tag:theconversation.com,2011:/global/topics/vacances-38872/articlesvacances – The Conversation2023-12-06T17:44:46Ztag:theconversation.com,2011:article/2187512023-12-06T17:44:46Z2023-12-06T17:44:46ZTransport aérien, croisières… La piste des « passeports carbone » pour limiter l’impact du tourisme<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/562156/original/file-20231031-15-1auro3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=64%2C0%2C7128%2C4748&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/woman-carries-luggage-airport-terminal-403443151">Shine Nucha/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>L’été 2023 a marqué un tournant pour l’industrie du voyage. À la fin du mois de juillet, les arrivées de touristes internationaux dans le monde <a href="https://www.unwto.org/news/international-tourism-swiftly-overcoming-pandemic-downturn">ont atteint 84 % des niveaux d’avant la pandémie</a>. Dans <a href="https://joint-research-centre.ec.europa.eu/jrc-news-and-updates/eu-tourism-almost-full-recovery-pre-pandemic-levels-2023-10-23_en">certains pays européens</a>, comme la France, le Danemark et l’Irlande, la demande touristique a même dépassé son niveau prépandémique.</p>
<p>C’est peut-être une excellente nouvelle <a href="https://skift.com/insight/state-of-travel/">sur le plan économique</a>, mais il est à craindre que ce retour au <em>statu quo</em> n’ait déjà des conséquences désastreuses sur les plans environnemental et social.</p>
<p>L’été 2023 a été marqué par des vagues de chaleur record dans de nombreuses régions du monde. Les gens ont dû fuir les <a href="https://www.theguardian.com/world/2023/jul/24/greece-wildfires-corfu-evia-rhodes-heatwave-northern-hemisphere-extreme-weather-temperatures-europe">incendies de forêt en Grèce</a> et <a href="https://www.independent.co.uk/climate-change/news/hawaii-fires-update-biden-b2393188.html">à Hawaï</a>, tandis que des <a href="https://www.manchestereveningnews.co.uk/news/world-news/foreign-office-issues-spain-weather-27339111">alertes météorologiques</a> extrêmes ont été émises dans de nombreuses destinations de vacances populaires telles que le Portugal, l’Espagne et la Turquie. Les experts <a href="https://theconversation.com/european-heatwave-whats-causing-it-and-is-climate-change-to-blame-209653">ont conclu à la responsabilité du changement climatique dans ces conditions météorologiques extrêmes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-risques-de-temperatures-extremes-en-europe-de-louest-sont-sous-estimes-213015">Les risques de températures extrêmes en Europe de l’Ouest sont sous-estimés</a>
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<p>Le tourisme fait partie du problème. Le secteur du tourisme génère <a href="https://wttc.org/Portals/0/Documents/Reports/2021/WTTC_Net_Zero_Roadmap.pdf">environ 10 %</a> des émissions de gaz à effet de serre à l’origine de la crise climatique.</p>
<p>Les effets négatifs du tourisme sur l’environnement sont devenus si graves que certains suggèrent que des changements radicaux dans nos habitudes de voyage sont inévitables. Dans un <a href="https://www.intrepidtravel.com/sites/intrepid/files/basic_page/files/A%20Sustainable%20Future%20For%20Travel%20From%20Crisis%20To%20Transformation-231016-02.pdf">rapport</a> de 2023 sur l’avenir des voyages durables, le voyagiste Intrepid Travel a proposé l’idée de « passeports carbone » pour aider l’industrie du tourisme à survivre.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un passeport carbone ?</h2>
<p>L’idée du passeport carbone repose sur l’attribution à chaque voyageur d’un quota annuel de carbone qu’il ne peut pas dépasser. Ces quotas permettent ensuite de « rationner » les déplacements.</p>
<p>Ce concept peut sembler extrême. Mais l’idée de quotas de carbone personnels n’est pas nouvelle. Un <a href="https://publications.parliament.uk/pa/cm200708/cmselect/cmenvaud/565/565.pdf">concept similaire</a> – appelé « échange personnel de droits d’émission de carbone » – a été discuté à la Chambre des communes du Royaume-Uni en 2008, avant d’être abandonné en raison de sa complexité apparente et de la possibilité d’une résistance de l’opinion publique.</p>
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<p><a href="https://www.nature.org/en-us/get-involved/how-to-help/carbon-footprint-calculator/">L’empreinte carbone annuelle moyenne</a> d’une personne aux États-Unis est de 16 tonnes, l’un des taux les plus élevés au monde. Au Royaume-Uni, ce chiffre s’élève à 11,7 tonnes, soit plus de cinq fois le chiffre recommandé par l’<a href="https://www.openaccessgovernment.org/the-average-british-carbon-footprint-is-five-times-over-paris-agreement-recommendations/152669/">accord de Paris</a> pour maintenir l’augmentation de la température mondiale en deçà de 1,5 °C. (<em>En France, celle-ci est <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/en_SNBC-2_summary.pdf">du même ordre de grandeur</a>, ndlt</em>)</p>
<p>Au niveau mondial, l’empreinte carbone annuelle moyenne d’une personne est plus proche de quatre tonnes. Mais pour avoir les meilleures chances d’empêcher la hausse des températures de dépasser les 2 °C, l’empreinte carbone mondiale moyenne <a href="https://www.nature.org/en-us/get-involved/how-to-help/carbon-footprint-calculator/">doit baisser</a> à moins de deux tonnes d’ici à 2050. Ce chiffre équivaut à environ <a href="https://www.theguardian.com/environment/ng-interactive/2019/jul/19/carbon-calculator-how-taking-one-flight-emits-as-much-as-many-people-do-in-a-year">deux vols aller-retour</a> entre Londres et New York.</p>
<p>Le rapport d’Intrepid Travel prévoit que les passeports carbone seront utilisés d’ici 2040. Cependant, <a href="https://www.politico.eu/article/travel-short-haul-flights-europe-under-fire-climate-change-cop26/">plusieurs lois et restrictions</a> ont été mises en place au cours de l’année écoulée, ce qui suggère que nos habitudes de voyage sont peut-être déjà sur le point de changer.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Boeing 777 avec Manhattan en arrière-plan à l’aéroport JFK de New York." src="https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=155&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=155&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=155&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=195&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=195&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556889/original/file-20231031-23-kfakh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=195&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un vol Londres-New York génère un peu moins d’une tonne de CO₂ par passager.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/new-york-january-2-boeing-777-93592174">Eliyahu Yosef Parypa/Shutterstock</a></span>
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<h2>Pourquoi cibler le transport aérien</h2>
<p>Entre 2013 et 2018, la quantité de CO<sub>2</sub> émise par les vols commerciaux dans le monde <a href="https://theicct.org/sites/default/files/publications/ICCT_CO2-commercl-aviation-2018_20190918.pdf">a augmenté de 32 %</a>. Certes, les améliorations en matière d’efficacité énergétique réduisent lentement les émissions par passager. Mais une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1352231014004889">étude</a> de 2014 a révélé que, quels que soient les efforts déployés par l’industrie pour réduire ses émissions de carbone, ils seront contrebalancés par la croissance du trafic aérien.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/leffet-rebond-quand-la-surconsommation-annule-les-efforts-de-sobriete-197707">L'effet rebond : quand la surconsommation annule les efforts de sobriété</a>
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<p>Pour que les réductions d’émissions aient un effet significatif, les prix des billets devraient augmenter de 1,4 % par an, ceci afin de décourager certaines personnes de prendre l’avion. Or, en réalité, les <a href="https://www.climatecentral.org/news/increase-in-flights-will-outweigh-carbon-cuts-17875">prix des billets sont en baisse</a>.</p>
