tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/sables-bitumineux-91529/articlessables bitumineux – The Conversation2021-10-28T14:44:32Ztag:theconversation.com,2011:article/1707602021-10-28T14:44:32Z2021-10-28T14:44:32ZVoici comment on peut laisser 83 % du pétrole canadien dans le sol et bâtir de nouvelles économies fortes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/428906/original/file-20211027-23-1rgppae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1089%2C461&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’élimination progressive des combustibles fossiles nécessite que l’on considère la production actuelle comme un sommet, et que l’extraction et les infrastructures doivent désormais décliner.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Green Energy Futures/flickr)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel est responsable de <a href="https://www.carbonbrief.org/analysis-fossil-fuel-emissions-in-2018-increasing-at-fastest-rate-for-seven-years">près de 90 % des émissions de dioxyde de carbone dans le monde</a>. Si nous voulons avoir 50 % de chances de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-021-03821-8">plus de 83 % des réserves de pétrole du Canada doivent demeurer sous terre</a>.</p>
<p>Pourtant, le gouvernement libéral fraîchement réélu, qui a placé la lutte contre les changements climatiques au centre de son programme, prévoit une longue vie pour les combustibles fossiles. Au lieu de laisser le pétrole dans le sol, les <a href="https://liberal.ca/fr/notre-plateforme/plafonner-et-couper-les-emissions-du-secteur-petrolier-et-gazier/">libéraux se sont engagés</a> à plafonner et à couper les émissions dans ce secteur, puis à compenser les émissions restantes d’ici 2050.</p>
<p>Cela permettrait à la production de combustibles fossiles de se poursuivre indéfiniment au Canada, ce qui nécessiterait <a href="https://www.reuters.com/world/americas/exclusive-oil-companies-ask-canada-pay-75-carbon-capture-facilities-2021-10-07/">d’énormes investissements publics</a> pour le captage et le stockage du CO<sub>2</sub>. De plus, cela engendrerait des <a href="https://www.policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/publications/BC%20Office/2021/06/CCPA%20report_Dangerous%20Distractions%20Net%20Zero.pdf">systèmes de comptabilité douteux</a> qui feraient disparaître les émissions des livres sans pour autant mettre fin à leur production.</p>
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<img alt="Un champ de canola avec des chevalets de pompage en arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428044/original/file-20211022-9803-1q1pc4b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des chevalets de pompage extraient le pétrole du sol dans un champ de canola près d’Olds, en Alberta.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Jeff McIntosh</span></span>
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<p>Dans le cadre du <a href="https://www.corporatemapping.ca/">Corporate Mapping Project</a>, mes collègues et moi avons étudié le pouvoir et l’influence de l’industrie des combustibles fossiles dans l’Ouest canadien. Nos recherches montrent que pour survivre aux politiques en réponse à la crise climatique, les pétrolières doivent convaincre le gouvernement que la carboneutralité peut fonctionner et qu’un avenir sans combustibles fossiles est sombre.</p>
<p>Mais pour garder 83 % du pétrole canadien dans le sol, il n’est pas nécessaire de fermer le robinet du jour au lendemain. Il faut plutôt mettre fin progressivement à l’industrie en faisant appel à des métiers spécialisés, tout en créant de nouveaux secteurs d’activité pour restaurer les terres et mettre l’accent sur l’importance de prendre soin les uns des autres.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ges-le-canada-veut-desormais-atteindre-la-carboneutralite-et-cela-change-tout-166623">GES : le Canada veut désormais atteindre la carboneutralité et cela change tout</a>
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<h2>Pas d’avenir pour le pétrole canadien</h2>
<p>Une large part du pétrole canadien doit rester dans le sol parce qu’il est plus difficile à atteindre – il se trouve en grande partie dans les sables bitumineux du nord de l’Alberta, ce qui complique son extraction, son traitement et son transport – et <a href="https://nationalpost.com/news/canada/why-has-canada-spent-billions-of-dollars-buying-saudi-arabian-oil">plus lourd que les pétroles bruts légers non sulfurés produits dans des endroits comme le Moyen-Orient</a>. Si on fait le calcul par baril, le pétrole canadien <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-09-09/le-baril-de-petrole-canadien-parmi-les-plus-polluants-au-monde.php">émet plus de gaz à effet de serre</a>, coûte plus cher à extraire et <a href="https://yaleclimateconnections.org/2021/03/canadas-oil-sands-industry-is-taking-a-big-hit/">se vend moins cher sur les marchés internationaux</a>.</p>
