tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/label-environnemental-66394/articleslabel environnemental – The Conversation2021-12-09T18:17:02Ztag:theconversation.com,2011:article/1732772021-12-09T18:17:02Z2021-12-09T18:17:02ZLabel « Vertvolt » : vers une prise en compte de l’additionnalité dans les offres d’électricité verte<p>Les offres d’électricité « vertes » connaissent un large écho auprès des consommateurs. <a href="https://librairie.ademe.fr/cadic/1038/avis-de-lademe_offres_vertes_decembre2018.pdf">D’après l’Ademe</a>, le nombre d’entre eux souscrivant une offre d’électricité verte est en forte augmentation chaque année. <a href="https://www.greenpeace.fr/ecolo-watt-comparatif-ecolo-fournisseurs-delectricite/">Greenpeace souligne</a> de son côté que 67 % des Français et Françaises sont prêts à changer de fournisseur pour accéder à une énergie moins polluante.</p>
<p>Pourtant, la crédibilité des offres vertes fait encore l’objet de diverses controverses. Un <a href="https://presse.ademe.fr/2021/10/lademe-lance-son-label-vertvolt-distinguant-les-offres-delectricite-les-plus-vertes.html">nouveau label appelé Vertvolt</a>, proposé en octobre dernier par l’Ademe, fait le tri entre les offres existantes en différenciant plusieurs niveaux d’exigence pour les citoyens qui souhaitent traduire leur engagement écologique dans leur acte de consommation.</p>
<p>Pour comprendre cette labellisation, revenons à l’histoire particulièrement mouvementée des <a href="https://hal-mines-paristech.archives-ouvertes.fr/hal-02474588">offres d’électricité vertes</a>.</p>
<h2>Les garanties d’origine</h2>
<p>Tout débute en 2001 par la mise en place, au niveau européen, d’un mécanisme de traçabilité de l’électricité renouvelable, les garanties d’origine. La garantie d’origine est dissociée de la vente de l’électricité produite : elle donne l’assurance au consommateur que pour une certaine quantité qu’il a achetée par une offre verte, une quantité égale d’électricité est produite par des installations d’EnR en Europe. Cette dissociation entre l’électricité produite et la garantie d’origine a été introduite pour encourager la production des EnR sans déterminer leur localisation.</p>
<p>Les fournisseurs historiques d’électricité se sont donc saisis de ce mécanisme européen pour construire des offres dites « vertes » à leurs clients, en utilisant des garanties d’origine de l’Europe entière, ce qui était d’autant plus facile que la production d’électricité renouvelable dépassait largement la demande des consommateurs pour les offres vertes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1446048360998359041"}"></div></p>
<p>Très rapidement, celles-ci ont été la cible de polémiques de la part des fournisseurs alternatifs, comme le coopératif Enercoop, qui ont souligné que les offres vertes des fournisseurs historiques reposaient sur une combinaison d’une offre d’électricité issue du nucléaire en France, et de l’achat de garantie d’origine provenant d’autres pays d’Europe.</p>
<p>Enercoop s’est alors différencié en mettant en avant son approvisionnement auprès de producteurs locaux.</p>
<h2>Production locale et achat conjoint</h2>
<p>Reprenant l’argumentaire de Enercoop, l’Ademe a proposé en 2018 de distinguer les formules de la façon suivante : les offres standards, qui reposent sur des garanties d’origine, et les offres « premium », qui impliquent « l’achat conjoint de l’électricité et des garanties d’origine <a href="https://librairie.ademe.fr/energies-renouvelables-reseaux-et-stockage/1035-offres-d-electricite-verte.html">auprès des mêmes producteurs</a> (en majorité de petites installations d’hydroélectricité françaises ou d’éolien) ».</p>
<p>Cette attente des consommateurs d’électricité verte pour un achat « conjoint » s’est accompagnée d’une préoccupation de ne pas rémunérer des producteurs non renouvelables. Elle est également perceptible dans les efforts de Greenpeace d’orienter la consommation engagée vers des fournisseurs qui ne proposent que des offres vertes et seraient plus vertueux que les fournisseurs proposant aussi une <a href="https://www.greenpeace.fr/ecolo-watt-comparatif-ecolo-fournisseurs-delectricite/">électricité non renouvelable</a>.</p>
<p>Distinguer clairement les fournisseurs, plutôt que les offres d’électricité, permettrait aux consommateurs engagés d’exprimer un rejet des fournisseurs traditionnels qui continuent d’investir dans des outils de production non renouvelables.</p>
<p>C’est pourquoi, dans sa conception du label VertVolt, l’Ademe reprend ce critère de production locale et d’achat conjoint pour caractériser un premier niveau d’engagement des consommateurs. Il permet donc de garantir que le revenu issu de la vente d’électricité ira bien vers un producteur d’électricité renouvelable identifié.</p>
<h2>Offres vertes et développement des EnR</h2>
<p>En parallèle des efforts pour mieux tracer l’origine de l’électricité, est apparu un second débat concernant l’effet des offres vertes sur le développement des EnR. Selon le Bureau européen des unions de consommateurs, le véritable problème des offres vertes est <a href="https://www.beuc.eu/publications/beuc-x-2017-021_joint_statement_on_green_electricity.pdf">l’absence d’effet additionnel</a> de l’achat par les consommateurs. Les offres vertes viennent en effet puiser dans des installations existantes et n’entraînent pas par elles-mêmes de nouveaux investissements. Ces installations ont été financées essentiellement dans un cadre d’investissement public ou ont été largement subventionnées par la puissance publique.</p>
