farine complète, riz et pain complets…) est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (<a href="https://www.who.int/fr/news/item/04-03-2015-who-calls-on-countries-to-reduce-sugars-intake-among-adults-and-children">OMS</a>) et, en France, par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/sucres-dans-l%E2%80%99alimentation">Anses</a>).</p>
<p>L’OMS suggère de limiter les sucres ajoutés à moins de 25 g par jour (soit cinq cuillères à café environ). Les sucres libres sont présents dans les aliments transformés et les boissons telles que les jus de fruits et les sodas. Réduire leur consommation de moitié est recommandé par les organismes officiels pour lutter contre le diabète et l’obésité.</p>
<p>Or, le régime méditerranéen limite naturellement les sucres rapides. Limiter les sucres et augmenter les lipides, selon la littérature scientifique, favorise la perte de poids et améliore la santé globale. C’est notamment la stratégie adoptée quand on met en place un <a href="https://www.inrae.fr/actualites/regime-cetogene-utile-pas-forcement-perdre-du-poids">régime dit cétogène</a>.</p>
<h2>Manger mieux aussi pour la planète</h2>
<p>Manger mieux pour sa santé est également bénéfique pour l’environnement. L’agriculture intensive, telle qu’elle est pratiquée depuis les années 1960, a certes des rendements extraordinaires, mais elle épuise les sols et pollue l’environnement.</p>
<p>L’émission de méthane par les ruminants y joue un rôle majeur. La prise de conscience récente des limites des ressources naturelles et de la pollution des sols, de l’air et de l’eau, pousse vers une nouvelle agriculture, l’agriculture axée sur le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/developpement-durable-21018">développement durable</a>.</p>
<p>En France, l’agriculture est le deuxième poste d’émission de gaz à effet de serre avec <a href="https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/climat/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-et-l-empreinte-carbone-ressources/article/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-de-l-agriculture">19 % du total national</a>.</p>
<p>Ainsi, il est primordial que l’agriculture contribue à l’effort général de réduction des émissions de gaz et c’est donc à nous, citoyens de ce monde, de pousser tous les acteurs, des politiciens à la grande distribution, à diminuer cette production.</p>
<h2>Des repères pour manger positif et durable ?</h2>
<p>Pour concrétiser nos recherches, nous avons créé le site Internet <a href="https://mmmenus.fr/">Mes meilleurs menus</a> qui propose un programme de menus hebdomadaires. Ce programme a été réalisé grâce aux méta-analyses publiées dans les plus grandes revues scientifiques internationales et en tenant compte des recommandations officielles.</p>
<p>Ces menus s’appuient sur une alimentation méditerranéenne à faible indice glycémique, équilibrée en 25 nutriments essentiels et personnalisée en fonction du poids, de l’âge, du sexe et du niveau d’activité physique.</p>
<p>Ce service est offert gratuitement. L’objectif est également d’inciter la population à adopter de bonnes habitudes alimentaires sans culpabilité.</p>
<p>D’autres sites fournissent des repères pour mieux connaître la qualité des aliments et manger mieux comme la <a href="https://ciqual.anses.fr/">table de composition nutritionnelle</a> de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).</p>
<p>A nous de nous rapprocher de nos agriculteurs, de nos fermes, afin de consommer local en privilégiant les <a href="https://www.aprifel.com/fr/">produits de saison</a>,ce qui favorise une alimentation saine et durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222821/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joffrey Zoll a reçu des financements de l'Université de Strasbourg, la société STEPAN. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anouk Charlot a reçu des financements de l’université de Strasbourg (bourse doctorale)</span></em></p>Manger positif et durable pour sa santé et pour la planète, c’est possible. Pour cela, il faut adopter un régime méditerranéen et limiter le sucre non essentiel présent dans les aliments industriels.Joffrey Zoll, MCU-PH en physiologie, faculté de médecine, Université de StrasbourgAnouk Charlot, Doctorante, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2244542024-03-04T16:55:16Z2024-03-04T16:55:16ZDiriger un établissement scolaire à l’ère post-Covid : des risques psychosociaux qui persistent<p>Au printemps 2023, alors que la pandémie Covid-19 passait à l’arrière-plan des préoccupations mondiales, le <a href="https://www.educationsolidarite.org/barometre-i-best-2023/">Baromètre I-BEST</a> (International barometer of education staff) s’est penché sur le vécu professionnel et le bien-être des personnels de l’éducation à travers le monde. Parmi les 26 000 participants issus de quatre continents, près d’un millier étaient des chefs d’établissements scolaires, essentiellement en France, en Espagne et en Argentine.</p>
<p>Les personnels de direction des écoles, des collèges ou des lycées assurent au quotidien les missions administratives et pédagogiques indispensables au bon fonctionnement de la structure placée sous leur responsabilité, rendant ainsi l’environnement propice à l’apprentissage des élèves qui la fréquentent. Ces professionnels doivent faire face à des <a href="https://www.aderae.ca/wp-content/uploads/2017/12/Revue_ERAdE_Vol1_No1_Pelletier.pdf">contraintes spécifiques</a> : charge importante de travail et horaires irréguliers, omniprésence de problèmes notamment d’ordre relationnel, isolement lié à la position, etc.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/enseigner-en-france-en-espagne-au-royaume-uni-un-bien-etre-professionnel-qui-se-degrade-214778">Enseigner en France, en Espagne, au Royaume-Uni : un bien-être professionnel qui se dégrade ?</a>
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<p>La pandémie Covid-19, en plaçant les personnels de direction en première ligne dans l’organisation aussi bien des <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/24/nos-ecoles-continuent-de-tourner-le-quotidien-des-chefs-d-etablissement-pendant-le-confinement_6034173_3224.html">périodes d’école à la maison</a> que de retour sur site, a encore renforcé les défis du métier. Mais alors, en 2023, quels sont les facteurs de <a href="https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%208002">risques psychosociaux</a> auxquels sont soumis ces personnels et comment vont-ils au décours de la crise sanitaire ?</p>
<h2>Des risques psychosociaux bien présents</h2>
<p>Les personnels de direction des établissements d’enseignement qui ont participé au baromètre I-BEST 2023 exerçaient presque tous dans l’enseignement public. Dans l’échantillon français, 80 % y exerçaient dans le premier degré. Dans les échantillons espagnol et argentin, les personnels de direction du second degré (cheffes et chefs d’établissement) étaient un peu plus représentés : 51 % et 35 % des échantillons respectivement.</p>
<p>Au regard des sex-ratios des échantillons de répondants, le métier de personnel de direction des établissements d’enseignement dans ces 3 pays apparaît largement féminisé avec plus de deux tiers de femmes, et même près de 9 sur 10 en Argentine. On remarque tout de même que la présence masculine augmente avec le niveau d’enseignement.</p>
<p>Constat partagé par les personnels de direction des trois pays enquêtés : le volume de travail est important et le stress omniprésent. Au moins deux tiers des personnels de direction qualifient d’assez ou de très stressant leur métier (respectivement 86 % en France, 78 % en Espagne et 67 % en Argentine) et ce ressenti est significativement moins favorable que celui de leurs collègues enseignants (73 % des enseignants en France, 65 % en Espagne et 46 % en Argentine).</p>
<p>En moyenne, un personnel de direction travaille plus de 40 heures par semaine, de l’ordre d’une cinquantaine d’heures hebdomadaire en France dans le second degré par exemple. D’ailleurs, le sentiment de déséquilibre vie professionnelle/personnelle est largement répandu pour ces personnels (Figure 1).</p>
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<p>Si les facteurs d’intensité du travail sont bien présents dans le métier, les personnels de direction semblent a contrario bénéficier d’une bonne autonomie de travail, avec une très large majorité des répondants qui la qualifie de « bonne » ou du moins de « relative ». En France tout de même, 1 personnel de direction sur 6 considère avoir peu ou pas d’autonomie au travail et la fréquence de cette opinion négative contraste défavorablement avec celle de leurs collègues enseignants (Figure 1).</p>
<p>Plus préoccupant : l’exposition des personnels de direction des établissements d’enseignement à la violence professionnelle. En France, 1 personnel de direction sur 2 a été victime de violence au travail dans les 12 derniers mois, là où 1 enseignant sur 3 déclarait déjà avoir été victime. Pour les personnels de direction en Espagne et Argentine, la violence au travail semble moins courante qu’en France, et à peu près aussi fréquente que celle rapportée par les personnels enseignants de ces pays, mais reste non négligeable : 18 % de personnels de direction victimes dans l’année écoulée en Espagne et 26 % en Argentine (Figure 1).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bien-etre-des-enseignants-apres-la-pandemie-une-eclaircie-tout-depend-du-pays-219529">Bien-être des enseignants : après la pandémie, une éclaircie ? Tout dépend du pays</a>
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<p>Toutefois, lorsqu’elles sont considérées « en général », les relations qu’entretiennent les personnels de direction avec les différents membres de la communauté éducative sont évaluées très positivement, et cette opinion tend à être meilleure que celle exprimée par leurs collègues enseignants. Ainsi, le taux de satisfaction des personnels de direction est presque de 100 % concernant la relation avec les élèves et dépasse 90 % pour la relation avec les parents et les autres membres du personnel respectivement. La relation avec la ligne hiérarchique prête à un peu plus de réserve, en particulier en France. Les personnels de direction apparaissent y plébisciter un meilleur soutien de la part des supérieurs, y compris sur les questions de qualité de vie au travail.</p>
<h2>Selon le pays, un bien-être contrasté</h2>
<p>Concernant les aspects motivationnels tels que les possibilités de formation, les opportunités de carrière et le niveau de salaire, l’avis des personnels de direction apparaît assez favorable en Argentine, intermédiaire en Espagne et plus négatif en France (Figure 3). Comparés aux enseignants, les personnels de direction semblent un peu plus satisfaits de leurs opportunités de carrière et de leur salaire.</p>
<p>Si, dans les trois pays, une grande majorité des personnels de direction considèrent que leur métier n’est pas valorisé dans la société (93 % en France, 81 % en Espagne, 71 % en Argentine), cette opinion négative des personnels de direction reste toutefois légèrement moins répandue que parmi leurs collègues enseignants.</p>
<p>Qu’en est-il globalement de la satisfaction au travail des personnels de direction ? En Espagne et en Argentine, elle se maintient, avec plus de 7 personnels de direction sur 10 qui choisiraient le métier si c’était à refaire. En France, avec seulement la moitié des personnels qui choisiraient de nouveau ce métier, la satisfaction apparaît entamée.</p>
<p>En cohérence, les indicateurs de bien-être généraux des personnels de direction indiquent une situation préoccupante en France, intermédiaire en Espagne et plus favorable en Argentine, que l’on s’intéresse au bien-être subjectif, ou encore à la santé mentale.</p>
<p>Notamment, le bien-être subjectif des personnels de direction apparait particulièrement fragilisé en France, avec au moins un personnel sur 2 qui se situe sur la partie inférieure d’une échelle à 8 degrés (Figure 4). La santé psychologique est non seulement préoccupante en France, mais aussi en Espagne, avec plus de 4 personnels de direction sur 10 qui ressentent souvent, très souvent ou toujours, des sentiments négatifs tels que l’anxiété ou la dépression dans ces deux pays (Figure 4).</p>
<p>Au final, dans trois pays aux conjonctures, cultures et systèmes éducatifs divers, les personnels de direction apparaissent exposés à des risques psychosociaux significatifs. Le bien-être subjectif des personnels de direction est néanmoins plus contrasté selon le pays. En décrivant ces situations à partir de données récentes, I-BEST contribue à identifier des voies d’améliorations tenant compte de la réalité du terrain. En particulier, les facteurs et organisations dans les pays où les indicateurs de bien-être sont les plus favorables représentent autant de <a href="https://www.cnesco.fr/le-bien-etre-a-lecole/">pistes à considérer</a> pour les pays où de fortes marges de progression existent.</p>
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<p><em>Remerciement : le Réseau Éducation et Solidarité et tous ses partenaires pour la mise en œuvre d’I-BEST ; Nathalie Billaudeau pour les statistiques et les figures ; Nathalie Billaudeau, Pascale Lapie-Legouis, Karim Ould-Kaci, Ange-Andréa Lopoa et Morgane Richard pour la relecture de l’article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224454/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Noël Vercambre-Jacquot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En première ligne pendant la pandémie de Covid, les personnels de direction ont vu les défis de leur métier se renforcer. Le baromètre I-BEST a évalué leur bien-être aujourd’hui.Marie-Noël Vercambre-Jacquot, Chercheur épidémiologiste, Fondation d'entreprise pour la santé publiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2213352024-02-28T15:40:51Z2024-02-28T15:40:51ZComment bien prendre soin de ses os<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569791/original/file-20230915-17-zgaqyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C13%2C4368%2C2890&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pratiquer une activité physique adaptée à son état de santé et à son âge, en privilégiant les exercices de mise en charge, contribue à préserver la solidité de ses os.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/active-senior-woman-working-exercise-gym-641129533">Liderina/ Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Tout comme nos muscles, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/os-63601">nos os</a> perdent de leur force avec l’âge. Cela peut avoir de graves conséquences sur notre vie quotidienne et augmenter le risque de fractures, qui sont liées à un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00198-009-0920-3">risque accru de décès</a>. Heureusement, tout comme nous pouvons renforcer nos muscles, nous pouvons renforcer nos os.</p>
<p>(<em>Chez les seniors, le risque de décès augmente notamment après une fracture du col du fémur selon l’état de santé du patient au moment de la fracture, si on en croit des données françaises issues de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation des statistiques <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-resultats/quel-risque-de-deces-un-apres-une-fracture-du-col-du-femur">Drees</a>. En effet, selon la Drees, le risque de décès à un an augmente dès qu’il existe une pathologie chronique significative, en particulier, dans les situations les plus graves, ndlr</em>).</p>
