tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/canicules-109244/articlescanicules – The Conversation2024-03-22T12:30:46Ztag:theconversation.com,2011:article/2264052024-03-22T12:30:46Z2024-03-22T12:30:46ZDéshydratation : les causes, symptômes et mesures à prendre<p>_ <a href="https://www.elsan.care/fr/nos-actualites/deshydratation-symptomes-causes-et-prevention">La déshydratation </a> est un problème majeur en période de <a href="https://theconversation.com/kenyas-had-unusually-hot-weather-an-expert-unpacks-what-could-be-causing-it-224348">canicule</a> inhabituelle et d'épidémies telles que le <a href="https://theconversation.com/whats-behind-the-worldwide-shortage-of-cholera-vaccines-for-starters-theyre-only-made-by-one-company-224891">choléra</a>, qui provoquent des diarrhées pouvant mettre la vie en danger. Anastasia Ugwuanyi est médecin de famille et éducatrice clinique à l'université de Witwatersrand. Nous lui avons posé des questions sur comment éviter ou gérer la déshydratation.</p>
<h2>Quelles sont les causes de la déshydratation ?</h2>
<p>La déshydratation peut être définie comme une perte d'eau à l'intérieur des cellules. Pour en comprendre les causes, il est important de présenter quelques notions de base sur notre corps en ce qui concerne la physiologie de l'eau. L'eau représente 55 à 65 % de la masse corporelle totale. La majeure partie de cette eau se trouve dans la <a href="https://inbodycanada.ca/fr/la-composition-corporelle/masse-corporelle-maigre-et-masse-musculaire-quelle-est-la-difference/">masse maigre</a>. L'autre tiers est extracellulaire.</p>
<p>La <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18519109/">déshydratation</a> peut être une perte d'eau ou une perte de sel et d'eau. L’“écosystème hydrique” du corps est régulé par des réponses aux niveaux de sel et d'eau. Des organes tels que le cerveau, la peau, le tractus gastro-intestinal et les reins sont impliqués dans la régulation de l'eau.</p>
<p>L'eau dans l'écosystème du corps est utile pour maintenir certaines fonctions, notamment : </p>
<ul>
<li><p>le transport des nutriments et des matières biologiques et chimiques autour de l'organisme</p></li>
<li><p>une partie du système de soutien des articulations, y compris la colonne vertébrale</p></li>
<li><p>un environnement permettant aux processus chimiques normaux de l'organisme de fonctionner.</p></li>
</ul>
<p>La déshydratation peut être causée par plusieurs facteurs qui font basculer les mécanismes de régulation vers un mode de perte d'eau. Ces facteurs peuvent être les suivants :</p>
<ul>
<li><p>des causes environnementales ou externes telles que les vagues de chaleur (facteurs de changement climatique) </p></li>
<li><p>les sécheresses et les privations d'eau de longue durée</p></li>
<li><p>la réduction de l'apport en liquides - chez les personnes âgées, les enfants ou les personnes souffrant de troubles mentaux</p></li>
<li><p>les pénuries municipales affectant la disponibilité ou l'accès à l'eau potable</p></li>
<li><p>la perte accrue de liquides par une miction excessive, comme dans le cas de maladies telles que le diabète</p></li>
<li><p>la perte accrue de fluides due à la diarrhée</p></li>
<li><p>une perte accrue de liquides due à la transpiration ou à l'hyperventilation.</p></li>
</ul>
<h2>Comment savoir si l'on est déshydraté ?</h2>
<p>Une perte de 5 à 10 % de l'eau corporelle est symptomatique, en particulier chez les personnes très âgées et très jeunes. Les signes à surveiller sont les suivants : maux de tête, fatigue ou lassitude, confusion inexplicable immédiatement, bouche sèche (inexplicable immédiatement), peau sèche lorsque vous la pincez et lente dans son retour élastique normal, yeux enfoncés et, chez les nourrissons, fontanelles enfoncées, absence de larmes en cas de pleurs, en particulier chez les enfants, urine concentrée - de couleur ambre foncé à sombre - et diminution de la fréquence des mictions à mesure que l'organisme passe à la conservation.</p>
<p>Parmi les autres signes à surveiller figurent les <a href="https://www.cdc.gov/disasters/extremeheat/warning.html#text">symptômes de l'épuisement par la chaleur</a>. Ils indiquent que le système cardiovasculaire est touché. Les signes peuvent être les suivants : peau froide et moite, transpiration inhabituellement abondante, pouls faible et rapide, vertiges, crampes musculaires, nausées. </p>
<h2>Que se passe-t-il dans notre organisme lorsque nous sommes déshydraté ?</h2>
<p>Plusieurs systèmes de notre corps sont affectés par la déshydratation. Les effets de la déshydratation dépendent de la quantité de liquide perdue et de la durée de la déshydratation.</p>
<p>Les effets varient en fonction du degré de déshydratation. <a href="https://www.msdmanuals.com/professional/pediatrics/dehydration-and-fluid-therapy-in-children/dehydration-in-children">La déshydratation est classée de légère à sévère selon la proportion d'eau perdue dans la masse corporelle</a>. Chez les enfants et les nourrissons, elle est particulièrement problématique car l'eau représente une part plus importante de leur masse corporelle. </p>
<p>En cas de perte importante, les symptômes peuvent comprendre une chute de la pression artérielle qui affecte la dynamique de la circulation sanguine et des signes de défaillance des organes qui ne peuvent plus fonctionner normalement les systèmes ne sont pas en mesure de faire face (comparable à un moteur de voiture en surchauffe).</p>
<p>Le système cardiovasculaire, le système gastro-intestinal, le système rénal, le système nerveux central, la peau et la couche externe du corps, le système musculo-squelettique sont tous affectés par la déshydratation en fonction du niveau de perte d'eau totale du corps.</p>
<p>Les effets de la déshydratation sur l'organisme peuvent inclure : perte de poids, constipation, délire, insuffisance rénale, plus grande prédisposition aux infections respiratoires et urinaires, crises cardiaques et convulsions <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16248421/#:%7E:text=D%C3%A9shydratation%2C%20qui%20augmente%20la%20viscosit%C3%A9%20du%sang,cause%20une%20augmentation%20de%20la%20viscosit%C3%A9">en raison de l'épaississement du sang</a>.</p>
<p>Ces effets sont encore plus débilitants chez les personnes très âgées et celles qui souffrent de maladies préexistantes comme le diabète.</p>
<h2>Comment arrêter la déshydratation ?</h2>
<p>Pour enrayer la déshydratation, il est important de prendre en compte tous les aspects de la demande et de l'approvisionnement en eau.</p>
<p>L'environnement : l'accès à l'eau potable est toujours une responsabilité collective du gouvernement et de la communauté. Cela peut aller du signalement et de la réparation des fuites et des ruptures d'approvisionnement en eau de la municipalité à l'entretien des réseaux de purification de l'eau et de distribution de l'eau. </p>
<p>Personnellement : n'attendez pas d'avoir soif pour boire. La soif est le signe que votre corps est en train de se déshydrater. Pour chaque kilogramme de poids corporel, buvez environ 30-35 millilitres (3 cuillères à soupe) d'eau par jour, surtout en période de chaleur. </p>
<p>Soyez attentif aux signes de déshydratation chez vous ou chez les personnes âgées, les enfants, les membres de votre famille ou vos amis souffrant d'une incapacité. Contrôlez-les avec des mesures simples telles que les <a href="https://www.rehydrate.org/ors/made-at-home.htm">thérapies de remplacement</a> composées d'eau, de sel et de sucre. </p>
<p>Pensez à boire davantage d'eau lorsque vous faites de l'exercice ou lorsque vous êtes malade. Il y a du sel, du sucre et de l'eau dans chaque maison. Il est essentiel de savoir comment les préparer ou de disposer d'une thérapie de réhydratation orale préemballée à la maison. Il existe un certain nombre de bons guides sur <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/pdf/global/posters/11_229310-j_ors_print-africa.pdf">la préparation d'une solution sel-sucre-eau maison </a> pour traiter la déshydratation avant de demander de l'aide médicale.</p>
<p>Prenez l'habitude de boire intentionnellement de l'eau plutôt que des boissons froides et des bières qui contiennent de l'eau mais sont riches en calories. Ces boissons aggravent la déshydratation.</p>
<p>Veillez à vous hydrater avant, pendant et après l'exercice afin de maintenir un bon équilibre entre l'eau et les sels pendant l'exercice.</p>
<p>Restez au frais en période de chaleur en portant des vêtements respirants, en nageant ou en prenant des douches rafraîchissantes s'il n'y a pas de restrictions d'eau. Des jets d'eau sont disponibles dans certains lieux publics pour aider à se rafraîchir particulièrement en période de chaleur.</p>
<p>Enfin, il existe plusieurs appareils intelligents dotés d'applications de santé qui peuvent aider à suivre la consommation d'eau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226405/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anastasia Ugwuanyi est memebre de l'Association sud-africaine des médecins de famille.</span></em></p>Environ 60 % du corps humain est constitué d'eau. Une perte excessive d'eau peut être fatale.Anastasia Ugwuanyi, Senior clinical educator, department of family medicine, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209772024-02-04T15:35:29Z2024-02-04T15:35:29ZPourquoi il est si difficile de prévoir les orages d'été<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/572862/original/file-20240201-17-rw4i15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C2640%2C1742&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les orages, des phénomènes imprévisibles ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/photo-de-lile-et-du-tonnerre-E-Zuyev2XWo">Johannes Plenio/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les orages surviennent partout dans le monde et à tout moment de l’année, mais ils sont plus intenses et plus fréquents dans les régions tropicales, et, sous nos latitudes, en été. En effet, les orages et la canicule sont étroitement liés, car la chaleur accumulée pendant les périodes de beau temps est le carburant qui alimente les orages les plus intenses.</p>
<p>Néanmoins, pendant les vagues de chaleur, les modèles atmosphériques et les météorologues prévoient souvent des orages « dans les prochains jours »… mais ces tempêtes ne se produisent pas et semblent éternellement repoussées.</p>
<p>Alors, les météorologues souffrent-ils d’hallucinations ? Et bien non – il ne s’agit pas seulement d’une impression due à l’impatience du public qui aspire à un rafraîchissement. Il y a de vraies raisons scientifiques qui rendent particulièrement difficile de prévoir quand une vague de chaleur sera finalement interrompue par un épisode orageux, rafraîchissant mais parfois destructeur.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1671283528418435075"}"></div></p>
<h2>La recette des orages : chaleur, humidité… et complexité</h2>
<p>Pour comprendre ce qui se passe, il faut d’abord comprendre ce qu’est un orage. Les orages sont une valve utilisée par la nature pour dissiper l’énergie excessive accumulée près de la surface de la terre sous forme de chaleur et d’humidité. Cette énergie est stockée dans la « couche limite planétaire », dont l’épaisseur varie de quelques centaines de mètres à 2-4 kilomètres l’été.</p>
<p>On le voit très bien si l’on regarde un orage d’en haut en accéléré : il ressemble à des bulles émergeant du fond d’une casserole lorsque l’eau commence à bouillir et que la vapeur, plus légère que l’eau liquide, veut s’échapper vers la surface.</p>
<figure> <img src="https://www.weather.gov/images/dlh/StormSummaries/2020/July8/78satloop3.gif"><figcaption>Le 8 juillet 2020, de sévères orages frappent les États-Unis. Images du satellite GOES-East, prises à intervalles de une minute. Source : NOAA </figcaption></figure>
<p>En été, notamment pendant les vagues de chaleur, la température monte près de la surface de la Terre. Souvent une grande quantité d’humidité y est également piégée, qu’elle provienne de la mer toute proche ou qu’elle s’évapore de la végétation. Cet air chaud et humide est moins dense que l’air en altitude (donc plus léger), et il veut s’élever vers le sommet de l’atmosphère – une élévation qui libérerait l’énergie accumulée à basse altitude.</p>
<p>Mais les choses ne sont pas si simples : les vagues de chaleur sont liées à des systèmes de haute pression, également appelés « anticyclones ». Ces systèmes de haute pression compriment l’air vers le sol, supprimant tout mouvement ascendant et empêchant donc l’air de monter.</p>
<p>L’énergie dans la couche limite planétaire s’accumule… et se prépare à être libérée de manière explosive comme un pistolet chargé. « Loaded gun », c’est d’ailleurs le terme utilisé par les météorologues américains pour communiquer sur les situations météorologiques particulièrement dangereuses qui conduisent aux vagues d’orages extrêmes et de tornades, et qui affectent les États-Unis plus que toute autre région de la planète.</p>
<p>Un exemple emblématique est la <a href="https://www.nssl.noaa.gov/about/history/2011/">vague d’orages et de tornades</a> qui a frappé les États-Unis du 25 au 28 avril 2011 : ces jours-là, 200 tornades ont frappé cinq États du sud, causant plus de 300 morts. Des conséquences fatales, alors même que la tempête avait été bien prévue à l’avance, et que les météorologues avaient reconnu le terrible potentiel d’une atmosphère en « pistolet chargé » (<em>loaded gun</em>).</p>
<h2>Quels détonateurs pour les « pistolets chargés » atmosphériques</h2>
<p>De <a href="https://www.weather.gov/source/zhu/ZHU_Training_Page/thunderstorm_stuff/Thunderstorms/thunderstorms.htm">multiples phénomènes peuvent servir de détonateur pour libérer l’énergie et déclencher les orages</a>. Dans certains cas, la présence d’une montagne suffit : agissant comme un trampoline, la montagne oblige l’air à monter, parfois suffisamment pour atteindre des altitudes où il est alors capable de continuer seul, et enfin de libérer l’énergie. C’est la raison pour laquelle, dans des régions comme les Alpes et le Massif central, les orages estivaux se produisent souvent alors que le reste du pays est encore sous un temps très chaud et sec.</p>
<p>Parfois, l’anticyclone devient simplement très vieux et commence à se dégrader, ou bien il est remplacé par un système dépressionnaire : le premier jour où la pression a suffisamment baissé, le soleil de l’après-midi chauffe la surface au point que l’air sort enfin de sa prison anticyclonique.</p>
<p>Une autre cause fréquente de déclenchement d’orages est l’arrivée d’une masse d’air froid : beaucoup plus dense que l’air chaud sous le dôme anticyclonique, elle agit comme un coin pour fendre le bois, en soulevant abruptement l’air chaud près du sol.</p>
<p>Un autre élément déclencheur possible est le passage de forts courants de vent en altitude, dans lesquels la direction du vent diverge, comme une route à quatre voies qui se divise en deux routes à deux voies allant dans des directions légèrement différentes. Cela crée une sorte de vide dans la haute atmosphère, qui doit être compensé par une remontée d’air près du sol.</p>
<p>La plupart du temps, on observe une combinaison de phénomènes.</p>
<p>Par exemple, nous pouvons examiner la situation météorologique présente sur la France le 20 juin 2023, telle que vue par la <a href="https://www.ecmwf.int/en/forecasts/dataset/ecmwf-reanalysis-v5">réanalyse</a> du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF). Ce jour-là, des <a href="https://www.keraunos.org/actualites/fil-infos/2023/juin/orages-grele-supercellules-vent-pays-basque-gers-tarn-et-garonne-20-juin-foudre">orages violents se sont développés sur la France</a>, produisant de gros grêlons, des tempêtes de vent, de nombreux éclairs et des nuages spectaculaires.</p>
<p>Ce jour-là, un fort anticyclone était encore présent sur l’Europe centrale, tandis que la France était approchée par un système de basse pression entre le Royaume-Uni et l’Islande. De plus, le gradient de pression sur la France était également lié à un couloir de vents divergents dans les niveaux supérieurs de l’atmosphère, tandis que de l’air plus chaud que la normale s’attardait encore sur le pays : une recette parfaite pour la formation d’orages.</p>
<h2>Pourquoi tant de difficultés à prévoir un phénomène tout à fait commun</h2>
<p>Les météorologues savent donc ce que sont les orages et comment ils fonctionnent. Alors, pourquoi avons-nous du mal à les prévoir ?</p>
<p>Parce que le fait que de multiples facteurs concourent à la formation des orages implique également de multiples sources d’erreur.</p>
<p>En effet, les modèles de prévision météorologique sont très fiables à un horizon de quelques jours, après quoi leurs performances tendent à diminuer. En cas d’anticyclone anormalement persistant, le modèle produit souvent une prévision erronée de son affaiblissement (avec orages associés), et cette prévision se voit corrigée au fur et à mesure, repoussant les prédictions d’orages plus loin dans le futur. Parfois, lorsque l’anticyclone s’affaiblit effectivement, les conditions ont changé par rapport à la prévision précédente, de sorte que la fin de la vague de chaleur n’est plus associée à des orages. C’est un peu un « effet mirage ».</p>
<p>Dans de nombreux cas, la situation est encore plus compliquée. Bien qu’ils soient puissants et spectaculaires, les orages sont assez petits en taille par rapport à l’ensemble d’un système de haute pression. Certains des éléments que nous avons évoqués et qui les produisent peuvent être affectés par des variations environnementales même minimes. Par exemple, le vent de haute altitude peut être un peu plus faible ou moins divergent, ou le ciel un peu plus nuageux le matin, ce qui suffit à consommer l’énergie avant que les orages ne se déclenchent.</p>
<p>Les orages ont toujours été considérés comme peu prévisibles et volatils, et ce pour de bonnes raisons. Les progrès scientifiques futurs, notamment les efforts continus pour améliorer la description de la physique de l’atmosphère, mais aussi l’<a href="https://www.ecmwf.int/en/about/media-centre/science-blog/2023/rise-machine-learning-weather-forecasting">essor de l’intelligence artificielle</a> dans le domaine des prévisions météorologiques permettront de les prévoir de mieux en mieux au fil du temps.</p>
<p>Cependant, les prévisions ne seront jamais parfaites, en raison de la <a href="https://theconversation.com/leffet-papillon-quest-ce-qui-se-cache-derriere-la-theorie-du-chaos-179878">nature chaotique de l’atmosphère</a>, qui amplifie même la plus petite (et inévitable) erreur affectant les conditions initiales de la prévision.</p>
<p>Les canicules interminables et les orages imprévus (ou mal prévus) sont ainsi une occasion de s’émerveiller encore de la nature… et d’être un peu indulgent envers votre météorologue favori !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220977/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Flavio Pons ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la météorologie est capable de prévoir de plus en plus finement le temps qu’il fera, la prévision des orages est encore complexe.Flavio Pons, Post-doctorant au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE), CEA, CNRS, UVSQ, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2137912023-09-19T16:12:47Z2023-09-19T16:12:47ZOn a dépassé 1,5 °C. Fin de partie pour le climat ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548848/original/file-20230918-23-ybjcy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5801%2C3887&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-il trop tard pour respecter les engagements de l'accord de Paris?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/paris-france-07-19-2022-heat-2180203967">StudioPhotoLoren/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Juillet 2023 a été le mois le plus chaud <a href="https://news.un.org/fr/story/2023/08/1137462">jamais enregistré</a>. Encore plus alarmant, l’<a href="https://climate.copernicus.eu/copernicus-and-wmo-july-2023-track-be-hottest-month-record">Agence spatiale européenne</a> (ESA) a annoncé que les records de chaleur de cet été ont fait grimper les températures moyennes mondiales 1,5 °C au-dessus de leur niveau moyen de l'ère préindustrielle.</p>
<p>À la une de nombreux <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/06/l-ete-2023-a-ete-le-plus-chaud-jamais-mesure-dans-le-monde-selon-l-observatoire-europeen-copernicus-l-effondrement-climatique-a-commence-affirme-le-secretaire-general-des-nations-unies_6188057_3244.html">journaux</a>, cette nouvelle inquiétante semblait indiquer que nous avions dépassé l’objectif de l’accord de Paris signé en 2015 , qui devait pourtant contenir le réchauffement à 1,5 °C. Et cela, environ dix ans plus tôt que prévu.</p>
<p>Les dés sont-ils vraiment jetés ? Sommes-nous définitivement fichus ?</p>
<p>Comme tout ce qui a trait au changement climatique, ce n’est pas aussi simple. Ce seuil a été franchi pendant un mois, avant que les températures moyennes ne finissent par redescendre. Mais juillet 2023 n’a rien d'une première : cet insigne honneur revient à <a href="https://climate.copernicus.eu/tracking-breaches-150c-global-warming-threshold">février 2016</a>, où ce seuil avait déjà été franchi pendant quelques jours.</p>
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<img alt="Une femme se protège du soleil extrêmement chaud en marchant dans une rue pendant une vague de chaleur intense à Hanoï" src="https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548836/original/file-20230918-27-3r7xbw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Difficile de se rafraîchir : 2023 a battu des records de chaleur et de conditions météorologiques extrêmes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/hanoi-vietnam-july-2-2023-woman-2325726073">Nelson Antoine/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<h2>Pourquoi le seuil des 1,5 °C est-il si important ?</h2>
<p>En 2015, le monde semblait enfin avancer dans la lutte contre le changement climatique. Après des décennies de débats acharnés, 195 nations adoptaient l'accord de Paris, un accord formel mais <a href="https://www.ipcc.ch/sr15/faq/faq-chapter-1/">non contraignant</a>. Avec un objectif clair : limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels pour éviter les pires effets du changement climatique.</p>
<p>Mais ce chiffre n’a rien de magique. Chaque augmentation des températures aggrave les effets du changement climatique. Alors pourquoi le seuil de 1,5 °C est-il si important ?</p>
<p>Essentiellement parce que les experts l’ont défini comme la limite qui matérialise un danger accru. <a href="https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris">L’accord de Paris stipule</a> que pour éviter un changement climatique dangereux, il faut maintenir les températures mondiales « bien en dessous de 2 °C » de réchauffement, et c’est ainsi que le seuil de 1,5 °C a vu le jour.</p>
<p>Qu’est-ce qu’un <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate3179">niveau dangereux</a> de changement climatique ? En gros, il s’agit d’un niveau de réchauffement où les dommages deviennent si étendus ou si sévères qu’ils menacent les économies, les écosystèmes et l’agriculture. Et nous rapprochent de points de bascule irréversibles, tels que l’effondrement des nappes glaciaires ou des circulations océaniques. Plus important encore, ce niveau de réchauffement risque de nous pousser au-delà des limites de notre capacité d’adaptation.</p>
<p>En d’autres termes, le seuil de 1,5 °C est la meilleure estimation du moment où nous risquons de nous retrouver dans une position difficile.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme devant un étal de riz dans l’Uttar Pradesh en Inde" src="https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548839/original/file-20230918-29-2qcdq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un monde plus chaud rend l’agriculture plus difficile. Cette année, l’Inde a interdit la plupart des exportations de riz en raison des conséquences des conditions météorologiques extrêmes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/search/rice-india-climate-change?image_type=photo">Pranjal Srivastava7/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Est-il trop tard pour contrer le réchauffement climatique ?</h2>
<p>Dans ces conditions, faut-il baisser les bras ?</p>
<p>Pas encore.</p>
<p>L’autorité mondiale en matière de changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), définit 1,5 °C comme un écart des températures moyennes mondiales par rapport à la moyenne de 1850 à 1900 (période préindustrielle).</p>
<p>Certes, ce seuil a été dépassé pour le mois de juillet 2023. Mais le climat ne se résume pas à un seul mois.</p>
<p>Les températures moyennes mondiales augmentent et diminuent chaque année, parallèlement à la tendance générale du réchauffement climatique, car les climats varient naturellement d’une année à l’autre.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-temperatures-pourraient-battre-des-records-au-cours-des-prochains-mois-210935">Pourquoi les températures pourraient battre des records au cours des prochains mois</a>
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<p>Les dernières années ont été beaucoup plus chaudes que la moyenne, mais plus fraîches qu’elles n’auraient pu l’être, en raison d’épisodes La Niña consécutifs.</p>
<p>Cette année, le réchauffement s’est considérablement accéléré, en grande partie à cause de l’épisode El Niño qui se prépare dans le Pacifique. Les années <a href="https://theconversation.com/fr/topics/el-nino-20589">El Niño</a> ont tendance à être plus chaudes.</p>
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<p>Pour aplanir les différences d’une année à l’autre, on calcule généralement la moyenne des températures sur plusieurs décennies. En conséquence, un rapport du GIEC de 2021 définit le seuil de 1,5 °C comme la <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-023-01702-w">première période de 20 ans</a> au cours de laquelle on atteint 1,5 °C de réchauffement climatique (sur la base des températures de l’air en surface).</p>
<p>De récentes <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2207183120">recherches</a> montrent que la meilleure estimation du franchissement de ce seuil est le début des années 2030. Cela signifie que, selon les définitions du GIEC, l'augmentation de la température moyenne de la planète entre le début des années 2020 et le début des années 2040 est estimée à 1,5 °C.</p>
<h2>Dangereusement proche de la ligne rouge</h2>
<p>Tout cela signifie que nous n’avons pas encore échoué à atteindre les objectifs fixés à Paris. Mais le record de juillet nous montre que nous sommes dangereusement proches de la ligne rouge.</p>
<p>Comme le monde continue de se réchauffer, nous verrons de plus en plus de mois comme ce mois de juillet, et nous nous rapprocherons de plus en plus du seuil de 1,5 °C, au-delà duquel le réchauffement climatique deviendra de plus en plus dangereux.</p>
<p>Est-il encore possible de rester en dessous de 1,5 °C ? Peut-être. Pour avoir une chance d'y parvenir, il faudrait réduire les émissions de manière extrêmement drastique. À défaut, nous dépasserons probablement l’objectif de Paris d’ici une dizaine d’années.</p>
<p>Admettons que cela se produise. Cela serait-il synonyme d'un renoncement à toute lutte contre le réchauffement climatique ?</p>
<p>C'est peu probable. Car si 1,5 °C est mauvais, 1,6 °C serait pire. Et 2 °C serait encore pire. 3 °C serait <a href="https://theconversation.com/seriously-ugly-heres-how-australia-will-look-if-the-world-heats-by-3-c-this-century-157875">impensable</a>. Chaque dixième de degré compte.</p>
<p>Plus nous resterons proches de la ligne rouge des 1,5 °C, même si nous la franchissons, mieux le monde s'en portera.</p>
<p>Et il est désormais <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/accd83/meta">bien établi</a> que même si nous dépassons 1,5 °C, nous pourrions encore inverser la tendance en mettant fin aux émissions et en absorbant les émissions excédentaires de gaz à effet de serre. C’est comme faire demi-tour avec un énorme porte-conteneurs : il faut du temps pour vaincre l’inertie. Mais plus vite nous réussirons à faire demi-tour, mieux ce sera.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213791/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ailie Gallant a reçu des financements de the Australian Research Council et du Department of Climate Change, Energy, Environment and Water.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kimberley Reid a reçu des financements de the Australian Research Council et du Department of Climate Change, Energy, Environment and Water.</span></em></p>Le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré et nous a fait franchir la barre des 1,5 degré. Qu'est-ce que cela signifie vis-à-vis de nos objectifs fixés par l'accord de Paris ?Ailie Gallant, Associate Professor, School of Earth, Atmosphere and Environment, Monash UniversityKimberley Reid, Postdoctoral Research Fellow in Atmospheric Sciences, Monash UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2130152023-09-10T14:56:21Z2023-09-10T14:56:21ZLes risques de températures extrêmes en Europe de l’Ouest sont sous-estimés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546954/original/file-20230907-15-l25cig.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C152%2C2312%2C1841&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La température de surface lors de la vague de chaleur de fin juillet 2019 sur l’Europe de l’Ouest.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.esa.int/ESA_Multimedia/Images/2019/07/Extreme_heatwave">Données (Copernicus Sentinel, 2019), processé par l'ESA</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le 25 juillet 2019, la station météo centenaire de Paris Montsouris a battu son record datant de 1947 en enregistrant une température de 42,6 °C. De son côté, la station de la petite ville de Lytton dans l’ouest canadien a enregistré une température record de 49,6 °C le 30 juin 2021. Dans les deux cas, les précédents records de températures locaux ont été largement battus, respectivement de <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/acf679">2 et 5 °C</a>, <a href="https://esd.copernicus.org/articles/13/1689/2022/esd-13-1689-2022-discussion.html">ce qui aurait été très improbable sans changement climatique d’origine humaine</a>.</p>
<p>Atteindre des températures aussi élevées a des conséquences importantes sur les êtres vivants — sur les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30189362/">humains</a> notamment. Par exemple, les <a href="https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/nph.17348">plantes</a>, dont les <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/abf004">cultures</a>, peuvent se déshydrater très rapidement, produisant des conditions favorables à des incendies. Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652614013754">infrastructures</a>, rails ou bâtiments, sont aussi touchées car elles ne sont pas toujours conçues pour résister à ces températures.</p>
<p>Une méthode classique pour estimer les risques d’occurrence de températures très intenses est statistique. Elle repose sur la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_valeurs_extr%C3%AAmes">« théorie des valeurs extrêmes »</a> qui permet d’estimer une <em>température maximale atteignable</em> à partir de données de température passées, et donc de définir un « worst-case scenario » auquel se préparer. Les scénarios du pire actuellement utilisés sont souvent basés sur cette méthode statistique, qui prend mal en compte les mécanismes physiques des vagues de chaleur. </p>
<p>Une autre façon d’aborder le problème des températures extrêmes est de considérer les mécanismes physiques atmosphériques qui empêchent cette température d’augmenter indéfiniment. Dans une étude parue récemment dans <em>Environmental Research Letters</em>, nous montrons ainsi <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/acf679">qu’il n’est pas possible d’écarter la possibilité d’atteindre les 50 °C à Paris</a> – y compris à l’heure actuelle – et que les estimations statistiques des valeurs maximales sont probablement sous-estimées de plusieurs degrés en Europe de l’Ouest.</p>
<h2>Comment évalue-t-on les températures maximales atteignables ?</h2>
<p>La vague de chaleur canadienne de 2021 était tellement intense que les <a href="https://esd.copernicus.org/articles/13/1689/2022/esd-13-1689-2022-discussion.html">températures qui ont été atteintes étaient jugées impossibles par les méthodes <em>statistiques</em></a>. </p>
<p>Suite à ces observations, la communauté des sciences du climat a commencé à donner plus de crédit à ses simulations informatiques qui montraient bien que de tels événements très intenses étaient <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-021-01092-9">possibles</a>, mais qui avaient été jugées peu réalistes jusqu’alors, voire comme des artefacts des modèles de climat. Ainsi, après l’événement canadien, plusieurs études ont notamment montré que des <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-40112-4">événements aussi intenses</a> étaient pourtant <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/acab77/pdf">simulés correctement</a> par les modèles, ce qui est en un sens rassurant quant à notre compréhension du système climatique. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-temperatures-pourraient-battre-des-records-au-cours-des-prochains-mois-210935">Pourquoi les températures pourraient battre des records au cours des prochains mois</a>
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<p>Mais pour évaluer les températures maximales atteignables et préparer nos sociétés à ces extrêmes, il reste que l’application simpliste de la « théorie des valeurs extrêmes » est mise en défaut. </p>
<p>Récemment, une <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2215278120">nouvelle théorie, basée sur la physique cette fois</a>, a été proposée pour estimer les températures maximales théoriques atteignables à nos latitudes. Dans notre étude, nous l’utilisons pour montrer que des bornes maximales supérieures de 5 à 10 °C aux estimations statistiques traditionnelles du <em>worst case scenario</em> pour les grandes villes européennes étudiées sont possibles.</p>
<p>Par exemple, la méthode statistique traditionnelle donne une température maximale pour Paris de 40,8 °C, qui a été dépassée pendant l’événement de 2019 (42,6 °C), tandis que notre estimation donne 46,6 °C. Rappelons que nous parlons ici des températures mesurées à 2 mètres du sol, à l’ombre, sous abri et selon un protocole météorologique précis. Localement les températures peuvent être plus — ou moins — fortes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546952/original/file-20230907-15-rlaob4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comparaison entre la température maximale enregistrée en juillet 2019, avec la température maximale théorique calculée avec la méthode statistique (troisième colonne) et avec la méthode physique (quatrième colonne). Le tableau donne la valeur médiane estimée et les fourchettes l’incertitude sur cette valeur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Robin Noyelle</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les ingrédients indispensables pour générer des vagues de chaleur</h2>
<p>Pour générer une vague de chaleur très intense, il faut principalement deux éléments. Le premier est un printemps ou début d’été peu pluvieux qui rend les sols anormalement secs. </p>
<p>Le deuxième est une bulle de haute pression centrée sur la région de la vague de chaleur. Ces hautes pressions dévient vers le Nord les perturbations qui traversent l’Atlantique et nous amènent habituellement de la fraîcheur et de l’humidité océaniques : on parle d’« anticyclone de blocage », habituellement associé à un ciel ensoleillé et sans nuage. </p>
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<p>La combinaison de sols secs et de l’absence de nuages implique que l’énergie reçue du soleil atteint directement le sol. Cette énergie est ensuite transférée : soit pour faire évaporer de l’eau (majoritairement par la transpiration des plantes), ce qui fait diminuer localement la température ; soit pour réchauffer les basses couches de l’atmosphère (inférieures à 1500 mètres d’altitude). </p>
<p>Ainsi, quand les sols sont déjà très secs, la majorité de l’énergie reçue du soleil est utilisée pour augmenter la température de l’air proche du sol. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546944/original/file-20230907-23-3ox0ko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Organisation schématique et simplifiée de l’atmosphère pendant une vague de chaleur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/s43017-022-00371-z">Adapté et traduit par Robin Noyelle et Elsa Couderc</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’humidité du sol limite l’augmentation des températures</h2>
