tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/naissances-81161/articlesnaissances – The Conversation2024-03-10T16:49:02Ztag:theconversation.com,2011:article/2247832024-03-10T16:49:02Z2024-03-10T16:49:02ZÀ Mayotte, changer le droit du sol ne fait pas forcément baisser le nombre de naissances issues de parents étrangers<p>En visite à Mayotte le 11 février dernier, le ministre de l’Intérieur <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/a-mayotte-gerald-darmanin-annonce-la-suppression-du-droit-du-sol-dans-l-archipel-pour-faire-taire-la-colere-de-la-population_6216067_3224.html">Gérald Darmanin</a> a fait part dès sa descente d’avion de la volonté du président de la République Emmanuel Macron d’inscrire la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle. Malgré de vives critiques, une semaine plus tard, <a href="https://www.humanite.fr/politique/cnr-resistance/manouchian-loi-immigration-rn-emmanuel-macron-face-a-lhumanite">Emmanuel Macron</a> défendait son projet, déclarant : « Mayotte est la première maternité de France, avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire de petits Français. Objectivement, il faut pouvoir répondre à cette situation ».</p>
<p>Si cette dynamique de restriction du droit du sol marque une <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/15/fin-du-droit-du-sol-a-mayotte-l-attractivite-de-notre-droit-de-la-nationalite-releve-assez-largement-du-mythe_6216638_3232.html">rupture sans précédent</a> depuis la période coloniale, il est important de noter qu’elle n’est pas entièrement nouvelle à Mayotte, où une réforme significative du droit du sol a déjà été opérée en 2018.</p>
<p>Quels sont les effets de cette réforme et comment éclairent-ils les débats actuels ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mayotte-ambigu-tes-et-non-dits-dune-situation-post-coloniale-206004">Mayotte : ambiguïtés et non-dits d’une situation (post)coloniale</a>
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<h2>La réforme du droit du sol de 2018</h2>
<p>Le principe du <a href="https://www.immigration.interieur.gouv.fr/fr/Integration-et-Acces-a-la-nationalite/La-nationalite-francaise/Elements-d-histoire-sur-le-droit-de-la-nationalite-francaise">droit du sol</a> établit qu’un enfant né en France de parents étrangers acquiert automatiquement la nationalité française à sa majorité, ou par déclaration anticipée à ses 13 ans s’il peut justifier de cinq ans de résidence sur le territoire. Cependant, à Mayotte, depuis la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037381808">loi du 10 septembre 2018</a>, les enfants nés de parents étrangers ne peuvent devenir français que si à leur naissance au moins l’un de leurs parents résidait de manière régulière (sous couvert d’un titre de séjour) en France depuis au moins trois mois.</p>
<p>Introduite dans la <a href="https://www.vie-publique.fr/eclairage/19455-asile-et-immigration-la-loi-du-10-septembre-2018">loi Asile et immigration de 2018</a> sous la forme d’un amendement déposé par le sénateur de Mayotte Mohamed Soilihi, <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/06/19/une-breche-dans-le-droit-du-sol-a-mayotte_5317526_823448.html">cette réforme du droit du sol</a> avait pour objectif déclaré de répondre à « l’insoutenabilité de la pression migratoire pour les Mahorais ». Son auteur décrivait déjà « les milliers de femmes enceintes qui, souvent au péril de leur vie, abordent les rivages de Mayotte avec l’espoir de donner naissance à un enfant né sur le territoire national afin qu’il puisse y être élevé et ainsi bénéficier d’une naturalisation par le droit du sol. »</p>
<p>De fait, depuis le 1<sup>er</sup> mars 2019, en application de la loi du 10 septembre 2018, un nombre important d’enfants nés à Mayotte de parents étrangers n’a plus accès à la nationalité française. Selon les <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/15/fin-du-droit-du-sol-a-mayotte-l-attractivite-de-notre-droit-de-la-nationalite-releve-assez-largement-du-mythe_6216638_3232.html">chiffres communiqués par le ministère</a>, le nombre d’acquisitions de la nationalité française à Mayotte est passé de 2 900 en 2018 à 900 en 2022.</p>
<p>Toutefois, pour les professeurs de droit public Marie-Laure Basilien-Gainche, Jules Lepoutre et Serge Slama, signataires d’une <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/15/fin-du-droit-du-sol-a-mayotte-l-attractivite-de-notre-droit-de-la-nationalite-releve-assez-largement-du-mythe_6216638_3232.html">tribune dans <em>Le Monde</em></a>, la réforme n’aurait pas eu le moindre effet sur les flux migratoires vers Mayotte, tandis que pour l’avocate <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/la-suppression-du-droit-du-sol-a-mayotte-une-mesure-voulue-par-l-extreme-droite-aux-consequences-incertaines_6216078_3224.html">Marjane Ghaem</a> cette situation « ne fait que fabriquer de l’étranger ».</p>
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<h2>L’évolution des naissances à Mayotte et aux Comores depuis la réforme</h2>
<p>En effet, si l’on s’intéresse aux <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7725908">statistiques d’état civil de l’Insee</a> sur les naissances à Mayotte, un constat s’impose d’emblée : le nombre de naissances de mères étrangères n’a pas baissé suite à la réforme de 2018. En 2022, sur 10 773 nouveau-nés à Mayotte, 8 101 avaient une mère étrangère, un chiffre en hausse de 14 % par rapport à 2018.</p>
<p>Deux autres comparaisons permettent de renforcer ce constat.</p>
<p>Tout d’abord, si l’on regarde l’évolution du nombre de naissances à Mayotte en fonction de l’origine de la mère sur la période 2014-2022, il apparaît clairement qu’il n’y a pas eu de décrochage des naissances de mères étrangères par rapport aux naissances de mères françaises depuis la réforme (Figure 1). Cette part est restée stable (voire a augmenté), autour de 75 %.</p>
<p>De plus, une large majorité de mères étrangères était de nationalité comorienne sur la période (90 % en 2022). À partir de <a href="https://mics.unicef.org/news_entries/253/JUST-RELEASED:-COMOROS-2022-MICS">données d’enquête collectées en 2022</a> aux Comores sur un échantillon représentatif de plus de 6 000 ménages, il est possible d’estimer l’évolution du nombre de naissances sur le sol comorien pour s’assurer que l’absence de décrochage du nombre de naissances à Mayotte ne reflète pas une poussée démographique aux Comores. Cette comparaison est importante car une stagnation des naissances de mères comoriennes à Mayotte dans un contexte de forte augmentation des naissances aux Comores signifierait que la part des mères comoriennes migrant à Mayotte pour y accoucher a diminuée.</p>
<p>Comme on peut le voir sur la Figure 2 ci-dessous, l’absence de décrochage observé à Mayotte ne s’explique pas par une forte croissance démographique aux Comores. Le nombre de naissance y est resté relativement stable, avec 22 000 naissances environ chaque année, et des tendances très similaires à celles observées à Mayotte.</p>
<p>Cela suggère que la part des Comoriennes se rendant à Mayotte pour y donner naissance n’a pas baissée suite à la réforme du droit du sol de 2018, et ce alors même qu’elle prive déjà un nombre important d’enfants de l’accès à la nationalité française. En effet, il est extrêmement rare pour les Comoriens d’obtenir un visa ou un titre de séjour pour Mayotte. Ces derniers migrent typiquement « sans-papiers », via les <a href="https://www.liberation.fr/societe/a-mayotte-linterception-des-kwassas-kwassas-ils-foncent-tete-baissee-en-esperant-nous-echapper-20230428_T563NW5WPBCKXDFL2ZYTMHQAGA/">fameux kwassa-kwassas</a>, et ne bénéficient donc déjà plus du droit du sol puisque la réforme de 2018 requiert que l’un des deux parents réside de manière régulière (sous couvert d’un titre de séjour) sur le territoire mahorais au moins trois mois avant la naissance de l’enfant.</p>
<h2>L’importance des facteurs sanitaires</h2>
<p>Pour comprendre pourquoi tant de mères comoriennes continuent de migrer à Mayotte pour y donner naissance, il convient de s’intéresser aux données de santé publique. En 2021, le taux de mortalité infantile, c’est-à-dire la part des nouveau-nés qui décèdent avant l’âge de cinq ans, était près de <a href="https://ourworldindata.org/grapher/child-mortality-around-the-world?tab=chart&country=MYT%7ECOM%7EFRA&fbclid=IwAR1zy6Q2eXnPOByoy8j74l0h-UbojuqOLCewZwpDVQXD5Y-naWGEwFIjPJo">12 fois plus grand aux Comores qu’à Mayotte</a>, tandis que le taux de mortalité maternelle pour des causes liées à la grossesse ou à l’accouchement était <a href="https://ourworldindata.org/grapher/death-rate-from-maternal-disorders-ihme?tab=chart&country=COM%7EFRA&fbclid=IwAR1momA6MN8xDRmoqDzsJN_KJlrymDlrPS_ntS6KAjI2cbyj7XcNFkKFnsA">plus de quatre fois plus grand</a>.</p>
<p>Seuls 70 kilomètres environ séparent les Comores de Mayotte. Cette proximité géographique, couplée à des différences abyssales en termes d’efficacité des systèmes de santé, peut expliquer pourquoi de nombreuses Comoriennes choisissent d’accoucher à Mayotte, et ce malgré les risques liés à la traversée.</p>
<p>Comme le soulignent de <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/15/fin-du-droit-du-sol-a-mayotte-l-attractivite-de-notre-droit-de-la-nationalite-releve-assez-largement-du-mythe_6216638_3232.html">nombreux autres</a> <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/13/francois-heran-sociologue-a-mayotte-de-quel-droit-du-sol-parle-t-on_6216345_3232.html">chercheurs</a> en <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/21/les-comores-ont-les-cles-pour-resoudre-nombre-de-problemes-affectant-mayotte_6217768_3232.html">sciences sociales</a>, il est peu probable que la remise en cause du droit du sol réduise le nombre de Comoriennes qui se rendent à Mayotte pour y donner naissance. En revanche, il serait urgent d’appuyer les Comores pour trouver des solutions aux graves problèmes de santé publique auxquels est confrontée sa population.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224783/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jules Gazeaud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À Mayotte, les enfants nés de parents étrangers ne peuvent devenir français que si à leur naissance au moins l’un de leurs parents résidait de manière régulière en France depuis au moins trois mois.Jules Gazeaud, Chargé de recherche CNRS, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2128912023-09-05T17:02:42Z2023-09-05T17:02:42ZPourquoi les bébés pleurent-ils juste après leur naissance ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546347/original/file-20230816-21-5r1861.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les premiers pleurs sont très attendus par les parents.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/newborn-baby-78559918">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Quand les bébés naissent, ils semblent tous pleurer, mais tous ne le font pas tout de suite. Que se passe-t-il ?</p>
<p>Au moment de la naissance, les bébés quittent le corps de leur mère, un environnement chaud et rempli d’eau pour se retrouver dans un monde beaucoup plus sec et lumineux.</p>
<p>C’est un sacré changement, car quand ils sortent du ventre, leur peau, encore humide, va ressentir un air plus froid. L’air plus frais les fait haleter. Ils halètent également lorsque la sage-femme ou le médecin touche leur corps pour les aider à venir au monde.</p>
<p>Ce souffle est la première respiration du bébé, qui s’accompagne généralement d’un cri. Lorsque cela se produit, le souffle ou les pleurs déclenchent un changement étonnant dans la façon dont le bébé capte l’oxygène et le fait circuler dans son corps.</p>
<h2>De nombreux changements</h2>
<p>Dans le ventre, les bébés dépendent de leur mère pour l’oxygène via le placenta et le cordon ombilical.</p>
<p>Le placenta filtre le sang riche en oxygène de la mère. Le cordon ombilical pompe ensuite ce sang vers le bébé à naître.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Fœtus avec cordon ombilical et placenta" src="https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543140/original/file-20230817-17-84peqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le placenta, à gauche, et le cordon ombilical travaillent ensemble pour envoyer l’oxygène du sang de la mère au bébé à naître.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-illustration/3d-rendered-medically-accurate-illustration-fetus-727111807">Shutterstock</a></span>
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<p>Juste après la naissance, leur premier souffle ou cri déclenche toute une série de changements dans la façon dont leur cœur fait circuler le sang dans leur corps. Ainsi, au lieu de respirer du liquide dans l’utérus, ils peuvent maintenant respirer de l’air et faire entrer de l’oxygène dans leurs poumons, comme nous le faisons.</p>
<p>Ce processus fait également sortir l’eau des poumons du bébé, ce qui leur permet de fonctionner correctement.</p>
<p>Les pleurs d’un nouveau-né sont un son que les parents et le personnel médical sont très heureux d’entendre. En effet, cela signifie généralement que le bébé se porte bien et qu’il n’aura pas besoin d’aide supplémentaire pour respirer.</p>
<p>Mais tous les nouveau-nés ne pleurent pas. Et il n’y a pas toujours lieu de s’inquiéter.</p>
<h2>Certains bébés ne pleurent pas à la naissance</h2>
<p>Lors de certaines naissances, il peut arriver que le passage de mode de respiration ne se déroule pas en douceur.</p>
<p>Il peut s’agir de problèmes cardiaques ou d’une naissance difficile. Par exemple, le bébé peut avoir manqué d’oxygène dans l’utérus et avoir besoin d’aide pour commencer à respirer à la naissance.</p>
<p>Les pleurs des bébés sont parfois retardés.</p>
<p>Les bébés nés par césarienne peuvent prendre plus de temps à respirer et à pleurer. Cela s’explique par le fait que le liquide n’est pas expulsé des poumons comme c’est le cas lors d’une naissance par voie vaginale.</p>
<p>Il peut également arriver que les nouveau-nés ne pleurent pas du tout.</p>
<p>Les bébés qui naissent dans l’eau peuvent être entourés d’une grande quantité d’eau chaude et ne pas se rendre compte qu’ils sont nés. En effet, ils ne sentent pas l’air froid lorsqu’ils viennent au monde ; ils sont souvent dans les bras de leur mère dans l’eau. Ils ont donc tendance à respirer tranquillement et à devenir roses (ce qui montre qu’ils reçoivent suffisamment d’oxygène), sans pleurer.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212891/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hannah Dahlen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les pleurs déclenchent des changements dans la façon dont le nouveau-né reçoit son oxygène. Mais tous les nouveau-nés ne pleurent pas forcément, et ce n’est pas toujours un problème.Hannah Dahlen, Professor of Midwifery, Associate Dean Research and HDR, Midwifery Discipline Leader, Western Sydney UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1919112022-10-26T18:32:24Z2022-10-26T18:32:24ZOui, messieurs, la fertilité masculine décline aussi avec l’âge<p>Lorsqu’il s’agit de fonder une famille, la petite musique des limites imposées par l’« horloge biologique » sonne régulièrement aux oreilles des femmes. Les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1467-9566.13116">hommes ne sont pas soumis à la même pression</a> en ce qui concerne de la question de leur paternité si elle s’annonce tardive.</p>
<p>Cela peut en partie s’expliquer par le fait que beaucoup pensent que les hommes ont tout leur temps lorsqu’il s’agit d’avoir des enfants. Des exemples exceptionnels, comme celui du chanteur Mick Jagger qui a eu en 2016 un fils à l’âge de 73 ans, peuvent d’ailleurs venir renforcer cette idée reçue… Mais en réalité, il y a beaucoup de choses à rappeler en ce qui concerne leur fertilité masculine et sa longévité. <a href="https://theconversation.com/quel-est-le-bon-age-pour-avoir-des-enfants-107484">75 % des jeunes, filles et garçons, sous-estiment l’impact de l’âge sur leur fertilité</a>.</p>
<p>Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une évolution progressive de l’âge auquel un couple à son premier enfant : dans les pays occidentaux, se dessine ainsi une augmentation du nombre de personnes qui deviennent parents plus tardivement dans leur vie. En Angleterre et au Pays de Galles, hommes et femmes n’ont jamais eu leurs enfants aussi tard <a href="https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/birthsdeathsandmarriages/livebirths/bulletins/birthcharacteristicsinenglandandwales/2020">si l’on se fie aux archives</a>.</p>
<p>Si l’on considère les seuls hommes, ils ont aujourd’hui des enfants en moyenne à <a href="https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/birthsdeathsandmarriages/livebirths/bulletins/birthcharacteristicsinenglandandwales/2020">près de 34 ans</a>, contre environ <a href="https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/birthsdeathsandmarriages/livebirths/bulletins/birthcharacteristicsinenglandandwales/2017">29 ans au milieu des années 1970</a>. (<em>En France, l’<a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/hommes-ont-enfants-plus-tard/">âge moyen de la première paternité est de 33,1 ans</a> contre 30,2 ans pour les femmes et la maternité. Cet écart se maintient depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ndlr.</em>)</p>