<p>Les os sont bien plus qu’un simple échafaudage à l’intérieur de notre corps. L’os est un organe complexe qui se présente sous une multitude de formes et de tailles. Il est constitué d’un mélange varié de <a href="https://www.niams.nih.gov/health-topics/what-bone">composants organiques et inorganiques</a> comme le collagène et le calcium. Combinés ensemble, ces composants créent une structure suffisamment malléable pour que les muscles puissent tirer sur les os pour nous permettre de bouger, tout en étant suffisamment solides pour protéger les organes essentiels.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>L’os n’est pas la structure solide, inamovible et permanente que l’on pourrait imaginer. Un os sain et vivant reste solide parce qu’il est constamment renouvelé, l’os ancien et endommagé étant extrait et remplacé par de l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK45513/">os frais</a>.</p>
<p>Ce contrôle interne de la qualité des os permet à notre squelette d’être remplacé <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK45504/#ch2.s4">environ tous les dix ans</a> chez les personnes en bonne santé, bien que ce processus soit plus lent chez les personnes âgées ou malades. Certaines situations de santé, comme le cancer et les changements hormonaux durant la <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/menopause-quelles-repercussions-sur-la-sante">ménopause</a>, peuvent également entraîner une perte osseuse excessive.</p>
<p>Contrairement à de nombreux autres tissus, tels que le cartilage, le tendon et le muscle, qui ne sont composés que d’un petit nombre de types cellulaires, l’os est constitué d’une multitude de cellules différentes. Il s’agit notamment des cellules osseuses, de cellules immunitaires, de cellules graisseuses, de cellules nerveuses et de cellules sanguines, pour n’en citer que quelques-unes.</p>
<p>L’action combinée de ces <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3341892/">différents types de cellules</a> aide notre corps à maintenir un volume osseux adéquat tout au long de la vie, afin que nous puissions continuer à être actifs.</p>
<p>Des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4515490/">cellules osseuses spécialisées</a> (appelées ostéoblastes et ostéoclastes) aident à modifier nos os pour réparer les dommages et augmenter leur volume en fonction des exigences qui leur sont imposées. Ainsi, un joueur de tennis, qui effectue ses services de manière répétée avec le même bras, aura un volume osseux plus important au niveau du bras avec lequel il sert.</p>
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<h2>Renforcer ses os</h2>
<p>Il est essentiel de préserver vos os tout au long de votre vie pour votre santé et votre bien-être. Une perte soudaine de mobilité à la suite d’une fracture a des répercussions considérables dans la vie de tous les jours : se rendre dans les magasins, aller voir des amis et effectuer les moindres tâches quotidiennes à la maison peut se révéler douloureux.</p>
<p>Quel que soit son âge, on peut préserver la densité (la solidité) de ses os grâce à une bonne <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alimentation-21911">alimentation</a> et de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-23234">activité physique</a>.</p>
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<img alt="Un éventail d’aliments riches en calcium, notamment le lait, le fromage, les sardines et le brocoli." src="https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le calcium présent dans ces aliments est important pour renforcer les os.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/foods-rich-calcium-such-sardines-bean-366258461">Evan Lorne/Shutterstock</a></span>
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<p>Il est recommandé de privilégier une alimentation équilibrée et riche en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/le-calcium-pourquoi-et-comment-en-consommer">calcium</a> (un minéral essentiel pour les os). Essayez d’en consommer <a href="https://www.nhs.uk/conditions/vitamins-and-minerals/calcium/">700 mg par jour</a>. Le lait, le yaourt et le fromage sont d’excellentes sources de calcium. Si vous êtes végan, des aliments tels que le tofu, les haricots secs et les lentilles contiennent tous du calcium. Il se peut que vous deviez prendre un supplément si vous ne parvenez pas à obtenir la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0261561420306567#bib5">quantité recommandée</a> de calcium dans votre alimentation.</p>
<p>(<em>Les principales sources alimentaires de calcium sont les produits laitiers, les légumineuses, les fruits à coque, les produits céréaliers, certains légumes-feuilles (choux, blettes, épinards, etc.), les fruits de mer et certaines eaux très riches en calcium, liste l’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/le-calcium-pourquoi-et-comment-en-consommer">Anses</a> ou Agence nationale de sécurité sanitaire française. Il faudra se rapprocher de son médecin avant toute supplémentation en calcium, car des apports excessifs en calcium peuvent être à risque pour la santé chez des personnes sensibles, ndlr</em>).</p>
<p>Précision importante : pour absorber pleinement le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3012979/">calcium</a>, notre corps a besoin de vitamine D. Il est donc essentiel de passer du temps à l’extérieur car notre peau produit de la vitamine D lorsqu’elle est exposée au soleil. Essayez de passer dix minutes à l’extérieur deux fois par jour. En hiver, lorsque l’ensoleillement est moindre, vous pouvez envisager une supplémentation en vitamine D.</p>
<p>(<em>Outre l’exposition au soleil, la consommation d’aliments riches en vitamine D – poissons gras comme le saumon, la sardine ou le maquereau, produits laitiers et céréales enrichis en vitamine D, jaune d’œuf, etc.– aide à <a href="https://www.anses.fr/fr/content/vitamine-d-pourquoi-et-comment-assurer-un-apport-suffisant">assurer un apport suffisant en vitamine D</a>. Avant d’envisager une supplémentation, notamment via des compléments alimentaires, il convient au préalable de faire le point avec votre médecin traitant, ndlr</em>).</p>
<p>L’activité physique est un autre moyen de préserver la solidité des os – en particulier les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6323511/">exercices de mise en charge</a> – (<em>c’est-à-dire avec un certain niveau d’impact, ndlr</em>). Marcher et monter les escaliers sont d’excellentes options pour commencer si vous ne faites pas régulièrement de l’exercice. Mais des activités plus dynamiques – comme le saut à la corde ou la musculation – sont préférables, car elles stimulent davantage la croissance osseuse. En effet, lorsque les muscles tirent fortement sur l’os auquel ils sont attachés, cela <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6279907/">stimule la croissance osseuse</a>.</p>
<p>Ce type d’exercices peut être pratiqué par tout le monde, à tous les âges. Veillez simplement à adapter l’exercice que vous pratiquez à votre niveau de forme et à vos capacités. Il est également recommandé d’augmenter progressivement sa pratique afin d’éviter les blessures.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Réduire les polluants présents dans votre corps (tels que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5352985/">fumée de tabac</a> et l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00198-011-1787-7">alcool</a>) contribuera également à ce que vos cellules osseuses aient toutes les chances de fonctionner correctement durant toute votre vie.</p>
<p>Si vous êtes préoccupé par la solidité de vos os – ou si vous souffrez de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6288610/">certains problèmes de santé</a> qui peuvent diminuer votre densité minérale osseuse (tels que la <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/intolerance-gluten-maladie-coeliaque">maladie cœliaque</a>, les maladies inflammatoires de l’intestin, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5349336/">différentes formes de diabète</a> ou un <a href="https://www.inserm.fr/dossier/osteoporose/">cancer</a>) – n’hésitez pas à faire part de vos inquiétudes à votre médecin généraliste. Il vous donnera des conseils personnalisés sur la meilleure façon de prendre soin de vos os.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>James Edwards a reçu des financements de diverses sources gouvernementales, caritatives et industrielles</span></em></p>Certaines situations de santé, comme les changements hormonaux durant la ménopause, peuvent entraîner une perte osseuse excessive. En prévention, l’alimentation et l’activité physique peuvent aider.James Edwards, Associate Professor of the Oxford Skeletal Ageing and Regeneration Group, University of OxfordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2245312024-02-27T16:14:15Z2024-02-27T16:14:15ZPourquoi ai-je toujours des infections urinaires ? Et pourquoi sont-elles si difficiles à traiter ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/578249/original/file-20240219-26-qkb5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=209%2C473%2C7139%2C4429&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les femmes sont plus susceptibles de contracter des infections urinaires que les hommes, en raison de leur urètre plus court et de changements hormonaux.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/portrait-tired-young-tattooed-business-woman-1703410366">BAZA Productions/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Faire face à des infections urinaires récidivantes (<em>appelées aussi <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cystite/reconnaitre-cystite">cystites</a> récidivantes, chroniques ou à répétition, ndlr</em>), c’est faire face à plus qu’une gêne occasionnelle. C’est comme si l’on se trouvait à batailler sans fin contre un adversaire invisible qui transforme de simples activités du quotidien en épreuves.</p>
<p>Les infections urinaires surviennent lorsque des bactéries se faufilent dans le système urinaire, ce qui provoque des douleurs et oblige à faire des allers-retours fréquents aux toilettes.</p>
<p>Les infections urinaires récidivantes vont encore plus loin : elles réapparaissent à plusieurs reprises ou ne disparaissent jamais complètement malgré le traitement. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557479/">Les infections urinaires récidivantes</a> sont généralement diagnostiquées lorsqu’une personne subit deux infections ou plus en l’espace de six mois ou trois ou plus en l’espace d’un an.</p>
<p>(<em>En France, la <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2722827/fr/choix-et-duree-de-l-antibiotherapie-cystite-aigue-simple-a-risque-de-complication-ou-recidivante-de-la-femme">Haute autorité de santé</a> parle de « cystite aiguë récidivante » face à, au minimum, quatre épisodes de cystite ou infection urinaire pendant une période de 12 mois, ndlr.</em>)</p>
<p>Tout le monde peut être concerné. Mais certaines personnes y sont plus sujettes en raison de leur <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cystite/reconnaitre-cystite">constitution</a> ou de <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/pyelonephrite/reduire-risque-infection-urinaire">certaines habitudes d’hygiène</a>. Les femmes sont plus susceptibles de contracter des infections urinaires que les hommes, en raison de leur urètre plus court et des changements hormonaux liés à la ménopause, par exemple, qui peuvent diminuer la couche protectrice des voies urinaires. Les personnes sexuellement actives sont également plus à risque, car les bactéries peuvent être transférées dans la région génitale.</p>
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<p>Jusqu’à <a href="https://www.urologyhealth.org/urology-a-z/u/urinary-tract-infections-in-adults#Related%20Resources">60 % des femmes</a> auront au moins une infection urinaire au cours de leur vie. Bien qu’il existe des traitements efficaces, <a href="https://www.health.harvard.edu/bladder-and-bowel/when-urinary-tract-infections-keep-coming-back">environ 25 %</a> des femmes sont confrontées à des infections récurrentes dans les six mois qui suivent. Environ <a href="https://sciendo.com/article/10.33073/pjm-2019-048?tab=article">20-30 %</a> des infections urinaires ne répondent pas aux antibiotiques classiques. Le défi des infections urinaires chroniques réside dans la capacité des bactéries à se protéger contre les traitements.</p>
<h2>Pourquoi les infections urinaires récidivantes sont-elles si difficiles à traiter ?</h2>
<p>Autrefois considérées comme des infections simples soignées par des antibiotiques, nous savons aujourd’hui que les infections urinaires récidivantes sont complexes. La nature rusée des bactéries responsables de cette affection leur permet de se cacher dans les parois de la vessie, hors de portée des antibiotiques.</p>
<p>Les bactéries forment des biofilms, une sorte de barrière protectrice qui les rend presque imperméables aux traitements antibiotiques standard.</p>
<p>Cette capacité à échapper aux traitements a conduit à une <a href="https://theconversation.com/resistances-aux-antibiotiques-comment-nous-pouvons-tous-agir-221795">augmentation de la résistance aux antibiotiques</a> inquiétante, un problème de santé mondial qui rend certains des traitements conventionnels inefficaces.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-tolerance-aux-antibiotiques-un-probleme-mais-aussi-une-piste-pour-comprendre-et-combattre-la-resistance-aux-antibiotiques-204458">La tolérance aux antibiotiques, un problème mais aussi une piste pour comprendre et combattre la résistance aux antibiotiques</a>
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<img alt="Sous-vêtements suspendus à une corde à linge" src="https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576616/original/file-20240219-28-iawpj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains antibiotiques ne sont plus efficaces contre les infections urinaires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/womens-underwear-hangs-on-clothesline-687500683">Michael Ebardt/Shutterstock</a></span>
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<p>Les antibiotiques doivent être perfectionnés pour suivre l’évolution des bactéries, tout comme le vaccin contre la grippe, qui est mis à jour chaque année pour combattre les dernières souches du virus de la grippe. Si nous utilisions le même vaccin contre la grippe année après année, son efficacité diminuerait, de la même manière que les antibiotiques trop utilisés perdent de leur efficacité contre les bactéries qui se sont adaptées.</p>
<p>Mais la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotiques est bien plus difficile que la mise à jour du vaccin contre la grippe. Les bactéries évoluent d’une manière plus difficile à prévoir, ce qui complique le développement de nouveaux antibiotiques efficaces. C’est comme un jeu sans fin dans lequel les bactéries ont toujours une longueur d’avance.</p>
<p>Le traitement des infections urinaires récidivantes repose encore largement sur les antibiotiques. Mais les médecins font preuve d’ingéniosité, en modifiant les médicaments ou en prescrivant de faibles doses sur une période plus longue afin de déjouer les bactéries.</p>
