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cosmétiques – The Conversation
2024-01-29T11:10:29Z
tag:theconversation.com,2011:article/221902
2024-01-29T11:10:29Z
2024-01-29T11:10:29Z
Quand l’« effet Streisand » joue à plein contre Guerlain et amène à questionner le rôle du marketing
<p>La sortie mondiale, le 2 janvier dernier, du tout nouveau produit de la marque <a href="https://theconversation.com/topics/lvmh-46603">Guerlain</a> « Orchidée impériale Gold Nobile » a généré de <a href="https://www.huffingtonpost.fr/life/article/guerlain-sort-une-creme-anti-age-quantique-a-650-et-les-reactions-n-ont-pas-tarde_227866.html">virulentes critiques</a> sur les réseaux sociaux et dans plusieurs grands médias. La raison de ce <em>bad buzz</em> : le recours à des allégations au caractère scientifique mis en cause pour faire la promotion de cette crème « quantique » qui serait capable de rajeunir la peau (moyennant 650 euros le pot).</p>
<p>C’est l’influenceur G Milgram qui a commencé à dénoncer ce qu’il appelle un « bullshit marketing ». Et la demande de la marque auprès de ce youtubeur aux 176 000 abonnés de retirer sa vidéo n’a fait que donner plus d’écho à ses dénonciations.</p>
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<p>Cet exemple constitue une belle illustration de ce que l’on connaît en <a href="https://theconversation.com/topics/communication-21313">communication</a> sous le nom d’<a href="https://www.jstor.org/stable/24582908">effet « Streisand »</a>. Il souligne peut-être surtout le besoin pour les professionnels du marketing de réfléchir aux responsabilités qu’ils portent.</p>
<h2>Chronique d’un bad buzz</h2>
<p>Le jour de la sortie mondiale, le 2 janvier dernier, de la toute nouvelle crème Guerlain « Orchidée impériale Gold Nobile », le youtubeur G Milgram met donc en ligne sa vidéo qui, plus de 20 minutes durant, dénonce les affirmations de la marque autour de cette nouvelle crème anti-âge. Réalisée en collaboration avec des chercheurs, elle met en exergue les arguments fallacieux utilisés par Guerlain, arguments soi-disant scientifiques ayant présidé à la création de ce produit.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1749124121110179855"}"></div></p>
<p>La marque défendait en effet « une nouvelle voie de réjuvénation cosmétique pour la peau, née de la science quantique » et soulignait qu’elle est le fruit d’un partenariat avec des chercheurs de l’université Palacky en Tchéquie.</p>
<p>Dans la journée même, plusieurs scientifiques, le physicien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Klein">Étienne Klein</a> par exemple, dont le tweet est vu par plus de 365 000 personnes (au 22 janvier), partagent la vidéo et dénoncent ces allégations.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1742474069361012788"}"></div></p>
<p>24 heures après la sortie de la vidéo, la marque contacte le youtubeur pour lui demander de la retirer. Elle réagit également sur X (ex-Twitter) en réaffirmant ses fondements scientifiques, tweet vu par plus d’un million de personnes et qui suscite de la part des internautes l’ajout d’informations contextuelles.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1742944810682536126"}"></div></p>
<p>Dès le 4 janvier, de nombreux médias comme le <a href="https://www.huffingtonpost.fr/life/article/guerlain-sort-une-creme-anti-age-quantique-a-650-et-les-reactions-n-ont-pas-tarde_227866.html"><em>Huffington Post</em></a>, <a href="https://www.liberation.fr/checknews/cosmetique-quantique-de-guerlain-un-fin-vernis-scientifique-et-une-grosse-louche-de-foutaises-20240105_ZAVUDZ7EB5EG3NAHY7GDBW4MAI/"><em>Libération</em></a>, <a href="https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/cosmetiques-guerlain-cree-la-polemique-avec-sa-creme-quantique_6301623.html">France 3</a> ou encore <a href="https://www.nouvelobs.com/sciences/20240104.OBS82866/la-creme-quantique-de-guerlain-moquee-sur-les-reseaux-sociaux.html"><em>L’Obs</em></a> reviennent sur cette polémique. Les arguments avancés par la marque sont parodiés par de très nombreux internautes, le produit fait également l’objet de la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bQ33jpe50Lk">chronique</a> de l’humoriste Matthieu Noël sur France Inter. La 2<sup>e</sup> vidéo de G Milgram dans laquelle le youtubeur répond à la demande de suppression de sa vidéo par Guerlain génère plus de 235 000 vues en 13 jours. Dans ce contexte, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) se saisit de l’affaire.</p>
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<p>Face au déluge de critiques, la marque a procédé à des modifications substantielles de sa communication : c’est ainsi que toute mention du terme « quantique » a été supprimée dans le descriptif du produit. De même, le texte mettant en avant les évocations scientifiques de la publicité vidéo et sa voix off ont été supprimés pour être remplacés par de la musique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571404/original/file-20240125-29-4pagdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Descriptif du produit avant et après la polémique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">France 3</span></span>
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<h2>Quand vouloir cacher donne davantage de visibilité</h2>
<p>Dans cette histoire, l’« effet Streisand » semble avoir joué à plein. Pareil nom a été donné à ce phénomène communicationnel par le journaliste Mike Masnick sur son blog en 2005. Sébastien Liarte, professeur des universités en sciences de gestion, en a donné la <a href="https://www.jstor.org/stable/24582908">définition</a> suivante :</p>
<blockquote>
<p>« L’effet Streisand décrit le phénomène qui assure une plus grande publicité et une diffusion plus importante de toute information qui serait restée confidentielle sur Internet, si on n’avait pas cherché à la cacher ou à la retirer. »</p>
</blockquote>
<p>En 2003, l’actrice américaine Barbra Streisand avait intenté une action en justice pour violation de sa vie privée et demandé le retrait d’une photo aérienne de sa demeure californienne. La photo, prise dans le cadre d’un projet sur l’érosion côtière, aurait pu passer inaperçue au milieu des quelque 12 000 autres clichés réalisés dans ce cadre. Or, cette demande de l’actrice déclenche un véritable intérêt pour cette photo en particulier. Téléchargée 6 fois avant son action en justice, elle est par la suite vue par plus de 400 000 personnes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Guerlain n’est pas la seule marque à avoir eu à faire face à pareil effet. <a href="https://www.numerama.com/politique/14266-ralph-lauren-tente-d-exploiter-le-droit-d-auteur-pour-censurer-la-critique.html">Ralph Lauren</a>, par exemple, a fait en 2009 l’objet d’une forte polémique après la publication d’une photo publicitaire d’une mannequin très fortement retouchée et amincie. Les tentatives de censure de la marque n’ont alors fait qu’amplifier l’intérêt envers cette publicité. <a href="https://media.greenpeace.org/archive/Give-the-Orangutan-a-Break--Nestle-KitKat-Spoof-Video-27MZIF20N4P6.html">Nestlé</a> a également connu des déboires similaires lorsqu’en 2010 la marque a tenté de faire retirer une parodie de sa publicité Kitkat réalisée par Greenpeace pour dénoncer l’usage massif de l’huile de palme dans la fabrication des produits de la marque.</p>
<h2>Pour un marketing qui apporte de la valeur à tous</h2>
<p>Comme le souligne Sébastien Liarte :</p>
<blockquote>
<p>« Les réponses communicationnelles ne font, le plus souvent, qu’amplifier la diffusion de l’audience du message qui lui est défavorable et provoquent cet effet “Streisand”. »</p>
</blockquote>
<p>Au regard de cet argument, il est donc raisonnable de penser que Guerlain n’aurait dû ni contacter G Milgram pour lui demander de supprimer sa vidéo ni prendre la parole sur X pour tenter de répondre à la 1<sup>re</sup> vidéo de l’influenceur. Mais est-ce là l’enseignement principal à tirer de cet épisode ? Non.</p>
<p>Il serait en effet dommage de ne pas profiter de cet événement pour mener une réflexion plus profonde sur la responsabilité des marques et des responsables marketing.</p>
<p>Le marketing jouit d’une image négative dans l’opinion publique. Le terme est souvent utilisé comme synonyme d’arnaque, manipulation ou tromperie. <a href="https://theconversation.com/le-marketing-souffre-dune-image-negative-aupres-dun-tiers-des-francais-200584">L’étude</a> de l’Association française du marketing (AFM) réalisée en 2023 met bien en évidence que « les croyances négatives renvoient à deux fonctions, le potentiel aliénant et l’opportunisme des actions marketing ». Pourtant, la discipline est définie par <a href="https://www.ama.org/the-definition-of-marketing-what-is-marketing/">l’American Marketing Association</a> comme « l’activité et les processus mis en place par les organisations pour créer, communiquer, délivrer et échanger des offres qui ont de la valeur pour les consommateurs, les clients, les partenaires et la société au sens large ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1631197299358531584"}"></div></p>
<p>Le cas de la « crème quantique » Guerlain soulève à la fois des questionnements sur la valeur apportée aux consommateurs et aux clients et la valeur sociétale. Si l’on conçoit que proposer une crème anti-âge à 13 000 euros le litre, avec la proposition de payer le produit en 4 échéances, peut être génératrice de valeur pour le groupe LVMH, celle apportée au consommateur est nettement moins perceptible.</p>
<p>La responsabilité de la fonction marketing est d’inscrire ses pratiques dans le respect du consommateur et non dans la crainte des réactions suscitées, notamment de celles des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/07673701221146300">influenceurs</a> sur les réseaux sociaux. Elle se doit également de développer des pratiques génératrices de valeur pour l’ensemble de la société. </p>
<p>Comme l’indique <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807335516-marketing-plus-durable">Pierre Volle</a>, professeur à l’université Paris-Dauphine, le marketing doit « être mis au service d’une société plus durable ». Le responsable marketing ne devrait ainsi pas déployer son énergie à la multiplication d’offres de produits présentant des bénéfices douteux mais œuvrer pour le développement de pratiques respectueuses sur les plans sociétal et environnemental. Il en va de la responsabilité des praticiens du marketing mais également des enseignants-chercheurs dans leurs activités de formation et de recherche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221902/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Euzéby ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
En demandant au youtubeur G Milgram de supprimer la vidéo dans laquelle il critique la campagne marketing d’une crème anti-âge, Guerlain a sans doute contribué à lui donner davantage de visibilité.
Florence Euzéby, Maitresse de conférences en sciences de gestion, IAE La Rochelle, IAE La Rochelle
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221417
2024-01-23T16:38:45Z
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Substances à risque, sensibilité de la peau… se maquiller avec précaution
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570013/original/file-20240111-15-xw47nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=58%2C58%2C5548%2C3673&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les produits de maquillage sont souvent appliqués sur des zones sensibles du visage, comme la paupière, où la peau est plus fine, ce qui peut faciliter leur pénétration.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/eye-makeup-woman-applying-eyeshadow-powder-120600151">AlikeYou / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le maquillage a été l’un des cadeaux vedettes de Noël dernier, et il le sera certainement encore le 14 février, date de la Saint-Valentin. Mais même si on connaît les goûts et les besoins de la personne à qui on va offrir ce présent, il convient d’être prudent. Choisir des produits adaptés à chaque âge et à chaque type de peau est essentiel si on veut conserver une peau en bonne santé.</p>
<p>Le maquillage comme les autres produits cosmétiques – rouge à lèvres, crayon pour les yeux, ombre à paupières, poudre pour le visage, fard à joues, mascara… – se caractérise par des formulations complexes et il est disponible sous différents formats et textures. On trouve du maquillage liquide, semi-solide et solide (généralement sous forme de poudre). On doit faire sa sélection en tenant compte de son âge, de son type de peau, de son <a href="https://www.sfdermato.org/upload/scores/fitzaptrick-07c01cd700377584cb403f9135752e97.pdf">phototype</a>, également de la sensibilité, de l’élasticité et du degré d’hydratation de sa peau, du risque de faire une allergie après application du produit et d’autres paramètres. Les poudres, par exemple, peuvent facilement déshydrater la peau. Les personnes à la peau sèche devraient donc opter pour un autre format.</p>
<h2>Portes d’entrée dans l’organisme</h2>
<p>Attention ! Ces produits sont souvent appliqués sur des zones sensibles : autour des yeux où la peau est plus fine ainsi que <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-0-387-74901-3_4">sur les lèvres et les muqueuses</a> qui ne disposent pas de couche cornée pour empêcher la pénétration. De plus, le risque d’ingestion d’un produit pour les lèvres est plus élevé, car il peut facilement être entraîné à l’intérieur de la bouche par la salive et la langue.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les produits cosmétiques sont disponibles dans une large gamme de formats.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/es/fotos/brochas-de-maquillaje-rosas-y-negras-Kuaf9ch8wiw">Jessica Johnston/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La zone autour du nez est également critique. À cet endroit, les produits en poudre ou en brume, tels que les fards, brillants et enlumineurs, <a href="http://rc.rcjournal.com/content/respcare/50/3/367.full.pdf">peuvent être inhalés</a>, ce qui leur permet là encore de pénétrer très facilement dans l’organisme. Pour toutes ces raisons, la <a href="https://www.quechoisir.org/decryptage-produits-cosmetiques-les-fiches-des-molecules-toxiques-a-eviter-n2019/">sécurité des ingrédients utilisés dans les formulations de ces produits</a> est de la plus haute importance.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-cosmetiques-naturels-sans-parfum-sont-ils-sans-odeur-et-sans-danger-205349">Les cosmétiques « naturels » sans parfum sont-ils sans odeur… et sans danger ?</a>
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</p>
<hr>
<h2>Métaux lourds, nanomatériaux et autres substances nocives</h2>
<p>En effet, les produits de maquillage peuvent contenir des substances nocives <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35358731/">telles que des métaux lourds</a>. Malgré leur toxicité connue, certains de ces composés apparaissent dans des formules de maquillage sous forme d’impuretés ou de traces, sans être inclus dans la <a href="https://health.ec.europa.eu/system/files/2016-11/cosmetic_1223_2009_regulation_en_0.pdf">liste des ingrédients</a>.</p>
<p>(<em>On classe parmi les cosmétiques les produits de beauté comme le maquillage, mais aussi les produits d’hygiène. D’après le <a href="https://health.ec.europa.eu/system/files/2016-11/cosmetic_1223_2009_regulation_en_0.pdf#page=4">règlement européen concernant les cosmétiques</a>, les fabricants doivent obligatoirement mentionner sur les emballages la liste des ingrédients qui entrent dans la composition de leurs produits, ndlr</em>).</p>
<p>On a par exemple <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.yrtph.2014.02.003">repéré des produits de beauté</a> qui contenaient de l’arsenic, du cadmium, du chrome, du cobalt, du plomb, du mercure et du nickel (<em>les auteurs ont passé en revue des données publiées au niveau mondial. Ils ne ciblent pas spécifiquement des produits vendus en France, ndlr</em>). Certains de ces composés suscitent l’inquiétude comme le plomb, retrouvé dans des gloss, ou le nickel, le chrome et le cobalt identifiés, dans des concentrations élevées, dans certains fards à paupières notamment importés de Chine.</p>
<p>On a déjà trouvé des métaux lourds dans des <a href="https://www.bcpp.org/wp-content/uploads/2017/03/Report_Pretty-Scary_October_2009.pdf">jouets de maquillage pour enfants</a> (<em>les auteurs s'appuient sur des relevés faits en 2009, aux Etats-Unis, dans le cadre de Campaign for Safe Cosmetics, ndlr</em>). Il existe là un facteur aggravant qui vient du fait que la peau des enfants est plus fine et encore en développement. Elle est de ce fait plus vulnérable au passage des substances et elle risque davantage de réagir.</p>
<p>Une autre source d’inquiétude réside dans la présence de <a href="https://echa.europa.eu/fr/hot-topics/perfluoroalkyl-chemicals-pfas">substances perfluoroalkylées</a> (PFAS), qui augmentent la durabilité, améliorent l’étalement d’une émulsion et ont la capacité de former un film. <a href="https://setac.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/etc.4890">Il a été observé</a> que l’exposition répétée à ces substances chimiques est préjudiciable à la santé humaine. Une <a href="https://pubs.acs.org/doi/epdf/10.1021/acs.estlett.1c00240">étude récente</a> a révélé que les niveaux les plus élevés de PFAS sont détectés dans le maquillage résistant à l’eau, à l’huile ou aux vêtements ainsi que dans les produits longue durée.</p>
<p>Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7279536">nanomatériaux</a> ont également colonisé le monde glamour du maquillage. Ils améliorent la texture et l’expérience sensorielle. Si leur innocuité est encore à l’étude, on sait aujourd’hui qu’ils restent dans l’épiderme, sans pénétrer dans l’organisme.</p>
<p>Cependant, la situation est différente lorsque ces minuscules particules sont inhalées : elles <a href="https://health.ec.europa.eu/system/files/2022-08/sccs_o_239.pdf">peuvent alors provoquer des problèmes pulmonaires</a>. Le danger réside dans les produits en poudre ou en brume qui sont appliqués près de la zone nasale.</p>
<p>(<em>Quand un cosmétique contient un nanomatériau, dans la liste des ingrédients affichée sur l’emballage, le terme « nano » doit figurer après le nom de la substance en question. Mais en France, récemment, les autorités de santé ont <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/la-dgccrf-et-lansm-publient-une-note-dinformation-relative-la-definition-des-nanomateriaux">alerté</a> sur la présence de nanomatériaux non autorisés, et non mentionnés sur l’emballage, dans certains produits cosmétiques, ndlr</em>).</p>
<h2>À quel âge est-il conseillé de commencer à se maquiller ?</h2>
<p>Si l’on tient compte de tout ce qui précède, cela dépend de la maturité de la personne et des connaissances qu’elle a acquises sur ces produits. En général, il est déconseillé de commencer avant l’âge de 15 ou 16 ans : il faut connaître les ingrédients, savoir comment utiliser les différents produits et comment nettoyer sa peau après s’être maquillé.</p>
<p>L’utilisateur ou l’utilisatrice doit également adopter certaines règles d’hygiène, comme se laver les mains avant et après application du maquillage, laver correctement les brosses et les autres ustensiles qui servent à l’application et ne pas partager les produits avec d’autres personnes. De plus, il convient d’être attentif à l’apparition d’éventuels problèmes de peau.</p>
<p>Les adolescents et les jeunes qui s’initient au maquillage doivent acheter des produits adaptés à leur peau, qui est souvent plus grasse. Utiliser des produits inappropriés peut entraîner ou exacerber l’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/acne">acné</a> ou d’autres dysfonctionnements cutanés. En général, ils devraient opter pour des produits simples, hypoallergéniques, sans huile et sans parfum afin d’éviter toute irritation de la peau.</p>
<p>En règle générale, il est plus facile de suivre ces recommandations en achetant des cosmétiques fabriqués en Europe car on est alors sûr qu’ils sont fabriqués selon certaines normes. On peut aller plus loin et écarter les produits longue durée, ceux qui sont résistants à l’eau ou à d’autres éléments ou matériaux, et ceux qui nécessitent une application en continu.</p>
<p>Et n’oubliez pas d’utiliser des produits spécifiques si vous avez la peau sensible, car celle-ci risque davantage de réagir avec un produit de maquillage mal formulé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221417/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Parmi la vaste gamme de produits de maquillage disponibles sur le marché, certains sont plus susceptibles de contenir des composés toxiques ou d'irriter la peau.
Estefania Hurtado Gómez, Profesora Master Dermofarmacia UMH y CEO Mamanecó, Universidad Miguel Hernández
Isabel González-Álvarez, Profesor Titular Grado en Farmacia. Area de Farmacia y Tecnologia Farmaceutica. Dpto Ingenieria, Universidad Miguel Hernández
Marta González Álvarez, directora del Master de Dermofarmacia y Cosmética UMH, Universidad Miguel Hernández
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221258
2024-01-21T14:42:47Z
2024-01-21T14:42:47Z
Bien-être et fausse médecine : quand la physique quantique est récupérée par les pseudosciences
<p>Le 2 janvier dernier, la parfumerie Guerlain a mis au jour un nouveau produit cosmétique, assurant qu’il était <a href="https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/cosmetiques-guerlain-cree-la-polemique-avec-sa-creme-quantique_6301623.html">basé sur la physique quantique</a>. En proposant une <a href="https://web.archive.org/web/20240102181002/">« nouvelle voie de réjuvénation […] basée sur la science quantique [qui] aide à restaurer la lumière quantique d’une cellule jeune »</a>, l’entreprise a suscité les réactions indignées de la <a href="https://twitter.com/EtienneKlein/status/1742268657286209956">communauté scientifique</a>, <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-allegations-cosmetiques-guerlain-pousse-le-bouchon-avec-sa-creme-quantique-n115470/">de</a> <a href="https://www.liberation.fr/checknews/cosmetique-quantique-de-guerlain-un-fin-vernis-scientifique-et-une-grosse-louche-de-foutaises-20240105_ZAVUDZ7EB5EG3NAHY7GDBW4MAI/">médias</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=z4ZfsJRGJsM">youtubeurs</a>, qui ont poussé le parfumeur à modifier rapidement sa communication.</p>
<p>Cette affaire n’est qu’une étape de plus dans une <a href="https://www.book-e-book.com/livres/30-quantox-mesusages-ideologiques-de-la-mecanique-quantique-9782915312737.html">longue histoire de détournement des concepts et du lexique de la mécanique quantique</a> – et de la science en général – dont le résultat est la promotion des pseudosciences, ces disciplines qui revêtent les apparats de la connaissance établie sans en avoir le moindre fondement.</p>
<p>Le qualificatif « quantique » est désormais omniprésent dans le monde du bien-être, des médecines « alternatives » et des sphères ésotériques (salons, sites de vente en ligne, praticiens, réseaux sociaux, rayons « bien-être » voire « médecine » de grandes librairies).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plaque professionnelle d’un thérapeute en région parisienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aymeric Delteil</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Certains appareils de soins quantiques ont été fortement médiatisés, tel le « Taopatch » <a href="https://www.midilibre.fr/2023/06/04/des-nanocristaux-appeles-boites-quantiques-cest-quoi-ce-patch-que-novak-djokovic-porte-scotche-a-la-poitrine-11240264.phpe-11240264.php">arboré par la star du tennis Novak Djokovic lors du dernier Roland-Garros</a>. Ce dispositif de la taille d’une pièce de monnaie prétend améliorer les performances physiques, mais aussi soigner les maladies neuromusculaires. De telles prétentions sèment la confusion dans le grand public, qui a fort à faire pour distinguer le vrai du faux.</p>
<h2>Des risques en termes de santé, de dérives sectaires… et pour le porte-monnaie</h2>
<p>Le danger est réel, car la confusion peut avoir des conséquences nocives pour la population.</p>
<p>En effet, les tenants des médecines quantiques prétendent parfois pouvoir guérir la quasi-totalité de nos troubles, y compris des maladies graves. Ainsi, dans le livre <em>Le Corps quantique</em> de Deepak Chopra (1989), ouvrage fondateur vendu à près d’un million d’exemplaires, non seulement l’auteur suggère que son approche peut guérir le cancer, mais ses propos engendrent de plus une défiance à l’égard de la médecine. Ce type de discours, <a href="https://www.marianne.net/societe/sciences-et-bioethique/le-saut-quantique-larnaque-a-la-mode-des-gourous-du-developpement-personnel">désormais répandu dans ce milieu</a> et notamment sur Internet, peut pousser les gens à se <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/fullarticle/2687972">détourner du monde médical</a>.</p>
<p>Un autre exemple plus récent : le « Healy », un appareil de thérapie soi-disant basé sur un « capteur quantique », vendu à près de 200 000 exemplaires à des prix <a href="https://therafrequentielle.fr/index.php/produit/healy-professional-edition/">allant de 500 à 4 000 euros</a>, propose des programmes pour un grand nombre de soins via des applications payantes, qui pourraient même <a href="https://therafrequentielle.fr/media/2020/04/Healy_FL1_Digital-Nutrition_Flyer_FR.pdf">remplacer une partie de notre alimentation</a>. Une analyse par <a href="https://www.youtube.com/watch?v=UrDfPGSWxas">rétro-ingénierie</a> a pourtant révélé qu’il ne contient pas de capteur quantique – et même pas de capteur du tout.</p>
<p>En poussant les gens à se détourner de la médecine et/ou à adopter des conduites risquées, ces arguments peuvent provoquer des <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/ethique/inefficaces-dangereuses-pas-ethiques-des-praticiens-sattaquent-aux-fake-medecines-replique-immediate">pertes de chances</a> d’un point de vue médical.</p>
<p>Les médecines alternatives peuvent également déboucher sur des <a href="https://www.leparisien.fr/societe/sante/medecines-douces-lordre-des-medecins-alerte-sur-les-derives-therapeutiques-voire-sectaires-27-06-2023-LU5F6ARXHBHJBKQI7JUAGNIJD4.php">dérives sectaires</a> : le dernier rapport de la Miviludes montre que <a href="https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/rapports-annuels/rapport-dactivit%C3%A9-2021">24 % des signalements pour dérives sectaires concernent les « pratiques de soin non conventionnelles »</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rayon médecine d’une librairie francilienne, où se côtoient sciences et pseudo-sciences, notamment quantiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aymeric Delteil</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Des comportements quantiques au monde classique que nous expérimentons au quotidien : une histoire d’échelle</h2>
<p>Disons-le tout net : ces approches n’ont rien de quantique.</p>
<p>Pour s’en rendre compte, rappelons que la physique quantique a été construite afin de comprendre les phénomènes d’interaction entre la lumière et la matière à l’échelle atomique. Elle a abouti à une description très féconde de la nature à l’échelle microscopique, tout en révélant des phénomènes contre-intuitifs, qui sont difficiles à interpréter.</p>
<p>Ainsi, selon la mécanique quantique, les particules élémentaires peuvent se comporter comme des ondes, elles peuvent être en <a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-le-hasard-quantique-85358">superposition</a> de plusieurs états (par exemple en deux endroits simultanément) voire <a href="https://theconversation.com/le-prix-nobel-de-physique-2022-pour-lintrication-quantique-133000">intriquées</a>, lorsque les états de deux particules dépendent l’un de l’autre même éloignées. Or le monde à notre échelle ne se comporte pas de cette façon. Nous en faisons l’expérience quotidienne : les objets qui nous entourent sont dans un seul état, à un seul endroit, ils ne se propagent pas. Les chats ne sont pas <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger">à la fois morts et vivants</a>.</p>
<p>La raison de cette différence entre le comportement de la matière à notre échelle et celui des particules qui la composent est l’objet de recherches fondamentales depuis plus d’un demi-siècle, et les résultats de ces recherches sont sans équivoque. Les effets quantiques sont très fragiles, et leur observation nécessite des conditions extrêmes : très basse température (souvent proche du zéro absolu), vide très poussé, obscurité totale, nombre de particules très réduit. Hors de ces conditions, les effets quantiques disparaissent très rapidement sous l’effet d’un phénomène omniprésent appelé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9coh%C3%A9rence_quantique">« décohérence »</a>. Ce terme désigne l’effet destructeur de l’environnement (lumière, atmosphère, chaleur) sur les effets quantiques.</p>
<blockquote>
<p>« Les superpositions quantiques à grande échelle sont si fragiles et si promptes à être détruites par leur couplage avec l’environnement qu’elles ne peuvent pas être observées en pratique. Aussitôt créées, elles se transforment en un éclair en des mélanges statistiques sans intérêt. » (Serge Haroche, prix Nobel de physique 2012 et pionnier de la décohérence, dans « Exploring the Quantum » aux éditions Oxford, 2006)</p>
</blockquote>
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<figcaption><span class="caption">La décohérence quantique. Source : ScienceClic.</span></figcaption>
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<p>Ainsi, en biologie, où la matière est dense et la température relativement élevée, on peut certes identifier <a href="https://physics.aps.org/articles/v8/s22">quelques phénomènes purement quantiques</a>, mais très localement, à l’échelle de quelques électrons (par exemple, la détection du champ magnétique terrestre par les oiseaux migrateurs implique la superposition d’états de deux électrons au sein d’une <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-021-03618-9">molécule appelée cryptochrome</a>). En revanche, les phénomènes physiques à l’échelle de nos organes, d’une cellule ou même d’une molécule biologique, comme une protéine ou de l’ADN, sont purement classiques, en vertu de la décohérence.</p>
<h2>Un vocabulaire et des concepts dévoyés par les tenants des pseudosciences</h2>
<p>Ces considérations ne dérangent toutefois pas les tenants des discours pseudoscientifiques, qui saupoudrent le jargon de la mécanique quantique sans aucune rigueur et de façon ambiguë, multipliant les contresens et les contrevérités. Ils se cachent fréquemment derrière des citations de grands physiciens qui ont quelquefois <a href="https://cortecs.org/wp-content/uploads/2011/08/CorteX_Quantoc_BUP_21027.pdf">affirmé leurs propres difficultés d’interprétation</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/z4ZfsJRGJsM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Guerlain sort sa « crème quantique » (G. Milgram).</span></figcaption>
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<p>Qu’on ne s’y trompe pas : la physique quantique est très bien comprise et extrêmement précise dans ses prédictions. Les difficultés énoncées par les scientifiques du domaine proviennent de l’interprétation, de la représentation mentale que l’on se fait des phénomènes quantiques, troublants, très différents de notre expérience quotidienne et si éloignés de notre intuition.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle la mécanique quantique constitue un <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/10/10/la-medecine-quantique-de-fausses-therapies-qui-surfent-sur-les-revolutions-de-la-physique-quantique_6145232_1650684.html">terreau idéal pour le mysticisme</a>. Elle fournit un mélange de phénomènes fascinants, de concepts abstraits réputés difficiles et d’un <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-quantique-196536">vocabulaire évocateur</a> qui est dilué dans un amalgame de lexique ésotérique <em>New Age</em>. Cela donne un beau mélange de « vibrations », « lumière », « champ énergétique », « biorésonance quantique », « élévation de son niveau d’énergie », « clés d’harmonisation multidimensionnelle » et tant d’autres formulations vides de sens.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sans-culture-linguistique-pas-de-culture-scientifique-213487">Sans culture linguistique, pas de culture scientifique</a>
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<p>Les phénomènes de la mécanique quantique eux-mêmes sont dévoyés : l’intrication permettrait de <a href="https://www.symphony-energetique.com/comment-se-deroule-les-soins-a-distance-quantique.html">soigner à distance</a>, la bioluminescence fournirait une justification aux <a href="https://emmind.net/endogenous_fields-mind-ebp-biophotons_acupunture_meridians.html">méridiens de l’acupuncture</a>, le vide quantique <a href="https://www.editions-dangles.fr/produit/289/9782703311478/l-eau-et-la-physique-quantique">expliquerait la mémoire de l’eau</a>.</p>
<h2>Une imposture intellectuelle à but lucratif</h2>
<p>Cette démarche constitue une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Impostures_intellectuelles">imposture intellectuelle, telle que définie par Alan Sokal et Jean Bricmont</a>, c’est-à-dire une « utilisation abusive du vocabulaire scientifique […] pour se donner une illusion de crédibilité ».</p>
<p>Le business est lucratif : de consultations à quelques dizaines d’euros la séance, à des formations en ligne à plusieurs centaines voire milliers d’euros, en passant par des appareils à l’apparence de dispositifs médicaux <a href="https://www.interfacetherapiequantique.com/">dépassant les 20 000 euros</a>.</p>
<p>Leur <a href="https://lesjours.fr/obsessions/antivax-extreme-droite/ep6-healy-arnaque/">promotion, basée sur les réseaux sociaux, utilise souvent</a> un <a href="https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/fonctionnement-du-marche/systeme-de-vente-pyramidale/">système pyramidal</a>, où les acheteurs sont enrôlés en tant que revendeurs, puis embauchent à leur tour des revendeurs. Ce schéma protège les fabricants derrière les utilisateurs qui assurent la promotion et assument les fausses prétentions.</p>
<h2>Surfer sur la vague médiatique de technologies réellement quantiques</h2>
<p>Si les appareils de médecine quantique ne sont pas plus quantiques que votre stylo, les phénomènes quantiques néanmoins sont bel et bien exploités à l’heure actuelle, notamment pour réaliser les premiers ordinateurs quantiques. Ceux-ci sont opérés dans les conditions très exigeantes que les phénomènes quantiques exigent : ultravide et très basses températures (quelques degrés voire fractions de degrés au-dessus du zéro absolu, c’est-à-dire la bagatelle de -273 °C).</p>
<p>Avec le développement actuel de ces technologies quantiques bien réelles, il est à craindre que les charlatans ne surfent de plus belle sur la vague médiatique actuelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dossier-la-course-a-lordinateur-et-aux-communications-quantiques-196837">Dossier : La course à l’ordinateur et aux communications quantiques</a>
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<p>Il convient donc d’être particulièrement vigilants quant au contenu scientifique et à la sincérité de ceux qui nous font miroiter des promesses de santé ou de prospérité quantiques, afin que la médecine quantique ne devienne pas l’homéopathie de demain.</p>
<p>En ce sens, l’affaire Guerlain peut être vue comme une lueur d’espoir car elle a été un électrochoc pour de nombreux <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ShYK49Y11mI">scientifiques</a>, <a href="https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sciences/de-schrodinger-a-guerlain-le-quantique-une-science-mal-comprise-UGLJ3LCHG5HXXLNQJOAELV3QOI/">médias</a> et <a href="https://twitter.com/epenser/status/1742620037528138174">vulgarisateurs</a> – relais essentiels entre les scientifiques et le grand public – qui se sont exprimés en chœur sur cette thématique. Le fait que la totalité des grands médias leur ait donné un écho immédiat et sans ambiguïté – ce qui n’est pas toujours le cas en ce qui concerne les pseudosciences – est en ce sens rassurant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221258/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aymeric Delteil a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR). </span></em></p>
Les pseudosciences récupèrent souvent la physique quantique, dont les concepts servent de caution à des produits souvent chers et qui n’ont rien de quantique.