<p>En cette période de lutte contre les changements climatiques, le Canada tente de maintenir à flot son industrie, <a href="https://doi.org/10.25318/36280001202100700003-eng">qui représente environ 5 % de son PIB</a>, grâce à d’énormes subventions publiques qui se chiffrent quelque part <a href="https://cascadeinstitute.org/wp-content/uploads/2021/04/Carter-Dordi-Canadas-one-eye-shut-climate-policy-1.1-April-16.pdf">entre 2 et 63 milliards de dollars par an</a>. Mais l’illusion d’une production pétrolière carboneutre ne tient pas compte du cycle de vie complet des émissions liées au pétrole – on n’y prend pas en considération les émissions produites par la consommation de pétrole et de gaz, seulement celles issues de la production.</p>
<p>Le pétrole et le gaz produits au Canada seront brûlés au pays et à l’étranger dans des moteurs à combustion et des centrales électriques alimentées au gaz. Ces émissions de « portée 3 », <a href="https://www.spglobal.com/marketintelligence/en/news-insights/latest-news-headlines/equinor-s-move-to-halve-carbon-intensity-scope-3-emissions-both-praised-panned-56984504">qui peuvent représenter plus de 90 %</a> des émissions associées au cycle de vie complet du pétrole et du gaz, ne seront plus acceptées dans les États du monde entier qui tentent de réduire à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre.</p>
<h2>Le temps qu’il faut</h2>
<p>L’élimination progressive des combustibles fossiles ne nécessite pas de tout arrêter dès demain. Mais il faut considérer que la production d’aujourd’hui est un sommet, et qu’à partir de là, l’extraction et les infrastructures doivent diminuer pour atteindre une production près de zéro au milieu du siècle.</p>
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<img alt="Des médecins et des infirmières réunis dans une pièce d’un hôpital" src="https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428073/original/file-20211022-9357-nq0gw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La pandémie de Covid-19 a mis en lumière la pénurie d’infirmières au Canada. Avec le vieillissement de la population, le pays aura besoin de plus de préposés aux bénéficiaires, d’infirmières et d’autres professionnels de la santé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">TLa Presse canadienne/Jonathan Hayward</span></span>
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<p>Cela laisse du temps pour bien planifier une transition ordonnée et soutenir les travailleurs de l’industrie des combustibles fossiles et leurs communautés. Si nous commençons aujourd’hui, nous aurons le temps de réduire progressivement une partie de nos activités tout en développant d’autres secteurs, comme ceux des énergies renouvelables, de l’assainissement de l’environnement, des maisons efficaces sur le plan énergétique et des emplois à faible émission de CO<sub>2</sub> dans les professions à vocation sociale, notamment les soins aux personnes âgées et aux enfants, les soins de santé et l’éducation.</p>
<p>En fait, pour chaque dollar dépensé, le nombre d’emplois directs et indirects créés dans ces secteurs <a href="https://www.policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/publications/BC%20Office/2020/03/ccpa-bc_Winding-Down-BCs-Fossil-Fuel-Industries.pdf">dépasse de loin</a> ceux créés dans le domaine de l’extraction du pétrole et du gaz.</p>
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<img alt="graphique à barres montrant que les emplois créés dans l’éducation et les soins de santé sont plus nombreux que ceux créés dans les secteurs minier, pétrolier et gazier par million de dollars de production" src="https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428074/original/file-20211022-9013-1pcaxe9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Emplois directs et indirects en Colombie-Britannique par million de dollars de production. Les investissements ne se valent pas tous. Le pétrole et le gaz créent relativement peu d’emplois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Winding Down BC’s Fossil Fuel Industries, 2020/Corporate Mapping Project)</span></span>
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<p>Certaines économies seront touchées de manière disproportionnée : les provinces de l’Ouest et Terre-Neuve seront plus gravement frappées. Ces provinces, et les régions rurales, auront davantage besoin de soutien et d’attention.</p>