<p>Il y a des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21652599/">multiples raisons qui peuvent inciter à repousser ainsi un projet parental</a>. Actuellement, il y a le fait que les jeunes ont plus de difficultés à acheter une maison et se trouvent dans un climat économique et social incertain… Ce qui ne permet pas de se projeter dans l’avenir. Les changements dans la façon dont les gens sortent et forment des relations doit également être pris en compte. Se lancer dans des études longues et prendre plus de temps pour faire un choix de carrière sont d’<a href="https://www.rbmojournal.com/article/S1472-6483(13)00501-4/fulltext">autres facteurs à considérer</a>. Enfin, beaucoup préfèrent attendre le « moment le plus propice » pour avoir des enfants, soit celui où ils pourront leur <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-90-481-8969-4_11">donner les « meilleures chances de départ » dans la vie</a>.</p>
<p>Mais ces choix de vie ne sont pas sans conséquences biologiques, ne serait-ce que sur la possibilité d’avoir un enfant « tard ».</p>
<h2>La fertilité masculine en question</h2>
<p>Si certaines personnes peuvent toujours avoir des enfants à 30, 40 ans et plus, d’autres peuvent en effet avoir des difficultés.</p>
<p>On pense souvent, à tort, que seules les femmes connaissent une baisse de fertilité à mesure que les années passent… Certes la fertilité féminine <a href="https://www.britishfertilitysociety.org.uk/fei/at-what-age-does-fertility-begin-to-decrease/">diminue plus rapidement</a> avec l’âge que celle d’un homme, mais de plus en plus de données suggèrent que l’âge affecte également la fertilité masculine – qui connaît un pic entre 30 et 35 ans, avant de décroître <a href="https://www.bmj.com/content/360/bmj.k1081">à partir de 40-45 ans environ</a> de façon significative.</p>
<p>Au-delà de 40 ans, un homme serait ainsi moitié <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28981654/">moins fertile qu’à 25 ans… sans que l’on sache vraiment pourquoi</a>. Ce sujet reste très débattu, au point qu’il n’existe pas de définition claire de ce que serait une paternité « tardive » chez l’homme.</p>
<p>Pourtant, il est désormais démontré que l’âge du père (au-delà notamment de 45 ans) :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s12958-015-0028-x">affecte négativement la qualité du sperme (en altérant ses données génétiques et épigénétiques, et donc le patrimoine génétique du futur enfant)</a>,</p></li>
<li><p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0378512219301343">réduit sa fertilité</a> et le nombre de spermatozoïdes produits. Ces derniers sont également moins mobiles et moins performants pour féconder un ovocyte, ce qui implique souvent de recourir à leur injection médicalement assistée,</p></li>
<li><p>augmente le risque de <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s12958-015-0028-x">fausse couche et de complications médicales pour la mère (retard de croissance intra-utérine, naissances prématurées…)</a>,</p></li>
<li><p>entraîne une plus grande probabilité de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11934-018-0802-3">problèmes de santé futurs</a> chez les enfants à naître – en particulier les <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s12958-015-0028-x">troubles du spectre autistique (risque augmenté de 80 %), la schizophrénie (de près de 50 %), les troubles bipolaires et la leucémie infantile</a>. Le risque de faible poids à la naissance ou d’hospitalisation néonatale est également accru.</p></li>
</ul>
<p>Mais ces éléments sont rarement mis en avant, et les hommes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001502821202345X">ne sont ainsi souvent pas conscients que chez eux aussi la fertilité peut diminuer avec l’âge</a>. Même si les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4854095/">risques restent faibles</a>, il est toujours préférable d’en être conscient lorsque l’on prévoit d’attendre pour avoir des enfants.</p>
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<h2>Améliorer vos chances</h2>
<p>Y a-t-il des moyens qui aideraient à mettre vos chances de votre côté lorsque vous voudrez avoir des enfants ? Il y a deux facteurs à prendre en compte.</p>
<p>Le premier est votre <strong>mode de vie</strong>. Les recherches montrent que de nombreux éléments liés au mode de vie peuvent affecter la fertilité masculine. En particulier, les recherches suggèrent que le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14647273.2017.1382733">tabagisme</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29713532/">consommation excessive d’alcool</a> influent négativement sur la qualité du sperme et la fertilité. Les <a href="https://academic.oup.com/humrep/article/33/9/1749/5066758?login=true">sous-vêtements trop serrés</a>, les <a href="https://www.nice.org.uk/guidance/cg156/evidence/full-guideline-pdf-188539453">drogues et les stéroïdes</a> sans à éviter pendant l’adolescence et la vingtaine. À l’inverse, un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7848840/">régime alimentaire et un IMC sains</a> ont un effet positif.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un groupe de jeunes hommes boit une bière au pub" src="https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/477666/original/file-20220804-1334-shfeux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certaines pratiques, comme une mauvaise alimentation ou le fait de boire excessivement, peuvent affecter la fertilité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/people-leisure-friendship-bachelor-party-concept-389227426">Ground Picture/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais avoir un mode de vie sain n’est qu’une partie de l’équation. <strong>Le second élément clé est l’âge</strong>.</p>
<p>Idéalement, il est préférable d’essayer d’avoir des enfants avant que le sujet de l’âge ne devienne un paramètre à prendre en compte pour la fertilité – c’est-à-dire avant que l’âge n’affecte les chances de concevoir, ou le bien-être des futurs enfants. C’est pourquoi il peut être pertinent que les garçons commencent à <a href="https://theconversation.com/forget-freezing-sperm-its-time-for-men-to-take-responsibility-for-the-foreplay-of-fatherhood-43753">réfléchir plus tôt qu’aujourd’hui</a> à la question de savoir s’ils veulent des enfants.</p>
<p>De nouvelles technologies continuent d’être développées et peuvent aider les gens à augmenter leurs chances de devenir parents à un âge moyen ou avancé. En particulier, la <a href="https://theconversation.com/congeler-ses-ovocytes-nest-pas-une-assurance-maternite-80155">congélation des ovules est un phénomène en pleine expansion</a> et certains suggèrent que la <a href="https://jme.bmj.com/content/41/9/775.short?g=w_jme_ahead_tab">congélation du sperme chez les jeunes adultes</a> pourrait aider les hommes à avoir des enfants plus tard dans leur vie. Mais attention, ces technologies ne sont pas parfaites et ne garantissent pas le succès d’un projet parental reporté.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191911/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caroline Law ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le fait est connu pour les femmes : la fertilité baisse avec les années. Il l’est moins pour les hommes. Pourtant l’impact de l’âge, s’il se manifeste différemment, est tout aussi réel… Petit rappel.Caroline Law, Senior Research Fellow, De Montfort UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1830592022-05-23T19:53:18Z2022-05-23T19:53:18ZPourquoi l’accouchement humain est-il beaucoup plus difficile que celui de nos cousins les grands singes ?<p>Il existe au sein des primates, schématiquement, deux types d’accouchements : l’accouchement des primates non humain, simple et rapide : les efforts expulsifs <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1046/j.1471-0528.2002.00010.x">chez le chimpanzé</a> ne durent que quelques secondes alors qu’ils peuvent durer jusqu’à 30 minutes chez les humains modernes. Chez ces singes le fœtus suit une trajectoire rectiligne, et les femelles n’ont pas besoin de l’assistance d’un tiers. L’accouchement des humains est complexe et parfois difficile, le fœtus suit une trajectoire incurvée compliquée qui requiert l’assistance d’une personne aidante.</p>
<p>Quand, et comment s’est mis en place ce type d’accouchement dans la lignée humaine ? Ces questions sont fondamentales, car elles impliquent des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ajpa.1330350605">processus évolutifs</a> d’une très grande importance, qui sont l’acquisition de la bipédie et le processus d’encéphalisation (l’accroissement du volume du cerveau relatif au corps).</p>
<p>Selon <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8728076/">l’hypothèse du dilemme obstétricale</a>, la bipédie à modifié l’architecture pelvienne en réduisant notamment l’espace entre les hanches et le sacrum. Cela a contribué à donner une forme aplatie d’avant en arrière à la partie supérieure du canal d’accouchement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/464818/original/file-20220523-18-y5vkt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La différence entre un bassin humain et celui d’un chimpanzé (en pointillé), avec un crâne fœtal (ovale noir) ajusté aux détroits obstétricaux.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Par ailleurs, l’encéphalisation a contribué à augmenter la taille du cerveau des nouveau-nés. Nous avons donc deux pressions évolutives qui vont dans un sens opposé (réduction du bassin, augmentation de la taille du crâne du nouveau-né), impliquant un ajustement de plus en plus étroit entre le crâne fœtal et le bassin, jusqu’à un seuil au l’accouchement devient difficile.</p>
<h2>Les humains naissent « prématurément »</h2>
<p>Pour éviter qu’il ne devienne trop difficile et permettre aux générations de se perpétuer, une solution a été de faire naître ces nouveau-nés <a href="https://digitallibrary.amnh.org/handle/2246/6008">« prématurément »</a> afin que la taille de leurs crânes permette néanmoins de franchir le canal d’accouchement sans encombre.</p>
<p>Cette naissance se caractérise toutefois par des compétences limitées chez le nouveau-né, qui est immature sur plusieurs points et qui a pour sa survie des compétences innées afin d’établir un lien mère-enfant le plus solide et précoce possible.</p>
<p><a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.95.3.1336">L’investissement parental est important</a> pour prendre en charge un tel nouveau-né, et pour supporter cette charge importante qui repose en premier lieu sur la mère (notamment par le coût métabolique important de la lactation), les individus qui entourent la mère, le père, pour certains la grand-mère, ou les autres membres familiers du groupe, vont proposer <a href="http://local.psy.miami.edu/faculty/dmessinger/c_c/rsrcs/rdgs/attach/HrdyInCarter2005.pdf">leur aide pour la soulager</a>. Le nouveau-né poursuit néanmoins sa croissance cérébrale telle qu’elle était <em>in utero</em>, mais dans un groupe humain précocement socialisant, <em>ex utero</em>(le volume cérébral va être multiplié par 2,25 chez l’humain moderne et 1,6 chez les chimpanzés, pendant la première année de vie.</p>
<p>Ceci a probablement contribué à faire de nous des primates parmi les plus sociaux.</p>
<h2>Pourquoi dans ce contexte, étudie-t-on les Australopithèques ?</h2>
<p>Les Australopithèques sont un groupe fossile qui présente des caractéristiques liées à la bipédie sur le bassin, mais qui dont le volume du cerveau est seulement <a href="https://www.nature.com/articles/s42003-022-03321-z">légèrement supérieur</a> à celui des chimpanzés. Ils ne sont donc pas encore tout à fait dans la dynamique de l’encéphalisation. Dans le cadre du dilemme obstétrical, ils permettent donc d’étudier les effets de la bipédie, plutôt que de l’encéphalisation sur les modalités d’accouchement.</p>
<p>Pour étudier les modalités d’accouchement, les mouvements que vont faire le fœtus dans le canal d’accouchement, et son éventuel arrêt de descente dans l’excavation pelvienne, il faut utiliser une méthode qui reproduit les forces de résistance, les bras de levier et réaction qui résultent du contact entre le crâne fœtal et le bassin.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463092/original/file-20220514-31328-rta54a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cchéma du canal d’accouchement en vue de profil.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est ainsi que l’on explique la mécanique obstétricale aujourd’hui, c’est-à-dire, les mouvements de la présentation au cours de l’accouchement. Une telle méthode est employée dans les sciences de l’ingénieur, pour simuler par exemple des crash-tests : c’est la méthode des élément-finis.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7594473/">Dans cette méthode</a>, on travaille avec des maillages, c’est-à-dire, des représentations de surfaces anatomiques par ensemble de triangles, et on calcule à travers des pas de temps donnés, l’application de forces ou le déplacement uniquement sur les sommets de ces triangles (les éléments).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/464820/original/file-20220523-20-lplv5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un maillage de bassin d’Australopithèque.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour les Australopithèques, nous avons un bassin qui est un maillage rigide (sauf au niveau de l’articulation sacro-iliaque) et un crâne fœtal ayant une capacité de déformation. Le contact entre ces deux maillages peut donc être facilement modélisable par les éléments-finis, qui représentent une méthode appropriée. Afin d’explorer différentes hypothèses, nous avons fait varier la taille de ce crâne d’un volume faible (accueillant un cerveau d’un poids de 110g), important (cerveau de 180g) et intermédiaire (145g).</p>
<h2>Les résultats de notre étude</h2>
<p>Seuls les crânes néonatals de 110 g pouvaient franchir les bassins d’Australopithèques sans encombre selon <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1046/j.1471-0528.2002.00010.x">nos résultats très récemment publiés</a>. En sachant qu’un crâne adulte avoisinait les 400 g, cela fait un ratio entre taille de crâne néonatale/taille de crâne adulte d’environ 28 %, comparable à celui des humains modernes, et éloigné de celui des primates non humains, d’environ 43 %.</p>
<p>En suggérant que l’ancêtre des humains modernes et des primates-non humains ait partagé le ratio général des primates (de 43 %), tandis que les humains modernes ont un ratio à 28 %, les Australopithèques, appartenant à l’histoire évolutive de la lignée humaine, avaient un ratio qui les plaçait au côté des humains modernes.</p>
<p>Il est possible qu’ils aient ainsi partagé notre façon de prendre en charge le nourrisson puis l’enfant, selon des modalités de coopération entre les membres du groupe. En effet, un tel ratio crâne néonatal/crâne adulte laisse suggérer que les compétences néonatales devaient être chez l’Australopithèque également, assez limitées. Un axe de recherche intéressant est maintenant de s’interroger sur le rôle du périnée au cours de l’accouchement de l’Australopithèque. En effet, il pourrait avoir un rôle crucial dans la rotation qui est faite par le fœtus en tout fin d’accouchement, et participer à orienter de son crâne comme chez les humains. Dans ce cas, la présence d’une sage-femme, comme chez les humains modernes, aurait pu être obligatoire aussi chez les Australopithèques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183059/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Frémondière a reçu des financements de CNRS grants GDR 3592 et CNRS-INEE International Research Network no. GDRI0870 Bipedal Equilibrium, et la Swiss National Science Foundation, grant no. 31003A-156299/1. </span></em></p>Une étude très récente s’est intéressée à l’accouchement chez les australopithèques pour comprendre depuis quand donner naissance était si difficile chez les humains.Pierre Frémondière, Sage-femme enseignant à l'école de maïeutique de la faculté des Sciences Médicales et Paramédicales de Marseille, chercheur associé au laboratoire ADES 7268, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1775732022-02-22T18:41:32Z2022-02-22T18:41:32Z40 ans après la naissance du premier « bébé-éprouvette » français, plus de 400 000 enfants conçus par FIV<p>Il y a 40 ans, le 24 février 1982, la France découvrait « son » premier « bébé-éprouvette », une petite fille prénommée <a href="https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2017/02/23/26010-20170223ARTFIG00307-amandine-premier-bebe-eprouvette-fete-ses-35-ans.php">Amandine</a>, dans la lignée ouverte par <a href="https://nextnature.net/story/2017/1978-worlds-first-test-tube-baby-born">Louise Brown</a>, née au Royaume-Uni le 25 juillet 1978.</p>
<p>Ces naissances ont marqué très fortement notre imaginaire collectif : pour la première fois, la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde pouvait être obtenue hors du corps de la femme, au sein d’une éprouvette en laboratoire, c’est-à-dire « in vitro » selon le terme technique. La technique de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=RdgMECreoU0">fécondation in vitro (FIV)</a> était née.</p>
<p>Pour mesurer l’avancée technologique, il faut se rappeler qu’à l’époque, la procréation médicalement assistée (PMA) consistait uniquement en des « <a href="https://www.youtube.com/watch?v=vsc65Yn7XAw">inséminations artificielles » (IA)</a>, c’est-à-dire à déposer les spermatozoïdes du Conjoint (IAC) ou d’un Donneur (IAD) au niveau du col de l’utérus ou de la cavité utérine pour qu’ils aillent féconder naturellement l’ovocyte dans le corps de la femme, in vivo.</p>
<p>Après la naissance d’Amandine, l’histoire de la FIV se poursuivit loin du tumulte médiatique. Où en sommes-nous aujourd’hui et que s’est-il passé durant ces quatre décennies ?</p>
<h2>Près de 3 % des enfants sont conçus par FIV en France</h2>