<p>Les médecins mettent également davantage l’accent sur des diagnostics approfondis afin d’identifier avec précision les infections urinaires récidivantes dès le départ. En posant des questions détaillées sur la durée et la fréquence des symptômes, les professionnels de santé peuvent plus facilement distinguer les épisodes isolés d’infection urinaire des affections chroniques.</p>
<p>L’approche du traitement initial peut influencer de manière significative la probabilité qu’une infection urinaire devienne chronique. Un traitement précoce et ciblé, basé sur la bactérie spécifique à l’origine de l’infection et sur sa sensibilité aux antibiotiques, peut réduire le risque de récidive.</p>
<p>Pour les femmes ménopausées, l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00192-020-04397-z">oestrogénothérapie</a> s’est révélée prometteuse pour réduire le risque d’infections urinaires récurrentes. Après la ménopause, la diminution du niveau d’œstrogènes peut entraîner des changements dans les voies urinaires qui les rendent plus sensibles aux infections. Ce traitement rétablit l’équilibre des environnements vaginal et urinaire, ce qui réduit le risque d’infections urinaires.</p>
<p>Les changements de mode de vie, tels que <a href="https://journals.lww.com/co-nephrolhypertens/FullText/2013/05001/Impact_of_fluid_intake_in_the_prevention_of.1.aspx">boire plus d’eau</a> et respecter certaines règles d’hygiène, comme se laver les mains avec du savon après être allé aux toilettes et s’essuyer d’avant en arrière, comme il est recommandé aux femmes de le faire, jouent également un rôle important.</p>
<p>Certains ne jurent que par le jus de canneberge ou les compléments alimentaires. Mais les chercheurs sont encore en train d’évaluer <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD001322.pub2/full">l’efficacité réelle de ces remèdes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-jus-de-canneberge-peut-prevenir-les-infections-urinaires-recurrentes-mais-pas-pour-tous-204250">Le jus de canneberge peut prévenir les infections urinaires récurrentes, mais pas pour tous</a>
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<h2>Quels traitements pourraient être développés dans le futur ?</h2>
<p>Les scientifiques travaillent actuellement à de nouveaux traitements contre les infections urinaires récidivantes. Une voie prometteuse est le développement de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10052183/pdf/pathogens-12-00359.pdf">vaccins</a> qui viseraient à prévenir l’ensemble des infections urinaires, tout comme les vaccins contre la grippe préparent notre système immunitaire à lutter contre la grippe.</p>
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<img alt="Un gynécologue s’entretient avec une patiente." src="https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576617/original/file-20240219-16-qgkamv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nouveaux traitements pourraient aider à éliminer les infections urinaires récidivantes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/gynecologist-talks-patient-during-medical-consultation-2298674535">guys_who_shoot/Shutterstock</a></span>
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<p>Une autre nouvelle méthode à l’étude est appelée <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12223-019-00750-y">thérapie par les phages</a>. Elle utilise des virus spéciaux appelés bactériophages qui ne s’attaquent qu’aux mauvaises bactéries responsables des infections urinaires et les tuent, tout en laissant tranquilles les bonnes bactéries de l’organisme. De cette façon, les bactéries ne deviennent pas résistantes au traitement, ce qui est un grand avantage.</p>
<p>Les chercheurs explorent également le potentiel des <a href="https://www.mdpi.com/2079-6382/12/1/167">probiotiques</a>. Les probiotiques introduisent des bactéries bénéfiques dans les voies urinaires afin de concurrencer les agents pathogènes nocifs. Ces bonnes bactéries occupent l’espace et les ressources dans les voies urinaires, ce qui rend plus difficile l’établissement des agents pathogènes nocifs.</p>
<p>Les probiotiques peuvent également produire des substances qui inhibent la croissance des bactéries nocives et renforcent la réponse immunitaire de l’organisme.</p>
<p>Les infections urinaires récidivantes représentent un défi de taille, mais grâce aux traitements actuels et aux recherches prometteuses, nous nous rapprochons du jour où elles appartiendront au passé.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-virus-bacteriophages-allies-ou-ennemis-dans-la-lutte-contre-les-infections-bacteriennes-191442">Les virus bactériophages : alliés ou ennemis dans la lutte contre les infections bactériennes ?</a>
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<img src="https://counter.theconversation.com/content/224531/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Iris Lim ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les infections urinaires récidivantes reviennent régulièrement ou ne disparaissent jamais complètement, malgré le traitement.Iris Lim, Assistant Professor, Bond UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2237462024-02-25T16:27:16Z2024-02-25T16:27:16ZComment des bulbes de fleurs traités rendent résistantes des moisissures dangereuses pour la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577366/original/file-20240222-16-81uuet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5176%2C3453&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bulbes de tulipes traités peuvent favoriser l’émergence de moisissures résistantes aux antifongiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/fleurs-assorties-en-macrophotographie-pendant-la-journee-5aXEo-hGwU0">Krystina Rogers/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Quel est le rapport entre les bulbes de tulipe et l’aspergillose, une grave maladie due à un champignon microscopique, la moisissure <em>Aspergillus fumigatus</em> ? C’est ce que nous avons tenté de découvrir au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Besançon.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cas cliniques d’aspergillose dus à des souches d’<em>Aspergillus</em> résistant aux antifongiques les plus utilisés est en augmentation. Or ces mêmes antifongiques sont également utilisés dans le domaine agricole et en horticulture.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si le fait de planter, à l’hôpital, des bulbes de tulipes traités aux antifongiques pouvait faciliter l’émergence de souches résistantes transmissibles à l’être humain.</p>
<p>Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que l’utilisation de tels bulbes pourrait effectivement favoriser le développement de résistance aux antifongiques.</p>
<p>Ces résultats posent particulièrement question dans le contexte actuel de suspension du <a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-ecophyto-2">plan Écophyto</a>, dont l’objectif était de réduire l’usage des pesticides et fongicides en agriculture…</p>
<h2>L’aspergillose invasive, une maladie opportuniste mortelle</h2>
<p>L’aspergillose est une maladie causée par des champignons microscopiques (moisissures) du genre <em>Aspergillus</em>. Elle peut se manifester sous forme d’infections localisées, d’infection disséminée mortelle ou de maladies allergiques, et toucher de nombreux organes (rein, sinus, peau, sang…).</p>
<p>En France, il s’agit de la troisième cause d’infection fongique invasive. Principalement causée par <em>Aspergillus fumigatus</em>, l’aspergillose touche les personnes immunodéprimées, en particulier les patients ayant reçu une greffe de moelle osseuse ou d’organe, ainsi que les patients sous traitements anticancéreux.</p>
<p>Les spores d’<em>Aspergillus fumigatus</em> sont omniprésentes dans l’air, dans les sols, sur les plantes agricoles, et dans le compost. De ce fait, l’inhalation de ces spores est inévitable. En temps normal, ce n’est pas un problème, car les spores sont éliminées par les défenses immunitaires au niveau du système respiratoire.</p>
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<img alt="Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois" src="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cependant, chez certaines personnes, l’aspergillose est une maladie dite « opportuniste » : lorsque le système immunitaire est déficient (immunosuppression), le champignon contamine les poumons et peut s’y développer, et par extension provoquer l’aspergillose invasive (et la colonisation d’autres organes).</p>
<p>De 2012 à 2018, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35499498/">1661 cas de cette maladie ont été recensés dans notre pays</a>, avec un taux de mortalité de 42,5 % chez les patients ayant par ailleurs une maladie du sang, lesquels représentaient 60 % des cas d’aspergillose invasive.</p>
<h2>Émergence de souches résistantes aux médicaments</h2>
<p>Le traitement de l’aspergillose nécessite le recours à des médicaments antifongiques. Les azolés agissent en bloquant la fabrication d’un composant important de la membrane cellulaire des champignons, l’ergostérol. Ce sont des thérapeutiques qui allient l’efficacité et une bonne tolérance pour les patients.</p>
<p>Ceux-ci sont utilisés pour traiter non seulement les êtres humains, mais aussi les animaux. Par ailleurs, ils sont également largement employés comme fongicides en agriculture (de pleins champs, maraîchère, viticole), dans les scieries et en horticulture, afin de lutter contre les champignons qui s’attaquent aux plantes (phytopathogènes) ou au bois (lignivores).</p>
<p>Or, lorsque les fongicides azolés sont appliqués dans l’environnement, ils ont un impact non intentionnel sur <em>Aspergillus</em> : ils éliminent les souches sensibles et favorisent, par pression de sélection, celles qui se sont adaptées à ces molécules azolées. Résultat : des souches insensibles aux fongicides azolés se développent.</p>
<p>La surenchère des quantités d’antifongiques répandues et l’utilisation de mélanges d’antifongiques n’ont pas permis d’endiguer l’apparition de ces résistances. Ni même, d’ailleurs, d’éradiquer durablement les phytopathogènes des cultures de riz, de blé, de maïs, de soja et de pommes de terre.</p>
<p>En revanche, désormais, de nombreux patients atteints d’aspergillose sont infectés par une telle souche d’<em>Aspergillus</em> résistante aux azolés. Or, il existe peu de traitements alternatifs, certains étant inefficaces vis-à-vis des espèces dites « filamenteuses » comme Aspergillus ou toxiques pour certains malades (l’amphotéricine est par exemple plus efficace, mais potentiellement toxique pour les reins).</p>
<p>Une des mesures envisageables pour éviter à court terme ces infections à champignons résistants est la prévention de l’exposition.</p>
<h2>Dépister les souches résistantes aux azolés</h2>
<p>Dans l’optique de mieux prévenir les infections par des souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux azolés, depuis 2015, nous réalisons au Centre Hospitalo-Universitaire de Besançon leur dépistage dans l’air intérieur.</p>
<p>Étant donné que des travaux de recherche avaient suggéré que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28369271/">bulbes de plantes ornementales traitées aux azolés pouvaient jouer un rôle dans la propagation mondiale des souches</a>, nous avons étendu notre surveillance environnementale à des prélèvements de sols. Nous souhaitions ainsi évaluer si la terrasse de notre hôpital, ornée de pots de fleurs, pouvait être une source potentielle de diffusion de la résistance.</p>
<p>En 2019, au total, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31753549/">69 isolats d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants aux azolés</a>, et présentant une mutation TR34/L98H, ayant été décrits comme liés à l’utilisation des fongicides dans l’environnement, ont été obtenus : 1 à partir de l’air de l’unité de soins intensifs, 4 à partir des couloirs principaux de l’hôpital, 59 à partir de pots de tulipes importés des Pays-Bas et 5 à partir du sol d’arbres cultivés en pots.</p>
<p>Confirmer l’hypothèse selon laquelle les souches résistantes récoltées dans les couloirs de l’hôpital ou isolées dans les échantillons cliniques proviendraient bien des bulbes traités plantés dans les parterres de fleurs nécessiterait encore de séquencer leur génome. Mais quoi qu’il en soit, ces résultats ont montré l’intérêt de mieux surveiller les sources potentielles d’émergence de résistances dans notre hôpital.</p>
<h2>Dites-le plutôt avec des fleurs… bio</h2>
<p>Suite à ces résultats, et au risque accru d’infections nosocomiales (les infections contractées à l’hôpital) il avait été décidé de ne plus planter de bulbes traités.</p>
<p>Afin de ne pas supprimer radicalement l’existence de terrasses comportant des jardinières de tulipes, pour préserver un lieu de promenade des patients, nous avons recommandé le remplacement des bulbes de tulipes traités par des bulbes issus de l’horticulture biologique, sans exiger le changement de la terre.</p>
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<img alt="Photo des parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon" src="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Un an après nous avons fait les mêmes prélèvements dans les bacs de terre, avec le même mode opératoire. Nous avons constaté que le taux de résistance était passé de 71 % à moins de 3 % en un an. Ces résultats suggèrent que le remplacement des bulbes traités par des bulbes biologiques <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33690850/">peut suffire à rétablir une population majoritairement sensible en seulement un an</a>.</p>
<h2>Nécessité d’une surveillance environnementale</h2>
<p>Jusqu’à présent, <em>Aspergillus fumigatus</em> a été peu étudié dans l’environnement, car il ne s’agit pas d’un champignon phytopathogène causant des pertes de récoltes.</p>
<p>Cependant, désormais des génotypes d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants à plusieurs azolés sont détectés dans le monde entier, dans les isolats cliniques ainsi que dans l’environnement.</p>
<p>L’utilisation massive des fongicides azolés dans l’environnement est un facteur majeur pour la sélection de la résistance aux antifongiques médicaux. Il est donc impératif de soutenir le développement d’approches qui déconnecteront à terme l’utilisation des antifongiques en agriculture et leur utilisation en clinique.</p>
<p>Bien qu’il soit séduisant de suggérer une évolution rapide vers une agriculture durable sans pesticide, ou que certaines classes d’antifongiques soient réservées exclusivement pour un usage clinique, ceci ne semble pas faisable à court terme : le nombre de molécules efficaces disponibles est faible, et l’agriculture fait face à la même problématique de résistance.</p>
<p>Dans une telle situation, les systèmes de surveillance permettant de suivre les souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques sont essentiels. Malheureusement, on manque de tels systèmes à l’heure actuelle.</p>
<p>Par ailleurs, la compréhension de la façon dont la résistance persiste, évolue ou peut être gérée, demeure incomplète. Ce déficit de connaissances menace gravement la gestion des maladies fongiques chez l’être humain et les animaux.</p>
<h2>Protéger les patients de l’émergence de souches résistantes liées à l’utilisation de nouveaux fongicides</h2>
<p>La nécessité d’une surveillance environnementale est également devenue plus pressante car cinq agents antifongiques dotés de nouveaux modes d’action sont en cours de développement.</p>