Aymeric Delteil, Chercheur CNRS, Groupe d'étude de la matière condensée, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/216027
2023-10-22T15:07:33Z
2023-10-22T15:07:33Z
Mode, beauté, « effet rouge à lèvres » : ces comportements de consommation qui ont changé depuis le Covid
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554768/original/file-20231019-29-y0la2x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5599%2C3741&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En période de crise, les ventes de produits cosmétiques ont tendance à augmenter, un phénomène désigné comme un «&nbsp;effet rouge à lèvres&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/poudres-pulverisees-et-rouges-a-levres-de-couleurs-assorties-1377034/">Dan Cristian Pădureț / Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La pandémie mondiale liée au <a href="https://theconversation.com/topics/coronavirus-81702">coronavirus</a> a, comme pour bien d’autres secteurs, eu un impact considérable sur <a href="https://www.businessoffashion.com/reports/news-analysis/the-state-of-fashion-2022-industry-report-bof-mckinsey/">l’ensemble du monde de la mode</a>, modifiant le comportement des consommateurs, perturbant les chaînes d’approvisionnement et affectant les principales entreprises du secteur.</p>
<p>En <a href="https://theconversation.com/topics/crises-55191">période de difficultés économiques</a>, il a plusieurs fois par le passé suivi une dynamique assez atypique que les chercheurs ont nommée <a href="https://www.forbes.com/sites/pamdanziger/2022/06/01/with-inflation-rising-the-lipstick-effect-kicks-in-and-lipstick-sales-rise/">« effet rouge à lèvres »</a>. Une augmentation des ventes de <a href="https://theconversation.com/topics/cosmetiques-20977">cosmétiques</a> et de maquillage chez les femmes a en effet été observée lors de <a href="https://www.theguardian.com/business/2008/dec/22/recession-cosmetics-lipstick">crises</a> telles que la Grande Récession de 2007-2009 et même la Grande Dépression des années 1930.</p>
<p>Daniel MacDonald et Yasemin Dildar, chercheurs à l’Université de Californie, ont proposé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2214804319304884?via%3Dihub">trois hypothèses</a> explicatives. La première est psychologique : les femmes achèteraient plus de maquillage simplement parce qu’elles veulent se faire plaisir au milieu des difficultés. Une autre est de nature anthropologique : les femmes achètent plus de maquillage pour mieux attirer des partenaires. La dernière fait appel à des considérations touchant au marché de l’emploi : acheter plus de maquillage serait une stratégie pour augmenter ses chances d’être (meilleures) employées.</p>
<p>Qu’en a-t-il été en période de pandémie ? Selon un <a href="https://www.mckinsey.com/%7E/media/McKinsey/Industries/Consumer%20Packaged%20Goods/Our%20Insights/How%20COVID%2019%20is%20changing%20the%20world%20of%20beauty/How-Covid-19-is-changing-the-world-of-beauty-vF.pdf">rapport</a> du cabinet de conseil, McKinsey, on a pu relever, en France la semaine du 16 mars 2020, celle du premier confinement, une augmentation de <a href="https://www.mckinsey.com/%7E/media/McKinsey/Industries/Consumer%20Packaged%20Goods/Our%20Insights/How%20COVID%2019%20is%20changing%20the%20world%20of%20beauty/How-Covid-19-is-changing-the-world-of-beauty-vF.pdf">jusque 800 %</a> des ventes de savons de luxe par comparaison avec la même semaine en 2019. Il semble néanmoins difficile ici de distinguer ce qui relèverait des conséquences d’une promotion soudaine des gestes barrières d’un effet rouge à lèvres.</p>
<p>Au cours du mois d’avril toutefois, Zalando, leader électronique du secteur en Europe, a fait état d’un boom dans les catégories de produits de beauté pour le bien-être et les soins personnels ; les ventes de produits de soins pour la peau, les ongles et les cheveux ont augmenté de 300 % d’une année sur l’autre. Les ventes de produit de maquillage, effet du télétravail sans doute, s’orientaient, elles à la baisse. Les mêmes tendances ont été observées chez Amazon.</p>
<p>Nos <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/14707853231201856">travaux</a> se sont ainsi donnés pour objectif de creuser cet effet rouge à lèvres d’un genre nouveau.</p>
<h2>Changements des comportements du consommateur</h2>
<p>Certaines <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0969698920309814?via%3Dihub">recherches</a> ont mis en évidence un changement du comportement des consommateurs pendant la crise Covid. Ont été par exemple soulignés, des achats impulsifs ou hédoniques, un rejet des achats en magasin, une modification des dépenses discrétionnaires ou un intérêt croissant pour la façon dont les marques traitent leurs employés. À notre connaissance néanmoins, une seule <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0887302X211014973">étude</a> a exploré l’évolution des habitudes de consommation dans le secteur de la beauté, et plus précisément des vêtements, au moment de la pandémie de Covid.</p>
<p>Ses auteurs ont étudié 68 511 tweets collectés entre janvier 2020 et septembre 2020, révélant divers éléments. Les internautes parlent de problèmes de sécurité (expédition depuis la Chine, virus sur les vêtements, vêtements de protection, désinfection des vêtements), de perturbations de la consommation (préoccupations concernant les services de revente et de location, inquiétudes concernant l’achat de vêtements spéciaux, inquiétudes concernant les achats en magasin, inquiétudes concernant l’expédition), demandes refoulées (arrêt ou report des achats, désir de soldes). Ils évoquent aussi une transition de la consommation (prise de poids et « rétrécissement des vêtements »), des changements d’habitude (style vestimentaire, désencombrement et don, sensibilisation à l’éthique) et de consommation (adaptation à un nouveau style vestimentaire, digitalisation).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1683902003653509120"}"></div></p>
<p>Notre <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/14707853231201856">projet de recherche</a> visait ainsi à explorer un potentiel effet rouge à lèvres Covid, à partir de trois études explorant l’impact à long terme de la pandémie sur les pratiques d’achats vestimentaires et de beauté.</p>
<h2>Un effet autocentré</h2>
<p>Dix-sept participants (neuf femmes et huit hommes), tous étudiants ont été recrutés pour notre première étude. Nous avons choisi exclusivement des étudiants sans responsabilité professionnelle ni présence familiale afin d’observer des pratiques de la mode pendant le confinement isolées de toute pression parentale ou managériale.</p>
<p>Les résultats suggèrent un impact potentiel des deux confinements sur les pratiques de mode et de beauté chez les femmes mais pas chez les hommes : les participantes ont passé beaucoup de temps à explorer leur relation avec les vêtements et les produits de beauté afin de mieux aligner leurs pratiques sur elles-mêmes, tandis que les étudiants de sexe masculin n’ont pas modifié leurs pratiques en matière de mode.</p>
<p>Pour approfondir cette intuition, nous avons recruté 111 étudiantes, lesquelles ont été invitées à compléter des questionnaires décrivant leur pratique vestimentaire, d’estime de soi et de bien-être avant la pandémie Covid et depuis le début de pandémie. Ils montré qu’elles choisissaient des couleurs plus vives et une gamme de couleurs plus large ainsi que des textures et des vêtements favorisant la mobilité. Une troisième étude sur le maquillage a souligné que les participantes en utilisaient une quantité moindre et moins fréquemment depuis le début de la pandémie.</p>
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<p>Notre recherche a mis en évidence, pour la première fois, un type spécifique de l’effet « rouge à lèvres », à savoir « l’effet rouge à lèvres autocentré » spécifique à la crise sanitaire Covid. Nos résultats ont confirmé que les participantes utilisaient moins de produits de maquillage mais aussi ont montré qu’elles portaient des vêtements différents pour mieux refléter leur identité authentique, leur « moi », une des réponses des consommateurs face à cette crise sanitaire. C’est un facteur d’explication de l’augmentation des ventes de produits de beauté pendant et post-Covid focalisées sur les produits cosmétiques, naturels, et/ou à faire soi-même.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216027/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurore Bardey ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
On observe généralement en période de crise une hausse qui peut sembler paradoxale des dépenses en produit de beauté. Le phénomène a toutefois pris un tour nouveau pendant le Covid.
Aurore Bardey, Associate Professor in Marketing, Burgundy School of Business
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/215841
2023-10-22T15:07:32Z
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Cosmétique « verte » : comment mieux évangéliser les clients ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554279/original/file-20231017-19-dn34y0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C12%2C1171%2C785&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2031, le marché des marques de beauté vertes devrait atteindre 59&nbsp;milliards de dollars.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/30478819@N08/50990981353">Flickr/ Marco Verch Professional Photographer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les produits de soin et de beauté dits « verts » représentent un marché à forte croissance. En effet, au niveau mondial, la valeur de ce marché ne cesse d’évoluer passant de 35 milliards de dollars en 2021 à environ <a href="https://www.statista.com/statistics/673641/global-market-value-for-natural-cosmetics/">59 milliards de dollars en 2031</a>. En France, le chiffre d’affaires de ce marché devrait augmenter en continu de 83,7 millions d’euros (+26,02 %) entre 2023 et 2028 et devrait atteindre un <a href="https://www.statista.com/forecasts/1259961/france-revenue-natural-organic-cosmetics-market">pic de 405,36 millions d’euros</a> à la fin de cette période.</p>
<p>Face à ces tendances, les chercheurs et les professionnels réfléchissent aujourd’hui aux moyens d’instaurer des relations plus durables entre le client et ces marques vertes, allant de l’achat répété jusqu’à la défense de la marque. La relation entre le consommateur et la marque peut en effet prendre plusieurs formes, dont la plus prononcée est connue sous le nom de l’évangélisme. Ce type de relation se caractérise par la diffusion de commentaires défavorables sur les marques concurrentes.</p>
<p>L’évangélisme de la marque nécessite un attachement profond et par conséquent un degré de fidélité très important. Autrement dit, plus le niveau de la fidélité du consommateur est élevé, plus le niveau de son évangélisme envers cette marque serait élevé.</p>
<h2>Confiance, socialisation et expression de soi</h2>
<p>Afin de mieux comprendre ces leviers de fidélité qui peuvent conduire à l’évangélisme dans le secteur de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cosmetiques-20977">cosmétique</a> verte, nous avons mené récemment une <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JBS-02-2023-0028/full/html">étude</a> menée auprès de 101 consommatrices de cette catégorie de produits. L’étude, publiée dans <em>Journal of Business Strategy</em>, révèle que les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/consommateurs-33275">consommateurs</a> retirent trois types de bénéfices de leur relation avec la marque qui semblent favoriser la fidélité, et par conséquent l’évangélisme : la confiance, la socialisation et l’expression de soi.</p>
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<img alt="Illustration de cosmétique verte" src="https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554282/original/file-20231017-23-m59ifx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plus le niveau de la fidélité du consommateur est élevé, plus le niveau de son évangélisme envers cette marque serait élevé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/white-organic-toothpaste-tube-and-bamboo-toothbrush-on-green-leaf-4465814/">Pexels/BD Jewel</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour fournir les <strong>bénéfices de confiance</strong> à un client, plusieurs actions peuvent être recommandées. Par exemple, le personnel de vente qui assiste les clients se doit d’avoir une bonne connaissance des offres notamment les compositions et l’usage du produit. Cela permet d’accroître le sentiment de sécurité et de confiance du client envers la marque verte. En outre, les offres de garanties (remboursement, échantillons, etc.) pourraient contribuer à réduire les risques liés à l’achat, améliorer la perception qu’ont les consommateurs de la performance de la marque verte et favoriseront leurs achats futurs.</p>
<p>En ce qui concerne les <strong>bénéfices de socialisation</strong>, les managers peuvent encourager l’interaction entre la marque et les consommateurs, d’une part, et entre les consommateurs eux-mêmes, d’autre part. Il s’agit notamment là de créer une communauté de consommateurs autour de la marque (sur les réseaux sociaux par exemple).</p>
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<p>Dans la même optique, la collaboration avec des influenceurs engagés dans le développement durable peut constituer un moyen pour générer des interactions. L’organisation d’événements thématiques autour de la marque où les clients peuvent se rencontrer et interagir directement apparaît également comme un bon moyen pour développer un sentiment d’appartenance et une forte identification à la marque.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Illustration de cosmétique verte" src="https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554283/original/file-20231017-25-b80k3s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs retirent trois types de bénéfices de leur relation avec la marque qui semblent favoriser la fidélité, et par conséquent l’évangélisme : la confiance, la socialisation et l’expression de soi.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/white-organic-toothpaste-tube-and-bamboo-toothbrush-on-green-leaf-4465814/">Pexels/Karolina Grabowska</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Enfin, pour renforcer les bénéfices de <strong>l’expression de soi</strong>, il est important que la marque se rapproche du consommateur, de sa personnalité et de ses représentations mentales. À cet égard, la personnalisation, au travers constitution d’une base de données clients fiable pour mener des actions de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/marketing-21665">marketing</a> direct et ciblé, peut être un atout pour les marques vertes de soin et de beauté. Cette offre personnalisée permet aux clients de percevoir que la marque les aide à exprimer l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et par conséquent, ils seront plus fidèles.</p>
<h2>Générer des sentiments d’affection</h2>
<p>Toutefois, l’évangélisme de la marque ne peut être acquis mais construit progressivement. Il est donc recommandé de mettre en œuvre, dans un premier temps, des actions visant à maintenir et renforcer la fidélité afin de la faire évoluer en un évangélisme de la marque. En ce sens, les managers doivent veiller à développer en permanence le lien émotionnel avec la marque verte.</p>
<p>La reconnaissance et la récompense des consommateurs fidèles, ou encore l’utilisation de techniques d’anthropomorphisation (qui consiste à attribuer des caractéristiques humaines comme un visage, une parole, une personnalité, etc.) dans la communication constituent des exemples d’actions qui pourraient générer des sentiments d’affection et d’affinité envers la marque verte. Cela peut constituer la première étape pour faire évoluer un client fidèle en un consommateur évangéliste.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215841/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Une étude identifie plusieurs leviers pour amener le client à promouvoir auprès d’autres sur les bienfaits d’une marque.
Manel Hamouda, Professeur associé en Marketing, EDC Paris Business School
Aroua Aissaoui, Docteur en sciences de gestion spécialité marketing, enseignante, École supérieure de commerce de Tunis
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/205349
2023-05-24T17:32:00Z
2023-05-24T17:32:00Z
Les cosmétiques « naturels » sans parfum sont-ils sans odeur… et sans danger ?
<p>Tout le monde utilise des <a href="https://ansm.sante.fr/page/liste-des-produits-cosmetiques">produits cosmétiques</a> au quotidien. Crèmes, gels, shampoings, produits solaires et capillaires… ils sont en effet indispensables pour nettoyer, protéger et entretenir notre peau, nos dents ou nos cheveux. Au-delà de cet usage esthétique, ils participent également à notre santé, en limitant le vieillissement prématuré des tissus ou en nous protégeant contre les <a href="https://theconversation.com/que-savoir-du-melanome-cutane-pour-se-premunir-au-mieux-202657">UV A et UV B du Soleil si dangereux pour notre peau</a> pour ce qui est des crèmes solaires.</p>
<p>Néanmoins, une vraie prise de conscience s’est faite ces dernières années concernant ces produits omniprésents.</p>
<p>Des études ont, par exemple, permis de suspecter certains de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0039914021005634">contenir des perturbateurs endocriniens</a>. Ces préoccupations poussent de plus en plus de consommateurs à privilégier ceux qui mettent en avant des arguments rassurants : absence d’allergènes, de parfum, 100 % naturels, etc.</p>
<p>De fait, les cosmétiques contiennent souvent de nombreux ingrédients – ce qui peut poser question. Ainsi, une simple crème hydratante peut en compter plusieurs dizaines : des agents hydratants, des corps gras, des tensioactifs, des conservateurs, des matières actives… et des parfums.</p>
<h2>Quel impact pour les parfums ?</h2>
<p>Les parfums sont généralement conçus à partir de divers composés : des molécules naturelles ou synthétiques associées à des extraits végétaux, tels que les huiles essentielles, assemblées pour créer une senteur agréable.</p>
<p>Privilégier les ingrédients naturels est une tendance actuelle forte dans ce domaine. Parmi les plus utilisés, on trouve des huiles essentielles de lavande ou d’orange douce qui sont composée de molécules telles que le <a href="https://dictionnaire.acadpharm.org/w/Linalol">linalol</a> ou le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032015001396">limonène</a>.</p>
<p>Pourquoi cette précision ? Parce que ces deux molécules naturelles ne sont pas, contrairement aux idées reçues, sans danger. Leur <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000020831810">utilisation est d’ailleurs règlementée</a> dans les produits cosmétiques car ils sont <a href="https://doi.org/10.1016/j.talanta.2014.08.006">allergènes</a> – le linalol peut provoquer des réactions de type eczémateux. Leur présence doit être indiquée sur les étiquettes des produits cosmétiques.</p>
<p>Ce n’est pas parce qu’une molécule est d’origine naturelle qu’elle est anodine ! Si elle est utilisée, c’est qu’elle a un effet… Tout est question de quantité.</p>
<p>Le plus simple ne serait-il donc pas de privilégier un produit cosmétique non parfumé – et sans allergènes ?</p>
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<h2>Des cosmétiques sans parfum ?</h2>
<p>Il faut revenir brièvement aux rôles des parfums ajoutés à nos produits de soin. On en compte trois principaux :</p>
<ul>
<li><p><strong>Créer une odeur et une sensation agréable.</strong> Lorsqu’on applique une crème sur notre visage, et donc près de notre nez, il est plus agréable d’y associer une odeur plaisante… Il y a aussi des odeurs qui sont rattachées à une marque précise et qui véhicule une valence positive. C’est le cas du parfum emblématique des fameuses crèmes au pot bleu ;</p></li>
<li><p><strong>Amplifier l’efficacité du produit.</strong> Certains parfums peuvent avoir un caractère apaisant ou vitalisant qui peuvent intensifier son action. Il peut être cognitif ou physiologique – par exemple avec un <a href="https://www.lavoisier.fr/livre/genie-pharmaceutique/cosmetiques-parfums-et-emotions-l-apport-des-neurosciences/descriptif-9782490639359">effet apaisant sur le rythme cardiaque</a> ;</p></li>
<li><p><strong>Masquer l’odeur des autres ingrédients.</strong> Certains extraits de plantes utilisés comme actifs anti-âge ont des odeurs désagréables et peuvent difficilement être utilisés seuls.</p></li>
</ul>
<p>Lorsque l’on développe un produit sans parfum, on perd donc ces trois effets.</p>
<p>Mais un produit sans parfum ajouté est-il pour autant sans odeur ? Contient-il moins de composés chimiques ? Les choses ne sont pas si simples…</p>
<p>En réalité, un produit auquel on a enlevé son parfum va conserver une odeur. Moins intense, celle-ci n’est pas totalement absente pour autant.</p>
<h2>Sans parfum… mais pas sans odeur !</h2>
<p>Les odeurs sont dues à des composés volatils capables d’atteindre les récepteurs olfactifs situés dans notre nez. Nous possédons une très grande sensibilité aux odeurs et quelques molécules seulement peuvent être détectées… Un composé odorant à l’état de traces sera donc perçu.</p>
<p>Les ingrédients utilisés peuvent ainsi avoir une odeur en propre. Nous ne parlons pas ici des parfums rajoutés, mais des ingrédients constitutifs du produit cosmétique utilisé : agents hydratants, corps gras, tensioactifs, conservateurs, matières actives… Et si les ingrédients ont une odeur, alors le cosmétique sera également odorant. Possiblement plus gênant, il peut y avoir des interactions entre composés, générant de nouvelles senteurs.</p>
<p>Évaluer l’intensité d’une odeur n’est pas évident, et il n’existe pas d’instrument de mesure universel. Pour cette raison, l’évaluation est généralement réalisée par… des nez humains ! Ce type d’analyse olfactive peut se révéler très subjective, d’où l’importance des précautions à considérer autour du nombre d’évaluateurs et de l’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ics.12811">échelle de notation employée</a>.</p>
<p>Pour pallier aux différences de sensibilité entre individus, le panel est composé au minimum de dix volontaires. Et pour assurer la cohérence de leurs évaluations (une intensité donnée doit être équivalente pour tous), une série de solutions de référence leur est transmise – en général la molécule de n-butanol, naturellement présente dans de nombreux aliments et d’une odeur plutôt désagréable, diluée dans l’eau à plusieurs concentrations. Les résultats permettent de « calibrer », « étalonner » le panel.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="L’intensité va de 0 à 10 (pas d’odeur à odeur très prononcée voire gênante)" src="https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=261&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=261&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=261&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=328&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=328&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=328&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Relation entre les niveaux d’intensité d’une odeur et les perceptions associées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Géraldine Savary, Catherine Malhiac</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On peut ainsi évaluer l’intensité de l’odeur d’une crème hydratante parfumée, qui est en moyenne de 8/10. La même crème sans parfum ajouté aura une odeur plus faible, évaluée à 2,5/10, ce qui est peu… mais pas nul.</p>
<h2>Quels sont les composés les plus odorants ?</h2>
<p>Parmi les ingrédients potentiellement odorants, on peut mentionner <strong>les huiles et les corps gras</strong> qui ont de légères odeurs végétales ou de noisette. Appelés émollients en cosmétique, ils sont incontournables et se retrouvent dans les produits de soin de la peau ou du cheveu car ils protègent, assouplissent et nourrissent nos tissus.</p>
<p>Leur <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ics.12811">odeur résiduelle</a> est due à la présence de composés couramment rencontrés dans la nature tels que des aldéhydes aux odeurs grasses, des esters fruités ou des alcools.</p>
<p>Pour créer un produit cosmétique sans odeur, il faudrait donc employer des ingrédients inodores… qu’il faut créer. On s’éloigne donc du naturel. Cela fait l’objet de travaux au sein de <a href="https://urcom.univ-lehavre.fr/">notre laboratoire de recherche</a>.</p>
<p>Identifier les composés volatils et prévoir une « remédiation ciblée » permettent de réduire l’odeur des émollients : nous allons chercher à éliminer ou réduire la présence de molécules précises… Mais lesquelles cibler ? Les plus abondantes ?</p>
<p>Là encore, ce n’est pas si simple… Parfois des composés peu abondants peuvent avoir une puissance odorante : c’est donc eux qu’il faut cibler. Il faut alors isoler, identifier et quantifier ces éléments chimiques. <a href="https://www.theses.fr/s245673">Des analyses chimiques sont associées à une analyse sensorielle</a> car tout est question, littéralement, de nez. Grâce à ces travaux, l’odeur résiduelle peut passer d’une intensité de 4/10 à 2/10, qui est pratiquement indétectable.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La désodorisation a permis de faire disparaître les molécules les plus odorantes" src="https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Mise en évidence de la désodorisation d’ingrédients cosmétiques par analyse chromatographique couplée à l’olfaction, en fonction du temps de maintien de l’odeur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">G. Savary et C. Malhiac</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Un autre type d’ingrédients très courants peut avoir une odeur : il s’agit des <strong>conservateurs</strong>, par exemple le <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2015sa0150.pdf">phénoxyéthanol</a> ou les <a href="https://theconversation.com/les-cosmetiques-biologiques-est-ce-vraiment-mieux-pour-la-sante-53132">parabènes</a>. Ces deux conservateurs synthétiques sont connotés péjorativement car ils sont suspectés d’être allergène cutané pour l’un et perturbateur endocrinien et reproducteur pour l’autre.</p>
<p>Ils sont autorisés dans les produits cosmétiques, mais leur utilisation est restreinte et réglementée au niveau des doses maximales d’emploi. À côté de ces potentiels effets sur la santé très surveillés, se cachent néanmoins des ingrédients indispensables : ils évitent notamment le développement des micro-organismes en présence d’eau, garantissant ainsi une conservation adéquate dans le temps, même à de faibles doses.</p>
<p>Comme les huiles et les corps gras, ils ont également une odeur caractéristique, en l’occurrence une senteur fleurie plutôt agréable ! Une senteur plaisante n’est bien sûr pas le critère de sélection d’un composé. On pourrait estimer qu’il est préférable de choisir des remplaçants naturels… sauf qu’ils sont souvent plus odorants que leur pendant synthétique.</p>
<p>On peut citer les huiles végétales naturelles (4/10) qui ont une intensité olfactive supérieure aux silicones synthétiques (1/10). Ces silicones inodores sont cependant <a href="https://theconversation.com/pour-2019-changez-de-regard-sur-les-cosmetiques-110002">sujettes à controverse</a> concernant leurs impacts sur l’environnement et la santé.</p>
<p>Au final, des cosmétiques (ingrédient et produit) sans odeur, est-ce possible ? Oui, et c’est même le cas de l’ingrédient le plus utilisé dans nos crèmes hydratantes : l’eau pure !</p>
<h2>Naturel, sans odeur, sans parfum : faire la part des choses</h2>
<p>« Naturels », « sans parfum », « sans allergènes »… On le voit, les raccourcis sont nombreux, tout comme les contradictions qui émergent quand on cherche à minimiser l’impact de nos produits du quotidien sur la santé.</p>
<p>Ainsi, il existe aujourd’hui une volonté d’aller vers des cosmétiques toujours plus inodores, qui sont devenus un gage de qualité auprès du grand public – et, donc, un avantage concurrentiel pour les fournisseurs d’ingrédients.</p>
<p>Mais si l’on peut désormais diminuer la présence de parfum, et donc d’allergènes, et concevoir des bases de crèmes neutres, cela demande la mise en place de nouvelles étapes de purification parfois énergivores lors de la production industrielle !</p>
<p>Alors que l’odeur résiduelle initiale est anodine, sans risque…</p>
<p>Les produits parfumés restent pour l’heure majoritaires dans nos placards et beaucoup restent attachés à l’odeur de leur gel douche ou de leur lait pour le corps. Il y a toutefois une volonté d’aller vers des parfums toujours plus naturels.</p>
<p>Si le « plus naturel » s’est imposé comme un critère de vente, il ne faut pas en conclure que les ingrédients de synthèse sont forcément « plus mauvais » que leurs contreparties naturelles. Pour vraiment juger de la nocivité d’un produit, c’est au niveau moléculaire qu’il faut regarder – c’est le travail de la recherche : identifier les molécules à risque, à quelle concentration, dans quel environnement… Et c’est un travail toujours en cours !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205349/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Dans la course aux produits cosmétiques naturels, la recherche de la moindre odeur est souvent un critère. Que dire de ces ingrédients ? Le naturel est-il forcément sans risque ?
