tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/emotions-28337/articlesémotions – The Conversation2024-02-13T15:43:12Ztag:theconversation.com,2011:article/2232922024-02-13T15:43:12Z2024-02-13T15:43:12ZRobert Badinter, « l’éloquence du cœur et de la raison »<p>L’annonce de la mort de Robert Badinter s’est accompagnée de <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/09/l-hommage-unanime-des-responsables-politiques-a-robert-badinter_6215721_823448.html">très nombreux hommages</a>, dessinant le portrait d’une personnalité faisant aujourd’hui l’unanimité.</p>
<p>Parmi les multiples prises de position de ce grand homme d’État, <a href="https://www.francetvinfo.fr/politique/mort-de-robert-badinter/mort-de-robert-badinter-le-monde-de-la-justice-rend-hommage-a-un-modele_6356056.html">défenseur infatigable des libertés publiques</a>, son combat victorieux pour l’abolition de la peine de mort, mené en tant que garde des sceaux de <a href="https://theconversation.com/global/topics/francois-mitterrand-23935">François Mitterrand</a>, restera sans doute comme le plus emblématique.</p>
<p>À ce titre, le discours qu’il a prononcé à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981 dans le cadre de la discussion du projet de loi portant sur l’abolition de la peine de mort, a fait date. La loi sera adoptée le 18 septembre 1981, par 363 voix contre 117.</p>
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<figcaption><span class="caption">Extrait d’un journal télévisé d’époque sur le discours de Robert Badinter.</span></figcaption>
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<p><em>Ce discours est visible dans son intégralité <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/peine-de-mort-discours-robert-badiner-integral">sur le site de l’INA</a>, et on peut le consulter <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/135557-discours-de-m-robert-badinter-ministre-de-la-justice-sur-labolition">ici</a>.</em></p>
<p>Ce texte a fait l’objet de beaucoup d’attentions et de commentaires, dans le cadre politico-médiatique. </p>
<p>Pour ne pas réaliser une nouvelle analyse formelle de ce texte, et afin de porter également à la connaissance des lecteurs d’autres prises de parole de Robert Badinter, nous proposons une mise en relief de caractéristiques de ce discours en lien avec ce que lui-même disait de l’art oratoire, en particulier dans le cadre d’un <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/robert-badinter-se-raconte-dans-memorables/robert-badinter-515-2207617">podcast diffusé sur France culture</a>. C’est dans le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=DOvD9ELmT2U">5ᵉ épisode de cette série</a>, diffusée pour la première fois en 2002, qu’il est question des mots prononcés par Robert Badiner pour en finir avec la peine de mort.</p>
<p>L’avocat y explique que « ça n’était pas une question d’argumentation » et que ce discours n’avait « pas le caractère d’une plaidoirie » : cela signifie que l’enjeu de sa prise de parole dépassait le simple fait de réussir à convaincre, mais qu’il fallait qu’elle soit à la hauteur de l’événement, et de la transformation qu’elle allait entraîner dans la société française.</p>
<p>Il est ici très intéressant, pour un analyste du discours, d’écouter les mots de l’orateur à propos de l’éloquence. S’il considère notamment « la parole comme outil », s’il estime qu’il n’y a « pas de grands avocats, mais de grandes causes », il livre néanmoins en creux une définition du discours et de ses pratiques.</p>
<h2>Émotions et raison : une argumentation millimétrée</h2>
<p>Dans ses analyses de l’art oratoire, Robert Badinter estime qu’« une émotion ressentie ne peut être communiquée que si l’expression en est toujours en deçà plutôt qu’au-delà ». Cela nécessite une maîtrise fine de l’écriture du discours, en particulier en ce qui concerne la dimension pathétique.</p>
<p>Selon le linguiste <a href="https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/pathos/">Marc Bonhomme</a>, le terme de <em>pathos</em></p>
<blockquote>
<p>« désigne les effets émotionnels et passionnels produits par un discours sur le public. Il comporte à la fois une dimension sociodiscursive (émotion partagée par plusieurs individus), interactive (émotion communiquée entre énonciateur[s] et énonciataire[s]) et dynamique (émotion construite au moyen du langage) ».</p>
</blockquote>
<p>Lorsque l’on considère le discours pour l’abolition de la peine de mort, on peut considérer que le sujet se prête à un partage d’émotion par une large audience, au-delà de l’Hémicycle. À travers le choix de certains extraits, nous allons nous attarder sur la dimension pathétique de cette allocution, c’est-à-dire sur l’émotion créée par la combinaison des trois dimensions décrites précédemment. Leur combinaison habile permet à l’orateur de parler au groupe et aux individus dans un même mouvement.</p>
<blockquote>
<p>« La mort et la souffrance des victimes, ce terrible malheur, exigeraient comme contrepartie nécessaire, impérative, une autre mort et une autre souffrance. À défaut, déclarait un ministre de la justice récent, l’angoisse et la passion suscitées dans la société par le crime ne seraient pas apaisées. Cela s’appelle, je crois, un sacrifice expiatoire.</p>
<p>[…] Malheur de la victime elle-même et, au-delà, malheur de ses parents et de ses proches. Malheur aussi des parents du criminel. Malheur enfin, bien souvent, de l’assassin. Oui, le crime est malheur, et il n’y a pas un homme, pas une femme de cœur, de raison, de responsabilité, qui ne souhaite d’abord le combattre. Mais ressentir, au profond de soi-même, le malheur et la douleur des victimes, mais lutter de toutes les manières pour que la violence et le crime reculent dans notre société, cette sensibilité et ce combat ne sauraient impliquer la nécessaire mise à mort du coupable. Que les parents et les proches de la victime souhaitent cette mort, par réaction naturelle de l’être humain blessé, je le comprends, je le conçois. Mais c’est une réaction humaine, naturelle. Or tout le progrès historique de la justice a été de dépasser la vengeance privée. Et comment la dépasser, sinon d’abord en refusant la loi du talion ? »</p>
</blockquote>
<p>Ici, les termes comme <em>souffrance</em>, <em>malheur</em>, <em>angoisse</em>, <em>passion</em>, ou <em>sensibilité</em>, qui sont répétés voire martelés, délivrent un effet émotionnel portant l’auditeur à engager sa sensibilité, et à réagir non seulement avec sa raison, mais aussi avec son <em>cœur</em>.</p>
<p>On peut relever que ce terme est utilisé sept fois au cours de la prise de parole, dans laquelle il salue d’ailleurs la capacité de Jean Jaurès à allier « l’éloquence du cœur et l’éloquence de la raison ». </p>
<p>Concernant l’appel au groupe, le recours au « progrès historique de la justice » par exemple, ancre le propos dans un contexte historique plus large que le ressenti des émotions.</p>
<p>Ce qui est intéressant, c’est que cette émotion est mise au service d’un procédé rhétorique que le linguiste Raphaël Michelli a mis en évidence <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/fr/2006-v19-n1-fr1874/016637ar.pdf">dans ses analyses des débats abolitionnistes</a>.</p>
<p>Celui-ci relève une analogie, dénoncée par Badinter, que l’on peut formuler comme suit : la sanction du crime que prononce la justice est à la société ce que la vengeance privée est à « l’être frappé dans sa sensibilité ». Le garde des sceaux s’attache à rendre cette analogie inacceptable. Il montre qu’on ne peut considérer la justice comme recouvrant les caractéristiques de la vengeance, ni mettre sur le même plan la société et la victime : la société dans son ensemble ne doit pas raisonner comme un seul être meurtri.</p>
<p>On trouve ici un écho à une autre formule de Robert Badinter, qui insiste sur la « nécessité que celui qui vous écoute ne soit jamais étranger à ce que vous dîtes ». Le procédé de l’analogie contribue pleinement à construire ce lien.</p>
<p>Pour cela, Robert Badinter mobilise le pathos, joue sur les émotions, mais il procède aussi d’une rhétorique rigoureuse pour donner de la consistance à son argumentation, tout en gardant une proximité avec son auditoire. Cela s’intègre à une seconde dimension, la dimension relationnelle et interactive du discours.</p>
<h2>L’éloquence est « toujours une relation, jamais un discours »</h2>
<p>Pour Badinter, l’éloquence, qu’il entend comme étant l’art de séduire et de convaincre, est « toujours une relation, jamais un discours ». Il explique en effet que le discours est unilatéral, alors que c’est la prise en compte constante de ce que l’autre ressent qui importe.</p>
<p>Pour préciser ce dont il est question ici, rappelons que dans la <a href="http://icar.cnrs.fr/dicoplantin/logos-pathos-ethos-fr/">triade éthos/logos/pathos proposée par Aristote</a> pour expliquer l’art de la rhétorique, <a href="https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/ethos/">ethos</a> et pathos permettent de persuader, le logos (discours rationnel), de convaincre.</p>
<p>Pour convaincre, donc, Robert Badinter s’appuie bien également sur le <a href="https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/logos/">logos</a>, dans lequel il s’agit de faire « le choix d’arguments appropriés à la situation ».</p>
<p>Il est donc question de l’adaptation à son public, et de l’anticipation sur ce qui pourra le convaincre. Pour cela, l’orateur prend explicitement en compte les avis opposés aux siens, pour les discuter et les nuancer, non pas de manière frontale, mais avec une beaucoup de finesse et diplomatie :</p>
<blockquote>
<p>« Il s’agit bien, en définitive, dans l’abolition, d’un choix fondamental, d’une certaine conception de l’homme et de la justice. Ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une double conviction : qu’il existe des hommes totalement coupables, c’est-à-dire des hommes totalement responsables de leurs actes, et qu’il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité au point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là doit mourir. »</p>
</blockquote>
<p>Rappelons que l’homme a manifesté un engagement de longue date, en tant qu’avocat, sur la question de la peine de mort : sa défense de Roger Bontems, puis de <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/2024/02/09/la-plaidoirie-de-robert-badinter-au-proces-de-patrick-henry-en-1977-moi-je-vous-dis-si-vous-le-coupez-en-deux-cela-ne-dissuadera-personne_6215669_1819218.html">Patrick Henry</a>, ont en effet <a href="https://www.huffingtonpost.fr/justice/video/mort-de-robert-badinter-roger-bontems-et-patrick-henry-les-deux-proces-qui-ont-faconne-son-combat_229581.html">façonné son combat</a>. Et, comme il l'a raconté par la suite et comme on le ressent dans son discours, l’exécution de Roger Bontems, à laquelle il assista en 1972, le marque à jamais.</p>
<p>La réfutation se fait à la fois par la démonstration logique, mais elle est introduite par une touche personnelle appuyant sur l’expérience de l’orateur :</p>
<blockquote>
<p>« À cet âge de ma vie, l’une et l’autre affirmations me paraissent également erronées. Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n’est point d’hommes en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible. »</p>
</blockquote>
<p>Cette dimension faillible peut prendre la forme de « l’erreur judiciaire absolue, quand, après une exécution, il se révèle, comme cela peut encore arriver, que le condamné à mort était innocent ». Mais elle peut aussi se traduire par « l’incertitude » et « la contradiction des décisions rendues » : différentes cours ou magistrats peuvent rendre des verdicts différents pour des mêmes faits et affaires.</p>
<p>On voit bien ici, <a href="https://doi.org/10.4000/mots.4903">à la suite de Raphël Michelli</a>, que</p>
<blockquote>
<p>« dans son argumentation, il [Robert Badinter] cherche à débarrasser l’orateur abolitionniste d’un éthos humaniste naïf, aveuglé par sa foi en l’homme ».</p>
</blockquote>
<p>Il se crédite en effet d’un éthos de logique et d’évidence, qui assoit l’argumentation, et anticipe sur les discours antagonistes et les objections.</p>
<h2>Un monologue en forme de dialogue : un orateur interlocuteur</h2>
<p>On peut ainsi dire que Robert Badinter réussit son pari en « coupant l’herbe sous le pied » de ses contradicteurs.</p>
<blockquote>
<p>« La vérité est que, au plus profond des motivations de l’attachement à la peine de mort, on trouve, inavouée le plus souvent, la tentation de l’élimination. Ce qui paraît insupportable à beaucoup, c’est moins la vie du criminel emprisonné que la peur qu’il récidive un jour. Et ils pensent que la seule garantie, à cet égard, est que le criminel soit mis à mort par précaution. Ainsi, dans cette conception, la justice tuerait moins par vengeance que par prudence.</p>
<p>Au-delà de la justice d’expiation, apparaît donc la justice d’élimination, derrière la balance, la guillotine. L’assassin doit mourir tout simplement parce que, ainsi, il ne récidivera pas. Et tout paraît si simple, et tout paraît si juste ! Mais quand on accepte ou quand on prône la justice d’élimination, au nom de la justice, il faut bien savoir dans quelle voie on s’engage. Pour être acceptable, même pour ses partisans, la justice qui tue le criminel doit tuer en connaissance de cause. […]</p>
<p>Je m’en tiens à la justice des pays qui vivent en démocratie. Enfoui, terré, au cœur même de la justice d’élimination, veille le racisme secret. […] Depuis 1965, parmi les neuf condamnés à mort exécutés, on compte quatre étrangers, dont trois Maghrébins. Leurs crimes étaient-ils plus odieux que les autres ou bien paraissaient-ils plus graves parce que leurs auteurs, à cet instant, faisaient secrètement horreur ? C’est une interrogation, ce n’est qu’une interrogation, mais elle est si pressante et si lancinante que seule l’abolition peut mettre fin à une interrogation qui nous interpelle avec tant de cruauté. »</p>
</blockquote>
<p>Le passage commence par entrer en dialogue avec les tenants de l’« attachement à la peine de mort », cette « conception », ses « partisans ».</p>
<p>Il argumente en lien avec la vengeance, la prudence, et l’élimination, mais surtout il parvient à réorienter la discussion vers « une interrogation qui nous interpelle » : cette formulation ne pourrait pas être davantage orientée vers le dialogue, et pourtant elle procède d’une habileté à faire le lien entre élimination et racisme, et donc à mettre en cause les jugements moraux au regard de l’origine des condamnés.</p>
<p>On retrouve bien ce que le sociologue Francis Chatauraynaud appelle la <a href="https://journals.openedition.org/ress/93">« reprise dialogique des arguments adverses »</a>.</p>
<p>Ici, Robert Badinder met en lien des arguments et des valeurs, et fait le lien entre l’abolition et des valeurs de gauche : il met en discussion les doctrines, les arguments, et positionne son argumentation de manière juste et efficace.</p>
<p>Conclusion : les mots ont un sens, qui se partage, dans une certaine mesure.</p>
<p>Si Robert Badinter en réfère à la fois au cœur et à la raison des députés, c’est qu’il s’est livré, dans son discours, à une argumentation pleine et totale : captivant l’auditoire par les émotions, il a mis ce recours aux affects au service d’une logique implacable et d’une démonstration précise, qui entre en dialogue avec les objections et réfutations potentielles.</p>
<p>Cette relation crée donc un partage du sens, une co-construction d’une réalité qui allie ses arguments et les discours circulants.</p>
<h2>« Faussaires de l’Histoire »</h2>
<p>Reste qu’il y a une limite à cette plasticité du discours et des mots, qu’il a magnifiquement résumée lors d’une séquence face à Robert Faurisson devant la 17<sup>e</sup> chambre du tribunal de grande instance de Paris, en mars 2007. Robert Badinter s’adresse alors à l’historien négationniste, qui le poursuit en diffamation, pour l’avoir qualifié, lors d’une émission diffusée sur la chaîne Arte, de<a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2007/03/13/robert-badinter-poursuivi-par-le-negationniste-robert-faurisson-a-fustige-l-une-des-pires-entreprises-de-faussaires-de-l-histoire_882421_3224.html">« faussaire de l’histoire »</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le 12 mars 2017, au Tribunal de grande instance de Paris, Robert Badinter se défend face au négationniste Robert Faurisson.</span></figcaption>
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<p>Il est question dans cet extrait de l’expression « escroquerie politico-financière » que Faurisson utilise à propos des demandes de réparation financières des juifs survivants de déportation ou des descendants des victimes de l’Holocauste.</p>
<p>Voici les mots de Robert Badinter, qui gagnera ce procès :</p>
<blockquote>
<p>« Les mots ont un sens, sauf pour ceux qui les utilisent comme vous. Et pour qu’il n’y ait aucune équivoque, que les choses soient claires, pour moi jusqu’à la fin de mes jours, tant que j’aurai un souffle, Monsieur Faurisson, vous ne serez jamais, vous et vos pareils, que des faussaires de l’Histoire. »</p>
</blockquote>
<p>On ressent bien ici cette dimension incarnée, et partagée, des mots et de leur sens, et de leur dimension relationnelle : cette relation, possible dans le cadre de son fameux discours pour réclamer l’abolition de la peine de mort, est ici rendue impossible, tant la distance et l’opposition avec l’interlocuteur est totale et irréconciliable.</p>
<p>Cela remet en quelque sorte l’humain au cœur de la langue, interroge sur son partage, et illustre la nécessité de ne pas transiger en matière de discours. Les mots ne sont pas que des mots.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223292/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Longhi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Face à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981, Robert Badinter a livré une magistrale leçon d’éloquence pour défendre l’abolition de la peine de mort.Julien Longhi, Professeur des universités en sciences du langage, AGORA/IDHN, CY Cergy Paris UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209372024-01-29T15:47:01Z2024-01-29T15:47:01ZLes émotions de lecture : la parole aux lectrices et aux lecteurs<p>À chaque fois que je relis <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782072740282-le-baron-perche-italo-calvino/"><em>Le baron perché</em></a>, d’Italo Calvino, j’ai l’impression, à la fois réconfortante et surprenante, de retourner chez moi. Peut-être avez-vous, vous aussi, un livre qui vous fait cet effet ? Ou peut-être alors, avez-vous déjà eu le sentiment en lisant, de redécouvrir votre propre langue ? Ou bien vous arrive-t-il de repenser avec émoi à des scènes de lecture qui remontent à l’enfance, ou qui vous renvoient à des personnes et des lieux qui vous sont chers ?</p>
<p>Pour caractériser ces liens forts et variés qui s’établissent entre la littérature et la vie réelle, la théoricienne de la littérature <a href="https://www.fabula.org/actualites/42901/m-mace-facons-de-lire-manieres-d-etre.html">Marielle Macé</a> parle d’une relation entre nos « façons de lire » et nos « manières d’être ». Les émotions que nous ressentons en lisant (joie, ennui, surprise…) et qui ressurgissent lorsque nous repensons à nos lectures constituent les traces les plus évidentes de cette relation.</p>
<p>Nous disposons aujourd’hui de nombreux outils théoriques et méthodologiques pour étudier les émotions suscitées par la lecture et leur mise en langage. Ceux-ci nous viennent de la théorie littéraire, de la linguistique, des sciences cognitives ou encore de l’anthropologie. Néanmoins, nous ne savons pas exactement comment les combiner afin de créer un cadre d’analyse uniforme et exhaustif.</p>
<p>J’espère apporter une petite contribution à cet effort intellectuel collectif à travers mes recherches doctorales, que je mène à Le Mans Université sous la direction de Brigitte Ouvry-Vial, dans le cadre du projet <a href="https://readit-project.eu/">Reading Europe Advanced Data Investigation Tool</a>.</p>
<p>Dans ce but, j’analyse les émotions suscitées par la lecture à partir d’un corpus de presque trois mille témoignages. Ces témoignages ont été écrits au début des années 2000 par des candidates et des candidats au jury d’un célèbre prix littéraire populaire organisé par une radio française. Les questions que je me pose face à ce corpus sont notamment les suivantes : quelles sont les émotions évoquées par les lectrices et les lecteurs, et par quoi sont-elles suscitées ? Ces émotions sont-elles exprimées par le biais d’un lexique récurrent ? Est-ce qu’elles influencent le système de valeurs, les décisions personnelles et professionnelles et, de manière générale, l’apprentissage du monde des lectrices et des lecteurs ?</p>
<p>Il y a, à mon avis, au moins trois raisons pour lesquelles il est particulièrement opportun de se poser ces questions aujourd’hui.</p>
<h2>« Parce qu’elles sont là »</h2>
<p>Que la littérature, et surtout la fiction littéraire, puisse provoquer des émotions intenses n’est certainement pas une découverte qui date d’aujourd’hui. Il suffit de penser aux pages que <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Memoires-d-une-jeune-fille-rangee">Simone de Beauvoir</a>, <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070366071-les-mots-jean-paul-sartre/">Jean-Paul Sartre</a> ou <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070314515-au-bonheur-de-lire-collectif/">Nathalie Sarraute</a>, pour ne citer que quelques grandes figures littéraires, ont consacrées aux plaisirs et aux bouleversements uniques qu’un livre peut provoquer.</p>
<p>Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la multiplication des occasions qu’ont les lectrices et les lecteurs « ordinaires » – « profanes » et amateurs de littérature de tout genre – de mettre des mots sur leurs expériences de lecture, et de les partager avec leurs pairs ainsi qu’avec les critiques et les auteurs. Les exemples de ce phénomène, foncièrement lié aux transformations du numérique, abondent : des réseaux de lecture en ligne, comme <a href="https://www.babelio.com/">Babelio</a> et <a href="https://www.goodreads.com/">Goodreads</a>, à des plates-formes consacrées à la fois à l’écriture et à la lecture, comme <a href="https://www.wattpad.com/">Wattpad</a> et <a href="https://www.atelierdesauteurs.com/">Scribay</a>, en passant par les blogs, les <a href="https://theconversation.com/comment-sexplique-le-boom-des-book-clubs-150699">cercles de lecture</a> et les ateliers de <a href="https://theconversation.com/a-quand-les-livres-rembourses-par-la-securite-sociale-112046">bibliothérapie</a>, en ligne et en présentiel.</p>
<p>Paraphrasant la réponse du grand alpiniste britannique <a href="https://www.montagnes-magazine.com/actus-il-100-ans-parce-qu-il-la-george-mallory-propos-everest">George Mallory</a> à ceux qui lui demandaient pourquoi il voulait gravir l’Everest, je suggère que les émotions suscitées par la lecture devraient être étudiées tout simplement « parce qu’elles sont là », plus que jamais sous nos yeux. Face à ce contexte nouveau qu’Internet constitue, les études littéraires sont amenées à s’ouvrir à l’expérience de lectrices et lecteurs ordinaires, en repensant ainsi leurs approches traditionnellement fondées sur des modèles conceptuels abstraits ou sur des figures de lecteurs « experts ».</p>
<h2>Parce que la culture n’appartient plus seulement aux experts</h2>
<p>Le champ littéraire n’est pas le seul à évoluer : toutes les pratiques culturelles sont désormais transformées dans un sens participatif. Les amateurs contribuent de manière décisive à la circulation, à l’évaluation et même à la production de la culture, selon ce mécanisme étonnant que le sociologue des médias Axel Bruns a résumé par la notion de <a href="https://produsage.org/node/2">produsage</a>.</p>
<p>Les usagers, à la fois consommateurs et producteurs, revendiquent leur place dans la sphère culturelle. Face à ces changements, les sciences humaines constatent la nécessité de repenser radicalement leurs méthodes de recherche. En effet, le volume considérable de nouvelles sources d’analyse – pour certaines nativement numériques – implique la mobilisation d’outils technologiques adaptés à la collecte et au traitement de ces nouveaux corpus. Par ailleurs, cette culture produite « par en bas » amène les sciences humaines à s’intéresser non seulement aux œuvres – qu’elles soient ou non canoniques – mais aussi à la réception et aux sensibilités des usagers.</p>
<p>Aujourd’hui, et le plus souvent dans le cadre de projets collectifs et interdisciplinaires, nous nous intéressons de plus en plus aux voix des lecteurs d’hier et d’aujourd’hui, en partant d’entretiens, lettres, bulletins de bibliothèques, commentaires en ligne, blogs de lecture, etc. Mon travail sur les émotions de lectrices et lecteurs « ordinaires » est un exemple de la manière dont les sciences humaines peuvent aborder autrement des pratiques culturelles, comme la lecture, qui sont longtemps restées prisonnières de disciplines distantes les unes des autres (les études littéraires, la sociologie, l’histoire…) et de leurs méthodes et hiérarchies propres.</p>
<h2>Pour explorer les liens qui existent entre nos émotions, notre corps et notre esprit</h2>
<p>Depuis la Grèce antique, la pensée occidentale oppose les émotions et le raisonnement : les premières sont des pulsions violentes, le second un processus intellectuel pondéré ; les premières relèvent du corps, le second de l’esprit. Cette dichotomie a été progressivement mise de côté, en philosophie comme en psychologie.</p>
<p>Aujourd’hui, nous savons non seulement que nos sens influencent notre façon de penser et de percevoir le monde (théorie de la cognition incarnée), mais aussi que toute émotion spontanée repose sur une forme de raisonnement (théorie de l’évaluation cognitive). <a href="https://www.cairn.info/traite-de-psychologie-des-emotions--9782100793273.htm?contenu=sommaire">Ces découvertes</a> nous amènent à revisiter les émotions, et en particulier la subtilité des frontières séparant les perceptions, les sentiments et les jugements de valeur.</p>
<p>La lecture de la littérature constitue un terrain privilégié pour explorer des questions relatives aux liens qui se tissent entre émotions, corps et esprit : existe-t-il une relation entre l’interaction matérielle avec le livre – numérique ou papier – et notre engagement avec son contenu ? Quelle est la relation entre les émotions représentées dans la fiction littéraire (pensez à la détresse de Madame Bovary abandonnée par son amant !) et les émotions dont nous faisons l’expérience dans la vie réelle ? Comment notre réponse à la lecture influence-t-elle le jugement que nous portons sur le livre ? Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses pistes de recherche que nous ouvrons en nous mettant à l’écoute de lectrices et lecteurs ordinaires.</p>
<p>Pourquoi la <a href="https://pur-editions.fr/product/6928/lire-en-europe">recherche</a> s’intéresse-t-elle donc aujourd’hui aux réponses à la lecture ? D’abord, parce que nous avons accès à de nouveaux gisements d’informations sur les pratiques, les goûts et les sensibilités de lectrices et lecteurs ordinaires ; d’autre part, parce qu’il y a actuellement une prolifération de discours d’amateurs, qui contribuent désormais de manière de plus en plus significative à la circulation, à l’évaluation et à la production de l’art ; enfin, parce que l’analyse des émotions des lecteurs nous fournit des indices sur la nature <em>incarnée</em> et sur la fonction <em>cognitive</em> des émotions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220937/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elena Prat a bénéficié d'un contrat doctoral (2020-2023) co-finacé par le projet Reading Europe Advanced Data Investigation Tool (READ-IT, JPI CH 2018-2021) et d'une bourse d'environnement de thèse 2020 de l'Institut d'études européennes et globales Alliance Europa. </span></em></p>Les émotions que nous ressentons en lisant et qui ressurgissent lorsque nous repensons à nos lectures témoignent d’une relation forte entre la vie réelle et la littérature.Elena Prat, Doctorante en littérature comparée, Le Mans UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2214842024-01-26T14:56:06Z2024-01-26T14:56:06ZL’IA apprend à analyser les communications des poulets pour nous aider à comprendre leurs gloussements<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570212/original/file-20240116-21-fbzgp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C6000%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les poulets sont des communicateurs hors pair.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Vous êtes-vous déjà demandé de quoi parlent les poulets ? Les poulets sont des communicateurs doués ; leurs gloussements, leurs cris et leurs roucoulements ne sont pas des sons aléatoires, mais un système linguistique complexe. Ces cris sont leur façon d’interagir avec le monde et d’exprimer leur joie, leur peur et de se transmettre des repères sociaux.</p>
<p>Comme pour les humains, le « langage » des poulets varie en fonction de l’âge, de l’environnement et, étonnamment, de la <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0010639">domestication</a>, ce qui nous permet de mieux comprendre leurs <a href="https://doi.org/10.3390/ani11020434">structures sociales</a> et leurs comportements. La compréhension de ces vocalisations peut transformer notre approche de l’aviculture, en améliorant le bien-être et la qualité de vie des poulets.</p>
<p>Nos recherches à l’université Dalhousie appliquent l’intelligence artificielle (IA) pour décoder le langage des poulets. Ce projet devrait révolutionner notre connaissance de ces créatures à plumes et de leurs méthodes de communication, en nous offrant une fenêtre sur leur monde qui nous était jusqu’à présent fermée.</p>
<h2>Traducteur de poulet</h2>
<p>L’utilisation de l’IA et de l’apprentissage automatique dans ce domaine revient à disposer d’un traducteur universel pour le langage des poulets. L’IA peut analyser de grandes quantités de données audio. Comme le montrent nos recherches, qui doivent encore faire l’objet d’une évaluation par les pairs, nos algorithmes apprennent à reconnaître les schémas et les nuances dans les <a href="https://doi.org/10.1101/2023.12.26.573338">vocalisations des poulets</a>. La tâche n’est pas simple : les poulets émettent toute une gamme de sons dont la hauteur, la tonalité et le contexte varient.</p>
<p>Mais grâce à des techniques avancées d’analyse des données, nous commençons à déchiffrer leur code. Cette percée dans le domaine de la communication animale n’est pas seulement une réussite scientifique ; c’est aussi un pas vers un traitement plus humain et plus empathique des animaux d’élevage.</p>
<p>L’un des aspects les plus intéressants de cette étude est la compréhension du contenu émotionnel de ces sons. Grâce au traitement du langage naturel (TLN), une technologie souvent utilisée pour déchiffrer les langues humaines, nous apprenons à interpréter l’<a href="https://doi.org/10.3390/s21020553">état émotionnel des poulets</a>. Sont-ils stressés ? Sont-ils contents ? En comprenant leur <a href="https://doi.org/10.3390/ani12060759">état émotionnel</a>, nous pouvons prendre des décisions plus éclairées concernant leurs soins et leur environnement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une personne en combinaison blanche tenant un iPad et entourée de poulets" src="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comprendre les expressions des poulets aura un impact sur la façon dont ils sont élevés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Communication non verbale chez les poulets</h2>
<p>Outre les vocalisations, nos recherches portent également sur les indices non verbaux permettant d’évaluer les émotions des poulets. Nous avons ainsi étudié le clignement des yeux et la température du visage. La manière dont ces éléments peuvent constituer des <a href="https://doi.org/10.1101/2022.01.31.478468">indicateurs fiables</a> de l’état émotionnel des poulets est analysée dans une publication préliminaire (pas encore évaluée par les pairs).</p>
