tag:theconversation.com,2011:/global/topics/sante-mentale-22629/articlessanté mentale – The Conversation2024-03-26T11:24:12Ztag:theconversation.com,2011:article/2239232024-03-26T11:24:12Z2024-03-26T11:24:12ZRéseaux sociaux : quels usages favorisent le bien-être ?<p>Les <a href="https://theconversation.com/fr/search?q=r%C3%A9seaux+sociaux+">réseaux sociaux</a> ont « un impact sur le développement affectif, sensoriel, cognitif d’un enfant ». <a href="https://theconversation.com/faut-il-avoir-peur-des-ecrans-retour-sur-une-annonce-presidentielle-224456">Ces paroles sont celles du président Emmanuel Macron</a> qui appelle à mettre en œuvre des recommandations pour « le bon usage des écrans […] parce qu’il en va de l’avenir de nos sociétés et de nos démocraties ».</p>
<h2>Quel impact psychologique de l’excès de médias numériques ?</h2>
<p>Mais comment éduquer les enfants si les parents sont eux-mêmes très souvent devant des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ecrans-52265">écrans</a> ? Cette question est d’autant plus importante que des recherches ont montré que <a href="https://theconversation.com/mobile-deprime-et-e-anxiete-quand-les-reseaux-sociaux-nous-rendent-malades-84986">nombres d’usages des écrans, et surtout des réseaux sociaux, sont également liés à des problèmes psychologiques chez les adultes</a> et ce, sans même que les utilisateurs aient conscience de ces liens.</p>
<p>Mais il y a une bonne nouvelle : on peut se protéger de ces problèmes et les <a href="https://www.dunod.com/connectes-et-heureux-du-stress-digital-au-bien-etre-numerique-du-stress-digital-au-bien-etre">solutions</a> ne passent pas nécessairement par la diminution du temps d’écran.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>D’une manière globale, des études sur de larges populations montrent que plus on utilise les médias numériques (smartphones, Internet, réseaux sociaux, jeux vidéo…) et plus on est susceptible de souffrir de problèmes psychologiques (émotions négatives, anxiété, symptômes dépressifs…).</p>
<p>Les récentes recherches montrent que si les liens entre les utilisations de ces médias et l’altération du bien-être sont significatifs, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33187873">l’ampleur n’est tout de même pas très élevée</a>.</p>
<p>Par exemple, chez les adolescents, jusqu’à présent, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2167702621994549">écrans ne causeraient pas le « tsunami délétère »</a> que certains annoncent parfois.</p>
<p>Cependant, ces résultats globaux masquent de grandes différences entre individus, certains seraient plus touchés que d’autres. Analysons les deux grands processus impliqués dans les états affectifs négatifs et les altérations du bien-être.</p>
<h2>Se comparer sur les réseaux présente des effets délétères</h2>
<p>Dans notre vie, se comparer aux autres est un besoin social fondamental qui permet d’obtenir des informations sur soi, de s’autoévaluer et de construire son identité sociale.</p>
<p>Si ce processus, normal, est souvent mis en œuvre de manière automatique, c’est-à-dire non intentionnelle et non consciente dans notre vie quotidienne, il est <a href="https://econtent.hogrefe.com/doi/full/10.1027/1864-1105/a000304">mis en œuvre de la même manière sur les réseaux sociaux</a>. Toutefois, sur les réseaux, chacun essaye de présenter l’image de soi et ses activités d’une manière fortement valorisée. Les photos sont, par exemple, judicieusement construites et travaillées dans ce but.</p>
<p>Nombreuses sont alors les comparaisons en notre défaveur : à partir de son profil et de ses posts, nous allons considérer que telle personne, que nous connaissons plus ou moins, est « mieux que nous » (sur le plan physique, sur le plan de ses compétences dans la vie…) ou a « une plus belle vie que la nôtre ».</p>
<p>Ainsi, comme notre image de soi et notre estime personnelle est construite à la suite de nos interactions avec les autres, ces comparaisons dites ascendantes, peuvent altérer notre propre image et <a href="https://psycnet.apa.org/record/2016-45315-074">augmenteraient tristesse et mal-être</a>.</p>
<h2>Attention aussi aux situations de vulnérabilité accrue !</h2>
<p>Dans le processus de comparaison, les récentes recherches montrent que nous sommes différents les uns des autres. Examinons quelques cas où les personnes se comparent plus que les autres sur les réseaux sociaux, ce qui les rend plus vulnérables aux problèmes psychologiques.</p>
<p>En effet, il faut savoir que certains individus ressentent davantage, dans leur vie, le besoin de se comparer aux autres. Ils vont alors, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0144929X.2018.1545049">bien plus souvent que les autres, se comparer sur les réseaux sociaux</a> et ce, sans même qu’ils en aient conscience.</p>
<p>D’autre part, certaines personnes sont plus « matérialistes » que d’autres (les matérialistes pensent que le bonheur réside dans la possession matérielle). Globalement, elles passent plus de temps sur les réseaux sociaux que les personnes « non matérialistes ». Dans les informations qu’elles postent, elles affichent plus souvent que les autres les biens qu’elles possèdent et vont fortement se comparer pour entrer « en compétition » avec les autres et tenter de les surpasser. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0747563217300687">Les conséquences sont souvent délétères pour elles</a>.</p>
<p>On sait également que les personnes qui n’ont pas une bonne image d’elles-mêmes, plutôt anxieuses, timides et hypersensibles sont également fortement sensibles aux comparaisons sociales.</p>
<p>Sur les réseaux sociaux, des <a href="https://econtent.hogrefe.com/doi/full/10.1027/1864-1105/a000304">études</a> ont montré qu’elles utilisent des stratégies de présentation de soi plus valorisantes afin de diminuer l’angoisse sociale et d’accroître leur estime de soi.</p>
<p>Ces personnes sont également plus sensibles aux commentaires des autres qui, s’ils sont positifs, les rassurent quant à leur appartenance à des groupes sociaux et à leur identité sociale. À l’inverse, des commentaires négatifs altèrent facilement leur bien-être.</p>
<p>D’autres recherches ont également montré que plus les personnes présentent des <a href="https://psycnet.apa.org/record/2024-29223-001">symptômes dépressifs</a>, plus elles se comparent aux autres. Elles entrent ensuite dans un cercle vicieux : plus elles se comparent et plus cela augmente leurs symptômes dépressifs initiaux.</p>
<h2>Développer son intelligence numérique plutôt que diminuer son temps d’écran</h2>
<p>On comprendra, dès lors, qu’une première solution n’est pas de diminuer le temps d’écran mais davantage de modifier la manière d’utiliser les médias numériques et notamment les réseaux sociaux. Globalement, le défi pour l’être humain aujourd’hui est de mieux s’adapter à ce nouvel environnement digital en développant une nouvelle forme d’intelligence : l’intelligence numérique.</p>
<p><a href="https://www.dunod.com/connectes-et-heureux-du-stress-digital-au-bien-etre-numerique-du-stress-digital-au-bien-etre">Celle-ci est définie</a> comme la capacité à bien s’adapter, grâce à des procédures mentales spécifiques, à un environnement numérique en mutation permanente et à interagir de manière optimale avec cet environnement pour satisfaire nos besoins psychologiques, et sociaux. Et ce, tout en préservant, voire en améliorant notre santé physique et mentale.</p>
<p>Ainsi, une fois que l’usager prend conscience du processus de comparaison à l’œuvre sur les réseaux sociaux, il peut mettre en place des « stratégies cognitives » conscientes pour corriger les conséquences potentiellement délétères pour lui.</p>
<p>Il peut par exemple chercher, d’une part, à diminuer le temps qu’il passe à regarder les infos que les autres postent sur eux-mêmes pour se valoriser, et d’autre part, se construire un “beau profil” et poster des informations sur lui-même dont il pourra être fier, aussi bien sur un plan personnel que social. En effet, <a href="https://www.liebertpub.com/doi/abs/10.1089/cyber.2009.0411">poster des informations valorisantes pour soi contribue à améliorer son estime personnelle</a>.</p>
<h2>Des « usages passifs » qui nuisent aux relations avec nos proches</h2>
<p>Le deuxième processus impliqué dans les états affectifs négatifs et l’altération du bien-être concerne les relations que nous entretenons sur les réseaux sociaux avec nos proches, c’est-à-dire les personnes psychologiquement et socialement importantes pour nous (famille, amis chers).</p>
<p>Les <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/developpement-personnel/ces-liens-qui-nous-font-vivre_9782415003685.php">récentes recherches</a> montrent que le bien-être dépend avant tout des relations positives et chaleureuses que nous établissons avec nos proches.</p>
<p>Or, de <a href="https://academic.oup.com/jcmc/article/24/5/259/5583692">nombreuses pratiques sur Internet</a> nuisent à ses relations si précieuses pour nous. C’est notamment le cas des jeux vidéo qui se jouent seul ou avec des inconnus en ligne. De même, lorsque nous passons du temps à naviguer sur les réseaux sociaux simplement pour lire ou regarder les posts ou vidéos mis en ligne par des individus que nous ne connaissons pas ou peu. C’est ce que les chercheurs nomment les « usages passifs ». Autant de temps non consacré à interagir avec nos proches.</p>
<h2>Émoticônes, vocaux et autres modes de partage positifs</h2>
<p>À l’inverse, toutes les pratiques qui favorisent les relations sociales et affectives avec les proches comme des appels téléphoniques, les messages vocaux (entendre la voix d’un proche aimé apporte des émotions positives) ou écrits (les émoticônes affectivement chargés transmettent « de bonnes émotions »).</p>
<p>Pour être précis, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/09637214211053637">relations qui accroissent le plus le bien-être</a> sont celles qui, d’une part, sont perçues comme réciproques, chacun montrant de l’intérêt pour l’autre, et, d’autre part, sont perçues comme véritablement chaleureuses.</p>
<p>De même, les vidéos et les divertissements sont bénéfiques lorsqu’ils favorisent l’interaction avec les proches en permettant de vivre des expériences socio-émotionnelles positives qui rapprochent affectivement.</p>
<p>Par exemple, lorsque les divertissements sont regardés ensemble en présentiel, offrant alors des moments de partages sociaux agréables lors desquels, par exemple, on rit ensemble, ou lorsqu’ils font l’objet d’un partage en ligne où on sait que nous allons surprendre ou faire rire nos proches, par écrans interposés.</p>
<p>Enfin, n’oublions pas que les médias numériques facilitent également les rencontres en présentiel (sorties, soirées…) avec les proches. Ainsi, s’ils sont bien utilisés, les médias numériques sont bénéfiques pour le bien-être, nous donnent le sentiment que nous sommes bien intégrés socialement et favorisent les relations affectives chaleureuses avec ceux que nous apprécions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Didier Courbet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Poster des informations qui nous valorisent plutôt que de se comparer les uns aux autres ou encore privilégier les moments de partage… Quand le bon usage des réseaux sociaux favorise le bien-être.Didier Courbet, Professeur et Chercheur en Sciences de la Communication, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2204642024-02-07T13:35:54Z2024-02-07T13:35:54ZSept conseils pratiques pour les parents vivant avec un TDAH<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567621/original/file-20231218-29-ec0niw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C70%2C6669%2C4386&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les parents atteints de TDAH peuvent rencontrer des défis, mais ils ont aussi des avantages lorsqu'ils éduquent des enfants eux-mêmes atteints de ce trouble.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les parents atteints de TDAH peuvent vivre des difficultés, mais avoir aussi certaines forces, en particulier lorsque leur enfant en est également atteint. Ainsi, ils pourraient faire preuve de plus d’empathie et de tolérance à l’égard des problèmes de leur enfant et mieux jouer avec lui.</p>
<p>Il arrive souvent que le trouble du déficit de l’attention (TDAH), avec ou sans hyperactivité, ne soit pas diagnostiqué chez les adultes, mais il a une incidence considérable sur la vie familiale si les parents en souffrent.</p>
<p>Un parent avec TDAH peut avoir du mal à gérer son temps et à se concentrer. Même s’il semble avoir la situation bien en main, sa vie quotidienne peut être chaotique, avec des rendez-vous manqués, de la difficulté à se souvenir des règles et à les faire respecter à la maison, ou à s’acquitter de ses responsabilités.</p>
<p>Lorsqu’il est stressé, un parent atteint de TDAH peut vivre des moments de frustration et de colère en réponse à des provocations mineures. Ces difficultés émotionnelles engendrent dans certains cas des réactions brutales à l’égard de son enfant, que le parent peut regretter par la suite.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/tdah-chez-ladulte-le-difficile-diagnostic-et-la-vie-avec-ce-trouble-163220">TDAH chez l’adulte : le difficile diagnostic – et la vie avec ce trouble</a>
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<h2>Comprendre le TDAH chez l’adulte</h2>
<p>Le TDAH comporte différents types d’inattention (oubli, difficulté à rester concentré), d’hyperactivité (bougeotte, agitation) et d’impulsivité (interruption de conversations ou prise de parole maladroite). Comme le <a href="https://doi.org/10.1017/S0033291713002493">TDAH est fortement héréditaire</a>, il est très probable que des parents qui en sont atteints aient un enfant qui l’est aussi.</p>
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<img alt="Un homme, une femme et deux enfants lisant un livre ensemble" src="https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/566385/original/file-20231218-19-776d0i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les symptômes de TDAH des parents ne semblent pas avoir d’incidence sur leur capacité à être affectueux, attentifs et aimants avec leurs enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>On estime que <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2023.07.071">8 % des enfants souffrent de TDAH</a>, alors que seulement <a href="https://doi.org/10.7189%2Fjogh.11.04009">3 % des adultes répondent aux critères de ce trouble</a>. Cette différence peut s’expliquer par le fait que les symptômes s’atténuent avec l’âge, en particulier ceux <a href="https://doi.org/10.1007/s00787-018-1258-1">d’hyperactivité et d’impulsivité</a>.</p>
<p>Bien que certaines personnes ne répondent plus aux critères de diagnostic du TDAH à l’âge adulte, elles peuvent encore avoir des difficultés importantes dans leur vie. Par exemple, <a href="https://doi.org/10.1192/bjp.2018.97">leur santé physique et leur situation socio-économique sont souvent moins bonnes que celles des personnes qui n’ont pas d’antécédents de TDAH</a>.</p>
<p>Cependant, la recherche a montré que, depuis une dizaine d’années, on remarque une <a href="https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2019.14344">hausse des diagnostics de TDAH chez l’adulte</a>, peut-être en raison d’une plus grande <a href="https://doi.org/10.1093/ije/dyt261">connaissance du TDAH</a> ou du fait qu’il soit plus facile d’obtenir une évaluation clinique. Selon des récits anecdotiques, il arrive souvent que les parents se rendent compte de leurs symptômes de TDAH au moment où ils vont <a href="https://www.additudemag.com/adhd-parent-child-diagnosis-stories/">chercher de l’aide pour leur enfant</a></p>
<h2>Effets du TDAH sur l’éducation des enfants</h2>
<p>La transmission héréditaire du TDAH a des répercussions importantes, car elle peut influencer la façon dont les parents interagissent avec leurs enfants. <a href="https://doi.org/10.1016/j.cpr.2017.05.003">Des recherches</a> ont montré que les symptômes du TDAH chez les parents sont associés à des comportements plus sévères (par exemple, crier après un enfant, réagir de manière excessive et le punir sévèrement) et à des pratiques plus laxistes (par exemple, avoir une discipline incohérente ou de la difficulté à instaurer des limites).</p>
<p>Cela semble compatible avec les symptômes du TDAH, notamment les problèmes liés à l’oubli et à l’impulsivité. Les personnes atteintes de TDAH <a href="https://doi.org/10.1007/s11920-019-1003-6">ont souvent du mal à réguler les émotions intenses</a>. Ces symptômes réunis peuvent faire qu’il est plus difficile pour les parents de rester calmes et constants lorsqu’ils interagissent avec leur enfant.</p>
<p>Toutefois, des <a href="https://doi.org/10.1016/j.cpr.2017.05.003">études</a> montrent également que les symptômes du TDAH chez les parents ne semblent pas avoir d’incidence sur leur capacité à être affectueux, attentifs et aimants.</p>
<p>D’autres recherches indiquent qu’il existe une <a href="https://doi.org/10.1080/15374416.2016.1169538">« adéquation de similarité »</a> (similarity fit) lorsque le parent et l’enfant sont atteints de TDAH. Dans ces familles, les parents TDAH peuvent faire preuve de plus d’empathie et de tolérance à l’égard des difficultés de leur enfant et être en mesure de mieux jouer avec lui parce qu’ils peuvent suivre la cadence de son jeu.</p>
<h2>Stratégies pratiques pour les parents TDAH</h2>
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<img alt="Une femme et un enfant sur un canapé dans le bureau d’un thérapeute, avec un thérapeute vu de dos" src="https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/566384/original/file-20231218-15-hhu5h5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il peut être bon de demander de l’aide pour ses symptômes de TDAH.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Élever un enfant avec un TDAH peut s’avérer complexe. Celui-ci bénéficie souvent de stratégies précises, telles que l’établissement de règles claires et de limites cohérentes, l’utilisation d’un système qui récompense les comportements appropriés et le fait de passer beaucoup de temps de qualité avec ses parents. Ces stratégies <a href="https://doi.org/10.1521/adhd.2019.27.3.1">peuvent être difficiles à maintenir pour les parents qui ont un TDAH</a>.</p>
<p>Voici quelques stratégies pratiques qui pourraient être utiles aux parents qui souffrent de TDAH ou qui pensent en souffrir :</p>
<p><strong>1. Rechercher l’aide d’un professionnel pour les symptômes de TDAH.</strong></p>
<p>Si un parent croit avoir un TDAH, mais n’a pas de diagnostic, il peut consulter un professionnel de la santé. Les médecins de famille et les psychiatres peuvent proposer des médicaments, tandis que les psychologues peuvent offrir une thérapie cognitivo-comportementale, un <a href="https://div12.org/treatment/cognitive-behavioral-therapy-for-adult-adhd/">traitement très efficace pour le TDAH chez l’adulte</a>.</p>
<p><strong>2. Demander du soutien pour des questions particulières liées à l’éducation des enfants</strong></p>
<p>Il existe des cours gratuits en ligne qui s’appuient sur des recherches, comme <a href="https://www.ulaval.ca/etudes/mooc-formation-en-ligne-ouverte-a-tous/le-point-sur-le-tdah-comprendre-et-soutiller-pour-mieux-accompagner-nos-jeunes-a-la-maison">celui-ci</a>, et <a href="https://familyman.movember.com/en-au/">celui-là</a> qui est spécialement conçu pour les pères (bien que les mères et d’autres personnes responsables d’un enfant soient également les bienvenues !)</p>
<p>Les psychologues cliniciens et les travailleurs sociaux spécialisés dans le travail avec les enfants et les adolescents, ainsi qu’avec leurs parents, constituent une autre ressource. Il peut être intéressant de chercher une personne qui propose une <a href="https://effectivechildtherapy.org/concerns-symptoms-disorders/disorders/inattention-and-hyperactivity-adhd/">formation comportementale destinée aux parents, un traitement fondé sur des données probantes pour le TDAH chez l’enfant</a>.</p>
<p>Il est conseillé de signaler au thérapeute que l’on présente également de symptômes de TDAH. <a href="https://doi.org/10.1521/adhd.2019.27.3.1">Certaines études montrent</a> que des ajustements – que ce soit pour la cadence (en se concentrant sur un seul aspect par séance, en s’assurant de faire beaucoup de répétitions, etc.), l’ajout d’exercices ou d’une thérapie avec groupe de soutien – peuvent être utiles pour les parents TDAH.</p>
<h2>3. Pratiquer la bienveillance envers soi-même</h2>
<p>Le TDAH affecte certaines zones du cerveau et, rappelons-le, il est hautement héréditaire. Ce n’est pas son éducation ou les gestes de son parent qui causent le TDAH d’un enfant.</p>
<p>Il n’est pas facile d’être parent, et ce l’est encore moins si l’on présente des symptômes de TDAH ou que son enfant en souffre. C’est tout à fait naturel que la situation paraisse parfois ingérable ! Il est normal d’avoir des émotions négatives et de demander le soutien de sa famille et de ses amis lorsque possible.</p>
<p>En travaillant (avec ou sans aide professionnelle) à l’élaboration de techniques d’adaptation, un parent donne à son enfant l’occasion d’observer et d’apprendre par l’exemple.</p>
<p><strong>4. Utiliser des outils organisationnels pour gérer les symptômes du TDAH</strong></p>
<p>Au lieu de se fier uniquement à leur mémoire, les personnes atteintes de TDAH trouvent souvent utile de tenir un calendrier, un agenda ou une liste de choses à faire. La création d’un registre externe des tâches et des rendez-vous, même si on ne le consulte pas constamment, peut augmenter les chances de se souvenir de ses responsabilités. Des études montrent que, pour les personnes présentant d’importants symptômes de TDAH, l’utilisation de ces types de stratégies compensatoires est associée à moins de <a href="https://doi.org/10.1007/s12402-016-0205-6">pratiques parentales négatives</a>.</p>
<p><strong>5. Réfléchir de manière proactive aux situations récurrentes</strong></p>
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<img alt="Image recadrée d’un jouet pop-it dans les mains d’un enfant, et de deux autres jouets en arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/566383/original/file-20231218-27-dorj7s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Si un enfant se comporte toujours mal lorsqu’il s’ennuie, on peut prévoir un sac d’activités à emporter.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Pour les situations parentales éprouvantes qui reviennent souvent, il peut être utile de réfléchir aux problèmes courants qu’on pourrait aborder de manière proactive. On peut se pencher sur les comportements difficiles particuliers rencontrés avec un enfant, ainsi qu’à leur contexte (par exemple, l’endroit où cela a eu lieu, ce qui s’est passé avant et après).</p>
<p>Cela permet de reconnaître des déclencheurs qu’on pourrait modifier de manière préventive la prochaine fois qu’on se retrouvera dans une situation semblable – voir ce <a href="https://depts.washington.edu/uwhatc/PDF/TF-%20CBT/pages/8%20Parent%20Management%20Training/Tracking%20Behavior%20-Detailed.pdf">journal de bord</a> (en anglais). Un exemple simple : si un enfant se comporte toujours mal lorsqu’il s’ennuie, on peut prévoir un sac d’activités à emporter.</p>
<p><strong>6. Réfléchir à la façon dont on perçoit son enfant</strong></p>
<p><a href="https://doi.org/10.1177/1087054716669590">Des recherches</a> indiquent que les parents souffrant de TDAH ont tendance à accuser davantage leurs enfants (par exemple, « mon enfant a volontairement renversé le lait ») que les parents qui n’en souffrent pas. Cela peut les rendre <a href="http://dx.doi.org/10.1080/15374416.2016.1144191">plus enclins à réagir sévèrement</a>.</p>
<p>Si on a ce genre de pensées, il peut être utile de faire une pause et de réfléchir à d’autres façons d’expliquer le comportement de son enfant (par exemple, il était trop excité et a renversé le lait par accident).</p>
<p><a href="http://dx.doi.org/10.1080/15374416.2016.1144191">Des études</a> montrent qu’il peut être bénéfique de remarquer les moments où son enfant se comporte bien et de le féliciter.</p>
<p><strong>7. Se rappeler ses points forts</strong></p>
<p>Les adultes atteints de TDAH <a href="https://doi.org/10.1016/j.cpr.2017.05.003">peuvent être des parents chaleureux, aimants et très impliqués</a>. Une parentalité positive est <a href="https://doi.org/10.1111/cdev.13764">liée à une amélioration de la santé mentale de l’enfant</a>. Il vaut donc la peine de se concentrer sur le développement des aspects positifs de sa relation avec son enfant.</p>
<p>En appliquant des stratégies efficaces pour gérer le TDAH et en recourant à des ressources en cas de besoin, les parents qui en sont atteints peuvent créer une vie de famille positive et épanouissante, et constituer une source de soutien solide pour leurs enfants qui risquent de rencontrer des problèmes similaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220464/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sheri Madigan reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences humaines, des Instituts de recherche en santé du Canada, de l'Alberta Children's Hospital Foundation, d'un donateur anonyme et du Programme des chaires de recherche du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>André Plamondon et Joanne Park ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Être un parent atteint d’un TDAH présente des défis uniques, mais aussi des atouts. En utilisant des stratégies et en recherchant des ressources, les parents peuvent créer un environnement harmonieux.Joanne Park, Assistant Professor, Department of Psychology, Mount Royal UniversityAndré Plamondon, Full Professor, Faculty of Educational Sciences, Université LavalSheri Madigan, Professor, Canada Research Chair in Determinants of Child Development, Owerko Centre at the Alberta Children’s Hospital Research Institute, University of CalgaryLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2193772024-01-29T14:56:37Z2024-01-29T14:56:37ZMieux dormir, un facteur de protection contre la démence<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569865/original/file-20240117-23-vqzz7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=60%2C0%2C6720%2C4466&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le manque de sommeil ou sa mauvaise qualité font parties des facteurs de risque de développer la maladie d'Alzheimer. Heureusement, il y a des méthodes pour améliorer son sommeil.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La démence est une perte progressive des capacités cognitives, comme celle de la mémoire, diminution qui est suffisamment importante pour avoir un impact sur les activités de la vie quotidienne. </p>
<p>Elle peut être causée par plusieurs maladies différentes, comme celle d’<a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/quest-ce-que-la-maladie-dalzheimer">Alzheimer</a>, qui est la forme la plus courante. La démence est due à une perte des neurones se produisant sur une longue période de temps. Puisqu’au moment de présenter des symptômes, plusieurs changements dans le cerveau se sont déjà produits, de nombreux scientifiques se concentrent sur l’étude des facteurs de risque et de protection de la démence. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-saines-habitudes-de-vie-peuvent-prevenir-jusqua-40-des-cas-de-demence-212150">De saines habitudes de vie peuvent prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence</a>
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<p>Un facteur de risque, ou inversement, un facteur de protection, est une condition ou un comportement qui augmente ou réduit le risque de développer une maladie, sans toutefois le garantir. Certains facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer et de la démence ne sont pas modifiables, comme l’âge ou la génétique, mais il en existe plusieurs sur lesquels on peut intervenir, <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">notamment nos habitudes de vie et leurs impacts sur notre santé globale</a>.</p>
<p>Ces facteurs de risque incluent la dépression, le manque d’activité physique, l’isolation sociale, l’hypertension, l’obésité, le diabète, la consommation excessive d’alcool et le tabagisme, ainsi qu’un mauvais sommeil.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changer-son-mode-de-vie-peut-reduire-les-risques-de-demence-mais-il-faut-le-faire-maintenant-218789">Changer son mode de vie peut réduire les risques de démence – mais il faut le faire maintenant</a>
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<p>Nous concentrons nos recherches sur la question du sommeil depuis plus de 10 ans, notamment dans le contexte de la <a href="https://www.nhlbi.nih.gov/science/framingham-heart-study-fhs">Framingham Heart Study</a>, une large étude de cohorte communautaire, pilotée par le NIH américain depuis les années quarante, dans le cadre de laquelle la santé des participants est suivie sur plusieurs années. Chercheurs en médecine du sommeil et en épidémiologie, nous avons une expertise dans la recherche portant sur le rôle du sommeil et de ses troubles dans le vieillissement du cerveau, au niveau cognitif et psychiatrique. </p>
<p>Dans le cadre de nos recherches, nous avons suivi et analysé le sommeil de gens âgés de 60 ans et plus afin de voir qui développait — ou non — la démence. </p>
<h2>Le sommeil comme facteur de risque ou de protection contre la démence</h2>
<p>Le sommeil semble jouer un rôle essentiel dans plusieurs fonctions cérébrales, comme la mémoire. Un sommeil de bonne qualité <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2793873">pourrait donc jouer un rôle primordial dans la prévention de la démence</a>.</p>
<p>Le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1241224">sommeil est important pour maintenir de bonnes connexions dans le cerveau</a>. Récemment, des recherches ont révélé que le sommeil semble avoir une fonction semblable à celle d’un camion à ordures pour le cerveau : un <a href="https://doi.org/10.1016/j.mad.2023.111899">sommeil profond serait crucial pour éliminer les déchets métaboliques du cerveau</a> comme certaines protéines, y compris celles connues pour s’accumuler dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. </p>
<p>Cependant, les liens entre le sommeil profond et la démence restent à clarifier.</p>
<h2>Qu’est-ce que le sommeil lent profond ?</h2>
<p>Pendant une nuit de sommeil, nous traversons plusieurs <a href="http://ceams-carsm.ca/a-propos-du-sommeil/">stades de sommeil</a> qui se succèdent et se répètent. </p>
<p>Le sommeil NREM (<em>non-rapid eye movement sleep</em>) se divise en sommeil léger (stade NREM1), en sommeil lent (stade NREM2), et en sommeil lent profond (stade NREM3). Ce dernier est associé à plusieurs fonctions restauratrices. </p>
<p>Ensuite, le sommeil paradoxal, ou sommeil REM (<em>rapid eye movement sleep</em>), est le stade généralement associé aux rêves les plus vivides. Chaque nuit, un adulte passe généralement environ 15 à 20 % en sommeil profond si l’on additionne toutes les périodes de sommeil NREM3. </p>
<p>Plusieurs changements de sommeil sont courants chez les adultes, comme se coucher et se réveiller plus tôt, dormir moins longtemps et moins profondément, et rester éveillé plus fréquemment pendant la nuit.</p>
<h2>Quand perte de sommeil profond rime avec démence</h2>
<p>Des <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2810957">participants de la Framingham Heart Study</a> ont été évalués à l’aide d’un enregistrement de leur sommeil — connu sous le nom de <a href="https://sommeilmtl.com/?gad_source=1&gclid=CjwKCAiA75itBhA6EiwAkho9e59KoHerv89P5nUdElYK6pK2w08D4MRrDcIvNhg7Iw9HV8ssJgvRqBoC478QAvD_BwE">polysomnographie</a> — à deux reprises, espacé d’environ cinq ans, soit en 1995-1998 et ensuite en 2001-2003. </p>
<p>Plusieurs personnes montraient une diminution de leur sommeil lent profond au court des années, comme on s’y attend avec le vieillissement. À l’inverse, la quantité de sommeil profond de certaines personnes est restée stable ou a même augmenté. </p>
<p>Notre équipe de chercheurs de la Framingham Heart Study a suivi 346 participants âgés de 60 ans et plus pendant 17 années supplémentaires afin d’observer qui développait la démence, et qui ne la développait pas. </p>
<p>La perte progressive du sommeil profond dans le temps était associée à une augmentation du risque de démence, quelle qu’en soit la cause, notamment de type Alzheimer. Ces résultats étaient indépendants de nombreux autres facteurs de risque de démence.</p>
<p>Bien que nos résultats ne prouvent pas que la perte de sommeil profond provoque la démence, ils suggèrent qu’elle pourrait être un facteur de risque chez les personnes âgées. D’autres aspects du sommeil peuvent également être importants, comme sa durée ainsi que sa qualité. </p>
<h2>Des stratégies pour améliorer le sommeil profond</h2>
<p>Sachant l’impact d’un manque de sommeil profond sur la santé cognitive, quelles sont les stratégies pour l’améliorer ? </p>
<p>Avant tout, si vous rencontrez des problèmes de sommeil, il vaut la peine d’en parler à votre médecin. De nombreux troubles du sommeil sont sous-diagnostiqués et traitables, notamment par des avenues comportementales, c’est-à-dire non médicamenteuses. </p>
<p>Adopter de bonnes habitudes de sommeil peut aider, comme se coucher et se lever à des heures constantes ou éviter la lumière vive ou bleue au lit, comme celle des écrans. </p>
<p>Vous pouvez également éviter la caféine, limiter votre consommation d’alcool, maintenir un poids santé, pratiquer une activité physique pendant la journée, et dormir dans un environnement confortable, sombre et calme.</p>