<p>Avant la crise sanitaire de Covid-19, les FIV de l’année 2019 ont permis la naissance de plus de 21 000 enfants. Rapporté au nombre de naissances dans la population, cela représente pratiquement 3 enfants sur 100 conçus par FIV (2,9 %). Autrement dit, en moyenne, si vous avez un groupe de 34 enfants nés en 2020 (correspondant majoritairement aux conceptions de 2019), l’un de ces enfants a été conçu par FIV.</p>
<p>L’impact des inséminations artificielles est bien plus faible (moins de 6 000 enfants conçus en 2019), mais la somme globale de ces techniques conduit à plus de 27 000 enfants conçus suite à des PMA réalisées en 2019, soit une proportion de 3,7 % des enfants conçus par PMA parmi les naissances françaises. En moyenne, parmi un groupe de 27 enfants nés en 2020, l’un de ces enfants a été conçu par PMA.</p>
<p>Les chiffres sur les PMA de l’année 2020 n’ont pas encore été publiés par l’<a href="https://www.agence-biomedecine.fr/">Agence de la Biomédecine</a>. Néanmoins, il faut s’attendre à une nette baisse puisque les centres de PMA ont fermé leurs portes durant le premier confinement lors de la crise sanitaire. Leur activité a repris progressivement à partir de mi-mai 2020, mais l’impact de la mise sous tension des hôpitaux, en particulier publics, a probablement été un frein dans la réalisation des PMA.</p>
<h2>40 ans d’augmentation quasiment linéaire de la FIV</h2>
<p>La figure ci-dessous représente l’évolution de la proportion d’enfants conçus par FIV (courbe rouge) et la proportion d’enfants conçus par PMA incluant les FIV et les IA (courbe bleue). Entre 1981 et 1985, environ un millier d’enfants ont été conçus par FIV. Après cette période de mise en route, la FIV a connu une progression quasiment linéaire. La proportion d’enfants conçus par FIV progresse de +0,5 % tous les 7 à 8 ans.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447764/original/file-20220222-267-8fza2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution de la proportion d’enfants conçus par assistance médicale à la procréation en France.</span>
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</figure>
<p>Cette augmentation quasiment linéaire de la FIV reflète probablement la combinaison de plusieurs phénomènes. Dans un premier temps, il a bien sûr fallu que cette technique se « diffuse » dans la population, c’est-à-dire qu’elle est connue et acceptée. Mais, sa progression continue sur quatre décennies appelle d’autres explications.</p>
<p>Une première explication repose sur les évolutions technologiques qui ont permis d’élargir les « indications », c’est-à-dire le type d’infertilité pouvant être pris en charge par FIV. En effet, initialement, la FIV avait été conçue pour répondre aux infertilités féminines d’origine tubaire (trompes altérées ou bouchées). Elle a été rapidement utilisée pour d’autres indications, et son extension a connu une nouvelle dynamique à partir de 1992 avec l’arrivée d’une nouvelle technique de FIV permettant de prendre en charge les infertilités masculines : l’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=iVDH7jQze6g">injection intra-cytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI)</a>. L’ICSI consiste à sélectionner un spermatozoïde qui est directement introduit dans l’ovocyte. Utilisée au départ pour les infertilités masculines dites « sévères », la FIV avec ICSI (ou ICSI) est aujourd’hui très largement utilisée puisqu’en 2019, deux fécondations <em>in vitro</em> sur trois réalisées en France l’étaient avec cette méthode.</p>
<p>Au-delà de ces aspects technologiques, le recours croissant à la FIV reflète sans doute surtout des besoins plus importants dans la population.</p>
<p>D’une part, des <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/la_fertilite_est_elle_en_danger_-9782707156389">travaux scientifiques</a> alertent sur une possible altération de la fertilité humaine en lien avec les expositions aux polluants industriels et agricoles, ou au tabac par exemple. Une telle altération de la fertilité pourrait être susceptible de conduire à une fréquence plus élevée des infertilités et donc à un recours plus important à la PMA. D’autre part, les démographes observent une <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/maternites-tardives-de-plus-en-plus-frequentes-pays-developpes/">parentalité plus tardive</a>. Or, la fertilité diminue fortement avec l’âge, si bien que les couples rencontrent plus de <a href="https://theconversation.com/le-declin-de-la-fertilite-une-charge-inegalement-partagee-entre-hommes-et-femmes-163689">difficultés pour avoir un enfant aux âges plus avancés</a> et recourent donc plus souvent à la PMA. Ainsi, en France, en une décennie (2008-2017), le recours à l’ensemble des traitements de l’infertilité (stimulations hors PMA et PMA) <a href="https://doi.org/10.2105/AJPH.2020.305781">a augmenté de 24 %</a> parmi les femmes de 34 ans et plus alors qu’il est resté stable chez les femmes plus jeunes.</p>
<h2>Plus de 400 000 enfants conçus par FIV en 40 ans</h2>
<p>Avec cette dynamique de recours à la FIV, quel bilan démographique peut-on tirer quarante ans après la naissance d’Amandine ? Les FIV réalisées durant les vingt premières années (1981-2000) ont permis globalement la naissance de 100 000 enfants. Le mouvement s’amplifie ensuite puisque la naissance des 100 000 enfants suivants est obtenue en uniquement 8 années d’activité (2001-2008). Ce délai se raccourcit encore pour les 100 000 suivants : 6 années (2009-2014), et enfin 5 années (2015-2019). Les FIV réalisées entre 1981 et 2019 ont donc permis globalement la naissance de 400 000 enfants. Ces naissances françaises sont à replacer dans la dynamique mondiale où le nombre d’enfants conçus par FIV était estimé à plus de <a href="https://www.rbmojournal.com/article/S1472-6483(18)30598-4/fulltext">8 millions</a> sur cette même période. </p>
<p>Derrière ce chiffre mondial global se cache une <a href="https://www.rbmojournal.com/article/S1472-6483(21)00097-3/fulltext">forte variabilité dans le recours à la PMA</a> d’une région à l’autre, et d’un pays à l’autre, y compris parmi les pays européens. Il n’y a pas d’explication simple à cette forte variabilité, il est probable que cela reflète en partie le coût des traitements à la charge des couples, l’offre de santé, la dynamique de fécondité du pays et l’âge à la parentalité. Le niveau de recours à la PMA semble également corrélé au <a href="https://www.rbmojournal.com/article/S1472-6483(21)00097-3/fulltext">niveau des inégalités hommes – femmes dans le pays</a> : plus ces inégalités sont faibles (selon l’<a href="https://hdr.undp.org/en/indicators/68606">indice d’inégalité de genre</a> des Nations unies) et plus le recours à la PMA est développé. L’étude souligne qu’il est nécessaire de développer des recherches pour mieux comprendre le sens de cette corrélation.</p>
<p>Le nombre d’enfants conçus par FIV actuellement inclut également les enfants nés suite aux FIV réalisées durant l’année 2020 et celles réalisées entre janvier et mai 2021. Les perturbations liées à la crise sanitaire fragilisent les projections qui peuvent être faites, mais en retenant l’hypothèse d’une diminution de l’activité FIV de 30 % durant l’année 2020 et une activité 2021 stable par rapport à 2019, cela conduit à une estimation de 420 000 enfants conçus par FIV en France en ce quarantième anniversaire d’Amandine.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447765/original/file-20220222-25-116zvz6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nombre cumulé d’enfants conçus par fécondation in vitro en France.</span>
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</figure>
<p>Cette hausse du nombre d’enfants conçus par FIV est d’autant plus notable que ce nombre était autrefois amplifié par le phénomène des naissances multiples, et que ce phénomène est en forte régression. Ainsi, dans les années 1990, il naissait 130 enfants pour 100 accouchements obtenus suite à une FIV. Ces naissances multiples étaient liées à la volonté d’augmenter les chances d’obtenir une grossesse. Pour cela, les médecins transféraient beaucoup d’embryons, souvent 4 ou plus à la fois (39 % des cas en France en 1988).</p>
<p>Ces pratiques ont rapidement été remises en cause en raison des risques pour la santé des enfants issus de ces naissances multiples. Pour réduire ces risques, les médecins ont peu à peu réduit le nombre d’embryons transférés, passant d’abord à trois embryons (environ 40 % des cas en 1997) puis à deux embryons (environ 60 % des cas en 2009), pour finalement ne plus transférer qu’un seul embryon (60 % des cas en 2019). Actuellement, il n’y a plus que 107 enfants pour 100 accouchements suite à une FIV, une fréquence qui reste encore plus élevée que celle observée dans le cas d’une grossesse obtenue sans aide médicale (101 enfants pour 100 accouchements). Cette forte réduction des naissances multiples ne s’est néanmoins pas traduite par une baisse du nombre d’enfants conçus par FIV car la progression continue du recours à la FIV contrebalance largement cet effet.</p>
<h2>Des PMA invisibilisées dans les statistiques : PMA à l’étranger et hors cadre médical</h2>
<p>Dans l’imaginaire collectif, la PMA est souvent associée à l’idée du recours à un tiers donneur pour avoir un enfant, que ce soit via un don de spermatozoïdes, d’ovules, d’embryons (lorsque ceux d’un couple sont accueillis par un autre couple), ou en faisant appel à une gestatrice pour autrui (GPA). Pourtant, la réalité de la PMA en France est très éloignée de cette idée a priori : la quasi-totalité des enfants conçus par PMA (c’est-à-dire par FIV ou IA) le sont avec les gamètes de leurs deux parents (pratiquement 95 % des enfants conçus par PMA en 2019). </p>
<p>En cas de PMA avec tiers donneur, il s’agit majoritairement d’un don de spermatozoïdes (environ 1 000 enfants conçus avec don de spermatozoïdes par an). Les naissances par don d’ovocytes ont fortement augmenté ces dernières années, mais n’étaient encore que de 400 suite aux PMA réalisées en 2019 (contre 200 enfants suite aux PMA de 2013 et 100 suite à celles de 2006). L’accueil d’embryons est lui statistiquement négligeable (37 enfants suite aux accueils de 2019), tandis que la gestation pour autrui est interdite en France.</p>
<p>Derrière ce recours à la PMA avec tiers donneur apparemment très limité en France se cache une réalité invisibilisée dans les statistiques : les enfants français nés d’une PMA réalisée à l’étranger ou d’une procréation dite amicalement assistée (l’insémination artificielle pouvant être pratiquée hors d’un laboratoire en raison de sa relative simplicité technique, et la GPA sur la base d’un accord entre les individus hors cadre légal et médical).</p>
<p>Actuellement, il <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/aide-a-la-procreation-en-dehors-du-cadre-legal-et-medical-francais-quels-enjeux-aujourdhui/">n’existe pas de données fiables sur le nombre d’enfants nés suite à ces PMA</a>. Malgré la nouvelle loi de bioéthique de 2021 ouvrant la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes, il est probable que ce phénomène se poursuive. Cependant, un appel est actuellement en cours (voir image ci-dessous) pour que les personnes ayant pratiqué une PMA à l’étranger ou hors du cadre médical français <a href="https://amp-sans-frontieres.fr/">participent à une étude scientifique</a> réalisée en collaboration avec les associations accompagnant ces parcours.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447550/original/file-20220221-22-19z9y5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Etude scientifique, AMP sans frontières de l’Ined.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>À partir des témoignages recueillis dans le questionnaire disponible sur Internet, il sera possible de fournir de premières données sur ces PMA, mais aussi de visibiliser ces expériences et parcours pour faire famille.</p>
<hr>
<p>_Ce texte reprend en les actualisant certains éléments publiés par l’autrice en 2018 dans la revue Population et Société, n°556, <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/1-enfant-sur-30-concu-par-assistance-medicale-a-la-procreation-en-france/">« 1 enfant sur 30 conçu par assistance médicale à la procréation en France »</a>.</p>
<hr>
<p>__</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177573/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elise de La Rochebrochard a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche et de l'Agence de la Biomédecine pour des travaux sur les traitements de l'infertilité et la PMA. </span></em></p>Depuis la naissance d’Amandine, où en sommes-nous de la fécondation in vitro en France ?Elise de La Rochebrochard, Directrice de recherche, Santé et Droits Sexuels et Reproductifs, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1360102021-09-08T19:32:55Z2021-09-08T19:32:55ZMaternité : les difficultés du post-partum, un tabou dangereux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/418711/original/file-20210831-19-a5yqet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C26%2C5982%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pourquoi est-il si difficile pour les jeunes mères de parler de leur expérience parfois négative de la naissance ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La naissance est forcément un moment magique, plein de belles émotions avec un sentiment de bonheur profond… N’est-ce pas ?</p>
<p>Peu importe la culture, l’expérience de la naissance est considérée comme psychologiquement capitale dans la vie d’une femme. Une expérience initiatique, une « épreuve de féminité » à traverser avant de devenir femme.</p>
<p>Pourtant, la réalité ne correspond pas toujours à cette représentation idyllique.</p>
<p>Dès lors, pourquoi est-il si difficile pour les jeunes mères de parler de leur expérience parfois négative de la naissance et du <a href="https://www.crgolfb.be/sites/default/files/article/file/Guide%20du%20post-partum%20-%20livre%20complet.pdf">post-partum</a> – cette période qui suit l'accouchement jusqu'au retour des règles ?</p>
<h2>Entre accouchement parfait et tabou des difficultés du post‑partum</h2>
<p>Les femmes évoquent aisément leur sentiment de satisfaction en traversant la grossesse, les défis de la naissance, le fait d’avoir grandi personnellement et atteint un sentiment de maîtrise. Pour se conformer aux injonctions sociales habituelles, certaines affichent fièrement et avec soulagement les détails de leur accouchement parfait : une naissance à la maison, peu d’interventions médicales et un accouchement par voie basse qui plus est rapide… font qu’une mère considère ce moment comme réussi, ce qui augmente son estime d’elle-même.</p>
<p>Mais suite à une expérience plutôt négative ou douloureuse, une mère peut ne pas vivre cette expérience comme « magique » et éprouver un certain décalage avec son entourage, un sentiment de déception voire d’échec. Ce qui diminue l’estime de soi et s’accompagne de forts <a href="https://www.jognn.org/article/S0884-2175(15)33720-5/fulltext">sentiments de déception et de culpabilité</a>. Au-delà de ce ressenti, ces difficultés physiologiques ou psychologiques qui peuvent s'installer dans les mois qui suivent un accouchement difficile par exemple sont également accompagnées d’un sentiment de honte.</p>
<p>Ce vécu négatif a pour conséquence un <a href="https://www.jognn.org/article/S0884-2175(15)34310-0/fulltext">repli sur soi et la non-communication</a> sur ces problèmes et leurs symptômes. Le manque de reconnaissance des possibles expériences négatives autour d’une naissance alors que s'impose partout une représentation de l’accouchement qui se doit d'être parfait font que parler des difficultés du post-partum reste tabou. Notre société a plus tendance à valoriser les succès, à idéaliser le perfectionnisme et à rejeter les difficultés ou les expériences négatives vécues.</p>
<h2>La réalité du post-partum</h2>
<p>La réalité du post-partum et de la parentalité est en fait souvent moins idéale que dans les représentations sociales… Il est admis que les femmes ressentent une <a href="https://www.sciencedirect.com/book/9780128009512/stress-concepts-cognition-emotion-and-behavior">fatigue importante, des changements physiologiques, et une augmentation de leur vigilance</a> afin d’assurer un environnement sécurisant pour le nourrisson. De plus, des problèmes physiques sont fréquents comme les <a href="https://www.whijournal.com/article/S1049-3867(08)00015-7/fulltext">douleurs, le manque d’appétit et de désir sexuel ou la présence de nausées</a>.</p>
<p>Mais les problèmes du post-partum ne sont pas seulement physiques. Peuvent également survenir des troubles psychiques, comme la dépression post-partum, relativement reconnue, et la possibilité de développer un <a href="https://www.inserm.fr/dossier/troubles-stress-post-traumatique/">trouble de stress post-traumatique</a> (TSPT), beaucoup moins connue.</p>
<h2>L’accouchement traumatique</h2>
<p>Même si la plupart des femmes vivent bien leur accouchement et le post-partum, 15-20 % d'entre elles décrivent un <a href="https://www.sciencedirect.com/book/9780128009512/stress-concepts-cognition-emotion-and-behavior">vécu traumatique de leur accouchement</a>. Un <a href="https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-021-03158-6">accouchement est considéré traumatique</a> lorsque des interventions urgentes sont nécessaires ou lorsque la mère et/ou le bébé a/ont risqué des blessures graves ou la mort. Toutefois, même dans le cas d’un accouchement dit « normal », certaines femmes ont un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2648.2010.05391.x">vécu traumatique</a> en lien avec une inquiétude majeure ou une détresse subjective survenue au cours de la naissance.</p>