Géraldine Savary, Enseignant-chercheur en analyse sensorielle dans le domaine des arômes, parfums et cosmétiques, Université Le Havre Normandie
Catherine Malhiac, Enseignant-chercheur à l'Unité de Recherche en Chimie Organique et Macromoléculaire, Université Le Havre Normandie
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/166050
2021-08-30T20:50:42Z
2021-08-30T20:50:42Z
Produits solaires pour bébés : ce qu’il faut savoir
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/417636/original/file-20210824-15-15xhsp6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/AVGc87j_vNA">© Valeria Zoncoll / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis quelques années, on voit se multiplier sur le marché des produits de protection solaire destinés aux enfants, et plus particulièrement aux bébés. En parcourant les rayons des magasins, on pourrait ainsi croire qu’exposer les nourrissons au soleil est chose normale. Certains fabricants de crèmes solaires les ciblent, en effet, ouvertement, envisageant sans ciller des coups de soleil entre 6 et 12 mois !</p>
<p>Sur Internet également, des blogueurs se font l’écho des produits solaires « pour bébés » disponibles sur le marché, vantant les mérites – alternativement et selon leurs convictions personnelles – de produits conventionnels ou biologiques. Des recettes « maison » sont aussi, dans certains cas, indiquées comme utilisables chez le bébé.</p>
<p>Résultat, au comptoir des pharmacies, des parents interrogent : peut-on exposer un bébé au soleil dès la naissance ? À 3 mois ? À 4 mois ? La réponse se trouve dans les textes réglementaires, et elle est claire : « N’exposez pas les bébés et les jeunes enfants directement au soleil ».</p>
<h2>De bien surprenants « conseils »</h2>
<p>Certaines marques de cosmétiques précisent que les produits solaires « pour bébé » peuvent « s’utiliser dès la naissance », « à partir de 0 mois », de 3 mois ou encore de 6 mois. On trouve également des conseils en matière de protection solaire sur… des sites de sociétés spécialisées dans l’alimentation infantile ! On peut notamment y lire que de « nombreuses crèmes sont déconseillées en dessous de 3 ans et, jusqu’à très récemment, il était d’usage de ne rien appliquer sur la peau de petits de moins de 6 mois ».</p>
<p>Ce « jusqu’à très récemment » est intrigant, dans la mesure où justement, l’exposition des enfants au soleil étant contre-indiquée, une protection solaire ne s’impose aucunement. Tout aussi étonnantes sont les recommandations de ces sites sur la prise en charge des coups de soleil survenant chez des nourrissons de la tranche d’âge 6-12 mois.</p>
<p>Ajoutons enfin les propos relayés sur de nombreux blogs, qui font parfois référence à des recettes de produits solaires maison à base d’<a href="https://ec.europa.eu/health/scientific_committees/opinions_layman/zinc-oxide/fr/index.htm#1">oxyde de zinc, utilisé dans le domaine cosmétique en tant que colorant</a>, n’hésitant pas à affirmer que cet ingrédient est « beaucoup utilisé sur les peaux de bébés ». De fait, l’oxyde de zinc constitue l’ingrédient-phare des produits destinés aux fesses des bébés. Il exerce dans ce type de formules un rôle protecteur constituant une interface entre la peau, l’urine et/ou les excréments.</p>
<p>Mais ce type d’oxyde de zinc ne doit pas être confondu avec <a href="https://ec.europa.eu/health/scientific_committees/opinions_layman/zinc-oxide/fr/index.htm#2">l’oxyde de zinc nanométrique</a> susceptible d’être utilisé dans le domaine des produits solaires. Dans ce dernier cas, les particules d’oxyde de zinc sont de taille bien inférieure à celles utilisées dans les produits précédemment cités. Ce qui est indispensable : nous avons démontré que l’effet protecteur vis-à-vis du soleil <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18271305/">est d’autant plus important que la taille des particules est faible</a>.</p>
<h2>Que dit la réglementation ?</h2>
<p>D’un point de vue réglementaire, un texte <a href="https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2006:265:0039:0043:FR:PDF">publié en septembre 2006 sur le journal officiel de l’Union européenne</a> devrait être parfaitement connu des personnes mettant sur le marché des produits de protection solaire.</p>
<p>Il détaille en effet les éléments à prendre en compte lors de la formulation de tout produit de protection solaire. Pour mettre sur le marché un tel produit, le fabricant doit en déterminer l’indice de protection solaire, et calculer la part de cette protection visant les UVA (rappelons au passage que les UVA sont les UV impliqués dans le bronzage, mais également dans le phénomène de carcinogenèse). Cette part doit être au minimum d’1/3.</p>
<p>Le texte précise aussi les éléments de santé publique à faire figurer sur l’emballage pour sensibiliser le consommateur aux risques liés aux UV.</p>
<p>À cet égard, un certain nombre de messages clairs doivent être relayés par les laboratoires commercialisant ces produits. Tout d’abord, la mention « écran total » ou « protection totale » devrait être bannie du langage marketing, de même que l’allégation « prévention durant toute la journée ». La Commission souligne aussi la nécessité, sur les emballages des produits de protection solaire, « d’avertissements indiquant qu’ils ne procurent pas une protection à 100 %, ainsi que des conseils sur les précautions à prendre en plus de leur utilisation ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-bien-choisir-ses-vetements-et-son-parasol-pour-se-proteger-du-soleil-164452">Comment bien choisir ses vêtements (et son parasol) pour se protéger du soleil</a>
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<p>Ces avertissements, précise le texte réglementaire, pourraient consister à indiquer : « Ne restez pas trop longtemps au soleil, même si vous utilisez un produit de protection solaire ». Ou bien, à noter : « La surexposition au soleil est une menace sérieuse pour la santé ». Ou encore, à signaler : <a href="https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2006:265:0039:0043:FR:PDF#page=4">« N’exposez pas les bébés et les jeunes enfants directement au soleil »</a>.</p>
<h2>Le « bébé » n’existe pas</h2>
<p>Dans ces conditions, on comprend aisément qu’un produit solaire ne peut pas s’adresser à la cible très spécifique qu’est le bébé. On notera, au passage que du point de vue de la réglementation cosmétique, le bébé (terme en effet très imprécis) n’existe pas : seul est considéré l’enfant de moins de 3 ans, pour lequel un <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02009R1223-20201203&from=EN">certain nombre d’ingrédients sont interdits</a>, comme l’acide salicylique.</p>
<p>Enfin, ajoutons que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un <a href="https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/produits-de-sante-cosmetiques-et-tatouages-en-ete-adoptez-les-bons-reflexes/le-point-sur-vos-produits-solaires">dossier thématique sur les produits solaires</a>. Un encadré y met en garde contre le bronzage, « qui ne remplace pas les produits solaires ». Il débute par la phrase suivante : « De manière générale, ne vous exposez pas aux heures de la journée où le rayonnement est le plus intense et n’exposez jamais les bébés et les jeunes enfants directement au soleil. »</p>
<p>Peut-on le dire plus clairement ? Laisser des enfants de 0 à 3 ans sous les rayons ardents du soleil est totalement contre-indiqué. Les textes européens font clairement mention de l’obligation d’un message de santé publique en ce sens, et ce depuis de nombreuses années.</p>
<p>Notons toutefois qu’il ne semble pas y avoir de véritable contrôle des allégations mentionnées sur les cosmétiques, moyennant quoi l’industrie semble s’enhardir d’année en année. Il serait pourtant grand temps de mettre un terme à cette surenchère en matière de produits à destination des bébés ; on peut comprendre la confusion des parents qui découvrent que ce type de produits existe, et craindre qu’ils ne se trouvent encouragés à prendre des risques inconsidérés.</p>
<p>Interrogé, la réponse du pharmacien sera claire : un bébé ne doit pas être mis au soleil ! Outre le risque d’insolation et de brûlures dangereuses pour sa peau fragile, on altère son capital soleil, avec à la clé le risque d’apparition à l’âge adulte de mélanomes, c’est-à-dire des cancers cutanés photoinduits : on sait en effet ce risque d’autant plus grand <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31185109/">qu’il y a eu des coups de soleil pendant l’enfance ou l’adolescence</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166050/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
La règlementation européenne l’indique clairement : il ne faut pas exposer les bébés et jeunes enfants au soleil. Alors, comment expliquer l’existence de produits solaires qui leur sont destinés ?
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/164700
2021-07-18T16:46:14Z
2021-07-18T16:46:14Z
Comment fonctionnent les écrans solaires ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/411774/original/file-20210718-15-1c0itzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C0%2C4348%2C2903&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les écrans solaires protègent des brûlures, du cancer de la peau, et du vieillissement cutané dû au soleil.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/thenickster/14368926652/in/photolist-nTJvhG-fpA68L-98dQzd-riRP91-snfAhe-4XHaqt-523knG-4aGwii-6RWoNM-9uXwko-8mBLqB-dUhHiP-9y1To8-51Y6Qe-e9KsRV-7ywGz1-9y4RKd-sVeqzj-b2TKxn-6TMieA-ac96Po-9WX1Gz-9y1TFp-F9M8w-bqfzVF-5cpJwZ-sVkZNF-eRPTDz-9XhCSX-ZPSFw8-sfYThZ-nZKFus-a5ExNL-9Ts6Kr-5bLjth-6ZQscZ-sVd7tj-hSD3Wz-Cqa5t-5q9c24-6q7nCD-cchSyy-7re8qy-2XD2jU-a5ZE3k-5A6DbJ-FSXmKV-6S9ZTw-5Rzq8d-y6XrR2">PRONicki Dugan Pogue/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les écrans solaires réduisent non seulement <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10475183">les risques</a> de coups de soleil et de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21135266">cancer de la peau</a>, mais ils limitent aussi le vieillissement cutané <a href="http://annals.org/aim/article-abstract/1691733/sunscreen-prevention-skin-aging-randomized-trial">résultant de l’exposition au soleil</a>.</p>
<p>Encore faut-il pour cela se souvenir, une fois l’été arrivé, des bonnes pratiques d’utilisation : comment bien appliquer sa crème solaire ? Faut-il attendre avant de s’exposer ? Au bout de combien de temps faut-il en remettre ? Et d’ailleurs, comment fonctionnent les écrans solaires ?</p>
<h2>Un écran solaire, comment ça marche ?</h2>
<p>Les écrans solaires sont tous constitués de deux composantes : le principe actif et l’émulsion.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199538/original/file-20171217-17854-4k3d6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Lés écrans solaires peuvent soit absorber le rayonnement ultraviolet, soit le réfléchir.</span>
<span class="attribution"><span class="source">from shuttersrock.com</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le principe actif est responsable de la protection solaire. On en distingue deux sortes : les absorbeurs de rayonnement ultraviolet (UV), et les réflecteurs. </p>
<p>Les absorbeurs d’UV sont des composés chimiques capables d’absorber les rayonnements UV et de les convertir en chaleur. Il s’agit évidemment d’une chaleur légère, si faible que la plupart des gens ne la remarquent pas - cependant, une petite proportion des personnes qui utilisent de tels écrans solaires se plaignent qu’ils leur donnent chaud. Ces composés absorbeurs d’UV sont aussi parfois appelés « organiques », car ils contiennent des atomes de carbone, lesquels sont à la base de toute matière organique. </p>
<p>Certains de ces écrans solaires absorbent les UVB, la partie du spectre lumineux qui est responsable des coups de soleil et contribue au risque de cancer de la peau. D’autres absorbent les UVA, de plus grande longueur d’onde. Des travaux scientifiques récents suggèrent que les UVA pénètrent non seulement plus profondément la peau, mais qu’ils peuvent aussi <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21192263">contribuer au cancer de la peau</a> en compromettant la réponse immunitaire en lien avec les dommages à l’ADN. L’utilisation de crèmes solaires « à spectre large » est donc recommandée, car ce sont celles qui offrent la meilleure protection.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199537/original/file-20171217-17842-1nu28a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les écrans solaires à spectre large sont recommandés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">from shutterstock.com</span></span>
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<p>Les « réflecteurs » d’UV sont principalement constitués d’oxydes, tels que l’oxyde de zinc et l’oxyde de titane, qui absorbent et dispersent les rayonnements UV.</p>
<p>La plupart des écrans solaires contiennent plus d’un ingrédient actif, certains pouvant en contenir jusqu’à six, voire davantage.</p>
<p>L’émulsion - lotion, lait, crèmes, huile, mousse ou gel - est la composante qui transporte le principe actif. Elle est habituellement constituée d’une combinaison d’huile et d’eau, ainsi que d’autres ingrédients destinés à préserver l’écran solaire afin qu’il ne se dégrade pas lorsqu’il est stocké, que ce soit sur les étagères des magasins ou dans votre armoire. Ces ingrédients jouent également un rôle dans la résistance à l’eau du produit, et influencent aussi sa texture et son odeur, ou encore sa capacité à adhérer à la peau.</p>
<h2>Qu’est-ce que l’indice FPS ?</h2>
<p>Comme leur nom l’indique, les écrans solaires jouent un rôle d’« écran » : ils ne bloquent pas totalement les rayons du soleil. On peut se représenter leur fonctionnement comme celui d’une moustiquaire de porte, qui laisse passer l’air, mais empêche les insectes d’entrer : une partie des rayons UV passe à travers la crème solaire et peut donc atteindre la peau.</p>
<p>La quantité d’UV capable de traverser l’écran solaire dépend de son indice FPS (pour « Facteur de Protection Solaire ») ou SPF (« Sun Protection Factor »). Plus celui-ci est élevé, moins les UV sont capables de traverser l’écran. </p>
<p>Un écran solaire avec un FPS de 30 ne laisse passer qu’un trentième des UV (ou 3,3 %). Autrement dit, il en filtre 96,7 %. Avec un FPS de 50, 98 % des UV sont filtrés, et 2 % atteignent la peau.</p>
<p>On constate que si la différence entre un indice FPS 30 et un indice FPS 50 peut sembler importante, en matière de protection <a href="https://theconversation.com/mondays-medical-myth-spf50-sunscreen-almost-doubles-the-protection-of-spf30-3949">elle s’avère relativement modeste</a> (1.3 %).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=823&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=823&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=823&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1034&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1034&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199539/original/file-20171217-17845-cclwbq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1034&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un écran solaire avec un FPS de 30 n’est pas beaucoup moins protecteur qu’un écran avec un FPS de 50.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jeepersmedia/17855705411/in/photolist-tcRa8R-9kKWpL-6dXBqN-8TRiSp-5CHmuS-g3ZVFe-3QpNR-qpT9wg-aN6iE4-aN6iVB-cCmuPJ-sfYSRP-tatAWL-tcxKcQ-tcR94M-9TssdX-5ASZLL-FcMoR-UBeywg-BeYxS-3ePfsz-9XveSu-5gsrSr-6aeQL6-tatFdm-5dUxds-aijESW-9dv4iy-69RaLZ-8tjcm-7P58Gv-7U28y3-iiAcC-e7kULf-59CnVh-3e3mz-nVDFC7-LqfSm-Pp294-fDzbrd-8uao9D-6zCwUa-jk7Vw-i7oaU-cyWnfy-4TkmU6-5iAymk-43h1b-6ngGtx-eeWN4t/">Mike Mozart/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Pour le dire autrement, si, sans aucune protection, votre peau commence à être brûlée par le soleil au bout de dix minutes, l’application (correcte) d’un écran solaire FPS 30 ralentit le processus au point qu’il faudrait 30 fois plus de temps pour obtenir la même brûlure, soit 300 minutes. Avec un écran de FPS 15, cela prendrait 150 minutes, tandis qu’avec un écran de FPS 50, il en faudrait 500.</p>
<p>Mais ces chiffres théoriques ne sont valables que dans des conditions parfaites, ce qui n’est pas le cas dans le monde réel. Si vous restez au soleil pendant 500 minutes (soit plus de huit heures !) en comptant uniquement sur votre crème solaire pour protéger votre peau, vous allez probablement brûler !</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-cremes-solaires-maison-plus-dangereuses-quefficaces-162553">Les crèmes solaires « maison », plus dangereuses qu’efficaces</a>
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<h2>Quand et comment appliquer son écran solaire ?</h2>
<p>Observée au microscope, la peau est constituée d’une alternance de pics et de creux. S’enduire une vingtaine de minutes avant de s’exposer laisse à l’écran solaire le temps de se répartir correctement dans lesdits creux, et ainsi d’adhérer correctement à la peau.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199540/original/file-20171217-17860-dsx3hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pics et creux alternent à la surface de la peau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">from shutterstock.com</span></span>
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<p>On peut lire sur les notices d’utilisation de nombreux écrans solaires qu’il est recommandé de réappliquer une couche de produit toutes les deux heures. Cependant, pour obtenir une meilleure protection, une nouvelle application 20 à 30 minutes après la première semble plus indiquée. De la même façon qu’on passe une seconde couche de peinture après que la première a terminé de sécher, cette seconde application permet de couvrir les endroits que l’on pourrait avoir manqué lors du premier passage, ou que l’on aurait couvert avec trop peu de crème solaire.</p>
<p>Il est aussi important d’appliquer l’écran solaire de façon généreuse. La plupart des utilisateurs en mettent <a href="http://www.bmj.com/content/313/7062/942.1">trop peu</a> (généralement 20 à 75 % des quantités nécessaires pour obtenir la protection solaire indiquée sur l’étiquette). Appliquer l’équivalent d’une cuillère à café par membre permet généralement d’être sûr d’avoir mis la bonne quantité. Même chose pour le visage, l’avant du torse et le dos. Si vous êtes sur la plage en short de bain ou en bikini, cela fait en tout <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Schneider+J+sunscreen+2002">sept cuillères à café</a>, soit environ 35ml.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199541/original/file-20171217-17863-xjgjtl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vous devez appliquer environ sept cuillères à café de crème solaire si vous êtes à la plage en bikini.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/W3nPLWO1ePU">rawpixel.com / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Répartissez bien l’écran solaire, et réappliquez-en toutes les deux heures (même s’il est écrit que votre produit résiste à l’eau pendant quatre heures), voire plus souvent si vous êtes particulièrement actifs (si vous transpirez, si vous vous êtes essuyé la peau, etc.). Il est également recommandé de vérifier la date de péremption de votre écran solaire.</p>
<p>Utilisez également d’autres types de protection pour votre peau : chapeaux, vêtements, emplacements ombragés… Et n’hésitez pas à rester à l’intérieur pendant les périodes de la journée où les UV sont les plus élevés, généralement entre midi et midi et demi, heure solaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/health-check-will-i-damage-my-eyes-if-i-dont-wear-sunglasses-68582">Health Check: will I damage my eyes if I don't wear sunglasses?</a>
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<p>L’Organisation mondiale de la santé recommande de protéger sa peau du soleil dès lors que <a href="http://www.who.int/uv/publications/globalindex/en/">l’indice UV atteint 3</a>. En Australie, l’indice UV est consultable sur le site du <a href="http://www.bom.gov.au/uv/">Bureau of Meteorology</a>. L’<a href="http://www.sunsmart.com.au/tools/interactive-tools/free-sunsmart-app">application SunSmart</a> vous permet d’obtenir des relevés en direct sur votre smartphone. </p>
<p>(<em>ndlr : en France, l’indice UV est consultable <a href="https://meteofrance.com/">sur les cartes de prévision de Météo France</a></em>)</p>
<h2>Combien de temps puis-je rester au soleil avec un écran solaire ?</h2>
<p>Il est plus sage de ne pas rester au soleil plus longtemps que ne le requiert l’activité initialement prévue. S’exposer plus longtemps simplement parce que l’on a l’impression d’avoir mis une « armure anti-UV » (ce que ne sont pas les écrans solaires…) est généralement une mauvaise idée. </p>
<p>En outre, les activités que nous pratiquons finissent souvent par enlever de l’écran solaire, ce qui diminue son efficacité, même en suivant aux mieux les recommandations. Il suffit de se gratter, d’essuyer l’eau que l’on a eue dans les yeux, de faire un câlin à ses enfants, se frotter contre un arbre ou contre son meilleur ami… Et encore une fois, il ne faut pas oublier que si ces produits filtrent les rayons du soleil, ils ne les arrêtent pas complètement.</p>
<p>D’ailleurs, peut-on malgré tout bronzer, si l’on applique correctement son écran solaire ? La réponse est non. En effet, si l’écran solaire est appliqué correctement, il diminue l’exposition aux UV de telle sorte que les processus biologiques responsables du bronzage ne se déclenchent pas.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164700/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Terry Slevin travaille pour le Cancer Council Western Australia (CCWA) et pour le Cancer Council Australia (CCA). Les Cancer Councils vendent des écrans solaires, cependant, moins de 5 % des revenus du Cancer Council proviennent de la vente de crèmes solaires. Le CCWA a reçu des subventions gouvernementales pour gérer le programme SunSmart en Australie occidentale. Il est l'éditeur de Sun Skin and Health (2014 CSIRO publishing). Les recettes des ventes d'écrans solaires et du livre sont destinées à la recherche sur le cancer, à l'éducation et à l’assistance aux personnes atteintes de cancer.</span></em></p>
Peut-on bronzer avec un écran solaire efficace et bien appliqué ? À quel intervalle faut-il en remettre ? Doit-on attendre avant de s’exposer au soleil ? Petits rappels souvent nécessaires…
Terry Slevin, Adjunct Professor, School of Psychology, Curtin University and College of Health and Medicine, Australian National University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/162553
2021-06-23T19:01:56Z
2021-06-23T19:01:56Z
Les crèmes solaires « maison », plus dangereuses qu’efficaces
<p>La mode du « Do-it-Yourself », qui consiste à tout fabriquer par soi-même, peut s’avérer plus ou moins risquée selon le domaine concerné. S’agissant de la protection solaire, l’enjeu est particulièrement important, puisqu’il s’agit de limiter le risque de survenue de cancers cutanés. </p>
<p>En s’éloignant des produits mis au point par les experts, et en s’en remettant à ceux élaborés par ses pairs, le consommateur peut avoir l’impression d’éviter de tomber dans la gueule du loup de la chimie industrielle, mais en réalité, il expose sa peau aux crocs du soleil. </p>
<p>L’évaluation de la composition et de l’efficacité des formules proposées sur Internet révèle en effet qu’elles ne sont généralement pas adaptées pour se protéger des rayons ultra-violets.</p>
<p>Nous avons récemment <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33047478/">testé 15 recettes de crèmes solaires « à faire soi-même » disponibles sur Internet</a>. Trois des 15 recettes étudiées ne contenaient aucun filtre solaire et constituaient donc un risque majeur pour les utilisateurs en cas d’exposition au soleil. Pour les 12 autres, le facteur de protection solaire était inférieur à 6, la valeur seuil en Europe pour pouvoir considérer qu’un cosmétique entre dans la catégorie des produits de protection solaire.</p>
<h2>Des recettes qui manquent de précision et de filtres UV</h2>
<p>Sur Internet, de nombreux blogs tenus par des particuliers n’ayant pas une formation spécifique dans le domaine cosmétique proposent des formules maison antisolaires. Une recherche rapide permet de trouver un grand nombre de recettes de produits solaires maison dont les compositions sont assez similaires. </p>
<p>Les formules « quali-quantitatives » ne sont pas d’une extrême précision, les quantités étant exprimées dans des unités variées (g ou ml), ou rapportées à des ustensiles variés (cuillères à soupe, compte-gouttes…). L’oxyde de zinc, utilisé en tant que filtre protecteur anti-UV, est ainsi présent dans les recettes à des concentrations très variables (de 4,5 à 35 %), dont certaines dépassent <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02009R1223-20201203&from=EN">la dose limite d’emploi</a>, qui est de 25 %.</p>
<p>Pire encore : certains blogs vont jusqu’à proposer des formules de crèmes solaires maison qui ne contiennent aucun filtre UV ! On citera, par exemple, les mélanges suivants : </p>
<ul>
<li>huile de karanja, beurre de karité, huile de coco, huile de carotte ; </li>
<li>beurre de karité, huile de coco, huile essentielle de myrrhe, huile essentielle de carottes, huile essentielle de lavande ; </li>
<li>huile de coco, beurre de karité, huile de jojoba, de sésame ou de tournesol, vitamine E, huile essentielle de lavande, d’eucalyptus ou de menthe poivrée. </li>
</ul>
<p>Certains de ces ingrédients semblent avoir été choisis en s’appuyant sur <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3140123/">une étude indienne parue en 2010</a>. Ses auteurs, Chanchal Deep Kaur et Swarnlata Saraf, attribuaient en effet à différents corps gras et huiles essentielles un facteur de protection solaire (ou SPF pour « sunburn protection factor ») de valeur élevée. </p>
<p>Le problème est que les travaux de ces chercheurs reposent sur un protocole inapproprié, basé sur des échantillons en solution alors qu’habituellement les tests se font sur support solide, et selon un mode de calcul différent. Basés sur la <a href="https://www.researchgate.net/publication/317617915_Le_point_sur_les_methodes_in_vitro_de_determination_de_l%E2%80%99efficacite_des_produits_de_protection_solaire">méthode de Diffey et Robson</a>, nos propres travaux (en cours de publication) n’ont pas confirmé ces résultats, loin de là. </p>
<p>Alors que Chanchal Deep Kaur et Swarnlata Saraf attribuent à l’huile de coco un SPF de 7,119, nos tests ont déterminé un SPF de 1. L’huile essentielle de menthe poivrée obtenait quant à elle un SPF de 6,668 pour une dose d’emploi de 1 % (1 % d’huile essentielle pour 99 % d’excipient - en solution hydroalcoolique). Ce résultat en ferait un produit surpuissant, plus performant que les meilleurs filtres UV du marché, puisque ces derniers procurent un SPF de 20 pour une dose d’emploi de 10 % (soit 2 unités SPF par pour cent) ! Cependant, nos propres mesures n’attribuent à la menthe poivrée utilisée pure, sans dilution, qu’un SPF de 1. </p>
<p>Évoquons également le cas de l’<a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/laurel-une-huile-tres-bizarre-235/">huile de pépins de framboise</a>, à la mode <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0308814699002605">depuis que des chercheurs lui ont attribué un pouvoir photoprotecteur élastique allant de… 28 à 50</a> ! </p>
<p>Sans surprise, les adeptes du <em>Do-it-Yourself</em> font de cette huile (telle quelle, sans aucun ajout) un produit photoprotecteur. Une blogueuse vivant sous les tropiques y voit même un « jackpot », ne faisant d’ailleurs confiance qu’aux huiles végétales et aux huiles essentielles pour se protéger des UV.