<p>Parmi eux, l’olorofim, un nouvel antifongique de la classe des orotomides, représente un espoir pour les patients atteints d’aspergilloses résistantes. Ce nouveau médicament a déjà un analogue fongicide approuvé récemment par l’<em>U.S. Environmental Protection Agency</em>. Mais des travaux de recherche ont montré que cette molécule est capable d’induire des résistances in vitro.</p>
<p>De façon similaire à ce qui s’est passé pour les fongicides azolés, l’utilisation massive des orotomides fongicides risque de réduire les possibilités de traitement chez les patients atteints d’infections fongiques.</p>
<p>Des projets européens visent à développer une méthode standardisée pour la surveillance environnementale. Un tel outil améliorera le suivi et la compréhension des schémas de résistance et permettra d’évaluer les associations avec les pratiques de travail (pulvérisation, compostage), ainsi que l’influence d’autres facteurs (géographique, climatique) sur les niveaux de résistance.</p>
<p>Cela pourra réduire l’exposition à <em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques, ce qui devrait permettre de diminuer le nombre de patients atteints d’une aspergillose résistante aux azolés, et donc réduire la mortalité de manière significative.</p>
<p>En attendant, dans les jardins hospitaliers, il est préférable pour la sécurité des patients d'utiliser exclusivement des plantes bio !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Prise en charge de frais de déplacement et d'inscription à des congrès par les sociétés PFIZER et GILEAD.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Reboux et Steffi Rocchi ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>L’aspergillose est une grave maladie causée par une moisissure dont certaines souches résistent aux antifongiques. Or, ces mêmes antifongiques sont utilisés en agriculture, ce qui pourrait participer du problème.Gabriel Reboux, Chercheur senior, affilié au laboratoire de Parasitologie-Mycologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon, Université de Bourgogne – UBFCLaurence Millon, Professeure des Universités, praticien hospitalier - CHU de Besançon, UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université de Bourgogne – UBFCSteffi Rocchi, Chercheuse affiliée à l'UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2241072024-02-22T15:42:21Z2024-02-22T15:42:21Z« En Ukraine, la santé psychique des personnes dépendra beaucoup de l’évolution du conflit »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577078/original/file-20240221-26-j393gj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Immeuble détruit après une attaque à la roquette de l’armée russe, district de Pozniaky, Kiev, Ukraine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/13476480@N07/51916065022/in/photostream/">Manhhai</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Francis Eustache, neuropsychologue, dirige des recherches au sein de l’unité Inserm « Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine » à l’Université de Caen-Normandie. Il est Directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE) de Paris. À l’occasion de l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février 2022, il explique comment une forme de trouble de stress post-traumatique (TSPT) dit « complexe » survient chez un nombre important de personnes confrontées à un conflit armé.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Quelle est la définition du trouble de stress post-traumatique (TSPT) ?</strong></p>
<p><strong>Francis Eustache</strong> : Selon la classification américaine du <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK207191/box/part1_ch3.box16/">DSM</a> (pour l’anglais « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders », en français « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques ») qui fait consensus, le trouble de stress post-traumatique (TSPT, en anglais PTSD pour <em>post-traumatic stress disorder</em>) survient chez une personne menacée dans son intégrité personnelle parce qu’elle a été exposée à un événement traumatique.</p>
<p>Ce traumatisme est une rencontre entre un événement stressant majeur (catastrophes, guerres, violences faites aux femmes, attentats…), un ressenti subjectif et un moment particulier. Il va d’abord généralement déclencher un stress aigu intense. Si cet état perdure au-delà d’un mois, on va parler de <a href="https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/memoire-et-traumatisme">trouble de stress post-traumatique</a> (TSPT).</p>
<p><strong>The Conversation : Quels sont les principaux symptômes du TSPT ?</strong></p>
<p><strong>Francis Eustache</strong> : Le TSPT est composé d’un certain nombre de symptômes dont l’élément cardinal est la reviviscence dominée par des intrusions. La personne va avoir l’impression subjective de revivre, comme s’ils étaient à nouveau présents, des éléments sensoriels très émotionnels qui appartiennent à l’événement traumatique comme des images, des bruits, des odeurs disparates…</p>
<p>La personne prend conscience de ces éléments intempestifs, très difficiles à vivre. Pour se protéger en quelque sorte, la personne essaie d’éviter les situations sociales qui peuvent favoriser, selon son analyse, cette réémergence. Ce mécanisme d’évitement va devenir à son tour son symptôme parce qu’il va couper la personne de son environnement et de ses proches qui pourraient l’aider.</p>
<p>Au cœur du TSPT, on trouve donc ce double symptôme d’intrusions dans le présent d’éléments du traumatisme vécu dans le passé, parfois des années auparavant, et d’évitement de ces éléments. Les intrusions peuvent survenir quand la personne est confrontée à des situations qui rappellent le traumatisme (lieux fermés, endroits particuliers dominés par certains bruits…).</p>
<p>On relève également ce que l’on appelle des symptômes neurovégétatifs. En d’autres termes, la personne va avoir tendance à sursauter, être à fleur de peau… On note aussi des altérations de l’humeur, de la cognition, des troubles du sommeil avec des cauchemars…</p>
<p>Par ailleurs, la <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782746522336-les-nouveaux-chemins-de-la-memoire-francis-eustache-beatrice-desgranges-endel-tulving/">mémoire du traumatisme peut envahir toute l’autobiographie de la personne</a> qui va avoir tendance à ne se définir que par ce traumatisme qu’elle a vécu.</p>
<p>Les mécanismes cérébraux du TSPT sont maintenant mieux connus. À partir de la cohorte du programme de recherche 13 Novembre, dans une <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aay8477%5BVN2">étude</a> publiée dans la revue scientifique <em>Science</em>, notre équipe a montré que ces intrusions d’éléments traumatiques sont liées à un manque de contrôle des régions du cortex préfrontal, sur des régions cérébrales qui régulent les perceptions, les émotions, la mémoire…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/13-novembre-et-traumatisme-la-memoire-collective-influence-profondement-la-memoire-individuelle-150005">13 Novembre et traumatisme : « La mémoire collective influence profondément la mémoire individuelle »</a>
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<p><strong>The Conversation : On distingue un TSPT spécifique lié à des événements traumatiques répétés comme les conflits armés, à l’image de ce qui se passe en Ukraine. De quoi s’agit-il ?</strong></p>
<p><strong>Francis Eustache</strong> : On parle effectivement de TSPT complexe (ou de type 2), quand le trouble se développe à la suite d’événements multiples répétés dans le temps, dont les caractéristiques sont plus proches de ce qui se passe en Ukraine (alors que le TSPT simple ou de type 1 est consécutif à un événement traumatique unique, comme un attentat). <a href="https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/grand-livre-du-trauma-complexe-enfant-adulte-fondements-enjeux">Dans le TSPT complexe, en revanche, la situation traumatique est répétée, sur le long cours</a>.</p>
<p>Chez l’adulte, les personnes concernées par un TSPT complexe vont connaître les mêmes symptômes que dans un TSPT simple, associés à d’autres symptômes dominés par ce que l’on appelle les symptômes dissociatifs. Les personnes ont l’impression d’être déconnectées de leurs pensées, de leur corps, de la réalité. On parle parfois de dépersonnalisation. La personne a l’impression d’être en dehors de sa personnalité habituelle, elle est moins réceptive à ce qui se passe autour d’elle.</p>
<p>Cela peut être considéré comme un moyen de défense face à la réalité qui est difficile à supporter. Cela peut aussi conduire à des formes d’amnésie, dite dissociative, car la personne n’enregistre pas ce qu’elle vit quand elle est dans un tel état de conscience.</p>
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<p>Dans le TSPT complexe, les personnes rencontreront des difficultés à réguler leurs émotions, parfois leur colère. Des attitudes autodestructrices sont aussi observées, pouvant aller jusqu’au suicide. Des symptômes corporels peuvent aussi survenir se manifestant, par exemple, par des douleurs chroniques, des atteintes de la sphère cardiorespiratoires…</p>
<p>Les manifestations cliniques du TSPT complexe peuvent être extrêmement diverses du fait de la situation d’insécurité permanente qui modifie la relation de la personne à elle-même et aux autres, davantage que dans le TSPT simple.</p>
<p>À noter que la classification américaine du DSM ne reconnaît pas le TSPT complexe mais évoque des TSPT avec ou sans symptômes dissociatifs. En revanche, la classification internationale des maladies (<a href="https://www.cepidc.inserm.fr/causes-medicales-de-deces/classification-internationale-des-maladies-cim">CIM</a>) de l’Organisation mondiale de la santé reconnaît le TSPT complexe.</p>
<p><strong>The Conversation : Historiquement, la reconnaissance du TSPT est d’ailleurs associée aux guerres. De quelle manière ?</strong></p>
<p><strong>Francis Eustache</strong> : Des descriptions assez précises ont été faites sur les champs de bataille, avant la proposition du concept de TSPT. La première guerre mondiale a entraîné beaucoup de descriptions de soldats qui souffraient de troubles psychiques. Leur pathologie n’était pas reconnue. On ne soignait pas ces soldats qui étaient renvoyés au front. Quand ils étaient incapables d’y retourner parce qu’ils souffraient de troubles divers, ils étaient parfois considérés comme des simulateurs ou des déserteurs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-traumatismes-psychiques-de-la-grande-guerre-105766">Les traumatismes psychiques de la Grande Guerre</a>
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<p>Lors de la seconde guerre mondiale, on a commencé à mieux reconnaître ces troubles sur le plan sémiologique, c’est-à-dire à définir les différents symptômes associés.</p>
<p>Dans les années 60, la guerre du Vietnam constitue un tournant quand les vétérans de cette guerre font reconnaître leurs souffrances : c’est le <em>post-vietnam syndrom</em>. Ces vétérans vont s’organiser et revendiquer auprès des autorités américaines le fait d’être reconnus comme des blessés psychiques.</p>
<p>D’autres mouvements, non liés aux conflits armés, se conjuguent pour renforcer ce concept, à l’image des mouvements féministes post-hippies qui vont mettre sur le devant de la scène les violences faites aux femmes ainsi que des mouvements de protection des enfants, victimes de mauvais traitements et d’abus.</p>
<p>En 1980, le trouble du stress post-traumatique entre dans la classification américaine du DSM. Il devient une entité psychopathologique, avec une reconnaissance internationale.</p>
<p><strong>The Conversation : Les Ukrainiens sont-ils condamnés à souffrir de TSPT parce qu’ils vivent un conflit armé ?</strong></p>
<p><strong>Francis Eustache</strong> : Un nombre important de personnes confrontées à des zones de guerre intense seront concernées par un TSPT, que ce soit les soldats de plus en plus épuisés ou les populations civiles exposées aux bombardements répétés. Mais cette pathologie est mouvante et évolue au fil du temps, elle n’est pas forcément définitive.</p>
<p>De plus, le TSPT revêt des aspects individuels et collectifs, et dépend également de l’évolution de la situation générale dans le pays. Il convient également d’établir des distinctions entre les personnes qui sont au front et celles qui en sont éloignées, même si des bombardements peuvent avoir lieu à l’intérieur des villes.</p>
<p>De plus, l’évolution peut être favorable si les personnes concernées par un TSPT bénéficient d’une bonne prise en charge au plan sanitaire et social : elles vont aller mieux si elles retrouvent un environnement sécurisant.</p>
<p>La guerre en Ukraine est difficile à appréhender parce qu’elle se déroule actuellement. On manque de recul et, globalement, la santé psychique des personnes dépendra beaucoup de l’évolution du conflit et de sa résolution.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224107/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Francis Eustache a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour le Programme 13-Novembre.</span></em></p>Un trouble de stress post-traumatique dit « complexe » peut se développer chez des personnes exposées à des événements multiples répétés dans le temps, comme le conflit qui sévit depuis deux ans en Ukraine.Francis Eustache, Directeur de l'unité Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine, Inserm, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Université de Caen Normandie, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2235942024-02-21T15:45:50Z2024-02-21T15:45:50ZL’orgasme, une symphonie cérébrale parfaitement orchestrée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575660/original/file-20240212-24-5rben.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=48%2C26%2C3546%2C2667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-ce le cerveau qui contrôle l’orgasme, ou l’inverse ? Ce qui est prouvé, c’est que l’orgasme peut avoir des effets bénéfiques sur la santé.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-illustration/blend-female-portrait-vivid-colors-on-514475704">agsandrew / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>« Donnez-moi la même chose qu’elle », dit Estelle Reiner au serveur en désignant Meg Ryan, qui vient de simuler un <a href="https://theconversation.com/fr/topics/orgasme-65476">orgasme</a> dans le restaurant où a lieu la fameuse rencontre du film <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Quand_Harry_rencontre_Sally"><em>Quand Harry rencontre Sally</em></a> (1989). Cette <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8Pmlc9HlqzM">célèbre scène</a> est sans doute l’orgasme le plus connu de l’histoire du cinéma.</p>
<p>L’orgasme. Nous avons entendu, lu ou prononcé ce mot à de nombreuses reprises sans certainement nous arrêter pour réfléchir à sa signification. Son origine vient du mot grec <em>orgasmos</em>, qui dérive lui-même de <em>orgé</em> (« tempérament », « colère », « fureur »), et du suffixe <em>-asmos</em>, qui renvoie à l’idée de « résultat brusque », « coup ». L’orgasme est le point culminant intense et agréable de l’excitation sexuelle. Il se caractérise par des contractions rythmiques des muscles du plancher pelvien, accompagnées d’un plaisir intense et suivies d’un sentiment de relaxation et de satisfaction.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mieux-anticiper-les-dechirements-du-perinee-220493">Mieux anticiper les déchirements du périnée</a>
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<h2>Le système nerveux est aux commandes</h2>