<h2>À quoi ressemblerait une élimination progressive ?</h2>
<p>La question de savoir ce que serait une élimination progressive et ordonnée du pétrole et du gaz fait l’objet d’un débat. C <a href="https://iris-recherche.qc.ca/blogue/environnement-ressources-et-energie/le-gouvernement-doit-coordonner-l-arret-de-l-exploitation-du-petrole-des-sables-bitumineux">ertains suggèrent que les industries devraient être nationalisées</a>, afin de mettre fin à leurs tactiques de déni et de retardement. Dans ce scénario, des sociétés d’État présideraient à la réduction progressive des activités, en commençant par fermer la production la plus coûteuse et la plus polluante, et en investissant les revenus de la production pétrolière dans l’assainissement et la remise en état des sites d’infrastructure pétrolière.</p>
<p>Au fil du temps, les entreprises publiques passeraient de l’extraction du pétrole et du gaz au nettoyage des puits de pétrole, des sites miniers et des pipelines, ce qui permettrait aux travailleurs du secteur des combustibles fossiles de conserver leur emploi en utilisant leurs compétences actuelles.</p>
<p>Une étude récente a examiné la façon dont la <a href="https://doi.org/10.1038/s41558-018-0337-0">Californie pourrait limiter la production de combustibles fossiles</a> pour réduire les émissions de dioxyde de carbone. Si l’État cessait d’approuver de nouveaux permis pour les puits de pétrole, l’épuisement naturel des puits existants ferait diminuer la production de 70 % d’ici 2030, ce qui réduirait considérablement les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète.</p>
<h2>Le gros ménage</h2>
<p>Un des plus importants défis à relever pour mettre fin aux activités de l’industrie est sans doute le nettoyage de ses infrastructures tout en veillant à ce que le public n’ait pas à en payer le prix. Les compagnies pétrolières et gazières louent souvent des terrains pour leurs infrastructures ou pour avoir accès à leurs droits miniers lorsque la surface est déjà utilisée à d’autres fins, comme de l’agriculture, de l’élevage, des parcs ou des habitations privées.</p>
<p>Dans le cadre de <a href="https://uofmpress.ca/books/detail/fault-lines">mes recherches sur les communautés rurales productrices de pétrole en Saskatchewan</a>, j’ai rencontré de nombreux propriétaires terriens mécontents, qui se retrouvaient avec des puits et des installations non remis en état, ou de petits pipelines. Ces infrastructures peuvent causer des fuites de pétrole, de gaz et d’eau salée qui risquent d’affecter les cultures, d’engendrer beaucoup de gaz à effet de serre et de contaminer les eaux de surface et souterraines.</p>
<p>Le nombre de puits inactifs – qui ne produisent pas de pétrole et qui doivent être nettoyés – a augmenté de façon vertigineuse au cours de la dernière décennie, et des <a href="https://financialpost.com/commodities/energy/unpaid-oilpatch-property-taxes-have-tripled-in-two-years-rural-municipalities-say">municipalités</a> et des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1502606/puits-orphelins-alberta-entreprises-petrole-taxes-municipales">propriétaires terriens</a> se plaignent du non-paiement des impôts fonciers et des baux de surface.</p>
<p>Selon l’<a href="https://www.aldpcoalition.com/">Alberta Liabilities Disclosure Project</a>, le passif de l’industrie albertaine se situerait entre 58 et 260 milliards de dollars. Avec seulement 1,5 milliard de dollars détenus en titres, les gouvernements doivent planifier dès maintenant la façon dont ils vont récupérer la facture de nettoyage.</p>
<p>Les gouvernements pourraient créer des fiducies de restauration, financées par l’augmentation des titres, des redevances et des taxes sur le pétrole et le gaz, qui emploieraient des travailleurs du secteur pétrolier et gazier pour nettoyer les infrastructures de l’industrie. La remise des terres en état permettrait d’ouvrir la voie pour les économies futures.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170760/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emily Eaton reçoit un financement du Conseil de recherches en sciences humaines et fait partie du Corporate Mapping Project, un projet de recherche et d'engagement public qui examine le pouvoir de l'industrie des combustibles fossiles dans l'Ouest canadien, dirigé par l'Université de Victoria, le Centre canadien de politiques alternatives (bureaux de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan) et le Parkland Institute. Elle est affiliée au Centre canadien de politiques alternatives, à SaskForward, au Treaty Land Sharing Network, et est active dans d'autres causes de justice sociale et écologique.