<p>Le rôle que joue le sommeil profond dans la prévention contre la démence reste certes à explorer et à étudier. Favoriser son sommeil avec de bonnes habitudes de vie pourrait avoir le potentiel de nous aider à vieillir en santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219377/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andrée-Ann Baril a reçu des financements de la Sleep Research Society Foundation, la Société Alzheimer du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, les Bourses postdoctorales Banting, la Fondation de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, l'Université de Montréal et des frais de présentation de Eisai. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Matthew Pase a reçu des financements de National Health and Medical Research Council of Australia, National Institute on Aging, Dementia Australia, Alzheimer's Assocaition, National Heart Foundation of Australia, Australian Research Countil, Stroke Foundation, Brain Foundation, Alzheimer’s Drug Discovery Foundation, Rebecca L Cooper Medical Research Foundation, and Bethlehem Griffiths Research Foundation. </span></em></p>Le sommeil semble jouer un rôle essentiel dans plusieurs fonctions cérébrales, comme la mémoire. Un sommeil de bonne qualité pourrait donc jouer un rôle primordial dans la prévention de la démence.Andrée-Ann Baril, Professeure-chercheure adjointe au Département de médecine, Université de MontréalMatthew Pase, Associate Professor of Neurology and Epidemiology, Monash UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2152382024-01-24T17:14:53Z2024-01-24T17:14:53ZAnxiété, dépression… Les fausses couches engendrent des problèmes psychologiques encore trop souvent négligés<p>En moyenne, une femme sur deux est confrontée à une fausse couche dans sa vie, selon les chiffres du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Certaines en subissent même plusieurs au cours de leur existence.</p>
<p>De nombreuses recherches ont été menées pour déterminer les causes des fausses couches et améliorer leur prise en charge médicale. En revanche, leurs conséquences en termes de santé mentale demeurent peu étudiées.</p>
<p>Pour mieux les comprendre, notre équipe a mené un travail de recherche au sein de la population française. Voici ce que ces travaux nous ont appris.</p>
<h2>Les fausses couches concernent jusqu’à un quart des grossesses</h2>
<p>Selon le <a href="https://www.gynerisq.fr/wp-content/uploads/2013/12/2014_CNGOF_Pertes-foetales.pdf">CNGOF</a>, une fausse couche se définit par l’expulsion spontanée d’un embryon ou d’un fœtus avant la 22<sup>e</sup> semaine d’aménorrhée (qui constitue le seuil de viabilité en France). Une fausse couche est dite « précoce » lorsqu’elle survient avant la 14<sup>e</sup> semaine, et tardive si elle se produit entre la 14<sup>e</sup> et la 22<sup>e</sup> semaine d’aménorrhée. La prévalence des formes précoces est élevée, touchant 12 à 24 % des grossesses. Les formes tardives sont plus rares, et concernent 1 % des grossesses.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/fausses-couches-a-repetition-le-point-sur-les-causes-et-la-prise-en-charge-215951">Fausses couches à répétition : le point sur les causes et la prise en charge</a>
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<p><a href="https://theconversation.com/fausses-couches-a-repetition-le-point-sur-les-causes-et-la-prise-en-charge-215951">Les causes des fausses couches sont nombreuses</a>. Citons notamment, pour les fausses couches précoces, un âge maternel ou paternel supérieur à 35 ans, des problèmes de réplication du matériel génétique de l’embryon, la consommation de tabac, d’alcool, une exposition aux radiations. Les causes des fausses couches tardives sont généralement obstétricales et gynécologiques, et cet évènement peut se produire de façon unique ou se répéter au cours de différentes grossesses.</p>
<p>Si le traitement médical des fausses couches est désormais bien connu, leurs conséquences psychologiques le sont moins. Pourtant, elles ne sont pas négligeables.</p>
<h2>Dépression et troubles anxieux</h2>
<p>Quand une fausse couche survient au cours d’une grossesse investie très tôt par le couple, elle marque l’interruption brutale de projections dans l’avenir, pour soi, pour son projet de vie et de famille.</p>
<p>Les <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1521-6934(06)00156-8">rares travaux de recherche</a> qui ont été menés au niveau international indiquent que les femmes qui ont vécu une fausse couche peuvent développer non seulement des symptômes anxieux ou dépressifs, mais aussi des états de stress post-traumatiques.</p>
<p>Des études prospectives ont elles aussi révélé l’existence de symptômes dépressifs et majoritairement anxieux 13 mois après une fausse couche. <a href="https://www.doi.org/10.111/j.1471-0528.2007.01452.x">D’autres recherches</a> ont montré que les scores de dépression, qui culminent à 6 mois, baissent ensuite progressivement, excepté pour les femmes qui ne parviennent pas à accéder à la maternité. Pour ces dernières, la symptomatologie dépressive persiste, avec un rebond entre 7 et 12 mois.</p>
<p>Les conséquences psychologiques de la fausse couche <a href="https://sonar.ch/hesso/documents/315236">dépendent de divers paramètres</a> : accès à l’information, niveau de reconnaissance par les soignants de la perte vécue, insatisfaction quant à l’accompagnement prodigué, ou encore soutien social reçu, notamment par le partenaire. Nos propres travaux ont par ailleurs permis d’identifier que les séquelles psychologiques de la fausse couche peuvent être assimilées à un trouble de l’adaptation, un trouble fréquent en psychiatrie.</p>
<h2>Fausse couche et trouble de l’adaptation</h2>
<p>Le trouble de l’adaptation survient lorsqu’une personne a du mal à s’ajuster à un évènement de vie éprouvant. Transitoire, il est parfois banalisé, alors même qu’il nécessite une prise en charge psychologique adaptée, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20865099/">compte tenu de son association à un risque suicidaire élevé</a>.</p>
<p>Dans notre étude, nous avons comparé les scores au questionnaire du trouble de l’adaptation (<a href="https://www.psychology.uzh.ch/dam/jcr:15220404-d1b2-4d9a-9661-f1709b4ca3f4/ADNM_20_Homepage_English.pdf">ADNM-<em>Adjustment Disorder New Module</em> – 20 items</a>) de personnes ayant vécu une fausse couche et de personnes ayant vécu un autre évènement de vie difficile, tel que le décès d’un proche, une rupture, etc.</p>
<p>Les résultats montrent que les personnes ayant vécu une fausse couche présentent le même niveau de difficultés psychologiques que celles ayant vécu un autre évènement de vie stressant. De plus, l’analyse des réponses au questionnaire révèle que 60 % des personnes ayant vécu une fausse couche présentent un trouble de l’adaptation.</p>
<p>Parmi les facteurs étudiés lors de cette étude, nous nous sommes aussi intéressés aux compétences psychologiques, telles que les capacités de régulation émotionnelle. Nous avons observé que des compétences psychologiques plus faibles étaient associées à un plus haut niveau de trouble de l’adaptation. Ces résultats suggèrent de possibles axes de travail à proposer à nos patients, basés sur les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-129883">thérapies cognitivo-comportementales</a>.</p>
<h2>Travailler sur les émotions et la relaxation</h2>
<p>La psychoéducation pourrait aider les couples concernés par une fausse couche à développer des outils afin de mieux identifier leurs émotions, les exprimer puis les réguler en retrouvant du contrôle sur celles-ci.</p>
<p>Concrètement, il s’agirait de proposer des consultations ou des ateliers en groupes au cours desquels les couples seraient informés sur les émotions (colère, tristesse, stress) qu’ils peuvent ressentir suite à cet évènement. Ils pourraient également être invités lors de ces temps, <a href="https://doi.org/10.1016/j.amp.2014.12.001">à trouver des ressources pour y faire face</a>.</p>
<p>Proposer des techniques de relaxation permettrait au patient de se centrer sur les sensations corporelles agréables et sur le sentiment de détente associé, <a href="https://doi.org/10.1016/j.encep.2014.07.001">et ainsi de diminuer leur anxiété</a>.</p>
<p>Lors de l’évaluation psychologique, questionner le patient sur la façon dont la fausse couche vient s’inscrire dans son parcours et son projet de vie peut également permettre de dégager d’autres thématiques de travail. Il est important de déceler un éventuel sentiment de culpabilité, reposant sur des croyances ou des représentations en lien avec la fausse couche (« j’aurais dû me reposer davantage », « tout est de ma faute »).</p>
<p>Ces dernières pourraient être prises en charge grâce à des techniques de restructuration cognitive, une approche qui permet de travailler sur la prise de conscience par le patient de ses pensées négatives et lui apprend à transformer ces pensées par d’autres pensées, plus rationnelles et plus neutres.</p>
<p>Qui plus est, envisager la fausse couche comme un trouble de l’adaptation permet aussi de proposer des thérapies structurées sur les souvenirs douloureux de l’évènement, telles que la thérapie narrative. Cette dernière, aussi appelée thérapie d’exposition par la narration, permet au patient de revenir en détail sur l’évènement douloureux en précisant les émotions, les sensations corporelles, les pensées et les comportements qui l’ont traversé.</p>
<p>L’exposition répétée à ce script narratif, en séance, dans un lieu sécurisé, est l’une des bases de la thérapie cognitivo-comportementale et permet de « digérer » émotionnellement les évènements difficiles. De la même manière, la <a href="https://presse.inserm.fr/canal-detox/lemdr-pour-traiter-le-stress-post-traumatique-vraiment/">thérapie EMDR (<em>eye movement desensitization and reprocessing</em>)</a> pourrait être proposée.</p>
<h2>Une loi pour mieux prendre en charge les couples confrontés à une fausse couche</h2>
<p>Fréquentes, les fausses couches sont parfois banalisées par l’entourage et les soignants. Elles n’en restent pas moins des évènements douloureux, dont la prise en charge psychologique, dans les mois qui suivent, est cruciale.</p>
<p><a href="https://www.vie-publique.fr/loi/288561-fausses-couches-accompagner-les-femmes-victimes-loi-7-juillet-2023">Pour favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche</a>, une nouvelle loi a été promulguée le 8 mars 2023.</p>
<p>Ce texte prévoit la mise en place d’un « parcours interruption spontanée de grossesse », associant médecins, sages-femmes et psychologues, hospitaliers et libéraux, afin d’améliorer le suivi médical et psychologique des personnes confrontées à une fausse couche, à partir du 1<sup>er</sup> septembre 2024. Inclure les partenaires dans la prise en charge permettra de ne plus méconnaître leur ressenti face à cet évènement de vie, et de les impliquer dans la prise en charge proposée.</p>
<p>Ladite prise en charge consiste notamment en un accès facilité à un suivi psychologique, pouvant se faire via le programme <a href="https://monsoutienpsy.sante.gouv.fr/">Mon Soutien Psy</a> (dans ce cas, sages-femmes et médecins peuvent prescrire des séances). La formation des soignants sur les répercussions psychologiques de la fausse couche, et sur la douleur que cela peut engendrer, sera aussi renforcée.</p>
<p>La loi prévoit également de pouvoir bénéficier d’indemnités journalières sans délai de carence pendant leur arrêt maladie, ce qui constitue un progrès important pour le droit des femmes.</p>
<p>Parallèlement à cette évolution législative, les recherches sur les difficultés d’adaptation à la suite de la fausse couche doivent se poursuivre. Grâce aux connaissances qu’elles permettront d’accumuler, il sera possible de proposer des programmes de prise en charge spécialisés pour aider les couples à surmonter au mieux cette épreuve.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215238/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexis Vancappel a reçu des financements de l’IRCCADE (Institut de recherches cognitive et
comportemental sur la dépression et l’anxiété).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christelle Lefort ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les conséquences psychologiques des fausses couches ont longtemps été sous-estimées. Elles peuvent pourtant être dévastatrices pour les femmes concernées, et pour leur couple.Alexis Vancappel, Maître de conférences en psychologie, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2196912024-01-17T14:46:59Z2024-01-17T14:46:59ZComment un simple vélo peut changer la vie des jeunes en milieu défavorisé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568465/original/file-20240109-19-24agn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C989%2C717&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’organisme Cyclo Nord-Sud a mis sur pied, en 2023, le projet pilote Construis ton vélo!.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Notre état de santé dépend en partie de nos modes de déplacement. Le temps que l’on consacre à nos trajets en vélo, en voiture ou en transport en commun peut en effet avoir un effet positif ou négatif sur notre santé physique et mentale.</p>
<p>Or, l’organisation de notre quartier favorise certains modes de transport plus que d’autres.</p>
<p>C’est le <a href="https://urbanisme.umontreal.ca/fileadmin/amenagement/URB/Realisations-etudiantes/Expo-des-finissants/EFFA-2012/Analyser/SICG.pdf">cas du quartier Saint-Michel à Montréal</a>, dont la planification urbaine est centrée sur la voiture. De plus, il s’agit de l’un des quartiers les plus défavorisés du Québec. Ainsi, les personnes qui ne possèdent pas de voiture dépendent des transports publics, ce qui leur impose des trajets plus longs et plus éprouvants.</p>
<p>En raison d’une circulation mal adaptée et dangereuse pour les déplacements actifs, le vélo est le grand absent des modes de transport dans Saint-Michel. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les habitants, puisque ce mode de transport favorise la participation sociale et présente de nombreux bénéfices pour la santé physique et mentale.</p>
<p>C’est dans cette visée que l’organisme <a href="https://cyclonordsud.org/">Cyclo Nord-Sud</a> a mis sur pied, en 2023, le projet pilote <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8WP3JOv963g"><em>Construis ton vélo !</em></a>, lauréat de l’Incubateur civique de la <a href="https://www.mis.quebec/">Maison de l’innovation sociale</a>.</p>
<p>Il s’agit d’un programme parascolaire offert aux jeunes d’une école secondaire du quartier Saint-Michel, encadré par des bénévoles responsables, soit leur professeur d’éducation physique et un coach en mécanique. Les élèves ont été amenés à construire leur vélo de A à Z en binôme pendant 18 semaines. Ils ont donc terminé le programme avec, en poche, un vélo assemblé et de multiples connaissances pratiques en mécanique vélo.</p>
<p>Notre équipe de chercheurs en kinésiologie du <a href="https://sap.uqam.ca/">département des sciences de l’activité physique</a> de l’UQAM a collaboré avec Cyclo Nord-Sud pour comprendre les effets du projet du point de vue des participants. Concrètement, nous avons mené des groupes de discussion avec les élèves et analysé ce qui a été exprimé. Ce travail a d’ailleurs fait l’objet d’une <a href="https://osf.io/preprints/osf/vys83">publication académique</a> dans la revue <em>Santé Publique</em>.</p>
<h2>L’approche humaine et le sentiment d’accomplissement</h2>
<p>Une retombée importante du programme est le sentiment de fierté et d’accomplissement. Ces sentiments, nourris par les relations que les jeunes ont entretenues avec les bénévoles encadrants, ont permis d’instaurer un climat d’apprentissage agréable non seulement entre les élèves, mais aussi avec le coach mécanique et l’enseignant.</p>
<p>Par exemple, un des jeunes exprimait avoir ressenti de la fierté lors des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Tout ce que je fais ici j’étais fier […] t’es tout le temps en train d’avancer et j’étais tout le temps près de finir mon vélo, j’étais fier de ça.</p>
</blockquote>
<h2>Un environnement d’apprentissage bienveillant</h2>
<p>Les jeunes ont souvent évoqué la différence entre être dans une salle de classe ou à l’école en général. L’ambiance plus libre des ateliers s’opposait ainsi à l’atmosphère scolaire plus rigide.</p>
<p>Ils ont également souligné l’effet relaxant des ateliers, et son rôle parfois thérapeutique. Le fait que ce soit une activité parascolaire pourrait expliquer le sentiment de bien-être exprimé par les jeunes.</p>
<p>Un participant exprimait d’ailleurs l’effet positif de l’attitude des bénévoles encadrants :</p>
<blockquote>
<p>Ce que j’apprécie aussi, c’est qu’il (l’enseignant) était là pour nous soutenir […] tu te sens pas inférieur et il est là pour t’aider, mais en même temps il est là pour apprendre avec toi, c’est ça que je trouvais très important.</p>
</blockquote>
<h2>Faire les choses pour soi, pas pour un vélo</h2>
<p>Les jeunes ont soulevé qu’avant de débuter le programme, leur motivation principale à y participer était d’avoir un vélo gratuit.</p>
<p>Or, leur motivation à se présenter aux ateliers a évolué au fil du temps : au-delà du vélo, l’ambiance agréable leur donnait envie de revenir chaque semaine.</p>
<p>Un jeune témoigne d’ailleurs qu’il revenait chaque semaine, car il avait toujours du plaisir pendant des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Moi, je dirais au début, c’était compliqué […] on savait pas beaucoup de choses […] mais y’avait la plupart de nos amis qui étaient là […] et ça veut dire que je savais que quand j’allais arriver ici, j’allais rigoler et m’amuser.</p>
</blockquote>
<h2>Être plus autonome pour bouger</h2>
<p>Plusieurs jeunes ont soulevé certaines difficultés à se déplacer en transport en commun, souvent dû au fait qu’ils habitent loin des lieux fréquentés.</p>
<p>En effet, les participants ont rapporté que les horaires d’autobus du quartier sont complexes et que les trajets sont longs.</p>
<p>Leur nouveau vélo est alors devenu un élément essentiel qui contribue positivement à leur autonomie de déplacement. Ils ont aussi identifié le vélo comme étant un moyen de favoriser leur participation sociale et leurs opportunités de participer à diverses activités.</p>
<p>À la question <em>Qu’allez-vous faire de votre vélo maintenant ?</em>, l’un des jeunes a répondu :</p>
<blockquote>
<p>Je sais que ça va m’être utile parce que je travaille pas loin, et ça peut me permettre de m’y rendre pendant l’été, de me prendre moins de temps, ou même d’aller au parc si j’ai envie, c’est utile dans la vie de tous les jours.</p>
</blockquote>
<p>Le programme <em>Construis ton vélo</em> désire se développer à plus grande échelle au Québec (sous réserve de financements) et s’améliorer.</p>
<p>À travers cette initiative, le vélo permet de réunit l’éducation et la santé. Et les participants gagnent en autonomie ainsi qu’en compétences.</p>
<p>Gageons que ce genre de programme, combiné à davantage d’infrastructures cyclables agréables et sécuritaires, pourrait contribuer à la santé et au bien-être de tout un chacun.</p>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/219691/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Célia Kingsbury a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada. Elle travaille en collaboration avec l'organisme Cyclo Nord-Sud. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paquito Bernard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cet article explore les retombées d’un projet pilote offert à des élèves en milieu défavorisé par l’organisme Cyclo Nord-Sud visant à promouvoir l’utilisation du vélo comme mode de transport.Célia Kingsbury, Candidate au doctorat en promotion de la santé, Université de MontréalPaquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2200042024-01-15T15:22:20Z2024-01-15T15:22:20ZLa pilule contraceptive a aussi un effet sur le cerveau et la régulation des émotions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567188/original/file-20231221-19-oxth15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, peuvent accéder au cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les contraceptifs oraux, aussi appelés pilules contraceptives, sont <a href="https://doi.org/10.18356/1bd58a10-en">utilisés par plus de 150 millions de femmes à travers le monde</a>. Environ un tiers des adolescentes en <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/82-003-x/2015010/article/14222-eng.pdf">Amérique du Nord</a> et en <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">Europe</a> les utilisent, ce qui en fait le médicament le plus prescrit aux adolescentes.</p>
<p>Il est bien connu que les contraceptifs oraux ont le pouvoir de modifier le cycle menstruel des femmes. Mais ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils ont aussi accès au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>En tant qu’étudiante au doctorat et professeure en psychologie à l’UQAM, nous nous sommes intéressées à l’influence des contraceptifs oraux sur les régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous avons publié nos <a href="https://doi.org/10.3389/fendo.2023.1228504">résultats dans le journal scientifique <em>Frontiers in Endocrinology</em></a>.</p>
<h2>La pilule, comment ça fonctionne ?</h2>
<p>Il existe plusieurs méthodes de contraception hormonale, mais le type le plus courant en Amérique du Nord est la pilule contraceptive, plus spécifiquement les <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">contraceptifs oraux combinés</a> (COC). Ils sont constitués de deux hormones artificielles simulant un estrogène (généralement l’éthinyl estradiol) et la progestérone.</p>
<p>Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">peuvent accéder au cerveau</a>. Elles se lient à des récepteurs dans différentes régions et signalent au cerveau de diminuer la production d’hormones sexuelles endogènes. C’est ce phénomène qui mène à l’arrêt de la cyclicité menstruelle, empêchant l’ovulation.</p>
<p>C’est donc dire que tout au long de l’utilisation des COC, le corps et le cerveau des utilisatrices ne sont pas exposés aux fluctuations d’hormones sexuelles typiquement observées chez les femmes naturellement cyclées.</p>
<h2>Les effets cérébraux de la pilule : les neurosciences à la rescousse !</h2>
<p>Lorsqu’elles commencent la prise de COC, les adolescentes et les femmes sont informées de divers effets secondaires, principalement physiques (nausées, maux de tête, variations de poids, sensibilité à la poitrine). Pourtant, il n’est généralement pas abordé que les hormones sexuelles accèdent au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>Des études ont d’ailleurs associé l’utilisation de COC à de <a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2018.02.019">moins bonnes performances de régulation émotionnelle</a> et à un <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">risque plus élevé de développer des psychopathologies</a>.</p>
<p>De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir de <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpsychires.2011.03.006">troubles liés à l’anxiété et au stress chronique</a>. L’utilisation des COC étant très répandue, il importe de mieux comprendre leurs effets sur l’anatomie des régions du cerveau qui sous-tendent la régulation émotionnelle.</p>
<p>Nous avons ainsi conduit une étude ayant pour objectif d’examiner les effets des COC sur l’anatomie des régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous nous sommes intéressées aux effets liés à leur utilisation actuelle, mais aussi aux effets possiblement durables, à savoir si les COC pouvaient affecter l’anatomie du cerveau – même après avoir cessé leur utilisation.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons recruté quatre profils d’individus en santé, soit des femmes qui utilisent actuellement des COC, des femmes qui ont utilisé des COC dans le passé, des femmes qui n’ont jamais utilisé quelconque méthode de contraception hormonale et des hommes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="imagerie résonance magnétique" src="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de faire l’analyse de la morphologie de certaines régions du cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’aide de l’imagerie cérébrale, nous avons trouvé que seules les femmes qui utilisent actuellement des COC présentaient un cortex préfrontal ventromédian légèrement plus mince que les hommes. Cette partie du cerveau est reconnue comme étant essentielle à la régulation des émotions comme la peur. La littérature scientifique montre que <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0502441102">plus cette région est épaisse, meilleure est la régulation émotionnelle</a>.</p>
<p>De ce fait, les COC pourraient altérer la régulation des émotions chez les femmes. Bien que nous n’ayons pas testé directement le lien entre la morphologie cérébrale et la santé mentale, notre équipe se penche actuellement sur d’autres aspects du cerveau et de la santé mentale, ce qui permettra de mieux comprendre les découvertes anatomiques actuelles.</p>
<h2>Un effet actuel, mais pas durable : une histoire de dose</h2>
<p>Nous avons tenté de mieux comprendre ce qui pourrait expliquer l’effet de l’utilisation actuelle des COC sur cette région du cerveau. Nous avons découvert que cela était associé à la dose d’éthinyl estradiol. En effet, parmi les utilisatrices actuelles de COC, seules celles qui utilisaient un COC à faible dose (10-25 microgrammes), mais pas à dose plus élevée (30-35 microgrammes), étaient associée à un cortex préfrontal ventromédian plus mince.</p>
<p>Cela peut sembler surprenant : une plus faible dose était liée à un effet cérébral…</p>
<p>Sachant que tous les COC réduisent les concentrations d’hormones sexuelles endogènes, nous proposons que les récepteurs à estrogènes de cette région cérébrale pourraient être insuffisamment activés lorsque de faibles niveaux d’estrogène endogène sont combinés à un faible apport en estrogène exogène (éthinyl estradiol).</p>
<p>À l’inverse, des doses plus élevées d’éthinyl estradiol pourraient aider à obtenir une liaison adéquate aux récepteurs à estrogènes dans le cortex préfrontal, simulant ainsi une activité modérée à élevée similaire à celle des femmes ayant un cycle menstruel naturel.</p>
<p>Il est important de noter que cette plus faible épaisseur de matière grise était spécifique à l’utilisation actuelle des COC : les femmes ayant utilisé des COC dans le passé ne présentaient pas d’amincissement comparativement aux hommes. Notre étude soutient donc la réversibilité de l’influence des COC sur l’anatomie cérébrale, notamment sur l’épaisseur du cortex préfrontal ventromédian.</p>
<p>En d’autres termes, l’utilisation de COC pourrait affecter l’anatomie cérébrale, mais de manière réversible.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Bien que notre recherche n’ait pas d’orientation clinique directe, elle contribue à faire progresser notre compréhension des effets anatomiques liés à l’utilisation des COC.</p>
<p>Loin de nous l’idée de vouloir que les femmes cessent d’utiliser leur COC : il serait beaucoup trop hâtif et alarmant d’avoir ce genre de discours.</p>
<p>Il importe également de se rappeler que les effets répertoriés dans notre étude semblent réversibles.</p>
<p>Notre objectif est de promouvoir la recherche fondamentale et clinique, mais également d’accroître l’intérêt scientifique en matière de santé de la femme, un domaine encore trop peu étudié.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220004/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Brouillard est membre étudiante du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Elle détient une bourse d'études doctorales des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-France Marin est chercheure régulière au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, professeure au département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et professeure associée au département de psychiatrie et d'addictologie de l'Université de Montréal. Elle a été soutenue par une bourse salariale du Fonds de recherche du Québec - Santé (2018-2022) et est actuellement titulaire d'une Chaire de recherche du Canada sur la modulation hormonale des fonctions cognitives et émotionnelles (2022-2027). Le projet dont il est question dans l'article est subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada et a reçu l'appui de fonds de projets pilotes du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et du Réseau de bio-imagerie du Québec. </span></em></p>Les contraceptifs oraux modifient le cycle menstruel ; ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils accèdent aussi au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.Alexandra Brouillard, Doctorante en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Marie-France Marin, Professor, Department of Psychology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2097322024-01-04T15:49:00Z2024-01-04T15:49:00ZL’activité physique, un outil thérapeutique pour traiter la dépendance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541260/original/file-20230804-15-8qg771.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=55%2C0%2C6189%2C4095&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre revue scientifique indique que les personnes qui intègrent des activités physiques dans leur traitement pour la dépendance connaissent une réduction plus significative de leur consommation de substance par rapport à celles qui n'en incluent pas.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Pexels cottonbro studio)</span>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>L’activité physique est reconnue pour ces nombreux bienfaits, <a href="https://www.acsm.org/docs/default-source/publications-files/acsm-guidelines-download-10th-edabf32a97415a400e9b3be594a6cd7fbf.pdf">autant au niveau de la santé physique que mentale</a>. Elle peut, entre autres, réduire le taux de mortalité, le risque de nombreuses maladies chroniques ainsi qu’améliorer les symptômes de dépression et d’anxiété.</p>
<p>Il existe aussi un autre aspect bénéfique à considérer : nous avons observé que l’activité physique peut également contribuer à diminuer la consommation de drogue et d’alcool. </p>
<p>En tant que kinésiologue et candidate au doctorat en science de l’activité physique, cette découverte a renforcé ma passion pour ce domaine de recherche. Dans cet article, je vais vous expliquer comment notre équipe de recherche sommes parvenus à ce résultat. </p>
<p>Nous avons d’abord conduit une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0283861#pone.0283861.ref014">revue systématique de la littérature</a> scientifique, c’est-à-dire une compilation et analyse de toutes les études portant sur l’activité physique et la dépendance. </p>
<p>Nous avons choisi de ne pas inclure le tabac dans notre revue en raison de sa sur-représentation dans les études <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1360-0443.2012.04034.x">liées à l’effet de l’activité physique</a>. Nous nous sommes concentrés sur l’alcool et les autres drogues, car bien que le tabac puisse mener à une dépendance, celle-ci est singulièrement différente des autres substances au niveau fonctionnel ainsi qu’au niveau des traitements.</p>
<p>Ainsi, un total de quarante-trois articles incluant plus de 3 135 personnes suivant un traitement pour la dépendance ont été analysés. La plupart des études proposaient des interventions en activité physique trois fois par semaine, pendant une heure. L’activité physique la plus utilisée a été la course, suivie par l’entraînement en musculation, le vélo et le yoga. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-la-depression-lexercice-peut-etre-plus-efficace-que-les-therapies-ou-la-medication-201257">Contre la dépression, l’exercice peut être plus efficace que les thérapies ou la médication</a>
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<h2>Des dépendances communes</h2>
<p>Pour des raisons complexes et encore mal comprises, la consommation de drogue et d’alcool, courante en Occident, peut parfois amener à un état de dépendance. Cet état se nomme <a href="https://mcc.ca/fr/objectifs/expert/key/103/">trouble de l’usage de substance</a>. Il s’agit d’un trouble de santé mentale diagnostiqué et défini par le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3767415/">DSM-5</a> comme étant la persistance de la consommation de substances malgré l’apparition de symptômes cognitifs, comportementaux et physiologiques. On note par exemple l’incapacité de remplir ses obligations majeures au travail, à l’école ou au domicile ; des symptômes de sevrage lors de la cessation ou encore une haute tolérance lors de la consommation.</p>
<p><a href="https://bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf">Les dépendances touchent environ 18 % de la population québécoise</a>. Les <a href="https://bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf">plus courantes</a> sont celles liées à l’alcool (53 %), au cannabis (5 %), et aux autres drogues telles que les opioïdes ou l’héroïne par exemple (13 % des dépendances). </p>
<p>Sortir d’une situation de dépendance, seul ou accompagné, peut être difficile. <a href="https://nida.nih.gov/publications/drugs-brains-behavior-science-addiction/treatment-recovery">On estime qu’entre 40 à 60 % des personnes vont rechuter plusieurs fois avant d’atteindre leur objectif personnel de consommation</a>. En effet, certaines peuvent vouloir diminuer leur consommation sans vouloir nécessairement atteindre la complète sobriété. Les traitements psychologiques ou pharmacologiques restent encore peu efficaces sur la diminution des symptômes de dépendance. On estime qu’entre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0376871616308675?via%3Dihub">35 à 54 % des personnes vont atteindre une rémission complète à la suite d’un traitement</a> tout dépendant de la sorte de traitement suivi. </p>
<p>C’est pourquoi il est important de trouver de nouvelles façons de soigner les personnes ayant des dépendances. </p>
<h2>Les trois-quarts des études observent une amélioration à la suite de la pratique d’une activité physique</h2>