<p>Certains pays européens commencent à prendre des mesures pour réduire les voyages en avion. En Belgique, depuis le 1<sup>er</sup> avril 2023, les passagers des vols court-courriers et des avions les plus anciens sont <a href="https://www.euronews.com/green/2022/12/12/private-jets-and-short-haul-flights-face-pollution-busting-tax-increases-in-belgium">soumis à des taxes plus élevées</a> afin d’encourager d’autres formes de voyage.</p>
<p>Moins de deux mois plus tard, la France a interdit les <a href="https://www.bbc.co.uk/news/world-europe-65687665">vols intérieurs court-courriers</a> lorsque le même trajet peut être effectué en train en deux heures et demie ou moins. <a href="https://businesstravelerusa.com/news/spain-to-follow-frances-lead-plans-to-ban-short-haul-domestic-flights/">On s’attend à ce que l’Espagne</a> fasse de même prochainement.</p>
<p>Un projet similaire pourrait également voir le jour en Allemagne. En 2021, un <a href="https://www.cleanenergywire.org/news/seventy-percent-germans-favour-banning-short-haul-flights-survey">sondage YouGov</a> a révélé que 70 % des Allemands soutiendraient de telles mesures pour lutter contre le changement climatique si des parcours alternatifs par train ou par bateau étaient disponibles.</p>
<h2>Des croisières qui polluent</h2>
<p>Le transport aérien n’est pas le seul à être sous le feu des critiques. Une <a href="https://www.transportenvironment.org/wp-content/uploads/2023/06/The-return-of-the-cruise-June-2023.pdf">enquête</a> menée en 2023 par la Fédération européenne pour le transport et l’environnement a révélé que les navires de croisière rejettent quatre fois plus de gaz sulfuriques – dont il est prouvé qu’ils provoquent des pluies acides et <a href="https://www.forbes.com/sites/jamesellsmoor/2019/04/26/cruise-ship-pollution-is-causing-serious-health-and-environmental-problems/">plusieurs affections respiratoires</a> – dans l’atmosphère que l’ensemble des 291 millions de voitures en circulation en Europe.</p>
<p>De telles statistiques ont contraint les destinations touristiques européennes à <a href="https://www.ft.com/content/8727387d-590d-43bd-a305-b5ec208a4dfe">prendre des mesures</a> contre l’industrie des croisières. En juillet, le conseil municipal d’Amsterdam a <a href="https://www.bbc.co.uk/news/world-europe-66264226">interdit aux bateaux de croisière</a> d’accoster dans le centre-ville afin de réduire aussi bien le tourisme que la pollution, une initiative qui a fait ses preuves ailleurs.</p>
<p>En 2019, Venise était le port européen le plus pollué, en raison du grand nombre de bateaux de croisière. Mais elle est tombée à la 41<sup>e</sup> place en 2022 après l’interdiction faite aux grands navires de croisière d’entrer dans les eaux de la ville, <a href="https://www.transportenvironment.org/discover/europes-luxury-cruise-ships-emit-as-much-toxic-sulphur-as-1bn-cars-study/">ce qui a permis de réduire de 80 % la pollution atmosphérique à Venise provenant des navires</a>.</p>
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<img alt="Gondoles au premier plan d’un énorme bateau de croisière à Venise." src="https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/556894/original/file-20231031-23-krj8r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En 2022, Venise a interdit aux grands navires de croisière d’accoster dans ses eaux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/gondolas-on-background-huge-cruise-ship-243221659">Ugis Riba/Shutterstock</a></span>
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<h2>Changer de destination</h2>
<p>Le rapport d’Intrepid Travel souligne également que le changement climatique aura bientôt un impact non seulement sur la façon dont nous voyageons, mais aussi sur <a href="https://joint-research-centre.ec.europa.eu/jrc-news-and-updates/global-warming-reshuffle-europes-tourism-demand-particularly-coastal-areas-2023-07-28_en">là où nous voyageons</a>. Les températures brûlantes diminueront probablement l’attrait des destinations balnéaires traditionnelles, incitant les touristes européens à rechercher des destinations plus fraîches pour leurs vacances d’été, telles que la Belgique, la Slovénie et la Pologne.</p>
<p><a href="https://www.travelweekly.com/Travel-News/Tour-Operators/Travelers-seek-cooler-destinations-this-summer">Plusieurs agences de voyages</a> ont signalé une augmentation sensible des réservations de vacances vers des destinations européennes plus fraîches comme la Scandinavie, l’Irlande et le Royaume-Uni pendant la saison haute de l’été 2023.</p>
<p>Quelle que soit la solution, changer nos habitudes de voyage semble inévitable. Des destinations du monde entier, de <a href="https://www.theneweuropean.co.uk/barcelonas-war-on-tourism-ada-colau/">Barcelone</a> à la <a href="https://www.dw.com/en/italy-tourism-bans-controls-fees-restrictions/a-66453047">Riviera italienne</a> en passant par <a href="https://theconversation.com/death-on-everest-the-boom-in-climbing-tourism-is-dangerous-and-unsustainable-114033">l’Everest</a>, appellent déjà à limiter le nombre de touristes pour lutter contre la foule et la pollution.</p>
<p>Les vacanciers doivent se préparer à modifier leurs habitudes de voyage dès maintenant, avant que ce changement ne leur soit imposé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218751/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ross Bennett-Cook ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si rien n’est fait pour changer nos habitudes de voyage, le temps de l’industrie du tourisme pourrait être compté. Des « passeports carbone » pourraient-ils faire partie de la solution ?Ross Bennett-Cook, Visiting Lecturer, School of Architecture + Cities, University of WestminsterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2153082023-10-11T17:25:08Z2023-10-11T17:25:08Z« En continuant à utiliser des insecticides, on sélectionne les punaises de lit résistantes »<p><em>La France connaît une recrudescence de punaises de lit qui fait l’actualité. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles mesures s’avèrent réellement efficaces pour lutter contre ces insectes ? Arezki Izri, parasitologue et entomologiste médical (hôpital Avicenne-APHP, Université Sorbonne Paris Nord), fait le point sur les données qui font consensus et celles qui font débat.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Pourquoi la France connaît-elle une recrudescence de punaises de lit ?</strong></p>
<p><strong>Arezki Izri</strong> : Le phénomène ne date pas d’hier. Les punaises de lit ont commencé à réapparaître en France au tout début des années 90 alors qu’elles avaient été éliminées auparavant par les insecticides. Deux <a href="https://www.anses.fr/fr/content/punaises-budget-qualite-vie-francais">causes principales</a> ont été identifiées : les voyages (les insectes étant transportés dans les bagages) et la résistance des punaises de lit aux insecticides.</p>
<p>Les Français voyagent beaucoup et peuvent ramener des punaises de lit de partout et les touristes du monde entier sont nombreux à venir en France, ce qui favorise la propagation de ces insectes.</p>
<p>D’autres facteurs interviennent comme la <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra-Anx.pdf">récupération de meubles d’occasion</a> qui peuvent être parasités. Attention aussi à nos comportements et à nos réactions ! Que deviennent les meubles et matelas dont on se débarrasse et qui, éventuellement, contiennent des parasites ? Ils sont repris par d’autres personnes…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/tout-ce-que-vous-navez-jamais-voulu-savoir-sur-la-punaise-des-lits-88362">Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur la punaise des lits</a>
