tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/cafe-25182/articlescafé – The Conversation2024-03-21T15:41:48Ztag:theconversation.com,2011:article/2213742024-03-21T15:41:48Z2024-03-21T15:41:48ZAu Mexique, comment une épidémie du caféier a accéléré la déforestation<p>Le café et le <a href="https://theconversation.com/quand-le-boom-du-cacao-au-liberia-pousse-a-la-deforestation-212576">cacao</a> font aujourd’hui partie de notre quotidien, mais la hausse de la demande mondiale pour ces deux produits tropicaux a des conséquences environnementales majeures. Traditionnellement cultivés au sein même de la forêt tropicale, dans des systèmes agroforestiers où les arbres fournissent aux plants de café l’ombre nécessaire à leur développement, café et cacao <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11625-014-0282-4">contribuent désormais de manière importante à la déforestation</a>.</p>
<p>Dans les tropiques, <a href="https://www.cifor.org/knowledge/publication/5167/">l’extension des zones agricoles est la première cause de déforestation</a>. Or les régions tropicales hébergent la majeure partie des <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1890/070193">espèces animales et végétales</a> sur notre planète : la perte de forêts tropicales a bien entendu un impact sur le réchauffement climatique, mais elle représente aussi une érosion irrémédiable de la biodiversité.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quand-le-boom-du-cacao-au-liberia-pousse-a-la-deforestation-212576">Quand le boom du cacao au Liberia pousse à la déforestation</a>
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<p>Les agroforêts <a href="https://www.profor.info/sites/profor.info/files/Coffee_Case%20study_LEAVES_2018.pdf">reculent depuis plusieurs décennies devant l’extension des monocultures</a>. Ces écosystèmes qui concilient production agricole et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880913001424">préservation d’une partie de la forêt et de la biodiversité</a> qu’elle héberge, sont-ils donc voués à disparaître ? Comprendre les menaces qui pèsent sur ces systèmes culturaux est essentiel afin de limiter la déforestation en zone tropicale, mais les politiques agricoles ont aussi une responsabilité dans ces évolutions.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photo de traces oranges sur une feuille de café" src="https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La rouille du caféier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rouille_du_caf%C3%A9ier#/media/Fichier:Hemileia_vastatrix_uredinial_pustules.png">Par Carvalho et al./Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>La crise de la rouille du caféier au Mexique est une illustration de la vulnérabilité des systèmes agroforestiers et des conséquences environnementales parfois malheureuses de politiques agricoles. <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ajae.12441">Dans une étude récente</a>, nous nous sommes penchés sur les conséquences de cette maladie causée par un champignon microscopique (Hemileia vastatrix), sur la déforestation au Mexique, qui a augmenté en moyenne de 32 % par an entre 2012 et 2018, en particulier dans les zones où était pratiquée l’agroforesterie.</p>
<p>Mais la maladie n’est pas seule en cause : la déforestation accrue est aussi pour partie la conséquence de la stratégie de lutte sponsorisée par le gouvernement, qui repose sur le remplacement des caféiers traditionnels par des hybrides robustes à la rouille.</p>
<h2>Une épidémie massive</h2>
<p>Pour le comprendre, revenons sur la culture du café au Mexique. 9<sup>e</sup> producteur mondial en 2011, le pays produit principalement du café de qualité, de type arabica. Contrairement à ses voisins passés massivement à la monoculture de café de type robusta, le Mexique <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/64/5/416/2754235">comptait encore en 2012 80 % de plantations de café sous couvert arboré</a>, les plans d’arabica craignant le soleil à l’inverse des caféiers robusta.</p>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12571-015-0446-9">En 2012, une épidémie de rouille massive</a> a affecté le pays, probablement favorisée par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0261219419303928">températures minimales élevées</a> et un mauvais état d’entretien des plantations alors que les prix internationaux du café étaient très bas.</p>
<p>Le champignon pathogène était présent au Mexique depuis plusieurs décennies, mais son évolution était jusqu’alors contenue : la violence de l’épidémie de 2012 a pris de court l’ensemble des acteurs. Entre 2012 et 2018 la rouille a gagné la quasi-totalité des exploitations du pays. Cette maladie ne tue pas les caféiers mais réduit drastiquement et durablement leur production en limitant leur capacité de photosynthèse.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Propagation de l’épidémie au niveau des municipalités, à partir de 2012.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://doi.org/10.1111/ajae.12441">Calculs des auteurs à partir de statistiques fournies par le SIAP, Mexique.</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Des cultivars résistants pour répondre à la crise</h2>
<p>Face à la crise du secteur, la réponse du gouvernement mexicain a consisté à promouvoir, à partir de 2014, le remplacement des caféiers traditionnels de type arabica, sensibles à la rouille, par des cultivars issus de croisement d’arabica et de robusta. Ces hybrides héritent des robusta la caractéristique de résister à la rouille.</p>
<p>Dans le cadre de ce programme nommé PROCAFE, des aides financières ont été versées aux producteurs afin de subventionner l’achat de plans, et aux pépinières pour qu’elles produisent en masse les cultivars résistants.</p>
<p>Mais ce programme mis en place pour répondre à l’urgence présente deux limites majeures : d’une part la résistance des nouveaux cultivars peut être contournée par la rouille, comme cela <a href="https://apsjournals.apsnet.org/doi/10.1094/9780890546383.009">a déjà été observé au Honduras et au Costa Rica</a>, d’autre part ces caféiers croisés de robusta sont mieux adaptés aux conditions de plein soleil qu’au couvert arboré.</p>
<p>Le programme a ainsi contribué à l’accélération de la déforestation au sein des agroforêts et leur transition vers la monoculture.</p>
<h2>Estimation de l’infestation</h2>
<p>En théorie, un choc négatif sur la production agricole, climatique ou épidémique comme dans le cas de la rouille, a un effet ambigu sur la déforestation. Il peut dans certains contextes <a href="https://www.jstor.org/stable/26269558">limiter la pression sur les forêts</a> en réduisant la profitabilité des exploitations agricoles et en induisant plus d’exode rural, ou à l’inverse <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1910719117">inciter les agriculteurs à accroître la surface de leurs exploitations</a> pour retrouver un niveau de production comparable à celui d’avant le choc.</p>
<p>Pour montrer l’effet causal de l’épidémie de rouille sur la déforestation au Mexique, nous avons utilisé dans notre étude la variabilité locale et temporelle du déclenchement de l’épidémie.</p>
<p>Nous avons également exploité le délai de mise en place du programme PROCAFE afin de tenter de cerner la responsabilité de cette politique agricole dans la transformation des zones de production de café.</p>
<h2>Déforestation accrue</h2>
<p>Nous avons utilisé les données statistiques sur le volume de production de café par municipalité pour détecter le déclenchement local de l’épidémie, en l’absence de données de suivi phytosanitaire. Nous avons pris comme signal d’infestation le constat de deux années consécutives de production anormalement basse, puis avons mesuré la déforestation à l’aide de <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1244693">données satellites renseignant l’évolution du couvert forestier</a> à une résolution fine de 30m par 30m, et croisé ces données avec une carte d’utilisation des sols produite par l’institut national statistique mexicain.</p>
<p>Les données de déforestation utilisées définissent un seuil de 5 mètres de hauteur pour distinguer un arbre d’autres types de végétation. Les plants de café en monoculture ne dépassent pas 5 mètres et ne peuvent être confondus avec des forêts. En revanche, les agroforêts denses traditionnelles où les caféiers sont cultivés sous couvert arboré, sont considérées comme de la forêt.</p>
<p>Nos résultats révèlent une progression de la déforestation plus forte dans les municipalités affectées par l’épidémie. Elle ne s’accompagne pas d’une hausse de la superficie agricole, mais a lieu pour partie au sein de zones boisées déjà consacrées à l’agriculture, c’est-à-dire très probablement des agroforêts… de café.</p>
<p>La déforestation est plus marquée dans l’État de Oaxaca qui comptait avant la crise une plus forte proportion de café cultivé en agroforesterie. Il semble donc que la crise de la rouille ait contribué à la diminution du couvert forestier dans les agroforêts de café.</p>
<h2>Politiques agricoles et incitations</h2>
<p>La responsabilité du programme PROCAFE est difficile à quantifier, mais différents éléments convergent pour établir sa contribution dans l’accélération de la transition des systèmes de culture traditionnels vers de la monoculture.</p>
<p>La diminution de couvert forestier est plus marquée à partir de 2014, soit après le lancement du programme PROCAFE, et touche à partir de cette date toutes les municipalités dans lesquelles la culture du café est pratiquée, qu’elles soient ou non touchées par l’épidémie.</p>
<p>Sachant que les subventions du programme visaient aussi le remplacement préventif des plants de café arabica susceptibles d’être infectés, la promotion et la subvention de cultivars hybrides a ainsi sans doute contribué à intensifier la production caféière et la déforestation dans les zones de café.</p>
<p>Les épidémies frappant les cultures agricoles sont vouées à se multiplier avec le changement climatique, qui diminue les défenses naturelles des organismes en les soumettant à un stress accru. Pour protéger les agroforêts, il est nécessaire de mieux prendre en compte les conséquences de long terme et les effets environnementaux des politiques agricoles, et donc d’anticiper les prochaines crises.</p>
<p>Notre étude illustre la fragilité des systèmes agroforestiers, menacés par le développement des monocultures industrielles. Les agroforêts permettent pourtant de concilier agriculture et préservation d’une partie de la biodiversité et constituent une source de <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2023212118">moyens de subsistance diversifiés</a> pour les populations autochtones. Leur préservation va donc au-delà des aspects environnementaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221374/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’épidémie de rouille de 2012 et la stratégie de lutte du gouvernement ont accru la déforestation dans le sud du pays, en accélérant la transition des agroforêts de café vers la monoculture.Isabelle Chort, Professeur d'économie, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Berk Öktem, Doctorant en sciences économiques, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2170522023-11-14T13:48:22Z2023-11-14T13:48:22ZComment fabrique-t-on le café décaféiné ? Et est-il vraiment sans caféine ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557533/original/file-20231030-21-uurqzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=133%2C47%2C6059%2C3540&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Extraire la caféine d’un grain de café tout en conservant son arôme n’est pas chose facile.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/gray-metal-tool-aaHwnxgBmHs">Volodymyr Proskurovskyi/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Le café est une des boissons les plus prisées au monde, et sa forte teneur en caféine est un des facteurs de sa popularité. C’est un stimulant naturel qui procure un regain d’énergie, et les gens ne peuvent s’en passer.</p>
<p>Toutefois, certaines personnes préfèrent limiter la caféine pour des raisons de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12684194/">santé</a> ou autres. On trouve du café décaféiné, ou déca, un peu partout, et sa consommation <a href="https://www.coffeebeanshop.com.au/coffee-blog/decaf-coffee-market-worth-2145-billion-by-2025-at-69">serait en hausse</a>.</p>
<p>Voici ce qu’il faut savoir sur le café déca : comment on le prépare, son goût, ses bienfaits… et aussi, si la caféine en est vraiment absente.</p>
<h2>Comment fabrique-t-on le café décaféiné ?</h2>
<p>Extraire la caféine d’un grain de café tout en conservant son arôme n’est pas chose facile. Pour y parvenir, on extrait la caféine des grains verts non torréfiés en se basant sur le fait que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6318762/#:%7E:text=Caffeine%20(Figure%201a)%20being,(15%20g%2FL).">caféine se dissout</a> dans l’eau.</p>
<p>Il existe trois méthodes principales de décaféination : avec des solvants chimiques, du dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) liquide ou de l’eau pure et des filtres spéciaux.</p>
<p>Les étapes requises pour toutes ces méthodes expliquent le prix souvent plus élevé du décaféiné.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="A close-up of a small branch with bright green berries on it" src="https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556561/original/file-20231030-27-ab4y1v.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les grains de café sont en fait des graines dures qu’on trouve à l’intérieur du fruit du caféier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/green-leaf-budded-during-daytime-VMJtKiREtMc">Marc Babin/Unsplash</a></span>
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<h2>Méthodes à base de solvants</h2>
<p>La plupart des cafés décaféinés sont fabriqués à l’aide de méthodes <a href="https://www.tandfonline.com/doi/epdf/10.1080/10408699991279231?needAccess=true">à base de solvants</a>, car il s’agit du procédé le moins coûteux. Cette méthode se divise en deux types : <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780123849472001835">directe et indirecte</a>.</p>
<p>La <strong>méthode directe</strong> consiste à passer les grains de café à la vapeur, puis à les tremper à plusieurs reprises dans un solvant chimique (généralement du chlorure de méthylène ou de l’acétate d’éthyle) qui se lie à la caféine et l’extrait des grains.</p>
<p>Une fois la caféine extraite, on passe de nouveau les grains de café à la vapeur pour éliminer tout solvant chimique résiduel.</p>
<p>La <strong>méthode indirecte</strong> recourt aussi à un solvant chimique, mais celui-ci n’entre pas en contact direct avec les grains de café. Les grains sont trempés dans de l’eau chaude, puis l’eau est séparée des grains et traitée avec le solvant chimique.</p>
<p>La caféine se lie au solvant contenu dans l’eau et s’évapore. On trempe ensuite de nouveau les grains sans caféine dans cette eau pour qu’ils réabsorbent les saveurs et les arômes du café.</p>
<p>Les solvants chimiques (en particulier le chlorure de méthylène) utilisés dans ces processus sont la cause d’une controverse concernant le café décaféiné. Le <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/biochemistry-genetics-and-molecular-biology/dichloromethane">chlorure de méthylène</a> pourrait être cancérigène à fortes doses. Le chlorure de méthylène et l’acétate d’éthyle sont couramment utilisés dans les décapants, les dissolvants pour vernis à ongles et les dégraissants.</p>
<p>Toutefois, tant les <a href="https://www.foodstandards.gov.au/code/pages/default.aspx">normes alimentaires d’Australie/Nouvelle-Zélande</a> que <a href="https://www.accessdata.fda.gov/scripts/cdrh/cfdocs/cfcfr/cfrsearch.cfm?fr=173.255">l’Administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments</a> (FDA) autorisent l’utilisation de ces solvants pour la décaféination. Ils imposent des limites strictes quant à la quantité de produits chimiques qui peuvent subsister sur les grains et, dans les faits, il ne reste essentiellement <a href="https://www.chemicals.co.uk/blog/how-dangerous-is-methylene-chloride">aucun solvant</a>.</p>
<h2>Méthodes sans solvant</h2>
<p>Les méthodes qui utilisent du dioxyde de carbone liquide ou de l’eau sont de plus en plus populaires, car elles évitent le recours aux solvants chimiques.</p>
<p>Pour la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/10408699991279231"><strong>méthode à base de CO₂</strong></a>, on fait circuler du dioxyde de carbone liquide dans une chambre à haute pression où se trouvent les grains. Le CO<sub>2</sub> se lie à la caféine et est ensuite retiré sous haute pression, laissant derrière lui des grains décaféinés.</p>
<p>La <strong>méthode à l’eau</strong> (également connue sous le nom de procédé à l’eau suisse) correspond à ce que son nom indique : <a href="http://publication.eiar.gov.et:8080/xmlui/bitstream/handle/123456789/3234/ECSS%20Proceeding%20Final.pdf">elle consiste à extraire la caféine</a> des grains avec de l’eau. Il existe des variantes de cette méthode, mais voici quelles en sont les étapes de base.</p>
<p>Un premier lot de grains de café verts est trempé dans de l’eau chaude, créant un extrait riche en caféine et en composés aromatiques (les grains sans saveur sont ensuite éliminés). Cet extrait de café vert est passé à travers des filtres de charbon actif, qui retiennent les molécules de caféine tout en laissant les arômes.</p>
<p>Une fois créé de cette manière, on utilise l’extrait sans caféine pour y tremper un nouveau lot de grains de café vert. Étant donné que les arômes saturent déjà l’extrait, seule la caféine sera dissoute des grains.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/8531vyP7Z5U?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Finie la caféine ?</h2>
<p>Si vous choisissez de boire du déca, cela ne signifie pas que vous ne consommerez plus du tout de caféine.</p>
<p>Il est peu probable que l’on parvienne <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8603790/">à extraire 100 % de la caféine</a> des grains. Tout comme la teneur en caféine varie d’un café à un autre, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17132260/">petites quantités de caféine</a> demeurent présentes dans le déca.</p>
<p>Toutefois, le taux de caféine est très faible. Il faudrait plus de dix tasses de décaféiné pour obtenir le taux moyen <a href="https://academic.oup.com/jat/article/30/8/611/714415">d’une tasse de café</a>.</p>
<p>L’Australie <a href="https://www.foodstandards.gov.au/code/Documents/1.1.2%20Definitions%20v157.pdf">n’exige pas</a> des torréfacteurs ou des producteurs de café qu’ils précisent le processus de décaféination auxquels ils ont recours. Toutefois, on peut trouver cette information sur les sites web de certains producteurs s’ils ont choisi d’en faire la publicité.</p>
<h2>Le goût ?</h2>
<p>Certaines personnes considèrent que le déca n’a pas le même goût que le café normal. Selon la méthode utilisée, des éléments aromatiques peuvent être extraits en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23745606/">même temps que la caféine</a>.</p>
<p>De plus, la caféine contribue à l’amertume du café, de sorte qu’on <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8948847/">perd un peu de cet aspect du goût</a> dans le processus de décaféination.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="A tub of partially roasted coffee beans in a pale tan colour" src="https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556739/original/file-20231030-23-t3sdwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La caféine contribue à l’amertume du café, mais divers autres composés aromatiques se développent dans les grains verts lorsqu’on les torréfie jusqu’à l’obtention d’une couleur brune riche et foncée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/person-holding-brown-seed-XpyD7z6AP4g">Joshua Newton/Unsplash</a></span>
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<h2>Et les bienfaits pour la santé ?</h2>
<p>Les bienfaits pour la santé du déca sont similaires à ceux du caféiné, avec notamment une réduction du risque de diabète de type 2, de certains cancers et de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5696634/">mortalité</a> globale. Plus récemment, le café a été associé à un meilleur contrôle du poids au fil du temps.</p>
<p>La plupart des bienfaits pour la santé ont été constatés avec une consommation de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5696634/">trois tasses</a> de décaféiné par jour.</p>
<p>N’oubliez pas l’importance de la modération et qu’un <a href="https://theconversation.com/what-is-a-balanced-diet-anyway-72432">régime équilibré</a> demeure la clé pour une bonne santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217052/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lauren Ball travaille pour l'Université du Queensland et reçoit des financements du Conseil national de la santé et de la recherche médicale, de Queensland Health et de Mater Misericordia. Elle est directrice de Dietitians Australia, directrice du Darling Downs and West Moreton Primary Health Network et membre associé de l'Australian Academy of Health and Medical Sciences.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emily Burch travaille pour la Southern Cross University.