<p>Parmi les traitements pour contrer les dépendances, l’activité physique est considérée comme une avenue thérapeutique potentielle, vu ses bienfaits au niveau physiologique, psychologique ou encore social. </p>
<p>Nous avons ainsi découvert que 75 % des études montraient une plus grande diminution de la consommation de substance chez les personnes qui pratiquaient des activités physiques pendant leur traitement de dépendance comparativement à celles qui n’en pratiquent pas. </p>
<p>Par ailleurs, un effet a aussi été observé au niveau du <em>craving</em>, un symptôme central dans la dépendance et qui peut grandement influencer la rechute. Il est défini comme un manque intense souvent ressenti pendant le sevrage d’une substance. Les trois-quarts des études montraient que les personnes pratiquant de l’activité physique pendant leur traitement ressentaient moins de symptômes de manque. </p>
<p>Ce dernier résultat est très important, car il montre l’importance de l’activité physique d’un point de vue thérapeutique, soit le pouvoir d’aider concrètement les personnes pendant leur traitement et d’améliorer l’issue de celui-ci. </p>
<h2>Meilleure pour la santé mentale</h2>
<p>Un deuxième point que nous avons relevé est le fait que le traitement pour la dépendance incluant de l’activité physique s’avérait plus efficace pour la santé mentale. L’activité physique en complémentarité avec le traitement pour la dépendance a amélioré les symptômes de dépression et d’anxiété. </p>
<p>En effet, les symptômes de dépression se sont améliorés dans plus de la moitié des études, et les symptômes anxieux, dans plus de 70 %. Ces résultats sont cliniquement utiles, car ces troubles sont souvent présents chez cette population, et peuvent fortement influencer le rétablissement. </p>
<h2>Un outil peu coûteux</h2>
<p>Les équipes en dépendance vont prioriser les symptômes reliés directement à la dépendance (comme le <em>craving</em>) souvent par manque de temps ou de ressources, une réalité incontournable dans les centres de dépendances. Ainsi, l’activité physique pourrait être un outil peu coûteux, demandant peu de ressources et apportant des bénéfices considérables, tant pour contrer la dépendance elle-même que la dépression et l’anxiété.</p>
<p>Notre recherche montre l’importance, autant pour les personnes ayant une dépendance que pour les intervenants et les professionnels de la santé qui travaillent avec cette clientèle, d’ajouter de l’activité physique dans les traitements. </p>
<p>Il s’agit d’une option thérapeutique efficace, peu coûteuse, faisable et bénéfique pour les personnes souhaitant diminuer leur consommation et améliorer, en même temps, leur santé mentale et physique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209732/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Piché est membre de la fédération des Kinésiologues du Québec. Elle a reçu des financements de l'Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal, des Fonds de recherche en Santé du Québec et de l'Institut universitaire sur les dépendances. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ahmed Jerome Romain a reçu des financements de la Fondation de l'Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal et du Fonds de Recherche en Santé du Québec</span></em></p>L’activité physique pourrait influencer le traitement des personnes ayant une dépendance. Il s’agit d’une option thérapeutique efficace et peu coûteuse.Florence Piché, Phd candidat, Université de MontréalAhmed Jerome Romain, Professeur adjoint en promotion de l'activité physique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2094662023-11-21T16:55:34Z2023-11-21T16:55:34ZSchizophrénie : une nouvelle cible thérapeutique pour certains symptômes méconnus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/560505/original/file-20231120-23-22cjg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C1245%2C697&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certains symptômes du protagoniste principal du film _Birdman_ (réalisé en 2014 par Alejandro González Iñárritu), interprété par l’acteur Michael Keaton, évoquent ceux qu’expérimentent les patients atteints de schizophrénie.</span> <span class="attribution"><span class="source">20th Century Fox</span></span></figcaption></figure><p>Peut-être avez-vous déjà vu circuler sur les réseaux sociaux le hashtag #Schizo ? Ce diminutif du mot schizophrène est généralement utilisé pour qualifier une personne d’insensée, la stigmatiser ou l’insulter. Cet usage inapproprié, totalement déconnecté des réalités de la maladie, n’est pas anodin : <a href="https://fondationpierredeniker.org/actualites/schizo-etude-sur-l-utilisation-du-terme-schizophrenie-sur-les-reseaux-sociaux/">il engendre une souffrance chez les 1 % de Français souffrant de la maladie et chez leurs proches</a>.</p>
<p>Une situation qui concerne plus de 600 000 individus en France, et près de 64 millions dans le monde. La schizophrénie se déclare le plus souvent dès l’adolescence, typiquement entre 15 et 25 ans, phase particulièrement intense de maturation du cerveau durant laquelle les neurones des différentes régions cérébrales se réorganisent.</p>
<p>Mal connue du grand public, cette maladie chronique se caractérise par divers symptômes. Si certains d’entre eux peuvent être efficacement pris en charge grâce à des médicaments, d’autres, qui affectent gravement la qualité de vie des patients, sont moins bien diagnostiqués et moins bien soignés, faute de traitements.</p>
<p>Dans ce contexte, nous nous sommes intéressés au rôle joué par une protéine baptisée Asc-1, située dans la membrane de certains neurones. En effet, des résultats antérieurs suggéraient que cette protéine mal connue pourrait constituer une cible thérapeutique intéressante. <a href="https://hal.science/hal-02996540v1/preview/A.%20MIKOU%20et%20al.%20Scientif%20Reports%202020.pdf">Nos travaux appuient cette hypothèse</a>, et pourraient ouvrir la voie à la mise au point de nouveaux médicaments. Explications.</p>
<h2>Des symptômes qui restent méconnus</h2>
<p>Hallucinations, idées délirantes, perception perturbée de la réalité… Les symptômes les plus visibles de la schizophrénie, qui sont aussi les plus utilisés pour diagnostiquer la maladie, sont des symptômes dits productifs (aussi appelés symptômes « positifs », car ils ne sont <a href="https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/schizophrenie-psychoses/symptomes.html">pas observés chez les personnes en bonne santé</a>, mais <a href="https://www.schizophrenie.qc.ca/fr/symptomes">viennent « s’ajouter » aux fonctions mentales habituelles</a>)</p>
<p>Pour problématiques qu’ils soient, ces symptômes sont bien connus, et peuvent être pris en charge de façon assez efficace, par des traitements à base d’antipsychotiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Dessin du peintre allemand August Natterer (1868–1933), atteint de schizophrénie." src="https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/560495/original/file-20231120-23-tshqz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">« Meine Augen zur Zeit der Erscheinungen » (« Mes yeux au moment des apparitions »), une œuvre du peintre allemand August Natterer (1868–1933), atteint de schizophrénie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:August_Natterer_Meine_Augen_zur_Zeit_der_Erscheinungen.jpg">Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce n’est pas le cas des symptômes dits « négatifs » (ou « déficitaires ») de la maladie. Ces derniers, qui se traduisent par des capacités de communication altérées, un manque de motivation et une tendance à l’isolement, sont moins bien diagnostiqués et pris en charge que les symptômes positifs. Ils affectent pourtant très sérieusement la qualité de vie de nombreux patients.</p>
<p>On considère en effet que plus de la moitié des patients souffrant de schizophrénie chronique présentent <a href="https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2018/revue-medicale-suisse-619/symptomes-negatifs-de-la-schizophrenie-etat-des-lieux-et-implications-pratiques">au moins un symptôme négatif significatif</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, grâce à la mise au point de traitements de plus en plus performants, les patients peuvent bénéficier d’une rémission durable, mais aucune thérapie ne peut guérir la pathologie.</p>
<p>Afin d’élargir l’arsenal thérapeutique potentiel, nous nous sommes intéressés au fonctionnement des synapses, les jonctions entre les neurones, afin de mieux comprendre les mécanismes chimiques qui s’y opèrent et permettent la transmission de l’information d’un neurone à l’autre.</p>
<h2>Des cibles thérapeutiques situées à la jonction des neurones</h2>
<p>L’espace situé entre deux neurones est loin d’être vide : il contient de nombreuses protéines, dont certaines sont spécialisées dans le transport des molécules qui contribuent à transmettre des informations d’un neurone à l’autre (ces molécules sont très logiquement appelées des « neurotransmetteurs »).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma d’une synapse, la jonction entre deux neurones." src="https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=748&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=748&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=748&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=940&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=940&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/560511/original/file-20231120-23-11o1w1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=940&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Schéma d’une synapse, la jonction entre deux neurones.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Chemical_synapse_schema_cropped.jpg">Christy Krames/NIA-NIH/Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Schématiquement, des neurotransmetteurs libérés par un premier neurone dans l’espace situé au niveau de la jonction avec son « voisin » vont être captés par ce dernier grâce à des récepteurs spécifiques desdits neurotransmetteurs. Cet événement va à son tour entraîner des modifications dans le comportement du second neurone.</p>
<p>Au cours de nos travaux, nous nous sommes particulièrement intéressés à une protéine appelée Asc-1, ainsi qu’à des récepteurs spécifiques, les récepteurs NMDA.</p>
<p>Ces récepteurs sont impliqués dans les processus d’apprentissage et de mémoire, et leur déficience a été associée à de nombreux symptômes chez les patients schizophrènes. La protéine Asc-1, quant à elle, a pour rôle d’assurer le transport de certains composés chimiques indispensables au bon fonctionnement des récepteurs NMDA.</p>
<p>Parmi ces composés figure la D-Sérine, un acide aminé (les acides aminés sont les « briques » qui constituent les protéines ; ils se trouvent également à l’état libre dans l’organisme). Cette molécule suscite un intérêt particulier dans le cadre de la schizophrénie. En effet, des travaux menés sur des modèles animaux ont montré qu’une déficience de production de D-Sérine se traduit par le développement d’anomalies de structure cérébrale semblables à celles observées chez les patients souffrant de la maladie. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22024716/">Les troubles qui en résultent disparaissent cependant</a> lorsqu’on administre aux animaux un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23729812/">traitement contenant de la D-Sérine</a>.</p>
<p>D’autres études, menées cette fois chez les malades atteints de schizophrénie, ont aussi révélé que ceux de leurs neurones dont la membrane comporte des récepteurs NMDA sont particulièrement touchés en cas de déficit en D-Sérine. Celui-ci se traduit <a href="https://doi.org/10.1176/appi.ajp.161.6.943">par un défaut d’activité de ces neurones</a> et par leur atrophie progressive.</p>
<p><a href="https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.2020.20101481">Or, cette atrophie est corrélée à la présence des symptômes négatifs et aux troubles cognitifs de la schizophrénie</a>. En outre, des résultats obtenus suite à des essais cliniques ont montré que les traitements à base notamment de D-Sérine permettent <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19909229/">d’améliorer la mémoire et de réduire les symptômes de la maladie</a>.</p>
<p>Étant donné que la D-Sérine est transportée à l’intérieur des neurones par la protéine Asc-1, cette dernière pourrait donc constituer une cible thérapeutique.</p>
<h2>Réguler le trafic du tunnel Asc-1</h2>
<p>Asc-1 fonctionne comme un tunnel à double sens. Située dans la paroi des neurones, elle permet aux acides aminés de se diriger vers les récepteurs NMDA, et d’en repartir.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Schéma d’une synapse entre deux neurones, l’un porteur de protéines membranaires Asc-1, l’autre de récepteurs membranaires NMDA (protéiques eux-aussi)." src="https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/560345/original/file-20231120-17-auqywu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Situées dans la membrane du neurone représenté en haut de cette figure, les protéines Asc-1 (en bleu) fonctionnent comme des tunnels à double sens, laissant circuler les neurotransmetteurs (D-sérine ou glycine) qui vont agir sur les récepteurs NMDA présents dans la membrane du second neurone, et ce faisant transmettre une information.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Afaf Mikou</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si nous parvenions à favoriser le sens des arrivées au détriment de celui des départs, nous pourrions envisager de réguler le trafic dans un sens plus favorable à l’acheminement la D-Sérine vers les récepteurs NMDA défectueux. Et, ainsi, espérer que l’augmentation de concentration qui résulterait de son accumulation ait un impact positif sur les troubles cognitifs des patients.</p>
<p>Pour vérifier la viabilité de cette approche, la première étape est de comprendre le plus finement possible comment fonctionne Asc-1 : quelles parties de la protéine sont importantes pour son fonctionnement, comment des modifications peuvent l’impacter ? etc.</p>
<p>Mais ce n’est pas une mince affaire. Pour comprendre le défi que cela représente, il faut savoir que la fonction des protéines est intimement liée à leur structure dans l’espace (structure tridimensionnelle, ou 3D). Ladite structure dépend de l’enchaînement des acides aminés qui constituent la protéine considérée (autrement dit, sa séquence). Cet enchaînement influe en effet sur la façon dont la protéine va se replier, et donc sur son architecture finale.</p>
<p>Pour pouvoir étudier la structure 3D d’une protéine, et donc savoir quelle partie est importante pour une fonction donnée, comme le transport de composés dans le cas d’Asc-1, il faut passer par une étape consistant à la <a href="https://www.synchrotron-soleil.fr/fr/videos/proxima-1-etude-des-proteines-par-cristallographie">cristalliser</a> (plusieurs méthodes existent pour y parvenir, en recourant notamment à divers solvants).</p>
<p>Cependant les protéines situées dans les membranes, comme Asc-1, sont très difficilement cristallisables. Impossible donc d’étudier leur structure de cette façon. Heureusement, de nos jours, l’informatique peut nous aider à pallier ce genre de problème.</p>
<h2>Asc-1, Lego et dessins animés</h2>
<p>Pour déterminer la structure d’Asc-1 et comprendre comment cette protéine se comporte, nous avons procédé par étapes. Nous avons tout d’abord identifié, dans les bases de données de protéines existantes, des protéines appartenant à la même famille qu’Asc-1, mais dont la structure était connue.</p>
<p>La séquence de ces protéines étant par endroit très proche de celle de la séquence d’Asc-1, nous avons supposé que certaines parties de leurs structures se ressemblaient fortement aussi. En effet, on sait que les parties de protéines qui possèdent une grande similarité de séquence ont des chances de se replier de la même façon. C’est un fait scientifiquement bien établi.</p>
<p>Nous avons ainsi pu « approximer » la structure de la protéine Asc-1 grâce à des logiciels de modélisation moléculaire. Pour prendre une métaphore dans le monde des jouets, tout s’est passé comme si nous avions prélevé, sur plusieurs modèles de Lego relativement similaires, diverses parties de structure, puis que nous les avions utilisées pour construire un modèle « cousin », proche, mais pas tout à fait identique.</p>
<p>Nous avons de cette façon obtenu une structure 3D « virtuelle » de protéine Asc-1. Ou plutôt, trois structures.</p>
<p>En effet, pour nous aider à décrire comment Asc-1 transporte la D-Sérine, nous avons construit 3 modèles différents : le premier représente la protéine ouverte, prête à accueillir un acide aminé (1). Le second la montre fermée, l’acide aminé étant piégé dans une poche (2). Enfin, le troisième modèle illustre le moment où Asc-1 est prête à larguer l’acide aminé dans la synapse (3) :</p>
<p>Ces modèles statiques représentent les états intermédiaires qu’adopte la protéine Asc-1 lors de son fonctionnement. Nous avons ensuite pu les utiliser pour produire une animation de la protéine en train de transporter les acides aminés, en extrapolant, grâce à un logiciel, les transitions les plus probables entre ces trois formes ; un peu comme les animateurs de dessins animés s’appuient sur des « dessins-clés » pour guider l’animation globale.</p>
<h2>Vers de nouvelles pistes thérapeutiques</h2>
<p>Tout ceci nous a permis, dans une ultime étape, de tester (toujours virtuellement) différentes molécules susceptibles de modifier le fonctionnement d’Asc-1. Nous avons ainsi pu identifier une molécule capable de bloquer l’absorption de la D-Sérine, mais pas son efflux. Mieux, nous avons identifié avec quelle partie d’Asc-1 cette molécule interagit, ce qui permet d’envisager la mise au point de médicaments capables de produire le même effet.</p>
<p>Actuellement, des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/cns-spectrums/article/efficacy-and-safety-of-iclepertin-bi-425809-in-patients-with-schizophrenia-connex-a-phase-iii-randomized-controlled-trial-program/BC6AC535F588519BFD4D8096FB753669">essais cliniques de phase III (donc chez l’être humain) sont menés sur une autre protéine transporteuse</a> qui permet de faire affluer de la glycine, un acide aminé important lui aussi pour le fonctionnement des synapses des neurones NMDA. Ces essais visent à confirmer que l’<a href="https://www.medchemexpress.com/bi-425809.html">Iclepertin</a>, un médicament prescrit initialement pour le traitement de la maladie d’Alzheimer, peut avoir des <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(20)30513-7/fulltext">effets bénéfiques sur les capacités cognitives et fonctionnelles des patients atteints de schizophrénie</a>.</p>
<p>Nos résultats pourraient ouvrir une seconde voie de recherche, dans le même esprit. Et, nous l’espérons, aboutir demain à la découverte de nouveaux traitements médicamenteux permettant de mieux prendre en charge les symptômes négatifs dont souffrent les personnes schizophrènes.</p>
<p>Des symptômes qui, il est important de le rappeler, sont avant tout dangereux pour les personnes atteintes par la maladie plutôt que pour leur entourage, contrairement à ce que bon nombre d’idées reçues qui circulent sur la schizophrénie…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209466/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Afaf Mikou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Faute de traitements, des symptômes de la schizophrénie, telle que la tendance à l’isolement ou l’altération de la communication, sont peu pris en charge. Des travaux récents pourraient changer la donne.Afaf Mikou, Chargée de recherche CNRS Chimie et vivant. Médiatrice scientifique. Laboratoire Chimie et Biochimie Pharmacologiques et Toxicologiques, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2140282023-11-20T17:15:39Z2023-11-20T17:15:39ZPeut-on soigner l’anorexie par l’activité physique adaptée ?<p>L’anorexie mentale, parfois appelée anorexie par le grand public, est un trouble du comportement alimentaire qui apparaît le plus souvent à l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/adolescence-32383">adolescence</a>, avec une prévalence de <a href="https://journals.lww.com/co-psychiatry/abstract/2016/11000/epidemiology_of_eating_disorders_in_europe_.5.aspx">1 à 4 % chez les femmes</a> et de <a href="https://journals.lww.com/co-psychiatry/fulltext/2021/11000/incidence,_prevalence_and_mortality_of_anorexia.2.aspx">0,3 % chez les hommes</a>. Les principaux symptômes sont une privation alimentaire stricte et volontaire sur une longue période, conduisant à une perte de poids extrême et potentiellement dangereuse pour la santé, ainsi qu’une <a href="https://www.cairn.info/lanorexie-mentale--9782100721849-page-153.htm">perception déformée de son corps</a>, amenant souvent les personnes touchées à se voir en surpoids.</p>
<h2>Un risque de complications et de suicides</h2>
<p>L’anorexie mentale est considérée comme une <a href="https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-020-2433-8">maladie psychiatrique particulièrement mortelle</a>. Selon les sources, <a href="https://journals.lww.com/co-psychiatry/fulltext/2021/11000/incidence,_prevalence_and_mortality_of_anorexia.2.aspx">5 à 9 %</a> des personnes malades décèdent, du fait principalement des complications somatiques ou suite à un suicide.</p>
<p>En effet, outre ses principaux symptômes, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29437020/">série de troubles psychologiques</a> vient alourdir le tableau clinique. En premier lieu, on trouve la dépression, qui entraîne l’émergence de pensées négatives, le retrait social et la perte d’intérêt pour les activités autrefois appréciées.</p>
<p>De plus, des troubles anxieux peuvent se développer, générant des inquiétudes excessives concernant la nourriture, le poids et l’image corporelle. Les troubles de l’humeur et les fluctuations émotionnelles sont également fréquents, et peuvent altérer davantage les interactions sociales et la perception de soi. Enfin, les problèmes de sommeil sont souvent présents, et se manifestent principalement par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1389945718301606">nuits agitées ou des insomnies</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-croissance-du-cerveau-pourrait-expliquer-pourquoi-de-nombreux-troubles-mentaux-emergent-a-ladolescence-157554">La croissance du cerveau pourrait expliquer pourquoi de nombreux troubles mentaux émergent à l’adolescence</a>
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<p>L’anorexie mentale a également des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0985056208000034">conséquences importantes</a> sur le plan physique et physiologique. Celles-ci sont très souvent liées à la perte de poids et à la dénutrition, et peuvent se caractériser par une diminution de la masse et de la capacité musculaire, une fragilisation des os, des troubles cardiaques, des carences multiples, une perte des cheveux, des problèmes rénaux et intestinaux, etc.</p>
<p>Quand ils deviennent chroniques, tous ces troubles entraînent un appauvrissement de la vie relationnelle et affective, avec à un retentissement sur la vie scolaire ou professionnelle. De plus en plus considérée comme une pathologie grave de l’adolescence, l’anorexie mentale constitue un enjeu de santé publique majeur en France, qui nécessite de nouvelles stratégies thérapeutiques plus efficaces.</p>
<h2>L’activité physique adaptée pour aider à guérir</h2>
<p>Ainsi, afin de traiter les principaux symptômes de la maladie et de prévenir ou réduire au mieux les différents troubles associés, il est nécessaire de proposer une <a href="https://www.cairn.info/lanorexie-mentale--9782100721849-page-153.htm">prise en charge précoce et pluridisciplinaire</a>. Si la pratique d’activité physique a longtemps été proscrite, en particulier dans les cas de dénutrition avancée ou chez des patientes présentant une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0143352">hyperactivité physique</a> voire une dépendance à l’activité physique, elle peut aussi contribuer à la guérison de l’anorexie, à partir du moment où elle est adaptée aux caractéristiques des patientes.</p>
<p>On parle alors d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-adaptee-apa-146288">activité physique adaptée</a> (APA), qui peut être définie comme un moyen permettant la mise en mouvement de personnes qui, en raison de leur état physique, mental ou social, ne peuvent pratiquer une activité physique dans des conditions habituelles. La <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-08/synthese_prescription_apa_vf.pdf">pratique d’une activité physique adaptée</a> nécessite, au préalable, de consulter un médecin.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Dans le cas de l’anorexie mentale, l’APA peut constituer une réponse adaptée aux besoins spécifiques des patientes, à la fois physiques et émotionnels, et jouer un rôle crucial dans le processus de guérison. Cette thérapie non médicamenteuse doit se dérouler dans un cadre sécurisé, et être supervisée par un professionnel formé en APA. Cela évite ainsi les pièges du surentraînement tout en ciblant les objectifs thérapeutiques.</p>
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<h2>Des études montrent une diminution des symptômes</h2>
<p>Différents travaux de recherche clinique ont démontré le rôle majeur de l’activité physique adaptée dans le traitement de l’anorexie. Il a notamment été montré qu’une pratique régulière d’APA sur une durée de 8 à 16 semaines pouvait induire une diminution des symptômes principaux de l’anorexie, ainsi qu’une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2022.939856">amélioration de la santé physique et mentale</a>. De plus, les résultats ont permis d’observer que selon la nature des activités physiques pratiquées, des améliorations s’observent plus particulièrement sur les dimensions ciblées par les exercices effectués.</p>
<p>Ainsi, les programmes intégrant exclusivement des exercices en endurance permettent d’améliorer principalement la capacité cardiorespiratoire des patientes, même s’ils sont susceptibles d’entraîner une dépendance à l’activité physique. Les programmes centrés sur le renforcement musculaire contribuent davantage à une amélioration de la force et de la masse musculaire.</p>
<p>Les pratiques de bien-être telles que le yoga, le tai-chi ou le Pilates, ont un impact plus important sur la réduction des symptômes de la maladie, des préoccupations corporelles et des troubles anxiodépressifs, et permettent de restaurer un rapport plus sain à l’activité physique (c’est-à-dire une baisse de la dépendance à l’exercice physique). Enfin, il a été montré que les programmes d’APA combinant des exercices mixtes, semblent être les plus favorables à une reprise du poids.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-lhumain-est-il-si-vulnerable-au-risque-de-depression-126065">Pourquoi l’humain est-il si vulnérable au risque de dépression ?</a>
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<h2>Aucune recommandation officielle</h2>
<p>Malgré tous ces bienfaits dans le traitement de l’anorexie mentale, dans les pratiques cliniques de terrain, l’activité physique adaptée n’est pas prescrite de manière systématique, et aucune recommandation nationale ou internationale n’existe à ce jour. Néanmoins, l’APA devient de plus en plus reconnue et pratiquée dans les <a href="https://academic.oup.com/nutritionreviews/article/74/5/301/1752217">centres de soins</a>. Malgré son retard par rapport à d’autres pays comme les États-Unis, le Canada ou l’Australie, la France compte aujourd’hui quelques centres hospitaliers qui intègrent l’APA dans leur protocole de soin courant, tels que le CHU Paul-Brousse à Villejuif, le CHU de Nantes et l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille.</p>
<p>Ce manque de recommandation et d’intégration de l’APA au projet thérapeutique du patient est principalement lié au caractère novateur de la recherche dans ce domaine. En effet, même si quelques études ont été publiées au début des années 2000, ce n’est que depuis les 15 dernières années que des protocoles expérimentaux sont menés de façon plus fréquente.</p>
<h2>Un protocole innovant lancé au CHU de Caen</h2>
<p>Ainsi, aujourd’hui, on commence à considérer le réel potentiel de l’activité physique adaptée dans le traitement de l’anorexie mentale. De façon récente, des protocoles innovants laissent entrevoir des résultats prometteurs. C’est notamment le cas de l’étude « APAREXIM’Pilot » réalisée auprès de jeunes patientes atteintes d’anorexie mentale, suivies au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Caen en Normandie, que nous menons en tant qu’enseignants-chercheurs au laboratoire <a href="http://comete.unicaen.fr/">COMETE</a> (UMR-S 1075 Inserm/UNICAEN – Mobilités : Vieillissement, Pathologies, Santé) de l’Université de Caen Normandie. Cette étude pilote, intitulée « APAREXIM’Pilot », est soutenue par le Pr. Fabian Guénolé, chef de ce service ainsi que les Dr. Delphine Nimal et Marine Hamon-Marie, exerçant au sein de ce service.</p>
<p>Cette étroite collaboration entre chercheurs et cliniciens a permis la mise en place de ce protocole novateur auprès de 30 patientes mineures, visant à évaluer les effets à court et moyen terme d’un programme d’APA supervisé en visioconférence sur les symptômes principaux de l’anorexie mentale, ainsi que sur la santé mentale, la santé physique et le sommeil.</p>
<h2>Un programme supervisé par visioconférence</h2>
<p>L’intérêt de la visioconférence est de promouvoir une meilleure accessibilité aux soins et une continuité thérapeutique plus efficace pour le plus grand nombre de patientes, quelles que soient leur localisation géographique et leurs conditions socio-économiques, et ainsi réduire les inégalités sociales de santé. Le programme est dispensé sur une durée de 8 semaines, à raison de 2 séances hebdomadaires d’une heure, composées d’exercices de renforcement musculaire et de yoga, d’intensité légère à modérée.</p>
<p>Les résultats préliminaires concernant les 15 premières participantes de cette étude sont positifs. Les bénéfices principaux obtenus par les patientes à l’issue du programme d’APA sont une amélioration de la force et de l’endurance musculaire ainsi qu’une amélioration de l’efficacité du sommeil, qui se traduit par un sommeil plus stable, plus réparateur et moins fragmenté par les réveils nocturnes.</p>
<p>Ces résultats préliminaires seront prochainement présentés lors de congrès nationaux et internationaux et feront l’objet de publications scientifiques, afin de mettre en avant la faisabilité et l’efficacité d’un programme d’APA en distanciel dans le traitement de l’anorexie mentale. De plus, cette étude pilote devrait permettre d’établir des recommandations de bonnes pratiques permettant d’innover et de diversifier l’offre de soin dédiée à l’anorexie mentale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214028/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Toutain a reçu le prix Puyoo de l'entreprise Aresato. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Gauthier a reçu le prix Puyoo de l'entreprise Aresato</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascale Leconte a reçu le prix Puyoo de l'entreprise Aresato</span></em></p>Dans les situations d’anorexie, la pratique sportive a longtemps été proscrite. Mais des travaux de recherche clinique récents suggèrent qu’une activité physique adaptée peut aider à la guérison.Marc Toutain, Docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives - Laboratoire COMETE UMR-S 1075 INSERM/Unicaen, Université de Caen NormandieAntoine Gauthier, Professeur des Universités, UMR UNICAEN/INSERM U1075 - COMETE "Mobiltés : Vieillissement, Pathologie, Santé", Université de Caen NormandiePascale Leconte, Maître de Conférence, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2181022023-11-19T16:34:58Z2023-11-19T16:34:58ZMaltraitance infantile : comment la violence actuelle induit la violence future<p>Selon Organisation mondiale de la Santé, au cours de l’année écoulée, on peut estimer que jusqu’à 1 milliard d’enfants âgés de 2 à 17 ans ont été <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/violence-against-children">victimes de maltraitance infantile</a>.</p>
<p>Derrière cette expression se cachent la maltraitance physique (coups et blessures infligées à des enfants), la maltraitance émotionnelle (atteintes à l’estime de soi), les abus sexuels et la négligence. À cela, il faut ajouter les enfants qui sont exposés à des traumas infantiles, liés à des situations de violence, comme un terrain de guerre. Ces diverses formes de maltraitance et de traumas infantiles sont malheureusement fréquentes : par exemple on estime qu’au niveau mondial <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1077559511403920">la prévalence est de l’ordre de 12.7 % rien que pour les abus sexuels</a>.</p>
<p>Or, les conséquences de ces maltraitances se font sentir durant des années, voire des décennies, et même se perpétuer au-delà de l’existence des victimes.</p>
<h2>La maltraitance infantile a des conséquences durables</h2>
<p>Les conséquences de la maltraitance infantile sont dévastatrices puisqu’elles induisent des altérations du fonctionnement émotionnel, cognitif et social des sujets, altérations qui persistent une fois que les victimes sont devenues adultes.</p>
<p>Les conséquences peuvent être non seulement des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37525603/">pathologies psychiatriques</a> telles que l’anxiété généralisée, la dépression, les états de stress post-traumatique, les addictions, mais aussi des pathologies métaboliques comme l’obésité. Ainsi, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27908895/">46 % des adultes souffrant de dépression reportent avoir été victimes de maltraitances dans leur enfance</a>, ce qui est un taux très élevé. Par ailleurs, certaines victimes de maltraitance reproduisent ce qu’ils ont subi enfant, et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=zPOZ0BZfqOk">deviennent à leur tour des prédateurs</a>.</p>