<p>En utilisant des méthodes non invasives telles que la vidéo et l’imagerie thermique, nous avons observé des changements de température autour des yeux et de la tête, ainsi que des variations dans le comportement de clignement des yeux, qui semblent être des réponses au stress. Ces résultats préliminaires ouvrent de nouvelles voies pour comprendre comment les poulets expriment leurs sentiments, tant sur le plan comportemental que physiologique, ce qui nous fournit des outils supplémentaires pour évaluer leur bien-être.</p>
<h2>Des volailles plus heureuses</h2>
<p>Ce projet dépasse le cadre de la curiosité intellectuelle ; ses <a href="https://doi.org/10.1101/2022.07.31.502171">retombées sont réelles</a>. Dans le secteur agricole, la compréhension des vocalisations des poulets est un moyen d’améliorer les pratiques d’élevage. Les agriculteurs peuvent utiliser ces connaissances pour créer de meilleures conditions de vie, ce qui se traduit par des poulets plus sains et plus heureux. Cela peut en retour avoir un effet sur la qualité des produits, la santé des animaux et l’efficacité globale de l’exploitation.</p>
<p>Les résultats de cette recherche peuvent également être appliqués à d’autres domaines de l’<a href="https://doi.org/10.1016/j.measurement.2022.110819">élevage</a>, ce qui pourrait déboucher sur des avancées dans la manière dont nous interagissons avec une variété d’animaux de ferme et dans les soins qui leur sont prodigués.</p>
<p>Mais nos travaux ne se limitent pas aux pratiques agricoles. Ils pourraient influencer les politiques en matière de bien-être animal et de traitement éthique. L’évolution de notre connaissance de ces animaux nous incite à <a href="https://doi.org/10.3390/agriengineering5010032">plaider pour leur bien-être</a>. Cette étude modifie la façon dont nous envisageons notre relation avec les bêtes, en privilégiant l’empathie et la compassion.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un homme introduit sa main dans un poulailler rempli de poulets" src="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La compréhension de la communication et du comportement des animaux peut avoir une influence sur les politiques en matière de bien-être animal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Zoe Schaeffer)</span></span>
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<h2>IA éthique</h2>
<p>L’utilisation éthique de l’IA dans ce contexte crée un précédent pour les futures applications technologiques dans le domaine de la science animale. Nous démontrons que la technologie peut et doit être employée pour <a href="https://doi.org/10.1007/s44230-023-00050-2">favoriser le bien-être de tous les êtres vivants</a>. C’est une responsabilité que nous prenons au sérieux ; nous veillons à ce que nos avancées en matière d’IA soient conformes aux principes éthiques et au bien-être des sujets de notre étude.</p>
<p>Les retombées de nos recherches s’étendent également à l’éducation et aux efforts de conservation. En comprenant les méthodes de communication des poulets, nous acquérons des connaissances sur le langage aviaire en général, offrant ainsi une perspective unique sur la complexité des systèmes de communication animale. Ces enseignements peuvent s’avérer essentiels pour les défenseurs de l’environnement qui œuvrent à la protection des espèces d’oiseaux et de leurs habitats.</p>
<p>En poursuivant nos avancées dans ce domaine, nous ouvrons les portes d’une nouvelle ère dans l’<a href="https://doi.org/10.3389/fvets.2021.740253">interaction entre l’animal et l’homme</a>. Notre quête pour <a href="https://doi.org/10.20944/preprints202309.1714.v1">décoder le langage des poulets</a> est plus qu’une simple recherche universitaire : c’est un pas vers un monde plus empathique et plus responsable.</p>
<p>En tirant parti de l’IA, nous ne nous contentons pas de percer les secrets de la communication aviaire, mais nous établissons également de nouvelles normes en matière de bien-être animal et d’utilisation éthique des technologies. La période dans laquelle nous vivons est passionnante ; nous sommes à l’aube d’une conception nouvelle de la relation entre l’homme et le monde animal, et tout commence par le poulet.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221484/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Suresh Neethirajan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’intelligence artificielle peut traiter un grand nombre de vocalisations de poulets et identifier des schémas dans les communications entre volatiles.Suresh Neethirajan, University Research Chair in Digital Livestock Farming, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2200042024-01-15T15:22:20Z2024-01-15T15:22:20ZLa pilule contraceptive a aussi un effet sur le cerveau et la régulation des émotions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567188/original/file-20231221-19-oxth15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, peuvent accéder au cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les contraceptifs oraux, aussi appelés pilules contraceptives, sont <a href="https://doi.org/10.18356/1bd58a10-en">utilisés par plus de 150 millions de femmes à travers le monde</a>. Environ un tiers des adolescentes en <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/82-003-x/2015010/article/14222-eng.pdf">Amérique du Nord</a> et en <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">Europe</a> les utilisent, ce qui en fait le médicament le plus prescrit aux adolescentes.</p>
<p>Il est bien connu que les contraceptifs oraux ont le pouvoir de modifier le cycle menstruel des femmes. Mais ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils ont aussi accès au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>En tant qu’étudiante au doctorat et professeure en psychologie à l’UQAM, nous nous sommes intéressées à l’influence des contraceptifs oraux sur les régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous avons publié nos <a href="https://doi.org/10.3389/fendo.2023.1228504">résultats dans le journal scientifique <em>Frontiers in Endocrinology</em></a>.</p>
<h2>La pilule, comment ça fonctionne ?</h2>
<p>Il existe plusieurs méthodes de contraception hormonale, mais le type le plus courant en Amérique du Nord est la pilule contraceptive, plus spécifiquement les <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">contraceptifs oraux combinés</a> (COC). Ils sont constitués de deux hormones artificielles simulant un estrogène (généralement l’éthinyl estradiol) et la progestérone.</p>
<p>Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">peuvent accéder au cerveau</a>. Elles se lient à des récepteurs dans différentes régions et signalent au cerveau de diminuer la production d’hormones sexuelles endogènes. C’est ce phénomène qui mène à l’arrêt de la cyclicité menstruelle, empêchant l’ovulation.</p>
<p>C’est donc dire que tout au long de l’utilisation des COC, le corps et le cerveau des utilisatrices ne sont pas exposés aux fluctuations d’hormones sexuelles typiquement observées chez les femmes naturellement cyclées.</p>
<h2>Les effets cérébraux de la pilule : les neurosciences à la rescousse !</h2>
<p>Lorsqu’elles commencent la prise de COC, les adolescentes et les femmes sont informées de divers effets secondaires, principalement physiques (nausées, maux de tête, variations de poids, sensibilité à la poitrine). Pourtant, il n’est généralement pas abordé que les hormones sexuelles accèdent au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>Des études ont d’ailleurs associé l’utilisation de COC à de <a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2018.02.019">moins bonnes performances de régulation émotionnelle</a> et à un <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">risque plus élevé de développer des psychopathologies</a>.</p>
<p>De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir de <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpsychires.2011.03.006">troubles liés à l’anxiété et au stress chronique</a>. L’utilisation des COC étant très répandue, il importe de mieux comprendre leurs effets sur l’anatomie des régions du cerveau qui sous-tendent la régulation émotionnelle.</p>
<p>Nous avons ainsi conduit une étude ayant pour objectif d’examiner les effets des COC sur l’anatomie des régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous nous sommes intéressées aux effets liés à leur utilisation actuelle, mais aussi aux effets possiblement durables, à savoir si les COC pouvaient affecter l’anatomie du cerveau – même après avoir cessé leur utilisation.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons recruté quatre profils d’individus en santé, soit des femmes qui utilisent actuellement des COC, des femmes qui ont utilisé des COC dans le passé, des femmes qui n’ont jamais utilisé quelconque méthode de contraception hormonale et des hommes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="imagerie résonance magnétique" src="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de faire l’analyse de la morphologie de certaines régions du cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>À l’aide de l’imagerie cérébrale, nous avons trouvé que seules les femmes qui utilisent actuellement des COC présentaient un cortex préfrontal ventromédian légèrement plus mince que les hommes. Cette partie du cerveau est reconnue comme étant essentielle à la régulation des émotions comme la peur. La littérature scientifique montre que <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0502441102">plus cette région est épaisse, meilleure est la régulation émotionnelle</a>.</p>
<p>De ce fait, les COC pourraient altérer la régulation des émotions chez les femmes. Bien que nous n’ayons pas testé directement le lien entre la morphologie cérébrale et la santé mentale, notre équipe se penche actuellement sur d’autres aspects du cerveau et de la santé mentale, ce qui permettra de mieux comprendre les découvertes anatomiques actuelles.</p>
<h2>Un effet actuel, mais pas durable : une histoire de dose</h2>
<p>Nous avons tenté de mieux comprendre ce qui pourrait expliquer l’effet de l’utilisation actuelle des COC sur cette région du cerveau. Nous avons découvert que cela était associé à la dose d’éthinyl estradiol. En effet, parmi les utilisatrices actuelles de COC, seules celles qui utilisaient un COC à faible dose (10-25 microgrammes), mais pas à dose plus élevée (30-35 microgrammes), étaient associée à un cortex préfrontal ventromédian plus mince.</p>
<p>Cela peut sembler surprenant : une plus faible dose était liée à un effet cérébral…</p>
<p>Sachant que tous les COC réduisent les concentrations d’hormones sexuelles endogènes, nous proposons que les récepteurs à estrogènes de cette région cérébrale pourraient être insuffisamment activés lorsque de faibles niveaux d’estrogène endogène sont combinés à un faible apport en estrogène exogène (éthinyl estradiol).</p>
<p>À l’inverse, des doses plus élevées d’éthinyl estradiol pourraient aider à obtenir une liaison adéquate aux récepteurs à estrogènes dans le cortex préfrontal, simulant ainsi une activité modérée à élevée similaire à celle des femmes ayant un cycle menstruel naturel.</p>
<p>Il est important de noter que cette plus faible épaisseur de matière grise était spécifique à l’utilisation actuelle des COC : les femmes ayant utilisé des COC dans le passé ne présentaient pas d’amincissement comparativement aux hommes. Notre étude soutient donc la réversibilité de l’influence des COC sur l’anatomie cérébrale, notamment sur l’épaisseur du cortex préfrontal ventromédian.</p>
<p>En d’autres termes, l’utilisation de COC pourrait affecter l’anatomie cérébrale, mais de manière réversible.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Bien que notre recherche n’ait pas d’orientation clinique directe, elle contribue à faire progresser notre compréhension des effets anatomiques liés à l’utilisation des COC.</p>
<p>Loin de nous l’idée de vouloir que les femmes cessent d’utiliser leur COC : il serait beaucoup trop hâtif et alarmant d’avoir ce genre de discours.</p>
<p>Il importe également de se rappeler que les effets répertoriés dans notre étude semblent réversibles.</p>
<p>Notre objectif est de promouvoir la recherche fondamentale et clinique, mais également d’accroître l’intérêt scientifique en matière de santé de la femme, un domaine encore trop peu étudié.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220004/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Brouillard est membre étudiante du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Elle détient une bourse d'études doctorales des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-France Marin est chercheure régulière au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, professeure au département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et professeure associée au département de psychiatrie et d'addictologie de l'Université de Montréal. Elle a été soutenue par une bourse salariale du Fonds de recherche du Québec - Santé (2018-2022) et est actuellement titulaire d'une Chaire de recherche du Canada sur la modulation hormonale des fonctions cognitives et émotionnelles (2022-2027). Le projet dont il est question dans l'article est subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada et a reçu l'appui de fonds de projets pilotes du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et du Réseau de bio-imagerie du Québec. </span></em></p>Les contraceptifs oraux modifient le cycle menstruel ; ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils accèdent aussi au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.Alexandra Brouillard, Doctorante en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Marie-France Marin, Professor, Department of Psychology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2197662024-01-04T21:56:33Z2024-01-04T21:56:33Z« Fâchés pas fachos » : l’expression de Mélenchon a-t-elle encore un sens ?<p>Les expressions toutes faites permettant de parler de l’électorat sont légion : électorat « flottant », de « substitution », « captif »… Politiciens, éditorialistes et bien sûr politologues connaissent ces termes et rivalisent d’ingéniosité pour décrire les stratégies mises en place par les partis politiques pour s’attirer le vote des Français.</p>
<p>La dénomination des « fâchés pas fachos », quant à elle, <a href="https://theconversation.com/siphonner-les-voix-des-faches-pas-fachos-le-pari-perdu-de-melenchon-120143">semble être apparue</a> dans le contexte français des législatives de 2012. Elle a été utilisée par <a href="https://theconversation.com/jean-luc-melenchon-larme-du-charisme-en-politique-159379">Jean-Luc Mélenchon</a>, alors candidat à la députation dans le Pas-de-Calais puis fondateur du parti La France Insoumise, pour désigner les électeurs mécontents et parfois tentés par le vote d’extrême droite, avec notamment en tête les déçus de la gauche « hollandiste » et les abstentionnistes, qui ne se reconnaissent pas pour autant dans les idées du Front national.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1511418595204550665"}"></div></p>
<p>Réutilisée en 2017, cette expression le sera à nouveau <a href="https://www.liberation.fr/checknews/2019/06/13/melenchon-et-lfi-ont-il-traite-les-gilets-jaunes-de-fachos-avant-de-les-recuperer-comme-l-accuse-onf_1731420/">à l’occasion du mouvement des « gilets jaunes »</a>, alors que la composition de ce dernier était encore incertaine.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un « facho » ?</h2>
<p>Si le terme « fâchés » ne demande guère à être explicité, celui de « facho » doit l’être tant il est utilisé et connoté dans le débat public. Idéologie et système politique indissociables de Benito Mussolini, le fascisme émerge à la fin des années 1910. Le fascisme définit des pouvoirs politiques qui imposent notamment nationalisme, totalitarisme et autoritarisme. L’utilisation de ce terme n’est cependant pas toujours étroitement corrélée à sa définition scientifique, comme le souligne l’historien <a href="https://www.cairn.info/le-fascisme--9782707153692-page-7.htm">Olivier Forlin</a> :</p>
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<p>« Le qualificatif « fasciste » appliqué à une idée, à un discours, à une action politique, a souvent servi à faire de leurs auteurs des adversaires et à les diaboliser. Inversement, sa fonction a aussi été de rassembler un camp, jusque-là dispersé, en vue d’un combat politique. L’antifascisme a constitué un ciment idéologique pour unir des forces politiques, notamment en France et en Italie […] ».</p>
</blockquote>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/31/l-extreme-droite-est-une-vision-du-monde-pas-un-programme_6100478_823448.html">Pour l’historien Nicolas Lebourg</a>, le fascisme est un courant parmi les sous-champs des extrêmes droites, mais ils sont souvent utilisés de manière synonyme dans le débat public.</p>
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<p>La mise en évidence de cette métonymie permet de mieux comprendre l’expression qui nous occupe. En effet, en France, l’extrême droite est notoirement représentée par le Rassemblement national (RN) et Reconquête. S’il s’en défend publiquement, le premier est même reconnu ainsi <a href="https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/le-rassemblement-national-est-bien-d-extreme-droite-confirme-le-conseil-d-etat-sur-demande-du-rn_223428.html">par le Conseil d’État</a>. Nul doute que pour Jean-Luc Mélenchon, les « fachos » de l’expression sont représentés parmi les potentiels votants pour ce parti. Son idée est donc d’attirer à lui les gens en colère, mais pas celles et ceux qui se situent à l’extrême droite, incompatibles avec sa propre idéologie.</p>
<h2>La colère les rassemble</h2>
<p>Cette expression ne signifie pas, bien sûr, qu’il y aurait d’un côté les fâchés et de l’autre les « fachos ». En réalité, il y a d’un côté les fâchés qui entretiennent des liens (politiques, idéologiques, militants, etc.) avec l’extrême droite, et de l’autre des personnes qui sont seulement mécontentes, mais n’entretiennent pas de rapport avec ce courant politique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lelectorat-senior-une-terre-de-mission-pour-jean-luc-melenchon-171258">L’électorat senior : une terre de mission pour Jean-Luc Mélenchon</a>
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<p>Nous pouvons poursuivre ce parallèle en nous référant à deux émotions qui peuvent schématiquement aider à caractériser ces deux groupes : la colère pour les « fâchés-non-fachos » et la peur accompagnée <a href="https://www.sciencespo.fr/fr/actualites/podcast-je-vote-tu-votes-nous-votons/">par la colère</a> pour les « fâchés-fachos ».</p>
<p>La colère a beau être une émotion négative, elle est aussi dotée d’une <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/les-affects-de-la-politique-frederic-lordon/9782021343328">forte puissance motrice</a>, par exemple lorsque nous subissons ce que nous considérons être des injustices. En 2023, la réforme des retraites a ainsi énormément mobilisé, au point dépasser des <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/social/retraites-apres-une-mobilisation-record-les-syndicats-appellent-a-renforcer-le-mouvement-1902354">records du nombre de participants</a>. Ces rassemblements ont été nourris par une colère envers une politique jugée, entre autres choses <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-economie-et-social/pourquoi-l-actuel-projet-de-reforme-des-retraites-fait-il-debat-3701597">injuste</a>.</p>
<p>Les divergences entre les deux groupes s’observent dans leur soutien différencié au mouvement des retraites (stratégie au Parlement, dans la rue, enquêtes d’opinion, etc.). Tandis que la <a href="https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/reforme-des-retraites-la-gauche-denonce-une-regression-sociale-le-rn-veut-faire-barrage-5251153">gauche a appelé</a> à se mobiliser dans la rue, le RN s’est contenté d’une discrète participation à l’Assemblée nationale, comme le souligne le chercheur <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/reforme-des-retraites-l-apparente-discretion-du-rn-a-l-assemblee-une-strategie-redoutable-pour-engranger-des-points_5660309.html">Sylvain Crépon</a>. Il est possible de constater qu’à la fin de ce mouvement, les soutiens étaient <a href="https://www.ifop.com/publication/le-regard-des-francais-sur-le-mouvement-social-du-6-juin-contre-la-reforme-des-retraites/">plus importants</a> auprès des électeurs et électrices de Jean-Luc Mélenchon que de Marine Le Pen. Inversement, l’hostilité au mouvement était bien supérieure chez les partisans de cette dernière. Si la colère des « fâchés non-fachos » permet de les définir largement, celle des « fâchés-fachos » est un moteur qui cohabite avec un autre affect de grande intensité à l’extrême droite : la peur.</p>
<h2>La peur les distingue</h2>
<p>Si la colère des « fâchés-fachos » est indéniable, elle est régulièrement adjointe d’une certaine crainte, voire davantage. Ainsi, les personnes d’extrême droite ont à la fois peur, par exemple d’une disparition individuelle ou collective comme le montre la théorie complotiste du <a href="https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/l-article-a-lire-pour-comprendre-pourquoi-le-grand-remplacement-est-une-idee-raciste-et-complotiste_4965228.html">« grand remplacement »</a>. Parallèlement, elles sont aussi en colère contre ce qu’elles estiment une inaction gouvernementale, notamment en matière d’immigration – cette dernière étant parfois même vécue <a href="https://www.lefigaro.fr/politique/pour-le-gouvernement-l-immigration-n-est-pas-un-probleme-mais-un-projet-raille-marine-le-pen-20231210">comme une incitation</a>.</p>
<p>L’extrême droite – que ce soit celle de Marine Le Pen ou d’Éric Zemmour, est l’emplacement de l’échiquier politique le <a href="https://www.lexpress.fr/societe/difficulte-a-se-projeter-selon-l-ifop-83-des-francais-considerent-l-avenir-comme-inquietant_2183918.html">plus angoissé vis-à-vis de l’avenir</a> et travaillé par l’idée de décadence.</p>
<p>Les personnes qui ont une <a href="https://dictionary.apa.org/right-wing-authoritarianism">personnalité autoritaire de droite</a>, très répandues à l’extrême droite, ont également un fort besoin de se conformer aux normes sociales. Cela les amène à éprouver de la peur ou de la haine envers ce qui ne rentre pas dans ces normes, et donc à être sujettes à de hauts niveaux de racisme, sexisme, homophobie, etc.</p>
<p>Tous ces éléments montrent qu’au-delà de la colère, la peur est très présente chez les personnes d’extrême droite. Ce n’est pas un hasard si cette famille politique est associée à de nombreux qualificatifs en <em>phobie</em> (xénophobie, homophobie, islamophobie, etc.).</p>
<h2>L’abstention, un refuge politique</h2>
<p>Finalement, faire appel aux « fâchés pas fachos », est-ce encore pertinent actuellement ? Il est bien possible que ce soit le cas. Cette invitation a du sens car les « fâchés non-fachos » et les « fâchés-fachos » ne semblent pas se situer sur le même continuum, comment en atteste la <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/1er-tour-abstentionnistes-sociologie-electorat">faible porosité entre les électorats</a> de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen entre 2017 et 2022.</p>
<p>Même si l’extrême droite attire des citoyens fâchés, ces derniers ont également un autre refuge politique : l’abstention.</p>
<p>L’évolution des scores entre 2017 et 2022, de respectivement +2,4 % pour Jean-Luc Mélenchon et +1,9 % pour Marine Le Pen, peut laisser penser que l’appel aux « fâchés » du premier à au moins partiellement été entendu. Quid de l’avenir ? Le dernier <a href="https://harris-interactive.fr/opinion_polls/intentions-de-vote-pour-lelection-presidentielle-de-2027-2/">sondage Harris interactive</a> imaginant l’élection présidentielle de 2027 place Marine Le Pen en tête de tous les scénarios, et Jean-Luc Mélenchon présent au second tour dans sept des huit hypothèses. Si ce duel devait avoir lieu, nul doute que l’ancien député des Bouches-du-Rhône relancerait l’électorat « fâché pas facho » afin de proposer un débouché politique inédit à des abstentionnistes de plus en plus nombreux. La formule pourrait ne pas avoir dit son dernier mot.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219766/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Ailloud est membre de la France insoumise. </span></em></p>Les sympathisants de l’extrême droite et de l’extrême gauche sont-ils vraiment les mêmes ? Disséquer l’expression « fâchés pas fachos » offre un éclairage bienvenu.Julien Ailloud, Chercheur postdoctoral, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2163032023-12-06T17:44:04Z2023-12-06T17:44:04ZPasser au tableau : comment faire de ce rituel scolaire un moyen de réguler ses émotions ?<p>« C’est à qui le tour de passer au tableau ! », « Viens au tableau nous dire tout ce que tu racontes à ton camarade ! » ou encore « Qui souhaite venir au tableau ? »… Quels sont les élèves qui n’ont jamais entendu ce type d’exhortation au cours de leur scolarité ?</p>
<p>En France, l’installation de tableaux dans les classes est finalement assez récente, puisqu’elle date de l’instruction obligatoire chère à Jules Ferry (1882). Toutes les classes sont aujourd’hui dotées de cet artefact noir, blanc ou numérique. Il devient alors un support de transmission pour l’enseignant mais également une occasion d’expression – le plus souvent imposée – pour les élèves, qui sont invités à venir y résoudre des exercices, réciter des leçons, recopier des mots…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-classe-une-forme-scolaire-depassee-201029">La classe : une forme scolaire dépassée ?</a>
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<p>Rien d’étonnant donc à ce que ce rituel, pensé par l’institution comme l’occasion d’évaluer ou d’exposer une connaissance face aux autres, ait et continue à être vécu par certains élèves <a href="https://www.cairn.info/l-eleve-humilie--9782130593133.htm">« comme une sorte de passage à tabac »</a>, participant au processus de <a href="https://theconversation.com/violences-scolaires-ou-le-harcelement-commence-t-il-107074">harcèlement scolaire</a> dont on connaît désormais les funestes conséquences. Les humiliations subies <a href="https://theconversation.com/le-corps-a-lecole-une-dimension-oubliee-152562">lorsque le corps est mis en scène</a>, lorsqu’il est exposé aux moqueries, aux remarques déplacées des élèves et parfois des enseignants peuvent participer du harcèlement comme l’expliquait Kilian Vaysse, de l’Association contre les discriminations et le harcèlement, lors du colloque <a href="https://groupe-vyv.tv/embed/16h15_Table_ronde_harcelement_scolaire_soutenir_lebesoin_de_justice_desenfants2dtqf"><em>Enfant demain</em></a>.</p>
<p>Qui n’a en effet pas souhaité disparaître six pieds sous terre lorsqu’il se retrouve debout au tableau, face à plus d’une vingtaine de paires d’yeux qui le déshabillent littéralement – notamment quand il ne maîtrise pas totalement sa leçon. Qui n’a jamais vécu cette situation ? Et finalement que révèle ce temps de passage au tableau : la maitrise d’une connaissance (enseignée à l’école) ou bien une <a href="https://theconversation.com/les-emotions-une-cle-de-la-lutte-contre-le-harcelement-scolaire-122880">compétence émotionnelle</a> (moins enseignée à l’école) à restituer une connaissance ?</p>
<h2>Favoriser la coopération entre élèves</h2>
<p>Tout bien considéré, si la classe et l’école en général bouillonnent d’émotions, celles-ci font peu l’objet d’une réelle réflexion didactique. Tout se passe comme si ces émotions, les siennes et celles des autres, ne relevaient pas du périmètre de l’école. <a href="https://www.cairn.info/l-education-morale--9782130568599-page-141.htm">Émile Durkheim</a>, référence majeure du projet de l’école républicaine, ne préconisait-il pas d’arracher l’enfant à la famille jugée émotionnellement trop toxique au prétexte que « la morale qui y est pratiquée y est surtout affective. L’idée abstraite du devoir y joue un moindre rôle que la sympathie, que les mouvements spontanés du cœur. »</p>
<p>Pourtant, nombreux sont les travaux montrant <a href="https://journals.openedition.org/osp/748">l’intérêt de considérer les émotions</a>. Leur prise en compte se traduit en effet par un bien-être subjectif plus marqué et à une amélioration des <a href="https://site.nathan.fr/livres/comment-les-emotions-viennent-aux-enfants-et-pourquoi-apprendre-les-reguler-va-les-aider-toute-leur-vie-edouard-gentaz-9782092493199.html">performances scolaires</a>. Mais encore faut-il leur ouvrir la porte de la classe, et plus largement celle de l’école, pour que les élèves les apprivoisent et en fassent des compagnes plutôt que d’en être esclave.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ces-rituels-qui-organisent-la-vie-scolaire-une-importance-a-reconsiderer-169037">Ces rituels qui organisent la vie scolaire : une importance à reconsidérer ?</a>
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<p>C’est précisément ce à quoi nous nous sommes attachés avec les enseignants d’écoles primaire rencontrés dans le cadre d’une recherche-action. Concrètement, il s’agissait de <a href="https://www.cairn.info/cultiver-l-empathie-a-l-ecole--9782100778997.htm?contenu=presentation">transformer l’exercice du passage au tableau en un temps d’éducation aux compétences socio-émotionnelles</a>. Pour faire de cet exercice souvent individuel, angoissant, un moment de construction de soi, d’approvisionnement de ses émotions et d’apprentissage optimal, les enseignants ont, entre autres, expérimenté la récitation à plusieurs voix.</p>
<p>Par groupe de 3 ou 4, les élèves sont invités à réciter au tableau une poésie préalablement divisée par leurs soins en trois ou quatre parties. L’un d’entre eux entame la récitation et s’arrête soit lorsqu’il a terminé sa partie, lorsqu’il se sent en difficulté (une hésitation, un trou de mémoire, une perturbation liée au regard des élèves auditeurs…), ou bien quand il éprouve l’envie de passer le relais à l’un de ses camarades. Le deuxième, attentif à la situation (phrasé, mimiques, mouvement du corps…) prend alors la suite de la récitation avant de lui-même passer la main à un autre camarade.</p>
<p>L’enseignant propose plusieurs passages de façon à ce que chaque élève ait récité le texte dans son intégralité. À partir de ce design pédagogique, de très nombreuses variantes ont été proposées : récitation seule avec désignation d’un joker-souffleur avec ou sans contrainte d’intervention, libre choix de la répartition du texte, choix du lieu de récitation (à sa place, à côté de l’enseignant…), etc.</p>
<h2>Apprendre à se mettre en scène</h2>
<p>Le scénario pédagogique mis en œuvre dans cette recherche-action, permet, d’une part, de réduire le stress, préjudiciable aux apprentissages et, d’autre part, de libérer rapidement la participation des élèves et favorise leur entrée dans la tâche proposée.</p>
<p>Très vite, les élèves apprennent à s’organiser collectivement et s’inscrivent dans un <a href="https://theconversation.com/la-pedagogie-de-la-resonance-selon-hartmut-rosa-comment-lecole-connecte-les-eleves-au-monde-197732">processus de résonance</a> nécessaire à une coopération sans fard. Aux dires des enseignants, grâce à cet exercice collectif, ils ont moins d’appréhension dans leur prise de parole et sont plus attentifs à celle des autres. Au-delà d’un simple entraînement à la mémorisation, ils s’expriment désormais à l’oral avec plus d’aisance et – point essentiel – en tenant compte d’autrui.</p>
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<p>Ainsi pensé et expérimenté régulièrement, <a href="https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=article&no=33063">« le rituel du passage au tableau »</a> prend une tout autre tournure pour les élèves. De situation stressante, parfois terrifiante, il devient un temps de jeu, de mise en scène de soi plus confiante, un temps de développement de l’empathie envers ses camarades, de récitation et de développement des compétences socio-émotionnelles utiles tout au long de la vie pour naviguer sans heurts dans les mondes sociaux.</p>