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<p>Néanmoins, si une personne trouve une punaise de lit dans un train, cela ne veut pas dire que tous nos trains sont infestés. À partir de rares cas, on ne peut pas faire une généralité. En juillet 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a mené une <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf#page=58">enquête</a>, en collaboration avec l’institut de sondage Ipsos, auprès d’un échantillon de 2000 personnes représentatives de la population française. D’après cette enquête, <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf#page=206">11 % des ménages français auraient été infestés</a> par les punaises de lit entre 2017 et 2022. Cette enquête montre également qu’il n’existe pas de lien entre le niveau de revenu d’un foyer et le fait d’être victime d’une infestation.</p>
<p><em>[Selon l’Anses, un faible niveau de revenu ne favorise pas l’infestation par les punaises de lit. Mais du fait du coût des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre ces insectes – près de <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-punaises-de-lit-en-13-questions">900 euros en moyenne par foyer</a> selon les estimations de l’agence – l’infestation peut durer plus longtemps dans des foyers plus modestes, ndlr.]</em></p>
<p><strong>T.C. : Pourquoi les punaises de lit sont-elles devenues résistantes aux insecticides ?</strong></p>
<p><strong>I.A.</strong> : On a commencé à recourir aux insecticides contre les punaises de lit depuis les <a href="https://parasitesandvectors.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13071-017-2232-3">années 40</a>, ce qui a permis de tuer les punaises de lit qui y étaient sensibles. Aujourd’hui, les insecticides principalement utilisés contre les punaises de lit appartiennent à la famille des pyréthrinoïdes. On les classe dans les neurotoxiques car ils pénètrent au niveau du système nerveux de l’insecte.</p>
<p>Les mécanismes à l’origine de la résistance des punaises de lit à ces insecticides sont désormais bien documentés. Il s’agit essentiellement de <a href="https://parasitesandvectors.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13071-017-2232-3">mutations génétiques</a> modifiant les récepteurs neurologiques des insectes à ces produits.</p>
<p>Les pyréthrinoïdes pénètrent au niveau d’un orifice de la fibre nerveuse de la punaise de lit, ce qui paralyse l’insecte et le tue. Mais certaines punaises de lit, du fait d’une mutation au niveau de leur ADN, présentent une modification de cet orifice qui empêche l’action de l’insecticide. C’est pourquoi elles deviennent résistantes aux pyréthrinoïdes.</p>
<p>C’est un peu comme si l’insecticide était une clé et le nerf de l’insecte une serrure. Chez les punaises de lit présentant cette malformation au niveau de l’orifice de la fibre nerveuse, la « clé insecticide » ne rentre plus dans la « serrure nerf de l’insecte ». Les punaises de lit « anormales », c’est-à-dire celles qui présentaient cette malformation, se sont ainsi multipliées.</p>
<p>Cependant, ce phénomène est beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense, parce que cohabitent en permanence des punaises de lit sensibles aux insecticides et d’autres qui y sont résistantes. En effet, quand on élimine les punaises de lit sensibles aux insecticides, celles qui survivent (parce qu’elles sont résistantes aux insecticides) peuvent donner naissance non seulement à de nouvelles punaises résistantes, mais aussi à des punaises de lit sensibles. Tout cela est une question de génétique. Mais en continuant à utiliser des insecticides, on sélectionne de plus en plus les punaises de lit résistantes.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p><strong>T.C. : Pourquoi l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) recommande-t-elle malgré tout le recours aux insecticides dans son rapport publié en juillet 2023 ?</strong></p>
<p><strong>I.A.</strong> : J’ai participé au groupe de travail de l’Anses. Pour lutter contre les punaises de lit, elle recommande de privilégier les méthodes non chimiques, comme le traitement par la <a href="https://www.iledefrance.ars.sante.fr/system/files/2019-09/Punaises-de-lit-2019-ars-idf.pdf">chaleur sèche ou la congélation</a>.</p>
<p>Concrètement, le nettoyage par la chaleur peut s’opérer par l’intermédiaire d’un appareil professionnel qui diffuse une chaleur sèche pouvant aller jusqu’à 180 °C ou via des nettoyeurs vapeur (dont la vapeur monte à des températures allant de 110 à 180 °C) que l’on peut acheter ou louer. Les petits objets et le linge non lavable peuvent, quant à eux, être placés pendant 2 heures au congélateur à – 20 °C.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/des-draps-a-la-telecommande-tele-tous-ces-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">Des draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…</a>
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<p>Mais effectivement, au sein du groupe de travail, certains experts défendaient le recours aux insecticides contre les punaises de lit. L’Anses préconise donc de « faire appel à des professionnels de la désinsectisation en cas de persistance de l’infestation ».</p>
<p>Toutefois, j’ai exposé une position divergente, mes arguments étant présentés en <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf#page=284">annexe</a> du rapport. Avec le <a href="https://www.parasite-journal.org/articles/parasite/full_html/2012/04/parasite2012194p381/parasite2012194p381.html">laboratoire de parasitologie-mycologie de l’hôpital Avicenne</a> à Bobigny et la <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/2/407">mission punaises de lit</a> de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, nos travaux sur la résistance aux punaises de lit ont fait l’objet de trois <a href="https://academic.oup.com/jme/article/55/6/1648/5059960?login=false">publications scientifiques</a>. Nos articles viennent enrichir un ensemble de plus de 200 publications scientifiques qui confirment la résistance aux différents insecticides dans le monde.</p>
<p><em>(Dans son <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf">rapport</a>, l’Anses indique que « l’usage intensif d’un insecticide nuit à son efficacité en augmentant le risque de sélection d’individus résistants ». Elle rappelle également que l’effet répulsif de certains insecticides favorise la dispersion des punaises et que cette « lutte chimique » peut avoir des effets sur la santé humaine et l’environnement, ndlr).</em></p>
<p><strong>T.C. : Quelles sont les conséquences pour la santé humaine ?</strong></p>
<p><strong>I.A. :</strong> La punaise de lit dispose d’une trompe qu’elle replie sous son abdomen quand elle est au repos. Pour piquer, elle pointe sa trompe dans la peau et va chercher les vaisseaux sanguins pour faire son repas de sang.</p>
<p>Les <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMcp1905840">boutons</a> surviennent sur les parties du corps découvertes. Toutefois, toutes les personnes ne développent pas de boutons après avoir été piquées par des punaises de lit et un certain nombre des sujets piqués ne présentent que des boutons de petites tailles. Les boutons de grande taille sont observés chez les sujets qui développent une allergie à la salive de l’insecte.</p>
<p>Mais la piqûre d’une punaise de lit ne donne pas de maladie infectieuse. À ce jour, aucune épidémie de maladie infectieuse transmise par les punaises de lit n’a été décrite.</p>
<p><strong>T.C. : En pratique, comment savoir si un lieu est infesté par des punaises de lit ?</strong></p>
<p><strong>I.A.</strong> : D’abord, il faut apprendre à reconnaître cet insecte. À l’œil nu, une punaise de lit ressemble à un pépin de pomme qui se déplace rapidement. Elle apparaît de couleur rousse. Quand il sort de l’œuf, l’insecte, qui mesure moins d’un millimètre, est transparent et donc quasi invisible. Mais il va tout de suite prendre un repas de sang en piquant, ce qui va le colorer en rouge. A noter que cinq stades larvaires sont nécessaires avant que la punaise de lit devienne adulte.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-apprendre-a-les-detecter-pour-eviter-les-piqures-184437">Punaises de lit : apprendre à les détecter pour éviter les piqûres</a>