<p>Une particule d’air très chaud est moins dense qu’une particule d’air froid : elle a tendance à s’élever. Comme ce sont les basses couches de l’atmosphère qui sont réchauffées par le Soleil, l’air chaud au niveau du sol monte : on parle de convection. Si la convection est suffisamment intense, l’air chaud peut s’élever très haut dans l’atmosphère (plusieurs kilomètres) ce qui le refroidit du fait de la diminution de sa pression. <a href="https://meteofrance.com/comprendre-la-meteo/nuages/comment-se-forme-un-nuage">Dans certaines conditions</a>, ce refroidissement fait condenser la vapeur d’eau contenue dans l’air : un nuage apparaît.</p>
<p>Mais en se condensant, la vapeur d’eau réchauffe l’air dans laquelle elle est contenue, ce qui peut entretenir son mouvement ascendant. Si le mouvement ascendant est suffisamment fort, un orage se déclenche. La pluie refroidit le sol et stoppe l’augmentation des températures.</p>
<p>Plus il y a de vapeur d’eau dans la particule d’air au départ, plus la condensation est facile : le mouvement ascendant et les chances de précipitations orageuses sont renforcés. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546948/original/file-20230907-29-yebdlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les cumulonimbus sont des nuages d’orage qui peuvent monter en panache.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cumulonimbus_varois.jpg">Brigitte Alliot</a></span>
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</figure>
<p>L’humidité au niveau du sol joue donc un double rôle pour limiter l’augmentation des températures : elle permet de rafraîchir l’air localement en s’évaporant, et elle limite les augmentations de température en favorisant la convection.</p>
<h2>Pourquoi les orages ne se déclenchent pas systématiquement pendant les vagues de chaleur</h2>
<p>Mais la convection ne se déclenche pas systématiquement. En effet, pendant les vagues de chaleur les plus intenses, une bulle de haute pression et d’air chaud se trouve au-dessus des régions touchées, à une altitude d’environ 5 à 6 kilomètres, c’est le fameux anticyclone de blocage, qui peut atteindre quelques milliers de kilomètres de large. Un tel anticyclone bloque la condensation de la vapeur d’eau et empêche le déclenchement de la convection profonde et des orages.</p>
<p>C’est donc la combinaison des caractéristiques physiques de cet anticyclone et de l’humidité du sol qui définit les températures maximales atteignables pendant une vague de chaleur.</p>
<p>Dans notre étude, nous montrons que la température maximale définie par les caractéristiques de l’anticyclone de blocage change assez peu entre des conditions anticycloniques passées (entre 1940 et 1980) et présentes (entre 1981 et 2021), alors que les températures maximales observées au sol augmentent fortement, entre 2 et 3 °C selon les régions. Cette augmentation est probablement principalement due à des phénomènes d’assèchement des sols liés au réchauffement climatique d’origine anthropique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/des-temperatures-extremes-statistiquement-impossibles-quelles-sont-les-regions-les-plus-a-risque-210342">Des températures extrêmes « statistiquement impossibles », quelles sont les régions les plus à risque ?</a>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-20-CE01-0008">Simuler des Evenements Climatiques Rares – SAMPRACE</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213015/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs de l'étude parue dans ERL ont été soutenus par la subvention ANR-20-CE01-0008-01426 (SAMPRACE : Pascal Yiou). Ce travail a également reçu le soutien du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n°101003469 (XAIDA) et par la convention de subvention Marie Sklodowska-Curie No.956396 (EDIPI). Robin Noyelle a bénéficié d'une bourse doctorale du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Davide Faranda et Yi Zhang ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Quelle pourrait être les températures maximales en Europe ? Comment se forment les vagues de chaleur ?Robin Noyelle, Doctorant en sciences du climat au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE-CEA-IPSL), Université Paris-SaclayDavide Faranda, Senior Researcher, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)Yi Zhang, Postdoctoral scholar, University of California, BerkeleyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2126492023-09-06T17:39:29Z2023-09-06T17:39:29ZComment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546469/original/file-20230905-15-qibn1a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=47%2C23%2C7892%2C5273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/lJ51y_WOVvw">Afif Ramdhasuma/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/direct-vague-de-chaleur-le-mercure-depassera-les-30-degres-sur-la-quasi-totalite-de-l-hexagone-cet-apres-midi-selon-meteo-france_6042092.html">records de chaleur</a>. De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des <em>data center</em>, perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de <a href="https://doi.org/10.1049/iet-est.2015.0050">chaleur extrême</a>. Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles.</p>
<p>Nous sommes <a href="https://scholar.google.com/citations?user=_C33NmEAAAAJ&hl=en">chercheurs en ingénierie</a> et <a href="https://scholar.google.com/citations?user=q0jrPekAAAAJ&hl=en">nous étudions</a> comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de récupérer et de réutiliser cette chaleur efficacement.</p>
<p>Même sans pic de chaleur, aucune machine n’est parfaitement efficace. Toutes subissent des frictions internes en fonctionnement, qui dissipent de la chaleur. Or plus il fait chaud à l’extérieur, plus la température du dispositif sera élevée. </p>
<p>Ainsi, les <a href="https://support.apple.com/en-us/HT201678">téléphones portables</a> et les autres appareils équipés de <a href="http://www.nrel.gov/docs/fy13osti/58145.pdf">batteries lithium-ion</a> ne fonctionnent pas aussi bien au-delà de 35°C — ceci afin d’empêcher la surchauffe et le stress thermique pour les composants électroniques.</p>
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<p>Des systèmes de refroidissement innovants, par exemple basés sur <a href="https://ieeexplore.ieee.org/abstract/document/6188826">fluides à changement de phase</a> contribuent à maintenir les appareils à des températures raisonnables, mais dans la plupart des cas, la chaleur reste dissipée dans l’air. Le problème subsiste : plus l’air environnant est chaud, plus il est difficile de maintenir l’appareil suffisamment froid pour qu’il fonctionne efficacement. </p>
<p>En outre, plus les machines sont proches les unes des autres, plus la chaleur dissipée aux alentours est importante. </p>
<h2>Déformation des matériaux</h2>
<p>Les températures élevées dues aux conditions météorologiques ou à la chaleur dissipée par les machines elles-mêmes peuvent entraîner la déformation des matériaux utilisés. Un effet qui se comprend aisément au niveau moléculaire. </p>
<p>À <a href="https://chem.libretexts.org/Bookshelves/General_Chemistry/CLUE%3A_Chemistry_Life_the_Universe_and_Everything/05%3A_Systems_Thinking/5.1%3A_Temperature">l’échelle moléculaire</a>, la température se traduit par la vibration des molécules. Plus il fait chaud, plus les molécules qui composent l’air, le sol et les matériaux des machines vibrent et s’agitent.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/sNvMfuOvHwg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Lorsque le métal est chauffé, ses molécules vibrent plus rapidement, et elles s’éloignent les unes des autres : le métal se dilate.</span></figcaption>
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<p>À mesure que la température augmente et que les molécules vibrent davantage, l’espace moyen entre elles s’accroît : c’est ainsi que la plupart des matériaux se dilatent en chauffant. C'est le cas sur les routes : le goudron se dilate, se rétracte, et <a href="https://www.heraldnet.com/news/heat-wave-melted-county-roads-buckled-sidewalks/">finit par fissurer</a>. Ce phénomène peut également se produire dans les matériaux qui constituent nos ordinateurs et nos véhicules. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Sol fissuré" src="https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le bitume se fissure sous l’effet de la chaleur, car les températures élevées augmentent la distance entre les molécules, ce qui provoque la dilatation et la déformation du matériau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/cnOMHANKNX8">Zoshua Colah/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Retards de voyage et risques pour la sécurité</h2>
<p>Les températures élevées peuvent également modifier les propriétés des huiles de moteur, voire des défaillances. Par exemple, si la température augmente de 17 °C lors d’une vague de chaleur, la viscosité d’une huile standard de moteur — son épaisseur — peut <a href="https://wiki.anton-paar.com/kr-en/engine-oil/">tripler</a>. </p>
<p>Or les fluides tels que les huiles de moteur deviennent plus fluides en chauffant : s’il fait trop chaud, l’huile risque de ne pas être assez épaisse pour lubrifier les pièces du moteur et les protéger efficacement contre l’usure.</p>
<p>À l’inverse, l’air contenu dans les pneus se dilate par temps chaud, et la pression des pneus augmente, ce qui peut <a href="https://www.athensreview.com/news/impact-of-excessive-heat-on-tires/article_31542372-3169-11ee-a135-3711984fefc6.html">accroître l’usure et le risque de dérapage</a>. </p>
<p>Les avions ne sont pas non plus conçus pour voler à des températures extrêmes. En effet, lorsqu’il fait chaud, l’air se dilate et occupe plus d’espace : il est moins dense. Cette <a href="https://www.washingtonpost.com/business/2023/08/01/climate-change-extreme-heat-is-making-air-travel-worse/51ae039c-3077-11ee-85dd-5c3c97d6acda_story.html">densité de l’air réduite</a> diminue le poids que l’avion peut transporter en vol, ce qui peut entraîner d’importants <a href="https://www.usatoday.com/story/travel/airline-news/2023/07/14/extreme-heat-airplane-flight-delay-cancellation/70415739007/">retards</a> ou des annulations.</p>
<h2>Dégradation des batteries</h2>
<p>De façon générale, l’électronique des téléphones portables, ordinateurs personnels et autres centres de données se compose de nombreux matériaux qui réagissent différemment aux changements de température. Comme ils sont proches et dans des espaces restreints, s’ils se déforment différemment les uns des autres, cela peut entraîner une <a href="https://www.pcmag.com/news/asus-confirms-thermal-stress-is-killing-the-rog-ally-sd-card-reader">usure prématurée et une défaillance</a>.</p>
<p>Les batteries lithium-ion des voitures et des appareils électroniques se dégradent plus rapidement à des températures élevées, parce que celles-ci <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpowsour.2013.05.040">augmentent la vitesse des réactions chimiques au sein des batteries</a>. Notamment, les réactions de corrosion qui consomment le lithium réduisent la capacité de stockage de la batterie. Des recherches récentes montrent que les véhicules électriques maintenus à 32 °C <a href="https://www.recurrentauto.com/research/what-a-c-does-to-your-range">peuvent perdre environ 20 % de leur autonomie</a>.</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/la-realite-physique-du-monde-numerique-158884">data center</a>, des bâtiments remplis de serveurs stockant des données, doivent dissiper d’importantes quantités de chaleur afin de maintenir leurs composants au frais. Lorsqu’il fait très chaud, les ventilateurs travaillent plus dur pour que les puces ne surchauffent pas. Dans certains cas, des ventilateurs puissants ne suffisent plus à refroidir l’électronique. </p>
<p>Pour maintenir la fraîcheur dans les data centers, l’air sec qui arrive de l’extérieur est souvent envoyé à travers un matériau humide. L’eau s’évapore dans l’air et absorbe la chaleur, ce qui refroidit l’air. Cette technique, appelée « refroidissement évaporatif ou adiabatique », est généralement un <a href="https://doi.org/10.1080/01457632.2018.1436418">moyen économique et efficace</a> de maintenir l’électronique à une température raisonnable. </p>
<p>Mais le refroidissement par évaporation peut nécessiter une <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/abfba1">quantité importante d’eau</a>. C’est un problème dans les régions où l’eau est rare, où cette eau pour le refroidissement s’ajoute à l’<a href="https://theconversation.com/la-chasse-au-gaspillage-dans-le-cloud-et-les-data-centers-196669">utilisation déjà intense des ressources intense</a> des centres de données. </p>
<h2>Les climatiseurs en difficulté</h2>
<p>Les climatiseurs peinent à fonctionner efficacement lorsqu’il fait très chaud à l’extérieur… au moment où l’on en a le plus besoin. </p>
<p>En effet, lorsqu’il fait chaud, les compresseurs des climatiseurs doivent travailler plus fort pour <a href="https://home.howstuffworks.com/ac.htm">envoyer la chaleur des bâtiments vers l’extérieur</a>, ce qui augmente de manière disproportionnée la consommation et la <a href="https://doi.org/10.1029/2021EF002434">demande globale d’électricité</a>.</p>
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<img alt="Façade avec de nombreux climatiseurs" src="https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les vagues de chaleur peuvent mettre à rude épreuve les climatiseurs qui tâchent de dissiper la chaleur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/ePghIEczhnI">Alexandre Lecocq/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Au Texas, par exemple, chaque augmentation de 1 °C entraîne une hausse <a href="https://www.iea.org/commentaries/keeping-cool-in-a-hotter-world-is-using-more-energy-making-efficiency-more-important-than-ever">d’environ 4 % de la demande d’électricité</a>. </p>
<p>Les fortes chaleurs entraînent ainsi une augmentation stupéfiante de 50 % de la demande d’électricité l’été dans les pays les plus chauds, ce qui augmente la menace de pannes et de <a href="https://www.washingtonpost.com/climate-environment/2022/07/11/texas-record-heat-ercot-power-grid/">pénuries d’électricité</a> — en plus d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre.</p>
<h2>Comment prévenir les dommages causés par la chaleur</h2>
<p>Les vagues de chaleur et l'élévation des températures dans le monde entier posent d’importants problèmes à court et à long terme pour les populations comme pour les infrastructures. Heureusement, il y a des choses que l’on peut faire pour minimiser les dégâts.</p>
<p>Tout d’abord, il faut idéalement conserver les machines dans un espace frais, <a href="https://doi.org/10.1016/j.heliyon.2023.e16102">bien isolé</a> ou à l’abri de la lumière directe du soleil. </p>
<p>De plus, on peut utiliser pendant les heures creuses les appareils à forte consommation d’énergie ou de recharger votre véhicule électrique — lorsque la consommation d’électricité est moindre. Cela permet de limiter les problèmes d’approvisionnement d’électricité au niveau local.</p>
<h2>Réutiliser la chaleur</h2>
<p>Les scientifiques et les ingénieurs développent enfin des moyens d’utiliser et de recycler ces grandes quantités de chaleur dissipée par les machines. Par exemple, on peut utiliser la chaleur résiduelle des data center <a href="https://www.euronews.com/green/2023/03/16/from-heating-swimming-pools-to-vertical-farms-data-centres-are-proving-useful-but-is-it-en">pour chauffer de l’eau</a>.</p>
<p>La chaleur dissipée pourrait également alimenter des systèmes de climatisation, comme les <a href="https://www.energy.gov/eere/amo/articles/absorption-chillers-chp-systems-doe-chp-technology-fact-sheet-series-fact-sheet">refroidisseurs à absorption</a>, qui utilisent l’énergie de la chaleur pour alimenter les refroidisseurs grâce à une série de processus chimiques et de transfert de chaleur.</p>
<p>Dans les deux cas, l’énergie nécessaire pour chauffer ou refroidir provient d’une chaleur qui est d’ordinaire perdue. La <a href="https://doi.org/10.1016/j.energy.2011.07.047">chaleur résiduelle des centrales électriques pourrait en principe couvrir 27 % des besoins en climatisation des habitations</a>, ce qui réduirait la consommation globale d’énergie et les émissions de carbone.</p>
<p>Les chaleurs extrêmes affectent de nombreux aspects de la vie moderne, et les vagues de chaleur ne vont pas disparaître pas dans les années à venir. Cependant, il est possible de faire en sorte que la chaleur travaille pour nous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212649/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plus il fait chaud, plus les appareils mécaniques et électroniques ont du mal à garder la tête froide.Srinivas Garimella, Professor of Mechanical Engineering, Georgia Institute of TechnologyMatthew T. Hughes, Postdoctoral Associate, Massachusetts Institute of Technology (MIT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2077492023-09-05T13:21:26Z2023-09-05T13:21:26ZLes canicules engendrent des coûts. Voici pourquoi il est important de les quantifier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542402/original/file-20230811-19-98uwkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C983%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les impacts sanitaires et économiques de la chaleur sont souvent invisibles et silencieux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Parmi les différents événements météorologiques extrêmes (inondations, tempêtes, feux de forêt), ce sont les canicules qui causent les impacts les plus importants sur la santé humaine.</p>
<p>Pour preuve, l’événement météorologique le plus meurtrier de l’histoire du Canada est un dôme de chaleur, c’est-à-dire des températures anormalement chaudes qui durent plusieurs jours, qui a touché la Colombie-Britannique en 2021 et qui a causé <a href="https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/birth-adoption-death-marriage-and-divorce/deaths/coroners-service/statistical/heat_related_deaths_in_bc_knowledge_update.pdf">au moins 600 décès</a>. En plus d’une augmentation de la mortalité, les chaleurs extrêmes causent davantage de consultations à l’urgence, de transports en ambulance, d’hospitalisations, d’appels aux lignes d’informations de santé, d’accidents de travail, ainsi qu’une mobilisation accrue des équipes d’intervention. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Anomalies de températures pendant le dôme de chaleur en Colombie-Britannique en 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NASA</span></span>
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<p>Les changements climatiques rendront les canicules de <a href="https://doi.org/10.1126/science.1098704">plus en plus longues et de plus en plus intenses</a>. Leurs impacts futurs seront d’ailleurs exacerbés par le <a href="https://doi.org/10.1016/j.amepre.2008.08.021">vieillissement de la population et par l’urbanisation croissante</a>. </p>
<p>Dans ce contexte, il est primordial de pouvoir évaluer le fardeau sanitaire et économique que représentent les canicules d’aujourd’hui, mais aussi celles de demain. Or, à ce jour, on n’en connaît encore que très peu sur les impacts économiques de la chaleur extrême.</p>
<h2>Pourquoi en savons-nous si peu ?</h2>
<p>Les catastrophes naturelles comme les inondations, les ouragans ou les feux de forêt causent des dommages matériels aux résidences, aux entreprises et aux cultures agricoles. Comme ces pertes sont souvent remboursées par les assureurs ou par les gouvernements en cas de catastrophe, les données financières associées à ces événements sont plus facilement accessibles et connues. </p>
<p>À l’inverse, les chaleurs extrêmes affectent plutôt la santé de la population. Ces coûts sont donc enfouis dans les dépenses du système de santé ou assumés par l’ensemble de la société, ce qui les rend beaucoup plus difficiles à quantifier. D’ailleurs, on rapporte souvent que la <a href="https://doi.org/10.1289%2Fehp.1206025">chaleur extrême est un « tueur silencieux »</a>, tellement ses impacts sont méconnus et invisibles par rapport aux autres catastrophes naturelles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="inondation dans la rue" src="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les autres catastrophes naturelles, comme les inondations, causent des dommages matériels plus facilement quantifiables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Dans les dernières années, de plus en plus d’études ont tenté d’estimer les coûts associés à la chaleur extrême au Canada et ailleurs dans le monde. Par exemple, les prévisions des coûts annuels des décès prématurés liés à la chaleur ont été estimés à <a href="https://climatechoices.ca/wp-content/uploads/2021/06/ClimateChoices_Health-report_Final_June2021.pdf">3,0 à 3,9 milliards de dollars par année d’ici 2050 et de 5,2 à 8,5 milliards d’ici 2080 au Canada</a>. </p>
<p>Bien qu’importantes et pertinentes, les recherches existantes ne s’intéressent souvent qu’à un seul impact de la chaleur sur la santé, soit la mortalité. Or, ses impacts sont divers et nombreux. De plus, l’échelle spatiale de l’analyse est souvent très grande (pays ou province), ce qui limite la possibilité d’effectuer des analyses coûts-bénéfices à des échelles plus locales. Finalement, les approches méthodologiques utilisées dans les études existantes pourraient être améliorées. </p>
<p>Possédant des expertises multidisciplinaires (science des données, hydrométéorologie, santé publique, actuariat), nous cherchons à évaluer les coûts de santé de la chaleur au Québec et au Canada avec des approches novatrices. Par exemple, nous avons récemment utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour traiter les grandes bases de données météorologiques et médico-administratives, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969723032837">dans l’optique de mieux modéliser les impacts sanitaires de la chaleur</a>. Ces travaux seront mis à profit et poursuivis pour quantifier le fardeau économique de la chaleur.</p>
<h2>Pourquoi est-ce si important ?</h2>
<p>Estimer les coûts de santé historiques et futurs de la chaleur extrême s’avère essentiel pour la mise en place de mesures efficientes et cohérentes dans la lutte climatique. </p>
<p>Du côté de l’atténuation, c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), des projections fiables des coûts de santé de la chaleur extrême permettraient d’exposer ce que doivent s’attendre à payer les autorités de santé ou la société en général si les émissions de GES continuent d’augmenter. Ainsi, la réduction des émissions polluantes pourrait être convertie en coûts de santé évités, et donc, en économies potentielles pour les gouvernements et la société. Un argument supplémentaire en faveur de la diminution des GES.</p>
<p>Du côté de l’adaptation, soit les actions à entreprendre pour limiter les conséquences des changements climatiques, les estimations des coûts de santé de la chaleur peuvent servir d’entrées pour des analyses coûts-bénéfices de mesures d’adaptation à mettre en place comme le verdissement ou la lutte aux îlots de chaleur. Dans ces analyses, les bénéfices seraient quantifiés par les coûts de santé de la chaleur évités grâce à ces mesures. D’ailleurs, comme ces actions sont souvent mises en place à l’échelle des quartiers ou des municipalités, des estimations de coûts aussi locales que possible sont nécessaires. À la clé, l’adaptation permettra de réduire les coûts maintenant, mais aussi dans le futur.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un parc aménagé en ville comme mesure de lutte contre la chaleur urbaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pixabay)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’estimation des coûts de santé des canicules est d’une grande importance, mais a souvent été négligée dans le passé en comparaison aux autres catastrophes naturelles. De nouvelles recherches multidisciplinaires, basées sur des approches méthodologiques avancées, permettront de fournir des données plus complètes et précises sur les impacts économiques de la chaleur extrême. </p>
<p>Ces chiffres représentent une manière efficace de convaincre les décideurs. Comme nos gouvernements comprennent généralement très bien le langage économique, il est impératif d’adapter notre discours afin d’influencer les politiques publiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207749/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jeremie Boudreault a reçu des financements de la part du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du consortium sur la climatologie régionale (Ouranos) ainsi que de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Celine Campagna et Fateh Chebana ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>De nouvelles recherches doivent être menées afin de quantifier adéquatement les coûts de la chaleur extrême afin de réduire ses effets délétères actuels et futurs.Jérémie Boudreault, Étudiant-chercheur au doctorat en science des données et santé environnementale, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Celine Campagna, Adjunct professor, Institut national de santé publique du Québec, Université LavalFateh Chebana, Professor in Data Science applied to the Environment and Environmental Health, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2122952023-08-28T16:54:43Z2023-08-28T16:54:43ZEn vue des canicules futures, il semble important de faire évoluer le droit du travail<p>Les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/25/une-canicule-caracteristique-du-rechauffement-climatique-du-xxi-si%C3%A8cle_6186487_3244.html">vagues de chaleur et les périodes de canicule</a> constituent désormais une réalité qui affectera chaque année les personnes au travail. Chaque <a href="https://theconversation.com/topics/salaries-51494">salarié</a> se trouve concerné mais plus particulièrement ceux qui œuvrent à l’extérieur comme les ouvriers agricoles, du bâtiment ou des travaux publics, ceux qui manutentionnent des charges lourdes ou encore ceux qui exercent leurs métiers dans des lieux où la température est déjà élevée comme les cuisines de restaurants, boulangeries, pressings ou ateliers de soudure. </p>
<p>Les hausses du mercure telles qu’on en a connu cet été et tel qu’on en reconnaîtra à l’avenir entraîne de fortes dégradations des conditions de travail et de la santé des salariés pouvant dans les cas extrêmes aller jusqu’à la mort comme Santé publique France a pu le répertorier à l’<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/fortes-chaleurs-canicule/documents/bulletin-national/systeme-d-alerte-canicule-et-sante.-point-national-au-16-ao%C3%BBt-2022">été 2022</a> et en <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/episode-de-canicule-du-7-au-13-juillet-publication-de-la-premiere-estimation-de-l-exces-de-mortalite-toutes-causes">juillet 2023</a>.</p>
<p>Parmi les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/effets-du-changement-climatique-en-milieu-de-travail-des-risques-professionnels-augment%C3%A9s-et#:%7E:text=L%E2%80%99exposition%20%C3%A0%20la%20chaleur,risques%20accidentels%20li%C3%A9s%20%C3%A0%20une">risques connus</a>, figurent l’aggravation de la pénibilité, des malaises, la déshydratation, des coups de chaleur, des accidents liés à une altération de la vigilance ou encore des risques psychosociaux dus aux situations de tension.</p>
<p>Pour l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, la chaleur peut constituer un <a href="http://www.inrs.fr/risques/chaleur/ce-qu-il-faut-retenir.html">risque professionnel</a> ayant de graves effets sur la santé et augmentant les risques d’accidents du travail. Les seuils sont de 30 °C pour une activité sédentaire et de 28 °C pour un travail nécessitant une activité physique. Le travail au-dessus de 33 °C présente des dangers pour la santé des travailleurs.</p>
<p>Certes, le <a href="https://theconversation.com/topics/droit-du-travail-20394">droit du travail</a> prévoit des dispositions de sauvegarde de la santé au travail lors des <a href="https://theconversation.com/topics/canicules-109244">épisodes caniculaires</a>. La protection effective des travailleurs gagnerait cependant à ce que soient adoptés de nouveaux textes plus précis.</p>
<h2>Les principaux généraux applicables</h2>
<p>En application de son <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006160774/#LEGISCTA000006160774">obligation légale de sécurité</a>, tout employeur est « obligé d’assurer la sécurité et la santé des travailleurs dans tous les aspects liés au travail », en mettant en œuvre les principes généraux de prévention. Il doit ainsi procéder à une évaluation des risques professionnels dans l’entreprise avec la contribution des représentants des travailleurs au comité social et économique (CSÉ).</p>
<p>Cette évaluation doit inventorier dans le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043893923">document unique d’évaluation des risques professionnels</a> (le DUERP) tous les risques identifiés dans chaque unité de travail de l’entreprise y compris ceux liés aux ambiances thermiques, comme les fortes chaleurs, en tenant compte de l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe. Ce document doit être accessible à tous les travailleurs concernés dans l’entreprise.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Dans le prolongement de cette évaluation, l’employeur doit définir et mettre en œuvre, après consultation des élus du CSÉ, une politique de prévention efficace pour protéger les salariés au regard des risques causés par l’influence des facteurs ambiants comme le niveau thermique. Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, le DUERP doit comprendre « un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043893919">programme annuel de prévention</a> des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail qui fixe la liste détaillée des mesures devant être prises au cours de l’année à venir au regard de ces risques, précisant pour chaque mesure ses conditions d’exécution, des indicateurs de résultat et l’estimation de son coût, ainsi qu’un calendrier de mise en œuvre ».</p>
<p>Même s’il s’agit en priorité d’un document de prévention, le DUERP de l’entreprise sera examiné en cas de dégradation de la santé causée par le travail, dans tout contentieux, civil ou pénal, et les carences de l’entreprise sanctionnées. Le document doit être conservé pendant 40 ans.</p>
<p>Le droit prévoit que l’employeur mette à la disposition des travailleurs de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000018489041/">l’eau potable et fraîche</a>. Pour le secteur du bâtiment et des travaux publics, les entreprises doivent en fournir à raison de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000018528987">trois litres au moins par jour</a> et par travailleur.</p>
<h2>Des droits à mobiliser</h2>
<p>En cas de température « élevée », au regard des recommandations de l’INRS, et de carence de l’entreprise en matière de prévention, plusieurs droits peuvent être mobilisés, avec le concours de différents acteurs, pour protéger la santé des travailleurs.</p>
<p>Tout représentant élu du personnel au CSÉ peut déclencher un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006178069/">droit d’alerte</a> pour « danger grave et imminent » pouvant aboutir rapidement à l’adoption de mesures de mise en sécurité, notamment par arrêt du travail. Lorsque le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000035653203/">médecin du travail</a> constate, lui, la présence d’un risque pour la santé de travailleurs, ce qui peut relever d’une température élevée, il est prévu qu’« il propose par un écrit motivé et circonstancié des mesures visant à la préserver ». Selon la loi, « l’employeur prend en considération ces propositions et, en cas de refus, fait connaître par écrit les motifs qui s’opposent à ce qu’il y soit donné suite ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1694220461154980319"}"></div></p>
<p>Sur le rapport de l’inspection du travail constatant une situation dangereuse liée à la température élevée et résultant d’un non-respect par l’employeur des principes généraux de prévention, le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006178066/">directeur régional du travail</a> peut mettre en demeure l’employeur de prendre toutes mesures utiles pour y remédier. L’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006178115/">inspecteur</a> du travail peut, dans certaines circonstances, saisir le juge judiciaire statuant en référé pour voir « ordonner toutes mesures propres à faire cesser le risque » telles que la fermeture temporaire d’un atelier ou chantier. Le mécanisme intervient lorsqu’il « constate un risque sérieux d’atteinte à l’intégrité physique d’un travailleur » résultant de l’inobservation de certaines dispositions du code du travail.</p>
<p>Le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006903155">salarié</a>, enfin, peut de lui-même se retirer de son poste de travail lorsqu’il a « un motif raisonnable de penser que sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé », ce qui peut être lié à la chaleur. L’appréciation du risque est subjective et dépend de chaque personne, en fonction de différents paramètres (état de santé, âge, etc.). L’employeur ne peut demander au travailleur de reprendre son activité dans une situation de travail où persiste un danger grave et imminent résultant d’une température élevée.</p>
<h2>Des textes trop peu précis</h2>
<p>De nombreuses imprécisions demeurent néanmoins. Ainsi le droit stipule-t-il que « les postes de travail extérieurs sont aménagés de telle sorte que les travailleurs puissent rapidement quitter leur poste de travail en cas de danger » et « dans la mesure du possible » soient <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000018532177/">protégés contre les conditions atmosphériques</a>. Ce que sont ces « conditions atmosphériques » n’est pas précisé dans le code du travail.</p>
<p>Autre exemple, les jeunes travailleurs de moins de 18 ans ne doivent pas être affectés à des « travaux les exposant à une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000028058771">température extrême</a> susceptible de nuire à la santé ». La notion n’est, à nouveau, pas définie, de même que lorsque le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000018532340">droit</a> précise que dans les locaux de travail fermés, l’air doit être renouvelé de façon à éviter « les élévations exagérées de température ».</p>
<p>La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés préconise, de son côté, l’<a href="https://infosdroits.fr/wp-content/uploads/2013/05/Recommandation-R226-CNAMTS.pdf">évacuation des locaux au-delà de 34 °C</a>, en cas d’« arrêt prolongé des installations de conditionnement d’air dans les immeubles à usage de bureaux ». Le code du travail en matière d’ambiance thermique dans les locaux de travail se montre en fait surtout soucieux de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000018488961/#LEGISCTA000018532247">protection contre le froid</a>.</p>
<p>Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, l’employeur peut décider en cas d’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006189830/#LEGISCTA000006189830">intempéries</a>, après avis du comité social et économique, l’arrêt du travail ; les salariés perçoivent alors une indemnisation. Sont considérées comme intempéries les conditions atmosphériques « lorsqu’elles rendent dangereux ou impossible l’accomplissement du travail eu égard soit à la santé ou à la sécurité des salariés, soit à la nature ou à la technique du travail à accomplir ». Il s’agit du gel, de la neige, du verglas, de la pluie, du vent et des inondations du chantier, selon les lettres ministérielles du 20 janvier et du 15 avril 1947. Les températures élevées ne sont pas visées.</p>
<h2>Un droit à améliorer</h2>
<p>Les bouleversements climatiques impliquent des changements dans les conditions et l’organisation du travail. Dans cette perspective le droit du travail semble à actualiser pour assurer la santé au travail au regard des nouvelles réalités climatiques.</p>
<p>En France, le droit national demeure donc incomplet. Les ministères de la Transition écologique et du Travail ont récemment adopté des <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/08.06.2023_Plan_vagues_de_chaleur.pdf">plans</a> et <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/instruction_ministerielle_vagues_de_chaleur_du_130623.pdf">instructions</a> mais ceux-ci reposent pour l’essentiel sur des actions d’information, avec le rappel du droit applicable et l’incitation à la mise en œuvre de <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/guide_prevention_chaleur_2023.pdf">mesures de prévention</a> comme l’aménagement des locaux et des horaires, du rythme de travail, des durées et fréquence des pauses. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique a, certes, émis l’idée d’instaurer dans la loi des <a href="https://www.lepoint.fr/societe/canicule-christophe-bechu-evoque-des-journees-de-travail-reduites-en-cas-de-fortes-chaleurs-22-08-2023-2532489_23.php">journées réduites</a>. Aucun projet de loi ne semble cependant pour l’instant dans l’agenda du gouvernement ; du côté des parlementaires de l’opposition, une proposition a été déposée le 20 juillet.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1693977621091000509"}"></div></p>
<p>Au regard de l’insuffisance des législations nationales, la <a href="https://www.etuc.org/fr/pressrelease/la-crise-climatique-appelle-une-legislation-de-lue-sur-les-temperatures-maximales-de">Confédération européenne des syndicats (CES)</a> affirmait ainsi l’an passé :</p>