</span></em></p>Si vous préférez le café décaféiné, voici une explication scientifique de sa fabrication, des raisons pour lesquelles il coûte plus cher et de la quantité de caféine qui se retrouve dans votre tasse.Lauren Ball, Professor of Community Health and Wellbeing, The University of QueenslandEmily Burch, Dietitian, Researcher & Lecturer, Southern Cross UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2095352023-07-23T15:19:41Z2023-07-23T15:19:41ZQuand les boissons énergisantes étaient chargées en radioactivité…<p><em>Certaines substances et produits sont aujourd'hui reconnus comme dangereux… Mais on leur a parfois prêté, par le passé, des vertus curatives ou de beauté. Erreur tragique. Le temps de notre série « Les fausses bonnes idées en santé », nous revenons sur la <a href="https://theconversation.com/quand-les-boissons-energisantes-etaient-chargees-en-radioactivite-209535">radioactivité</a>, mais aussi l'alcool, l'héroïne, le pétrole et la cigarette.</em></p>
<hr>
<p>Les dangers de la radioactivité sont bien connus. Ils étaient déjà envisagés il y a un siècle. Ce qui n’a pas empêché des sociétés de vendre des boissons radioactives. « Énergisantes » disaient-elles…</p>
<p>La vie moderne vous donne des fourmis dans les jambes ? Vous vous sentez un peu à l’étroit alors que vous traversez votre journée comme l’éclair ? Peut-être faites-vous partie des millions de <a href="https://doi.org/10.1111/j.1541-4337.2010.00111.x">personnes qui comptent sur les boissons énergisantes</a> pour vous donner un peu plus de peps. </p>
<p>Bien qu’emblématiques de notre époque, ces produits de consommation ne sont pas une invention du nouveau millénaire. Cela fait au moins un siècle que l’on s’en sert pour lutter contre la fatigue. Aujourd’hui, leur « énergie » provient généralement d’un stimulant neurologique qui donne l’impression d’être plus énergique, et parfois simplement du sucre.</p>
<p>Mais il fut un temps où les boissons énergisantes contenaient réellement de l’« énergie ». L’ingrédient actif de ces boissons était le <a href="http://periodic.lanl.gov/88.shtml">radium</a>, un élément radioactif qui libère des rayonnements à chaque <a href="https://www.nde-ed.org/EducationResources/HighSchool/Radiography/radioactivedecay.htm">désintégration atomique</a>. Radium qui fut un temps également un <a href="https://theconversation.com/allegations-cosmetiques-il-faut-faire-le-menage-120122">composé phare des produits cosmétiques</a>…</p>
<p>Bien que le lien entre la consommation d’un élément radioactif et la perception d’un regain d’énergie soit pour le moins ténu, cela n’a pas empêché les gens, au début des années 1900, de s’y adonner. En ignorant les risques liés à l’ingestion de radioactivité et ses conséquences à long terme sur la santé.</p>
<h2>Je vous remets un peu de radium ?</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=882&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=882&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=882&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144252/original/image-20161102-27237-jrcwgu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">RadiThor s’est auto-désigné panacée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/blueshift12/25799475341">Sam L.</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>L’un de ces produits était le <a href="http://doi.org/10.1001/jama.1990.03450050077032">RadiThor</a>. Cette boisson énergisante consistait simplement en… du radium mis à dissoudre dans de l’eau distillée. Elle était vendue dans les années 1920 dans des bouteilles de 30 ml coûtant alors 1 dollar pièce (15 dollars environ aujourd’hui).</p>
<p>Son fabricant prétendait que la boisson ne fournissait pas seulement de l’énergie, mais qu’elle guérissait également une foule de maux – dont l’impuissance. Les preuves d’un bénéfice sexuel pour l’homme manquaient, mais au moins <a href="http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(00)52019-4">un article scientifique</a> affirmait que l’eau de radium pouvait augmenter « la passion sexuelle des tritons d’eau ». Pour de nombreux hommes, à cette époque pré-Viagra, la preuve du triton d’eau était suffisante. RadiThor a été un grand succès de vente.</p>
<p>Son client le plus célèbre fut Eben Byers, un industriel de Pittsburgh et <a href="https://westpenngolfhalloffame.org/2015/11/25/eben-byers/">golfeur amateur réputé</a>. Byers a découvert le RadiThor en 1927, lorsqu’on le lui conseilla contre les douleurs liées à un bras cassé.</p>
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<p>Bien que le produit ne contienne aucun narcotique, Byers en est devenu psychologiquement, sinon physiologiquement dépendant. Il a continué à consommer de grandes quantités de RadiThor même après la guérison de son bras. Il aurait avalé une ou deux bouteilles par jour pendant plus de trois ans et en aurait chanté les louanges à tous ses amis, dont certains ont également pris l’habitude de consommer du RadiThor.</p>
<p>Finalement, la dépendance de Byers au RadiThor va le tuer. Le radium ingéré à haute dose <a href="http://www.atsdr.cdc.gov/ToxProfiles/tp144.pdf">se fixa dans ses os</a> et, au fil des ans, irradia le jeune homme qui développa de multiples cancers entre autres maladies osseuses et cérébrales. Il meurt, <a href="http://archives.chicagotribune.com/1932/04/01/page/1/article/radium-poison-in-tonic-kills-eben-m-byers">défiguré et dans des souffrances atroces</a>, le 31 mars 1932.</p>
<h2>Une tragédie qui aurait pu être évitée</h2>
<p>Ce qui est terrible, c’est que les dangers de l’ingestion de radium étaient connus, avant même que Byers ne commence à prendre du RadiThor : <a href="http://press.princeton.edu/titles/10691.html">la communauté médicale étudiait ses effets sur la santé</a> depuis sa découverte par Marie et Pierre Curie en 1898.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=535&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=535&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=535&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144282/original/image-20161102-27215-1az3up7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Marie et Pierre Curie, découvreurs du radium. Ils avaient compris les dangers inhérents à son ingestion et n’avaient jamais conseillé un usage alimentaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.apimages.com/metadata/Index/DEU-WISSENSCHAFT-CURIE-GEBURTSTAG/59f322a0265f455cbc435ae72b813e15/1/0">AP file photo</a></span>
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</figure>
<p>Le scientifique britannique Walter Lazarus-Barlow avait publié dès 1913 le fait que le <a href="http://dx.doi.org/10.1007/BF03172071">radium ingéré pénétrait dans les os</a>. En 1914, Ernst Zueblin, professeur de médecine à l’université du Maryland, a publié une revue de 700 rapports médicaux dont beaucoup montraient que les <a href="https://books.google.com/books?id=GJFFAAAAYAAJ&pg=PA141&lpg=PA141&dq=Ernst+Zueblin+pr%C3%A9sent+%C3%A9tat+de+la+th%C3%A9rapie+radioactive&source=bl&ots=ZXAmamhFeI&sig=qvX9wREcPF8KmgeBdZVLRbeo0og&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwj3wvap8YfQAhXo5oMKHf-3AkgQ6AEIIjAB#v=onepage&q&f=false">nécroses et ulcérations osseuses</a> étaient un effet secondaire fréquent de l’ingestion de radium.</p>
<p>Malheureusement, ces signaux d’alarme sont passés inaperçus et les ventes de RadiThor sont restées soutenues tout au long des années 1920.</p>
<p>À sa mort, Byers a été enterré dans un <a href="https://books.google.com/books?id=vzBLDQAAQBAJ&pg=PA113&lpg=PA113&dq=Eben+Byers+lead+allegheny+cemetery&source=bl&ots=745yvLTqJ&sig=DD47Rv1PW1F1-5DXEZ693VnSopA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjHnNDSrYrQAhWGC5AKHUhKBqMQ6AEIQTAF#v=onepage&q=Eben%20Byers%20lead%20allegheny%20cemetery&f=false">cercueil doublé de plomb</a>, pour bloquer les radiations émises par ses os. Trente-trois ans plus tard, en 1965, un scientifique du MIT, <a href="http://news.mit.edu/1996/evans">Robley Evans</a>, a exhumé son squelette radioactif pour mesurer la quantité de radium toujours présente. Le radium ayant une demi-vie de 1 600 ans, les os de Byers en contenaient pratiquement la même quantité qu’au jour de sa mort.</p>
<p>Evans était un expert dans la mesure et la modélisation mathématique de l’absorption et libération de la radioactivité par le corps humain. Sur la base de la consommation de RadiThor déclarée par Eben Byers, son modèle prévoyait que le corps du défunt contiendrait environ 100 000 becquerels de radioactivité (le <a href="http://whatis.techtarget.com/definition/becquerel">Becquerel</a> est une unité de mesure de la radioactivité).</p>
<p>Or, il s’avéra qu’ils contenaient en réalité 225 000 becquerels, ce qui suggère que le modèle d’absorption des rayonnements d’Evans sous-estimait l’affinité du radium pour les os… ou que Byers avait sous-estimé sa consommation de RadiThor d’un facteur d’au moins deux. Il n’a pas été possible de déterminer laquelle de ces deux hypothèses expliquait l’écart.</p>
<p>Une fois qu’Evans eut terminé ses mesures de radium, il remit les os de Byers dans leur cercueil de plomb à Pittsburgh, où ils se trouvent encore aujourd’hui, toujours aussi radioactifs.</p>
<h2>Une catastrophe qui est restée limitée</h2>
<p>Bien que Byers soit une victime tragique du radium contenu dans RadiThor, la consommation de ces boissons énergisantes <a href="http://www.uncpress.unc.edu/browse/book_detail?title_id=81">ne s’est jamais transformée en une crise majeure de santé publique</a>.</p>
<p>Cela s’explique principalement par deux raisons. Premièrement, contrairement à Radithor, la plupart des autres boissons dites énergisantes sur le marché étaient des faux et ne contenaient pas de radium (ou tout autre type de radioactivité). Deuxièmement, RadiThor et les autres produits qui contenaient bien du radium étaient très chers, cet élément radioactif étant relativement rare et son extraction et purification coûteuses.</p>
<p>Seules des personnes aisées pouvaient se permettre d’en boire quotidiennement. Par conséquent, les affections liées au RadiThor furent largement réservées à ceux qui avaient les moyens de se l’offrir.</p>
<p>En fin de compte, dans l’intérêt de la protection de la santé publique, <a href="https://www.ftc.gov/sites/default/files/documents/reports_annual/.../ar1932_0.pdf">le gouvernement fédéral a fermé les Bailey Radium Laboratories</a> – la société qui fabriquait le RadiThor – et les boissons énergisantes contenant du radium ont disparu du marché de la consommation en 1932.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=780&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=780&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=780&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=980&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=980&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144281/original/image-20161102-27240-1obszsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=980&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les boissons littéralement radioactives ont disparus du marché.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.shutterstock.com/pic.mhtml?id=58342885">Drink image via www.shutterstock.com.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, le marché des boissons énergisantes est occupé par des boissons qui <a href="http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2012/12/the-buzz-on-energy-drink-caffeine/index.htm">s’appuient sur la caféine</a>, un stimulant, pour revigorer leurs clients et leur fournir l’« énergie » accrue qu’ils recherchent.</p>
<p><a href="http://www.webmd.com/vitamins-supplements/ingredientmono-979-caffeine.aspx?activeingredientid=979">La caféine</a>, ingrédient courant du café, du thé, du chocolat et du cola, n’est peut-être pas aussi exotique que le radium, mais c’est un stimulant qui donne de l’énergie aux consommateurs et est <a href="http://dx.doi.org/10.1080/0265203021000007840">moins dangereux pour la santé</a>.</p>
<p>Les clients d’aujourd’hui semblent satisfaits de ces alternatives moins irradiantes… Il n’est toutefois pas certain que les tritons d’eau aient le même avis.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209535/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Timothy J. Jorgensen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dangers de la radioactivité sont bien connus. Ils étaient déjà envisagés il y a un siècle. Ce qui n'a pas empêché des sociétés de vendre des boissons radioactives. « Énergisantes » disaient-elles…Timothy J. Jorgensen, Director of the Health Physics and Radiation Protection Graduate Program and Professor of Radiation Medicine, Georgetown UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1878142023-02-16T16:44:54Z2023-02-16T16:44:54ZLa révolution artisanale a contribué à développer le marché du café de spécialité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/477513/original/file-20220803-21966-8e4f6d.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C4852%2C3246&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'industrie du café de spécialité privilégie le travail manuel et l'authenticité à la recherche du profit.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Austin Park/Unsplash)</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://blog.bham.ac.uk/business-school/2018/03/19/the-rise-and-rise-of-craft-business-the-craft-takeover/">La révolution artisanale est partout</a> : bière artisanale, café de spécialité, savon fait main, glace artisanale… Si certains croient que cette tendance <a href="https://ideas.time.com/2012/09/19/the-perils-of-coffee-snobbery/">est d’un snobisme ridicule</a>, d’autres s’émerveillent de l’esthétique des expériences artisanales.</p>
<p>La révolution artisanale est généralement vue comme une réaction à l’industrialisation à outrance ou comme une façon de <a href="https://doi.org/10.1177/0001839218817520">garder des traditions et des cultures vivantes</a> dans un monde homogène dominé par les affaires. <a href="https://doi.org/10.1016/j.ccs.2011.01.004">Les entreprises artisanales et les professionnels du milieu participent à l’essor de professions créatives</a>, au lieu de privilégier la course au profit. Ils sont animés par <a href="https://doi.org/10.1177/00222429221093624">l’expression créative, l’affirmation esthétique et la qualité</a>.</p>
<p>L’artisanat donne aux professionnels la possibilité de créer des produits uniques qui correspondent à leur vision profonde. Les fabricants peuvent ainsi se démarquer en exprimant leur identité dans leur travail.</p>
<p>L’artisanat témoigne du désir toujours plus marqué des producteurs et des professionnels de privilégier l’affirmation esthétique, d’exprimer leur créativité et de créer des produits de qualité. Le marché du café propose une gamme de ressources culturelles et d’expressions telles que « fait main », « connaisseur », « artisanal » et « snob du café ».</p>
<h2>Créer un marché</h2>
<p>Les valeurs et les convictions qui sous-tendent le travail artisanal de même que <a href="https://doi.org/10.1002/nvsm.1525">l’affirmation esthétique</a>, la créativité et la qualité se sont infiltrées dans de nombreux marchés, notamment ceux de la coiffure pour hommes, de la bière, de la boucherie, du chocolat, des cocktails, des tatouages, de la cuisine, du jean, de la mode, de la moto et du café.</p>
<p>Entre 1991 et 1998, le nombre de cafés proposant des cafés de spécialité est passé de 1 650 à environ 10 000 aux États-Unis. En 2015, il y avait quelque <a href="https://www.statista.com/statistics/196590/total-number-of-snack-and-coffee-shops-in-the-us-since-2002">31 490 cafés offrant des cafés de spécialité</a>. Le café de spécialité représente aujourd’hui <a href="http://www.scaa.org/?page=resources&d=facts-and-figures">plus de la moitié de la valeur du marché de détail américain, établie à 48 milliards de dollars</a>.</p>
<p>Cette augmentation de la demande et de la popularité de biens de consommation conçus selon une approche artisanale a fait basculer une grande partie du marché vers les valeurs et les convictions liées à l’artisanat.</p>
<h2>Valeurs et convictions</h2>
<p>Les entreprises fondent leurs activités sur des valeurs et des convictions clés. Les entreprises artisanales mènent leurs activités dans un souci d’affirmation esthétique, d’expression créative et de qualité. À l’inverse, les sociétés commerciales telles que McDonald’s et Tim Hortons privilégient la maximisation des profits.</p>
<p>Chaque type d’entreprise (commerciale ou artisanale) innove donc à sa façon. Dans le domaine du café, les entreprises artisanales ont adopté des méthodes de culture, de traitement, de torréfaction et d’infusion du café faisant ressortir les saveurs distinctives du grain selon ses origines, <a href="https://perfectdailygrind.com/2018/03/what-is-terroir-and-how-does-it-affect-your-coffee/">son terroir</a> (la manière dont le contexte de sa culture influe sur son goût) et sa <a href="https://dailycoffeenews.com/2019/02/07/the-coffee-roasters-complete-guide-to-coffee-varieties-and-cultivars/">variété</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un homme vêtu d’une chemise bleue observe la préparation d’un café à la louche" src="https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les produits utilisés pour faire le café sont conçus pour rehausser l’expérience du consommateur et du barista.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Oak & Bond Coffee/Unsplash)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des produits novateurs, tels que le <a href="https://www.kruveinc.com/pages/kruve-sifter">tamis à café Kruve</a>, la <a href="https://decentespresso.com/de1plus">machine à espresso Decent DE1+</a> ou le <a href="https://weberworkshops.com/products/eg-1">moulin à café Weber EG-1</a>, présentent tous la même caractéristique essentielle : offrir aux baristas et aux consommateurs un meilleur contrôle des variables de la préparation du café afin qu’ils puissent en parfaire l’expérience esthétique.</p>
<p>Les entreprises commerciales introduisent des produits présentant un potentiel de profit. Le fameux <a href="https://www.starbucks.com/menu/product/418/hot?parent=%2Fdrinks%2Fhot-coffees%2Flattes">latte à la citrouille épicée de Starbucks</a>, le <a href="https://www.nespresso.com/ca/fr/order/machines/vertuo/vertuo-vertuoline-black">Vertuo de Nespresso</a> et la <a href="https://www.newswire.ca/news-releases/tim-hortons-launches-new-lineup-of-richer-bolder-handcrafted-espresso-beverages-and-invites-canadians-to-sample-them-with-2-any-size-promotion-857321965.html">gamme de boissons à base d’espresso récemment lancée par Tim Hortons</a> ne tiennent pas compte de l’expérience du café ou de la mise en valeur des saveurs distinctives d’un grain. Ils offrent plutôt aux consommateurs des produits et des services sympathiques, abordables ou pratiques qui contribuent à augmenter leurs marges bénéficiaires.</p>
<h2>Créer un langage</h2>
<p>Quelles que soient les valeurs et les convictions des entreprises commerciales et artisanales, ce sont les interactions entre elles qui poussent les marchés comme celui du café à prendre une direction plus artisanale. Les sociétés commerciales s’inspirent ainsi des aspirations créatives et esthétiques des entreprises artisanales.</p>
<p>Elles empruntent le vocabulaire que ces dernières ont apporté au marché du café, comme les <a href="https://news.dunkindonuts.com/news/sipping-is-believing-dunkin-takes-aim-at-winning-over-espresso-drinkers-with-an-entirely-new-handcrafted-espresso-experience">boissons au café « artisanales » de Dunkin’ Donuts</a> ou les <a href="https://nestle-nespresso.com/news/introducing_barista_creations">capsules de café Nespresso « inspirées » des baristas de Brooklyn et de Melbourne</a>.</p>
<p>Elles automatisent les procédés complexes et rituels de préparation du café des baristas artisanaux, augmentant ainsi la rentabilité tout en faisant découvrir aux consommateurs ordinaires certains aspects de la préparation artisanale du café.</p>
<p>Les entreprises artisanales s’engagent sur le plan esthétique dans l’innovation commerciale. Elles transforment le latte à la citrouille épicée en utilisant un <a href="https://www.baltimoremagazine.com/section/fooddrink/the-best-places-to-get-your-pumpkin-spice-fix-this-fall/">sirop artisanal et une sélection d’épices</a> qui se marient parfaitement aux caractéristiques gustatives d’un grain de café précis. Certaines entreprises artisanales ont également profité de l’aspect pratique des machines à capsule et ont <a href="https://mtpak.coffee/exploring-rise-specialty-coffee-capsules/">développé leurs propres versions</a> pour offrir aux consommateurs la possibilité de déguster un café haut de gamme à la maison.</p>
<p>Avec le temps, ces interactions font évoluer le marché tout entier, en y introduisant des valeurs artisanales qui transforment l’expérience de tous les consommateurs.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CfGS_6BoIak","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<h2>Engagement, expression et authenticité</h2>
<p>Les complexités associées aux produits artisanaux ont également permis aux gens de <a href="https://doi.org/10.1093/jcr/ucw054">se former et de se distinguer par leurs goûts</a>. Les ressources et l’expertise culturelles sont essentielles dans notre façon de nous exprimer et de définir qui nous sommes.</p>