De leur côté, des fournisseurs d’ingrédients cosmétiques comme Oh Lou lou vantent aussi les mérites de cette huile, « l’un des rares miracles de la nature qui offre une protection solaire naturelle sans détruire la vie marine comme l’oxyde de zinc ou le dioxyde de titane ». </p>
<p>Or, des travaux visant à réévaluer de façon plus rigoureuse les pouvoirs photoprotecteurs de plusieurs huiles végétales ont montré <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s43630-020-00009-3#Sec20">que le SPF de l’huile de pépin de framboise est beaucoup plus bas que celui évalué par les travaux cités plus haut</a>. Même constat de notre côté : le SPF obtenu par nos soins est de 1.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/que-valent-les-protections-solaires-nous-les-avons-testees-121263">Que valent les protections solaires ? Nous les avons testées</a>
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<h2>Flou artistique sur le SPF</h2>
<p>Divers sites dont le nom évoque le conseil médical proposent aussi de faire des économies en se servant d’huile de graines de carottes ou d’huile de pépins de framboise rouge pour se protéger du soleil. Ailleurs, des adeptes du zéro déchet proposent de fabriquer une huile solaire SPF 28+ (mention qui n’existe pas en matière de SPF affichable) composée de 30 ml d’huile de pépins de framboise et de 20 ml d’huile de coco.</p>
<p>Des blogueuses plus aguerries en matière de formulation multiplient quant à elles les corps gras dans leurs recettes, mais elles mélangent les pesées en gramme, les cuillères à café, les cuillères à soupe, les gouttes d’huiles diverses et même des feuilles de menthe entières pour obtenir des produits solaires dont le SPF est déterminé… à la louche !</p>
<p>Notons que d’autres voix se montrent plus nuancées : bien que mentionnant un SPF de 28 à 50 concernant l’huile de pépins de framboise, elles recommandent cependant d’utiliser plutôt cette huile le matin pour hydrater la peau, et la nuit pour la réparer et l’apaiser, en ajoutant que les huiles végétales « ne sont bien entendu pas suffisantes pour se protéger d’une exposition intensive au soleil ».</p>
<p>Dans les faits, quand certains blogs se gardent bien d’annoncer un SPF en regard de la formule proposée, d’autres franchissent le pas en recommandant par exemple d’incorporer 5 % d’oxyde de zinc pour obtenir un SPF de 2 à 5, 10 % pour un SPF de 6 à 11, et 20 % pour un SPF supérieur à 20… Non seulement ces SPF sont-ils indiqués de façon totalement arbitraire, mais il faut aussi rappeler qu’en application des recommandations européennes, un produit dont le SPF est inférieur à 6 ne peut pas être qualifié de produit de protection solaire. </p>
<h2>Méfiance envers les experts, confiance envers ses pairs</h2>
<p>Selon Opinionway, la mode du <em>Do-it-Yourself</em> est à mettre en lien avec l’envie de faire des économies : étant préparés avec des produits du quotidien, les cosmétiques maison sont supposés être moins coûteux que les produits industriels. Cette mode témoigne aussi d’une défiance envers les experts et à l’opposé d’une confiance envers ses pairs : des entrepreneurs, espérant surfer sur cette vague, <a href="https://www.opinion-way.com/fr/nos-expertises/cosmetique-hygiene-beaute.html">interrogent d’ailleurs leur communauté sur les ingrédients</a> qu’il conviendrait de mettre dans la formule qu’ils sont en train de mettre au point.</p>
<p>Notons à ce sujet qu’en pointant du doigt très régulièrement un certain nombre de filtres UV, certains titres de presse peuvent conforter les consommateurs dans leur défiance, quand bien même celle-ci n’est pas scientifiquement justifiée. Cet effet est en outre renforcé par le fait que diverses marques surfent sur cette tendance pour des raisons marketing, apposant à tort et à travers des mentions « sans » qui peuvent brouiller le message pour les consommateurs.</p>
<p>Le cas de l’octocrylène illustre bien cette situation. Ce filtre UV efficace s’est récemment retrouvé sous les feux des projecteurs, car une étude <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.chemrestox.0c00461">a montré qu’il se dégradait en benzophénone</a>, un composé cancérigène, dans certaines conditions. Dans son avis du 31 mars 2021, le Scientific Committee on Consumer Safety (Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs - comité scientifique indépendant chargé d’émettre des avis sur les substances non alimentaires pour le compte de la Direction générale de la Santé de l’Union européenne) a déclaré que l’emploi de l’octocrylène demeurait sûr lorsque les doses maximum autorisées étaient respectées. Pourtant, diverses marques apposent désormais la mention « sans octocrylène » sur leurs produits.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ma-creme-solaire-est-elle-plus-dangereuse-que-le-soleil-162019">Ma crème solaire est-elle plus dangereuse que le soleil ?</a>
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<p>On signalera qu’indiquer « sans octocrylène » alors que cette substance n’est pas interdite peut être considéré comme contrevenant au règlement n°655/2013 de l’Union européenne concernant les allégations (autrement dit les éléments de communication pouvant être mis en avant par les marques). En effet, le texte rappelle notamment que : « Les allégations relatives aux produits cosmétiques doivent être objectives et ne peuvent dénigrer ni la concurrence ni des ingrédients utilisés de manière légale ». En outre, soulignons que les produits industriels « sans octocrylène » contiennent d’autres filtres UV dont il n’est pas toujours possible aux scientifiques d’évaluer le comportement, car protégés par le secret industriel.**</p>
<p>Rappelons pour conclure qu’en 2017, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé avait mis en garde les fabricants de cosmétiques sur leur politique de communication, en soulignant qu’une huile végétale type <a href="https://archiveansm.integra.fr/var/ansm_site/storage/original/application/dd06a8d579622fd0b1ddd4484225aa82.pdf">huile de karanja ne pouvait aucunement être considérée comme un produit solaire</a>. </p>
<p>Au-delà des avis aux industriels, la sensibilisation des consommateurs à l’inefficacité des crèmes solaires maison (et donc la dangerosité de leur emploi) nous semble essentielle. Pour cette raison, nous communiquons régulièrement sur le sujet sur les réseaux sociaux. Car en matière de cosmétique comme dans d’autres domaines, rien ne vaut l’expertise d’un professionnel !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162553/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les recettes de crème solaire « à faire soi-même » que l’on trouve un peu partout sur Internet ne brillent pas par leur efficacité. Pour protéger sa peau, mieux vaut en avoir conscience…
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/162019
2021-06-10T21:58:20Z
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Ma crème solaire est-elle plus dangereuse que le soleil ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/405625/original/file-20210610-13-1n0dexn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5328%2C3552&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Faut-il se méfier de certains composants des crèmes solaires ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/skeyndor/33613897263/in/photolist-Tdm1yP-iakkF9-cPiV2S-eQkFPB-MvAaaP-xgWsWv-Sdk9Eo-riRP91-23JYtXx-2emsWDR-23JYuhR-23JYvua-JmmFoQ-nHwznR-58kJyj-WQPG4g-9XhCSX-6u5RYo-qpTa9i-cchSyy-eKoZjK-naU7Z-dtUtDi-2ciRrku-Cqa5t-F9M8w-WLjeLQ-nByKAN-anApUF-8VNnKo-9x7SFY-XXTmZj-6WPc2n-ekFQEU-4LA84d-f9qFuB-4TViac-S1QZa8-KvtgRV-tatCQ5-tcR8Ln-5dodCh-XXTmoE-8mfejg-M2JWhL-9y1TcZ-9y1T3v-9y4Tym-XXTmFd-4Hz2Hk">Skeyndor / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Tous les ans, c’est reparti. Il faut s’attendre à lire un nouveau chapitre de la saga d’une famille de cosmétiques un peu particulière, les produits de protection solaire (PPS). Dans cette famille, les membres – entendez par là les filtres UV présents dans les formules – sont présentés comme <a href="https://www.journaldemontreal.com/2019/05/07/les-ecrans-solaires-se-retrouvent-dans-le-sang-apres-un-jour-seulement-1">turbulents</a>, <a href="https://www.leparisien.fr/societe/sante/mauvaise-pour-la-sante-et-l-environnement-faut-il-jeter-sa-creme-solaire-24-08-2018-7863501.php">dangereux</a> ; leur caractère est impossible. Bref, des membres à bannir !</p>
<p>À croire que les produits de protection solaire sont plus dangereux que les rayons ultra-violets dont ils nous protègent. Pour y voir plus clair, il est important de se pencher sur l’album photo de cette famille de cosmétiques classée parmi les indispensables de l’été.</p>
<h2>Les patriarches</h2>
<p>À l’origine de cette famille de cosmétiques, plusieurs branches généalogiques. Toutes nées au début du XX<sup>e</sup> siècle, à l’heure où le <a href="https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/boutique/livres/tout-savoir-sur-les-produits-solaires.html">bronzage commence à être apprécié</a>. D’une part, des formules renfermant des molécules organiques (filtres qualifiés de « chimiques »), d’autre part, des formules renfermant des molécules inorganiques (filtres dits minéraux). Et puis des mariages entre les branches, avec des formules alliant cousin-cousine (filtres organiques et filtres inorganiques).</p>
<p>Parfois, des ingrédients insolites se glissent au milieu des invités de la noce ; on citera comme exemple des parfums à caractère photosensibilisant (c’est-à-dire susceptible d’engendrer des réactions cutanées en cas d’exposition aux UV) comme l’eau de Cologne. Le résultat : des produits que l’on teste sur le terrain mais n’affichant pas encore de SPF (<em>sun protection factor</em>, le chiffre affiché sur les bouteilles de crème solaire), les méthodes permettant de quantifier l’efficacité des produits mis sur le marché n’étant pas encore inventées. Certaines références mêmes (nous évoquons ici les crèmes qualifiées de « crèmes brunissantes laissant légèrement passer les rayons ultraviolets ») se présentent comme des membres de la grande famille des PPS ne renfermant pourtant <a href="https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/boutique/livres/tout-savoir-sur-les-produits-solaires.html">aucun filtre UV</a> (c’est le cas des formules composées de lanoline, de vaseline et de parfum).</p>
<h2>Les ancêtres valeureux</h2>
<p>À partir des années 1970, la famille des PPS commence à se structurer. On dispose maintenant d’une réglementation des cosmétiques ; les filtres UV autorisés font l’objet d’une liste spécifique (pour être considéré comme un filtre UV il faut avoir fait ses preuves et être considéré comme sûr d’emploi). Des méthodes de détermination de l’efficacité des produits sont mises au point, il s’agit de méthodes in vitro utilisant un support inerte et d’une méthode in vivo proposée dans les années 1950 et faisant appel à des volontaires.</p>
<p>Petit à petit, les produits s’améliorent, les galéniques (c’est-à-dire les différentes formes à disposition, huile, émulsion, stick) sont plus agréables (et ceci est important car la protection obtenue dépend de la qualité du film de produit déposé sur la peau) ; des associations judicieuses de filtres UV (organiques et inorganiques confondus) sont réalisées (comme un filtre UV possède rarement toutes les qualités requises, on réalise des associations afin d’obtenir des produits à la fois photostables (capables de protéger des UV pendant au moins 2 heures) et efficaces, et ce tant dans le domaine UVA que dans le domaine UVB, les UVA et UVB étant tous deux à mettre en relation avec la survenue de cancers cutanés).</p>
<h2>Les enfants turbulents</h2>
<p>Début du XXI<sup>e</sup> siècle, la photo de famille des PPS montre des fractures, les membres dits « inorganiques » se présentant comme les ingrédients les plus respectueux de l’environnement ; les membres dits « organiques » étant pointés du doigt pour diverses raisons. Une ambiance pas franchement conviviale, toutes sortes d’informations courant à leur sujet.</p>
<p><strong>L’oxyde de zinc n’est pas blanc de blanc en matière environnementale</strong></p>
<p>En 2019, des <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-corail-voit-peut-etre-rouge-mais-nous-aussi-908/">publications</a> se font l’écho de la toxicité pour l’environnement de l’oxyde de zinc, produit très souvent utilisé dans les solaires bio. Ce produit a un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18271305/">effet protecteur faible</a>.</p>
<p><strong>Les filtres UV se retrouvent dans la circulation</strong></p>
<p>Été 2019, une publication fait grand bruit, mettant en avant le <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/mais-mais-ils-sont-fous-ces-americains-1056/">risque de pénétration transdermique</a> de certains filtres UV, un phénomène pourtant connu depuis longtemps, que l’on doit minimiser au maximum en évitant d’incorporer dans les formules des exhausteurs de pénétration (ces molécules qui renforcent le phénomène de pénétration transcutanée) tels que l’alcool, <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-alcool-c-est-pour-l-apero-pas-sur-la-peau-768/">ce solvant qui ne devrait pas être retrouvé dans ce type de produit</a>. Un phénomène connu qui nous fait dire depuis des années que les filtres UV ne doivent pas être distribués larga manu dans <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/uv-filters-go-home-630/">tous les cosmétiques du quotidien</a>.</p>
<p><strong>L’octocrylène donne naissance à de la benzophénone en vieillissant</strong></p>
<p>Printemps 2021, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17367977/">l’octocrylène</a>, un filtre UVB photostable et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17663193/">efficace</a> est présenté comme dangereux du fait de sa transformation en benzophénone à long terme. Démonstration faite sur des produits cosmétiques vieillis artificiellement. Une publication allant à l’encontre de l’avis du SCCS (Scientific Committee on Consumer Safety) de 2021 déclarant l’octocrylène <a href="https://ec.europa.eu/health/sites/default/files/scientific_committees/consumer_safety/docs/sccs_o_249.pdf">sûr d’emploi lorsque l’on respecte les doses maximum autorisées</a>.</p>
<p>Devant ces contestations, certaines sociétés optent pour la mise sur le marché de produits 100 % naturels, sans « filtres chimiques » (entendez par là sans filtres UV réglementés). En 2017, l’ANSM s’était ému à la vue de ce type de produits, réalisant une mise en garde aux fabricants expliquant que l’appellation « produit de protection solaire » impliquait la <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/huile-de-karanja-huile-de-pongamia-pas-si-merveilleuse-que-cela-1529/">présence de filtres UV réglementés</a>. Des produits 100 % naturel, sans filtre UV réglementés, à effet antisolaire, sont pourtant toujours aujourd’hui sur le marché.</p>
<h2>Alors que pensez de ma crème solaire ?</h2>
<p>Difficile de répondre à cette question sans savoir quelle crème vous utilisez tant il existe une variabilité en matière de qualité des produits commercialisés. Une dangerosité liée aux filtres UV utilisés ? Certainement pas. Une dangerosité liée à la piètre efficacité du produit choisi ? Oui, certainement tant les UV qui sont responsables de cancers cutanés doivent être filtrés de manière efficace. Non, ce n’était pas mieux avant ! Pas question, pour une raison de santé cutanée, de revenir aux formules d’antan.</p>
<p>Pour cet été, préférez les crèmes conventionnelles les plus efficaces, avec un indice élevé, aussi bien pour les enfants que pour les parents et évitez les formules renfermant de l’alcool.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162019/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Certains composés présents dans les crèmes solaires sont critiqués, mais le plus grand danger reste les rayons UV pouvant provoquer des cancers de la peau.
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/156997
2021-06-02T18:10:08Z
2021-06-02T18:10:08Z
Pourquoi faire ses cosmétiques soi-même est une fausse bonne idée
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/404002/original/file-20210602-25-lsasse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2920%2C1951&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Appliquer sur sa peau des produits « faits maison » n’est pas forcément sans risque.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/r40EYKVyutI">Chelsea shapouri / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La pandémie Covid-19 a bouleversé de nombreux secteurs de notre quotidien, y compris celui du cosmétique. Confinement, télétravail, diminution des interactions sociales, port du masque : les <a href="https://www.npdgroup.fr/wps/portal/npd/fr/actu/communiques-de-presse/le-nouveau-visage-de-la-beaute-prestige/">ventes des magasins de produits de beauté ont baissé de 26 % en 2020</a>, avec une compensation seulement partielle par la vente en ligne.</p>
<p>La crise a renforcé les attentes des consommateurs, qui pour certains veulent « consommer moins », et pour beaucoup « consommer mieux ». Ce désir est transgénérationnel, mais il s’avère particulièrement marqué chez les moins de 25 ans, qui veulent des cosmétiques avec des compositions simples et efficaces, des ingrédients de préférence naturels et bio, et des emballages à impact environnemental limité.</p>
<p>Parmi les tendances préexistantes qui ont explosé en raison de la situation sanitaire, le « do it yourself » (« faites-le vous-même ») occupe une place de choix : d’après un <a href="https://www.cosmed.fr/app/uploads/2021/02/rapport-cosmed-svp-juin-sept-2020.pdf">sondage de 2020</a>, 33 % des femmes interrogées ont déjà réalisé des cosmétiques chez elles et 10 % le font régulièrement. Sur Internet ou dans les magazines féminins, les conseils et les « recettes » pullulent et nous vantent, avec le fait-maison, une routine beauté « sur mesure », naturelle, sans danger, économique et ludique.</p>
<p>Mais en réalité, les choses sont un peu plus complexes. Loin de nous l’idée de vous empêcher de rechercher du bien-être ou du plaisir en ces temps difficiles, mais il nous semble important de remettre quelques points sur les « i » de « cosmétique maison » ! Faisons le point sur quelques assertions couramment entendues.</p>
<h2>Faire ses cosmétiques soi-même permet d’en choisir et d’en personnaliser la composition</h2>
<p>Oui et non ! Faire un produit cosmétique, c’est avant tout de la chimie et de la formulation : il y a des impératifs à respecter.</p>
<p>On peut choisir de privilégier des ingrédients bio, ou d’utiliser pour un shampoing un <a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-tensioactif-11288/">tensioactif</a> moins irritant qu’un autre qui mousserait mieux, ajouter un ingrédient dont le parfum qui nous fait retomber en enfance ou nous rassure… Mais la chimie a ses limites : impossible de fabriquer une crème sans ajouter un tensioactif (indispensable pour maintenir ensemble la partie grasse et la partie aqueuse de la préparation) ou de conserver un cosmétique contenant de l’eau plus de quelques heures sans y ajouter un conservateur adapté !</p>
<p>En outre, toutes les substances que l’on peut se procurer ne sont pas anodines.</p>
<p>La <a href="https://www.scribd.com/document/399613766/CELEX-32009R1223-FR-TXT">réglementation</a> inclut une liste définissant plus de 1300 substances interdites dans les produits cosmétiques. Plus de 250 autres sont soumises à des restrictions d’utilisation, et il existe aussi des listes restrictives de colorants, conservateurs et filtres solaires autorisés.</p>
<p>Avant de se lancer, mieux vaut donc se documenter sérieusement. Ce que n’ont probablement pas fait ces <a href="https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.bases-doc.univ-lorraine.fr/11600261/">deux patients brûlés à 45 et 70 % de leur surface corporelle après utilisation d’un autobronzant maison à base de feuilles de figuier</a>. Une grave erreur : la sève de cet arbre contient en effet des furocoumarines (des molécules aux effets photosensibilisants), dont la teneur doit être limitée dans les produits solaires et bronzants.</p>
<p>Citons aussi le cas de cette femme <a href="https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.bases-doc.univ-lorraine.fr/8007043/">qui s’est empoisonnée avec son dentifrice</a>, confectionné à partir de <a href="http://www.centres-antipoison.net/cctv/rapport_cctv_datura_stramonium_v6_2010.pdf">Datura</a>, une plante contenant de puissants alcaloïdes tels que l’atropine, la scopolamine et l’hyoscyamine, qui agissent sur le système nerveux et sont tous trois interdites dans les cosmétiques. Ou encore ces Brésiliennes qui utilisent des formules maisons pour se lisser les cheveux, lesquelles contiennent des <a href="https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.bases-doc.univ-lorraine.fr/19701882/">proportions de formaldéhyde bien plus élevées</a> que ce qui est admis dans les cosmétiques par les autorités brésiliennes, ou américaines. </p>
<p>Or, le formaldéhyde est classé comme « substance cancérogène ». Les substances cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) sont interdites dans les cosmétiques, sauf dans des cas exceptionnels, à condition qu’il n’existe pas de substances de substitution appropriées, qu’une demande soit faite pour un usage particulier de la catégorie de produits, avec une exposition déterminée, et que la substance ait été évaluée et jugée sûre par le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs. Le formaldéhyde fait partie de ces <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi59vWnjfnwAhVIrxoKHX7_AvUQFjACegQIAhAD&url=https%3A%2F%2Feur-lex.europa.eu%2Flegal-content%2FFR%2FTXT%2FPDF%2F%3Furi%3DCELEX%3A32019R0831%26from%3DBG&usg=AOvVaw3iGCw-8Kq4Pk5LBaxL0V3z">cas exceptionnels</a> : il n’est autorisé en Europe que dans certains cosmétiques bucco-dentaires ou dans les durcisseurs d’ongles, et avec des concentrations maximales très faibles.</p>
<h2>Faire ses cosmétiques soi-même, c’est plus efficace et sans danger</h2>
<p>Non ! Et ce, pour plusieurs raisons.</p>
<p>La première est que vous n’avez pas forcément à votre disposition la même qualité d’ingrédients que celle utilisée par les industriels. C’est d’autant plus vrai si vous ne faites pas attention à vos fournisseurs, et qu’ils ne sont pas basés en Union européenne. Une étude récente a par exemple décelé des métaux toxiques (arsenic, cadmium, plomb…) <a href="https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.bases-doc.univ-lorraine.fr/32888120/">dans des cosmétiques maison fabriqués en Turquie</a>. Ce type de contaminants est contrôlé par l’industrie cosmétique. De plus, même d’excellente qualité, les argiles extraites du sol, largement utilisées en cosmétique maison, <a href="https://ansm.sante.fr/actualites/medicaments-a-base-dargile-dans-le-traitement-symptomatique-de-la-diarrhee-aigue-chez-lenfant">peuvent aussi contenir naturellement des traces de métaux lourds</a> : leur utilisation doit donc être strictement limitée à un usage externe, sur une peau non lésée.</p>
<p>Deuxième raison : vous n’avez peut-être pas une formation scientifique suffisante pour être sûr·e de ne pas faire d’erreur. En outre, votre cuisine ou votre salle de bain n’est pas un laboratoire, par conséquent vous n’avez pas l’équipement de protection adapté à ce type de manipulations (blouse, gants, lunettes, hotte, masque…). Or, la <a href="http://bijasante.ca/les-regles-de-securite-concernat-la-manipulation-de-lhydroxyde-de-soude/">fabrication de savon par saponification à froid</a>, qui requiert l’emploi d’hydroxyde de sodium ou de potassium est par exemple un « grand classique » des brûlures chimiques cutanées ou oculaires par projections, voire d’intoxication des enfants par ingestion accidentelle.</p>
<p>Par ailleurs, vos équipements de mesure (balances, verrerie) ne sont pas aussi précis que ceux des industriels. Un surdosage n’améliorera pas l’efficacité de votre formule, mais peut accroître sa toxicité. Un sous-dosage peut également être dramatique. Citons par exemple ces <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jocd.13783">produits solaires maison</a> dont l’indice de protection est trop faible pour assurer une protection solaire…</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404035/original/file-20210602-25-nvz1d2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ce n’est pas parce qu’un ingrédient est « naturel » que son utilisation est dépourvue de risque.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/bd_fCZhy_W8">Katherine Hanlon/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Troisième raison : qui dit « naturel » ne veut pas dire « sans danger » ! Des internautes ayant suivi il y a quelques années la recette de <a href="https://www.20minutes.fr/people/1712627-20151019-masque-visage-cannelle-enjoyphoenix-dangereux-sante">masque pour le visage à la cannelle</a> d’une célèbre influenceuse peuvent en témoigner : cette épice constituée par l’écorce de certains arbustes de la famille des Lauraceae peut provoquer brûlures et allergies quand elle est appliquée sur la peau, d’autant plus lorsqu’elle est trop dosée. Plus embêtants sur le long terme sont les dentifrices maison <a href="https://drzisserman-chirurgien-dentiste.fr/blog/dentifrice-maison-efficace">trop décapants</a>, qui favorisent les caries, car dépourvus de fluor, et/ou contiennent des huiles essentielles pour le goût.</p>
<p>Parlons justement des huiles essentielles. Leur généralisation dans les cosmétiques maison est réellement problématique, car beaucoup d’entre elles contiennent entre autres des substances allergisantes. Même si la plupart des consommateurs ont compris qu’elles ne devaient pas être utilisées chez l’enfant, chez la femme enceinte ou chez les personnes présentant un terrain allergique, leur utilisation régulière au long cours peut poser problème.</p>
<p>Citons notamment le cas de cette enfant de 10 ans, suivie durant deux ans <a href="https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.bases-doc.univ-lorraine.fr/32342509/">pour des problèmes d’eczéma</a> (sur le visage, puis aussi sur le cuir chevelu et ensuite sur le haut du corps), avant que ne soit diagnostiquée une allergie au linalool (un des composants majeurs de la lavande, volatil). Sa mère utilisait des huiles essentielles quotidiennement, non seulement dans des diffuseurs électroniques pour soulager l’asthme de son frère, mais également dans des cosmétiques et des détergents faits maison. Après l’arrêt de leur utilisation, les symptômes ont régressé rapidement.</p>
<p>Des applications trop fréquentes de cosmétiques contenant des produits considérés comme « sans danger », car fréquemment utilisés (notamment en cuisine) peuvent également déclencher des allergies cutanées ou alimentaires. Cela a par exemple été rapporté avec un <a href="https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.bases-doc.univ-lorraine.fr/21980802/">masque capillaire à base de blancs d’œufs</a>, ainsi que dans le cas d’un <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1721727X1201000211">cosmétique pour le visage à base de jus de citron</a>.</p>
<h2>Faire ses cosmétiques soi-même, c’est plus économique</h2>
<p>Pas sûr…</p>
<p>Tout d’abord, faire les choses correctement requiert d’investir dans des équipements de protection et dans du matériel adéquat. À quoi s’ajoute évidemment le coût des matières premières et des contenants. Les fournisseurs d’ingrédients pour les cosmétiques maison se sont multipliés ces dernières années (MyCosmetik, Senz Cosmetics, 3 Points 3, Joli’Essence…), dans la foulée du pionnier Aromazone, qui a fêté ses 20 ans en 2019 (et dont le chiffre d’affaires augmente de 15 à 20 % par an…).</p>
<p>Il faut savoir à ce propos que les matières premières sont rarement fournies dans des quantités compatibles avec un usage individuel, ce qui nécessite de les conserver dans de bonnes conditions, et de les remplacer lorsqu’elles arrivent à leur date d’expiration. De la même façon, il est difficile de produire de petites quantités de cosmétiques (pesées, manipulations…) : il est alors tentant de conserver le produit fini plus longtemps qu’on ne devrait, pour ne pas « gâcher ».</p>
<p>À ce sujet, il faut souligner que les cosmétiques peuvent se dégrader de diverses façons au cours du temps. Pour éviter cela, des conservateurs sont généralement ajoutés. Certains ont un rôle antioxydant, ce qui évite l’altération d’éléments actifs ou le rancissement des huiles, tandis que d’autres sont antimicrobiens, incontournables pour ralentir la prolifération des bactéries par exemple.</p>
<p>Ce risque microbien explique l’intérêt de diminuer au maximum les contaminants : il faut non seulement faire preuve d’une hygiène irréprochable lors de la fabrication des cosmétiques, mais aussi rester soigneux <a href="https://theconversation.com/trousses-a-maquillage-gare-aux-infections-128824">pendant leur utilisation et leur conservation</a>. Les cosmétiques contenant de l’eau sont évidemment les plus à risques : en l’absence de conservateur antimicrobien, ils ne devraient pas être stockés plus de 2 jours au réfrigérateur !</p>
<p>Enfin, le coût d’une éventuelle formation peut aussi s’ajouter à ces frais. Les ateliers de préparation de cosmétiques maison fleurissent, et ne sont pas toujours gratuits… À noter que les lieux proposant ce type de prestations doivent se déclarer à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lorsqu’ils accueillent du public de façon permanente, car leur activité s’apparente alors à la fabrication de cosmétiques. Ce n’est en revanche pas le cas pour des établissements qui exercent ces activités de façon ponctuelle ou éphémère.</p>
<p>Au-delà du coût financier, il faut compter également un investissement de temps important, pour la réalisation et l’étiquetage correct de ses préparations. Bien évidemment, il est interdit de vendre ces dernières sans s’être déclaré aux autorités compétentes et avoir rempli toutes les obligations légales attenantes.</p>
<h2>Faire ses cosmétiques soi-même, c’est ludique</h2>
<p>Bien sûr… Mais vous l’aurez compris, ce n’est pas un choix anodin.</p>
<p>Personnellement, même avec une formation initiale de pharmacien et un emploi de maître de conférences en pharmacie galénique, je préfère ne pas m’y frotter. Si l’on aime les « recettes », il me semble qu’il est tout aussi ludique et beaucoup moins risqué de faire la cuisine en famille !</p>
<p>Maintenant, si vous souhaitez vous y mettre, faites – le en <a href="https://www.febea.fr/fr/vos-produits-cosmetiques/ingredients-cosmetiques/la-cosmetique-maison-pas-si-simple">consommateur averti</a>, en étant particulièrement attentifs à l’hygiène, en ne négligeant pas les conservateurs nécessaires et en étant tout aussi soigneux sur la conservation que sur la production de vos cosmétiques !</p>
<hr>
<p><em>L’auteur tient à remercier le Pr Ariane Boudier pour sa relecture attentive de la première version.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156997/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marianne Parent ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les conseils pour faire soi-même ses cosmétiques foisonnent sur Internet et sur les réseaux sociaux. Mais mieux vaut se lancer en connaissance de cause, car cette pratique n’est pas anodine.