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<p>Ensuite, chez soi ou quand on se rend dans un hôtel, il faut apprendre à inspecter la literie, en soulevant les draps, le matelas, etc., à la recherche des petites taches noires qui correspondent aux déjections fécales des punaises de lit.</p>
<p>Quand on intervient au début de l’infestation, par les méthodes mécaniques (ramasser et laver les textiles à 60 °C, passer l’aspirateur et jeter aussitôt le sac puis appliquer de la vapeur sèche aux endroits suspectés d’être les cachettes de l’insecte), on peut éliminer les punaises de lit sans trop de difficultés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215308/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arezki Izri a une convention ARS et a bénéficié d'une bourse CIFRE de la ville de Paris pour travailler sur les punaises de lit. </span></em></p>Les punaises de lit connaissent une recrudescence en France. Parmi les causes identifiées : leur résistance aux insecticides, la multiplication des voyages et l’achat de meubles d’occasion parasités.Arezki Izri, Entomologiste médical et parasitologue, Université Sorbonne Paris NordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2111462023-08-13T13:31:56Z2023-08-13T13:31:56ZLes voyageurs statiques des hôtels-clubs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541726/original/file-20230808-16354-cnw778.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C0%2C1013%2C643&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Club Med de Taba Sinai Bay, en Égypte.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:DL2A---Club-Med-Taba-Sinai-Bay-Egypte-ok-%284%29.png">Wikipédia</a></span></figcaption></figure><p>Des centaines de milliers d’Européens partent régulièrement en vacances en hôtels-clubs. Le célèbre club Méditerranée a inventé dans les années 1950 un nouveau type de vacances, en même temps qu’il a produit indirectement une espèce nouvelle de touristes : les « anti-voyageurs », ou voyageurs statiques. En tout cas, les « hôtels-clubs » façon « Club Med » (beaucoup d’autres acteurs se partagent ce marché gigantesque désormais) connaissent un succès qui ne se dément pas.</p>
<p>L’idée originelle était de démocratiser les vacances, d’offrir la possibilité au plus grand nombre « de partir au soleil » à coût réduit et « à la bonne franquette ». Il y avait dans le principe des premiers « clubs » l’idée de proposer des vacances accessibles à tous. Les fondateurs des « clubs de vacances », les années suivant la Seconde Guerre mondiale, sont issus d’une nouvelle bourgeoisie urbaine et sportive, attachée à l’hédonisme et à la quête de bien-être qu’ils ont connu dans les auberges de jeunesse.</p>
<p>L’historien Marc Boyer, dans son ouvrage <em>Le tourisme</em> (1972) indique : « le [village de vacances est] un centre autonome constitué par des installations de type pavillonnaire en matériaux légers, destiné à assurer des séjours de vacances de plein air selon un prix forfaitaire comportant l’usage d’installations sportives et de distractions collectives ».</p>
<p>Dans la lignée des études des <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/as/2002-v26-n2-3-as554/007088ar/">imaginaires du tourisme</a> chers à Rachid Amirou et de <a href="https://editions.flammarion.com/pour-une-anthropologie-des-mondes-contemporains/9782081244863">« l’anthropologie des mondes contemporains »</a> de Marc Augé, je propose ici des clefs de compréhension du succès de ces villages repliés sur eux-mêmes pour vacanciers sédentaires.</p>
<h2>Un exotisme de pacotille</h2>
<p>Parmi les un <a href="https://www.inegalites.fr/depart-vacances">peu plus de 50 % de Français partant en vacances</a>, ils sont cet été encore très nombreux à opter pour ces « villages vacances » pour touristes sédentaires. Et on connaît les transhumances massives des vacanciers de l’Europe du Nord vers la Grèce ou <a href="https://theconversation.com/lespagne-peripherie-du-plaisir-pour-les-touristes-francais-158816">l’Espagne</a>, dont certaines côtes sont monopolisées par ces hôtels-clubs rassemblant simultanément des centaines voire des milliers de personnes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541719/original/file-20230808-25-9xukou.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans Les Bronzés à la plage, la troupe du Splendid moque gentiment les travers des hôtels-clubs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Trinacra Films</span></span>
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<p>Ce mode de congés communautaires n’a ni l’estampille plutôt populaire des campings, ni la distance feutrée des petits hôtels, ou le charme feutré et la convivialité des chambres d’hôtes et autres bed and breakfast. Enfin, on n’est pas, comme dans des airbnb, autonome chez l’habitant, avec la charge de la restauration et du ménage. En hôtels-clubs, ce sont des vacances d’un autre genre, exotiques, humides et ensoleillées. Quitte à ne pas être trop exigeant sur cet exotisme, sublimé par le papier glacé des catalogues ou dans les vidéos postées en ligne vantant un bonheur radieux, entre piscine turquoise et soleil éclatant, paillotes exotiques et bar convivial.</p>
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<p><a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-touristes-frequentent-ils-des-lieux-artificiels-alors-quils-sont-en-demande-dauthenticite-208638">Ces villages de vacances</a>, aux mains de quelques grands groupes, s’étendent à perte de vue dans certaines zones et ils quadrillent les côtes méditerranéennes et caribéennes, contribuant à bétonner massivement les littoraux, de l’Espagne au Maroc, de la Grèce à la Turquie, de la Tunisie à la République dominicaine, ainsi que de certains pays africains. Les vacances statiques qu’ils proposent, rassemblant ce que l’on pourrait appeler des « anti-voyageurs », connaissent en règle générale pour principale aventure les turbulences des vols charters aux horaires aléatoires. Mais dès qu’on est arrivé, on ne sortira presque plus de sa petite bulle de chlore et de soleil. Tout est fait pour favoriser le double principe mental de la régression, et de la « suspension » des règles de vie ordinaires.</p>
<h2>Une bulle régressive</h2>
<p>Des vacances en « hôtels-clubs », il y en a bien sûr pour tous les budgets, des cases intimistes sur les plages immaculées des Bahamas ou de l’île Maurice aux villages verticaux pour touristes d’Europe du Nord de la Costa Blanca, souvenirs d’années 1970 où l’on « bétonnait » sans grand souci environnemental. Et ces disparités fondées sur les stratifications socioéconomiques et socioculturelles doivent nécessairement être présentes à l’esprit. L’analyse se centre ici sur les clubs « milieu de gamme ».</p>
<p>Ces clubs sont fermés (on en sort peu, mais on peut en sortir, en revanche les « extérieurs » n’y ont pas accès) et gardés, les repas se prennent en commun par la force des choses (sur le principe du buffet à volonté), et ils sont placés sous l’autorité souriante et la convivialité ostentatoire d’un chef de camp qui en principe, tutoie tout le monde et plaisante volontiers dans un sabir international. Et puis des « GO » (« gentils organisateurs », modèle impulsé par le Club Med) en uniforme estival, arpentent en permanence le club, proposant de participer aux activités qu’ils organisent et animent, tout en « ambiançant » les relations, ce qui n’est jamais gagné…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541727/original/file-20230808-25-eg8hiw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Village du Club Med de Santa Giulia, Corse, France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Village_de_vacances#/media/Fichier:1959_07_-_SANTA_GIULIA_05.jpg">Carte postale Yvon</a></span>