<p>Quand vous achetez une tomate bio plutôt qu’une tomate non bio, vous encouragez indirectement la production de la première au détriment de la seconde. Ce n’est pas le cas des offres vertes qui ne répondent pas au critère d’additionnalité : ce n’est pas votre achat qui a déclenché la production d’électricité verte et finance le surcoût, mais une subvention préalable. Une fois l’investissement réalisé, les coûts de fonctionnement étant assez réduits, les producteurs d’électricité renouvelable peuvent continuer à vendre leur électricité sans passer par une offre verte.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1377129117712146435"}"></div></p>
<p>En France, <a href="https://ufe-electricite.fr/label-pour-les-offres-delectricite-verte-definir-des-objectifs-et-des-criteres-clairs-au-service-des-consommateurs-et-du-developpement-des-energies-renouvelables/">l’Union des fournisseurs d’électricité</a> et la Commission de régulation de l’énergie considèrent que le problème des offres vertes est mal posé par l’Ademe et que les critères de production locale et l’achat conjoint, qui définissent les « offres engagées », n’apportent aucune garantie en matière d’effet additionnel.</p>
<h2>Critère d’additionnalité</h2>
<p>La CRE est aussi préoccupée par le fait que l’État français a décidé d’accorder aux producteurs, qui sont aujourd’hui subventionnés par le biais d’un complément de rémunération (qui s’ajoute à la revente de l’électricité aux fournisseurs), la possibilité de racheter à l’État, grâce à des enchères, les <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000034080223/">garanties d’origine associées à leur installation</a> pendant la période où elles sont subventionnées.</p>
<p>Ainsi, une production d’électricité renouvelable déjà rentabilisée par la subvention publique peut être commercialisée ensuite sous forme d’électricité verte. Autrement dit, les investissements actuels engagés par la puissance publique continuent à augmenter le stock d’électricité renouvelable dans lequel les fournisseurs d’offre verte viennent puiser. Cela s’applique également aux fournisseurs qui réalisent un achat conjoint d’électricité, qui peuvent maintenant vendre l’électricité d’un plus large ensemble de producteurs subventionnés.</p>
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<figcaption><span class="caption">Vertvolt, le label de l’électricité verte (Ademe, 22 octobre 2021).</span></figcaption>
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<p>Sous la pression de ces parties prenantes, un critère d’additionnalité fait donc son apparition dans le label Vertvolt, et est pris en compte dans le second niveau du label qui permet de distinguer des offres pour « des consommateurs très engagés ».</p>
<p>Le critère stipule ainsi que 25 % de la production d’électricité renouvelable comptabilisée doit correspondre soit à une « additionnalité financière » c’est-à-dire, une nouvelle installation non subventionnée, soit à une « additionnalité sociétale », qui suppose la réalisation des achats auprès d’« installations sous gouvernance partagée » (coopérative énergétique, projet porté par des municipalités…).</p>
<p>Néanmoins, seule « l’additionnalité financière » correspond à l’exigence d’additionnalité telle qu’elle avait été formulée par la CRE ou par le BEUC. Les projets à gouvernance partagée restent en effet financés par une subvention publique (sous forme de complément de rémunération) et l’achat d’électricité labellisée n’a pas d’effet déclencheur dans le développement de l’électricité renouvelable. Il favorise les projets à gouvernance partagée plutôt que les autres.</p>
<h2>Une ambiguïté qui persiste</h2>
<p>Les critères de labellisation à destination de la consommation engagée sont toujours le <a href="https://www.sciencespo.fr/research/cogito/home/la-consommation-engagee-que-peut-le-consommateur/">résultat de négociations complexes</a> entre les différents fournisseurs présents sur un marché, les représentants des consommateurs ou d’associations militantes, et les représentants de l’État. Mais l’électricité verte est probablement le seul exemple d’offre labellisée dans lequel l’identification du mode de production (l’origine de l’électricité) n’apporte aucune garantie que la décision d’achat ait un effet sur le développement de celui-ci.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1129123339270799367"}"></div></p>
<p>Cette difficulté tient à la caractéristique économique des investissements dans la production renouvelable d’électricité : leur rentabilité à long terme et les incertitudes des prix et des tarifs des modes de production non renouvelables. Ni les petits producteurs, ni les fournisseurs alternatifs, ni les consommateurs engagés, n’ont la capacité d’assumer les risques financiers et les surcoûts de ce type d’investissement. Le soutien public reste donc indispensable au développement de l’électricité renouvelable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173277/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Reverdy n’a pas reçu de financement de recherche en relation avec cette enquête. Par ailleurs, il a reçu des financements de l’État, de l’Ademe et de producteurs d’énergie pour diverses recherches sur la définition des politiques énergétiques et de la politique d’économie circulaire. </span></em></p>Les offres vertes d’électricité ne garantissent pas une contribution à la création de nouvelles installations renouvelables. Un nouveau label de l’Ademe relance le débat.Thomas Reverdy, Professeur des Universités en sociologie, Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1348632020-03-30T19:04:14Z2020-03-30T19:04:14ZConfinés, trois conseils pour éviter le gaspillage alimentaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/323572/original/file-20200327-146678-1hghg2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=201%2C109%2C5279%2C3623&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le confinement, une occasion pour mieux organiser la gestion de ses réserves.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/T1lAhSH7YtQ">Jasmin Sessler/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>En temps normal, les Français consomment <a href="https://www.girafoodservice.com/publications/2016/123/le_marche_de_la_restauration_en_france___gira_2016__.php">un repas sur six en moyenne hors de leur domicile</a>, une tendance à la hausse ces dernières années. Or, le gaspillage est <a href="https://www.youtube.com/watch?v=_ET6U05bMG4">sensiblement plus important</a> lorsque l’on déjeune ou dîne dehors.</p>