Marianne Parent, Pharmacienne, Enseignant-chercheur en pharmacie galénique, Université de Lorraine
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/133563
2020-03-30T19:05:14Z
2020-03-30T19:05:14Z
Comment l'application Yuka donne le pouvoir aux consommateurs et bouscule industriels et distributeurs
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/321387/original/file-20200318-1953-o9twdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=90%2C0%2C6411%2C4484&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les utilisateurs de Yuka sont 88% à affirmer que l'application contribue
à faire évoluer la législation sur les substances autorisées dans les produits.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/bordeaux-aquitaine-france-12-04-2019-1581884446">Sylv1rob1 / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Yuka est à la fois le nom d’une start-up française et d’une <a href="https://yuka.io/">application mobile</a> 100 % indépendante, qui affiche gratuitement des informations sur la qualité des produits alimentaires et cosmétiques courants et propose des produits alternatifs si leur évaluation est médiocre. Avec plus de <a href="https://www.01net.com/actualites/comment-l-appli-yuka-bouscule-la-grande-distribution-1775578.html">12 millions d’adopteurs</a>, Yuka connaît une <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/yuka-retour-sur-un-succes-phenomenal-1017830">véritable success story</a>.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/321386/original/file-20200318-1926-14tyt89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Conçu dans le cadre du Programme National Nutrition Santé, le NutriScore aide les consommateurs à mieux comprendre l’étiquetage nutritionnel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/nutriscore-system-france-sign-health-care-1292859103">Shekaka/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Yuka s’appuie sur le <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/articles/nutri-score">label NutriScore</a>, système officiel d’affichage de la qualité des produits sous la forme d’une échelle à cinq niveaux : du plus sain au moins sain – de A (vert) à E (rouge) –, à laquelle elle ajoute la quantité d’additifs contenus dans le produit ou le fait qu’il soit issu de l’agriculture biologique ou non. En cas de mauvaise notation, Yuka présente des alternatives, c’est-à-dire des produits concurrents similaires avec une meilleure qualité.</p>
<h2>Un éveil des consommateurs</h2>
<p>Notre analyse approfondie de plus de 15 000 avis d’utilisateurs postés sur les réseaux sociaux (<a href="https://www.facebook.com/pg/YukaGroup/reviews/?ref=page_internal">Facebook</a>, <a href="https://apps.apple.com/fr/app/yuka-scan-de-produits/id1092799236">App Store</a>, <a href="https://play.google.com/store/apps/details?id=io.yuka.android">Google Play Store</a>) montre que les adopteurs pratiquent une utilisation active de Yuka.</p>
<p>Ils trouvent l’application pratique (« En un seul clic, vous pouvez choisir des produits sans additifs, sans matières grasses ou sans sucre selon votre état de santé »), voire ludique (« Yuka est très ludique et elle influence positivement les parents. Merci, Yuka »). Les utilisateurs perçoivent une montée en connaissances qui leur permet une meilleure maîtrise de leur alimentation et santé.</p>
<p>Ils expriment leur capacité à ainsi mieux contrôler leur vie (« J’ai la main sur ma vie »), leur santé (« la conscience de bien manger ») ; « une application qui m’aide beaucoup quand je fais mes courses pour n’acheter que des aliments sains » ; « Je la recommande à tout le monde ! ») et celle de leurs proches. Ils font part de l’impact de Yuka sur leur façon de consommer (« J’adore les barres glacées comme Mars… et qu’elle ne fût pas ma surprise en voyant qu’elles avaient au moins un additif nocif ou une substance douteuse…</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/gSTUnODwjgo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Julie Chapon, cofondatrice de Yuka : « Il faut redonner du pouvoir au consommateur » (France 24, octobre 2019).</span></figcaption>
</figure>
<p>Désormais (snif) adieux mes barres, mes glaces mais j’envisage de me les faire moi-même. ») et des conséquences induites sur l’environnement et la société (« une aide indispensable pour une vie plus saine et donc une meilleure santé dans un environnement exempt de toute malbouffe industrielle chimique ultra nocive »).</p>
<h2>Une pression exercée sur les industriels</h2>
<p>Une analyse de la presse montre qu’au-delà des perceptions favorables, Yuka facilite le passage à l’acte des consommateurs (« Avec Yuka, j’ai le sentiment d’avoir un rôle à jouer et de moins subir le pouvoir des industriels », « App d’utilité publique et capable de plier certains industriels, Yuka est indispensable ! »).</p>
<p>D’une part, ils diminuent l’achat de certains produits et leur consommation : 83 % déclarent acheter moins de produits alimentaires en quantité mais plus en qualité depuis qu’ils ont commencé à utiliser l’application Yuka, 78 % déclarent acheter plus de produits biologiques, <a href="https://yuka.io/impact/">84 % des utilisateurs déclarent acheter plus de produits non transformés</a>.</p>
<p>Ils adoptent ainsi un comportement individuel de refus d’achat des produits mal évalués (« Information très utile, permet de connaître les faux et vrais amis »), qui agrégé à l’échelle collective, s’apparente à une action de boycott (mouvement visant à punir les entreprises pour leur comportement défavorable en arrêtant les achats) non-délibérée. D’autre part, ils optent pour des produits alternatifs, et souvent ceux proposés par Yuka (« Yuka indique non seulement des produits à éviter mais aussi des produits à choisir » ; « Me permet de changer mes habitudes d’achat »).</p>
<p>Ils adoptent ainsi un comportement individuel favorable d’achat envers certains produits bien évalués, qui agrégé à l’échelle collective, s’apparente à une action de <a href="https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/BF00411502.pdf">buycott</a> (mouvement visant à récompenser les entreprises qui ont un comportement responsable en les soutenant par des achats) non-délibérée. On assiste à un véritable renforcement du pouvoir du consommateur tant à l’échelle individuelle (prise de contrôle de sa vie, sa consommation et sa santé) que collective (pouvoir de pression sur les industriels par la chute des ventes de produits non respectueux de la santé et de l’environnement)</p>
<h2>Comment réagissent industriels et distributeurs ?</h2>
<p>Le phénomène est inédit : l’adoption rapide de Yuka par les consommateurs a entraîné une réaction à grande échelle de la part des industriels et des distributeurs en leur faveur (« Incroyable le poids qu’une si petite application peut avoir pour faire changer les choses alors que le gouvernement n’y arrive pas sous la pression des lobbyings »).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=640&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=640&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=640&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=804&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=804&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/321398/original/file-20200318-1942-mvemu5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=804&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Modification de la composition de certain produit grâce à l’application Yuka.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://yuka.io/application/">Yuka/Étude d’impact certifié par KIMSO</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://yuka.io/impact/">L’étude d’impact</a> fait par le cabinet d’experts KIMSO fait part de déclarations spontanées de la part de ces acteurs, tant de petite taille que des géants du secteur à l’instar de Nestlé, Intermarché ou Caudalie. D’une part, le succès de Yuka a un impact sur l’innovation produit, en particulier par la modification de la composition de produits en vue d’améliorer leur évaluation (Intermarché), par la création de nouveaux produits (Knorr) ou le développement des gammes de produits biologiques (Heudebert). D’autre part, les entreprises font référence à Yuka dans leur discours stratégique (Fleury Michon), font du score un indicateur clé de leur performance (Bjorg, Caudalie).</p>
<p>Ce cas montre le potentiel des technologies numériques à être vectrices du renforcement du pouvoir des consommateurs. Au-delà d’inspirer consommateurs, industriels et distributeurs, il pourrait inspirer divers autres acteurs comme d’autres start-up-ers à la recherche de nouvelles propositions de valeur, ou encore les activistes, Yuka engendrant <a href="https://podcasts.google.com/?feed=aHR0cHM6Ly9yc3MuYXJ0MTkuY29tL2dlbmVyYXRpb24tZG8taXQteW91cnNlbGY&episode=Z2lkOi8vYXJ0MTktZXBpc29kZS1sb2NhdG9yL1YwL1BQRHZFQXZyX3FnVzlaMHZwSmg1c2JHUUItLWMwUkthNl9ETi1sTGFzc2c&hl=fr&ved=2ahUKEwiD8Nmt6Z7oAhWExoUKHfq5B9YQjrkEegQIBhAE&ep=6">« un activisme de facto »</a>, comme le qualifie Julie Chapon, l’une des fondatrices de Yuka, mode d’activisme plus doux que les boycotts et buycotts traditionnels mais néanmoins efficace.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133563/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Le cas Yuka montre le potentiel du numérique à renforcer le pouvoir des consommateurs: de l'adoption rapide d'une innovation par les consommateurs à la réaction à grande échelle des industriels.
Caroline Gauthier, Professeure de Management stratégique, Grenoble École de Management (GEM)
Marianela Fornerino, Professeure au Département Marketing, Grenoble École de Management (GEM)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/131229
2020-02-13T18:00:11Z
2020-02-13T18:00:11Z
Corail et crèmes solaires : L’Oréal filtre le débat
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/314426/original/file-20200210-109891-1wh4tiw.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C12%2C1635%2C761&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Coraux « blanchis » suite à l'exposition à des filtres anti-UV et coraux de contrôle.</span> <span class="attribution"><span class="source">Università Politecnica delle Marche</span></span></figcaption></figure><p>En juin 2019, L’Oréal, le géant mondial des cosmétiques, a lancé un <a href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/">nouveau site Internet</a>, intitulé « au cœur de nos produits ». L’initiative s’inscrit dans une volonté de transparence – principe cardinal de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) – sur les composants utilisés. Huile de palme, parabènes, colorants pour les cheveux, nanoparticules… une petite vingtaine de composants y sont présentés.</p>
<p>Objectif : rassurer les utilisateurs sur leur innocuité. Parmi ces composants controversés figurent les filtres solaires. Comme le reconnaît L’Oréal, certains filtres solaires – l’entreprise ne précise pas lesquels – sont accusés d’avoir des impacts négatifs sur la santé humaine : allergies cutanées, perturbations endocriniennes, voire cancers.</p>
<p>Les crèmes solaires ont aussi suscité une vague d’inquiétude environnementale, depuis que <a href="https://www.nature.com/articles/news.2008.537">plusieurs études scientifiques</a> ont identifié que des filtres anti-UV pouvaient accélérer le <a href="https://www.researchgate.net/publication/5437298_Sunscreens_Cause_Coral_Bleaching_by_Promoting_Viral_Infections">blanchissement du corail</a>. Ces réservoirs de biodiversité, déjà victimes du réchauffement climatique, seraient-ils en plus malmenés par les crèmes des baigneurs ? Le sujet a suscité l’émoi et une abondante couverture médiatique.</p>
<p>Ces suspicions et ces accusations, le <a href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr">site « au cœur de nos produits »</a> de L’Oréal ne les nie pas, il les résume et les réfute avec des arguments scientifiques.</p>
<p>Voici l’affirmation centrale écrite par les communicants de l’entreprise sur la page qui concerne les <a href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/les-filtres-solaires">filtres solaires</a> :</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=114&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=114&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=114&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=144&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=144&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314012/original/file-20200206-43089-1abcfmb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=144&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/les-filtres-solaires">Capture d’écran/loreal.fr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour étayer cette affirmation, les communicants de la firme font figurer, au niveau du terme « communauté scientifique », un lien qui renvoie vers un <a href="https://rd.springer.com/article/10.1007/s00338-018-01759-4">article académique</a> en anglais, écrit en majorité… par des chercheurs salariés de L’Oréal.</p>
<p>L’<a href="https://mediaroom.loreal.com/fr/le-centre-scientifique-de-monaco-et-loreal-recherche-innovation-publient-leurs-travaux-sur-labsence-deffet-nefaste-de-filtres-uv-sur-lactivite-photosynthetique-de/">article</a> a été publié dans la revue scientifique <em>Coral Reef</em> en février 2019. Il a pour titre : « Photochemical response of the scleractinian coral Stylophora pistillata to some sunscreen ingredients ». Il s’agit d’une étude conduite sur une variété de corail dur, Stylophora pistillata. Ce corail a été exposé en laboratoire à plusieurs filtres solaires, sans subir « d’effet néfaste sur l’activité photosynthétique de coraux », selon le communiqué de presse de L’Oréal, publié dans la foulée.</p>
<p>Mais le fait que cinq chercheurs sur les huit soient salariés de L’Oréal ne révèle-t-il pas un conflit d’intérêts problématique ? Est-il correct d’assimiler une seule étude scientifique et un seul article à toute la « communauté scientifique » ? Telles sont les questions auxquelles nous avons voulu répondre. En filigrane, nous souhaitons aussi questionner la possibilité d’une « communication de transparence » qui embarque la science sur un domaine controversé, où les enjeux industriels et financiers sont importants.</p>
<h2>Cinq chercheurs sur huit affiliés à L’Oréal</h2>
<p>Sur les huit chercheurs de l’étude sur laquelle L’Oréal appuie son argumentaire, trois sont chercheurs au Centre scientifique de Monaco, un centre financé par la principauté. Parmi eux, Denis Allemand, directeur scientifique du centre de Monaco qui a « prêté » les coraux pour l’étude, réfute l’idée que l’étude serait biaisée :</p>
<blockquote>
<p>« Toutes les figures dans la partie biologique de l’article sont obtenues par nos chercheurs. Nous avons publié ce que nous avons voulu et nous n’avons pas été payés par L’Oréal ».</p>
</blockquote>
<p>Les cinq autres auteurs ont travaillé en particulier sur la mesure précise de la concentration des filtres solaires dans l’eau de mer, chose que les scientifiques de Monaco disent ne pas savoir effectuer. Ces cinq chercheurs sont salariés de L’Oréal Recherche et Innovation, ce qui signifie un lien financier et de subordination direct avec le fabricant de crèmes solaires.</p>
<p>Le moins que l’on puisse dire est que cela ne les met pas dans une situation d’indépendance et d’impartialité. Leur employeur n’a-t-il pas un intérêt évident à ce que les résultats de l’étude démontrent une absence de toxicité ? Quitte, peut-être, à utiliser une méthodologie qui minimiserait les risques d’avoir une conclusion défavorable ?</p>
<p>Nous avons demandé à L’Oréal si cette situation ne présente pas un conflit d’intérêts. C’est Marc Léonard, directeur du laboratoire de recherche environnementale, qui nous a répondu :</p>
<blockquote>
<p>« Il est bien précisé à la rubrique “conflit d’intérêts” de l’article scientifique que les chercheurs du Centre scientifique de Monaco et co-auteurs de cet article n’ont pas de conflit d’intérêts. »</p>
</blockquote>
<p>Soyons clairs : la dépendance salariale des cinq co-auteurs ne disqualifie pas en soi les résultats de l’étude. Ces résultats pourraient être robustes. Mais une telle situation invite à une certaine prudence sur l’étude. On pourrait dire, par exemple, que d’autres investigations, notamment de la part de chercheurs non rémunérés par L’Oréal, sont nécessaires.</p>
<h2>Une unique étude scientifique</h2>
<p>Ce chemin de transparence n’est pas celui qu’emprunte L’Oréal, ce qui jette un trouble sur la robustesse de sa communication RSE.</p>
<p>Car l’argumentaire de la firme, sur sa page « au cœur de nos produits assimile un seul article académique à toute « la communauté scientifique ». Or, la prétendue unanimité de la communauté scientifique n’existe pas.</p>
<p>Parmi les nombreux scientifiques travaillant sur les coraux, certains étudient l’influence du réchauffement climatique sur le blanchissement, qui est avérée, et d’autres étudient la pollution humaine. Plusieurs chercheurs travaillent spécifiquement sur l’impact des filtres des crèmes solaires.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313751/original/file-20200205-149738-npsfe8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Roberto Danovaro, professeur en zoologie spécialiste de l’étude des coraux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/r_danovaro">Roberto Donavaro/Twitter</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est le cas notamment du professeur <a href="http://www.szn.it/index.php/en/staff/list-of-personnel/11-english/pages/1464-roberto-danovaro">Roberto Danovaro</a> et de sa collègue Cinzia Corinaldesi, de l’Università Politecnica delle Marche, à Ancône en Italie. Ils sont les auteurs d’un grand nombre d’articles publiés dans des revues scientifiques.</p>
<p>Joints au téléphone, ces chercheurs contredisent L’Oréal : certains filtres solaires seraient bien nocifs pour les coraux et l’étude co-réalisée par L’Oréal ne serait pas assez robuste pour tirer une conclusion définitive.</p>
<p>Le professeur Danovaro, tout comme sa co-autrice Cinzia Corinaldesi, ont lu l’étude de L’Oréal. « Je n’ai jamais vu un papier avec si peu d’informations sur les procédures expérimentales », déplore-t-il.</p>
<p>Les deux chercheurs critiquent la méthodologie employée. Ils trouvent notamment problématique que l’étude se soit limitée à regarder l’activité photosynthétique des algues qui vivent en symbiose avec le corail, sans s’intéresser aux infections virales, ni à l’état des tissus coralliens. Pourtant, comme le précise Roberto Danovaro :</p>
<blockquote>
<p>« Les coraux sont très sensibles aux infections virales et à des infections similaires à l’herpès. Or, beaucoup de filtres solaires entraînent une explosion dans le nombre d’infections virales, induisant le blanchissement ou la mort du corail. Cela a été confirmé par de nombreuses études. »</p>
</blockquote>
<p>Nous avons demandé à L’Oréal son avis sur ces affirmations. Les études de Danovaro et Corinaldesi « souffrent de biais méthodologiques majeurs », selon le directeur du laboratoire de recherche environnementale de L’Oréal Marc Léonard, qui signale des doses testées sans commune mesure avec la réalité et une absence de relation dose/effet sur les infections virales.</p>
<p>Les études des deux chercheurs italiens ont pourtant été publiées dans des revues à comité de lecture. D’autres études scientifiques ont en outre identifié des impacts problématiques des crèmes solaires sur les coraux, à des doses et dans des conditions d’expérimentation variées. Nous sommes donc typiquement devant une controverse scientifique, sur un sujet encore émergent et complexe.</p>
<h2>Controverse scientifique</h2>
<p>La controverse scientifique est d’autant plus visible quand on plonge au plus près des filtres anti-UV. Ces filtres sont des molécules de synthèse, souvent utilisées en mélange dans les crèmes. La page « au cœur de nos produits » de L’Oréal en mentionne cinq, utilisés par ses marques Vichy et La Roche-Posay, en particulier.</p>
<p>Trois filtres sont dit « organiques » parce qu’ils contiennent des atomes de carbone : le drometrizole trisiloxane (commercialisé sous le nom « Mexoryl-XL »), l’octocrylène et le bis-ethylhexyloxyphenol methoxyphenyl triazine ; et deux filtres sont dits « minéraux » : le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313692/original/file-20200205-149802-1791ud8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/les-filtres-solaires">Capture d’écran/loreal.fr</a></span>
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</figure>
<p>En lisant L’Oréal, on comprend que les cinq filtres mentionnés ne contribuent pas au blanchissement des coraux et n’ont pas d’impact négatif sur l’environnement. Or deux de ces filtres ne semblent pas aussi inoffensifs que l’entreprise voudrait le faire croire. Il s’agit de l’octocrylène et de l’oxyde de zinc.</p>
<h2>L’octocrylène est toxique en eau douce</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313742/original/file-20200205-149772-izhj82.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Produit La Roche-Posay, marque appartenant au groupe L’Oréal.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/bangkok-thailand-november-1-2018-face-1230151174">kyozstorage_stock/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>L’octocrylène est un filtre utilisé dans des crèmes solaires de Vichy et La Roche-Posay, deux marques appartenant au groupe L’Oréal. Or, « des investigations ont montré que ce filtre est toxique pour les organismes aquatiques avec des effets sur le long terme. Le composé peut donner lieu à une bioaccumulation dans divers organismes », indique Cinzia Corinaldesi, la collègue du professeur Danovaro.</p>
<p>C’est ce qu’affirme une <a href="http://www.cnrs.fr/fr/les-coraux-menaces-par-un-composant-de-nos-cremes-solaires">étude</a> publiée en 2019 conduite le chercheur Didier Stien du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans la revue <em>Analytical Chemistry</em>.</p>
<p>Cette étude conclut que les concentrations d’octocrylène dans l’environnement et les organismes pourraient « avoir été largement sous-estimées » et elle invite à « une évaluation en profondeur de la toxicité de l’octocrylène et à la réévaluation de son taux d’accumulation dans la chaîne alimentaire des océans ».</p>
<p>Étonnés par ces affirmations contradictoires avec celles de L’Oréal, nous avons demandé à l’entreprise des précisions sur la dangerosité de l’octocrylène.</p>
<p>Marc Léonard reconnaît que cette molécule est classée « dangereuse pour la vie aquatique » par l’Union européenne (dans le cadre du <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM%3Al21282">règlement REACH</a> visant à sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne) du fait de « sa toxicité chronique sur les invertébrés d’eau douce ».</p>
<p>Le chercheur de L’Oréal nous relaie aussi une recommandation de son étude : les classifications « les plus sévères » employées actuellement par l’UE pour les organismes vivants d’eau douce « pourraient fournir une méthode pour identifier les substances chimiques qui nécessitent une réévaluation des risques marins si ces substances sont relâchées à proximité des coraux ».</p>
<p>Autrement dit, sur l’octocrylène et les coraux, les chercheurs de L’Oréal sont bien plus prudents que leurs collègues communicants et que le site « au cœur de nos produits ».</p>
<p>Denis Allemand, du centre de Monaco, se montre lui aussi beaucoup plus réservé :</p>
<blockquote>
<p>« L’étude est surtout là pour proposer un test rapide sur l’activité photosynthétique des coraux. On ne dit pas que les produits qui ont passé notre test peuvent être utilisés sans aucun problème dans l’environnement. À aucun moment on ne dit ça. »</p>
</blockquote>
<p>Et il n’est pas au courant, nous dit-il, de la communication grand public de L’Oréal sur les résultats de l’étude.</p>
<h2>Discrétion sur l’oxyde de zinc</h2>
<p>Un autre filtre utilisé et testé par L’Oréal est problématique : l’oxyde de zinc. Filtre dit « minéral », l’oxyde de zinc était considéré au début des années 2010 comme un composant « propre » et sans danger. Un grand nombre de fabricants l’ont d’ailleurs incorporé dans la composition de leurs crèmes solaires hypoallergéniques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=255&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=255&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=255&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313739/original/file-20200205-149772-thy2si.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/oxyde-de-zinc">Capture d’écran/loreal.fr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais plusieurs études récentes indiquent que les crèmes solaires contenant de l’oxyde de zinc, ou l’oxyde de zinc lui-même, aggraveraient le blanchissement des coraux. C’est notamment l’une des conclusions de l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/325344137_Impact_of_inorganic_UV_filters_contained_in_sunscreen_products_on_tropical_stony_corals_Acropora_spp">étude</a> « Impact of inorganic UV filters contained in sunscreen products on tropical stony corals » publiée dans la revue <em>Science of the Total Environment</em> en janvier 2018. Les auteurs, parmi lesquels figure Cinzia Corinaldesi, affirment :</p>
<blockquote>
<p>« L’oxyde de zinc (ZnO) entraîne un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29801220">blanchissement rapide</a> et sévère du corail en raison de l’altération de la symbiose entre le corail et l’algue zooxanthellae. ZnO affecte aussi directement les dinoflagellées (microalgues unicellulaires) symbiotiques tout en stimulant la présence microbienne dans l’eau marine entourant les coraux. »</p>
</blockquote>
<p>Cet impact sur le corail, l’article scientifique de L’Oréal ne le nie pas, au contraire :</p>
<blockquote>
<p>« Notre étude, tout comme <a href="https://www.researchgate.net/publication/325344137_Impact_of_inorganic_UV_filters_contained_in_sunscreen_products_on_tropical_stony_corals_Acropora_spp">deux études préalables</a>, montre clairement que l’oxyde de zinc ZnO n’est pas le composé le plus écologique, et que l’impact des nanoparticules de ZnO et du ZnO dissous sur les récifs coralliens en danger devrait être étudié sérieusement ».</p>
</blockquote>
<p>Là encore, ces conclusions n’ont pas été reprises dans la communication de L’Oréal. Celle-ci se limite à affirmer, sur la page de son <a href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/oxyde-de-zinc">site</a> dédiée à l’oxyde de zinc :</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=65&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=65&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=65&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=82&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=82&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314014/original/file-20200206-43128-6fm9k3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=82&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/oxyde-de-zinc">Capture d’écran/loreal.fr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une généralisation trompeuse ?</h2>
<p>Un dernier problème surgit à la lecture du site « au cœur de nos produits » : le texte mis en ligne induit l’idée que tous les filtres anti-UV ne causeraient aucun souci au corail. Or, d’autres filtres anti-UV restent à l’heure actuelle très controversés, tels l’oxybenzone et l’octinoxate. Ces deux filtres, qui n’ont pas été intégrés dans l’étude de L’Oréal, seront bannis de commercialisation <a href="https://www.courrierinternational.com/article/hawai-interdit-les-cremes-solaires-responsables-de-degats-sur-les-recifs-coralliens">à partir de 2021 à Hawaï</a> et dès 2020 sur l’archipel des Palaos, par principe de précaution envers leurs récifs coralliens.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AyG2S56o6tg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’archipel des Palaos interdit les crèmes solaires toxiques pour préserver ses coraux (BFMTV, janvier 2020).</span></figcaption>
</figure>
<p>Ce bannissement a été décidé à la suite de la publication de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26487337">plusieurs études scientifiques</a>, dont celle menée en laboratoire par le professeur Craig Downs et des chercheurs à Eilat en Israël qui affirment :</p>
<blockquote>
<p>« L’oxybenzone constitue un risque à la conservation du corail et menace sa résilience face au changement climatique. »</p>
</blockquote>
<p>L’Oréal, dans notre échange écrit, remet en question la conclusion de Craig Downs, au motif qu’il aurait testé des concentrations de crème solaire supérieures à celles observées en mer.</p>
<p>Pourtant une <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2019.12.19.882332v1.full">autre étude</a> conduite par le chercheur néerlandais Tim Wijgerde, biologiste marin à l’Université de Wageningen, et dont les résultats ont été rendus publics en 2019, conclue elle aussi que l’oxybenzone contribuerait au blanchissement du corail :</p>
<blockquote>
<p>« Nos résultats soutiennent le point de vue que l’exposition semi-chronique à des niveaux d’oxybenzone conformes à la réalité peuvent causer des effets adverses subtils sur la santé du corail, ainsi qu’un impact prononcé sur le microbiome coralien ».</p>
</blockquote>
<p>L’article qui présente ces résultats n’a pas encore été publié dans une revue à comité de lecture. Mais il constitue un élément de plus invitant à la plus grande prudence, sinon au principe de précaution, quant à l’utilisation de certains filtres anti-UV à proximité des coraux exposés à une forte fréquentation touristique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314427/original/file-20200210-109930-1tc0eos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dispositif expérimental aux Maldives mis en place par l’Università Politecnica delle Marche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Università Politecnica delle Marche</span></span>
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<h2>Difficile posture RSE</h2>
<p>« Cas d’école », cette mésaventure de la science au pays de la communication ? Notre décryptage invite à réfléchir sur la difficile posture des équipes en charge des politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ces derniers travaillent en effet dans des entreprises qui veulent être « à la pointe de la RSE » tout en étant dans une logique de croissance qui pousse parfois au « greenwashing ».</p>
<p>Il est fort possible que les praticiens de la RSE chez L’Oréal aient été pris entre le « marteau » de la mauvaise réputation (commercialiser sciemment des crèmes solaires pouvant être néfastes aux coraux) et « l’enclume » d’une manipulation scientifique, sous la pression d’une <em>business unit</em> (celui des crèmes solaires) dont la réussite est indexée sur la croissance de son chiffre d’affaire.</p>
<p>Aujourd’hui, consolider sa réputation d’entreprise est l’un des déterminants majeurs d’une politique RSE efficace. À titre d’exemple, dans un document guide publié en 2019, <a href="https://www.medef.com/fr/actualites/nos-convictions-rse-publication-du-guide-du-medef-1">« Nos convictions RSE »</a>, le patronat français (Medef) estime que la RSE représente « un élément de réponse à la crise de légitimité à laquelle de nombreux acteurs économiques sont aujourd’hui confrontés ».</p>
<p>La RSE permet de « maîtriser plus efficacement » le risque de réputation. Cette « bonne » réputation passe notamment par la réponse aux attentes des clients, désireux d’être rassurés sur l’impact des produits. Le nouveau site « au cœur de nos produits » rentre tout à fait dans cette logique. Mais que faire si les réponses scientifiques disponibles sont partielles, complexes, incertaines ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131229/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thibault Lescuyer ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L’Oréal a publié une étude en 2019 établissant que ses crèmes solaires seraient sans danger pour les coraux. La communauté scientifique n’est cependant pas unanime sur la question.