<p>De façon intéressante, ces altérations du fonctionnement psychologique ont été identifiées non seulement dans les cas où la maltraitance s’est traduite par des violences physiques (coups, viols), mais aussi dans les cas où les actes de maltraitance n’ont pas été associés à des atteintes physiques, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8339467/">comme c’est le cas avec les maltraitances émotionnelles ou la négligence</a>. Ces effets sont persistants sur le long terme <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31519507/">puisqu’elles peuvent se transmettre sur plusieurs générations</a>, en particulier au travers d’un déficit de l’attachement.</p>
<p>Dès lors, on peut se demander si les séquelles des diverses formes de maltraitance induisent des conséquences biologiques, en plus des conséquences psychologiques.</p>
<h2>La maltraitance infantile induit des conséquences biologiques</h2>
<p>Les faits concernant de potentiels effets biologiques des maltraitances infantiles sont bien documentés. On sait notamment que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1783123/">la maltraitance et les traumas infantiles induisent une augmentation de marqueurs de l’inflammation</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26938439/">et des hormones du stress</a>. Ils sont aussi associés à des <a href="https://theconversation.com/les-maltraitances-de-lenfance-laissent-des-cicatrices-dans-ladn-157900">altérations de l’expression des gènes</a> qui persistent jusqu’à l’âge adulte.</p>
<p>En outre, des altérations cérébrales morphologiques et fonctionnelles cérébrales <a href="https://www.youtube.com/watch?v=80Bt6aICUXo&t=2s">ont également été constatées</a>, comme une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6939135/">diminution du volume du cortex préfrontal</a> (une zone importante pour la régulation des émotions, la planification de l’action, la flexibilité cognitive) et de l’hippocampe (une zone importante pour la mémoire) ou une augmentation de l’activité de l’amygdale (une zone impliquée dans l’anxiété et le stress). Par ailleurs, une altération de la connexion entre le cortex préfrontal et l’amygdale a également été observée, ce qui explique probablement les difficultés de régulation émotionnelle.</p>
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<p>Les conséquences des maltraitances se traduisent également par des modifications sur le plan cellulaire, comme des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29158585/">altérations au niveau des oligodendrocytes</a> (les cellules qui forment la gaine entourant les faisceaux de fibres cérébrales) dans une sous-partie du cortex préfrontal, ce qui atteste à la fois du fait que la maltraitance induit des modifications morphologiques durables, et de leur impact fonctionnel.</p>
<p>Il est important de souligner que ces changements biologiques ne sont pas transitoires et limités à la période de l’enfance, mais qu’ils altèrent le développement du sujet et persistent jusqu’à l’âge adulte, voire bien au-delà, influant également sur les descendants des victimes.</p>
<h2>Des conséquences biologiques durables</h2>
<p>Il a été démontré que certaines des altérations biologiques résultant de maltraitances infantiles peuvent se transmettre aux générations suivantes, c’est-à-dire aux enfants, voire aux petits-enfants des personnes exposées à la maltraitance et à la violence. </p>
<p>C’est le cas par exemple des effets sur les hormones du stress, dont le niveau élevé est retrouvé <a href="https://research.rug.nl/en/publications/intergenerational-impact-of-childhood-trauma-on-hair-cortisol-con">chez les descendants de mères qui avaient subi un trauma pendant leur enfance</a> ; il en est de même <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-developmental-origins-of-health-and-disease/article/abs/maternal-childhood-maltreatment-associations-to-offspring-brain-volume-and-white-matter-connectivity/ECFC9E30F964F5F089B3422F2C03F4FF">pour certaines altérations cérébrales</a>. Par ailleurs, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=sHNXpDvKR70&t=32s">l’altération de l’expression des gènes peut quant à elle se transmettre sur plusieurs générations</a>. </p>
<p>Cela donne le vertige quand on pense à certains contextes familiaux, mais aussi aux situations de guerre, puisque le cercle vicieux de la violence peut ainsi se perpétuer de génération en génération, mettant en péril la cohésion sociale entre les personnes - et les peuples ? - dans un cycle sans fin.</p>
<h2>La situation est-elle sans espoir ?</h2>
<p>Fort heureusement, n’est pas totalement désespérée. Des mesures efficaces existent, qui permettent de stimuler la résilience, <a href="https://www.researchgate.net/publication/363186210_A_systematic_review_of_community-level_protective_factors_in_children_exposed_to_maltreatment">comme le support social à l’école ou lors des activités extrascolaires</a>. Certaines psychothérapies, comme les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-129883">thérapies cognitivo-comportementales</a>, ou la participation à des programmes inclusifs et à des <a href="https://www.researchgate.net/publication/342452242_Psychosocial_Interventions_for_Third-Generation_Palestinian_Refugee_Children_Current_Challenges_and_Hope_for_the_Future">interventions psychosociales impliquant des communautés entières</a>, ont aussi fait leurs preuves. </p>
<p>Il faut donc être vigilant à les rendre disponibles dans les communautés les plus à risque, en particulier dans des pays ayant été confrontés à des situations de violences armées. Ce pourrait être l’un des leviers pour arriver à une paix durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Belzung coordonne la chaire Unesco « Maltraitance infantile » (<a href="https://unescochair-children-maltreatment.univ-tours.fr/version-francaise/accueil">https://unescochair-children-maltreatment.univ-tours.fr/version-francaise/accueil</a>).</span></em></p>Les conséquences des traumas subits dans l’enfance peuvent persister durant toute l’existence, voire se transmettre à la descendance. Heureusement, il est possible de stimuler la résilience des victimes.Catherine Belzung, Professor, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2140162023-11-13T19:32:04Z2023-11-13T19:32:04ZPour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?<p>Pratiquer une activité physique est <a href="https://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie">recommandé</a> pour la santé physique et pour prévenir certaines pathologies. Mais les effets bénéfiques de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-23234">activité physique</a> sur le bien-être, les capacités cognitives (par exemple, la mémoire ou la prise de décision), la régulation des émotions et la santé mentale de façon plus générale sont également bien établis. Par exemple, la pratique du sport <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2908331/">diminue les symptômes d’anxiété, de dépression, de stress et de solitude</a>.</p>
<p>Cependant, nombre de questions restent ouvertes : les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale et les capacités cognitives concernent-ils tous les types de sport, qu’ils soient intensifs ou plus modérés, individuels ou collectifs ? L’activité physique peut-elle être défavorable ? Quels sont les mécanismes biologiques par lesquels ces effets surviennent ? Sont-ils présents chez tous les sujets ? Le but de cet article est de fournir des éléments de réponse à ces questions.</p>
<h2>Les effets bénéfiques du sport sur la santé mentale dépendent-ils de l’intensité de l’effort ?</h2>
<p>Quand on prend en compte l’intensité de l’effort physique, on distingue deux catégories de sports. Les premiers, à l’image de la marche ou du jogging, mettent en jeu l’endurance. Ils mobilisent entre 65 % et 80 % de la fréquence cardiaque maximale (FCmax) du sujet. On dit que ces activités se situent dans des zones aérobies car l’organisme utilise de l’oxygène pour libérer l’énergie nécessaire à leur pratique.</p>
<p>Les seconds concernent des efforts plus intenses, comme le sprint. Ils mobilisent 85 à 90 % de la fréquence cardiaque maximale en produisant de l’acide lactique, un composé nécessaire pour le fonctionnement musculaire mais qui peut induire des crampes en cas d’excès. Ces sports se situent en zone anaérobie, c’est-à-dire sans consommation d’oxygène pour produire de l’énergie.</p>
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<p>Il est clairement établi qu’une activité aérobie, qui met donc en jeu l’endurance et qui dure une vingtaine de minutes, est suffisante pour améliorer les fonctions cognitives chez des adolescents. Mais les effets bénéfiques ne se limitent pas aux sports aérobies (d’endurance). En effet, l’<a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/415534">entraînement en résistance</a>, une technique populaire de musculation utilisée par les adeptes du « body building », induit des effets similaires sur la cognition.</p>
<p>D’autres <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3159917/">études</a> se sont intéressées à des sports plus spécifiques. Elles montrent que le karaté ou le taekwondo, par exemple, améliorent la concentration et ce que l’on appelle les fonctions exécutives (c’est-à-dire les processus cognitifs de haut niveau comme la planification, l’élaboration de stratégie, la flexibilité mentale), que le tennis de table joue sur l’anticipation de l’action et le temps de réaction, ou encore que la pratique de la danse favorise le bien-être. Ainsi, le sport est en général bénéfique, mais le type de sport pratiqué peut s’avérer déterminant pour développer certaines dimensions cognitives.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-yoga-modifie-le-cerveau-et-ameliore-la-sante-mentale-195064">Le yoga modifie le cerveau et améliore la santé mentale</a>
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<h2>Dans certaines situations, l’activité physique peut-elle s’avérer défavorable ?</h2>
<p>Cependant, le sport peut aussi exposer les personnes à des risques pour la santé. Ainsi, les sportifs de haut niveau et les adeptes de sports de haute intensité (marathon, triathlon, iron man, CrossFit…) s’entraînent pendant de nombreuses heures, amenant leur corps au seuil de ses limites. Ces pratiques peuvent également être un facteur de risque de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2018.01484/full">conduites addictives</a>, l’<a href="https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2002-3-page-39.htm">addiction à l’exercice physique</a> augmentant le risque de développer une autre addiction, par exemple à une substance comme l’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/10826081003682297">alcool</a>.</p>
<h2>Les sports individuels et collectifs ont-ils le même impact ?</h2>
<p>Plusieurs <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1403494818791405">études</a> montrent que la participation à une équipe sportive pendant l’adolescence diminue le stress et améliore la santé mentale ainsi que l’insertion sociale des participants. Cet effet n’est pas retrouvé de façon systématique pour la pratique de sports individuels, certaines études rapportant même des effets négatifs. Ces travaux semblent suggérer que la participation à un sport collectif a un impact positif plus important sur la santé mentale que la pratique de sports individuels. Pour certains auteurs, l’un des mécanismes par lesquels le sport en équipe favorise la santé mentale est lié au fait que l’activité collective permet de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10964-021-01416-0">construire des relations sociales et amicales, et de favoriser le sentiment d’appartenance à un groupe</a>, ce qui est déterminant pour la santé mentale, en particulier au moment de l’adolescence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-cours-deducation-physique-et-sportive-consistent-ils-seulement-a-faire-du-sport-203804">Les cours d’éducation physique et sportive consistent-ils seulement à faire du sport ?</a>
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<p>Cependant, le contexte dans lequel ces activités s’exercent ainsi que des facteurs individuels jouent également un rôle important. En effet, certaines conditions, par exemple des contextes de <a href="https://theconversation.com/la-competition-eloigne-t-elle-les-filles-du-sport-212207">compétition</a> intense avec des entraînements extrêmes, des styles de coaching qui insistent sur le fait de gagner ou sur des moyens immoraux pour y parvenir, ont des <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0268583">effets défavorables sur la santé mentale</a>, conduisant au stress, au burn-out, à l’addiction.</p>
<h2>Par quels mécanismes biologiques le sport agit-il sur le bien-être et la santé mentale ?</h2>
<p>Des études d’imagerie cérébrale ont établi une association positive entre exercice physique et augmentation du volume d’aires cérébrales spécifiques comme l’hippocampe, une région importante pour l’encodage mnésique (le processus par lequel s’effectue la mémorisation) et la gestion du stress. La pratique régulière du tennis, en particulier, améliore aussi le fonctionnement des régions préfrontales, une région cruciale pour les fonctions exécutives.</p>
<p>Si on considère ce phénomène à l’échelle cellulaire, on observe que les effets bénéfiques d’une activité d’endurance (aérobie) sont associés à une augmentation de ce que les spécialistes nomment la neurogenèse hippocampique adulte.</p>
<p>En effet, il a été démontré qu’au sein de l’hippocampe d’un sujet adulte, de nouveaux neurones étaient générés chaque jour. Ces derniers favorisent la mémoire et la résistance au stress. Lorsque l’on introduit une roue d’écureuil dans la cage d’élevage de souris, celles-ci se mettent spontanément à faire de l’exercice aérobie (d’endurance). Si on compare le cerveau de souris qui ont produit ce type d’effort, d’une façon régulière et soutenue, avec celui de souris sédentaires, on constate une <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/JP271552">augmentation importante des néoneurones de l’hippocampe</a>.</p>
<p>Plusieurs mécanismes ont été proposés : l’exercice augmente le flux sanguin cérébral et l’apport en oxygène au niveau du cerveau. Il libère aussi des facteurs neurotrophiques, c’est-à-dire des facteurs qui favorisent la croissance et la survie des neurones. Par ailleurs, on peut imposer à des souris des efforts physiques intenses, interrompus par de courtes périodes de repos. Dans un premier temps, des études semblaient indiquer plutôt un effet défavorable de l’effort anaérobie. Mais des études plus récentes ont indiqué que ce type d’effort induisait lui aussi un effet positif sur la génération de nouveaux neurones par l’hippocampe (neurogenèse hippocampique), sans doute au travers de la libération de facteurs neurotrophiques par les muscles.</p>
<h2>Ces effets existent-ils chez tout le monde ?</h2>
<p>Dans les études <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/JP271552">chez l’animal</a> mais aussi <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00207454.2020.1865953">chez l’Homme</a>, les effets bénéfiques de l’effort physique sur la cognition, le bien-être et la génération de nouveaux neurones par l’hippocampe (neurogenèse hippocampique) ne sont pas présents chez tous les sujets et varient en fonction de leur fond génétique. En effet, certains variants de gènes codant pour des facteurs neurotrophiques (comme la BDNF) ou des facteurs de croissance (comme le NGF) réduisent les effets bénéfiques du sport.</p>
<p>En conclusion, on retiendra que l’ensemble de ces études confirment et précisent les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale et le bien-être. Ils soulignent à quel point le corps et les processus cognitifs, émotionnels, sociaux sont en constante interaction. En outre, l’exercice physique, souvent pratiqué en équipe, favorise aussi l’insertion sociale, en se faisant un puissant catalyseur d’une société plus inclusive.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214016/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Federica Comazzi est membre de Sportmeet for a United World. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Belzung ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des études confirment les bénéfices de l’activité physique sur le bien-être et la santé mentale. Pratiqué en équipe, l’exercice physique favorise aussi l’insertion sociale.Catherine Belzung, Professor, Université de ToursFederica Comazzi, Doctoral candidateLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2156092023-11-09T16:41:01Z2023-11-09T16:41:01ZAutisme : avoir un animal domestique est bon pour les enfants et leur famille<p>Selon l’Organisation mondiale de la santé, un <a href="https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/autism-spectrum-disorders-(asd)">enfant sur 100 serait aujourd’hui diagnostiqué avec un trouble du spectre de l’autisme</a> (TSA).</p>
<p>Ce trouble entraîne des difficultés plus ou moins marquées à communiquer et à interagir avec autrui. Ces enfants peinent à reconnaître les émotions de l’autre, et à comprendre comment ils se sentent, ainsi qu’à entamer et maintenir une interaction, discuter, etc. </p>
<p>Ils manifestent aussi des comportements et des intérêts que l’on dit <a href="https://www.psychiatry.org/psychiatrists/practice/dsm">« répétitifs et/ou restreints »</a> : ils peuvent devenir très experts dans un domaine qui leur plaît, préfèrent que leur environnement reste inchangé, ont des gestes répétitifs comme se balancer sur soi, battre des mains, sautiller, etc.</p>
<p>Les enfants avec TSA sont aussi souvent affectés par une hyper- ou une hyposensibilité sensorielle : ils peuvent alors être extrêmement sensibles et gênés par les stimulations de leur environnement, ou au contraire ne pas y réagir du tout.</p>
<p>Toutes ces difficultés leur posent des défis permanents, non seulement dans leur capacité à fonctionner et évoluer dans leur quotidien, mais aussi dans leur capacité à établir des relations avec les autres. Toutefois, l’adoption par la famille d’un animal pourrait améliorer la situation. Explications.</p>
<h2>Des bienfaits remarqués de longue date</h2>
<p>C’est dans les années 1950 que Boris Levinson, un pédopsychiatre américain, rapporte pour la première fois les <a href="https://psycnet.apa.org/record/1980-03089-001">bienfaits de la présence d’un chien lors des séances qu’il réalisait avec un jeune garçon avec TSA</a>.</p>
<p>Les recherches sur les apports des animaux pour les enfants avec TSA ne débuteront cependant <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2793790/">qu’à la fin des années 1980</a>. Depuis, les connaissances accumulées indiquent que les animaux peuvent effectivement jouer un rôle particulier pour ces enfants.</p>
<p>En effet, non seulement la plupart des enfants avec TSA montrent un attrait spontané envers les animaux, mais de plus, certaines des difficultés qu’ils rencontrent dans l’interaction avec l’humain <a href="https://www.cairn.info/revue-la-revue-internationale-de-l-education-familiale-2022-1-page-157.htm?ref=doi">ne se retrouvent pas avec l’animal</a>. C’est par exemple le cas des difficultés à initier l’échange, à regarder le visage, à effectuer des contacts « œil à œil », ou à <a href="https://theconversation.com/spectre-de-lautisme-quand-il-est-plus-facile-de-lire-les-emotions-chez-les-animaux-que-chez-les-humains-181913">reconnaître les émotions</a>.</p>
<p>L’intégration d’un animal dans le quotidien de l’enfant avec TSA, qu’il s’agisse d’un animal de compagnie ou d’un chien d’assistance peut avoir de nombreux effets positifs sur leur développement, résultant de la relation particulière que ces enfants peuvent entretenir avec lui.</p>
<p>Les études révèlent non seulement des apports similaires à ce qui est observé chez l’enfant sans TSA, mais également que ces bienfaits iraient au-delà. Nous pouvons les décliner en quatre sphères d’action principales : la communication et les interactions, le bien-être, les comportements problèmes, le jugement et les regards externes.</p>
<h2>Meilleures capacités de communication et d’interactions sociales</h2>
<p>Dans un premier temps, il nous faut évoquer les bienfaits sur la sphère des compétences de communication et d’interaction sociale de l’enfant, une sphère affectée par le TSA.</p>
<p>Similairement à tout enfant, grandir auprès d’un animal permet à l’enfant avec TSA d’évoluer avec un être <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25308197/">qui est un véritable partenaire d’interaction et avec qui il pourra établir une relation signifiante</a>.</p>
<p>La recherche nous montre également que la présence de l’animal peut être un amplificateur du développement de ces enfants. En effet, après l’arrivée d’un animal de compagnie dans la famille, les enfants avec TSA montrent une amélioration de la communication et du langage. Ils sont <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0041739">plus réciproques dans l’interaction</a>, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00469580231195029?icid=int.sj-abstract.citing-articles.19">et montrent</a> plus de comportements <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33290937/">d’aide et de soutien envers l’autre</a>.</p>
<p>Dans une étude que nous avons publiée en 2022, en utilisant un système permettant l’enregistrement du regard, nous avons pu montrer que des enfants avec TSA vivant avec un chien d’assistance depuis plusieurs années ont de meilleures stratégies pour <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.869452/full">reconnaître l’émotion lorsqu’ils regardent les visages humains</a> (comparativement à des enfants avec TSA vivant sans chien d’assistance). Plus concrètement, cela signifie qu’ils ont notamment davantage tendance à regarder la bouche pour reconnaître la joie et les yeux pour la colère.</p>
<h2>Bien-être amélioré</h2>
<p>Les bénéfices pour le bien-être des enfants avec TSA constituent également un important apport de la vie avec un animal. Ils peuvent s’attacher à leur animal, et celui-ci sera une source de compagnie et de réconfort, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30259286/">réduisant leur solitude et leur détresse</a>. Mieux encore, les recherches démontrent même que les enfants avec TSA qui ont un animal ont non seulement une meilleure humeur générale, mais ont aussi <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40489-020-00227-6">moins de problèmes d’anxiété et de symptômes dépressifs</a>.</p>
<p>On observe par exemple que dans les semaines qui suivent l’arrivée d’un chien d’assistance dans la famille, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20189722/">taux de cortisol</a> – parfois aussi appelée « hormone du stress » – des enfants avec TSA diminuent. La présence d’un animal a également des effets <a href="https://pure.ulster.ac.uk/en/publications/experiences-of-family-life-with-an-autism-assistance-dog-3">sur la confiance en soi et l’estime de soi de ces enfants</a>.</p>
<h2>Comportements problèmes atténués</h2>
<p>Le TSA est très fréquemment associé à l’expression de « comportements défis », qui sont des comportements pouvant être dangereux pour l’individu ou son environnement, et/ou qui interfèrent sur sa capacité à pratiquer des activités de la vie quotidienne : crises, fugues, comportements d’opposition, auto-stimulations et stéréotypies (comportements tels que secouer ou agiter les mains, balancer le corps, se cogner la tête, se mordre, frapper certaines parties du corps, etc.).</p>
<p>L’expression de ces comportements est souvent liée à une difficulté à faire face à la situation, autrement dit une difficulté à la comprendre, ou à réagir face à un surplus de stimulations, à une frustration…</p>
<p>Il a pu être montré que l’arrivée d’un animal dans la famille, en particulier d’un chien d’assistance, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18955467/">a pour effet de</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22978246/">réduire l’expression de ces comportements</a>. Cette atténuation des comportements problèmes a par ailleurs des conséquences positives sur la qualité de vie de l’enfant.</p>
<h2>Modification du jugement et des regards extérieurs</h2>
<p>En raison de leurs comportements atypiques et de leurs difficultés à respecter les normes d’interactions, les enfants avec TSA sont souvent jugés et laissés à l’écart. La littérature scientifique révèle que la présence d’un animal au côté de l’enfant a pour effet d’attirer les autres personnes vers lui et de promouvoir des interactions sociales positives.</p>
<p>En outre, la cape ou le harnais distinctifs que portent les chiens d’assistance présentent aussi un autre bénéfice : ils permettent une identification du handicap invisible par les personnes alentour, ce qui diminue leur éventuelle propension à porter un jugement négatif et encourage la bienveillance vis-à-vis de l’enfant et de ses comportements atypiques.</p>
<h2>Des bénéfices pour l’ensemble de la famille</h2>
<p>Au-delà de ces quatre sphères d’effets sur l’enfant avec TSA (communication et interactions, bien-être, comportements problèmes, jugement et regards externes), les bénéfices de la présence de l’animal s’étendront également au reste de la famille.</p>
<p>Il est en particulier observé que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S155878781630034X">suite à l’arrivée d’un animal dans la famille</a> les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33069669/">parents ont moins</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27986514/">d’anxiété et de stress</a>. De manière plus générale, la présence d’un animal contribuerait aussi <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08927936.2015.1070003">à un meilleur fonctionnement familial dans les foyers d’enfants avec TSA</a>.</p>
<p>Malgré tous ces bienfaits potentiels, il est important de ne pas concevoir l’animal comme « une pilule magique ». En effet, différentes recherches nous indiquent que ces effets dépendraient directement de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32130592/">l’attachement et de la qualité de relation</a> <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0041739">que l’enfant avec TSA établit avec l’animal</a>.</p>
<p>Or à l’instar des enfants sans TSA, tous les enfants avec TSA n’ont pas le même attrait envers les animaux, tout comme, tous ne développent pas la même relation avec leur animal. Le type d’interaction qui se met en place, le degré d’attachement à l’animal ou l’autonomie de l’enfant à s’en occuper varient.</p>
<p>Ainsi, les familles d’enfants avec TSA souhaitant intégrer un animal auraient intérêt à s’assurer, avant de franchir le pas, de l’attrait ou de l’envie de leur enfant. Il serait aussi judicieux de vérifier que l’animal envisagé a bien un profil adéquat pour leur enfant, que ce soit en matière de comportements par rapport aux besoins de l’enfant ou de compatibilité de personnalités.</p>
<p>Cela maximiserait les chances qu’une relation forte s’établisse au sein du duo formé par l’enfant et son animal, optimisant ainsi les chances de succès et d’émergence de bienfaits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215609/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Dollion a reçu des financements de la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, la région Bretagne, l'Association Handi'Chiens et la Fondation Mira. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marine Grandgeorge a reçu des financements de différents organismes dont la Fondation AP Sommer, la Région Bretagne, l'association Handi'chiens, la Fondation MIRA, l'IFCE et l'université de Rennes. </span></em></p>Les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme vivant avec un animal voient s’améliorer leur bien-être et leur capacité à interagir, tandis que leurs comportements problèmes s’atténuent.Nicolas Dollion, Maitre de conférences Psychologie du développement - chercheur au laboratoire C2S (EA 6391), Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Marine Grandgeorge, Ethologie, Relation Homme - Animal, Médiation Animale, Développement typique et atypique, Université de Rennes 1 - Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2171542023-11-07T17:37:44Z2023-11-07T17:37:44ZSanté mentale dégradée des jeunes : chronique d’une crise annoncée<p>Pandémie de Covid-19, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ukraine-21219">guerre en Ukraine</a>, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/conflit-israelo-palestinien-147107">guerre entre Israël et le Hamas</a>, attentats terroristes, assassinats d’enseignants, crise climatique, intensification du rythme scolaire et de travail – la santé mentale des jeunes, exposés à ces évènements violents, semble au plus bas et a rarement autant été un objet de débat public.</p>
<p>Que sait-on réellement des difficultés psychologiques des adolescents et jeunes adultes en France ? Quels sont les groupes les plus à risque ? Quelles peuvent être les raisons de cette dégradation ? Que faire pour que les choses s’améliorent ?</p>
<h2>Avant même le Covid, un risque de dépression élevé chez les collégiens et lycéens français</h2>
<p>Grâce à un appareil statistique robuste, la santé mentale des collégiens et des lycéens en France est documentée depuis plus de 20 ans. Mais la plupart de ces données restent méconnues du grand public.</p>
<p>L’étude <a href="https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2021/06/8-Fiche-EnCLASS-2018-sante-mentale.pdf">Enclass</a>, qui fait partie du dispositif d’enquête européen Health and Behavior in School-Aged Children (HBSC) et qui a interrogé environ 11 000 jeunes a montré qu’en 2018, 32 % des élèves de 4<sup>e</sup> et 3<sup>e</sup> étaient à risque de dépression, en particulier les filles (41 % vs. 23 % des garçons). Respectivement 13 % et 5 % des filles et des garçons avaient des symptômes nécessitent des soins.</p>
<p>Au lycée, le risque de dépression augmente, avec 36 % des jeunes (45 % des filles et 27 % des garçons) concernés et, respectivement, 18 et 8 % des garçons et des filles ayant un trouble dépressif nécessitant une prise en charge médicale.</p>
<p>Ces indicateurs se sont dégradés dans le temps, la proportion de jeunes rapportant des signes de nervosité et d’irritabilité ayant augmenté entre 2010 et 2018 (de 21 à 28 % pour la nervosité et de 22 à 27 % pour l’irritabilité, chez les collégiens concernés). De la même manière, la proportion d’adolescents indiquant avoir des difficultés à s’endormir a également connu une hausse (de 31 à 37 % entre 2010 et 2018).</p>
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<img alt="Capture d’écran de la page d’accueil du site Fil Santé Jeunes. Il est écrit « Appelle nous au 0800 235 236 » et on voit des photos de la poche de jeunes personnes." src="https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=628&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=628&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=628&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=790&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=790&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558007/original/file-20231107-267500-wr0x56.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=790&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Fil Santé Jeunes est la ligne téléphonique de référence pour les jeunes de 12 à 25 ans. Anonyme et gratuite, elle est accessible par chat, téléphone, mail et sur filsantejeunes.com, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.</span>
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<h2>Un mal-être en augmentation aussi chez les jeunes adultes</h2>
<p>Ces niveaux de mal-être psychologique sont élevés par rapport à ceux observés dans d’autres pays européens. Chez les jeunes adultes, la tendance est similaire. Le <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/sante-mentale/depression-et-anxiete/documents/article/prevalence-des-episodes-depressifs-en-france-chez-les-18-85-ans-resultats-du-barometre-sante-2021">Baromètre Santé</a>, une enquête réalisée par Santé publique France auprès d’un échantillon représentatif de la population française, montre qu’entre 2005 et 2021, la prévalence de la dépression est passée de 9 % à 20 % chez les 18-24 ans et de 8 % à 15 % chez les 25-34 ans. Aucun autre groupe de la population ne connaît une dynamique si délétère ni une santé mentale aussi dégradée.</p>
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<h2>Des symptômes qui perdurent même après le Covid</h2>
<p>La détérioration de la santé mentale des jeunes a été particulièrement marquée à partir de la crise sanitaire liée au Covid-19, qui a causé <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5432509">plus de 116 000 décès</a>.</p>
<p>En 2020, d’après les données de l’étude <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-resultats/confinement-du-printemps-2020-une-hausse-des-syndromes-depressifs">ÉpiCov</a>, menée conjointement par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la Direction de la recherche et des études statistiques (Drees) du ministère des Affaires sociales auprès d’un échantillon représentatif de plus de 100 000 personnes, 22 % des 15 à 24 ans déclaraient des symptômes de dépression (par rapport à 13 % dans l’ensemble de la population), c’est-à-dire un taux deux fois plus élevé qu’avant la pandémie de Covid-19.</p>
<p>La prévalence de la dépression chez les jeunes a ensuite baissé entre 2020 et 2021, mais dans une moindre mesure comparé au reste de la population. Fin 2021, 14 % des 15-24 ans participant à EpiCov déclaraient des symptômes correspondant à un trouble dépressif.</p>