<p>Si nous avons souvent la perception de moins gaspiller à domicile, c’est surtout que ce gâchis est étalé dans le temps. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : en France, chacun de nous <a href="https://www.ademe.fr/modecom-caracterisation-ordures-menageres-residuelles">jette en moyenne près de 30 kilos d’aliments</a> par an.</p>
<p>En cela aussi, le confinement peut venir bousculer nos habitudes, offrant une occasion de prendre le temps de nous organiser afin de gérer plus intelligemment notre frigo.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"831395209107894272"}"></div></p>
<h2>Apprendre à cuisiner soi-même</h2>
<p>Au quotidien, le rythme de vie soutenu et le manque d’idées pour cuisiner nous poussent bien souvent à acheter des plats tout prêts. Ces repas industriels, au <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport-francais-bilan-carbone-alimentation-france-2019.pdf">lourd bilan carbone</a>, sont également trop gras, trop salés, contiennent des conservateurs et nous <a href="https://www.mangerbouger.fr/Les-recommandations/Reduire/Les-boissons-sucrees-les-aliments-gras-sucres-sales-et-ultra-transformes">reviennent finalement plus chers</a> que de cuisiner à partir de produits bruts.</p>
<p>Et, en cette période de confinement où les restaurants ont fermé leurs portes, la tentation d’avoir recours à la livraison à domicile est encore plus grande. Bien plus coûteuse encore que l’industriel, elle génère surtout une <a href="https://www.ladn.eu/entreprises-innovantes/case-study/zero-dechet-la-livraison-food-domicile/">quantité phénoménale de déchets d’emballage</a>.</p>
<p>Si cette période vous en laisse le temps, la meilleure option reste donc de se mettre aux fourneaux, en privilégiant des produits bruts – notamment des fibres (légumes, légumineuses), recommandées par le <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/documents/infographie/les-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite-en-un-coup-d-oeil">nouveau plan national nutrition santé</a>. Pour les fruits et légumes frais, veillons à respecter leur saisonnalité. L’Ademe a élaboré un <a href="https://www.ademe.fr/labels-environnementaux">guide</a> pour aiguiller les consommateurs dans le choix des labels à privilégier pour chaque type de produits.</p>
<p>La clé contre le gaspillage réside alors dans la gestion des volumes, pour ne pas cuisiner plus que nécessaire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1103898322497036294"}"></div></p>
<h2>Gérer les quantités</h2>
<p>En période de confinement, les rayons vides des magasins depuis quelques semaines nous ont montré que de nombreuses personnes, <a href="https://theconversation.com/coronavirus-dou-vient-cette-peur-de-manquer-de-papier-hygienique-et-comment-lattenuer-133487">craignant la pénurie</a>, ont tendance à faire des réserves, de façon parfois un peu anarchique.</p>
<p>Le secret pour <a href="https://www.ademe.fr/comment-manger-mieux-depenser-plus">éviter le gaspillage lorsque l’on cuisine soi-même</a> est d’anticiper un peu les menus, au moins sur deux ou trois jours, afin d’établir une liste de courses cohérente, et éviter ensuite de se laisser tenter par des aliments qu’on ne saura pas employer ensuite. C’est d’ailleurs plus simple d’anticiper en cette période où le nombre de personnes à table ne risque pas de varier pendant plusieurs semaines !</p>
<p>Avant de dresser la liste, n’hésitons pas à faire le point dans nos placards et dans nos frigos sur les ingrédients que nous avons déjà – surtout pour les produits frais, dont il est important de respecter la date limite de consommation (contrairement aux produits moyennement ou peu périssables, que l’on peut manger bien après avoir dépassé la date de durabilité minimale).</p>
<p>À l’heure de cuisiner, le verre doseur sera également un allié précieux pour éviter de préparer des quantités faramineuses… que vous risquez de jeter ensuite. Inutile d’en acheter un si vous n’en possédez pas, des <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/verre_doseur_modele.pdf">tutos sur Internet</a> permettent d’en fabriquer soi-même.</p>
<h2>Cuisiner les restes</h2>
<p>Malgré tous les efforts d’anticipation, il arrive qu’à l’issue d’un repas, nous nous retrouvions avec des restes.</p>
<p>Que faire d’un bol de pâtes lorsque l’on est quatre ou cinq à table ? Un défi qui pousse à la création. En cas de manque d’imagination, vous trouverez sur Internet ou grâce à certaines applis – <a href="https://www.frigomagic.com/blog/">comme Frigo Magic</a> ou <a href="http://kitchenpalapp.com/">Kitchen Pal</a> – une multitude d’idées pour réintégrer ces aliments à de futurs plats.</p>