<blockquote>
<p>« La crise climatique appelle à une législation de l’UE sur les températures maximales de travail. »</p>
</blockquote>
<p>Penser des « valeurs limites d’exposition » à la chaleur, prévues dans une directive européenne comme pour les produits chimiques, pourrait reposer sur différents paramètres tenant aux conditions du travail selon qu’il s’effectue en intérieur ou à l’extérieur, sa nature ou l’environnement dans lequel il est effectué. Des données personnelles comme l’état de santé du salarié ou son âge pourraient également être prises en compte.</p>
<p>Lier la dégradation de la santé causée par le travail à des températures élevées du fait des nouvelles conditions climatiques et l’âge de départ à la retraite ne manquerait sans doute pas de pertinence.</p>
<p>Dans le bâtiment et les travaux publics, le régime d’indemnisation devrait être applicable en cas de température élevée pour raisons climatiques, au-delà du traitement des demandes au cas par cas (alertes « orange » et a fortiori « rouge »). Des règles économiques mériteraient également d’être révisées. Il s’agit d’éviter les pénalités de retard en cas de livraison tardive d’une construction causée par des arrêts de travail liés aux températures élevées. Les maîtres d’ouvrage devraient être tenus d’intégrer cette problématique lors de la fixation des délais, notamment pour les ouvrages relevant de la commande publique par les collectivités territoriales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212295/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Miné est membre du Réseau académique pour la Charte sociale européenne (RACSE). </span></em></p>S’il est aujourd’hui possible de faire usage de dispositions prévues par le code du travail, la multiplication des épisodes caniculaires exige que le droit gagne en précision.Michel Miné, Professeur du Cnam, titulaire de la chaire Droit du travail et droits de la personne, Lise/Cnam/Cnrs, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2119262023-08-22T20:50:33Z2023-08-22T20:50:33ZHausse des températures : les sueurs froides du décompte de la mortalité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/543715/original/file-20230821-15-cud3ag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C1%2C1164%2C741&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon une étude, la chaleur pourrait causer plus de 17 millions de décès additionnels dans le monde d'ici 2100.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Europe_2006_Heatwave.png">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Cette année, déjà marquée par le <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/rechauffement-climatique/video-juillet-2023-est-le-mois-le-plus-chaud-jamais-enregistre-sur-terre-8def79f7-1c0e-419f-9c58-6bf2f46e13e2">mois de juillet le plus chaud jamais enregistré sur Terre</a>, les décès liés à la chaleur dépasseront encore de loin la centaine de milliers dans le monde. En 2022 en Europe seule, la saison estivale, avait déjà causé <a href="https://www.bfmtv.com/meteo/canicule/les-fortes-chaleurs-ont-cause-la-mort-de-plus-de-60-000-personnes-en-europe-l-ete-dernier_AD-202307100575.html">près de 60 000 victimes sur le continent</a> dont 5 000 en France.</p>
<p>Tentons pourtant de gommer nos émotions et de voir les choses de très loin, du balcon de Sirius aurait dit Voltaire. Avec hauteur mais sans donner de leçon. Et puis, cela tombe bien : Sirius portait le nom de <em>Canicula</em> chez les Romains en référence à la petite chienne du dieu chasseur Orion dont l’astre est voisin.</p>
<p>Reconnaissons alors que l’élévation de température due aux émissions de gaz à effet de serre réduit aussi la mortalité liée au froid ; qu’il convient de compter les morts par tonne de CO<sub>2</sub>, en plus ou en moins – mais aussi d’inclure les décès dans le coût social du carbone ; et enfin, bonne nouvelle, que nos efforts d’atténuation et d’adaptation permettront de sauver des vies humaines par millions.</p>
<h2>Des morts liés à la chaleur mais aussi au froid</h2>
<p>La <a href="https://theconversation.com/fr/topics/surmortalite-101352">surmortalité</a> du réchauffement est manifeste depuis plusieurs décennies. Un <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-021-01058-x">demi-pourcent de la mortalité totale mondiale</a> est en effet attribuable à l’effet du changement climatique sur les hautes températures. Un tiers en somme de tous les décès de chaleur.</p>
<p>Mais attention la relation entre élévation de la température et <a href="https://theconversation.com/fr/topics/mortalite-54989">mortalité</a> n’est pas à sens unique. Le réchauffement diminue aussi les journées et les pics de grand froid, et donc la mortalité qui leur est associée. Celle-ci ne se réfère pas spécifiquement au fait que des personnes meurent de froid par hypothermie. De même que la mortalité liée à la chaleur ne se résume pas aux décès par hyperthermie. Les températures plus basses ou plus hautes fragilisent les constitutions et accentuent les troubles pathologiques et, finalement, réduisent l’espérance de vie.</p>
<p>Le réchauffement entraîne donc plus de morts d’un côté mais moins aussi d’un autre. Ce second phénomène qui complique le décompte de la mortalité des nouvelles températures peut être très significatif. Au Mexique, par exemple, il a été calculé qu’une journée à plus de 32 °C se solde par un demi-millier de morts mais <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20180594">qu’une journée à moins de 12 °C par dix fois plus</a>. Très peu d’habitations y disposent en effet de chauffage.</p>
<p>Il convient donc de tenir compte aussi de cette sous-mortalité. Mais dans quelle mesure compense-t-elle la surmortalité de chaleur ? <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(21)00081-4">En totalité pour les trente dernières années</a>, selon une étude publiée dans <em>The Lancet</em> en 2021. Un résultat à prendre toutefois avec des pincettes à cause de la méthode suivie qui se fonde sur une température dite optimale, celle correspondant au minimum de décès observés.</p>
<p>Pour le futur, il n’y a en revanche pas de doute sérieux sur le caractère seulement partiel de la compensation.</p>
<p>Une illustration en est donnée par la figure ci-dessous extraite d’un <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-99156-5">article</a> publié en 2021 dans la revue <em>Scientific Reports</em>.</p>
<p>Citons également une <a href="https://academic.oup.com/qje/article/137/4/2037/6571943">étude</a> qui permet de chiffrer à 17,6 millions les décès additionnels en 2100 liés à l’élévation des températures – en prenant bien en compte la sous-mortalité liée au froid. Ce chiffre repose sur l’hypothèse d’une planète comptant 8 milliards de Terriens et sur l’estimation d’une augmentation nette de la mortalité qui s’élèverait à 220 décès pour 100 000 habitants, soit le ratio d’aujourd’hui pour les décès d’accidents cardiovasculaires. C’est considérable.</p>
<p>La sous-mortalité du froid doit être prise en compte sans fard et sans états d’âme car elle jette une lumière crue sur les inégalités face au réchauffement. Elle accentue les écarts de mortalité au sein d’un même État ou union d’États : entre la population des régions froides et des régions chaudes du Mexique, de l’Inde, des États-Unis ou de l’Europe, par exemple. Elle renforce les inégalités entre régions du monde : les États-Unis et l’Europe devraient connaître à l’horizon 2100 une surmortalité liée à l’élévation des températures légèrement positive et même négative.</p>
<p>La moyenne citée plus haut de 220 décès pour 100 000 habitants masque en effet une très grande hétérogénéité avec un ratio de +14,8/100 000 et de – 14,3/100 000 pour respectivement les États-Unis et l’Europe, tandis qu’il atteint +334/100 000 pour l’Union indienne.</p>
<p><iframe id="NC3fY" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/NC3fY/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Selon une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35073249/">étude de synthèse</a> publiée en 2022 sous l’égide de <em>l’American Thoracic Society</em>, la mortalité liée au froid représente la moitié de la mortalité liée à la chaleur en Europe mais seulement le quart pour la région du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique.</p>
<p>Les inégalités plus tranchées dès lors que l’on tient compte de la sous-mortalité liée au froid risquent de renforcer les égoïsmes et rendre plus difficiles encore les discussions politiques nationales et internationales sur les efforts d’atténuation. Mais rien ne sert de faire l’autruche. Ni l’expression ni l’animal n’existent sur Sirius.</p>
<h2>Une jauge à utiliser vous-même</h2>
<p>Le développement des travaux sur la mortalité des températures procure une nouvelle vision et apporte de nouveaux résultats sur le coût des émissions de carbone. Ils permettent de calculer les effets du réchauffement en décès additionnels par tonne d’émission nouvelle et d’intégrer la mortalité dans la détermination du coût social du carbone.</p>
<p>Explications de ce baragouin d’un Sirien :</p>
<p>Il faut compter 0,000226 décès associé à l’émission d’une tonne supplémentaire de dioxyde de carbone. Dit autrement et plus précisément, réduire les émissions de ce gaz d’un million de tonnes épargnerait 226 vies humaines entre 2020 et 2100.</p>
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<p>Faisons plus parlant encore : les émissions de quatre Américains au cours de leur vie correspondent à un décès en plus sur la planète. Ce <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-24487-w">chiffre choc</a> ainsi que les précédents sont issus d’un article du chercheur Daniel Bressler récemment paru dans <em>Nature Communications</em>. Ils reposent sur l’hypothèse d’une augmentation des températures de +4,1 °C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle et d’une estimation d’une surmortalité de chaleur cumulée au cours de cette période de près de 100 millions de personnes.</p>
<p>Cette métrique de la mortalité additionnelle par tonne de carbone en plus ou en moins offre une façon simple d’évaluer les effets des projets d’investissement qui émettent de nouvelles émissions ou les réduisent. Vous pouvez vous-même l’utiliser comme jauge lorsque vous hésitez à prendre le train ou l’avion ! De plus, contrairement à la métrique canonique du coût social du carbone, c’est-à-dire du coût monétaire pour la société d’une tonne en plus ou en moins, elle évite deux contraintes : celle de choisir un taux d’actualisation et celle de donner une valeur en dollar ou en euro à une vie humaine.</p>
<h2>Combien vaut une vie ?</h2>
<p>Vous vous souvenez peut-être d’une controverse entre un économiste américain, William Nordhaus, et un économiste anglais Nicolas Stern, le second aboutissant à un coût social du carbone incomparablement supérieur au premier. Leur divergence s’explique principalement par une position radicalement différente sur le taux d’actualisation à retenir, un paramètre nécessaire pour comparer des dollars ou des euros d’aujourd’hui avec des dollars ou des euros de demain. Un choix acrobatique et périlleux quand demain veut dire en 2100.</p>
<p>L’affectation d’une valeur monétaire à une vie humaine en moins ou en plus est un choix plus délicat et polémique encore. En témoignent les innombrables travaux économiques depuis plus d’un demi-siècle sur la valeur statistique d’une vie ainsi que la farouche opposition que cette démarche rencontre auprès de Terriens qui ne parlent pas le Sirien. La prise en compte d’une vie en moins ou d’une année de vie en moins est un premier choix à trancher que j’ai discuté ailleurs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-politiques-publiques-doivent-elles-sauver-des-vies-ou-des-annees-de-vie-en-plus-206423">Les politiques publiques doivent-elles sauver des vies ou des années de vie en plus ?</a>
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<p>Il est décisif car les décès de mortalité liés aux températures <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196%2823%2900023-2/fulltext">concernent principalement des personnes âgées</a>. Un second choix crucial est d’opter pour une valeur universelle ou pour une valeur dépendante du revenu. En termes crus, le décès d’un Indien vaut-il moins que celui d’un Américain ? Discuter de ce choix nous entraînerait trop loin ici.</p>
<p>Surtout qu’il ne remet pas en cause le résultat que je veux souligner : la prise en compte de la mortalité des températures modifie considérablement la donne sur les effets économiques du réchauffement, la perte des vies humaines devenant le <a href="https://media.rff.org/documents/20220901_SCC_Event.pdf">premier poste des dommages du réchauffement</a>.</p>
<p>Prenons l’exemple du modèle climat-économie de William Nordhaus de 2016. La mortalité y représente seulement quelques pourcents des dommages. Les décès pris en compte se limitent en effet essentiellement à ceux occasionnés par le travail en extérieur des ouvriers agricoles et du bâtiment. Le coût social de la tonne de carbone s’élève à 38 euros.</p>
<p>En moulinant le même modèle mais en y ajoutant l’ensemble des décès liés à la chaleur, Daniel Bressler aboutit à un coût social du carbone égal à 258 dollars la tonne. Ce chiffre repose sur une valeur universelle d’une année de vie égale à quatre fois la moyenne globale de la consommation par habitant de la planète en 2020, soit 48 000 dollars. Bien entendu, le coût de mortalité du carbone est très sensible à cette valeur. Deux fois plus petite, le coût social de carbone devient 177 dollars/t, tandis qu’une valeur double conduit à 414 dollars/t.</p>
<p>Ce résultat a été confirmé par d’autres travaux. Un modèle récent intégrant un module complet sur les dommages de mortalité parvient à un coût social du carbone à 185 dollars/t dont 90 pour le <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-022-05224-9">seul poste de la mortalité</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-temperatures-pourraient-battre-des-records-au-cours-des-prochains-mois-210935">Pourquoi les températures pourraient battre des records au cours des prochains mois</a>
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<p>Un autre article s’intéressant uniquement à ce poste l’estime <a href="https://academic.oup.com/qje/article/137/4/2037/6571943">à 144 dollars/t</a> sur la base d’hypothèses de valeur d’une vie et de taux d’actualisation comparables à ceux du travail de Daniel Bressler. Ses auteurs se livrent par ailleurs à de multiples analyses de sensibilité du coût social de mortalité du carbone à ces deux variables. Il faut par exemple diviser les 144 euros/t à peu près par 3 en passant d’un taux d’actualisation de 2 % à 3 % ou bien en passant d’une valeur d’une vie universelle à une valeur d’une vie variable selon le revenu per capita des pays. Le passage en années de vie correspond de son côté à une division par deux.</p>
<p>Le futur coût social du carbone en discussion aujourd’hui aux États-Unis devrait tenir compte pleinement des pertes de vies humaines. C’est une décision importante car cette donnée est utilisée pour évaluer les décisions d’investissement public. Il est proposé par <a href="https://www.npr.org/2023/02/16/1157550402/the-social-cost-of-carbon-a-powerful-tool-and-ethics-nightmare">l’Agence pour l’Environnement</a> et <a href="https://www.rff.org/events/rff-live/an-updated-scc/">divers experts</a> qu’il passe des 51 dollars/t d’aujourd’hui à 185 dollars/t. De façon générale, l’intégration de la mortalité dans le coût social du carbone en l’augmentant significativement justifie des actions de réduction de beaucoup plus grande ampleur. Elle les rend bénéfiques aux Terriens.</p>
<h2>La grande inconnue de l’atténuation</h2>
<p>Les chiffres sur la mortalité liée aux températures à l’horizon du siècle prochain qui ont été mentionnés jusque-là reposent sur une vision pessimiste de l’avenir. Ils correspondent au scénario d’une poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel – le <a href="https://www.drias-climat.fr/accompagnement/sections/175">scénario dit RCP 8.5</a> des travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).</p>
<p>Leur réduction autorisant une élévation moins forte des températures permettrait de limiter considérablement les dommages de mortalité. Reprenons le ratio des 220 décès pour 100 000 habitants en 2100. Dans le cas d’une stabilisation des émissions à un niveau faible (Scénario dit RCP 4.5) le ratio tombe <a href="https://academic.oup.com/qje/article/137/4/2037/6571943">à 40 décès, soit plus de cinq fois moins</a> ! Si on reprend le coût cité plus haut de mortalité d’une tonne de carbone de 0,000226, l’effet est moins considérable mais reste impressionnant : une élévation de température de 2,4 °C au lieu de 4,1 °C le <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-24487-w">divise par plus de deux</a>.</p>
<p><iframe id="RgeiT" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/RgeiT/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les efforts d’atténuation que nous réaliserons permettent donc de sauver des vies humaines en très grand nombre. Cette conséquence positive de la transition n’est pas assez mise en avant. Vue de Sirius, elle offre pourtant une motivation et une justification simples aux Terriens à consentir des efforts de décarbonation d’envergure.</p>
<h2>L’impossible équation de l’adaptation</h2>
<p>Quelles que soient les températures futures considérées, les projections de mortalité ne tiennent pas compte d’un autre puissant levier de réduction des décès : les marges d’adaptation des hommes et de la société face à la chaleur. Or, là encore, les effets peuvent être conséquents.</p>
<p>Ils sont toutefois difficiles à quantifier globalement. À ma connaissance, une seule étude s’y est essayée. Elle aboutit à une baisse de l’ordre de 15 % du risque de décès. Ce résultat repose cependant sur un jeu d’hypothèses très restrictives en particulier sur l’absence de politiques publiques d’adaptation. Or elles jouent un rôle clef. Ne serait-ce qu’à travers la mise en place d’alertes aux <a href="https://theconversation.com/fr/topics/canicules-109244">canicules</a> et de diffusion de messages sur les règles de conduite à adopter pour s’en protéger. S’ajoutent de nombreux investissements publics, en particulier en ville pour lutter contre les îlots de chaleur.</p>
<p>L’été 2022 a été la seconde année la plus chaude que la France ait connue – presque autant que celui de 2003. Il totalise pourtant <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2022/bilan-canicule-et-sante-un-ete-marque-par-des-phenomenes-climatiques-multiples-et-un-impact-sanitaire-important">cinq fois moins de décès en excès</a>.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Affichage municipal de Paris après la canicule européenne de 2003, place Saint-Augustin, à Paris, 27 août 2003" src="https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543693/original/file-20230821-21-2r2jvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Affichage municipal de Paris après la canicule européenne de 2003, place Saint-Augustin, à Paris, 27 août 2003.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Affiche_canicule_Paris_plstaugustin_27082003.JPG">Sebjarod/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cet écart donne à penser que la société a réalisé des progrès dans son adaptation aux vagues de chaleur à répétition. Ce constat est confirmé par à un modèle mis au point par des épidémiologistes et des météorologues. Appliqué à la canicule de 2006 en France, il montre qu’elle se serait soldée sans adaptation par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18194962/">trois fois plus de décès</a>.</p>
<p>Outre l’action publique, les progrès observés s’expliquent également par la diffusion de la climatisation. On en connaît les effets délétères à travers son apport au réchauffement de l’atmosphère par sa consommation d’énergie fossile, ses fuites de gaz frigorigènes et, localement, ses propres rejets d’air chaud. On parle moins de ses effets conséquents sur de la diminution de mortalité.</p>
<p>Une étude américaine a montré que la diffusion de la climatisation aux États-Unis entre 1960 et 2004 a permis <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/684582">d’éviter près d’un million de décès prématurés</a>. A contrario, le moindre usage des climatiseurs au Japon lié à l’augmentation du prix de l’électricité et aux campagnes d’économie d’énergie consécutives à l’accident nucléaire de Fukushima Daïchi a entraîné <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20200505">près de 10 000 décès en excès</a>.</p>
<p>Citons enfin comme moyen d’adaptation les migrations vers des régions aux températures moyennes moins élevées. Il est cependant potentiellement limité car les coûts de changer de lieu de résidence sont substantiels pour les personnes qui l’envisagent et les frontières entre États dressent de formidables <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1910114117">contraintes politiques, culturelles et administratives</a>. Les mouvements migratoires liés au réchauffement climatique ont plus de chances de se produire au sein du même pays. Par exemple pour les pays riches des métropoles vers le littoral ou la montagne, ou pour les pays pauvres des zones rurales vers les capitales.</p>
<p>Il n’est plus acceptable d’ignorer tous les Terriens dont la vie sera raccourcie alors que l’on dispose de données de plus en plus complètes et fiables sur la mortalité liée à l’élévation des températures. Compter les personnes manquantes en cas d’inaction face au changement climatique nous met face à nos responsabilités et justifie des investissements ambitieux d’atténuation et d’adaptation.</p>
<p>Avant de retourner sur Sirius, Micromégas a laissé un livre aux habitants de la Terre. Il doit leur permettre de voir « le bout des choses ». Quand les hommes l’ouvrent, ils découvrent des pages blanches. Voltaire rappellera que « L’homme n’est point fait pour connaître la nature intime des choses, qu’il peut seulement <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8622062t/f11.image">calculer, mesurer, peser</a> […] ». Ce n’est déjà pas si mal !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211926/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une vision précise du nombre de décès supplémentaires liés au réchauffement climatique implique la prise en compte de paramètres pas toujours faciles à établir…François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2115322023-08-15T21:12:05Z2023-08-15T21:12:05ZParis est une des pires villes européennes en temps de canicule. Comment changer cela ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542559/original/file-20230814-20-c3uzzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C23%2C7915%2C4433&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/paris-streets-view-on-famous-eifel-1170214318">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En compilant des données sur plus de 800 villes européennes, une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(23)00023-2/fulltext">récente étude scientifique</a> a estimé que Paris était une des villes d’Europe les plus meurtrières en cas de canicule. </p>
<p>Pour comprendre pourquoi, il faut se pencher sur la notion d’îlot de chaleur urbain (ICU). Un phénomène bien connu des météorologues et qui exacerbe l’augmentation locale des températures avec la multiplication des pics de chaleur en période estivale. </p>
<p>Or toujours selon cette étude parue dans le <em>Lancet Planetary Earth</em> 90 % des Parisiens étaient exposés à un îlot de chaleur urbain de forte intensité (entre 3 et 6 °C de différence) et 10 % à un îlot de chaleur urbain de très forte intensité (plus de 6 °C de différence) en 2021.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte de la Métropole du Grand Paris montrant les vulnérabilités géographiques face aux fortes chaleurs" src="https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La carte a été réalisée par interprétation visuelle des teintes dominantes de la carte de thermographie d’été de l’APUR à l’intérieur des îlots statistiques de l’Insee (Bouddad et al. 2017). Les zones laissées en blanc sur la carte correspondent soit à des espaces inhabités (zones industrielles et portuaires, aéroports), soit à des quartiers habités par des ménages de catégorie moyenne.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si aujourd’hui protéger des pics de chaleur les habitats des villes est devenu un enjeu de santé publique et d’environnement, ces enjeux ont rarement préoccupé les partisans du développement urbain aux siècles passés.</p>
<p>Les villes ont d’abord été construites pour protéger leurs habitants avant d’intégrer des <a href="https://www.pavillon-arsenal.com/fr/edition-e-boutique/collections/hors-collection/11876-histoire-naturelle-de-larchitecture.html">objectifs hygiénistes</a>. Plus récemment, le pétrole bon marché et la voiture individuelle ont favorisé la mise en place de politiques familiales et d’aménagement facilitant l’étalement urbain.</p>
<p>À Paris, on qualifie de canicule un épisode d’au moins 3 jours consécutifs où les températures maximales dépassent 31 °C et les températures minimales 21 °C. Celle de 2003 a constitué un évènement extrême qui a suscité une prise de conscience européenne, vu son ampleur géographique et son impact sanitaire. Depuis, les canicules se succèdent et vont encore s’amplifier <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/publication-du-6e-rapport-synthese-du-giec">d’ici à 2050</a>, sans réelle mise en débat politique des modèles d’urbanisation <a href="https://cdn.paris.fr/paris/2023/04/21/paris_a_50_c-le_rapport-Jc4H.pdf">sauf exception</a>.</p>
<p>Les vagues de chaleur représentent pourtant un danger direct pour la santé des populations, et affectent particulièrement des quartiers déjà vulnérables. Tâchons donc de comprendre d’abord pourquoi l’effet d’îlot de chaleur urbain est particulièrement néfaste en Île-de-France, avant de voir comment nous pourrions y remédier. </p>
<h2>L’îlot de chaleur urbain</h2>
<p>Toutes les surfaces artificielles génèrent de la chaleur en excédent, la température moyenne en ville étant supérieure de quelques dixièmes de degrés (bourg de petite taille) à plusieurs degrés (métropole) par rapport à celle de la campagne environnante. Par exemple, un <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/ilots-chaleur-urbains-paris-cahier-1">écart de 4 °C</a> a été observé entre le centre de Paris et les bois périphériques lors de la canicule de 2003.</p>
<p>Pour comprendre pourquoi, <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/comprendre-les-ilots-de-chaleur-urbains">plusieurs facteurs</a> sont à prendre en compte.</p>
<p>L’ICU augmente avec :</p>
<ul>
<li><p>La chaleur due aux activités humaines (combustion, climatiseurs, chauffage, serveurs…).</p></li>
<li><p>La nature et la couleur des matériaux : béton, asphalte, tuiles et autres matériaux minéraux et synthétiques sombres qui absorbent l’énergie solaire le jour, et la réémettent la nuit (rayonnement thermique).</p></li>
<li><p>La hauteur et l’espacement entre les bâtiments : une forte densité de bâti piège l’air chaud et limite le refroidissement des surfaces et des murs. Les immeubles de haute taille et les extensions horizontales de la métropole provoquent un ralentissement aérodynamique, limitant l’évacuation de la chaleur.</p></li>
</ul>
<p>À l’inverse, les facteurs d’atténuation sont :</p>
<ul>
<li><p>Les sols naturels, la végétation et l’eau : un sol constitué de gravillons contient des poches d’air (isolantes), qui limitent l’absorption de chaleur et sa couleur claire réfléchit le rayonnement solaire. L’eau a, elle, un fort pouvoir rafraichissant, grâce à l’évaporation en surface. La végétation en bonne santé joue le même rôle, par sa transpiration. Elle peut se développer dans tous les interstices du bâti, plus facilement et durablement que des nappes d’eau.</p></li>
<li><p>L’ombre : les sols ombragés par les bâtiments riverains, des ombrières (structures destinées à fournir de l’ombre) ou par des arbres de haute taille accumulent moins de chaleur.</p></li>
<li><p>Les sols, murs et toits clairs réfléchissant la lumière du soleil. Ils emmagasinent donc moins de rayonnement que les matériaux sombres. En revanche, la réflexion du soleil peut aggraver la chaleur de l’air à proximité de la surface dans la journée.</p></li>
<li><p>Localement, les surfaces chaudes provoquent une dépression atmosphérique, qui favorise la circulation de l’air venant des périphéries plus fraîches (<a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/ilots-chaleur-urbains-coeur-agglomeration-parisienne-cahier-3-brises-thermiques">brise thermique nocturne</a>.</p></li>
</ul>
<p>De même, le relief favorise pendant la nuit la circulation de l’air vers le bas des pentes.</p>
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<p>Les différents paramètres énoncés ci-dessus font que la Métropole du Grand Paris (MGP) présente un très fort îlot de chaleur urbain. Le <a href="https://land.copernicus.eu/user-corner/technical-library/urban_atlas_2012_2018_mapping_guide_v6.3">tissu urbain continu</a> autour de Paris <em>intra muros</em> aggrave encore plus cette situation. </p>
<p>Dans les quartiers périphériques où habitent les ménages les plus modestes, le bâti est mêlé à des zones industrielles et commerciales, et les températures diurnes atteignent des valeurs extrêmes dues à des <a href="http://www.apur.org/fr/nos-travaux/ilots-chaleur-urbains-paris-cahier-4-influence-climatique-revetements-sol-paris">revêtements imperméables et sombres prépondérants</a>.</p>
<p>Au contraire, à l’ouest de Paris et dans la boucle de la Marne où vivent les ménages les plus aisés, les températures sont moindres, soit proches de la moyenne, soit plus fraîches, du fait de l’extension de zones pavillonnaires avec jardins, souvent situées à proximité de grands espaces verts.</p>
<p>La circulation de l’air y est également favorisée par les couloirs de fraîcheur rentrant dans la ville (air le long de la vallée de la Seine, ou venant des forêts proches sur les plateaux au Sud-Ouest). Inversement, la circulation de l’air est freinée dans le cœur de ville, dans les quartiers nord et de proches banlieues denses, par la minéralité et la hauteur des bâtiments (dont beaucoup d’immeubles sur dalle).</p>
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<img alt="La dalle minéralisée de la Défense" src="https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La dalle très minérale du quartier d’affaires de La Défense, vue depuis la Grande Arche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Certains modèles d’urbanisme, comme les cités-jardins ou les ceintures vertes, alternatives impulsées au tournant du XX<sup>e</sup> siècle pourraient être des sources d’inspiration, grâce à des surfaces plus importantes de végétation arborée, sols perméables, rivières et étangs pérennes, contribuant aussi au bien-être des habitants. </p>
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<img alt="La cité jardin de Payret-Dortail au Plessis-Robinson : construite dans les années 1920, elle mêle petits collectifs et pavillons, séparés par des jardins et des rues arborées" src="https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La cité jardin de Payret-Dortail au Plessis-Robinson : construite dans les années 1920, elle mêle petits collectifs et pavillons, séparés par des jardins et des rues arborées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurence Eymard</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>C’est le cas pour le Grand Londres, qui en plus d’être bordé de zones humides et de grands réservoirs d’eau jouit de grands parcs et d’un réseau hydrographique accentuant la fraîcheur maritime. Du fait de son urbanisme moins dense et de sa situation légèrement plus septentrionale le Grand Londres connaît des températures bien moindres que le <a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504,">Grand Paris</a>. </p>
<p>Comme le Grand Paris est déjà largement construit, il s’agit ici de proposer avant tout des solutions d’adaptation et d’atténuation aux canicules et autres extrêmes climatiques, le tout sans aggraver les inégalités existantes.</p>
<h2>Un urbanisme à repenser face au changement climatique</h2>
<p>Densifier encore fortement le tissu urbain, comme le prévoit le <a href="https://www.institutparisregion.fr/planification/ile-defrance-2030/le-schema-directeur-de-laregion-ile-de-france-sdrif">schéma directeur de l’Île-de-France</a> aura pour effet d’augmenter la superficie du dôme de l’îlot de chaleur urbain, et exacerbera très probablement son intensité maximale au centre, étant donné que la circulation de l’air risque d’être bloquée en périphérie. </p>
<p>Comme les Parisiens ont pu le vivre, notamment en 2022, le centre de la métropole deviendra invivable en période chaude. Cela conduira à une aggravation des inégalités sociales, sans résoudre les problèmes structurels de l’Île-de-France, puisque la seule issue des ménages est de partir en périphérie voire en province pour les plus chanceux.</p>
<p>Afin de garantir une qualité de vie satisfaisante sans accroître sa superficie et ses disparités sociales et spatiales, la piste la plus prometteuse est donc d’exploiter les sources internes de rafraîchissement et d’optimiser la circulation de l’air à toutes les échelles. </p>
<h2>Ce qu’il faut préserver et améliorer</h2>
<p>Les arbres existants, qu’ils soient implantés dans des espaces verts, le long d’alignements, ou dans des cités-jardins, de même que les zones perméables non recouvertes de bitume, les terrains de sport non recouverts de revêtements synthétiques, doivent être préservés, multipliés et étendus.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jardin du Trocadéro (Paris 16ᵉ), un espace vert à couvert végétal diversifié.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les zones agricoles situées à l’extérieur de la Métropole du Grand Paris pour la plupart (ex. Plateau de Saclay, Triangle de Gonesse), doivent aussi être conservées ou préservées, car les sols y sont perméables et relativement frais (hors longue période de sécheresse). À l’échelle du territoire, il est indispensable de conserver les zones de faible densité urbaine, car elles apportent une surface de sol naturel intéressante (jardins individuels ou de petits groupes d’immeubles), et un potentiel de circulation de l’air par la faible hauteur de bâti. </p>
<p>C’est pourtant l’inverse qui se produit dans la Métropole du Grand Paris. Les cités-jardins, du fait du vieillissement du bâti, sont menacées de destruction, alors qu’elles devraient être réhabilitées et classées, car ce modèle d’urbanisme est pertinent à la fois d’un point de vue social et bioclimatique.</p>
<p>Les nouvelles constructions dans d’anciennes zones pavillonnaires classées comme des îlots d’habitats dans le Mode d’Occupation des Sols (Inventaire numérique de l’occupation des sols en Île-de-France établi par l’Institut Paris Région) occupent l’essentiel du terrain, les jardins étant détruits. La multiplication des infrastructures souterraines limite également les possibilités de végétalisation. Les aménagements pour les Jeux olympiques et paralympiques sont à cet égard insuffisamment vertueux.</p>
<p>Les projets urbains en cours de réalisation pour cette échéance ont été conçus il y a dix ans à une époque d’insouciance aujourd’hui révolue. En témoigne la récente remise à jour du Schéma directeur de la Région Île-de-France. Ces projets devraient ainsi être amendés pour réduire l’impact des vagues de chaleur (notamment prohiber les revêtements sombres des immeubles (murs, volets et toits), favoriser la circulation de l’air dans les appartements, isoler les murs par l’extérieur, espacer les immeubles et les entourer de jardins arborés de pleine terre. </p>
<p>De même, les projections de croissance démographique et de besoins en logements de la Métropole du Grand Paris devraient être réactualisées à l’aune de l’ère post-pandémie de Covid-19, qui les a réduites.</p>
<h2>Végétaliser certes, mais comment ?</h2>
<p>La Métropole du Grand Paris est particulièrement dépourvue en végétation arborée, comme le montre la carte de l’Atelier parisien d’Urbanisme, <a href="https://opendata.apur.org/datasets/hauteur-vegetation-2021/explore?location=48.878516%2C2.367554%2C11.00">mise à jour en 2021</a>. Des compléments de plantations d’arbres sont donc hautement souhaitables, dans tous les <a href="https://theconversation.com/grand-paris-pourquoi-il-faut-suivre-lexemple-de-new-york-et-planter-1-million-darbres-141393">espaces appropriés</a>. Ces plantations devront être adaptées aux conditions climatiques des <a href="https://theconversation.com/a-paris-quels-arbres-pour-adapter-la-ville-au-changement-climatique-190030">prochaines décennies</a>. Elles pourront prendre des formes différentes et complémentaires en fonction des espaces :</p>
<ul>
<li>Multiplication des plantations <a href="https://paris.vivarbre.fr/info.php">d’essences variées</a> et <a href="https://sesame.cerema.fr/">adaptées</a> le long des avenues afin d’accroître l’ombrage des chaussées et trottoirs, de constituer des corridors favorables à la circulation de la biodiversité et de favoriser des voitures moins climatisées.