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<p>Les hôtels-clubs doivent leur succès à un principe fort : le all inclusive, sur la base d’une semaine. Le prix payé avant le départ prend tout en compte : le vol, le séjour, les activités de loisirs, la pension complète et le « snacking ». Et si certains groupes proposent des séjours de luxe à des tarifs conséquents pour cibler une clientèle haut de gamme, la plupart cassent les prix. L’axiome pragmatique fondant le principe de ces hôtels est qu’il faut « remplir pour rentabiliser ».</p>
<p>Cependant, tout est pensé pour instaurer une régression mentale et physique, assez infantilisante dans l’esprit ; Ceci n’est pas un jugement de valeur mais un constat étayé. Déjà, on ne touchera plus d’argent durant la semaine, car le principe du bracelet que chaque vacancier porte au poignet (avec ses codes-couleur et les droits et privilèges afférents) fait que le all inclusive commence par cette suspension de toute transaction économique. On mange, on boit, on « snacke » à volonté, à n’importe quelle heure, sans limitation, et sans calcul ni transaction, aucun prix n’est affiché. Les règles économiques usuelles de la vie quotidienne – choisir, acheter, payer – sont annihilées : on peut prendre tout ce qu’on veut, et « gratuitement ». Le prix et la transaction se situent ailleurs, bien sûr. Mais ils sont là gommés ; suspension et régression, encore…</p>
<p>À l’avenant, en hôtel-club, il y a peu de motivation culturelle : la plupart des vacanciers se limiteront à la visite groupée et au pas de course du village le plus proche, avec pour objectif touristique le souk, le « petit port de pêche » ou le « marché traditionnel ». Là, c’est souvent un choc inévitable, entre ceux dont on pense qu’ils sont très riches, et ceux dont on sait qu’ils sont très pauvres. Reste le frisson du marchandage de babioles ethniques qui caricaturent les traits de l’exoticité. On a ici en tête les images et l’imaginaire de la place Jemaa El Fna de Marrakech. Après ce choc, cette explosion de couleurs, d’odeurs et de saveurs – et ces frissons, on réintègrera l’insularité rassurante du club. La sortie a été organisée, d’ailleurs, par le club, avec ses navettes à heures fixes. On pourrait éventuellement faire une excursion d’une journée, mais parfaitement balisée, avec les partenaires du voyagiste.</p>
<h2>Une topographie particulière</h2>
<p>Pendant quelques jours, la vie est organisée autour de trois pôles, qui, au gré des heures, aimantent les centaines de touristes : la piscine, le buffet, la scène de spectacle.</p>
<p>La piscine, d’abord. Là, on est loin des bassins municipaux, spartiates et rectangulaires. En hôtel-club, elle est immense, s’étendant, toute en volutes, au centre du club. Elle n’est en fait jamais tout à fait une piscine – on n’y nage pas vraiment – mais une pataugeoire géante, aux formes ovoïdes, à l’eau luminescente. On a pied partout, et déjà pour les besoins des chorégraphies bruyantes de la gym aquatique. La piscine est en fait là un lieu fœtal dans l’esprit, où l’on flotte et détrempe mollement. Des bars sont parfois installés au milieu de l’eau, où l’on vient « à la source matricielle » snacker et trinquer, tout en restant dans l’eau. L’eau est chaude, les couleurs flashy. Ces piscines, bordées de centaines de transats en plastique blanc, objets de toutes convoitises et de stratégies d’appropriation donnant parfois lieu à des tensions : « je pose ma serviette, c’est le mien pour la journée », sont la promesse et, par anticipation, le souvenir de ces vacances, leur eau turquoise ouvrant sur des imaginaires de lagons tahitiens. Et puis ceci est désormais très « instagrammable ».</p>
<p>Puis les buffets, derrière lesquels s’affaire une foule anonyme et appliquée d’employés locaux, tout de blanc vêtus. Les buffets, et leurs amoncellements gargantuesques de plats standard – riz-pilaf, frites, pizzas, couscous, hamburgers, pâtes à toutes les sauces, desserts industriels, fruits… Bref, une cuisine rebaptisée « internationale », présentée en compositions arcimboldesques, et qui se donnent à profusion.</p>
<p>Le système, qui réinvestit les mythes de Cocagne ou de la Corne d’abondance, est ainsi fait – tout est à volonté – qu’on en prend presque toujours « trop ». À la fin du repas, les assiettes contiennent souvent un mixte incertain de matières et de couleurs qui partira au rebut, confirmant au passage le « péché originel » du tourisme de masse : consommer en surabondance et générer du gaspillage dans des zones de pénurie. À l’avenant, les jardins-oasis des villages de vacances, dont la luxuriance ordonnée narguent les zones quasi-désertiques alentour, pour des clichés d’Eden à bas coût.</p>
<p>Autour de la piscine ou sur la plage (quand le club est sur le littoral, cette place est alors viabilisée et souvent gardée), on bronze des heures, crème écran total sur les épaules et casque sur les oreilles, afin d’arborer au retour la preuve épidermique que l’on rentre bien de vacances. Se baigner dans la mer n’est pas une obligation, et beaucoup restent du côté de la piscine. On perçoit les oppositions symboliques à l’œuvre, nature/civilisation.</p>
<p>La sociabilité caractérisant ces clubs est paradoxale : on ignore la plupart des autres vacanciers – poliment ou pas – lorsqu’il faut jouer des coudes aux heures de pointe au buffet, ou s’approprier un transat bien placé. Et une ambiance « sociofuge » prévaut, donnant à penser qu’on est là « seuls ensemble ». On passe son temps à « s’ignorer poliment » (Yves Winkin). Et paradoxalement, on se liera souvent avec des personnes rencontrées par hasard (voisins de bronzing ou de tablée) qui vont devenir les « meilleurs amis de vacances », avec qui on discutera durant quelques jours de tout et de rien, et desquels on gardera les coordonnées. Se rappellera-t-on, se reverra-t-on, une fois la parenthèse enchantée refermée, et de retour chez soi ? Pas sûr…</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/r890GGylMsg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>La scène, enfin, face au bar, voit alternativement les uns se produire en public, et les autres se donner en spectacle. Dès que la nuit tombe, et avant le night-club, beaucoup des vacanciers se retrouvent devant la scène, et même sur elle. D’abord, il y aura les saynètes des animateurs, plus ou moins prévisibles et réussis (clowns, cabaret, danse). Dans certains clubs, c’est vraiment professionnel, et dans d’autres, c’est beaucoup plus amateur. Puis les planches et les sunlights seront offerts aux vacanciers, pour des séquences incertaines pourtant immortalisées par les smarphones : karaoké, roue de la fortune, tests de culture générale et autres adaptations des jeux télévisuels.</p>
<h2>« La vacance des valeurs »</h2>
<p>Les hôtels-clubs bouclent la boucle du tourisme de masse. Ils brassent les gens et les genres. Ils offrent une détente assurée à quelques heures de vol, derrière des enclos gardant les touristes de ce qu’est l’immédiat extérieur du club, et qu’on discerne, lorsqu’on arpente les coursives des chambres situées en étage. L’idée qui semble prévaloir est celle de l’oasis. Mais cela demande un travail de dénégation de la part des vacanciers, qui doivent ignorer la différence immense caractérisant le dedans – isolat de luxe, de prévisibilité organisée, de profusion obligée – et la « vraie vie » de l’extérieur, avec des logiques qui sont à mille lieues de celle du club vacances.</p>
<p>À ce titre, on pourrait aussi considérer que ces vacances seront de moins en moins compatibles avec les <a href="https://theconversation.com/le-tourisme-de-masse-est-il-soluble-dans-le-tourisme-durable-102860">préoccupations écoresponsables saillantes</a> et le souci des cultures locales, et la rencontre interculturelle.</p>
<p>Ces clubs offrent des vacances amnésiques, dont on ramène des sensations interchangeables : le soleil qui brûle, les cocktails sucrés, les corps en uniforme estival (tee-shirts, shorts, maillots de bain) qui se croisent, les airs disco et la musique techno servant de toile de fond sonores ; ces pantomimes tribales orchestrées par des animateurs à la jovialité permanente, et la convivialité un rien forcée caractérisant les échanges et présidant aux interactions.</p>