</span></em></p>Le Canada ne cessera pas l’exploitation de son pétrole du jour au lendemain. Les métiers spécialisés seront essentiels pour mettre fin à l’industrie et créer de nouveaux emplois.Emily Eaton, Associate professor, Department of Geography & Environmental Studies, University of ReginaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1500262020-11-13T18:02:03Z2020-11-13T18:02:03ZCe que le plan climat de Joe Biden signifie pour le Canada<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/369192/original/file-20201112-13-1ay75cv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C32%2C5347%2C3530&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Joe Biden s'exprime en conférence de presse au sujet des changements climatiques et des feux de forêt qui affectent l'Ouest américain, le 14 septembre 2020 au Delaware.</span> <span class="attribution"><span class="source">AP Photo/Patrick Semansky</span></span></figcaption></figure><p>Les mots clés ont d’abord été prononcés lors du deuxième débat présidentiel américain, le 22 octobre. Lors du segment sur les changements climatiques et l’énergie, le candidat démocrate, <a href="https://www.novethic.fr/actualite/energie/energies-fossiles/isr-rse/election-us-joe-biden-promet-l-arret-de-l-industrie-petroliere-une-fois-elu-un-coup-de-poker-a-haut-risque-149131.html">Joe Biden, a déclaré qu’une fois élu, il dirigerait une transition vers les énergies renouvelables</a> :</p>
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<p>« Je m’éloignerais graduellement de l’industrie pétrolière, oui »</p>
</blockquote>
<p>Il a également promis de supprimer les subventions fédérales à l’industrie pétrolière et de réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre des États-Unis d’ici 2050. Le président Donald Trump, flairant l’occasion de nuire à son adversaire, a appelé les électeurs de la Pennsylvanie, du Texas, de l’Oklahoma et de l’Ohio à voter contre les plans énergétiques de Biden.</p>
<p>Ce moment fort du débat a mis en évidence la nouvelle importance accordée aux changements climatiques et au programme énergétique dans la politique américaine. Le candidat démocrate, aujourd’hui président élu, s’est engagé avec enthousiasme à prendre des mesures en matière de changements climatiques et de transition énergétique. Ce qui est tout aussi important est que la position forte de Joe Biden en matière de changements climatiques ne semble pas lui avoir nui en Pennsylvanie, un État clé et, plus largement, lors des élections générales.</p>
<h2>Un plan sérieux</h2>
<p>Bien que le <a href="https://www.lesoleil.com/actualite/monde/biden-devoile-un-plan-ambitieux-pour-les-energies-renouvelables-60723de28704122c9feb74e0dde90101">plan climatique</a> de Joe Biden ne soit pas aussi ambitieux que le <em>Green New Deal</em> prôné par l’aile gauche du Parti démocrate, ses projets sont sérieux.</p>
<p>Il a appelé à une « Révolution de l’énergie propre », qui comprend des réductions obligatoires des émissions des fournisseurs d’électricité et un soutien à l’achat de véhicules électriques. Un aspect intéressant de son plan global est l’engagement de dépenser au moins 40 % des fonds dans des communautés historiquement défavorisées.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-canadiens-de-toutes-les-circonscriptions-veulent-quon-agisse-pour-le-climat-selon-une-nouvelle-etude-122996">Les Canadiens de toutes les circonscriptions veulent qu'on agisse pour le climat, selon une nouvelle étude</a>
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<p>La révolution énergétique de Biden sera toutefois limitée par plusieurs facteurs.</p>
<p>Ses efforts seront limités par l’échec des démocrates <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/11/07/le-controle-du-senat-americain-se-jouera-lors-dune-election-partielle-en-janvier">jusqu’ici, à contrôler le Sénat</a> — les deuxièmes tours des élections en Géorgie au début janvier détermineront quel parti contrôlera la Chambre — et par l’opposition continue de l’industrie des combustibles fossiles et des communautés qui en dépendent.</p>
<h2>Conséquences pour le Canada</h2>
<p>Néanmoins, on peut s’attendre à ce que le président élu aille de l’avant suivant la science du climat et en réaction aux pressions exercées par certains groupes d’intérêt, tels que les jeunes et les progressistes. Cela a des implications importantes pour le Canada et les Canadiens.</p>
<p>Les Canadiens qui espèrent que le gouvernement américain soutiendra l’expansion continue des infrastructures de transport de combustibles fossiles au Canada seront probablement déçus.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-les-electeurs-environnementalistes-il-est-difficile-daimer-les-liberaux-123329">Pour les électeurs environnementalistes, il est difficile d'aimer les libéraux</a>
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<p>Le pipeline Keystone XL en est un bon exemple. Conçu pour acheminer le pétrole brut tiré des sables bitumineux de l’Alberta vers les raffineries américaines, le pipeline n’a pas obtenu les autorisations nécessaires. Le président Barack Obama avait rejeté le projet en 2015, avant que <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1487086/trump-keystone-xl-pipeline-oleoduc-montana-tc-energy">Donald Trump ne l’approuve</a> en janvier 2020.</p>