Thibault Lescuyer, Enseignant-chercheur, co-responsable du Master M2 en RSE, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/130328
2020-01-30T17:37:15Z
2020-01-30T17:37:15Z
Cosmétiques : les actions qui séduisent les millennials en magasin
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312003/original/file-20200127-81346-1oem1sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=105%2C8%2C5284%2C3579&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près des trois quarts des millenials seraient prêts à utiliser une bouteille consignée.</span> <span class="attribution"><span class="source">Iakov Filimonov / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les « millennials », également appelés génération Y, sont les personnes nées entre 1980 et 2000. En France, selon <a href="https://blog.digimind.com/fr/insight-driven-marketing/marques-medias-reseaux-sociaux-millennials-francais-en-chiffres">Digimind</a>, il seraient environ 16 millions, soit un quart de la population active. Ce groupe de consommateurs adopte des comportements spécifiques qui présagent souvent des évolutions à venir d’autres tranches d’âges, telles que la génération X ou les personnes nées entre 1965 et 1980, en matière de consommation. Les millennials représentent donc un groupe de consommateurs particulièrement intéressant à étudier.</p>
<p>Le fait d’avoir grandi avec des technologies mobiles et connectées les rend en effet plus susceptibles d’adopter de nouveaux usages, de nouvelles pratiques. On appelle d’ailleurs également les millennials les « digital natives » ou la « génération Internet ». Selon une étude <a href="https://www.airofmelty.fr/combien-de-temps-par-jour-les-15-34-ans-passent-ils-a-surfer-sur-leur-mobile-a666477.html">Médiamétrie</a>, les 15-34 ans passent par jour 1h24 à surfer (consultation de sites ou d’applis) sur leur mobile (contre 46 minutes pour les français, toutes catégories d’âge confondues).</p>
<p>Pour les marques de <a href="https://www.cosmetiquemag.fr/">cosmétiques</a>, les millennials représentent un fort potentiel. Une <a href="https://books.audencia.com/index.php?lvl=notice_display&id=36153">étude quantitative</a> (via un questionnaire en ligne), réalisée dans le cadre du mastère spécialisé Stratégies marketing à l’ère digitale (SMED) d’Audencia, indique leurs réactions à différentes actions que les marques de cosmétiques vendues en grandes et moyennes surfaces (GMS) pourraient mettre en œuvre afin de conquérir et fidéliser ce segment de consommateurs spécifique. Mais avant, cette étude souligne que tous ne font pas leurs courses de la même façon au sein des rayons cosmétiques des GMS.</p>
<h2>Quatre approches différentes</h2>
<p>L’étude réalisée dans le cadre du SMED indique que 26 % des millennials interrogés prennent leur temps au sein des rayons cosmétiques en GMS et touchent les produits avant d’en choisir un (dont 91,2 % de femmes). De la même manière, 23,7 % flânent dans ces rayons sans liste d’achat et achètent leurs produits selon leur humeur et leurs envies (dont 67,7 % de femmes).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=272&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=272&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=272&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Audencia</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311960/original/file-20200127-81399-1vc2wjr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Audencia</span></span>
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<p>Une <a href="https://observatoirecetelem.com/wp-content/themes/obs-cetelem-V3/publications/2018/observatoire-cetelem-consommation-2018.pdf">étude européenne de l’Observatoire Cetelem</a> corrobore ces premiers résultats en indiquant que pour 57 % des 18-35 ans, faire du shopping est un plaisir (contre 42 % des plus de 35 ans). Ils dépensent dès lors le plus, selon <a href="https://www.servicesmobiles.fr/comprendre-les-millennials-grace-a-la-donnee-de-paiement-50897/">Joko</a> (appli de cashback) dans les enseignes de grande distribution (Leclerc, Carrefour et Auchan ; 45 % de leur portefeuille de dépenses) et sur Amazon.</p>
<p>L’étude réalisée dans le cadre du SMED par Charlotte Cauro indique également qu’à l’inverse, 36,6 % des millennials ne perdent pas de temps et vont droit au but au sein des rayons cosmétiques en GMS (dont 45,8 % d’hommes). Enfin, seulement 13,7 % se laissent aller à quelques extras en termes d’achats en fonction des promotions (dont 88,9 % de femmes). Par la suite, une analyse en composante principale a divisé les 12 actions étudiées que les marques de cosmétiques pourraient mettre en place en GMS en 4 groupes d’actions.</p>
<h2>Améliorer la proximité perçue</h2>
<p>Le premier groupe est relatif aux actions que les marques de cosmétiques en GMS pourraient mettre en place pour améliorer leur relation de proximité avec les millennials. Ainsi, 74,8 % des millennials interrogés seraient prêts à flasher le code-barre du produit acheté et un code-barre sur le ticket de caisse, afin de collecter des points pour recevoir de la marque à laquelle ce produit appartient des échantillons ou des mini produits gratuits, pour découvrir ainsi un peu plus cette marque et ses produits. 62,6 % souhaiteraient disposer de conseils et astuces beauté des marques vendues en GMS via une application à télécharger. 51,1 % voudraient quant à eux découvrir le produit et ses composants, sa marque et son histoire, via une application de jeu.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Audencia</span></span>
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<p>Ces résultats vont dans le sens d’une étude précédente réalisée par <a href="https://www.lsa-conso.fr/m-commerce-pourquoi-le-millennials-est-un-consommateur-different,264347">ComScore</a> qui indique que les 18-34 ans aiment les applis fonctionnelles, telles que Amazon, Gmail et Google Maps, ainsi que celles qui leur permettent de se divertir, telles que Facebook et YouTube.</p>
<h2>Travailler le packaging</h2>
<p>Deux groupes d’actions suivants sont relatifs au packaging des produits mais leurs objectifs sont différents. En premier lieu, les millennials souhaiteraient que les marques mettent en place des actions afin de réduire l’empreinte écologique des packagings de leurs produits.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Près de 3 millennials sur 4 souhaiteraient pouvoir flasher le code-barre du produit pour accéder à plus d’informations et recevoir des échantillons gratuits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Iakov Filimonov/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, 71 % des millennials interrogés seraient prêts à utiliser une bouteille consignée et la remplir quand elle est vide directement en magasin, même si cela représente pour eux un coût en termes d’organisation et de logistique. 67,9 % seraient également enclins à rapporter leur flacon vide en magasin, afin que celui-ci s’occupe de son recyclage.</p>
<p>Dans une moindre mesure, les millennials souhaiteraient des actions relatives à la personnalisation des packagings. 55 % seraient prêts à acheter une bouteille collector, à un prix légèrement plus élevé, pour la remplir ensuite avec un système de berlingos. En revanche, seulement 30,5 % seraient prêts à participer à un atelier de cocréation avec la marque pour trouver le nouveau produit de l’année à venir ainsi que son packaging.</p>
<h2>Découvrir la marque et son univers</h2>
<p>Le troisième groupe d’actions est relatif à la découverte des marques de cosmétiques et de leur univers. 72,5 % des millennials interrogés voudraient découvrir les coulisses du développement d’un produit et 51,1 % les coulisses de sa commercialisation. <a href="http://mktforms.gtnexus.com/rs/979-MCL-531/images/GTNexus_millennials_Brand_Loyalty_Infographic_FR.pdf">L’étude menée par YouGov France pour GT Nexus</a> complète ce résultat en indiquant que 72 % des 18-34 n’hésitent pas à ne plus acheter leur marque préférée si celle-ci ne correspond plus à leurs valeurs : la qualité des produits, leur disponibilité, les conditions de travail des employés qui les produisent et la démarche éco-responsable de l’entreprise.</p>
<p>Les millennials accordent donc de plus en plus d’importance à ce qui se passe en amont, dans les coulisses de la marque, lors de la fabrication et l’acheminement des produits, ce qui influencent directement ces quatre raisons de non-achat. Les millennials souhaitent ainsi que les marques s’engagent en termes de qualité produit et de Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) et le montrent. Ils leur demandent de l’authenticité et de la transparence dans leurs démarches, engagements et actions. Ils souhaitent ainsi protéger leur santé et l’environnement. Une <a href="https://yuka.io/wp-content/uploads/social-impact/Mesure%20d%27impact%20-%20Yuka.pdf">étude menée par Yuka</a> a d’ailleurs souligné que 90 % des utilisateurs pensent que cette appli nutritionnelle peut pousser les marques et industriels à proposer de meilleurs produits.</p>
<h2>Créer de l’animation en et hors magasin</h2>
<p>Le quatrième groupe comprend des actions que les marques de cosmétiques pourraient mettre en œuvre afin de générer de l’animation en et hors magasin. 67,9 % souhaiteraient ainsi que ces marques proposent des pop-up stores (ou magasins éphémères) pour découvrir et essayer les produits et 59,5 % voudraient le faire dans un lieu plus insolite encore (lié par exemple au divertissement, à la culture ou à l’hôtellerie).</p>
<p>D’ailleurs, le <a href="http://www.topcom.fr/zoom/barometre-in-store-media-ipsos-comment-les-francais-font-leurs-courses-du-quotidien-par-quoi-sont-ils-influences/">baromètre Shopper d’In-Store Media avec Ipsos</a> a montré que les 18-34 ans sont plus influencés que la moyenne des Français par les animations réalisées par les marques et les informations données. Ils sont plus réceptifs au fait de pouvoir essayer un produit (64 % contre 56 %) et aux informations (écrans, affiches) délivrées (55 % contre 50 %).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les 18-34 ans sont plus sensibles à la possibilité d’essayer un produit que leurs aînés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">TRMK/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il s’agit donc de moments privilégiés pendant lesquels les consommateurs sont ouverts et attentifs. Les marques et distributeurs doivent impérativement les exploiter afin de collecter des datas sur leurs consommateurs pour leur proposer ensuite une expérience toujours plus personnalisée. Enfin, seulement 39,7 % seraient intéressés par un linéaire innovant et visible (par exemple avec un néon ou un design soigné). Les linéaires actuels en GMS leur semblent donc satisfaisants en l’état afin de créer de l’animation en rayon.</p>
<p>L’étude réalisée dans le cadre du SMED montre donc que les millennials sont des « consom’acteurs » engagés qui souhaitent voir des évolutions de la part des marques et industriels, tant sur les produits délivrés (formules et packagings) que dans leurs prises de paroles. Dans un monde toujours plus digital où les consommateurs sont toujours plus connectés, les résultats de cette étude soulignent qu’il faut engager les consommateurs et leur faire prendre part à l’histoire de la marque qui s’écrit.</p>
<hr>
<p><em>Charlotte Cauro, diplômée d’Audencia, a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130328/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les jeunes consommateurs hyperconnectés attendent notamment des marques qu'elles mettent à disposition plus d'informations sur l'empreinte écologique des produits.
Anne Launois, Professeur associée, Audencia
Cindy Lombart, Professeure de marketing, Audencia
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tag:theconversation.com,2011:article/121263
2019-08-01T08:07:54Z
2019-08-01T08:07:54Z
Que valent les protections solaires ? Nous les avons testées
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/286403/original/file-20190731-186814-udpcit.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C253%2C5349%2C3293&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">A la plage.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/7_ZDmcq8x6A">Photo Etienne Girardet/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>L'été s'inscrit clairement au soleil. Pour notre information à tous, nous n’avons pas hésité à tester 57 produits solaires différents, 40 issus de l’industrie conventionnelle et 17 étiquettés « bio » ou “minéraux”. Les tests ont été réalisés de mi-avril à mi-juillet au Laboratoire de Pharmacie industrielle et de Cosmétologie de la Faculté de Pharmacie de Nantes, en utilisant une méthode <em>in vitro</em> dont le <a href="https://www.researchgate.net/publication/6176342_Study_of_the_efficacy_of_18_sun_filters_authorized_in_European_Union_tested_in_vitro">protocole</a> a été publié dans la littérature scientifique internationale.</p>
<p>Etant donné que tous les produits ont été testés dans les mêmes conditions (même appareil de mesure, même opérateur, mêmes conditions), nous avons pu établir un classement objectif des produits de protection solaire trouvés dans le commerce. Le choix des références s’est fait de manière aléatoire ; grandes et petites marques ont été passées au crible.</p>
<p>Il ressort de cette étude que nous avons retrouvé un SPF (Sun Protection Factor, indicateur témoin du niveau de protection contre les UVB) en accord avec celui affiché dans 77 % des cas en ce qui concerne les produits de protection solaire conventionnels. En revanche, le SPF que nous avons déterminé est en désaccord avec le SPF affiché dans 100 % des cas lorsque les produits testés sont des produits bio ou minéraux.</p>
<h2>Photostabilité</h2>
<p>Parmi les 57 produits testés, il est possible de désigner le gagnant. Il s’agit de La <em>Eight hour cream sun defense</em> dont le SPF est de 75. Ce produit qui affiche un SPF de 50 est trop modeste ; il aurait mérité un affichage 50+. En matière de photostabilité, le SPF reste supérieur à 60 au bout de 2 heures d’irradiation dans un simulateur solaire. Quant à la résistance à l’eau, elle est parfaite. La seule chose qui nous chiffonne un peu c’est la présence d’hydrolysats de protéines de soie et de blé ce qui nous fait émettre une réserve d’un point de vue allergologique. Du fait des caractéristiques de cette crème on aimerait pouvoir la retrouver sur le marché en version « hypoallergénique ».</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/286421/original/file-20190731-186824-14mk72x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Crème solaire.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Parmi les 40 produits conventionnels testés, il est important de pointer du doigt les formules zéro défaut (ou proche du zéro défaut) qui allient efficacité, photostabilité et résistance à l’eau. Les produits en question sont des produits Mary Cohr, Avène, L’Occitane, Simone Mahler, A-Derma, Bioderma,Sunceutic, Vichy et Thalgo.</p>
<p>Parmi les 40 produits de protection solaire conventionnels testés, il existe un dernier de la classe qui se nomme « Soleil Boots SPF 50+ ». Le SPF obtenu avec ce stick est de 25 ce qui est bien loin de la valeur annoncée.</p>
<p>Parmi les 17 produits de protection solaire ne renfermant que des filtres minéraux, un produit se détache nettement. Le major de promotion s’appelle Avène. La crème minérale en question permet d’atteindre un SPF de 43. Six élèves sont ensuite au coude à coude et se bousculent autour de la valeur 30. Il s’agit des produits Bioregena, Acorelle, Cosmo naturel, Alphanova, Dermatherm et Sarmance. Le cancre se nomme « Ecran solaire Naturado en Provence ». Le SPF déterminé par nos soins (SPF de 4) ne permet même pas de le classer dans la catégorie des produits de protection solaire. Rappelons à ce titre qu’un SPF minimum de 6 est requis.</p>
<h2>Alcool indésirable</h2>
<p>Un point sur la présence d’<strong>alcool</strong> dans les produits testés. L’alcool est présent dans <strong>23% des cas</strong>. On le retrouve majoritairement dans les produits de protection solaire conventionnels (environ un tiers des produits testés) et de manière exceptionnelle dans les produits bio (1 produit sur 17). L’alcool (en nom INCI alcohol) est un ingrédient indésirable dans les produits de protection solaire dans la mesure où il s’agit d’un exhausteur de pénétration qui n’a rien à faire dans un produit destiné à exercer une action de surface.</p>
<p>Un mot sur la présence d’<strong>extraits végétaux</strong> dans les produits testés. Les actifs le plus souvent retrouvés sont connus pour leur effet anti-inflammatoire. On les retrouve dans <strong>56 % des produits</strong> de notre échantillon. Les extraits végétaux sont repérés dans <strong>70 % des produits bio</strong> et dans <strong>50 % des produits conventionnels</strong>. Si ces extraits végétaux qui masquent l’érythème sans exercer d’effet protecteur peuvent être tolérés dans des références permettant d’atteindre de très haut niveau de protection il n’en est pas de même dans les produits pour lesquels les SPF sont éloignés de la valeur 50.</p>
<p>Cette étude nous a permis de mettre à jour quelques “ perles » cosmétiques. C’est le cas par exemple de deux produits à la composition similaire affichant l’un un effet anti-âge et l’autre un effet protecteur du bébé. C’est le cas également de ce produit de protection solaire n’affichant pas de SPF ou de celui de ce produit affichant une valeur 30+ (indice inconnu du Journal Officiel de l’Union européenne).</p>
<p>Pour bien choisir la protection solaire qui nous accompagnera tout l’été sur les routes de France ou d’ailleurs, il est indispensable de connaître avec précision les caractéristiques des produits du marché. Afin de ne pas se tromper, on peut retrouver tous les articles correspondant aux produits testés en remontant le fil de notre blog, <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/">les Regards</a> du 29 avril au 24 juillet.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/121263/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
On peut en savoir plus sur la qualité des produits solaires en testant leur SPF (Sun Protection Factor). Résultats.
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/120122
2019-07-23T19:30:44Z
2019-07-23T19:30:44Z
Allégations cosmétiques : il faut faire le ménage !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/285138/original/file-20190722-11339-gqcav.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C81%2C5463%2C3555&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pinceaux de maquillage</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/88IV5AtWjB8">Photo by Alysa Bajenaru on Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Les temps changent. Il fut un temps où les consommateurs croyaient sur parole les fabricants de cosmétiques sur les qualités de leurs produits. En 2019, la situation s’est considérablement dégradée et la méfiance est là. Sur les boîtes et les flacons, les listes d’ingrédients sont étudiées, décryptées, scannées. L’opinion publique est ballotée entre des informations contradictoires au point de créer une véritable cacophonie. Afin de pouvoir à nouveau s’entendre, la Commission européenne est à l’origine, il y a 6 ans, d’un Règlement visant à encadrer les allégations cosmétiques et en particulier celles jugées dénigrantes (les fameuses mentions « sans »). Ce règlement resté lettre morte tente de renaître de ses cendres avec entrée en application ce mois de juillet dernier via une recommandation de l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) et une campagne orchestrée par la Febea (Fédération des entreprises de la beauté)</p>
<h2>Communication positive</h2>
<p>Les amateurs de vieilles histoires cosmétiques savent bien que, pendant longtemps, la communication afférente à ce type de produits a été positive. La <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/creme-simon-un-simple-glycerole-d-amidon-169/">crème Simon</a>, mise au point en 1860, par un jeune pharmacien plein de talent, permettait, nous disait-on alors, de conserver « au teint l’éclat de la jeunesse » et par-dessus le marché de combattre « rougeurs, hâle et piqûres d’insecte ». </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/285281/original/file-20190723-110162-debpay.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Publicité pour la Crème Simon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/8725928@N02/11825149424/">janwillemsen/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/avec-la-creme-tokalon-naissance-des-premieres-cremes-de-jour-de-nuit-pour-ceci-pour-cela-383/">crème Tokalon</a>, quant à elle, revendiquait l’utilisation du « Biocel », « un merveilleux aliment pour la peau ». La consommatrice, séduite par le thorium et le radium, nouvellement découverts, mais craintive lorsqu’il s’agit d’utiliser un fond de teint (« le maquillage nuit à la santé épidermique »), se tournait résolument vers la <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/du-maquillage-de-carnaval-au-fond-de-teint-nude-une-petite-histoire-des-produits-pour-le-teint-411/">gamme Tho-Radia</a> qui semblait alors avoir toutes les qualités. Les allégations étaient parfois très optimistes (la <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/diadermine-la-creme-a-tout-faire-168/">crème Diadermine</a> nettoie la peau matin et soir et protège l’épiderme des coups de soleil), mais, après tout, le cadre légal n’était pas encore posé. L’<a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-acide-borique-le-loup-dans-la-bergerie-1102/">acide borique</a>, mêlé au talc, était saupoudré sur les fesses des bébés et les joues de leurs pères… jusqu’à ce que le lien entre cosmétique et intoxications (voire même décès de nourrissons) soit établi – nous sommes alors dans les années 1950 ! Même si des travaux scientifiques pointent déjà du doigt quelques ingrédients « indésirables », le consommateur d’alors se laisse bercer par les belles promesses. Alors que l’on ne dispose pas encore de listes de substances interdites et de substances autorisées sous conditions (nous sommes avant la date fatidique de 1972), la peur est un sentiment inconnu du consommateur qui a une confiance totale dans l’industrie cosmétique naissante.</p>
<h2>Communication négative</h2>
<p>À partir des années 2000, le ver est dans le fruit… Les <a href="https://journals.lww.com/eurjcancerprev/Citation/2001/10000/Underarm_cosmetics_are_a_cause_of_breast_cancer.2.aspx">travaux publiés</a> de Philippa Darbre établissant un lien (hâtif et mal documenté) entre déodorant et cancer du sein donnent l’idée à certaines sociétés cosmétiques de communiquer autrement. Plutôt que de raconter une belle histoire tournant autour d’un ingrédient que l’on cherche à valoriser, on va désormais stigmatiser un certain nombre de matières premières et en particulier les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parab%C3%A8ne">parabens</a>. Les premiers produits « sans paraben » font leur entrée sur les linéaires ; ils seront au fil des années rejoints par des cosmétiques sans « silicone, PEG, paraffine, sulfates… ».</p>
<p>L’industrie du bio s’installe rapidement dans une stratégie de communication fondée sur la peur. Qu’importe si les ingrédients incriminés ne présentent, en réalité, aucun danger, l’essentiel est de canaliser une partie de l’opinion publique vers un segment de l’industrie qui veut gagner des parts de marché le plus rapidement possible. L’angoisse est telle, dans certains cas, que certaines femmes en viennent à ne plus se laver les cheveux et à proposer des <a href="https://antigone21.com/2013/10/23/le-jour-ou-jai-arrete-de-me-laver-les-cheveux/">recettes – maison sur leur blog</a> tant la peur des bases lavantes des shampooings est importante. Devant cette peur irraisonnée d’un certain nombre d’ingrédients, il est temps de parler de <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-cosmetophobie-qu-est-ce-que-c-est-que-cette-nouvelle-maladie-869/">cosmétophobie</a> et de mettre en garde contre un mode de communication qui va conduire consommateurs et industriels, à plus ou moins long terme, dans le mur !</p>
<h2>Communication encadrée</h2>
<p>Le Règlement (UE) No 655/2013 de la Commission du 10 juillet 2013 établissant les critères communs auxquels les allégations relatives aux produits cosmétiques doivent répondre pour pouvoir être utilisées est alors mis en place afin d’endiguer une communication qui part à vau-l’eau. La notion de « conformité avec la législation », de « véracité », « d’éléments probants », « d’équité » et de « choix en connaissance de cause » sont ainsi <a href="https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2013:190:0031:0034:FR:PDF">détaillés</a>.</p>
<p>On commence alors à respirer en se disant que les cosmétiques « sans, sans » sont du passé. Il est, en effet, clairement inscrit dans le Règlement que « les allégations relatives aux produits cosmétiques doivent être objectives et ne peuvent dénigrer ni la concurrence ni des ingrédients utilisés de manière légale ». Pourtant, en pratique, il apparaît que ce Règlement passe totalement inaperçu… au point que l’ARPP est obligée de rédiger un texte explicatif permettant de mieux s’approprier le texte européen en vigueur.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LlCnKDyjRCM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Campagne ARPP.</span></figcaption>
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<p>La <a href="https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/recommandation-produits-cosmetiques-v8/#toc_0_10">Recommandation produits cosmétiques V8</a> (en vigueur depuis le 1<sup>er</sup> juillet 2019) détaille donc la nécessité d’abandonner la mention « sans sans ;», « afin de contribuer à une image valorisante des produits cosmétiques », en utilisant une « publicité qui doit être essentiellement consacrée aux arguments positifs » L’interdiction de la mention « sans » est relayée par la Febea qui a organisé une <a href="https://www.febea.fr/fr/vos-produits-cosmetiques/actualites/linterdiction-allegations-produits-cosmetiques-plus-transparence">campagne radiophonique</a> d’information du public visant à faire connaître cette interdiction. Tout le monde n’est pas d’accord et le fait savoir sur les réseaux sociaux ; c’est le cas par exemple de l’<a href="https://www.linkedin.com/company/association-cosmebio/">association Cosmébio</a>.</p>
<h2>De la nécessité de faire le ménage</h2>
<p>Lorsque l’on constate que des produits cosmétiques affichent des allégations médicales, par exemple des cosmétiques <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/un-cosmetique-pour-s-endormir-paisiblement-1106/">prétendant favoriser le sommeil</a>, la <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/baume-de-massage-pectoral-puressentiel-un-bien-curieux-cosmetique-521/">respiration</a>, ou encore <a href="https://www.neobulle.fr/soins-urgences/595-calm-bidou-huile-de-massage.html">traiter maux de ventre et ballonnements</a>, on se dit que l’on est bien loin d’une communication cosmétiques zéro défaut et l’on s’interroge quant au respect du Règlement européen en matière de communication. Il y a vraiment des efforts à faire !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120122/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
L'Europe a produit un règlement visant à encadrer les allégations cosmétiques. Il tarde à s’appliquer en France.
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/120025
2019-07-17T21:24:17Z
2019-07-17T21:24:17Z
Attention à la composition des produits de soin pour nouveau-nés
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/284618/original/file-20190717-147312-16l1poy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=74%2C0%2C3230%2C2641&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Attention aux argumentaires marketing qui empruntent au vocabulaire médical!</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/child-baby-newborn-arms-47219/">Pexels</a></span></figcaption></figure><p>Tout récemment, une pharmacienne est venue nous porter un échantillon d’un produit dénommé NovaBaume, afin de recueillir notre avis sur cette crème multiusage. La caution scientifique de ce produit est bien là : c’est un pharmacien breton qui, à Carantec, dans le Finistère, a mis au point une formule qui doit convenir aussi bien aux mains des pêcheurs qu’aux fesses des nourrissons.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/283845/original/file-20190712-173366-kjaqqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pharmacie à Paris.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://search.creativecommons.org/photos/6f65f113-7bcd-4331-9f9b-9c57104610d6">"Paris Pharmacy Cross" by Pat Guiney </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce baume n’est pas un médicament : il ne possède pas d’AMM. Il s’agit donc d’un cosmétique <a href="https://www.novabaume.com/#!">indiqué</a> « pour tous les petits bobos de la vie quotidienne de la famille ». « Vous souffrez de : crevasses, éraflures, écorchures, fesses irritées, coupures, brûlures, coups de soleil, démangeaisons, muqueuses irritées, échauffements, ou encore de piqûres d’insectes… », NovaBaume est là, à vos côtés.</p>
<p>Le souci, avec ce produit, c’est que l’argumentaire marketing fait référence à un vocabulaire médical. Jugez-en plutôt : </p>
<blockquote>
<p>« Formule inspirée par de nombreuses années de pratique pharmaceutique, NovaBaume contient seulement cinq ingrédients, sans conservateur, sans paraben. Dès sa première application, NovaBaume apaise immédiatement sans effets secondaires, ni risques d’allergies ni intolérances. Des études cliniques ont été réalisées pour la réparation de coupures, crevasses, brûlures, coups de soleil, escarres, frottement des cuisses. Ces études ont confirmé l’efficacité et la rapidité d’action de NovaBaume. NovaBaume est fabriqué par un laboratoire français en France en conformité avec les exigences législatives et réglementaires et notamment les Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF). »</p>
</blockquote>
<p>On pensera peut-être que cela n’est pas bien grave. Mais il y a plus préoccupant pour ce cosmétique « sans paraben, sans conservateur ». L’appellation « sans conservateur » est pour nous trompeuse dans la mesure où l’<a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-acide-salicylique-l-ingredient-cosmetique-qui-ne-compte-pas-pour-des-prunes-1110/.">acide salicylique</a> qui figure dans la liste des ingrédients est un conservateur figurant à l’<a href="https://www.eurosafe.fr/vars/fichiers/reglement-12232009.pdf">Annexe V du Règlement (CE) N°1223/2009 au n° d’ordre 3</a>.</p>
<p>Donnons ici la liste des ingrédients de NovaBaume :</p>
<blockquote>
<p>« Composition Novabaume (convient à toute la famille même aux nourrissons) : Paraffinum liquidum, lanolin, zinc oxide, salicylic acid, lavandula angustifolia oil, linalon, limonene. »</p>
</blockquote>
<p>Passons rapidement sur le mot « linalon »… qui n’existe pas. Il faut lire : « linalool ».</p>
<p>Plus embêtant : l’acide salicylique est « interdit dans les produits destinés aux enfants âgés de moins de 3 ans, à l’exception des shampooings ». Il n’est donc pas possible d’argumenter en faveur d’un emploi chez le nourrisson (« NovaBaume forme un excellent écran de protection contre tout contact avec l’urine ou les matières fécales » précise le site de la marque).</p>
<p>Ce produit NovaBaume existe peut-être depuis 50 ans, mais il est temps de passer à autre chose et en tout premier lieu de respecter la réglementation en vigueur. Une expertise dans le domaine cosmétique s’impose pour toute personne souhaitant mettre un produit de ce type sur le marché. La connaissance de la réglementation et son respect par les entreprises sont les prérequis nécessaires et indispensables pour garantir la sécurité du consommateur. On ne peut pas oublier le fait que la réglementation cosmétique est née suite à la dramatique affaire du talc Morhange, cet empoisonnement de nourrissons par du talc durant les années 1970 qui a coûté la vie à 36 enfants. Ne prenons pas le risque de voir survenir dans notre pays qui a été moteur en matière de réglementation des accidents de ce type.</p>
<p>Interrogée par The Conversation France, la société fabricante du NovaBaume nous a fait parvenir la mise au point suivante :</p>
<blockquote>
<p>« Concernant l’acide salicylique, les restrictions ont évolué en 2018. Les études toxicologiques de NovaBaume ont été faites en 2017 par la société <a href="https://www.rcma-expert.eu/rcma-reach-chemical-management/">RCMA</a>. »</p>
</blockquote>
<p>Il est imposé une limite de concentration en tant que conservateur à 0,5 % dans les cosmétiques sauf les cosmétiques pour les enfants de moins de 3 ans où cet ingrédient est interdit (excepté pour les shampoings).</p>
<p>L’usage non conservatif est par contre autorisé jusqu’à concurrence de 2 % y compris pour les produits pour enfants pourvu qu’il soit rincé. Il y a cependant pas de données claires concernant les autres usages cosmétiques sur les produits non rincés quant à l’interdiction de l’acide salicylique. L’article LCCS/1601/18 du LCCS/1601/18 met cependant en exergue l’innocuité de l’acide salicylique en cosmétique jusqu’à 0,5 % (tout en les invalidant pour les produits bucco-dentaires) pour tous ces usages, préconisant même un plafond de 3 % dans les produits capillaires à rincer et 2 % pour tous les autres dans un usage non conservatif.</p>
<p>L’acide salicylique dans NovaBaume est à usage non conservatif, est en dessous de 0,5 % et conforme à l’article LCCS/1601/18.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120025/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Attention aux produits cosmétiques dont la composition n’obéit pas strictement à la réglementation en vigueur. Exemple avec le Novabaume.