À l’origine, les plantations sur les grands boulevards ont été dominées par un petit nombre d’espèces. Sur 1900 arbres des Champs-Élysées, par exemple, 900 environ sont des marronniers et 560 des platanes. Ce type de monoculture n’est clairement pas à favoriser, de par le caractère d’adaptation limité de ces espèces face au dérèglement climatique, du danger que court une plantation avec seulement quelques espèces face à d’éventuelles <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/hauts-de-seine/platanes-danger-alerte-au-chancre-colore-ile-france-1726503.html">menaces pathogènes</a> et de la pauvreté de ce type de plantation pour la biodiversité.</li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ensemble de Paulownia.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<ul>
<li><p>Création et/ou extension de nouveaux parcs, jardins et squares urbains, sur le modèle multifonctionnel des parcs haussmanniens de Paris constituant des espaces de récréation (et de refuge, même nocturne lors des épisodes de canicules) pour les <a href="https://theconversation.com/arbres-et-oiseaux-balade-au-parc-montsouris-ce-point-chaud-de-la-biodiversite-parisienne-139329">populations</a>.</p></li>
<li><p>Accroissement de la végétalisation (avec l’inclusion de végétaux arbustifs et herbacés) sur les places minéralisées de la métropole, sur le modèle des plantations d’arbres réalisées à la place de la Comédie de Montpellier ou à la place de la gare de Strasbourg.</p></li>
<li><p>Maintien de friches spontanées, à l’image de celles qui se sont développées en bordure de la <a href="https://www.paris.fr/pages/la-petite-ceinture-2537">« petite ceinture parisienne »</a>.</p></li>
<li><p>Création de nouvelles forêts ou de bosquets denses urbains, constituant des îlots de fraîcheur, à l’exemple des <a href="https://theconversation.com/microforets-urbaines-que-penser-de-la-methode-miyawaki-156822">« micro-forêts Miyawaki »</a> (de l’ordre de quelques centaines de m<sup>2</sup>) ou de projets sur des surfaces plus conséquentes (de l’ordre de l’hectare) comme celle en cours de réalisation de la <a href="https://theconversation.com/quels-arbres-choisir-pour-la-future-foret-urbaine-place-de-catalogne-a-paris-173781">place de Catalogne à Paris</a>.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ensemble végétal structuré avec strates arborescente, arbustive et herbacée, rue Vercingétorix (Paris 14ᵉ).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>L’ensemble de ces formations végétales, complémentaires et adaptées à chaque situation locale, contribuera à accroître <a href="https://www.itreetools.org/documents/485/Sustainable_Urban_Forest_Guide_14Nov2016_pw6WcW0.pdf">l’indice global de canopée</a> de la Métropole du Grand Paris et à tendre vers une réelle <a href="https://theconversation.com/de-quoi-se-compose-exactement-la-foret-urbaine-168450">« forêt urbaine »</a> qui constitue la meilleure adaptation possible des villes aux <a href="https://www.fao.org/3/i6210fr/i6210fr.pdf">canicules à venir</a>.</p>
<p>Il est aussi important, à l’échelle régionale, de relier ces zones végétalisées par des corridors de fraîcheur, orientés de façon à optimiser la circulation des brises dominantes arrivant des zones agricoles, forestières ou humides plus fraîches situées en périphérie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211532/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller, Laurence Eymard et Marianne Cohen sont membres du Groupe sur l’urbanisme écologique (GUE) de l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE).
Serge Muller est en outre membre associé de l'Autorité environnementale de l'Inspection générale de l'Environnement et du Développement durable.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurence Eymard, Marianne Cohen et Romain Courault ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>De par son urbanisme et son manque d’espaces verts, Paris est actuellement l’une des villes européennes les moins adaptées à la canicule.Marianne Cohen, Professeure des universités en Géographie, Sorbonne UniversitéLaurence Eymard, Directrice de recherche CNRS émérite, chercheuse dans le domaine du climat et de l'environnement, Sorbonne UniversitéRomain Courault, Maître de conférences en Géographie, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneSerge Muller, Professeur émérite, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2109352023-08-10T21:17:07Z2023-08-10T21:17:07ZPourquoi les températures pourraient battre des records au cours des prochains mois<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541880/original/file-20230809-14-1w2bbr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Variations des températures à la surface de la terre (différence juin 2023 avec la moyenne des 15 années précédentes).</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Comme dit l’adage bien connu des climatologues « Climate is what you expect, weather is what you get » (« Le climat c’est ce que l’on attend, le temps c’est ce que l’on obtient »). </p>
<p>Les phénomènes météorologiques locaux sont difficiles à prévoir car ils fluctuent rapidement sous l’influence de processus non linéaires et chaotiques, tandis que l’évolution du climat global sur le plus long terme repose sur des phénomènes physiques bien connus qui sont généralement prévisibles. Les prochains 12-18 mois devraient être assez exceptionnels en termes de températures, suite à un alignement de phénomènes locaux et globaux qui se combinent.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/e0vj-0imOLw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Visualisation simplifiée des variations météorologiques sur la tendance de fond climatique (Ole Christoffer Haga/NRK).</span></figcaption>
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<p>Avec mon équipe dont la spécialité est l’étude par satellites de l’évolution de l’atmosphère, j’analyse chaque jour des <a href="https://youtu.be/daGzrgrpAYc">millions de données vues du ciel</a> pour surveiller les températures sur terre comme sur la mer, partout autour du globe terrestre, et pour mesurer les concentrations des gaz présents dans l’atmosphère. Ces dernières semaines à partir des cartes satellites, nous avons aussi pu observer les records de chaleur qui ont été battus dans de nombreux pays, <a href="https://www.noaa.gov/news/earth-just-had-its-hottest-june-on-record">comme rapportés par les agences météorologiques</a> et les médias.</p>
<p>Un marqueur important a fait les gros titres : il s’agit de l’augmentation de la température moyenne globale de 1,5 °C par rapport à l’époque préindustrielle. Une valeur repère dans l’accord de Paris sur le climat, qui a été <a href="https://climate.copernicus.eu/tracking-breaches-150c-global-warming-threshold">dépassée plusieurs jours cet été</a>. Serait-il possible que cette valeur soit également dépassée quand il s’agira de calculer la moyenne annuelle des températures globales pour l’année 2023 ? </p>
<h2>Forçages naturels et anthropiques</h2>
<p>Pour comprendre l’évolution des températures, il faut tenir compte du fait que notre climat est complexe : il dépend des interactions entre les activités humaines, l’atmosphère, la surface terrestre et la végétation, la neige et la glace, et les océans. Le système climatique évolue sous l’influence de sa propre dynamique interne, mais dépend également de facteurs externes, qu’on appelle les « forçages radiatifs », et qui sont exprimés en watts par mètres carrés (W/m<sup>2</sup>). </p>
<p>Le terme <em>forçage</em> est utilisé pour indiquer que l’équilibre radiatif de la Terre est déstabilisé, et le terme <em>radiatif</em> est lui convoqué car ces facteurs modifient l’équilibre entre le rayonnement solaire entrant et le rayonnement infrarouge sortant de l’atmosphère. Cet équilibre radiatif contrôle la température à différentes altitudes. Un forçage positif implique une augmentation de la température à la surface de la Terre, et à l’inverse un forçage négatif implique une diminution.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les quatre types de forçages radiatifs dont il faut tenir compte pour expliquer les variations du climat.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les forçages externes sont à la fois causés par des phénomènes naturels tels que les <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-quel-est-le-role-des-eruptions-volcaniques-91681">éruptions volcaniques</a> et les variations du rayonnement solaire, mais également par des modifications de la composition atmosphérique imputables à l’homme (les gaz à effet de serre et les particules liés aux activités humaines). Comprendre les changements climatiques observés depuis une trentaine d’années implique de pouvoir distinguer les modifications liées aux activités humaines de celles associées aux variations naturelles du climat. Les principaux forçages qui vont intervenir et s’additionner sont :</p>
<ul>
<li><p>Le forçage lié aux <a href="https://www.swpc.noaa.gov/products/solar-cycle-progression">variations de l’activité solaire</a>, qui entraîne des changements du rayonnement solaire qui atteint la Terre. Lorsque le Soleil est plus actif (maximum solaire), il émet davantage de rayonnement. Ce forçage est faible (de + à -0,3 W/m<sup>2</sup>) mais dure assez longtemps. Son cycle principal est d’environ 11 ans. Il trouve son origine dans les changements du champ magnétique solaire qui se caractérisent par des variations dans le nombre de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tache_solaire">taches solaires</a> et d’autres phénomènes solaires. </p></li>
<li><p>Le forçage lié aux <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-quel-est-le-role-des-eruptions-volcaniques-91681">éruptions volcaniques</a>, qui peut être très intense et est en général négatif de -1 à -5 W/m<sup>2</sup>, mais de courte durée (un à deux ans). Les éruptions volcaniques peuvent avoir un impact significatif sur le climat en raison de l’injection de grandes quantités de cendres, de gaz et de particules dans l’atmosphère.<br>
Tous les volcans n’ont pas un impact sur le climat global, cela dépend de la taille et de la puissance de l’éruption, de l’altitude/de la latitude auxquelles les gaz et les cendres sont éjectés, ainsi que des conditions météorologiques locales. L’étude des éruptions volcaniques passées nous a appris que l’impact le plus significatif est associé à des éruptions proches de l’équateur qui injectent du SO<sub>2</sub> haut dans l’atmosphère, par exemple le Mont Pinatubo (Philippines) en 1991. Ce gaz se transforme en gouttelettes d’acide sulfurique (H<sub>2</sub>SO<sub>4</sub>) qui constituent un écran pour la radiation solaire traversant l’atmosphère. </p></li>
<li><p>Le forçage lié à l’excès de gaz à effet de serre, en particulier le <a href="https://climate.nasa.gov/vital-signs/carbon-dioxide/">dioxyde de carbone</a> (CO<sub>2</sub>), le <a href="https://climate.nasa.gov/vital-signs/methane/">méthane</a> (CH<sub>4</sub>), le protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) et les chlorofluorocarbures (CFC), qui sont transparents à la lumière solaire mais absorbent une partie du rayonnement thermique émis par la surface terrestre. Au fil du temps, les activités humaines, telles que la combustion de combustibles fossiles, la déforestation et l’agriculture, ont entraîné une augmentation significative des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
L’accumulation de ces gaz à effet de serre, qui absorbent davantage de rayonnement thermique émis par la Terre et piègent plus de chaleur dans l’atmosphère, entraîne un forçage radiatif positif, estimé à +3 W/m<sup>2</sup>. Il s’agit donc du forçage le plus important car il n’est pas transitoire comme celui associé aux volcans.</p></li>
<li><p>Le forçage négatif lié aux <a href="https://www.climat-en-questions.fr/reponse/aerosols-et-climat-par-olivier-boucher/">aérosols d’origine anthropique et naturelle</a>. Les aérosols sont de petites particules en suspension dans l’atmosphère qui absorbent, diffusent ou réfléchissent la lumière solaire. Elles proviennent des écosystèmes (embruns marins, sables, poussières, cendres volcaniques, aérosols biogéniques) et d’activités humaines comme la combustion de fiouls fossiles, le brûlage de la biomasse et les feux de forêt, l’élevage des animaux et l’usage d’engrais.
Toutes ces particules font écran à l’insolation mais cette fois dans les basses couches de l’atmosphère. Même si les incertitudes sur le total du forçage radiatif lié à la présence d’aérosols restent élevées, les estimations actuelles indiquent un forçage radiatif total négatif de -0,5 W/m<sup>2</sup>. Sans la pollution par les aérosols, la Terre serait donc encore plus chaude qu’elle ne l’est déjà !</p></li>
</ul>
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<h2>L'influence d'El Niño sur les températures</h2>
<p>En plus des forçages radiatifs, il faut aussi tenir compte de la variabilité naturelle du système couplé océan-atmosphère, et en particulier du phénomène ENSO (El Niño Southern Oscillation), avec sa <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">composante chaude El Niño</a> et sa composante froide La Niña. Ces phénomènes sont les principaux facteurs de variation d’une année sur l’autre, dont il faut tenir compte quand on analyse la tendance à long terme au réchauffement de la surface de la mer. </p>
<p>Ces événements climatiques périodiques sont des phénomènes naturels, qui se caractérisent par des fluctuations de température entre l’océan et l’atmosphère dans l’océan pacifique équatorial. En général, les vents alizés soufflent d’est en ouest le long de l’équateur, poussant les eaux chaudes de la surface de l’océan Pacifique vers l’ouest, où elles s’accumulent près de l’Indonésie et de l’Australie. L’eau froide remonte alors du fond de l’océan dans l’est du Pacifique, en remplaçant l’eau chaude, ce qui entraîne des eaux relativement fraîches à la surface des côtes sud-américaines. </p>
<p>Lorsque le phénomène <a href="https://theconversation.com/fr/topics/el-nino-20589">El Niño</a> survient, les alizés faiblissent ou s’inversent, ce qui réduit leur force ou les fait souffler d’ouest en est, ce qui permet à l’eau chaude accumulée dans l’ouest du Pacifique de se déplacer vers l’est en suivant l’équateur. Le réchauffement de la surface de la mer dans l’est du Pacifique provoque alors une augmentation de plusieurs degrés de la température de l’eau, avec de vastes répercussions sur les conditions météorologiques et climatiques à l’échelle mondiale.</p>
<p>Ces phénomènes peuvent durer plusieurs mois ou plusieurs années, et leur intensité est variable. Ils perturbent la météo localement (plus de pluies à certains endroits, plus de sécheresses à d’autres) et influencent le climat global, en particulier lors d’évènements El Niño intenses.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Evolution des phénomènes El Niño (en rouge) et La Niña (en bleu), en mesurant les températures de surface de la mer sur une zone rectangle définie dans le Pacifique." src="https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Evolution des phénomènes El Niño (en rouge) et La Niña (en bleu), en mesurant les températures de surface de la mer sur une zone rectangle définie dans le Pacifique.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Quelles températures pour les prochains mois ?</h2>
<p>Reprenons un à un les différents éléments décrits ci-dessus, et regardons ce qu’il en est en ce moment :</p>
<ul>
<li><p>L’activité solaire approche de son maximum, du coup l’effet de réchauffement causé par une augmentation du rayonnement solaire est plus prononcé. Ceci conduit à une légère augmentation des températures moyennes, estimée à +0,1 °C.</p></li>
<li><p>Au niveau de l’activité volcanique, il s’est passé un évènement complètement exceptionnel : le volcan sous-marin Hunga Tonga qui a <a href="https://youtu.be/NCyg9GLq61g">violemment érupté en janvier 2022</a> a envoyé environ 150 millions de tonnes (soit l’équivalent de 60 000 piscines olympiques…) de vapeur d’eau <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2022GL099381">directement dans la stratosphère</a>, qui s’est depuis répartie tout autour de la terre. Les simulations numériques montrent que ceci contribuera à réchauffer légèrement la surface terrestre (l’eau étant un puissant gaz à effet de serre), bien qu’il soit encore difficile de dire de <a href="https://www.carbonbrief.org/tonga-volcano-eruption-raises-imminent-risk-of-temporary-1-5c-breach/">combien et sur quelle durée</a>.</p></li>
<li><p>Les gaz à effet de serre ont continué à s’accumuler, c’est le forçage radiatif qui domine tous les autres et conduirait déjà à une augmentation moyenne de +1,5 °C s’il n’y avait pas les aérosols pour tempérer un peu (-0,3 °C).</p></li>
<li><p>Depuis quelques années le contenu total en aérosol a tendance à diminuer, principalement car les véhicules polluent moins (ce qui est une bonne nouvelle !), c’est particulièrement le cas en Chine, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis. Cette année, on observe aussi un moindre transport du sable du Sahara sur l’océan, qui d’habitude fait écran à la radiation solaire, ce qui explique en partie les températures élevées mesurées dans l’atlantique nord au début de l’été.</p></li>
<li><p>Après trois années en régime La Niña un évènement El Niño est en train de s’installer. À ce stade on ne sait pas encore s’il sera intense (comme en 2015-2017) ou modéré, et combien de temps il durera, mais on prévoit que les températures océaniques devraient être plus élevées pendant les 12-18 prochains mois par rapport aux trois années précédentes.</p></li>
</ul>
<h2>Tous les paramètres réunis pour des records de chaleur</h2>
<p>En conclusion, tous les paramètres sont réunis pour que nous battions des records de températures au cours des prochains 12-18 mois. Du coup, les 1,5 °C en moyenne globale, soit la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris sur le climat, pourrait être dépassés sans attendre 2030, avec les incidences sur les systèmes naturels et humains bien documentées dans le <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf">rapport spécial du GIEC 2019</a>.</p>
<p>Une augmentation de 1,5 °C ne semble pas énorme, mais il faut se souvenir que 70 % de notre planète est couverte d’eau, qui a une inertie thermique supérieure à la terre et se réchauffe moins vite. De plus, le réchauffement est inégalement réparti et les hautes latitudes se réchauffent beaucoup plus vite que les tropiques, avec des pics de 4° attendus sur ces régions.</p>
<p>Est-on sûr que cela va se passer ? Non, mais la probabilité qu’on dépasse dès maintenant un seuil qu’on pensait atteindre <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-8">entre 2025 et 2040</a> est importante. Comme les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, il faudrait que des phénomènes naturels soient à l’œuvre au cours des prochains mois pour contrecarrer la tendance prévue. </p>
<p>Par exemple si le phénomène El Niño s’avère moins puissant qu’envisagé, ou si un autre volcan envoyait du SO<sub>2</sub> massivement dans toute l’atmosphère, alors seulement dans ce cas de figure les records de températures pourraient ne pas être battus dès maintenant. À plus long terme, l’avenir nous dira quand les fluctuations naturelles domineront les contributions anthropiques pour expliquer les variations de température, selon l’efficacité des mesures prises dans le cadre des accords internationaux pour réguler le climat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210935/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathy Clerbaux a reçu des financements du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales, France) et du programme européen H2020 (ERC-advanced IASI-FT) pour financer les travaux de recherche de son équipe.</span></em></p>Avec la conjonction de phénomènes solaires, volcaniques et climatiques couplée aux émissions de gaz à effet de serre, tous les paramètres sont réunis pour que des records de température soient battus ces prochains mois.Cathy Clerbaux, Directrice de recherche au CNRS (LATMOS/IPSL), professeure invitée Université libre de Bruxelles, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2103422023-07-26T18:18:42Z2023-07-26T18:18:42ZDes températures extrêmes « statistiquement impossibles », quelles sont les régions les plus à risque ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539053/original/file-20230724-27-hjzdml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C34%2C4587%2C2552&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/heatwave-hot-sun-climate-change-global-1152324746">Ed Connor / shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Au cours de l’été de 2021, le Canada a vu son record historique de chaleur être pulvérisé de près de 5 °C. Cette température maximale était alors de 49,6 °C. Plus chaud que celles jamais enregistrées en Espagne, en Turquie ou même n’importe où en Europe à l’époque.</p>
<p>Ce <a href="https://theconversation.com/chaleurs-extremes-quand-les-changements-climatiques-menacent-la-sante-publique-164151">record canadien</a> a été établi à Lytton, un petit village situé à quelques heures de route de Vancouver, dans une région où l’on ne s’attendait pas vraiment à subir de telles températures.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vallée sauvage avec des arbres au premier plan" src="https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522789/original/file-20230425-14-kacc5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Plus chaud que n’importe où en Europe ou en Amérique du Sud, jamais : le fleuve Fraser près de Lytton, en Colombie-Britannique, au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Harry Beugelink/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lytton a pourtant connu le point culminant d’une vague de chaleur qui a frappé tout le littoral pacifique nord-ouest des États-Unis et du Canada cet été-là et qui a laissé de nombreux scientifiques sous le choc. D’un point de vue purement statistique, cela aurait dû être impossible.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1410157638109872134"}"></div></p>
<p>Je fais partie d’une équipe de climatologues qui a cherché à savoir si cette invraisemblable vague de chaleur était unique, ou si d’autres régions avaient connu des événements aussi anormaux d’un point de vue statistique. Nous voulions également déterminer les régions les plus exposées à l’avenir et nos résultats viennent d’être publiés dans la revue <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-37554-1"><em>Nature Communications</em></a>.</p>
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<p>Suivre ces vagues de chaleur exceptionnelles est capital. D’abord parce qu’elles sont dangereuses en elles-mêmes, mais aussi parce que les pays ont tendance à ne se préparer qu’aux températures retenues comme les plus extrêmes dans la mémoire collective. Une vague de chaleur sans précédent génère donc souvent des réponses politiques visant à réduire les risques futurs de canicule.</p>
<p>On estime par exemple que la <a href="https://theconversation.com/quavons-nous-appris-de-la-canicule-de-2003-119541">canicule européenne de 2003</a>, pendant laquelle le thermomètre a atteint 47,4 °C à Alentejo au sud du Portugal et 44,1 °C dans le Gard, en France, a causé <a href="https://www.undrr.org/publication/human-cost-disasters-overview-last-20-years-2000-2019">50 000 à 70 000 décès</a>. Bien qu’il y ait eu des vagues de chaleur plus intenses depuis en Europe, aucune n’a entraîné un nombre de décès aussi élevé, grâce aux plans de gestion mis en œuvre à la suite de l’année 2003.</p>
<p>L’une des questions les plus importantes à se poser lorsqu’on étudie ces vagues de chaleur extrême, comme celles qui sévit actuellement sur l’ensemble de la planète, est donc la suivante : combien de temps devrons-nous attendre avant de connaître un autre événement d’une intensité similaire ?</p>
<p>C’est une question difficile mais heureusement, il existe une branche des statistiques, appelée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_valeurs_extr%C3%AAmes">théorie des valeurs extrêmes</a>, qui permet de répondre à cette question précise en utilisant les événements passés.</p>
<p>Pourtant, la canicule qu’a subie le Canada en 2021 fait partie des nombreux événements récents qui ont remis en question cette méthode car cette vague de chaleur n’aurait pas dû être possible selon la théorie des valeurs extrêmes.</p>
<p>Cette « rupture » des statistiques est due au fait que la théorie conventionnelle des valeurs extrêmes ne tient pas compte de la combinaison spécifique de mécanismes physiques inédits que nous subissons désormais et qui était absente des événements passés archivés.</p>
<h2>La chaleur invraisemblable est omniprésente</h2>
<p>En examinant les données historiques de 1959 à 2021, nous avons constaté que 31 % de la surface terrestre avait déjà connu de telles chaleurs, statistiquement invraisemblables (bien que la vague de chaleur de l’Amérique du Nord de 2021 soit exceptionnelle même parmi ces événements). Ces régions sont réparties sur l’ensemble du globe, sans schéma spatial clair.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Maisons en bois près d’une grande baie remplie d’icebergs" src="https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522818/original/file-20230425-1269-6b7nse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une vague de chaleur exceptionnelle en septembre 2022 a fondre les calottes glaciaires du Groenland pendant un mois de plus que d’habitude.</span>
<span class="attribution"><span class="source">muratart/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous avons également tiré des conclusions similaires en analysant les données des « grands ensemble » produites par les modèles climatiques, qui impliquent de nombreuses simulations par ordinateurs du climat à l’échelle mondiale. Ces modélisations nous sont extrêmement utiles, car la durée effective de ce « registre historique » simulé est beaucoup plus grande et produit donc beaucoup plus d’exemples d’événements rares.</p>
<p>Cependant, si cette analyse des événements les plus exceptionnels est intéressante et met en garde contre l’utilisation d’approches purement statistiques pour évaluer les vagues de chaleur extrêmes, les conclusions les plus importantes de notre travail proviennent de l’autre extrémité du spectre : les régions qui n’ont pas connu d’événements particulièrement extrêmes.</p>
<h2>Certains endroits ont eu de la chance, jusqu’à présent</h2>
<p>Nous avons identifié un certain nombre de régions, là encore réparties sur l’ensemble du globe, qui n’ont pas connu de chaleur particulièrement extrême au cours des six dernières décennies (par rapport à leur climat « attendu »). Par conséquent, ces régions sont plus susceptibles de connaître un événement record dans un avenir proche. Et comme elles n’ont pas l’expérience d’une telle anomalie et qu’elles sont moins incitées à s’y préparer, elles peuvent être particulièrement touchées par une vague de chaleur record.</p>
<p>Les facteurs socio-économiques, notamment la taille de la population, la croissance démographique et le niveau de développement, exacerberont ces impacts. C’est pourquoi nous tenons compte des projections démographiques et de développement économique dans notre évaluation des régions les plus exposées au niveau mondial.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Homme dans un marché coloré" src="https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522796/original/file-20230425-24-glrns8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’Amérique centrale n’a pas encore été touchée par une vague de chaleur vraiment sévère.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Streetflash/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces régions à risque comprennent notamment l’Afghanistan, plusieurs pays d’Amérique centrale et l’Extrême-Orient russe. Cette liste peut surprendre, car ce ne sont pas les pays auxquels on pense généralement lorsqu’on évoque les effets du dérèglement climatique sur la chaleur extrême, comme l’Inde ou le golfe Persique. Mais ces derniers pays ont récemment <a href="https://www.theguardian.com/weather/2023/apr/19/severe-heatwave-asia-deaths-schools-close-india-china">connu de graves vagues de chaleur</a> et font donc déjà ce qu’ils peuvent pour se préparer.</p>
<p>L’Europe centrale et plusieurs provinces chinoises, y compris la région de Pékin, semblent également vulnérables si l’on tient compte du caractère extrême des données et de la taille de la population, mais en tant que régions plus développées, elles sont susceptibles d’avoir déjà mis en place des plans visant à atténuer les effets graves.</p>
<p>Dans l’ensemble, nos travaux soulèvent deux points importants :</p>
<p>Premièrement, des vagues de chaleur statistiquement invraisemblables peuvent se produire n’importe où sur la Terre, et nous devons être très prudents lorsque nous utilisons les seules données historiques pour estimer la vague de chaleur « maximale » possible. Les décideurs politiques du monde entier doivent donc se préparer à des vagues de chaleur exceptionnelles qui seraient jugées invraisemblables sur la base des relevés actuels.</p>
<p>La deuxième raison est qu’il existe un certain nombre de régions dont le record historique n’est pas exceptionnel et donc plus susceptible d’être battu. Ces régions ont eu de la chance jusqu’à présent, mais elles risquent d’être moins bien préparées à une vague de chaleur sans précédent dans un avenir proche. Il donc est particulièrement important que ces régions anticipent des températures anormalement chaudes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210342/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicholas Leach a reçu des financements du NERC (Natural Environment Research Council). Parallèlement à son travail de chercheur, il collabore avec Climate X, une start-up d'analyse des risques climatiques. </span></em></p>Les statisticiens peinent à prédire les records spectaculaires de chaleur. Une difficulté qui aggrave le manque de réactivité face aux canicules.Nicholas Leach, Postdoctoral Researcher, Climate Science, University of OxfordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2094402023-07-12T21:11:59Z2023-07-12T21:11:59ZLes océans surchauffent, voici ce que cela signifie pour l’humain et les écosystèmes du monde entier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/536655/original/file-20230710-34168-nnqgad.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C8%2C1805%2C1220&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les effets de la chaleur de l'océan indien sur les terres littorales. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://coralreefwatch.noaa.gov/product/5km/index_5km_sst.php">NOAA Coral Reef Watch</a></span></figcaption></figure><p>Depuis la mi-mars 2023, le mercure à la surface des océans <a href="https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/">grimpe à des niveaux inégalés</a> en 40 ans de surveillance par satellite, et l’impact néfaste de cette surchauffe se ressent dans le monde entier.</p>
<p>La mer du Japon est plus chaude de 4 degrés Celsius par rapport à la moyenne. La mousson indienne, produit du fort contraste thermique entre les terres et les mers, a été bien <a href="https://www.aljazeera.com/news/2023/6/8/monsoon-reaches-indias-kerala-after-longest-delay-in-seven-years">plus tardive</a> que prévu.</p>
<p>L’Espagne, la France, l’Angleterre et l’ensemble de la péninsule scandinave ont enregistré des niveaux de précipitations <a href="https://joint-research-centre.ec.europa.eu/jrc-news-and-updates/severe-drought-western-mediterranean-faces-low-river-flows-and-crop-yields-earlier-ever-2023-06-13_fr">très inférieurs à la normale</a>, probablement en raison d’une vague de chaleur marine exceptionnelle dans l’est de l’Atlantique Nord. Les températures à la surface de la mer y ont été supérieures à la moyenne de 1 à 3 °C depuis la côte africaine jusqu’à l’Islande. </p>
<p>Et sur le continent européen, la vague de chaleur est actuellement insoutenable, tandis que l'on bat tous les records. </p>
<p>Que se passe-t-il donc ?</p>
<p><a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a> est en partie responsable. <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">Ce phénomène climatique</a>, qui se développe actuellement dans l’océan Pacifique équatorial, se caractérise par des eaux chaudes dans le centre et l’est du Pacifique, ce qui atténue généralement l’alizé, un vent régulier des tropiques. Cet affaiblissement des vents peut affecter à son tour les océans et les terres du monde entier.</p>
<p><iframe id="AOdoU" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/AOdoU/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Mais d’autres forces agissent sur la température des océans.</p>
<p>À la base de tout, il y a le réchauffement climatique, et la <a href="https://climate.nasa.gov/">hausse des températures</a> à la surface des <a href="https://images.theconversation.com/files/533088/original/file-20230621-16119-v4sxij.png">continents comme des océans</a> depuis plusieurs décennies du fait des activités humaines augmentant les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Le graphique montre les températures de surface de la mer ces 22 dernières années. L’année 2023 est nettement supérieure aux années précédentes" src="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les températures de surface de la mer sont nettement supérieures à la moyenne depuis le début de la surveillance par satellite. La ligne noire épaisse correspond à 2023. La ligne orange correspond à 2022. La moyenne 1982-2011 correspond à la ligne médiane en pointillés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/">ClimateReanalyzer.org/NOAA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La planète sort également de <a href="https://meteofrance.com/comprendre-climat/monde/el-nino-et-la-nina">trois années</a> consécutives marquées par La Niña, le phénomène météorologique inverse d’El Niño, et donc caractérisé par des eaux plus froides qui remontent dans le Pacifique équatorial. La Niña a un effet refroidissant à l’échelle mondiale qui contribue à maintenir les températures de surface de la mer à un niveau raisonnable, mais qui peut aussi masquer le réchauffement climatique. Lorsque cet effet de refroidissement s’arrête, la chaleur devient alors de plus en plus évidente.</p>
<p>La banquise arctique était également <a href="https://nsidc.org/arcticseaicenews/">anormalement basse</a> en mai et au début du mois de juin, un autre facteur aggravant pour le mercure des océans. Car la fonte des glaces <a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/sea-ice-climate.html">peut augmenter</a> la température de l’eau, du fait des eaux profondes absorbant le rayonnement solaire que la glace blanche renvoyait jusque-là dans l’espace.</p>
<p>Tous ces phénomènes ont des effets cascades visibles dans le monde entier.</p>
<h2>Les effets de la chaleur hors norme de l’Atlantique</h2>
<p>Au début du mois de juin 2023, je me suis rendue pendant deux semaines au <a href="https://www.norceresearch.no/en">centre pour le climat NORCE</a> à Bergen, en Norvège, pour y rencontrer d’autres océanographes. Les courants chauds et les vents anormalement doux de l’est de l’Atlantique Nord rendaient anormalement chaude cette période de l’année, où l’on voit normalement des pluies abondantes deux jours sur trois.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/secheresses-historiques-que-nous-enseignent-les-archives-190503">Sécheresses historiques : que nous enseignent les archives ?</a>
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<p>L’ensemble du secteur agricole norvégien se prépare désormais à une sécheresse aussi grave que celle de 2018, où les rendements ont été inférieurs de <a href="https://bg.copernicus.org/articles/17/1655/2020/">40 % par rapport à la normale</a>. Notre train de Bergen à Oslo a eu un retard de deux heures car les freins d’un wagon avaient surchauffé et que les températures de 32 °C à l’approche de la capitale étaient trop élevées pour leur permettre de refroidir.</p>
<p>De nombreux scientifiques ont émis des hypothèses sur les causes des températures anormalement élevées dans l’est de l’Atlantique Nord, et plusieurs études sont en cours.</p>
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<p>L’affaiblissement des vents a rendu particulièrement faible l’<a href="https://www.rts.ch/meteo/chronique/14076926-un-anticyclone-des-acores-a-la-peine.html">anticyclone des Açores</a>, un système de haute pression semi-permanent au-dessus de l’Atlantique qui influe sur les conditions météorologiques en Europe. De ce fait, il y avait <a href="https://atmosphere.copernicus.eu/what-saharan-dust-and-how-does-it-change-atmosphere-and-air-we-breathe">moins de poussière du Sahara</a> au-dessus de l’océan au printemps, aggravant ainsi potentiellement la quantité de rayonnement solaire sur l’eau. Autre facteur possible aggravrant la chaleur des océans : la diminution des émissions d’origine humaine d’<a href="https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/motscles/savoirPlus/aerosols.html">aérosols</a> (particules fines en suspension dans l’air) en Europe et aux États-Unis au cours des dernières années. Si cette baisse a permis d’améliorer la qualité de l’air, elle s’accompagne d’une réduction – encore peu documentée – de l’<a href="https://www.umr-cnrm.fr/spip.php?article924">effet de refroidissement</a> de ces aérosols.</p>
<h2>Une mousson tardive en Asie du Sud</h2>
<p>Dans l’océan Indien, El Niño a tendance à provoquer un réchauffement de l’eau en avril et en mai, ce qui peut <a href="https://hal.science/tel-01319603/">freiner la mousson indienne</a> dont l’importance est cruciale pour diverses activités.</p>
<p>C’est sans doute ce qui s’est passé avec une mousson <a href="https://www.reuters.com/world/india/indias-stalled-monsoon-gain-momentum-3-4-days-weather-officials-2023-06-20/">beaucoup plus faible</a> que la normale de la mi-mai à la mi-juin 2023. Ce phénomène risque de devenir un <a href="https://theconversation.com/inde-et-pakistan-se-preparer-a-des-canicules-encore-plus-intenses-183373">problème majeur</a> pour une grande partie de l’Asie du Sud, où la plupart des cultures sont encore irriguées par les eaux de pluie et donc fortement dépendantes de la mousson d’été.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme s’abritant sous un parapluie pour se protéger de la chaleur de Delhi" src="https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’Inde a connu des températures étouffantes en mai et juin 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/new-delhi-india-may-9-2022-2167051459">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’océan Indien a également connu cette année un <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230615-%C3%A0-l-approche-du-cyclone-biparjoy-plus-de-100-000-personnes-%C3%A9vacu%C3%A9es-en-inde-et-au-pakistan">cyclone intense</a> et lent dans la mer d’Oman, ce qui a privé les terres d’humidité et de précipitations pendant des semaines. Des études suggèrent que lorsque les eaux se réchauffent, les tempêtes ralentissent, gagnent en force et attirent ainsi l’humidité en leur cœur. Une série d’effets qui, à terme, peut priver d’eau les masses terrestres environnantes, et augmenter ainsi le risque de sécheresse, d’incendies de forêt comme de vagues de chaleur marines.</p>
<h2>En Amérique la saison des ouragans en suspens</h2>
<p>Dans <a href="https://theconversation.com/atlantic-hurricane-season-2023-el-nino-and-extreme-atlantic-ocean-heat-are-about-to-clash-204670">l’Atlantique</a>, l’affaiblissement des alizés dû à El Niño a tendance à freiner l’activité des ouragans, mais les températures chaudes de l’Atlantique peuvent contrebalancer cela en donnant un coup de fouet à ces tempêtes. Il reste donc à voir si, en persistant ou non l’automne, la chaleur océanique pourra l’emporter ou pas sur les effets d’El Niño.</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/el-nino-is-coming-and-ocean-temps-are-already-at-record-highs-that-can-spell-disaster-for-fish-and-corals-202424">vagues de chaleur marine</a> peuvent également avoir des répercussions considérables sur les écosystèmes marins, en <a href="https://theconversation.com/comment-le-rechauffement-risque-de-tuer-le-corail-48217">blanchissant</a> les récifs coralliens et en provoquant ainsi la mort ou le déplacement des espèces entières qui y vivent. Or les poissons dépendant des écosystèmes coralliens nourrissent un milliard de personnes dans le monde.</p>
<p>Les récifs des îles Galápagos et ceux situés le long des côtes de la Colombie, du Panama et de l’Équateur, par exemple, <a href="https://coralreefwatch.noaa.gov/">sont déjà menacés de blanchiment et de disparition</a> par le phénomène El Niño de cette année. Sous d’autres latitudes, en mer du Japon et en Méditerranée on constate également une perte de biodiversité au profit d’espèces invasives (les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10750-014-2046-7">méduses géantes</a> en Asie et les <a href="https://theconversation.com/en-mediterranee-linquietante-invasion-du-poisson-lion-predateur-redoutable-120782">poissons-lions</a> en Méditerranée) qui peuvent prospérer dans des eaux plus chaudes.</p>
<h2>Ces types de risques augmentent</h2>
<p>Le printemps 2023 a été hors norme, avec plusieurs événements météorologiques chaotiques accompagnant la formation d’El Niño et des températures exceptionnellement chaudes dans de nombreuses eaux du monde. Ce type de phénomènes et le réchauffement global des océans comme de l’atmosphère s’autoalimentent.</p>
<p>Pour diminuer ces risques, il faudrait mondialement réduire le réchauffement de base en limitant les émissions excessives de gaz à effet de serre, comme les combustibles fossiles, et <a href="https://biodiv.mnhn.fr/fr/news/rapport-de-synthese-du-giec-2023-resume-aux-decideurs">évoluer vers une planète neutre en carbone</a>. Les populations devront également <a href="https://www.un.org/fr/climatechange/climate-adaptation">s’adapter à un climat qui se réchauffe</a> et dans lequel les événements extrêmes sont plus probables, et apprendre à en atténuer l’impact.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209440/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Annalisa Bracco a reçu des financements de la National Science Foundation, la National Oceanic and Atmospheric Administration et du Department of Energy américain.