<p>Une mise en perspective anthropologique amènerait à considérer qu’ils sont carnavalesques dans l’esprit, procédant à une série d’inversions et de suspensions, instaurant un temps festif, où les statuts sont aplanis et où les identités sont ramenées à un prénom, où les plaisirs vont prévaloir, où l’on se permet ce qu’on ne s’autorise pas forcément en temps ordinaire.</p>
<p>Mais de même, partant de la clôture et de la suspension qui les caractérisent, un parallèle peut être établi avec le succès des croisières : une croisière, c’est en fait un hôtel-club flottant. Et cet hôtel-club peut aussi être considéré comme un bateau de croisière immobile, en rade au bord de la mer. Il s’agit d’univers fermés, avec leur économie symbolique, leurs règles spécifiques, leur finalité, qui est presque la même.</p>
<p>En hôtels-clubs, on s’adonne à des plaisirs régressifs loin d’une actualité anxiogène et morose. Et ils rappellent la fulgurance d’Edgar Morin : « la valeur des vacances, c’est la vacance des valeurs ».</p>
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<p>_À paraître : « Éloge de ce qui nous lie. Modernité des rites », L’Aube, automne 2023.</p>
<p>L’auteur remercie Yves Winkin et Elodie Mielczareck pour leur lecture de cet article et leurs commentaires_.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211146/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Lardellier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À quoi le succès des hôtels-clubs tient-il ? Entre régression, clichés rassurants et sociabilité codifiée, petite analyse de ces lieux de vacances standardisés.Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2104102023-07-30T15:04:40Z2023-07-30T15:04:40ZLes inégalités en termes d’accès au télétravail sont aussi une question de territoire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539312/original/file-20230725-25-b32njk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=100%2C117%2C3664%2C2498&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Et vous, serez-vous en «&nbsp;tracances&nbsp;» cet été&nbsp;?
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/young-ethnic-woman-resting-at-poolside-after-distance-work-on-laptop-5269633/">Pexels/Armin Rimoldi </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Cet été, peut-être prenez-vous des « tracances », néologisme formé à partir des mots « <a href="https://theconversation.com/fr/topics/travail-20134">travail</a> » et « <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vacances-38872">vacances</a> » qui désigne le fait de télétravailler hors de son lieu de résidence, le plus souvent sur son lieu de vacances. Ces « tracances » ont été particulièrement <a href="https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/07/03/l-argot-de-bureau-les-tracances-fausses-vacances-vrais-tracas_6180291_1698637.html">médiatisées</a> ces deux dernières années, à la suite de la pandémie de Covid-19. À l’instar des nomades digitaux travaillant tout en voyageant, un phénomène déjà exploré par la <a href="https://dro.dur.ac.uk/32460/1/32460.pdf">littérature scientifique</a>, ces nouvelles pratiques brouillent plus encore les frontières entre espaces-temps privés et professionnels.</p>
<p>L’essor des « tracances » a été rendu possible pour certains en raison du déploiement de plus en plus répandu du télétravail, devenu la norme pour <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/le-rapport-au-travail-post-Covid-teletravail-management-reconnaissance-sante-les-nouvelles-tendances/">presque un Français sur trois</a>. Or, si les secteurs d’activités et les niveaux de responsabilité sont souvent mis en avant pour expliquer une pratique plus ou moins régulière du télétravail, la zone de résidence permet encore davantage de mettre à jour de fortes disparités entre actifs sur le territoire français. Et ce, d’autant plus pendant la période estivale.</p>
<h2>Les nouvelles stratégies territoriales des actifs</h2>
<p>En effet, si <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6209490">70 % des salariés cadres à Paris télétravaillent régulièrement</a>, ce chiffre baisse à 50 % dans les grandes métropoles, et à 23 % dans des communes très peu denses, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Sur l’ensemble des salariés, 56 % des Parisiens télétravaillent régulièrement, contre 36 % pour le reste de l’Île-de-France. Notons à cet égard que la zone de résidence concentre également d’autres facteurs, comme le niveau de responsabilité, le type d’activité et de secteur.</p>
<p><iframe id="ZkebT" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/ZkebT/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/territoires-33611">territoire</a> est donc plus stratégique qu’on ne le pense en matière d’accès au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/teletravail-34157">télétravail</a>. Au cours de trois ateliers participatifs entre chercheurs et organisations (publiques, privées, et de l’économie sociale et solidaire), organisés en 2023 par la <a href="https://www.grenoble-em.com/territoires-en-transition">Chaire Territoires en Transition</a> de Grenoble École de Management (GEM), nous avons cherché à formaliser et discuter cet impensé managérial.</p>
<p>Lors de la pandémie de Covid-19, le terme d’« exode urbain » a émergé dans le discours médiatique : les habitants des grandes métropoles <a href="https://www.lesechos.fr/weekend/perso/face-au-Covid-19-ces-citadins-qui-font-le-choix-de-la-campagne-1256218">quitteraient les grands centres urbains</a> pour s’installer dans de zones rurales d’où ils pourraient travailler, à distance. C’est l’exemple bien connu des <a href="https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/05/07/le-teletravail-est-un-des-sujets-qui-ont-le-plus-change-la-vie-en-bretagne-le-coworking-les-oiseaux-et-la-mer_6125092_4497916.html">Parisiens s’installant sur la côte bretonne</a>.</p>
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<p>Une <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/DP_EXODEURBAIN.pdf">étude</a> récente sur les impacts de la pandémie de Covid-19 en termes de mobilités résidentielles nuance cette idée. En réalité, ce sont les pratiques plurirésidentielles qui se renforcent, avec des collaborateurs en mobilité entre des espaces de villégiatures et des grands centres urbains, voire, pour certains d’entre eux, entre plusieurs centres urbains. Une bi-voire une trirésidentialité a alors pu se développer pour une partie des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cadres-63175">cadres</a>, permettant de jongler entre territoires métropolitains centraux et d’autres plus éloignés, si bien que des chercheurs ont évoqué une <a href="https://metropolitiques.eu/L-exode-urbain-extension-du-domaine-de-la-rente.html">« extension du domaine de la rente »</a>, c’est-à-dire une extension du capital urbain hors des métropoles.</p>
<h2>De nouvelles inégalités au sein des organisations</h2>
<p>Les résultats de cette même étude montrent que les mobilités effectives et projetées ressemblent à ce qu’on connaissait avant la pandémie, c’est-à-dire, fortement concentrés au sein et <em>autour</em> des métropoles urbaines. La métropolisation concentre un fort pouvoir d’attraction et s’accompagne d’une périurbanisation toujours croissante, posant par ailleurs des enjeux de transition écologiques et sociaux. En 2021, une autre <a href="https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_almosni-etal.pdf">étude</a> pointait déjà ce risque d’étalement urbain des villes moyennes. Ces travaux, dont certains se situent en géographie critique, appellent à étudier les impacts de ces mobilités au sein des organisations elles-mêmes.</p>