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/119314
2019-07-01T21:31:11Z
2019-07-01T21:31:11Z
Externaliser le design : les facteurs clés de succès dans le parfum et les cosmétiques
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/280921/original/file-20190624-97777-1jvkgds.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=47%2C11%2C1211%2C648&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'enseigne Paco Rabanne a fait appel à Noé Duchaufour-Lawrence pour dessiné le flacon de son parfum « 1 million »/ </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.youtube.com/watch?time_continue=10&v=OdrBrlq67rs">Capture d'écran spot publicitaire. </a></span></figcaption></figure><p>L’industrie des parfums et des cosmétiques de luxe se caractérise par plusieurs centaines de lancements de produits par an. Dans cet environnement compétitif intense, où les présentoirs sont de plus en plus encombrés, le design apporte une forte valeur ajoutée. Comme le soulignait Paul McLaughlin, vice-président et directeur créatif du spécialiste des produits de beauté Elizabeth Arden :</p>
<blockquote>
<p>« Le packaging sous-tend l’ensemble du business. <a href="https://www.beautypackaging.com/issues/2012-01/view_features/beauty-company-of-the-year-excellence-in-pack/">L’emballage, c’est 70 % du lancement</a>. Si votre packaging ne fonctionne pas, vous êtes en grande difficulté ».</p>
</blockquote>
<p>Face à cette exigence, de plus en plus d’entreprises ont recours au design externe pour développer de nouveaux design produits. Dans le secteur des parfums et cosmétiques, Nina Ricci a, par exemple, <a href="https://www.starck.fr/un-nouveau-flacon-pour-nina-ricci-l-039-air-du-temps-by-s-arck-p2196">collaboré avec Philippe Starck</a> pour renouveler son parfum emblématique, l’Air du Temps, et Kenzo a <a href="https://www.kenzoparfums.com/fr/collection-parfums-pour-femme/kenzo-amour">travaillé avec le designer Karim Rashid</a> pour concevoir ses nouveaux flacons de parfum. On pourrait aussi citer le lingot d’or pour Paco Rabanne dessiné par Noé Duchaufour-Lawrence, ou encore le sac à main pour le parfum Decadence dessiné par Marc Jacobs.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=753&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=753&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280916/original/file-20190624-97745-1uqty45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=753&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le flacon designé par Philippe Starck.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.starck.fr/un-nouveau-flacon-pour-nina-ricci-l-039-air-du-temps-by-s-arck-p2196">Capture d’écran du site Starck.fr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, certaines entreprises dédient jusqu’à 50 % de leurs budgets design au design externe (via notamment des agences de design). Les designers externes et le marketing sont donc amenés à coopérer de plus en plus fréquemment. Bien que cette relation soit cruciale pour le succès du processus d’innovation et qu’elle constitue un cas typique de collaboration entre un partenaire créatif (design externe) et une fonction orientée marché (marketing), cette relation a été peu analysée. Or, une mauvaise gestion de leur relation peut entraîner des échecs commerciaux.</p>
<h2>Du design produit au design management</h2>
<p>Une <a href="https://doi.org/10.1111/jpim.12472">analyse approfondie</a> des lancements de nouveaux produits a été réalisée dans le secteur des parfums et cosmétiques sur le marché du luxe français. Des entretiens avec des marketeurs et des designers externes travaillant sur le même projet ont permis de mieux comprendre la façon dont ils collaborent à chaque étape du processus d’innovation.</p>
<p>Notre analyse souligne l’importance de trois facteurs de réussite : </p>
<ul>
<li><p>avoir déjà travaillé ensemble ;</p></li>
<li><p>l’implication des décideurs clés dans les deux entreprises (la marque et l’agence de design) ;</p></li>
<li><p>la « qualité de la relation », qui repose sur la confiance et l’engagement mutuels.</p></li>
</ul>
<p>Elle met également en lumière trois nouveaux facteurs clés de succès : </p>
<ul>
<li><p>le respect de l’identité de marque par le designer</p></li>
<li><p>le nombre d’étapes du processus d’innovation impliquant le design externe ; </p></li>
<li><p>la source d’expertise du designer. </p></li>
</ul>
<p>L’analyse révèle en particulier que la marque, un actif majeur pour le marketing, doit être soigneusement gérée. Le marketeur doit ainsi veiller au respect de l’identité de marque. Pour cela, il doit identifier dans quelle mesure le designer externe prend en compte les valeurs spécifiques de la marque. Ceci peut être encouragé par la participation des décideurs clés, et notamment des directeurs marketing, pour partager la vision et les valeurs de la marque. L’analyse montre également qu’il est important d’impliquer les designers externes dans de nombreuses étapes du processus d’innovation, que ce soit la phase de conceptualisation, d’industrialisation ou de lancement.</p>
<p>La relation entre le marketing et le design externe doit également être adaptée à l’expertise du designer externe. S’il s’agit d’un designer orienté client (caractérisé par sa forte proximité avec ses clients et sa flexibilité organisationnelle), les responsables du marketing doivent stimuler encore plus l’implication du designer dans le respect de l’identité de marque, en particulier s’ils n’ont jamais travaillé ensemble auparavant.</p>
<h2>Une star ne garantit pas toujours le succès</h2>
<p>Lorsque le designer est orienté processus (son expertise repose sur des processus créatifs spécifiques et des capacités organisationnelles), les marketeurs doivent l’impliquer dès que possible dans le processus d’innovation, en particulier dans les phases amont telles que l’identification des tendances ou la génération de concepts, puis tout au long du processus de développement du nouveau produit.</p>
<p>Par exemple, la marque chinoise Herborist a demandé à l’agence de design Cent Degrés de développer le design d’une nouvelle gamme de produits de soins de la peau. Fondée il y a 110 ans à Shanghai, Herborist est profondément enracinée dans la médecine traditionnelle chinoise. L’agence a été invitée à donner à la marque une dimension contemporaine, sans perdre l’esprit originel de la marque. Cent Degrés a adopté son propre processus de création fondé sur l’immersion dans la marque, l’audit et le diagnostic qui est typique des agences orientées processus. Ce processus a conduit à la création d’une nouvelle plate-forme de marque pour Herborist qui a abouti à de nouveaux principes de design (plateforme de style). L’agence a ensuite participé à toutes les étapes du processus de développement de produits menant à un lancement réussi.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/Bw1C_wViEdu","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>Les designers stars, orienté créativité (qui comptent sur leur créativité et leur talent), sont attractifs pour les départements marketing, car ils offrent un avantage concurrentiel en termes de créativité, d’unicité et de <a href="https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/branding-238969.htm#ddOBvL6kUdchba4m.97">cobranding</a>. Le recours au designer star est <a href="https://www.businessoffashion.com/articles/opinion/should-fashion-brands-bet-on-star-designers">censé améliorer le succès</a> du nouveau produit. Or, notre étude révèle qu’il n’est pas garanti. Nos résultats soulignent la difficulté de travailler avec des designers stars, ces derniers pouvant ne pas suffisamment respecter l’identité de la marque pour laquelle ils travaillent. Pour favoriser le succès du nouveau produit, les marketeurs et les designers stars doivent donc créer des mécanismes pour assurer la cohérence avec l’identité de marque.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=796&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=796&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280899/original/file-20190624-97808-t438fz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=796&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le flacon de Kenzo au design signé Karim Rashid.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.kenzoparfums.com/fr/fr/kenzo-amour/">Le site Kenzo.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le cas de Kenzo Amour révèle comment Kenzo a soigneusement géré sa relation avec le designer star Karim Rashid. Tout d’abord, Kenzo a choisi un designer qui aime l’univers coloré, en cohérence avec les valeurs de la marque, et dont la signature artistique pouvait enrichir l’ADN de Kenzo. Deuxièmement, le designer star a été progressivement immergé dans la marque grâce à des collaborations à petite échelle sur des projets tels que Kenzo Summer eau de toilette en 2005 et Kenzo Ryo en 2008. Troisièmement, Karim Rashid a été invité à concevoir le parfum Kenzo Amour. Il a conçu une bouteille incurvée en version orange, fuchsia ou or, faisant écho à l’ADN de la marque de mode qui est toujours un succès en 2019. Ce cas révèle qu’une compréhension commune des objectifs de chaque partie est un facteur de succès tout aussi importante que les caractéristiques créatives du concepteur et sa réputation.</p>
<p>La capacité d’innovation du service marketing est essentielle au succès du processus d’innovation. Les départements marketing recherchent de nouvelles façons de générer des idées qui mènent à un avantage concurrentiel plus fort. Les relations avec les partenaires créatifs externes, et en particulier les designers externes, sont de plus en plus fréquentes. Il est donc crucial pour les responsables du marketing de mieux comprendre les facteurs de succès du processus d’innovation.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est basé sur une recherche publiée dans le Journal of Product Innovation Management en mars 2019, <a href="https://doi.org/10.1111/jpim.12472">« Drivers and Pathways of NPD Success in the Marketing-External Design Relationship »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119314/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
S’assurer les services d’un grand nom du design ne suffit pas à réussir une opération.
Aurélie Hemonnet-Goujot, Assistant Professor in Marketing and Innovation, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille Université
Céline Abecassis-Moedas, Affiliate professor at ESCP Europe and Professor, Universidade Católica Portuguesa
Delphine Manceau, Directrice générale et professeur de Marketing, Neoma Business School
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/111758
2019-02-21T23:11:22Z
2019-02-21T23:11:22Z
Que valent les produits solaires dits « spécial montagne » ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/259789/original/file-20190219-43288-zpoch1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur les cimes.</span> <span class="attribution"><span class="source">louis tricot unsplash</span></span></figcaption></figure><p>Pour les chanceux, c’est le temps des vacances à la montagne. Avant de partir, il convient de faire un tour dans un magasin de sport pour compléter sa garde-robe, et surtout, de rechercher la combinaison – crème solaire + stick labial – la plus efficace en matière de protection vis-à-vis des ultra-violets. Cette année, des produits solaires estampillés « montagne » ou « ski », présentés comme spécifiquement adaptés à une utilisation en montagne, ont été mis sur le marché. Mais sont-ils différents des autres « solaires » ?</p>
<h2>Altitude et irradiation solaire</h2>
<p>Le rayonnement ultra-violet augmente quand on s’élève en altitude et ce, en particulier, dans la [gamme des UVB]. On a l’habitude de dire que la quantité de radiations nocives augmente de 4 % tous les 300 mètres, sans donner plus de précision. En réalité, cette valeur est loin d’être une constante. En fonction de la localisation et du climat, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3364536/">résultats d’exposition seront différents</a>. Dans les Andes, par exemple, et par temps sec, l’augmentation est de 15 % par mille d’altitude. Dans les Alpes, par temps de brouillard, l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21079060">augmentation est de 24 %</a>.</p>
<p>Le phénomène de réflexion du rayonnement incident sur la neige qui est blanche est également à prendre en compte. On sait que les UVB sont responsables de coups de soleil et de cancers cutanés (les <a href="http://dermato-info.fr/article/Cancers_de_la_peau_les_carcinomes">carcinomes</a>, par exemple, sont localisés au niveau des zones de peau découvertes et au niveau de la bouche, tout spécialement au niveau de la lèvre inférieure plus exposée aux radiations UV). Ils sont également à l’origine de problèmes oculaires sérieux. Chez les guides de haute montagne, on constate que le vieillissement oculaire est plus important que pour le reste de la population avec, en particulier, un risque accru de cataracte corticale antérieure pour ceux qui travaillent à plus de 3 000 mètres d’altitude. Le skieur peut souffrir, quant à lui, d’ophtalmie des neiges, également appelée photokératite, qui se traduit par des brûlures oculaires associées à la sensation de grains de sable. Pour éviter ce type de désagrément, le port de lunettes à verres protecteurs s’impose.</p>
<h2>Caractéristiques des produits solaires étiquetés « montagne »</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=810&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=810&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=810&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1018&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1018&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/259792/original/file-20190219-43267-agt5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1018&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des expositions aux UV très élevées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Askanesthetician’s Blog</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/les-vacances-a-la-montagne-jamais-sans-mon-produit-solaire-940/">Pour être bien protégé en montagne</a>, on utilisera un produit de très haute protection (SPF 50+). Ce produit devra être photo-stable et appliqué toutes les deux heures. Il devra contenir le minimum d’ingrédients, mais le maximum de filtres. L’alcool (un <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-alcool-c-est-pour-l-apero-pas-sur-la-peau-768/">exhausteur de pénétration</a>) et les extraits végétaux à activité anti-inflammatoire ne doivent pas figurer dans les ingrédients de produits choisis avec soin et discernement. Si la résistance à l’eau est un critère important à prendre en compte lors de la formulation d’un produit solaire destiné à être utilisé à la plage, il n’en est pas de même dans le cas d’une activité de sport d’hiver.</p>
<p>Présence d’alcool, de <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/combi-dermophil-indien-spf-50-quelques-efforts-encore-pour-atteindre-le-sommet-947/">palmitate de rétinyle</a>, problème de photostabilité, problème de niveau d’efficacité… Le choix d’un bon produit de protection solaire est aussi complexe l’hiver que l’été. Parmi les quelques formules disponibles dans le commerce à destination du vacancier qui part à la montagne le nombre de références qui répond à toutes les exigences est <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/photoderm-duo-50-mini-creme-mini-stick-mais-ils-font-le-maximum-951/">extrêmement réduit</a>. La mention « montagne » n’est donc pas un gage de qualité. On aimerait qu’une prise de conscience se fasse au niveau de l’industrie cosmétique le plus vite possible sur cette question.</p>
<h2>Conseils d’application</h2>
<p>L’application d’une couche généreuse de produit de protection solaire sur l’ensemble du visage est indispensable. Une étude menée par des Anglais et publiée en 2017 montrait que la zone d’application fréquemment négligée par les personnes utilisant de la crème solaire était la <a href="https://www.researchgate.net/publication/320178189_UV_imaging_reveals_facial_areas_that_are_prone_to_skin_cancer_are_disproportionately_missed_during_sunscreen_application">zone péri-oculaire</a>. </p>
<p>Outre le tour des yeux, les ailes du nez, le menton et le sommet des oreilles ne devront pas, non plus, être oubliés. Les lèvres doivent également être bien protégées ; si la DEM (Dose Erythématogène Minimale) est en général 25 % plus élevée que celle mesurée au niveau du dos – ce qui témoigne d’une plus grande résistance vis-à-vis des UV – il convient d’être prudent et de diminuer au maximum le risque de cancérogenèse. Ajoutons également que les personnes souffrant d’herpès labial doivent tout particulièrement penser à se protéger dans la mesure où l’exposition solaire constitue un facteur déclenchant d’une crise virale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111758/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les vacanciers de février en partance sur les pistes de ski doivent se prémunir des effets néfastes du soleil, surtout reflété par les étendues blanches. Que valent les crèmes et sticks dédiés ?
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/110002
2019-01-29T20:46:58Z
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Pour 2019, changez de regard sur les cosmétiques
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/255821/original/file-20190128-108342-wpzgfw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Regard arc-en-ciel</span> <span class="attribution"><span class="source">Harry Quan on Unsplash</span></span></figcaption></figure><p>Le mois de janvier, temps des chocolats, des galettes et de leurs couronnes portées sur la tête… et des bonnes résolutions. Et si on en profitait pour remettre en questions nos croyances et idées reçues sur les cosmétiques ?</p>
<h2>Changer de regard</h2>
<p><strong>… sur les parabens</strong></p>
<p>Les parabens sont des conservateurs antimicrobiens utilisés dans les domaines pharmaceutique et cosmétique depuis le début du XX<sup>e</sup> siècle. Leur utilisation fait polémique depuis le début des années 2000. Malgré les avis réitérés du <a href="https://www.cir-safety.org/sites/default/files/paraben_web.pdf">Cosmetic Ingredient Review</a> sur la sécurité d’emploi de cette famille de matières premières, un certain nombre de laboratoires cosmétiques continuent à pointer du doigt ces conservateurs sûrs et efficaces. Cela alors même que la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32013R0655">réglementation</a> s’oppose à ce type de comportement marketing. En 2019, il est temps de prendre en compte toutes les études et de communiquer autrement.</p>
<p><strong>… sur les silicones</strong></p>
<p>Les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Silicone">silicones</a> sont des ingrédients utilisés depuis une trentaine d’années dans le domaine cosmétique. Les silicones ou polysiloxanes sont des ingrédients sûrs, adaptés à tout public. Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25162097">diméticones</a>, nom générique utilisé pour désigner les silicones, sont des ingrédients retrouvés aussi bien dans les produits pharmaceutiques que dans les produits cosmétiques. Utilisée par voie orale, la diméticone exerce un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9696963">rôle protecteur</a> du tractus digestif ; par <a href="https://www.unitheque.com/Livre/vigot/L_officine-1315.html">voie cutanée</a>, elle favorise l’étalement du produit appliqué sur la peau et joue un rôle barrière.</p>
<p>Très utile dans le domaine du maquillage afin de permettre une bonne dispersion des pigments, les silicones sont <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-2494.2005.00257_11.x">appréciées dans les produits capillaires</a> du fait de leur effet conditionneur (les silicones ont une grande affinité pour la kératine du cheveu) et protecteur (protection vis-à-vis de l’effet délétère des UV en particulier). Dans les formules hydratantes à destination des sujets souffrant d’eczéma, les silicones ont fait preuve de leur utilité ; leur emploi permet de restaurer la barrière cutanée et permet <a href="https://rd.springer.com/article/10.1007%2Fs11882-001-0045-z">d’éviter dans un certain nombre de cas le recours à des traitements corticoïdes</a> ce qui mérite d’être signalé. Enfin, ces ingrédients sont non comédogènes ce qui les distingue des sous-produits de la chimie des pétroles et des huiles végétales. Il s’agira donc des ingrédients de choix pour la réalisation de cosmétiques à destination des sujets acnéiques.</p>
<p><strong>… sur les sous-produits de pétrole</strong></p>
<p>Ces ingrédients occlusifs forment une <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/les-derives-du-petrole-des-ingredients-surs-ou-dangereux-pour-la-sante-413/">barrière protectrice très efficace</a> et constituent les ingrédients de choix pour la formulation des sticks labiaux et des crèmes protectrices destinées à la prise en charge des sécheresses cutanées sévères, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=24267728">indispensables l’hiver</a>.</p>
<p><strong>… sur le fluor</strong></p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=326&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=326&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=326&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255830/original/file-20190128-108334-b2h97h.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dentifrice au fluor.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Prodent_Fluor_pic5.JPG#/media/File:Prodent_Fluor_pic5.JPG">Alf van Beem/wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le fluor est un actif anti-caries bien connu. Il a <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-fluor-comment-ca-marche-406/">fait largement ses preuves</a> et permet de faire reculer la prévalence de la maladie carieuse. A moins d’avaler systématiquement et volontairement son dentifrice à chaque brossage, on ne risque pas d’intoxication chronique.</p>
<p><strong>… sur les bases lavantes</strong></p>
<p>Le respect d’une bonne hygiène est un élément-clé de la santé cutanée et de la propreté capillaire. Selon les sensibilités particulières, on optera pour un savon (peaux sans problème particulier), un pain dermatologique, un lait nettoyant ou une eau micellaire (pour les peaux dites réactives). Avec parfum ou sans parfum, chacun trouvera la formule la mieux adaptée. À part le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurylsulfate_de_sodium">laurylsulfate de sodium</a> (c’est l’irritant de référence) que l’on évitera, on optera pour un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tensioactif">tensioactif anionique, amphotère ou non ionique</a> selon la sensibilité cutanée particulière.</p>
<p><strong>… sur les filtres UV</strong></p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255833/original/file-20190128-108334-15idz56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Publicité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tony Irvine</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour réaliser un produit de protection solaire permettant d’assurer un haut niveau de protection (SPF affiché 50) ou un très haut niveau de protection (SPF 50+), il est indispensable d’associer dans une même formule un grand nombre de filtres UV. Les filtres organiques appelés improprement « filtres chimiques » sont décriés par certains laboratoires qui leur préfèrent les filtres minéraux (dioxyde de titane et oxyde de zinc). On leur reproche, entre autres, leur effet polluant – mais l <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-corail-voit-peut-etre-rouge-mais-nous-aussi-908/">es filtres minéraux sont dans le même cas</a>. Autre critique, leur absence d’innocuité totale. Sur ce dernier point, rappelons que si l’effet allergisant de certains filtres est reconnu, l’effet perturbateur endocrinien suspecté pour certains filtres relève du même type de communication que celle concernant les parabens. </p>
<p>En effet, l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16522524">effet oestrogénique déterminé in vitro est bien moins important dans le cas des filtres UV</a> () que dans le <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/ces-molecules-qui-perturbent-le-milieu-cosmetique-106/">cas du soja</a>, de la <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-racine-de-kudzu-un-exemple-vegetal-a-effet-oestrogenique-reconnu-107/">racine de kudzu</a> (Pueraria lobata), ou du <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/bioderma-parle-aux-patients-acneiques-560/">bakuchiol</a>. L’application d’un produit de protection solaire à haut indice constitue un bon moyen de se protéger des UV et donc des cancers cutanés photo-induits. Attention, toutefois, de ne pas tomber dans l’excès inverse. Une protection solaire s’impose en cas d’exposition solaire mais elle devient inutile, en revanche, dès lors que l’on ne s’expose pas. Les produits de maquillage et les produits de soin affichant un SPF seront donc soigneusement évités.</p>
<p><strong>… en un mot</strong></p>
<p>L’année 2019 doit être celle de la remise en cause d’une certaine <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-cosmetophobie-qu-est-ce-que-c-est-que-cette-nouvelle-maladie-869/">cosmétophobie</a>, qui consiste à voir tout en noir au sujet des produits cosmétiques. Ces derniers constituent des produits de base indispensables dont on ne peut pas se passer. Alliés intéressants dans la prise en charge de la sécheresse cutanée liée à certaines pathologies ou à certains traitements, les cosmétiques ne sont pas des ennemis, mais des produits très utiles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110002/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Parabens, silicones, bases lavantes, les produits cosmétiques et d’hygiène utilisent largement la chimie. Que faut-il en penser ?
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France
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tag:theconversation.com,2011:article/109289
2019-01-01T23:29:06Z
2019-01-01T23:29:06Z
Trois manières de devenir un consommateur de science averti
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/252196/original/file-20190101-32142-1eqmbxw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Crème hydratante ? </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Vous aimez consulter les plus récentes études pour prendre des décisions éclairées ? Vous ne savez pas comment critiquer – ou simplement évaluer – celles qui vous intéressent ?</p>
<p>Mon rôle en tant que professeur de méthodes de recherche est de transformer mes élèves en consommateurs de science averti qui pourront effectuer des choix éclairés dans notre société démocratique.</p>
<p>À une époque où il est difficile de distinguer les vraies des fausses nouvelles, <a href="https://www.lesoleil.com/actualite/monde/sociologie-de-fausses-etudes-embarrassantes-618429c3e1b5b2115ca94ef0db5f0bdf">ou même les vraies des fausses études</a>, il est primordial de s’outiller pour mieux comprendre les informations découlant de la science.</p>
<p>Voici, en termes simples, trois éléments à considérer pour faire des choix éclairés sur la base des recherches scientifiques.</p>
<h2>Les mesures sont-elles valides ?</h2>
<p>Vous vous apprêtez à acheter une crème anti-âge parce que vous avez lu sur l’étiquette « éprouvée en clinique pour réduire les signes du vieillissement ». Vous faites quelques recherches et trouvez l’étude clinique en question dans le site Web du fabricant. Vous y découvrez que les participants ont rempli un questionnaire sur l’apparence de leurs rides chaque jour pendant une semaine ; que la semaine suivante, ils ont appliqué la crème chaque soir ; et que la troisième semaine, ils ont arrêté de le faire et ont de nouveau rempli le questionnaire chaque jour.</p>
<p>En moyenne, les avis étaient plus positifs au cours de la troisième semaine que pendant la première.</p>
<p>Pour consommer cette étude avec un œil critique, vous devez d’abord vous demander si les mesures utilisées pour évaluer l’efficacité du traitement sont valides. Ont-elles véritablement mesuré ce qu’elles devaient mesurer ?</p>
<p>Dans notre exemple, il est assez évident qu’une auto-évaluation de l’apparence de la peau n’est pas une mesure valide. Une telle évaluation subjective est biaisée parce qu’elle peut traduire l’humeur ou encore l’estime de soi du participant un jour donné. Mesurer la profondeur et le nombre de rides sur une région donnée de la peau aurait été une mesure plus objective.</p>
<p>Une bonne étude de recherche ne comporte que des tests considérés valides. Soyez-en averti : la publication doit faire mention de la validité du test utilisé.</p>
<h2>Les contrôles ont-ils été adéquats ?</h2>
<p>Poursuivons avec l’exemple de la crème anti-âge pour illustrer l’importance des contrôles : pour ce deuxième élément, vous devez vous demander si la crème est la véritable responsable du changement observé entre la première et la troisième semaine.</p>
<p>Y a-t-il une explication alternative ? Par exemple, les participants auraient pu appliquer la crème lors d’une semaine particulièrement humide, ce qui aurait pu améliorer l’apparence de leur peau. Ou encore, les participants auraient pu mieux s’alimenter cette semaine-là parce que les aliments sains étaient en promotion à l’épicerie. Ces explications alternatives sèment le doute quant à l’efficacité de la crème pour améliorer l’apparence de la peau.</p>
<p>Si vous pouvez trouver une ou plusieurs autres explications, vous ne pouvez pas avoir la certitude que le traitement a véritablement entraîné l’amélioration observée. Les chercheurs gèrent ces autres possibilités en recourant à des groupes de contrôle. Dans notre exemple, ils auraient pu ajouter un groupe de participants qui auraient eu à appliquer une crème sans agents anti-vieillissement. Ainsi, si l’apparence des rides change au sein du groupe traité, mais pas au sein du groupe de contrôle, la probabilité que la crème soit efficace est plus élevée.</p>
<p>Le message à retenir ? Avant d’acheter un nouveau produit sur la base de résultats de recherches, essayez de trouver d’autres explications pour l’obtention de ces résultats. Si vous pouvez trouver au moins une autre explication possible, vous devriez avoir une confiance limitée dans son efficacité, et ce, jusqu’à ce que des études plus rigoureuses, avec des groupes de contrôles, soient publiées.</p>
<h2>L’échantillon est-il représentatif ?</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/244001/original/file-20181105-74760-1x7bdmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La qualité, ou la représentativité de l’échantillon, est plus importante que la quantité. L’échantillon est de bonne qualité lorsque les personnes évaluées dans le cadre de l’étude représentent vraiment la population cible.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Je sens souvent une pointe de frustration lorsque j’entends des critiques basées uniquement sur la taille de l’échantillon d’une étude.</p>
<ul>
<li><a href="http://www.alloprof.qc.ca/BV/pages/m1362.aspx">la taille a-t-elle véritablement une importance ?</a></li>
</ul>
<p>Or, tout n’est pas qu’une question de taille : la qualité aussi est importante.</p>
<p>Ainsi, les sondeurs semblent avoir de plus en plus de difficultés, en Occident, à prédire les résultats des élections, <a href="https://lactualite.com/politique/elections-2018/2018/10/02/les-sondages-auront-eu-tort/">comme ceux du 1er octobre au Québec</a>.</p>
<p>Les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1120627/sondage-ere-trump-ipsos-mi-mandat-etats-unis-politique">élections présidentielles de 2016 aux États-Unis</a> sont un exemple classique.</p>
<p>Pourquoi les sondages se sont-ils tous trompés au sujet de Trump ? Les prévisions ont probablement été erronées parce que les personnes sondées ne représentaient pas celles qui sont allées voter et non parce que le nombre de personnes sondées était insuffisant.</p>
<p>La qualité, ou la représentativité de l’échantillon, est plus importante que la quantité. L’échantillon est de bonne qualité lorsque les personnes évaluées dans le cadre de l’étude représentent vraiment la population cible.</p>
<p>Je ne dis pas que la taille de l’échantillon n’a aucune importance. Elle en a puisqu’un large échantillon a plus de chance d’être représentatif. La taille a aussi de l’importance au niveau de la puissance statistique – une question qui peut faire l’objet d’un article complet. Dans tous les cas, si une étude est publiée dans une revue scientifique renommée, les experts qui ont examiné l’étude avant sa publication ont probablement envisagé la puissance statistique. Il ne s’agit donc pas d’un facteur important pour le consommateur de recherche averti.</p>
<p>Reprenons l’exemple de la crème anti-âge : vous devriez vous demander si vous et les participants à l’étude possédez des caractéristiques semblables, par exemple l’âge, l’état de santé ou l’origine ethnique. Si c’est le cas, il y a de bonnes chances que les résultats de l’étude s’appliquent aussi à vous.</p>
<h2>L’essentiel du message ?</h2>
<p>Vous pouvez bénéficier de la recherche, mais pour éviter de vous laisser berner par l’aura de la science, il faut garder un œil critique. Questionner si les chercheurs ont utilisé un échantillon, des mesures et des contrôles adéquats.</p>
<p>Si ce n’est pas le cas, vous devriez peut-être vous abstenir d’acheter cette crème anti-âge dispendieuse, même si elle est « éprouvée en clinique pour réduire les signes du vieillissement ».</p>
<p>Voici <a href="http://www.luxediteur.com/catalogue/petit-cours-dautodefense-intellectuelle/">un texte classique sur le sujet</a></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109289/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Boutet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Cette crème anti-âge dispendieuse est « éprouvée en clinique pour réduire les signes du vieillissement ». Mais que vaut cette affirmation ?
Isabelle Boutet, assistant-professor, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa
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tag:theconversation.com,2011:article/102506
2018-09-30T18:39:17Z
2018-09-30T18:39:17Z
Un fab lab pour l’innovation cosmétique
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238541/original/file-20180930-48631-juoh0g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C17%2C5982%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Atelier réalisation de rouges à lèvres au we lab cosmetic.