<p>La révolution artisanale a <a href="https://www.doi.org/10.23943/princeton/9780691165493.001.0001">soutenu la professionnalisation de nombreux domaines</a>. Des professions comme celles de barbier, de boucher, de barista et de créateur de cocktails ont désormais un cachet culturel élevé. Elle a également favorisé l’émergence de nouvelles identités, des <a href="https://www.taylorlane.com/blogs/read/coffee-connoisseur">connaisseurs de café</a> aux <a href="https://www.beardedvillains.com/">méchants barbus</a> en passant par les <a href="https://www.thealchemistmagazine.ca/2022/03/16/vancouver-cocktail-week-nerd-edition/">accros du cocktail</a>.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1177/0022242921997081">Certains estiment que l’artisanat offre des produits plus authentiques</a>, sans doute parce qu’il crée une sorte de relation directe entre le producteur et le consommateur, s’éloignant de la production normalisée du marché de masse qui domine en grande partie notre économie. Mais alors que l’expression créative des artisans peut se trouver dans leurs produits et leur présentation, les entreprises commerciales sont devenues habiles pour imiter l’art des professionnels de l’artisanat, <a href="https://www.mensjournal.com/food-drink/is-that-really-craft-beer-21-surprising-corporate-brewers-20150923/">ce qui rend difficile la distinction entre les deux</a>.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1177/00222429221087987">L’authenticité est un concept ambigu</a> ; ce que certains considèrent comme authentique peut être perçu comme élitiste par d’autres. Le succès de l’artisanat réside peut-être dans sa capacité à exploiter nos idéaux nostalgiques du travail et notre désir toujours plus vif de connaître les origines des produits, leur histoire et les personnes qui les fabriquent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187814/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre-Yann Dolbec a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines. </span></em></p>La demande des consommateurs pour des produits et des expériences authentiques fabriqués à la main a permis d’élever le cachet culturel de professions telles que les baristas et créateurs de cocktails.Pierre-Yann Dolbec, Associate professor in marketing and Research Chair in Complexity and Markets, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1973702023-01-16T15:06:26Z2023-01-16T15:06:26ZVoici comment votre tasse de café contribue aux changements climatiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/503446/original/file-20230106-18-tfcw43.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=29%2C0%2C4876%2C3260&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les scientifiques affirment que le gaspillage de café et d'eau lors de la préparation d'une tasse de café a une empreinte carbone plus importante que l'utilisation de capsules de café.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Unsplash)</span></span></figcaption></figure><p>La consommation mondiale de café n’a cessé d’augmenter <a href="https://coffee-rank.com/world-coffee-consumption-statistics/">depuis près de 30 ans</a>. On estime qu’environ <a href="https://britishcoffeeassociation.org/coffee-consumption/">deux-milliards de tasses de café</a> sont consommées quotidiennement dans le monde. Avec une consommation moyenne quotidienne de <a href="https://coffeeassoc.com/wp-content/uploads/2021/06/CAC-Coffee-Consumption-and-COVID19-Infographic-2020.pdf">2,7 tasses de café par personne</a>, le café est sans contredit la boisson la plus populaire auprès des Canadiens.</p>
<p>Parallèlement à cette augmentation soutenue de la consommation, le marché des cafetières s’est beaucoup diversifié. Parmi elles, les cafetières à capsules connaissent un grand succès, <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/16/oui-les-dosettes-de-cafe-en-aluminium-sont-cheres-polluantes-et-peu-recyclees_5398374_4355770.html">divisant l’opinion publique</a>. Ce mode de préparation est en effet considéré comme un non-sens écologique, en raison de l’importante quantité d’emballages individuels à usage unique utilisée.</p>
<p>En tant que chercheurs travaillant sur l’évaluation des impacts environnementaux des produits et services, les questions sur les impacts environnementaux causés par la consommation de café en capsule nous sont souvent adressées. Nous avons donc décidé de faire une compilation de plusieurs études scientifiques portant sur l’empreinte carbone de la préparation d’un café.</p>
<p>Dans cet article, nous présentons l’empreinte carbone de différentes manières de préparer un café et donnons également quelques conseils pour réduire leur impact.</p>
<h2>Le cycle de vie de la préparation d’une tasse de café</h2>
<p>La pollution causée par la préparation de notre tasse de café à la maison n’est que la partie émergée de l’iceberg.</p>
<p>Avant de pouvoir déguster une tasse de café, <a href="https://www.visualcapitalist.com/from-bean-to-brew-the-coffee-supply-chain/">plusieurs étapes sont nécessaires</a>, telles que la production agricole des grains de café vert, leur transport, la torréfaction et la mouture des grains, le chauffage de l’eau pour le café et le lavage des tasses.</p>
<p>Ces étapes, communes à tous les modes de préparation de café, consomment des ressources et émettent des gaz à effet de serre (GES).</p>
<p>Pour comparer d’une manière adéquate l’empreinte carbone de plusieurs modes de préparation d’un café, il est impératif de prendre en compte <a href="https://www.oregon.gov/deq/filterdocs/pef-coffee-fullreport.pdf">l’ensemble de leur cycle de vie</a> ; depuis la production du café, en passant par la fabrication des emballages et des machines, jusqu’à la préparation du café et la fin de vie des déchets.</p>
<h2>Comparaison de quatre méthodes de préparation d’un café</h2>
<p>Nous avons comparé quatre méthodes de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jiec.12487">préparation de café (280 ml)</a> (les quantités de café entre parenthèses indiquent la quantité de café utilisée au cours du cycle de vie complet de chaque préparation. En effet, il y a des pertes associées, par exemple, aux étapes de mouture et de torréfaction des grains de café) :</p>
<ul>
<li><p>Café filtre traditionnel (25 grammes de café)</p></li>
<li><p>Café encapsulé (14 grammes de café)</p></li>
<li><p>Café infusé – presse française (17 grammes de café)</p></li>
<li><p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652609001474?via%3Dihub">Café soluble ou café instantané</a> (12 grammes de café)</p></li>
</ul>
<p>Les résultats de notre analyse indiquent clairement que le café filtre traditionnel a l’empreinte carbone la plus élevée, en raison d’une plus grande quantité de café utilisée. L’empreinte carbone du mode de préparation est en fait fortement influencée par la quantité de café utilisée et l’intensité carbone de l’électricité nécessaire au fonctionnement des appareils électriques (cafetière, bouilloire et lave-vaisselle).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="graphique" src="https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505238/original/file-20230118-23-bgzrro.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’empreinte carbone de plusieurs manières de préparer un café à la maison.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Luciano Rodrigues Viana)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lorsque les consommateurs utilisent les quantités recommandées de café et d’eau, le café soluble semble être l’option la plus sobre en carbone. Cela est dû à la plus faible quantité de café utilisée par tasse, à la plus faible consommation électrique d’une bouilloire, par rapport à une cafetière, et à l’absence de déchets devant être traités en fin de vie.</p>
<p>En revanche, le café en capsule ne s’avère pas être une option si désastreuse pour l’environnement.</p>
<p>Pourquoi ? Parce que les capsules permettent de réduire les quantités de café, d’électricité et d’eau utilisées lors de la préparation d’un café. Boire un café en capsule permet d’économiser entre 11 et 13 grammes de café par rapport à un café filtre traditionnel. Or, la production de 11 grammes de café Arabica au Brésil émet, en moyenne, <a href="https://ecoinvent.org/the-ecoinvent-database/">environ 59 grammes d’éq. CO₂</a> (équivalent CO<sub>2</sub>). Cette valeur est bien plus élevée que les 27 grammes d’éq. CO<sub>2</sub> émis lors de la fabrication et l’enfouissement d’une capsule en plastique. Ces chiffres donnent une idée de l’importance d’éviter la surconsommation et le gaspillage de café.</p>
<h2>Chiffres en perspective</h2>
<p>L’empreinte carbone de la consommation de café est non négligeable. En effet, le budget carbone disponible pour chaque habitant de la terre, établi dans le but de respecter les accords climatiques, est de <a href="https://www.unep.org/emissions-gap-report-2020">2,1 t éq. CO₂ par an</a>.</p>
<p>À titre comparatif, les émissions liées à la consommation de 152 litres de café annuellement, <a href="https://www.cbc.ca/news/business/canada-coffee-tim-hortons-1.3745971">moyenne canadienne</a>, représentent 3-5 % de ce budget au Québec et 4-8 % en Alberta (où l’électricité est très carbonée).</p>
<h2>Production de grains de café vert</h2>
<p>Quel que soit le mode de préparation de votre café, la production des grains est la phase la plus émettrice de GES. Elle contribue de 40 à 80 % des émissions totales. Il y a plusieurs raisons à cela.</p>
<p><a href="https://www.coffeehabitat.com/2006/02/what_is_shade_g/">Le caféier est un arbuste</a> qui est traditionnellement cultivé à l’ombre du couvert forestier. Néanmoins, avec l’augmentation de la demande et la modernisation du secteur, de nombreuses plantations traditionnelles ont été transformées en vastes champs entièrement exposés au soleil. Ces champs nécessitent des systèmes d’irrigation et un épandage de fertilisants et de pesticides intensifs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une plantation de café" src="https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503164/original/file-20230105-64877-jn7odg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le processus de production du café contribue largement à l’empreinte carbone du café en raison de l’irrigation intensive, des systèmes de fertilisation et des pesticides adoptés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Moises Castillo)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1065/lca2006.01.230">Les travaux agricoles, l’irrigation et l’utilisation d’engrais azotés</a> – dont la production nécessite de grandes quantités de gaz naturel et dont l’utilisation émet du protoxyde d’azote, un puissant GES – contribuent de manière significative à l’empreinte carbone de la production des grains de café.</p>
<h2>Comment réduire l’empreinte carbone de notre tasse de café ?</h2>
<p>Au niveau du consommateur, éviter le gaspillage de café et d’eau est le moyen le plus efficace de réduire l’empreinte carbone des cafés filtres traditionnels, infusés et solubles. Dans ce sens, il convient d’opter pour des préparations de café plus petites, comme les espressos de 50 ou 100 ml.</p>
<p>Les machines à capsules présentent l’avantage d’éviter une préparation excessive de café et d’eau. Toutefois, si la commodité des machines à capsules incite les consommateurs à doubler leur consommation, elles perdent alors toute pertinence environnementale. Les consommateurs doivent également s’informer à propos des possibilités de recyclage des capsules dans la ville où ils habitent afin d’éviter qu’elles ne soient envoyées dans des sites d’enfouissement. Mieux encore, les amateurs de ce style de café peuvent opter pour des <a href="https://www.capsme.fr/">capsules réutilisables</a>.</p>
<p>Si vous habitez dans une province où la production d’électricité est très carbonée, il convient de ne pas utiliser la plaque chauffante des cafetières et de rincer votre tasse de café à l’eau froide.</p>
<p>L’électricité utilisée pour laver une tasse de café en Alberta, province où la production d’électricité est basée sur le <a href="https://www.cer-rec.gc.ca/en/data-analysis/energy-commodities/electricity/report/canadas-renewable-power/provinces/renewable-power-canada-alberta.html">charbon et le gaz naturel</a>, émet plus de GES (29 grammes d’éq. CO<sub>2</sub>) que la fabrication d’une capsule de café et son envoi à l’enfouissement (27 grammes d’éq. CO<sub>2</sub>). Au Québec, <a href="https://www.cer-rec.gc.ca/en/data-analysis/energy-commodities/electricity/report/canadas-renewable-power/provinces/renewable-power-canada-quebec.html">grâce à l’hydroélectricité</a>, laver sa tasse au lave-vaisselle a un impact négligeable (0,7 gramme d’éq. CO<sub>2</sub> par tasse).</p>
<h2>Remettre en question nos raisonnements intuitifs pour mieux agir</h2>
<p>Ne pas utiliser des capsules nous donne bonne conscience en tant que consommateur de café. Mais concentrer le débat autour des capsules est contre-productif, car cela occulte les gestes les plus efficaces pour réduire l’empreinte carbone associée à la consommation de café à l’échelle individuelle. Les analyses de cycle de vie (ACV) présentent l’intérêt d’identifier les phases les plus polluantes de la chaîne de production et leurs résultats remettent parfois en question nos raisonnements intuitifs, qui sont de temps à autre trompeurs.</p>
<p>Il est avant tout important de limiter le gaspillage et la préparation excessive de café, d’autant plus que la production de café sera probablement affectée dans le futur. Les changements climatiques pourraient en effet réduire la superficie mondiale de terres propices à la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-014-1306-x">production du café d’environ 50 %</a> d’ici à 2050, et ce, dans un contexte où la <a href="https://www.sustaincoffee.org/assets/resources/ci-report-coffee-in-the-21st-century.pdf">demande va tripler</a>.</p>
<p>Même si les consommateurs de café ont un rôle à jouer dans la réduction de leur empreinte carbone, c’est principalement les gouvernements des pays producteurs de café et des entreprises multinationales qui doivent créer des conditions économiques et techniques nécessaires à l’émergence d’une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11027-013-9467-x">production de café moins dépendante</a> des systèmes d’irrigation, d’engrais et de pesticides, et ce, tout en évitant la déforestation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197370/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Luciano Rodrigues Viana a reçu des financements du Conseil de Recherches en Sciences Naturelles et en Génie du Canada (CRSNG).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-François Boucher est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charles Marty et Pierre-Luc Dessureault ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>L’empreinte carbone du mode de préparation est fortement influencée par la quantité de café utilisée et l’intensité carbone de l’électricité nécessaire au fonctionnement des appareils électriques.Luciano Rodrigues Viana, Doctorant en sciences de l'environnement, Département des sciences fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Charles Marty, Adjunct professor, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Jean-François Boucher, Professeur, Eco-consulting, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Pierre-Luc Dessureault, Assistant researcher, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1896732022-09-02T12:49:04Z2022-09-02T12:49:04ZCe n’est pas parce que votre café est amer qu’il est « plus fort »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/482386/original/file-20220901-4165-4w5075.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=28%2C18%2C6183%2C4128&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chaque méthode d’infusion possède ses propres caractéristiques et apports. Toutes présentent ainsi un profil unique de saveur, de texture, d’apparence et de composés bioactifs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Devin Avery/Unsplash</span></span></figcaption></figure><p>Le café – un grain aux multiples possibilités. Le mode d’infusion constitue un choix important : espresso, filtre, piston, percolateur, préparation instantanée, etc. Chaque technique nécessite un équipement, une durée, une température, une pression et une mouture de café, ainsi que des besoins en eau qui lui sont propres.</p>
<p>Notre préférence quant à la méthode d’infusion peut provenir de notre <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13507486.2013.833717">culture</a>, de notre <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/proceedings-of-the-nutrition-society/article/food-choice-and-intake-the-human-factor/346D4AA3CECC6EFCCF5824435953122E">société</a> ou de considérations plus pratiques. </p>
<p>Mais dans quelle mesure ces facteurs influencent-ils réellement le contenu de votre tasse ?</p>
<h2>Quelle infusion est la plus forte ?</h2>
<p>Ça dépend. Si nous nous intéressons à la concentration de <a href="https://theconversation.com/whats-the-buzz-on-caffeine-12669">caféine</a>, sur une base de milligramme par millilitre (mg/ml), la méthode espresso produit <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0963996918308093">généralement la concentration la plus élevée</a>, pouvant atteindre 4,2 mg/ml. C’est approximativement trois fois plus que d’autres techniques, comme celle de la <a href="https://www.atlasobscura.com/articles/make-coffee-moka-pot">cafetière italienne</a> (un type de percolateur à ébullition) et l’infusion à froid, avec à peu près 1,25 mg/ml. La cafetière à filtre et la cafetière à piston (y compris le procédé AeroPress) fournissent environ la moitié de cette concentration.</p>
<p>Plusieurs raisons expliquent l’extraction maximale de caféine par la méthode espresso. En utilisant une mouture la plus fine, il y a plus de contact entre le café et l’eau. L’espresso fait également appel à la pression, expulsant davantage de composés dans l’eau. L’infusion plus prolongée de certains autres procédés n’a pas d’incidence sur la caféine. En effet, cette substance est soluble dans l’eau et facile à extraire ; elle est donc libérée au début de l’infusion.</p>
<p>Mais ces comparaisons sont effectuées sur la base de conditions d’extraction typiques, et non de situations de consommation normales.</p>
<p>Ainsi, alors que l’espresso vous procure le produit le plus concentré, celui-ci est livré dans un plus petit volume (seulement de 18 à 30 ml), par rapport à des quantités beaucoup plus importantes pour la plupart des autres méthodes. Ces volumes varient bien sûr en fonction du fabricant, mais une récente <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0963996918308093">étude de chercheurs italiens</a> a défini un volume final typique de 120 ml pour les cafés à filtre, les cafés au percolateur et les cafés infusés à froid.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="tableau" src="https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=175&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=175&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=175&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=220&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=220&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482384/original/file-20220901-19-p7g4cp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=220&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La teneur approximative en caféine d’une tasse de café en fonction de la méthode d’infusion.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Angeloni et coll., Food Research International, 2019</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’après ces calculs, l’infusion à froid représente en fait la plus grande dose de caféine par portion, avec près de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0963996918308093">150 mg</a>, ce qui est encore plus élevé que les 42 à 122 mg que l’on trouve dans l’espresso. Bien que cette technique nécessite de l’eau froide et une mouture plus grosse, elle est préparée avec un rapport café/eau élevé, ce qui requiert des grains supplémentaires. Bien sûr, les « portions standard » sont un concept et non une réalité – vous pouvez multiplier les portions et surdimensionner n’importe quelle boisson à base de café !</p>
<p>Avec l’augmentation du prix du café, l’efficacité de l’extraction, c’est-à-dire la quantité de caféine obtenue pour chaque gramme de café, peut également susciter votre attention.</p>
<p>Il est intéressant de noter que la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0963996918308093">plupart des techniques sont en fait assez comparables</a> sur ce point. Bien que les méthodes d’espresso varient, elles donnent une moyenne de 10,5 milligrammes par gramme (mg/g), contre 9,7 à 10,2 mg/g pour la plupart des autres procédés. L’unique exception est la cafetière à piston, avec seulement 6,9 mg/g de caféine.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un récipient en verre dans une structure en plastique foncé contenant du café en train d’infuser, le piston posé à côté" src="https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481003/original/file-20220825-14-g2scbc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La cafetière à piston, ou « French press », comme on dit en anglais, a en fait été inventée en Italie, malgré sa connotation actuelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/A1wzMskhU_c">Rachel Brenner/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La force, c’est plus que de la caféine</h2>