<p>L’enquête <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/coviprev-une-enquete-pour-suivre-l-evolution-des-comportements-et-de-la-sante-mentale-pendant-l-epidemie-de-Covid-19">Coviprev</a>, menée par Santé publique France auprès d’un échantillon de 2 000 personnes entre mars 2020 et décembre 2022, a aussi montré des taux élevés de symptômes d’anxiété (43 %) et de dépression (22 %) chez les 18-24 ans, qui ont perduré après la fin de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Ces tendances sont confirmées par les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2023/sante-mentale-des-jeunes-des-conseils-pour-prendre-soin-de-sa-sante-mentale">données médicales</a> qui montrent une augmentation des recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires chez les 11-24 ans depuis 2021 et qui restent à des niveaux élevés en 2023.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/suicide-des-adolescents-comment-prevenir-le-passage-a-lacte-162064">Suicide des adolescents : comment prévenir le passage à l’acte ?</a>
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<h2>L’adolescence, une période charnière pour la santé mentale future</h2>
<p>Les troubles psychiatriques fréquents, dont la dépression, les troubles anxieux et les troubles liés à l’alcool ou aux drogues, touchent au total une personne sur quatre au cours de la vie et représentent <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1600-0047.2004.00327.x">15 % de la morbidité totale au sein de la population</a>. Dans près de 50 % des cas, ces troubles surviennent au moment de la <a href="https://psycnet.apa.org/record/2003-04300-010">transition entre l’adolescence et l’âge adulte</a> et, dans près d’un cas sur deux, ils persistent au cours de la vie.</p>
<p>L’adolescence et le moment de l’entrée dans la vie adulte, où se jouent également le devenir scolaire, professionnel ainsi que l’insertion sociale des personnes sont des périodes charnières, au cours desquelles une dégradation de la santé mentale peut avoir des effets irrémédiables sur la santé future mais aussi sur le devenir des individus.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cannabis-mais-aussi-alcool-et-tabac-chez-les-jeunes-une-consommation-de-drogues-en-baisse-206796">Cannabis, mais aussi alcool et tabac : chez les jeunes, une consommation de drogues en baisse ?</a>
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<h2>Les jeunes issus de milieux sociaux défavorisés davantage affectés</h2>
<p>Dans ce domaine, comme vis-à-vis d’autres problématiques de santé, les jeunes issus de groupes sociaux défavorisés ont un risque élevé d’avoir des problèmes de santé mentale et, en même temps, ce sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés pour accéder à des soins de qualité. <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12144-022-03038-6">Ceux dont les parents n’ont pas d’emploi ou ont des revenus faibles sont les plus concernés</a> par des difficultés émotionnelles et psychologiques, surtout si leur famille connaît une <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/european-psychiatry/article/abs/emotional-and-behavioral-difficulties-in-children-growing-up-homeless-in-paris-results-of-the-enfams-survey/125E1F045B48FE8E325BD3DED182B562">situation de précarité aiguë telle que le fait de ne pas avoir de logement fixe</a>. Or <a href="https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-022-04438-5">l’accès aux soins de santé mentale spécialisés est moins fréquent</a> pour les jeunes issus de milieux sociaux défavorisés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Page d’accueil du site nightline.fr" src="https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=378&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=378&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558003/original/file-20231107-23-45bya7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=378&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le site nightline.fr propose un accompagnement par et pour les étudiants.</span>
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<p>Depuis la pandémie de Covid-19, on se soucie, à juste titre, de la <a href="https://theconversation.com/comment-la-crise-sanitaire-affecte-la-sante-mentale-des-etudiants-163843">santé mentale des étudiants</a>. Mais les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.904665/full">données de l’étude EpiCov</a> indiquent que, parmi les jeunes adultes de 18 à 24 ans, ce sont ceux qui ne sont ni en formation ni en emploi qui souffrent des taux de dépression les plus élevés, tandis que chez les 25-30 ans, il s’agit de ceux qui sont au chômage.</p>
<h2>Pauvreté, pression scolaire, Internet… des facteurs de risque en augmentation</h2>
<p>La <a href="https://www.michalon.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=78092">survenue et la persistance des problèmes de santé mentale sont multifactorielles</a>. Elles traduisent à la fois des mécanismes génétiques, des expositions et facteurs de risque spécifiques à l’individu (par exemple l’exposition à des situations de violence, à des évènements de vie adverses, etc.), ainsi que des facteurs collectifs (par exemple une crise sanitaire, politique ou économique).</p>
<p>Une augmentation de la prévalence des symptômes d’anxiété et de dépression chez les adolescents et jeunes adultes, telle qu’observée au cours des vingt dernières années, ne peut pas être expliquée par des facteurs génétiques qui n’évoluent pas dans le temps – elle ne peut traduire que des changements dans le repérage des problèmes de santé mentale ou une augmentation de la fréquence des facteurs de risque. Il n’est pas exclu qu’il soit plus facile aujourd’hui qu’hier d’identifier et de rapporter des problèmes psychologiques dans une enquête, de se confier à des proches ou de se tourner vers un soignant pour cette raison.</p>
<p>Si, comme le suggèrent certaines <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19373710/">études</a>, la littératie en santé mentale – c’est-à-dire les connaissances sur la santé mentale de la population et la capacité à repérer les difficultés psychologiques – s’améliore et la stigmatisation des problèmes de santé mentale recule, on ne peut que s’en réjouir, car il s’agit d’étapes nécessaires pour pouvoir prendre soin de soi et demander de l’aide à son entourage ou à un soignant.</p>
<p>Néanmoins, il semblerait également que la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10964-023-01800-y">fréquence de certains facteurs de risque ait cru</a> : proportion de familles monoparentales, niveau de pauvreté, inégalités sociales, pression scolaire, auxquels s’ajoutent de nouvelles expositions telles que l’utilisation importante d’Internet (notamment des jeux vidéo et des réseaux sociaux).</p>
<h2>La répétition d’évènements violents également dommageable</h2>
<p>La <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022395621002181">survenue d’évènements violents tels que des attentats terroristes peuvent aussi avoir un impact sur la santé mentale des jeunes</a>, y compris parmi ceux qui ne sont pas directement victimes. En effet, la survenue de violences peut fragiliser les personnes sur le plan psychologique, causer des symptômes d’anxiété, les amener à se couper des autres. La répétition de ce type d’évènements, par nature imprévisibles, semble particulièrement dommageable.</p>
<h2>La pédopsychiatrie à bout de souffle</h2>
<p>Face à l’augmentation de la fréquence des problèmes de santé mentale des jeunes, le système de santé – à bout de souffle comme le rappellent de multiples <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/24/oui-par-manque-de-moyens-la-pedopsychiatrie-doit-depuis-des-annees-trier-les-enfants_6151352_3232.html">tribunes</a> et <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/08/en-france-en-2022-des-enfants-et-adolescents-meurent-de-souffrance-psychique-par-manque-de-soins-et-de-prise-en-compte-societale_6133925_3232.html">éditoriaux</a> sur la pédopsychiatrie et la <a href="https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-pedopsychiatrie">Cour des comptes en 2023</a> – ne peut pas tout.</p>
<p>La prévention et le repérage des difficultés psychologiques des enfants et adolescents reposent principalement sur d’autres acteurs dont les parents, mais aussi les adultes présents à l’école, à l’université ou travaillant dans des associations culturelles et sportives qui accompagnent des millions de jeunes dans des activités de loisirs au quotidien.</p>
<h2>Multiplier les dispositifs d’accompagnement</h2>
<p>La diffusion des connaissances et l’amélioration de la littératie en santé mentale sont nécessaires pour mieux repérer les jeunes en souffrance. De même, la multiplication des dispositifs facilement accessibles peut favoriser l’accompagnement voire l’accès aux soins avant la survenue d’une crise sévère qui conduit à l’hôpital telle qu’une tentative de suicide : lignes téléphoniques, à l’image de <a href="https://www.filsantejeunes.com/">Fil Santé Jeunes</a> qui fait référence, sites Internet permettant d’avoir des informations fiables sur la santé mentale, applications smartphones ou autres programmes d’e-santé permettant d’accéder à des programmes brefs, notamment de mentalisation, relaxation ou méditation, aidant à gérer les symptômes de stress.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Capture d’écran de la page d’accueil du site du 3114" src="https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558006/original/file-20231107-15-usqiyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le 3114 est le numéro national de prévention du suicide mis en place par le gouvernement.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Mal-logement, familles monoparentales, violences… agir sur les déterminants sociaux</h2>
<p>Cependant, une véritable politique de prévention des problèmes de santé mentale des jeunes nécessite des efforts intersectoriels pour modifier des déterminants au-delà du système de santé : lutte contre la pauvreté et le mal-logement, accompagnement renforcé des familles monoparentales, prise en charge des problèmes de santé mentale des parents et prévention des violences – dans le contexte familial, à l’école et sur Internet – ainsi qu’une remise en question du système de compétition scolaire auquel les jeunes sont confrontés de plus en plus tôt.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217154/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les projets de recherche de Maria Melchior sont financés par des bourses/appels d’offres publics français et européens. Mais elle n'est pas rémunérée via ce biais.</span></em></p>Le Covid, les attentats et les conflits armés impactent la santé mentale des jeunes déjà dégradée par des déterminants sociaux majeurs comme la pauvreté, le mal-logement ou le contexte familial.Maria Melchior, Epidémiologiste, Directeur de recherche, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2114082023-11-07T14:47:24Z2023-11-07T14:47:24ZLes répercussions d’une séparation peuvent être lourdes pour les leaders politiques, mais aussi les chefs d’entreprise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542234/original/file-20230808-17-d1kkk4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=187%2C98%2C5994%2C3752&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des recherches récentes démontrent qu'un divorce ou une séparation peuvent avoir des conséquences sur la manière de gérer des dirigeants d'entreprises et politiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Justin Tang</span></span></figcaption></figure><p>À la suite de l’annonce de sa séparation, le <a href="https://theconversation.com/les-adversaires-politiques-de-justin-trudeau-devraient-eviter-de-tirer-profit-de-sa-separation-211004">premier ministre Justin Trudeau</a>, se retrouve désormais dans un nouveau rôle, <a href="https://theconversation.com/prime-minister-justin-trudeau-assumes-a-new-role-single-dad-just-like-his-own-father-210938">celui de père monoparental</a>.</p>
<p>Cela soulève des questions sur les répercussions politiques des séparations et des divorces chez les personnalités publiques.</p>
<p>La nouvelle survient dans un contexte où le divorce est devenu chose courante dans les sociétés modernes. Environ la <a href="https://www.forbes.com/advisor/legal/divorce/divorce-statistics/">moitié des premiers mariages se terminent par un divorce, et le taux d’échec des mariages subséquents est encore plus élevé</a>.</p>
<p>Le stress aigu qu’entraîne le divorce peut mener à une baisse de la participation sociale, à une dégradation de la situation financière, au bouleversement des relations familiales et à des problèmes juridiques. Il <a href="https://doi.org/10.1002/smi.2940">augmente le risque de dépression, d’épuisement professionnel, d’anxiété, de maladie physique</a> et même de mortalité.</p>
<p>Ces effets négatifs ne se limitent pas à la vie personnelle ; ils peuvent également toucher la vie professionnelle.</p>
<p>L’impact du divorce sur le rendement professionnel peut être profond, comme il l’est sur la vie personnelle.</p>
<h2>Impact du divorce sur le rendement professionnel</h2>
<p>De nombreuses études ont montré que les conflits liés au divorce <a href="https://doi.org/10.1037/a0022170">peuvent mener à des problèmes au travail</a>, par exemple à une diminution des heures travaillées et de la productivité, à une <a href="https://doi.org/10.1111/jomf.12166">augmentation des absences et des congés de maladie</a> et même à l’invalidité de longue durée.</p>
<p>Les exigences de la vie personnelle épuisent parfois les ressources réservées aux tâches professionnelles, ce qui empêche de bien concilier les obligations professionnelles et familiales.</p>
<p>Dans le cas des PDG, les chercheurs commencent à s’intéresser aux répercussions du divorce sur leur entreprise et ses actionnaires. Il est encore difficile de dire à quel point le divorce d’un PDG nuit à son rendement professionnel. Notre étude est la première à explorer cette question.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux alliances se trouvent à côté du mot divorce dans un dictionnaire" src="https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541812/original/file-20230808-28-ui9ptc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le divorce est devenu chose courante dans les sociétés modernes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les PDG sont les décideurs en chef et les architectes de la stratégie d’entreprise. Par conséquent, les distractions et les capacités cognitives réduites en raison du divorce ont parfois de lourdes conséquences sur leur rendement professionnel et, donc, sur celui de l’entreprise.</p>
<p>Toutefois, les PDG peuvent souvent compter sur l’appui de la direction pour prendre des décisions et composer avec leurs conséquences potentielles, ce qui est d’autant plus vrai dans les grandes entreprises comptant du personnel de soutien.</p>
<h2>Divorce des PDG et rendement des entreprises</h2>
<p>Notre <a href="https://doi.org/10.5465/amd.2020.0031">rapport de recherche basé sur les données d’entreprises danoises et leurs PDG</a> montre que le divorce du dirigeant peut avoir un effet négatif sur le rendement de son entreprise. Toutefois, l’ampleur de cet effet dépend des circonstances.</p>
<p>Le divorce du PDG se répercute plus fortement dans les petites entreprises, dans les secteurs connaissant une croissance rapide et lorsqu’il y a des enfants à la maison. Le degré de contrôle et le pouvoir décisionnel du PDG dans l’entreprise sont d’autres facteurs qui influencent grandement l’ampleur des répercussions.</p>
<p>Comme le souligne notre étude, il est important de fournir du soutien personnel et organisationnel aux PDG qui traversent une période difficile. Un tel soutien peut atténuer les effets négatifs sur le rendement de l’entreprise.</p>
<p>Ces constatations mettent en évidence le rapport complexe entre la vie personnelle et professionnelle des PDG, et l’incidence de tels événements sur le succès d’une entreprise.</p>
<h2>Conséquences pour les dirigeants politiques</h2>
<p>Les conclusions de notre étude concernent aussi étroitement les dirigeantes et dirigeants politiques, comme Justin Trudeau, dont le poste revêt un haut degré de pouvoir et de responsabilité.</p>
<p>Dans le milieu politique, l’impact du divorce sur le rendement varie en fonction de plusieurs facteurs, dont les normes culturelles, les attitudes sociétales face au divorce et les attentes envers les personnalités publiques.</p>
<p>Dans un pays où la population a un point de vue plutôt libéral sur les questions familiales et le divorce, la pression sociétale pourrait être moindre pour les leaders politiques. Les gens sont plus ouverts d’esprit et tendent à accepter plus facilement les choix personnels. La stigmatisation envers les leaders politiques qui vivent un divorce est moindre.</p>
<p>On a pu le constater lors de l’annonce du divorce de Sanna Marin, première ministre sortante de la Finlande, qui a attiré beaucoup <a href="https://www.helsinkitimes.fi/world-int/world-news/finland-in-the-world-press/23551-sanna-marin-s-divorce-nato-drills-and-cha-cha-cha-finland-in-the-world-press.html">moins d’attention médiatique que la controverse entourant sa fête avec des amis et des célébrités</a>. Dans les pays plus libéraux, les médias abordent davantage les capacités professionnelles de la personne que les questions personnelles comme le divorce. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme vêtue d’un veston et d’une jupe élégante porte le regard hors caméra" src="https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542005/original/file-20230809-5449-uz7tor.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En mai, Sanna Marin, première ministre sortante de la Finlande, a annoncé sur Instagram que son mari et elle allaient divorcer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Sergei Grits)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En revanche, aux États-Unis, les <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/N/bo22723661.html">médias couvrent souvent les facettes personnelles et professionnelles de la vie des personnalités politiques</a>, ce qui peut amplifier l’impact du divorce sur l’image publique.</p>
<h2>Vie personnelle et professionnelle</h2>
<p>Notre étude souligne l’importance d’un solide système de soutien. Le fait d’avoir des gens et des réseaux de soutien en place aide la personne à composer avec les défis du divorce et à maintenir son leadership.</p>
<p>En l’absence d’un système de soutien adéquat, la capacité à prendre des décisions cruciales et à assurer la gouvernance s’en trouve affaiblie. Il peut en résulter de mauvaises décisions et, finalement, des conséquences économiques négatives.</p>
<p>Comme notre étude le montre, il est crucial pour les chefs d’entreprise et les leaders politiques de reconnaître à quel point leur vie personnelle peut se répercuter sur leur vie professionnelle.</p>
<p>De plus, les études sur la façon dont les politiciennes et politiciens concilient vie personnelle et responsabilités professionnelles, et sur l’incidence de cette conciliation sur leur prise de décisions, peuvent grandement contribuer à améliorer le rendement des leaders et le service public.</p>
<p>Il est important de souligner qu’il s’agit de tendances générales et qu’il peut y avoir des exceptions dans chaque pays. En fin de compte, les conséquences du divorce d’un dirigeant politique dépendent du lien complexe entre les normes culturelles, les dynamiques médiatiques et la capacité de la personne à composer avec la perception du public dans ces périodes difficiles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211408/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’impact d’un divorce sur les performances professionnelles peut être profond, affectant les individus à la fois sur le plan personnel et professionnel.Denis Schweizer, Professor of Finance, Concordia UniversityJuliane Proelss, Associate Professor Finance, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2169432023-11-05T18:27:09Z2023-11-05T18:27:09ZComment protéger les enfants exposés à des images de guerre violentes ?<p>Dans le monde actuel rempli d’écrans, de nombreux enfants et <a href="https://theconversation.com/fr/topics/adolescents-21823">adolescents</a> ont un accès quasi permanent aux médias. Selon des estimations américaines, les enfants d’âge scolaire passent quatre à six heures par jour à regarder ou <a href="https://www.aacap.org/AACAP/Families_and_Youth/Facts_for_Families/FFF-Guide/Children-And-Watching-TV-054.aspx">à utiliser des écrans</a>. Les adolescents passent jusqu’à neuf heures par jour sur des écrans.</p>
<p>(<em>En France, des <a href="https://fr.statista.com/statistiques/1414345/duree-utilisation-ecran-france-jeunes/">données statistiques</a> montrent une forte hausse du temps passé par les enfants mineurs devant un écran. L’augmentation la plus importante concerne la tranche 13-19 ans dont le temps passé devant un écran (télévision, jeux vidéos ou sur Internet), mesuré sur une base hebdomadaire, a augmenté de six heures par semaine entre 2011 et 2022, pour atteindre 36 heures par semaine, ndlr</em>).</p>
<p>Si les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/medias-20595">médias</a> peuvent ouvrir la voie à l’apprentissage et favoriser les liens relationnels des enfants, ils comportent également un risque d’exposition à la violence.</p>
<p>Les médias d’information, en particulier, font courir des risques en diffusant des actualités qui traitent de guerres, de génocides, de morts violentes, de terrorisme et de souffrance, ces actualités étant couvertes de manières répétées tout au long d’un cycle d’information de 24 heures. Des recherches montrent que la violence et la criminalité font l’objet d’une <a href="https://scholarship.law.marquette.edu/mulr/vol103/iss3/14/">couverture médiatique disproportionnée</a>. Cela s’explique en partie par le fait que nous sommes attirés par ces récits ; il a été constaté que les <a href="https://www.nature.com/articles/s41562-023-01538-4">titres négatifs</a> suscitent plus d’intérêt et de clics que les titres positifs.</p>
<p>Aujourd’hui, sur Internet, les enfants et les adolescents ont accès à des images de conflits armés, d’attaques terroristes, de violences policières, de fusillades de masse et d’homicides. Les médias qui retransmettent ces informations violentes, en presse écrite, audiovisuelles ou via des vidéos peuvent être consultés à tout moment et diffusent leurs informations en boucle. Celles-ci sont accompagnées de commentaires, d’analyses et véhiculent des représentations que les enfants peuvent être susceptibles d’intérioriser.</p>
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<a href="https://theconversation.com/dossier-les-ados-face-aux-ecrans-171232">Dossier : Les ados face aux écrans</a>
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<p>En tant que <a href="https://doi.org/10.1080/15299732.2019.1572043">chercheuse en traumatologie</a> et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/10783903231171590">infirmière en psychiatrie</a>, j’étudie l’impact des traumatismes et des traumatismes vicariants sur les enfants.</p>
<p>(<em>On parle de <a href="https://www.cairn.info/pratique-de-la-psychotherapie-emdr--9782100737802-page-269.htm">traumatisme vicariant</a> quand une personne est « contaminée » par le vécu traumatique d’une autre personne avec laquelle elle est en contact, ndlr</em>).</p>
<p>Les médias qui diffusent des informations violentes et les <a href="https://www.business-school.ed.ac.uk/research/blog/media-framing-and-how-it-shifts-the-narrative">représentations qu’ils véhiculent</a> sur Internet ne peuvent être ignorés lorsqu’il s’agit de la santé mentale des enfants. Même les parents les plus avertis, à propos des médias, ne peuvent pas totalement contrôler les contenus que leurs enfants consomment ou les représentations qu’ils intériorisent. Néanmoins, je pense que certaines mesures peuvent être prises pour en atténuer les effets.</p>
<h2>Quand la peur est amplifiée</h2>
<p>Dans certains cas, les analyses faites par les médias d’information peuvent se révéler utiles pour comprendre les événements qui font l’actualité. Mais toutes les personnes avec un accès à Internet peuvent s’exprimer, qu’il s’agisse d’experts reconnus ou d’adolescents influents sur les réseaux sociaux. Ces personnes peuvent amplifier la peur d’un enfant, sans tenir compte du contexte.</p>
<p>Après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, des chercheurs ont inventé le terme <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1111%2Fj.1468-2850.2007.00078.x">« terrorisme secondaire »</a> pour décrire la manière dont les représentations véhiculées par les médias d’information augmentaient la perception d’une menace et d’une situation de détresse.</p>
<p>À force d’être exposés à des médias violents et aux représentations qu’ils véhiculent, les enfants peuvent développer une <a href="https://www.nature.com/articles/s41562-023-01538-4">vision déformée</a> du monde, perçu comme un endroit dangereux et hostile. Cela peut, en retour, amener chez eux de l’anxiété et entraver leur capacité à être en confiance et à s’engager dans le monde.</p>
<p>Le sentiment de sécurité des enfants peut également être altéré, ce qui rend difficile le développement chez eux d’un sentiment d’optimisme.</p>
<p>Des études ont révélé que, parmi les enfants exposés aux médias violents sous leurs <a href="https://www.aafp.org/about/policies/all/violence-media-entertainment.html">nombreuses formes</a>, certains risquaient de souffrir d’une perte de sensibilité, de peur, d’anxiété, de troubles du sommeil, d’agression et de symptômes de stress traumatique.</p>
<h2>Comment les parents peuvent-ils réagir ?</h2>
<p>Les parents doivent concilier deux priorités opposées.</p>
<p>D’une part, il est important d’élever les enfants pour qu’ils deviennent des citoyens informés, pour qu’ils cultivent des compétences adaptées à leur âge afin qu’ils s’impliquent, de manière critique, face aux événements et aux injustices du monde. On évoquera la réalité dévastatrice des fusillades dans les écoles (<a href="https://www.courrierinternational.com/article/le-chiffre-du-jour-un-nombre-ahurissant-d-eleves-exposes-a-la-violence-par-armes-a-feu-dans-les-ecoles-americaines"><em>un nombre important de fusillades ont lieu dans des établissements scolaires aux États-Unis</em></a><em>, ndlr</em>) et d’autres lieux publics qui représentent une menace réelle pour les enfants, tout comme les conflits armés et les attaques terroristes qui ont lieu dans de nombreuses régions du monde.</p>
<p>D’autre part, les parents doivent surveiller la consommation que leurs enfants font des médias afin de réduire leur exposition à la violence et de contrôler la façon dont les enfants intériorisent des représentations fondées sur la peur, qui nuisent à leur bien-être psychologique.</p>
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<p>Les parents, les grands-parents, les enseignants et tous les autres adultes responsables d’enfants au sein de diverses communautés peuvent prendre des mesures pour atteindre cet équilibre délicat. Dans une vie d’enfants remplie par les médias, ils doivent offrir un cadre constant et sécurisé.</p>
<p>Tout d’abord, il est important que les adultes encouragent la réflexion critique sur ce que les enfants voient et entendent sur Internet et dans les médias. Les enfants et les adolescents doivent participer à des conversations adaptées à leur âge concernant les situations dont ils sont témoins et le contexte dans lequel surviennent des événements violents, en particulier quand ils ont lieu près de chez eux. Les conversations ouvertes, l’exploration des sentiments et la reconnaissance d’expériences vécues par les enfants et marquées par la tristesse, l’inquiétude, la colère ou la peur peuvent favoriser un dialogue réfléchi et une sécurité psychologique.</p>
<p>Ensuite, les adultes doivent veiller à fixer des limites à la consommation de médias et surveiller les contenus auxquels les enfants sont exposés. Regarder ou écouter les médias avec eux et créer un espace de discussion peut aider les enfants à donner un sens aux informations difficiles qu’ils reçoivent et cela permet aux parents de surveiller la réaction de l’enfant.</p>
<p>Enfin, les adultes doivent être des modèles pour leurs enfants concernant les médias d’information. Les enfants copient souvent le comportement de leurs parents et d’autres adultes. Nos propres <a href="https://www.insiderintelligence.com/content/us-time-spent-with-media-2019">habitudes de consommation des médias</a>, nos réactions et notre capacité à avoir une vie en ligne contrebalancée par des activités positives dans la vie réelle, cela parle aux enfants.</p>
<p>La violence du monde étant entre les mains des enfants et des adolescents, il incombe aux adultes de les guider vers une compréhension nuancée du monde, tout en leur assurant une sécurité psychologique.</p>
<p>Il est essentiel d’encourager l’esprit critique, de fixer des limites et de montrer un modèle de consommation responsable des médias.</p>
<p>Si les adultes mènent à bien ces actions des adultes, cela peut permettre à la prochaine génération de naviguer dans un monde de plus en plus complexe et interconnecté, en faisant preuve d’empathie, de résilience émotionnelle et d’esprit critique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216943/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kristen Choi est financée par les National Institutes of Health et la Gordon and Betty Moore Foundation.</span></em></p>À force d’être exposés à des médias violents et aux représentations que ces médias véhiculent, les enfants peuvent développer une vision déformée du monde, perçu comme un endroit dangereux et hostile.Kristen Choi, Assistant Professor of Nursing & Public Health, University of California, Los AngelesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2164782023-10-30T19:04:26Z2023-10-30T19:04:26ZPourquoi les films suscitent un intérêt croissant comme outils thérapeutiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556085/original/file-20231016-27-lbbygb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6170%2C4311&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La thérapie par les films peut aider à gérer les émotions difficiles.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/group-people-watching-sad-movie-cinema-2087654509">Zoran Zeremski/ Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Beaucoup d'entre nous aiment se poser pour regarder un bon film, car les films peuvent nous faire ressentir des choses. Un film triste peut nous aider à évacuer nos émotions, une comédie nous remonter le moral. Les films nous donnent également l'occasion de nous connecter à nos émotions et de les explorer en toute sécurité.</p>
<p>En raison de l'effet que les films peuvent produire sur nous, leur utilisation en tant qu'outils thérapeutiques suscite un intérêt croissant. Bien que ce domaine soit encore très récent, mon examen de la littérature scientifique publiée, à ce jour, sur ce sujet montre que la thérapie par le film (<em>parfois appelée filmothérapie ou cinémathérapie, ndlr</em>) <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/capr.12658">peut s'avérer efficace</a> pour aider les gens à traiter les émotions difficiles qu'ils ressentent, ce qui peut contribuer à améliorer leur santé mentale.</p>
<p>J'ai constaté que le cinéma <a href="https://www.taylorfrancis.com/books/mono/10.4324/9781315731582/cinema-therapy-john-izod-joanna-dovalis">implique les gens sur le plan émotionnel</a> d'une manière qui <a href="https://books.google.co.uk/books/about/Reel_Therapy.html?id=xQcGAAAACAAJ&redir_esc=y">peut s'avérer thérapeutique</a>. Parler des personnages d'un film peut être plus confortable que de discuter directement des problèmes que l'on rencontre, car cela met une certaine <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/jcad.12270">distance émotionnelle</a> par rapport à ce que l'on vit. Les films peuvent également aider les gens à acquérir des compétences, des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/j.1556-6676.1986.tb01229.x">savoir-être</a> en s'inspirant de la façon dont les personnages des films <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0191886920305882?via%3Dihub">font face à leurs difficultés</a>.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>En passant en revue la bibliographie scientifique, j'ai également relevé que la thérapie par le film <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jcad.12270">réduisait les conflits</a> entre parents et adolescents, augmentait l'empathie et le dialogue entre eux et contribuait à faciliter leur communication. Elle permettait également de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877042814024331?via%3Dihub">réduire l'anxiété</a> et rendait la thérapie plus attrayante.</p>
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<a href="https://theconversation.com/comment-la-musicotherapie-peut-aider-les-enfants-anxieux-161688">Comment la musicothérapie peut aider les enfants anxieux</a>
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<p>La thérapie par le film s'est également révélée particulièrement bénéfique pour certains groupes de personnes. La recherche a par exemple montré que la thérapie par le film peut aider de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jclp.22997">jeunes personnes autistes</a> à identifier leurs points forts et à développer leur résilience. Elle peut également aider des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1521/ijgp.2014.64.2.254">patients souffrant de troubles psychiatriques</a> à exprimer leurs pensées et leurs sentiments. Une autre étude a également mis en évidence le fait que <a href="https://search.informit.org/doi/10.3316/informit.529826981952514">regarder des films de super-héros puis en discuter</a> permettait à de jeunes personnes diagnostiquées schizophrènes de trouver de la force et des raisons d'affronter les difficultés qu'ils rencontrent.</p>