<p>Le principal risque étant d’oublier ses restes au fond du réfrigérateur et qu’ils s’abîment. Pensons donc à les réutiliser rapidement, et pour cela ne les laissons pas dans une boîte opaque au fond du frigo mais plutôt dans un contenant transparent, en verre par exemple.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/134863/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Gouthière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Passer du temps chez soi nous donne aussi l’opportunité de réapprendre les gestes anti-gaspillage et de cuisiner.Laurence Gouthière, Responsable des études sur le gaspillage alimentaire, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1203802019-09-16T18:34:01Z2019-09-16T18:34:01ZEt si on généralisait l’affichage environnemental ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/285374/original/file-20190723-110179-6p64wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=205%2C102%2C6350%2C4281&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'affichage environnemental d’un produit permet d’informer les consommateurs sur les impacts environnementaux calculés sur l’ensemble de son cycle de vie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2MzkyMDcyMywiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfNjA0MDM4MTk0IiwiayI6InBob3RvLzYwNDAzODE5NC9odWdlLmpwZyIsIm0iOjEsImQiOiJzaHV0dGVyc3RvY2stbWVkaWEifSwiS1RrbEV3bFdHRU02M0hvZkxOSStmVmhEVlEwIl0%2Fshutterstock_604038194.jpg&pi=33421636&m=604038194&src=SZrhybKVg7zpFIwWGw_NQg-1-26">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>L’enfer climatique vers lequel nous semblons nous diriger est pavé de bonnes intentions, et l’actualité fourmille d’exemples illustrant la difficulté de nos concitoyens désemparés à prendre le problème à bras le corps au vu des propositions et injonctions parfois contradictoires qui leur sont faites.</p>
<p>D’un côté, les gouvernements échouent à fixer des engagements communs pour le climat. De l’autre, la société civile et économique multiplie les initiatives et les modes d’action. On ignore dans quel sens s’enclenchera le mouvement que des pans entiers de la société civile appellent de leurs vœux. Du haut (des gouvernants et dirigeants) vers le bas (vous et nous), via des politiques d’incitation au verdissement des services et produits que nous consommons, ou l’inverse ?</p>
<p>Quel que soit le mode de décision retenu – les deux approches n’étant pas exclusives – il est nécessaire de connaître les impacts des options qui s’offrent à nous. L’affichage environnemental, qui consiste à fournir aux consommateurs une indication des impacts de produits et de services sur de grands enjeux écologiques comme le changement climatique, la biodiversité ou la ressource en eau, en constitue une illustration inspirante.</p>
<h2>Un affichage toujours en construction</h2>
<p>La France a été pionnière sur ce sujet en lançant une expérimentation il y a déjà plus de 10 ans, étendue par la suite à l’échelle européenne. Avec l’aide des services de l’État, un consortium de plus d’une centaine d’entreprises, de distributeurs et de fédérations professionnelles ont mis en place pour certaines catégories de produits des solutions innovantes, tant sur les modes d’évaluation que de communication vers le grand public, afin de tester la faisabilité d’un tel affichage.</p>
<p>À l’issue de ce projet pilote, il a été décidé que les méthodes d’analyse d’impact environnemental soient sécurisées et partagées, avant de généraliser l’affichage. Ce travail a été <a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-plus-respectueux-lenvironnement/dossier/laffichage-environnemental/laffichage-environnemental-aujourdhui-demain-bilan-experimentations-perspectives">confié à l’ADEME</a>. Certains secteurs professionnels se sont par ailleurs volontairement engagés à mettre en œuvre l’affichage pour l’ensemble de leurs produits ou services, dans des domaines aussi divers que l’ameublement, l’habillement et l’hôtellerie, et des <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/laffichage-environnemental-des-produits-et-des-services">entreprises pilotes</a> testent le dispositif sur les produits alimentaires et les équipements électroniques.</p>
<p>La Commission européenne s’est également engagée dans cette démarche en 2013. La phase pilote du programme « Environmental Footprint » s’est achevée en 2018, mais le développement des référentiels et des outils techniques continue. Un changement d’échelle est donc désormais possible, si les décisions politiques ad hoc sont prises et qu’une gouvernance impliquant toutes les parties prenantes est mise en place. Le Conseil économique, social et environnemental a rendu public en mars dernier un <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Fiches/2019/FI08_affichage_environnemental.pdf">avis en ce sens</a>, invitant le gouvernement à « impulser une nouvelle dynamique sur ce sujet et prendre des décisions politiques volontaristes dès 2019 à l’occasion de la mise en œuvre de la feuille de route sur l’économie circulaire ».</p>
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<h2>Généraliser la démarche</h2>
<p>En premier lieu, l’affichage environnemental induit le parti pris qu’en informant les consommateurs sur les impacts des produits et services qu’ils achètent, ceux-ci seront à même de faire évoluer l’offre dans les secteurs concernés. En résumé, c’est la demande qui va tirer l’offre. Mais cette dernière pourra-t-elle évoluer aussi rapidement que la première, si celle-ci est effectivement le bon levier ?</p>
<p>Autrement dit, si tous les consommateurs voulaient au même moment le même produit, la production serait-elle capable de suivre ? Prenons l’exemple de la voiture électrique, qui fait partie des sujets d’actualité. L’adoption de celle-ci à grande échelle (moyennant des coûts accessibles) pourrait se heurter aux limites suivantes : disposons-nous en quantité suffisante et « durable » des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries pour ces voitures ? Qui prendra en charge les infrastructures nécessaires au rechargement des batteries ? La dynamique enclenchée par l’affichage environnemental pourrait être ainsi freinée, si l’offre en alternatives vertueuses s’avérait inexistante ou trop peu disponible.</p>