<p>Le télétravail, qui reste un choix du salarié dans son acceptation légale, reste donc souvent contraint par des effets territoriaux. En conséquence, les politiques internes aux organisations se concentrant sur la faisabilité logistique du télétravail au domicile (par exemple, via la délivrance d’un matériel adapté, ou par une compensation financière des coûts liés à la dépense d’énergie au domicile) mettent de côté ces inégalités liées aux stratégies mobilitaires et résidentielles des individus. Ces inégalités sociales touchent donc autant l’accès que le vécu du télétravail lui-même.</p>
<p>En résumé, tout le monde ne peut pas télétravailler, et surtout, tout le monde ne peut pas télétravailler de la même manière. Faire fi des inégalités dans le travail à distance, que ce soit entre les territoires ou entre les actifs, constitue pourtant la politique la plus répandue dans les organisations. Si le télétravail est souvent perçu comme une flexibilité d’organisation pour les salariés, aux organisations d’ouvrir cette boîte noire pour compenser cette (absence de) possibilité de télétravailler. Un nouveau chantier managérial après la pérennisation du télétravail ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210410/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Albane Grandazzi a reçu des financements de la Chaire Territoire en Transition, Grenoble Ecole de Management.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hélène Picard a reçu des financements de la Chaire Territoire en Transition, Grenoble Ecole de Management.</span></em></p>Parmi la population des cadres, les Franciliens sont près de trois plus à pouvoir exercer leur activité à distance que les habitants des zones faiblement peuplées.Albane Grandazzi, Professeur Assistant, Grenoble École de Management (GEM)Hélène Picard, Professeure Assistante au département Homme, Organisations et Société. Chaire Territoires en Transitions et Chaire UNESCO pour une Culture de Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2089922023-07-26T10:22:46Z2023-07-26T10:22:46Z« Objets cultes » : Le sac à dos<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539510/original/file-20230726-15-iamzh7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=67%2C5%2C1211%2C845&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un sac pour transporter le strict nécessaire. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/sac-%C3%A0-dos-sac-femme-fille-for%C3%AAt-1836594/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><p><em>Voir du sens là où beaucoup ne voient que des choses : tel était le credo de Roland Barthes. Dans ses « Mythologies », recueil de 53 textes paru au milieu des années 1950, le sémiologue observe à la loupe le rapport des Français au steak frites, au catch ou aux jouets en plastique. Pour lui, les objets et les grands rendez-vous populaires révèlent à merveille l’esprit et les affects d’une époque. Aujourd’hui, ces objets ont changé, mais l’exercice n’a pas pris une ride et c’est Pascal Lardellier, professeur à l’université de Bourgogne, qui se penche avec gourmandise sur nos « objets cultes » de 2023. Aujourd’hui, pleins feux sur le sac à dos !</em></p>
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<p>À la télévision, une publicité récente pour une nouvelle marque de sac à dos met en scène une jeune fille astronaute qui débarque sur une planète lointaine, avec le slogan : « Résiste à tous vos rêves ». Car cet objet somme toute assez banal (qui ne possède pas de sac à dos ?) convoque un imaginaire bien particulier, celui de l’aventure.</p>
<h2>Aventuriers modernes</h2>
<p>On parle souvent de « jungle urbaine » : dans cette jungle-là, faite de transports en commun et de longues journées loin de chez soi, il faut de quoi embarquer son barda, son équipement de survie, qui varie bien sûr d’un individu à l’autre. Mais en 2023, on y trouve souvent un téléphone et/ou un ordinateur portable, des écouteurs ou un casque, un chargeur (ou un chargeur « de secours »), une gourde… Et mille autres objets personnels, livres, guides, chargeurs… qui nous sont chers, ou qui nous sont utiles.</p>
<p>Le sac à dos, objet à l’origine « viril », est associé à l’aventurier, mais aussi au militaire. Dans l’imaginaire collectif, Indiana Jones vient tout de suite à l’esprit, avec une cohorte d’explorateurs en herbe et autres scouts si bien croqués par Wes Anderson dans <em>Moonrise Kingdom</em>. Mais on pense aussi aux émissions de téléréalité qui mettent en vedette Bear Grylls (<em>Man versus Wild</em>) – l’ancien militaire britannique a bien entendu commercialisé son propre « backpack » – ou encore à l’Australien Mike Horn, lui aussi ancien militaire, pour la déclinaison française de l’émission (<em>A l’état sauvage</em>). Il s’agit de se confronter au vaste monde, certes, mais dotés d’un équipement complet et aussi compact que possible.</p>
<h2>Se distinguer</h2>
<p>Le monde du sac à dos, comme tout objet de consommation courante, fait l’objet d’une sévère bataille marketing : il s’agit, comme toujours, de se distinguer dans la masse. Il y a bien évidemment le sac générique (dans une rue new-yorkaise, un passant a deviné que j’étais Français à cause de la marque de mon sac à dos !), mais l’objet peut se décliner en fonction du genre, de la génération, ou de la catégorie socioculturelle. Sacs techniques, technologiques, sac d’aventurier, de randonneur, de militaire, sacs collector…</p>
<p>Notre société individualiste valorise l’autonomie, mais aussi le nomadisme et la mobilité : pour être toujours en mouvement et « toujours prêt » comme disent les scouts, il faut transporter quelques objets basiques sur soi et surtout rester libre de ses mouvements : en libérant les bras et les mains, le sac à dos donne une impression de légèreté et de liberté – quitte à donner maladroitement des coups de sac à ses voisins dans les transports en commun : on se désencombre grâce à nos sacs à dos, mais on encombre l’espace public. Le sac à dos, quand il devient trop encombrant, évoque aussi des univers moins glamour : celui qui transporte sa maison sur son dos se transforme en escargot ou en tortue. Il se déplace avec peine, son centre de gravité déséquilibré par ce qu’il porte. On n’est plus vraiment dans la mobilité triomphante…</p>
<p>L’été, on croise dans les capitales européennes une Internationale de jeunes baroudeurs (la « génération Erasmus » et le rite initiatique « Pass Interrail »), Gullivers modernes bardés de sacs à dos énormes, desquels dépassent des tapis roulés ou d’où pendent des chaussures de marche. Ces sacs customisés par des fanions souvenirs multicolores et autres autocollants politiques sont en quelque sorte la maison de ces jeunes voyageurs. On les plaint et on les envie tout à la fois. Leur « barda » est volumineux, mais ces jeunes sont légers finalement, délestés du superflu et vivant une bohème estivale faite d’imprévus, d’aventures, de rencontres, avec pour unique compagnon ce sac, contenant le viatique indispensable pour vivre. On le gardera précieusement au retour, comme une relique usée mais patinée, gardienne de souvenirs de galères et d’émerveillement.</p>
<h2>Jamais pris en défaut ?</h2>
<p>Ce sac à dos contient aussi un fantasme, celui de l’organisation parfaite. On a un espace réduit, mais optimisé. On a tout à portée de main, avec des poches cachées, impossible d’être pris en défaut. Mais face à cette rationalité, il y a un autre principe : souvent, le sac s’allège au fil du chemin. Dans les récits de voyages à pied (dont <em>Le chemin de Compostelle</em> reste l’horizon indépassable), il y a presque toujours un moment où le narrateur abandonne ou offre des choses en chemin, objets qui l’alourdissaient inutilement. Le sac à dos symbolise donc une forme de rite initiatique toujours renouvelé, qui permet de réévaluer ce qui est nécessaire à l’aune du voyage – les objets rassurent jusqu’à ce que nous n’ayons plus besoin d’eux pour apprécier le chemin…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208992/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>cet objet somme toute assez banal (qui ne possède pas de sac à dos ?) convoque un imaginaire bien particulier, celui de l'aventure.Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCSonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2083292023-07-17T19:21:33Z2023-07-17T19:21:33ZDes draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les <a href="https://theconversation.com/serie-1-des-draps-a-la-telecommande-tele-la-verite-sur-les-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">dangers microbiologiques méconnus des hôtels</a>, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