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<a href="https://theconversation.com/avc-autisme-sclerose-en-plaque-quand-le-cheval-se-fait-therapeute-186504">AVC, autisme, sclérose en plaque… Quand le cheval se fait thérapeute</a>
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<p>Mais comme la recherche dans ce domaine ne fait que commencer, il est important de poursuivre les investigations pour comprendre comment les gens s'impliquent dans les films, de manière à favoriser leur bien-être et rendre la thérapie par le film la plus bénéfique possible.</p>
<h2>Quel soutien les films apportent-ils ?</h2>
<p><a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Aristote/98715">Aristote</a> avait remarqué que les spectateurs des tragédies grecques semblaient passer par un processus de purge émotionnelle (ou catharsis) qui leur était bénéfique, grâce à l'empathie qu'il ressentait envers les personnages. Le cinéma et la télévision fonctionnent de la même manière, en offrant un espace sécurisé pour ressentir et exprimer des émotions, sans en subir les conséquences dans le monde réel.</p>
<p>Un film rassemble <a href="https://hts.org.za/index.php/HTS/article/view/2878">des images, des histoires, des métaphores et de la musique</a>, autant d'éléments dont les bienfaits thérapeutiques ont été démontrés. De plus, les films et la télévision sont accessibles. Ils représentent quelque chose de familier, à partir duquel peut s'engager une discussion comme base de conversations thérapeutiques.</p>
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<img alt=" Une jeune femme portant des écouteurs regarde un film ou une émission sur son ordinateur portable." src="https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553985/original/file-20231016-19-pk3etk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les films peuvent offrir un espace sécurisé pour exprimer ses émotions.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-sad-african-american-woman-watching-1956958240">Fractal Pictures/ Shutterstock</a></span>
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<p>Bien que les recherches montrent que la thérapie par le cinéma peut s'avérer bénéfique, peu de recommandations ont été établies pour utiliser au mieux les films dans le cadre d'une thérapie. C'est pourquoi, après avoir étudié la littérature scientifique, j'ai mis au point une méthode qui s'appuie sur les recherches et les pratiques actuelles afin de déterminer la meilleure façon d'utiliser les films en thérapie.</p>
<p>Je l'ai appelée la «<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/capr.12658">Movie method</a>», ce qui signifie engagement conscient, observation des réactions, expression de l'expérience, identification de la pertinence personnelle et exploration de nouvelles possibilités. Bien qu'il soit recommandé de travailler avec un thérapeute en cas de problèmes de santé mentale, tout le monde peut utiliser la Movie method pour se connecter plus attentivement aux films et aux émissions de télévision qu'il regarde. </p>
<p>(<em>La santé mentale est un état de bien-être qui s'avère <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/sante-mentale-de-l-adulte/sante-mentale-definition-et-facteurs-en-jeu">indispensable pour se sentir en bonne santé</a>. Si on ressent un mal-être, même en l’absence de trouble mental ou psychologique, il convient de consulter un professionnel de santé, ndlr</em>). </p>
<p>La première étape de la Movie method consiste à vérifier en pleine conscience comment vous vous sentez - et vous assurez que c'est un bon jour pour vous engager dans le film que vous avez choisi de regarder. Réfléchissez à l'effet que pourrait avoir le fait de regarder ce film ou d'engager une réflexion autour de ce film. </p>
<p>Si vous vous sentez prêt à aller de l'avant, observez en pleine conscience vos pensées, vos sentiments et vos réactions physiques pendant que vous regardez le film. Prenez du recul par rapport à vos sentiments, sans les juger, au lieu de vous laisser entraîner par eux.</p>
<p>Après avoir regardé le film, exprimez ou nommez les émotions que vous ressentez. Il peut être utile de les noter. Soyez curieux de vos sentiments, remarquez si vous ressentez physiquement certaines émotions dans votre corps, comme de la tension ou de la relaxation. Parfois, on observe un certain ressenti, qui peut évoluer. On peut réfléchir à ce dont ce ressenti a besoin pour évoluer (par exemple de la gentillesse ou de la compréhension) et imaginer qu'on reçoit ce dont on a besoin. </p>
<p>Ensuite, identifiez ce que le film représente pour vous. Notez à qui vous vous êtes identifié et comment le parcours de ce personnage peut vous rappeler vos propres défis et réussites. Si les films peuvent donner un aperçu de la vie de différents groupes et cultures, veillez à <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jclp.22999">faire preuve d'esprit critique</a> sur la manière dont ces personnages ou ces questions sont représentés. Vous éviterez ainsi de renforcer les stéréotypes ou les représentations inexactes.</p>
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<a href="https://theconversation.com/quand-le-racisme-est-devenu-une-question-politique-dans-le-cinema-francais-155189">Quand le racisme est devenu une question politique dans le cinéma français</a>
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<p>Considérez la manière dont le film peut vous aider à explorer de nouvelles possibilités et stratégies, vous aider à grandir. Réfléchissez à la façon dont les personnages du film ont résolu leurs problèmes et à ce que cela peut vous apprendre. Remarquez les liens entre l'histoire du film et votre histoire personnelle ; et voyez si vous changeriez l'histoire ou si en vous écririez la suite. Envisagez les enseignements que vous pouvez tirer de cette réflexion. </p>
<p>La prochaine fois que vous allez vous poser pour regarder un film, réfléchissez à la manière dont vous pouvez tirer le meilleur parti de cette expérience. Appliquer les méthodes de thérapie par le film peut vous aider à vous impliquer davantage et, avec plus d'attention, dans ce que vous regardez. En définitive, cela peut vous aider à apprendre de nouvelles choses sur vous-même.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216478/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jenny Hamilton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La recherche a par exemple montré que la thérapie par le film peut aider de jeunes autistes à identifier leurs points forts et à développer leur résilience.Jenny Hamilton, Senior Lecturer in Counselling/ Psychological Therapies/ Programme Leader for MSc Counselling, University of LincolnLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2159742023-10-26T12:29:53Z2023-10-26T12:29:53ZTapis roulant, vélo d’intérieur, rameur : quelle est la meilleure option pour faire du cardio à la maison ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554597/original/file-20231006-21-yacy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C5923%2C3954&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme la course sur tapis roulant vous oblige à supporter le poids de votre corps, elle contribue également à la formation et à l’entretien de vos os. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-caucasian-woman-jogging-on-modern-1951143574">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Le cardio, diminutif d’exercice cardiovasculaire, désigne toute forme d’activité physique rythmée qui accélère la fréquence cardiaque et la respiration afin que le cœur et les poumons puissent apporter de l’oxygène aux muscles sollicités. Il s’agit essentiellement du type d’exercice qui vous fait haleter et souffler… et que de nombreuses personnes redoutent.</p>
<p>Le cardio est souvent pratiqué pour <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30003901/">perdre du poids</a>, mais il est associé à toute une série de bienfaits pour la santé, notamment la réduction du risque de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6481017/">maladies cardiaques</a>, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30191075/">d’accidents vasculaires cérébraux</a> et de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27707740/">chutes</a>. Les recherches montrent que le cardio améliore également les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29334638/">fonctions cognitives</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26978184/">santé mentale</a>. </p>
<p>L’<a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity">Organisation mondiale de la santé</a> recommande un minimum de 150 minutes de cardio d’intensité modérée ou de 75 minutes de cardio d’intensité vigoureuse par semaine. </p>
<p>Il existe de nombreuses façons de faire du cardio, qu’il s’agisse de pratiquer un sport d’équipe, d’aller au travail à vélo ou de faire du jogging. Si vous avez la volonté et les moyens d’investir dans un équipement, vous pouvez également vous entraîner à la maison.</p>
<p>Le tapis roulant, le vélo d’intérieur et le rameur sont les équipements les plus courants dans les salles de sport, mais vous pouvez aussi vous les procurer pour votre domicile. Voici comment déterminer lequel vous convient le mieux.</p>
<h2>Le tapis roulant</h2>
<p>Sur le plan de l’efficacité de l’exercice, il est difficile de ne pas penser au tapis roulant. Courir sollicite la plupart de vos principaux groupes musculaires et entraîne donc une augmentation plus importante de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1334197/">fréquence cardiaque</a> et de la dépense énergétique par rapport à d’autres activités, telles que le vélo.</p>
<p>En outre, comme la course sur tapis roulant vous oblige à supporter le poids de votre corps, elle contribue également à la formation et à l’entretien de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26562001/">vos os</a>, ce qui préserve leur solidité. Cela devient encore plus important <a href="https://www.niams.nih.gov/health-topics/exercise-your-bone-health">avec l’âge</a>, car le risque de développer des pathologies telles que l’ostéopénie et l’ostéoporose (réduction de la densité osseuse) augmente.</p>
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<img alt="Un homme sur un vélo d’intérieur et une femme sur un tapis roulant dans une maison" src="https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552466/original/file-20231006-21-wbnoxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vélo ou tapis roulant ? Chacun présente des avantages et des inconvénients.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/portrait-focused-young-caucasian-male-african-2250857815">(Shutterstock)</a></span>
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<p>Mais le tapis roulant ne convient pas à tout le monde. La mise en charge que requiert la course à pied peut exacerber la douleur et provoquer une enflure chez les personnes souffrant d’affections articulaires courantes comme l’arthrose. </p>
<p>En outre, un tapis roulant nécessitera probablement plus d’entretien (la plupart étant motorisés) et peut occuper beaucoup d’espace.</p>
<h2>Vélo d’intérieur</h2>
<p>Le vélo d’intérieur est un autre moyen pratique d’atteindre vos objectifs cardiovasculaires. Il est essentiel d’installer correctement le vélo pour être à l’aise et réduire le risque de blessure. De manière générale, il est conseillé de plier légèrement le genou, comme sur la photo suivante, lorsque la jambe se trouve en bas du mouvement de pédale.</p>
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<img alt="Les jambes d’un homme sur un vélo d’intérieur" src="https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553199/original/file-20231011-27-ouxl5g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il est important que le siège soit à la bonne hauteur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/athletic-young-man-riding-stationery-bike-1892312536">(Shutterstock)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Bien que le vélo soit très bénéfique pour la santé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21496106/">cardiovasculaire</a> et métabolique, il ne permet pas de porter le poids du corps ; il n’est donc pas aussi avantageux pour les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0026049507003253">os</a> que la marche ou la course à pied. En revanche, il offre un excellent entraînement cardio sans solliciter vos articulations. </p>
<h2>Rameur</h2>
<p>Si vous cherchez à obtenir le meilleur entraînement cardio en un minimum de temps, le rameur est peut-être ce qu’il vous faut. Comme ramer vous oblige à utiliser tous vos principaux groupes musculaires, y compris le haut du corps, votre cœur et vos poumons doivent redoubler d’efforts par rapport à la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32627051/">course et au vélo</a> pour <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8325720/">fournir de l’oxygène</a> aux muscles qui travaillent. L’énergie dépensée en ramant est donc comparable à celle nécessaire pour courir, et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3193864/">supérieure à celle requise pour pédaler</a>.</p>
<p>Mais avant de vous précipiter pour acheter un rameur, il y a deux points à considérer. Tout d’abord, le degré de difficulté technique de la rame est sans doute plus élevé que celui de la course ou du vélo, car cette manœuvre est souvent moins familière au commun des mortels. Un entraîneur peut vous aider à cet égard, mais n’oubliez pas qu’une bonne technique de rame doit être ressentie principalement dans les jambes, et non dans les bras et le dos. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme sur un rameur dans une maison" src="https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552467/original/file-20231006-25-vr0mel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une bonne technique de rame doit être ressentie principalement dans les jambes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/indoor-portrait-senior-man-working-out-2366346895">(Shutterstock)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ensuite, un exercice sans mise en charge comme la rame ne procure pas les mêmes bienfaits que le tapis roulant en matière de santé des os ; il existe cependant des preuves qu’elle peut augmenter la densité osseuse <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7551766/">dans une moindre mesure</a>. Néanmoins, comme pour le vélo, cet inconvénient peut être compensé par une plus grande compatibilité avec les articulations, ce qui constitue une excellente option pour les personnes souffrant de douleurs articulaires, mais souhaitant conserver un cœur et des poumons en bonne santé.</p>
<h2>Quelle est donc la meilleure option ?</h2>
<p>Cela dépend de vos objectifs, de votre état de santé actuel et, surtout, de ce que vous aimez le plus. Le meilleur exercice est celui que l’on fait. Choisissez donc l’équipement qui vous procure le plus de plaisir, ce qui augmentera la probabilité que vous persévériez à long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215974/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Saravana Kumar est membre de l'Australian Physiotherapy Association, des Services for Australian Rural and Remote Allied Health et de la Health Services Research Association of Australia & New Zealand.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hunter Bennett et Lewis Ingram ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Si vous envisagez d’acheter un appareil de cardio pour vos séances d’entraînement à domicile, voici les avantages et les inconvénients.Lewis Ingram, Lecturer in Physiotherapy, University of South AustraliaHunter Bennett, Lecturer in Exercise Science, University of South AustraliaSaravana Kumar, Professor in Allied Health and Health Services Research, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2136252023-10-24T14:20:09Z2023-10-24T14:20:09ZUne visite au musée, la nouvelle pilule bien-être ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554090/original/file-20231016-28-1a079n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C986%2C655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-ce que le simple fait d'être en contact avec de l'art a des effets spécifiques ?</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Nous sommes samedi matin. Tasse de café à la main, à peine réveillé, votre regard se perd vers l’horizon. Il pleut. Vous venez de vous décider. Cet après-midi, pour vous, ce sera le musée.</p>
<p>Et si, sans le savoir, vous veniez de prendre une bonne décision pour votre santé ?</p>
<p>C’est l’hypothèse qu’a émis l’association des <a href="https://www.medecinsfrancophones.ca/a-propos/lassociation/">Médecins francophones du Canada</a> en 2018, en lançant le <a href="https://www.mbam.qc.ca/fr/actualites/prescriptions-museales/">programme de prescriptions muséales</a> en partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Aujourd’hui terminé, ce projet a permis à des milliers de patients de recevoir une ordonnance de leur médecin pour une visite au musée, en solo ou accompagné. La prescription visait à favoriser le rétablissement et le bien-être de patients pouvant, par exemple, être atteints de maladie chronique (hypertension, diabète), neurologique, ou encore de trouble cognitif ou de santé mentale. Le choix de prescrire était laissé à la discrétion du médecin.</p>
<p>Cinq ans plus tard, cette initiative pionnière a fait des petits, et nous voyons aujourd’hui fleurir de plus en plus d’activités muséales bien-être allant du <a href="https://www.mnbaq.org/en/activity/museo-yoga-1211">muséo-yoga</a> aux <a href="https://www.mam.paris.fr/fr/contempler-meditation-guidee-en-ligne">méditations guidées</a> avec les œuvres d’arts, en passant par la pratique de la <a href="https://www.beaux-arts.ca/magazine/votre-collection/lart-de-la-contemplation-lente-une-peinture-de-jean-paul-riopelle">contemplation lente</a> ou <em>slow looking</em>. </p>
<p>Les offres ne manquent pas et font grandir en chacun la même conviction : l’art nous fait du bien.</p>
<h2>Au-delà de la première impression</h2>
<p>Ces initiatives ont récemment fait la manchette dans des médiats nationaux des deux bords de l’Atlantique, tant en <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/museotherapie-je-crois-que-nous-sommes-dans-un-moment-de-bouillonnement-2414180">France</a> qu’au <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/entrevue/90530/visite-gratuite-musee-beaux-arts-montreal-ordonnance-medecin-sante">Canada</a>, et gagnent en visibilité auprès du grand public. Comme une conséquence de cette popularité, on peut lire de plus en plus d’affirmations parlant de la visite au musée comme un « antistress puissant », un « remède miracle contre le stress », ou encore comme ayant des « effets incroyables ».</p>
<p>Enthousiasmant !</p>
<p>En bonne neuroscientifique, je ne peux toutefois m’empêcher de me demander pourquoi, au vu des extraordinaires effets relaxants annoncés, les foules ne se bousculent pas aux portes de nos musées quotidiennement. </p>
<p>Autant de raisons pour aller jeter un œil aux rapports et études scientifiques récemment publiés sur le sujet.</p>
<h2>L’art fait du bien ? De l’intuition à l’observation</h2>
<p>En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé publiait un épais rapport colligeant des éléments de preuve concernant le rôle des activités artistiques et culturelles <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/329834">pour favoriser la santé et le bien-être</a>. De façon remarquable, les auteurs de ce rapport tentent de s’affranchir d’une vision unifiée des bienfaits de l’art qui, tel un remède de grand-mère, constituerait une solution universelle aux problèmes de santé. </p>
<p>A la place, ceux-ci encouragent de nouvelles approches plus précises et rigoureuses, orientées sur l’observation des réponses psychologiques, physiologiques ou encore comportementales induites par certaines composantes spécifiques de l’activité artistique (engagement esthétique, stimulation sensorielle, activité physique).</p>
<h2>Acteur ou spectateur ?</h2>
<p>La spécificité de la visite au musée est d’être une activité artistique dite réceptive – c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas ici de produire de l’art (peindre, dessiner, composer). Elle présente toutefois l’avantage d’être accessible et déjà bien ancrée dans nos habitudes collectives, ce qui en fait une bonne candidate pour la prévention en santé.</p>
<p>La question est alors de savoir s’il suffit d’être exposé à de l’art pour bénéficier de ses bienfaits. Autrement dit, est-ce que le simple fait d’être en contact avec de l’art a des effets spécifiques ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme dans un musée" src="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Être exposé à l’art permettrait de vieillir en meilleure santé ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des consommateurs de culture en meilleure santé</h2>
<p>Des recherches ont été conduites en Angleterre sur des échantillons de plusieurs milliers d’individus dont on a suivi les indicateurs de santé à long terme, et à qui on a demandé pendant 10 ans de rapporter leurs habitudes en <a href="https://www.elsa-project.ac.uk">termes d’activités culturelles et artistiques</a>.</p>
<p>Ces travaux montrent que les individus fréquentant régulièrement (tous les deux, trois mois et plus) les lieux de culture (théâtres, opéras, musées, galeries) présentent un risque de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/cultural-engagement-and-cognitive-reserve-museum-attendance-and-dementia-incidence-over-a-10year-period/0D5F792DD1842E97AEFAD1274CCCC9B9">démence</a> et de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6429253/">dépression</a> divisé par deux, et un risque de développer un <a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/75/3/571/5280637">syndrome de fragilité gériatrique</a> (phénomène de déclin de la santé lié au vieillissement et associé à une perte de l’indépendance fonctionnelle) réduit d’environ 40 %.</p>
<p>Être exposé à l’art permettrait donc de vieillir en meilleure santé ?</p>
<p>Peut-être, mais il reste à confirmer que l’engagement culturel est la cause de l’amélioration des indicateurs de santé observés dans ces travaux. Pour cela, des études de cohorte et <a href="https://cihr-irsc.gc.ca/f/48952.html">essais cliniques contrôlés randomisés</a> sont nécessaires. Or, ce type d’étude est encore rare dans le domaine.</p>
<h2>À la recherche des principes actifs</h2>
<p>Par ailleurs, il reste une question, et de taille ! Celle du pourquoi… </p>
<p>Pourquoi l’art, et notamment l’art visuel, me ferait du bien. Qu’est ce qui se passe dans mon corps lorsque j’entre en contact avec une œuvre, comment ce contact me transforme et contribue à me maintenir en meilleure santé. Si tel est le cas.</p>
<p>C’est la question que s’est posée Mikaela Law chercheuse en psychologie à Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, et ses collaborateurs en 2021. Ces chercheuses et chercheurs ont <a href="https://bmjopen.bmj.com/content/11/6/e043549.abstract">exploré la littérature scientifique</a> en quête d’études disponibles adressant la réponse physiologique aux arts visuels et son effet sur le stress rapporté par l’individu. </p>
<p>Certaines des études répertoriées dans ce travail montrent que le contact avec une œuvre est à même de diminuer la pression artérielle, la fréquence cardiaque et le cortisol sécrété dans la salive. De telles modifications traduisent une diminution de l’état de tension du corps, que l’on appelle aussi le stress. Un changement qui semble perçu par l’individu et se traduit par une diminution du stress dont il témoigne après l’exposition.</p>
<p>D’autres études, à l’inverse, n’observent rien. </p>
<p>Ainsi, si le contact avec l’art visuel est susceptible de provoquer la détente physique et psychologique du spectateur, celui-ci pourrait ne pas constituer une condition suffisante.</p>
<p>Cette conclusion nous invite donc à nuancer le discours et à approfondir la réflexion sur ce qui se passe au moment de la rencontre avec l’œuvre qui conditionne ses effets sur le psychisme de l’individu.</p>
<p>Aujourd’hui, nous sommes samedi…</p>
<p>Vous irez au musée c’est décidé. </p>
<p>Il est probable que cette décision soit une bonne décision pour votre santé. </p>
<p>Il est également probable que cela dépende du musée et de la façon dont vous visiterez. </p>
<p>Une chose est certaine par contre, c’est que vous augmentez fortement vos chances de passer une agréable journée !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213625/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emma DUPUY travaille en partenariat avec le musée des beaux-arts de Montréal et a reçu des financements de MITACs, de l'Université de Montréal, et des Fonds de Recherche du Québec.</span></em></p>Une visite au musée pour lutter contre la grisaille mentale ? Voici ce qu’en dit la science.Emma Dupuy, Postdoctoral researcher, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2157192023-10-17T19:33:41Z2023-10-17T19:33:41ZAttaques terroristes, conflits… Comment exister face aux tragédies du monde ?<p><a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/17/a-bruxelles-arrestation-de-l-homme-qui-a-tue-deux-suedois_6194961_3210.html">L’attentat de Bruxelles lundi 16 octobre</a>, l’assassinat de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/14/attentat-d-arras-la-mort-de-dominique-bernard-un-professeur-de-lettres-respecte-qui-prenait-a-c-ur-son-travail_6194384_3224.html">Dominique Bernard à Arras</a> vendredi 13 octobre, les conflits armés en Europe et au Moyen-Orient, la <a href="https://www.lemonde.fr/israel-palestine/article/2023/10/12/guerre-israel-hamas-plus-d-une-centaine-d-actes-antisemites-signales-en-france-selon-gerald-darmanin_6193936_1667123.html">flambée d’actes antisémites</a>, le <a href="https://www.education.gouv.fr/plan-interministeriel-de-lutte-contre-le-harcelement-l-ecole-379551">harcèlement scolaire</a>… Ces faits nous rappellent que la tragédie, l’oppression et la violence sont des réalités qui peuvent nous toucher à tout moment.</p>
<p>Comment alors faire face à l’ambiguïté, aux incertitudes et aux injustices de la vie ?</p>
<p>Cette question est au cœur de la philosophie existentielle, qui nous invite à penser la vie concrète et située, à l’affronter avec <a href="https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/crainte-et-tremblement-9782743605872">« crainte et tremblement »</a> selon la célèbre formule de Søren Kierkegaard.</p>
<p>L’existentialisme paraît parfois mettre l’accent sur la négativité : l’angoisse, la mort, le néant, le désespoir, l’absurde et la misère humaine. Cependant, elle pose aussi et surtout la question de savoir comment mieux exister, dans un monde où la détresse, les conflits, l’exploitation de l’homme par l’homme, la précarité et la discrimination sont des faits réels.</p>
<p>Cette question clef, comment « mieux exister » est l’un des autres versants de l’existentialisme ; Kierkegaard disait d’ailleurs que sa tâche était d’aider ses lecteurs à « exister avec plus de compétence ». Mais comment faire, concrètement ? Est-ce possible de trouver l’équilibre dans un monde incertain ? C’est ce que nous étudierons avec Simone de Beauvoir et Søren Kierkegaard.</p>
<h2>Philosopher l’équilibre</h2>
<p>Avant de devenir la célèbre militante féministe et figure majeure du mouvement existentialiste que nous connaissons, la jeune étudiante en philosophie âgée de 18 ans qu’était alors <a href="https://editions.flammarion.com/devenir-beauvoir/9782081513334">Beauvoir</a> développait déjà en 1926 des réflexions philosophiques originales dans ses <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070120420-cahiers-de-jeunesse-simone-de-beauvoir/"><em>Cahiers de jeunesse</em></a>.</p>
<p>S’interrogeant sur elle-même et sa place dans le monde, elle pose dès le départ au centre de sa pensée la notion d’équilibre. Le monde qu’elle observe est rempli d’inégalités, de détresse physique et morale ; face à cela, elle se demande, comment vivre « le mieux possible » ?</p>
<p>En tant qu’individus singuliers, nous éprouvons souvent un sentiment d’impuissance face au monde avec ses multiples sources d’oppression et problèmes à résoudre. Faut-il alors se résigner à cette impuissance ? Faut-il privilégier la vie intérieure (la seule que nous puissions contrôler) et se retirer du monde, ou alors s’engager par ses actes pour créer des nouvelles valeurs et possibilités existentielles ? Un équilibre entre les deux est-il possible ?</p>
<h2>Comment agir dans un monde qui nous résiste</h2>
<p>La question centrale pour Beauvoir est de savoir comment agir et exister dans le monde d’une manière qui crée de la valeur et du sens, en dépit du fait que nous nous trouvons toujours dans un monde qui nous résiste, et projette sur nous des manières d’être et de nous construire que nous ne déterminons pas et qui nous aliènent de nous-mêmes.</p>
<p>Une vie accomplie, authentique, exige à la fois une présence à nous-mêmes et une présence à autrui. Plutôt qu’un état, cependant, la recherche d’équilibre demeure toujours une tâche, une quête, le travail d’une vie. <a href="https://www.decitre.fr/livres/cahiers-de-jeunesse-9782070120420.html">Elle écrit</a> :</p>
<blockquote>
<p>« [L]’équilibre possible [c’est l’]équilibre d’une passion qui n’ignore jamais sa propre grandeur mais qui sait la porter. Équilibre d’une pensée qui gardant dans cette passion un point d’appui solide la dépasse pourtant. Équilibre de la vie qui précise, monotone peut-être, ne laisse point, parce que sa forme extérieure est fixée, dormir ni la passion ni la pensée. »</p>
</blockquote>
<p>La recherché d’équilibre, c’est surtout, selon la jeune Beauvoir, la possibilité « d’être un être indépendant… quelles que soient les contingences » et de parvenir à la pleine conscience et pleine possession de soi. D’où une affirmation de l’irréductible singularité de chaque individu, mais une affirmation indissociable d’un engagement éthique dans le monde et « pour autrui ». On ne peut, Beauvoir conclut, être pour autrui sans être pour soi, mais de la même manière on ne peut être pour soi sans être pour autrui.</p>
<p>Pour le formuler en d’autres termes, nous pourrions dire que les possibilités pour chaque individu d’être authentiquement soi-même dépendent des structures de soutien et des liens qui nous relient et rendent notre existence possible.</p>
<h2>Un écho avec Søren Kierkegaard</h2>
<p>Les réflexions de jeunesse de la philosophe font écho, avant qu’elle ne l’ait lu, aux <a href="https://www.fayard.fr/livre/journaux-et-cahiers-de-notes-9782213631387/">passages des journaux</a> rédigés par Kierkegaard en 1835, lorsque âgé de 22 ans <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/introduction-a-la-philosophie-de-kierkegaard-6232574">il cherchait sa propre voie</a>, expliquant que ce qui lui manquait était « d’être au clair sur ce que je dois faire… de trouver l’idée pour laquelle je veux vivre et mourir. »</p>
<p>S’interrogeant sur les « malentendus » et les « petitesses » qui nous empêchent de nous comprendre mutuellement dans la société et qui causent tant de souffrance et de discrimination dans le monde, nous empêchant de voir les véritables liens qui nous unissent, le jeune danois évoque tout comme Beauvoir la nécessaire recherche d’équilibre et de subjectivité.</p>
<p>Se découvrir dans l’intériorité – ou « devenir subjectif », ainsi que Kierkegaard le formulerait plus tard dans le fameux <a href="https://www.les-philosophes.fr/post-scriptum-miettes-philosophiques.html"><em>Post-scriptum définitif et non scientifique</em></a> (1846) – exige d’apprendre à se regarder véritablement. Cependant, même chez le jeune Kierkegaard, il ne s’agit pas de se détourner ou de s’exempter du monde.</p>
<p>Découvrir « l’équilibre véritable (<em>den sande Ligevægt</em>) » implique un apprentissage de l’humilité, un difficile travail pour se découvrir avec sincérité. Il implique que nous puissions trouver assez de stabilité en nous-mêmes pour résister aux épreuves du monde, sans pour autant oublier que notre tâche est de vivre dans le monde parmi d’autres.</p>
<h2>Réconcilier l’interne avec l’externe</h2>
<p>La notion d’équilibre joue également un rôle important dans le développement chez Kierkegaard du stade éthique, dans la seconde partie de <a href="https://www.philomag.com/articles/lalternative-kierkegaard-et-limpossible-reconciliation"><em>L’alternative</em></a> (1843). Il parle ici du nécessaire « équilibre… dans la formation de la personnalité », et de la difficulté pour l’individu de réconcilier l’interne avec l’externe, la quête d’unité avec la pluralité et variabilité de la vie, et le fait que nous sommes à la fois des individus singuliers et des êtres civiques et sociaux.</p>
<p>Une vie pleine et dotée de sens, Kierkegaard suggère ici, ne peut chercher ses raisons d’être entièrement dans l’intériorité ni entièrement dans l’extériorité (c’est-à-dire les actions, engagements ou rôles que nous jouons dans la société).</p>
<p>Sans avoir connaissance du travail de son prédécesseur danois, Beauvoir parvient dès ses réflexions de jeunesse au développement d’une approche existentielle de la philosophie qui en fait écho.</p>
<p>Ces deux philosophes plaçaient au centre de leur démarche philosophique le rôle du choix de soi-même, mais insistaient également sur un nécessaire équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, entre la quête de soi et les engagements et les actions dans le monde.</p>
<p>Beauvoir écrit dans ses <em>Cahiers</em> en 1927 que « c’est par la décision libre seulement, et grâce au jeu de circonstances que le moi vrai se découvre ».</p>
<p>Kierkegaard, pour sa part, avait écrit :</p>
<blockquote>
<p>« Lorsqu’on a pris possession de soi-même dans le choix, lorsqu’on a revêtu sa personne, lorsqu’on s’est pénétré soi-même entièrement, tout mouvement étant accompagné de la conscience d’une responsabilité personnelle, alors, et alors seulement on s’est choisi soi-même selon l’éthique… on est devenu concret, et l’on se trouve en son isolement total en absolue continuité avec la réalité à laquelle on appartient. »</p>