</span></em></p>Sécheresse en Europe, fonte des glaces, retardement de la mousson indienne, canicule océanique et réchauffement climatique. Tous ces phénomènes s’auto-alimentent.Annalisa Bracco, Professor of Ocean and Climate Dynamics, Georgia Institute of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2057102023-07-10T13:49:04Z2023-07-10T13:49:04ZL’activité physique peut-elle renforcer notre résilience face au réchauffement climatique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/532041/original/file-20230614-21-prtf5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C0%2C4000%2C2658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les journées de chaleur extrême se multiplieront dans les années à venir. Un mode de vie actif permet d'en atténuer les conséquences sur la santé. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les changements climatiques, la forte prévalence des maladies chroniques et les niveaux alarmants d’inactivité physique sont trois enjeux centraux du XXI<sup>e</sup> siècle. </p>
<p>L’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité des vagues de chaleur est l’un des constats indéniables des changements climatiques déjà bien amorcés. D’ici la fin du siècle, entre la <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate3322">moitié et les trois quarts de la population mondiale seront exposés à une chaleur mortelle pendant plus de 20 jours par an</a>, selon les divers scénarios climatiques. Et le Québec, lui, ne sera pas épargné. </p>
<p>Les impacts futurs des épisodes de chaleur extrême dépendront de l’ampleur des changements climatiques, mais aussi de notre capacité d’adaptation en devenant moins sensibles et vulnérables à la chaleur, et donc plus résilients. Chercheurs en sciences de l’activité physique et en physiologie environnementale, nous évaluons comment l’adoption d’un mode de vie actif peut permettre d’être mieux équipé pour faire face à la hausse des températures mondiales.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-sport-et-lactivite-physique-seront-bouleverses-par-le-changement-climatique-voici-comment-attenuer-ses-effets-167935">Le sport et l’activité physique seront bouleversés par le changement climatique. Voici comment atténuer ses effets</a>
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<h2>De quels mécanismes l’Humain dispose-t-il pour combattre la chaleur ?</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un enfant profite de jets d’eau, sur la rue Jeanne-Mance, à Montréal, durant une canicule.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Lorsqu’il est exposé à la chaleur, <a href="https://journals.lww.com/acsm-essr/Fulltext/2019/04000/Regulation_of_Body_Temperature_by_Autonomic_and.9.aspx">l’organisme déploie plusieurs réponses pour tenter de la dissiper</a>. La première est consciente et dépend de décisions comportementales que nous prenons pour minimiser l’exposition, comme chercher un endroit frais, allumer un ventilateur ou réduire notre activité physique. </p>
<p>Dans un second temps, si ces stratégies ne sont pas suffisantes, le cerveau active des réponses physiologiques qui sont, elles, hors de notre contrôle ; les vaisseaux sanguins de la peau se dilatent pour y augmenter l’apport de sang et les glandes sudoripares accroissent leur activité pour excréter plus de sueur. </p>
<p>Il n’est donc pas surprenant que tout facteur qui affecte ces réponses puisse altérer la capacité de l’organisme à réagir adéquatement lors d’une exposition à la chaleur.</p>
<h2>Quels sont les groupes vulnérables ?</h2>
<p>Bien que la chaleur nous affecte tous, les données probantes démontrent que <a href="https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2792-mesures-adaptation-chaleur.pdf">certains groupes de personnes y sont plus sensibles, ce qui augmente leur vulnérabilité</a>. </p>
<p>Plusieurs facteurs individuels tels que l’âge, les problèmes de santé préexistants comme les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2, la prise de certains médicaments (anticholinergiques, β-bloquants, antidépresseurs, diurétiques parmi d’autres), le surpoids et l’obésité, de faibles capacités fonctionnelles et cognitives et une faible capacité cardiorespiratoire <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673621012083">sont tous associés à une tolérance à la chaleur réduite et à un plus grand risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur</a>. Cela se traduit dans les chiffres de santé publique puisque <a href="https://www.cmaj.ca/content/182/10/1053.short">ces facteurs sont associés à une augmentation du risque d’hospitalisation ou de décès lors d’un événement de chaleur extrême</a>. </p>
<p>Ce constat s’explique par le fait que plusieurs de ces conditions sont associées à :</p>
<ul>
<li><p>d’un côté, des capacités de dissipation de la chaleur, volontaires et autonomes, qui sont réduites, ce qui augmente le stress imposé à l’organisme ;</p></li>
<li><p>de l’autre, un potentiel physiologique diminué, ce qui réduit la capacité de l’organisme à y faire face.</p></li>
</ul>
<p>Ensemble, ces deux conditions augmentent la probabilité que le stress placé sur l’organisme atteigne et dépasse le potentiel physiologique de ce même organisme, ce qui augmente le risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur.</p>
<h2>Comment une pratique régulière d’activité physique peut-elle améliorer la résilience à la chaleur ?</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Créé avec BioRender.com</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est intéressant de noter que parmi les nombreux facteurs de risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur, plusieurs peuvent être évités en adoptant un mode de vie sain et actif. En effet, une pratique d’activité physique régulière au cours de la vie pourrait permettre d’être mieux équipé pour faire face à la hausse des températures mondiales :</p>
<ol>
<li><p>En entraînant plusieurs adaptations physiologiques qui augmentent les capacités de dissipation de la chaleur (hausse de la production de sueur) ainsi que le potentiel physiologique de l’organisme (hausse de la réserve cardiovasculaire), ce qui augmente la tolérance à la chaleur et aide à répondre aux exigences accrues imposées au système cardiovasculaire lors d’un stress thermique ;</p></li>
<li><p>En limitant le déclin de la capacité cardiorespiratoire et des fonctions thermorégulatrices associé à l’obésité, aux maladies chroniques et à la prise de certains médicaments. La pratique régulière d’activité physique peut également contribuer à limiter le déclin cognitif et fonctionnel, permettant aux individus de maintenir leur autonomie, un facteur de protection important face à la chaleur ;</p></li>
<li><p>En ralentissant le déclin de la fonction cardiovasculaire et des fonctions thermorégulatrices inhérent au vieillissement ;</p></li>
<li><p>En contribuant à un meilleur bien-être mental, qui pourrait aider à faire face au stress associé aux épisodes de chaleur extrême.</p></li>
</ol>
<p>L’activité physique pourrait donc avoir une contribution importante dans l’adaptation à la hausse des températures mondiales, augmentant notre résilience individuelle et communautaire.</p>
<p>Toutefois, il est important de constater que plusieurs autres facteurs de risques ne sont pas directement modifiables par un mode de vie sain et actif, incluant certains troubles de santé mentale, un faible statut socioéconomique, un accès limité à des endroits frais ou climatisés, parmi d’autres. Il est également bien établi que les personnes qui effectuent des activités physiques intenses à modérées lors des épisodes de chaleur sont plus à risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur (travailleurs agricoles, construction, restauration, etc.).</p>
<h2>La prochaine génération est-elle suffisamment équipée pour répondre à ce défi ?</h2>
<p>Au Canada, la <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/childhood-obesity/childhood-obesity.html">prévalence de l’obésité chez les 5-17 ans a presque triplée dans les 30 dernières années</a>. Actuellement, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/reports-publications/health-promotion-chronic-disease-prevention-canada-research-policy-practice/vol-37-no-11-2017/adherence-24hour-movement-guidelines-10-17-year-old-canadians.html">plus de 9 jeunes sur 10 n’atteignent pas les directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures</a>. Ce constat est mondial. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les jeunes générations sont moins actives que celles qui les ont précédées. Ils risquent d’être plus vulnérables aux chaleurs extrêmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Au Québec, les récents chiffres dressent un portrait plus qu’alarmant : une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.1056484/full">diminution de 15 % de la capacité cardiorespiratoire et de 30 % de la capacité fonctionnelle des jeunes</a> comparativement à leurs aînés qui avaient effectué les mêmes tests dans les années 1980. Pire, les chercheurs ont observé que chez les 15-17 ans, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.1056484/full">6 garçons sur 10 et 7 filles sur 10 ont une capacité cardiorespiratoire qui les exposent à des problèmes de santé cardiométabolique dans le futur</a>. </p>
<p>De telles tendances suggèrent que les jeunes d’aujourd’hui pourraient être de moins en moins équipés pour tolérer la chaleur, alors qu’ils y seront de plus en plus exposés. Du point de vue de la santé publique, ce constat est alarmant. En maintenant une activité physique régulière et une condition physique adéquate tout au long de leur vie, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23328940.2022.2102375">ils pourraient être mieux équipés pour relever ces défis</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205710/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs problèmes de santé liés à la chaleur peuvent être évités en adoptant un mode de vie sain et actif. Mais la jeune génération est moins active que les précédentes, et donc plus vulnérable.Thomas Deshayes, Chercheur postdoctoral en sciences de l'activité physique, Université de MontréalJulien Periard, Research professor, University of CanberraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2088852023-07-05T17:31:43Z2023-07-05T17:31:43ZSport, fatigue et canicule… Comment bien gérer ce trio potentiellement dangereux ?<p>Ça y est, nous avons connu les premières fortes chaleurs de l’année. Sans surprise, <a href="https://meteofrance.fr/actualite/publications/les-tendances-climatiques-trois-mois">d’après les prévisions de Météo-France</a>, d’autres, plus longues et plus fortes, nous attendent encore cet été. Certains essayent de s’y préparer psychologiquement… Mais qu’en est-il physiquement ?</p>
<p>Attention, ici il n’est pas question du fameux « summer body », ni de méthode pour avoir des transverses saillants sur la plage. C’est trop tard pour cela… mais il est encore temps de se préparer physiologiquement aux vagues de chaleur à venir. Si vous souhaitez continuer votre activité physique favorite pour garder la forme même en période de forte chaleur, sachez que c’est possible avec une bonne préparation et quelques précautions !</p>
<p>Même si leurs efficacités fluctuent en <a href="https://theconversation.com/pourquoi-hommes-et-femmes-ne-sont-jamais-daccord-sur-la-temperature-ideale-71206">fonction des sexes</a> et des individus, nous possédons tous des <a href="https://theconversation.com/37-c-ete-comme-hiver-lenigme-de-notre-temperature-corporelle-163149">mécanismes de « thermorégulation » (contrôle de notre température corporelle)</a> afin de conserver le sacro-saint 37 °C :</p>
<ul>
<li><p>Pour <a href="https://theconversation.com/hypothermie-que-se-passe-t-il-quand-notre-corps-perd-la-bataille-du-froid-195886">lutter contre le froid</a>, nous pouvons bien sûr nous couvrir. Mais la principale stratégie de notre corps est le frisson. La contraction musculaire n’ayant qu’un rendement d’environ 25 %, beaucoup d’énergie est dissipée sous forme de chaleur…</p></li>
<li><p>Pour lutter contre le chaud, c’est entre autres l’évaporation de notre sueur qui permet de refroidir la peau. Par conduction, le sang circulant dans cette région cutanée se rafraîchit et revient moins chaud au cœur.</p></li>
</ul>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lesquels-de-nos-organes-sont-les-plus-menaces-par-la-canicule-119563">Lesquels de nos organes sont les plus menacés par la canicule ?</a>
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<p>Lorsque ces mécanismes de thermorégulation ne sont pas suffisants, la température corporelle change : si elle diminue trop, on parle d’hypothermie, et dans le cas contraire, d’hyperthermie. Les conséquences ne sont pas du tout les mêmes… Alors que le <a href="https://sjtrem.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13049-016-0210-y/tables/1">corps peut résister à une baisse de 9 °C de sa température</a> (hypothermie stade 2) sans risque majeur, une <a href="https://meridian.allenpress.com/aplm/article/130/9/1297/459980/Hypothermia-and-Hyperthermia-Medicolegal">hausse de seulement 3 °C</a> (température >40 °C) peut entraîner des <a href="https://theconversation.com/lesquels-de-nos-organes-sont-les-plus-menaces-par-la-canicule-119563">dommages irréversibles au niveau des organes</a>.</p>
<p>D’où les <a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-climatiques/article/les-recommandations-pour-les-populations-en-cas-de-chaleur">messages de préventions et les recommandations</a> du ministère de la Santé lors des vagues de chaleur. Mais comment s’y préparer ? Comment aider notre corps à s’acclimater au mieux à ces fortes chaleurs ?</p>
<h2>Fatigue et stress thermique : des conséquences multiples</h2>
<p>Il convient de préciser que le stress thermique est lié à plusieurs phénomènes, interne et externe. À la production de chaleur libérée lors des contractions musculaires se combinent en effet :</p>
<ul>
<li><p>La température de notre environnement,</p></li>
<li><p>L’<a href="https://theconversation.com/avec-le-rechauffement-climatique-letre-humain-va-atteindre-ses-limites-de-resistance-a-la-chaleur-169882">humidité qui limite l’évaporation de la sueur</a>, et donc notre faculté de thermorégulation, au-delà d’un certain seuil ;</p></li>
<li><p>La vitesse du vent qui impacte la capacité de notre sueur à s’évaporer.</p></li>
<li><p>Les radiations du soleil qui viennent réchauffer notre peau.</p></li>
</ul>
<p>Ces paramètres sont utilisés pour quantifier le stress thermique d’un environnement via le calcul de l’<a href="https://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-171.pdf#page=9">indice « wet bulb globe temperature »</a> (température au thermomètre-globe mouillé).</p>
<p>Cette chaleur, on l’a vu, est difficile à supporter pour notre corps. Elle nous épuise, littéralement, de plusieurs façons et il est important de comprendre comment.</p>
<p>Toute activité est à double sens : notre cerveau commande nos muscles, et nos muscles informent notre cerveau de leur état physiologique. Aussi, la <a href="https://theconversation.com/la-fatigue-un-phenomene-psychophysiologique-normalement-sous-controle-190702">fatigue suite à un effort</a> est un phénomène à la fois d’<a href="https://perspectivesinmedicine.cshlp.org/content/8/7/a029728.full.pdf">origine centrale et périphérique</a> : soit, respectivement, au niveau de la moelle épinière ou plus (spinal ou supra-spinal) – elle va altérer la capacité du système nerveux à activer correctement nos muscles ; et au niveau des fibres musculaires – elle va limiter leur capacité à se contracter de manière intense.</p>
<p>L’augmentation de notre température corporelle conduit ainsi à une apparition prématurée de la fatigue d’origine centrale et à une <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002605">altération de nos performances physiques et cognitives</a> (réflexion, résolution de tâches diverses, etc.).</p>
<h2>Activité physique et stress thermique : les idées reçues</h2>
<p>On entend souvent qu’il faut éviter l’exercice physique lorsque la température extérieure dépasse les 32 °C. Or nous venons de voir que le stress thermique ne dépend pas uniquement de la valeur indiquée sur le thermomètre : les risques associés dépendent principalement de l’<a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fspor.2019.00059/full">intensité de l’activité réalisée</a>.</p>
<p>En effet, lors d’un exercice, la production de température interne est déterminée par le travail de nos muscles : elle est donc proportionnelle à l’intensité de l’effort fourni. En d’autres termes, continuer de courir sous un stress thermique élevé est possible… si nous diminuons notre vitesse de course.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quest-ce-quun-coup-de-chaleur-le-reconnaitre-et-sen-premunir-186871">Qu’est-ce qu’un coup de chaleur ? (Le reconnaître et s'en prémunir)</a>
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</p>
<hr>
<p>Une autre erreur est de penser que seules les personnes fragiles (enfants et personnes âgées notamment) sont vulnérables aux <a href="https://theconversation.com/quest-ce-quun-coup-de-chaleur-le-reconnaitre-et-sen-premunir-186871">coups de chaleur</a>. En fait, de multiples facteurs déterminent ce risque. Même individuellement, un niveau de stress thermique peut être supporté une fois et nous submerger à une autre occasion (selon notre fatigue, etc.) : sa <a href="https://theconversation.com/canicule-sactiver-et-mourir-de-chaud-119629">survenue est variable</a> !</p>
<p>Rester vigilant est donc primordial. Comme bien se préparer.</p>
<h2>Comment s’adapter ?</h2>
<p>Il est possible de <a href="https://theconversation.com/six-conseils-pour-eviter-le-coup-de-chaleur-en-sentrainant-120403">continuer de s’entraîner tout en évitant le coup de chaleur</a>. Une approche clef est notamment de se laisser le temps de s’acclimater à la chaleur, d’y aller progressivement.</p>
<p>Exposé à un stress thermique de manière continue, <a href="https://www.thieme-connect.com/products/ejournals/abstract/10.1055/s-2007-971985">notre corps s’acclimate en une dizaine de jours</a> grâce à diverses adaptations physiologiques. La fréquence cardiaque et la température corporelle, au repos comme à l’exercice, diminuent, le volume plasmatique (part d’eau dans notre sang) augmente. Nous transpirons donc davantage et évacuons mieux la chaleur.</p>
<p>De nombreux athlètes utilisent des stratégies de préacclimatation : ils vont solliciter en amont leurs mécanismes physiologiques d’acclimatation naturelle au stress thermique. C’est le cas par exemple de sportifs désirant se préparer au <a href="https://www.marathondessables.com/fr">Marathon des Sables</a>, 240 km à boucler en cinq jours dans le désert du Sahara au Maroc, où les températures avoisinent les 50 °C. Cette course est considérée comme la plus difficile qui soit.</p>
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<p>Les stratégies sont diverses et variées : en chambre chaude, en sauna, en immersion en bain chaud, etc. Le point commun de toutes ces méthodes est de se confronter régulièrement au stress thermique pour que l’organisme s’adapte.</p>
<p>Pour être efficace, elles doivent suivre <a href="https://www.jstage.jst.go.jp/article/jhes/4/1/4_1_11/_pdf">plusieurs recommandations</a> : choisir les conditions climatiques (température et humidité) auxquelles la personne sera confrontée, avoir une augmentation de la température corporelle lors des séances d’au moins 1 °C (qui soit supérieure à 38,5 °C mais inférieur à 39,7 °C), conserver cette augmentation pendant au moins une heure et réaliser cela pendant au minimum six jours consécutifs.</p>
<p>Mais l’accès aux infrastructures permettant de simuler ce stress thermique n’est pas forcément évident. Il est toutefois possible de se préparer chez soi.</p>
<h2>Une méthode simple : l’immersion en bain chaud après exercice</h2>
<p>Nous travaillons actuellement sur une méthode d’acclimatation simple, qui ne nécessite pas d’infrastructure reproduisant le stress thermique puisqu’elle implique seulement de prendre un bain chaud post-exercice :</p>
<ul>
<li><p>Réaliser un footing de 40 minutes à allure modérée, en ambiance thermique neutre (~20-25 °C), ce qui élève en moyenne la température de l’organisme autour de 38,5 °C.</p></li>
<li><p>Après cet exercice, se plonger dans un bain à 40 °C, pendant 40 minutes, permet de maintenir sa température corporelle au-delà du seuil de 38,5 °C. Attention à ne pas dépasser les 40 °C, qui peuvent être dangereux. Un suivi par des professionnels lors de ses premiers essais d’acclimatation est fortement conseillé.</p></li>
<li><p>Reproduire cette séquence de footing – bain chaud six jours de suite pour <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2018.01824/full?&utm_source=Email_to_authors_&utm_medium=Email&utm_content=T1_11.5e1_author&utm_campaign=Email_publication&field=&journalName=Frontiers_in_Physiology&id=434421">bénéficier de toutes les adaptations physiologiques de l’acclimatation naturelle</a>.</p></li>
</ul>
<p>Nos recherches ont démontré que cette méthode permet également de diminuer la fatigue d’origine centrale initialement exacerbée lors d’un exercice sous stress thermique, et de diminuer l’impact sur les performances cognitives.</p>
<p>Cette méthode, simple à mettre en place, pourrait permettre d’anticiper les adaptations physiologiques de l’acclimatation naturelle avant l’arrivée des fortes chaleurs, de se préparer à un effort physique dans un pays chaud avant le déplacement (compétition sportive dans un pays chaud ou voyage en plein été avec randonnée au programme) ou, encore, de préparer les populations militaires au stress thermique avant déploiement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2g9ufIL6_po?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La méthode d’adaptation appliquée aux populations militaires expliquée en trois minutes.</span></figcaption>
</figure>
<p>In fine, en adoptant des stratégies de préacclimatation, il est possible de se préparer efficacement au stress thermique. On repousse ainsi l’apparition de la fatigue d’origine centrale et préserve nos capacités physiques et cognitives. Toutefois, il est parfois difficile d’anticiper le stress thermique (manque d’information, de prévisions fines ou départ imprévu)…</p>
<p>Surtout, nos capacités d’acclimatation (et donc de préparation) sont limitées : sauna comme bains chauds ne suffiront pas si nous devons faire face à des épisodes de chaleur de 45 °C. Pour notre propre santé, il faudrait donc également travailler à limiter la production de chaleur environnementale et les hausses de température.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208885/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé Di Domenico est également co-président de l’association Chambéry Escalade depuis 2018 (et de son axe recherche en accompagnement de la performance).