<h2>Améliorer sa lisibilité</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1679&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1679&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/285375/original/file-20190723-110162-19qqpsq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1679&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’étiquette-énergie mise en place à l’échelle européenne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tiquette-%C3%A9nergie#/media/Fichier:Energy_label_fr.svg">Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un autre des défis que pose l’affichage environnemental est de le rendre lisible et utile pour le consommateur au moment de son acte d’achat, afin de permettre d’entraîner des changements significatifs de l’offre, et ainsi une modification efficace et durable de nos modes de consommation, voire de vie. Tel a été le cas pour l’<a href="https://europa.eu/youreurope/business/product/energy-labels/index_fr.htm">étiquette énergie</a>, déployée au niveau européen sur les appareils électro-ménagers.</p>
<p>Avec ses notations allant de « G » (pour un appareil énergivore) à « A » (pour les appareils les plus performants), cette étiquette est facile à interpréter, et le bénéfice très clair en termes financiers pour le consommateur a permis de faire évoluer l’offre.</p>
<p>L’affichage environnemental porte lui sur une gamme d’enjeux environnementaux plus large (de la biodiversité à la pollution atmosphérique), pour lesquels il est plus difficile d’appréhender son intérêt individuel. Par ailleurs, de nombreuses initiatives privées et collectives sont mises en place pour valoriser les démarches écologiques, et le grand public peine à s’y retrouver. Si on prend même l’exemple simple du label Agriculture biologique, label officiel et garanti, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0950329313000141">interprétations individuelles divergent</a> quant à son bénéfice (santé, qualité nutritionnelle et sensorielle, mode de production respectueux de l’environnement et du bien-être animal…).</p>
<p>En lien avec la démarche d’affichage environnemental, le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-anti-gaspillage">projet de loi Économie circulaire</a>, actuellement en cours d’examen, intègre la mise en place d’un « indice de réparabilité » visant à inciter à l’allongement de la durée de vie des produits. La construction de ce dernier a été confiée à un groupe de travail, dont le mandat est de concevoir un affichage pour les équipements électriques et électroniques fournissant une information simple sur leur réparabilité. Celui-ci devrait en particulier inclure des critères relatifs aux modalités de montage-démontage, à la disponibilité des pièces détachées, et au prix des réparations.</p>
<p>Au-delà de ces approches centrées sur la consommation individuelle, le fait de privilégier les utilisations partagées (comme celle d’une voiture) plutôt que des achats personnels est particulièrement pertinent. Une <a href="http://www.etudeconsocollab2016.ademe.fr/">étude publiée par l’ADEME</a> en 2016 sur les consommations collaboratives a ainsi montré que les pratiques de partage de mobilité et de partage ou de réemploi d’objets (électroménager, meubles, livres…) sont celles qui génèrent le plus de bénéfices environnementaux.</p>
<h2>Construire et partager les bases de données</h2>
<p>La création de bases de données robustes et accessibles est un enjeu clé pour le succès de l’affichage environnemental. La matière grise et les investissements qui concourent actuellement à ce que nous consommions toujours plus pourraient être mis au service des enjeux environnementaux. En particulier, les géants du numérique sont susceptibles de jouer un rôle important car ils disposent d’ores et déjà de données exhaustives sur nos modes de vie (consommation de produits, alimentation, santé…).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/285376/original/file-20190723-110183-95pily.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Yuka est une application qui attribue aux produits présents dans les rayons des supermarché une note en fonction de critères de santé et environnementaux, et propose des alternatives.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Yuka</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Par ailleurs, de jeunes entreprises <a href="http://www.lefigaro.fr/conso/comment-les-applis-nutritionnelles-bousculent-le-commerce-alimentaire-20190705">comme Yuka</a> (dans le domaine de la santé par l’alimentation) mettent en œuvre des dispositifs innovants pour permettre un changement d’échelle sur la constitution de ces bases de données. Cela permet également d’élargir la gamme d’informations mises à disposition des consommateurs. Les modèles économiques de ces sociétés, de même que leurs modes de gouvernance restent néanmoins à préciser et à conforter dans la durée. Il nous paraît essentiel que les bases de données et outils de traitement sur lesquels s’appuient ces démarches puissent être transparents et faire l’objet de revues critiques par des experts indépendants.</p>
<p>In fine, il nous paraît possible d’accélérer le mouvement à condition de créer des modes d’actions partenaires, par exemple en s’inspirant de la dynamique qui avait porté l’expérimentation initiale de l’affichage environnemental en France. Les outils d’évaluation et d’aide à la décision en résultant devraient être considérés comme des « biens communs ». Muni de ceux-ci, tout un chacun pourra ainsi procéder à des choix éclairés et faire valoir ses convictions dans ses différentes sphères d’action et d’engagement – et œuvrer ainsi aux transitions indispensables qui nous attendent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120380/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoit Gabrielle a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche, de la Commission Européenne (8ème programme cadre de recherche et développement), de l'ADEME, de l'INRA et de la Fondation AgroParisTech. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Gomy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’affichage environnemental est un levier intéressant pour pousser l’offre à s’aligner sur des critères plus respectueux de l’environnement.Benoit Gabrielle, Professeur en Bioclimatologie, AgroParisTech – Université Paris-SaclayCatherine Gomy, Consultante en stratégie de développement durable, spécialisée en modes de production et de consommation responsable - Enseignante vacataire, management environnemental et économie circulaire, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1129792019-03-11T20:37:13Z2019-03-11T20:37:13ZPourquoi pense-t-on que les produits bio sont « moins bons » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/262706/original/file-20190307-82692-gq7ice.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C991%2C682&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les consommateurs peuvent percevoir les autres qualités des produits comme insuffisantes lorsque des avantages écologiques sont mis en avant.</span> <span class="attribution"><span class="source">Yamix / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Un des moyens simples de contribuer au développement durable est de faire la promotion des avantages écologiques des produits ou services (<a href="https://doi.org/10.1080/14693062.2015.1033675">Grolleau et coll., 2016</a>). Mais comment les consommateurs jugent-ils les fonctions principales des produits, notamment lorsqu’ils sont informés que les produits considérés font <em>aussi</em> état de l’engagement pro-environnemental de la part des producteurs ? Certains exemples indiquent que les individus peuvent percevoir les autres qualités de produits comme insuffisantes lorsque des avantages écologiques sont <em>également</em> mis en avant. Par exemple, <a href="https://www.wsj.com/articles/SB113581428707833414">Lieber (2005)</a> rapporte que les nettoyants verts sont perçus comme moins performants que les nettoyants traditionnels. Autrement dit, le consommateur peut penser qu’ils coûtent deux fois plus cher pour n’enlever que la moitié de la saleté.</p>
<h2>Insensibilité aux détergents verts</h2>
<p>En 2015, <a href="https://www.economist.com/business/2015/09/24/green-wash"><em>The Economist</em></a> expliquait que les fabricants de produits détergents, tout en consentant des efforts environnementaux conséquents, ne présentaient pas leurs produits comme étant plus écologiques. Selon eux, bien qu’une proportion croissante de consommateurs recherchent des produits verts, la plupart d’entre eux sont principalement intéressés par leur coût et par leur efficacité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs sont davantage sensibles à l’efficacité des détergents qu’à leurs éventuelles vertus environnementales.</span>
<span class="attribution"><span class="source">VectorMan2017/Shutterstock</span></span>
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<p>« Bien ces produits devraient sembler plus attrayants que leurs homologues <em>non verts</em> pour une population soucieuse de l’environnement, la plupart des consommateurs perçoivent automatiquement ces produits comme moins efficaces, comme si ces produits écologiques ne contenaient pas le super composant chimique impératif pour leur efficacité », confirmait Dana Smith de Rice University dans un <a href="http://ricecatalyst.org/discoveries/2016/2/is-greener-cleaner">article de 2016</a>. Ryan Lupberger, fondateur de la société américaine spécialisé dans les produits d’entretien verts, soutient même que les <a href="https://consciouscompanymedia.com/sustainable-business/marketing/5-reasons-millennials-dont-buy-green-brands-better-way-reach/">« millennials » n’achètent pas de marques vertes</a> parce qu’ils pensent que ces produits, en particulier les nettoyants verts, ne sont pas aussi performants.</p>
<h2>Dilution des objectifs et biais de somme nulle</h2>
<p>Les sciences du comportement expliquent pourquoi les consommateurs peuvent percevoir à tort que les efforts d’écologisation détériorent d’autres dimensions. Il y aurait trois mécanismes principaux :</p>
<p>Premièrement, le modèle de dilution des objectifs (<a href="https://pdfs.semanticscholar.org/ee0c/ffd2cb9ed3500108855966ff6a8175283143.pdf">Zhang et coll.</a> suggère que lorsque plusieurs objectifs sont poursuivis à travers un seul moyen, les individus les perçoivent comme moins efficacement atteints que les objectifs poursuivis individuellement, peu importe la réalité objective. En effet, les individus ont tendance à croire instinctivement qu’un produit remplissant une seule fonction est meilleur en termes de performances sur cette fonction qu’un autre produit remplissant la même fonction plus des fonctions <a href="https://doi.org/10.1002/bse.2280">supplémentaires</a>.</p>
<p>L’ajout d’objectifs réduirait ou diluerait l’efficacité perçue pour atteindre chaque objectif. Zhang et ses collaborateurs ont mené six expériences dans divers domaines qui ont prouvé qu’utiliser un seul moyen (par exemple, faire de l’exercice) pour atteindre plusieurs objectifs (développer ses muscles et perdre du poids) sera jugé comme moins performant que si ce moyen n’était utilisé que pour atteindre un seul objectif (perdre du poids seulement).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mieux vaut faire du sport pour mincir uniquement plutôt que pour se muscler ET perdre du poids ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">ANRproduction/Shutterstock</span></span>