<p>Bien que les gouvernements de l’Alberta et du Canada continuent <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1748555/pipeline-oleoduc-permis-annulation-amerique">d’appuyer le projet</a>, Joe Biden <a href="https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2020-05-18/joe-biden-promet-de-dechirer-le-projet-keystone-xl">a déclaré qu’il allait annuler</a> son autorisation réglementaire, déclarant que les États-Unis n’ont pas besoin de pétrole brut.</p>
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<img alt="Des gens tiennent des pancartes lors d’une manifestation" src="https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369171/original/file-20201112-15-ypxjfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des opposants à l’oléoduc Keystone XL du Canada manifestent malgré le temps froid en octobre 2019, à Billings, au Montana.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AP/Matthew Brown</span></span>
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<p>Politiquement, c’est un geste relativement inoffensif pour Joe Biden et qui lui permet de redorer le blason des États-Unis en matière de changements climatiques. Les positions du gouvernement canadien et de l’industrie pétrolière sur la nécessité de construire davantage de pipelines deviennent difficiles à défendre.</p>
<h2>Plus de concurrence</h2>
<p>Une deuxième conséquence est que l’industrie canadienne peut s’attendre à une plus grande concurrence de la part d’entreprises américaines qui vont innover en matière de changements climatiques et développer des technologies et des produits écoénergétiques. La question est de savoir si l’industrie canadienne sera à la hauteur du défi et recevra un soutien gouvernemental adéquat.</p>
<p>Certains indices montrent que même les politiciens les moins pro-environnement commencent lentement à reconnaître l’urgence de prendre des mesures en faveur du climat. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui avait a pourtant <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1360293/doug-ford-contestation-lutte-taxe-carbone-poursuite">mené une campagne vigoureuse contre toute forme de taxe sur le carbone</a> et annulé les mesures de soutien aux énergies renouvelables, a <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1739654/ford-oakville-federal-ontario-investissement-automobile">investi 295 millions de dollars dans une usine de Ford</a> pour appuyer la fabrication de véhicules électriques.</p>
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<img alt="Justin Trudeau parle lors d’une conférence de presse tandis que Doug Ford apparaît sur un écran à côté de lui." src="https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369173/original/file-20201112-21-ey3lfc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le premier ministre Justin Trudeau participe à une conférence de presse au Centre de connectivité et d’innovation Ford à Ottawa, en octobre 2020, accompagné virtuellement depuis Oakville par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick</span></span>
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</figure>
<p>Cette prise de conscience des importantes opportunités économiques offertes par les technologies vertes ouvre la voie à un débat plus factuel sur la manière dont les politiques publiques peuvent soutenir à la fois une économie verte et la croissance économique.</p>
<h2>Gérer la transition énergétique</h2>
<p>Une troisième conséquence est que le Canada devra aborder plus sérieusement <a href="https://fr.davidsuzuki.org/projet/en-charge/">l’enjeu de la gestion de la transition énergétique</a> vers les énergies renouvelables, comme Biden s’engage à le faire au sud de la frontière.</p>
<p>La transition est en cours. La question est de savoir si le Canada va en profiter pour diminuer ses gaz à effet de serre aussi, ou s’il va rendre cette transition plus difficile en retardant les décisions et en continuant de subventionner la production de combustibles fossiles et l’emploi dans ce secteur.</p>
<p>La transition énergétique est un défi auquel tous les pays sont confrontés, mais elle sera particulièrement difficile au Canada, où une grande partie de l’économie et plusieurs régions du pays sont fortement dépendantes de l’exploitation des combustibles fossiles.</p>
<p>L’aide aux communautés et aux industries touchées est vitale, mais pour l’instant, de nombreux politiciens sont plus à l’aise pour nier la nécessité et le caractère inévitable des changements à venir.</p>
<h2>S’inspirer du plan Biden</h2>
<p>Une dernière implication est que les programmes conçus pour aider les Canadiens à adopter les énergies propres devraient s’inspirer du plan Biden et <a href="https://www.policyalternatives.ca/publications/reports/who-is-included-just-transition">prioriser l’aide aux communautés historiquement désavantagées</a> par l’industrialisation et le développement des combustibles fossiles.</p>