<p>Suite à un accouchement vécu comme traumatique ou très stressant, 3,17 % des femmes développent les symptômes d'un tel stress post-traumatique du post-partum (TSPT-PP), soit 4,3 millions de femmes dans le monde par an. Un <a href="https://doi.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Ftra0001068">TSPT-PP</a> se présente par des symptômes de reviviscences (flashbacks, cauchemars), d’évitement (de tout ce qui rappelle l’accouchement), des affects et pensées négatifs, et des symptômes d’hyperéveil (hypervigilance, sursauts).</p>
<p>Les antécédents de troubles psychiques, un éventuel manque de soutien perçu lors de l’accouchement, l’expérience subjective de l’accouchement ou encore les antécédents traumatiques sont des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0368231512001068?via%3Dihub">facteurs aggravant le risque de développement des symptômes d'un stress post-traumatique du post-partum</a>.</p>
<h2>Des conséquences pour la mère et l'enfant</h2>
<p>La persistance de tels troubles peut avoir des conséquences sur le comportement de la mère face aux besoins de l’enfant, le lien d’attachement entre la mère et l’enfant et sur le développement de l’enfant. <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/birt.12328">Garthus-Niegel, Horsch et Ayers</a> ont démontré en 2017 que le TSPT-PP était associé à la diminution de l’allaitement et de l’attachement émotionnel entre la mère et l’enfant, ainsi qu'à une difficulté de la mère à montrer de l’affection pour son enfant. Ces enfants sont alors plus à risque de troubles du développement – du type déficience de l’attention avec hyperactivité, etc.</p>
<p>La <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMcp1607649">dépression du post-partum</a> (DPP) est un autre trouble fréquent du post-partum (10-15 %), souvent considéré comme la « maladie cachée », comme s’il était honteux d’être triste après une naissance. Il consiste en un épisode dépressif caractérisé dans les quatre semaines du post-partum. Les mères souffrant de DPP éprouvent souvent de la tristesse ou de la perte d’intérêt, une fatigue constante, des <a href="https://muse.jhu.edu/article/474037">inquiétudes excessives pour le nourrisson</a>, une irritabilité et une anxiété importante.</p>
<p>Mais la mère n’est pas la seule à en souffrir. La dépression peut en effet également entraîner des difficultés dans son interaction avec l'enfant, en lien une diminution de sa réactivité du fait des symptômes dépressifs. Une interaction altérée peut affecter négativement le développement social et cognitif et même le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0018506X15300428?via%3Dihub">développement neurobiologique de l’enfant</a>, voire augmenter son <a href="https://muse.jhu.edu/article/474037">risque développer des symptômes d’anxiété ou de dépression</a> plus tard dans la vie.</p>
<h2>Comment se préparer au post-partum ?</h2>
<p>Nous sommes toutes et tous invités à nous informer, à considérer ce risque, et à tenter de prévenir des troubles psychiques du post-partum : ceci tant pour une meilleure qualité de vie des jeunes parents que pour de diminuer les risques et les conséquences sur le développement de l’enfant. Il faut oser en parler ! Le tabou commence à se fissurer en France, avec notamment le lancement du hashtag #MonPostPartum.</p>
<p>Plusieurs études ont démontré que les troubles du post-partum peuvent être évités par des soins appropriés lors de la grossesse et un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0368231512001068?via%3Dihub">soutien important lors de la naissance, à même de réduire le risque traumatique</a>. Il est aussi important d’évaluer les antécédents psychiques et traumatiques antérieurs, afin d'en tenir compte dans la prise en charge.</p>
<p>Que peut-on faire en tant que jeune parent ? Tout d’abord, favoriser l’allaitement, quand c’est possible, car cela permet un bon attachement mère-enfant et semble être un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/birt.12328">facteur de protection</a> contre le développement d’un trouble psychique du post-partum. Développer un réseau de soutien émotionnel, familial, amical ou professionnel afin de partager ses inquiétudes et de s’éduquer sur les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1637408810001732">gestes de soins pour l’enfant</a>. Des soins psychiques conjoints parent-enfant sont également possibles et améliorent la qualité de vie de la mère, de l’enfant et de toute la famille.</p>
<p>Il n’existe bien entendu pas de remède unique : chaque femme a son histoire de vie originale et vit son accouchement (et le post-partum) différemment. Une aide est possible pour chacune, de façon personnalisée et en lien avec ses expériences spécifiques.</p>
<p>Et le bien-être des pères, on en parle ? <a href="https://survey.chuv.ch/SurveyServer/s/C6/Famille_Accouchement/questionnaire.htm">Les pères peuvent également partager leur vécu</a> ! Merci à eux…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/136010/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les mères n’ayant pas vécu l’accouchement comme « magique » peuvent éprouver un sentiment de honte, de déception voire d’échec. Un état qui n’est pas sans conséquence pour elles et leurs enfants.Wissam El-Hage, Professeur de Psychiatrie, Responsable du Centre Régional de Psychotraumatologie CVL , Université de ToursEline Jansen, Psychologue clinicienne, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1613902021-06-23T19:02:01Z2021-06-23T19:02:01ZNaissance, séparation, retraite… quand la vie provoque des déclics comportementaux écoresponsables<p>Moyen de transport privilégié, marques favorites ou habitudes alimentaires… nous sommes toutes et tous imprégnés par de <a href="https://journals.openedition.org/eps/6027">routines</a>, c’est-à-dire d’automatismes qui ne nécessitent aucun effort mental, aucune recherche d’information et <a href="https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/2289-changer-les-comportements-faire-evoluer-les-pratiques-sociales-vers-plus-de-durabilite-9791029703638.html">stabilisent notre vie quotidienne</a>.</p>
<p>Ces gestes incorporés par l’expérience répétée procurent un sentiment de maîtrise de la pratique qui met en confiance. Et toute nouvelle solution, source d’incertitudes, sera spontanément exclue.</p>
<p>Rompre des habitudes ancrées suppose une remise en cause de nos schémas d’action et implique de construire d’autres compétences, ce qui exige une certaine disposition psychologique. Un tel processus est souvent provoqué par des événements conjoncturels ou structurels qui vont générer un <a href="https://journals.openedition.org/sdt/2151">moment de latence</a>, au cours duquel l’individu se désinvestit de ses routines avant de parvenir <a href="https://www.cerema.fr/fr/centre-ressources/boutique/altermobilites-mode-emploi">à en reconstruire de nouvelles</a>.</p>
<p>Malgré ces périodes propices, les « déclics comportementaux » <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01778006/document">ne sont, eux, pas automatiques</a>. Dès lors, comment transformer ces moments charnières en opportunités pour encourager des pratiques écoresponsables ?</p>
<p>L’Ademe s’est penchée sur les conditions nécessaires pour que ces moments de rupture provoquent une transformation à long terme de gestes favorables à l’environnement. <a href="https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/4622-les-evenements-de-vie-comme-opportunites-pour-encourager-des-pratiques-ecoresponsables.html">Cette étude</a>, réalisée par <a href="https://www.credoc.fr/">le Crédoc</a> pour l’Ademe et basée sur des travaux de recherche et des entretiens avec des publics variés, fait ressortir plusieurs catégories d’événements.</p>
<p>Subis ou choisis, structurels ou conjoncturels, vécus positivement ou pas, ils n’auront pas le même impact sur la pérennité des changements.</p>
<h2>Ruptures choisies, moteur de changement</h2>
<p>Les événements prévisibles, anticipés et choisis, comme l’émancipation du foyer parental, l’arrivée d’un enfant, l’accession à la propriété, ou encore le départ à la retraite, provoquent l’initiation à de nouvelles pratiques propices à la réflexion et favorables à des pratiques écoresponsables : faire soi-même ses courses pour un jeune ou nourrir un nouveau-né par exemple.</p>
<p>Sarah, jeune maman, témoigne ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Je me suis mise au bio exclusif. […] Je vais plus souvent au marché, je fais attention à la provenance des fruits, au fait qu’ils soient de saison. […] Le déclencheur c’est les enfants, on pense à leur bien-être, leur alimentation. »</p>
</blockquote>
<p>L’autonomisation vis-à-vis de la sphère familiale implique une prise de conscience à l’égard du coût de ses choix quotidiens de consommation, d’alimentation et de mobilité, mais permet aussi de concilier ses pratiques avec ses valeurs. Touchée par la souffrance animale, Adeline raconte avoir réduit sa consommation de viande après avoir quitté le foyer parental.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1245846558517714944"}"></div></p>
<p>Les retraités peuvent quant à eux mettre à profit le temps libéré pour cuisiner davantage, se déplacer autrement ou faire leurs courses en circuit court. La diminution de leurs revenus peut les inciter à être économes et leurs besoins en matière d’équipements et de vêtements sont plus mesurés. André, 62 ans, témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« On ne va pas racheter pour racheter, on a plutôt tendance à avoir moins de choses. C’est une prise de conscience, avant j’étais très consumériste. »</p>
</blockquote>
<h2>Ruptures subies, moins efficaces sur le long terme</h2>
<p>A contrario, les ruptures subies, plutôt imprévisibles et vécues négativement – une séparation ou une période de chômage, par exemple – peuvent engendrer des contraintes matérielles imposant l’adoption de pratiques plus économes, mais sont souvent associées au souhait d’un retour à la situation antérieure dès que possible.</p>
<p>Toutefois, l’indépendance retrouvée à la suite d’une rupture ou au départ des enfants du foyer peut amener à repenser ses pratiques au regard de ses propres valeurs et besoins. Isabelle, 54 ans, raconte ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Avant j’emmenais mes filles à l’école, elles sont pas très vélo, pas très sport, et le matin, on était pressées. Maintenant que je suis toute seule, c’est quand même plus simple de partir à vélo. »</p>
</blockquote>
<h2>Fêtes, grèves, confinement…</h2>
<p>Quant aux événements conjoncturels, comme une grève des transports ou une panne de voiture, ils peuvent être l’occasion de découvrir de nouvelles pratiques (vélo ou télétravail, par exemple). Mais si la période est vécue négativement et qu’aucun bénéfice n’est tiré des solutions expérimentées, le retour à « la normale » leur sera fatal.</p>
<p>Le confinement de mars 2020 a ainsi imposé un changement de pratiques et semble avoir nourri des réflexions <a href="https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/4512-le-monde-d-apres-quelles-propositions-.html">sur des transformations profondes sur cette période</a>. Mais avec l’inscription de la crise dans la durée, la pérennité de ces changements de pratiques dépendra des conditions dans lesquelles elle aura été perçue et des évolutions organisationnelles qui auront émergé.</p>
<p>De même, les moments de vacances ou les fêtes de fin d’année peuvent être l’occasion de découvrir ou faire découvrir de nouvelles pratiques (achat d’occasion, etc.). Mais ancrées dans les pratiques sociales, elles constituent une parenthèse peu propice à l’adoption de gestes écoresponsables pérennes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1184922139012554753"}"></div></p>
<h2>Méfiance et idées reçues</h2>
<p>Choisies ou subies, les ruptures ne provoquent pas uniquement des gestes favorables à l’environnement. Dans le cas de l’arrivée d’un enfant, les nouveaux parents seront certes plus sensibles à l’alimentation et aux produits utilisés, mais en même temps achèteront peut-être une voiture ou quantité de matériel de puériculture et de jouets.</p>
<p>De même à la retraite, le temps libre et la peur de l’isolement engendrent parfois des pratiques moins vertueuses comme des voyages en avion ou une fréquence accrue des déplacements quotidiens en voiture.</p>
<p>Hormis l’envie de se faire plaisir, d’autres facteurs peuvent freiner l’adoption d’habitudes écoresponsables, comme le manque de confiance dans certains produits (bio, vrac, achat d’occasion, produits ménagers écologiques…) ou encore les idées préconçues (hausse de la température du logement pour l’enfant, nécessité de produits de puériculture…).</p>
<p>Elena, nouvelle maman, se méfie par exemple des vêtements d’occasion. Sur le plan de l’hygiène et de la sécurité, cela se heurte à l’image qu’elle se fait du « bon parent ».</p>
<h2>Sensibiliser au bon moment</h2>
<p>Une plus grande sensibilisation pendant ces moments de latence pourrait aider à prévenir certains comportements : rappeler que la chambre d’un bébé ne doit pas être trop chauffée, montrer que certaines pratiques favorables à l’environnement peuvent aussi être bonnes pour la santé de l’enfant et permettre de faire des économies (cuisiner soi-même, supprimer les cosmétiques pour bébés, éviter d’acheter des lingettes, limiter les produits ménagers, etc.).</p>
<p>Concernant l’arrivée d’un bébé par exemple, l’expertise et les conseils du personnel médical et des professionnels de la petite enfance à des moments clés sont précieux pour orienter et rassurer les futurs ou nouveaux parents (ou faire des piqûres de rappel quand il s’agit du deuxième ou du troisième).</p>
<p>Les parents se montrent très réceptifs aux messages de sensibilisation dès le projet de conception et durant toute la grossesse, particulièrement au cours du troisième trimestre. Le séjour en maternité et les consultations postnatales constituent aussi des moments opportuns pour diffuser des messages de prévention.</p>
<p>C’est ce qu’illustre l’expérience de Julie, jeune maman, à qui la sage-femme a dit :</p>
<blockquote>
<p>« Ce n’est pas être une mauvaise mère ou être radine que d’acheter de l’occasion et c’est bon pour la planète, donc c’est bon pour lui. »</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/uVXm_kPh4jU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Renoncer aux enfants pour sauver le climat ? (Arte Découverte, le 7 février 2020).</span></figcaption>
</figure>
<p>C’est le cas également avec les professionnels rencontrés dans les magasins de bricolage, dont les conseils apparaissent souvent déterminants pour la réalisation de petits ou grands travaux de rénovation. Ainsi Pierre, 48 ans, a été encouragé par un professionnel d’une enseigne de bricolage qui l’a incité à choisir une peinture à l’eau, afin d’éviter le recours aux produits toxiques.</p>
<p>L’accession à la propriété peut être l’occasion de s’interroger sur les performances énergétiques du logement. Les aides à la rénovation et le <a href="https://www.faire.gouv.fr">réseau de service public Faire</a> constituent des leviers importants pour engager ces travaux, les professionnels de l’immobilier pourraient contribuer à les valoriser davantage.</p>
<p>Par ailleurs, pendant la recherche du logement, l’offre de proximité ainsi que le coût qu’engendrerait une dépendance à la voiture pourraient être mieux appréhendés. Le déménagement est aussi un moment clé pour alerter sur l’accumulation des objets et inciter à moins consommer.</p>
<p>Quant à la période des fêtes de fin d’année, les médias et autres influenceurs ont sans doute un rôle pour faire évoluer les représentations sociales autour de l’achat d’occasion et de la profusion.</p>
<h2>Cohérence des messages</h2>
<p>Diffuser les bons messages aux moments opportuns suppose que les acteurs qui interviennent au plus près des publics concernés par ces événements de vie et les périodes de latence ainsi déclenchées aient des discours convergents.</p>
<p>Devant la quantité d’information qui circule, certains propos ne sont peut-être pas entendus ou mal appréhendés. La mutualisation des actions de communication entre organismes publics et privés pourrait être un objectif à privilégier et développer.</p>
<p>Enfin, les conditions matérielles sont également déterminantes pour faciliter la mise en place de nouvelles pratiques telles que la qualité de l’offre de proximité (marché de producteurs locaux, magasins bio, pistes cyclables…), la possibilité de bénéficier d’aides financières pour l’achat d’un véhicule électrique ou pour la réalisation de travaux de rénovation énergétique.</p>
<p>Les comportements écoresponsables ne relèvent pas que de choix individuels ou de moments propices, mais aussi de nos modes d’organisation collective.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161390/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anaïs Rocci ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Certains moments de rupture provoquent des changements dans nos routines, et sont l’occasion d’adopter des pratiques plus favorables à l’environnement… à certaines conditions.Anaïs Rocci, Sociologue, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1623182021-06-22T19:16:19Z2021-06-22T19:16:19ZGisèle : « J’ai une question bizarre, ça sert à quoi la vie ? Pourquoi on naît ? »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/407700/original/file-20210622-16-1xbvhgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C2728%2C1824&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il est vrai que l'on ne décide pas de naître. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/motherhood-childcare-tenderness-concept-mother-newborn-1538181059">Vectorium / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La question n’est pas bizarre, c’est une très bonne question, si elle n’est pas bizarre, par contre elle est compliquée et même pour les grands. Il est normal de s’étonner, de se poser des tas de questions : « pourquoi on naît ? » est une très bonne question, s’étonner est le propre de l’enfance.</p>