<p>Parce que la vie sociale est souvent l’occasion de se mettre en scène sous le regard d’autrui dans le cadre d’une réunion de travail, d’un exposé, d’un événement familial ou amical… apprendre à ressentir, identifier et apprivoiser ses propres émotions et celles des autres devrait également faire partie des missions de l’école.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216303/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Omar Zanna ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Passer au tableau est souvent vécu par les élèves comme une épreuve exposant au jugement des autres. Mais ne peut-on pas faire de ce rituel une occasion d’apprendre à apprivoiser ses émotions ?Omar Zanna, Professeur des universités en sociologie, Le Mans UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2186632023-12-04T16:55:40Z2023-12-04T16:55:40ZPourquoi les enfants ne veulent pas donner les jouets dont ils n’ont plus besoin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/561915/original/file-20230606-17-2z6arh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5455%2C3637&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Se défaire de choses que l'on possède présente des similitudes avec d'autres situations à surmonter comme des attentes déçues.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/offended-african-american-preschooler-girl-looking-1222838167">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Dans tout foyer avec des enfants, les objets s’accumulent inévitablement. Au fil des anniversaires, des fêtes de Noël, des célébrations d’événements comme des victoires sportives ou d’achats impulsifs, on se trouve envahi par un flot de jouets, de vêtements et de bibelots.</p>
<p>Se séparer de ces biens, voilà une tout autre affaire. Si certains enfants se laissent convaincre de déposer leurs vieux jouets dans des bacs de collectes solidaires ou de donner leurs vêtements trop petits à des amis, d’autres enfants ont vraiment du mal à faire ces gestes.</p>
<p>Essayons de comprendre pourquoi c’est une démarche si difficile et comment les parents et les éducateurs peuvent encourager les enfants dans cette voie.</p>
<h2>Apprendre à se séparer</h2>
<p>Éviter le désordre, c’est la première raison qui s’impose pour inciter les enfants à faire du tri. <a href="https://doi.org/10.1016/j.jenvp.2021.101553">Les recherches montrent que le désordre peut avoir un impact négatif</a> sur l’humeur et le bien-être des personnes qui sont attachées à avoir un intérieur bien rangé. Cependant, la définition de ce qui constitue un espace encombré varie considérablement d’une personne à l’autre.</p>
<p>S’ils ont constamment du mal à se débarrasser de ce qui leur appartient et que cela leur cause une grande détresse, certains enfants peuvent, dans les cas les extrêmes, développer un <a href="https://childmind.org/article/hoarding-in-children/">trouble de la thésaurisation</a>.</p>
<p>Du point de vue psychologique, se défaire de choses que l’on possède présente des similitudes avec d’autres situations à surmonter comme des attentes déçues (par exemple l’annulation d’un événement) ou la rupture d’une relation. Cultiver dès l’enfance la capacité à séparer d’objets <a href="https://www.buzzfeed.com/letgo/why-is-it-so-hard-to-let-go-of-old-things">peut avoir des répercussions positives</a> bien au-delà d’apprendre à garder les choses en ordre.</p>
<h2>Pourquoi les enfants s’attachent à des objets</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.copsyc.2020.07.023">L’attachement aux objets</a> commence au cours de la première année de vie de l’enfant. Les nourrissons peuvent être angoissés lorsqu’on leur enlève leur couverture ou leur ours en peluche. Les chercheurs considèrent que ce comportement d’attachement précoce est dû au fait que les objets agissent comme un substitut réconfortant lorsque le parent est absent.</p>
<p>Au fur et à mesure que les enfants grandissent, jusqu’au début de l’adolescence, le besoin de réconfort reste l’une des principales motivations à s’attacher à des objets. Cependant, le type de réconfort recherché peut devenir <a href="https://doi.org/10.1080/03004430.2020.1841756">plus complexe à mesure que l’enfant prend de l’âge</a>.</p>
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<img alt="Crayons de couleur" src="https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530258/original/file-20230606-27-5endiw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Comme les adultes, les enfants conservent des objets au cas où ils en auraient à nouveau besoin.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/colorful-crayons-placed-on-new-page-289880336">Shutterstock</a></span>
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<p>Avec le temps, les enfants peuvent en venir à considérer un jouet comme une entité spéciale. Dans une étude, on a présenté à des enfants une <a href="https://doi.org/10.1016/j.cognition.2007.01.012">machine à dupliquer</a> basée sur un simple tour de passe-passe. Ils pouvaient choisir de recevoir une copie de leur jouet ou de se voir restituer leur jouet original. Les enfants étaient plus enclins à demander qu’on leur rende le jouet original plutôt que d’en avoir une copie, ce qui indique un certain degré d’attachement au jouet original.</p>
<p>Certains jouets acquièrent une sorte de statut d’« ami ». Cette interaction est considérée comme <a href="https://www.parents.com/toddlers-preschoolers/development/social/first-friends-toddlers-and-stuffed-animals/">bénéfique pour le développement psychologique et social</a>. Il est facile d’imaginer qu’il peut être difficile de se séparer d’un objet considéré de cette manière.</p>
<p>Les possessions peuvent également <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2352250X20301597">agir comme des points de repère pour la mémoire</a>. Ce vieux t-shirt délavé et mal ajusté qu’ils hésitent à jeter peut leur rappeler à quel point ils se sont sentis spéciaux et aimés lors de leur fête d’anniversaire.</p>
<p>Tout comme les adultes, les enfants peuvent tomber dans le piège du <a href="https://simplelionheartlife.com/just-in-case-clutter/">« je pourrais en avoir besoin plus tard »</a>. Par exemple, un enfant qui aimait colorier mais qui a évolué vers d’autres passe-temps peut néanmoins hésiter à jeter ses vieux crayons de couleur, au cas où.</p>
<h2>Un accompagnement étape par étape</h2>
<p>Tout d’abord, essayez d’adopter le comportement que vous aimeriez que votre enfant adopte. Si vous avez du mal à vous débarrasser de vos propres affaires, comment verrait-il la nécessité de se débarrasser des siennes ?</p>
<p>Ensuite, discutez avec l’enfant des motivations sous-jacentes à sa résistance à se débarrasser de ses affaires et aidez-le à surmonter ses blocages mentaux.</p>
<p>Pour un jouet qui a un « statut d’ami », vous pouvez encourager l’enfant à se concentrer sur d’autres jouets qui sont également spéciaux. Aidez-les à comprendre que les relations peuvent se terminer, ce qui n’est pas un drame. D’autres peuvent voir le jour. Adoptez une approche progressive en incitant l’enfant à donner son jouet lorsqu’il sera prêt à le faire. Cela peut l’aider à sentir qu’il ne s’en débarrasse pas complètement, que le jouet continue d’exister, mais avec quelqu’un d’autre.</p>
<p>Dans le cas d’un objet qui rappelle de bons moments et qui a une valeur sentimentale, rappelez-lui qu’il existe d’autres moyens d’entretenir la mémoire, comme les photos ou les souvenirs avec les proches.</p>
<p>Dans le cas des réactions du type « Je pourrais en avoir besoin plus tard », une stratégie consiste à dissiper l’inquiétude qui sous-tend la résistance en leur disant qu’ils pourront obtenir un autre objet du même type si nécessaire. Il y a de fortes chances que cela ne soit pas nécessaire.</p>
<p>Il y aura d’autres raisons et motivations que celles mentionnées ci-dessus, c’est pourquoi il faut adopter une approche ciblée. Pour ce faire, communiquez avec votre enfant afin de comprendre son point de vue. Ensuite, adaptez votre stratégie afin de répondre au mieux à ses préoccupations spécifiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530262/original/file-20230606-25-ysvc6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Essayez de comprendre pourquoi votre enfant ressent une telle résistance à laisser tomber quelque chose.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/having-good-time-skate-park-635789831">Shutterstock</a></span>
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<p>Essayez d’éviter de vous lamenter uniquement sur le désordre de l’appartement, ce qui pourrait nourrir des sentiments de culpabilité et de ressentiment chez l’enfant s’il peine à l’idée de se débarrasser de ses affaires. En revanche, en découvrant les raisons sous-jacentes à leur réticence, vous pourrez travailler avec eux pour faire face à ces pensées et à ces émotions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218663/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Certains enfants n’ont aucun mal à donner leurs vieux jeux ou habits tandis que d’autres rechignent à le faire. Quels sont les enjeux derrière cet attachement aux objets ?Shane Rogers, Lecturer in Psychology, Edith Cowan UniversityNatalie Gately, Senior Lecturer and Researcher, Edith Cowan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2189372023-12-04T10:32:53Z2023-12-04T10:32:53ZMobiliser les émotions pour mieux vendre : les leçons de la K-pop<p>Les <a href="https://theconversation.com/topics/emotions-28337">émotions</a> constitueraient-elles l’ultime élément différenciateur entre l’homme et la machine ? Les dispositifs numériques se substituent peu à peu à l’humain et les individus s’habituent à cette <a href="https://theconversation.com/topics/numerique-20824">interface virtuelle</a> très rationnelle. Les entreprises devraient-elles alors mobiliser les émotions pour mieux vendre ? Devraient-elles en faire l’élément central d’un <em>business model</em> les permettant de se différencier ?</p>
<p>Et si des éléments de réponses éclairants nous provenaient du phénomène en vogue de la K-pop et de groupes comme Black Pink, Kiss of Life ou BTS ? Ce dernier affolait les compteurs avant de se mettre en <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/bts-les-5-chiffres-fous-dun-phenomene-musical-mondial-1412518#:%7E:text=Le%20clip%20du%20titre%20%C2%AB%20Butter,de%20fois%20en%2024%20heures">pause</a> pour laisser à chacun de ses membres le loisir de mener des projets en solo mais aussi pour effectuer leur <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/17/les-membres-de-bts-feront-leur-service-militaire-annonce-leur-agence-mettant-un-terme-a-un-long-debat-en-coree-du-sud_6146202_3210.html">service militaire</a>. En moins de treize mois, les sept artistes du <em>boys band</em> ont placé six de leurs titres au sommet du <em>Billboard Hot 100</em>. Les derniers à avoir réalisé cette performance en si peu de temps n’avaient été autres que les Beatles.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/HbkBVxU5K5A?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>À la racine du succès, on retrouve également l’apparition de dispositifs commerciaux novateurs pilotés par le label Big Hit Entertainment et la société de production Hybe. Chaque membre a, par exemple, été <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/pourquoi-bts-est-le-boys-band-le-plus-populaire-au-monde-9729865">sélectionné</a> et formé pour développer des <a href="https://leclaireur.fnac.com/article/cp57979-bts-un-groupe-phare-des-individualites-marquantes/">personnalités spécifiques</a>, une esthétique soignée et des performances spectaculaires lors des concerts. Associé à ce groupe, le développement de toute une « <em>fandom</em> », une communauté de fans qui a pris le nom de « BTS Army », incarne le phénomène « Hallyu » qui a émergé de Corée du Sud. Outre la musique, cette « vague puissante » (traduction française du terme) s’est répandue à travers le monde grâce à d’autres produits de la culture populaire coréenne, tels que des films et séries.</p>
<h2>Des fans mobilisés</h2>
<p>Si une grande partie de l’interaction avec le public passe par les réseaux numériques, des rassemblements sont également organisés, créant des pics émotionnels et mémoriels. Les concerts de deux heures sont des prouesses humaines et techniques associant pyrotechnie, chorégraphies et interactions digitales sur écrans géants. 70 000 spectateurs se sont rassemblés deux soirs de suite <a href="https://www.parismatch.com/Culture/Musique/BTS-le-triomphe-des-coreens-au-Stade-de-France-1629348">au Stade de France</a> en juin 2019, 98 000 à <a href="https://www.stellarsisters.com/concert-bts-stade-de-france-2019/">deux reprises également au MetLife Stadium à New York</a> en 2019. L’originalité est à la hauteur de la performance et de l’efficacité : les genres se mélangent et touchent différentes sensibilités musicales du hip-hop à l’électro en passant par la pop, le rock ou le rap. Quatre chanteurs et trois rappeurs combinent au sein d’un même morceau le coréen, l’anglais et l’espagnol procurant un ressenti d’ouverture aux autres cultures.</p>
<p>En réponse à ces interactions, les contenus émotionnels des messages des fans sur les réseaux sociaux sont sans équivoque :</p>
<blockquote>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/08/la-bts-army-n-est-pas-une-communaute-c-est-une-famille-les-fans-de-k-pop-remplissent-le-stade-de-france_5473374_3246.html">« ils ne nous donnent que de l’amour »</a></p>
</blockquote>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1536052255551434752"}"></div></p>
<p>Le dispositif BTS Army est par ailleurs reconnu pour son engagement envers des causes sociales et son impact sur la culture populaire. Les fans proclament que les membres du groupe sud-coréen de K-pop BTS leur « envoient le message qu’ils méritent tous de vivre, de se battre et de survivre ». C’est ce que relatent les chercheurs Woongjo Chang et Shin-Eui Park dans leur <a href="https://www.researchgate.net/publication/340381041_The_Fandom_of_Hallyu_A_Tribe_in_the_Digital_Network_Era_The_Case_of_ARMY_of_BTS">travail ethnographique</a> sur le sujet.</p>
<p>Grâce à leur engagement avec le fandom Hallyu, les <a href="https://www.academia.edu/12070243/Unveiling_the_Korean_Wave_in_the_Middle_East">femmes du Moyen-Orient</a> seraient en mesure de négocier un plus grand degré d’autonomie sociale conduisant à un engagement qui permet d’aller au-delà des peurs, en minimisant le risque d’être seules. La relation entre le groupe BTS et sa communauté des Armys transforme ainsi les goûts et les désirs de leurs fans en expression culturelle, politique et économique.</p>
<h2>Un schéma en trois dimensions</h2>
<p>Une <a href="https://www.cairn.info/revue-entreprendre-et-innover-2023-3-page-27.htm">analyse approfondie</a> reposant notamment sur les observations de Chang et Park nous a permis d’identifier le schéma à l’œuvre et le rôle rempli par les émotions en entrepreneuriat afin d’en tirer leçon. Mobiliser les émotions pour améliorer le modèle d’affaire et augmenter la création de valeur associée nécessite de prendre en compte trois dimensions qui apportent un éclairage nouveau : l’intimité numérique, une socialité singulière et la satisfaction émotionnelle des besoins.</p>
<p>Savoir numériser l’intimité constitue donc la première dimension. Si les rassemblements de fans créent des pics émotionnels, renforçant la connexion entre eux, les producteurs savent les prolonger sur les plates-formes. En « numérisant l’intimité », la portée spatiale des relations entre individus est étendue au sein des communautés, facilitant ainsi la construction d’intimités lointaines et de socialisations inédites. Les frontières traditionnelles entre la sphère publique et celle privée de l’individu sont ainsi transcendées. L’action économique des individus prend racine dans ce nouveau registre émotionnel.</p>
<p>De cette numérisation naît une communauté, au sens anthropologique du terme. Les membres partagent une passion commune et une conviction forte en tant que moteur de leur collectif. On y retrouve quelque chose de presque <a href="https://sk.sagepub.com/books/the-time-of-the-tribes">néotribaliste</a>. Les fans refusent de s’identifier à quelque projet politique que ce soit. Les relations sont parfois incohérentes, souvent ambiguës de sens : peu importe car la raison d’être de la communauté est une préoccupation pour le présent collectif. Or, cette socialité n’est pas un phénomène expliqué par le social (l’institution), mais par des facteurs émotionnels tels que la passion, le goût et l’intimité personnelle. Les flux émotionnels combinés conduisent à l’engagement et créent une émotion collective. Plus l’individu s’identifie au groupe, plus il en partage les émotions et s’engage.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1012864129437036544"}"></div></p>
<p>Au sein de cette communauté enfin, les membres y trouvent des satisfactions émotionnelles, incluant la sécurité, l’appartenance, l’estime et l’autoréalisation au cœur de la <a href="https://www.psychologue.net/articles/la-pyramide-de-maslow-la-theorie-des-besoins">pyramide des besoins</a> conceptualisée à partir des années 1940 par le psychologue Abraham Maslow. Le fandom BTS Army offre un espace où les membres peuvent trouver du réconfort, une appartenance réelle, une meilleure estime de soi, et une voie vers l’autoréalisation, conduisant à créer une démarche marketing enrichie de l’aspect émotionnel.</p>
<h2>Un apprentissage à effectuer pour les entrepreneurs</h2>
<p>Numériser des émotions et s’en servir pour construire une communauté large dans laquelle les individus puisent des satisfactions, tel est le mécanisme qu’ont su mettre en place avec succès les promoteurs du groupe BTS. Comment les entrepreneurs peuvent-ils à leur échelle intégrer ces trois dimensions ? Tout un apprentissage semble parfois nécessaire.</p>
<p>Cela consiste à connaitre les causes et les conséquences des émotions, notamment celles des clients/utilisateurs, à maîtriser le vocabulaire du langage émotionnel et à développer la <a href="https://psycnet.apa.org/record/2003-02181-016">capacité à gérer des situations émotionnelles</a>. Un premier niveau est celui de la perception émotionnelle : être conscient de ses émotions et les exprimer correctement aux autres. Le second niveau est celui de l’assimilation : faire la distinction entre les différentes émotions ressenties et reconnaître celles qui influent sur les processus de pensée. Le troisième niveau est celui de la capacité à comprendre des émotions complexes (éprouver deux émotions distinctes en même temps) et à identifier le passage d’une émotion à une autre. Enfin, le quatrième niveau est celui de la gestion des émotions.</p>
<p>Optimiser l’utilisation des émotions pour mieux vendre signifie alors non seulement augmenter potentiellement les chiffres de vente, mais aussi améliorer la qualité des transactions. Une attention particulière doit également être portée sur le fait que les entrepreneurs vivent et subissent les événements positifs et négatifs de leur entreprise comme des reflets d’eux-mêmes. Une intelligence émotionnelle augmentée dévoile à l’entrepreneur un angle de vue nouveau qui transforme sa posture. L’empathie l’oblige mais facilite en même temps l’alignement de ses émotions ressenties avec une conception partagée de l’environnement, en pleine conscience de ce qu’il est, de ce qu’il voudrait être et de ce qu’il propose à travers son modèle d’affaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218937/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Jaillot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les producteurs du groupe BTS ont parfaitement su transférer dans le monde numérique les émotions des concerts pour créer une communauté de fans qui s’apparente presque à une tribu.Marc Jaillot, Maitre de conférences en sciences de gestion, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2162002023-11-21T16:54:03Z2023-11-21T16:54:03ZComment les entraineurs sportifs de haut niveau gèrent leurs émotions<p>Les entraîneurs en sport de haut niveau sont amenés à ressentir des émotions intenses, multiples et parfois contradictoires dans le cadre de leur métier, par exemple, la déception comme le séléctionneur <a href="https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Fabien-galthie-beaucoup-de-frustration-a-digerer/1425609">Fabien Galthié</a> lors de la défaite de l’équipe de France en quart de finale de la la coupe du monde de rugby ; la joie comme <a href="https://www.francetvinfo.fr/sports/natation/leon-marchand/mondiaux-de-natation-l-entraineur-de-leon-marchand-se-dit-fou-de-joie-et-impressionne-par-la-grande-maturite-du-jeune-francais_5975099.html">Nicolas Castel</a> lors des trois victoires de Léon Marchand aux championnats du monde de natation ; ou encore la colère comme l’entraîneur du PSG <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/football/paris-sg/psg-la-huitieme-defaite-en-2023-cest-beaucoup-trop-la-colere-froide-de-christophe-galtier-aaaddaa0-d1de-11ed-9a9a-51eac6843105">Christophe Galtier</a> face au manque d’investissement et à la résignation de ses joueurs.</p>
<p>Longtemps considéré comme une activité rationnelle, le travail des entraîneurs est actuellement <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/21640629.2017.1375187">décrit par la recherche</a> comme un travail émotionnel intense, qui nécessite d’être mieux connu, ne serait-ce que pour mieux comprendre les réactions de ces acteurs essentiels du sport, souvent surexposés médiatiquement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-sa-sante-mentale-et-son-bien-etre-quelles-activites-sportives-privilegier-214016">Pour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?</a>
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<h2>Le travail émotionnel</h2>
<p>Le travail émotionnel peut être défini comme un effort pour réguler ses émotions afin de les mettre en adéquation avec les exigences de la situation vécue. Né des travaux de la sociologue américaine <a href="https://www.cairn.info/revue-travailler-2003-1-page-19.htm">Arlie Hochschild</a> dans les années 1980, ce concept s’est développé avec l’intention de souligner que les métiers liés aux services, souvent occupés par des femmes, s’avèrent très exigeants d’un point de vue émotionnel.</p>
<p>Le travail émotionnel a ensuite été analysé dans des domaines professionnels de plus en plus diversifiés, allant de l’hôtellerie à l’enseignement, en passant par le management ou la santé. Considéré comme un contexte particulièrement sollicitant d’un point de vue émotionnel, le sport de haut niveau fait aussi l’objet <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1260/1747-9541.10.2-3.561">d’une attention particulière</a>.</p>
<p>Tenus de respecter les règles d’interactions spécifiques à leur métier, les entraîneurs professionnels sont parfois obligés d’afficher des émotions qu’ils ne ressentent pas réellement (effort que l’on nomme jouer un « jeu en surface »), ou de faire un effort sur eux-mêmes pour changer les émotions qu’ils ressentent (ils jouent alors un « jeu en profondeur »). Par exemple, un entraîneur déçu de la défaite de son équipe peut masquer ses émotions négatives face à ses joueurs (« jeu en surface ») ou relativiser sa déception en se disant que les adversaires étaient particulièrement performants (« jeu en profondeur »). Dans d’autres cas, ils expriment leurs émotions sans tenter d’en modifier l’expression ou le ressenti (« expression authentique »).</p>
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<p>Depuis les années 2000, des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1260/1747-9541.10.2-3.561">travaux</a> ont révélé que ces trois stratégies – le jeu en surface, le jeu en profondeur et l’expression authentique – ne comportent pas les mêmes coûts psychologiques. Autrement dit, il est plus aisé d’exprimer sincèrement ce que l’on ressent plutôt que de lutter pour y faire face. Le jeu en surface ferait courir un risque de mal-être, voire de <em>burnout</em>, quand l’expression des émotions authentiquement vécues constituerait la stratégie de travail émotionnel la plus favorable à la satisfaction au travail.</p>
<p>Des travaux conduits auprès d’un entraîneur de handball de haut niveau français ont récemment nourri une approche psychologique permettant de décrire trois composantes du travail émotionnel en <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21520704.2023.2166183">contexte de coaching</a> : la source de l’émotion (ou « inducteur émotionnel »), la nature de l’émotion ressentie, et la régulation mise en œuvre pour y faire face. Dans cette perspective, le travail émotionnel de l’entraîneur de haut niveau ne peut être compris en dehors du contexte (recherche de performance, pression médiatique, etc.) dans lequel il émerge.</p>
<h2>Les inducteurs de l’émotion</h2>
<p>Éléments saillants au sein d’environnements complexes et fluctuants, les inducteurs déclenchent l’expérience émotionnelle du professionnel. Lorsque Pep Guardiola exprime sa tristesse <a href="https://yop.l-frii.com/cest-une-triste-nouvelle-pep-guardiola-totalement-assomme/">au micro de journalistes en août 2023</a>, nous comprenons qu’elle provient de la situation d’un de ses joueurs, David Silva. Suite à une grave blessure, ce dernier a été contraint de <a href="https://www.rtbf.be/article/victime-dune-grave-blessure-david-silva-prend-sa-retraite-a-37-ans-11233670">mettre fin à sa carrière</a>.</p>
<p>Plus généralement, les émotions des entraîneurs de haut niveau sont susceptibles d’être induites par une diversité d’éléments de contexte allant bien au-delà de ce que les médias affichent habituellement.</p>
<p>Un récent rapport sur les <a href="https://www.insep.fr/sites/default/files/media/downloads/RapportStats-CTEHN-2019.pdf">conditions de travail des entraîneurs de haut niveau en France</a> a révélé que les relations avec les athlètes constituaient un inducteur majeur d’émotions positives au travail. Autrement dit, le plaisir et la satisfaction dans le métier proviennent tout particulièrement de la relation entraîneur-entraîné.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pep Guardiola, entraineur de Manchester City, traversé par des émotions contradictoires en 2021 : la joie de remporter le championnat et la tristesse de voir son joueur Sergio Agüero quitter le club.</span></figcaption>
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<p>À l’inverse, l’insatisfaction des entraîneurs proviendrait notamment d’une difficulté à concilier la vie professionnelle et la vie familiale, d’un manque de reconnaissance ou des contraintes imposées par leur travail. La documentation des inducteurs des émotions des entraîneurs en <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21520704.2023.2166183">psychologie du sport</a> rejoint les résultats de <a href="https://www.insep.fr/sites/default/files/media/downloads/RapportStats-CTEHN-2019.pdf">cette enquête</a> en montrant notamment que les dimensions relationnelles du métier occupent une place majeure dans la vie des entraîneurs. Joueurs, arbitres, staff, dirigeants, médias, l’ensemble du système social entourant l’entraîneur est générateur d’émotions plus ou moins positives et intenses. Dans ce paysage, les résultats sportifs suscitent des émotions, mais ils sont loin d’être les seuls.</p>
<h2>L’expérience émotionnelle de l’entraîneur</h2>
<p>Les entraîneurs en sport de haut niveau sont confrontés quotidiennement à un large panel d’émotions positives et négatives plus ou moins intenses selon les évènements vécus. <a href="https://www.ffhandball.fr/actualite/lactualite-du-hand/entretien-du-lundi/entretiendulundi-guillaume-gille-7/">Une interview</a> de l’entraîneur français de handball Guillaume Gille suite au mondial de handball à Stockholm illustre cette diversité d’émotions ressenties par l’entraîneur. La frustration liée à une défaite en finale n’efface pas la joie d’avoir livré de belles performances nourries par un état d’esprit positif des joueurs.</p>
<p>En psychologie du sport, les émotions restent le plus souvent appréhendées du point de vue des joueurs, afin de montrer les liens qu’elles entretiennent <a href="https://kids.frontiersin.org/articles/10.3389/frym.2022.691706">avec la performance</a>. Le coaching sportif a quant à lui surtout été étudié comme une activité rationnelle valorisant les connaissances, et l’analyse des forces et des faiblesses d’une situation pour prendre une décision, avec une visée d’efficacité maximale. Néanmoins, de récentes études ont mis en évidence que l’émotion ne devait pas être nécessairement contrôlée ou désactivée pour faire des choix pertinents. Loin d’être dangereuses, les émotions jouent un <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.936140/full">rôle essentiel</a> en plaçant l’entraîneur en état d’alerte et en le conduisant, comme ses joueurs, à utiliser <a href="https://theconversation.com/la-performance-sportive-une-histoire-dintuition-214978">son intuition à bon escient</a>.</p>
<p>Ainsi, les expériences vécues dans le cadre du métier comportent toutes une part d’émotions, même si leur intensité varie selon l’évaluation que <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/21640629.2017.1375187">l’entraîneur en fait</a>.</p>
<h2>La régulation des émotions</h2>
<p>Lorsqu’il ressent une émotion, l’entraîneur effectue un travail afin de se mettre en conformité avec les attentes liées à la situation vécue. L’entraîneur de handball Thierry Anti s’est prêté au jeu de réaliser un <a href="https://www.decitre.fr/livres/encyclopedie-des-sports-collectifs-regards-croises-entre-recherche-et-intervention-9782910448318.html">entretien</a> avec des chercheurs en psychologie du sport après des matchs à forts enjeux vécus lorsqu’il était en charge du PAUC (Pays d’Aix Université Club).</p>
<p>Au début d’un match, l’un de ses joueurs a réalisé une action contraire aux consignes qui avaient été données en amont, faisant perdre le ballon à son équipe. Lors de l’entretien, l’entraîneur a exprimé avoir ressenti beaucoup de colère, mais à l’avoir masquée en raison du contexte (début de match, risque de perturbation des joueurs, etc.). Pour autant, les émotions qu’il a ressenties l’ont mis en alerte vis-à-vis de ce joueur et plus généralement de son équipe, l’amenant à réaliser des choix de rotation qu’il n’aurait sans doute pas effectués dans une autre configuration.</p>
<p>La mise en évidence des mécanismes liés à cette régulation des émotions est au cœur des travaux menés sur le travail émotionnel dans une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1260/1747-9541.10.2-3.561">approche psychologique</a>. Si des relations ont été démontrées concernant les stratégies de travail émotionnel et le coût psychologique pour l’entraîneur, il reste de nombreuses zones d’ombre relatives à l’influence du contexte sur ce travail émotionnel. Par exemple, une des thèses réalisées dans <a href="https://www.theses.fr/s305292">notre équipe de recherche</a> porte sur les relations entre les émotions des entraîneurs de handball et les décisions qu’ils prennent pour infléchir le cours d’un match lors de situations à fort enjeu.</p>
<p>Finalement, ces travaux en psychologie du sport montrent toute la complexité et la finesse du travail d’un entraîneur de haut niveau et mettent en avant la place des émotions dans le développement de son expertise. Nos premières avancées <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21520704.2023.2166183">fournissent déjà des pistes prometteuses</a> pour nourrir la formation initiale et continue de ces acteurs clés dans la quête du très haut niveau.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216200/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les entraîneurs professionnels sont parfois obligés d’afficher des émotions qu’ils ne ressentent pas réellement ou de faire un effort sur eux-mêmes pour changer les émotions qu’ils ressentent.Oriane Petiot, Enseignant-chercheur en psychologie du sport et de l'éducation, Université de Bretagne occidentale Gilles Kermarrec, Professeur des Universités en Psychologie du Sport et de l'Education, Université de Bretagne occidentale Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2175812023-11-20T17:09:23Z2023-11-20T17:09:23ZPourquoi mon enfant est-il sage chez les autres mais fait-il des colères à la maison ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/559051/original/file-20231108-17-pz2e5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=15%2C31%2C5307%2C3511&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il arrive à tous les enfants, même aux mieux élevés, de se comporter mal de temps en temps.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/girl-in-white-and-black-crew-neck-shirt-_-uN7DbAE-o">Xavi Cabrera/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Peut-être en tant que parents connaissez-vous ce scénario : votre enfant se comporte bien à l’école, il est poli avec ses professeurs, mais, une fois rentré à la maison, il fait une crise l’après-midi.</p>