</blockquote>
<h2>Regarder les réalités avec lucidité</h2>
<p>Constats trop optimistes, trop individualistes ? Une telle conclusion serait trop hâtive. Si Beauvoir et Kierkegaard insistent tous deux sur l’équilibre, c’est parce qu’ils n’oublient jamais que le monde dans lequel nous vivons est déséquilibré et nous déséquilibre.</p>
<p>Que le monde dans lequel nous vivons est marqué par les inégalités et les injustices ; que certains naissent dans la précarité alors que d’autres dans le privilège, que quel que soit notre statut ou place dans la société, celle-ci nous enjoint à nous adapter à ses systèmes et fonctionnements qui peuvent nous aliéner de nous-mêmes. Que l’angoisse, l’absurdité, les menaces et le désespoir marquent nos vies ; que l’oppression et la mort sont des réalités quotidiennes.</p>
<p>Rechercher l’équilibre n’est pas un oubli de ces réalités concrètes, mais l’appel à trouver l’attitude appropriée par laquelle nous pourrions regarder ces réalités avec lucidité, et nous préparer pour agir activement dans le monde. Et l’équilibre n’est pas un état à atteindre ; c’est un mouvement constant de devenir, un effort actif d’appropriation.</p>
<p>En 1947, avec l’essor de l’<a href="https://www.livredepoche.com/livre/au-cafe-existentialiste-9782253257837">existentialisme</a>, Beauvoir dira dans <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070426935-pour-une-morale-de-l-ambiguite-pyrrhus-et-cineas-simone-de-beauvoir/"><em>Pour une morale de l’ambiguïté</em></a> que si les concepts tels que liberté et responsabilité ont tellement d’importance, c’est précisément parce que nous vivons dans un monde où beaucoup d’individus ne sont pas libres, ne bénéficient pas des mêmes avantages et privilèges.</p>
<p>Revendiquer le respect des droits de l’homme, pour tous, demeure toujours une lutte. Elle affirme cependant qu’une telle quête n’exige aucune capacité spécifique de la part de l’individu, à part une « présence attentive au monde et à soi-même ». Présence attentive difficile, certes, mais non impossible à atteindre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215719/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mélissa Fox-Muraton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour faire face aux tragédies, Beauvoir et Kierkegaard insistent tous deux sur l’équilibre, pour ne jamais oublier que le monde dans lequel nous vivons est déséquilibré et nous déséquilibre.Mélissa Fox-Muraton, Enseignante-chercheur en Philosophie, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2141122023-10-06T13:36:11Z2023-10-06T13:36:11ZL’obésité est une maladie grave qui comporte des caractéristiques communes avec le cancer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/552106/original/file-20231004-24-m4j46s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C0%2C3440%2C2430&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’obésité est en soi une maladie, en plus de contribuer à l’apparition et à la progression d’autres pathologies telles que le diabète, l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Bien que l’obésité <a href="https://www.nature.com/articles/ijo2008247">soit reconnue comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé</a> (OMS) depuis 1948, on ne la perçoit pas forcément de la même façon que les autres problèmes de santé.</p>
<p>Les personnes qui souffrent d’obésité sont <a href="https://doi.org/10.1007/s13679-021-00444-y">moins susceptibles de recevoir des soins appropriés</a> que celles atteintes d’autres maladies, telles que le cancer. Pourtant, l’obésité et le cancer présentent plusieurs similitudes. Cette question <a href="https://fr.worldobesityday.org/">revêt une importance capitale</a> à l’échelle mondiale, compte tenu de l’augmentation spectaculaire du nombre d’adultes et d’enfants touchés, <a href="https://data.worldobesity.org/country/canada-36/#data_population-breakdowns%7Coverweightobesity-by-region">notamment au Canada</a>.</p>
<h2>L’obésité est une maladie</h2>
<p>Comme le cancer ou d’autres maladies reconnues par la médecine, l’obésité devrait être considérée comme une pathologie par l’opinion publique. En effet, elle est en soi une maladie, en plus de contribuer à l’apparition et à la progression <a href="https://doi.org/10.1177/2042018820934955">du cancer et d’autres conditions</a>, telles que le <a href="https://doi.org/10.1155/2018/3407306">diabète, l’athérosclérose, les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux</a> (AVC).</p>
<p>L’obésité affecte les personnes atteintes de plusieurs manières.</p>
<p><strong>Mécaniquement</strong> : elle exerce une <a href="https://www.health.harvard.edu/pain/why-weight-matters-when-it-comes-to-joint-pain">surcharge sur les os et les articulations</a>, ainsi que sur les organes internes. Elle risque également de provoquer une <a href="https://www.sleepfoundation.org/sleep-apnea/weight-loss-and-sleep-apnea">obstruction des voies respiratoires</a> qui peut engendrer une apnée obstructive du sommeil.</p>
<p><strong>Biologiquement</strong> : <a href="https://doi.org/10.3389/fimmu.2022.907750">elle peut générer de l’arthrose</a>, qui se manifeste par de <a href="https://doi.org/10.1172/JCI92035">l’inflammation</a> et une <a href="https://doi.org/10.3390/ijms21103570">dysrégulation des sécrétions</a> des cellules du tissu adipeux.</p>
<p>L’obésité peut causer des <a href="https://doi.org/10.1172/JCI81507%22%22">dépôts anormaux de graisse</a> sur les organes vitaux, ce qui modifie de façon importante <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/hom%C3%A9ostasie">l’homéostasie</a>, ou stabilité biologique, de l’organisme.</p>
<p><strong>Psychologiquement :</strong> les patients souffrant d’obésité <a href="https://doi.org/10.1111/scs.12756">peuvent éprouver des difficultés à accomplir leurs activités quotidiennes</a> ; des choses aussi simples que nouer ses lacets peuvent constituer un défi. Cette situation se trouve aggravée par <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2022.101464">l’influence des médias sociaux</a> et la promotion d’une image corporelle prétendument « idéale », mais irréaliste, qui stigmatise les personnes atteintes d’obésité.</p>
<p>De plus, des données indiquent que l’obésité s’accompagne d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s12272-019-01138-9">inflammation du cerveau</a> et d’un risque accru de troubles mentaux tels que <a href="https://doi.org/10.1038/s41380-018-0017-5">dépression sévère</a> et <a href="https://doi.org/10.1007/s40211-019-0302-9">anxiété</a>.</p>
<h2>Caractéristiques communes de l’obésité et du cancer</h2>
<p>L’obésité présente plusieurs caractéristiques communes avec le cancer.</p>
<p><strong>Facteurs multiples</strong> : ces deux maladies n’ont pas de cause unique connue, ce qui peut en rendre la prévention et le traitement difficiles. L’obésité n’est pas simplement attribuable à un mode de vie personnel caractérisé par une consommation élevée de calories ou un faible niveau d’exercice physique, puisque l’équilibre entre l’apport et la dépense énergétiques peut être modifié dans un sens ou dans l’autre par la <a href="https://doi.org/10.1007/s00261-012-9862-x">génétique, l’environnement ainsi que d’autres facteurs qui ne sont pas encore totalement compris</a>.</p>
<p><strong>Métastases</strong> : <a href="https://doi.org/10.3390/cells11121872">comme le cancer, l’obésité peut entraîner des métastases</a>, c’est-à-dire que la maladie peut se propager à d’autres parties du corps. Dans le cas de l’obésité, il s’agit de dépôts de graisse ectopique, qui se créent lorsque le tissu adipeux (la graisse) ne peut pas stocker tous les excédents de <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=baisser-taux-triglycerides">triglycérides</a> (un type de matière grasse). Les triglycérides s’accumulent alors hors de leur emplacement normal, notamment autour des organes. En cas d’obésité, la graisse peut se retrouver sur le cœur, le foie, dans les vaisseaux sanguins et même dans le <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1113/jphysiol.2012.239491">cerveau</a>. Ces dépôts peuvent altérer le fonctionnement d’organes vitaux et avoir des effets dévastateurs sur la santé.</p>
<p><strong>Développement progressif et étapes</strong> : <a href="https://doi.org/10.1155/2015/619734">l’obésité</a>, comme le <a href="https://doi.org/10.1038/s41568-020-00300-6">cancer</a>, peut se développer progressivement pour atteindre des stades avancés et néfastes. L’une des raisons pour lesquelles on a tendance à considérer l’obésité comme une maladie moins grave que le cancer est qu’on accorde plus d’attention aux stades du cancer.</p>
<p>En fait, l’obésité et le cancer peuvent tous deux évoluer graduellement en l’absence d’un diagnostic et d’une intervention appropriés. Cependant, les décès imputables à l’obésité sont le plus souvent attribués à des maladies qui en résultent (telles que les accidents ischémiques cardiovasculaires ou même le cancer) sans qu’on tienne compte de l’impact central de l’obésité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un yo-yo rouge avec un mètre ruban à la place de la ficelle" src="https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreuses personnes souffrant d’obésité luttent pour contrôler la reprise de poids après une perte de poids.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p><strong>Récidive</strong> : les personnes qui guérissent de l’obésité peuvent connaître une récidive. La série télévisée « Qui perd gagne » en est un bon exemple. Les <a href="https://www.health.harvard.edu/diet-and-weight-loss/lessons-from-the-biggest-loser">candidats qui ont perdu du poids</a> dans le cadre de l’émission <a href="https://doi.org/10.1002/oby.21538">l’ont repris</a> par la suite.</p>
<p>La récidive de l’obésité est souvent qualifiée d’effet « yo-yo ». Cependant, il convient de remplacer ce terme par celui de « récidive », pour mettre en lumière que l’obésité est loin d’être un jeu. En effet, certains patients luttent avec acharnement pour endiguer une reprise de poids incontrôlable.</p>
<h2>Il faut revoir notre perception de l’obésité</h2>
<p>Comme l’illustre l’histoire des habits neufs de l’empereur, nos perceptions peuvent être erronées. Souvent, notre vision de l’obésité ne témoigne pas des graves menaces qu’elle fait peser sur la santé. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Illustration d’un tailleur et d’un roi en sous-vêtements se regardant dans un miroir" src="https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nous devons tirer les leçons de l’histoire des habits neufs de l’empereur et reconnaître la réalité des choses : l’obésité est une véritable maladie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Bien que l’obésité comporte de nombreuses caractéristiques de morbidité communes avec le cancer, elle n’est pas reconnue comme une maladie par l’ensemble de la société, et les personnes qui en sont atteintes sont moins susceptibles d’obtenir l’aide et le traitement dont elles ont besoin. Il est urgent de revoir notre perception de l’obésité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214112/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Besma Boubertakh reçoit un financement de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'axe microbiome-endocannabinoïde dans la santé métabolique (CERC-MEND ; titulaire de la chaire, le professeur Vincenzo Di Marzo).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cristoforo Silvestri reçoit un financement de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'axe microbiome-endocannabinoïde dans la santé métabolique (CERC-MEND ; titulaire de la chaire, le professeur Vincenzo Di Marzo).</span></em></p>L’obésité est une maladie qui partage plusieurs caractéristiques avec le cancer, mais qui n’est pas reconnue comme telle par la société. Les personnes atteintes sont moins susceptibles d’être traitées.Besma Boubertakh, Doctoral student, molecular medicine, Université LavalCristoforo Silvestri, Assistant Professor, Faculty of Medicine, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2139372023-09-22T15:19:26Z2023-09-22T15:19:26ZNous avons offert 7 500 dollars à des personnes sans domicile fixe. Voici ce qu’elles ont fait avec cet argent<p>L’itinérance est une question très complexe et grandement incomprise. Lorsqu’on entend ce terme, on a tendance <a href="https://www.jstor.org/stable/2787093">à l’associer</a> à la maladie mentale ou à la consommation problématique de substances. Les personnes sans domicile sont largement <a href="https://doi.org/10.1111/hsc.13884">stigmatisées</a>, <a href="https://doi.org/10.1111/j.1749-6632.2009.04544.x">déshumanisées</a> et perçues comme peu compétentes et non dignes de confiance. Mais la réalité est bien plus nuancée.</p>
<p>Un <a href="https://www.vancitycommunityfoundation.ca/sites/default/files/uploads/HC2020_FinalReport.pdf">recensement effectué en 2020</a> par la BC Non-Profit Housing Association dans la région métropolitaine de Vancouver a révélé qu’il y avait 3 634 personnes sans domicile fixe, dont 1 029 qui n’ont pas recours à des centres d’hébergement et 2 605 qui y ont recours. Seule la moitié d’entre elles avaient des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’itinérance cachée, qui comprend les personnes qui dorment sur un canapé chez quelqu’un ou dans leur voiture.</p>
<p>Plus une personne reste longtemps sans domicile, <a href="https://doi.org/10.1080/17523281.2011.618143">plus elle risque</a> d’être confrontée à des traumatismes, à la toxicomanie et à des problèmes de santé mentale. Cette situation entraîne souvent une détérioration de l’état de santé à long terme.</p>
<p>Les approches actuelles ne fonctionnent pas, comme en témoigne <a href="https://www.homelesshub.ca/resource/addressing-homelessness-metro-vancouver">l’augmentation rapide</a> du nombre de personnes sans domicile. On a démontré qu’il <a href="https://www.homelesshub.ca/resource/addressing-homelessness-metro-vancouver">est plus coûteux</a> d’offrir des refuges de courte durée qu’un logement stable. Il est donc impératif de changer notre stratégie.</p>
<h2>Tenter quelque chose de nouveau</h2>
<p>En 2016, nous nous sommes associés à Claire Williams, cofondatrice de <a href="https://forsocialchange.org/who-we-are#:%7E:text=Claire%20Elizabeth%20Williams%20is%20the,impact%20on%20the%20global%20stage.">Foundations for Social Change</a>, pour élaborer une nouvelle solution.</p>
<p>Nous avons effectué un transfert ponctuel de 7 500 dollars à des personnes sans domicile de Vancouver. Cette somme forfaitaire, équivalant à l’aide sociale offerte pour un an en 2016 en Colombie-Britannique, leur a donné la possibilité de payer un loyer et de couvrir d’autres frais de subsistance. Le versement d’argent constitue un moyen de permettre aux gens d’éviter l’itinérance dans la dignité.</p>
<p>Il nous a fallu deux ans pour obtenir le soutien d’organismes partenaires et de donateurs. Nous avons d’abord conclu un accord avec le gouvernement de la Colombie-Britannique pour que les bénéficiaires puissent conserver les 7 500 dollars tout en restant éligibles à l’aide sociale. Nous avons ensuite travaillé avec la coopérative de crédit Vancity pour offrir des comptes chèques gratuits où ces fonds pouvaient être déposés.</p>
<p>En 2018, nous avons lancé le premier <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2222103120">essai contrôlé randomisé</a> au monde qui visait à examiner les incidences d’un don d’argent sur des personnes en situation d’itinérance. Notre objectif était de commencer avec des personnes devenues sans-abri depuis peu à un moment où elles avaient besoin d’argent pour éviter de rester coincées dans cette situation.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme couché sur un banc" src="https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548587/original/file-20230915-25-vg01wg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Soutenir des personnes en leur versant de l’argent peut les aider à ne pas se trouver coincées en situation d’itinérance.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Nos participants</h2>
<p>Notre équipe s’est rendue dans 22 refuges du Lower Mainland en Colombie-Britannique pour sélectionner des personnes sans domicile depuis moins de deux ans, de nationalité canadienne ou résidentes permanentes, âgées de 19 à 65 ans et sans problèmes graves de toxicomanie ou d’alcoolisme, ni de santé mentale. </p>
<p>Notre échantillon représentait 31 % de la population des refuges de Vancouver. Au total, 229 personnes répondaient à nos critères. Elles ne savaient rien du programme de versement d’argent. Mais lorsque nous avons essayé de les recontacter pour mener l’enquête de référence, nous n’avons pas pu joindre la moitié d’entre elles parce qu’elles n’avaient pas d’adresse stable, de téléphone ou d’adresse électronique. </p>
<p>Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu retrouver 114 personnes et avons fini par recruter 115 participants pour notre étude. Dans le cadre de l’essai contrôlé randomisé, nous avons choisi de manière aléatoire 50 participants qui allaient recevoir de l’argent et 65 qui n’en recevraient pas. Nous avons informé les 50 participants du groupe « avec argent » du fait qu’on allait effectuer un versement seulement après qu’ils ont répondu à l’enquête de référence. Nous n’en avons rien dit aux personnes de l’autre groupe.</p>
<p>Nous avons suivi les participants pendant un an afin d’évaluer les effets du transfert d’argent. Nous avons perdu tout contact avec environ 30 % d’entre eux pendant cette période, et certains ont déménagé loin de Vancouver.</p>
<p>Nous avons proposé un atelier et du mentorat à un sous-ensemble de participants en guise de soutien supplémentaire. L’atelier proposait une série d’exercices visant à les aider à réfléchir aux moyens de retrouver une stabilité dans leur vie. Le mentorat consistait en des rencontres téléphoniques avec un coach certifié, formé pour aider les gens à atteindre leurs objectifs de vie.</p>
<p>Comme personne n’avait jamais mené d’étude de ce genre auparavant, nous disposions de peu d’éléments pour orienter nos prédictions sur les effets du versement. Mais en nous inspirant des bonnes pratiques, nous avons formulé quelques hypothèses sur le bien-être à court terme et les fonctions cognitives en nous basant sur des études antérieures sur des transferts d’argent. Aucune de ces hypothèses ne s’est avérée exacte.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une personne en train de compter de l’argent" src="https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548156/original/file-20230913-33750-rfgloa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La plupart des participants ont dépensé l’argent reçu pour payer un loyer, de la nourriture et acheter des articles tels que des meubles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Nos résultats</h2>
<p>Ce qui nous a étonnés, c’est l’incidence positive des transferts d’argent. Les gens qui ont reçu une aide financière ont passé en moyenne 99 jours de moins dans la rue sur une période d’un an.</p>
<p>Cela s’est traduit par des économies nettes de 777 dollars par personne par an. En d’autres termes, l’État et les contribuables ont ainsi économisé de l’argent. Les bénéficiaires de l’offre ont augmenté leurs dépenses pour le loyer, la nourriture, le transport et l’achat d’articles tels que des meubles ou une voiture.</p>
<p>Fait important, ils n’ont pas augmenté leurs dépenses en alcool, en drogues et en cigarettes. Cela remet en cause l’idée reçue selon laquelle les personnes sans domicile gaspillent l’argent en alcool et en drogues.</p>
<p>De 2018 à 2020, le taux d’inoccupation des logements à Vancouver était d’environ un <a href="https://globalnews.ca/news/9439394/vancouver-rental-market-vacancy-cost/">pour cent</a> et le délai d’attente pour obtenir un logement pouvait aller <a href="https://www.homelesshub.ca/blog/long-wait-times-social-housing-what-can-be-done-meet-housing-needs-homeless-people-and-those">jusqu’à un an</a> pour une personne vivant dans un centre d’hébergement.</p>
<p>Néanmoins, près de la moitié des participants à notre étude ont trouvé un appartement un mois seulement après le versement d’argent. Cela montre à quel point ils étaient prêts à recouvrer une situation stable et n’avaient besoin que d’un coup de pouce financier pour y parvenir.</p>
<p>En revanche, nous n’avons pas constaté d’améliorations notables en matière de sécurité alimentaire, d’emploi, d’éducation et de bien-être. Cela peut s’expliquer par le fait que 7 500 dollars constituent une somme relativement faible dans une ville aussi chère que Vancouver.</p>
<p>Le revenu annuel moyen des participants était de 12 580 $. L’argent versé représentait donc une augmentation de 60 %. Malgré cela, ils se trouvaient toujours sous le seuil de pauvreté et étaient loin de pouvoir assumer le coût de la vie à Vancouver.</p>
<p>Nous avons également constaté que ni l’atelier ni le mentorat n’avaient eu d’effet positif sur les participants. L’une des raisons est l’engagement ; la plupart des participants n’ont pas pris part à l’atelier ou au mentorat après le premier mois. Une autre raison possible est un décalage entre le soutien offert et les besoins des participants. L’accompagnement proposé était ambitieux et visait à clarifier leurs objectifs de vie et à renforcer leur sentiment d’efficacité personnelle.</p>
<p>Mais ce dont nos participants avaient besoin, c’était d’un soutien pratique pour obtenir des pièces d’identité, rédiger des CV et postuler à un emploi, par exemple. Quelques ateliers ou du mentorat ne les aidaient pas sur ce plan.</p>
<p>Notre étude vient s’ajouter à un corpus mondial de plus en plus important d’études portant <a href="https://doi.org/10.1002/14651858.CD011135.pub3">sur les versements d’argent</a> qui démontrent la nécessité de rehausser le revenu des personnes marginalisées.</p>
<p>Cette étude est un point de départ prometteur, qui jette les bases de recherches et de politiques futures. Les gouvernements et les experts devraient étudier les transferts d’argent comme moyen de soutenir les personnes sans abri et marginalisées.</p>
<hr>
<p><em>Ryan Dwyer, chercheur senior à la Happier Lives Institute, a co-écrit cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213937/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jiaying Zhao a bénéficié d'un financement de la part d'Emploi et Développement Social Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Daniel Daly-Grafstein travaille pour les Fondations pour le changement social.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anita Palepu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les chercheurs ont constaté que la plupart des sans-abri dépensaient l’argent qu’ils recevaient pour payer leur loyer, leur nourriture et d’autres frais de subsistance.Jiaying Zhao, Associate Professor, Psychology, University of British ColumbiaAnita Palepu, Professor of Medicine, University of British ColumbiaDaniel Daly-Grafstein, PhD student in statistics, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2012572023-09-19T13:50:50Z2023-09-19T13:50:50ZContre la dépression, l’exercice peut être plus efficace que les thérapies ou la médication<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518032/original/file-20230328-14-6q6w90.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’exercice physique peut s'avérer plus efficace contre la dépression que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Anupam Mahapatra)</span></span></figcaption></figure><p>Les problèmes de santé mentale, dont la dépression ou l’anxiété, affectent des millions de personnes à travers le monde. Depuis la Covid-19, les personnes disant avoir une excellente ou une très bonne santé mentale a diminué au Canada, passant de 55 % en juillet 2020 à 68 % en 2019. De manière générale, la pandémie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33794717/">a exacerbé la détresse psychologique</a> dans le monde. </p>
<p>Les troubles de santé mentale <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673615003906">coûtent cher tant à l’individu qu’à la société</a>. </p>
<p>Si les traitements traditionnels tels que la thérapie et la médication peuvent être efficaces, notre <a href="https://bjsm.bmj.com/content/early/2023/02/16/bjsports-2022-106195?rss=1">nouvelle recherche</a> souligne l’importance de l’exercice physique dans la prise en charge des problèmes de santé mentale.</p>
<p>Publiée dans le <a href="https://bjsm.bmj.com/content/early/2023/02/16/bjsports-2022-106195?rss=1"><em>British Journal of Sports Medicine</em></a>, notre étude a recensé plus d’un millier d’essais cliniques portant sur les effets de l’activité physique sur la dépression, l’anxiété et la détresse psychologique. Elle a montré que l’exercice physique est un moyen efficace de traiter les problèmes de santé mentale.</p>
<h2>Plus dur, plus rapide, plus fort</h2>
<p>Nous avons recensé 97 articles, qui portaient sur 1 039 essais cliniques comptant 128 119 participants. Nous avons constaté qu’une activité physique de 150 minutes par semaine (marche rapide, haltérophilie, yoga, etc.) réduit considérablement la dépression, l’anxiété et la détresse psychologique.</p>
<p>Les améliorations les plus importantes (telles que déclarées par les participants) ont été observées chez les personnes souffrant de dépression. Mais des bénéfices évidents ont aussi été observés pour toutes les populations, en santé ou pas.</p>
<p>Nous avons constaté que plus l’intensité de l’exercice est élevée (marcher à un rythme soutenu, par exemple), plus il est bénéfique. De plus, les bénéfices de la pratique de l’exercice physique s’accroissent après six à douze semaines. L’amélioration de la santé mentale profite d’une pratique à long terme.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1627380770233876480"}"></div></p>
<h2>Quel est le degré d’efficacité ?</h2>
<p>Nos résultats suggèrent que l’exercice physique est environ 1,5 fois plus efficace que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4804177/">médicamention</a> ou la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29451967/">thérapie cognitivo-comportementale</a> pour combattre la dépression et l’anxiété. </p>
<p>En outre, l’exercice physique est moins <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-psychiatric-sciences/article/excess-costs-of-depression-a-systematic-review-and-metaanalysis/8F8EE6D5D23F62C56A302EAB378F7B4D">coûteux</a> que la médication, il provoque moins d’<a href="https://www.healthdirect.gov.au/antidepressant-medicines#side-effects">effets secondaires</a> et offre au contraire des gains supplémentaires pour la <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-13-813">santé physique</a> : contrôle du poids, santé cardiovasculaire, osseuse et cognitive. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’exercice est moins coûteux que les médicaments et présente moins d’effets secondaires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://images.unsplash.com/photo-1580058572462-98e2c0e0e2f0?ixlib=rb-4.0.3&ixid=MnwxMjA3fDB8MHxwaG90by1wYWdlfHx8fGVufDB8fHx8&auto=format&fit=crop&w=1742&q=80">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pourquoi ça marche</h2>
<p>L’exercice physique aurait un impact à court et à long terme sur la santé mentale pour de multiples raisons. Tout d’abord, des endorphines et de la dopamine sont libérées dans le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5928534/">cerveau</a> tout juste après la séance d’exercices. </p>
<p>À court terme, cela contribue à améliorer l’humeur et à atténuer le <a href="https://psycnet.apa.org/record/2006-10949-005">stress</a>. À long terme, la libération de neurotransmetteurs <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31586447/">favorise les changements dans le cerveau</a> qui contribuent à l’humeur et à la cognition. Cela fait diminuer l’inflammation et renforce la fonction immunitaire. </p>
<p>L’exercice régulier peut permettre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1087079218301023">d’améliorer le sommeil</a>, qui joue un rôle essentiel dans la dépression et l’anxiété. Il permet de développer une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0134804">meilleure estime de soi et un sentiment d’accomplissement</a>, bénéfiques pour les personnes qui luttent contre la dépression. </p>
<p>Les résultats corroborent donc le rôle crucial de l’exercice dans la gestion de la dépression, de l’anxiété et de la détresse psychologique. </p>
<p>Certaines directives cliniques reconnaissent déjà le rôle de l’exercice — par exemple, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353391/">directives cliniques australiennes et néo-zélandaises</a>, qui suggèrent des médicaments, une psychothérapie et des changements dans le mode de vie, telle la pratique d’exercices.</p>
<p>Les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0004867412466595">médicaments</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353391/">psychothérapie</a> demeurent plus souvent prescrits que l’exercice physique. Cela peut s’expliquer par le fait que l’exercice est difficile à prescrire et à contrôler en milieu clinique. De plus, les patients peuvent être réticents, parce qu’ils manquent d’énergie ou de motivation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/netflix-psychiatrist-phil-stutz-says-85-of-early-therapy-gains-are-down-to-lifestyle-changes-is-he-right-195567">Netflix psychiatrist Phil Stutz says 85% of early therapy gains are down to lifestyle changes. Is he right?</a>
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<h2>Ne faites pas cavalier seul</h2>
<p>Il est important de noter que si l’exercice physique peut être un outil efficace pour recouvrer ou maintenir la santé mentale, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale devraient travailler avec un professionnel de la santé pour élaborer un plan de traitement complet — plutôt que de se lancer seules dans un nouveau programme d’exercice. </p>
<p>Un plan de traitement peut inclure une combinaison d’approches liées au style de vie, telles que l’exercice régulier, une alimentation équilibrée et la socialisation, ainsi que des traitements tels que la psychothérapie et les médicaments. </p>
<p>L’exercice physique est un outil puissant et accessible pour gérer les problèmes de santé mentale — et le mieux, c’est qu’il est gratuit et qu’il s’accompagne de nombreux autres avantages pour la santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201257/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ben Singh reçoit un financement de la Société internationale du comportement, de la nutrition et de l'activité physique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carol Maher reçoit des fonds du Medical Research Future Fund, le National Health and Medical Research Council, la National Heart Foundation, le SA Department for Education, le SA Department for Innovation and Skills, Healthway, le Hunter New England Local Health District, le Central Adelaide Local Health Network et LeapForward.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jacinta Brinsley ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Faire de l’exercice physique 150 minutes par semaine serait environ 1,5 fois plus efficace contre la dépression que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.Ben Singh, Research fellow, University of South AustraliaCarol Maher, Professor, Medical Research Future Fund Emerging Leader, University of South AustraliaJacinta Brinsley, Postdoctoral research fellow, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2047862023-09-19T13:49:55Z2023-09-19T13:49:55ZLa flexibilité cognitive est essentielle pour naviguer dans un monde en mutation. Voici comment votre cerveau apprend de nouvelles règles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531648/original/file-20230613-15-y6xoup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une classe de neurones inhibiteurs peut établir des connexions à longue distance entre les deux hémisphères du cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(kinbostanci/iStock via Getty Images Plus)</span></span></figcaption></figure><p>Dans un monde en constante évolution, la flexibilité et l’adaptation sont des qualités que l’on met en pratique tous les jours. Modifier des comportements familiers en réponse à de nouvelles situations, comme dans le cas d’un nouveau chantier qui vous oblige à changer d’itinéraire ou pour retrouver votre émission préférée après avoir téléchargé une nouvelle application de diffusion en continu, est une compétence essentielle.</p>
<p>Pour réaliser ces adaptations, votre cerveau modifie ses schémas d’activité au sein d’une structure appelée <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.neuro.24.1.167">cortex préfrontal</a>, une zone du cerveau essentielle pour les fonctions cognitives telles que l’attention, la planification et la prise de décision. Mais on ignore quels circuits précis « demandent » au cortex préfrontal d’actualiser ses schémas afin de modifier le comportement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/i47_jiCsBMs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le cortex préfrontal du cerveau est responsable des fonctions exécutives telles que la maîtrise de soi et la prise de décision.</span></figcaption>
</figure>
<p>Notre équipe de <a href="https://scholar.google.com/citations?user=EYE8lYIAAAAJ&hl=en">neuroscientifiques</a>, étudie la manière dont le cerveau traite les informations et ce qui se passe lorsque cette fonction est altérée. Dans nos recherches récemment publiées, nous avons découvert une <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">catégorie particulière de neurones</a> dans le cortex préfrontal qui pourrait permettre une flexibilité du comportement et qui, lorsqu’ils présentent des dysfonctionnements, risquent de mener à des pathologies telles que la schizophrénie et les troubles bipolaires.</p>