<p>La teneur en caféine n’explique qu’une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5488350/#:%7E:text=Alalthough%20coffee%20contains%20multiple%20bitter,especially%20important%20for%20caffeine%20taste">petite partie de la force</a> du café. Des milliers de composés sont extraits, contribuant à l’arôme, à la saveur et à la fonction. Chacun d’entre eux présente son propre schéma d’extraction, et ils peuvent <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.jafc.0c01373">interagir pour inhiber ou renforcer les effets</a>.</p>
<p>Les huiles responsables de la créma – la riche « mousse » brune qui recouvre l’infusion – sont également <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128035207000177">extraites plus facilement avec des températures</a> et des pressions élevées, ainsi que des moutures fines (un autre argument potentiel en faveur de l’espresso et de la cafetière italienne). Ces méthodes génèrent aussi des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0963996918308093">taux plus élevés de solides dissous</a>, ce qui se traduit par une consistance moins aqueuse ; mais, là encore, tout dépend de la façon dont le produit final est servi et dilué.</p>
<p>Pour compliquer encore les choses, les récepteurs qui détectent la caféine et les autres composés amers sont très variables d’un individu à l’autre en raison de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/twin-research-and-human-genetics/article/genetic-analysis-of-coffee-consumption-in-a-sample-of-dutch-twins/A0E54A955F4C207D83797E2183E51AFB">la génétique et de la répétition de nos habituelles expositions</a>. Cela signifie que l’amertume et la force d’un même échantillon de café peuvent être perçues différemment selon les personnes.</p>
<p>Il existe également des variations dans <a href="https://www.healthline.com/health/caffeine-sensitivity#:%7E:text=People%20with%20caffeine%20sensitivity%20experience,may%20last%20for%20several%20hours">notre sensibilité</a> aux effets stimulants de la caféine. Ainsi, ce que nous recherchons dans un café, et ce que nous en retirons, dépend de notre propre biologie unique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un récipient en aluminium à plusieurs facettes avec une poignée noire, de la vapeur sortant du bec verseur" src="https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481002/original/file-20220825-19-adzw5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La cafetière italienne, une autre invention emblématique de l’Italie, infuse le café à haute température sur une cuisinière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ccu.bat/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<h2>Existe-t-il une infusion plus bénéfique pour la santé ?</h2>
<p>Selon les tendances ou les jours, le <a href="https://theconversation.com/mixed-messages-is-coffee-good-or-bad-for-us-it-might-help-but-it-doesnt-enhance-health-187343">café peut être présenté comme un choix sain ou malsain</a>. Cela s’explique en partie par notre biais d’optimisme (bien sûr, nous voulons que le café soit bon pour nous !), mais peut également être dû à la difficulté d’analyser des produits comme le café, où il n’est pas évident de saisir la complexité des méthodes d’infusion et d’autres variables.</p>
<p>Certaines études ont suggéré que les effets du café sur la santé sont propres au type d’infusion. Par exemple, le café filtre a été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/2047487320914443">lié à des résultats cardiovasculaires plus positifs chez les personnes âgées</a>.</p>
<p>Cette relation pourrait être une coïncidence, compte tenu d’autres habitudes concomitantes, mais il semble que le café filtre soit plus sain parce que davantage de diterpènes (un produit chimique présent dans le café qui pourrait être <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9242972/">associé à l’augmentation du taux de mauvais cholestérol</a>) <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28873752/">restent dans le marc et le filtre</a>, ce qui signifie qu’une moindre quantité se retrouve dans la tasse.</p>
<h2>La conclusion ?</h2>
<p>Chaque méthode d’infusion possède ses propres caractéristiques et apports. Toutes présentent ainsi un profil unique de saveur, de texture, d’apparence et de composés bioactifs. Bien que la complexité soit réelle et intéressante, en définitive, le mode d’infusion est une décision personnelle.</p>
<p>Différentes informations et des circonstances entraîneront différents choix chez différentes personnes et à des jours différents.</p>
<p>Pourquoi vouloir optimiser tous les types d’aliments et de boissons ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189673/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emma Beckett ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De l’espresso à la cafetière à piston, la méthode de préparation du café que nous sélectionnons dépend de nombreux facteurs. Mais comment cela affecte-t-il ce qui se trouve réellement dans votre tasse ?Emma Beckett, Senior Lecturer (Food Science and Human Nutrition), School of Environmental and Life Sciences, University of NewcastleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1596612021-04-28T18:07:43Z2021-04-28T18:07:43ZCafé et changement climatique : la redécouverte d’une espèce sauvage prometteuse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/396840/original/file-20210423-21-1vsjb1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=95%2C68%2C4226%2C3072&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les cerises noires du café stenophylla.</span> <span class="attribution"><span class="source">E. Couturon/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Le monde raffole du café. Plus précisément, il raffole du café arabica. De l’odeur de ses grains fraîchement moulus à la dernière gorgée, c’est tout simplement un délice pour les sens.</p>
<p>Le robusta, qui est l’autre espèce de café la plus répandue, est presque aussi commercialisé que l’arabica, mais beaucoup moins savoureuse. Il est d’ailleurs principalement utilisé pour fabriquer du café instantané ou réaliser des mélanges, tandis que l’arabica est l’apanage des baristas exigeants et des expressos coûteux.</p>
<p>Les consommateurs sont peut-être satisfaits, mais le changement climatique rend les producteurs de café amers. Les maladies et les parasites deviennent <a href="https://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaav3473.full">plus fréquents et plus graves</a> avec la hausse des températures. L’infection fongique connue sous le nom de rouille des feuilles du caféier a dévasté des plantations en <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12571-015-0446-9">Amérique centrale et du Sud</a>.</p>
<p>Et si les cultures de robusta ont tendance à être plus résistantes, elles ont besoin de beaucoup de pluie – un défi de taille alors que les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gcb.15097">sécheresses prolifèrent</a>.</p>
<p>Ce contexte menaçant annonce pour la caféiculture un <a href="https://www.nature.com/articles/nplants201781">futur plutôt sombre</a>. L’une des solutions les plus prometteuses consiste à développer de nouvelles cultures de café plus résistantes, qui devront non seulement tolérer des températures plus élevées et des précipitations moins prévisibles, mais également continuer à satisfaire les attentes des consommateurs en matière de goût et d’odeur.</p>
<p>Trouver la combinaison parfaite de caractéristiques dans une nouvelle espèce semblait peu probable. Mais dans une <a href="https://www.nature.com/articles/s41477-021-00891-4">recherche que nous avons récemment publiée</a>, mes collègues et moi-même révélons une espèce de café sauvage peu connue… qui paraît la plus prometteuse à ce jour.</p>
<h2>Cultiver le café dans un monde réchauffé</h2>
<p><em>Coffea stenophylla</em> a été décrite pour la première fois en 1834 à la Sierra Leone. Il a été cultivé dans les régions les plus humides de l’Afrique de l’Ouest supérieure jusqu’au début du XX<sup>e</sup> siècle, lorsqu’il a été remplacé par le robusta, nouvellement découvert et <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpls.2020.00616/full">plus productif</a>. L’industrie du café l’a alors largement oubliée. Il a néanmoins continué à pousser à l’état sauvage dans les forêts humides de Guinée, de la Sierra Leone et de Côte d’Ivoire, <a href="https://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaav3473.full">où il a ensuite été menacé par la déforestation</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=759&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=759&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=759&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=954&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=954&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395726/original/file-20210419-23-kv6i7b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=954&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"><em>Coffea stenophylla</em>, cultivée dans le jardin botanique de Trinidad vers 1900.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Royal Botanic Gardens, Kew</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Nous avons retrouvé sa trace à la fin de l’année 2018 <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpls.2020.00616/full">à la Sierra Leone</a> après l’avoir cherchée pendant des années. Mais nous ne parvenions pas à trouver d’arbres en fruits jusqu’à la mi-2020, lorsqu’un échantillon de 10 g a été récupéré pour être dégusté.</p>
<p>Déjà au XIX<sup>e</sup> siècle, des botanistes proclamaient la supériorité de la saveur du café stenophylla, et avaient identifié sa bonne résistance à la rouille des feuilles de caféier et à la sécheresse. Ces premiers dégustateurs étaient cependant souvent inexpérimentés, nous avions donc peu d’attente avant de le déguster pour la première fois à l’été 2020. Mais dès les premières gorgées, goûtées avec cinq autres experts du café, ça a été pour nous une révélation… C’était comme s’attendre à du vinaigre et se voir servir du champagne !</p>
<p>Cette première dégustation à Londres a été suivie d’une évaluation approfondie des saveurs de ce café dans le sud de la France, menée par ma collègue de recherche Delphine Mieulet. Elle a réuni 18 connaisseurs de café pour une dégustation à l’aveugle. Ils ont décrit un profil complexe, avec une douceur naturelle, une acidité moyenne-haute, un goût fruité et un bon corps. Bref, ce que l’on peut attendre d’un arabica de haute qualité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395717/original/file-20210419-13-401ccw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plante de café Stenophylla poussant à l’état sauvage, en Côte d’Ivoire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">E. Couturon/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>En fait, ce café semblait très proche de l’arabica. Lors de la dégustation de Londres, l’échantillon de la Sierra Leone a été comparé à l’arabica du Rwanda. Lors de la dégustation française à l’aveugle, la plupart des juges (81 %) ont déclaré que le stenophylla avait le même goût que l’arabica, contre 98 % et 44 % pour deux échantillons témoins d’arabica, et 7 % pour un échantillon de robusta.</p>
<p>Les dégustateurs ont relevé des notes de pêche, de cassis, de mandarine, de miel, de thé noir léger, de jasmin, de chocolat, de caramel et de sirop de fleurs de sureau. En bref, le café stenophylla est un pur délice. Et bien qu’il ait obtenu un score élevé pour sa ressemblance avec l’arabica, l’échantillon de café stenophylla a aussi été identifié comme tout à fait unique par 47 % des juges. Cela signifie qu’il existe peut-être une nouvelle niche commerciale pour ce café redécouvert.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Les testeurs ont approuvé la saveur douce et fruitée de la stenophylla.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>De nouveaux terrains à explorer</h2>
<p>Jusqu’ici, aucune autre espèce de café sauvage avait réussi à s’approcher dans les saveurs de la qualité de l’arabica. D’un point de vue scientifique, les résultats sont convaincants, car il était assez surprenant que la stenophylla ait le même goût que l’arabica. Ces deux espèces ne sont pas étroitement liées, elles sont originaires de côtés opposés du continent africain et les climats dans lesquels elles poussent sont très différents. Elles ne se ressemblent pas non plus : la stenophylla a des fruits noirs et des fleurs plus complexes que les cerises de l’arabica, qui sont rouges.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395720/original/file-20210419-19-xbvjhq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fleurs blanches du caféier stenophylla.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Royal Botanic Gardens, Kew</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>On a toujours considéré que le café de qualité supérieure était l’apanage de l’arabica – originaire des forêts d’Éthiopie et du Soudan du Sud – et particulièrement lorsqu’il est cultivé à des altitudes supérieures à 1 500 mètres, où le climat est plus frais et la lumière meilleure.</p>
<p>Le stenophylla remet cette idée en cause. Endémique de la Guinée, du Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, il pousse dans des conditions chaudes à basse altitude. Plus précisément, à une température annuelle moyenne de 24,9 °C – 1,9 °C de plus que le robusta et jusqu’à 6,8 °C de plus que l’arabica. Le stenophylla semble également plus tolérant aux sécheresses, et potentiellement capable de grandir avec moins de précipitations <a href="https://www.nature.com/articles/s41477-021-00891-4">que l’arabica</a>.</p>
<p>Le café robusta peut pousser dans des conditions similaires à celles du stenophylla, mais les agriculteurs sont rémunérés à un prix deux fois moins important que celui de l’arabica. Cette nouvelle espèce serait donc un moyen de cultiver un café au goût supérieur dans des climats beaucoup plus chauds. Et bien que ces arbres produisent moins de fruits que l’arabica, leur rendement reste suffisant pour être commercialement viable.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395730/original/file-20210419-13-41481t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Récolte de stenophylla à l’île de la Réunion.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IRD/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Pour sélectionner les caféiers du futur, nous avons besoin d’espèces ayant une grande saveur et une forte tolérance à la chaleur. Le croisement de la stenophylla avec l’arabica ou le robusta pourrait rendre ces deux variétés plus résistantes au changement climatique et même améliorer leur goût, dans le cas du robusta.</p>
<p>Grâce à la redécouverte de la stenophylla, l’horizon du café pourrait se dégager un peu.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159661/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aaron P Davis receives funding from Darwin Initiative (UK).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Delphine Mieulet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tandis que le changement climatique met en péril la culture de l’arabica, la redécouverte d’une délicieuse espèce sauvage à la Sierra Leone pourrait redonner espoir aux caféiculteurs.Aaron P Davis, Senior Research Leader, Plant Resources, Royal Botanic Gardens, KewDelphine Mieulet, Geneticist, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1381482020-06-09T17:56:37Z2020-06-09T17:56:37ZPodcast : La couleur de votre tasse modifie le goût de votre café<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/333786/original/file-20200509-49579-1uzzubu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/photos/coffee-coffee-beans-drink-caffeine-1324126/">Negative-Sapce/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Qu’il soit arabica ou robusta, le café est l’une des boissons les plus consommées au monde. Avec ou sans sucre, seul ou accompagné de lait, cette boisson est pour de nombreuses personnes un élément essentiel d’une routine quotidienne.</p>
<p>En contrôlant notamment la température de l’eau, le processus de préparation, la torréfaction, la finesse de la mouture ; l’élaboration de ce breuvage a été élevée par certains au rang de science tout autant que d’art. Ceci dans l’optique d’exalter, les parfums et les arômes, les plus délicats de cette boisson afin d’offrir une expérience unique.</p>
<p>Mais il se pourrait aussi que le goût du café dépende, tout simplement, de la couleur de tasse dans lequel il est bu !</p>
<p>C’est en tout cas les conclusions de chercheurs australiens qui ont réalisé, il y a quelques années, une étude afin d’estimer si le type de tasse et notamment la couleur de celle-ci pouvaient avoir un impact sur la perception du goût du café qui y était bu.</p>
<p>En moins de 10 minutes, avec cet épisode, découvrez en détail les intrigants résultats de cette <a href="https://flavourjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/2044-7248-3-10">étude</a> qui pourraient bien vous faire voir votre tasse à café d’une manière différente.</p>
<hr>
<p><em>Un podcast en partenariat avec <a href="https://soundcloud.com/latetedanslecerveau">La tête dans le cerveau</a> dont toutes les références scientifiques sont à retrouver sur <a href="https://cervenargo.hypotheses.org/3460">Cerveau en argot</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138148/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Rodo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pas la peine d’avoir la meilleure machine à café du monde, si vous vous trompez de couleur de tasse.Christophe Rodo, Jeune chercheur ATER terminant une thèse en neurosciences, au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives, de l’Institut de Neurosciences des Systèmes et de l’Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1329112020-03-15T08:41:58Z2020-03-15T08:41:58ZPodcast : La domestication des microbes, au cœur de notre patrimoine alimentaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/318337/original/file-20200303-66060-11bn8rj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C849%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">On estime que la fermentation de la bière est apparue aux alentours de 4&nbsp;000&nbsp;ans avant Jésus-Christ.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.ancient-origins.net/history-ancient-traditions/provocative-yet-sacred-ancient-egyptian-festival-drunkenness-005289">Wikimedia commons</a></span></figcaption></figure><p>Au cours de son Histoire, l’homme a domestiqué les végétaux (agriculture), les animaux (l’élevage), mais aussi les microbes. On a tendance à moins y penser, car ce monde est invisible, mais il reste actif pour transformer nos aliments et produire des denrées qui nous sont aujourd’hui très familières : le fromage, le pain, la bière, le vin, le yaourt, la sauce soja, le café ou encore le chocolat. Les microbes s’inscrivent donc intimement dans notre patrimoine alimentaire.</p>
<iframe src="https://player.acast.com/5e69020345f6295e08d5a28b/episodes/la-domestication-des-microbes-au-coeur-de-notre-patrimoine-a?theme=default&cover=1&latest=1" frameborder="0" width="100%" height="110px" allow="autoplay"></iframe>
<p><a href="https://open.spotify.com/episode/1szLtvZWihNYMLsWCikPqZ"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-la-domestication-des-microbes-au-c%C5%93ur-notre/id1516230224?i=1000476394981"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<hr>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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</figure>
<p><em>La preuve par 3 : les experts de The Conversation déclinent 3 aspects d’une question d’actualité en 3 épisodes à écouter, à la suite ou séparément ! Dans cette série, Christophe Lavelle, biophysicien et épigénéticien, chercheur au CNRS et au Muséum National d’Histoire Naturelle, revient sur la place importante de la fermentation dans notre alimentation (objet de ce premier épisode), les modifications biochimiques qu’elle entraine dans les aliments, ainsi que ses bénéfices (réels ou supposés) pour la santé.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132911/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Lavelle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Depuis des milliers d’années, l’homme s’appuie sur un monde invisible pour produire des aliments comme la bière, le vin, le fromage ou encore le chocolat.Christophe Lavelle, Chercheur en biophysique moléculaire, épigénétique et alimentation, CNRS UMR 7196, Inserm U1154, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1303442020-01-23T18:12:59Z2020-01-23T18:12:59ZQuels sont les effets du café sur votre corps ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/311473/original/file-20200122-117938-1l02dxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Du café filtre à l'espresso en passant par le latte, les boissons à base de café sont très variées.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Lisez-vous cet article avec une tasse de café à la main ? Probablement. Le café est la boisson la plus populaire <a href="https://www.pewresearch.org/fact-tank/2013/12/20/chart-of-the-week-coffee-and-tea-around-the-world/">dans de nombreuses régions du monde</a>, <a href="https://www.boisson-sans-alcool.com/marques_cafe-canada/">dont au Canada</a>. Soixante-quatre pour cent des Canadiens boivent du café quotidiennement et consomment, en moyenne, 152 litres par année, <a href="https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/les-eclaireurs/segments/chronique/8725/cafe-consommation-tim-hortons-prix-canadiens-buveurs-3e-monde">ce qui classe le pays troisième, per capita, à ce chapitre dans le monde</a>, après la Finlande et les Pays-Bas.</p>