<p>Les enfants comme toi posent des questions très importantes, ce sont en quelques sortes des petits philosophes, un métier de grandes personnes, qui réfléchissent beaucoup et qui tentent de répondre à ce genre de question, ce sont des questions que l’on peut dire essentielles (cela signifie important). Les grands, les adultes, les appellent « questions « existentielles » on pourrait aussi dire des questions « Exist-Importante » ou « Exist-Essentielle ». Tu es donc sans le savoir « une petite philosophe », d’ailleurs peut être un jour tu en feras ton métier, qui sait, et c’est toi qui essaieras d’apporter des réponses aux questions des grands comme des petits, des questions qui sont souvent les mêmes lorsqu’il s’agit de la vie et de son sens.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/kylian-jai-peur-de-mourir-pourtant-cest-ce-qui-va-marriver-comment-je-fais-pour-ne-plus-avoir-peur-160205">Kylian : « J’ai peur de mourir, pourtant c’est ce qui va m’arriver, comment je fais pour ne plus avoir peur ? »</a>
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<p>Si tu te poses cette question c’est que tu as « conscience » de faire de nombreuses choses dans ta vie, tu as conscience d’exister : tu vas à l’école, tu dessines, tu apprends et découvres des choses que tu ne connais pas. Tu as des amis, des fois tu peux être très heureuse et tu ris, et parfois tu peux aussi être un peu triste quand quelque chose te fait de la peine et tu pleures, tu vois des choses très jolies comme des couchers de soleil, les étoiles, la mer, la neige, le soleil… et tellement d’autres choses qui t’interroges et font l’objet de « pourquoi ? ». Tu apprends le monde. Alors une première réponse serait de te dire que l’on naît pour se poser beaucoup de questions, dont la tienne, et on naît pour s’émerveiller et apprendre un peu plus chaque jour.</p>
<p>Naître c’est un choix que l’on fait pour nous : ce sont tes parents qui ont décidé de te faire naître, ils ne s’attendaient peut-être pas forcément à toutes les questions que tu allais leur poser. « Pourquoi on naît ? » et à « À quoi cela sert » c’est un peu la même chose. Sache que si tu étais né poisson, oiseau ou chat, tu ne te poserais sûrement pas ces questions, mais les êtres humains se posent ce genre de questions. Pourquoi ? Parce qu’ils ont la conscience de leur existence. L’être humain sait qu’il vit, cela veut dire que, contrairement aux autres animaux, son cerveau aurait évolué petit à petit, lui donnant au fil de milliers années de plus en plus d’intelligence, et un cerveau d’homme, le tien, le nôtre, se pose alors beaucoup de questions. Il veut chercher à comprendre et à donner du sens à tout, c’est un vrai besoin.</p>
<p>Si tu n’as pas décidé de naître, c’est toi qui, jour après jour, vas trouver des réponses à cette question, en découvrant ce que tu aimes faire, ce que tu voudras faire quand tu seras grande… ce que tu vas apporter au monde et aux gens, parce que tu es unique. On vit pour écrire chaque jour son histoire. Dans <a href="https://www.bayard-editions.com/jeunesse/documentaire/des-4-ans/les-ptits-philosophes"><em>Les p’tits philosophes</em></a>, un livre de Sophie Furlaud, qui travaille au journal <em>Pomme d’Api</em> que tu connais peut être, elle écrit que « Tous les grands et les petits se posent un jour une question : pourquoi le monde existe-t-il et d’où vient-il ? Et cette question, on se la pose aussi pour soi-même. On se demande où on était avant d’être né : pourquoi on est là ? D’où on vient ? Impossible de répondre à ce grand mystère ! En fait, ce sont les grandes énigmes de la vie ! Ça donne envie de savoir, de découvrir, de se poser des questions, d’imaginer de faire des paris ! Ça rend la vie surprenante ! »</p>
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<p>« Chaque jour de ta vie est un feuillet de ton histoire que tu écris. » (proverbe arabe)</p>
</blockquote><img src="https://counter.theconversation.com/content/162318/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caroline Cuny est membre de la Chaire Digital Organization & Society et de la Chaire Paix économique de Grenoble Ecole de Management.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yannick Chatelain est Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime.</span></em></p>Tu peux trouver ta question bizarre, mais en réalité, beaucoup de personnes se la sont posée et chaque réponse peut être différente.Caroline Cuny, Professeure en psychologie, Grenoble École de Management (GEM)Yannick Chatelain, Professeur Associé. Digital I IT. GEMinsights Disseminator, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1526242021-01-06T19:24:13Z2021-01-06T19:24:13ZSi nous ne nous développons plus dans une coquille, c’est grâce aux virus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/377384/original/file-20210106-17-vx132i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C13%2C2991%2C1967&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Couple tenant une image de leur échographie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/IE8KfewAp-w">Kelly Sikkema / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Alors que des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322297">microparticules de plastiques</a> viennent d’être détectées dans des placentas humains, revenons sur la formation de cet organe aux fonctions essentielles chez les mammifères.</p>
<p>Les mammifères ne pondent pas d’œuf. Enfin, pas tous les mammifères puisque l’ornithorynque et les échnidés font figure d’originaux en persistant à pondre des œufs, avec un développement embryonnaire qui se réalise à l’abri d’une coquille.</p>
<p>Comment les mammifères que l’on appelle euthériens ou placentaires ont-ils perdu leur coquille ?</p>
<p>L’histoire serait vieille de plus de 150 millions d’années : les ancêtres des mammifères, qui pondaient des œufs, ont attrapé « un virus ». Le matériel génétique de ces ancêtres a intégré des séquences génétiques de virus. Les intégrations de ces séquences virales se sont reproduites et répétées au cours du temps : des protéines essentielles à la fusion cellulaire se sont ainsi incorporées au génome des mammifères. Ces séquences virales ont permis la fabrication de protéines qui ont sonné le glas de la coquille et l’avènement d’un nouvel organe : le placenta. Ces animaux sont devenus vivipares : le développement de l’embryon ne s’effectuait plus hors de l’organisme maternel, mais dans l’utérus.</p>
<p>D’origine à la fois maternelle et embryonnaire, le placenta exerce des rôles métaboliques essentiels au développement de l’embryon. Il est constitué à la fois de cellules maternelles de l’utérus, et de cellules embryonnaires. Il constitue un organe à part entière. Le placenta est un lieu d’échanges : il permet au fœtus de puiser dans le corps de la mère les éléments nécessaires au développement embryonnaire, comme les nutriments ou l’oxygène. Il évacue l’urée et le dioxyde de carbone produit par le fœtus. Il est considéré comme un lieu de tolérance immunologique permettant le maintien du fœtus dans l’organisme maternel. Il produit également des hormones qui soutiennent le développement fœtal ainsi que la lactation. Enfin, le placenta constitue également une barrière protectrice pour le fœtus contre la plupart des parasites et des bactéries, mais certains virus ou composés comme l’alcool, passent à travers cet organe et affectent le développement fœtal.</p>
<h2>L’invention du placenta : les syncytines</h2>
<p>Comment se forme un placenta ? Quelques jours après la fécondation, l’embryon de mammifère est composé de deux populations de cellules : le bouton embryonnaire et le trophoblaste.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363470/original/file-20201014-19-1g8n4l4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Blastocyste. L’embryon de mammifère est une sphère creuse dont la circonférence est formée par les cellules du trophoblaste. Elles participeront à la formation du placenta. Les cellules qui organiseront l’embryon constituent une masse cellulaire modeste, en forme de « bouton ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Medical Graphics</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le bouton embryonnaire composera tous les organes de l’embryon, tandis que les cellules périphériques du trophoblaste seront responsables de l’élaboration des structures extraembryonnaires comme le placenta. Une partie du trophoblaste, appelé syncytiotrophoblaste, forme une couche de cellules fusionnées. Lorsque plusieurs cellules fusionnent, une cellule géante se forme. Possédant plusieurs noyaux, cette structure est appelée syncytium. Ces cellules fusionnées « attaquent » les tissus maternels, les perforent et permettent l’ancrage (appelée nidation) de l’embryon.</p>
<p>La fusion des cellules du trophoblaste est une étape essentielle à l’implantation de l’embryon dans l’utérus et au bon déroulement du développement. Elle est assurée par des protéines particulières : les syncytines. Les protéines de type syncytines sont exprimées dans les placentas de presque tous les mammifères. La perte simultanée des deux types de syncytines exprimées chez la souris empêche le développement d’un placenta et provoque la mort précoce des embryons, soulignant <a href="https://www.pnas.org/content/108/46/E1164.long">leur rôle capital</a> dans le développement.</p>
<h2>Coups de pouce rétroviraux : exaltante exaptation</h2>
<p>L’origine virale des syncytines a été mise en évidence par des paléovirologistes, qui sont capables de détecter dans un génome des « virus fossiles » ou séquences provenant de l’intégration, par le passé, d’un matériel génétique viral. Cette origine virale fournit un exemple étonnant du phénomène appelé <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/paleobiology/article/abs/exaptationa-missing-term-in-the-science-of-form/A672662BA208D220B9F9A06DE5D804B8#">exaptation</a>.</p>
<p>Par le terme d’exaptation, Stephen J. Gould et Elizabeth Vrba ont illustré comment des fonctions complexes peuvent apparaître à partir de structures ou d’éléments simples. Par exemple, sélectionnées parce qu’elles assuraient une régulation de la température, les plumes auraient ensuite permis l’adaptation au vol.</p>
<p>Les gènes appelés <em>Env</em>, qui appartiennent à une famille de gènes codant les protéines formant l’enveloppe virale, fournissent un autre exemple d’exaptation. Chez les rétrovirus, les protéines <em>Env</em>, codées par ces gènes, sont des protéines d’enveloppe par lesquelles les particules virales fusionnent leurs membranes avec celles des cellules cibles. Cette fusion permet à l’infection de la cellule en déjouant le système immunitaire de l’hôte. Intégrés et transmis à la descendance chez les mammifères, ces <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6177113/">gènes Env</a> ont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3758191/">évolué en protéines</a> de type syncytines.</p>
<h2>L’apparition du placenta est-elle un événement unique ?</h2>
<p>Il est étonnant de constater que la domestication de ces gènes ne s’est pas faite une seule fois, mais dérive d’au moins une dizaine infections indépendantes par des rétrovirus différents, au cours de l’évolution des mammifères. L’acquisition d’un placenta serait donc une évolution convergente. Le plus vieux type de syncytine actuellement connu a été identifié chez les carnivores. L’intégration du gène de la syncytine-1 conservé chez l’homme se serait produite <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3587263/#r46">il y a 30 millions d’années</a>, tandis que les gènes des syncytines se seraient intégrés <a href="https://science.sciencemag.org/content/334/6055/521">chez la souris</a> il y a plus de 25 millions d’années.</p>
<p>Différentes infections rétrovirales ont donc favorisé, à de multiples reprises, des mécanismes de fusion cellulaire conduisant à la formation de syncytium à l’interface entre les tissus foetaux et maternels et contribuant à l’élaboration d’un développement intra-utérin original, grâce à la formation d’une « enveloppe rétrovirale ». Les propriétés de fusion cellulaire et immunosuppressives des syncytines auraient favorisé le maintien et le développement de cette nouvelle structure.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377380/original/file-20210106-13-1awid21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le virus VIH est libéré de la membrane cellulaire d’un lymphocyte T.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://ndla.no/subject:42/topic:1:77161/topic:1:188507/resource:1:137785?filters=urn:filter:22dee9ab-5b1a-4c23-8c97-c68107b881bb">NTB scanpix</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La diversité des gènes de syncytine pourrait refléter la diversité morphologique des placentas chez les mammifères. Selon les espèces, le placenta juxtapose les structures embryonnaires et maternelles ou ancre profondément l’embryon dans les tissus utérins. Les mammifères ne seraient pas les seuls à avoir capturé des syncytines. Ces dernières ont été détectées chez quelques rares vertébrés placentaires éloignés des mammifères, <a href="https://www.pnas.org/content/114/51/E10991.abstract">comme le lézard Mabuya</a>. Ce même mécanisme aurait donc joué un rôle crucial dans l’apparition et le développement des placentas chez les vertébrés.</p>
<h2>Vulnérabilité</h2>
<p>Le développement embryonnaire au sein d’un utérus ne rend pas ce développement moins sensible et vulnérable. Le placenta, qui crée une intimité entre la mère et sa progéniture, est un organe qui protège et expose à la fois le fœtus. Les propriétés et mécanismes actifs ou passifs qui permettent les échanges essentiels au développement autorisent également le passage de substances aux effets néfastes. Des virus tels que ceux de la rubéole, de la varicelle, du HIV ou la parvovirus, ainsi que des agents infectieux comme les toxoplasmes, tournent à leur avantage ce lieu d’échange pour l’envahir et contaminer l’embryon. Certains agents pharmaceutiques, les métaux ou l’alcool ont de sinistres réputations, dues aux effets délétères qu’il provoque chez l’embryon.</p>
<p>Très récemment, des microparticules de plastique <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322297">ont été détectées</a> dans des placentas humains. Ces particules auraient été inhalées ou ingérées par les mères. Les effets de ces particules restent inconnus mais la détection de ce type de plastique est inquiétante à plusieurs titres : peuvent-ils altérer les fonctions essentielles des placentas comme la régulation immunitaire ? Peuvent-ils bouleverser le développement des fœtus ? Ces observations nous rappellent la vulnérabilité du développement embryonnaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152624/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Bodart ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les virus ne sont pas forcément mauvais pour nous. Ils peuvent même être à l’origine de nouvelles évolutions comme l’apparition du placenta chez les mammifères.Jean-François Bodart, Professeur des Universités, en Biologie Cellulaire et Biologie du Développement, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1483582020-11-05T20:04:46Z2020-11-05T20:04:46ZLes césariennes sont-elles devenues trop fréquentes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/365009/original/file-20201022-23-17gcejx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/YSbvqo9YLHA">Amit Gaur / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Au cours des dernières décennies, les taux de césariennes ont augmenté un peu partout sur la planète. Lorsque ce geste chirurgical est pratiqué dans les règles et justifié sur le plan médical, il permet incontestablement de <a href="https://www.who.int/reproductivehealth/publications/non-clinical-interventions-to-reduce-cs/en/">prévenir de manière efficace la mortalité maternelle et néonatale</a>.</p>
<p>À l’inverse, l’impossibilité de recourir à la césarienne peut mettre en jeu la vie de la mère et de son enfant quand survient une complication obstétricale, un véritable problème dans les pays où les systèmes de santé sont peu performants et <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31928-7/fulltext">ne répondent pas aux besoins de toutes les femmes</a>.</p>
<p>Néanmoins, le recours à la césarienne comporte aussi des <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002494">risques</a> pour la mère et l’enfant, qui sont plus élevés dans les milieux où les femmes ont un accès limité à des soins obstétricaux de bonne qualité.</p>
<p>Alors que penser de la hausse mondiale du recours à ces interventions ? Quel serait le taux de césarienne « idéal », qui présenterait un rapport bénéfice-risque optimal ?</p>
<h2>Un taux d’intervention optimal entre 10 et 15 %</h2>
<p><a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31928-7/fulltext">Dans étude parue en 2018</a>, des scientifiques ont examiné un peu plus de 98 % des naissances survenues en 2015. Leurs résultats révèlent que 21 % d’entre elles ont eu lieu par césarienne. En moyenne, à l’échelle du globe, la fréquence du recours à cette intervention a quasi triplé en un quart de siècle, passant d’après les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 6,7 % en 1990 à 19,1 % en 2014.</p>