<p>Et si nous définissions l’orgasme de manière plus technique ? Nous dirions alors qu’il s’agit de l’intensité maximale de l’excitation générée par la stimulation afférente des récepteurs sensoriels viscéraux et/ou somatiques activés de manière exogène et/ou endogène. Cette intensité est associée à l’apparition de processus cognitifs d’ordre supérieur puis elle est suivie d’un relâchement et d’une résolution (diminution) de l’excitation.</p>
<p>Cette définition ressemble à du charabia. Mais elle nous rapproche probablement du véritable architecte de cette symphonie d’activités neuronales : le système nerveux. L’orgasme est un événement complexe qui implique une interaction synergique entre le corps et l’esprit. Et quel meilleur chef d’orchestre que notre système nerveux pour jouer ce rôle ?</p>
<p>En effet, des études basées sur l’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22465619/">imagerie par résonance magnétique fonctionnelle</a> montrent que pour atteindre un orgasme, de multiples structures nerveuses doivent être activées, ce qui entraîne une <em>tempête sympathique hyperactive</em>. Il s’agit d’un état dans lequel le système nerveux sympathique – celui qui contrôle les actions involontaires du corps comme la respiration ou le rythme cardiaque – présente une activité excessive. Cette frénésie provoque des changements physiologiques dans l’organisme, tels qu’une augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle ou de la respiration (qui devient plus rapide et plus profonde).</p>
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<h2>Voici à quoi ressemble l’orchestre dirigé par le cerveau</h2>
<p>Mais la symphonie ne s’arrête pas là. À cette réponse périphérique, s’ajoute une activation centrale impliquant plusieurs régions du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cerveau-21903">cerveau</a>. Il est temps de rencontrer ses protagonistes.</p>
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<li><p>Le <strong>cortex sensoriel</strong> est responsable du traitement des informations tactiles et sensorielles telles que la stimulation du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21797981/">clitoris, du col de l’utérus ou du vagin</a>. Pendant l’orgasme, cette région du cerveau est activée, en réponse à la stimulation agréable qu’elle reçoit.</p></li>
<li><p>Les contractions rythmiques qui caractérisent l’orgasme sont le résultat de l’activation du <strong>cortex moteur</strong>, qui est responsable de la coordination de la réponse musculaire qui accompagne l’orgasme sexuel. C’est comme si le cerveau dirigeait une succession de mouvements qui se terminent par un <em>crescendo</em> de plaisir.</p></li>
<li><p>Des études scientifiques ont montré que le <strong>cortex visuel</strong> est également activé. Ce qui suggère que, pendant l’orgasme, l’attention portée aux surfaces corporelles qui se trouvent stimulées ainsi qu'à l’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14534252/">imagerie visuelle</a> est accrue.</p></li>
<li><p>Même si tous les instruments sont importants dans un orchestre, au niveau du cerveau, la véritable star de cette symphonie est le <strong>système limbique</strong> qui constitue le centre des émotions et de la récompense. C’est là que toute la musicalité de l’apogée sexuelle se déchaîne. L’une des principales structures limbiques impliquées est l’<strong><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22465619/">hypothalamus</a></strong>. Il coordonne la libération des hormones sexuelles et des neurotransmetteurs essentiels au processus d’excitation sexuelle et au développement de l’orgasme.</p></li>
<li><p>En suivant le rythme, l’<strong>amygdale</strong> apparaît comme un acteur de premier plan. Cette structure cérébrale est spécialisée dans le traitement des émotions, y compris celles associées à la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sexualite-20483">sexualité</a>, comme l’excitation et le plaisir. Pendant l’orgasme, l’activité de l’amygdale augmente, ce qui contribue à intensifier notre réponse émotionnelle et notre sensation de plaisir.</p></li>
<li><p>L’<strong>hippocampe</strong>, connu pour son rôle dans la mémoire et l’apprentissage, a également sa place dans cet orchestre neuronal. Il est responsable de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22353205/">l’encodage et de la consolidation</a> des expériences sexuelles agréables. Cela signifie que le système limbique peut influencer la manière dont nous nous souvenons et traitons nos expériences sexuelles, y compris les orgasmes. Ces processus peuvent conditionner nos <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22609047/">réponses émotionnelles</a> et notre comportement sexuel futur.</p></li>
<li><p>Enfin, d’autres structures cérébrales telles que le <strong>cervelet</strong> et sa projection vers le <strong>tegmentum pontique</strong> sont <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19219848/">impliquées</a> dans les composantes cardiovasculaires et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17413656/">motrices</a> de l’orgasme. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23981195/">Il a été démontré</a> que l’activation de la région ventrolatérale du tegmentum pontique produit les contractions du plancher pelvien qui sont responsables, chez la femme, (au moins en partie) de l’orgasme physique. Chez l’homme, cette zone génère aussi des contractions du plancher pelvien responsables, cette fois, de l’éjaculation.</p></li>
</ul>
<h2>Un flot de neurotransmetteurs</h2>
<p>À la fin, tout repose sur les neurotransmetteurs, ces messagers chimiques qui créent une poussée de sensations agréables qui envahissent le cerveau. Voyons leur rôle.</p>
<ul>
<li><p>La <a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/pour-le-plaisir-cest-quoi-la-dopamine/">dopamine</a>, qui est connue comme le neurotransmetteur du plaisir et du bonheur, atteint des niveaux maximums pendant l’orgasme, ce qui génère une sensation d’extase et de récompense.</p></li>
<li><p>Souvent appelée <a href="https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2012/revue-medicale-suisse-333/l-ocytocine-hormone-de-l-amour-de-la-confiance-et-du-lien-conjugal-et-social">« hormone de l’amour »</a>, l’ocytocine est également libérée en grandes quantités, ce qui favorise les liens émotionnels et l’intimité entre les partenaires sexuels. C’est comme si le cerveau était programmé pour renforcer les liens pendant cette période, favorisant ainsi une plus grande connexion entre les partenaires.</p></li>
<li><p>Pendant l’orgasme, le cerveau sécrète également de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5005298/">sérotonine</a>, une <a href="https://institutducerveau-icm.org/fr/la-serotonine/">substance</a> liée à la régulation de l’humeur et au bien-être émotionnel. Elle contribue à produire une sensation de satisfaction et de bonheur, ce qui nous amène à comprendre que l’orgasme n’est pas seulement un événement physique, mais aussi mental.</p></li>
</ul>
<h2>Un black-out salutaire</h2>
<p>Dans ce contexte, l’expérience émotionnelle et phénoménologique de l’orgasme est liée à la désactivation de certaines zones du cerveau, telles que le cortex préfrontal, temporal et entorhinal. Cela est interprété comme une augmentation de la perception de l’expérience agréable et de la sensation de satiété qui accompagne l’apogée sensorielle.</p>
<p>À la lumière de toutes ces recherches, il n’est peut-être pas évident de déterminer si c’est le cerveau qui contrôle l’orgasme ou si c’est l’inverse. En fait, certaines <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17156391/">études</a> démontrent que de nombreuses zones sont désactivées au moment même où l’acte sexuel est culminant, ce qui suggère que le cerveau « s’éteint » virtuellement, à l’exception du tronc cérébral – responsable de l’activité cardiovasculaire – et du cervelet – responsable des mouvements.</p>
<p>Ce qui est prouvé, c’est que l’orgasme peut avoir des effets bénéfiques sur la santé : il soulage le stress, améliore l’humeur et renforce le système immunitaire. De plus, la libération d’endorphines et d’autres substances chimiques peut avoir des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires, en soulageant la douleur et en favorisant un sentiment général de bien-être.</p>
<p>Après avoir lu cet article, je suis sûre que vous serez d’accord avec Estelle Reiner et que vous commanderez la même chose que Meg Ryan.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223594/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>José A. Morales García ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Différentes zones du cerveau sont impliquées dans l’extase sensorielle qui caractérise l’orgasme. Certaines sont activées, d’autres inactivées, comme les instruments d’un orchestre.José A. Morales García, Investigador científico en enfermedades neurodegenerativas y Profesor de la Facultad de Medicina, Universidad Complutense de MadridLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2232122024-02-20T14:40:04Z2024-02-20T14:40:04ZLes personnes souffrant de TOC ont une moins longue espérance de vie<p>Une nouvelle étude a récemment révélé que les personnes atteintes de <a href="https://www.nhs.uk/mental-health/conditions/obsessive-compulsive-disorder-ocd/overview/">troubles obsessionnels compulsifs</a> (TOC) ont un <a href="https://www.bmj.com/content/384/bmj-2023-077564.full">risque accru de décéder plus tôt que les autres</a>, que ce soit de cause naturelle ou non naturelle.</p>
<p>De précédents travaux avaient déjà identifié des <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2484488">excès de mortalité chez les personnes souffrant de TOC</a>, mais les causes spécifiques de ces décès n’avaient pas été étudiées plus avant – à l’exception peut-être du suicide. Il avait notamment été découvert que les personnes souffrant de TOC avaient des <a href="https://www.nature.com/articles/mp2016115">taux de suicide similaires à ceux de personnes atteintes d’autres troubles mentaux</a>.</p>
<p><a href="https://www.psychiatry.org/patients-families/obsessive-compulsive-disorder/what-is-obsessive-compulsive-disorder">Les TOC affectent environ 2 % de la population</a>. Les personnes qui en souffrent expérimentent des pensées répétitives et intrusives qui les plongent dans la détresse (elles sont, par exemple, obnubilées par la peur d’être contaminées, ou de devenir agressive envers d’autres personnes). Afin de diminuer l’inconfort causé par ses pensées, elles accomplissent des rituels extrêmement chronophages : rituels de nettoyage, de répétition, de vérification…</p>
<p>Ce trouble dégrade significativement leur qualité de vie, affecte leurs relations ainsi que leurs activités sociales et, d’une façon générale, leur capacité à vivre normalement.</p>
<p>Mes collègues et moi-même, au Karolinska Institute en Suède, avons décidé d’essayer de comprendre comment les décès de cause naturelle ou ceux de cause non naturelle <a href="https://www.bmj.com/content/384/bmj-2023-077564.full">contribuent à la mortalité plus élevée constatée chez les personnes souffrant de TOC</a>.</p>
<p>Nous nous sommes pour cela appuyés sur les registres de population suédois, lesquels incluent des données administratives et de santé pour l’ensemble de la population du pays. Grâce à ces registres, nous avons pu comparer un groupe de 61 378 individus diagnostiqués comme souffrant de TOC avec 613 780 personnes non atteintes par cette pathologie.</p>
<p>Les données enregistrées dans ces bases nous ont permis de suivre ces deux groupes sur une période de plus de 40 ans, de 1973 à 2020. Nous avons ainsi découvert que les personnes atteintes de TOC mouraient à un âge moyen de 69 ans, contre 78 ans celles qui n’en souffraient pas.</p>
<p>Le risque de décès au cours de la durée couverte par cette étude était accru de 82 % dans le groupe des personnes ayant un TOC par rapport au groupe qui n’était pas atteint par cette pathologie.</p>
<p>Ce risque accru de décès s’est avéré attribuable à la fois à des causes naturelles (le risque est alors augmenté de 31 %) et à des causes non naturelles (risque augmenté de 230 %).</p>
<h2>Des causes spécifiques</h2>
<p>C’est la première fois que des travaux identifient les causes spécifiques à l’origine des décès « naturels » de personnes souffrant de TOC. Nos résultats révèlent que l’accroissement du risque de mortalité qui les concerne est dû à des risques accrus de maladie pulmonaire (73 %), de troubles mentaux et comportementaux (58 %), de maladie des tractus urinaires et génitaux (55 %), de maladies endocrines, métaboliques et d’origine nutritionnelle (47 %), ainsi que de maladies touchant les vaisseaux sanguins (33 %), le système nerveux (21 %) et le système digestif (20 %).</p>
<p>Curieusement, le risque de décès par cancer était inférieur de 13 % chez les personnes souffrant de TOC. La raison pour laquelle ce risque est moindre, à l’inverse des risques cités plus haut, n’est pas connue.</p>
<p>Parmi les causes de mort non naturelle, le principal contributeur à cette mortalité accrue s’est avéré être le suicide. Le risque de suicide est en effet cinq fois plus élevé chez les personnes atteintes de TOC que chez les autres. Les personnes avec TOC ont par ailleurs un risque 92 % plus élevé de mourir dans un accident, notamment dans des accidents de la route ou suite à des chutes.</p>
<p>La prise en compte de l’existence d’autres troubles mentaux, tels que l’anxiété, la dépression, ou des troubles liés à l’utilisation de substances n’a pas modifié ces résultats. Qui plus est, la comparaison au sein de fratries, de personnes souffrant de TOC avec leurs frères et sœurs qui n’en souffraient pas n’a pas non plus modifié ce résultat.</p>
<p>Ceci confirme que cette situation n’est pas attribuable à des facteurs annexes (environnementaux, génétiques, des troubles mentaux associés…), mais semble bien être lié aux TOC eux-mêmes.</p>
<h2>Des décès en grande partie évitables</h2>
<p>Ces résultats ne semblent pas particulièrement positifs pour les personnes souffrant de TOC. Cependant, il est important de noter qu’au sein du groupe étudié la proportion de personnes décédées de chacune des causes citées précédemment était relativement faible, même si par rapport au groupe ne souffrant pas de TOC, cela se traduit par un risque plus élevé.</p>
<p>Ainsi, au cours de la période sur laquelle s’étendait l’étude, 2,5 % des personnes atteintes de TOC sont décédées des suites de maladies cardiovasculaires (crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux…), un pourcentage plutôt faible. Ce pourcentage est néanmoins plus élevé que celui constaté dans le groupe sans TOC, qui est plutôt de 1,8 %.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, il n’est pas acceptable que les personnes atteintes de TOC aient à faire face à ces risques supplémentaires. Nous espérons que ces résultats contribueront à une meilleure prise en charge de ces patients, en incitant notamment les professionnels de santé à prendre conscience de cette situation.</p>
<p>Soulignons que la plupart des causes de décès pour lesquelles un risque accru a été démontré pour les personnes atteintes de TOC concernent des causes externes (telles que le suicide, les accidents) ou des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète, maladies pulmonaires chroniques, troubles mentaux, troubles neurologiques…). Or, ces causes de décès sont généralement considérées comme évitables.</p>