<p>La France, de son côté, <a href="http://www.leparisien.fr/economie/consommation/marche-du-cafe-2-3-millions-de-tasses-sont-bues-chaque-minute-09-04-2019-8049639.php">est le septième marché mondial du café</a> derrière le Brésil, les États-Unis, l’Allemagne, l’Indonésie, le Japon et l’Italie.</p>
<p>D’ailleurs, lorsque la nouvelle a été annoncée que le couple princier Harry et Meghan envisageait de s’installer au Canada, le géant canadien du café Tim Hortons leur a offert du café gratuit à vie.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1215063586852233216"}"></div></p>
<p>Vu la popularité du café, il est surprenant de constater à quel point la confusion règne autour de la façon dont ce chaud et sombre nectar des dieux affecte notre biologie.</p>
<h2>Les ingrédients du café</h2>
<p>Les principaux ingrédients biologiquement actifs du café sont la caféine (un stimulant) et plusieurs antioxydants. Que savons-nous de leurs effets sur notre corps ? Les principes de base sont assez simples, mais le diable est dans les détails et les spéculations sur la façon dont le café pourrait nous aider ou nous nuire vont bon train.</p>
<p>Les propriétés stimulantes de la caféine font qu’une tasse de café suffit pour vous réveiller. En fait, le café, ou du moins la caféine qu’il contient, <a href="https://doi.org/10.1016/0165-0173(92)90012-B">est la drogue psychoactive la plus utilisée dans le monde</a>. Elle semble agir comme un stimulant, du moins en partie, en empêchant l’adénosine, qui favorise le sommeil, de se lier à son récepteur.</p>
<p>La caféine et l’adénosine ont des structures annulaires similaires. La caféine agit comme un imitateur moléculaire, remplissant et bloquant le récepteur d’adénosine. Cela empêche l’organisme d’être naturellement capable de se reposer lorsqu’il est fatigué.</p>
<p>Ce blocage est également la raison pour laquelle une trop grande quantité de café peut vous rendre nerveux ou vous empêcher de dormir. La fatigue ne peut être réprimée qu’un certain temps avant que les systèmes de régulation de l’organisme ne commencent à faire défaut, ce qui entraîne des effets comme l’<a href="https://doi.org/10.1016/0165-0173(92)90012-B">anxiété ou l’insomnie</a>. Un lien possible entre la consommation de café et l’insomnie a été identifié <a href="https://www.doi.org/10.2307/1413116">il y a plus de 100 ans</a>.</p>
<h2>Des réponses uniques</h2>
<p>Chaque personne réagit différemment à la caféine. Cela est dû notamment <a href="https://doi.org/10.1038/sj.clpt.6100102">aux différentes formes du récepteur d’adénosine</a>, la molécule à laquelle la caféine se lie et qu’elle bloque. Il existe <a href="https://academic.oup.com/hmg/article/20/10/2071/680367">probablement aussi des variations génétiques</a>.</p>
<p>Certaines personnes ne transforment pas la caféine. Pour elles, des boissons comme le café <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0273230015301379">pourraient présenter un danger médical</a>. Mais au-delà de ce cas extrême, il y a de multiples variations dans la façon dont nous réagissons à une tasse de café. Et comme souvent avec la biologie, cette variation résulte de l’environnement, de nos habitudes passées de consommation, de la génétique et, honnêtement, du hasard.</p>
<p>Dans une étude réalisée sur des rats, la caféine a déclenché la contraction des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Muscle_lisse">muscles lisses</a>. Il est donc possible que la <a href="https://doi.org/10.1016/S0016-5085(19)38364-7">caféine favorise l’activité intestinale</a>. D’autres études ont cependant montré que le café décaféiné peut avoir un effet aussi important sur l’activité intestinale que le café, ce qui suggère un <a href="http://dx.doi.org/10.1136/gut.31.4.450">mécanisme plus complexe impliquant d’autres molécules</a>.</p>
<h2>Avantages des antioxydants</h2>
<p>Qu’en est-il des <a href="https://dx.doi.org/10.3390%2Fantiox2040230">antioxydants contenus dans le café</a> et du buzz qui les entoure ? Les processus métaboliques produisent l’énergie nécessaire à la vie, mais ils créent également des déchets, souvent sous la forme de molécules oxydées. Elles peuvent être nocives en soi ou en endommageant d’autres molécules.</p>
<p>Les antioxydants sont un vaste groupe de molécules qui peuvent épurer les déchets dangereux. Tous les organismes en produisent lors de leur processus d’équilibre métabolique. Il n’est pas clair si le fait de compléter notre alimentation avec des antioxydants supplémentaires peut augmenter ces défenses naturelles, mais cela est possible.</p>
<p>Les antioxydants ont été associés à presque tout, y compris l’<a href="https://doi.org/10.1111/j.1743-6109.2005.20236.x">éjaculation précoce</a>. Ces allégations d’effets positifs sont-elles fondées ? Étonnamment, la réponse est encore une fois un retentissant « peut-être ».</p>
<h2>Le café et le cancer</h2>
<p>Le café ne guérit pas le cancer, mais il peut aider à le prévenir, ainsi que d’autres maladies.</p>
<p>Pour répondre en partie à la question du lien entre le café et le cancer, il faut en poser une autre : qu’est-ce que le cancer ? Dans sa forme la plus simple, il s’agit d’une croissance cellulaire incontrôlée, qui consiste fondamentalement à réguler le moment où les gènes sont, ou ne sont pas, activement exprimés.</p>
<p>Mon groupe de recherche étudie les <a href="https://doi.org/10.1534/g3.114.012484">gènes</a> et la <a href="https://dx.doi.org/10.1534%2Fgenetics.111.133231">régulation</a>. Je confirme qu’une bonne tasse de café, ou une augmentation de la caféine ne modifiera pas le dérèglement d’un gène, le cas échéant.</p>
<p>Les antioxydants contenus dans le café peuvent cependant avoir un <a href="https://www.cancer.gov/about-cancer/causes-prevention/risk/diet/antioxidants-fact-sheet">effet anticancéreux</a>. N’oubliez pas que les antioxydants combattent les dommages cellulaires. Un de ces dommages qu’ils peuvent contribuer à réduire <a href="https://doi.org/10.1002/(SICI)1521-1878(199903)%2021 :3 %3C238 : :AID-BIES8 %3E3.0.CO ;2-3">est celui des mutations de l’ADN</a>. Le cancer est causé par des mutations qui entraînent une mauvaise régulation des gènes.</p>
<p>Des études ont montré que la <a href="https://doi.org/10.1007/978-1-4615-9561-8_45">consommation de café combat le cancer chez les rats</a>. D’autres études chez l’humain indiquent que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26656410">consommation de café est associée à des taux plus faibles de certains cancers</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310678/original/file-20200117-118359-48wui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Plusieurs études ont montré que la consommation de café réduit le taux de certaines maladies chez les rats et les souris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est intéressant de noter que la consommation de café a également été liée à la réduction des taux d’autres maladies, notamment la <a href="http://doi.org/10.3233/JAD-2010-091525">maladie de Parkinson</a> et à d’autres formes de démence. Au moins une étude expérimentale en culture cellulaire sur des souris montre que <a href="https://dx.doi.org/10.1073%2Fpnas.1813365115">cette protection est due à une combinaison de caféine et d’antioxydants dans le café</a>.</p>
<p>Une consommation plus importante de café a également été liée à des <a href="https://doi.org/10.3945/ajcn.112.048603">taux plus faibles de diabète de type 2</a>. Les effets combinés et les variations entre les individus semblent être communs à toutes les maladies, d’où la complexité de la recherche.</p>
<p>En fin de compte, où tout cela nous mène-t-il en ce qui concerne la biologie du café ? Eh bien, comme je le dis à mes étudiants, c’est compliqué. Mais il y a un fait indéniable, comme la plupart des lecteurs le savent déjà : le café aide à bien vous réveiller le matin.</p>
<p>[<em>Vous aimez ce que vous avez lu ? Vous en voulez plus ?</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130344/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Merritt reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles du Canada et du Programme des chaires de recherche du Canada. </span></em></p>Antioxydant, anticancéreux, hyper-stimulant… Voici comment le café, l'une des boissons les plus populaires au monde, agit sur notre corps.Thomas Merritt, Professor and Canada Research Chair, Chemistry and Biochemistry, Laurentian UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1174142019-05-21T21:11:32Z2019-05-21T21:11:32ZPodcast : Sans même le sentir ou y goûter, le café est excitant !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/275367/original/file-20190520-69178-1tloa3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053810018303350?via%3Dihub">Negative Space/Pexels</a></span></figcaption></figure><p>Plus que l’action physiologique de la consommation directe de café, il semblerait que la représentation symbolique véhiculée par la société autour de cette boisson puisse à elle seule avoir un effet sur l’état d’éveil et d’excitation d’un individu. C’est tout du moins les résultats mis en évidence par des chercheurs de l’université Monash en Australie et de Toronto au Canada. Dans cette <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053810018303350?via%3Dihub">publication scientifique récente</a>, les scientifiques se sont intéressés à l’impact que peut avoir certains concepts et mots sur notre fonctionnement physiologique et psychologique.</p>
<p>En moins de 10 minutes, avec cet épisode, découvrez comment les chercheurs ont montré que sans même le sentir ou y goûter, le café pourrait avoir un effet excitant.</p>
<hr>
<p><em>Un podcast en partenariat avec <a href="https://soundcloud.com/latetedanslecerveau">La tête dans le cerveau</a> dont toutes les références scientifiques sont à retrouver sur <a href="https://cervenargo.hypotheses.org/2779">Cerveau en Argot</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117414/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Rodo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si vous n’aimez pas le café, vous pouvez tout de même bénéficier de son côté excitant.Christophe Rodo, Jeune chercheur ATER terminant une thèse en neurosciences à Aix-Marseille Université, au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives, de l’Institut de Neurosciences des Systèmes et de l’Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1078392018-12-17T20:58:38Z2018-12-17T20:58:38ZL’aide au développement : quelle influence sur les phénomènes migratoires ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/248116/original/file-20181130-194950-1bszieo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Viaduc du N'Zi, Pont ferroviaire situé construit par la Régie des chemins de fer Abidjan-Niger. Longueur 250 mètres.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/sidcamelot/22878601802/in/photolist-ARGPeL-8a8nWQ-ab7xVE-bMXRUV-hLV5iV-CzVi8m-nJqAPd-Cusaiy-eKXih6-oDZ4Lm-fLvr8U-naLiVr-btJkFL-bfv5Sp-bfviJ2-sLuQWS-bfvdfp-ioFzy2-e2MmJU-bfvaQM-bfvjUa-e8gGed-283Mpp5-q5C6Vr-eEFM8A-iNteff-SpmN5m-iC8io6-T6XoBA-eYsU8F-iNropc-q9HpHt-6fFu2n-CE1PNe-C6vxgv-nxQEhy-7XEU6a-hMfw3V-232Thof-bfvpkR-gqmYoR-ffJdo3-bh3C5K-Y3cquS-gFQPJ1-bfvLHV-gqm7A5-bK4Lnt-pVmWBR-ouf1aC">Denis Carrascosa</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>À la suite des <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/10/manipulations-autour-du-pacte-mondial-sur-l-immigration-de-l-onu_5395199_3232.html">polémiques</a> autour de la signature du <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/la-france-et-les-nations-unies/le-pacte-mondial-sur-les-migrations/">« Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulée »</a> par 150 pays lors de la <a href="http://www.un.org/en/conf/migration/about-conference.shtml">conférence intergouvermentale de Marrakech</a>, le rôle de l’aide internationale est questionné dans sa relation entre développement et migration.</p>
<p>Soulignés par le démographe <a href="https://laviedesidees.fr/migrations-afrique-prejuge-stephen_smith-oracle.html">François Héran</a>, les propos de <a href="http://www.lefigaro.fr/international/2018/04/16/01003-20180416ARTFIG00263-immigration-les-theses-a-rebours-de-stephen-smith-l-africaniste-cite-par-macron.php">Stephen Smith</a> sont symptomatiques : À poursuivre l’aide au développement, « la <a href="https://www.grasset.fr/la-ruee-vers-leurope-9782246803508">politique européenne risque de transformer les flux migratoires africains en ruée vers l’Europe</a>. »</p>
<p>La recherche empirique est ici nécessaire pour éviter de tomber dans certains raccourcis et visions trop tranchées quant aux effets du développement et de l’aide internationale sur la migration.</p>
<h2>La transition migratoire s’effectue en deux temps</h2>
<p>Un grand nombre de <a href="http://ftp.iza.org/dp8592.pdf">travaux d’analyse</a> portant sur les expériences migratoires passées ont montré que la <a href="http://demografi.bps.go.id/phpFileTree/bahan/kumpulan_tugas_mobilitas_pak_chotib/Kelompok_3/Literatur/Softcopy/ZELINSKY-Wilbur-The-hypothesis-of-the-mobility-transition-Geographical-Review.pdf">« transition migratoire »</a> s’effectue en deux temps.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=655&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=655&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=655&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=823&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=823&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/250941/original/file-20181217-185261-xbdnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=823&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le lien migration-croissance, Michael Clemens (2014) « Does development reduce migration ? ».</span>
</figcaption>
</figure>
<p>À moyen terme, la croissance du PIB d’un pays permet à davantage d’individus de disposer des moyens de réaliser leur projet migratoire, et favorise donc l’émigration. Il <a href="https://www.mitpressjournals.org/doi/abs/10.1162/rest.89.2.359?journalCode=rest">a été montré</a> par exemple qu’une augmentation du revenu par habitant de 10 % dans les pays d’Afrique subsaharienne a été associée à une augmentation de 1,2 % de leur taux d’émigration vers les États-Unis sur la période 1971-1998.</p>
<p>C’est seulement à plus long terme et à partir d’un certain niveau de richesse de la population que cette croissance du PIB conduit à une <a href="https://www.cgdev.org/sites/default/files/does-development-reduce-migration_final_0.pdf">baisse de l’émigration</a>.</p>
<p>Cette « courbe en U inversée » repose toutefois essentiellement sur des comparaisons de pays à un moment donné (les pays à revenu intermédiaire <a href="https://www.cgdev.org/sites/default/files/does-development-reduce-migration_final_0.pdf">migrant plus</a> que les pays pauvres et riches) ou sur des évolutions de long terme (les données étant alors essentiellement disponible sur un échantillon de pays actuellement développés ou à revenu intermédiaire).</p>
<p>Cependant, la <a href="https://www.cgdev.org/publication/deterring-emigration-foreign-aid-overview-evidence-low-income-countries">relation ne se vérifie pas dans tous les pays</a>, elle n’intègre pas les enjeux de qualité de la croissance et ne dit rien de spécifique sur la migration illégale ou sur la situation des pays qui ne sortent pas de la pauvreté.</p>
<h2>À court terme, des liens complexes</h2>
<p>Le développement recouvrant de multiples dimensions, l’amélioration de la situation sur certaines dimensions peut réduire le désir de migration.</p>
<p>L’insertion économique et sociale des jeunes est alors un sujet central. Dans les contextes où le taux d’emploi des jeunes est de 70 % ou moins, la migration est deux fois supérieure à celle constatée lorsque ce taux d’emploi est de plus de 90 % et ceci <a href="https://www.cgdev.org/publication/deterring-emigration-foreign-aid-overview-evidence-low-income-countries">autant dans les pays développés que dans les pays en développement</a>.</p>
<p>Des travaux récents sur l’impact du trio éducation – formation – emploi sur les migrations montrent que l’effet de la formation professionnelle sur les décisions migratoires dépend de son <a href="http://www.oecd.org/fr/developpement/interactions-entre-politiques-publiques-migrations-et-developpement-9789264274136-fr.htm">lien avec le marché de l’emploi environnant</a>.</p>
<p>L’acquisition de compétences non adaptées à un marché local peut augmenter la propension à immigrer, alors que l’amélioration de l’adéquation entre l’offre des systèmes d’acquisition de compétences et la demande du marché du travail peut contribuer à réduire les pressions à l’émigration.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/250926/original/file-20181217-185261-1kw1uq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jeunes maliens en classe, à Kati, un village impliqué dans un programme de développement de l’USAID.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/usaidafrica/14171250850">Adwoa Atta-Krah/EDC</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par exemple, l’amélioration des marchés locaux, grâce à l’<a href="http://www.ifpri.org/publication/effect-land-inheritance-youth-employment-and-migration-decisions-evidence-rural-0">accès au droit foncier en Éthiopie</a> a pu diminuer la pression migratoire des travailleurs.</p>
<p>L’impact du développement sur les déterminants des crises institutionnelles, sociales et économiques ainsi que sur la résilience aux crises est un autre axe par lequel le développement peut potentiellement réduire la pression migratoire.</p>
<h2>Aide internationale et migration : une question ouverte</h2>
<p>La littérature empirique sur les effets de l’aide sur la migration est encore assez récente et ne compte qu’un nombre limité d’études. Si des <a href="https://econpapers.repec.org/article/eeewdevel/v_3a37_3ay_3a2009_3ai_3a10_3ap_3a1589-1599.htm">travaux assez anciens</a> sur le sujet ont montré une relation positive entre aide et migration en <a href="http://www.academicjournals.org/app/webroot/article/article1381824852_Mughanda.pdf">Afrique subsaharienne</a> ou concernant la <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/rode.12090">migration illégale en Amérique latine</a>, des travaux plus récents les ont remis en question. Ils montrent par exemple que l’aide au développement n’a pas ou peu d’influence sur le nombre de réfugiés sauf lorsque cette aide est doublée <a href="http://www.ferdi.fr/sites/www.ferdi.fr/files/evenements/2017-migration_conference-fuchs_et_al.pdf">d’un soutien humanitaire</a>.</p>
<p>La publication la plus récente et la plus robuste sur le sujet démontre un <a href="http://cadmus.eui.eu/bitstream/handle/1814/46124/MWP_2017_05.pdf?sequence=1">effet significatif et négatif de l’aide totale sur la migration</a> l’expliquant alors par une amélioration des services publics. En analysant spécifiquement les différentes composantes de l’aide, les dernières publications montrent une réduction de la migration lorsque l’aide cible la <a href="http://docs.aiddata.org/ad4/files/wps37_targeted_foreign_aid_and_international_migration_0.pdf">gouvernance</a> ou le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0305750X1830189X">développement rural</a>.</p>
<p><a href="https://www.cgdev.org/sites/default/files/deterring-emigration-foreign-aid-overview-evidence-low-income-countries.pdf">L’impact de l’aide sur la migration est toutefois marginal</a> et l’aide cible finalement assez peu les déterminants de la migration. Ainsi, l’aide européenne est faible dans les pays d’origine qui dominent les <a href="https://www.ispionline.it/en/pubblicazione/building-trust-challenge-peace-and-stability-mediterranean-21624">flux d’immigration vers l’Europe</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=686&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=686&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=686&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=863&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=863&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/247932/original/file-20181129-170247-1u3zfjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=863&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Building Trust : the Challenge of Peace and Stability in the Mediterranean.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ispionline.it/en/pubblicazione/building-trust-challenge-peace-and-stability-mediterranean-21624">Italian Institute for International Political Studies</a></span>
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</figure>
<p>La question du lien aide-migration reste donc relativement ouverte notamment via ses modalités, sa réaction face aux crises et l’hétérogénéité des effets et secteurs ciblés. Une amélioration des données d’aide ciblant la mobilité ainsi que des évaluations scientifiques de programme pourraient faire avancer la recherche sur le sujet en particulier sur la question de la migration illégale.</p>