<p>En 1985, un groupe d’experts <a href="https://www.who.int/reproductivehealth/topics/maternal_perinatal/cs-statement/en/">réunis par l’OMS</a> estimait que le taux de césariennes « idéal » <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-9-page-1.htm">se situait entre 10 et 15 %</a>. En deçà de cette fourchette, les besoins ne sont pas totalement couverts, d’où un risque de surmortalité maternelle et périnatale. Au-delà, il n’y a pas de bénéfice supplémentaire vis-à-vis de ce risque.</p>
<p>À l’époque, cette recommandation fit l’objet de nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique et médicale internationale, en raison d’une mauvaise compréhension de sa signification : la fourchette préconisée ne s’applique pas aux hôpitaux où sont réalisées les césariennes (où les taux peuvent être supérieurs, notamment parce que certains sont particulièrement bien équipés pour pratiquer ce geste chirurgical et se voient adresser les patientes). Cette fourchette est un intervalle moyen concernant la population générale, c’est-à-dire comprenant l’ensemble des femmes qui accouchent aussi bien dans les hôpitaux que dans les centres de santé non équipés d’un bloc opératoire, voire à domicile pour certaines.</p>
<p>Les taux de césariennes dans les hôpitaux sont très variables et souvent plus élevés que dans la population générale car une partie des femmes y sont référées pour des complications de la grossesse ou de l’accouchement</p>
<p>En 2015, l’OMS a réaffirmé la nécessité de s’en tenir à <a href="https://www.who.int/reproductivehealth/topics/maternal_perinatal/cs-statement/en/">cette fourchette de 10 à 15 %</a> pour la population.</p>
<p>Pour mieux appréhender le sujet, nous avons confronté deux jeux de données : d’une part le <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31928-7/fulltext">taux de césarienne</a> estimé dans chaque pays par l’OMS pour la période 2010-2015, d’autre part le <a href="https://population.un.org/wpp/">nombre moyen de naissances</a> par pays établi par la Division de la population des Nations unies, pour la même période.</p>
<p>Notons que l’on ne dispose des taux officiels de césariennes que pour 174 pays : ces données manquent pour la Grèce (où le taux rapporté officieusement par la presse aurait atteint 57 % en 2017), Taïwan (taux officieux de 33 % en 2008), l’Afrique du Sud (26 % en 2015-2016), mais aussi pour des pays dépourvus de toute estimation comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Libye, la Somalie ou le Botswana.</p>
<h2>Des taux variant énormément suivant les pays</h2>
<p>D’après les données de l’OMS, les taux de césariennes varient de 1 % à 58 % à travers le monde. Ils sont particulièrement bas (moins de 5 %) dans vingt-huit pays, les trois quarts d’entre eux se situant en Afrique subsaharienne. Les taux les plus faibles concernent le Niger, le Tchad, l’Éthiopie, Madagascar et Timor-Leste (moins de 2 %). Mais la situation n’est guère plus enviable au Mali (2 %), au Nigéria (3 %), en Afghanistan (3 %) ou au Congo (5 %).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365006/original/file-20201022-21-br7qe4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les variations du taux de césarienne dans le monde (2010-2015).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dumont A., Guilmoto C.Z., « Trop et pas assez à la fois : le double fardeau de la césarienne », _Population & Sociétés_ n° 581, 2020, p 1-4</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’inverse, on remarque que les taux de césarienne dépassent le seuil de 15 % pour une centaine de pays, 43 enregistrant même des taux supérieurs à 30 %. Or sur le plan géographique, ces taux élevés rassemblent des pays très éloignés.</p>
<p>On y retrouve divers pays d’Europe comme Chypre (57 %), la Géorgie (41 %), la Roumanie (40 %) ou l’Italie (35 %), mais aussi pour moitié des pays d’Amérique latine, continent doté d’une vieille tradition d’accouchements par césarienne : la République dominicaine arrive en tête (58 %), suivie entre autres par le Brésil (55 %), le Chili (50 %) et l’Équateur (49 %). On y note également l’émergence de pays du Moyen-Orient (Turquie, Liban et Iran : 46 à 48 %) et d’Asie orientale comme la Corée du Sud (39 %) ou la Chine (35 %).</p>
<p>Sans surprise, on observe qu’en général, le taux de césarienne augmente avec le niveau de développement des pays (et donc la prospérité, l’éducation et une basse fécondité). Sa hausse accompagne également la pénétration du secteur privé dans la santé. Reste que l’on ne peut pas expliquer de cette façon les polarisations régionales que nous avons observées, et notamment les forts taux d’Amérique latine. Le recours accru aux césariennes peut aussi venir de <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0213352">demandes des patientes</a> ou des praticiens, sans motif médical.</p>
<p>Enfin, on constate aussi que certains des pays parmi les plus riches et les mieux équipés en matière de santé publique ont résisté à la poussée des césariennes. C’est ce qu’illustrent les exemples de la Finlande, des Pays-Bas, de la Suède et du Japon, où les taux sont inférieurs à 20 %.</p>
<h2>Du « pas assez » au « nettement trop »</h2>
<p>Nous avons estimé, pour chacun des pays se situant hors de la fourchette d’interventions jugée optimale par l’OMS, soit un taux de 10 à 15 %, le nombre annuel de césariennes en déficit ou en excédent.</p>
<p>En Colombie, par exemple, le taux de césarienne est évalué pour la période 2010-2015 à 46 %, soit 31 points de plus que le maximum recommandé de 15 % : nous en avons déduit qu’il y a eu chaque année quelque 230 000 césariennes en excédent (soit 31 % des 746 000 naissances annuelles dans cet intervalle de temps).</p>
<p>En appliquant ce calcul à l’ensemble des données, on obtient un nombre annuel de 11,9 millions de césariennes en excédent, c’est-à-dire d’interventions menées au delà du maximum recommandé de 15 %. Ce surplus de césariennes englobe à lui seul 42 % de toutes les césariennes pratiquées dans le monde.</p>
<p>Parmi les pays pesant le plus lourd dans ce surplus de césariennes, on retrouve la Chine (avec 3,5 millions d’interventions en excès chaque année), le Brésil (1,2 million), mais aussi l’Égypte (930 000) ou les États-Unis (670 000) – l’Europe et le Maghreb restant relativement en retrait.</p>
<p>À l’inverse, nous avons évalué le déficit de césariennes, en examinant de près les pays dont le taux annuel d’interventions se situe sous les 10 %. À l’échelle du globe, ce sont ainsi quelque 2,1 millions de césariennes qui font défaut chaque année. Et cette fois, ce sont principalement les pays d’Afrique subsaharienne qui sont concernés : notamment le Nigéria (avec un déficit de 500 000 césariennes par an), l’Éthiopie (260 000), le Congo (150 000), ou encore l’Angola (70 000).</p>
<p>In fine, dans les pays en développement, le manque de césariennes augmente les risques de décès pendant et après la naissance. Cependant, s’il faut lutter pour donner aux populations vulnérables l’accès à un accouchement sans risque, il convient également de combattre le recours aux césariennes sans justification médicale que l’on observe au sein des classes moyennes – y compris dans des pays émergents comme l’<a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2728617">Inde</a> ou l’Indonésie.</p>
<p>Les autorités nationales de santé publique sont donc contraintes de promouvoir la médicalisation des naissances, tout en prévenant son essor incontrôlé.</p>
<h2>Une fréquence qui risque encore d’augmenter</h2>
<p>Bien sûr, la situation que nous connaissons aujourd’hui est loin d’être figée. Les taux de césarienne augmentent là où ils sont inférieurs à la moyenne, et parfois très rapidement, comme en Asie du Sud ou du Sud-Est. Cette situation témoigne de progrès médicaux dans des pays en développement où l’accès à un accouchement sans risque reste encore très limité, notamment en zone rurale. Cette hausse est également perceptible en ville, ainsi que dans les milieux privilégiés, au sein de pays à faibles et moyens revenus.</p>
<p>Sur fond de médicalisation abusive, l’accouchement « moderne » et sécurisé tend donc à se diffuser un peu partout dans le monde. Un accouchement de plus en plus souvent pratiqué par césarienne, sans que celle-ci soit médicalement justifiée : l’intervention est plutôt effectuée à la demande des patientes, pour le confort des praticiens (qui peuvent programmer l’accouchement), et le profit des cliniques privées. Une surenchère thérapeutique qui ne pourra être contrée que par une mobilisation conjointe du monde médical et des patientes.</p>
<hr>
<p><em>Ce texte est adapté d’un article publié par les auteurs dans Population et Sociétés n° 581, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-9-page-1.htm">« Trop et pas assez à la fois : le double fardeau de la césarienne »</a></em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148358/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Quelle est la proportion d’accouchements par césarienne dans le monde ? Et comment varie-t-elle d’un pays à l’autre ? Un bref panorama…Christophe Z Guilmoto, Senior fellow in demography, Institut de recherche pour le développement (IRD)Alexandre Dumont, Directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1469382020-09-28T18:20:36Z2020-09-28T18:20:36ZEt si les coûts des congés maternité et paternité étaient mutualisés ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/360016/original/file-20200925-24-1gvr03z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C3598%2C2643&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">D’après l’IGAS, 7 pères sur 10 prennent aujourd’hui le congé paternité.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1044871">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le passage de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/22/la-duree-du-conge-paternite-en-france-va-etre-doublee_6053210_3224.html">14 à 28 jours</a> du congé paternité à partir de juillet 2021, annoncé le 23 septembre par le président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas fait que des heureux. Des <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/09/24/le-patronat-partage-face-a-l-allongement-du-conge-paternite_6053429_823448.html">organisations patronales</a> s’inquiètent en effet du coût de cette mesure, en particulier pour les PME. Aujourd’hui, seuls les trois jours de <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2266#:%7E:text=Dur%C3%A9e,des%20dispositions%20conventionnelles%20le%20pr%C3%A9voient.">« congé de naissance »</a> sont à la charge de l’employeur ; les 11 jours de congés paternité sont pris en charge par la branche famille de la Sécurité sociale. Il devrait en être de même pour les 25 jours du futur congé paternité.</p>
<p>Toutefois, la Sécurité sociale prend en charge les salaires uniquement jusqu’à un certain plafond. Des conventions collectives et des accords collectifs de grandes entreprises prévoient que l’employeur mette la main à la poche pour que les salariés au-dessus de ce plafond ne connaissent pas de baisse de salaire pendant leur congé paternité.</p>
<h2>L’inquiétude des employeurs</h2>
<p>Mais ce sont surtout les coûts indirects des 28 jours d’absence des pères qui inquiètent les dirigeants de PME : si les congés paternité sont plus prévisibles que les arrêts maladie, ils peuvent tout de même être source de désorganisation, en particulier s’ils coïncident avec un pic d’activité. Et puis l’allongement de leur durée va encore plus exiger le remplacement des absents par le recours à l’intérim, aux CDD, aux heures supplémentaires des collègues, etc.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1308761159286300679"}"></div></p>
<p>Des pères subissent déjà aujourd’hui des <a href="https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/09/24/l-entreprise-acteur-determinant-du-conge-paternite_6053477_1698637.html">pressions de leur employeur</a> pour ne pas prendre l’intégralité du congé paternité ou bien ils y renoncent d’eux-mêmes de peur d’être mal vus. D’après un <a href="http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article701">rapport</a> de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), si 70 % des pères prennent ce congé en moyenne, ce taux passe de 88 % chez les pères fonctionnaires à 48 % chez les pères en CDD. L’allongement du congé paternité risque d’accroître les pressions et les inégalités.</p>
<p>Quant aux congés maternité, ils poussent certains employeurs à des <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/egalite-professionnelle-discrimination-et-harcelement/article/la-protection-contre-les-discriminations">pratiques discriminatoires</a> à l’encontre des femmes en âge de procréer : non-recrutement, absence de promotion, écart salarial, etc. Les femmes enceintes sont ainsi nombreuses à craindre la réaction de leur hiérarchie à l’annonce de leur grossesse.</p>
<p>C’est pourquoi des <a href="https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/video-allongement-du-conge-paternite-l-egalite-femmes-hommes-on-ne-l-aura-pas-avec-28-jours-regrette-l-association-parents-feministes_4115807.html">associations féministes</a> militent pour un congé paternité obligatoire strictement égal au congé maternité afin que le coût soit identique pour les employeurs. Ce qui devrait réduire les discriminations envers les femmes.</p>
<p>Personnellement, je propose d’aller plus loin en mutualisant le « risque » de parentalité.</p>
<h2>Vers un nouveau système ?</h2>
<p>Un <a href="https://theconversation.com/le-bonus-malus-un-remede-contre-les-arrets-maladie-au-travail-123186">système de bonus/malus</a> a du sens pour les accidents de travail, car l’employeur en est en partie responsable : à lui de faire de la prévention et de mettre en place des plans d’action pour les réduire. En revanche, cela n’a guère de sens que les employeurs soient financièrement responsables du « risque » de parentalité.</p>
<p>Pourquoi une entreprise dont les salariés font beaucoup d’enfants devrait-elle être pénalisée par rapport aux autres ? Cette situation encourage les discriminations et décourage les initiatives en faveur de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, puisqu’elles pourraient donner envie aux salariés d’avoir plus d’enfants.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360017/original/file-20200925-16-1ia9kuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le congé maternité est fixé à 16 semaines, soit quatre fois plus que le nouveau congé paternité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1604616">Stecy2001/PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Il faudrait donc mutualiser les coûts des congés maternité et paternité, sur le modèle de l’assurance maladie. La branche famille de la Sécurité sociale pourrait mieux compenser les coûts liés à la parentalité grâce à un système de solidarité : l’État ainsi que les employeurs dont les salariés font peu d’enfants prendraient en charge une partie des coûts des employeurs dont les salariés font plus d’enfants.</p>
<p>Ce système aurait de nombreux avantages : un moindre impact des absences de leurs salariés pour les PME ; une moindre pression sur les parents donc un meilleur exercice de leur droit aux congés maternité/paternité ; moins d’inégalités entre les hommes et les femmes à la fois à la maison et au travail. De plus, qui sait si ce système ne créerait pas un mini baby-boom et si les managers ne se mettraient pas à accueillir l’annonce d’une grossesse avec le sourire, comme il se doit ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146938/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Denis Monneuse est directeur du cabinet de conseil "Poil à Gratter". Il reçoit des financements du Fonds de recherche du Québec. </span></em></p>Un système sur le modèle de l’assurance maladie permettrait de limiter l’impact des absences pour les entreprises tout en réduisant les inégalités entre les femmes et les hommes.Denis Monneuse, Chercheur à l'Université du Québec à Montréal, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1459642020-09-21T19:14:11Z2020-09-21T19:14:11ZLe confinement a-t-il joué en faveur d’un plus long congé paternité ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/359016/original/file-20200921-16-302os8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C22%2C4985%2C3270&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le confinement en France a permis à de nombreux pères de plus s'impliquer auprès de leurs nouveaux-nés. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/adorable-bebe-coffre-coffre-fort-2133/">Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les mesures de confinement strictes imposées en France entre mi-mars et mi-mai 2020 ont conduit de nombreux pères avec un nouveau-né à passer bien plus de temps à leur domicile qu’ils ne l’avaient prévu (<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/000436391?idbank=000436391#Tableau">environ 110 000 naissances</a> sur la période).</p>
<p>Pour eux, et tout particulièrement pour ceux au chômage partiel, l’expérience du confinement a pu se rapprocher de celle d’un congé de paternité de deux mois.</p>
<p>Deux mois, c’est quatre fois plus que les deux semaines habituellement destinées aux pères en France. L’Hexagone permet en effet aux pères de prendre trois jours de congés de naissance et onze jours consécutifs de congé paternité utilisables jusqu’aux quatre mois de l’enfant – week-ends et jours fériés inclus. La réforme annoncée récemment par le gouvernement - et qui entrerait en vigueur en juillet 2021 - devrait permettre de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/22/la-duree-du-conge-paternite-en-france-va-etre-doublee_6053210_3224.html">doubler</a> les nombres de jours attribués aux pères.</p>