<p>Chez son ami, il dit « s’il vous plaît » et « merci » chez un ami, mais en famille, il se montre grossier. Il respecte les règles lorsqu’il rend visite à un voisin mais, à la maison, il faut constamment lui rappeler de ne pas claquer les portes et de ne pas se servir librement dans la cuisine.</p>
<p>Comment expliquer ce décalage d’attitudes ? Que faire pour y remédier ?</p>
<h2>Les enfants prennent très tôt conscience des effets de leur comportement</h2>
<p>Il arrive à tous les enfants, même aux mieux élevés, de se comporter mal de temps en temps.</p>
<p>Lorsque les jeunes enfants sont fatigués, par exemple après une séance de jeu ou une longue journée à la crèche ou à l’école, ils peuvent devenir irritables et turbulents. Les enfants sont aussi naturellement <a href="https://raisingchildren.net.au/babies/play-learning/learning-ideas/learning-baby-to-preschool">curieux</a> et peuvent parfois mal se comporter juste pour tester les effets de leur comportement.</p>
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<img alt="Un enfant saute sur un divan" src="https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558528/original/file-20231108-19-2yqpof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les enfants peuvent mal se comporter juste pour tester leur entourage et voir ce qui se passe.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/anonymous-child-having-fun-on-sofa-in-living-room-4740511/">Ksenia Chernaya/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Cependant, certains enfants semblent se comporter systématiquement plus mal quand ils sont chez eux. Pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire de s’arrêter sur ce qui les motive à réagir de cette façon.</p>
<p>Dès tout-petits, les enfants s’aperçoivent que chacun de leurs comportements peut avoir des effets sur leur environnement. Par exemple, les bébés réalisent vite que les pleurs sont un moyen très efficace de signaler leur détresse. Les parents apprennent rapidement à changer une couche mouillée ou à nourrir leur enfant lorsqu’il pleure. Lorsqu’un bébé sourit, l’adulte lui rend en général son sourire et le cajole.</p>
<p>Les enfants comprennent donc sans tarder que leur comportement peut être un moyen efficace de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/development-and-psychopathology/article/influential-child-how-children-affect-their-environment-and-influence-their-own-risk-and-resilience/6DA2FB300B9DF3CD5EB5FB9EF5916">contrôler les actions des autres</a>.</p>
<h2>Les récompenses des mauvais comportements</h2>
<p>Le comportement des enfants, qu’il soit souhaitable ou indésirable, est influencé par les <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-94598-9_4">conséquences</a> qu’il entraîne.</p>
<p>Parfois, les réactions des parents ou des frères et sœurs peuvent accidentellement récompenser un mauvais comportement, et les enfants en déduisent que cette façon d’agir est payante.</p>
<p>Ainsi, les enfants peuvent prendre conscience que, lorsqu’ils ne font pas ce qu’on leur demande, ils reçoivent une attention particulière de la part de leurs parents. Celle-ci peut prendre la forme d’une discussion, d’une dispute ou d’une répétition répétée des instructions. Les adultes ne considèrent peut-être pas cela comme une « récompense », mais les enfants voient de leur côté que leur père ou leur mère leur consacre du temps.</p>
<p>Les enfants peuvent également réaliser qu’ils ont plus de chances d’obtenir un appareil électronique quand ils se plaignent et pleurnichent. Dans ce scénario, l’enfant arrive à ses fins et le parent est soulagé de lui avoir cédé l’iPad parce qu’il met fin à un bruit très irritant (du moins à court terme). Comme l’enfant et le parent tirent tous deux un avantage de la situation, cette interaction est susceptible de se reproduire.</p>
<h2>Pourquoi les enfants sont-ils plus sages à l’école ?</h2>
<p>Lorsque les enfants se trouvent en présence de personnes qui leur sont moins familières, ils ne savent pas comment celles-ci vont réagir ni quel comportement serait récompensé. Dans ces <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4339261/">circonstances</a>, il est courant que les comportements indésirables soient moins fréquents, du moins temporairement.</p>
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<img alt="Des enfants lèvent la main en classe." src="https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558546/original/file-20231109-17-5up1dt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’école a l’avantage de proposer des routines fixes et des modèles de comportement positifs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/students-inside-a-classroom-in-the-school-4936021/">Arthur Krijgsman/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Les enfants peuvent également mieux se comporter à l’école qu’à la maison du fait de la bonne organisation mise en place par les enseignants. Les enfants y sont occupés par une variété d’activités intéressantes, les attentes en matière de comportement sont bien formalisées et les bonnes attitudes sont clairement récompensées par de l’attention, des félicitations, de petites gratifications matérielles comme des jetons.</p>
<p>Les enfants ont également tendance à <a href="https://parents.au.reachout.com/common-concerns/everyday-issues/things-to-try-peer-pressure/encourage-positive-peer-pressure">imiter le comportement de leurs pairs</a>, en particulier s’ils voient que cela <a href="https://www.canr.msu.edu/news/monkey_see_monkey_do_model_behavior_in_early_childhood">donne des résultats</a>, comme le fait d’obtenir l’attention de l’enseignant ou d’accéder à des activités prisées.</p>
<h2>Comment les parents peuvent-ils inciter leurs enfants à mieux se comporter à la maison ?</h2>
<p>La bonne nouvelle, c’est que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0005789416300624">si les enfants se comportent bien dans un contexte</a>, nous savons qu’ils sont capables de faire de même à la maison.</p>
<p>Les parents peuvent évaluer dans quelle mesure les enfants ont besoin de se détendre à la maison tout en attendant d’eux qu’ils soient polis et respectent les règles. Avec quelques <a href="https://academic.oup.com/book/1250/chapter-abstract/140180334">ajustements</a>, il est généralement possible d’observer une nette amélioration du comportement.</p>
<p>Voici quelques mesures pratiques que peuvent prendre les parents :</p>
<ul>
<li><p><strong>Instaurez des routines</strong> : Il peut s’agir de permettre à votre enfant de se détendre et de se relaxer, de lui donner une collation saine, puis de lui proposer une activité attrayante lorsqu’il rentre de l’école ou d’une sortie. La routine facilite le passage d’un environnement à l’autre pour tout le monde. C’est encore mieux si la routine inclut des activités – comme le coloriage ou une course à l’extérieur – qui sont apaisantes ou qui permettent de brûler de l’énergie.</p></li>
<li><p><strong>Établissez des règles de vie simples</strong> : Il s’agit d’indiquer clairement à votre enfant comment vous attendez de lui qu’il se comporte, comme « ranger ses jouets ».</p></li>
<li><p><strong>Prenez acte des efforts de bonne conduite</strong> : Faites savoir à votre enfant qu’il a fait ce qu’il fallait, en décrivant ce qui vous satisfait (« vous partagez si gentiment le jouet tous les deux »). Il y a ainsi plus de chances que le comportement se reproduise.</p></li>
<li><p><strong>Passez régulièrement de petits moments avec votre enfant</strong> : Cela montre que vous êtes là pour lui et qu’il n’a pas besoin d’être plus bruyant ou de faire des bêtises pour attirer votre attention. Le fait de passer souvent de petits moments avec votre enfant – ne serait-ce qu’une ou deux minutes – au cours de la journée est un moyen efficace de renforcer votre relation et de prévenir les problèmes de comportement.</p></li>
<li><p><strong>Avoir des attentes réalistes</strong> : Le changement est plus facile si vous vous concentrez sur un ou deux objectifs à la fois. En outre, lorsque vous vous efforcez d’améliorer le comportement de votre enfant, attendez-vous à des revers occasionnels. Aucun enfant (ou parent) n’est parfait !</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/217581/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Trevor Mazzucchelli est co-auteur de « Stepping Stones Triple P - Positive Parenting Program » et consultant auprès de Triple P International. Triple P International (TPI) Pty Ltd est une société privée autorisée par UniQuest Pty Ltd, au nom de l'UQ, à publier et à diffuser Triple P dans le monde entier. Il n'est ni actionnaire ni propriétaire de TPI, mais il a reçu et pourrait recevoir à l'avenir des redevances et/ou des honoraires de conseil de la part de TPI. TPI n'a pas participé à la rédaction de cet article.</span></em></p>Votre enfant se comporte bien à l’école, il est poli en classe mais, une fois à la maison, il fait une crise. Comment expliquer de telles différences de conduite ?Trevor Mazzucchelli, Associate professor, Curtin UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2156092023-11-09T16:41:01Z2023-11-09T16:41:01ZAutisme : avoir un animal domestique est bon pour les enfants et leur famille<p>Selon l’Organisation mondiale de la santé, un <a href="https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/autism-spectrum-disorders-(asd)">enfant sur 100 serait aujourd’hui diagnostiqué avec un trouble du spectre de l’autisme</a> (TSA).</p>
<p>Ce trouble entraîne des difficultés plus ou moins marquées à communiquer et à interagir avec autrui. Ces enfants peinent à reconnaître les émotions de l’autre, et à comprendre comment ils se sentent, ainsi qu’à entamer et maintenir une interaction, discuter, etc. </p>
<p>Ils manifestent aussi des comportements et des intérêts que l’on dit <a href="https://www.psychiatry.org/psychiatrists/practice/dsm">« répétitifs et/ou restreints »</a> : ils peuvent devenir très experts dans un domaine qui leur plaît, préfèrent que leur environnement reste inchangé, ont des gestes répétitifs comme se balancer sur soi, battre des mains, sautiller, etc.</p>
<p>Les enfants avec TSA sont aussi souvent affectés par une hyper- ou une hyposensibilité sensorielle : ils peuvent alors être extrêmement sensibles et gênés par les stimulations de leur environnement, ou au contraire ne pas y réagir du tout.</p>
<p>Toutes ces difficultés leur posent des défis permanents, non seulement dans leur capacité à fonctionner et évoluer dans leur quotidien, mais aussi dans leur capacité à établir des relations avec les autres. Toutefois, l’adoption par la famille d’un animal pourrait améliorer la situation. Explications.</p>
<h2>Des bienfaits remarqués de longue date</h2>
<p>C’est dans les années 1950 que Boris Levinson, un pédopsychiatre américain, rapporte pour la première fois les <a href="https://psycnet.apa.org/record/1980-03089-001">bienfaits de la présence d’un chien lors des séances qu’il réalisait avec un jeune garçon avec TSA</a>.</p>
<p>Les recherches sur les apports des animaux pour les enfants avec TSA ne débuteront cependant <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2793790/">qu’à la fin des années 1980</a>. Depuis, les connaissances accumulées indiquent que les animaux peuvent effectivement jouer un rôle particulier pour ces enfants.</p>
<p>En effet, non seulement la plupart des enfants avec TSA montrent un attrait spontané envers les animaux, mais de plus, certaines des difficultés qu’ils rencontrent dans l’interaction avec l’humain <a href="https://www.cairn.info/revue-la-revue-internationale-de-l-education-familiale-2022-1-page-157.htm?ref=doi">ne se retrouvent pas avec l’animal</a>. C’est par exemple le cas des difficultés à initier l’échange, à regarder le visage, à effectuer des contacts « œil à œil », ou à <a href="https://theconversation.com/spectre-de-lautisme-quand-il-est-plus-facile-de-lire-les-emotions-chez-les-animaux-que-chez-les-humains-181913">reconnaître les émotions</a>.</p>
<p>L’intégration d’un animal dans le quotidien de l’enfant avec TSA, qu’il s’agisse d’un animal de compagnie ou d’un chien d’assistance peut avoir de nombreux effets positifs sur leur développement, résultant de la relation particulière que ces enfants peuvent entretenir avec lui.</p>
<p>Les études révèlent non seulement des apports similaires à ce qui est observé chez l’enfant sans TSA, mais également que ces bienfaits iraient au-delà. Nous pouvons les décliner en quatre sphères d’action principales : la communication et les interactions, le bien-être, les comportements problèmes, le jugement et les regards externes.</p>
<h2>Meilleures capacités de communication et d’interactions sociales</h2>
<p>Dans un premier temps, il nous faut évoquer les bienfaits sur la sphère des compétences de communication et d’interaction sociale de l’enfant, une sphère affectée par le TSA.</p>
<p>Similairement à tout enfant, grandir auprès d’un animal permet à l’enfant avec TSA d’évoluer avec un être <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25308197/">qui est un véritable partenaire d’interaction et avec qui il pourra établir une relation signifiante</a>.</p>
<p>La recherche nous montre également que la présence de l’animal peut être un amplificateur du développement de ces enfants. En effet, après l’arrivée d’un animal de compagnie dans la famille, les enfants avec TSA montrent une amélioration de la communication et du langage. Ils sont <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0041739">plus réciproques dans l’interaction</a>, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00469580231195029?icid=int.sj-abstract.citing-articles.19">et montrent</a> plus de comportements <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33290937/">d’aide et de soutien envers l’autre</a>.</p>
<p>Dans une étude que nous avons publiée en 2022, en utilisant un système permettant l’enregistrement du regard, nous avons pu montrer que des enfants avec TSA vivant avec un chien d’assistance depuis plusieurs années ont de meilleures stratégies pour <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.869452/full">reconnaître l’émotion lorsqu’ils regardent les visages humains</a> (comparativement à des enfants avec TSA vivant sans chien d’assistance). Plus concrètement, cela signifie qu’ils ont notamment davantage tendance à regarder la bouche pour reconnaître la joie et les yeux pour la colère.</p>
<h2>Bien-être amélioré</h2>
<p>Les bénéfices pour le bien-être des enfants avec TSA constituent également un important apport de la vie avec un animal. Ils peuvent s’attacher à leur animal, et celui-ci sera une source de compagnie et de réconfort, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30259286/">réduisant leur solitude et leur détresse</a>. Mieux encore, les recherches démontrent même que les enfants avec TSA qui ont un animal ont non seulement une meilleure humeur générale, mais ont aussi <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40489-020-00227-6">moins de problèmes d’anxiété et de symptômes dépressifs</a>.</p>
<p>On observe par exemple que dans les semaines qui suivent l’arrivée d’un chien d’assistance dans la famille, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20189722/">taux de cortisol</a> – parfois aussi appelée « hormone du stress » – des enfants avec TSA diminuent. La présence d’un animal a également des effets <a href="https://pure.ulster.ac.uk/en/publications/experiences-of-family-life-with-an-autism-assistance-dog-3">sur la confiance en soi et l’estime de soi de ces enfants</a>.</p>
<h2>Comportements problèmes atténués</h2>
<p>Le TSA est très fréquemment associé à l’expression de « comportements défis », qui sont des comportements pouvant être dangereux pour l’individu ou son environnement, et/ou qui interfèrent sur sa capacité à pratiquer des activités de la vie quotidienne : crises, fugues, comportements d’opposition, auto-stimulations et stéréotypies (comportements tels que secouer ou agiter les mains, balancer le corps, se cogner la tête, se mordre, frapper certaines parties du corps, etc.).</p>
<p>L’expression de ces comportements est souvent liée à une difficulté à faire face à la situation, autrement dit une difficulté à la comprendre, ou à réagir face à un surplus de stimulations, à une frustration…</p>
<p>Il a pu être montré que l’arrivée d’un animal dans la famille, en particulier d’un chien d’assistance, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18955467/">a pour effet de</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22978246/">réduire l’expression de ces comportements</a>. Cette atténuation des comportements problèmes a par ailleurs des conséquences positives sur la qualité de vie de l’enfant.</p>
<h2>Modification du jugement et des regards extérieurs</h2>
<p>En raison de leurs comportements atypiques et de leurs difficultés à respecter les normes d’interactions, les enfants avec TSA sont souvent jugés et laissés à l’écart. La littérature scientifique révèle que la présence d’un animal au côté de l’enfant a pour effet d’attirer les autres personnes vers lui et de promouvoir des interactions sociales positives.</p>
<p>En outre, la cape ou le harnais distinctifs que portent les chiens d’assistance présentent aussi un autre bénéfice : ils permettent une identification du handicap invisible par les personnes alentour, ce qui diminue leur éventuelle propension à porter un jugement négatif et encourage la bienveillance vis-à-vis de l’enfant et de ses comportements atypiques.</p>
<h2>Des bénéfices pour l’ensemble de la famille</h2>
<p>Au-delà de ces quatre sphères d’effets sur l’enfant avec TSA (communication et interactions, bien-être, comportements problèmes, jugement et regards externes), les bénéfices de la présence de l’animal s’étendront également au reste de la famille.</p>
<p>Il est en particulier observé que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S155878781630034X">suite à l’arrivée d’un animal dans la famille</a> les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33069669/">parents ont moins</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27986514/">d’anxiété et de stress</a>. De manière plus générale, la présence d’un animal contribuerait aussi <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08927936.2015.1070003">à un meilleur fonctionnement familial dans les foyers d’enfants avec TSA</a>.</p>
<p>Malgré tous ces bienfaits potentiels, il est important de ne pas concevoir l’animal comme « une pilule magique ». En effet, différentes recherches nous indiquent que ces effets dépendraient directement de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32130592/">l’attachement et de la qualité de relation</a> <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0041739">que l’enfant avec TSA établit avec l’animal</a>.</p>
<p>Or à l’instar des enfants sans TSA, tous les enfants avec TSA n’ont pas le même attrait envers les animaux, tout comme, tous ne développent pas la même relation avec leur animal. Le type d’interaction qui se met en place, le degré d’attachement à l’animal ou l’autonomie de l’enfant à s’en occuper varient.</p>
<p>Ainsi, les familles d’enfants avec TSA souhaitant intégrer un animal auraient intérêt à s’assurer, avant de franchir le pas, de l’attrait ou de l’envie de leur enfant. Il serait aussi judicieux de vérifier que l’animal envisagé a bien un profil adéquat pour leur enfant, que ce soit en matière de comportements par rapport aux besoins de l’enfant ou de compatibilité de personnalités.</p>
<p>Cela maximiserait les chances qu’une relation forte s’établisse au sein du duo formé par l’enfant et son animal, optimisant ainsi les chances de succès et d’émergence de bienfaits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215609/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Dollion a reçu des financements de la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, la région Bretagne, l'Association Handi'Chiens et la Fondation Mira. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marine Grandgeorge a reçu des financements de différents organismes dont la Fondation AP Sommer, la Région Bretagne, l'association Handi'chiens, la Fondation MIRA, l'IFCE et l'université de Rennes. </span></em></p>Les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme vivant avec un animal voient s’améliorer leur bien-être et leur capacité à interagir, tandis que leurs comportements problèmes s’atténuent.Nicolas Dollion, Maitre de conférences Psychologie du développement - chercheur au laboratoire C2S (EA 6391), Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Marine Grandgeorge, Ethologie, Relation Homme - Animal, Médiation Animale, Développement typique et atypique, Université de Rennes 1 - Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2164622023-11-09T16:39:04Z2023-11-09T16:39:04ZPourquoi les jeunes enfants veulent-ils tant jouer avec leurs parents ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556061/original/file-20230919-21-y0kkku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C24%2C5474%2C3600&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Suivre un scénario de jeu aide les enfants à se concentrer.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/search/mum%20playing%20with%20child/?orientation=landscape">Ron Lach/Pexels</a></span></figcaption></figure><p>Les plus jeunes enfants adorent solliciter leurs parents pour jouer. Mais quand on est très occupés, c’est souvent difficile d’arriver à se rendre disponible.</p>
<p>Entre la gestion du foyer, le travail et la recherche d’un peu de temps pour soi, les parents n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre ni d’énergie pour jouer aux princesses et aux dragons ou aux ninjas footballeurs.</p>
<p>Pourtant, ces moments de jeux en famille sont très importants, voici comment les aborder et laisser les enfants prendre l’initiative.</p>
<h2>Comment le jeu contribue au développement des enfants</h2>
<p>Les enfants adorent jouer. Pour eux, ce n’est pas seulement un moyen de s’amuser, c’est aussi leur <a href="https://www.jstor.org/stable/j.ctvjf9vz4">principal moyen de découverte du monde</a>.</p>
<p>Il existe de nombreux types de jeux. Par exemple, il peut s’agir de manipuler des objets, comme de la pâte à modeler. Il peut aussi s’agir d’un jeu imaginaire, où les enfants font semblant d’être des mamans, des papas ou des bébés.</p>
<p>Dans le jeu, les enfants utilisent leur environnement pour imaginer et créer un autre monde. Un bloc devient un téléphone, une table une maison et un jardin la demeure d’un dragon.</p>
<p>Garder à l’esprit un thème imaginaire et créer une séquence d’actions et un langage approprié pour le mettre en œuvre demande un effort intellectuel considérable. Les enfants sont alors plus performants que lorsqu’ils sont engagés dans d’autres activités <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1700947/">qu’ils ne dirigent pas</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Jeux de mains entre une mère et son enfant" src="https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548935/original/file-20230919-23-jwvmza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les enfants apprennent en jouant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/a-child-playing-with-her-mother-7879519/">Barbara Olsen/Pexels</a></span>
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</figure>
<p>Par le jeu, les enfants apprennent à vérifier leurs hypothèses et à résoudre les problèmes qu’ils rencontrent. Les parents remarqueront que les scénarios des enfants concernent généralement le monde dans lequel ils vivent. C’est pourquoi ils font semblant d’être des familles, des animaux de compagnie ou encore d’autres figures du quotidien comme les commerçants, les médecins ou les infirmières.</p>
<p>Ces thèmes peuvent sembler banals aux parents (voire ennuyeux). Pourtant, pour les enfants, ce sont des occasions passionnantes d’explorer leur monde, de découvrir les différents rôles qu’ils voient autour d’eux et de rassembler dans le jeu des idées apprises dans des contextes variés.</p>
<h2>Un atout pour la concentration et les compétences émotionnelles</h2>
<p>Les enfants sont souvent considérés comme ayant une courte durée d’attention. Pourtant, dans le jeu <a href="https://www.pearson.com/en-au/media/yfcpe1ax/9780205149766.pdf">ils peuvent suivre une idée</a> qu’ils ont choisie pendant plus longtemps que lorsqu’ils participent à des activités menées par des adultes.</p>
<p>Le développement de la capacité à maintenir l’attention sur cette idée dans le jeu et à ignorer les autres stimuli renforce la <a href="https://www.cambridge.org/core/books/neovygotskian-approach-to-child-development/689200D25144E7D415A0ADE3FF93FB6D">capacité d’autorégulation de l’enfant</a>.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/how-to-help-young-children-regulate-their-emotions-and-behaviours-during-the-pandemic-137245">L’autorégulation</a> – la capacité à contrôler ses émotions et ses actions – est importante dans l’apprentissage, à l’école et sur le plan social et émotionnel.</p>
<p>Le jeu est également <a href="https://www.scribd.com/document/257834585/awakening-children-s-mind-pdf">au cœur du développement du langage</a>. Il permet aux enfants d’utiliser les mots et les idées qu’ils entendent dans leur vie quotidienne et de les expérimenter dans des environnements imaginaires. En jouant, ils peuvent se parler à eux-mêmes pour guider leur réflexion.</p>
<h2>Le rôle des adultes dans le jeu</h2>
<p>Les enfants âgés de 18 mois à 8 ans environ veulent jouer avec leurs parents. Ces derniers sont le centre de leur univers, jusqu’à ce que leur attention se porte de plus en plus sur leurs camarades.</p>
<p>Ils veulent le faire parce que cela contribue à leur apprentissage et à leur développement. Les parents <a href="https://www.scribd.com/document/257834585/awakening-children-s-mind-pdf">peuvent anticiper</a> la pensée de leur enfant et créer un sens commun d’une manière dont ses camardes du même âge ne sont pas capables. Le sens qui est partagé permet de poursuivre le jeu et le rend plus intéressant.</p>
<p>Le rôle d’un parent est d’aider son enfant à jouer. Cela signifie qu’il est important que les adultes laissent les enfants prendre les décisions. Les parents peuvent initier le jeu, faire des suggestions ou fournir des accessoires. Mais pour que l’activité soit considérée comme un « jeu », ce sont les enfants qui doivent prendre les décisions et donner la direction.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1700947/">Les recherches montrent que</a> lorsqu’un adulte tente de contrôler le jeu, les enfants sont distraits et s’en désintéressent rapidement.</p>
<p>Le jeu n’est pas une instruction (il ne s’agit pas d’enseigner à votre enfant comment faire quelque chose). Nous avons tous connu des situations où l’on nous parlait, où l’on ne discutait pas avec nous et où nous avions probablement beaucoup plus de mal à nous concentrer.</p>
<p>Les enfants <a href="https://www.jstor.org/stable/j.ctvjf9vz4">ont besoin de ce contrôle</a> parce qu’en jouant, ils opèrent exactement au niveau auquel ils sont le mieux à même d’apprendre. Les suggestions d’un adulte ou d’un enfant plus âgé peuvent toutefois amener le jeu de l’enfant à un niveau supérieur. Celui-ci devient alors plus stimulant intellectuellement que si l’enfant jouait seul ou avec ses pairs.</p>
<h2>À quelle fréquence jouer avec son enfant ?</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="A man peeks in the window of a cardboard cubby with a young child inside." src="https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548933/original/file-20230919-27-1nvz7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jouer régulièrement avec votre enfant peut lui donner un sentiment d’autonomie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/a-man-playing-with-his-little-daughter-3933232/">Tatiana Syrikova/Pexels</a></span>
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</figure>
<p>Sur presque tous les aspects de leur journée – quand se lever, quand s’endormir, quoi manger – les enfants doivent suivre les instructions des adultes. Le fait d’avoir un temps de jeu régulier pendant lequel ils dirigent, décident d’une activité et de son déroulement, leur donne du pouvoir et un sentiment de contrôle sur leur vie.</p>
<p>Mon travail d’enseignante professionnelle et d’universitaire spécialisée dans la petite enfance m’a montré que lorsque les parents – en particulier ceux qui sont préoccupés par le comportement de leur enfant – consacrent plus de 30 minutes par jour (ou tous les deux jours) à ces échanges sous forme de jeu, ils constatent que leur enfant est plus heureux et se laisse plus facilement guider dans d’autres aspects de leur vie. Leur relation s’en trouve également renforcée.</p>
<p>Tous les parents ne peuvent y parvenir. Mais <a href="https://www.scribd.com/document/257834585/awakening-children-s-mind-pdf">trouver un temps de jeu régulier</a> quand vous le pouvez en vaut la peine.</p>
<p>Les parents qui jouent avec leurs enfants peuvent constater que cela leur ouvre une fenêtre précieuse sur la pensée, les intérêts et le monde de leurs enfants.</p>
<p>Si vous voulez prendre part au jeu, faites-le pleinement. Rangez votre téléphone – et asseyez-vous par terre ou suivez votre enfant là où il joue. Vous montrerez ainsi à votre enfant que vous voulez vraiment participer. Et peut-être qu’après ces moments privilégiés, les enfants accepteront plus facilement que leurs parents s’accordent aussi du temps à eux-mêmes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216462/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Victoria Whitington ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les jeunes enfants sollicitent souvent leurs parents pour jouer. Si ceux-ci n’en ont pas toujours le temps, quel rôle adopter quand ils le peuvent ? Qu’est-ce que leur présence apporte à l’enfant ?Victoria Whitington, Associate Professor in Education Futures (Adjunct), University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2152752023-10-17T19:33:27Z2023-10-17T19:33:27ZLes cours d’empathie peuvent-ils être bénéfiques ?<p>Après le suicide d’un adolescent victime de <a href="https://www.ouest-france.fr/faits-divers/harcelement/suicide-dun-eleve-a-poissy-la-mere-de-nicolas-sexprime-pour-la-premiere-fois-depuis-le-drame-c3820eda-554a-11ee-b55d-68f068d3efb5">harcèlement scolaire</a>, le <a href="https://www.dailymotion.com/video/x8od7i5">ministre de l’Éducation nationale</a> a décidé de mettre en place des « cours d’empathie » dans les écoles.</p>
<p>À l’instar des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/424452/document_file/494874_spf00003620.pdf">compétences psychosociales</a>, <a href="https://theconversation.com/cultiver-lempathie-quelques-cles-pour-aider-les-enfants-a-souvrir-a-lalterite-173376">l’empathie</a> est un levier potentiel de <a href="http://www.psychologie-positive.net/IMG/pdf/Empathie_et_ses_effets_definitif.pdf">mieux vivre et faire ensemble</a>. En encourageant la <a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-science-c-comme-care-158918">prise en compte des autres</a> dans toute leur diversité, l’empathie pourrait jouer un rôle clé dans le processus d’<a href="https://theconversation.com/debat-pourquoi-passer-de-linclusion-a-linclusivite-175373">inclusivité sociale et scolaire</a> en mouvement. Il est cependant important de noter que l’empathie est un concept protéiforme et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003448719303725">multidimensionnel</a> (composantes affective, cognitive, motivationnelle et de régulation) qui suscite des débats et comporte des paradoxes à la fois sur le plan <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/17163?lang=fr">théorique, clinique et moral</a>. On pourrait d’ailleurs parler des <a href="https://www.revue-quartmonde.org/6547#tocto1n1">« empathies »</a>, tant elles sont protéiformes (émotionnelle, cognitive et mature).</p>