<p>Un consensus cependant émerge parmi les nombreux chercheurs spécialistes de ce domaine : l’aide ne peut pas être envisagée comme un facteur d’augmentation ou de réduction des migrations, mais bien comme un outil pour en améliorer les effets en jouant sur le <a href="https://www.cgdev.org/publication/deterring-emigration-foreign-aid-overview-evidence-low-income-countries">développement des pays concernés</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107839/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Alors que la question de la migration est omniprésente dans le débat actuel, le sujet de son lien avec l’aide internationale et le développement apparaît central.Rohen d’Aiglepierre, PhD, chargé de recherche « Développement Humain » / "Human Development" reseacher, Agence française de développement (AFD)Anda David, Chargée de recherche, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1060832018-11-08T21:09:32Z2018-11-08T21:09:32ZQuel est le point commun entre Emmanuel Macron, l’iPad, le Cirque du Soleil et Nespresso ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/244108/original/file-20181106-74754-181sukq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=121%2C76%2C4103%2C2720&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’expression « en même temps », un faux tic de langage bien plus stratégique qu’il n’y paraît...</span> <span class="attribution"><span class="source">Frederic Legrand/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les noms d’Emmanuel Macron, de l’iPad, du Cirque du Soleil et de Nespresso sont tous associés à la notion de succès. Dans le cas de l’actuel président de la République, il s’agit de sa victoire inattendue à l’élection présidentielle avec <a href="https://theconversation.com/president-macron-une-nette-victoire-mais-une-derniere-marche-reste-a-franchir-77325">66 % des voix</a> (nous ne préjugeons pas ici de sa réussite en tant que chef de l’État) ; pour Nespresso, le spécialiste suisse du café en dosette, c’est un chiffre d’affaires qui avoisine 3 milliards d’euros, avec une rentabilité exceptionnelle ;</p>
<p>Le géant américain du numérique Apple peut lui se féliciter d’avoir vendu plus de <a href="http://www.vipad.fr/post/ventes-ipad-2017-apple-en-tete-897627">43 millions de tablettes iPad</a> en 2017 dans le monde, pour un chiffre d’affaires de près de 20 milliards de dollars. Quant au Cirque du Soleil, avec un chiffre d’affaires de plus de 800 millions de dollars et 8 000 employés, il a fait de son fondateur, l’ancien artiste de rue Guy Laliberté, l’un des hommes les plus riches du Canada.</p>
<p>Surtout, au-delà des chiffres, il y a derrière ces succès des stratégies anticonformistes conçues et mises en œuvre avec réussite. Des stratégies que nous allons qualifier d’« hybrides » car elles se composent de deux ou plusieurs éléments différents.</p>
<h2>iPad : les nouvelles frontières</h2>
<p>Dans le cas de l’iPad, cette hybridation est très tangible. Comme l’annonçait Steve Jobs en janvier 2010 lors de son lancement, la tablette est le croisement d’un téléphone multifonction et d’un ordinateur portable, sans forcément avoir les fonctionnalités des deux produits « parents » (pas de fonction téléphonique, par exemple). L’iPad, au prix très élevé, ouvrait une nouvelle catégorie de produits à mi-chemin entre smartphone et PC, avec une approche du marché différente.</p>
<p>L’innovation réelle n’était pas tant technologique (même si l’objet est désirable, avec une puissance et une rapidité élevée, une ergonomie soignée et un maniement aisé d’un simple glissement de doigt), que d’usage ; elle bouleversait les comportements des acheteurs de technologie. L’iPad redéfinissait les frontières entre le monde du divertissement, de la communication et du travail, comme le soulignent les spécialistes du marketing Philip Kotler, Kevin Lane Keller et Delphine Manceau Kotler dans leur ouvrage de référence <a href="https://books.google.fr/books?id=kDGDMwEACAAJ&dq=inauthor:%22Delphine+Manceau%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi06P2Ozb_eAhUIWBoKHRd8BaAQ6AEIKDAA">« Marketing Management »</a> (Pearson, 2012). Mais ce n’est pas une innovation de rupture. C’est plutôt une innovation dans la semi-continuité (ou incrémentale) : perception de forte innovation avec modification des usages. Neuf mois après son lancement, le temps d’une grossesse, les chiffres de ventes de l’iPad dépassaient déjà les 10 milliards de dollars.</p>
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<figcaption><span class="caption">Lancement de l’iPad, janvier 2010.</span></figcaption>
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<h2>Nespresso : la polysensorialité</h2>
<p>L’offre de Nespresso se caractérise également par son aspect hybride, entre une cafetière, un percolateur et le café proprement dit. Là aussi, l’innovation technologique n’est pas à proprement parler spectaculaire. Les percolateurs existaient depuis des décennies dans les bars, voire chez les particuliers.</p>
<p>Nespresso est venu révolutionner non pas le goût du café mais la façon de le préparer et de le consommer chez soi. La filiale du groupe Nestlé a mis au point dans ce sens une machine au design distinctif, d’utilisation facile, et qui procure une expérience polysensorielle (mousse onctueuse, capsule multicolore, arômes variés, etc.). En outre, Nespresso, dont l’image se veut quasi luxueuse, a opté pour une distribution sélective (sans passer par les grandes surfaces notamment). Les trois piliers de son succès sont donc, en même temps, les grands crus de café, les machines et le club.</p>
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<figcaption><span class="caption">La première publicité pour Nespresso avec l’acteur George Clooney.</span></figcaption>
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<h2>Le Cirque du Soleil : le spectacle pour tous</h2>
<p>Le Cirque du Soleil, c’est le cirque sophistiqué pour les grands et les petits : un produit hybride entre le <a href="http://premium.lefigaro.fr/culture/2017/01/16/03004-20170116ARTFIG00119-apres-146-ans-d-existence-barnum-arrete-son-cirque.php">cirque Barnum</a> et le spectacle pour adultes, le divertissement de rue et les grands shows internationaux. L’innovation est dans ce cas d’abord conceptuelle. Chaque spectacle raconte une histoire mise en scène et n’est pas, à la différence du cirque classique, une succession de numéros non reliés entre eux.</p>
<p>L’innovation, c’est aussi le style unique et sophistiqué du Cirque : musique <em>new age</em>, costumes originaux, théâtralisation, décors spectaculaires, jeu des acteurs, et bien sûr talent pur des artistes. Les animaux (au grand soulagement de leurs défenseurs) et les longs dialogues ont été écartés. Certains des spectacles sont fixes et permanents, mais d’autres voyagent toujours sous des tentes décorées à l’ancienne, avec les classiques rayures brillantes jaunes et bleues.</p>
<p>Ce positionnement unique dans le divertissement sophistiqué pour tous les âges a permis au Cirque du Soleil, spectacle onéreux haut de gamme, de construire une marque aujourd’hui reconnue dans le monde entier à partir de rien. Notons aussi que, comme Nespresso, la société canadienne a créé un Cirque Club dont les membres représentent entre 20 et 30 % des entrées de chaque tournée.</p>
<h2>Macron : à gauche et à droite, en même temps</h2>
<p>Le candidat Macron se présentait pendant la campagne 2017 comme un hybride de la gauche et de la droite, sans se définir comme étant du centre. Il fut parfois moqué ou caricaturé pour l’expression <a href="https://theconversation.com/et-en-meme-temps-une-pensee-macronnienne-de-la-complexite-77917">« en même temps »</a>, un faux tic de langage bien plus stratégique qu’il n’y paraît. </p>
<p>On peut en effet voir dans cette formule la clé de voûte de son positionnement et de sa stratégie de conquête du pouvoir. Le candidat Macron se revendique <em>à la fois</em> de droite et de gauche, et non pas « <em>ni</em> de droite, <em>ni</em> de gauche », comme se définissait lui-même le centriste François Bayrou pendant les campagnes de 2007 et de 2012. Autrement dit, l’ex-conseiller du président François Hollande affirme avec cette position être en mesure d’embrasser plusieurs courants idéologiques jusque-là inconciliables. Notons qu’il ne s’est écoulé que neuf mois, encore le temps d’une gestation, entre la démission d’Emmanuel Macron du gouvernement, en août 2016, et son élection au poste suprême, en mai 2017.</p>
<h2>Les grands principes de la stratégie « en même temps »</h2>
<p>On peut donc ainsi résumer les points communs de la réussite de ces produits hybrides :</p>
<ul>
<li><p>Croisement de deux produits différents générant un hybride original ;</p></li>
<li><p>Satisfaction de différents besoins, attentes et ou désirs ;</p></li>
<li><p>Rapidité de la conquête ;</p></li>
<li><p>Perception d’innovation plus forte que la réalité ;</p></li>
<li><p>Design, Emballage, communication ou discours particulièrement soignés et étudiés ;</p></li>
<li><p>Création d’une nouvelle catégorie sur un marché existant ;</p></li>
<li><p>Nouvelle cible ;</p></li>
<li><p>Club, parti ou groupe d’adeptes fidèles créés de toutes pièces ;</p></li>
<li><p>Recomposition surprenante du marché.</p></li>
</ul>
<h2>Le temps de l’hybridation stratégique ?</h2>
<p>Doit-on conclure l’étude de ces cas en affirmant que l’avenir appartient aux stratégies d’hybridation ? On pourrait aisément compléter la liste de concepts performants qui établissent des ponts entre différents concepts ou marchés : Starbucks est un hybride entre le fast food à l’américaine et le bar à l’italienne ; Nutella croise le chocolat et la confiture ; Abribus mélange un abri pour attendre le bus, un support publicitaire, et des panneaux d’information pour les communes ; Apericube combine fromage et apéritif ; Kinder Surprise marie gourmandise et plaisir du cadeau et de la surprise ; les smartphones de dernière génération unissent ordinateurs portables, tablettes, téléphones, baladeurs musicaux et lecteurs vidéo ; même les films comme <em>La Reine des neiges</em>, <em>Shrek</em>, <em>Madagascar</em> ou encore <em>Kung Fu Panda</em> combinent dessins animés, images de synthèse, comédie musicale, gags et dialogues pour adultes et pour enfants. L’hybridation permet de surprendre. Sans oublier Donald Trump, improbable hybride de politicien se pliant aux traditionnelles primaires, d’animateur de télévision provocateur et d’entrepreneur tout à la fois héritier et <em>self-made man</em>.</p>
<p>Mais toute innovation stratégique, tel le Dieu romain Janus, a deux faces. La stratégie « en même temps » compte en effet son lot d’inconvénients :</p>
<ul>
<li><p>Difficulté à élargir la cible ;</p></li>
<li><p>Positionnement souvent haut de gamme et prix élevés (électeurs CSP+ et surdiplômés dans le cas de l’élection d’Emmanuel Macron) ;</p></li>
<li><p>Difficulté à se renouveler tant la surprise initiale est forte ;</p></li>
<li><p>Réaction de la concurrence qui propose des produits à des prix moins chers (Samsung sur les tablettes, surenchère populiste en politique, etc.) ;</p></li>
<li><p>Déception de certains acheteurs (la tablette n’est ni un smartphone, ni un PC ; Macron n’est ni de droite, ni de gauche).</p></li>
</ul>
<p>Quand on annonce un croisement exceptionnel, il s’agit ensuite d’être en mesure de tenir ses promesses sur la durée. Comme en biologie, il est des hybrides fertiles, comme le chien-loup, et des hybrides stériles, comme le mulet. L’avenir dira dans quelle catégorie tombera, par exemple, le président Macron…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106083/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Villemus ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Réponse : ce sont tous des « produits hybrides » qui ont connu un succès foudroyant grâce à une stratégie originale que nous baptiserons la stratégie « en même temps ».Philippe Villemus, Professeur chercheur en marketing et leadership, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1059292018-10-30T23:30:27Z2018-10-30T23:30:27ZL’aventure de la biodiversité : 1573-1626, le café arrive en Europe<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/242787/original/file-20181029-76396-1aexizy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un café à Londres, au XVII e siècle.</span> <span class="attribution"><span class="source">Anonyme. Pim Reinders, Thera Wijsenbeek et al., Koffie in Nederland</span></span></figcaption></figure><p><em>Nous publions ici un extrait de l’ouvrage : « L’aventure de la biodiversité. De Ulysse à Darwin, 3 000 ans d’expéditions naturalistes » qui vient de paraître aux éditions Belin. Hervé Le Guyader évoque dans le texte ci-dessous trois voyageurs : Leonhard Rauwolff, Prospero Alpini et Pietro Della Valle. Les illustrations sont de Julien Norwood.</em></p>
<hr>
<p>Plus de 40 millions de sacs de café, soit 2,4 millions de tonnes, sont consommés dans l’Union européenne, premier importateur mondial de café. C’est qu’entre l’Europe et le café, l’histoire est vieille de cinq siècles. Le breuvage fut pour la première fois décrit par le botaniste allemand Leonhard Rauwolff (1535-1596) à la faveur d’un voyage au Moyen-Orient qui dura de 1573 à 1575. Il faudra attendre encore cinq ans pour que le botaniste de Padoue Prospero Alpini (1553-1617) rapporte d’Égypte des grains de café et publie une description botanique du caféier. Enfin, c’est le grand voyageur italien Pietro Della Valle (1586-1652) qui, de retour d’un très long séjour au Moyen-Orient le 5 février 1626, fait connaître le café turc (et avec lui… les chats persans). L’essor de cette boisson en Europe ne va plus se démentir…</p>
<p>C’est à la faveur de ses études de médecine et de botanique que Leonhard Rauwolff a parcouru l’Europe. À l’université de Montpellier, alors célèbre, il est l’élève de Guillaume Rondelet (1507-1566), surtout connu pour ses travaux sur les animaux marins – il classe les poissons et dissèque l’oursin –, mais qui ne dédaigne pas la botanique. Rauwolff veut partir à la recherche d’herbes médicinales. Il met le cap sur l’actuel Irak. Il atteint Bagdad et Mossoul via Tripoli (Liban) et Alep (Syrie). Rauwolff est le premier botaniste des temps modernes à voyager en Syrie et Mésopotamie. À son retour, il publie, en 1576, un herbier et, en 1582, un journal de voyage sur les coutumes et les paysages des pays traversés, où il décrit cette boisson « presque aussi noire que l’encre, et bonne pour certaines maladies, en particulier celles de l’estomac ».</p>
<h2>« Kaffa »</h2>
<p>Rauwolff est le premier Européen à parler du café. Le mot vient de « Kaffa », nom de la plus ancienne région de l’Éthiopie productrice de café, « qah’ wa’ » en arabe, qui devient « kahve » en turc, puis « caffè » en italien. Prospero Alpini est quant à lui le premier à publier, en 1591, la description botanique du caféier (<em>Coffea arabica</em>, rubiacée), dans la foulée d’un voyage de trois ans en Égypte où il a pu également observer les palmiers dattiers (<em>Phoenix dactylifera</em>, arécacée).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=557&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=557&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=557&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=700&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=700&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/242790/original/file-20181029-76387-9x72z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=700&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le caféier (<em>Coffea arabica</em>, rubiacée) est un arbuste à feuilles persistantes pouvant atteindre 10 m de hauteur. Il est originaire de l’Afrique de l’Est – Éthiopie, Soudan du Sud, Kenya. Autrefois, on le trouvait surtout dans la province éthiopienne de Kaffa… d’où le nom de café. Le caféier robusta (<em>Coffea canephora</em>) est également africain, puisque son aire de répartition initiale est une bande s’étendant de l’Ouganda à la Guinée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Julien Norwood</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Alpini rapporte en Italie des grains dont « les Arabes et les Égyptiens font une sorte de décoction, qu’ils boivent à la place du vin ». Des 1615, le café est consommé à Venise. Certains prêtres veulent l’interdire, avançant que cette « invention de Satan » est bue par les « infidèles musulmans » remplaçant le vin par une boisson noire comme l’enfer… Mais le pape Clément VIII (1535-1605) en est friand. Il la baptise et en fait un « vrai breuvage chrétien » !</p>
<p>Troisième et dernier acteur de l’entrée du café en Europe : l’Italien Pietro Della Valle. Au retour d’une mission en Tunisie pour le Vatican, il apprend l’arabe. En 1614, il part au Moyen-Orient où il suit un trajet analogue à celui de Rauwolff : Constantinople, Alep, Bagdad puis Persépolis. Il reconnaît la localisation de Babylone et révèle l’écriture cunéiforme, fondant ainsi l’assyriologie. En 1615, il écrit à un ami vénitien une lettre décrivant le café. Il épouse une jeune fille à Bagdad. Il ne revient à Naples que douze ans après son départ, le 5 février 1626. Il sera un héraut du café turc – et également… des chats persans – qu’il contribuera à populariser en particulier à Naples, Rome et Marseille.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/242795/original/file-20181029-76416-102deoh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’aventure de la biodiversité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Belin</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dès 1645, des « cafés », c’est-à-dire des lieux dévolus à ce breuvage, s’ouvrent en Italie, mais aussi à Oxford et à Londres. Ce sont des endroits mal vus des autorités, car s’y rassemblent des étudiants, philosophes, etc., qui aiment discuter dans ces endroits apaisants où on ne boit pas d’alcool, mais où l’on agite des idées libérales. En France, le café arrive à Marseille en 1644. À Paris, en 1672, un Arménien du nom de Pascal ouvre le premier café de la capitale, à la foire Saint-Germain. Le Procope suit en 1686 (c’est aujourd’hui le plus ancien café de Paris). En 1723, 380 cafés sont répertoriés dans la capitale, près de 1 500 actuellement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105929/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé Le Guyader est l'auteur du livre "L'aventure de la biodiversité".</span></em></p>Entre l’Europe et le café, l’histoire est vieille de cinq siècles. Dans son livre « L’aventure de la biodiversité », Hervé Le Guyader nous raconte l’histoire de ceux qui l’ont fait connaître.Hervé Le Guyader, Professeur et chercheur au laboratoire de Biologie du développement, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/999762018-07-22T22:44:20Z2018-07-22T22:44:20ZLutter contre Alzheimer avec une tasse de café<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/228714/original/file-20180722-142428-jq4f1y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=707%2C8%2C5115%2C3875&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">LA caféine a des effets sur la mémoire et certains de ses dérivés pourraient être utiliser contre la maladie d'Alzeihmer.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/zlwDJoKTuA8">Mike Kenneally / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avec plus de 850,000 personnes atteintes en France, la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées représentent la <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/72">première cause de démence dans le pays</a>. La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative caractérisée par une atteinte de la mémoire et d’autres déficits cognitifs/comportementaux : agressivité, aphasie (trouble du langage), agnosie (trouble de la reconnaissance de l’entourage), apraxie (maladresse gestuelle).</p>
<p>Si le diagnostic de probabilité de la maladie d’Alzheimer repose sur différents critères cliniques aidé par le dosage de biomarqueurs dans le liquide céphalo-rachidien, voire l’imagerie IRM ou métabolique, le diagnostic de certitude repose sur l’observation neuropathologique de plaques extraneuronales formées de peptides amyloïde (petites protéines formées normalement qui s’accumulent de manière toxique à l’extérieur des neurones) et de lésions intraneuronales composées de protéines Tau anormales (protéines favorisant normalement la communication cellulaire au sein du neurone). Ces lésions entraînent un dysfonctionnement des cellules neuronales, engendrant les troubles cognitifs.</p>
<p>Le premier facteur de risque de la maladie d’Alzheimer est le vieillissement. Néanmoins, une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(17)31363-6/fulltext">combinaison de facteurs</a> génétiques et environnementaux joue également un rôle important.</p>
<h2>Caféine et Alzeihmer</h2>
<p>La consommation de café exerce un impact particulier sur ce risque. Le café est la boisson la plus consommée au monde après l’eau. Le café est également la première source de caféine qui reste à ce jour son constituant le <a href="https://www-ncbi-nlm-nih-gov.gate2.inist.fr/pubmed/29514871">mieux caractérisé</a>.</p>
<p>La caféine est la substance psychoactive la plus consommée au monde. Il est bien établi qu’elle favorise les processus attentionnels, l’éveil, le traitement de l’information et a, de ce fait, un impact significatif sur les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763416300690">performances cognitives chez l’Homme et l’animal</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CyGGpsbN55A?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Memo de Ines Scheiber, Jules Durand, Julien Becquer, Elena Dupressoir et Viviane Guimaraes (Gobelins).</span></figcaption>
</figure>
<p>Des travaux récents suggèrent également un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24413697">effet de la caféine sur les processus mnésiques</a>), et la mémoire à long terme en particulier, indépendant de ses effets attentionnels. Cette observation est à mettre en lien avec différentes études épidémiologiques proposant que la consommation habituelle de caféine <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17679672">réduit le déclin cognitif</a> au cours du vieillissement.</p>