<p>Pour une partie de ses défenseurs, la réforme permettrait de mieux répartir les charges familiales occasionnées par l’arrivée des enfants sur les carrières professionnelles des mères et des pères.</p>
<h2>Le confinement, déjà un allongement du congé paternité </h2>
<p>Pour les parents qui ont connu une naissance au printemps 2020, le confinement s’apparente à une expérience de ce que pourrait être l’allongement du congé de paternité en France. Comprendre comment les pères avec un nouveau-né ont vécu le confinement et ce qu’ils ont fait durant cette période offre des pistes pour repérer les potentiels effets d’une telle réforme.</p>
<p>Dans cet objectif, nous avons conduit des entretiens approfondis auprès de pères ayant connu une naissance juste avant ou pendant le confinement (de mi-février à mi-avril), <a href="https://www.sciencespo.fr/osc/fr/node/2124.html">dans le cadre d’une recherche sur le congé de paternité</a>.</p>
<p>Nous nous concentrons ici sur le cas de sept pères pour qui l’activité professionnelle fut très fortement réduite (3) voire totalement arrêtée (4). Ce petit échantillon permet d’explorer de manière fine leurs différents vécus. Exerçant des métiers diversifiés (cuisinier, électricien, chef de chantier, ingénieur, cadre de la publicité, réceptionniste d’hôtel, instituteur), leurs témoignages nous donnent de premières indications sur comment s’est passé l’accueil d’un enfant dans un tel contexte.</p>
<h2>Confiné avec bébé : une chance dans son malheur ?</h2>
<p>Vivre une naissance au cœur de la pandémie n’est pas une expérience à idéaliser. Le moment de l’accouchement, en particulier, fut compliqué par la <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/je-n-ai-pas-envie-d-accoucher-seule-en-pleine-epidemie-de-coronavirus-les-femmes-enceintes-angoissent_3876831.html">restriction des visites à la maternité</a>. La plupart du temps, les pères interrogés n’ont été autorisés qu’en salle de naissance et pour les deux premières heures de vie de l’enfant.</p>
<p>L’absence de proches a pu contribuer à faire vivre un fort sentiment d’isolement aux mères, en particulier celles incapables de se déplacer pour communiquer leurs douleurs et inquiétudes à un personnel médical très occupé.</p>
<p>Après la naissance, beaucoup furent obligées de prendre en charge leur nourrisson sans leur conjoint durant les trois à cinq jours à la maternité alors qu’elles se remettaient à peine de leur accouchement. Du côté des pères interviewés, la séparation avec leur enfant quelques heures seulement après sa naissance a pu être vécue comme une véritable épreuve.</p>
<p>Si les pères ont évoqué les inquiétudes et la fatigue accumulée par leurs conjointes liées à leur absence à la maternité, ils ont d’un autre côté souligné les aspects positifs du confinement une fois l’enfant au domicile.</p>
<p>Malgré leurs potentielles préoccupations sanitaires et financières, ils ont insisté sur la manière dont leur présence au quotidien leur a permis de profiter de leur nouveau-né en le voyant grandir au jour le jour à un âge où l’enfant change très rapidement.</p>
<p>Pierre, chef de chantier dont l’activité se réduisit à 2 heures par jour, déclare ainsi que le confinement fut :</p>
<blockquote>
<p>« une chance… si on peut dire. Ça m’a permis de le voir s’éveiller, de passer des moments avec lui qui auraient été impossibles autrement ».</p>
</blockquote>
<h2>Une présence accrue qui favorise l’investissement auprès du bébé</h2>
<p>La présence renforcée des pères a pu faciliter l’accueil du nouveau-né et le repos de leur partenaire. En particulier, le confinement a donné la possibilité aux interviewés de « vivre au rythme du bébé », c’est-à-dire de calquer l’organisation quotidienne (sommeil, tâches du quotidien…) aux besoins et appels du bébé.</p>
<p>Cette liberté dans le contrôle du temps s’est révélée avantageuse dans la gestion de la fatigue, les nuits pouvant être éprouvantes pour les parents avec un nourrisson se réveillant toutes les trois ou quatre heures. Souvent, la nécessité de préserver le sommeil du père parce qu’il travaille est une raison évoquée pour expliquer la plus grande implication des mères dans les tâches parentales nocturnes. En l’absence d’activité professionnelle, les parents purent davantage se relayer la nuit.</p>
<p>Pour certains pères interrogés, vivre de près les premiers moments du bébé amène d’ailleurs à une meilleure prise de conscience de l’ampleur du travail de soins et de la disponibilité nécessaire aux nouveau-nés, comme pour Rayane :</p>
<blockquote>
<p>« Tu restes plus longtemps, donc tu vois ce que sont les galères pour se lever le soir, que tu ne peux même pas faire ta douche tranquille… »</p>
</blockquote>
<p>L’investissement des pères dans les tâches familiales a pu être d’autant plus renforcé que certains couples se sont retrouvés coupés d’aide extérieure.</p>
<p>Les mesures de distanciations sociales ont pu empêcher la venue de proches (souvent des femmes qui ont déjà eu un enfant) initialement prévue pour aider les premiers temps dans l’apprentissage des tâches parentales et la gestion des tâches domestiques. En l’absence de la (belle) mère, (belle) sœur ou de l’amie, certains pères interrogés ont donc pris la relève.</p>
<h2>Ce que veut dire – et ne veut pas dire – « être présent »</h2>
<p>La plupart des pères interrogés ont spontanément associé le confinement à un congé de paternité étendu. La majorité manifeste une certaine fierté à être restés avec leur enfant durant ses premiers mois, comme Christophe qui remarque : « j’ai fait plus fort que les Suédois ! » (en Suède les pères doivent prendre un congé d’au minimum 60 jours, extensibles jusqu’à 480 jours).</p>
<p>Ces réactions révèlent les attentes sociales qui les entourent. Être un bon père, c’est selon leurs mots « être présent » pour l’enfant. En ce sens, faire une coupure professionnelle de deux mois pour l’arrivée du bébé est socialement valorisant.</p>
<p>« Être présent » peut néanmoins revêtir des significations très différentes. Pour deux interviewés, il s’agit expressément d’accomplir les tâches parentales autant que leur partenaire.</p>
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<img alt="Un jeune père lit une histoire à son bébé" src="https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/359028/original/file-20200921-20-ep38ko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les études montrent qu’une grande majorité de pères s’impliquent plutôt dans les activités ludiques ou récréatives..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/homme-amour-gens-personnes-3536630/">Nappy/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Pour les autres, l’importance de la présence paternelle réside plus généralement dans l’idée de faire partie du quotidien de l’enfant pour nouer un lien. Dans ces derniers cas, les pères se considèrent comme des « seconds » ou des « suppléants » qui aident leur conjointe à s’occuper du bébé.</p>
<p>Pour ces pères, l’état de fatigue de leur conjointe lié à l’accouchement requière qu’ils fournissent des efforts exceptionnels dans l’accomplissement des tâches domestiques quotidiennes et la prise en charge du nouveau-né. Ils inscrivent plutôt cet investissement dans une logique temporaire et circonstancielle que dans une routine durable.</p>
<p>En effet, les mères posséderaient selon ces pères une compréhension innée et inégalable des besoins de l’enfant, expertise face à laquelle ils se positionnent en solution de secours. Pour Robin par exemple, sa compagne s’occuperait davantage des « tâches essentielles » (liées au soin de l’enfant) du fait de son « instinct maternel », tandis que son rôle de père consisterait d’abord à s’investir dans les jeux.</p>
<p>La manière dont les pères dirigent leur investissement parental prioritairement dans les activités ludiques ou récréatives est un <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01215143/">résultat bien établi en sociologie</a>.</p>
<h2>Des imaginaires forts toujours présents</h2>
<p>L’expérience du confinement n’apparaît pas avoir automatiquement bouleversé cette logique. Ainsi, tous les pères interrogés n’ont pas investi de la même manière le temps libéré par le confinement en fonction de leurs croyances et de leurs représentations sociales préalables sur les rôles que doivent jouer femmes et hommes.</p>
<p>En levant les barrières structurelles restreignant la présence des pères dans les premiers mois de l’enfant, le confinement a esquissé comment l’allongement du congé de paternité pourrait être une première étape vers plus d’investissement des hommes dans les tâches parentales et faciliterait l’accueil du bébé.</p>
<p>Dans le même temps, les témoignages montrent aussi que le confinement n’a pas systématiquement remis en cause les représentations de la mère comme principale responsable de l’enfant, laissant entrevoir les potentielles limites de l’allongement du congé à un mois du point de vue de l’égalité femmes-hommes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145964/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cette recherche a bénéficié du soutien apporté par l’ANR et l’État au titre du programme d’investissements d’avenir dans le cadre du LABEX LIEPP (ANR-11-LABX-0091, ANR-11-IDEX-0005-02) et de l’IdEx Université de Paris (ANR-18-IDEX-0001</span></em></p>Comprendre comment les pères avec un nouveau-né ont vécu le confinement et ce qu’ils ont fait durant cette période offre des pistes pour repérer les potentiels effets d’une telle réforme.Alix Sponton, Doctorante en sociologie, INED, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1428582020-07-23T19:55:00Z2020-07-23T19:55:00ZEn France, un enfant sur 30 est conçu par PMA<p>Le premier « bébé-éprouvette » au monde, Louise Brown, fête ses 42 ans le 25 juillet 2020. La naissance de cette Anglaise signe une véritable révolution dans l’assistance médicale à la procréation (AMP ou procréation médicalement assistée, PMA). Cette technique permet en effet la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde hors du corps de la femme, dans « l’éprouvette » du biologiste, <em>in vitro</em> selon le terme technique.</p>
<p>Jusqu’à cette première fécondation in vitro (FIV), les techniques d’AMP se cantonnaient à des inséminations « artificielles » (IA) qui consistent à déposer les spermatozoïdes du conjoint (IAC) ou d’un donneur (IAD) au niveau du col de l’utérus ou dans la cavité utérine pour qu’ils aillent féconder naturellement un ovocyte dans le corps de la femme.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=611&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=611&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=611&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=767&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=767&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347938/original/file-20200716-27-16fo3i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=767&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Figure actualisée issue Population & Sociétés, n°556, Ined, juin 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2018-6-page-1.htm">Ined, sur la base de données tirées de Groupement de l’étude des FIV en France (GEFF) ; ministère de la Santé ; registre FIVNAT ; Agence de la Biomédecine ; Insee -- État Civil</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Premier « bébé éprouvette » français, Amandine est conçue en 1981 et naît le 24 février 1982. Par la suite le <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2018-6-page-1.htm">nombre de FIV ne va cesser de croître</a> selon un rythme remarquablement linéaire (figure, courbe du bas). La proportion d’enfants conçus par FIV progresse de +0,5 % tous les 7 à 8 ans et c’est désormais plus de 2,5 % des enfants français qui sont conçus par FIV, soit 1 enfant sur 40.</p>
<p>En considérant l’ensemble des techniques d’AMP (insémination et fécondation in vitro, voir courbe du haut sur la figure), 3,4 % des enfants français sont conçus grâce à ces techniques (chiffres sur l’activité AMP de 2017 avec des naissances survenant en 2017-2018), soit 1 enfant sur 30. Pour illustrer ce que cela peut représenter : en moyenne, au sein d’une classe à l’école, on s’attend à avoir un enfant conçu par AMP.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142858/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elise de La Rochebrochard a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour une recherche connexe sur les traitements de l'infertilité (StimHo).</span></em></p>En moyenne, au sein d’une classe à l’école, on s’attend à avoir un enfant conçu par PMA.Elise de La Rochebrochard, Directrice de recherche, Santé et Droits Sexuels et Reproductifs, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1389652020-05-25T18:13:06Z2020-05-25T18:13:06ZPays en développement : devenir mère, un défi bien plus difficile que ne le laissent croire les statistiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/336096/original/file-20200519-152349-1kzg8mm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C0%2C1182%2C797&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avoir des enfants signifie renoncer en partie aux opportunités de salaires offertes sur le marché du travail.</span> <span class="attribution"><span class="source">Nolte Lourens / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Quand nous pensons à la fécondité des pays en développement, nous pensons trop vite au nombre moyen d’enfants par femme ou au taux de croissance de la population. Nous voyons alors des chiffres élevés. Mais aussi élevés soient-ils, ces chiffres cachent une réalité complexe et en premier lieu, des taux d’infécondité significatifs.</p>
<p>À titre d’exemple, en <a href="https://academic.oup.com/jeea/article-abstract/18/1/83/5193476">2005 au Cameroun</a>, 17,8 % des femmes de 40 à 54 ans n’ont jamais eu d’enfants. L’idée d’une forte fécondité dans les pays en développement est à nuancer, les femmes qui y ont des enfants en ont beaucoup en moyenne mais nombre d’entre elles n’en ont pas du tout.</p>
<p>Cela pose-t-il pour autant un problème ? Les pouvoirs publics devraient-ils trouver dans ces chiffres des raisons d’intervenir ? Après tout, si l’infécondité n’était que le simple résultat d’un choix personnel, on pourrait considérer que l’État n’ait pas son mot à dire. Mais, au fil des années, nous avons fait émerger une <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20120926">nouvelle manière</a> de décomposer l’infécondité et celle-ci nous fait dire que oui, il y a matière à intervention pour les pouvoirs publics.</p>
<h2>Comprendre les causes de l’infécondité</h2>
<p>Sur un échantillon de 36 pays en développement, réunissant environ 12 millions d’observations sur trois continents, nous distinguons trois principales formes d’infécondité.</p>
<p>En premier lieu, la stérilité naturelle : 1,9 % des individus viennent au monde sans la capacité de se reproduire. Elle nous touche sans distinction de genre ou d’origine ethnique et sociale. Elle n’est pas la plus endémique.</p>
<p>En second lieu, l’infécondité due à la pauvreté : elle touche 2,3 % des femmes de notre échantillon mais jusqu’à 12,6 % des femmes maliennes. La relation croissante entre intensité de la pauvreté et probabilité de ne pas pouvoir enfanter s’explique essentiellement par un plus fort degré d’exposition aux maladies sexuellement transmissibles vectrices de stérilité et un moindre accès aux techniques de reproduction médicalement assistées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/336441/original/file-20200520-152302-17uxl8o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Taux d’infécondité liée à la pauvreté dans 36 pays en développement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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</figure>
<p>Enfin, nous distinguons l’infécondité liée aux opportunités économiques. Une des raisons majeures de ne pas avoir d’enfants réside dans les opportunités économiques qui s’offrent aux femmes tout au long de leur vie reproductive.</p>
<p>Avoir des enfants nécessite pour les femmes, beaucoup plus que pour les hommes, de renoncer à une part non négligeable de leur participation au marché du travail. Dès lors, plus le salaire d’une femme est élevé et ses perspectives d’évolution prometteuses et plus elle a à perdre en ayant des enfants. L’infécondité d’opportunités concerne 3,5 % des femmes de notre échantillon, elle monte jusqu’à 11 % en Argentine.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=240&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=240&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=240&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=302&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=302&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/336442/original/file-20200520-152288-mr9tq0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=302&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Taux d’infécondité liée aux opportunités économiques dans 36 pays en développement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
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</figure>
<p>La prévalence de chaque type d’infécondité n’est bien sûr pas la même dans tous les pays. Les pays d’Amérique du Sud, plus avancés dans leur processus de développement sont plus sujets à l’infécondité d’opportunité alors que les pays d’Afrique subsaharienne souffrent d’une forte infécondité de pauvreté.</p>