<h2>Les neurones inhibiteurs et l’apprentissage de nouvelles règles</h2>
<p>Les <a href="https://www.brainfacts.org/brain-anatomy-and-function/cells-and-circuits/2021/how-inhibitory-neurons-shape-the-brains-code-100621">neurones inhibiteurs</a> atténuent l’activité d’autres neurones dans le cerveau. Jusqu’à présent, les chercheurs considéraient que ces neurones n’envoyaient leurs signaux électriques et chimiques qu’aux neurones situés à proximité. Cependant, nous avons découvert une catégorie particulière de neurones inhibiteurs dans le cortex préfrontal qui communiquent sur de longues distances avec ceux de l’hémisphère opposé du cerveau.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si ces connexions inhibitrices à longue portée participaient à la coordination des changements dans les schémas d’activité des cortex préfrontaux gauche et droit. Ce faisant, ils pourraient fournir les signaux cruciaux qui vous aideraient à modifier votre comportement au bon moment.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image microscopique d’un interneurone" src="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les fluctuations de l’activité neuronale se manifestent sous forme d’ondes cérébrales ou d’oscillations neuronales.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://flic.kr/p/G2ScFK">(NICHD/McBain Laboratory via Flickr)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour tester la fonction de ces connexions inhibitrices à longue portée, nous avons observé des souris effectuant une tâche qui leur exigeait d’apprendre une règle pour recevoir une récompense, puis de s’adapter à une nouvelle règle afin de continuer à recevoir la récompense. Cette tâche consistait pour les souris à creuser dans des bols pour y trouver de la nourriture cachée. Au départ, une odeur d’ail ou la présence de sable dans un bol peuvent indiquer l’emplacement de la nourriture cachée. L’indice caractéristique associé à la récompense change ensuite, ce qui oblige les souris à apprendre une nouvelle règle.</p>
<p>Nous avons découvert que la suppression des connexions inhibitrices à longue portée entre les cortex préfrontaux gauche et droit <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">provoquait chez les souris un blocage</a>, ou une persévérance, vis-à-vis d’une règle, et les empêchait d’en apprendre de nouvelles. Elles n’ont pas été capables de modifier leur stratégie et d’apprendre que l’ancien repère n’avait plus de sens et que le nouveau repère indiquait la présence de nourriture.</p>
<h2>Les ondes cérébrales et la flexibilité comportementale</h2>
<p>Nous avons également fait des découvertes surprenantes sur la manière dont ces connexions inhibitrices à longue portée créent une flexibilité comportementale. Plus précisément, elles synchronisent un ensemble d’« ondes cérébrales » appelées <a href="https://doi.org/10.1523/jneurosci.0990-16.2016">oscillations gamma</a> dans les deux hémisphères. Ce sont des fluctuations rythmiques de l’activité cérébrale qui se produisent environ 40 fois par seconde. Ces fluctuations peuvent être détectées pour de nombreuses fonctions cognitives, par exemple lorsque vous effectuez une tâche qui nécessite de garder des informations en mémoire ou de faire différents mouvements selon les informations affichées sur l’écran d’un ordinateur.</p>
<p>Bien que les scientifiques aient observé la présence d’oscillations gamma depuis plusieurs décennies, leur fonction est controversée. Beaucoup de chercheurs pensent que la synchronisation de ces fluctuations rythmiques dans diverses régions du cerveau n’a aucune utilité. D’autres ont émis l’hypothèse que cette synchronisation entre différentes régions du cerveau améliorait la communication entre ces régions.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/gvpuOBezW0w?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les fluctuations de l’activité neuronale se manifestent sous forme d’ondes cérébrales ou d’oscillations neuronales.</span></figcaption>
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<p>Nous avons trouvé un rôle potentiel complètement nouveau pour la synchronisation gamma. Lorsque les connexions inhibitrices à longue portée coordonnent les oscillations gamma dans les cortex préfrontaux gauche et droit, elles semblent également <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">ouvrir la communication entre eux</a>. </p>
<p>Quand les souris apprennent à ignorer une règle précédemment établie qui ne conduit plus à une récompense, ces connexions synchronisent les oscillations gamma et semblent empêcher un des hémisphères de maintenir des modèles d’activité inutiles dans l’autre hémisphère. En d’autres termes, les connexions inhibitrices à longue portée semblent éviter que les données provenant d’un hémisphère ne « se mettent en travers » de celles de l’autre hémisphère lorsque ce dernier essaie d’apprendre quelque chose de nouveau.</p>
<p>Par exemple, le cortex préfrontal gauche peut « remémorer » au cortex préfrontal droit votre itinéraire habituel pour vous rendre au travail. Mais lorsque des connexions inhibitrices à longue portée synchronisent ces deux zones, elles semblent également interrompre ces rappels, et permettre à de nouveaux schémas d’activité cérébrale correspondant à votre nouveau trajet de se mettre en place.</p>
<p>Enfin, ces connexions inhibitrices à longue portée <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">déclenchent aussi des effets durables</a>. En coupant ces connexions, ne serait-ce qu’une seule fois, les souris ont eu du mal à apprendre de nouvelles règles plusieurs jours plus tard. À l’inverse, la stimulation rythmique de ces connexions pour synchroniser artificiellement les oscillations gamma peut inverser ces déficits et rétablir un apprentissage normal.</p>
<h2>Flexibilité cognitive et schizophrénie</h2>
<p>Les connexions inhibitrices à longue portée jouent un rôle important dans la flexibilité cognitive. L’incapacité à mettre à jour de manière appropriée les règles apprises précédemment constitue une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16965182/">forme caractéristique de déficits cognitifs</a> dans les troubles psychiatriques tels que la schizophrénie et les maladies affectives bipolaires.</p>
<p>La recherche a également mis en évidence des <a href="https://doi.org/10.1523/jneurosci.0990-16.2016">déficiences dans la synchronisation gamma</a> et des anomalies dans une catégorie de neurones inhibiteurs préfrontaux, dont ceux que nous avons étudiés, chez les personnes souffrant de schizophrénie. Dans ce contexte, notre étude suggère que les traitements qui ciblent ces connexions inhibitrices à longue portée peuvent contribuer à améliorer la cognition chez les individus atteints de schizophrénie en synchronisant les oscillations gamma.</p>
<p>De nombreux détails sur la manière dont ces connexions affectent les circuits cérébraux demeurent inconnus. Par exemple, nous ne savons pas exactement quelles cellules du cortex préfrontal reçoivent des informations de ces connexions inhibitrices à longue portée et modifient leurs schémas d’activité pour apprendre de nouvelles règles. Nous ignorons également s’il existe des voies moléculaires particulières qui produisent des changements durables dans l’activité neuronale. </p>
<p>La réponse à ces questions pourrait dévoiler la façon dont le cerveau passe avec souplesse de la conservation à la mise à jour d’informations anciennes, et conduire éventuellement à de nouveaux traitements de la schizophrénie et d’autres maladies psychiatriques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204786/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vikaas Sohal est financé par les National Institutes of Health, la Simons Foundation Autism Research Initiative, le UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders et le Bay Area Psychedelic Research consortium.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kathleen Cho est financé par les National Institutes of Health, la Simons Foundation Autism Research Initiative, le UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders et le Bay Area Psychedelic Research consortium.</span></em></p>Une meilleure compréhension des circuits cérébraux intervenant dans l’adaptation comportementale pourrait déboucher sur de nouvelles méthodes de traitement de plusieurs maladies, dont la schizophrénie.Vikaas Sohal, Professor of Psychiatry, University of California, San FranciscoKathleen Cho, Principal Investigator in Neuroscience, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2119682023-09-13T13:36:51Z2023-09-13T13:36:51ZAu Québec, comme ailleurs au Canada, les programmes d’assistance sociale sont des « trappes à pauvreté »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/544832/original/file-20230825-27-81kqwh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C2%2C991%2C654&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En matière d’assistance sociale, le Québec n’est pas différent des autres provinces. Ses programmes sont insuffisants pour sortir de la pauvreté.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le gouvernement du Québec est actuellement en <a href="https://consultation.quebec.ca/processes/consultationpauvrete">train de mener des consultations dans le but de renouveler son plan de lutte à la pauvreté</a>. </p>
<p>La ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Chantal Rouleau, a également annoncé <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/790087/la-ministre-chantal-rouleau-prepare-une-grande-reforme-de-l-aide-sociale">son intention de moderniser la <em>Loi sur l’aide aux personnes et aux familles</em></a>, dont sont issus les programmes d’assistance sociale dans la province. </p>
<p>Puisqu’il pourrait y avoir une opportunité de revoir et de bonifier ces programmes au Québec, j’ai cherché à mieux comprendre la situation des personnes qui en sont prestataires, en particulier les personnes en situation de handicap. Pourquoi ? Parce qu’elles <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/75-006-x/2017001/article/54854-fra.pdf">vivent davantage dans la pauvreté</a>, ont <a href="https://www.ophq.gouv.qc.ca/fileadmin/centre_documentaire/Bilans/Bilan_evaluation_APE_conditions_vie.pdf">moins accès au marché du travail que le reste de la population</a> et qu’<a href="https://web.archive.org/web/20221102104813/https://www.mtess.gouv.qc.ca/publications/pdf/STAT_clientele_prog-aide-sociale_ao%C3%BBt_2022_MTESS.pdf">elles représentent la majorité des prestataires de certains programmes au Québec</a>. </p>
<p>L’hiver dernier, dans le cadre de mes études doctorales en travail social, j’ai réalisé des entrevues avec des représentants d’organisations impliquées dans la lutte à la pauvreté et dans la défense des droits des personnes en situation de handicap au niveau provincial. Cet article rapporte leurs paroles : toutes les citations entre guillemets sont tirées de ces entrevues.</p>
<h2>Des programmes d’assistance sociale insuffisants pour sortir de la pauvreté</h2>
<p>En matière d’assistance sociale, le Québec n’est pas différent des autres provinces. En d’autres termes, ses programmes sont insuffisants pour sortir de la pauvreté. </p>
<p>En 2023, aucun des trois programmes d’assistance sociale ne permet d’atteindre la <a href="https://statistique.quebec.ca/fr/document/faible-revenu-menages-et-particuliers/tableau/seuils-faible-revenu-mesure-panier-consommation-type-collectivite-rurale-urbaine-taille-unite-familiale#tri_type_revenu=10">mesure du panier de consommation (MPC)</a>, <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/ref/dict/az/Definition-fra.cfm?ID=pop165">l’indicateur officiel du seuil de pauvreté au Canada</a>, et encore moins la mesure du « revenu viable » <a href="https://iris-recherche.qc.ca/publications/revenu-viable-2023/">calculée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS)</a>. À titre d’exemple, selon l’IRIS, l’aide sociale couvrait 47 % de la MPC pour un adulte seul à Montréal, la solidarité sociale 69 % et le revenu de base environ 86 %. Si l’on utilise le pourcentage du « revenu viable », ces montants passaient à 35 %, 51 % et 64 % respectivement. </p>
<p>Ces faibles montants génèrent « de graves inconvénients monétaires et moraux » et traitent les prestataires comme « des citoyens de seconde zone ». Le <a href="https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-sociale-et-solidarite-sociale/programme-revenu-base#:%7E:text=En%202023%2C%20le%20montant%20de,532%20%24%20pour%20l%E2%80%99ann%C3%A9e.">nouveau programme de revenu de base</a> a amélioré les choses en misant sur une approche plus flexible, par exemple en permettant le travail à temps partiel ou en autorisant les prestataires à vivre avec un conjoint ou une conjointe. Les prestations sont aussi plus généreuses. Mais <a href="https://www.sqdi.ca/fr/actualites/le-programme-de-revenu-de-base-une-avancee-insuffisante-pour-les-personnes-handicapees-et-celles-ayant-des-troubles-de-sante-mentale/">il reste encore beaucoup de travail à faire</a> selon les organisations de défense des droits.</p>
<h2>Des critères d’admissibilité compliqués et problématiques</h2>
<p>Le principal programme utilisé par les personnes en situation de handicap est le <a href="https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-sociale-et-solidarite-sociale#c67401">Programme de solidarité sociale</a>. L’admissibilité y est conditionnelle à la présence de « contraintes sévères à l’emploi ». </p>
<p>Le principe peut sembler logique, puisqu’il s’agit d’une aide financière de dernier recours. Mais la réalité est tout autre. Plusieurs personnes interrogées lors des entrevues ont mentionné qu’il est « extrêmement difficile d’accéder au Programme de solidarité sociale pour les personnes ayant des handicaps cycliques, tels que des problèmes de santé mentale ». </p>
<p>Par exemple, les formulaires ne permettent pas réellement de « dire tout ce qu’on devrait savoir sur la personne » et « ne considèrent pas l’effet cumulatif des diverses conditions » de la personne. Les règles laissent aussi pour compte ceux et celles qui ne peuvent produire de rapports médicaux complets, <a href="https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/travail-interdisciplinaire-et-processus-complexes/">dont les populations marginalisées n’ayant pas accès à un médecin de famille</a>. Cela a pour effet de classer les individus en fonction de la nature de leur diagnostic, certains reconnus comme « valides », d’autres non, créant ainsi une « méritocratie du handicap ». </p>
<p>Notons que l’admission au <a href="https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-sociale-et-solidarite-sociale/programme-revenu-base">Programme de revenu de base</a> est quant à elle généralement conditionnelle à la participation au Programme de solidarité sociale pendant 66 mois dans les 72 derniers mois, forçant les prestataires à vivre dans la pauvreté pendant de nombreuses années. </p>
<h2>Des règles contraignantes</h2>
<p>Par ailleurs, les régimes d’aide financière de dernier recours au Québec sont généralement « punitifs et contraignants ». Il est par exemple <a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/a-13.1.1,%20r.%201#se:111">impossible de travailler pour plus de 200$ ou de recevoir des dons de plus de 100$ par mois</a> pour les prestataires de l’aide sociale et de la solidarité sociale. S’ils dépassent ces limites, leurs prestations sont coupées, dollar pour dollar. </p>
<p>De plus, les règles sont très compliquées, souvent expliquées de façon contradictoire, et les correspondances reçues ressemblent à des « mises en demeure », ce qui alimente « l’anxiété et la peur des répercussions » en cas d’erreur de bonne foi. </p>
<p>Ultimement, ces règles et cette complexité ont souvent pour conséquence de créer des « trappes à pauvreté » et de maintenir à long terme les prestataires dans ces programmes.</p>
<h2>Prioriser l’accompagnement et le « rétablissement »</h2>
<p>Tous les répondants sont sans équivoque : il est temps de changer de paradigme et de passer d’une approche punitive à une approche d’accompagnement. Ce changement implique nécessairement un abandon des clichés du profiteur ou du fraudeur à l’aide sociale, puisqu’il n’y aurait de toute façon « aucun avantage à frauder l’aide sociale » et que « personne ne se valorise en trichant ou en restant à la maison à [ne] rien faire ». </p>
<p>Il faut également « sortir de la dualité “capable/incapable” » pour donner accès aux régimes d’assistance sociale. L’incapacité doit être perçue comme un spectre et non comme une liste de cases à cocher dans un formulaire. Le handicap n’est « pas uniquement à propos de la condition médicale, mais aussi à propos de l’environnement et des aspects psychosociaux de la personne ». </p>
<h2>Un programme spécifique pour les personnes en situation de handicap ?</h2>
<p>Questionnés sur l’idée de créer un programme spécifique aux personnes en situation de handicap, <a href="https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/nouvelles/2023/06/le-projet-de-loi-historique-sur-la-prestation-canadienne-pour-les-personnes-handicapees-recoit-la-sanction-royale.html">comme celui récemment créé par le gouvernement fédéral</a>, les répondants ont affirmé qu’il s’agissait d’une idée intéressante, mais qu’il serait difficile de « tracer une ligne dans le sable » pour savoir qui y aurait accès ou non. </p>
<p>Cet enjeu, qui n’a pas encore été réglé par le gouvernement fédéral, est d’autant plus important puisque « le plus de gens il y a [dans les programmes], le plus cela coûte au gouvernement […] et vous pouvez entendre d’ici le bruit des calculatrices du ministère des Finances ». </p>
<p>Dans l’ensemble, les répondants ont souligné qu’une telle prestation pourrait « améliorer la santé mentale des prestataires » et « réduire l’anxiété des parents face au futur ». Elle pourrait également aider à changer la façon dont les prestataires sont perçus : « juste ne plus être “assisté” serait moralement plus facile », et cela les ferait passer d’« abuseur » du système à « citoyens » à part entière.</p>
<p>La création d’une prestation spécifique pourrait notamment « avoir un impact sur ceux qui restent dans les autres programmes », créant « des bons pauvres et des mauvais pauvres ». Loin de se désolidariser des autres prestataires, les représentants des groupes de personnes en situation de handicap ont évoqué qu’il ne faudrait pas qu’une telle prestation vienne discriminer et stigmatiser indirectement d’autres prestataires. On peut par exemple penser à ceux à la « croisée des chemins en matière de diagnostic » ou qui auraient de la difficulté à obtenir un certificat médical. Il ne faudrait pas non plus que la prestation devienne « un parking à personnes handicapées » contribuant à les « stigmatiser encore plus ».</p>
<h2>Pour que magasiner dans une friperie devienne un choix</h2>
<p>Depuis les entrevues, les organisations provinciales de personnes en situation de handicap ont publié un <a href="https://www.sqdi.ca/fr/actualites/memoire-commun-elaboration-du-quatrieme-plan-daction-gouvernemental-en-matiere-de-lutte-contre-la-pauvrete-et-lexclusion-sociale/">mémoire commun contenant 65 recommandations couvrant un ensemble de sujets</a>. Outre les habituelles demandes liées au montant des prestations, ces organisations demandent un changement de culture au sein du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, afin de faire du droit à la protection sociale une réalité.</p>
<p>Quelles que soient les solutions retenues par le gouvernement du Québec, ces dernières devront clairement prendre en compte les problèmes identifiés et tenter de mettre un terme à la stigmatisation des personnes prestataires de tous les régimes d’assistance sociale. </p>
<p>Pour ce faire, le ministère devrait notamment miser sur un changement de culture en priorisant l’accompagnement des personnes, revoir les critères d’admissibilité aux différents programmes et augmenter les prestations, pour qu’« acheter ses vêtements dans une friperie devienne un choix, non une nécessité. »</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211968/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samuel Ragot est étudiant au doctorat en travail social à l'Université McGill et analyste sénior aux politiques publiques à la Société québécoise de la déficience intellectuelle. Toutes les entrevues ont été réalisées dans le cadre de la scolarité doctorale pour laquelle un certificat d'éthique a été émis. </span></em></p>En matière d’assistance sociale, le Québec n’est pas différent des autres provinces. Ses programmes sont insuffisants pour sortir de la pauvreté. Et ils sont également punitifs et contraignants.Samuel Ragot, PhD student - étudiant au doctorat, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2117572023-09-10T14:52:30Z2023-09-10T14:52:30ZSanté mentale des migrants : prévenir et agir est une question de santé publique<p>Le drame d’Annecy a suscité une émotion nationale et fait ressurgir un sujet tabou : la <a href="https://www.nouvelobs.com/societe/20230615.OBS74538/apres-annecy-la-sante-mentale-des-migrants-en-question.html">santé mentale des migrants</a>. Le 8 juin 2023, un homme de nationalité syrienne, reconnu réfugié par les autorités suédoises et demandeur d’asile en France a poignardé huit personnes, dont quatre enfants. Comme lors des drames précédents de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/09/l-incendiaire-presume-de-la-cathedrale-de-nantes-avoue-le-meurtre-d-un-pretre-qui-l-hebergeait_6091019_3224.html">Saint-Laurent-sur-Sèvre</a> ou de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/31/agression-a-villeurbanne-un-mort-et-au-moins-six-blesses_5504983_3224.html">Villeurbanne</a>, l’actualité vient percuter le débat sur l’accueil des migrants, et devient propice à la <a href="https://www.humanite.fr/politique/attaques-au-couteau/attaque-au-couteau-annecy-l-enieme-recuperation-politique-indecente-de-la-droite-798322">récupération</a> par les détracteurs d’une politique migratoire jugée trop laxiste. Il est alors question de la possible dangerosité des migrants et de leur soi-disant manière de profiter du système de soin français, d’autant que ce dernier, notamment <a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/040823/dans-la-sarthe-la-psychiatrie-publique-desertee-par-les-medecins-s-effondre">son secteur psychiatrique</a>, est exsangue.</p>
<p>Pourtant la recherche épidémiologique et clinique est unanime : les personnes migrantes et notamment primo-arrivantes, dont certaines ont vécu des violences extrêmes à l’origine de leur départ – emprisonnement, torture, viol, agression, etc. – ou lors de leur parcours migratoire, présentent un surrisque de développer des <a href="https://www.larevuedupraticien.fr/article/sante-mentale-des-migrants-des-blessures-invisibles">troubles psychiques</a>. Ces troubles sont largement aggravés par des <a href="https://www.refworld.org/pdfid/5f0455264.pdf">conditions d’accueil problématiques</a>, une <a href="https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=21582">législation inadaptée</a> et la <a href="https://www.icmigrations.cnrs.fr/2022/02/17/defacto-031-01/">difficulté d’accès au soin</a>.</p>
<p>Seule une politique sanitaire et sociale globale peut permettre de prévenir de tels drames, certes rares, et plus largement d’assurer une véritable prise en charge en santé mentale, aujourd’hui maillon faible de la politique d’accueil des migrants, alors qu’elle en est un pilier essentiel.</p>
<h2>Déconstruire le tabou de la santé mentale des migrants</h2>
<p>S’il n’y a pas de lien de causalité directe entre la migration et la santé mentale, il est en revanche avéré que plusieurs facteurs pré-migratoires, migratoires, mais aussi post-migratoires aggravent les risques de développer des <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-67712-1_2">troubles psychiques</a>. Ceux-ci sont par ailleurs plus fréquents et sévères que les troubles somatiques (des troubles physiques) à l’arrivée des migrants, dont <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recos-pratique/migrants-en-europe-leur-sante-se-degrade-avec-le-temps">l’état de santé a tendance à se dégrader</a> lors de la suite du séjour dans le pays d’accueil.</p>
<p>Si la majorité des migrants ne développent donc pas de troubles de santé mentale, certains d’entre eux, notamment les demandeurs d’asile victimes de violences et demandant à être protégés des persécutions subies dans leur pays d’origine, représentent des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/migrants-en-situation-de-vulnerabilite-et-sante.-le-dossier-de-la-sante-en-action-n-455-mars-2021">populations dites « vulnérables »</a> et susceptibles de développer des troubles.</p>
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<p>De récentes enquêtes montrent que les migrations contemporaines sont violentes : par exemple 78 % des demandeurs d’asile pris en charge par le <a href="https://www.comede.org/demandeurs-dasile/">Comité pour la santé des exilés (Comede)</a> en 2021 ont subi des violences et 27 % des tortures, tandis que 56 % des 396 patients reçus par le <a href="https://primolevi.org/app/uploads/2023/06/Centre-Primo-Levi-Rapport-Annuel-2022.pdf">Centre Primo Levi</a> (une association dédiée au soin et au soutien des personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées en France) en 2022 disent avoir été victimes de torture.</p>
<p>Par ailleurs, les trajectoires migratoires, comme la traversée de la Lybie ou de la Méditerranée, occasionnent de nouvelles expositions à la mort, aux persécutions, aux pertes brutales, qui plongent les migrants dans un état de stress intense et ont de <a href="https://journals.openedition.org/e-migrinter/2459">fortes répercussions psychiques</a>.</p>
<p>Enfin la situation de précarité des primo-arrivants à leur arrivée, combinée à la barrière de la langue, au manque d’information, à la difficulté d’accéder aux soins, accroît leur vulnérabilité psychique. La vie à la rue ou dans les campements représente une épreuve qui peut détériorer la santé mentale. Certaines populations sont <a href="https://journals.openedition.org/popvuln/4121">particulièrement vulnérables</a>, par exemple les mineurs non accompagnés, les migrants LGBT+, ou les femmes seules, enceintes ou avec de jeunes enfants.</p>
<h2>Stress post-traumatique et dépression</h2>
<p>La recherche internationale documente les liens entre l’exposition à des évènements traumatiques et la <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4443952#">détresse psychologique</a>, exposition qui favorise l’apparition de troubles de stress post-traumatique (TSPT) dont les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jts.2490050305">traumas complexes</a> lorsque les violences sont répétées.</p>
<p>Les personnes souffrant de psychotraumatisme font état de symptômes qui ont un impact considérable sur leur vie quotidienne : dissociations, troubles du sommeil majeurs, cauchemars, troubles cognitifs et de mémoire, etc. Ces troubles sont fréquemment associés à des épisodes dépressifs. Ainsi l’apparition des troubles psychiques a été mesurée par une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32956381/">équipe internationale de recherche</a> menée par la psychologue Rebecca Blackmore à partir d’enquêtes incluant 21 842 demandeurs d’asile et réfugiés dans 15 pays. Les TSPT et la dépression concernent 31,5 % des personnes étudiées, celle des troubles anxieux 11 %. Celle des troubles psychotiques est également avérée, mais nettement moindre : 1,5 %.</p>
<p>L’évolution de ces troubles est directement corrélée à la qualité de l’accueil et à l’accès aux soins. Comment stabiliser une personne souffrant de stress post-traumatique quand elle est sans domicile ? La vie à la rue peut favoriser un vécu de persécution et redéclencher des reviviscences traumatiques.</p>
<h2>Une offre de soin sous-dimensionnée</h2>
<p>Face à cette situation complexe, aggravée par les récentes lois sur l’immigration qui limitent le droit des exilés à la santé, l’offre de soins en santé mentale pour les migrants demeure largement <a href="https://journals.openedition.org/remi/10558">sous-dimensionnée en France</a>.</p>
<p>Rares sont les services de soin, notamment de droit commun, disposant d’une consultation de psychotraumatisme spécifiquement formée à la prise en charge des populations migrantes dont la demande déborde les services de psychiatrie classique. Ce sont alors les <a href="https://journals.openedition.org/cybergeo/24796">initiatives locales</a>, notamment associatives, qui pallient les manques.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sante-mentale-a-la-sortie-de-prison-la-grande-oubliee-200623">Santé mentale à la sortie de prison : la grande oubliée</a>
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<p>Les migrants constituent une patientèle spécifique et difficile à atteindre, pour quatre raisons principales. Tout d’abord, les personnes en migration sont mobiles, elles se déplacent sur le territoire en fonction des aléas de leur parcours administratif, et donc peuvent ne pas adhérer aux soins sectorisés.</p>
<p>Plus encore, les personnes en souffrance psychique peinent à nommer des symptômes qui les inquiètent, comme les pertes de mémoire ou les reviviscences. Les dernières études montrent que le quotidien des primo-arrivants ne favorise pas la recherche de soins, bien au contraire. Consulter parce qu’on a des cauchemars peut leur sembler secondaire lorsqu’il faut d’abord s’occuper de « la galère de l’hébergement » ou des démarches administratives dans ce qui s’avère être un <a href="https://orspere-samdarra.com/rhizome/le-parcours-du-combattant-experiences-plurielles-de-la-demande-dasile-en-france/">véritable parcours du combattant</a>.</p>
<p>Enfin, la barrière de la langue constitue un obstacle majeur aux prises en charge. Or, malgré la reconnaissance officielle des besoins d’interprétariat par la <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2746031/fr/interpretariat-linguistique-dans-le-domaine-de-la-sante">Haute Autorité de la Santé</a> depuis 2017, l’interprétariat professionnel demeure très insuffisant dans les services de santé, ce qui entrave la qualité des soins. <a href="https://aoc.media/opinion/2021/06/17/migrants-deni-des-langues-versus-hospibabelite/">Le déni des langues</a> est un des écueils majeurs de l’accueil des migrants, a fortiori lorsqu’ils sont en souffrance psychique.</p>
<h2>Renouveler radicalement l’offre de soin en santé mentale pour les migrants</h2>
<p>Un système de soin efficace doit donc prendre en charge l’ensemble des facteurs qui impactent la santé mentale. Dans la durée, cela suppose une prise en charge précoce car seule la prévention peut diminuer les troubles, les risques de décompensation et leur coût à long terme.</p>
<p>Sur le territoire, cela signifie une action coordonnée entre les acteurs du soin, sociaux et juridiques, institutionnels et associatifs, avec la présence d’interprètes médiateurs. <a href="https://www.interieur.gouv.fr/actualites/actualites-du-ministere/10-actions-pour-renforcer-prise-en-charge-demandeurs-dasile-et">Le plan vulnérabilité</a> mis en œuvre à parti de 2021 par le gouvernement propose des actions pour protéger les demandeurs d’asile et réfugiés dits « vulnérables », mais il est sous-doté, sous-dimensionné et ne garantit pas les <a href="https://www.federationsolidarite.org/actualites/publication-du-plan-vulnerabilites-relatif-aux-personnes-en-demande-dasile-et-refugiees-un-plan-attendu-qui-risque-de-ne-pas-etre-a-la-hauteur-des-besoins/">prises en charge effectives</a>.</p>
<p>Déstigmatiser la question de la santé mentale des migrants est le premier jalon pour une amélioration de leur situation. C’est donc une conscience renforcée de l’enjeu de santé publique, en partenariat avec tous les acteurs, qui peut permettre de replacer les problématiques à leur juste niveau, dans le respect du droit : par exemple l’aspect préventif de <a href="https://www.icmigrations.cnrs.fr/defacto/defacto-031/">l’aide médicale d’État</a> doit être défendu, de même que le <a href="http://www.gisti.org/spip.php?article6767">droit au séjour pour soin des étrangers malades</a>.</p>
<p>Au niveau clinique, il est avéré que la reconnaissance de la souffrance psychique et l’accompagnement sont essentiels pour limiter le risque d’apparition de troubles après un traumatisme. Ainsi, tandis que le débat se poursuit sur le risque, pourtant rare, de décompensation psychotique menant à un drame comme celui d’Annecy, d’autres demandes s’élèvent, numériquement bien plus importantes, mais médiatiquement moins spectaculaires, pour prendre en charge la souffrance psychique des migrants.</p>
<p>De la frontière du Calaisis où se multiplient les <a href="https://www.la-croix.com/France/Naufrage-Manche-mort-cinquantaine-migrants-secourus-2023-08-12-1201278616">naufrages</a> à celle du <a href="https://www.infomigrants.net/fr/post/51145/combien-de-temps-on-va-tenir--les-terrasses-de-briancon-depassees-par-lafflux-inedit-de-migrants-venant-ditalie">Briançonnais</a> où des familles de migrants traversent toujours plus nombreuses dans des conditions de stress intense, le besoin de soins en santé mentale des rescapés est immense. La capacité d’y répondre est une affaire de santé publique mais aussi de conscience éthique et politique, qui engage toute notre société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211757/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky a reçu des financements de L'Agence Nationale de la Recherche et du ministère de l'Education supérieure et de la Recherche. Elle est directrice de l'Institut Convergences Migrations (CNRS), membre du CSO du CN2R et membre du CA du Centre Primo Levi. </span></em></p>Les migrants qui ont vécu des violences extrêmes présentent un risque de développer des troubles psychiques : une autre politique de santé mentale pour prévenir et soigner est nécessaire.Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, Anthropologue, psychologue clinicienne, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.