Ses recherches ont reçu le financement de l’Agence de l’Innovation de Défense du Ministère des Armées, et ont été réalisées en collaboration avec l’Université de Brighton (UK).</span></em></p>Continuer à s’entraîner par de fortes chaleurs est un dilemme que connaissent tous les sportifs. Voilà ce qu’il faut savoir pour le faire en sécurité, et comment se préparer simplement.Hervé Di Domenico, Doctorant sciences du sport, Laboratoire Inter-universitaire de Biologie de la Motricité, Université Savoie Mont BlancLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2070362023-06-25T14:58:27Z2023-06-25T14:58:27ZVulnérabilité à la chaleur : sommes-nous tous égaux ?<p>Les vagues de chaleurs de l’été 2022 ont marqué l’esprit des Français, avec un mois de juillet qui a été le plus chaud jamais mesuré à l’échelle mondiale. Avec une hausse de 16,7 % des décès et des températures <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/canicule-intense-et-durable-de-juillet-2022-que-faut-il-retenir">ayant atteint plus de 42 °C</a> durant cette période, il est majeur d’identifier les personnes les plus vulnérables pour faire face au changement climatique et à l’augmentation de l’intensité et de la fréquence de ce phénomène.</p>
<p>Dans ce contexte et face au dernier rapport du <a href="https://theconversation.com/le-giec-une-boussole-scientifique-pour-le-climat-93624">GIEC</a> qui alerte sur l’accélération du changement climatique, on peut s’interroger sur quels sont les facteurs de vulnérabilités auxquels font face certains groupes de la population.</p>
<p>Certains sont assez évidents, comme l’âge ou la localisation : celle-ci joue un rôle important dans des régions davantage exposées aux vagues de chaleurs extrêmes – comme l’Auvergne-Rhône-Alpes <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6522912">exposée à plus de 20 journées anormalement chaudes par an au cours des mois de juin, juillet et août ces dernières années</a>. Ce sont les facteurs que l’on dit tangibles, que l’ont peut mesurer ou quantifier.</p>
<p>Mais d’autres facteurs, plus surprenants et plus intangibles, <a href="https://theconversation.com/comment-la-chaleur-perturbe-notre-sante-mentale-188913">tels que la santé mentale</a>, sont aussi mis en avant par la littérature en économie.</p>
<h2>Âge, mal-logement… des facteurs tangibles</h2>
<p>Sans surprise, l’âge joue un rôle prépondérant dans cette vulnérabilité : les personnes âgées courent bien sûr un risque plus fort en cas de vague de chaleur.</p>
<p>Ainsi, durant l’été caniculaire de 2022, les décès ont augmenté de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/fortes-chaleurs-canicule/documents/bulletin-national/bulletin-de-sante-publique-canicule.-bilan-ete-2022">20,2 % chez les personnes de plus de 75 ans</a> en raison de leur fragilité liée aux maladies chroniques.</p>
<p>Les personnes qui déclarent souffrir de la chaleur en été habitent quant à elles souvent des logements mal isolés, difficiles à ventiler, avec des températures maximales atteintes en été dans le logement dépassant les 30 °C – elles sont <a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">également victimes de surpeuplement</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=181&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=181&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=181&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Qui souffre le plus de la chaleur ? Les scores d’anxiété et de dépression ont été calculés par les auteures en suivant la méthode de DUKE qui permet de calculer un score allant de 0 à 100 en se basant sur une série de questions. Un score de 0 indique une absence d’anxiété ou de dépression tandis qu’un score de 100 révèle une grande fragilité. Pour le score de santé mentale, c’est l’inverse, plus le score est proche de 100, meilleure est la santé mentale de l’individu.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.irege.univ-smb.fr/pepsi-3/">Calculs des autrices, enquête PEPSI</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le concept de confort thermique prend tout son sens. La qualité des logements et la présence d’équipement de confort qui permettent de s’adapter face aux vagues de chaleur comme les systèmes de climatisation vont influencer le degré de vulnérabilités de ses occupants. <a href="https://www.irege.univ-smb.fr/pepsi-3/">Les données d’une enquête que nous avons menée</a> révèlent que seuls 22,7 % des ménages disposent d’un système de climatisation (mobiles ou fixes) en 2020 alors que 7 personnes sur 10 vont être exposées chaque année à des chaleurs intenses.</p>
<h2>Adaptation, santé mentale… des facteurs intangibles</h2>
<p>Quant aux facteurs intangibles, dont la relation avec les vagues de chaleur semble moins évidente, la littérature à la fois économique et psychologique se penche de plus en plus sur le lien entre capacités cognitives et adaptation aux évènements extrêmes. L’habileté cognitive d’un individu va influencer son processus de décision, de réflexion mais aussi sa perception de certaines situations et sa capacité à adopter des comportements adéquats.</p>
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<p>Plus précisément, l’état de dépression a été identifié comme exerçant un effet négatif sur la probabilité de réagir avec un comportement adéquat face aux vagues de chaleurs extrêmes. Constat qui peut être expliqué par des facultés exécutives ou de mémoire réduites mais aussi par un processus de décision fortement guidé par les émotions. En générant un sentiment pessimiste, d’impuissance et de fatalité face à sa vie et à son avenir, les personnes en état de dépression vont à la fois restreindre leur adaptation face aux vagues de chaleur et augmenter ainsi leur vulnérabilité.</p>
<p>Ce point est d’autant plus important que les capacités cognitives des individus diminuent avec l’âge et qu’actuellement près d’une personne sur cinq <a href="https://www.inserm.fr/dossier/depression/">a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Probabilité d’avoir un système de climatisation selon son score de santé mentale. La figure met en évidence ce phénomène, en montrant qu’à mesure que le score psychologique de l’individu augmente, sa probabilité d’avoir un système de climatisation s’accroît (la climatisation étant ici un comportement d’adaptation pour diminuer l’impact de la chaleur).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Enquête PEPSI, calcul des autrices</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des inégalités accentuées</h2>
<p>Par ailleurs, dans ce contexte où l’adaptation va être un outil pour faire face à sa vulnérabilité, la question de <a href="https://theconversation.com/chauffage-les-plus-aises-sont-aussi-ceux-qui-realisent-le-moins-deconomies-denergie-190582">l’accentuation des inégalités se pose</a>. Que ce soit par la rénovation thermique de son logement, l’acquisition d’un système de climatisation ou par l’augmentation de sa facture d’énergie pour se rafraîchir, l’écart avec les ménages les plus modestes va se creuser.</p>
<p>Le coût de cette adaptation ne va pas être à la portée de tous les ménages et va laisser certains foyers dans des situations critiques où ils seront grandement exposés aux conséquences sanitaires des vagues de chaleur. On constate ainsi des écarts selon les quintiles de revenus et les taux d’équipement des ménages pour faire face au changement climatique. Le constat est sans appel : les ménages les plus aisés seront plus en mesure de faire face aux vagues de chaleur extrêmes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Comportement d’adaptation en fonction du quintile de revenu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Enquête Pepsi, calcul des autrices</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Malheureusement, les inégalités économiques ne sont pas les seules qui pourraient être exacerbées. Les problèmes d’accès aux soins peuvent aussi être des sources d’inégalités face aux vagues de chaleur. Les personnes malades, physiquement et mentalement, vivant dans des déserts médicaux et exposées aux vagues de chaleur risquent de voir leur état de santé se dégrader.</p>
<p>Il va donc être plus que nécessaire de trouver des solutions pérennes dans la décennie à venir pour combler ces facteurs de vulnérabilité, en assurant le confort thermique tout en veillant à ne pas creuser les inégalités.</p>
<hr>
<p><em>Margot Zambon, stagiaire à l’IAE/IREGE, a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207036/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dorothée Charlier est membre de l’IREGE et de la Solar Academy. Elle a reçu des financements et le soutien de ces organisations ainsi que de la Région Auvergne Rhône-Alpes pour mener à bien ses recherches. </span></em></p>La fragilité vis-à-vis des vagues de chaleur dépend de l’âge, de la région où l’on vit, mais aussi d’autres facteurs économiques et psychologiques.Dorothée Charlier, Maîtresse de conférences en économie de l’énergie et de l’environnement, IAE Savoie Mont BlancLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1999062023-03-21T00:08:09Z2023-03-21T00:08:09ZD’où vient le pouvoir rafraîchissant des arbres en ville ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/510293/original/file-20230215-28-zv8fmr.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C1300%2C980&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La température en ville peut monter très haut. Image thermique d'une rue en ville: la chaussée, les toitures et les voitures au soleil sont des surfaces très chaudes, les arbres et les parties à l'ombre, beaucoup moins.</span> <span class="attribution"><span class="source">P. Verchere</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’été, en particulier par ciel clair et vent faible, caractéristique des situations anticycloniques, la température en ville peut augmenter bien plus que dans les campagnes alentour. C’est l’effet d’« îlot de chaleur urbain ». En cause, la très faible proportion de surfaces végétalisées, la présence de bâtiments et la nature des matériaux urbains, comme le bitume noir par exemple, qui augmentent le stockage de la chaleur dans les bâtiments et le sol.</p>
<p>Qui n’a jamais ressenti le besoin de se réfugier dans un parc arboré en période de fortes chaleurs ? C’est parce que l’augmentation de chaleur peut être en partie contrebalancée par la végétation. Les arbres rafraîchissent l’environnement grâce aux ombres portées sur les passants et les façades, et leur capacité à maintenir une température de feuillage raisonnable, car ils régulent leur propre chaleur… en transpirant.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="deux arbres en 3D" src="https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510190/original/file-20230214-24-vww4ia.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Modèles 3D d’un arbre, en couleurs réelles à gauche et avec la température de surface à droite.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INSA Strasbourg</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’arbre ne rafraîchit pas directement l’air : il empêche l’air de s’échauffer !</h2>
<p>La transpiration est un phénomène physiologique par lequel un arbre émet de l’eau dans l’air, sous forme gazeuse, par l’intermédiaire de ses feuilles, afin de réguler sa température quand il fait chaud et pour assurer la circulation de la sève brute et minéralisée qui provient des racines en direction de tous les organes de la plante.</p>
<p>Ce processus demande à l’arbre un apport en eau constant et suffisant, en puisant l’eau du sol. C’est important car la photosynthèse, qui fabrique une partie des nutriments de l’arbre, ne peut avoir lieu qu’à condition que la « cavité stomatique », qui se trouve à la surface des feuilles et qui assure les échanges gazeux avec l’atmosphère, reste humide ; et c’est la transpiration qui assure cette humidité.</p>
<p>Toutefois, l’effet de l’environnement de l’arbre sur la transpiration des feuilles, par exemple, reste mal connu et notamment en milieu urbain.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510191/original/file-20230214-26-o127s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Effet d’un arbre sur son environnement immédiat : 1. Absorption d’une partie du rayonnement solaire (infrarouge) ; 2. Évapotranspiration ; 3. Protection du vent ; 4. Ombre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plante & Cité (VegDUD)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Le bénéfice rafraîchissant de l’arbre est essentiellement diurne : d’une part il fournit de l’ombre, d’autre part il transpire. Dans le cas de la transpiration, c’est l’énergie que l’évaporation de l’eau exige qui permet de réduire l’échauffement des feuilles et les maintient à une température proche de celle de l’air, ce qui réduit l’échauffement de la rue et augmente très légèrement l’humidité de l’air autour de l’arbre.</p>
<p>Si l’effet rafraîchissant des arbres n’est bien évidemment plus à prouver, il varie au fil de la journée (notamment la nuit) et il reste à être quantifié. Par exemple, la nuit, le feuillage forme un « écran » qui empêche la chaleur stockée dans le sol de s’échapper vers le ciel sous forme de rayonnement infrarouge, ce qui limite le refroidissement de la zone qui est directement recouverte par le feuillage.</p>
<p>L’étude des interactions entre les arbres et leur environnement devrait nous permettre d’identifier des méthodes de plantations pour améliorer les conditions de vie et de confort des citadins lors des épisodes de fortes chaleurs, et contribuera à répondre à une question qui commence déjà à se poser : quelle(s) espèce(s) d’arbre planter, en quelle quantité et dans quelles configurations par rapport aux bâtiments ou aux chaussées ? L’heureuse élue – ou, plus probablement, les <a href="https://www.mdpi.com/1999-4907/11/10/1064">heureuses élues</a> – devront être capables de résister aux fortes chaleurs sans exiger trop d’eau, mais aussi de procurer de l’ombre et de la fraîcheur grâce à l’évapotranspiration.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/IJoj7Knm-uA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Climatologie urbaine : suivi des arbres en ville à Strasbourg. Source : INSA Strasbourg.</span></figcaption>
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<h2>Des arbres dans les parcs</h2>
<p>Entre 2017 à 2021, nous avons étudié le rôle des tilleuls argentés ou <em>Tilia tomentosa</em> dans un parc urbain, celui de l’université à Strasbourg, pour évaluer et modéliser l’évapotranspiration et l’ombrage d’une espèce d’arbre particulière en tenant compte de l’environnement du parc, par exemple l’implantation des arbres, l’emplacement des pelouses, la géométrie des bâtiments et des rues alentour. </p>
<p>Nous avons mesuré précisément la forme des arbres en 3D et d’autres paramètres éco-physiologiques et météorologiques. Ainsi, nous avons pu vérifier que nos modèles de microclimat urbain à l’échelle d’un quartier (<a href="https://sites.google.com/view/laserf">LASER/F</a>) d’une part et d’évapotranspiration à l’échelle de l’arbre individuel (<a href="https://www6.clermont.inrae.fr/piaf_eng/Methods-and-Models/RATP">RATP</a>) d’autre part étaient adéquats. La <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02166160">fusion de ces deux modèles</a>, baptisée LASER·T, nous permet de <a href="https://hal.science/hal-03754282/">calculer les flux de chaleur et d’énergie</a> entre les différents éléments (arbres et bâtiments par exemple), l’évapotranspiration des végétaux, les températures de surface des bâtiments et le confort thermique.</p>
<h2>Des arbres dans les rues</h2>
<p>Nous nous tournons aujourd’hui vers le rôle des « arbres d’alignement », ces arbres qui se suivent dans la rue et qui sont souvent de la même espèce. Ceux-ci impactent le microclimat de la rue – ombre, humidité, vent. Et vice versa, la physiologie des arbres est affectée par la géométrie des rues – largeur de la rue, hauteur des immeubles, les couleurs des murs et la qualité du sol notamment.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="deux photos de la même façade" src="https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=230&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=230&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=230&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=288&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=288&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510291/original/file-20230215-24-wocncw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=288&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une façade en couleurs réelles à gauche, et son image thermique à droite, indiquant la température en fonction de l’ombrage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INSA Strasbourg/ICube</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Par exemple, en été, lorsque le soleil se lève, il va d’abord chauffer les toits et les arbres. Les arbres profitent de cette chaleur pour leur photosynthèse et en même temps, ils font bouclier pour les façades, en les gardant à l’ombre des rayons grâce à leur houppier. Ainsi, un arbre feuillu à proximité d’une façade procurera un confort thermique plus important aux résidents du bâtiment. Il rafraîchira également le sol par son ombre portée. En début de soirée, le bâtiment restituera à l’ensemble de la rue et donc également à l’arbre, la chaleur qu’il a emmagasinée durant toute la journée sous forme de rayonnement infrarouge, comme évoqué ci-dessus. Ceci illustre le rôle ambivalent joué par l’arbre.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="différents types de mesures des arbres et de l’environnement" src="https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1413&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1413&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1413&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1776&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1776&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510289/original/file-20230215-24-m1no5d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1776&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Mesures climatiques et écophysiologiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ICube/INRAE/Urbasense</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Plus il y aura d’arbres dans l’alignement, plus l’effet rafraîchissant sera remarquable en journée – la température ressentie peut être réduite de 2 °C au minimum.</p>
<p>Ainsi, dans le projet TIR4sTREEt (<em>Thermal InfraRed for Street Trees</em>) qui rassemble plus de 15 scientifiques de divers horizons, nous cherchons à reproduire l’impact physique des bâtiments et des arbres de rue sur le microclimat urbain, grâce à des mesures et des modélisations 3D du site.</p>
<p>Pour cela, nous avons sélectionné six arbres dans trois rues d’un quartier résidentiel de Strasbourg : des micocouliers, des platanes et des tilleuls. Nous les avons équipés de nombreux capteurs afin de suivre au fil des saisons pendant deux ans au moins leur état de santé, leur croissance, l’humidité et la température alentour, le rayonnement, leur température de surface ainsi que celle des bâtiments et voirie, etc.</p>
<h2>Des capteurs pour mieux comprendre les arbres en ville</h2>
<p>Comme on l’a vu, les arbres ont un effet rafraîchissant du fait de la transpiration, dont le comportement en ville est encore peu connu, et du fait de l’ombre portée au sol ou sur les façades.</p>
<p>En mesurant régulièrement la température de surface des arbres et des façades environnantes avec des capteurs dans l’infrarouge « thermique », nous pouvons en déduire les variations spatiales et temporelles. Des capteurs météorologiques nous donnent les variables classiques comme la température de l’air, la vitesse du vent le rayonnement solaire (etc.) qui nous permettent d’établir le microclimat qui règne dans nos sites.</p>
<p>Grâce à des capteurs de flux de sève, nous pouvons mesurer la vitesse de montée de la sève dans l’arbre, qui est directement corrélée à la transpiration de l’arbre. Des capteurs installés dans le sol nous fournissent l’état hydrique et la température des différents horizons jusqu’à un mètre de profondeur.</p>
<p>Tous ces dispositifs nous donnent une vision assez complète du continuum plante-atmosphère et ils alimentent une base de données qui servira à étayer nos analyses. A moyen terme, ce projet permettra de guider les décideurs dans le choix des espèces d’arbres et des scénarios de plantation les plus adaptés.</p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-21-CE22-0021">Modélisation des arbres de rue pour la micro-climatologie urbaine – TIR4sTREEt</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199906/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tania Landes (INSA Strasbourg) est porteuse du projet TIR4sTREEt, financé par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR-21 CE 22 0021). Le projet TIR4sTREEt implique des chercheurs de ICUBE, de l'INRAE Nancy, de l'INRAE Clermont-Ferrand, l'Eurométropole Strasbourg et l'association Plante et Cité.
Tania Landes est aussi membre de l'Association Francophone de Topographie et de l'Association Femmes et Sciences.</span></em></p>Pas seulement de leurs ombres, mais aussi du fait qu’ils transpirent – et toutes les espèces ne sont pas égales.Tania Landes, Professeure des universités en topographie, INSA StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1981412023-01-19T11:48:20Z2023-01-19T11:48:20ZPourquoi il est grand temps de quitter les villes<p><em>Si le processus d’urbanisation globalisée ne semble pas vouloir marquer le pas, le géographe Guillaume Faburel nous invite à considérer le débranchement urbain dans son texte « Vider les villes ? », dont nous vous proposons des extraits. Retrouvez cette réflexion et bien d’autres dans <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886">le livre collectif « Écologies. Le vivant et le social », publié aux éditions de la Découverte</a>.</em></p>
<hr>
<p>Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ?</p>
<p>Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie.</p>
<p>Aujourd’hui, 58 % de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40 % résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70 % en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).</p>
<p>[…]</p>
<p>Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40 % de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55 % des zones cultivées, 47 % des zones humides et 38 % du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134 %.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIX<sup>e</sup> siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.</p>
<p>En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20 % entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80 % de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67 % en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<h2>La métropolisation du monde</h2>
<p>Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hongkong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12 % de la population mondiale pour 48 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…</p>
<p>Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.</p>
<p>Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).</p>
<p>[…]</p>
<h2>Une empreinte environnementale et sanitaire déplorable</h2>
<p>Or, occupant seulement 2 % de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70 % des déchets, émet 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78 % de l’énergie et émet plus 90 % de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58 % de la population mondiale.</p>
<p>Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO<sub>2</sub> – la fabrication du ciment représentant près de 10 % des émissions mondiales, en augmentation de 80 % en dix ans. À ce jour, 40 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.</p>
<hr>
<p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">Canicule et urbanisme : arrêtons de densifier nos villes !</a>
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</em>
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<p>Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).</p>
<p>Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74 % de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80 %) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.</p>
<p>Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90 % dans les aires définies comme urbaines), représente 46 % de la consommation énergétique, 40 % de notre production de déchets et 25 % des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98 % d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.</p>
<p>[…]</p>
<p>Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pancarte sur une statue indique « Grand Péril Express » à côté d’un drapeau du mouvement Extinction-Rebellion lors d’une manifestation contre les projets d’urbanisation des terres agricoles en Île-de-France, devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 10 octobre 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Samson/AFP</span></span>
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<p>Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100 % de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7 % à 8 % , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50 % et 60 % des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1 % et 1,5 % dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15 % des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.</p>
<p>Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.</p>
<p>Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?</p>
<h2>Bientôt, le débranchement urbain ?</h2>
<p>Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490">Vers un tournant rural en France ?</a>
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<p>Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30 % du territoire hexagonal.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paru le 12 janvier 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886">Éditions de la Découverte</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198141/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Faburel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si 58 % de la population mondiale est urbaine, il y a incompatibilité de ce mouvement d'urbanisation avec la sauvegarde de la planète.Guillaume Faburel, Professeur, chercheur à l'UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1909432022-11-04T14:36:45Z2022-11-04T14:36:45ZChangements climatiques : quel avenir pour le soccer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495129/original/file-20221114-26-yqdh7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5028%2C3360&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Y aura-t-il encore une Coupe du monde de soccer en 2100 ? Quel impact la pollution a-t-elle sur la performance des joueurs ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Ces dernières années, de nombreux rassemblements sportifs majeurs ont été bousculés par des événements météorologiques extrêmes : un <a href="https://www.rugbyworldcup.com/2019/news/505639/typhon-hagibis-les-matches-affectes">typhon qui force le report de plusieurs rencontres</a> lors de la Coupe du monde de rugby 2019 au Japon, <a href="https://www.nytimes.com/2020/01/06/sports/Australian-Open-fire.html">air irrespirable lors de l’Open de tennis d’Australie 2020</a> à cause des feux de brousse, <a href="https://www.lapresse.ca/sports/jeux-olympiques/2019-11-01/jo-2020-tokyo-ne-bloquera-pas-la-delocalisation-du-marathon">délocalisation du marathon olympique</a> plus au nord pour fuir la chaleur accablante de Tokyo. Le constat est similaire pour les <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-les-jeux-olympiques-dhiver-sont-ils-amenes-a-disparaitre-175964">Jeux olympiques d’hiver, dont l’avenir est incertain</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changement-climatique-les-jeux-olympiques-dhiver-sont-ils-amenes-a-disparaitre-175964">Changement climatique : les Jeux olympiques d’hiver sont-ils amenés à disparaître ?</a>
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<p>Et le soccer n’est, lui, pas épargné.</p>
<p>Le 20 novembre prochain, les meilleures sélections nationales, dont le Canada, se rassembleront au Qatar pour s’affronter lors de la 22<sup>e</sup> édition de la Coupe du monde de soccer. Pour la première fois de son histoire, l’événement, qui, par ailleurs, fait l’objet de plusieurs <a href="https://reporterre.net/Football-Coupe-du-monde-au-Qatar-un-desastre-humain-et-ecologique">critiques sociales et environnementales</a>, se tiendra à la fin de l’automne en raison des fortes chaleurs qui affectent le pays pendant l’été et qui pourraient affecter la santé des spectateurs et des athlètes.</p>
<p>Y aura-t-il encore une Coupe du monde de soccer en 2100 ? Quel impact la pollution a-t-elle sur la performance des joueurs ? Devons-nous faire un choix entre l’amour du ballon rond et la lutte contre les changements climatiques ?</p>
<p>Chercheurs en sciences de l’activité physique, nous proposons d’apporter un éclairage sur les impacts des changements climatiques sur le soccer de demain.</p>
<h2>Le soccer : victime ou bourreau des changements climatiques ?</h2>
<p>La combinaison des données historiques et des scénarios d’émission actuels révèle que l’élévation du niveau des océans, l’intensification des vagues de chaleur, l’augmentation des risques de <a href="https://www.geo.fr/environnement/incendies-en-foret-quest-ce-que-les-megafeux-211041">mégafeux</a> et d’inondations et la détérioration de la qualité de l’air <a href="https://www.rapidtransition.org/resources/playing-against-the-clock/">constituent des menaces majeures pour la pratique du soccer amateur et professionnel</a>. Cependant, le soccer n’est pas qu’une simple victime des changements climatiques. En effet, il y contribue largement, comme en témoigne l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652619312181?via%3Dihub">empreinte carbone annuelle des joueurs du Premier League (Championnat d’Angleterre de football), estimée à 29 tonnes d’équivalent CO₂</a>, et ce, seulement pour les déplacements.</p>
<p>Cela représente près de 3 fois l’empreinte carbone annuelle des citoyens britanniques, et dépasse largement l’<a href="https://www.2tonnes.org">objectif global de 2 tonnes par personne</a>, fixé pour atteindre les engagements de l’Accord de Paris (COP21).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Interruption d’un match au Brésil en raison d’un incendie, en 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran YouTube</span></span>
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<h2>Chaleur, intempéries, inondations : quels impacts sur la pratique ?</h2>
<p>À court terme, les préoccupations concernent surtout la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17430437.2021.1984426">faible qualité de l’air et la chaleur</a>, ce qui serait à même d’<a href="https://wires.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/wcc.760">affecter la santé des spectateurs, des travailleurs du milieu sportif et des athlètes, ainsi que leurs performances</a>. Certaines associations sportives comme la <a href="https://www.mlssoccer.com/">Major League Soccer (MLS)</a> ou <a href="https://albertasoccer.com/">Alberta Soccer</a> au Canada imposent déjà des seuils de sécurité afin d’encadrer la tenue des événements <a href="https://www.mlssoccer.com/news/how-mls-measures-and-manages-extreme-heat-conditions-matches#:%7E:text=If%20the%20WBGT%20temperature%20reads,is%20safe%20to%20do%20so.">lors des épisodes de forte chaleur</a> et de <a href="https://albertasoccer.com/wp-content/uploads/2016/11/Alberta-Soccer-Air-Quality-Monitoring-Guidelines-November-2016.pdf">pics de pollution</a>.</p>
<p>Puisqu’il est estimé que ces conditions seront de plus en plus fréquentes dans un avenir rapproché (le <a href="https://atlasclimatique.ca/map/canada/plus30_2060_85#lat=50.48&lng=-110.77&z=7">mercure devrait dépasser les 30 °C</a> plus de 50 jours par année dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal et Toronto, d’ici 2050-2080), il est possible d’estimer une plus grande émergence des reports et d’annulations d’entraînements et de matchs. À cela s’ajoutent l’impact potentiel des incendies sur les infrastructures ainsi que la détérioration des terrains en gazon naturel en raison des vagues de sécheresse et des restrictions d’arrosage l’été. Ces terrains pourraient aussi être affectés par des conditions de plus en plus difficiles en hiver.</p>
<p>En Angleterre, en 2013, une étude rapportait déjà une <a href="https://www.sportandrecreation.org.uk/news/industry/alliance-survey-bad-weather-and-lack-of-facil">perte de 3 à 13 semaines d’utilisation de certains terrains naturels à cause de précipitations plus intenses</a>. À plus long terme, la montée des océans et les inondations plus fréquentes seraient susceptibles de représenter une menace opérationnelle temporaire ou définitive pour les activités des clubs et donc compromettre l’avenir du soccer dans certaines régions du monde si les émissions de gaz à effet de serre <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-04-04/nouveau-rapport-du-giec/trois-ans-pour-agir.php">poursuivent leurs tendances actuelles</a>.</p>
<p>Selon un rapport qui se base sur des modélisations, les <a href="https://www.rapidtransition.org/resources/playing-against-the-clock/">stades de 23 équipes professionnelles d’Angleterre pourraient être confrontés à des inondations partielles ou totales lors de chaque saison d’ici 2050</a>. De tels événements sont déjà survenus à <a href="https://www.lemonde.fr/football/article/2014/10/07/ligue-1-le-stade-de-montpellier-ravage-par-les-inondations_4501921_1616938.html">Montpellier en France (2014)</a> et <a href="https://www.theguardian.com/football/2015/dec/09/carlisle-united-community-rallies-round-flood-hit-football-club">Carlisle en Angleterre (2015)</a>, rendant les terrains inutilisables pendant plusieurs mois.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Des hommes portant des planches pataugent sur un terrain de soccer inondé" src="https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des hommes portant des planches pataugent sur un terrain de soccer inondé dans le quartier de Jukyty, à Asuncion, au Paraguay, le 4 avril 2019. Plus de 20 000 personnes ont été évacuées après que des pluies torrentielles ont provoqué d’importantes inondations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Jorge Saenz)</span></span>
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<p>Dans certains contextes, les terrains synthétiques offrent une alternative intéressante lorsqu’un terrain naturel est indisponible ou trop dégradé ; de plus, ils peuvent être utilisés sur une plus longue période de l’année. Toutefois, les données démontrent que ces terrains sont sujets à générer des îlots de chaleur, avec une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1754337114553692">température de surface qui peut être de 12 à 22 °C plus élevée que la température d’un gazon naturel</a>. Ce niveau de température augmente le stress thermique vécu par les athlètes et, par le fait même, les risques pour leur santé et leurs performances. Il en est de même pour la santé des arbitres, des entraîneurs et des spectateurs.</p>
<h2>Impacts sur la santé et la performance des joueurs</h2>
<p>La pollution de l’air impacte négativement la <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/24/12928">quantité et la qualité des passes</a>, la <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/24/12928">distance parcourue et les efforts à haute intensité</a> réalisés par les joueurs professionnels. Les pics de pollution pourraient même drastiquement réduire le nombre de buts marqués au cours des matchs.</p>
<p>Il existe des évidences empiriques, observées depuis plusieurs décennies, que les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1612197X.2014.888245">chances de gagner sont plus élevées lorsqu’on joue à domicile</a>. Dans une ville polluée, cette augmentation est <a href="https://ideas.repec.org/a/sae/jospec/v23y2022i3p277-300.html">accentuée lorsque l’équipe adverse provient d’une ville moins polluée</a>. Pourquoi ? Parce que l’équipe d’accueil est habituée à une pollution de l’air moyenne plus importante, et sa performance en est donc moins affectée.</p>
<p>La chaleur et la déshydratation peuvent également affecter les performances des athlètes et, en conséquence, la qualité des matchs et du spectacle offert. Or, des <a href="https://bjsm.bmj.com/content/49/9/609">analyses effectuées sur les matchs de la Coupe du monde 2014 au Brésil semblent indiquer</a> que la qualité du jeu n’était pas affectée par la chaleur accablante. Cependant, ces résultats doivent être interprétés prudemment, puisque les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19807723/">athlètes de haut niveau tolèrent généralement mieux la chaleur et la déshydratation que les individus non entraînés</a>.</p>
<p>Il est donc possible de penser que les effets néfastes sur la santé et la performance seraient plus importants chez des athlètes amateurs, ou alors chez des joueurs plus âgés ayant des conditions de santé particulières.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="équipe de soccer féminine au japon -- joueuses boivent de l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les joueuses de l’équipe du Japon s’hydratent pendant leur entraînement, à la veille du match entre le Japon et la Nouvelle-Zélande lors de la Coupe du monde de football féminin à Bochum, en Allemagne, le 26 juin 2011.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Martin Meissner)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Besoin urgent de changement : d’une approche réactive à une approche proactive</h2>
<p><a href="https://www.football-ecology.org/fr/">Le soccer, par son envergure et sa capacité à toucher un large public, peut jouer un rôle majeur dans la transition écologique actuelle</a>, notamment par des stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.</p>