</span> <span class="attribution"><span class="source">MDuchateau-Cosmétosciences.</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Dans un contexte réglementaire en perpétuelle évolution et devant un marché dicté par les consommateurs, la filière cosmétique se doit d’innover : ingrédients, formulation, qualité de produits… C’est dans ce contexte qu’a démarré en 2015 le programme <a href="http://cosmetosciences.org/">Cosmetosciences</a>, alliant la recherche et l’innovation pour un développement économique durable du territoire Centre-Val de Loire.</p>
<h2>Le programme Cosmetosciences de la Région Centre-Val de Loire</h2>
<p>Le programme ARD 2020 Cosmetosciences est financé par la région Centre-Val de Loire. Il est porté par l’Université d’Orléans en partenariat avec l’Université de Tours, le CNRS, le pôle de compétitivité Cosmetic Valley et le Studium. Tous ces partenaires travaillent à développer une dynamique de Recherche, de Formation et d’Innovation en soutien à la filière Parfumerie et Cosmétique. Ce programme s’inscrit dans une démarche transversale : sur plusieurs thématiques scientifiques (biologie, chimie, physique, mathématiques) et fédératrices impliquant de manière forte les chercheurs académiques et les industriels autour du fil conducteur <a href="http://www.universcience.tv/video-cosmetique-de-la-plante-a-la-peau-10133.html">« de la plante à la peau saine »</a>.</p>
<p>Durant ses 2 premières années de fonctionnement (2015-2016), c’est plus de 20 projets de recherche entre laboratoires universitaires et industriels qui ont vu le jour. Ceci a permis le recrutement de stagiaires de licence et master, et de jeunes chercheurs. Deux chercheurs internationaux ont également été accueillis pendant un an dans les laboratoires de recherche régionaux. Des actions incitatives ont également vu le jour pour valoriser et faire connaître les formations en cosmétique des universités d’Orléans et de Tours. Des rencontres entre étudiants et acteurs professionnels ont été organisées ainsi que des actions grand public et en milieux scolaires.</p>
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<span class="caption">Séminaire étudiants sur la beauté connectée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cosmétosciences</span></span>
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<p>Début 2017, le programme se poursuit en phase 2 pour trois nouvelles années (2017-2019) sur la base d’un financement régional à hauteur de 4,8 millions d’euros. Les principaux objectifs de cette nouvelle phase sont de dynamiser, renforcer et rendre visible la cosmétique en Région Centre-Val de Loire, tant au niveau national qu’international. En tirant les bénéfices de la dynamique mise en place au cours de la phase 1 (partenariats, recherche, formation), le programme Cosmetosciences phase 2 se propose de mutualiser les compétences des réseaux tissés sur une entité unique : <strong>We Lab Cosmetic</strong>.</p>
<p>Le programme Cosmetosciences soutient non seulement la transversalité des projets de recherche et des formations universitaires, mais souhaite aussi favoriser l’insertion professionnelle des étudiants en permettant des rencontres avec le tissu industriel et en offrant un lieu d’accueil unique en France, doté de moyens humains et techniques de base, où les étudiants (ou indépendants) entrepreneurs, porteurs de projets en cosmétique, peuvent réaliser un prototype.</p>
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<h2>We Lab Cosmetic : un fab lab collaboratif</h2>
<p>C’est au cours d’une étude d’opportunité que le programme Cosmetosciences a saisi l’importance de créer un lieu tel que We Lab Cosmetic. Ce projet a vu le jour dès septembre 2017, sur le campus universitaire orléanais.</p>
<p>De type fab lab, il s’agit avant tout d’un lieu de rencontres et un environnement de travail idéal pour tout porteur de projets de l’univers cosmétique : le <em>cosmaker</em>. C’est donc un lieu qui permet de les accueillir pour tester leurs idées sur de petites échelles.</p>
<p>We Lab Cosmetic s’appuie sur les multiples compétences académiques reconnues en Région Centre-Val de Loire : chimie, biochimie, biologie, physique… Il cible en fait une partie des thématiques scientifiques développées dans Cosmetosciences pour apporter des réponses à certains défis de la filière cosmétique.</p>
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<span class="caption">Réseau régional d’accompagnement à l’entrepreneuriat cosmétique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cosmétosciences</span></span>
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<p>We Lab Cosmetic offre l’accès à trois laboratoires :</p>
<ul>
<li><p><strong>Chimie du Végétal</strong> : Un laboratoire qui permet de valoriser une plante en fonction de ses usages traditionnels et de ses activités potentielles sur l’être humain. Il est possible, dans ce laboratoire, d’isoler certaines molécules ou familles de molécules contenues dans la plante par des procédés techniques simples, pour ensuite les analyser et les quantifier.</p></li>
<li><p><strong>Biologie</strong> : Dans ce laboratoire, on peut vérifier la toxicité des ingrédients utilisés dans les nouveaux produits cosmétiques créés au We Lab Cosmetic. Les tests sont réalisés sur des cellules de peau. On peut aussi évaluer certaines activités potentielles (cicatrisante, hydratante, anti-oxydante, anti-inflammatoire…) soit directement sur des protéines humaines, soit sur des cultures cellulaires.</p></li>
<li><p><strong>Formulation</strong> : C’est dans ce laboratoire que sont créés de nouveaux produits cosmétiques. La formulation, c’est l’art de bien mélanger les différents ingrédients pour obtenir une crème, un gel, un rouge à lèvres… On y peut y étudier aussi les caractéristiques physiques des produits et leur stabilité dans le temps.</p></li>
</ul>
<p>We Lab Cosmetic s’adresse à toute personne curieuse de développer un nouveau concept cosmétique : étudiants, entrepreneurs indépendants, start-up, TPE. En bref, une personne qui souhaite développer une nouvelle activité cosmétique ou simplement avoir accès à du matériel de base pour quelques essais techniques. Les entreprises peuvent aussi proposer des challenges à des étudiants. Ces projets sont à la fois bénéfiques pour l’étudiant puisqu’il acquiert de nouvelles compétences tout en travaillant avec les contraintes industrielles, mais aussi pour l’industriel qui peut externaliser un projet non prioritaire à l’entreprise et créer un nouveau lien avec des acteurs académiques.</p>
<p>Chaque projet bénéficie d’un accompagnement individuel (orientation, développement, technique) et peut aussi être transféré, selon son avancement, sur d’autres structures de l’écosystème régional afin de mieux se concrétiser (incubateurs, accélérateurs…). De plus, un programme d’animations et de rencontres est proposé aux cosmakers tout au long de l’année afin de faciliter les échanges. Une fois par mois, ces rencontres permettent d’entendre des témoignages d’anciens cosmakers ou d’autres entrepreneurs, ou de participer à des ateliers pratiques collectifs. Un ensemble de partenaires et d’experts permet de répondre à des questions sur la création d’entreprise et à certaines problématiques plus ciblées auxquelles sont confrontées les cosmakers (propriété intellectuelle, marketing, levée de fonds…).</p>
<p>Réunis au sein d’une dynamique résolument tournée vers l’innovation, les cosmakers ont désormais les moyens de transformer eux-mêmes la théorie en pratique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238421/original/file-20180928-48644-1uzb8bw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un atelier cosmakers au We Lab Cosmetic : création d’une crème de nuit.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cosmétosciences</span></span>
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<p>Concrètement depuis un an, ce sont quinze projets qui se sont développés au We Lab Cosmetic, dont six projets proposés par des étudiants et cinq challenges proposés par des entreprises et réalisés par des étudiants. Si l’attractivité est principalement régionale jusqu’à présent, quelques contacts ont été établis avec des cosmakers parisiens ou du sud de la France.</p>
<h2>Et pour le grand public ?</h2>
<p>Grâce au programme Cosmetosciences et à We Lab Cosmetic, plusieurs initiatives à destination du grand public ont vu le jour. Une malle pédagogique a été créée en 2016 pour des élèves de collèges. Cette malle est à disposition des enseignants et permet d’appliquer les programmes à des expériences concrètes. Pour accompagner cette malle, une exposition sera bientôt disponible.</p>
<p>Enfin, en plein cœur de l’université, We Lab Cosmetic est un lieu de rencontres entre chercheurs, étudiants et créateurs d’entreprises. C’est également un lieu de visite et d’ateliers pour les collégiens et lycéens. À l’occasion de certaines manifestations, telles que la Fête de la Science, We Lab Cosmetic est ouvert au grand public.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102506/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Percheron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
We Lab Cosmetic est un lieu de rencontres et un environnement de travail idéal pour tout porteur de projets de l’univers cosmétique.
Emmanuelle Percheron, Manager Administratif et Scientifique Cosmétosciences, Université d’Orléans
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/89819
2018-01-16T21:21:47Z
2018-01-16T21:21:47Z
C’est tendance en 2018 : huiles, crèmes « intelligentes » et rouleaux antibourrelets
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/202125/original/file-20180116-53307-18278gf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3088&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Maquillage.</span> <span class="attribution"><span class="source">Alysa Bajenaru/Unsplash</span></span></figcaption></figure><p>Le mois de janvier est le mois des espérances et des vœux. Les entreprises de cosmétiques nous promettent à cet effet une année « nude, huileuse, intelligente et instrumentale »… heu… c’est-à-dire ? Tentons d’y voir clair.</p>
<p>Tout d’abord, le maquillage. Le teint 2018 sera naturel, nous assurent les faiseuses de mode. Les femmes rechercheraient en particulier le fond de teint qui se fondra le plus parfaitement possible avec leur carnation. Les magazines féminins n’ont que ce mot à la bouche : « effet nude », voire même « encore plus nature que le nude ». Effet naturel certes, mais alors ce sont les paupières ou la bouche qui sont chargés de réveiller l’ensemble. On se croirait revenu 70 ans en arrière lorsque <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/maquillage-les-tendances-2018-colette-nous-promet-un-veritable-arc-en-ciel-459/">Colette</a> nous promettait des teints sages, mais des cheveux arc-en-ciel !</p>
<p>En tant que pharmaciens, nous aurions souhaité d’autres choix… Pourquoi ? La mode qui consiste à incorporer des filtres UV partout ne nous convient pas. Une palette de 40 teintes pour satisfaire chacune d’entre nous, d’accord mais pas de filtres UV qui polluent les <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/erreurs-classiques-pour-fond-de-teint-de-luxe-458/">produits de maquillage</a> et les <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/filtres-recherchent-cosmetiques-pour-associations-durables-et-fructueuses-et-plus-si-affinites-385/">produits d’hygiène</a>.</p>
<h2>Où sont passées les huiles ?</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202111/original/file-20180116-53310-70f0bn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Huile nettoyante.</span>
<span class="attribution"><span class="source">rouge-aux-ongles</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Pour démaquiller cela, les huiles, « cleansing oil » en anglais, sont des produits d’hygiène présentés comme très populaires : la progression de leur chiffre d’affaires a atteint <a href="http://www.premiumbeautynews.com/fr/ces-tendances-beaute-vont-elles,12707">555 % au cours des 12 derniers mois</a> ! La notion de douceur est associée à cette forme galénique qui réserve bien des surprises à celles et ceux qui aiment à se pencher sur les compositions cosmétiques. Une huile nettoyante devrait comporter si l’on en croit son appellation un maximum d’huiles… Mais ce n’est absolument pas le cas ! On trouve, en effet, sur le marché et portant cette appellation d’huile, des gels nettoyants aqueux comportant un faible pourcentage de cette substance ; on trouve même des produits qualifiés d’huiles nettoyantes <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/les-huiles-lavantes-font-leur-festival-et-c-est-de-saison-306/">qui n’en renferment aucune</a>. En tant que galénistes et consommatrices, on souhaitera pour 2018 un peu plus d’honnêteté concernant ces produits d’hygiène qui ont le vent en poupe !</p>
<p>Passons maintenant au cas des produits de protection solaire. Si l’on sait parfaitement qu’ils jouent un rôle central dans la stratégie globale de prévention des cancers cutanés (ils absorbent et/ou réfléchissent les radiations nocives), l’on sait également parfaitement que les adeptes du hâle prononcé ne sont pas forcément prêts à renoncer à leurs séances de bronzage quotidiennes pour préparer les vacances. Certains étudiants, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S019096221301253X">« accros »</a>, affirment bronzer sans aucune protection. Parmi les personnes qui sont sensibilisées aux risques liés au soleil, on observe des pratiques qui sont loin d’être optimales. Si les laboratoires qui réalisent les tests de détermination de l’efficacité des produits de protection solaire utilisent une dose d’application de 2 mg/cm<sup>2</sup>, il n’en est pas de même de l’utilisateur lambda (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S027869151730426X">dose d’application comprise entre 0,39 et 1 mg/cm²</a>).</p>
<p>Afin de rationaliser la dose appliquée en fonction de l’utilisateur et de la zone du corps, le laboratoire Spinali-Design se lance dans le domaine cosmétique et nous promet pour les prochains beaux jours « une crème solaire intelligente ». Reste à connaître la composition filtrante de cette crème du futur et la nature de l’excipient qui a été choisi. Mais, connaissant l’enjeu de santé publique et les <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/produits-de-protection-solaire-ils-sont-loin-de-tous-se-valoir-275/">problèmes</a> liés à la détermination de l’efficacité des produits de protection solaire, on espérait mieux qu’un gadget pour 2018 !</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202108/original/file-20180116-53295-124e9ku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Strigile romain du 1ᵉʳ siècle av. J.-C.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Matthias Kabel/Wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Quant aux instruments utilisés en cosmétiques, leur emploi ne date pas d’hier, probablement depuis qu’un humain a introduit pour la première fois dans sa bouche un bâtonnet végétal en guise de brosse à dents. Dans l’Antiquité, les racloirs (strigiles) étaient en usage commun et se vendaient comme des petits pains…</p>
<h2>Rouleaux antigraisse</h2>
<p>Dans les années 1930, le Point roller (<a href="http://patrimoine.editionsjalou.com/lart-et-la-mode-recherche-55.html">marque de fabrique : Le point sur le front</a>) est présenté comme l’instrument indispensable pour qui souhaite éliminer ses bourrelets disgracieux. Il se présentait sous forme d’un rouleau à pâtisserie un peu spécial ; par une « succion douce et pénétrante », il « produit une circulation naturelle du sang dans les parties grasses ». Il permet de cibler une zone précise et « d’enlever la graisse d’une partie déterminée du corps ».</p>
<p>Tout récemment, les « rouleaux à pâtisserie » cosmétiques se sont perfectionnés sous le nom de <em>derma-rollers</em>. Ils sont désormais munis de petites aiguilles qui ont pour but de créer une effraction au niveau de la barrière cutanée. Le <em>microneedling</em> (méthode qui consiste à perforer la peau à l’aide d’un derma-roller) peut être pratiqué par des chirurgiens esthétiques ou bien à domicile. Un produit cosmétique est appliqué avant de passer le derma-roller sur la peau…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202110/original/file-20180116-53320-pom39v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Derma-roller.</span>
<span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span>
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<p>Et dire que, pendant des années, l’industrie cosmétique <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/penetration-oui-ou-non-11/">nous a répété</a> qu’un cosmétique ne pouvait exercer qu’une action de surface ! L’emploi des derma-rollers a pour conséquence d’augmenter le phénomène de pénétration transdermique des ingrédients cosmétiques (actifs, conservateurs…). Ceci mérite, pour le moins, réflexion, et, en conséquence, une prise en compte du phénomène sur un plan réglementaire.</p>
<p>Nous vous souhaitons à toutes et tous une belle année 2018 où tout baignera dans l’huile, avec des produits cosmétiques pas forcément intelligents, mais obligatoirement de qualité !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89819/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Que nous réserve le cosmétique en 2018 ? Petite revue critique des produits en vogue.
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/89412
2018-01-02T22:11:56Z
2018-01-02T22:11:56Z
Des impuretés dans les cosmétiques, broutilles ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/200517/original/file-20180102-26154-qsc27h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Noir et blanc.</span> <span class="attribution"><span class="source">samuel zeller/Unsplash</span></span></figcaption></figure><p>On s’est toujours posé beaucoup de questions sur la qualité des cosmétiques que nous appliquons au quotidien sur notre peau, nos cheveux, nos ongles. Qu’est-ce qu’un bon cosmétique ? Tout d’abord, un produit qui ne nuit pas à la santé : c’est la moindre des choses ! Également, un produit qui tient ses promesses… Pour assurer une totale innocuité au consommateur, les ingrédients incorporés devront donc répondre à des critères précis de qualité.</p>
<h2>« Traces de substances interdites »</h2>
<p>La réglementation cosmétique apporte des précisions en ce qui concerne la qualité des matières premières pouvant entrer dans la composition des produits. L’article 17 intitulé « traces de substances interdites » du chapitre I du Règlement (CE) n° 1223/2009 du Parlement Européen et du Conseil du 30 novembre 2009 relatif aux produits cosmétiques indique que : <em>La présence non intentionnelle d’une petite quantité d’une substance interdite, provenant d’impuretés issues des ingrédients naturels ou synthétiques, du processus de fabrication, du stockage, de la migration de l’emballage, qui est techniquement inévitable dans de bonnes pratiques de fabrication, est permise à condition qu’elle soit conforme à l’article 3.</em></p>
<p>De quoi donc traite l’article 3 ? De la sécurité d’emploi : <em>Un produit cosmétique mis à disposition sur le marché est sûr pour la santé humaine lorsqu’il est utilisé dans des conditions d’utilisation normales ou normalement prévisibles […]</em>. Autrement dit, une substance interdite (substance répertoriée dans l’Annexe II du Règlement n°1223/2009 et des Règlements suivants) peut se retrouver dans un cosmétique, mais ne doit pas être incorporée volontairement. Ceci a de quoi surprendre… La petite quantité tolérée (mais ce terme est loin d’être précis) ne l’est que si elle n’engendre pas de toxicité pour l’utilisateur du cosmétique. Afin de laisser une relative liberté à l’industriel, le législateur botte en touche lorsqu’il s’agit d’évoquer des limites de concentrations acceptables.</p>
<h2>Dérivés de la chimie des pétroles</h2>
<p>Après avoir été utilisés massivement, pendant plus d’un siècle, les dérivés de la chimie des pétroles, de <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/en-cosmetique-on-a-du-petrole-et-des-idees-290/">qualité parfois douteuse</a> ont acquis une légitimité du fait de la mise en place de la réglementation cosmétique et de la définition de critères de qualité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=518&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=518&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=518&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=651&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=651&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/200518/original/file-20180102-26148-1i85baq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=651&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Publicité dans L’illustration.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span>
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<p>Les huiles (dites) minérales et les cires sont composées d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hydrocarbure">hydrocarbures saturés</a> à chaînes linéaires, ramifiées ou cycliques. La longueur de la chaîne carbonée principale est généralement de plus de 16 atomes de carbone. Ces hydrocarbures saturés sont appelés <em>MOSH</em> (Mineral oil satured hydrocarbons). Les dérivés incorporés dans les produits cosmétiques sont obtenus à partir des huiles brutes et subissent différentes étapes de raffinage (distillation, extraction, cristallisation) et de purification (traitement acide et/ou hydrogénation catalytique). Le but de ce processus est d’éliminer les substances possédant un potentiel carcinogène. Il conviendra de réduire au maximum la teneur en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hydrocarbure_aromatique_polycyclique">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> (<em>HAP</em>) et plus généralement en composés aromatiques dénommés <em>MOAH</em> (Mineral oil aromatic hydrocarbons).</p>
<p>Dénommés dans les cosmétiques sous diverses appellations <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/International_Nomenclature_of_Cosmetic_Ingredients">INCI</a> (paraffinum liquidum, C18-70 isoparaffin, paraffin, synthetic wax, mycrocristallina wax, cera microcristallina, petrolatum, ozokerite, ceresin…), les dérivés de la chimie des pétroles présentent des compositions complexes. Les hydrocarbures concernés possèdent des chaînes principales comportant jusqu’à une centaine d’atomes de carbone. Afin de garantir la sécurité d’emploi des cosmétiques contenant ces ingrédients, la vigilance s’impose en ce qui concerne leur qualité. Il faut avoir recours à des matières premières de qualité pharmaceutique, qu’il s’agisse de paraffine liquide, paraffine, vaseline…. Cela correspond aux exigences de la réglementation européenne et permet d’éviter tout risque pour le consommateur.</p>
<p>Paraffine, paraffine liquide et vaseline blanche sont des matières premières présentant une monographie à la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pharmacop%C3%A9e_europ%C3%A9enne">Pharmacopée Européenne</a> (7<sup>e</sup> édition). Concernant les critères de qualité, ceux-ci correspondent à la recherche d’équivalent naphtalène et plus généralement de toute molécule absorbant entre 260 et 420 nm. Les critères de pureté concernant le naphtalène correspondent à 2,33 ppm (parties par million) dans le cas de la paraffine liquide et de la paraffine solide et à 6 ppm dans le cas de la vaseline blanche.</p>
<p>Inertes chimiquement, sans risque de rancissement, dotés de propriétés qui favorisent la protection de la peau et son hydratation, les dérivés de la chimie des pétroles sont de bons ingrédients cosmétiques. Une seule contrainte pour le formulateur : utiliser des matières premières de <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/les-derives-du-petrole-des-ingredients-surs-ou-dangereux-pour-la-sante-413/">bonne qualité</a>, ce qui, tout le monde en conviendra, est la moindre des choses !</p>
<h2>De l’iode interdit… un argument marketing</h2>
<p>Le cas de l’iode (substance interdite n°213) est très différent. Contrairement aux dérivés de pétrole, cette substance est interdite dans les cosmétiques. Mais rappelez-vous l’article 3 : on peut en trouver quand même dans les produits. Il n’empêche… Il est étonnant de constater que certains fournisseurs d’algues et que certaines sociétés de produits finis <a href="https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-iode-un-ingredient-present-dans-les-cosmetiques-a-son-insu-de-son-plein-gre-414">mettent en avant</a> la présence d’iode dans les produits qu’ils commercialisent. L’iode apporté par les algues ne peut nullement être présenté comme un atout, puisqu’une substance interdite ne peut pas être incorporée « volontairement » dans un produit cosmétique. Si on en tolère « une petite quantité » dans le produit fini, la décence serait de ne pas en faire un atout marketing !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/200519/original/file-20180102-26151-14jia8e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ingrédient cosmétique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">rgerber/Pixabay</span></span>
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<p>Des ingrédients présents à l’insu de l’industriel… mais de son plein gré.
Dans le cas des substances interdites par la réglementation, mais revendiquées par les laboratoires cosmétiques, les impuretés sont promues au rang d’ingrédients nobles et ces arguments nous titillent régulièrement. Le sélénium (substance interdite n°297) apporté par certaines eaux thermales (en la matière, l’eau de La Roche-Posay se présente comme l’eau la plus riche en sélénium) s’inscrit dans cette logique, parfaitement… illogique !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89412/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Des substances interdites dans nos cosmétiques ? Cela est… autorisé, à condition qu'elles ne soient pas toxiques. Comble de l'absurde : l'iode, interdite, est aussi un argument marketing !
Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes
Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/85241
2017-10-12T19:07:27Z
2017-10-12T19:07:27Z
e-Essayer avant d’acheter : l’efficacité des outils d’aide à la vente en ligne
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/189666/original/file-20171010-17703-1r16y85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1876%2C1232&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le métro newyorkais en 2013 une machine qui aide à choisir ses cosmatiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mtaphotos/10578068904/in/album-72157637126025035/">Marc A. Hermann/MTA/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la vitrine inaugurale de la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion.htm">Revue française de gestion</a>, « Innovation et numérique : quelles implications managériales ? » qui s’est tenue le 27 septembre 2017 au <a href="http://www.visitluxembourg.com/fr/adresse/castle/chateau-de-wiltz">château de Wiltz</a> (Luxembourg). En partenariat avec le <a href="https://www.list.lu/">Luxembourg Institute of Science and Technology</a>, et The Conversation France, cet événement a été organisé à l’occasion de la diplomation de DBA (Doctorate in Business Administration) du <a href="https://www.business-science-institute.com/">Business Science Institute</a>, dont les jurys regroupaient une trentaine de professeurs de sciences du management pour 17 soutenances de thèses de DBA de doctorants-managers.</em></p>
<hr>
<p>Et si en attendant votre bus ou votre métro un panneau d’affichage vous proposait des produits de maquillage assortis à la tenue que vous portez sur vous ? Et si vous pouviez acheter en quelques secondes ces produits à l’aide d’un distributeur automatique situé sur le quai ? Telle est l’offre de service de l’« Intelligence Color Experience » proposée en 2013 dans le métro new-yorkais. Ces techniques de test virtuel de produits ont-elles un avenir, vont-elles remplacer les échantillons ou sont-elles un feu de paille ?</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/MNKnA1KDYMA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Intelligent Color Experience » dans le métro new-yorkais.</span></figcaption>
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<p>Ce qui nous apparaît peut-être encore comme une fiction est déjà rentré dans les pratiques des entreprises aujourd’hui. Pourtant, sommes-nous disposés à ne plus entrer en contact physique avec les produits que nous ne connaissons pas avant de les acheter ?</p>
<h2>Essayer avant d’acheter une nécessité ?</h2>
<p>La possibilité de tester un produit est depuis longtemps identifiée comme un moyen de rassurer les clients sur la qualité ou le rendu en situation de ce qu’ils vont acheter. Ainsi, pour les produits dont la consommation est engageante pour les consommateurs (produits chers ou produits consommés dans un contexte ou par une personne importante) les industriels dédient des sommes très importantes au test des produits.</p>
<p>Si cette pratique est naturelle sur un marché où l’on peut aisément goûter les fruits et légumes que l’on convoite, elle est plus complexe dans la distribution en libre-service où les produits sont protégés par un emballage.</p>
<p>Par exemple, dans le secteur des cosmétiques, la mise à disposition d’échantillons de crèmes, de parfums, rouges à lèvres et autres fards à paupières est cruciale pour convaincre les futurs clients. Elle est également très onéreuse pour le secteur, sans compter les coûts environnementaux de telles pratiques de distribution massive de produits emballés dans de très petits conditionnements…</p>
<p>À l’origine du développement de la vente sur Internet, les experts prédisaient que celle-ci ne viendrait qu’en complément de la vente dans les « vrais » magasins pour les produits nouveaux, et misant sur le fait que les consommateurs ne pourraient pas se passer des conseils d’un « vrai » vendeur ni d’un contact direct avec le produit avant de l’acheter.</p>
<p>Pourtant, aujourd’hui, le conseil en ligne est devenu monnaie courante et les clients parcourent les rayons des magasins avec un niveau de compétence parfois supérieur à celui du vendeur qu’ils interpellent… La seule barrière à l’achat virtuel resterait donc le premier contact physique avec le produit. Les technologies actuelles permettent de tester les produits sans pour autant rentrer en contact direct avec eux.</p>
<h2>Tester virtuellement un produit</h2>
<p>Si les clients testent les produits c’est bien souvent pour savoir ce qu’ils « donnent sur eux », partant du principe qu’un produit qui semble visuellement correspondre à ce que l’on en attend, peut ne pas convenir une fois porté ou dans l’interaction avec un individu donné.</p>
<p>Par exemple, combien de paires de chaussures achetées sur Internet sont finalement délaissées faute d’avoir pu être essayées avant l’achat ? Seule la politique commerciale de retours sans frais (pour le client) des produits permet aux modèles de ventes de chaussures en ligne de se développer…</p>
<p>Pourtant pour d’autres catégories de produits, la technologie actuelle permet une mise en situation du produit sans avoir à rentrer en contact physique avec lui. Ainsi, l’application <a href="http://bit.ly/2kFnQof"><em>kitchen planner</em></a> d’Ikea permet de positionner les meubles de cuisine de la marque dans une pièce aux dimensions et couleur de l’acheteur afin qu’il puisse le visualiser en contexte.</p>
<p>De la même manière le miroir virtuel de L’Oréal <a href="http://bit.ly/2ybbFTc">Makeup Genius</a> permet de visualiser en trois dimensions sur son propre portrait les différents produits de maquillage de la marque de façon quasiment infinie. Dans tous ces cas, l’enjeu pour les entreprises qui entrent dans une logique de test virtuel de leurs produits devient de produire la solution la plus proche possible de la situation d’usage réel.</p>
<p>La question de la similarité entre l’expérience virtuelle et l’expérience réelle est donc au cœur de l’efficacité de ces pratiques.</p>
<h2>Du virtuel au réel et vice et versa</h2>
<p>Si l’on considère qu’il existe d’un côté un monde « réel » et de l’autre un monde « virtuel », force est de constater que ces deux mondes se croisent régulièrement. L’engouement pour le jeu Pokémon Go amenant les joueurs à se rendre dans des endroits réels pour capturer des créatures présentes virtuellement en est un exemple. Les recherches montrent donc que notre monde « réel » peut être augmenté d’éléments « virtuels », ce que l’on nomme la « réalité augmentée ».</p>
<p>À l’inverse, lorsque des éléments réels sont ajoutés à la sphère virtuelle, comme c’est le cas d’un test virtuel de produit, on parle alors de « virtualité augmentée ». L’hypothèse selon laquelle les individus chercheraient, avec les tests virtuels de produits, à se rapprocher au plus près d’une expérience réelle qu’ils pourraient avoir avec le produit est donc basée sur l’idée que les sphères réelles et virtuelles devraient être similaires.</p>
<p>Pourtant, nous n’avons pas forcément les mêmes qualités en ligne (par exemple sur le site de rencontre Meetic ou lorsque l’on joue au Sims) que dans notre vie réelle. N’est-il pas abusif de penser que, dès lors que l’on aborde un problème de consommation nous allons rechercher une expérience virtuelle similaire à celle qu’on pourrait vivre avec un contact réel avec le produit ?</p>
<h2>Tester sans toucher est-ce encore tester ?</h2>
<p>Nous avons mené une recherche qui comparait des femmes en situation classique de test de produits de maquillage et des femmes qui se maquillaient à l’aide d’un miroir virtuel pour voir dans quelle mesure la modalité du test allait influencer leur intention d’achat.</p>
<p>Nous retrouvons bien l’idée selon laquelle plus les participantes trouvaient le test similaire à la réalité de l’usage du produit et plus elles étaient satisfaites du test : dans ce cas le test réel du produit était le plus efficace. Par exemple, le fait de ne pas toucher le produit alors qu’il est amené à être porté sur la peau reste une des limites du test virtuel qui perd en réalisme.</p>
<p>A contrario, il existe un effet direct bien plus important qui montre que le test virtuel est préféré au test réel et ce indépendant de son réalisme. Par conséquent, il serait erroné de considérer le test virtuel de produit comme un simple outil de diagnostic qui permet de réduire le risque perçu lors de l’achat d’un produit. Il tient effectivement ce rôle et permet en partie de limiter l’utilisation d’échantillons réels, mais il est avant tout la source d’une expérience différente de celle que les utilisatrices pourraient faire dans la réalité.</p>
<p>Par exemple, il est possible de tester 30 teintes différentes de rouge à lèvres avec un miroir virtuel, alors qu’avec des échantillons réels de produits, les consommatrices en essaieront uniquement une ou deux, contraintes par le démaquillage… L’aspect ludique et hédonique du test virtuel de produits semble donc être une vraie force pour cette pratique qui la rend plus performante que l’échantillonnage réel.</p>
<h2>Quand distraire est plus important qu’informer</h2>
<p>Les résultats de nos recherches montrent que les tests de produits virtuels sont une réelle opportunité dans certains secteurs car ils permettent de satisfaire les consommateurs. Ils nous amènent également à considérer qu’il vaut mieux penser les tests virtuels de produits comme des expériences à part entière, différentes de celles que nous vivrions dans la réalité.</p>
<p>C’est avant tout la satisfaction envers l’expérience de test qui nous donne envie d’acheter le produit, et non pas l’idée que nous nous faisons du réalisme de ce test. Il ne suffit donc pas de vouloir reprendre les facteurs clefs de succès de l’échantillonnage classique pour négocier le passage aux tests virtuels de produits… Par conséquent, les professionnels qui se lancent dans le test virtuel devraient méditer sur le fait que, comme dans bien des domaines, en matière d’échantillonnage virtuel « Mieux vaut la distraction que le réalisme ». À quand le miroir de maquillage Pokemongo ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/85241/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Margot Racat a reçu des financements de Université Jean Moulin Lyon 3 et CEFAG - FNEGE. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sonia Capelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La possibilité de tester un produit est depuis longtemps identifiée comme un moyen de rassurer les clients. Le numérique démultiplie cette expérience. Analyse du processus de test virtuel.
Sonia Capelli, Professeur des universités en Sciences de Gestion, IAE Lyon, Université Jean-Moulin Lyon 3
Margot Racat, Assistant Professor, Marketing, EDHEC Business School
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.