<p>En mettant à l’agenda des « cours d’empathie », en s’inspirant de ce qui se fait par exemple au <a href="https://www.francetvinfo.fr/societe/education/danemark-des-cours-d-empathie-pour-lutter-contre-le-harcelement-scolaire_6025601.html">Danemark</a> depuis 2013, il ne faudrait pas penser avoir trouvé une panacée. Se préoccuper de l’empathie exige d’aller au-delà de seuls cours en les inscrivant dans un cadre maitrisé, collaboratif, soutenu et maintenu dans le temps.</p>
<h2>Comment rendre un programme autour de l’empathie opérant ?</h2>
<p>Pour proposer un programme autour de l’empathie qui puisse avoir de réels bénéfices, il est indispensable d’adopter une <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=-4mnEAAAQBAJ">approche systémique</a>. Concrètement, cela signifie qu’il faut prendre en compte la totalité du système – ici scolaire –, les interactions dynamiques et interrelations complexes entre ses différentes composantes, plutôt qu’une mosaïque de situations disjointes. En effet, tout élément d’un système influence et est influencé par les autres éléments du même système.</p>
<p>Une approche systémique évite une organisation cloisonnée, en silo. À l’école, elle suppose que tous les acteurs (élèves, personnels enseignants, non enseignants, famille, partenaires de l’éducation) soient sensibilisés à la relation empathique (dans le cadre de formations entre pairs par exemple). En somme, qu’ils soient en interrelation et partie prenante du projet éducatif projeté. Si la relation empathique est étendue dans un système à la majorité des individus le composant, alors <a href="https://bibliotheque.tbs-education.fr/Default/doc/SYRACUSE/31950/l-intelligence-emotionnelle-au-travail-daniel-goleman-richard-boyatzis-annie-mckee?_lg=fr-FR">« plus puissante sera la transformation »</a>, pour obtenir les effets positifs voulus.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/bn5BwCIRA4M?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Dans ce cadre, quelques précautions s’imposent :</p>
<ul>
<li><p>On ne peut pas plaquer, ni reproduire à l’identique ce qui se fait ailleurs dans un autre contexte, une autre culture et société d’appartenance. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bn5BwCIRA4M">L’adaptabilité est de mise</a> pour l’apprentissage de l’empathie.</p></li>
<li><p>Ce n’est pas l’affaire de quelques-uns (les élèves), cela concerne tout le monde. L’école n’est pas une <a href="https://journals.openedition.org/sociologie/3200">institution totale</a>, les interactions fourmillent aussi hors de ses murs où notre « capital empathique » doit également être sollicité. Une <a href="https://www.cultura.com/p-une-nouvelle-conscience-pour-un-monde-en-crise-vers-une-civilisation-de-l-empathie-9782330010737.html">« civilisation empathique »</a> requiert un Homo-Empathicus – loin de l’<em>Homo œconomicus</em> maximisant sa satisfaction personnelle, son utilité – qui pense global, qui est altruiste.</p></li>
<li><p>Le rapport au temps est primordial : le temps pour soi, pour les autres, pour les loisirs, la culture, les activités physiques et sportives, la famille et les amis doit être pensé en conséquence. À l’école, le <a href="https://curriculum.hypotheses.org/1382">temps curriculaire</a>, des apprentissages et des pauses méridiennes (récréation, restauration…) demandent une organisation collégiale favorable au bien-être individuel et collectif. Or, trop souvent, le temps des institutions n’est pas celui des usagers de l’école… ni des empathies. Le temps de la transmission des connaissances domine trop largement celui du savoir-être et du savoir-faire ensemble.</p></li>
</ul>
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<ul>
<li><p>Les lieux ne peuvent être un impensé. L’empathie est aussi liée aux espaces dans lesquels on évolue, <a href="https://www.cairn.info/revue-administration-et-education-2022-4-page-105.htm">aux émotions qu’ils procurent</a>. Ils ne sont pas de <a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/8422">simples décors</a>. Par exemple, la configuration spatiale de la classe (en îlots, en U, etc.) ou de la cour peut favoriser ou contrarier les interactions corporelles et verbales, et donc l’empathie. Certains sous-espaces sont propices au harcèlement et aux <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2020-3-page-484.htm">jeux dangereux</a>.</p></li>
<li><p>Les parties prenantes doivent être convaincues par le projet et y adhérer librement pour susciter un désir réel de changer. S’il y a intention, il y aura attention à l’autre et donc une meilleure mobilisation.</p></li>
<li><p>Le volume du capital empathique acquis ou conquis peut s’amenuiser au fil du temps s’il n’est pas entretenu dans des conditions favorables à son épanouissement. Éprouver l’autre dans sa diversité, notamment <a href="https://www.educationsantesocietes.net/articles/6957">celles et ceux ayant des besoins éducatifs particuliers</a> est un construit fragile et fragilisant : la relation d’aide empathique impose une implication émotionnelle <a href="https://www.cairn.info/revue-education-permanente-2020-3-page-131.htm">parfois lourde à porter</a>, qui peut mener jusqu’à <a href="https://extranet.puq.ca/media/produits/documents/2100_9782760530058.pdf">l’épuisement professionnel</a>. La rencontre de l’autre demande donc une dynamique partagée, porteuse de sens dans un élan collectif maîtrisé pour éviter toute forme de stress ou d’anxiété.</p></li>
</ul>
<h2>Quelle forme pourrait prendre un « cours » d’empathie ?</h2>
<p>« Eduquer » à l’empathie demande la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24972506/">mobilisation d’au moins trois composantes</a> :</p>
<ul>
<li><p>Le partage des émotions (éveil affectif, stimulation émotionnelle, face-à-face).</p></li>
<li><p>La préoccupation empathique (motivation à se soucier de l’autre), notamment en <a href="https://www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique-2021-3-page-239.htm">régulant son potentiel trop-plein d’émotions</a>.</p></li>
<li><p>La prise de perspective (empathie cognitive, raisonnement social), en adoptant le point de vue de l’autre.</p></li>
</ul>
<p>Si ces différentes dimensions se distinguent tout en étant en interaction, chacune peut être plus ou moins sollicitée selon les besoins. Par exemple, si l’on souhaite développer l’empathie vis-à-vis de personnes en situation de handicap, les composantes à travailler varieront selon le degré de connaissance, de sensibilisation et de relation avec une personne handicapée.</p>
<p>À l’université de Bordeaux, dans le cadre de la mission handicap, nous concentrons nos efforts sur ce sujet. Nous construisons actuellement un jeu « physique » (en coprésence) et un jeu digital (à distance) fondés sur la préoccupation empathique afin de favoriser <a href="https://theconversation.com/debat-pourquoi-passer-de-linclusion-a-linclusivite-175373">l’inclusivité</a> du personnel et des étudiants. Il s’agit, dans une approche systémique, de sensibiliser, informer et/ou former autour du handicap ces deux publics en interaction. Il est prévu que ces deux prototypes soient adaptés et déclinés dans d’autres contextes et publics, notamment à l’école.</p>
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</figure>
<p>D’autres dispositifs sur l’éducation aux empathies et aux émotions existent déjà en France. Le <a href="https://3figures.org/empathie/">« jeu des trois figures »</a>, le <a href="https://vimeo.com/137681120">« jeu des mousquetaires »</a>, les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1123519/full">« jeux traditionnels » et « jeux physiques didactiques »</a> peuvent se révéler d’excellents supports pour développer le processus empathique. À travers ces jeux, les interactions physiques dans lesquelles on s’éprouve et on éprouve l’autre sollicitent la <a href="https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/education-emotionnelle-pour-prevenir-violence-pour-une-pedagogie">résonance émotionnelle</a> avec autrui.</p>
<p>Au-delà des jeux, des dispositifs de « formation empathique » (avec informations, ressources, simulations, jeux de rôles alternatifs, verbalisations interactives, des situations stimulant l’imaginaire) aideraient les acteurs dans la rencontre à l’autre, dans l’agir et la réflexivité. Il s’agit de façon plus large de mettre en lumière le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=jC4Dsp6tZak">rôle des émotions, de l’empathie</a> dans le développement des compétences sociales et émotionnelles chez l’enfant, mais aussi l’adolescent et l’adulte.</p>
<p>En considérant les différentes précautions évoquées dans cet article, il apparait que pour révéler, maintenir ou développer le capital empathique à l’école, agréger de simples cours risque de ne pas porter les fruits espérés. Notre société subit les affres d’un contexte incertain mettant en tension les relations humaines, propices au repli sur soi. Un <a href="https://leblogdejeudi.files.wordpress.com/2011/11/homo-empathicus1.pdf"><em>Homo empathicus</em></a> s’inscrit dans un projet plus englobant, systémique et certaines recherches appliquées restent à mener.</p>
<p>Enfin, si le défaut d’empathie est propice à des <a href="https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=CNX_095_0029&download=1">comportements déviants</a>, inadaptés, violents ou de harcèlement, attention toutefois de ne pas tomber dans le piège de l’injonction à l’empathie, à l’instar de la <a href="https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=ETHN_194_0813&download=1">« tyrannie »</a> du bien-être ou du bonheur. Le libre arbitre est de mise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215275/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Dugas a reçu des financements de la Région Nouvelle-Aquitaine 2023</span></em></p>Des cours d’empathie devraient être proposés à l’école à partir de 2024. Quels critères devront être remplis pour qu’ils soient opérants ? Comment développer et maintenir un capital empathique ?Eric Dugas, Professeur des universités et chargé de mission handicap (empathie/inclusivité, jeux, handicap/maladie, mise en jeu corporelle, rapport à l'espace/architecture), Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2120752023-08-29T16:30:41Z2023-08-29T16:30:41ZComment gérer ses émotions face à un client pénible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/544060/original/file-20230822-15-ii0ulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C125%2C767%2C547&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon différentes études, les entreprises font face à une hausse des comportements négatifs de leurs clients.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.wallpaperflare.com/man-taking-or-teaching-online-course-or-on-internet-call-with-headset-and-copyspace-wallpaper-aafmo">Wallpaperflare</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La capacité des personnels « en contact » à gérer leurs émotions est reconnue comme un <a href="https://www.soft-concept.com/surveymag/identification-emotions-travail-emotionnel-personnel-contact.html">élément clef de la relation client</a>. C’est particulièrement le cas pour les commerciaux et les vendeurs, dont <a href="https://www.theses.fr/2021MONTD040">on attend qu’ils affichent des émotions positives</a>, quel que soit leur ressenti intérieur.</p>
<p>D’ailleurs, certaines entreprises mettent en place des processus pour que les personnels en contact expriment des émotions positives lors des interactions avec les clients. En effet, dans certains secteurs d’activité, les employés sont encouragés, <a href="https://www.jstor.org/stable/pdf/257991.pdf">voire formés</a> en ce sens.</p>
<p>Ces personnels doivent ainsi se livrer à un véritable <a href="https://www.jstor.org/stable/10.1525/j.ctt1pn9bk">« travail émotionnel »</a>, qu’Arlie Russell Hochschild définit comme la maîtrise des émotions et de leurs expressions lors des interactions avec un client. Pour cette sociologue américaine, cette gestion des émotions constitue un travail en soi car elle s’exerce dans la sphère professionnelle et requiert un effort.</p>
<p>Afficher des émotions positives est en outre d’autant plus difficile quand les clients ont des comportements négatifs comme l’agressivité, l’expression de la colère, le manque d’écoute et l’irrespect. Or, les <a href="https://www.cairn.info/revue-decisions-marketing-2020-3-page-77.htm">comportements négatifs des clients sont en augmentation</a>.</p>
<h2>Risques de burn-out</h2>
<p>Plusieurs <a href="https://www.annualreviews.org/doi/full/10.1146/annurev-orgpsych-032414-111400">études</a> ont mis en évidence un lien entre les incivilités des clients et le travail émotionnel des employés. Ainsi, plus les vendeurs font face à des clients difficiles, plus ils doivent gérer leurs émotions.</p>
<p>Dans ce contexte, nous avons mis en lumière dans un <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JBIM-01-2020-0019/full/html">article</a> de recherche récent que ce travail émotionnel pouvait avoir des impacts négatifs. Il peut par exemple aboutir à une dissonance émotionnelle, c’est-à-dire une différence entre les émotions ressenties et les émotions exprimées, ce qui <a href="https://www.annualreviews.org/doi/full/10.1146/annurev-orgpsych-032414-111400">aggrave les risques de burn-out</a>.</p>
<p>L’une des conséquences de la dissonance émotionnelle est la dépersonnalisation envers les clients, qui se manifeste par des <a href="https://psycnet.apa.org/record/2011-13471-007">attitudes cyniques et négatives</a>. La recherche montre également que l’association entre la dissonance émotionnelle et l’épuisement émotionnel est <a href="https://www.jstor.org/stable/40604147">d’autant plus marquée</a> que le décalage entre émotions ressenties et exprimées est grand.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544062/original/file-20230822-15-fbsgxl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans les entreprises, certains salariés sont formés à l’expression de leurs émotions positives.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pxfuel.com/en/free-photo-jrfnl">Pxfuel</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous relevons cependant que le fait de jouer théâtralement un rôle, ce que Hochschild dénomme le « deep acting », a moins d’impact négatif que le contrôle de l’expression des émotions exprimées, le « surface acting ».</p>
<h2>Entre théâtralité et authenticité</h2>
<p>Pourtant, face aux employés en contact, les clients <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1509/jmkg.70.3.058">préfèrent une expression émotionnelle authentique</a> plutôt que l’expression de fausses émotions. En effet, les clients valorisent le fait d’être traités de manière honnête et authentique. En outre, les expressions émotionnelles authentiques des personnels en contact suscitent des attitudes et des comportements positifs auprès des clients, contrairement aux expressions inauthentiques.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s’interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
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<p>Certes, les comportements inappropriés des clients compliquent l’impératif de rester authentique. Les vendeurs ont alors tendance à davantage gérer leurs émotions, <a href="https://publi.ludomedia.org/index.php/ntqr/article/view/235">plutôt qu’à rester authentique émotionnellement</a>. Dans ce cas, la clé sera d’utiliser davantage la théâtralité (« deep acting »), c’est-à-dire de faire un vrai jeu d’acteur face aux clients, plutôt que de dissimuler les émotions négatives de manière superficielle (« surface acting »). Ceci permettrait de limiter les effets négatifs du travail émotionnel et en même temps d’éviter que les clients perçoivent les émotions feintes des vendeurs.</p>
<p>Cependant, dès que l’intensité émotionnelle face aux clients décroît, les vendeurs devraient rester émotionnellement authentiques, en forçant le moins possible leur nature. Au bilan, c’est cette articulation séquencée entre théâtralité et authenticité émotionnelle qui devrait guider la gestion des émotions des vendeurs face aux clients, et notamment à ceux dont les comportements sont négatifs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212075/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Même si l’authenticité et l’honnêteté restent appréciées dans la vente, certaines situations appellent à déroger à la règle. Explications.Michel Klein, Enseignant-Chercheur, Docteur en Sciences de Gestions, École de Management de Strasbourg, HuManiS, Université de StrasbourgChristophe Fournier, Professeur des Universités, IAE de Montpellier, Montpellier Recherche Management, Membre du Business Science Institute, Président AUNEGe, IAE MontpellierFanny Poujol, Professeure des Universités, Département de Sciences de Gestion, CEROS - Centre d'études et de recherches sur les organisations et la stratégie, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2103172023-07-27T19:37:00Z2023-07-27T19:37:00ZUn bon leader est-il nécessairement empathique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/538984/original/file-20230724-21-f5ild5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=84%2C18%2C823%2C556&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans un contexte d’augmentation des risques psychosociaux, ignorer les émotions au travail n’aide pas…
</span> <span class="attribution"><span class="source">Melissa Hogan/Wikimedia commons</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>De nombreux dirigeants se posent secrètement la question suivante : « est-il efficace, rentable et utile pour moi de faire preuve d’empathie en tant que leader ? » La réponse est simple : oui, c’est efficace. Et c’est bon pour tout le monde.</p>
<p>L’empathie, qui consiste à essayer de se mettre à la place de l’autre personne, s’applique à de nombreuses situations professionnelles ; elle signifie que nous écoutons et que nous nous soucions des autres, ce qui favorise un bon environnement de travail et limite les risques psychosociaux au travail.</p>
<p>Pourtant, des préjugés et des erreurs de pensée semblent s’interposer et empêcher les dirigeants de faire preuve d’empathie. Par exemple :</p>
<ul>
<li><p>Si je fais preuve d’un peu d’empathie, je vais devenir le « bureau des pleurs » de mes employés.</p></li>
<li><p>Si je fais preuve d’empathie, j’estime devoir être récompensé. L’autre personne me doit quelque chose et, si elle ne me le rend pas, c’est la preuve que je perds mon temps.</p></li>
<li><p>Les leaders qui font preuve d’empathie sont faibles : je ferais donc mieux de paraître dur.</p></li>
</ul>
<p>Or, un dirigeant peut être <a href="https://www.linkedin.com/pulse/leadership-power-empathy-dr-julia-milner-1e/?trackingId=vnAMRrOcTcCe0cd4wjOGGA%3D%3D">fort et empathique</a>. Nous ne sommes pas faibles parce que nous nous soucions des autres. Cependant, inclure l’empathie et les émotions signifie que nous créons une nouvelle façon de voir le leadership.</p>
<h2>Le défi du télétravail</h2>
<p>Mes <a href="https://au.linkedin.com/in/drjuliamilner">recherches</a> ont montré que, souvent, l’état d’esprit d’un leader l’empêche de faire preuve d’empathie. Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dirigeants-62811">dirigeants</a> estiment notamment que l’empathie reste l’une des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/competences-80203">compétences</a> les plus difficiles à démontrer, d’autant plus avec l’essor du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/teletravail-34157">télétravail</a> qui réduit les échanges en présentiel.</p>
<p>Or, les personnes qui reçoivent les messages du dirigeant ne ressentent pas l’empathie de cette manière. Certaines personnes préfèrent d’ailleurs les interactions écrites car elles leur donnent le temps de réfléchir et de ne pas réagir immédiatement. Pour autant, elles n’ont pas l’impression qu’il y a automatiquement un manque d’empathie.</p>
<p>Pour les leaders, cela signifie ce qui suit :</p>
<ul>
<li><p>Les dirigeants doivent vérifier si leur propre état d’esprit les gêne ou si un biais cognitif les empêche de faire preuve d’empathie.</p></li>
<li><p>Il faut clarifier la manière de traduire l’empathie dans le monde virtuel. N’oubliez pas : l’important n’est pas <em>ce que</em> vous dites, mais <em>comment</em> vous le dites. Nous avons notamment observé que, pour les appels vidéo, les participants pensent souvent qu’un écran signifie que je peux oublier mes propres expressions faciales. A contrario, certains dirigeants sont tellement concentrés sur la façon dont ils se présentent qu’ils fixent la fenêtre de leur propre écran et perdent l’attention qu’ils portent à l’écoute.</p></li>
</ul>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s'interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
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<p>Il s’agit donc de trouver un juste milieu et de s’habituer à faire preuve d’empathie virtuellement. Les dirigeants ne doivent pas non plus oublier leur voix, en particulier lors des appels vidéo, car la voix devient très importante lorsque les participants font plusieurs choses à la fois, qu’ils écoutent sans nécessairement vous regarder tout le temps. Autrement dit, les manifestations de l’agitation ou du stress dans la voix, ou encore le fait de laisser peu de place aux questions vont envoyer des signaux d’un manque d’empathie.</p>
<h2>Renforcez le « muscle » de l’empathie</h2>
<p>Pour contourner ces obstacles, voici quelques conseils sur la manière de <a href="https://www.linkedin.com/posts/drjuliamilner_empathy-leadership-empathyatwork-activity-7045703432480972802-GE2-/?originalSubdomain=pf">commencer à montrer de l’empathie</a> :</p>
<ul>
<li>1) Dans chaque interaction, pensez systématiquement à écouter, à poser des questions et à donner des signaux qui montrent que vous avez bien saisi les messages – sans tomber dans une communication artificielle. Vous renforcerez ainsi votre « muscle » de l’empathie par l’entraînement et l’expérience.</li>
</ul>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/DrVt0UbfBu0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Empathy at work | How to do it in 4 practical steps (Julien Milner, en anglais).</span></figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>(2) Enregistrez une vidéo et vérifiez vos e-mails lors des interactions quotidiennes. Même s’il est initialement étrange de se voir en vidéo ou d’analyser le « comment » de notre communication, ces séances de débriefings peuvent aider à identifier certaines erreurs.</p></li>
<li><p>(3) Essayez de trouver quelqu’un qui est reconnu pour ses qualités d’empathie. Observez et posez des questions pour vous améliorer.</p></li>
</ul>
<p>Ignorer les émotions au travail n’aide pas à favoriser un environnement… L’empathie doit donc être affinée et pratiquée. Autrement dit, il est grand temps de faire de l’empathie une compétence essentielle du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/leadership-24112">leadership</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210317/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julia Milner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Savoir se mettre à la place de l’autre apparaît comme une compétence de plus en plus essentielle. Or, plusieurs biais empêchent les dirigeants de la mettre en place.Julia Milner, Professeure de leadership, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2103052023-07-25T17:53:29Z2023-07-25T17:53:29ZStéréotypes de genre : les hommes qui publient beaucoup sur les réseaux sociaux sont-ils vraiment « moins virils » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539278/original/file-20230725-17-hnflje.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=58%2C2%2C1718%2C1188&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les hommes limitent-ils la fréquence de leurs publications en raison des préjugés sexistes? </span> <span class="attribution"><span class="source"> A-Digit/DigitalVision Vectors via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>Malgré l’évolution des mentalités, une grande partie de nos activités sont encore classées selon des critères de genre : les magasins de vêtements ont des sections pour les hommes et les femmes, certains aliments sont considérés comme <a href="https://theconversation.com/how-steak-became-manly-and-salads-became-feminine-124147">plus masculins ou plus féminins</a>, et même les instruments de musique ont un genre.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1108/EJM-12-2022-0883">Nos recherches récemment publiées</a> montrent que même les médias sociaux sont un terrain propice à la propagation de stéréotypes sexistes rigides.</p>
<p>Plus précisément, nous montrons que les hommes qui publient souvent sur les médias sociaux sont considérés comme féminins, un phénomène que nous appelons le « stéréotype de la féminité associé à la publication fréquente ». Nous avons observé ce biais dans le cadre de quatre expériences auxquelles ont participé plus de 1 300 personnes aux États-Unis et au Royaume-Uni.</p>
<h2>Publier, c’est être perçu comme non masculin</h2>
<p>En tant que chercheurs en comportement des consommateurs, nous nous intéressons depuis longtemps aux contradictions, aux particularités <a href="https://doi.org/10.1037/a0029826">et aux restrictions</a> <a href="https://www.nytimes.com/2018/09/14/upshot/gender-stereotypes-survey-girls-boys.html">associées à la masculinité</a>.</p>
<p>Ces dynamiques ont des implications considérables dans le monde du marketing. Il est bien connu, par exemple, que le Coca Zéro a été créé pour remplacer le Coca Light, un produit dont les hommes se détournaient notoirement en <a href="https://www.forbes.com/sites/hbsworkingknowledge/2013/11/13/gender-contamination-why-men-prefer-products-untouched-by-women/?sh=4df9d0898f0b">raison de ses liens perçus avec les femmes désireuses de perdre du poids</a>. Il existe même une <a href="https://doi.org/10.1086/711758">tendance à penser qu’il n’est pas viril de dormir beaucoup</a>, car le besoin de repos est associé à la faiblesse et à la vulnérabilité.</p>
<p>Nous avons réfléchi à la manière dont certaines de ces notions peuvent entrer en jeu sur les médias sociaux. Les sondages suggèrent que les hommes et les femmes utilisent les plates-formes de médias sociaux de manière très différente : par exemple, les hommes ont tendance à être présents sur <a href="https://www.pewresearch.org/internet/fact-sheet/social-media/?tabId=tab-45b45364-d5e4-4f53-bf01-b77106560d4c">moins de plates-formes dans l’ensemble</a> et ne publient pas aussi souvent que les femmes sur des <a href="https://www.theatlantic.com/technology/archive/2016/06/why-are-more-women-than-men-on-instagram/485993/">applications comme Instagram</a>.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si les préjugés sexistes avaient quelque chose à voir avec ces comportements. Les hommes sont-ils jugés différemment lorsqu’ils partagent des informations sur les médias sociaux ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, nous avons mené une série d’expériences dans laquelle les personnes interrogées devaient évaluer un homme qui publie fréquemment ou rarement sur les médias sociaux. Pour donner une image plus concrète, nous avons décrit cet homme comme quelqu’un qui publie en ligne pour le plaisir et qui a un nombre modéré de followers.</p>
<p>Les personnes interrogées ont systématiquement jugé l’homme plus féminin lorsqu’il était décrit comme un utilisateur fréquent des médias sociaux. Cela était vrai indépendamment des hypothèses faites sur l’âge, l’éducation, la richesse et la plate-forme de médias sociaux préférée de l’homme en question. Nous avons également contrôlé le sexe, l’âge, les convictions politiques et l’utilisation des médias sociaux des personnes qui ont participé à l’étude.</p>
<p>Nous avons utilisé un scénario identique pour décrire le comportement de publication d’une femme – et sa fréquence de publication n’a pas eu d’effet sur le degré de féminité que les gens lui attribuaient.</p>
<h2>Une aversion à montrer que l’on a besoin des autres</h2>
<p>Comment expliquer alors cet effet quelque peu inhabituel ?</p>
<p>Nous avons découvert que toute personne qui publie fréquemment, quel que soit son sexe, passe pour une personne qui recherche l’attention et la validation. Mais ce sentiment de besoin projeté ne se traduit par une perception connotée négativement uniquement lorsqu’il s’agit d’hommes.</p>
<p>Cela répond à une certaine logique. Après tout, la recherche a montré que le rejet de la féminité est crucial pour <a href="https://psycnet.apa.org/doi/10.1037/a0029826">celles et ceux qui s’attachent à une forme conventionnelle de virilité</a>, alors que l’évitement des marqueurs associés habituellement à la la masculinité n’est pas nécessairement crucial pour celles et ceux qui sont attachés à une forme conventionnelle de féminité.</p>
<p>En réalité, le « stéréotype de la féminité associée à la publication fréquente » s’est avéré encore plus tenace que nous l’avions prévu.</p>
<p>Deux de nos expériences ont tenté, sans succès, de réduire ce biais.</p>
<p>Tout d’abord, nous avons cherché à savoir si les hommes étaient jugés différemment lorsqu’ils partageaient du contenu sur d’autres personnes plutôt que sur eux-mêmes, l’idée étant que cette forme de publication serait considérée comme prévenante et non comme une recherche de validation. Ensuite, nous avons cherché à savoir si les influenceurs masculins, qui publient essentiellement pour des raisons professionnelles, étaient confrontés au même stéréotype.</p>
<p>Dans les deux cas, et à notre grande surprise, le fait de poster fréquemment a incité les participants à considérer ces utilisateurs de médias sociaux comme plus féminins.</p>
<h2>Élargir la définition de la virilité</h2>
<p>Il y a beaucoup de choses qui restent mystérieuses quant à la prééminence de ce préjugé.</p>
<p>Par exemple, on ne sait pas exactement dans quelle mesure le stéréotype de la féminité associée aux publications fréquentes affecte la manière dont les hommes sont jugés dans différentes cultures. Bien que les hommes du monde entier soient souvent considérés comme <a href="https://doi.org/10.1016/s0277-9536(99)00390-1">moins masculins lorsqu’ils réclament l’attention ou l’aide des autres</a>, notre recherche n’a porté que sur des participants du Royaume-Uni et des États-Unis.</p>
<p>Tout aussi important : comment en finir avec cette association entre l’affichage fréquent de publications et une forme de dévalorisation ? Nos recherches suggèrent que ce lien est durable et qu’il reflète une dynamique de genre persistante.</p>
<p>Néanmoins, il est intéressant d’étudier comment les plates-formes peuvent limiter ces préjugés par le biais de leur conception. Par exemple, <a href="https://www.insider.com/what-is-bereal-app-how-does-it-work-2022-4">BeReal</a> est une application qui invite les utilisateurs à partager rapidement une photo non éditée de ce qu’ils font à un moment aléatoire de la journée. De telles fonctions semblent mettre l’accent sur l’authenticité, la routine et la communauté. S’agit-il de la recette nécessaire pour modifier l’association entre l’affichage et la recherche de validation ?</p>
<p>Aujourd’hui, les hommes connaissent des <a href="https://www.americansurveycenter.org/research/the-state-of-american-friendship-change-challenges-and-loss/">taux historiques d’isolement social</a>, ce qui a des <a href="https://ofboysandmen.substack.com/p/some-news-i-cant-wait-to-share">conséquences désastreuses sur la santé mentale</a>. Cette crise est probablement exacerbée par des préjugés omniprésents qui donnent aux hommes l’impression qu’ils <a href="https://doi.org/10.1007/s11199-022-01297-y">ne peuvent pas parler de leurs problèmes ou demander de l’aide</a>. Le stéréotype de manque de virilité associé à la publication fréquente sur les réseaux sociaux révèle que les hommes sont jugés négativement lorsqu’ils tentent de s’exprimer et d’établir des liens sociaux – ce qui évidemment ne les incite pas à le faire.</p>
<p>Comme l’écrivait la correspondante du <em>New York Times</em> <a href="https://www.nytimes.com/2018/09/14/upshot/gender-stereotypes-survey-girls-boys.html">Claire Cain Miller</a> en 2018, en s’appuyant sur une étude qui s’intéressait aux adolescentes et adolescents, il y a « plusieurs façons d’être une fille, mais une seule façon d’être un garçon ».</p>