<p>D’autres études prospectives mettent également l’accent sur la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27365148">relation inverse</a> existant entre consommation de caféine et le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Les effets protecteurs de la caféine seraient optimaux pour des doses correspondant à 3 à 4 tasses par jour.</p>
<p>De manière intéressante, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19581722">différentes études expérimentales</a> sur des modèles animaux de la maladie d’Alzheimer reproduisant les lésions et les troubles de la mémoire associés démontrent un effet bénéfique de la caféine à des doses comparables, même si les effets sur les symptômes comportementaux de la maladie ont été <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29497377">récemment discutés</a>.</p>
<h2>Quels sont les mécanismes d’action de la caféine dans le cerveau ?</h2>
<p>Les cibles principales de la caféine sont des récepteurs appelés récepteurs adénosinergiques. Les effets de la caféine sont particulièrement liés à sa capacité à bloquer l’un de ces récepteurs appelé récepteur adénosinergique A2A.</p>
<p>Il y a quelques années, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25450226">notre équipe a démontré</a> que bloquer spécifiquement ce récepteur par des approches génétiques et par un dérivé chimique de la caféine réduisait les troubles de la mémoire, les troubles de la communication neuronale et les dysfonctions de la protéine Tau dans un modèle animal de la maladie d’Alzheimer.</p>
<p><a href="http://lucbuee.fr/index.html">Dans une nouvelle étude</a>, notre équipe, en collaboration avec des collègues de l’Université de Lisbonne et de Bonn, vient de démontrer que le blocage des récepteurs adénosinergiques A2A par ce même composé dérivé de la caféine <a href="https://www.alzforum.org/research-models/appswepsen1de9-0">réduisait les lésions amyloïdes</a> dans le cortex et les troubles mnésiques associés dans un modèle animal reproduisant les plaques amyloïdes.</p>
<p>Cette nouvelle étude suggère donc que les composés dérivés de la caféine ciblant les récepteurs adénosinergiques A2A agissent positivement vis-à-vis des deux lésions cérébrales caractéristiques de la maladie.</p>
<h2>Vers une piste thérapeutique chez l’humain ?</h2>
<p>L’ensemble de ces observations amène à penser que l’utilisation de molécules dérivées de la caféine serait une option thérapeutique chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Il est très intéressant de constater que ce type de molécules existe et a déjà fait l’objet d’<a href="https://www-ncbi-nlm-nih-gov.gate2.inist.fr/pubmed/29269791">essais cliniques</a> dans le contexte de la maladie de Parkinson (). Il est donc envisageable et intéressant de repositionner ces molécules dans le contexte thérapeutique de la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>Avant d’envisager des études chez l’Homme, nous devons apporter des éléments additionnels convergents renforçant le concept qu’il est important de bloquer les récepteurs A2A. Ce sont les études expérimentales que nous menons actuellement. Nous espérons pouvoir définir une stratégie d’essai clinique dans les 3 à 5 ans à venir et réunir des financements à cette fin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99976/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ces travaux ont fait l’objet d’un soutien de Vaincre Alzheimer, de l’Université de Lille (AAP International), de la région Hauts-de-France (PartenAIRR Cognadora). Le laboratoire est soutenu par le LabEx DISTALZ (development of Innovative Strategies for a Transdisciplinary Approach to Alzheimer’s Disease) dans le cadre des investissements d’avenir</span></em></p>Boire du café a des impacts sur nos capacités cognitives. La caféine est la responsable de ces effets. Des dérivés chimiques pourraient même servir de médicaments contre la maladie d’Alzeihmer.David Blum, Directeur de recherche Inserm, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/855742017-12-18T23:25:49Z2017-12-18T23:25:49ZLe changement climatique va-t-il nous priver de café ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/199768/original/file-20171218-27557-7h0c2m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plus de 2 milliards de tasses de café sont bues chaque jour dans le monde. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Adg9B8NTxj0">Katya Austin/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Le café, bientôt une denrée rare ? En Amérique latine, le réchauffement climatique pourrait réduire les surfaces de production de café de 88 % au pire d’ici à 2050, pouvait-on lire dans un récent article des <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/030913464334-quand-le-dereglement-climatique-menace-la-culture-du-cafe-2132369.php#R4Bhcitxmrh7SbwE.99"><em>Échos</em></a>, qui s’appuyait sur une étude de l’Académie des sciences américaine <a href="http://www.pnas.org/content/114/39/10438.full">parue en août dernier</a>.</p>
<p>De produit exotique, le café est devenu une denrée mondiale, avec un peu plus de <a href="http://www.climateinstitute.org.au/verve/_resources/TCI_A_Brewing_Storm_FINAL_WEB270916.pdf">2 milliards</a> de tasses du breuvage noir bues chaque jour dans le monde. Ces dernières années, la demande a fortement évolué : si l’Europe pèse encore pour un <a href="https://www.caffeineinformer.com/caffeine-what-the-world-drinks">tiers de la consommation mondiale</a>, la Chine a augmenté sa consommation de <a href="http://www.ico.org/documents/cy2014-15/icc-115-7e-study-china.pdf">16 % par an</a> sur la dernière décennie.</p>
<h2>Pression sur les pays producteurs</h2>
<p>Au Canada, la <a href="http://www.cbc.ca/news/business/canada-coffee-tim-hortons-1.3745971">consommation reste stable</a> et concerne plus de 90 % des adultes. En France, le marché continue de progresser, entraîné notamment par l’<a href="http://www.leparisien.fr/vie-quotidienne/conso/consommation-le-cafe-dope-par-la-dosette-16-03-2017-6765987.php">apparition des dosettes individuelles</a>.</p>
<p>De nombreuses études médicales ayant suggéré que la <a href="https://theconversation.com/three-or-four-cups-of-coffee-a-day-does-you-more-good-than-harm-our-new-study-suggests-87870">prise de café avait des effets positifs</a> sur la santé, la consommation devrait donc rester stable, <a href="https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2008-1-page-101.htm">accentuant la pression</a> sur les pays producteurs.</p>
<p>Mais de <a href="http://www.ucsusa.org/global_warming/science_and_impacts/impacts/impacts-of-climate-on-coffee.html">nombreux experts s’accordent aujourd’hui</a> sur le fait que le changement climatique pourrait gravement affecter la production dans les 80 prochaines années. D’ici à 2100, près de la moitié des terres destinées à cette culture pourraient être ainsi perdues.</p>
<h2>2017, une année record</h2>
<p>Le café est, après le pétrole, la marchandise la <a href="http://www.investorguide.com/article/11836/what-are-the-most-commonly-traded-commodities-igu/">plus commercialisée</a> au monde. Ses graines sont cultivées dans plus de soixante pays, permettant de faire vivre environ <a href="http://www.climateinstitute.org.au/verve/_resources/TCI_A_Brewing_Storm_FINAL_WEB270916.pd">25 millions de familles</a> de petits producteurs, principalement au Brésil, au Vietnam et en Colombie.</p>
<p>2017 qui s’achève fait déjà figure d’année record, avec une production de plus 153 millions de sacs de café (de 60 kilos chacun). Le prix s’en est ressenti avec une légère <a href="https://www.agra-net.com/agra/international-coffee-report/daily-market-report/coffee-futures-end-narrowly-mixed--1.htm">baisse de l’arabica en bourse</a> en cette fin d’année.</p>
<p>Les récoltes auront bénéficié d’un climat favorable et de pluies abondantes au Brésil. Mais pour encore combien de temps ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199769/original/file-20171218-27562-12pojjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tri des grains dans les ateliers de l’exportateur de café Ambassa à Addis-Abeba (Éthiopie).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dfid/5984475022/in/photolist-a7PZVQ-21pYxbK-ijahsU-nWXtGa-21k7vMG-7CYhiN-fQvQ2p-rhUAVn-kb9WPM-k2tL5p-o1gUhb-aaVaqN-jwTEY1-r3HStR-k2tDqc-amQdrj-a7PSF7-a7PSF3-dgks9x-k2sY74-ip1cSE-58iEpF-CpmpSk-dtsp7V-ekQrby-m6hsNR-kG8g5i-a7PZWb-rrrude-4mGjyU-4mGjsL-dcZK6z-a7M9Cz-kbbPay-YAnbSG-4mCfWT-4mCfQc-Y4Vhhb-6Q7zj5-a7PZVC-a85S7U-6KyWMW-g8KEUu-nKXJLq-nbDJ8B-a7PSF1-7JPPJW-avDDja-86Mq8w-4y6tjU">DFID/UK Department for International Development</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’Éthiopie, en première ligne</h2>
<p>La hausse des températures cumulée aux déplacements des pluies pourrait en effet ruiner les terres arables, sans compter les menaces usuelles, ravageurs et maladies. <a href="http://www.sciencemag.org/news/2017/09/biggest-producer-coffee-could-see-bean-growing-land-shrink-nearly-90-2050">Selon le rapport</a> publié par l’Académie nationale des sciences des États-Unis, rien qu’en Amérique latine, la quasi-totalité des terres (90 %) serait concernée. Et L’Éthiopie, sixième producteur de café au monde, pourrait perdre 60 % de sa production d’ici à 2050.</p>
<p>Or de très nombreux exploitants ne sont pas en mesure de se protéger efficacement contre ces différentes menaces.</p>
<h2>Baisse de qualité</h2>
<p>La hausse des températures affectera par ailleurs la qualité du café. Les grains doivent en effet bénéficier <a href="http://www.cafesaveur.net/le-cafeier/climat-et-sol.html">d’un climat particulier</a> (en dessous de 35 °C et au-dessus de 10 °C). L’arabica (qui représente 75 % de la production mondiale) connaît déjà des conditions limite.</p>
<p>Pour toutes ces raisons, notre relation à la consommation de café pourrait complètement changer. Si les pays producteurs développent aujourd’hui de nouvelles méthodes plus respectueuses de l’environnement, les pays consommateurs ont eux aussi leur rôle à jouer ; et compte tenu de l’évolution du climat, le Canada pourrait peut-être un jour produire son propre café. Après tout, si Elon Musk <a href="https://www.nytimes.com/2017/09/28/science/elon-musk-mars.html">pense que l’humain peut coloniser Mars</a> d’ici à 2022, pourquoi ne pourrions-nous pas faire pousser des caféiers en Amérique du Nord ?</p>
<p>En attendant, si l’on vous offre une tasse de café, n’hésitez pas. Bientôt, ce sera un produit de luxe.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/85574/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Charlebois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le changement climatique pourrait gravement affecter la production du café sur les 80 prochaines années.Sylvain Charlebois, Professor in Food Distribution and Policy, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/836102017-09-07T20:43:16Z2017-09-07T20:43:16ZLes scandales alimentaires ne datent pas d’aujourd'hui<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/184964/original/file-20170906-9096-15vykp6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C2%2C844%2C547&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Publicité pour les conserves André Loison, 1911.</span> <span class="attribution"><span class="source">Gallica BnF</span></span></figcaption></figure><p><em>Nous vous proposons cet article en partenariat avec <a href="https://www.retronews.fr/">RetroNews</a>, le site de presse de la <a href="http://www.bnf.fr/fr/acc/x.accueil.html">Bibliothèque nationale de France</a>.</em></p>
<hr>
<p>Le 1<sup>er</sup> août 1905, l’adoption de la loi sur la répression des fraudes en France s’inscrit dans la continuité de multiples polémiques auxquelles la presse a souvent pris part. En janvier 1902, par exemple, le quotidien <em>Le Matin</em> <a href="https://www.retronews.fr/journal/le-matin/11-janvier-1902/66/180351/1">a mené une campagne retentissante</a> contre le « lait frauduleux », et a même lancé une éphémère « Ligue de Défense de la vie humaine » :</p>
<blockquote>
<p>« Contre le syndicat de la falsification et de l’empoisonnement, il faut dresser la Ligue de Défense de la vie humaine. Contre le groupement des malfaiteurs de tout acabit, il faut dresser le groupement des honnêtes gens de toute classe, depuis les plus fortunés jusqu’aux plus pauvres. […] Cette ligue n’aura pas d’autre mission que de prendre en main la défense de ses membres. Un échantillon quelconque de lait lui sera-t-il apporté par la grande dame qui descend de son coupé ou par l’humble ouvrière qui sera venue de loin, son enfant entre ses bras, l’échantillon sera analysé. S’il est mauvais, fût-il seulement d’un degré au-dessous de la normale, la Ligue poursuivra les coupables. »</p>
</blockquote>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.retronews.fr/embed-journal/le-matin/11-janvier-1902/66/180351/1" frameborder="0"></iframe>
<p>Mais le vote de la loi ne suffit évidemment pas à améliorer sur-le-champ la situation. Au sein de la Confédération générale du travail (CGT), le secrétaire de la fédération de l’Alimentation, Amédée Bousquet, dénonce les falsifications les plus courantes à travers une série d’articles publiés dans La Voix du Peuple en août-septembre 1906. Tout y passe : le pain, le vin, le café, les gâteaux, les bonbons…</p>
<p>Henri Géroule, dans <em>L’Humanité</em>, <a href="http://www.retronews.fr/journal/l-humanite/04-decembre-1906/40/284641/1">lui emboîte le pas pour dévoiler les pratiques peu ragoûtantes de nombreux restaurants parisiens</a> : restes de fruits de mer laissés par les clients réutilisés dans la prétendue « bisque d’écrevisse », cabillaud ou colin maquillé en barbue… Quant aux bouchées à la reine :</p>
<blockquote>
<p>« Si le maître d’hôtel insiste, c’est qu’il a à écouler un vieux stock de veau froid et défraîchi, qui encombre le garde-manger et qui, haché menu, remplace avantageusement, pour la bourse du patron, les filets de volaille absents de votre bouchée. Ils lui donnent, accompagnés de quelques épluchures de champignons, un air vraiment royal. Il faut dire qu’une sauce épaisse recouvre cet amalgame d’un voile impénétrable. »</p>
</blockquote>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.retronews.fr/embed-journal/l-humanite/04-decembre-1906/40/284641/1" frameborder="0"></iframe>
<p>À la même époque, c’est l’industrialisation de la production de viande qui suscite de vifs débats aux États-Unis. En 1906, Upton Sinclair publie <em>La Jungle</em>, roman qui s’inspire de l’enquête qu’il a menée dans les immenses abattoirs de Chicago. Les conditions de travail et d’hygiène qu’il décrit choquent profondément l’opinion. Revenant sur ce best-seller, <a href="http://www.retronews.fr/journal/le-petit-parisien/04-juin-1906/2/83528/1"><em>Le Petit Parisien</em> signale les détails les plus répugnants</a> :</p>
<blockquote>
<p>« L’Américain qui achetait des conserves pouvait devenir cannibale sans le savoir. Lorsqu’un être humain tombait dans une des chaudières où se confectionnaient les horribles mixtures, on ne prenait point la peine de l’en retirer ; il devenait chair à saucisses. Un fonctionnaire du bureau de charité de Chicago assista, pour sa part, à deux incidents significatifs. Un enfant qui apportait à déjeuner à son père dans une usine fit un faux pas et s’en alla choir dans la cuve des conserves. Nul ne se soucia de lui, et, quelques semaines après, par une invraisemblable fatalité, le même sort était réservé au père lui-même. »</p>
</blockquote>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.retronews.fr/embed-journal/le-petit-parisien/04-juin-1906/2/83528/1" frameborder="0"></iframe>
<p>La polémique engendrée par <em>La Jungle</em> alerte jusqu’au président Theodore Roosevelt. Elle contribue à l’adoption du « Pure Food and Drug Act » en 1906, une loi destinée à protéger les consommateurs et à éradiquer les pratiques frauduleuses des « trusts » de l’agroalimentaire.</p>
<p>L’année suivante, la crise viticole que connaît la France place au cœur de l’actualité la question de la falsification du vin. « Sus à la fraude ! », <a href="http://www.retronews.fr/journal/le-matin/13-mai-1907/66/166093/4">lance <em>Le Matin</em> en se faisant le porte-voix des vignerons du Midi</a>, le 13 mai 1907.</p>
<p>Un Service de la répression des fraudes vient alors d’être institué au sein du ministère de l’Agriculture, mais la tâche à accomplir est immense. Les astuces permettant de falsifier discrètement le vin sont tellement nombreuses que le <a href="http://www.retronews.fr/journal/le-matin/13-juillet-1907/66/172077/1">chroniqueur Harduin y voit, dans <em>Le Matin</em> du 13 juillet 1907</a>, la seule raison pour laquelle l’eau minérale est davantage conseillée par les médecins :</p>
<blockquote>
<p>« Si les médecins proscrivent le vin, c’est que, probablement, ils redoutent la fraude et la considèrent comme la cause des maladies d’estomac dont souffrent leurs clients. Ils préféreraient peut-être ordonner à leurs malades de changer de marchand de vin, mais, comme le nouveau n’offrirait pas plus de garanties que l’ancien, ils trouvent plus expédient de recourir aux eaux minérales contenues dans des bouteilles, lesquelles sont, du reste, des réservoirs à microbes. »</p>
</blockquote>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.retronews.fr/embed-journal/le-matin/13-juillet-1907/66/172077/1" frameborder="0"></iframe>
<p>Dans ces années 1900 où les modes de production, de distribution et de consommation connaissent de profonds bouleversements, se pose finalement une question qui reste toujours d’actualité : ces pratiques doivent-elles être considérées comme des dérives auxquels les pouvoirs publics peuvent mettre fin, ou sont-elles les conséquences inévitables d’un système soumettant l’alimentation à la loi du profit ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83610/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Pinsolle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La récente affaire des oeufs contaminés s'ajoute à la longue liste de scandales alimentaires de ces dernières années. Mais la qualité de la nourriture faisait déjà débat au début du XXe siècle.Dominique Pinsolle, Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/613102016-06-21T04:31:06Z2016-06-21T04:31:06ZNon, les amateurs de café ne risquent pas de cancer… À moins de le boire bouillant<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/127353/original/image-20160620-8856-1jpws91.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.publicdomainpictures.net/view-image.php?image=176598&picture=&jazyk=FR">George Hodan</a></span></figcaption></figure><p>L’organisme de recherche contre le cancer au sein de l’Organisation mondiale de la santé a fait <a href="http://www.iarc.fr/en/media-centre/pr/2016/pdfs/pr244_E.pdf">deux annonces la semaine dernière</a> : l’une positive, l’autre non.</p>
<p>Tout d’abord, il a été affirmé qu’il n’y avait aucune preuve concluante du fait que la consommation de café accroissait le risque de cancer. C’est là une conclusion opposée à celle <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1674554?dopt=Abstract">émise en 1991</a>, à la suite d’études où, après des tests d’évaluation du caractère cancérogène du café, la boisson a été classée comme « possiblement cancérogène pour les humains ».</p>
<p>Mais le comité de l’Agence internationale pour la recherche sur le cancer (AIRC) <a href="http://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(16)30239-X/fulltext">qui a ainsi exonéré le café</a> a également trouvé que consommer des boissons à très haute températures – une norme culturelle dans certaines parties de l’Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Chine – était probablement à l’origine de cas de cancers de l’oesophage pour les populations concernées.</p>
<h2>Pas assez de preuves</h2>
<p>L’AIRC <a href="https://theconversation.com/not-everything-gives-you-cancer-but-eating-too-much-processed-meat-certainly-can-49812">a évalué la probabilité</a> qu’un agent accroisse le risque de cancer en réunissant des groupes d’expertise qui ont effectué une revue des études publiées. Les données qui ont fondé la conclusion de 1991 sur le lien entre la consommation de café et l’augmentation du risque de cancer de la vessie provenaient d’études dites cas-témoin. Ces études sont couramment utilisées pour évaluer le poids de la preuve dans presque toutes les recherches sur les agents environnementaux suspectés de provoquer le cancer.</p>
<p>Les études cas-témoin se déroulent de la façon suivante : on demande à un groupe, par exemple de malades du cancer de la vessie, et à un autre de nombre égal de personnes bien portantes, quelle était leur consommation de café il y a 10 ans, 20 ans ou encore plus avant. Les deux groupes sont alignés en termes d’âge, de sexe et de statut socio-économique.</p>
<p>Les données produites par ces questionnaires montrent une relation – qui n’est certainement pas une preuve – entre le fait de boire du café et la survenue d’un cancer de la vessie. De telles études sont aujourd’hui considérées comme d’une fiabilité limitée en comparaison avec les études dites prospectives.</p>
<p>Ces dernières collectent des données au sujet, par exemple, des habitudes de tabac, de consommation de boissons et de comportements alimentaires pour une population allant de 500 000 à un million de personnes. Quand, dix ans après ou plus, des diagnostics sont réalisés, quelques centaines de personnes peuvent avoir un cancer de la vessie. Alors, leur consommation de café, avec d’autres données, peuvent être comparées avec les données recueillies dans le groupe large bien portant.</p>