<p>Les communautés autochtones qui ont été marginalisées et lésées par l’exploitation des ressources naturelles, ainsi que les communautés radicalisées et pauvres exposées à des risques environnementaux, doivent être considérées dans les investissements en énergie propre.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des gens marchent dans une forêt." src="https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369179/original/file-20201112-21-hwfxjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des gens font une pause lors d’une visite guidée en août 2020 dans une zone forestière le long de la rivière Brunette, où des arbres doivent être abattus dans le cadre de l’expansion du pipeline Trans Mountain, en Colombie-Britannique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck</span></span>
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</figure>
<p>Le président américain élu s’est engagé à agir sur la question des changements climatiques. Des membres importants de son équipe sont également convaincus qu’il doit superviser la transition vers les énergies renouvelables. Tout aussi important : ses politiques s’appuient <a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">sur les preuves scientifiques</a> et reflètent l’urgence de prendre des mesures de réduction des gaz à effet de serre pour éviter de graves conséquences économiques et sociales.</p>
<p>Le Canada peut-il suivre l’exemple des États-Unis ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/150026/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Robert O'Brien a reçu un financement du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH). Il est membre du Parti Vert.</span></em></p>Joe Biden a pris des engagements fermes en matière de changements climatiques, ce qui ne semble pas lui avoir nui dans certains États clés. Voici ce que cela signifie pour le Canada.Robert O'Brien, Professor of Political Science, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1441602020-08-19T14:35:48Z2020-08-19T14:35:48ZDes scientifiques ont intentionnellement déversé du pétrole dans un lac canadien<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/353015/original/file-20200814-22-1r1mhe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le pétrole est aspiré d’un ruisseau près de la rivière Kalamazoo dans le Michigan, en juillet 2010.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Paul Sancya)</span></span></figcaption></figure><p>Le Canada possède la <a href="https://www.capp.ca/fr/energie/les-sources-denergie-canadiennes/">troisième plus grande réserve de pétrole</a> au monde. La majeure partie se trouve dans les sables bitumineux de l’Alberta, où l’on extrait du bitume, un pétrole brut ayant la consistance du beurre d’arachide.</p>
<p>Pour que le bitume puisse couler dans les oléoducs, les ingénieurs pétroliers lui ajoutent des composants plus légers — généralement des sous-produits de la production de gaz naturel — pour le diluer et le liquéfier. Ce mélange est appelé « bitume dilué ».</p>
<p>L’Alberta est une province enclavée. Pour atteindre les raffineries et le marché international, le pétrole est transporté par un réseau d’oléoducs et de chemins de fer sur de vastes étendues de terre, parsemées de lacs, de rivières et de zones humides.</p>
<p>Cependant, les oléoducs peuvent rompre ou avoir des fuites, et répandre alors leur contenu dans l’environnement. En juillet 2010, à Marshall, au Michigan, un oléoduc de la compagnie Enbridge <a href="https://www.quebecscience.qc.ca/environnement/la-lecon-de-kalamazoo/">a répandu au moins trois millions de litres de bitume dilué</a> dans la rivière Kalamazoo, dont 680 000 litres auraient coulé au fond.</p>
<p>Les problèmes de déversement dans les eaux intérieures ne sont pas nouveaux. Ils sont <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1539-6924.2012.01813.x">plus fréquents que ceux qui se produisent en mer</a>, mais ils passent souvent sous le radar. En général, nous connaissons beaucoup moins les effets des déversements dans des écosystèmes d’eau douce que dans les océans et, <a href="https://www.rsc-src.ca/sites/default/files/OIW%20Report_1.pdf">lorsqu’il s’agit de bitume dilué</a>, nous en savons encore moins.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351393/original/file-20200805-356-1njhtah.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une libellule adulte coincée dans la nappe superficielle de bitume dilué provenant d’un déversement de pétrole expérimental contrôlé qui a été effectué au cours de l’été 2018 dans un lac boréal du Nord-Ouest de l’Ontario.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jeffrey Cederwall</span></span>
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</figure>
<p>À des fins de recherche, notre équipe a versé du bitume dilué dans des mini-lacs afin de découvrir ce qu’il advient dans la réalité du pétrole et quel est son impact sur la vie aquatique.</p>
<h2>Reconstituer un déversement en eau douce</h2>
<p>Nous avons créé des mini-lacs en remplissant des réservoirs de 1 400 litres de sédiments lacustres, d’eau et de plancton microscopique récupéré dans un lac du bouclier boréal canadien. Nous avons ensuite déversé un faible volume de bitume dilué — moins de deux litres — dans ce faux lac.</p>
<p>Nous avons laissé les réservoirs exposés à la lumière du soleil, aux changements de température et aux intempéries tout en observant la viscosité et la densité de la nappe de pétrole à la surface de l’eau. Ces paramètres sont importants pour comprendre à quel moment le pétrole risque de couler et comment le nettoyer. Nous avons également analysé le pétrole sous la surface, sa composition chimique et son impact sur le plancton qui y vit.</p>