<p>Il est plus que temps d’élargir notre définition de la virilité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210305/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une nouvelle étude montre que les hommes qui publient beaucoup sur les réseaux sociaux sont jugés négativement, révélant des stéréotypes de genre encore solidement ancrés dans notre société.Andrew Edelblum, Assistant Professor of Marketing, University of DaytonNathan B. Warren, Assistant Professor of Marketing, BI Norwegian Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2092392023-07-12T15:41:06Z2023-07-12T15:41:06ZÉmeutes : au-delà des éclats, le reflet de vies brutalisées<p>Combien de fois le feu ? Inspirée du célèbre essai publié par l’écrivain afro-américain <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782072786204-la-prochaine-fois-le-feu-james-baldwin/">James Baldwin</a> il y a tout juste soixante ans, la question résonne avec un contexte social tendu, suite au contrôle de police qui, le mardi 27 juin 2023, s’est avéré fatal pour Nahel M., 17 ans.</p>
<p>Les récentes interpellations, tout comme les blessures infligées aux manifestants de la marche parisienne du samedi 8 juillet – où l’un des frères d’Adama Traoré, Yssoufou, <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/09/marche-pour-adama-traore-questions-autour-de-l-intervention-de-la-brav-m-en-fin-de-manifestation_6181219_3224.html">a été violemment plaqué au sol par des policiers de la Brav-M</a> – témoignent de cet <a href="https://theconversation.com/comment-la-mort-de-nahel-m-enflamme-une-republique-deja-sur-des-braises-208894">embrasement généralisé</a> que l’État semble avoir du mal à contenir.</p>
<p>Plus profondément, la brutalité reprochée aux populations insubordonnées, régulièrement discréditées par celles et ceux qui représentent nos institutions – qu’il s’agisse de la fin de non-recevoir opposée aux gilets jaunes, ou aux « émeutiers » de début juillet –, interroge la façon dont les accusations de violence peuvent apparaître à sens unique dans le discours public ; car tout se passe comme s’il s’agissait de disqualifier <a href="https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2017-4-page-7.htm">« les marges »</a> de la société, un processus bien documenté par les sciences sociales et que j’explore <a href="https://www.researchgate.net/profile/Jerome-Beauchez">dans mes travaux</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/prends-moi-un-yop-labsurde-au-coeur-des-emeutes-208958">« Prends-moi un Yop » : l’absurde au cœur des émeutes</a>
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<h2>Identifier les violences</h2>
<p>De quelle violence parle-t-on ? Plutôt que de celles commises à l’encontre de Nahel M., jusqu’au tir fatal, en tant que violence originelle, nombre de discours publics – à commencer par celui du <a href="https://www.brut.media/fr/news/mort-de-nahel-emmanuel-macron-condamne-une-situation-inacceptable--4f388f7c-a14f-4ab3-b9bd-b7e8694ea576">Président Macron</a> – se concentrent sur la violence des émeutiers, qualifiée d’inacceptable et d’injustifiable.</p>
<p>C’est à la fois une manière de réaffirmer que l’État détient le « monopole de la violence légitime » – selon la célèbre formule du sociologue Max Weber que nos politiques ont pris l’habitude de <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-violence-legitime-de-l-etat-de-max-weber-8101512">détourner</a> – et une façon d’écarter la colère des banlieues de la sphère des légitimités.</p>
<p>Réinterroger cette colère et ses manifestations juvéniles pourrait cependant amener à les voir autrement : sous l’angle des <a href="http://editions.ehess.fr/ouvrages/ouvrage/lempreinte-du-poing/">« vies brutalisées »</a> et des « violences-reflets » dont nous ne percevons que trop souvent les effets sans identifier leurs causes.</p>
<p>J’ai forgé ces <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/00380261211029456">concepts</a> en menant des recherches auprès de <a href="https://www.jstor.org/stable/24469650">différents groupes marginalisés</a>, qui ont tous en commun d’être ou d’avoir été traités en <a href="http://www.editionsamsterdam.fr/les-sauvages-de-la-civilisation">« sauvages de la civilisation »</a> par une grande part de l’opinion, comme par nos institutions.</p>
<h2>Des imbrications intimes</h2>
<p>Les vies brutalisées comportent deux aspects intimement liés. L’un est subi, l’autre agi. Tout d’abord, ces vies font l’objet d’une brutalisation continue par les <a href="https://theconversation.com/quartiers-populaires-40-ans-de-deni-209008">effets des conditions sociales d’existence</a>, des disqualifications socio-économiques et des ségrégations spatiales aussi bien que socioraciales.</p>
<p>Ensuite, ces vies incarnent tant et si bien ce continuum de brutalités qu’elles en deviennent un instrument, potentiellement aussi violent que le contexte social qui l’a forgé. L’éclat des émeutes n’est jamais qu’un exemple de ces brutalités qui, sans être excusables, restent explicables par la violence d’une situation sociale dont elles sont le triste prolongement.</p>
<p>C’est précisément là qu’entrent en jeu les « violences-reflets ». Elles sont à l’image des brutalités originelles dont elles masquent toutefois la source aux yeux du plus grand nombre ; comme c’est le cas pour le décès de Nahel M. et la révolte qui a suivi ce drame. Cette dernière éclate comme une violence-reflet, c’est-à-dire une violence réactive qui, aussi inexcusable et inacceptable soit-elle du point de vue des autorités, reflète la brutalité que nombre de jeunes hommes banlieusards et racisés reprochent à la police française.</p>
<p>Les pouvoirs publics n’ont pas la même perspective sur le sujet. Pour voir les émeutes comme une violence-reflet, encore faudrait-il qu’ils reconnaissent leur <a href="https://theconversation.com/les-mots-choisis-du-ministre-de-linterieur-pour-une-strategie-tres-politique-203513">propre brutalité</a> à l’égard de certains groupes aussi minorisés que ségrégués et repoussés hors de la <a href="https://theconversation.com/comment-la-mort-de-nahel-m-enflamme-une-republique-deja-sur-des-braises-208894">sphère des légitimités</a>.</p>
<p>En effet, les moyens (auto) destructeurs dont usent les jeunes qui laissent éclater leur rage – en s’en prenant à leurs propres quartiers, comme aux biens publics ou privés – disqualifient jusqu’aux motifs de leurs actions. Ainsi le <a href="https://www.lexpress.fr/societe/emeutes-macron-denonce-une-instrumentalisation-inacceptable-de-la-mort-de-nahel-RZWOZHIQONCJDMJSTQTMS3UEP4/">Président Macron</a> a-t-il pu les accuser d’« instrumentaliser » la mort de Nahel M. « pour essayer de créer le désordre et d’attaquer nos institutions », ajoutant que ces fauteurs de troubles « portent de fait une responsabilité accablante ».</p>
<h2>Que reste-t-il de la cohésion du corps social ?</h2>
<p>Quid de notre responsabilité en tant que société ? Cette question n’a pas été posée par le président de la République ; et ce n’est pas tant la mienne que celle d’<a href="https://www.puf.com/content/De_la_division_du_travail_social">Émile Durkheim</a>. Dans la perspective de ce fondateur de la sociologie en France, l’« intégration » de la société renvoyait à la cohésion du corps social, suffisamment forte pour être capable d’offrir une place et un rôle à toutes et tous.</p>
<p>Comme l’ont fait remarquer les sociologues Ahmed Boubeker et Olivier Noël dès 2013 dans un <a href="https://www.vie-publique.fr/rapport/33625-refonder-la-politique-dintegration-groupe-de-travail-faire-societe">rapport</a> rendu au Premier ministre Jean-Marc Ayrault (Parti socialiste), cette conception englobante n’a pas grand-chose de commun avec la conception culpabilisante de l’intégration qui pointe du doigt les groupes jugés par trop éloignés du foyer central de notre société.</p>
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<p>S’ensuit une dialectique destructrice du centre et des périphéries urbaines délaissées par une puissance publique qui a concentré dans ces quartiers les familles issues des immigrations les plus récentes. Le problème est connu depuis plus de quarante ans. Les sociologues l’ont abondamment documenté, depuis les premières enquêtes menées par l’équipe de <a href="https://www.fayard.fr/sciences-humaines/la-galere-jeunes-en-survie-9782213019048">François Dubet</a> jusqu’aux travaux de <a href="https://lafabrique.fr/la-republique-mise-a-nu-par-son-immigration/">Nacira Guénif-Souilamas</a>, <a href="https://www.puf.com/content/La_formation_des_bandes">Marwan Mohammed</a>, <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/jeunesses_francaises-9782707186881">Fabien Truong</a> et bien d’autres.</p>
<h2>D’une réaction sécuritaire à l’autre</h2>
<p>Suivant les lignes de partage qui se creusaient – celle des richesses (largement décrite), comme celle des <a href="https://theconversation.com/la-chronique-des-bridgerton-voir-ou-ne-pas-voir-les-couleurs-158848">couleurs</a> auxquelles la France reste <a href="https://www.canal-u.tv/chaines/univcotedazur/colloque-ideric-relations-interethniques/15-patrick-simon-discriminations">officiellement « aveugle »</a> et ce en dépit des alertes de nombreux universitaires et acteurs de terrain – chercheuses et chercheurs <a href="https://theconversation.com/quartiers-populaires-40-ans-de-deni-209008">ont diagnostiqué</a> la fragmentation de notre société.</p>
<p>Il y aurait donc, d’un côté, des agresseurs qui bafouent l’État et, de l’autre, leurs victimes qui attendent de la puissance publique qu’elle les rétablisse dans leurs droits. Et si les jeunes émeutiers accusés de poignarder la République appartenaient précisément aux groupes sociaux qui sont les plus désespérés de nos institutions ? Comme d’autres, le <a href="https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/mort-de-nahel-a-nanterre-le-point-sur-la-situation-ce-lundi-3-juillet-1958156">ministre</a> rejetterait assurément cette question ; n’a-t-il pas précisé qu’« il ne faut pas trouver d’excuse sociale là où il n’y en a pas » ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/reforme-des-retraites-a-t-on-atteint-notre-capacite-collective-a-supporter-la-brutalite-du-monde-199736">Réforme des retraites : A-t-on atteint notre capacité collective à supporter la brutalité du monde ?</a>
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<p>Une telle position se place juste en deçà de toute une kyrielle d’envolées pour le moins <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/30/de-l-etat-d-urgence-aux-emeutes-raciales-l-escalade-des-mots-entre-ciotti-zemmour-et-le-rn_6179937_823448.html">sécuritaires</a>, sinon réactionnaires, réclamant « l’instauration de l’état d’urgence » et dénonçant le caractère « racial » des émeutes qui manifesteraient une véritable « haine de la France ».</p>
<p>Propagée depuis les quartiers périphériques de nos villes, cette dernière serait la preuve d’un <a href="http://www.editionsamsterdam.fr/les-sauvages-de-la-civilisation/">« ensauvagement »</a> autant que d’un divorce consommé entre les banlieues, leurs populations, et le reste de la nation.</p>
<h2>Dans la zone</h2>
<p>Ne verrait-on là que des « sauvages de la civilisation » ? D’une étrange actualité, cette expression a été popularisée au XIX<sup>e</sup> siècle par <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782072730672-les-miserables-victor-hugo/">Victor Hugo</a>, après avoir été forgée par le journaliste <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2045247.image">Alfred Delvau</a> et l’écrivain <a href="https://www.grasset.fr/livre/paris-anecdote-9782246812586/">Alexandre Privat d’Anglemont</a>.</p>
<p>D’origine guadeloupéenne, ce dernier l’a appliquée, non sans ironie, aux chiffonniers de Paris (les plus pauvres et les plus méprisés d’entre les prolétaires), de même qu’aux colonisés ; car les uns comme les autres apparaissaient aux Français comme des « sauvages de la civilisation », qu’il s’agissait de contenir et de maintenir <a href="https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2018-2-page-329.htm">aux confins de leur monde</a> – soit dans les lointaines colonies, soit dans les « cités » où les chiffonniers étaient concentrés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536998/original/file-20230712-27-6xh65w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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« Quelques types d’Apaches des différents quartiers parisiens.ˮ Dessins de Louis Maleteste.
</span>
<span class="attribution"><span class="source">Musée Carnavalet/In Beauchez J. Sans foi ni loi ? Paris 1900 sous la menace des Apaches -- RSASC, « The Law of the Outlaw »</span></span>
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<p>Nombre d’entre eux vivaient aussi dans <a href="http://www.editionsamsterdam.fr/les-sauvages-de-la-civilisation/">« la Zone »</a>, un espace interlope qui, <a href="https://journals.openedition.org/terrain/17600">à la frontière de Paris</a>, concentrait les classes considérées comme « dangereuses ».</p>
<p>Selon la presse, la « Zone » constituait également le refuge des <a href="https://journals.openedition.org/rhei/51">« Apaches »</a> : ces bandes de voyous parisiens que journalistes et politiciens ont indianisés, comme pour mieux souligner le caractère « sauvage » de leur altérité, pour la correction duquel certains réclamaient toutes sortes de châtiments – dont le fouet.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Couverture du Petit Journal, 1907" src="https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1058&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1058&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536628/original/file-20230710-23-98abm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1058&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Portant une casquette plate à visière de titi parisien, un foulard rouge, un veston sur pull rayé, un pantalon « mince des g’noux et large des pattes » (Aristide Bruand) ainsi que des chaussures luisantes de cirage, un apache surdimensionné domine la police parisienne qu’il menace de son surin. La légende indique : « L’apache est la plaie de Paris. Plus de 30 000 rôdeurs contre 8 000 sergents de ville. »</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Apaches_(voyous)#/media/Fichier:Le_Petit_Journal_-_Apache.jpg">Le Petit Journal, 20 octobre 1907</a></span>
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<h2>Disqualifier les marges</h2>
<p>Ces conceptions qui conjuguent racisme et mépris de classe appartiennent-elles réellement au passé ? D’une part, l’ancien territoire de la « zone », où passe aujourd’hui l’autoroute du périphérique urbain, conserve un statut de <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-zone-l-ancetre-du-peripherique-parisien-2123331">frontière</a> entre Paris et ses banlieues.</p>
<p>D’autre part, le thème de l’ensauvagement des marges ressurgit dans les discours publics dès lors qu’il est question de la sécurité des populations menacées, ou effrayées par leurs marges déclarées inciviles, pour ne pas dire incivilisées. Or, la violence qu’on leur prête sert souvent à mieux cacher celle qu’on leur fait.</p>
<p>À l’instar de ceux de la sociologue <a href="https://www.syllepse.net/la-race-tue-deux-fois-_r_65_i_821.html">Rachida Brahim</a>, les travaux qui font apparaître l’historicité de cette violence faite aux subalternes sont, plus que d’autres, questionnés du point de vue de leur « objectivité ». Une expression forgée il y a plus d’un demi-siècle par le sociologue américain <a href="https://www.cairn.info/question-morale--9782130589396-page-475.htm">Howard Becker</a> a mis un nom sur ce phénomène. Il s’agit de la « hiérarchie des crédibilités ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Chant d’apaches 1912 (musique et paroles d’Aristide Bruant) chanté par Aristide Bruant.</span></figcaption>
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<p>Son principal effet conduit à délivrer le label d’objectivité aux analyses qui vont dans le sens de la raison dominante – généralement celle des groupes du même nom –, tandis que leurs critiques plus proches du quotidien des groupes subalternisés sont renvoyées à la sphère des subjectivités relevant non pas de la raison, mais de l’opinion. Ce reproche est notamment adressé aux travaux sociologiques qui <a href="https://www.horsdatteinte.org/livre/les-femmes-musulmanes-ne-sont-elles-pas-des-femmes/">critiquent les dominations socioraciales</a> et les <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/islamophobie-9782707189462">discriminations islamophobes</a>.</p>
<p>Ainsi peut-on, en même temps que l’on s’octroie le privilège de la raison, entretenir le mécanisme d’un « ensauvagement » des marges aussi ancien que performatif. Non seulement il produit les « sauvages » qu’il dénonce, mais il recrée perpétuellement le cercle vicieux dans lequel nous restons collectivement enfermés et polarisés dans nos oppositions.</p>
<p>Cet état de fait rappelle une phrase écrite en 1918 par le philosophe italien <a href="https://www.payot.ch/Detail/pourquoi_je_hais_lindifference-antonio_gramsci-9782743623432">Antonio Gramsci</a>, qui disait : « en surface, on voulait l’ordre et la discipline, et c’est de la surface qu’on jugeait la gravité du désordre et de l’indiscipline. »</p>
<p>Quand acceptera-t-on de regarder plus en profondeur, au risque de plonger dans des abîmes qui regarderont aussi en nous ? Combien de fois le feu avant que nous ne sortions du cercle vicieux pour changer de modèle de société, si nous le pouvons encore ?</p>
<hr>
<p><em>L’auteur a récemment publié <a href="http://www.editionsamsterdam.fr/les-sauvages-de-la-civilisation/">« Les sauvages de la civilisation. Regards sur la Zone, d’hier à aujourd’hui »</a>, aux éditions Amsterdam.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209239/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Beauchez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Réinterroger la colère et ses manifestations peut amener à les voir autrement : sous l’angle des « vies brutalisées », dont nous ne percevons que trop souvent les effets sans identifier leurs causes.Jérôme Beauchez, Sociologue et anthropologue, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050902023-07-11T14:48:11Z2023-07-11T14:48:11ZCourse à pied, fabrication de pain : traverser la pandémie grâce à de nouvelles passions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526903/original/file-20230517-18592-xkares.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage. </p>
<p>Chercheuses en psychologie, nous avons mené avec notre équipe de recherche <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">trois études durant la pandémie de Covid-19</a> afin d’examiner les bienfaits reliés au développement de nouvelles passions en contexte d’adversité. </p>
<p>Nous avons trouvé que les personnes ayant développé une passion harmonieuse ont vécu des émotions agréables et ont réussi à se désengager d’une activité passionnante irréalisable, ce qui les a amenés à ressentir du bien-être psychologique. </p>
<p>Les personnes ayant développé une passion obsessive, quant à elles, ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être (symptômes anxieux et dépressifs). </p>
<h2>Les passions ne sont pas toutes égales</h2>
<p>Prenons l’exemple d’Alex et de Charlie, deux personnages fictifs, afin d’illustrer les différents types de passion. Durant la pandémie, Alex a développé une passion pour la cuisine. Chaque soir, il adorait préparer une nouvelle recette et passer du temps en famille autour de bons repas. Dans la ville voisine, Charlie a quant à elle développé une passion pour le ski. Souhaitant participer à des compétitions, elle s’entraînait sur une base régulière et elle se sentait coupable les jours où elle ne skiait pas. Elle négligeait également ses études afin d’optimiser sa performance et se sentir fière d’elle dans son sport favori.</p>
<p>Alex et Charlie ont tous deux développé une passion pour une nouvelle activité, c’est-à-dire que cette activité aimée est devenue une partie de leur identité et ils y ont investi beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, ils ne se sont pas engagés dans cette activité de la même manière, ce qui a affecté différemment leur santé mentale. En effet, il existe <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0022-3514.85.4.756">deux types de passion</a>. </p>
<p>La <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion harmonieuse</a> est bien intégrée aux autres sphères de vie des individus. Ainsi, elle interfère peu avec leur travail, leurs loisirs ou leurs relations interpersonnelles. C’est le cas d’Alex, qui passe du temps en famille tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. De plus, les personnes ayant une passion harmonieuse sont en mesure de se désengager de leur activité passionnante au besoin, par exemple lors d’un confinement qui les empêche de la pratiquer. </p>
<p>Au contraire, la <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion obsessive</a> est caractérisée par un besoin incontrôlable de pratiquer l’activité aimée. Les personnes ayant une passion obsessive basent souvent leur estime de soi sur leur performance dans leur activité passionnante, comme Charlie qui ne peut s’empêcher de skier.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne debout sur une piste de ski" src="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Durant la pandémie, les personnes ayant développé une passion obsessive ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le rôle des émotions agréables et désagréables</h2>
<p>Alors que la passion harmonieuse d’Alex risque de lui procurer de nombreux bienfaits, la passion obsessive de Charlie pourrait engendrer des conséquences négatives sur sa santé mentale. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">Nos études</a> ont montré que les liens entre les types de passion et la santé psychologique peuvent être partiellement expliqués par la présence d’émotions agréables et désagréables. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780124072367000012">émotions agréables</a> permettent d’ouvrir ses horizons et de développer des ressources personnelles (p. ex., la présence attentive, qui réfère à la capacité d’être conscient de ses états internes et de son environnement) qui pourront être utilisées pour faire face aux situations stressantes. Les émotions désagréables ont également leurs fonctions. Par exemple, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0749597818305193">culpabilité</a> nous permet de reconnaître des comportements immoraux. Cependant, elles peuvent être associées à un repli sur soi et à des problèmes de santé psychologique.</p>
<p>Nos résultats indiquent que les personnes qui ont poursuivi une passion harmonieuse préexistante durant la pandémie et ceux qui en ont développé une nouvelle vivaient davantage d’émotions agréables, ce qui menait à un bien-être psychologique accru (satisfaction de vie, bonheur et trouver un sens à son existence). Au contraire, les personnes qui ont poursuivi une passion obsessive (préexistante et nouvelle) vivaient un peu de bien-être, mais surtout des émotions désagréables et des symptômes anxieux et dépressifs. </p>
<h2>Développer sa capacité à se désengager d’une passion</h2>
<p>La capacité à se désengager d’une passion est importante pour la santé mentale. Durant la pandémie, les personnes qui se désengageaient plus facilement de leur passion irréalisable, comme le voyage ou l’entraînement en salle, vivaient moins de symptômes d’anxiété et de dépression. </p>
<p>Nos résultats indiquent que le développement d’une nouvelle passion harmonieuse pourrait faciliter le désengagement face à une ancienne passion irréalisable qu’il est nécessaire de délaisser.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme assise dans un avion" src="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Favoriser la résilience grâce à la passion</h2>
<p>Il est important de souligner que les passions peuvent être des facteurs de résilience. Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Pendant la pandémie, le développement de nouvelles passions (surtout harmonieuses) était un facteur de protection important pour la santé mentale. </p>
<p>Cela appuie les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jopy.12774">résultats d’autres études récentes</a> portant sur l’importance des passions harmonieuses pour promouvoir la résilience. En période de stress, il est donc bénéfique de prioriser les activités que l’on aime et de développer de nouveaux intérêts pour promouvoir sa santé mentale tout en veillant à ce que ces activités passionnantes soient intégrées de façon harmonieuse aux autres sphères de vie.</p>
<p>Bien que nos recherches ne se soient pas poursuivies après les confinements reliés à la pandémie, d’autres études ont montré que les passions harmonieuses ont tendance <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10902-018-0059-z">à perdurer dans le temps</a>. Ainsi, il est fort probable que les passions harmonieuses développées durant la pandémie se maintiennent et continuent d’être bénéfiques à la santé psychologique encore aujourd’hui !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205090/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Cimon-Paquet a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et des Fonds de recherche du Québec - Société et culture.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Holding a reçu des financements de Canadian Social Sciences and Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Virginie Paquette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Durant la pandémie, de nombreuses personnes ont développé une passion alors que d’autres ont dû abandonner une activité passionnante. Ces passions ont joué un rôle dans la santé psychologique.Catherine Cimon-Paquet, Candidate au doctorat, conférencière et chargée de cours, Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Anne Holding, Chercheuse postdoctorale en motivation humaine, New York UniversityVirginie Paquette, Stagiaire postdoctorale en psychologie organisationnelle/industrielle, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2091682023-07-09T15:30:19Z2023-07-09T15:30:19ZL’envers des mots : « Ghoster »<p>Plus de SMS, plus d’appel, plus aucune nouvelle, comme ça, du jour au lendemain, sans explication… Si cette situation vous semble familière, vous avez peut-être été victime de « ghosting » ou « ghosté ». Dérivé de l’anglais « ghost », signifiant « fantôme », ce terme pourrait être traduit en français par l’expression « faire le mort ». Il est apparu dans la culture populaire en 2014 et a été officiellement défini par l’<a href="https://www.urbandictionary.com/define.php?term=Ghosting">Urban Dictionary</a> en 2016 :</p>
<blockquote>
<p>« Lorsqu’une personne coupe toute communication avec ses amis ou la personne qu’elle fréquente, sans aucun avertissement ou préavis. La plupart du temps, elle évite les appels téléphoniques de ses amis, les médias sociaux et les évite en public ».</p>
</blockquote>
<p>Bien que le verbe « ghoster » soit apparu récemment dans le langage courant, le phénomène n’est pas nouveau. En effet, la tactique de la disparition pour rompre une relation amoureuse ou amicale est une pratique ancienne qui pourrait renvoyer à la stratégie de désengagement indirect par retrait/évitement décrite par <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10570318209374082">Baxter</a> dans les années 80.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/que-veut-dire-etre-amis-a-lere-dinstagram-183287">Que veut dire « être amis » à l’ère d’Instagram ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Il est difficile de savoir précisément si « ghoster » est aujourd’hui plus fréquent qu’il y a 20 ans, 30 ans ou 40 ans. Néanmoins, cette stratégie de rupture est <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=SMUpDwAAQBAJ">très courante</a> aujourd’hui. La probable augmentation de ce phénomène serait liée, pour certains chercheurs, au recours aux <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fppm0000343">médias sociaux</a> et <a href="https://www.cairn.info/faire-couple-une-entreprise-incertaine--9782749265896-page-107.htm">sites de rencontre en ligne</a> qui faciliteraient et banaliseraient ce genre de pratique. Cela pourrait s’expliquer par les <a href="https://theconversation.com/relations-sociales-le-numerique-peut-il-compenser-le-manque-dechanges-directs-158984">spécificités des interactions en ligne</a> qui permettent de conserver une certaine part d’anonymat, d’avoir un contrôle sur la relation (et notamment la possibilité de différer ses réponses) ou encore le fait de ne pas être en face de la personne lors des échanges, ce qui peut favoriser les conduites d’évitement.</p>
<p>Si on peut tous et toutes « ghoster » une personne ou être « ghosté », cette pratique semble plus répandue chez les jeunes adultes (18-30 ans) ou adultes émergents, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2215036614000807">nouvelle catégorie</a> apparue récemment en psychologie du développement. Dans cette tranche d’âge, on retrouve des taux de ghosting allant de <a href="http://gilifreedman.com/Ghosting.pdf">25 %</a> à <a href="https://blog.pof.com/2016/03/pof-survey-reveals-80-millennials-ghosted/">78 %</a> ! Une des explications serait le fait que les adultes émergents ont une utilisation fréquente des médias sociaux et des applications de rencontres mais aussi que les ruptures amoureuses sont plus courantes dans ce groupe d’âge. A savoir que les personnes sont nombreuses à rapporter « ghoster » et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0276236618820519">avoir été « ghosté »</a>, ce qui peut rendre l’identification d’un profil type de « ghosteur » difficile.</p>
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<p>« Ghoster » est une pratique courante au sein des relations amoureuses mais elle peut aussi toucher d’autres types de relations comme les relations <a href="https://ijmaberjournal.org/index.php/ijmaber/article/view/179">amicales</a>, familiales ou même le champ <a href="https://dcdardentalks.com/2018/09/17/ghosting-in-the-workplace/">professionnel</a>.</p>
<p>Les ruptures sont souvent associées à des émotions négatives voire une vraie détresse psychique. Dans le cas du « ghosting », le fait, pour la personne « ghostée », de ne pas percevoir tout de suite l’absence de nouvelles comme un signe de rupture peut la laisser dans une <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=SMUpDwAAQBAJ">situation d’incertitude</a> et peut la conduire à se sentir responsable de la situation. Cet arrêt unilatéral de la communication ne permet pas d’avoir un temps d’élaboration autour de ce qui se passe ni d’avoir d’explication. Cela peut accroître la douleur liée à la rupture et amener une méfiance dans les relations ultérieures, voire même la reproduction de cette pratique où la personne « ghostée » va « ghoster » à son tour. La web-série documentaire de Jérémy Bulté <a href="https://www.france.tv/slash/fantomes/">« Fantômes »</a> sur la plate-forme Slash de France.tv illustre bien ce phénomène et la manière dont il peut retentir sur les relations suivantes.</p>
<hr>
<p><em>Cet article s’intègre dans la série <strong><a href="https://theconversation.com/fr/topics/lenvers-des-mots-127848">« L’envers des mots »</a></strong>, consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?</em></p>
<p><em>De <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-validisme-191134">« validisme »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-silencier-197959">« silencier »</a>, de <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-bifurquer-191438">« bifurquer »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-degenrer-191115">« dégenrer »</a>, nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public.</em></p>
<p><em>À découvrir aussi dans cette série :</em></p>