<p>Les études prospectives confirment parfois les études cas-témoin à propos des agents considérés comme cancérogènes. Mais dans le cas de la consommation de café, de récents travaux prospectifs n’ont pas pu établir de corrélation entre la prise de café et un risque accru de cancer de la vessie ou d’autres tumeurs.</p>
<p>Certains résultats suggèrent même une réduction du risque pour certains cancers – comme celui du foie – grâce au café. Pour utiliser l’expression formelle de l’AIRC, la consommation de café est inclassifiable comme cancérogène humain.</p>
<h2>Boissons très chaudes</h2>
<p>Datant également de 1991, l’affirmation selon laquelle la consommation de maté, une infusion bue communément en Amérique du Sud, était probablement cancérogène pour les humains, liée à la survenue du cancer de l’oesophage.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127018/original/image-20160617-15104-2pm12h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Maté est bu à travers l’Amérique du Sud.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/lazzarello/5513259601/in/photolist-9pbU12-3jx6w-aAUtc1-a3rZKb-5bN2ot-6APyFP-5RdDyT-qbSU-4pu8yd-7jyqSf-w37gP-qbT3-qbT8-qbUj-w2Yve-fXW32-6hP6Tw-5yXjwB-5yXjyH-5yXjCB-5z2BK5-pV7vi2-brXyci-meeX3-7vYaJe-vVLxB-7Y3UYh-q8nNt6-qbTX-qbTh-qbTt-qbSQ-qbTF-4hQdi4-6nou3m-5man5D-bWrJoF-Go9iVd-4mjk1C-3KDPuK-q65gzj-9HAxFm-9MMYCp-5yXjzv-5yXjxF-fsA8zq-3UN759-5yXjjx-xBoMG-brQeSr">Lee/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Élément intéressant : au début des années 1970, on a découvert que l’incidence du cancer de l’oesophage variait considérablement – jusqu’à un facteur 100 – dans des populations diverses vivant au sud de la Mer Caspienne. La consommation de boissons très chaudes avait été pointée dans les différences.</p>
<p>Ainsi, le risque n’est pas une conséquence du type de boisson consommée (Maté, café ou autres) mais de la température à laquelle elles sont bues. Mais comment la température peut-elle être liée au cancer ? Les boissons chaudes endommagent les tissus corporels, particulièrement ceux qui enveloppent l’oesophage, un tube qui va de la gorge jusqu’à l’estomac. En général, des blessures corporelles provenant d’un coup de chaud ne sont pas réputées causer le cancer.</p>
<p>Mais des données expérimentales suggèrent qu’un cancer peut se déclarer quand les tissus lésés entrent en contact avec un carcinogène comme les <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/030438359503786V">dérivés N-nitrosés</a>, des composés chimiques. Les plus dangereux d’entre eux sont ceux qui dérivent de la nicotine du tabac et sont spécifiquement responsables de certains cancers du fumeur.</p>
<p>D’autres études ont suggéré que ces composés pouvaient être trouvés dans les <a href="http://www.bezpecnostpotravin.cz/userfiles/file/kvasnickova2/n-nitroso_database.pdf">viandes salées</a>, le bacon, le poisson fumé et la bière.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1117&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1117&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1117&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1403&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1403&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127032/original/image-20160617-30170-pddcqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1403&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’oesophage est un tube qui va de la gorge jusqu’à l’estomac.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Il y a nombre d’exemples où l’exposition à un carcinogène combinée avec une blessure ou une inflammation chronique a été déterminée comme étant la cause d’un cancer. Par exemple, certains cancers de l’estomac ont été attribués à la combinaison dérivés N-nitrosés et gastro-infection.</p>
<p>La dernière classification a été fondée sur des données recueillies à partir de tout un panel d’études expérimentales. Elles ont conclu que boire des boissons très chaudes (y compris l’eau) à une température supérieure à 65 degrés est « probablement cancérogène pour les humains ».</p>
<p>« Probablement cancérogène » signifie qu’une fois tous les éléments de preuve examinés ensemble, il y a une indication claire de causalité d’un cancer après exposition à la substance considérée. Dans le même temps, des inconsistances ou des données peu compréhensibles empêchent d’adopter une formulation telle que cet agent « est cancérogène pour les humains ».</p>
<p>Cette catégorisation, appliquée à des agents comme le tabac, signifie effectivement que la preuve du caractère carcinogène de la substance chez les humains a été apportée.</p>
<p>Le cancer n’est pas causé par n’importe quoi mais une somme considérable de données doit être collectée pour clairement évaluer un risque de cancer. Bien souvent, cette claire indication devient une preuve dans le cas de l’incidence de cancers pour des populations exposées à certains produits chimiques, notamment sur les lieux de travail, mais, dans une bien moindre mesure, dans le cas de la consommation de certains aliments ou boissons. Dans ces cas, le risque devient connu au fil du temps.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61310/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Stewart ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un petit noir peut-il accroître le risque de cancer ? Pour l’OMS, la réponse était « peut-être » jusqu’à récemment. Les études ont dédouané le café, mais pointent le risque de boire trop chaud.Bernard Stewart, Professor, Paediatrics, Cancer and related disorders, Epidemiology, Biochemistry and Cell Biology, UNSW SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/577452016-04-13T20:23:21Z2016-04-13T20:23:21ZL’avenir du café passe par la protection des forêts éthiopiennes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/118593/original/image-20160413-22078-dr63rh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">C’est dans ces forêts que poussent les caféiers sauvages. </span> <span class="attribution"><span class="source">Indrias Getachew</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Le café est consommé chaque jour par des millions de personnes. <a href="http://www.investorguide.com/article/11836/%20what-are-the-most-commonly-traded-commodities-igu/">Seconde marchandise</a> la plus échangée au monde, il nous vient d’Éthiopie, mais dans ce pays d’Afrique certains territoires essentiels à sa culture son menacés.</p>
<p>L’Éthiopie n’est pas uniquement composée de déserts poussiereux, loin de là. Le pays abrite aussi de hautes terres accidentées et des forêts tropicales luxuriantes. L’arabica pousse ici dans sa forme sauvage. C’est à ce titre que les forêts du sud-ouest éthiopien sont considérées comme le berceau du café et le cœur de sa diversité génétique.</p>
<p>Mais ces espaces forestiers qui constituent un authentique réservoir génétique sont sous pression : au cours de ces 40 dernières années, la déforestation a entraîné la <a href="http://wetlandsandforests.hud.ac.uk/ntfp-pfm/pdfs/Briefing%20Notes/Atlas%20of%20NTFP%20Project%20Area%20Land%20Cover%20Change.pdf">perte d’un tiers</a> de la couverture forestière du sud-ouest. Si rien n’est fait, cette perte pourrait devenir totale dans les prochaines décennies.</p>
<p>La protection de ces forêts est donc essentielle, car le café destiné à la consommation a été sélectionné au fil des ans pour assurer des rendements élevés et d’autres caractéristiques utiles à sa commercialisation. Mais il repose aujourd’hui sur un nombre restreint de plantes : il s’agit donc d’une gamme génétique <a href="http://www.bbc.co.uk/news/magazine-32736366">relativement étroite</a> – représentant seulement 10 % de la diversité présente à l’<a href="http://www.kew.org/science-conservation/plants-fungi/environment/crops-and-their-wild-plant-relatives">état sauvage</a>. Cette situation rend le café cultivé plus vulnérable aux parasites – menace à laquelle s’ajoute celle du changement climatique.</p>
<p>Le café sauvage présente, lui, une plus grande diversité génétique, ce qui augmente ses chances de pouvoir s’adapter aux nouveaux défis et réduit la probabilité de son extinction. Il s’agit ainsi d’une sorte d’assurance pour le café de plantation au cas où les souches exploitées seraient gravement endommagées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/115807/original/image-20160321-30926-1vcvxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tariku Mengesha, qui travaille dans une coopérative locale, récolte les grains mûrs de café.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Indrias Getachew</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Ces forêts jouent également un <a href="http://wetlandsandforests.hud.ac.uk/ntfp-pfm/pdfs/Briefing%20Notes/Costs%20of%20Deforestation%20in%20SW%20Ethiopia.pdf">rôle essentiel</a> en tant que « château d’eau » du Nil et également comme lieu de stockage du carbone permettant de stabiliser le climat et de renforcer les précipitations en amont dans les régions montagneuses du nord éthiopien souvent touché par la sécheresse.</p>
<p>Mais le maintien de ces écosystèmes forestiers est difficile. Les précipitations dans le sud-ouest éthiopien sont bonnes et le sol y est fertile : il y existe dans ces zones une longue tradition de personnes se déplaçant, notamment en provenance du nord du pays sec et densément peuplé, pour venir cultiver. Quand on ajoute à cela l’appétit des plantations de café et de thé pour de nouvelles terres, les parcelles agricoles empiètent de plus en plus sur la forêt. Cette dernière est devenue un espace ouvert sans personne pour la protéger.</p>
<p>Dans une tentative pour assurer une meilleure protection des ressources forestières du pays, le gouvernement éthiopien a adopté un plan national de gestion forestière participative (<a href="http://eprints.hud.ac.uk/24976/">PFM</a>), qui confère des responsabilités de gestion aux communautés vivant près des forêts auxquelles elles ont traditionnellement accès.</p>
<p>Dans le cadre de ce plan, les communautés élisent des « groupes de gestion forestière », incluant les femmes, pour administrer le peu de territoire forestier pour lequel elles ont obtenu des droits permanents garantis par le gouvernement. Ces groupes peuvent ainsi contrôler l’accès à la forêt et prévenir la déforestation. En contrepartie de droits fonciers et de droits d’usage sécurisé, la communauté doit veiller à ce que la forêt naturelle soit maintenue.</p>
<p>Ce travail de surveillance prend du temps, une ressource très précieuse pour l’agriculture de subsistance. Les droits sur le café, le miel, les épices et autres produits forestiers fournissent donc un moyen de subsistance supplémentaire en guise d’indemnisation pour la protection de l’espace forestier. De la sorte, protéger la forêt présente un intérêt qui dépasse des appétits agricoles. C’est une manière efficace de motiver les populations à protéger ces précieuses ressources.</p>
<p>Ces six dernières années, le <a href="http://wetlandsandforests.hud.ac.uk/forests/wcc/wild_coffee_index.html">projet Wild Coffee Conservation</a> a ainsi travaillé avec 55 groupes de gestion forestière pour assurer la protection de près de 60 000 hectares de forêts dans le cadre du PFM. À ce jour, les résultats sont encourageants : dans la zone concernée par le projet, la déforestation a été ramenée <a href="http://wetlandsandforests.hud.ac.uk/pdf/wild-coffee-conservation.pdf">à un douzième</a> de celle relative aux zones non protégées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/115814/original/image-20160321-30917-1fklrpd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des membres des communautés locales réunis pour évoquer la gestion forestière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Indrias Getachew</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les coopératives locales qui commercialisent les produits forestiers produisent en outre un café de haute qualité à partir des pieds sauvages présents en forêt. Ce café est vendu sur le marché international trois fois plus cher que celui commercialisé habituellement.</p>
<p>Si cette initiative est rassurante, il faudra fournir des efforts supplémentaires pour obtenir un avantage concurrentiel sur l’agriculture. D’autres paiements écosystémiques (qui rétribuent les propriétaires fonciers en échange de la gestion de leurs terres en préservant les ressources naturelles), contribuant au maintien de la biodiversité et au stockage du carbone sont nécessaires. Il est également essentiel de développer des réseaux de commercialisation pour le miel et les épices.</p>
<p>Avoir recours aux communautés locales pour assurer l’avenir du café sauvage et des forêts permet de protéger ces écosystèmes forestiers tout en garantissant des compléments de revenus aux populations. Un tel système est durable – contrairement à beaucoup d’autres approches protectionnistes telles que les <a href="http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/ecological-sciences/biosphere-reserves/">réserves de biosphère</a> qui reposent sur la fluctuation des fonds publics et excluent les gens. Or nous avons besoin d’eux : il faut leur donner la responsabilité de la forêt pour qu’ils la sauvent en préservant sa diversité génétique. Car c’est ainsi que nous pourrons continuer à déguster lattes et cappuccinos…</p>
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<figcaption><span class="caption">Une vidéo de présentation du projet Wild Coffee Conservation.</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/57745/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fiona Hesselden receives funding for the WCC Project from the EU Delegation to Ethiopia, The Darwin Initiative (UK Government) and the Horn of Africa Regional Environment Centre. The authors are soley responsible for the views expressed in this article and they do not necessarily reflect those of the funders.</span></em></p>Veiller à la protection des écosystèmes forestiers éthiopiens permet aux populations locales de pouvoir continuer à y vivre et assure la pérennité génétique du café.Fiona Hesselden, Researcher, Centre for Sustainable and Resilient Communities, University of HuddersfieldLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/552572016-02-24T22:07:50Z2016-02-24T22:07:50ZL’agroforesterie en exemples gagnants<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/112883/original/image-20160225-15156-1gqgt00.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parc agroforestier au Cameroun. </span> <span class="attribution"><span class="source">E.T/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’arbre se trouve au cœur des premières expériences agricoles menées par l’homme : dès le néolithique, ce dernier se livrait à l’abattis-brûlis, pratique consistant à défricher des parcelles de forêt pour y implanter des cultures, puis à laisser la jachère reconstituer le sol et la forêt après quelques années de culture. Et, depuis la nuit des temps, l’homme élève des animaux de manière nomade ou semi-nomade sur des terrains de parcours, grandes formations naturelles où les parties tendres des arbres et arbustes (le brout) jouent un rôle primordial dans l’alimentation du bétail, surtout pendant les saisons sèches.</p>
<p>En raison de l’exploitation immodérée des ressources naturelles dans le monde d’aujourd’hui, ces pratiques traditionnelles ne sont plus en équilibre avec le milieu. Il en subsiste toutefois de nombreuses traces dans l’agroforesterie contemporaine. Les <a href="http://books.openedition.org/irdeditions/3336?lang=fr">arbres fourragers</a> constituent ainsi une grande part de la ration alimentaire des troupeaux du Sahel et d’autres zones semi-arides. Les « agroforêts » tropicales, où l’on associe plusieurs strates arborescentes, des cultures de sous-bois et parfois de l’élevage, témoignent de la domestication ancienne des forêts par l’homme.</p>
<h2>Les multiples services agricoles de l’arbre</h2>
<p>Dans les paysages ruraux d’aujourd’hui, surtout en zone tempérée, les marques de cette proximité entre forêt et agriculture ont presque toutes disparu, mais l’arbre a néanmoins gardé sa place ici et là. Le bocage, les haies, les vergers fruitiers à cultures associées de la vallée de l’Isère, en France, les brise-vent de cyprès de la vallée du Rhône ou les vignes qui grimpent sur des arbres au Portugal et en Sicile, l’association entre céréales, élevage porcin et chênes dans la <em><a href="http://www1.montpellier.inra.fr/safe/conferences/Paris/4-Gerry%20Lawson%20APCA-Europe-Fr.pdf">dehesa</a></em> espagnole, sont autant de témoins d’une agriculture forestière.</p>
<p>Dans ces paysages, l’arbre crée de l’hétérogénéité. Il participe à la conservation de la biodiversité et contribue au fonctionnement équilibré des agro-écosystèmes auxquels il appartient. Enfin, et surtout, l’arbre est impliqué dans <a href="https://theconversation.com/attenuation-adaptation-50680">l’adaptation</a> aux modifications du climat, en contribuant à la <a href="https://theconversation.com/resilience-51449">résilience</a> de ces espaces face à l’aléa climatique. Il atténue aussi le changement climatique en cours, en <a href="https://theconversation.com/les-forets-tropicales-des-puits-de-carbone-hautement-vulnerables-54281">fixant du carbone</a> grâce à son importante biomasse aérienne et souterraine.</p>
<p>Les plantations de caféiers ou de cacaoyers sous arbres d’ombrage sont l’un des exemples contemporains d’agroforesterie les plus spectaculaires. On en trouve en Amérique latine, au Cameroun, au Ghana, en Indonésie. Sous ombrage, la production de fruits est de qualité et si les rendements sont légèrement inférieurs à ceux des plantations industrielles de plein soleil, le revenu final est meilleur pour l’agriculteur car les investissements de plantation, en produits phytosanitaires, eau d’irrigation, main d’œuvre, sont réduits. Les arbres d’ombrage produisent aussi du bois, tout en fixant et améliorant le sol. <a href="http://www.fao.org/docrep/005/y2328f/y2328f10.htm">Le café</a> et le cacao « agroforestiers » sont aujourd’hui recherchés dans le monde entier.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Agriculture « multi-étagée » dans le delta du Nil en Égypte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">E.T/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les champions agroforestiers</h2>
<p>Les jardins agroforestiers, tels ceux d’Indonésie, constituent peut-être le nec plus ultra de l’agroforesterie : une couche supérieure de végétation, composée de grands arbres, recouvre des arbres plus petits, des arbustes, des lianes, des palmiers et diverses plantes, lesquelles forment ainsi plusieurs strates superposées, plus ou moins tolérantes à l’ombre.</p>
<p>Des activités d’élevage, telles que basse-cour, petits ruminants, étangs de pisciculture, sont aménagées dans le sous-bois, à proximité des habitations. L’équilibre écologique de ces « agroforêts » est parfait, comparable à celui d’une forêt naturelle, notamment en raison de l’étonnante biodiversité qu’on y trouve. Ces mêmes principes d’« agriculture multi-étagée » sont aussi appliqués en Égypte, dans le delta du Nil. Des palmiers dattiers abritent trois couches superposées de cultures, en production intensive irriguée : des oliviers, des agrumes et des plantes potagères.</p>
<p>Dans les zones sèches d’Afrique, la pratique agricole la plus courante consiste à conserver dans les champs des arbres dispersés sous lesquels on entretient différentes cultures annuelles, par exemple du sorgo, du mil ou des légumineuses. Pendant la saison sèche, ces champs sont utilisés par le bétail.</p>
<p>Cette forme d’agriculture sempervirente, parfois appelée « parc agroforestier » est l’objet de toutes les attentions depuis quelques années car on lui reconnaît de multiples rôles bénéfiques, allant de la diversification des revenus à la protection du sol et de la préservation de la biodiversité jusqu’à une résilience améliorée face au changement climatique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En Nouvelle-Zélande, élevage et plantations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">www.teara.govt.nz</span></span>
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<p>Dans les zones tempérées, l’agroforesterie d’aujourd’hui prend des formes différentes. La Nouvelle-Zélande et l’<a href="http://agroforestry.org.au/main.asp">Australie</a>, par exemple, pratiquent l’élevage dans des plantations d’arbres. En France, outre la renaissance des haies rurales, on assiste à un renouveau de l’agroforesterie, sous forme d’alignements d’arbres dans des parcelles céréalières. Les recherches ont montré que de telles associations sont bénéfiques à la fois pour l’arbre et pour la culture, donc pour l’agriculteur. Et elles sont également favorables à la biodiversité, au climat et à l’environnement en général. L’arbre de l’agroforesterie, parfois appelé « arbre hors-forêt » a sans aucun doute de beaux jours devant lui.</p>
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<em>Emmanuel Torquebiau est notamment l’auteur de <a href="http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23970">« L’agroforesterie,
Des arbres et des champs »</a> (éd. L’Harmattan).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55257/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Torquebiau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Second volet de notre série sur l’agroforesterie, cette méthode ancestrale qui opère un retour remarqué sous nos latitudes.Emmanuel Torquebiau, Chercheur en écologie tropicale et agroforesterie, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.