<p>Mais encore une fois, il faut se méfier des moyennes : au sein d’un même pays, toutes les femmes ne sont pas concernées au même chef. La pauvreté frappe bien rarement les très éduquées alors que les meilleures opportunités économiques se refusent la plupart du temps aux moins éduquées. Il s’ensuit que l’infécondité de pauvreté décroît avec l’éducation alors que c’est l’inverse pour l’infécondité d’opportunité.</p>
<p>Le développement ne rime donc pas avec une baisse ou une hausse systématique de l’infécondité mais avec une diminution suivie d’une résurgence ; un phénomène déjà largement observé au cours de l’histoire.</p>
<p>Dans ce contexte, comment les politiques de développement modifient-elles l’infécondité ? Nourrissent-elles ou désamorcent-elles la « bombe démographique » tant redoutée par les <a href="https://algore.com/library/earth-in-the-balance">dirigeants</a> des <a href="https://fr.africanews.com/2018/12/23/emmanuel-macron-reparle-de-la-bombe-demographique-africaine-au-tchad/">pays riches</a> ? La réponse est nuancée.</p>
<h2>Une transition démographique en trompe-l’œil ?</h2>
<p>À titre d’exemple, garantir l’accès universel à l’école primaire réduirait le nombre d’enfants que les mères les plus pauvres mettent au monde mais, en même temps, beaucoup plus de femmes auraient accès à la reproduction.</p>
<p>En clair, l’infécondité liée à la pauvreté serait réduite, ce qui viendrait limiter la baisse du nombre moyen d’enfants par femme. La baisse de l’infécondité de pauvreté est une bonne chose : les familles les plus pauvres auraient accès à un plus large éventail de potentialités. Il en va de même pour les politiques de planning familial.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1077180982971781120"}"></div></p>
<p>La lutte contre les inégalités de genre se montre également efficace pour réduire la fécondité dans les pays en développement. Garantir un salaire égal entre hommes et femmes, à niveau d’éducation donné, réduirait le nombre d’enfants des mères et augmenterait également l’infécondité d’opportunité.</p>
<p>Ce que nous mettons en évidence, c’est une dimension de la pauvreté trop souvent oubliée : l’infécondité. Surprenant s’il en est, combattre la pauvreté ne fait pas nécessairement baisser l’infécondité mais en transforme les racines : la pauvreté cède place aux opportunités.</p>
<p>Ce mouvement contribue au maintien d’un nombre d’enfants par femme relativement élevé au début du processus de développement ; il alimente alors l’idée que les transitions démographiques sont grippées dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, il n’en est sûrement rien.</p>
<p>Avec le développement, l’infécondité repartira à la hausse mais cette fois, ce sera parce que les femmes des pays en développement auront accès à des opportunités économiques comparables à celles qui s’offrent aux hommes. Et c’est tant mieux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138965/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En Afrique subsaharienne notamment, les femmes qui ont des enfants en ont beaucoup en moyenne, mais nombre d’entre elles n’en ont pas du tout. L’idée d’une forte fécondité reste donc à nuancer.Thomas Baudin, Associate Professor - IESEG School of Management (LEM-CNRS 9221), IÉSEG School of ManagementDavid de la Croix, Professeur d'économie, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Paula Gobbi, Assistant Professor, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1300242020-01-21T19:05:03Z2020-01-21T19:05:03ZLa forte fécondité de la France est-elle due aux immigrées ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/310891/original/file-20200120-69543-vtv7iw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C1%2C905%2C604&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les immigrées contribuent fortement aux naissances en France mais sans modifier sensiblement le taux de fécondité du pays.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.piqsels.com/en/search?q=breastfeeding">Piqsels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avec 1,9 enfant en moyenne par femme en 2017 la France a la <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4281618">fécondité la plus élevée</a> des pays de l’Union européenne (UE), la <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/9648821/3-12032019-AP-FR.pdf/99bbdb3d-bede-467c-bce0-6e033b488946">moyenne de l’Union européenne</a> se situant à 1,6.</p>
<p>Ce niveau relativement soutenu de la fécondité en France n’est-il pas fortement gonflé par l’immigration ? Cette idée très répandue traduit souvent la hantise d’un rapport de force numérique entre les natifs de France et les immigrés qui mettrait en péril l’identité nationale. Laissons de côté les aspects idéologiques pour nous limiter aux faits.</p>
<h2>Forte contribution aux naissances, faible contribution à la fécondité</h2>
<p>Le recensement de la France indique que près d’une naissance sur cinq en 2017 (19 %) était de mère immigrée (soit 143 000 sur 760 000) (voir la définition d’immigré dans le tableau en dessous). La proportion était seulement de 16 % en 2009 (tableau). La contribution des immigrées à la natalité de la France progresse donc et mérite d’être soulignée. Mais quelle est leur contribution au taux de fécondité ?</p>
<p>Ce dernier est aussi appelé indicateur conjoncturel de fécondité (voir sa définition et son calcul expliqués <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/videos/animation-mesurer-la-fecondite">dans cette animation</a>).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=496&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=496&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=496&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310706/original/file-20200117-118337-102q12v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tableau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Volant, Pison, Héran</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le résultat peut surprendre : l’immigration contribue fortement aux naissances mais faiblement au taux de fécondité.</p>
<p>On peut le montrer sur un exemple fictif. Imaginons 75 femmes non immigrées (natives) et 25 immigrées, avec une moyenne identique de deux enfants par femme dans les deux groupes. Les immigrées contribueront aux naissances dans une proportion de 25 %, mais sans rien modifier au taux de fécondité.</p>
<p>Leur contribution à la natalité tient simplement au fait qu’elles représentent 25 % des mères.</p>
<p>C’est que le nombre de naissances est le produit de deux facteurs indépendants : le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et leur propension à en avoir. Il est erroné de croire que les immigrées alimentent forcément le taux de fécondité du pays d’accueil au prorata des naissances.</p>
<p>Mais imaginons le cas d’un autre pays fictif où 99 % des femmes auraient deux enfants, tandis qu’une minorité de 1 % en aurait sept.</p>
<p>Ce surcroît de fécondité aurait peu d’effet sur le taux national, qui passerait seulement de 2,00 à 2,05. Pour que les immigrées contribuent fortement au taux de fécondité et pas seulement aux naissances, il faut à la fois qu’elles représentent une fraction importante des mères et que leur fécondité soit très supérieure à la moyenne.</p>
<h2>L’apport des immigrées au taux de fécondité de la France : +0,1 enfant par femme</h2>
<p>Où en est la France à cet égard ? Le recensement indique qu’en 2017 les natives et les immigrées avaient respectivement 1,8 et 2,6 enfants, soit un écart de 0,8 enfant. Toutes populations réunies, le taux de fécondité de la France s’approchait de 1,9, ce qui veut dire que la présence des immigrées ajoutait un peu plus de 0,1 enfant au taux de fécondité national (figure 1 en dessous).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=942&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=942&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=942&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1184&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1184&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310707/original/file-20200117-118359-1uybtpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1184&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comment expliquer un apport aussi faible, alors qu’elles contribuent dans le même temps à 19 % des naissances ? C’est que les immigrées représentaient seulement 12 % des femmes en âge d’avoir des enfants.</p>
<p>À noter que les femmes qui sont filles d’immigrés, et qui sont nées en France, font par définition partie des natives, elles ne sont donc pas incluses dans les immigrées. Leur fécondité est par ailleurs <a href="https://www.demographic-research.org/volumes/vol36/45/">similaire</a> à celle des autres natives.</p>
<p>Entre 2009 et 2014, la proportion d’immigrées a augmenté dans la population de femmes en âge d’avoir des enfants (de 10,6 % à 11,7 %), de même que la part des naissances de mères immigrées (tableau). La contribution des immigrées au taux de fécondité de la France est passée de 0,09 à 0,11 enfant (figure 1).</p>
<p>C’est une progression modérée. En 2009, les immigrées relevaient la fécondité du pays d’environ 5 % ; elles la relèvent de 6 % depuis 2014. À noter qu’entre 2014 et 2017, la fécondité n’a pas seulement reculé chez les natives mais aussi chez les immigrées, en particulier en 2017, sans modifier leur contribution au taux de fécondité du pays.</p>
<h2>Les immigrées originaires du Maghreb ont le taux de fécondité le plus élevé</h2>
<p>La fécondité des immigrées varie selon le pays de naissance. Avec environ 3,5 enfants par femme, les immigrées originaires du Maghreb ont le taux de fécondité le plus élevé (figure 2 en dessous).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=805&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=805&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=805&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1012&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1012&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310708/original/file-20200117-118337-12i83d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1012&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Celui des immigrées nées en Afrique subsaharienne ou en Turquie avoisine trois enfants (respectivement 2,91 et 3,12). La fécondité des immigrées nées en Europe ou dans les autres régions du monde se rapproche de la moyenne nationale, environ 2 enfants par femme.</p>
<p>Ces niveaux de fécondité ne reflètent pas nécessairement ceux des pays d’origine. La Turquie, par exemple, affiche un taux de fécondité proche de 2 enfants par femme, au même niveau que le reste de l’Asie (2,1 enfants par femme en 2014 en Turquie, et 2,2 dans l’ensemble de l’Asie) (<a href="http://esa.un.org/unpd/wpp/">chiffres des Nations unies</a>).</p>
<p>Les pays du Maghreb ne dépassent pas 3 enfants par femme : 3,0, 2,5 et 2,2 enfants par femme en 2014 respectivement en Algérie, au Maroc et en Tunisie, toujours d’après les Nations unies.</p>
<p>Les immigrées européennes elles-mêmes ont une fécondité supérieure à celle du pays d’origine. À l’inverse, la fécondité des immigrées venues d’Afrique subsaharienne est nettement <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2017-2-page-1.htm">inférieure à celle des femmes restées au pays</a>.</p>
<p>Il faut cependant relativiser ces écarts car tous ces taux de fécondité sont calculés uniquement sur les naissances survenues en France, alors que beaucoup de migrantes attendent d’entrer sur le territoire pour avoir leur premier enfant.</p>
<p>On surestime donc leur fécondité si on omet d’intégrer dans le calcul la fécondité encore réduite de la période antérieure et celle qui fait suite au pic des premières années de séjour.</p>
<h2>La fécondité observée à travers la lorgnette des années récentes</h2>
<p>Les migrantes enchaînent en effet une phase de <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/la-fecondite-des-immigrees-nouvelles-donnees-nouvelle-approche/">sous-fécondité</a>, avant leur entrée en France, et une phase de surfécondité, juste <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/cqd/2015-v44-n2-cqd02448/1035952ar.pdf">après leur arrivée</a>.</p>
<p>Le recensement de la population le montre bien. Il permet en effet de déduire l’indicateur conjoncturel de fécondité des immigrées à partir des dates de naissance des enfants recensés dans les familles (<a href="https://www.cairn.info/revue-population-2010-3-page-475.htm">méthode des « enfants déclarés au foyer « </a>).</p>
<p>Celui-ci ne dépasse pas 1 enfant par femme avant leur arrivée en France mais monte en flèche dans l’année qui suit, aux alentours de 4 enfants avant de revenir au régime de croisière.</p>
<p>Rappelons le <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/videos/animation-mesurer-la-fecondite/">principe de l’indicateur conjoncturel de fécondité</a> : il mesure chaque année ce que serait la fécondité finale des femmes si elles gardaient toute leur vie le niveau de fécondité observé actuellement aux divers âges.</p>
<p>L’indicateur est donc très sensible aux effets de calendrier et de territoire. En se contentant de mesurer la fécondité du moment à partir des seules naissances survenues en France et après une vague d’entrées récente, on surestime la fécondité des immigrées, puisque, comme déjà mentionné, on laisse de côté à la fois la sous-fécondité antérieure à l’arrivée et le retour ultérieur à la normale.</p>
<p>En privilégiant les arrivées récentes, l’indicateur du moment fait l’hypothèse que les immigrées se comporteront toute leur vie comme de perpétuelles arrivantes – un peu comme si l’on mesurait la densité du trafic automobile en l’observant uniquement aux barrières de péage, tout en voulant la comparer à celle d’un tronçon sans barrière.</p>
<h2>La fécondité des immigrées : le bilan complet sur toute la vie</h2>
<p>D’où l’intérêt de prendre en compte l’ensemble de la trajectoire féconde dans toutes les populations, en passant de l’indicateur conjoncturel à un indicateur de « descendance finale » (le nombre total d’enfants atteint au terme de la vie féconde). D’après l’enquête <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1288287?sommaire=1288298"><em>Famille et logements de 2011</em></a>, les immigrées nées entre 1961 et 1965 ont eu en définitive 2,42 enfants au cours de leur vie (figure 3).</p>
<p>Ce chiffre varie selon le pays d’origine, entre un minimum de 2,00 pour les immigrées européennes et un maximum de 2,85 pour celles d’origine maghrébine. La descendance finale des immigrées est supérieure à celle des natives, mais l’écart s’est réduit de moitié par rapport à celui qu’on observait dans les générations de femmes nées dans les années 1931-1935 (figure 3). En dressant ainsi le bilan complet de la fécondité des générations successives, on observe très clairement un mouvement général de convergence des comportements, tant au sein de la population immigrée qu’avec le reste de la population.</p>
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<h2>L’apport des immigrées au taux de fécondité du pays : comparaisons européennes</h2>
<p>Comment la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays européens ? Dans la moitié d’entre eux, les immigrées contribuent, comme en France, à augmenter le taux de fécondité (figure 4).</p>
<p>Mais dans un pays sur quatre, elles sont trop peu nombreuses pour pouvoir modifier le taux, comme on le voit dans la plupart des pays anciennement communistes d’Europe du Centre ou de l’Est : pays baltes, Pologne, Tchéquie, Roumanie, Bulgarie. Les Pays-Bas sont à part : les immigrées ont beau représenter une part importante de la population (12 %), elles ne relèvent pas le taux de fécondité du pays car leur fécondité ne diffère guère de celle des natives.</p>
<p>On trouve même des pays où les immigrées contribuent à réduire le taux de fécondité national au lieu de l’augmenter, comme l’Islande ou le Danemark.</p>
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<p>Si la France est aux premiers rangs des taux de fécondité en Europe, cela ne vient donc pas tant de l’immigration que d’une fécondité élevée des natives et c’est celle-ci qu’il convient d’expliquer.</p>
<p>Impossible de le faire sans évoquer les effets d’une politique de soutien à la famille pratiquée avec constance par la France depuis soixante-quinze ans et dans un large consensus. Mais ceci est une autre histoire…</p>
<hr>
<p><em>Sabrina Volant (Insee) a co-rédigé cet article. Ce texte est adapté d’un article publié par les mêmes auteurs à l’été 2019 dans Population et Sociétés n° 568, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2019-7-page-1.htm">« La France a la plus forte fécondité d’Europe. Est-ce dû aux immigrées ? »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130024/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles Pison a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche française et des National Institutes of Health américains</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Héran a été nommé à la présidence du conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration. </span></em></p>Pourquoi l’immigration contribue-t-elle fortement aux naissances mais faiblement au taux de fécondité ?Gilles Pison, Anthropologue et démographe, professeur au Muséum national d'histoire naturelle et chercheur associé à l'INED, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)François Héran, Professeur au Collège de France, chaire Migrations et sociétés, directeur de l’Institut Convergences Migrations, Collège de FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.