<ul>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-algocratie-203369"><em>« L’envers des mots » : Algocratie</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-docimologie-203861"><em>« L’envers des mots » : Docimologie</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-neuromorphique-195152"><em>« L’envers des mots » : Neuromorphique</em></a></p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/209168/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Danet a été interviewée par Jérémy Bulté dans le cadre de la web-série documentaire "Fantômes" mentionnée dans l'article.</span></em></p>« Faire le mort » pour rompre une relation amoureuse ou amicale est une stratégie ancienne qui serait en augmentation avec l’usage des réseaux sociaux, d’où la popularisation du terme « ghoster ».Marie Danet, Maîtresse de conférence en psychologie, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2054222023-06-06T19:53:12Z2023-06-06T19:53:12ZCommunication et changement climatique : de l’art de manier la peur habilement<p>Pour susciter l’action face au changement climatique, quelle communication adopter ? La peur est-elle un levier efficace ? Ou au contraire constitue-t-elle un frein à l’action ? Ces questions sont importantes, alors que nous oscillons entre écoanxiété et dissonance cognitive face à l’urgence climatique.</p>
<p>Sur ce sujet, la discipline du <a href="https://www.bincube.org/wp-content/uploads/2021/03/30000176.pdf">marketing social</a> fournit des pistes de réflexion intéressantes. Elle étudie en effet « l’adaptation des techniques du marketing commercial à des programmes conçus pour influencer le comportement volontaire d’audiences cibles de façon à améliorer leur bien-être personnel et celui de la société dont ils font partie ».</p>
<p>L’application du marketing au changement social, qui repose aujourd’hui sur des travaux de recherche solides, reste pourtant méconnue du grand public. L’objectif n’est pas de redorer l’image de la discipline mais de la mettre au service de causes sociales et sociétales – en l’occurrence les conséquences du changement climatique pour l’individu et la planète.</p>
<p>Dans cette perspective, le marketing social encourage l’idée qu’avoir recours au levier <a href="https://theconversation.com/face-au-changement-climatique-faire-de-la-peur-un-moteur-et-non-un-frein-200876">d’une peur modérée</a> peut s’avérer pertinent, autrement dit une peur suffisante pour susciter l’action mais pas trop forte car elle deviendrait alors un frein. D’autres conditions doivent toutefois être réunies pour que ce recours soit efficace.</p>
<h2>Les trois conditions d’un appel à la peur « efficace »</h2>
<p>Des modèles explicatifs du pouvoir persuasif de l’appel à la peur en communication persuasive fournissent des clés de compréhension des mécanismes fondés sur le recours à l’émotion de peur et aident à anticiper certaines réactions <a href="https://theconversation.com/appeler-a-la-peur-pour-proteger-la-population-et-obtenir-leffet-inverse-133946">face aux communications</a> faisant appel à la peur.</p>
<p>Les trois modèles – ou théories – les plus utiles dans cette perspective sont : le <a href="https://www.researchgate.net/profile/Yoram-Greenstein/post/Looking_for_article2/attachment/59d62eb779197b807798ce8c/AS%3A355392279334912%401461743530871/download/Health+Educ+Behav-1974-Rosenstock-328-35.pdf">modèle des croyances envers la santé</a>, le modèle issu de la <a href="https://www-tandfonline-com.sid2nomade-1.grenet.fr/doi/abs/10.1080/00223980.1975.9915803">théorie de la motivation à la protection</a> et le <a href="http://www.uky.edu/%7Engrant/CJT780/readings/Day%209/Witte1992.pdf">modèle étendu des processus parallèles</a>.</p>
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<p>Or ces trois cadres théoriques mettent en avant de manière consensuelle certaines conditions à réunir pour qu’une menace, donc un appel à la peur, soit efficace. De même, d’autres cadres théoriques comme celui de la théorie des niveaux de représentation de la distance psychologique viennent utilement compléter ces conditions premières.</p>
<h2>Vulnérabilité et perception de la gravité</h2>
<p>Retenons en particulier que si la menace n’est pas perçue comme assez grave par la cible visée ou si celle-ci ne se sent pas assez vulnérable face à elle, l’individu ne développera pas la motivation nécessaire pour se protéger du danger. La probabilité est alors élevée qu’il n’accepte pas le message et, de ce fait, ne développe pas les conduites adaptatives requises.</p>
<p>Afin qu’une communication incitant à changer ses comportements pour affronter les risques soit vraiment persuasive et efficace, il faut faire en sorte que le changement climatique soit perçu comme un danger vis-à-vis duquel chacun·e se sent concerné·e.</p>
<h2>Besoin de solutions convaincantes</h2>
<p>Si la menace est perçue comme assez grave et assez menaçante, elle engendrera de la peur. Mais ce n’est pas suffisant : il faut aussi que l’individu ciblé perçoive l’efficacité des recommandations de même que sa propre efficacité personnelle à mettre en œuvre le comportement en question.</p>
<p>Il développera sinon des efforts destinés à contrôler sa peur uniquement, et non le danger. Cette protection contre la peur passera alors par des motivations avant tout défensives et en particulier par le rejet du message menaçant.</p>
<p>En ce sens, l’idée de susciter une peur modérée s’avère plus judicieuse qu’une peur forte. Mais même dans ce cas, les solutions proposées doivent paraître efficaces et applicables par les individus.</p>
<h2>Effet « boomerang », le contrôle de la peur</h2>
<p>Une communication sur le dérèglement climatique qui parvient à susciter une peur importante sans convaincre de l’efficacité des recommandations proposées pour résoudre la menace, va provoquer un effet délétère : pour faire redescendre le niveau de cette émotion négative, les individus vont avoir tendance à contrôler leur peur.</p>
<p>Ils risquent ainsi de mettre en place des stratégies d’ajustement menant à un échec de la communication, avec le risque que la communication anxiogène <a href="https://www.researchgate.net/profile/Lorraine-Whitmarsh/publication/222301472_Barriers_Perceived_to_Engaging_with_Climate_Change_Among_the_UK_Public_and_Their_Policy_Implications/links/59e71a8e0f7e9b13acac6f78/Barriers-Perceived-to-Engaging-with-Climate-Change-Among-the-UK-Public-and-Their-Policy-Implications.pdf">« entraîne du déni et du désintérêt »</a>. S’ils sont dans le déni, qui correspond à exclure certaines informations, ils peuvent, par exemple, choisir les informations via des médias ou des partis politiques qui nient le dérèglement climatique. Ils risquent aussi de <a href="https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/2039994/O_Neill_and_Nicholson-Cole__2009__pre-print-libre.pdf">se désintéresser</a> ou de <a href="https://hal.univ-grenoble-alpes.fr/hal-01420366/file/Etude-prefiguration-perception-CC%20%282%29.pdf">minimiser les informations</a> en se concentrant sur des tâches autres.</p>
<p>Une autre stratégie consiste à éviter les informations et accuser un <a href="https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/2039994/O_Neill_and_Nicholson-Cole__2009__pre-print-libre.pdf">groupe cible comme les politiques ou les industriels</a>. Enfin, les personnes <a href="https://www-tandfonline-com.sid2nomade-1.grenet.fr/doi/abs/10.2501/IJA-33-4-741-765">peuvent aussi résister</a> en adoptant un comportement inverse à celui demandé.</p>
<p>Dans le cas des communications sur le dérèglement climatique surgissent d’autres difficultés particulières.</p>
<h2>Distanciation psychologique temporelle et sociale</h2>
<p>Dans le contexte de la communication autour du dérèglement climatique, la perception de gravité est ainsi rendue plus difficile par certaines spécificités de la menace, du fait tout d’abord d’un effet de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3152826/">distanciation temporelle</a> à l’égard de ces changements climatiques. Ces derniers sont en effet perçus comme encore lointains.</p>
<p>De même, les populations affectées par le dérèglement climatique peuvent être perçues comme éloignées des cibles de la communication en raison d’une distanciation sociale. Ainsi, un <a href="https://presse.ademe.fr/2022/11/barometre-les-representations-sociales-du-changement-climatique-2022-les-francais-de-plus-en-plus-pessimistes-quant-au-rechauffement-climatique-et-enclins-a-plus-de-sobriete-dans-leur-quotidien.html">Français sur deux</a> ne se sent pas encore directement concerné par les effets du changement climatique.</p>
<p>Notons d’ailleurs que le <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/publication-du-6e-rapport-synthese-du-giec">dernier rapport du GIEC</a> insiste plus sur l’impact du dérèglement sur les êtres humains (et pas seulement les espèces en voie de disparition) et en particulier ceux des pays occidentaux (et pas seulement les pays en développement).</p>
<h2>Un enjeu perçu comme collectif</h2>
<p>Il peut aussi s’avérer complexe de rendre la recommandation pertinente (efficacité des mesures demandées) car non seulement <a href="https://www-tandfonline-com.sid2nomade-1.grenet.fr/doi/abs/10.2501/IJA-33-4-741-765">l’auto-efficacité perçue est souvent très faible</a> mais la perception d’efficacité collective également.</p>
<p>Il est donc particulièrement <a href="https://presse.ademe.fr/2022/11/barometre-les-representations-sociales-du-changement-climatique-2022-les-francais-de-plus-en-plus-pessimistes-quant-au-rechauffement-climatique-et-enclins-a-plus-de-sobriete-dans-leur-quotidien.html">ardu de faire comprendre l’intérêt de gestes individuels</a> alors que le problème est vu comme collectif : « Les Français souhaitent que les pouvoirs publics agissent davantage pour lutter contre le changement climatique. Pour autant, les Français considèrent que les États et les instances internationales sont les acteurs qui agissent le moins aujourd’hui (respectivement 26 % et 14 %), avec les entreprises (14 %). ».</p>
<p>Une difficulté qui se trouve à nouveau expliquée par la question de la temporalité et de la distance temporelle perçue. <a href="https://presse.ademe.fr/2022/11/barometre-les-representations-sociales-du-changement-climatique-2022-les-francais-de-plus-en-plus-pessimistes-quant-au-rechauffement-climatique-et-enclins-a-plus-de-sobriete-dans-leur-quotidien.html">72 % des Français estiment ainsi que</a> « les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles dans une cinquantaine d’années ».</p>
<p>Enfin, ces mesures sont de nature à induire une idée d’inéquité et d’injustice, avec le risque par exemple de pénaliser plus fortement les bas revenus.</p>
<p>Pour conclure, l’appel à la peur peut être efficace s’il est bien conçu par rapport aux <a href="https://www.bellisario.psu.edu/assets/uploads/directory_cv/SkurkaChrisCV-Sept2019.pdf">théories mobilisées en marketing social</a> et <a href="https://climatechangecommunication.org/wp-content/uploads/2016/03/December-2008-Communication-and-Marketing-as-Cliamte-Change-Intervention-Assets.pdf">si le message a été pré-testé</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205422/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le sujet de cet article a été abordé lors du séminaire Esprit Futur à l’Université Aix-Marseille, organisée par la Fédération CRISIS, jeudi 6 avril dernier et les auteures tiennent à remercier Thomas Berrhoun pour son invitation à y participer. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Laure Gavard-Perret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le marketing social fournit des éclairages intéressants pour utiliser la peur comme levier d’action efficace.Marie-Claire Wilhelm, Maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes, Grenoble INP, CERAG, co-responsable de la Chaire M2S, Grenoble IAE Graduate School of ManagementMarie-Laure Gavard-Perret, Professeure des universités en gestion, Grenoble IAE, laboratoire CERAG, spécialiste du marketing social et de la communication persuasive et préventive, Grenoble IAE Graduate School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2053172023-05-29T16:46:41Z2023-05-29T16:46:41ZCe que la Grèce antique nous dit de l’amour maternel<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/528849/original/file-20230529-19-ixxqa5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C45%2C1002%2C705&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">"Les adieux d'Hector et d'Andromaque", tableau du XVIIIe siècle représentant une scène de l'épopée antique L'Iliade.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vien_-_Les_adieux_d%27Hector_et_d%27Andromaque_01.jpg">Joseph-Marie Vien, via Wikimedia Commons</a></span></figcaption></figure><p>Peut-être les <a href="https://www.brandeis.edu/facultyguide/person.html?emplid=1be7ee967d45605afddf7da9ad4ca2c049a26c0b">Grecs de l’Antiquité</a> ne connaissaient-ils pas le genre de fête des Mères qu’on célèbre aujourd’hui en Europe et aux États-Unis – et dont l’origine remonte <a href="https://nationalwomenshistoryalliance.org/resources/commemorations/history-of-mothers-day/">au début du XXᵉ siècle</a>, voire <a href="https://www.bbc.co.uk/newsround/17343360">au Moyen Âge</a>. Cependant, ils organisaient bel et bien des festivités en l’honneur de la maternité, centrées sur la déesse <a href="https://www.britannica.com/topic/Daedala">Héra</a> ou <a href="https://www.theoi.com/Phrygios/Kybele.html">Cybèle</a>, mère de la Terre, même si, le plus souvent, la <a href="https://womeninantiquity.wordpress.com/2018/11/29/the-cults-of-hera/">préparation de ces fêtes</a> reposait en majeure partie sur les épaules des femmes elles-mêmes.</p>
<p>Les récits qui nous sont parvenus sur les mères réelles, ou celles représentées dans la mythologie nous montrent combien elles étaient importantes. En partie grâce à leur lien avec le cycle de la vie, les femmes de la Grèce antique étaient à la fois des <a href="https://repository.upenn.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1085&context=classics_papers">symboles de mortalité</a> et une force qui humanisait les héros.</p>
<h2>Ce que l’histoire antique nous dit sur les mères</h2>
<p>Ce que nous savons de la vie des femmes dans la Grèce antique n’est généralement pas très reluisant. Selon le poète Hésiode (environ 700 avant J.-C.), il était de bon ton de marier les femmes à des hommes plus âgés <a href="http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Hes.+WD+695&fromdoc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0132">« quatre ou cinq ans après la puberté »</a>. Les traditions philosophiques et médicales de l’époque considéraient les femmes comme inférieures et définies <a href="https://www.routledge.com/Hippocrates-Woman-Reading-the-Female-Body-in-Ancient-Greece/King/p/book/9780415138956">par leur capacité à donner naissance</a>, même si, dans les croyances populaires, c’était le sperme masculin qui contenait <a href="https://aeon.co/essays/blame-it-on-aristotle-how-science-got-into-bed-with-sexism">tout ce qui est nécessaire à un bébé</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/fete-des-meres-dans-les-livres-pour-enfants-les-meres-sont-elles-vraiment-mises-a-lhonneur-172992">Fête des mères : dans les livres pour enfants, les mères sont-elles vraiment mises à l’honneur ?</a>
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<p>Les informations dont nous disposons sur ce qu’étaient leurs vies après le mariage sont très floues. Certains récits font état d’une moyenne de <a href="https://bmcr.brynmawr.edu/1994/1994.12.02/">six naissances par femme</a>, et jusqu’à 40 % des enfants <a href="https://www.jstor.org/stable/4502068">pourraient ne pas avoir survécu</a> jusqu’à l’âge de leur mariage – ces estimations de la mortalité infantile sont variables. La plupart des historiens s’accordent à dire que la perte d’un enfant était suffisamment courante dans l’Antiquité pour qu’on s’y attende plutôt que de s’en étonner.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un relief sculpté montre un homme debout tenant un enfant emmailloté, avec une femme assise à côté d’eux" src="https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=937&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=937&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=937&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1177&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1177&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524236/original/file-20230503-19-e9d5rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1177&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une pierre tombale en marbre datée de 420 av.J.-C.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/marble-tombstone-of-timarete-the-tombstone-depicts-the-news-photo/1314616517?adppopup=true">Photo12/Ann Ronan Picture Library/Universal Images Group via Getty Images</a></span>
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<p>Les informations sur la mortalité maternelle sont tout aussi obscures, bien que les données démographiques suggèrent qu’à certaines époques <a href="https://www.jstor.org/stable/4502068">plus de 30 % des mères seraient mortes de complications liées à l’accouchement</a>. Mais il existe des témoignages ici et là à travers les inscriptions funéraires recueillies dans l’ensemble du monde grec de l’Antiquité. Ainsi, Prakso, 21 ans, épouse de Théocrite, <a href="https://sententiaeantiquae.com/2022/06/25/another-casualty-of-childbirth-2/">est morte en couches</a> et a laissé derrière elle un enfant de 3 ans. Kainis est morte des <a href="https://sententiaeantiquae.com/2023/03/09/lost-to-childbirth-at-18-and-20-two-funerary-inscriptions-3/">suites d’un accouchement prolongé</a>, à 20 ans, « à peine entrée dans la vie ». Plauta est également décédée à 20 ans, <a href="https://sententiaeantiquae.com/2021/03/11/gone-at-20-in-childbirth-mourned-evermore/">lors de son deuxième accouchement</a> – mais sa renommée « continue de chanter, aussi profondément que le chagrin sans fin de son cher mari », peut-on lire sur sa pierre tombale.</p>
<p>Les étudiants en lettres classiques apprennent souvent que les hommes de la Grèce antique ne passaient généralement pas beaucoup de temps avec les très jeunes enfants, étant donné le taux élevé de mortalité précoce. Certaines pratiques rituelles peuvent avoir été des réponses à la <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/79426554.pdf">précarité de ces jeunes vies</a>, comme le fait de ne donner un nom à l’enfant que le dixième jour après sa naissance ou de ne l’enregistrer officiellement en tant que membre de la famille du père qu’au cours de la première année.</p>
<h2>Les femmes dans la mythologie grecque</h2>
<p>Lorsque les gens pensent au domaine que j’étudie, la poésie épique, je soupçonne qu’ils se représentent généralement des héros masculins violents et des femmes victimes. Cette image n’est certes pas fausse, mais elle néglige d’autres aspects des femmes, et des mères en particulier dans le monde de la poésie et des mythes grecs.</p>
<p>Grèce antique possédait une sorte de catalogue poétique – en gros, des listes de personnes et leurs histoires en bref – destiné à raconter les histoires de familles héroïques, et ce catalogue s’appuyait sur les <a href="https://www.theoi.com/Text/HesiodCatalogues.html">épouses et les mères</a>, ce qui permettait d’humaniser les héros pour leur public.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une plaque sculptée représente une femme assise, la tête dans les mains, entourée d’hommes" src="https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=459&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=459&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=459&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=577&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=577&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524243/original/file-20230503-26-rgplib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=577&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une plaque datant du Vᵉ siècle avant J.-C. montre Ulysse retournant auprès de Pénélope, harcelée par des prétendants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/terracotta-plaque-classical-ca-460-450-b-c-greek-melian-news-photo/1296614367?adppopup=true">Sepia Times/Universal Images Group via Getty Images</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans <em>L’Odyssée</em>, par exemple, Ulysse s’inspire de cette tradition lors de son voyage aux enfers, racontant l’histoire de toutes les mères de héros rencontrées parmi les morts, au premier rang desquelles, sa propre mère. Au cours de sa brève visite, il <a href="http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0136%3Abook%3D11%3Acard%3D180">apprend que celle-ci, Anticleia</a>, a eu le cœur brisé par la longue absence de son fils et en est morte. Par ailleurs, tout au long de l’épopée, Ulysse lutte pour retrouver Pénélope, sa femme, mais aussi mère protectrice de leur fils, Télémaque.</p>
<p>Dans <em>L’Iliade</em>, la mère du puissant guerrier Achille, Thétis, joue un rôle déterminant en intercédant en sa faveur auprès de Zeus lorsqu’Agamemnon, le chef des Grecs, le <a href="http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0134%3Abook%3D1%3Acard%3D345%20%22%22">déshonore</a>. Lorsque le combattant presque invincible s’apprête à affronter Hector, Thétis se lamente sur la brièveté d’une vie qui touche à sa fin.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une peinture montre un homme en tenue de combat qui remet un enfant nu à une femme vêtue d’une tunique bleue" src="https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=867&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=867&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=867&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1089&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1089&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524242/original/file-20230503-22-4eb1k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1089&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Peinture d’Andromaque interceptant Hector avant qu’il ne parte au combat, par Fernando Castelli.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/andromache-intercepting-hector-at-the-scaean-gate-by-news-photo/150620659">A. De Luca/De Agostini via Getty Images</a></span>
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<p>Tout au long des récits de guerre et d’honneur de <em>L’Iliade</em>, les mères sont là pour rappeler aux auditeurs les conséquences réelles de la guerre. Dans un moment saisissant, Hector, le prince de Troie, attend de faire face à Achille et à une mort probable. Hécube, sa mère, depuis les murs de la ville, montre son sein à son fils, le suppliant de <a href="http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Hom.+Il.+22.100&fromdoc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0134">se souvenir des soins qu’il a reçus d’elle</a> et de rester dans la ville pour la protéger.</p>
<p>La scène la plus déchirante nous fait entendre la voix d’Andromaque, la femme d’Hector, apprenant la mort de son mari et déplorant la <a href="http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Hom.+Il.+22.600&fromdoc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0134">souffrance future de leur fils orphelin</a>, privé d’une place à la table des autres hommes, livré à l’errance et à la mendicité. Ce passage était encore plus bouleversant pour les spectateurs de l’Antiquité qui connaissaient le sort de leur fils, Astyanax : après la chute de Troie aux mains des Grecs, il fut précipité du haut des murs de la ville.</p>
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<p>Ces mères de héros ont aidé les Grecs de l’Antiquité à se définir et à comprendre leur place dans le monde, presque toujours à leur propre détriment. Elles rappellent aux auditeurs le sens du travail et du sacrifice.</p>
<p>Nous considérons généralement que le monde moderne est très différent du passé mais, hier comme aujourd’hui, il y a peu de choses qui puissent être considérées comme étant sources de telles transformations que le fait de donner naissance ou d’élever un enfant. Les paroles de dramaturges antiques nous le rappellent. Ainsi, <a href="https://sententiaeantiquae.com/2015/06/03/three-sophoklean-fragments-on-parents-and-children/">Sophocle affirme</a> que « les enfants sont les points d’ancrage de la vie d’une mère » et <a href="https://sententiaeantiquae.com/2014/11/14/fragmentary-friday-euripides-confuses-himself-on-women/">Euripide écrit</a> : « Aimez votre mère, enfants, il n’y a pas d’amour plus doux que celui-là ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205317/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joel Christensen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la Grèce antique n’organisait pas de fête des Mères comme on le fait aujourd’hui, la maternité était bel et bien célébrée lors de festivités.Joel Christensen, Professor of Classical Studies, Brandeis UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2040622023-04-26T17:14:29Z2023-04-26T17:14:29ZDisputes entre frères et sœurs : les parents doivent-ils intervenir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/521592/original/file-20230418-21-xevem8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C60%2C1882%2C1215&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les disputes permettent aux enfants d'identifier ce qui les met en colère et de développer des stratégies de gestion des problèmes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Fizkes/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les raisons pour lesquelles des frères et sœurs se disputent sont nombreuses. Dans ces situations, les parents sont souvent confrontés à un dilemme : « Dois-je intervenir dans le conflit ou vaut-il mieux les laisser le résoudre par eux-mêmes ? »</p>
<p>Pour répondre à cette question, il est nécessaire de comprendre quels sont les facteurs qui sous-tendent les disputes des enfants, à quoi elles servent et, le cas échéant, quand et comment intervenir.</p>
<h2>Les particularités des émotions enfantines</h2>
<p>La joie, la tristesse, la colère, la <a href="https://theconversation.com/ce-qui-se-passe-dans-notre-cerveau-quand-on-a-peur-203588">peur</a>, la surprise et le dégoût sont les six <a href="https://theconversation.com/fr/topics/emotions-28337">émotions</a> dites primaires, qui existent chez l’être humain dès les premiers stades de son développement. Cela signifie que les gens naissent avec une prédisposition à comprendre et à exprimer les émotions.</p>
<p>Progressivement, à partir de l’âge de trois ans, apparaissent des émotions secondaires qui, bien que basées sur les émotions primaires, sont plus complexes et conditionnées par l’environnement : la jalousie, l’envie, <a href="https://theconversation.com/surestimons-nous-les-vertus-de-lempathie-130721">l’empathie</a>, la fierté, etc.</p>
<p>Toutes ces émotions jouent un rôle essentiel dans l’expérience, la survie et le développement de l’être humain ; elles façonnent notre façon de percevoir et de <a href="https://psicologiaymente.com/psicologia/psicologia-emocional">nous sensibiliser au monde</a>.</p>
<p>Les émotions, pendant l’enfance, présentent certaines particularités. Elles se caractérisent surtout par leur versatilité (les enfants passant d’une émotion à l’autre avec une relative facilité), leur intensité (l’émotion est omniprésente) et leur simplicité (la complexité émotionnelle se développant avec l’expérience).</p>
<p>Les émotions sont étroitement liées au tempérament, un ensemble de comportements innés en réponse à des stimuli environnementaux. En psychologie, on distingue trois tempéraments de base : <a href="http://www.xtec.cat/%7Ejcampman/o.pers.pdf">difficile, lent et facile</a>, qui dépendent d’un certain nombre de variables telles que la quantité de mouvement, la régulation du sommeil, de l’alimentation et de l’excrétion, le degré de distractibilité, la réaction à la nouveauté, l’adaptation aux changements environnementaux, le temps que l’enfant consacre à une activité, le seuil de sensibilité, l’intensité de la réaction et l’humeur générale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-apprendre-aux-enfants-a-sexcuser-64686">Comment apprendre aux enfants à s’excuser ?</a>
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<p>Le tempérament est la partie biologique de la personnalité. Il reste statique et stable au cours du développement de la personne.</p>
<p>Les frères et sœurs se ressemblent davantage que deux personnes sans lien socioaffectif. Cependant, les différences les plus frappantes entre eux sont des aspects qui dépendent du tempérament. C’est précisément pour cette raison que, dans l’environnement familial, les différences de tempérament influenceront la nature des relations qu’ils entretiennent.</p>
<h2>L’« utilité » des disputes</h2>
<p>Bien que les disputes des enfants puissent créer une atmosphère familiale inconfortable, elles sont utiles : elles permettent aux enfants d’identifier ce qui les met en colère, d’apprendre à fixer des limites et de développer des stratégies de gestion des problèmes, entre autres.</p>
<p>Elles font également partie d’un processus d’apprentissage au cours duquel des normes sociales sont transmises et établies. Elles permettent aux enfants d’appréhender la réalité dans les différents contextes dans lesquels ils évoluent.</p>
<p>Les compétences qui résultent de ces situations seront utiles aux enfants pour leur développement émotionnel, leurs interactions sociales et la <a href="https://www.aacademica.org/maria.elena.molina/28">gestion des difficultés dans la vie adulte</a>.</p>
<p>Parmi les choses que les parents peuvent faire pour rendre ce processus de maturation aussi productif que possible, il en est une qui peut sembler évidente mais qui fait toute la différence : agir envers les enfants de la manière dont nous aimerions qu’ils agissent lorsqu’ils interagissent les uns avec les autres.</p>
<p>C’est ce que préconise dans le domaine scientifique la théorie de l’apprentissage social du psychologue canadien <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Albert_Bandura">Albert Bandura</a>, selon laquelle l’être humain apprend en <a href="https://psicologiaymente.com/social/bandura-teoria-aprendizaje-cognitivo-social">observant d’autres personnes que l’on appelle des modèles</a>.</p>
<h2>Le rôle des parents : l’éducation émotionnelle</h2>
<p>L’observation des adultes qui les entourent peut ne pas suffire pour que aider les enfants à acquérir des stratégies de résolution des conflits. Il est essentiel de connaître un peu le cerveau des enfants pour comprendre certains de leurs comportements et réactions.</p>
<p><a href="https://www.redalyc.org/pdf/380/38051452008.pdf">Les neurosciences</a> montrent que la partie émotionnelle du cerveau, c’est-à-dire celle qui gère les émotions, est complète dès la naissance. En revanche, la partie rationnelle – dont le rôle fondamental est la sélection des comportements, l’autorégulation et l’autocontrôle – vient seulement de se développer <a href="https://revistas.iberoamericana.edu.co/index.php/ripsicologia/article/view/203">vers l’âge de 20 ans</a>. En d’autres termes : les enfants ont beaucoup d’émotions, mais personne pour les contrôler.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cultiver-lempathie-quelques-cles-pour-aider-les-enfants-a-souvrir-a-lalterite-173376">Cultiver l’empathie : quelques clés pour aider les enfants à s’ouvrir à l’altérité</a>
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<p>Les enfants peuvent ne pas disposer de suffisamment de stratégies pour résoudre leurs problèmes par eux-mêmes. Dans ce cas, il est important que les parents jouent le rôle de médiateurs en leur offrant des lignes directrices afin qu’ils les intègrent peu à peu dans leur répertoire comportemental et <a href="https://redined.educacion.gob.es/xmlui/handle/11162/4957">qu’ils finissent par être capables de gérer les problèmes par eux-mêmes</a>.</p>
<p>Voici quelques points à prendre en compte dans cette médiation :</p>
<ul>
<li><p>Restez calme. Il est important que les parents servent de modèles à leurs enfants. Par conséquent, le maintien d’une attitude calme aidera les enfants à établir des modèles de régulation émotionnelle et comportementale appropriés.</p></li>
<li><p>Donnez à l’enfant le temps de calmer son côté émotionnel et de laisser le côté rationnel prendre le dessus. Les adultes, lorsqu’ils ressentent une émotion très intense (surtout si elle est négative), ont également besoin d’un moment pour s’autoréguler sur le plan émotionnel.</p></li>
<li><p>Ne prenez pas parti pour l’un ou l’autre des enfants</p></li>
<li><p>Acceptez les émotions des enfants, sans les juger. Même si les émotions sont négatives, il est utile pour les enfants d’éprouver toutes sortes d’émotions.</p></li>