<p>Les personnes atteintes de TOC doivent elles aussi être conscientes qu’elles sont concernées par l’augmentation de ces risques. Cela peut les motiver à modifier leurs comportements, en les incitant par exemple à faire davantage d’exercice et à adopter une alimentation plus saine, des pratiques qui peuvent jouer un rôle dans la prévention de ces maladies et des décès prématurés qui y sont associés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223212/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lorena Fernandez de la Cruz a reçu des fonds du Conseil suédois de la recherche pour la santé, la vie professionnelle et le bien-être (FORTE), de la région de Stockholm (fonds ALF), de la Société suédoise de médecine (Svenska Läkaresällskapets) et du Karolinska Institutet. Elle reçoit également des royalties pour sa contribution à UpToDate et Wolters Kluwer Health, ainsi que pour du travail éditorial pour Elsevier, qui ne concerne pas les travaux de recherche qu’elle soumet.</span></em></p>Les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs ont un risque de décès accru par rapport aux autres, que ces décès résultent de causes naturelles ou d’accidents.Lorena Fernández de la Cruz, Clinical Researcher, Psychiatric Epidemiology, Karolinska InstitutetLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2231012024-02-19T14:55:01Z2024-02-19T14:55:01ZHuîtres contaminées au norovirus : les limites des dispositifs de surveillance<p>Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/huitres-88863">huîtres</a> dont la vente avait été suspendue en décembre dernier sur plusieurs sites de production, et notamment sur le <a href="https://www.gironde.gouv.fr/Actualites/Communiques-de-presse/Communiques-de-presse-2024/Janvier-2024/Levee-de-l-interdiction-temporaire-des-coquillages">Bassin d’Arcachon</a>, sont revenues sur les étals mi-janvier.</p>
<p>Petit retour sur l’enchaînement des évènements qui a conduit à leur interdiction entre <a href="https://theconversation.com/fr/topics/noel-63210">Noël</a> et le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/nouvel-an-80568">Nouvel An</a> :</p>
<p>Le samedi 23 décembre 2023 débutent les vacances scolaires des fêtes de fin d’année. Le menu des repas se précise : on compte le nombre de convives pour la commande des huîtres. Récupérés chez les ostréiculteurs, les poissonniers ou en grandes surfaces, les huîtres sont majoritairement consommées crues et vivantes.</p>
<p>À noter qu’en France l’espèce d’huître majoritairement élevée est la <em>Crassostrea gigas</em>, huître creuse originaire du Japon. L’huître plate européenne, <em>Ostrea edulis</em>, est moins courante sur les parcs à huîtres et dans les étals.</p>
<p>Le 24 au soir, puis le 25 à midi, les amateurs se régalent. Dès le 25 décembre, les premiers symptômes de <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/gastro-enterite-adulte">gastroentérites</a> se déclarent, réclamant parfois les services des urgences. Pour nombre de familles, c’est tout d’abord l’incompréhension, puis les soupçons se portent sur les huîtres.</p>
<h2>Décembre 2023 : des interdictions de vente sur plusieurs sites</h2>
<p>Le mercredi 27 décembre, à Bordeaux, le préfet de la Gironde signe un <a href="https://www.atlas-sanitaire-coquillages.fr/sites/default/files/arrete/AP%202023-12-27%20Interdiction%20p%C3%AAche%20r%C3%A9colte%20commercialisation%20coquillages%20Bas%E2%80%A6%20cachon.pdf">arrêté</a> suspendant toute activité pouvant mener à la consommation des coquillages du Bassin d’Arcachon jusqu’à la <a href="https://www.gironde.gouv.fr/Actualites/Communiques-de-presse/Communiques-de-presse-2024/Janvier-2024/Levee-de-l-interdiction-temporaire-des-coquillages">levée de l’interdiction</a>, 28 jours après la dernière contamination connue des autorités de santé.</p>
<p>Les fêtes ont également été gâchées pour les ostréiculteurs du Calvados, où l’interdiction de consommation a débuté fin décembre, ainsi que pour les ostréiculteurs de Loire-Atlantique <a href="https://www.plateforme-sca.fr/ndeg103-12-janvier-2024">dès début décembre</a>.</p>
<p>Les ostréiculteurs ont été accusés, notamment par une association de défense de l’environnement, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/12/huitres-d-arcachon-contaminees-beaucoup-savaient-une-association-porte-plainte_6210462_3244.html">d’avoir commercialisé les huîtres alors qu’ils « savaient »</a>, selon l’association, qu’elles étaient contaminées.</p>
<p>De l’autre côté, les <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/reportage-les-ostreiculteurs-du-bassin-d-arcachon-soulages-par-la-fin-de-l-interdiction-de-la-vente-d-huitres-pointent-la-gestion-des-eaux-usees_6313275.html">ostréiculteurs se revendiquent victimes de la gestion des eaux du bassin versant et demandent à être indemnisés</a> pour les pertes économiques subies… sachant que leurs huîtres ne sont pas « malades ».</p>
<p>Porteuses saines (cliniquement saines mais portant des éléments pathogènes), les huîtres ne font que transmettre le virus, en l’occurrence un <a href="https://www.anses.fr/fr/content/eviter-intoxications-alimentaires-norovirus">norovirus</a>, à celles et ceux qui les consomment.</p>
<p>Le problème s’était déjà produit sur la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/16/les-conchyliculteurs-de-l-etang-de-thau-attaquent-la-ville-de-sete-pour-atteinte-a-l-environnement_6158101_3244.html">lagune de Thau à Noël 2022</a> et dans d’autres bassins de production les années précédentes. Alors, que s’est-il passé ? Pourquoi le même problème subsiste-t-il ? N’y a-t-il pas une surveillance sanitaire accrue des huîtres en période de fêtes ?</p>
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<p>Les huîtres sont des <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00014/12517/9372.pdf#page=2">bivalves filtreurs</a> : leur corps mou est protégé par deux parties (valves) calcaires articulées par une charnière. Elles se nourrissent des microorganismes (principalement des phytoplanctons, microalgues en suspension…) présents dans l’eau, qu’elles filtrent à travers leurs branchies. Elles sont capables de filtrer environ 4,5 l par heure.</p>
<h2>Des coquillages bioaccumulateurs… consommés crus</h2>
<p>Les huîtres sont qualifiées de <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00729/84082/89005.pdf">« sentinelles »</a> de leur environnement. Comme ces coquillages ont la capacité de concentrer certains microéléments de l’environnement, ils peuvent être utilisés comme bioaccumulateurs afin de dépolluer une zone spécifique, un <a href="https://www.billionoysterproject.org/">projet</a> est par exemple mené dans ce sens dans le port de New York.</p>
<p>Ces qualités posent néanmoins problème quand les huîtres sont élevées pour leur chair : les consommateurs sont alors exposés à des risques sanitaires en raison des pollutions chimiques, biologiques, microbiologiques, virales, etc., qui touchent les eaux littorales.</p>
<p>Les risques sont d’autant plus importants que les huîtres sont mangées crues. En France métropolitaine, une surveillance a été mise en place à partir des années 1980 par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (<a href="https://www.ifremer.fr/fr">Ifremer</a>) et les eaux sont contrôlées régulièrement. Au total, cinq réseaux sont déployés sur toute la France qui permettent de déterminer la qualité sanitaire de l’eau et des coquillages (<a href="https://littoral.ifremer.fr/Reseaux-de-surveillance">Réseaux de surveillance Ifremer</a>).</p>
<h2>Une surveillance des eaux et des huîtres</h2>
<p>Une nomenclature a été proposée à partir de la <a href="https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/74/protection-et-gestion-des-eaux">directive-cadre européenne sur l’eau</a>, au regard des concentrations de la bactérie <em>Escherichia coli</em> <a href="https://theconversation.com/aliments-contamines-par-la-bacterie-e-coli-quels-effets-sur-la-sante-et-comment-prevenir-les-infections-185176">dont certaines souches sont potentiellement pathogènes</a> et peuvent mener à des symptômes comme des crampes abdominales ou des diarrhées.</p>
<p>Des règles sont alors appliquées dans les élevages de coquillages pour que la santé des consommateurs ne soit pas en danger. Outre les contrôles concernant les substances qui influent sur la santé humaine, la santé des coquillages fait également l’objet d’une surveillance avec le <a href="https://ged.cnc-france.com/share/proxy/alfresco-noauth/api/internal/shared/node/sRj-vKzaSOm8eXUgO7qmpw/content/Plaquette%20de%20pr%C3%A9sentation%20Repamo.pdf">réseau REPAMO</a>. Les analyses des résultats permettent l’édition régulière de bulletins de surveillance transmis aux professionnels via leurs représentants.</p>
<p>Lorsque les mesures dépassent les seuils autorisés, une <a href="https://www.calameo.com/read/006961968531b1e70d151">alerte est émise par l’Ifremer tandis que le laboratoire départemental vétérinaire réalise un nouveau prélèvement</a> pour vérifier si la contamination persiste. Les mesures à mettre en place selon le niveau d’alerte seront prises par arrêté préfectoral. Par exemple, le niveau 0 d’alerte pour les concentrations en <em>E. coli</em> correspond à de la prévention face à des pluies importantes ou à des pollutions identifiées.</p>
<p>En parallèle, dans les réseaux d’expédition de coquillages, des prélèvements systématiques sont réalisés par les services vétérinaires pour certifier la qualité des produits proposés. Chaque lot d’huîtres est accompagné d’une étiquette sanitaire qui permet une bonne traçabilité des coquillages et une identification rapide de leur provenance en cas de contamination. Les huîtres sont donc étroitement surveillées et les épidémies d’origine bactérienne sont généralement évitées.</p>
<h2>Des norovirus difficiles à détecter</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Basée sur des images de microscopie électronique (ME), l’illustration est une représentation graphique tridimensionnelle (3D) d’un certain nombre de virions de norovirus de couleur bleue, sur un fond noir" src="https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Représentation graphique 3D de virions de norovirus basée sur des images de microscopie électronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=21347">CDC/Jessica A. Allen</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sauf que les malades déclarés cet hiver n’étaient pas contaminés par <em>E. coli</em>. Ils ont montré des symptômes de gastroentérites en raison de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0273Fi.pdf">norovirus</a>.</p>
<p>La transmission des norovirus par les huîtres est facilitée par la tendance à sélectionner <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00044/15550/12937.pdf">certaines souches</a>, ce qui favorise la transmission à l’humain. De plus, ces virus ne font pas l’objet d’un suivi sanitaire systématique comme les bactéries : ils sont en effet beaucoup plus complexes à détecter. C’est pourquoi l’interdiction de vente ne se fait qu’après la déclaration de malades.</p>
<p>La saisonnalité de ces virus est très marquée : la plupart des épidémies survient l’hiver, d’où l’apparition du problème principalement lors des fêtes de fin d’année. Ils sont en outre résistants à certains traitements d’épuration et suffisamment stables pour persister dans l’environnement. Les épidémies hivernales induisent alors des charges virales importantes dans les eaux usées, puis dans les eaux littorales.</p>
<h2>Cercle vicieux de contaminations humaines et des eaux… filtrées par les huîtres</h2>
<p>L’hiver est la saison la plus pluvieuse dans la majorité des régions françaises. Ces pluies entrainent des <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00060/17118/14630.pdf">dysfonctionnements dans les réseaux d’assainissement</a>. Se forme alors un cercle vicieux : les populations humaines sont malades donc des virus sont concentrés dans les eaux usées ; les pluies font dysfonctionner les réseaux d’épuration donc les virus passent dans les eaux littorales avec des charges virales fortes ; les huîtres filtrent l’eau et concentrent les virus ; les consommateurs mangent ces huîtres et l’eau qu’elles contiennent donc ils et elles tombent malades et contaminent leurs proches ; ce qui accroît la charge virale dans les eaux usées.</p>
<p>Une partie des malades se rend chez le médecin, et à partir de deux personnes présentant les symptômes de la gastroentérite ayant consommé le même repas, le médecin déclarera une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) <a href="https://www.formulaires.service-public.fr/gf/cerfa_12211_02.do">via ce formulaire</a> envoyé à l’Agence régionale de santé.</p>
<p>Une enquête est menée pour identifier l’aliment puis des mesures sont prises pour le retirer de la vente, ce qui permettrait de briser la boucle de contamination. Dans le cas des huîtres, un arrêté préfectoral est signé pour l’interdiction de l’ensemble des actions pouvant mener à leur commercialisation.</p>
<h2>Impuissance et colère des ostréiculteurs</h2>
<p>La colère et le sentiment d’injustice qu’expriment les ostréiculteurs proviennent principalement de leur impuissance dans la gestion de la charge virale présente dans l’eau, et de l’incertitude qu’ils et elles ressentent face à ce risque. Les fêtes de fin d’année représentent près de 50 % de leur chiffre d’affaires, d’où leur question : <a href="https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/huitres-interdites-a-la-vente-qui-va-payer-l-addition-s-interrogent-les-producteurs-en-colere-7900336534">« Qui va payer l’addition ? »</a>.</p>
<p>Cependant, les alertes sur les pluviométries importantes et les potentiels dysfonctionnements des stations d’épuration, surtout l’hiver, peuvent signaler une augmentation du risque d’épidémie par des norovirus. Ces épidémies peuvent donc a priori être anticipées. Pour autant, les huîtres ne sont pas autorisées – pour le moment – à être stockées dans des bassins en circuit fermé en vue de leur vente et ces zones de stockage ont par ailleurs un coût élevé d’installation et d’entretien.</p>
<h2>Tout le monde est perdant… sauf les huîtres</h2>
<p>Finalement tout le monde est perdant, sauf les huîtres : les consommateurs et leurs proches sont malades, les ostréiculteurs perdent beaucoup d’argent (directement et indirectement car cela affecte la réputation de leurs produits), les services de l’État et les gestionnaires des eaux usées sont pris en étau comme responsables.</p>
<p>Mais les huîtres peuvent rester en vie plus longtemps car, même si elles ne sont pas elles-mêmes malades, elles ne seront pas consommées sur la période… Leur répit n’est toutefois que de courte durée, puisque trois semaines après l’interdiction de vente, les mêmes huîtres seront proposées sur les étals, cette fois sans risques de maladies pour les consommateurs.</p>
<p>Les huîtres auront naturellement relargué les virus par la suite détruits par un séjour prolongé dans l’eau de mer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223101/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>DULAT Julie a reçu les financements suivants : l'allocation de recherche doctorale de l’ED60 (Université Paul Valéry Montpellier 3), la bourse d’études de la Fondation Soroptimist International pour l’année 2022-23, la bourse de recherche « Trophée Minerva » de la Fondation F.Initiativas pour l’année 2022-23, ainsi que les bourses de mobilité du Collège Doctoral Languedoc-Roussillon, de l’ED60 et de l’UMR SENS.