<p>Le pétrole brut flotte parce qu’il est moins dense que l’eau, ce qui permet de l’écumer à la surface de l’eau. Mais cela ne fonctionne pas toujours pour le pétrole brut lourd.</p>
<p>Le bitume dilué peut couler dans certaines conditions, comme lorsqu’il est dans une rivière turbulente avec beaucoup de sédiments et d’autres particules en suspension. Ces particules peuvent se lier au pétrole et le rendre plus dense, comme cela s’est produit dans la rivière Kalamazoo en 2010.</p>
<p>Des recherches antérieures effectuées avec des réservoirs à vagues ont conclu que le <a href="https://www.ceaa-acee.gc.ca/050/documents/p21799/85785E.pdf">bitume dilué ne coulerait pas</a> dans un lac. D’autres études en éprouvettes ont montré <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0045653517317411?via%3Dihub">qu’il pouvait couler</a>, mais seulement s’il était vigoureusement mélangé à beaucoup plus de sédiments en suspension que ce que l’on trouve habituellement dans la nature.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1002/etc.4600">Notre étude</a> a démontré qu’en un jour, le bitume dilué pouvait devenir trop visqueux pour que les méthodes de nettoyage conventionnelles soient efficaces. Lorsqu’il a plu, huit jours après notre déversement expérimental, les nappes se sont séparées et environ la moitié des hydrocarbures a coulé dans les sédiments des mini-lacs.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=203&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=203&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=203&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351416/original/file-20200805-22-vlugtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comparaison de la nappe de surface de bitume dilué au jour 0 (à gauche) et au jour 8 (à droite). À gauche : le bitume dilué forme au départ une couche lisse sur la surface de l’eau. À droite : au fil du temps, la couche s’épaissit, développe une croûte de surface et change de couleur. Après de fortes pluies, environ la moitié du pétrole a coulé au fond.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BOREAL Study 2017</span></span>
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</figure>
<p>Comparaison de la nappe de surface de bitume dilué au jour 0 (à gauche) et au jour 8 (à droite). À gauche : le bitume dilué forme au départ une couche lisse sur la surface de l’eau. À droite : au fil du temps, la couche s’épaissit, développe une croûte de surface et change de couleur. Après de fortes pluies, environ la moitié du pétrole a coulé au fond.</p>
<h2>En cas de déversement ?</h2>
<p>Après un déversement de pétrole dans l’eau, les équipes de nettoyage utilisent des barrages flottants, des écrémeurs et parfois même du feu pour retirer la substance polluante de la surface de l’eau. Rien de tout cela n’est possible si le pétrole coule.</p>
<p>Dans ce cas, il faut déterrer le pétrole et les sédiments submergés. Cette méthode invasive est à la fois coûteuse et nocive pour l’écosystème, car elle risque d’éliminer des communautés entières vivant dans les sédiments et remettre les hydrocarbures en suspension dans la colonne d’eau. Une fois que le pétrole n’est plus en surface, cela <a href="https://insideclimatenews.org/news/20120626/dilbit-diluted-bitumen-enbridge-kalamazoo-river-marshall-michigan-oil-spill-6b-pipeline-epa">augmente considérablement les coûts</a> et la durée du nettoyage et réduit les possibilités de récupération.</p>
<p>Si le bitume déversé devient trop visqueux, les écrémeurs classiques ne fonctionnent pas bien, mais s’il devient trop dense, il coule.</p>
<p>Nos résultats montrent que le bitume dilué finit par couler dans l’eau après un certain temps et soulignent la nécessité de prendre en compte différents scénarios météorologiques dans l’évaluation des risques.</p>
<h2>La vie sous une nappe de pétrole</h2>
<p>Le plancton est un groupe d’organismes microscopiques qui constituent la base des chaînes alimentaires marines. Ils sont très sensibles aux changements environnementaux, tels qu’un déversement de pétrole, ce qui en fait un groupe intéressant à étudier.</p>
<p><a href="https://www.nrcresearchpress.com/doi/10.1139/cjfas-2019-0224#.XzbN8OhKjIU">Nous avons constaté</a> que les déversements de bitume dilué réduisent la quantité globale de zooplancton et d’algues dans l’eau, mais les espèces ne sont pas toutes touchées au même degré.</p>
<p>Certaines espèces d’algues ont montré des signes de rétablissement une fois que le pétrole a coulé au fond, alors que le zooplancton a paru plus affecté à long terme. Comme les gros zooplanctons constituent un aliment important pour les poissons, si leur nombre diminue sur une période prolongée, les poissons risquent de mourir de faim. Notre étude initiale a duré 11 jours, nous ne savons donc pas si ce serait le cas.</p>
<p>En revanche, l’abondance bactérienne a augmenté suite au déversement. La composition de la communauté bactérienne s’est modifiée pour inclure davantage de microbes qui dégradent le pétrole, ce qui peut atténuer l’impact des hydrocarbures résiduels.</p>