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<p>Deuxièmement, l’heuristique à somme nulle (<a href="https://doi.org/10.1509/jmkr.38.3.349.18865">Chernev, 2007</a>) suggère que les consommateurs utilisent une théorie naïve sur l’allocation des ressources des producteurs. En d’autres termes, l’augmentation de la qualité sur une dimension du produit est automatiquement compensée par la diminution de la qualité sur les autres dimensions. Le biais de somme nulle correspond à la tendance à juger intuitivement une situation comme étant à somme nulle : les ressources investies dans une dimension sont automatiquement compensées par une perte équivalente de ressources non investies dans d’autres dimensions.</p>
<p>En ce qui concerne les produits annoncés comme étant écologiques, ce biais pousse les consommateurs à penser que le fait de consacrer des ressources pour générer des avantages écologiques implique nécessairement que le producteur investit moins de ressources dans d’autres dimensions de la qualité. Par conséquent, les consommateurs peuvent percevoir les produits verts comme un sacrifice de la qualité fondamentale du produit.</p>
<h2>La cas du vin bio</h2>
<p>Troisièmement, les individus pensent souvent que l’adoption d’alternatives vertes est souvent associée à une sorte de <a href="https://doi.org/10.1111/kykl.12186">sacrifice</a>, notamment en termes de performance. Par exemple, moins chauffer sa maison ou son bain pour diminuer ses consommations d’énergie est généralement synonyme d’une certaine dégradation de la qualité de vie.</p>
<p>Quid du vin ? Les consommateurs apprécient <a href="https://hbr.org/2018/04/how-organic-wine-finally-caught-on?referral=03759&cm_vc=rr_item_page.bottom&fbclid=IwAR34fa9UVgSfA4r57XidPlhevrfravHP3ffLIz612JX4DBO8EoeUJBjaP_Y">désormais</a> et cherchent à acheter un vin pour lequel le producteur a fait des efforts, notamment environnementaux, dans la production. Le vin bio, qui pendant longtemps a souffert d’une perception négative de la part des consommateurs, a aujourd’hui dépassé cette image.</p>
<p>Pourquoi ? Le consommateur pourrait penser intuitivement que des ressources investies dans le processus de certification bio ne seront plus disponibles pour atteindre les autres objectifs (qualités gustatives notamment). Surtout, l’engagement environnemental d’un producteur ne peut pas être vérifié par les consommateurs au moment de l’achat ou de la consommation. Ces derniers doivent donc faire appel à des tiers crédibles (labels, certificats, tradition, etc.).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs sont désormais sensibles aux efforts environnementaux des producteurs de vins, ce qui n’a pas toujours été le cas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mateusz Gzik/Shutterstock</span></span>
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<p>Dans le cas du vin, les programmes d’éco-étiquetage réussis ont justement résolu ce problème d’asymétrie de l’information. Par exemple, en Bourgogne, depuis que les grands domaines ont commencé à révéler qu’ils sont bio depuis toujours, les autres producteurs n’ont plus de réticence à poser le label sur leurs vins. Ces tiers ont notamment en transformé un attribut de croyance (le consommateur pense que c’est bio mais ne peut en être sûr), en attribut de recherche (un élément tangible qui pèse dans la décision d’achat). En conséquence, les programmes ont réduit l’incertitude des consommateurs concernant la validité de leurs achats environnementaux.</p>
<p>La leçon à tirer de cas est qu’il est naturel d’informer les consommateurs d’une amélioration qui compte, en particulier si la dimension améliorée n’affecte pas objectivement (et subjectivement) d’autres dimensions. Et pour ce qui est du vin, il semblerait qu’efforts environnementaux et qualité aillent désormais dans le <a href="https://www.wine-economics.org/aawe/wp-content/uploads/2016/12/Vol11-Issue03-Does-Organic-Wine-Taste-Better-An-Analysis-of-Experts-Ratings.pdf">même sens</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112979/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le consommateur estime inconsciemment que la poursuite d’un objectif de production bien précis se fait au détriment des autres caractéristiques du produit.Angela Sutan, Professeur en économie comportementale, Burgundy School of Business Gilles Grolleau, Chercheur en économie comportementale, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1117602019-03-07T19:02:41Z2019-03-07T19:02:41ZComment s’y retrouver dans la jungle des labels environnementaux<p>Consommer « autrement », oui, mais comment ? Face aux interminables rayons des supermarchés, on est facilement pris d’une subite envie de fuir devant l’abondance de labels environnementaux.</p>
<p>De quoi en décourager plus d’un à modifier ses habitudes de consommation. Pour plus de <a href="https://www.goodfuture.greenflex.com/fr/consommation-responsable/infographie-les-francais-et-la-consommation-responsable-2017">50 % des Français</a>, pourtant, consommer de manière responsable implique de modifier ses habitudes de courses pour privilégier des produits porteurs d’un label environnemental, certifiés éthiques, locaux et moins polluants. Et pour cause, quels qu’ils soient, les biens de consommation (y compris produits alimentaires et produits de construction) participent à l’épuisement des matières premières et des ressources. Ils pèsent pour 70 % dans les émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France, selon l’Ademe.</p>
<p>Difficile en effet d’identifier ce qui se cache derrière la jungle de mystérieux labels apposés au dos des barquettes de dinde, des paquets de riz ou des produits cosmétiques. Alors, comment distinguer les mentions sérieuses ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"841428453886947328"}"></div></p>
<h2>Labels certifiés et <em>greenwashing</em></h2>