</span></em></p>En décembre, la vente d’huîtres contaminées par des norovirus a été interdite car leur consommation provoque des gastroentérites. Des dispositifs existent pourtant pour anticiper les épidémies.Julie Dulat, Doctorante en anthropologie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2231022024-02-18T15:49:12Z2024-02-18T15:49:12ZPesticides et santé : les agriculteurs ont été, sont et seront les principales victimes de ces substances<p>Jeudi 1er février 2024, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/02/gabriel-attal-tente-d-eteindre-la-colere-des-agriculteurs-en-cedant-sur-l-environnement_6214355_823448.html">mise en pause du plan Écophyto II+</a>, qui visait à <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">« réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025 »</a>. Cette décision visait à satisfaire les demandes d’une partie des agriculteurs, dans le contexte des négociations destinées à mettre un terme à la crise débutée en janvier.</p>
<p>Les effets délétères de ces substances sur la santé, et en particulier celle des exploitants agricoles des pays occidentaux et de leurs familles, sont pourtant de mieux en mieux documentés. Plusieurs types de cancers sont notamment plus répandus dans les populations d’agriculteurs que dans la population générale. C’est aussi le cas de diverses maladies neurodégénératives et respiratoires.</p>
<p>Voici ce que l’on en sait à l’heure actuelle, et les questions qui restent posées.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un « pesticide » ?</h2>
<p>Sous l’appellation de « pesticides » sont regroupés un ensemble de produits de synthèse ou naturels visant à lutter, le plus souvent en les détruisant, contre les organismes jugés nuisibles pour l’être humain ou ses activités, notamment en agriculture.</p>
<p>Ces substances répondent à quatre usages : il peut s’agir de produits phytopharmaceutiques (les plus connus des pesticides, ceux qui sont utilisés sur les cultures), de certains biocides (utilisés dans les bâtiments d’élevage ou en salle de traite, pour traiter le bois afin de le protéger des insectes et des moisissures…), de certains médicaments vétérinaires (antiparasitaires externes ou antifongiques) et enfin de certains médicaments destinés à la santé humaine (anti-poux, anti-gale, anti-mycoses…).</p>
<p>Les pesticides ont donc par nature une activité toxique vis-à-vis du vivant. Ils sont de ce fait soumis à une réglementation plus ancienne et plus contraignante que la plupart des autres produits chimiques. Cette réglementation, établie au niveau européen, <a href="https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/pesticides">est complexe</a>, car elle vise à encadrer le quadruple usage de ces substances.</p>
<h2>Des effets sur la santé connus de longue date</h2>
<p>L’histoire des pesticides commence à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. En France, dès les années 1880, certaines substances (arsenicaux, dérivés du cuivre et du soufre) ont été employées dans les régions où l’agriculture s’intensifiait, notamment en viticulture et en arboriculture. Déjà à cette époque, <a href="https://hal.science/hal-01196933">des médecins hygiénistes notèrent chez les travailleurs agricoles l’émergence de nouvelles maladies</a> liées à leur emploi.</p>
<p>Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que l’usage des pesticides prend véritablement son essor, avec le passage à une production industrielle en quantité et en variété des familles chimiques. Conséquence : dès les années 1950-1970, plusieurs constats préoccupants sont faits.</p>
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<img alt="Publicité pour des pesticides à base de nicotine, The Florists’ Review, novembre 1917" src="https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=887&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=887&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=887&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1115&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1115&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1115&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Publicité pour des pesticides à base de nicotine, The Florists’ Review, novembre 1917.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://archive.org/details/5205536_40_3/page/n189/mode/2up">University of Illinois Urbana-Champaign (via archive.org / Wikimedia Commons)</a></span>
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<p>Des intoxications aiguës se produisent, dans les vergers en Californie, chez les applicateurs d’organophosphorés, ainsi que chez d’autres travailleurs en contact avec les végétaux après les traitements. Des contaminations alarmantes de l’environnement sont détectées, et des travaux révèlent que le lait humain est lui aussi contaminé, notamment par certains insecticides de la famille des organochlorés (tels que le DDT ou le lindane).</p>
<p>Dès les années 1960, en France, certains médecins du travail agricole se préoccupent des effets des pesticides sur la santé des travailleurs agricoles. Aux États-Unis, les critiques associées à leur utilisation ont alimenté dès cette époque d’importantes mobilisations protestataires, dénonçant leurs effets délétères sur la santé des saisonniers agricoles, des consommateurs ou de la faune sauvage.</p>
<p>Après plus de cinquante ans d’études épidémiologiques (1970-2020), il est maintenant admis que les populations agricoles des pays à forts revenus, dans lesquels la plupart des études ont été conduites, présentent des particularités en matière de risque de cancer.</p>
<h2>Trois cancers clairement plus fréquents chez les agriculteurs</h2>
<p>Dans les pays occidentaux, on observe un excès de certains cancers dans les populations agricoles, par rapport à la population générale.</p>
<p>Il s’agit principalement des cancers de la prostate (cancer masculin le plus fréquent en France, il touche chaque année près de 60 000 hommes, entraînant le décès de près de 9 000 d’entre eux), des lymphomes non hodgkiniens et des myélomes multiples.</p>
<p>Pour les cancers de la prostate, au moins 5 méta-analyses ont été conduites sur le lien avec l’exposition professionnelle aux pesticides et elles ont conclu pour quatre d’entre elles à une augmentation de risque variant de 13 à 33 %. Quelques méta-analyses ont porté sur le lien avec des familles chimiques spécifiques de pesticides comme celle sur les insecticides organochlorés qui a conclu à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26245248/">une augmentation de risque variant de 30 à 56 %</a> selon les molécules étudiées. Pour les lymphomes, une méta-analyse datant de 2014 montrait <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24762670/">une augmentation de risque variant de 30 à 70 %</a> pour les 7 familles chimiques étudiées.</p>
<p>Dans sa première expertise collective publiée en 2013, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) concluait à une présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de ces trois cancers. Cette conclusion a été maintenue lors de la <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-07/inserm-expertisecollective-pesticides2021-rapportcomplet-0.pdf**">mise à jour de cette expertise collective, en 2021</a>.</p>
<p>En raison de ces données scientifiques, ces trois cancers font l’objet de tableaux de maladies professionnelles en France (tableau 59 du régime agricole pour les lymphomes non hodgkiniens incluant les myélomes multiples et, tableaux 61 (régime agricole) et 102 (régime général) pour les cancers de la prostate).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-sur-quelles-pathologies-portent-les-soupcons-et-avec-quels-niveaux-de-preuves-217583">Glyphosate : sur quelles pathologies portent les soupçons et avec quels niveaux de preuves ?</a>
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<p>D’autres cancers ayant fait l’objet de moins d’études (leucémies, tumeurs du système nerveux central, sarcomes, cancers du rein et de la vessie), seraient aussi plus fréquents chez les utilisateurs professionnels de pesticides. L’expertise collective Inserm de 2021 a conclu à une présomption moyenne de lien pour ces cancers.</p>
<p>Enfin, de nombreux autres cancers ont été très peu étudiés et n’ont d’ailleurs pas pu faire l’objet d’une analyse détaillée par les expertises de l’Inserm de 2013 et 2021 par manque de moyens humains et/ou de données disponibles. Il s’agit des cancers broncho-pulmonaires, des cancers digestifs (colorectaux, estomac, pancréas, foie, œsophage), des cancers gynécologiques (sein, ovaires, corps et col de l’utérus), des cancers ORL ou des lèvres et des cancers de la thyroïde.</p>
<h2>Les données manquent pour étudier tous les pesticides utilisés</h2>
<p>Il faut noter que peu d’études épidémiologiques ont analysé les liens entre la survenue de cancers ou de maladies chroniques et l’exposition à des familles ou des molécules pesticides spécifiques. En effet, la plupart des études conduites portaient sur des effectifs réduits, ne permettant pas d’explorer la diversité des molécules.</p>
<p>On considère que plus de 1000 molécules à activité pesticide ont été homologuées en Europe, et ont été présentes pour une utilisation agricole à un moment ou un autre. Certaines molécules étant retirées tandis que de nouvelles sont homologuées, aujourd’hui, on considère que le nombre de molécules autorisées est plus proche de 400.</p>
<p>Cependant, il est important de considérer également les molécules retirées du marché, en raison des effets retardés qu’elles peuvent avoir (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/apc-gt-lindane">comme dans le cas du lindane</a>, interdit en France depuis 1998 pour les usages agricoles et assimilés - mais seulement en 2006 dans les produits anti-poux, qui persiste encore néanmoins dans l’environnement).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-vers-une-meilleure-reconnaissance-des-effets-sur-la-sante-des-enfants-dagriculteurs-222330">Pesticides : vers une meilleure reconnaissance des effets sur la santé des enfants d’agriculteurs</a>
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<p>Ainsi, dans le meilleur des cas, pour des cancers très étudiés et pour des familles chimiques de pesticides très anciennes (herbicides tels que le 2,4D ou insecticides organochlorés comme le DDT, utilisés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale), il n’existe pas plus d’une dizaine d’études disponibles permettant de documenter un lien.</p>
<p>Dans la méta-analyse de 2015 qui a conclu à une augmentation de risque de cancer de la prostate de plus de 50 % pour les expositions professionnelles au lindane, faute de données, les auteurs n’ont pu analyser que 5 organochlorés parmi la vingtaine qui ont été utilisés massivement dans le monde depuis les années 1950…</p>
<p>Les auteurs de la méta-analyse de 2014 qui a établi un lien entre lymphomes non hodgkiniens et expositions à des pesticides spécifiques (21 familles chimiques et plus de 80 matières actives rapportées) n’ont identifié que 12 études fournissant des données sur les phénoxy-herbicides (2,4D, MCPA…).</p>
<p>En 2017, d’autres auteurs se sont focalisés sur le lien entre ces lymphomes non hodgkiniens et l’exposition au 2,4D à partir de 12 études cas-témoins et d’une cohorte historique dans une usine de production de cet herbicide. Cette méta-analyse a pu conclure à une augmentation du risque de 70 % chez les professionnels les plus exposés.</p>
<h2>D’autres maladies que le cancer sont aussi concernées</h2>
<p>Au-delà des cancers, des données de plus en plus nombreuses et convergentes indiquent que l’exposition aux pesticides a pour conséquences d’autres effets sur la santé. Les effets sur le cerveau, par exemple, sont de mieux en mieux documentés.</p>
<p>D’après les expertises collectives de 2013 et de 2021 de l’Inserm, le niveau de présomption du lien <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-07/inserm-expertisecollective-pesticides2021-rapportcomplet-0.pdf#page=265">entre l’exposition aux pesticides et le développement d’une maladie de Parkinson est fort</a>. Les connaissances sur ce lien se sont constituées au cours du temps à partir de la survenue de quelques cas observés chez de personnes ayant été exposées à des substances proches de certains herbicides (des toxicomanes ayant consommé des drogues contenant une substance, le MPTP, très proche chimiquement du paraquat et du diquat, deux herbicides largement utilisés).</p>
<p>Ces constats ont été renforcés par des études géographiques montrant une plus forte prévalence de la maladie dans certaines zones agricoles, puis des études cas-témoins et quelques données de cohorte. Au final, les nombreuses études publiées mettent en évidence un risque de maladie de Parkinson quasiment doublé chez les personnes ayant été exposées aux pesticides.</p>
<p>Les données toxicologiques renforcent la compréhension de ce lien : chez des animaux exposés en laboratoire à certains pesticides (notamment la roténone, une molécule dérivée d’une plante et considérée comme un insecticide biologique), des atteintes neurodégénératives ont été mises en évidence.</p>
<p>Par ailleurs, plus d’une cinquantaine d’études ont également révélé des altérations des performances cognitives (capacités du cerveau à traiter les informations) chez les personnes exposées de manière chronique aux pesticides, ce qui a également conduit l’expertise collective de l’Inserm à conclure à un niveau de présomption fort pour ces troubles.</p>
<p>Ces résultats interrogent sur un possible lien avec la maladie d’Alzheimer, pour laquelle les troubles cognitifs peuvent représenter des symptômes précurseurs. Cependant, le nombre d’études sur cette maladie reste aujourd’hui encore limité. De ce fait, le niveau de présomption du lien est considéré comme « moyen ».</p>
<p>Il faut enfin souligner que certaines altérations respiratoires chroniques ont donné lieu à un grand nombre d’études probantes au cours des dix dernières années, amenant l’Inserm à la conclusion d’un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et le risque de développer <a href="https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/">une bronchopneumopathie chronique obstructive</a>, une grave maladie inflammatoire des bronches.</p>
<h2>Accumuler et croiser les données grâce à des cohortes de grande taille</h2>
<p>La difficulté à documenter l’effet de molécules pesticides spécifiques a été en partie résolue dans certaines études récentes, qui se sont essentiellement appuyées sur de grandes cohortes prospectives.</p>