<li><p>Étiquetez les émotions. Il est nécessaire que les enfants identifient et comprennent l’émotion qu’ils ressentent afin de pouvoir la réguler plus tard.</p></li>
<li><p>Encouragez l’empathie : « Comment penses-tu que ton frère se sent maintenant ? »</p></li>
<li><p>Favorisez une communication assertive. Les moments de conflit sont essentiels pour déterminer ce qui ne fonctionne pas dans la relation. Il est essentiel de communiquer avec assurance, c’est-à-dire d’être capable d’exprimer clairement ses sentiments et ses besoins sans manquer de respect à l’autre ou le rabaisser.</p></li>
</ul>
<p>Cependant, dans certaines situations, les parents doivent intervenir directement (disputes violentes, abus entre frères et sœurs…). Dans ces situations, il est important de rester calme, de les séparer et d’attendre qu’ils intègrent les émotions qu’ils ressentent pour pouvoir ensuite appliquer les stratégies mentionnées ci-dessus.</p>
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<p><em>Nadia Porcar Gozalbo, orthophoniste et étudiante en psychologie, a collaboré à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204062/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alejandro Cano Villagrasa ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les querelles entre frères et sœurs font partie de ces expériences qui aident les enfants à grandir. Elles sont l’occasion pour eux d’apprendre à gérer leurs émotionsAlejandro Cano Villagrasa, Profesor en el Grado de Logopedia y Psicología, Universidad Internacional de ValenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2037932023-04-17T15:59:13Z2023-04-17T15:59:13ZLes enfants ne jouent plus autant qu’avant : pourquoi il faut s’en inquiéter<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520776/original/file-20230413-20-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/beautiful-litlle-girl-on-hopscotch-202967737">Shutterstock / VP Photo Studio</a></span></figcaption></figure><p>« Je descends jouer ! » Voilà une phrase que beaucoup d’entre nous ont souvent prononcée au cours de leur enfance. Aujourd’hui, elle se fait plus rare dans le quotidien des familles : selon certaines études, les enfants jouent moins qu’avant – une heure et demie par jour – et ils arrêtent plus tôt de <a href="https://www.museumofplay.org/app/uploads/2022/01/1-3-article-childrens-pastimes-play-in-sixteen-nations.pdf">jouer avec des jouets classiques</a>. Dès l’âge de 7-9 ans, beaucoup préfèrent les appareils électroniques aux poupées, figurines, cerfs-volants, petites voitures…</p>
<p>L’émergence de ces appareils, la vie dans les grandes villes où les <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-leurs-enfants-dans-la-ville-enquete-aupres-de-parents-a-paris-et-a-milan-170571">sorties à l’extérieur sont moins autonomes</a> et moins sûres, les longues journées d’école suivies d’activités extrascolaires sont autant de facteurs qui peuvent expliquer cette tendance. Mais au-delà des causes, quelles en sont les conséquences ?</p>
<h2>Jouer pour apprendre et grandir</h2>
<p>Nous connaissons depuis des années l’importance du jeu dans le développement des enfants et leurs apprentissages. <a href="https://www.researchgate.net/publication/265449180_The_Decline_of_Play_and_the_Rise_of_Psychopathology_in_Children_and_Adolescents">Certaines recherches</a> menées aux États-Unis mettent en garde contre le lien entre la diminution du temps consacré au jeu libre et l’augmentation de l’anxiété et de la dépression chez les enfants et les jeunes.</p>
<p>Le jeu est présent dans toutes les cultures et à toutes les époques, comme en témoignent les <a href="https://www.agenciasinc.es/Entrevistas/Los-primeros-juguetes-de-la-prehistoria-fueron-pequenas-figurillas-de-animales-canicas-o-miniaturas-de-objetos-adultos">vestiges archéologiques de certains jouets</a>. Les bébés humains passent par un stade d’immaturité biologique qui les rend dépendants des adultes pour leur survie, et à ce stade, ils passent une grande partie de leur temps à jouer.</p>
<p>Cette immaturité leur permet de tirer profit du jeu, grâce auquel ils peuvent répéter des comportements, simuler des situations, s’entraîner à des comportements, apprendre à contrôler leur attention et leurs émotions, apprendre des éléments du contexte social et s’intégrer progressivement dans le monde des adultes.</p>
<p>En résumé, ces activités enfantines contribuent positivement au <a href="https://cms.learningthroughplay.com/media/esriqz2x/role-of-play-in-childrens-development-review_web.pdf">développement humain</a> dans toutes ses dimensions :</p>
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<li><p>sur le plan physique, à travers la stimulation de l’évolution du système nerveux ;</p></li>
<li><p>sur le plan psychomoteur, en favorisant ; l’équilibre et le contrôle musculaire.</p></li>
<li><p>sur le plan cognitif, en développant la pensée et la créativité ;</p></li>
<li><p>du point de vue social, en permettant le contact avec les pairs et l’apprentissage des règles de comportement.</p></li>
<li><p>du point de vue affectif et émotionnel, par la recherche du plaisir, de l’équilibre psychologique ou de la maîtrise de soi.</p></li>
</ul>
<h2>Jeux de groupe, jeux actifs, jeux d’imagination…</h2>
<p>Il existe une multiplicité de comportements humains que l’on regroupe sous le terme de jeu, d’où la complexité de la notion, la difficulté de la définir et de la catégoriser.</p>
<p>En raison de la diversité des approches et des cadres conceptuels à partir desquels la recherche a été abordée, il n’est pas surprenant de constater que, pour chaque domaine du développement de l’enfant, il existe une forme de jeu.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mon-enfant-a-un-ami-imaginaire-et-si-ca-laidait-a-grandir-109274">Mon enfant a un ami imaginaire : et si ça l’aidait à grandir ?</a>
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<p>Cependant, on les classe généralement en cinq grands types : l’activité physique, le jeu avec des objets, le jeu symbolique, le jeu d’imitation et d’imagination et le jeu fondé sur des règles.</p>
<p><a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/12/6/6455">L’activité physique</a> comprend le <em>jeu actif</em> avec des activités telles que sauter, grimper, jouer au ballon, etc., qui commencent à se développer à partir de la deuxième année de vie, ainsi que des activités de motricité fine comme le découpage ou le coloriage, et le <em>jeu de groupe</em>, typique de la phase préscolaire, qui se déroule avec d’autres et comprend des luttes, des coups de pied et des combats grâce auxquels les enfants apprennent à contrôler leur agressivité. Ces jeux favorisent non seulement le développement moteur et sensoriel, mais aussi les capacités d’attachement et la compréhension des compétences émotionnelles et sociales.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Imiter par le jeu des situations de la vie courante contribue à la socialisation des enfants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/adorable-little-girl-playing-soft-toys-1481057063">Shutterstock</a></span>
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<p>Les jeux avec des objets commencent dès les premiers mois, lorsque les bébés sont capables de saisir et de tenir des objets. Ils commencent à frotter les objets, à les frapper, à les faire tomber… jusqu’à ce qu’ils soient capables de les trier, de les classer, de faire des constructions avec eux, etc. Ce sont des activités qui leur servent de mécanismes pour explorer le monde qui les entoure.</p>
<p>Le jeu symbolique, qui apparaît entre 2 et 3 ans, est centré sur l’utilisation de systèmes symboliques tels que le langage, la lecture, le dessin ou la musique et favorise le développement des capacités de réflexion sur les expériences, les émotions, etc.</p>
<p><a href="https://www.researchgate.net/publication/230706102_The_Impact_of_Pretend_Play_on_Children%27s_Development_A_Review_of_the_Evidence">Le jeu de simulation</a>, dans lequel des objets sont transformés pour en représenter d’autres (un balai représente un cheval, un doigt fait office de pistolet…), apparaît vers l’âge de 1 an et constitue un <a href="https://theconversation.com/jouer-a-faire-semblant-aide-t-il-les-enfants-a-grandir-184757">moyen de développer la pensée abstraite</a>, ce qui a des implications pour les futures compétences cognitives, sociales et académiques.</p>
<p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/02103702.2017.1292684">Les jeux fondés sur des règles</a> vont des jeux de plein air, comme le cache-cache ou les activités sportives, aux <a href="https://theconversation.com/asi-nos-cambian-el-cerebro-los-juegos-de-mesa-191426">jeux de société</a> ou aux jeux électroniques. Ces jeux développent la compréhension des règles et des aspects de la vie sociale tels que le tour de rôle, le partage ou la compréhension du point de vue des autres.</p>
<h2>Le jeu, activité sociale et droit de l’enfant</h2>
<p>Au cours des dernières décennies, avec l’intégration progressive d’une grande partie de la population dans les villes, on a assisté à un déclin constant des jeux traditionnels et de plein air en face à face, au profit de jeux structurés, de sports organisés et d’activités extrascolaires. En conséquence, certaines <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14733280500352912">recherches</a> suggèrent que les enfants jouent moins aujourd’hui qu’il y a quelques décennies.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-enfants-libres-daller-et-venir-seuls-sorienteront-mieux-a-lage-adulte-166201">Les enfants libres d’aller et venir seuls s’orienteront mieux à l’âge adulte</a>
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<p>On observe également une augmentation des jeux basés sur la technologie (jeux vidéo, réalité virtuelle et augmentée). Curieusement, malgré leurs détracteurs, il a été observé que ces jeux <a href="https://www.revistacomunicar.com/index.php?contenido=detalles&numero=33&articulo=33-2009-19">fournissent des compétences nécessaires</a> qui répondent aux caractéristiques des sociétés technologiques (agilité dans la prise de décision, résolution de problèmes, etc.)</p>
<p>En termes d’implications pour l’apprentissage, le jeu est une activité indispensable de l’enfance qui <a href="https://www.researchgate.net/publication/325171106_Learning_through_play_a_review_of_the_evidence">contribue positivement</a> et peut être utilisé comme <a href="https://theconversation.com/diez-reglas-sencillas-para-pasarlo-bien-jugando-con-nuestros-hijos-182352">outil pédagogique</a> par les parents et les enseignants en raison de son caractère motivant, amusant et agréable.</p>
<p>Dans le même ordre d’idées, les dynamiques de jeu telles que la <em>gamification</em> sont appliquées dans des contextes éducatifs, dans le but d’impliquer les élèves dans des tâches scolaires, de les faire participer à des processus d’apprentissage et <a href="https://theconversation.com/es-util-usar-recompensas-para-motivar-en-el-aula-y-en-los-deportes-198038">d’améliorer leurs performances</a>.</p>
<p>Les adultes humains conservent encore ces comportements qui, chez d’autres espèces, ne définissent que des membres infantiles. Quel que soit l’âge, le jeu joue un rôle important dans la vie des gens. Pour certains, il s’agit d’un moyen de s’entraîner et de pratiquer de nouvelles compétences et de nouveaux comportements dans un environnement sûr, tandis que pour d’autres, c’est un moyen de favoriser l’interaction sociale et la connexion avec les autres. En général, le jeu peut avoir un certain nombre d’effets bénéfiques sur la santé mentale et physique, comme la réduction du stress, l’amélioration de la créativité et la résolution de problèmes.</p>
<p>En bref, le jeu n’est pas seulement une activité pour les enfants, mais peut constituer une part importante de la vie des personnes de tous âges. Les potentialités du jeu sont à la base du développement des capacités cognitives, socio-émotionnelles et de résolution de problèmes d’ordre supérieur développées par les êtres humains.</p>
<p>Le jeu est nécessaire à l’épanouissement de notre condition humaine et est désormais reconnu à juste titre par les Nations unies non seulement comme une opportunité mais aussi comme un <a href="https://recyt.fecyt.es/index.php/BORDON/article/view/brp.2013.65107/11377">droit pour les enfants</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203793/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ángeles Conde Rodríguez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les enfants ne jouent plus qu’une heure et demie par jour – et, dès l’âge de 7-9 ans, beaucoup préfèrent les appareils électroniques aux poupées, figurines, cerfs-volants, petites voitures…Ángeles Conde Rodríguez, Profesora Titular de Psicología Evolutiva y de la Educación, Universidade de VigoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2035882023-04-13T17:50:37Z2023-04-13T17:50:37ZCe qui se passe dans notre cerveau quand on a peur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520490/original/file-20230412-20-1i8t9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C27%2C4553%2C3008&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Différentes parties de notre cerveau contribuent à nos frayeurs et aux souvenirs qu'elles laissent et qui conditionnent souvent nos nouvelles peurs.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/extreme-close-up-photo-of-frightened-eyes-4178738/">Samer Daboul/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>De l’inconfort poignant d’être seul dans une ruelle sombre à l’angoisse sourde que l’on peut ressentir envers un futur incertain, la peur prend différentes saveurs. Si cette émotion nous vient d’un mécanisme de survie de base (se protéger de dangers mortels), de nombreux troubles psychologiques liés à la peur dépassent cette fonction initiale : crises de panique, phobies sociales, troubles de stress post-traumatiques, pour ne citer qu’eux. Ces troubles ont tous en commun l’émotion qu’est la peur et des symptômes de réaction à une forme de menace.</p>
<p>Les avancées technologiques en neurosciences permettent aujourd’hui d’explorer comment le cerveau crée des états de peur et de défense. Des techniques d’identification et de manipulation de zones spécifiques du cerveau d’organismes vivants ont permis la découverte de nouvelles zones du cerveau impliquées dans les processus cognitifs liés à la peur, ainsi que l’identification de mécanismes à l’échelle des neurones qui régissent notre <a href="https://doi.org/10.1038/nrn3945">« mémoire de la peur »</a>, c’est-à-dire le fait de se souvenir d’événements liés à la peur qui se sont produits dans le passé.</p>
<h2>Comment définir la peur scientifiquement ?</h2>
<p>Face à une menace, notre cerveau promeut des mécanismes de défense pour tenter d’atténuer les conséquences de la menace et améliorer les chances de survie. Le résultat est à la fois cognitif et comportemental : c’est cet ensemble que nous percevons consciemment comme de la peur.</p>
<p>Lorsque nous sommes confrontés à une situation dangereuse, comme les animaux, nous avons trois options : nous battre, fuir ou rester immobile (pour passer inaperçus). D’un point de vue évolutif, ces trois réponses ont des implications différentes. Par exemple, de nombreux prédateurs détectent leurs proies en les voyant bouger – pour les espèces qui constituent leurs proies, il est logique de se figer. On observe souvent cette réaction chez des rongeurs par exemple. En fait, une grande partie de nos connaissances scientifiques sur la peur et le cerveau provient d’expériences comportementales sur des animaux.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="portrait de Pavlov" src="https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=883&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=883&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=883&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520631/original/file-20230412-303-qzxdq7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ivan Petrovitch Pavlov (1849-1936) a notamment travaillé sur la salivation réflexe des chiens, et se vit décerner le prix Nobel de physiologie/médecine en 1904 pour ces travaux sur le conditionnement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://iiif.wellcomecollection.org/image/V0027006/full/full/0/default.jpg">Deschiens</a></span>
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<p>Historiquement, de nombreuses recherches visant à comprendre les mécanismes cérébraux de la peur ont été réalisées à l’aide d’une procédure appelée « conditionnement de la peur », ou « conditionnement de Pavlov ». Comme on va le voir, ces expériences de conditionnement permettent bien d’explorer certains mécanismes en jeu pour la peur. Cependant, il est primordial de comprendre qu’il existe une distinction entre les différentes composantes de la peur, et comment ceux-ci peuvent être étudiés.</p>
<p>En effet, dans le paradigme de Pavlov, un stimulus neutre (un son par exemple) et un stimulus aversif (comme un choc électrique) sont répétés. Au fil du temps, ces stimuli neutre et aversif se voient associés, à tel point que le simple son peut déclencher une réponse comportementale de peur, même en l’absence de choc électrique.</p>
<p>Ce type de procédure de conditionnement a souvent été utilisé sur des rongeurs, qui se figent alors en réponse au son. Les chercheurs utilisent les caractéristiques de cette immobilisation, comme sa durée et le retard par rapport au son, pour quantifier la réponse comportementale provoquée par le son.</p>
<p>Ce que ce conditionnement nous permet d’étudier est différent du sentiment conscient de peur : lorsque le son se produit, il active dans le cerveau une association apprise entre son et douleur et conduit à l’expression de réponses défensives typiques de l’espèce pour faire face au danger. En d’autres termes, lorsque les chercheurs étudient le conditionnement de la peur chez les animaux, ils évaluent en réalité les réponses défensives suscitées par une menace, plutôt que le sentiment de peur. Cette composante de la réponse défensive est un processus cognitif du domaine des émotions et, comme c’est le cas avec d’autres émotions, sa compréhension se fait principalement avec des études chez l’humain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/podcast-notre-cerveau-dans-tous-ses-etats-mentaux-203456">Podcast : Notre cerveau dans tous ses états (mentaux)</a>
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<p>La peur elle-même peut être définie comme une <a href="https://theconversation.com/podcast-notre-cerveau-dans-tous-ses-etats-mentaux-203456">« expérience émotionnelle consciente »</a>, ou en d’autres termes, la conscience que l’on est, soi-même, en danger. De plus, bien que la peur puisse être considérée comme découlant d’une réponse à un stimulus externe, l’anxiété est un phénomène plus durable qui se produit en réponse à des menaces plus vagues et moins imminentes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/epouvantable-pourquoi-nous-aimons-avoir-peur-86365">Épouvantable ! Pourquoi nous aimons avoir peur</a>
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<h2>Les bases neurobiologiques de la peur</h2>
<p>Différents circuits cérébraux sont impliqués dans les réponses de peur, chacun pour différentes composantes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520627/original/file-20230412-18-7plssu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Différentes parties du cerveau impliquées dans le sentiment de peur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/w/index.php?lang=fr&title=File%3APTSD_brain.svg">Ana Pinto/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>L’amygdale joue un rôle prépondérant dans la perception des menaces : elle reçoit une entrée sensorielle du thalamus et d’autres régions sensorielles, ce qui lui permet d’identifier rapidement les menaces potentielles. Une fois qu’une menace est détectée, l’amygdale active le système nerveux sympathique, ce qui déclenche la libération d’adrénaline et d’autres hormones du stress. Cela entraîne une série de réponses physiologiques, telles qu’une augmentation du rythme cardiaque, une respiration rapide et des sueurs, qui aident à préparer le corps à une action immédiate.</p>
<p>À leur tour, ces réponses physiologiques contribuent également à nos sentiments conscients de peur.</p>
<p>Les détails de la rencontre avec la menace sont encodés et stockés dans l’hippocampe, une région du cerveau impliquée dans la formation et la récupération des souvenirs. Ainsi, lorsque nous rencontrons une situation similaire après coup, l’hippocampe récupère le souvenir stocké et nous aide à reconnaître la menace.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-neurones-creent-les-souvenirs-197930">Comment les neurones créent les souvenirs</a>
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<p>Le cortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision, la planification et la résolution de problèmes, est responsable de la régulation et du contrôle des réponses émotionnelles et comportementales. Dans les situations où la menace n’est pas immédiate ou dangereuse, le cortex préfrontal peut annuler la réponse de peur initiée par l’amygdale, nous permettant ainsi de rester calmes et rationnels.</p>
<p>Le conditionnement de la peur a également été étudié chez les humains, notamment des humains ayant subi des lésions accidentelles du cerveau. Par exemple, des <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.7652558">patients ayant des lésions de l’hippocampe ne se souviennent pas d’avoir été conditionnés, mais expriment des réponses défensives</a>. En effet, le souvenir d’avoir été conditionné est une forme de mémoire explicite, qui nécessite l’intervention de l’hippocampe. Par contre, l’apprentissage de la réponse défensive est une forme de mémoire implicite, qui repose sur l’action conjointe de plusieurs régions du cerveau.</p>
<p>En revanche, des lésions de l’amygdale perturbent la capacité à acquérir une réponse défensive, mais n’affectent pas la mémoire consciente d’avoir été conditionné pour le faire.</p>
<h2>Pouvons-nous manipuler la peur ?</h2>
<p>Ainsi, avant les années 2000, les études exploitaient la présence de lésions pour comprendre quelles régions sont impliquées dans la réponse de peur, et comment. Mais en lésant des régions cérébrales entières, les chercheurs ne pouvaient pas étudier les fonctions des différents types de neurones présents dans ces régions cérébrales, ce qui empêchait une compréhension à l’échelle des circuits cérébraux.</p>
<p>De nos jours, différentes techniques permettent aux chercheurs d’activer ou désactiver précisément des populations spécifiques de neurones en peu de temps, en utilisant des techniques telles que la « chémogénétique ». Avec cette technique, on utilise des protéines spécialement conçues, localisées à l’intérieur des neurones du cerveau des animaux de recherche. Lorsqu’un composé chimique spécifique est administré, il peut activer ou désactiver spécifiquement les neurones exprimant la protéine spécialement conçue – qui serait dans notre cas liés à une réaction de peur, par exemple.</p>
<p>Ainsi, la façon dont nous régulons nos souvenirs de peur est un aspect important de la réponse à la peur, sur lequel les chercheurs se sont concentrés, car l’extinction de ces souvenirs de peur est cruciale pour récupérer de troubles anxieux ou traumatiques. Également connue sous le nom d’« extinction de la peur », cette forme d’apprentissage (ou de désapprentissage) repose principalement sur le cortex préfrontal, qui contrôle les réponses émotionnelles et comportementales.</p>
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<img alt="une image en fluorescence du cerveau" src="https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=351&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=351&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520629/original/file-20230412-14-oougt0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=351&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le « noyau fastigial » est visible en vert sur l’image de microscopie du cerveau du souris. Il fait partie du cervelet, la région bleue environnante. La barre d’échelle représente 0,5 millimètre..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-36943-w">JL Frontera et collaborateurs, Nat. Comm., 2023</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Dans une étude récente, notre équipe à l’École Normale Supérieure de Paris a identifié une nouvelle région cérébrale reliée au cortex préfrontal, et montré que <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-023-36943-w">cette connexion est impliquée dans l’extinction de la peur</a>. Il s’agit du « noyau fastigial », une partie du cervelet. Ce dernier s’appelle ainsi car il possède grand nombre de neurones (« petit cerveau » en latin), et est une région récente d’intérêt dans les recherches sur la peur.</p>
<p>Les chercheurs dans notre équipe ont entraîné des souris dans une tâche de conditionnement de peur de type pavlovien. Normalement, après un certain temps sans la présence du choc électrique, les souris arrêtent de s’immobiliser quand elles entendent le son. Ceci indique l’extinction de l’association entre le stimulus sonore et le choc électrique, c’est-à-dire que la mémoire de peur s’estompe. Mais de façon intéressante, lorsque les chercheurs ont inhibé les neurones du cortex préfrontal qui communiquent avec le noyau fastigial en utilisant la chémogénétique, ces souris ont continué à s’immobiliser – plus longtemps que les souris normales.</p>
<p>Cela suggère que les souris manipulées n’ont pas pu éteindre correctement leurs souvenirs de peur, ce qui souligne l’importance de cette communication entre cortex préfrontal et noyau fastigial dans la régulation de l’extinction de la mémoire de peur.</p>
<p>Ce n’est qu’une des nombreuses études récentes qui tirent parti des nouvelles technologies disponibles en neurosciences pour explorer la peur et le cerveau. En fait, assembler les pièces du puzzle des circuits cérébraux sous-jacents à l’acquisition et à l’expression des comportements défensifs est crucial pour avoir une vision globale de la complexité de ces processus. Cela encouragera davantage de recherches sur de nouvelles approches thérapeutiques pour le traitement des troubles liés à la peur chez les humains.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203588/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ana Margarida Pinto ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La peur est une réaction bien naturelle qui se mue parfois en phobies handicapantes. D’où vient-elle ? Peut-on la manipuler ? Les neuroscientifiques enquêtent.Ana Margarida Pinto, Doctorante, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2034562023-04-12T13:12:16Z2023-04-12T13:12:16ZPodcast : Notre cerveau dans tous ses états (mentaux)<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Découvrez le nouveau podcast de The Conversation France : <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lechappee-sciences-135626">« L’échappée Sciences »</a>. Deux fois par mois, un sujet original traité par une interview de scientifique et une chronique de l’un·e de nos journalistes.</em></p>
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<iframe src="https://playerbeta.octopus.saooti.com/miniplayer/large/186230?distributorId=c3cfbac6-2183-4068-a688-866933d3b5a6&color=40a372&theme=ffffff" width="100%" height="180px" scrolling="no" frameborder="0"></iframe>
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<p><iframe id="tc-infographic-819" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/819/ead8432336c6ce4f706df8b24a22c635bc3dd209/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Bienvenue dans l’agrégat de milliards de neurones qui constitue notre cerveau. Mais cet organe unique est bien plus que cela : il est le siège de notre pensée et de notre conscience. C’est lui gère notre rapport au monde qui nous entoure… et c’est peu dire que la tâche est complexe !</p>
<p>Comment fait-il ? Comment, grâce à lui, réussissons-nous à nous adapter à notre environnement toujours changeant ? Longtemps on l’a cru réceptacle passif des informations reçues – de l’extérieur comme de l’intérieur de notre corps. Mais de nouvelles théories émergentes bouleversent notre compréhension du fonctionnement cérébral.</p>
<p>L’une d’elle, appelée « théorie du cerveau bayésien », suppose que <a href="https://theconversation.com/lesprit-est-il-une-machine-predictive-introduction-a-la-theorie-du-cerveau-bayesien-173707">notre cerveau serait une machine à prédire</a> : en permanence, il anticipe, évalue les probabilités que les événements qui parsèment notre vie se produisent, prévoit quelles vont être nos réactions… Et produit notre pensée, parfois irrationnelle, souvent en décalage avec la réalité brute du monde qui nous entoure.</p>
<p>La médecine s’est emparée de cette idée du cerveau prédictif et explore ainsi des pistes de recherche jusque-là inaccessibles… se tournant vers des molécules longtemps bannies des laboratoires : les psychédéliques ! Kétamine, psilocybine ou encore LSD retrouvent peu à peu une <a href="https://theconversation.com/comment-la-ketamine-agit-elle-sur-les-croyances-depressives-192370">place dans l’arsenal thérapeutique</a> grâce à leurs capacités inégalées à provoquer une altération de nos états de conscience, de notre rapport au monde.</p>
<p>Pour le Dr. <a href="https://www.sorbonne-universite.fr/portraits/hugo-bottemanne">Hugo Bottemanne</a>, psychiatre à la Pitié-Salpêtrière et chercheur à l’Institut du Cerveau – Sorbonne Université, invité du nouvel épisode de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lechappee-sciences-135626">« L’échappée Sciences »</a>, ces molécules ouvrent de nouvelles pistes de recherche sur les origines de l’esprit. Comprendre comment elles agissent est un des défis des neurosciences. Là encore, les découvertes sur les capacités prédictives de notre cerveau vont s’avérer primordiales…</p>
<p>Et si nous hallucinions le monde qui nous entoure plutôt que de « juste » le percevoir ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p>Dans sa chronique, Elsa Couderc nous propose d’explorer la question de la conscience… chez les non-humains ! À l’été 2022, un ingénieur de Google s’est ainsi vu persuadé par une intelligence artificielle que le système informatique présentait un certain niveau de conscience… alors qu’il accomplissait simplement ce pour quoi il avait été programmé : prolonger la conversation, en l’occurrence, comme nous le fait remarquer <a href="https://theconversation.com/google-a-t-il-developpe-une-ia-consciente-186254">Aïda Elamrani, doctorante en philosophie de l’IA à l’ENS</a>.</p>
<p>Mais notre tendance à percevoir des qualités humaines chez les robots est très commune et <a href="https://theconversation.com/pourquoi-prenons-nous-parfois-les-robots-pour-des-humains-188935">partagée par différentes cultures : c’est l’anthropomorphisme, dont Nicolas Spatola, de Sciences Po, décrypte les mécanismes</a>. Elle s’exprime aussi pour les <a href="https://theconversation.com/une-synthese-inedite-des-connaissances-actuelles-sur-la-conscience-animale-99394">animaux, qui, eux, présentent bien des niveaux de conscience avérés</a>, et détaillés par Muriel Dunier et Pierre Le Neindre de l’INRAE.</p>
<p>Bonne écoute !</p>
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<p><em>Crédits : Animation et conception, Émilie Rauscher et Elsa Couderc. Réalisation, Romain Pollet. Musique du générique : « Chill Trap » de Aries Beats. Extrait : « Marche à l’ombre », réalisation : Michel Blanc, Films A2, Les Films Christian Fechner.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203456/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment créons-nous notre vision du monde, clef indispensable pour interagir avec lui ? Pas comme on l'a longtemps cru… Plongée dans un pouvoir méconnu de notre cerveau (et des psychédéliques).Hugo Bottemanne, Psychiatre à la Pitié-Salpêtrière & chercheur à l'Institut du Cerveau - Sorbonne Université AP-HP, Sorbonne UniversitéElsa Couderc, Cheffe de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceÉmilie Rauscher, Cheffe de rubrique Santé, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.