<p>C’est un phénomène qu’on a observé dans l’océan. Après une marée noire, il est fréquent d’<a href="https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/developpement-durable-petrole-bp-englouti-bacteries-24926/">assister à une prolifération de microbes dévoreurs de pétrole</a>.</p>
<p>La dégradation du pétrole par des bactéries est une voie intéressante pour la dépollution à la suite d’un déversement, mais il ne s’agit probablement pas d’une solution miracle, en particulier pour du pétrole lourd comme le bitume dilué. Après un déversement de bitume, la plupart des composés pétroliers lourds ne seront sans doute pas dégradés, car les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X15001939?via%3Dihub">microbes mangeurs de pétrole préfèrent</a> des hydrocarbures légers et accessibles.</p>
<h2>La recherche en cours</h2>
<p>Nous savons que les déversements en eau douce peuvent avoir différentes incidences sur le nettoyage et qu’ils risquent d’affecter considérablement la vie aquatique à court terme, mais il nous reste à comprendre les impacts à long terme du bitume dilué dans divers milieux et en différentes quantités.</p>
<p>En 2018, nous avons mené une vaste étude en utilisant des enclos dans la <a href="https://www.northernpolicy.ca/iidd">région des lacs expérimentaux de l’IIDD</a>, une installation de recherche du nord-ouest de l’Ontario qui est reconnue mondialement pour ses expériences dans des lacs. Les recherches qu’on y a menées ont influencé les politiques sur la qualité de l’eau, comme pour les pluies acides et les phosphates, en fournissant des résultats plus précis que ceux obtenus en éprouvette.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351384/original/file-20200805-24-1vbd26f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des chercheurs ajoutent du bitume dilué dans un grand enclos dans le lac 260 de la région des lacs expérimentaux de l’IIDD en 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jose Luis Rodriguez-Gil</span></span>
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<p>Cependant, pour cette étude, nous ne nous sommes pas contentés de répandre du bitume dilué dans un lac entier. Grâce à de grands enclos, nous avons créé <a href="https://www.bbc.com/future/article/20180625-the-oil-spill-experiment-in-a-canada-lake">sept déversements</a> de tailles différentes, tout en utilisant plusieurs mesures de rétention du pétrole pour éviter qu’une expérience ne se transforme en grave accident.</p>
<p>L’été dernier, une <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-slick-science-how-researchers-are-preparing-for-canadas-next-major/">étude de suivi</a> a permis, grâce à ce type d’enclos, d’évaluer différentes options de nettoyage d’hydrocarbures dans un lac afin de déterminer quelles méthodes fonctionnent le mieux. Les résultats de ces études contribueront à évaluer les risques d’un déversement de bitume dilué, à planifier les méthodes de nettoyage et les politiques environnementales et, espérons-le, à atténuer les effets de déversements futurs.</p>
<p>Personne ne veut d’une marée noire dans son jardin, mais recréer ces catastrophes par de petits déversements contrôlés est peut-être la meilleure façon de les comprendre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144160/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jeffrey Cederwall reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) dans le cadre du programme LEADERS-CREATE : Program for Leaders in Water and Watershed Sustainability. Cette recherche a été menée dans le cadre de l'étude BOREAL (Boreal-lake Oil Release Experiments by Additions to Limnocorrals) financée par une subvention de partenariat stratégique du CRSNG accordée à Jules Blais (uOttawa), Mark Hanson (uManitoba) et Diane Orihel (Queen'sU). La recherche a également été financée par une subvention et des contributions en nature d'Environnement et changements climatiques Canada dans le cadre du Plan de protection des océans, des contributions en nature de Pêches et Océans Canada, du Conseil national de recherches du Canada et de l'IIDD - Région des lacs expérimentaux, ainsi qu'une subvention de démarrage de recherche de la Queen's University accordée à Diane Orihel.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sawyer Stoyanovich reçoit un financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Cette recherche a été menée dans le cadre de l'étude BOREAL (Boreal-lake Oil Release Experiments by Additions to Limnocorrals) financée par une subvention de partenariat stratégique du CRSNG accordée à Jules Blais (uOttawa), Mark Hanson (uManitoba) et Diane Orihel (Queen'sU). La recherche a également été financée par une subvention et des contributions en nature d'Environnement et changements climatiques Canada dans le cadre du Plan de protection des océans, des contributions en nature de Pêches et Océans Canada, du Conseil national de recherches du Canada et de l'IIDD - Région des lacs expérimentaux.
</span></em></p>Personne ne veut d’une marée noire dans son jardin. Mais pour comprendre le sort et les effets réels du bitume dilué – un produit des sables bitumineux – c’est ce que certains scientifiques ont fait.Jeffrey Cederwall, PhD Student in Biology, Queen's University, OntarioSawyer Stoyanovich, PhD Candidate in Biology, Spec in Chemical and Environmental Toxicology, L’Université d’Ottawa/University of OttawaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.