<p>C’est par exemple le cas de l’<em>Agricultural Health Study</em> aux USA, qui porte sur plus de 50 000 agriculteurs utilisateurs de pesticides inclus à la fin des années 1990 (les questionnaires initiaux interrogeaient les agriculteurs sur l’usage d’une cinquantaine de molécules spécifiques).</p>
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<img alt="Un panneau portant une mention en anglais et en espagnol interdisant l’entrée d’une zone traitée." src="https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un panneau portant une mention en anglais et en espagnol interdisant l’entrée d’une zone traitée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eerie_caution_sign_about_use_of_pesticides.jpg">Austin Valley / Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>En France, depuis le milieu des années 2000, la cohorte AGRIculture & CANcer (<a href="https://www.agrican.fr/">AGRICAN</a>) suit plus de 182 000 affiliés agricoles dans 11 départements français métropolitains, dont près de 70 % d’agriculteurs/éleveurs. Ces participants sont utilisateurs de pesticides pour plus de 70 % des hommes et plus de 20 % des femmes.</p>
<p>Les cohortes Agricultural Health Study et AGRICAN sont en outre associées avec des données du recensement agricole norvégien au sein d’un consortium international de cohortes agricoles nommé AGRICOH.</p>
<p>Parallèlement, la plupart des études cas-témoins plus récentes permettent d’analyser le lien avec des pesticides spécifiques. De plus, certaines de ces études cas-témoins – les plus anciennes – sont réunies en consortium internationaux portant sur des maladies ciblées, généralement peu fréquentes, et bénéficiant du regroupement de cas à l’échelle internationale.</p>
<p>C’est le cas du consortium INTERLYMPH : regroupant plus de 20 études cas-témoins conduites dans une dizaine de pays différents, dont la France, il porte sur plus de 17 000 patients atteints de lymphomes.</p>
<h2>Une nocivité confirmée</h2>
<p>À l’heure actuelle, AGRICAN a permis d’obtenir des résultats concernant les effets d’expositions professionnelles agricoles – incluant les pesticides – sur les cancers de la prostate, de la vessie, du côlon et du rectum, du système nerveux central, des ovaires ainsi que pour les myélomes multiples ou les sarcomes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Avertissements sur un sac de semences traitées." src="https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Avertissements sur un sac de semences traitées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Semences_de_France,_produit_canc%C3%A9rig%C3%A8ne.jpg">Wikimedia Commons / Yann</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Pour chacun de ces cancers, plusieurs secteurs de production ont été associés à des effets délétères, ainsi que certaines tâches associées soit à une exposition directe, lors de l’application des pesticides sur les cultures ou en traitement de semences, soit à l’exposition indirecte : réentrée (autrement dit, le fait de revenir dans les cultures juste après les traitements, ce qui conduit à un contact avec des surfaces traitées et un transfert de résidu de la plante vers la peau des travailleurs), contact avec des semences enrobées, récoltes…</p>
<p>Pour permettre aux personnes ayant travaillé en agriculture d’estimer leurs expositions à certains pesticides, en fonction des cultures sur lesquelles elles sont intervenues, un outil épidémiologique (<a href="https://sites.bph.u-bordeaux.fr/PESTIMAT/Pestimat_ModeEmploi">PESTIMAT</a>) a été élaboré. Celui-ci a permis d’évaluer l’influence, dans la survenue de tumeurs du système nerveux central, de molécules pesticides spécifiques, telles que les herbicides, insecticides et fongicides carbamates.</p>
<p>Par ailleurs, en 2019, AGRICOH a permis de conclure à une association entre l’exposition au glyphosate et la survenue d’un type de lymphome particulier, le lymphome diffus à grandes cellules B. Cette analyse a également permis de détecter une association entre l’exposition à un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes, la deltaméthrine, et la survenue d’une autre hémopathie lymphoïde (les leucémies lymphoïdes chroniques).</p>
<p>Enfin, en 2021, les travaux d’INTERLYMPH ont montré (en s’appuyant sur 9 études cas-témoins pour 8 000 patients atteints de lymphomes), que l’exposition des agriculteurs à deux insecticides, le carbaryl et le diazinon, était associée à un doublement du risque de certains lymphomes. L’année suivante, d’autres travaux menés dans le cadre d’INTERLYMPH ont révélé que chez les personnes ayant utilisé pendant de nombreuses années des phénoxy-herbicides comme le 2,4 D, les risques de survenue de plusieurs lymphomes spécifiques étaient doublés.</p>
<h2>Des questions encore en suspens qui concernent aussi d’autres professions</h2>
<p>L’impact de l’exposition professionnelle aux pesticides sur la santé humaine, notamment en termes de cancers et de certaines maladies neurodégénératives, ne fait guère de doute aujourd’hui, en raison d’une littérature scientifique nombreuse et convergente. Les arguments en faveur d’un lien entre cette exposition et d’autres maladies, en particulier respiratoires et endocriniennes, sont aussi de plus en plus nombreux au fil des ans.</p>
<p>Cependant, les connaissances nécessitent d’être encore renforcées. En effet, des zones d’ombre persistent notamment quant aux fenêtres d’exposition les plus critiques. L’impact des expositions aux pesticides pendant la vie fœtale et l’enfance est aussi une source de préoccupations.</p>
<p>Par ailleurs, si l’agriculture est le secteur professionnel utilisant les plus grandes quantités de pesticides, de nombreux autres secteurs d’activité sont également concernés, mais nettement moins étudiés (espaces verts, industrie du bois, hygiène publique, pompiers, industries agroalimentaires…).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Lebailly est membre élu du Conseil d'Administration de la Ligue Nationale de Lutte contre le Cancer au niveau national et au niveau du comité départemental du Calvados. Il a reçu des financements de diverses associations/fondations (Ligue contre le Cancer, Fondation de France, Fondation ARC) et structures publiques (ANSES, Office Français de la Biodiversité, INSERM, ANR...) ou privées (MSA, Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Baldi a reçu des financements de ANR, Ligue contre le cancer, INSERM, ANSES, ECOPHYTO, Fondation de France, ARC, ...(financements publics ou associations reconnues d'utilité publique)</span></em></p>Les effets des pesticides sur la santé des agriculteurs ont été constatés dès la fin du XIXᵉ siècle. Depuis, un lien clair a été établi entre ces produits et certains cancers plus fréquents dans la profession.Pierre Lebailly, Maître de Conférences en Santé publique, membre de l'Unité de recherche Interdisciplinaire pour la prévention et le traitement des cancers - ANTICIPE, chercheur en épidémiologie au Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse à Caen, Université de Caen NormandieIsabelle Baldi, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier, co-directrice de l’équipe EPICENE ( Epidémiologie du cancer et des expositions environnementales) - Centre de Recherche INSERM U 1219, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2206122024-02-18T15:48:08Z2024-02-18T15:48:08Z« L’envers des mots » : Résilience<p>De plus en plus fréquent dans les discours médiatiques et le langage courant, le terme <a href="https://theconversation.com/fr/topics/resilience-22971"><em>résilience</em></a> aurait été utilisé pour la première fois par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9298804/">Emmy Werner</a>. Cette psychologue du développement se pencha dans les années 1980-1990 sur les conséquences à long terme du stress survenu au cours des périodes prénatales et périnatales, à partir d’une recherche longitudinale sur 698 personnes de l’île de Kauaï à Hawaii, de leur naissance à l’âge adulte.</p>
<p>Dans cette recherche, ce qui a étonné l’auteure fut qu’un tiers des enfants à risque n’avaient pas connu de problèmes particuliers pendant leur enfance et étaient devenus des adultes heureux et compétents. En outre, bon nombre des enfants ayant connu des problèmes ont été capables de rebondir à l’adolescence et à l’âge adulte. C’est pour qualifier ces sujets « vulnérables, mais invincibles » qu’Emmy Werner a utilisé le mot « résilience ».</p>
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<p>La définition de la résilience proposée en 2001 par la Fondation de l’Enfance et par le <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2001-10-page-321.htm">groupe de travail dirigé par Michel Manciaux</a> envisage cette notion comme « … la capacité d’une personne, d’un groupe, à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères ».</p>
<p>Pour la professeure en psychologie <a href="https://ulysse.univ-lorraine.fr/discovery/fulldisplay?vid=33UDL_INST:UDL&docid=alma991004344399705596">Marie Anaut</a>, la résilience implique « l’adaptation face au danger, le développement normal en dépit des risques et le ressaisissement de soi après un traumatisme ». Retenons également la <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychanalyse/vilains-petits-canards_9782738109446.php">définition de Boris Cyrulnik</a> pour qui la résilience est « la capacité à réussir, à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comportent normalement le risque grave d’une issue négative ».</p>
<p>L’importance de la résilience a surtout été mise en évidence dans la littérature relative au développement de l’enfant et de l’adolescent. Elle est souvent définie en fonction des facteurs de protection liés à l’individu lui-même et à son environnement. Des facteurs de résilience ont été relevés chez les personnes décrites comme ayant des ressources personnelles (estime de soi, la <a href="https://theconversation.com/aider-un-enfant-a-prendre-confiance-en-lui-les-conseils-de-trois-grands-philosophes-158590">confiance en soi</a>, l’autodiscipline, le courage et l’optimisme face à l’adversité) ou encore possédant des capacités cognitives supérieures à la moyenne, un sentiment de compétence, un lieu de contrôle interne, le sens de l’humour, de l’empathie et des compétences sociales.</p>
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<p>D’autres facteurs contribueraient à la protection des individus : l’adaptabilité au changement, l’autonomie, l’indépendance, les habiletés à résoudre les problèmes, la capacité à donner du sens à l’événement et la religion. Le contexte familial semble également jouer un rôle. Le fait d’avoir des parents chaleureux, de bénéficier de leur soutien, l’absence de conflits, la structuration de la vie de famille sont des facteurs propices à une bonne résilience.</p>
<p>Notons enfin que le soutien social des pairs, des professionnels, de la famille élargie, de professeurs et de voisins est également à prendre en compte. Il prend diverses formes comme le fait de bénéficier d’une présence réconfortante, de conseils ou d’informations susceptibles de constituer une aide pour mieux comprendre les événements ou les épreuves auxquels il faut faire face.</p>
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<p>La position qui domine actuellement la littérature consiste à aborder la résilience en termes de processus. Celle-ci est alors envisagée dans une perspective développementale, c’est-à-dire qu’elle est fonction du stade de développement dans lequel se trouve le sujet, ce qui conduit à des différences de réactions suivant l’âge, l’évolution, la construction psychique, l’entourage du sujet. Ce n’est pas une qualité « fixe » ou un trait de personnalité de l’individu, elle peut être soumise à des variations conséquentes selon les circonstances. Ainsi, la résilience ne se révèle pas dans le quotidien de la vie, mais dans l’épreuve qui seule est susceptible de mobiliser cette ressource, qu’il convient d’aller puiser au plus profond de soi.</p>
<p>Ainsi, pour mobiliser les processus de résilience, les individus doivent être confrontés à des événements aversifs ou traumatisants, comportant de la violence, une effraction physique ou psychique (par exemple, la perte d’un proche, un accident, une maladie…). Il peut aussi s’agir également d’une accumulation d’événements aversifs ou de carences graves et répétées, comme des négligences affectives.</p>
<p>Les processus de résilience peuvent être mis en œuvre dans des situations variées qui contribuent à rompre l’équilibre de l’individu adapté à son environnement. Certaines expériences suscitant des émotions fortes et négatives (comme la peur, la confusion, la défiance, etc.) pourraient constituer des risques pour le bien-être et l’équilibre mental de l’individu. Ainsi, une grande variété de situations est susceptible de mobiliser les processus de résilience, si tant est tant qu’elle soit alors mobilisable.</p>
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<p><em>Cet article s’intègre dans la série <strong><a href="https://theconversation.com/fr/topics/lenvers-des-mots-127848">« L’envers des mots »</a></strong>, consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?</em></p>
<p><em>De <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-validisme-191134">« validisme »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-silencier-197959">« silencier »</a>, de <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-bifurquer-191438">« bifurquer »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-degenrer-191115">« dégenrer »</a>, nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public. À découvrir aussi dans cette série :</em></p>
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<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-technoference-199446"><em>« L’envers des mots » : Technoférence</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-ecocide-200604"><em>« L’envers des mots » : Écocide</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-neuromorphique-195152"><em>« L’envers des mots » : Neuromorphique</em></a></p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/220612/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cyril Tarquinio ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La résilience, cette capacité à « se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants », est en vogue. Mais est-ce une qualité « fixe » qu’un individu possède ou pas ? Peut-elle se développer ?Cyril Tarquinio, Professeur de psychologie clinique, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.