<p>La Fédération internationale de football association (FIFA) a été l’une des premières fédérations sportives internationales à s’engager dans la <a href="https://unfccc.int/sites/default/files/resource/Sports_for_Climate_Action_Declaration_and_Framework.pdf">Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques – Le sport au service de l’action climatique</a>, en développant <a href="https://digitalhub.fifa.com/m/a6e93d3f1e33b09/original/FIFA-Climate-Strategy.pdf">sa propre stratégie pour le climat</a>. Concrètement, la FIFA a établi plusieurs initiatives qui s’articulent autour de trois objectifs principaux : (1) rendre le soccer prêt pour l’action climatique ; (2) protéger les tournois emblématiques des impacts négatifs des changements climatiques et (3) assurer le développement d’un soccer résilient.</p>
<p>Dans la foulée, afin d’atténuer les impacts des changements climatiques sur son fonctionnement, le monde du soccer va très rapidement devoir passer d’une approche réactive à une approche proactive, en mettant des actions en place :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.rapidtransition.org/resources/sweat-not-oil-why-sports-should-drop-advertising-and-sponsorship-from-high-carbon-polluters/">Interdire les commanditaires issus des énergies fossiles</a> ;</p></li>
<li><p><a href="https://pubs.acs.org/doi/pdf/10.1021/acs.est.1c03422">Réorganiser les compétitions</a> pour diminuer les déplacements des athlètes et partisans, en obligeant les ligues professionnelles nationales à recommander les <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-football-existe-t-il-des-clubs-europeens-qui-contrairement-au-psg-prennent-le-train-plutot-que-l-avion-pour-leurs-deplacements-sportifs_5320999.html">déplacements en train</a>pour les courts trajets ;</p></li>
<li><p>Favoriser les <a href="https://doi.org/10.1016/j.erss.2019.02.016">transports en commun ou partagés</a> pour les partisans, et les athlètes amateurs ;</p></li>
<li><p>Réduire la vulnérabilité des pratiquants et des spectateurs en adaptant la réglementation et les activités : pauses-fraîcheur plus fréquentes, possibilité de faire plus de changements pendant les matchs, révision des règles concernant la durée des matchs en cas d’égalité, déplacement des matchs à des moments plus frais dans la journée.</p></li>
</ul>
<p>Puisque le soccer n’est pas le seul sport à être à la fois victime et bourreau des changements climatiques, une action urgente du monde sportif dans son ensemble est nécessaire pour continuer de pratiquer de manière plaisante et sécuritaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190943/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Deshayes a reçu des financements des Fonds de Recherche du Québec - Santé dans le cadre de son doctorat.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bernard Paquito a reçu des financements des Fonds de Recherche du Québec - Santé et de la Fondation cancer du sein du Québec.</span></em></p>Y aura-t-il encore une Coupe du monde de soccer en 2100 ? Quel impact la pollution a-t-elle sur la performance des joueurs ? Éclairage sur les impacts des changements climatiques sur le soccer de demain.Thomas Deshayes, Chercheur postdoctoral en sciences de l'activité physique, Université de Sherbrooke Paquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1889132022-08-22T18:21:26Z2022-08-22T18:21:26ZComment la chaleur perturbe notre santé mentale<p>Les vagues de chaleur ont un <a href="https://theconversation.com/lesquels-de-nos-organes-sont-les-plus-menaces-par-la-canicule-119563">impact considérable sur notre santé physique</a> et <a href="https://theconversation.com/comment-la-canicule-detraque-notre-sommeil-119253">mentale</a>. Les médecins les redoutent généralement, car les salles d’urgence se remplissent rapidement de patients souffrant de déshydratation, de délire et d’évanouissement…</p>
<p>Des études récentes indiquent en effet une <a href="https://journals.lww.com/md-journal/fulltext/2018/12280/the_impact_of_a_heat_wave_on_mortality_in_the.50.aspx">augmentation d’au moins 10 % des visites aux urgences des hôpitaux</a> les jours où les températures atteignent ou dépassent les 5 % supérieurs de la fourchette de températures normales. Et certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres.</p>
<h2>Les impacts en cas de troubles mentaux</h2>
<p>La hausse des températures peut aggraver les symptômes des personnes souffrant de troubles mentaux.</p>
<p>Les vagues de chaleur, ainsi que d’autres phénomènes météorologiques tels que les inondations et les incendies, ont été ainsi associées à une augmentation de leurs symptômes chez les personnes souffrant de dépression et chez celles touchées par des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7699288/">troubles anxieux généralisés</a> – un trouble où les personnes se sentent anxieuses la plupart du temps.</p>
<p>Il existe également un lien entre une température élevée quotidienne et le <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-01448-3.pdf">suicide et les tentatives de suicide</a>. On peut dire que, de façon générale, pour chaque augmentation de 1 °C de la température moyenne mensuelle, les <a href="https://reader.elsevier.com/reader/sd/pii/S0160412021001586?token=AF1C762449F57D572A59A53820D3F0C5524528E761DB7E26AFBA18F7008432A5910D76AAD1B3E0DB861E6F48DC5365A6&originRegion=eu-west-1&originCreation=20220711125358">décès liés à la santé mentale augmentent de 2,2 %</a>.</p>
<p>Les pics d’humidité relative entraînent également une <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-01448-3.pdf">augmentation des cas de suicide</a>.</p>
<p>L’humidité et la température – <a href="https://theconversation.com/avec-le-rechauffement-climatique-letre-humain-va-atteindre-ses-limites-de-resistance-a-la-chaleur-169882">qui augmentent toutes deux en raison du changement climatique provoqué par l’être humain</a> – ont toutes deux été associées à une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0213616321000173">augmentation des épisodes maniaques chez les personnes souffrant de troubles bipolaires</a>. Cette phase de la maladie est particulièrement dommageable et peut entraîner une hospitalisation pour psychose ainsi que des pensées suicidaires.</p>
<h2>Des conséquences sur les traitements</h2>
<p>D’autres problèmes sont posés par le fait que, en cas de fortes chaleurs, certains traitements peuvent avoir plusieurs types d’effets secondaires dramatiques :</p>
<ul>
<li><p>L’<a href="https://www.cambridge.org/core/journals/european-psychiatry/article/abs/psychotropic-drugs-use-and-risk-of-heatrelated-hospitalisation/54FC76B216AB19AEFFAE4F30A21E1D99">efficacité de médicaments importants utilisés pour traiter les maladies psychiatriques peut être réduite</a> ;</p></li>
<li><p>De nombreux médicaments augmentent le risque de décès lié à la chaleur. C’est par exemple le cas des antipsychotiques, qui peuvent <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/european-psychiatry/article/abs/psychotropic-drugs-use-and-risk-of-heatrelated-hospitalisation/54FC76B216AB19AEFFAE4F30A21E1D99">supprimer la sensation de soif et entraîner une déshydratation</a> ;</p></li>
<li><p>D’autres agissent différemment selon la température corporelle et le degré de déshydratation de la personne. C’est le cas du lithium, un <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/european-psychiatry/article/abs/psychotropic-drugs-use-and-risk-of-heatrelated-hospitalisation/54FC76B216AB19AEFFAE4F30A21E1D99">stabilisateur de l’humeur</a> très puissant et largement utilisé, fréquemment prescrit aux personnes souffrant de troubles bipolaires.</p></li>
</ul>
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<h2>Des conséquences même en l’absence de troubles mentaux antérieurs</h2>
<p>La chaleur peut également <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2015.00372/full">affecter la santé mentale et la capacité de réfléchir et de raisonner des personnes ne souffrant pas de troubles mentaux</a>.</p>
<p>Des recherches montrent clairement que les zones du cerveau responsables de l’<a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002605">élaboration et de la résolution de tâches cognitives complexes sont altérées par le stress thermique</a>.</p>
<p>Une étude menée auprès d’étudiants de Boston a révélé que ceux qui se trouvaient dans des pièces sans climatisation pendant une <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002605">vague de chaleur obtenaient des résultats inférieurs de 13 %</a> à ceux de leurs camarades lors de tests cognitifs. Ils avaient de surcroît un temps de réaction 13 % plus lent.</p>
<p>Ne pas avoir les idées claires à cause de la chaleur peut avoir d’autres conséquences. Il est alors plus probable que cela entraîne une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40641-019-00121-2">frustration, ce qui, à son tour, peut conduire à des comportements plus agressifs</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un conducteur fait un doigt par la fenêtre de sa voiture" src="https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473589/original/file-20220712-16-7vncyh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le sentiment de frustration causé par la chaleur peut conduire à plus d’agressivité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/attractive-woman-shows-obscene-gesture-car-648177022">Marian Weyo/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il existe des preuves solides établissant un lien entre la chaleur extrême et une augmentation des crimes violents : une simple augmentation d’un ou deux degrés Celsius de la température ambiante peut ainsi entraîner une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5533778/#CR10">hausse de 3 à 5 % des agressions</a>. Les conséquences ne sont pas anecdotiques.</p>
<p>D’ici 2090, on estime en l’occurrence que le changement climatique pourrait être à l’origine d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0095069613001289">augmentation de 5 % de toutes les catégories de crimes au niveau mondial</a>. Les raisons de cette hausse impliquent une interaction complexe de facteurs psychologiques, sociaux et biologiques. Par exemple, une substance chimique du cerveau appelée <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-06720-z.pdf">sérotonine qui, entre autres, permet de contrôler les niveaux d’agressivité, est affectée par des températures élevées</a>.</p>
<p>Les journées chaudes peuvent également <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667278222000050#bib0024">exacerber l’écoanxiété</a>. Au Royaume-Uni <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2542519621002783">60 % des jeunes interrogés ont déclaré être très inquiets ou extrêmement inquiets du changement climatique</a>. Plus de 45 % des personnes interrogées ont déclaré que leurs sentiments à l’égard du climat affectaient leur vie quotidienne.</p>
<p>Il y a encore beaucoup de choses que nous ne comprenons pas sur l’interaction complexe et les boucles de rétroaction entre le changement climatique et la santé mentale – en particulier les effets des vagues de chaleur. Mais ce que nous savons, c’est que nous jouons un jeu dangereux avec nous-mêmes et avec la planète… Les vagues de chaleur et leurs effets sur la santé mentale nous rappellent que la meilleure chose que nous puissions faire, pour nous-mêmes et les générations futures, est d’agir sur le changement climatique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188913/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’impression est connue : quand il fait chaud, on serait plus irritable, moins patient… La science le confirme, et prouve que les effets de la chaleur sur notre santé mentale sont bien plus graves.Laurence Wainwright, Departmental Lecturer and Course Director, Smith School of Enterprise and the Environment, University of OxfordEileen Neumann, Postdoctoral research associate, University of ZurichLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1868712022-07-14T21:05:55Z2022-07-14T21:05:55ZQu’est-ce qu’un coup de chaleur ? (Le reconnaître et s'en prémunir)<p>Une vague de chaleur arrive sur la France, avec des températures qui vont frôler les 40 °C. Les personnes âgées et les enfants peuvent y être particulièrement vulnérables… mais l’on oublie souvent que ces affections liées à la chaleur peuvent survenir même chez une personne jeune et en bonne santé, bien hydratée. Il suffit que la <a href="https://theconversation.com/avec-le-rechauffement-climatique-letre-humain-va-atteindre-ses-limites-de-resistance-a-la-chaleur-169882">chaleur soit plus forte que ce que le corps peut supporter</a>.</p>
<p>Le coup de chaleur (hyperthermie) survient lorsque la capacité de notre corps à dissiper la chaleur est dépassée et qu’il n’arrive plus à se refroidir. Cela peut être dû à un <a href="https://theconversation.com/canicule-sactiver-et-mourir-de-chaud-119629">exercice intense</a> comme à la température élevée de l’environnement, au fait d’être dans une ambiance chaude (voiture fermée, etc.)</p>
<p>Pour contrer la surchauffe, nous augmentons notre production de sueur et les petits vaisseaux sanguins de notre peau se dilatent pour faire remonter la chaleur à sa surface afin de l’évacuer. Une ambiance chaude et humide atténue toutefois son efficacité.</p>
<p>Que se passe-t-il dans notre corps lors d’une exposition prolongée à des températures trop élevées ?</p>
<p>Voici les étapes de ce « malaise thermique » et ce qui amplifie le risque d’en être la victime. Les crampes sont le premier stade de ce processus, suivies de l’épuisement et, finalement, survient le coup de chaleur proprement dit.</p>
<h2>Plusieurs niveaux de risque : léger, modéré, grave</h2>
<p>Le <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-climatiques/article/les-recommandations-pour-les-populations-en-cas-de-chaleur">coup de chaleur peut être grave</a> et entraîner des lésions cérébrales, un coma et la mort s’il n’est pas pris en charge. Il se caractérise par une augmentation considérablement la température du corps, qui peut alors s’élever à plus de 40 °C.</p>
<p>Les personnes atteintes d’hyperthermie deviennent peu à peu confuses, irritables voire agressives, ont des maux de tête, des vertiges et parfois des hallucinations. Leur peau est rougie, elles ressentent une soif intense. Elles peuvent avoir des difficultés à marcher, des tremblements musculaires, un pouls supérieur à 130 battements par minute, souffrir de nausées et respirer plus vite que la normale.</p>
<p>Cette constellation de symptômes peut donner l’impression d’une prise de cocaïne ou d’une réaction à un médicament comme l’aspirine, à une infection ou à un sevrage alcoolique.</p>
<p>Toute victime d’un coup de chaleur doit voir sa température corporelle abaissée immédiatement.</p>
<p>Pour ce faire, elle doit être placée à l’ombre, déshabillée, et de l’eau, chaude de préférence, peut être pulvérisée sur son corps avec un ventilateur dirigé vers elle. L’eau chaude est utilisée pour éviter de provoquer des frissons, qui sont un mécanisme utilisé par le corps pour générer de la chaleur.</p>
<p>Le refroidissement doit être interrompu lorsque la température corporelle revient autour de 39 °C afin d’éviter le passage à un état hypothermique, c’est-à-dire lorsque la température centrale du corps devient trop basse.</p>
<p>Presque toutes les personnes atteintes d’un coup de chaleur sont admises à l’hôpital <a href="http://www.nhs.uk/conditions/electrolytes/Pages/Introduction.aspx">pour surveiller les électrolytes dans le sang (sodium, potassium…)</a> et leur niveau d’hydratation, ainsi que pour évaluer d’autres risques de problèmes tels que le <a href="https://theconversation.com/lesquels-de-nos-organes-sont-les-plus-menaces-par-la-canicule-119563">dysfonctionnement d’un organe</a>.</p>
<p>Les autres atteintes dues à la chaleur ne sont pas aussi lourdes. Elles peuvent par exemple se limiter à des crampes de chaleur : des contractions douloureuses des grands groupes musculaires (jambes, ventre…) qui résultent de la pratique inappropriée d’une activité physique intense dans la chaleur et d’une hydratation insuffisante. Les crampes de chaleur n’affectent pas nos capacités mentales et ne font pas trop monter notre température.</p>
<p>La consommation d’alcool, la fatigue et le fait d’être malade avant de faire de l’exercice augmentent le risque de souffrir de crampes et d’autres effets secondaires liés à la chaleur.</p>
<p>Il n’y a pas de traitement spécifique, hormis se reposer, se mettre dans un environnement frais et revenir à une hydratation adéquate. Si la déshydratation était importante, le recours à une perfusion intraveineuse peut être envisagé.</p>
<p>L’épuisement dû à la chaleur est une atteinte modérée impliquant une déshydratation et une hyperthermie mineure : la température du corps s’élève, mais reste alors généralement inférieure à 40 °C. Les personnes touchées peuvent avoir des nausées, des vomissements, des vertiges, des signes de déshydratation – et de la fatigue, donc. Les fonctions cérébrales ne sont pas affectées.</p>
<p>Le traitement est le même que pour les crampes et le pronostic est excellent, car les principaux organes ne sont que très peu affectés. Il peut être préférable d’être examiné par un médecin, sans que cela n’entraîne forcément une hospitalisation.</p>
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<h2>Notre système de refroidissement</h2>
<p>Notre corps fonctionne au mieux avec une <a href="https://theconversation.com/37-c-ete-comme-hiver-lenigme-de-notre-temperature-corporelle-163149">température interne de 37 °C</a>. Pour maintenir une température constante, il utilise divers mécanismes homéostatiques. En cas de froid, les frissons lui servent ainsi à générer de la chaleur.</p>
<p>En cas de chaleur, notre corps doit dissiper cette dernière pour rester dans sa zone optimale de fonctionnement. Pour se refroidir, il utilise la respiration, la conduction, la convection, la transpiration et l’évaporation et le rayonnement. Selon la température, la zone du corps, si nous pratiquons de l’exercice ou pas, le taux de chaleur évacue varie beaucoup.</p>
<p>La conduction implique un contact physique direct avec des objets plus froids. Un exemple serait de prendre entre vos mains un verre d’eau glacée. Mais ce mécanisme ne vaut, en moyenne, que pour 2 à 3 % de la chaleur que nous perdons.</p>
<p>La convection, qui représente environ 10 à 20 % de la perte de chaleur, implique le transfert de la chaleur à l’air ou l’eau autour de nous. Notamment lorsque nous utilisons un ventilateur pour brasser de l’air frais, que nous prenons une douche froide, etc.</p>
<p>Environ 30 % de notre perte de chaleur provient de l’évaporation. Nous avons pour cela recours à la transpiration, mais d’autres animaux disposent de mécanismes différents : les chiens halètent, les kangourous lèchent leurs avant-bras, etc.</p>
<p>Le rayonnement est notre moyen le plus important de perdre de la chaleur. Il transfère la chaleur de notre corps sous forme d’ondes électromagnétiques et peut représenter environ 40 % de la perte de chaleur. Malheureusement, dès que la température ambiante dépasse 35 °C, le rayonnement perd en efficacité.</p>
<p>Tous ces mécanismes régulateurs peuvent être influencés par d’autres facteurs, notamment l’humidité, nos vêtements, notre hydratation, etc.</p>
<h2>Prévenir le coup de chaud</h2>
<p>Des recherches ont été menées sur les facteurs génétiques qui prédisposent certaines personnes à être plus vulnérables à la chaleur. Certains médicaments <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22231556">semblent aider à prévenir</a> ces effets lors de tests sur des animaux. Mais la clé pour lutter contre la hausse de la température et ses conséquences est la prévention.</p>
<p>Réduisez au minimum vos activités intenses par temps chaud, adaptez votre environnement en restant dans des bâtiments climatisés ou bien aérés, baissez stores et volets, utilisez des ventilateurs, hydratez-vous et limitez votre consommation d’alcool et de <a href="http://bit.ly/16NPnjX">médicaments</a>.</p>
<p>Les nourrissons, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques ne peuvent pas forcément moduler leur exposition à la chaleur aussi bien que les autres, et doivent prendre des précautions particulières.</p>
<p>Les athlètes <a href="http://www.nytimes.com/2013/05/12/sports/safety-advocates-focus-on-hidden-threats-to-young-athletes.html">doivent également être conscients des risques qu’ils encourent</a> à pratiquer dans ces conditions.</p>
<p>Par conséquent, les jours de grande chaleur, prenez une bouteille d’eau glacée, dirigez-vous vers un environnement intérieur frais et optez pour une activité calme si vous voulez éviter d’être victime de la chaleur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186871/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Brian Drummond ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment notre corps réagit-il en cas de forte chaleur ? Comment se rafraîchit-il ? Et surtout, quand dépassons-nous ses capacités de refroidissement ? Le coup de chaud ne concerne pas que les autres…Brian Drummond, Assistant Professor of Emergency Medicine, University of ArizonaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1834142022-06-17T13:35:57Z2022-06-17T13:35:57ZPourquoi fait-il froid la nuit dans les déserts chauds ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/468990/original/file-20220615-14-1zff63.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5661%2C4000&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Campement dans le désert du Sahara.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/684FPBKzX-M">Tomáš Malík/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les déserts comme le Sahara, le Kalahari, ou le grand désert australien sont le lieu de très fortes amplitudes thermiques sur une journée.</p>
<p>Alors que la température peut atteindre une cinquantaine de degrés sous un soleil de plomb du Sahara dans une ville comme Djanet en Algérie, celle-ci peut descendre d’une trentaine de degrés la nuit suivante.</p>
<p>Comment se fait-il qu’en certains lieux, comme dans les îles au milieu de l’océan la température ne varie quasiment pas entre le jour et la nuit alors qu’en d’autres comme les déserts la variation de température est si forte ?</p>
<h2>Conduction, convection et rayonnement</h2>
<p>Les transferts de chaleur s’effectuent selon trois modalités. La conduction, qui correspond à un transport de chaleur dans la matière des hautes vers les basses températures, la convection, qui est un transfert de chaleur associé à un mouvement de fluide et le rayonnement qui correspond à un transfert d’ondes électromagnétiques entre corps chauffés. Pour prendre en compte les échanges thermiques, il convient de prendre en compte également l’inertie thermique qui désigne la capacité d’un matériau à emmagasiner de la chaleur.</p>
<p>Le bilan thermique dans les déserts est fortement dominé par les échanges radiatifs (liés au rayonnement thermique). Sur Terre, la principale source d’énergie provient du soleil qui est un corps dont la température de surface est de 6000 °C et qui émet du rayonnement dans le domaine visible.</p>
<p>De jour, en l’absence de couverture nuageuse comme sur n’importe quel point à la surface de la planète, le sol du désert reçoit et absorbe le rayonnement thermique du soleil. Comme tout corps chauffé à des températures ordinaires, le sol chauffé émet lui principalement dans le domaine infrarouge et rayonne vers l’atmosphère terrestre et le ciel. Or, si l’atmosphère terrestre est bien transparente pour le rayonnement visible, tel n’est pas le cas pour le rayonnement infrarouge. L’atmosphère empêche en effet une partie de ce rayonnement de repartir vers l’espace. C’est le fameux effet de serre qui permet à notre planète d’avoir une température moyenne de 15 °C, qui serait de -18 °C en l’absence de ce phénomène. De jour, l’absorption du rayonnement solaire est bien supérieure à l’émission du sol à travers l’atmosphère si bien qu’au final le sol chauffe sur une faible épaisseur dizaine de centimètres. La nuit, l’absorption du rayonnement solaire n’a plus lieu et le sol se refroidit vers le ciel à travers l’atmosphère.</p>
<h2>Une atmosphère plus ou moins transparente</h2>
<p>La transparence de l’atmosphère dépend de plusieurs paramètres. Elle dépend du rayonnement considéré (visible, infrarouge), de la concentration en certains gaz à effets de Serre (CO<sub>2</sub>, Méthane, Vapeur d’eau), de son épaisseur et de la couverture nuageuse. Ainsi, dans l’infrarouge, plus l’atmosphère est sèche et plus l’atmosphère est fine (par exemple en altitude) plus elle sera transparente. Au contraire, une atmosphère contenant des nuages est pratiquement opaque au rayonnement infrarouge. Dans un désert l’humidité peut descendre à des niveaux très bas l’été jusqu’à quelques pourcents d’humidité relative. Dans ces conditions l’atmosphère est quasiment transparente si bien que le sol échange directement avec l’espace dont la température n’est que de quelques degrés au-dessus du zéro absolu. Les conditions sont alors réunies pour un refroidissement radiatif très important.</p>
<p>D’autres paramètres peuvent encore augmenter ce phénomène. Tout d’abord, l’émission thermique du sol dépend de sa composition. Le sable et la neige émettent ainsi beaucoup plus que la végétation notamment celle constituant les plaines et les forêts. D’autre part, la présence de vent accroît les échanges entre l’air et le sol.</p>
<p>Nous sommes alors en présence d’un transfert thermique par convection. Si au cours de la nuit l’air devient plus chaud que le sol, celui-ci réchauffera le sol et réduira donc son refroidissement. Au contraire, l’absence de vent réduira les transferts par convection et conduira à des conditions très favorables au refroidissement.</p>
<p>De plus, le sable constituant le sol du désert a une inertie thermique relativement faible. Autrement dit, la quantité de chaleur stockée par le sable chauffé à une certaine température est plus faible que pour un matériau comme de la terre, humide, du béton ou de l’eau. Pour un refroidissement donné, plus la quantité de chaleur stockée est faible et plus l’évacuation de la chaleur s’effectuera rapidement conduisant à une baisse brutale de la température durant la nuit. Ainsi, la faible humidité des déserts, leur absence de couverture nuageuse et leur constitution d’un matériau très émissif et présentant une faible inertie thermique sont responsables du fort refroidissement nocturne et de la grande amplitude thermique observée dans ces espaces.</p>
<p>Les considérations précédentes permettent également d’expliquer d’autres situations ou l’amplitude thermique journalière peut être très importante. Ainsi le village de Mouthe (Doubs) dans le massif du Jura détient le record de froid (-36,7 °C) et d’amplitude thermique journalière en France (37,8 °C). Sa situation l’hiver sur un plateau enneigé en fait un site qui émet fortement vers l’espace quand l’humidité est très faible. Cette configuration de plateau est également plus favorable à l’absence de vent contrairement à celle de communes de montagnes où des différences de température à des altitudes variables déclenchent des courants de convection atténuant le refroidissement du sol.</p>
<p>A contrario les îles comme Ouessant qui connaissent moins d’un jour de gel par sont connues pour être des lieux de faible amplitude thermique. Ouessant a un climat très venteux, nuageux et est située au milieu de la mer. L’océan dont la température est uniforme sur une grande épaisseur possède une forte inertie thermique. Sa température ne varie pratiquement pas à l’échelle de la journée. Au final, les conditions pour un fort refroidissement nocturne (absence de vent, nuit claire, faible humidité et faible inertie thermique) ne sont quasiment jamais réunies. Tous ces éléments qui limitent le refroidissement radiatif font que la température dans les îles et plus généralement en bord de mer varie beaucoup moins à l’échelle de la journée qu’à l’intérieur des terres.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183414/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Karl Joulain a reçu des financements de la fondation de recherche pour l'aéronautique et l'espace. </span></em></p>Des variations de température extrêmes dans les déserts et très faibles sur certaines îles. Explications physiques.Karl Joulain, Professeur de physique et d'énergétique, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1807322022-05-26T19:03:04Z2022-05-26T19:03:04ZIrrigation : l’Inde en quête d’une « révolution bleue »<p>L’Inde a connu ces derniers mois une <a href="https://theconversation.com/inde-et-pakistan-se-preparer-a-des-canicules-encore-plus-intenses-183373">vague de chaleur</a> sans précédent, accompagnée de sécheresses. La problématique de l’eau est centrale dans cet État de 1,3 milliard d’habitants, où l’on cherche depuis longtemps des solutions pour pallier des manques en eau qui vont aller croissant : les derniers rapports du GIEC indiquent <a href="https://www.business-standard.com/article/economy-policy/india-most-vulnerable-on-all-fronts-of-climate-change-impact-ipcc-report-122022801313_1.html">que 40 % de la population indienne fera face à des pénuries de cette ressource d’ici 2050</a>.</p>
<p>Dès les années 1960, dans le sillage de la fameuse <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/revolution-verte">« révolution verte »</a>, le deuxième pays le plus peuplé de la planète a engagé une politique originale d’irrigation souterraine qu’il est aujourd’hui nécessaire de repenser.</p>
<p>Après les crises alimentaires des années 1950 et 1960, l’Inde a mené des programmes agricoles très volontariste de façon à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Les gains de productivité acquis au moyen de la modernisation des techniques agricoles et de l’utilisation d’intrants (engrais, pesticides et irrigation) ont constitué le fer de lance d’une révolution verte qui a permis à l’agriculture indienne de répondre à une demande alimentaire en pleine explosion.</p>
<p>Cette extraordinaire adaptation a cependant un prix. Dans un pays où la disponibilité en eau est extrêmement variable dans l’espace et dans le temps, l’irrigation a constitué une des priorités des politiques d’aide aux agriculteurs.</p>
<h2>L’eau souterraine, une ressource sûre</h2>
<p>On a assisté en Inde à une explosion de l’irrigation par les eaux souterraines qui ont pris le pas sur les eaux de surface. L’Inde est désormais le plus grand consommateur d’eau souterraine avec une <a href="https://www.fao.org/aquastat/en/">extraction de 250 milliards de mètres cube</a>, soit davantage que la Chine et les États-Unis réunis.</p>
<p>À cela, plusieurs raisons. Cette irrigation est généralement plus productive que celle par les eaux de surface, parce que les eaux souterraines sont pompées près du lieu d’utilisation et les pertes dues au transport sont dès lors très faibles. L’eau souterraine constitue par ailleurs une ressource plus sûre, car elle est moins sensible aux aléas climatiques.</p>
<p>Enfin, les problèmes de concurrences entre utilisateurs de l’eau souterraine se posent de façon moins évidente et directe que pour les eaux issues des réseaux de canaux, car sous terre, l’eau est invisible et les relations entre forages méconnues.</p>
<p>Faciliter l’accès à cette ressource est donc devenu un outil de développement rural et de lutte contre la pauvreté.</p>
<p>Les politiques d’électrification des zones rurales et de soutien aux forages ont conduit à la multiplication des pompages pour l’irrigation des cultures. Résultat, une hyper-exploitation décentralisée de la ressource en eau souterraine qui la rend d’autant plus difficilement régulable.</p>
<p>Environ 360 millions de familles indiennes dépendent directement de leur pompe et de leur forage. On estime que l’agriculture contribue aujourd’hui <a href="https://www.downtoearth.org.in/news/agriculture/agri-share-in-gdp-hit-20-after-17-years-economic-survey-75271">à environ 20 % du PIB de l’Inde</a>, l’irrigation par les eaux souterraines contribue à plus de 10 % du PIB du pays.</p>
<h2>Une ressource en voie d’épuisement</h2>
<p>Depuis une dizaine d’années, l’infiltration des eaux de pluie pendant la mousson ne suffit plus à reconstituer le stock d’eau des nappes aquifères constituées de roches perméables au sein desquelles l’eau souterraine circule. La surexploitation de cette ressource se traduit par une baisse chronique du niveau des nappes dans de nombreuses régions du sous-continent indien.</p>
<p>Les anciens puits ouverts sont secs, les sources tarissent, les rivières s’assèchent et les rares cours d’eau, pollués, s’infiltrent dans les nappes qu’ils polluent à leur tour. Les études détaillées, comme <a href="https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.727.4099&rep=rep1&type=pdf">celles menées</a> au Centre franco-indien de recherche sur les eaux souterraines <a href="https://hal-brgm.archives-ouvertes.fr/hal-02176157/document">à Hyderabad</a>, montrent que la baisse du niveau des nappes est due à l’intensité des pompages et non à une mousson déficitaire.</p>
<p>Les canicules récentes augmentent aussi les besoins en eau des populations et des plantes, ce qui accroît encore les prélèvements dans les nappes souterraines, <a href="https://www.iasexpress.net/groundwater-depletion-in-india-upsc/">dans un contexte de changement climatique et de pression démographique grandissante</a>.</p>
<p>Les simulations indiquent que les taux de prélèvements actuels ne peuvent perdurer et que les limites des réserves souterraines seront, à ce rythme, atteintes dans quelques années. Les réservoirs souterrains se vident inexorablement.</p>
<p>Les conséquences de la baisse du niveau des nappes sont non seulement environnementales mais également sociales et économiques. Elles posent des problèmes d’équité : de nombreux petits agriculteurs n’ont plus accès à l’eau car leur forage s’est asséché et ils n’ont pas les moyens d’en réaliser de plus profonds.</p>
<p>Il en va de même des pompes à main utilisées pour l’alimentation en eau potable de nombreux villages.</p>
<p>D’un point de vue énergétique, la demande en électricité, déjà difficilement satisfaite, s’accroît avec la profondeur de l’eau extraite. Les coupures d’électricité se multiplient.</p>
<p>Cette crise de l’eau souterraine s’accompagne d’une crise énergétique résultant des politiques d’aides aux agriculteurs et de l’augmentation de la demande en électricité pour pomper plus d’eau et pour <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20220430-en-inde-et-au-pakistan-une-canicule-record-et-des-coupures-d-%C3%A9lectricit%C3%A9">alimenter la climatisation dans les villes</a>.</p>
<p>Dans plusieurs États, l’électricité est gratuite pour les agriculteurs. Le plus souvent, les pompes sont activées en permanence. Les compagnies d’électricité sont, sinon exsangues, extrêmement fragilisées par un secteur qui consomme un quart de l’électricité produite et coûte aux compagnies d’électricité plus de 5 milliards de dollars par an (voir <a href="https://www.indiaspend.com/how-agriculture-consumes-23-of-indias-electricity-picks-7-of-tab-96206/">ici</a> et <a href="https://www.ceicdata.com/en/india/electricity-consumption-utilities/electricity-consumption-utilities-agriculture">ici</a>).</p>
<h2>Une gestion de l’offre et de la demande</h2>
<p>La crise des eaux souterraines résulte de la nature facilement accessible de la ressource. Auparavant, les programmes d’irrigation de surface ou d’approvisionnement en eau potable associaient les autorités gouvernementales qui participaient à leur conception, à leur financement et à leur mise en œuvre.</p>
<p>En outre, l’exploitation des eaux de surface nécessitait la réalisation d’aménagements concentrés captant un cours d’eau ou un lac bien définis avec des répercussions évidentes sur les utilisateurs à l’aval. Des règles de partage, d’organisation et d’entretien en ont logiquement découlé au fil des années.</p>
<p>Actuellement, l’exploitation des eaux souterraines est menée individuellement par des agriculteurs qui ont décidé de forer des puits et de les équiper avec des pompes ; cette exploitation est beaucoup moins structurée et s’organise généralement en dehors de toute gestion institutionnalisée.</p>
<p>On a longtemps pensé que répondre à la demande passait nécessairement par l’accroissement de l’offre, donc par des transferts massifs dès lors que les ressources locales se trouvaient surexploitées. Il s’agissait, en bref, d’aller chercher l’eau où elle était et de l’acheminer vers les zones insuffisamment pourvues.</p>
<p>Mais ces grands projets ont par le passé montré les <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2005/03/LASSERRE/11977">multiples coûts</a> économiques, écologiques et humains qu’ils engendraient.</p>
<p>Ils apparaissent comme des actes de promotions majeures lors de campagnes électorales mais se traduisent surtout comme des actions désespérées et « court-termistes » face à la crise de l’eau, comme le projet <a href="https://www.kaleshwaramproject.com/">Kaleshwaram</a>.</p>
<p>Ce projet pharaonique, lancé dans l’État du <a href="https://www.france24.com/fr/20091210-le-telangana-doit-devenir-le-29e-tat-pays">Télengana</a> (centre) doit être achevé en 2026 et constituera l’un des plus grands projets d’irrigation au monde. Il s’agit de prélever de l’eau dans la rivière Godavari par pompage, sur plus de 300 km, afin d’alimenter plus de 20 barrages. Ceux-ci irrigueront le centre de l’État et approvisionneront la ville d’Hyderabad en eau potable. Cette infrastructure gigantesque a nécessité la délocalisation de milliers de personnes, pour un coût total estimé à 12 milliards d’euros.</p>
<p>Ce projet est problématique, d’une part parce que le coût énergétique est énorme et d’autre part parcequ’il pose le problème du maintien du débit de la rivière en aval pour l’État de l’Andhra Pradesh voisin. Il a été farouchement défendu par Kalvakuntla Chandrashekhar Rao, chef du gouvernement du Télangana.</p>
<h2>Repenser la politique de l’eau</h2>
<p>Une autre façon d’accroître l’offre consiste, pour les eaux souterraines, à augmenter la recharge naturelle des nappes au moyen de dispositifs de recharge artificielle. Reposant sur l’idée simple de retenir l’eau de pluie durant la mousson pour l’utiliser en période sèche, ces techniques a priori pleines de bon sens n’en montrent pas moins des rapports coût-efficacité très élevés et une efficacité très localisée.</p>
<p>Ainsi, la plupart des retenues d’eau présentes en Inde, destinées à recharger les nappes aquifères, nécessitent des travaux d’entretien réguliers pour maintenir leur efficacité et éviter qu’elles deviennent des bassins d’évaporation sous le soleil généreux du Sud du pays.</p>
<p>Dès lors, ne faudrait-il pas repenser la politique de l’eau en termes de limitation de la demande plutôt que d’augmentation de l’offre ?</p>