<p>L’élément qui garantit la fiabilité d’un label réside notamment dans sa conformité à un « référentiel », c’est-à-dire à un cahier des charges qui décrit des critères environnementaux. Le respect de ces conditions par un produit donne lieu à l’obtention d’un label environnemental et autorise à l’apposer sur le produit : sans ce référentiel et sans une certification par une tierce partie indépendante, le consommateur n’a aucune preuve des garanties offertes par le label, souligne des travaux menés par l’Ademe.</p>
<p>À l’échelle internationale, la norme <a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-plus-respectueux-lenvironnement/dossier/declarations-environnementales/declarations-environnementales-encadrees-norme">ISO 14024</a> définit une liste d’exigences d’utilisation et d’attribution des labels environnementaux. Selon l’Ademe, trois labels sont conformes aux critères les plus importants de cette norme : l’<a href="https://www.ademe.fr/entreprises-monde-agricole/labels-certifications/lecolabel-europeen">Écolabel européen</a>, l’Ange bleu et l’Écolabel nordique.</p>
<p>L’objectif des labels est double : d’une part, promouvoir les produits ayant une incidence moindre sur l’environnement par rapport à des produits standard d’usage similaires. Cela implique de prendre en compte tout le cycle de vie du produit : de la culture ou de l’extraction des matières premières à la fin de vie du produit. Il est par ailleurs essentiel d’adopter une approche multi-impacts : un label environnemental ne peut se focaliser sur l’amélioration d’un aspect environnemental seulement, au risque d’en négliger d’autres aussi important et de générer des transferts de pollution : par exemple, remplacer les sacs plastiques par des sacs en papier. Chacun a ses avantages mais aussi ses impacts environnementaux propres. La consommation d’énergies fossiles générées par les sacs plastiques est remplacée par la consommation de bois pour les sacs en papier avec un risque de consommation de bois non gérés durablement.</p>
<p>D’autre part, les labels environnementaux fournissent aux consommateurs un outil facilement reconnaissable pour leurs achats. Encore faut-il avoir en tête les bons labels.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1104094826771959810"}"></div></p>
<h2>Outils numériques au secours des consommateurs</h2>
<p>Dans ce contexte, les initiatives émergent pour orienter le consommateur dans ses choix d’achats.</p>
<p>L’Ademe propose ainsi depuis novembre 2018 une <a href="https://www.ademe.fr/labels-environnementaux">page Internet</a> pour aider le consommateur à décortiquer le contenu de son panier de courses. Pour cela, l’agence publique a procédé à un rigoureux travail d’analyse des labels pour établir une liste de 100 labels environnementaux, en conformité avec 7 critères de la norme ISO 14024 et proposant les critères environnementaux les plus pertinents pour cette catégorie de produit. Certains intègrent en outre des critères sociaux, éthiques ou sanitaires.</p>
<p>Le consommateur peut ainsi choisir entre 12 catégories de produits : alimentation, entretien et nettoyage, hygiène et beauté, vêtements et chaussures, mobilier, literie, textile de maison, bricolage et déco, papeterie et fournitures, multimédia, jeux et jouets, hébergement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1064892160376537090"}"></div></p>
<p>Il sélectionne dans chacune de ces familles les produits qui l’intéresse et découvre un à six labels fiables en fonction de ce qu’il souhaite acheter : pour l’acquisition d’une couette, l’Ecolabel européen est le seul préconisé par l’Ademe. En matière de café, vous aurez le choix entre les labels Agriculture biologique, UTZ certified, Rainforest Alliance ou Max Havelaar, marque bien connue de commerce équitable.</p>
<p>Pour chaque label, le site précise s’il est « très bon » ou « excellent » : une analyse détaillée des objectifs, garanties, points forts et axes d’amélioration est également fournie. À l’image de ce site pour une consommation plus responsable, de nombreuses applications ont vu le jour au cours des dernières années : comme <a href="https://www.wwf.fr/agir-au-quotidien/we-act-for-good">celle du WWF</a>, qui aide à devenir éco-responsable à travers quelques réflexes faciles à adopter au quotidien ou encore <a href="https://etiquettable.eco2initiative.com/">Etiquettable</a>, une application mobile de cuisine durable, à destination de tous, rassemblant les meilleures infos pour s’alimenter autrement.</p>
<h2>Indispensable simplification</h2>
<p>Le constat est clair : se repérer dans l’inflation des mentions environnementales s’avère de plus en plus complexe. Une simplification de la <a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-plus-respectueux-lenvironnement/dossier/bonnes-pratiques-communication/durable-responsable-bio-naturel-ecologique-bon-usage-termes-environnementaux">communication environnementale</a> reste donc indispensable et encouragerait probablement les individus à s’engager dans une consommation plus responsable.</p>
<p>Enfin, certaines allégations environnementales sont à prendre avec des pincettes, comme « naturel », « bon pour la santé », « vert » ou encore « purifie l’air »… Tout produit a un impact environnemental et il est malhonnête de le nier. Ces termes sont parfois galvaudés par les marques pour mettre en avant un produit, au mépris de l’information vérifiable, juste loyale et transparente <a href="https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/developpement-durable/">qu’elles doivent au consommateur</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111760/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emily Spiesser ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Difficile de s’orienter dans la jungle des labels environnementaux qui tapissent les rayons des supermarchés. Une page Internet proposée par l’Ademe aide à consommer autrement.Emily Spiesser, Service « Consommation et Prévention », direction économie circulaire et déchets, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.