<p>Une solution plus globale pourrait aussi consister en un changement de politique agricole : produire du riz ou des cultures consommatrices en eau uniquement dans les régions du pays où l’eau est disponible.</p>
<p>Actuellement cette céréale est parfois cultivée de manière intensive dans des zones au départ peu dotées en eau, par exemple dans des États du sud de l’Inde, comme le Tamil Nadu et l’Andhra Pradesh.</p>
<h2>Des exportations qui questionnent</h2>
<p>Si l’on observe les échanges globaux, l’Inde constitue le troisième plus gros exportateur mondial d’<a href="https://journals.openedition.org/geocarrefour/1259">eau virtuelle</a>, cette eau nécessaire à la production des biens d’exportation (par exemple, il faut 5 000 litres d’eau pour produire 1 kg de riz).</p>
<p>Cette politique économique d’exportation de grains produits à grands renforts d’eau souterraine questionne. Dans le contexte actuel, est-il envisageable que l’Inde continue à exporter ses excédents en subventionnant le prix du riz à l’exportation à cause de cours mondiaux trop bas ?</p>
<p>Le secteur agricole est au bord de l’implosion. La crise s’est accentuée en 2019, juste avant le début de la pandémie, avec un amendement du gouvernement nationaliste hindou pour réorganiser l’établissement des prix des productions agricoles basé sur une extra-libéralisation.</p>
<p>Cet amendement devait notamment permettre aux agriculteurs de vendre leurs récoltes en dehors des marchés réglementés par l’État, aux acheteurs de leur choix. La majorité des petits paysans craignent de se retrouver à la merci des grands exploitants agricoles. Leurs craintes sont amplifiées par le fait que ces lois peuvent ne plus garantir les prix minimums fixés par l’État pour certaines denrées (le riz, le blé).</p>
<p>Ces nouvelles réformes, favorisant les grands producteurs plutôt que les exploitations familiales ou vivrières, ont généré les plus grandes manifestations de l’histoire, <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/11/en-inde-les-agriculteurs-quittent-new-delhi-au-terme-d-un-an-de-manifestations-contre-la-reforme-agraire-de-narendra-modi_6105682_3210.html">forçant le gouvernement à faire machine arrière</a>.</p>
<p>C’est pourquoi les mesures indirectes destinées à réguler la demande d’eau souterraine doivent faire l’objet d’une grande prudence tant d’un point de vue de leurs répercussions économiques et sociales que de leurs répercussions environnementales.</p>
<p>Le Professeur Swaminathan, père de la révolution verte, reconnaît dans ses prises de position qu’une <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2011/10/24/monkombu-sambasivan-swaminathan-chaque-pays-devrait-se-doter-d-une-strategie-de-securite-alimentaire_1592965_3244.html">révolution verte durable est maintenant nécessaire</a>, prenant en compte les contraintes de l’environnement, des ressources naturelles et de la santé. Après sa révolution verte, l’Inde réussira-t-elle le difficile pari de la révolution bleue ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180732/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adrien SELLES a participé à des recherches en partie financées par le BRGM (Bureau de Recherche Geologiques et Minières, France) en travaillant comme Hydrogéologue dans le centre franco-indien de recherche sur l'eau souterraine basé à Hyderabad (Etat du Telangana) entre 2015 et 2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Christophe Maréchal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Inde est le plus grand consommateur d’eau souterraine au monde. Mais pour faire face aux pénuries d’eau, cette politique originale d’irrigation doit aujourd’hui être repensée.Jean-Christophe Maréchal, Directeur de recherche - Hydrogéologue, BRGMAdrien Selles, Hydrogéologue BRGM Montpellier, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1833732022-05-20T16:48:28Z2022-05-20T16:48:28ZInde et Pakistan : se préparer à des canicules encore plus intenses<p>Une vague de chaleur frappe l’Inde et le Pakistan – l’une des régions les plus densément peuplées du monde – depuis avril, obligeant plus d’un milliard de personnes à affronter des températures bien supérieures à 40 °C. Ces températures ne constituent pas encore des records historiques pour ces régions, mais la période la plus chaude de l’année reste à venir.</p>
<p>Alors que la canicule met déjà en <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/inde-pakistan-temperature-atteint-deja-le-seuil-fatal-a-lhomme_fr_627bc8ade4b03ca8364a11fc">danger la vie des populations</a>, et provoque de<a href="https://www.humanite.fr/monde/inde/inde-les-temperatures-extremes-pesent-sur-les-recoltes-748866">mauvaises récoltes</a> et des <a href="https://www.bfmtv.com/international/nous-vivons-en-enfer-l-inde-et-le-pakistan-confrontees-a-une-canicule-extreme-manquent-d-eau-et-d-electricite_AN-202205170579.html">pannes d’électricité</a>, la situation pourrait s’aggraver : si l’on se base sur ce qui se passe <a href="https://theconversation.com/ce-que-nous-reserve-le-climat-pour-les-100-prochaines-annees-52278">ailleurs</a>, l’Inde est vouée à connaître une canicule encore plus intense.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1525541330755145729"}"></div></p>
<p>Notre équipe de climatologues s’est récemment intéressée aux vagues de chaleur les plus extrêmes dans le monde au cours des 60 dernières années, mais en prenant en considération les écarts par rapport aux températures attendues dans cette zone, plutôt que la simple température maximale. L’Inde et le Pakistan ne figurent pas dans nos résultats, publiés dans la revue <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abm6860"><em>Science Advances</em></a>. Bien que les températures et les niveaux de stress thermique montent régulièrement à des niveaux très élevés en valeurs absolues, les vagues de chaleur en Inde et au Pakistan n’ont pas été si extrêmes jusqu’à présent si l’on compare aux normales régionales.</p>
<p>De fait, la région se caractérise par un historique d’extrêmes météorologiques plutôt modeste. Dans les <a href="https://www.ecmwf.int/en/forecasts/datasets/reanalysis-datasets/era5">données que nous avons examinées</a>, nous n’avons trouvé aucune vague de chaleur en Inde ou au Pakistan s’écartant de plus de trois <a href="http://files.meteofrance.com/files/glossaire/FR/glossaire/designation/1234_initie_view.html">écarts types</a> par rapport à la moyenne, alors que statistiquement, un tel événement serait attendu une fois tous les 30 ans environ. La vague de chaleur la plus sévère que nous ayons identifiée, en Asie du Sud-Est en 1998, s’éloignait à cinq niveaux de la moyenne. Une vague de chaleur aussi extraordinaire en Inde aujourd’hui équivaudrait à atteindre des températures de plus de 50 °C sur de larges pans du pays – de telles températures n’ont été observées qu’en <a href="https://gizmodo.com/it-hit-123-degrees-fahrenheit-in-india-this-weekend-1835203136">points localisés</a> jusqu’à présent.</p>
<p>Nos travaux suggèrent donc que l’Inde pourrait connaître des chaleurs encore plus extrêmes. Considérant que la répartition statistique des températures maximales quotidiennes est globalement la même dans le monde entier, il est probable, toujours d’un point de vue statistique, qu’une vague de chaleur record frappe l’Inde à un moment donné ; la région n’a pas encore eu l’occasion de s’adapter à de telles températures et serait donc particulièrement vulnérable.</p>
<h2>Récoltes et santé</h2>
<p>Bien que la vague de chaleur actuelle n’ait pas battu de records historiques, elle reste exceptionnelle. De nombreuses régions de l’Inde ont connu leur <a href="http://french.peopledaily.com.cn/International/n3/2022/0501/c31356-10091567.html">avril le plus chaud jamais enregistré</a>. Une telle chaleur si tôt dans l’année aura des effets dévastateurs sur les cultures dans une région où beaucoup dépendent de la récolte de blé pour se nourrir et gagner leur vie. Habituellement, les chaleurs extrêmes dans cette région sont suivies de près par des moussons rafraîchissantes – mais celles-ci n’arriveront pas avant plusieurs mois.</p>
<p>Les cultures ne seront pas les seules à être affectées par la canicule, qui touche aussi les infrastructures, les écosystèmes et la santé humaine. Les répercussions sur la santé humaine sont complexes, car des facteurs météorologiques (chaleur et humidité) et socio-économiques (mode de vie et capacité d’adaptation) entrent en jeu. Nous savons que le stress thermique peut entraîner des problèmes de santé à long terme tels que des maladies cardiovasculaires, une insuffisance rénale, une détresse respiratoire et une insuffisance hépatique, mais nous ne pourrons pas savoir exactement combien de personnes mourront pendant cette vague de chaleur en raison d’un <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-021-01058-x">manque de données sanitaires</a> de la part de l’Inde et du Pakistan.</p>
<h2>Ce que l’avenir nous réserve</h2>
<p>Pour envisager l’impact de la chaleur extrême au cours des prochaines décennies, nous devons nous pencher à la fois sur le changement climatique et sur la croissance démographique, car c’est la combinaison des deux qui amplifiera les impacts des canicules sur la santé humaine dans le sous-continent indien.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="carte du monde avec certains pays ombragés en jaune" src="https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les zones d’augmentation importante de la population au cours des 50 prochaines années (cercles rouges), coïncident toutes avec des endroits où il n’existe aucune donnée quotidienne sur la mortalité (jaune).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/s41558-021-01049-y/figures/1">Mitchell, _Nature Climate Change_ (2021)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Dans notre nouvelle étude, nous avons cherché à comprendre comment les extrêmes devraient évoluer à l’avenir. En utilisant un vaste ensemble de simulations de modèles climatiques, nous avons obtenu beaucoup plus de données que celles disponibles en réalité. Nous avons constaté que le réchauffement climatique global sous-jacent n’affectait pas la répartition statistique des extrêmes. Dans les modèles climatiques, les extrêmes de température quotidiens augmentent de la même façon que le climat moyen. Le <a href="https://www.ipcc.ch/assessment-report/ar6/">dernier rapport du GIEC</a> indique que les vagues de chaleur deviendront plus intenses et plus fréquentes en Asie du Sud au cours de ce siècle. Nos résultats le confirment.</p>
<p>La vague de chaleur actuelle touche plus de 1,5 milliard de personnes tandis que la population du sous-continent indien devrait encore <a href="https://www.cger.nies.go.jp/gcp/population-and-gdp.html">s’accroître de 30 %</a> au cours des 50 prochaines années. Cela signifie que des centaines de millions de personnes supplémentaires naîtront dans une région amenée à connaître des vagues de chaleur plus fréquentes et plus graves. Étant donné qu’un nombre encore plus important de personnes sera affecté par des canicules encore plus intenses, les mesures de réponse au changement climatique doivent être accélérées – de toute urgence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183373/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vikki Thompson reçoit des fonds du Natural Environment Research Council (NERC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alan Thomas Kennedy-Asser reçoit des fonds du Natural Environment Research Council (NERC).</span></em></p>La vague de chaleur actuelle n’est pas anormale par rapport aux températures usuelles. Les suivantes risquent d’être plus intenses encore, alors que les populations sont déjà vulnérables.Vikki Thompson, Senior Research Associate in Geographical Sciences, University of BristolAlan Thomas Kennedy-Asser, Research Associate in Climate Science, University of BristolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1663272021-08-26T17:09:49Z2021-08-26T17:09:49ZChangements climatiques : à quoi s’attendre pour le sud du Québec ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/417692/original/file-20210824-16663-1n7i0wk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C31%2C2977%2C2092&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Makai'ryn Terrio, six ans, au centre, se rafraîchit avec ses frères alors qu'ils jouent dans des fontaines d'eau à Montréal. La ville a connu son mois d'août le plus chaud jamais enregistré.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)</a> vient de rendre public le premier rapport <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/">du sixième cycle d’évaluation</a>, le premier des trois attendus d’ici 2022.</p>
<p>Ce volume de près de 4000 pages couvre l’ensemble des observations du climat en évolution au cours des 150 dernières années ainsi que des projections climatiques jusqu’à la fin du présent siècle. Il est publié 31 années après le <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar1/syr/">premier</a> et huit ans après le <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar5/syr/">cinquième</a>.</p>
<p>Globalement, ce dernier rapport n’apporte pas de nouvelles révélations sur l’évolution du climat et l’impact de l’activité humaine sur ce dernier. Il permet toutefois de raffiner la compréhension du rôle humain sur le climat et de restreindre l’incertitude sur les impacts futurs anticipés. Le raffinement des méthodes d’observations et de la précision des modèles climatiques permettent donc de mieux cadrer les impacts futurs sur le sud du Québec. Et ils seront costauds.</p>
<p>Nous sommes professeurs en génie de la construction et membres du <a href="https://www.etsmtl.ca/unites-de-recherche/hc3/accueil">groupe de recherche HC3 – Hydrologie Climat & Changements Climatiques</a> à l’École de technologie supérieure de Montréal. Ce groupe se spécialise notamment dans l’étude de l’hydrologie, du climat et de l’impact des changements climatiques sur les ressources en eau.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/climat-le-rapport-du-giec-est-bouleversant-il-est-maintenant-temps-dagir-165851">Climat : le rapport du GIEC est bouleversant. Il est maintenant temps d’agir</a>
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<h2>Le sud du Québec se réchauffe deux fois plus vite que la planète</h2>
<p>À l’échelle globale, l’augmentation actuelle de la température par rapport à l’ère préindustrielle est de 1,1 C. En ne prenant pas en compte le scénario d’émissions de gaz à effet de serre le plus pessimiste (maintenant considéré comme improbable par la majorité des experts), les projections climatiques indiquent une augmentation de température qui devrait varier entre 2 et 3,5 C d’ici la fin du présent siècle.</p>
<p>Par contre, ce réchauffement n’est pas spatialement uniforme. De manière générale, le sud du Québec se réchauffe deux fois plus vite que la planète (trois fois plus vite pour le nord du Québec), principalement à cause de la <a href="https://archipel.uqam.ca/8978/1/M14446.pdf">rétroaction positive liée à la perte progressive du couvert neigeux</a>. Cette rétroaction fera en sorte, entre autres, que le rayonnement solaire, qui est normalement réfléchi par la neige, sera plutôt absorbé. Un réchauffement annuel moyen de 3 à 6 C doit donc être anticipé sur le sud du Québec d’ici à la fin du siècle.</p>
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<img alt="Des gens pataugent dans une piscine" src="https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des baigneurs s’agitent dans la piscine à vagues pour du Super Aqua Club de Pointe-Calumet. La région de Montréal a connu son mois d’août le plus chaud jamais enregistré.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Le réchauffement n’est pas distribué également au travers des saisons, l’hiver se réchauffant significativement plus que l’été. Ceci signifie des hivers futurs de 4,5 à 8 C plus chaud, avec une baisse potentiellement importante du couvert neigeux et des inondations printanières liées à la fonte de ce dernier.</p>
<h2>Des événements extrêmes en changement</h2>
<p>L’augmentation des températures a plusieurs autres effets pervers, notamment en ce qui concerne les changements dans les événements extrêmes. Les preuves qu’ils sont dus à l’activité humaine se sont renforcées depuis le cinquième rapport. Il est maintenant bien établi que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ont entraîné, globalement, une augmentation de la fréquence et/ou de l’intensité de certains phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes depuis l’ère préindustrielle.</p>
<p>Les projections futures, à l’échelle globale, suivent cette tendance. À l’échelle régionale, l’ampleur des changements varie en raison notamment de l’effet local de facteurs liés aux changements d’occupation du territoire (urbanisation, augmentation des superficies occupées par les terres agricoles, par exemple), aux émissions d’aérosols dans l’atmosphère (via l’activité industrielle) et à des mécanismes de rétroaction tels que celui mentionné précédemment.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cinq-points-a-surveiller-dans-le-rapport-du-giec-sur-le-climat-165655">Cinq points à surveiller dans le rapport du GIEC sur le climat</a>
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<p>Peu de détails à l’échelle régionale sont donnés dans le rapport en ce qui a trait aux vagues de chaleur. Ceci dit, pour l’Amérique du Nord, une augmentation de leur fréquence et de leur intensité est prévue d’ici la fin du siècle. Toutes les régions nord-américaines connaîtront également augmentation de l’intensité et de la fréquence des extrêmes chauds ainsi qu’une diminution de la fréquence et de l’intensité des extrêmes froids.</p>
<h2>Pluies et inondations</h2>
<p>En ce qui concerne les <a href="https://www.researchgate.net/profile/Jean%E2%80%91Luc-Martel-2/publication/353669373_Climate_Change_and_Rainfall_Intensity-Duration-Frequency_Curves_Overview_of_Science_and_Guidelines_for_Adaptation/links/610978031e95fe241aac0e26/Climate-Change-and-Rainfall-Intensity-Duration-Frequency-Curves-Overview-of-Science-and-Guidelines-for-Adaptation.pdf">extrêmes de pluie</a>, les augmentations prévues dépendent de différents facteurs, dont la durée des événements de pluie et leur rareté.</p>
<p>Le consensus qui se dégage est que les extrêmes de pluie de courte durée et de récurrence faible (ceux qui se produisent tous les 10 ans ou plus) vont augmenter très fortement comparativement aux pluies journalières fréquentes. De nombreuses infrastructures de gestion de l’eau sont basées sur de telles quantités de pluie. Ces infrastructures ont une longue durée de vie et seront mal adaptées à ces augmentations. Cela pourrait être un des impacts les plus importants d’un climat plus chaud.</p>
<p>On peut donc prévoir que les <a href="https://meetingorganizer.copernicus.org/EGU21/EGU21-10249.html">inondations</a> liées à la fonte printanière de la neige seront en baisse, en raison de la baisse du couvert neigeux. Mais il y aura une augmentation potentiellement forte des inondations causées par les pluies extrêmes d’été et d’automne (‘flash floods’). Ces dernières sont particulièrement susceptibles d’affecter les petits bassins ruraux de même que les zones urbanisées.</p>
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<img alt="Deux hommes à bord d’un canot pneumatique descendent une rue inondée" src="https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des pompiers se frayent un chemin dans une rue inondée, le 3 mai 2019, à Ste-Marthe-sur-la-Lac. Avec les changements climatiques, il y aura une augmentation potentiellement forte des inondations causées par les pluies extrêmes d’été et d’automne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>D’autres indicateurs d’impacts, aussi analysés par le GIEC, s’intéressent notamment aux chaleurs extrêmes, aux sécheresses et aux conditions hivernales. Avec ces indicateurs, on peut tirer un certain nombre de conclusions pour le sud du Québec. D’ici la fin du siècle, la température journalière maximale pourrait dépasser les 35 C de façon régulière (près de sept jours) au cours des mois d’été. En ce qui a trait aux sécheresses, seul le scénario le plus pessimiste, en matière d’augmentation des températures, pointe vers une augmentation de leur sévérité. Pour les autres scénarios, aucun signal clair n’émerge, et des études plus poussées seront visiblement nécessaires.</p>
<p>Par ailleurs, la durée de la saison avec neige au sol (plus de 100 millimètres d’équivalent en eau) devrait connaître une diminution de l’ordre de sept à 15 jours d’ici la fin du siècle par rapport à la période récente de 1995-2014. Par conséquent, une diminution de la durée de la saison de gel est aussi prévue.</p>
<h2>S’adapter aux changements climatiques</h2>
<p>Le Québec se réchauffe et n’échappe pas aux effets du changement climatique d’origine anthropique.</p>
<p>Bien qu’il faille poursuivre les efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est essentiel que des démarches d’adaptation soient au cœur des actions de la société québécoise. Ce premier volume du sixième rapport du GIEC mentionne le renforcement des services climatiques depuis le précédent rapport, ce qui est encourageant.</p>
<p>Ces services sont assurés par des organisations diversifiées un peu partout dans le monde. Ils visent à fournir de l’information climatique dans le but d’aider à la prise de décision en faisant le lien entre, d’une part, la science et la production de données et, d’autre part, leur communication et leur application par les citoyens et les preneurs de décision. Plus de détails à ce sujet seront fournis dans le second volume du rapport.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166327/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Brissette a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada, du Consortium Ouranos, du Ministère de l'Économie et de l'innovation du Québec, du Ministère de l'Environnement et de la lutte contre les changements climatiques du Québec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annie Poulin est titulaire de la chaire de recherche Marcelle-Gauvreau en Étude de l'impact des changements environnementaux sur l'hydrologie des bassins versants. Elle a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada, du Consortium Ouranos, du Ministère de l'Économie et de l'innovation du Québec, du Ministère de l'Environnement et de la lutte contre les changements climatiques du Québec. </span></em></p>Le sud du Québec se réchauffe 2 fois plus vite que la planète, en raison de la perte progressive du couvert neigeux. Un réchauffement annuel moyen de 3 à 6 degrés est anticipé d’ici la fin du siècle.François Brissette, Professeur titulaire, groupe de recherche HC3 - Hydrologie Climat & Changements Climatiques, École de technologie supérieure (ÉTS)Annie Poulin, Professeure titulaire, Groupe de recherche HC3 - Hydrologie Climat & Changement Climatique, École de technologie supérieure (ÉTS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1658512021-08-13T12:15:19Z2021-08-13T12:15:19ZClimat : le rapport du GIEC est bouleversant. Il est maintenant temps d’agir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/415485/original/file-20210810-19-k5rh2t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C0%2C3456%2C2281&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’activité humaine a réchauffé la planète à un rythme sans précédent au cours des dernières décennies.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a présenté lundi le premier des trois <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_Full_Report.pdf">rapports</a> attendus d’ici 2022 dans le cadre de son sixième cycle d’évaluation du climat. Ces textes présentent la plus importante contribution sur l’état des connaissances actuelles sur la crise climatique, ses origines, ses causes, ses impacts, et les mesures de réponse à notre disposition.</p>
<p>Il s’agit d’un exercice rigoureux qui se tient à tous les cinq à six ans. Le rapport publié lundi a été approuvé par 234 auteurs et 195 gouvernements. C’est la plus importante contribution scientifique sur le climat et c’est elle qui sera prise en compte lors de la <a href="https://ukcop26.org/">COP26</a> — ce grand sommet climatique qui aura lieu à Glasgow en novembre 2021. En 2022, le GIEC publiera deux autres rapports qui porteront sur les impacts des changements climatiques et sur les possibilités d’atténuation.</p>
<p>Essentiellement, ce rapport donne raison aux militants et activistes du climat, ainsi qu’à tous ces représentants des pays du Sud qui, en 2015, ont fortement insisté pour que les États membres de la Convention climatique de l’ONU s’engagent à garder la hausse des températures bien en deçà de deux degrés Celsius et, de préférence, à 1,5 degré Celsius, tel que stipulé <a href="https://unfccc.int/sites/default/files/french_paris_agreement.pdf">dans l’Accord de Paris</a></p>
<p>Je suis directeur de la diplomatie climatique internationale du <a href="https://climateactionnetwork.ca/?lang=fr">Réseau action climat Canada</a>. Chargé de cours à l’Université de Montréal, j’enseigne la justice climatique et la coopération internationale. J’analyse et je suis les négociations climatiques internationales, surtout en ce qui concerne les obligations et responsabilités climatiques du Canada à l’échelle internationale, l’implantation des plans climatiques à l’échelle domestique et la finance climatique internationale.</p>
<h2>Nos empreintes digitales sur le système climatique</h2>
<p>Bien qu’une augmentation de la température de 1,5 °Celsius ait des conséquences bien pires que celles que l’on observe aujourd’hui, une telle hausse serait bien plus désastreuse à 2 °Celsius. Et le scénario deviendrait plus dangereux — et injuste pour les populations du Sud — si la température continuait d’augmenter au-delà des deux degrés Celsius. D’ailleurs, les vagues de chaleur extrêmes que le Canada et l’Amérique du Nord ont vécues cet été sont aujourd’hui 150 fois plus <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-021-01869-0">probables</a> que depuis la fin du XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changements-climatiques-les-plus-pauvres-seront-les-plus-affectes-123047">Changements climatiques: les plus pauvres seront les plus affectés</a>
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<p>Les conclusions de ce rapport permettent au GIEC d’être plus clair et plus incisif sur le lien direct entre l’activité humaine et le réchauffement climatique actuel. Le GIEC montre comment l’activité humaine a provoqué l’accélération du rythme du réchauffement au cours des quatre dernières décennies par rapport aux 80 années précédentes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/415910/original/file-20210812-20530-2y9g4j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image du Sommaire des décideurs (SPM.2) : Contributions évaluées au réchauffement observé en 2010-2019 par rapport à 1850-1900. a) : Réchauffement climatique observé (augmentation de la température de la surface de la planète) et sa plage très probable {3.3.1, encadré 2.3}. b) : Preuves issues des études d’attribution, qui synthétisent les informations provenant des modèles climatiques et des observations. Le panneau montre les changements de température attribués à l’influence humaine, aux changements dans les concentrations de gaz à effet de serre, aux aérosols, à l’ozone et au changement d’affectation des terres, aux facteurs solaires et volcaniques, et à la variabilité climatique interne. c) : Preuve de l’évaluation du forçage radiatif et de la sensibilité du climat. Le panneau montre les changements de température dus aux différentes composantes de l’influence humaine, notamment les émissions de gaz à effet de serre, les aérosols et leurs précurseurs, les changements d’affectation des terres et les traînées de condensation des avions. Les estimations tiennent compte à la fois des émissions directes dans l’atmosphère et de leur effet, le cas échéant, sur d’autres facteurs climatiques. Pour les aérosols, les effets directs (par rayonnement) et indirects (par interaction avec les nuages) sont pris en compte {6.4.2, 7.3}.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IPCC (2021) Figure SPM.2</span></span>
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</figure>
<p>Nous pouvons constater nos empreintes digitales sur le système climatique. La science est en mesure de démontrer comment le réchauffement climatique actuel a rendu plus probables les incendies, inondations, tempêtes et vagues de chaleur que nous ressentons présentement. <a href="https://interactive-atlas.ipcc.ch/">Nous vivons donc dans une planète avec un système climatique que nous avons altéré et qui est désormais moins stable</a>.</p>
<p>L’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie, une grande partie de l’Amérique latine, l’Afrique australe occidentale et orientale, la Sibérie, la Russie et toute l’Asie connaissent déjà des températures extrêmes. L’accélération des changements dans les océans, les glaciers et les niveaux de la mer sont parmi les symptômes les plus visibles et les plus dramatiques de la <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_Full_Report.pdf">crise climatique</a>. Cette accélération se poursuivra même si le réchauffement causé par nos activités s’arrête.</p>
<p>Chaque augmentation de température, si petite soit-elle, aura des incidences sur la fréquence et l’intensité des phénomènes extrêmes. Ces derniers sont amplifiés avec chaque augmentation supplémentaire du réchauffement planétaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Les changements projetés sont indiqués pour des niveaux de réchauffement global de 1 °C, 1,5 °C, 2 °C et 4 °C et sont relatifs à la période 1850-1900 représentant un climat sans influence humaine. La figure illustre les fréquences et les augmentations d’intensité de 1" src="https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/415381/original/file-20210810-23-y16gu0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Changements prévus dans l’intensité et la fréquence des températures extrêmes sur terre, des précipitations extrêmes sur terre, et des sécheresses agricoles et écologiques dans les régions sèches.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IPCC (2021)</span></span>
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<p>S’il est vrai que certains changements dans le climat sont irréversibles, nous avons toujours le choix de mettre de l’avant des solutions audacieuses et responsables afin de protéger les populations des impacts les plus dévastateurs de cette injuste crise.</p>
<p>C’est d’ailleurs le message principal du Secrétaire général des Nations unies à la suite de la <a href="https://www.un.org/sg/en/content/secretary-generals-statement-the-ipcc-working-group-1-report-the-physical-science-basis-of-the-sixth-assessment">publication du rapport</a> : « La viabilité de nos sociétés dépend des dirigeants des gouvernements, des entreprises et de la société civile qui exigeront des politiques, des actions et des investissements qui limiteront la hausse des températures à 1,5 °Celsius. »</p>
<h2>Les différents scénarios</h2>
<p>En 2015, les pays membres de la convention climat de l’ONU se sont donnés comme objectif de <a href="https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/l-accord-de-paris/l-accord-de-paris">limiter</a> l’augmentation de la température d’ici la fin du siècle à 2 °Celsius. Ils se sont aussi engagés à faire tout ce qui est possible pour que cette limitation ne dépasse pas la barre du 1,5 °Celsius.</p>
<p>Dans son rapport, le GIEC présente cinq scénarios différents pour illustrer comment les émissions peuvent augmenter pendant le reste du siècle. Dans tous ces scénarios, nous pourrions atteindre 1,5 °Celsius d’ici vingt ans. Cependant, dans les scénarios où les émissions seraient plus élevées, nous dépasserons plus rapidement l’objectif du 1,5 °Celsius au cours du siècle.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="a) Émissions anthropiques (d’origine humaine) annuelles sur la période 2015-2100. b) Les contributions au réchauffement par groupes de facteurs anthropiques et par scénario sont indiquées en tant que changement de la température de la surface du globe" src="https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=753&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=753&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=753&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=946&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=946&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/415917/original/file-20210812-25200-1h94g3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=946&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Changements prévus dans l’intensité et la fréquence des températures extrêmes sur terre, des précipitations extrêmes sur terre, et des sécheresses agricoles et écologiques dans les régions sèches.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IPCC (2021)</span></span>
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</figure>
<p>En revanche, pour le scénario d’émissions le plus faible, le GIEC suggère que les températures augmenteront d’un peu plus de 1,5 °Celsius, avant de redescendre à la fin du siècle, à mesure que le carbone sera éliminé de l’atmosphère — ce qui est compatible avec <a href="https://www.realclimate.org/index.php/archives/2021/08/we-are-not-reaching-1-5oc-earlier-than-previously-thought/#.YRGZMMtkxIB.twitter">l’objectif ultime de l’Accord de Paris</a>.</p>
<h2>Atteindre la carboneutralité</h2>
<p>Le GIEC a donc confirmé l’importance de réduire rapidement les émissions de CO<sub>2</sub>, ainsi que celles des autres gaz à effet de serre pendant cette décennie et de paver la voie pour atteindre la carboneutralité vers 2050. Rien ne peut remplacer la réduction des émissions de gaz à effet de serre à la source.</p>
<p>S’il est vrai que les <a href="https://www.novethic.fr/lexique/detail/puits-de-carbone.html">puits de carbone naturels</a> — des réservoirs qui captent et stockent le carbone atmosphérique, comme les puits océaniques, la biosphère, les forêts et les tourbières — sont importants pour nous aider à atteindre le reste du chemin vers la carboneutralité, la quantité de carbone pouvant être absorbé par les écosystèmes et les océans est très limitée. Le GIEC émet même des réserves sur l’utilisation des technologies d’élimination de carbone artificielles qui peuvent avoir des incidences négatives importantes sur la qualité et la quantité de l’eau, la production alimentaire et la biodiversité.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/415380/original/file-20210810-25-hg7lpy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Émissions anthropiques cumulées de CO₂ absorbées par les puits terrestres et océaniques d’ici 2100 selon les cinq scénarios illustratifs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IPCC (2021)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Limiter la hausse de température à 1,5 °Celsius ne sera pas facile. Mais, plus nous dépassons ce seuil, plus nous sommes exposés à de futurs risques imprévisibles et graves avec des points de bascule qui peuvent se produire à l’échelle mondiale et régionale. Le Secrétaire général de l’ONU a déclaré <a href="https://news.un.org/fr/story/2021/08/1101392">qu’aucune nouvelle centrale au charbon ne doit être construite après 2021</a>. Il va sans dire que devons éliminer progressivement le charbon existant d’ici 2030, et tous les autres pays doivent suivre d’ici 2040 et mettre fin à toute nouvelle prospection et production de combustibles fossiles.</p>
<h2>Le rôle du Canada</h2>
<p>Le Canada doit réviser son plan climatique afin de s’assurer qu’il soit compatible avec cet objectif de réduction. Le pays <a href="https://climateactionnetwork.ca/wp-content/uploads/2021/06/A-Peoples-Plan-Benchmarks-for-Evaluating-Canadas-International-Climate-Commitments-Ahead-of-2021-Summit.pdf">n’atteindra pas ses objectifs climatiques</a> sans un engagement clair visant à mettre fin à toute expansion du secteur pétrolier et gazier.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/projet-de-loi-c-12-le-canada-doit-sinspirer-des-meilleures-pratiques-pour-atteindre-ses-objectifs-climatiques-158002">Projet de loi C-12 : le Canada doit s’inspirer des meilleures pratiques pour atteindre ses objectifs climatiques</a>
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<p>En 2018, le GIEC a d’ailleurs estimé que pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °Celsius, la production pétrolière mondiale devait diminuer d’ici 2030 de 37 % sous les niveaux de 2010 et de 87 % d’ici 2050.</p>
<p>Malgré ces conclusions claires, le Canada <a href="https://cascadeinstitute.org/one-eye-shut/">prévoit</a> toujours une production de pétrole et de gaz bien plus importante en 2050 qu’en 2019. À lui seul, le secteur pétrolier pourrait émettre jusqu’à 200MT de CO<sub>2</sub> le jour où il est censé atteindre la <a href="https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/plan-climatique/carboneutralite-2050.html">carboneutralité</a>.</p>
<p>Le Canada est <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/indicateurs-environnementaux/emissions-gaz-effet-serre.html">responsable de 2 % des émissions mondiales</a> en moyenne, mais selon ses projections actuelles, son expansion pétrolière et gazière devrait épuiser jusqu’à 16 % du budget carbone mondial. Tout scénario qui mène donc à l’expansion des énergies fossiles pourrait tout simplement détruire notre planète telle qu’on la connait.</p>
<p>Les données présentées dans ce premier rapport du GIEC sont bouleversantes. Désormais, chaque tonne d’émissions, chaque fraction de degré aura un impact direct sur notre santé et notre sécurité.</p>
<p>Cependant, tant et aussi longtemps qu’il le sera possible, nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour nous protéger et protéger les gens qu’on aime des pires impacts des changements climatiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165851/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eddy Pérez est membre du Réseau action climat Canada et de l'Université de Montréal. </span></em></p>Le dernier rapport du GIEC est la plus importante contribution scientifique sur le climat. C’est elle qui sera prise en compte lors du prochain grand sommet réunissant les dirigeants du monde entier.Eddy Pérez, Lecturer, certificat en coopération internationale, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.