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<p>Pour la plupart d’entre nous, séjourner dans une chambre d’hôtel est soit une nécessité – si vous êtes en voyage d’affaires – soit quelque chose de plus exotique, attendu avec impatience puisque synonyme de vacances ou d’une excursion plus large. </p>
<p>Je suis microbiologiste, mon regard est un peu différent… Et si je vous disais qu’il y a de fortes chances que votre chambre d’hôtel, malgré son état apparemment impeccable (à l’œil nu), <a href="https://www.eurekalert.org/news-releases/922575">ne soit pas si propre que cela</a> ? Ce n’est pas une question de prix. Une chambre dans un établissement coté ne sera pas forcément moins sale.</p>
<p>En effet, la personne qui a séjourné dans « votre » chambre avant vous (et tous ceux qui vous auront précédé) aura déposé des bactéries, des champignons et des virus sur tout le mobilier, les tapis, les rideaux et les diverses surfaces. Combien il reste de ces germes abandonnés un peu partout dépend de l’efficacité avec laquelle votre <a href="http://www.europeancleaningjournal.com/magazine/articles/european-reports/bacteria-that-breed-in-hotel-rooms">chambre est nettoyée</a> par le <a href="https://www.today.com/money/hotel-maids-how-much-how-little-do-they-really-clean-1D80287464">personnel de l’hôtel</a>. Et, de façon plus générale, soyons honnêtes, ce qui est considéré comme propre par un hôtel peut être différent de <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/dirty-spots-in-hotel-rooms_n_5ae09906e4b061c0bfa4356d">ce que <em>vous</em> considérez comme propre</a>.</p>
<p>En général, l’évaluation de la propreté d’une chambre d’hôtel est basée sur <a href="https://www.jstor.org/stable/26330308">des observations visuelles et olfactives</a> – et non sur la microbiologie des lieux… Tout invisible qu’elle soit, c’est d’elle que viennent les éventuels risques d’infection. Je vous invite à petit tour dans le monde des germes, des insectes et autres virus pour découvrir ce qui pourrait se cacher là.</p>
<h2>Tout commence à l’ascenseur…</h2>
<p>Avant même d’entrer dans votre chambre, considérez les boutons d’ascenseur de l’hôtel comme des foyers microbiens… Ils sont pressés en permanence par une foule de gens différents, qui n’ont pas forcément eu l’occasion de se laver les mains récemment. Ils ont ainsi pu déposer au passage une fraction des micro-organismes présents au bout de leurs doigts ; micro-organismes qui gagneront ensuite les doigts de la personne qui vient de le toucher. </p>
<p>Même chose pour les poignées de porte, qui peuvent être tout aussi contaminées si elles ne sont pas désinfectées régulièrement. Avant de vous toucher le visage, de manger ou de boire, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25005587/">lavez-vous les mains</a> ou utilisez un gel désinfectant !</p>
<p>Les <a href="https://www.rd.com/list/ways-your-hotel-room-could-be-making-you-sick/">infections les plus courantes attrapées dans les chambres d’hôtel</a> sont les maux de ventre – diarrhées et vomissements. Mais l’on peut aussi être contaminé par divers <a href="https://www.everydayhealth.com/cold-and-flu/surprising-ways-hotels-can-make-you-sick.aspx">virus respiratoires</a>, et développer rhume, une pneumonie… ainsi que le nouveau venu qu’est le <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/28/3/21-2318_article?ACSTrackingID=USCDC_333-DM72795&ACSTrackingLabel=Latest%20Expedited%20Articles%20-%20Emerging%20Infectious%20Diseases%20Journal%20-%20December%2029%2C%202021&deliveryName=USCDC_333-DM72795">Covid</a>.</p>
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<img alt="Porte d’entrée d’un hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bienvenue au paradis des germes…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/bedroom-door-entrance-guest-room-271639/">Pexels/Pixabay</a></span>
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<p>De façon contre-intuitive peut-être, <a href="https://ami-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jam.15121">les toilettes et salles de bains sont un espace relativement plus sûr</a>. Elles sont en effet généralement nettoyées plus soigneusement que le reste de la chambre et s’avèrent ainsi souvent être les environnements les moins colonisés sur le plan bactériologique dans les hôtels. </p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Seuls points à surveiller de la salle de bains : le verre à dents, déjà. S’il n’est pas jetable, lavez-le avant de l’utiliser (le gel douche ou le shampoing font parfaitement l’affaire). On ne peut jamais être vraiment sûr qu’il a été nettoyé correctement. Et à nouveau les poignées de porte, qui peuvent également être colonisées par des agents pathogènes provenant de mains non lavées ou de gants de toilette sales…</p>
<h2>Où se cache le danger ?</h2>
<p>Toute la literie peut évidemment elle aussi accueillir des visiteurs indésirables. <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/9/20-1435_article">Une étude réalisée en 2020</a> a montré qu’après l’occupation d’une chambre par un patient présymptomatique atteint de Covid-19, de nombreuses surfaces étaient fortement contaminées par le virus. Les draps, la taie d’oreiller et la housse d’édredon étaient particulièrement touchés. </p>
<p>Si <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">les draps et les taies d’oreiller</a> sont normalement changés entre deux occupants, ce n’est pas le cas des couvre-lits : ce qui signifie que ces tissus peuvent devenir des réservoirs invisibles d’agents pathogènes – <a href="https://www.indy100.com/science-tech/beds-more-germs-than-toilet">autant sinon plus qu’un siège de toilettes</a>. Cependant, <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">parfois</a>, <a href="https://www.insideedition.com/investigation-finds-sheets-werent-changed-between-guests-at-some-new-york-hotels-60419">les draps</a> ne sont <a href="https://www.frommers.com/tips/health-and-travel-insurance/hotels-dont-always-change-the-sheets-between-guests#:%7E:text=Sheets%20are%20usually%20changed%20between,they%20aren%E2%80%99t%20washed%20regularly.">pas changés entre les hôtes</a>, et là… il peut donc être préférable d’apporter les vôtres.</p>
<p>Mais une chambre d’hôtel, ce n’est pas qu’un lit. On pense moins à ce qui se trouve sur le bureau, la table de nuit, le téléphone, la bouilloire, la <a href="https://www.nature.com/articles/srep17163?utm_medium=affiliate&utm_source=commission_junction&utm_campaign=CONR_PF018_ECOM_GL_PHSS_ALWYS_DEEPLINK&utm_content=textlink&utm_term=PID100087244&CJEVENT=7cf55981c74311ed82a0034b0a18ba73">machine à café</a>, l’interrupteur ou la <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/hotel-room-tests-uncover-high-levels-of-contamination-1.1160859">télécommande de la télévision</a>… Or toutes ces surfaces ne sont pas toujours désinfectées entre les clients.</p>
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<img alt="Télécommande sur un lit d’hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À manipuler avec attention : les télécommandes font partie des objets les plus contaminés des chambres d’hôtel !</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/remote-control-on-pink-fabric-5202948/">Pexels/Karolina grabowska</a></span>
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<p>Des virus (norovirus responsable de diarrhées, SARS-CoV-2 du Covid, etc.) peuvent subsister sous forme infectieuse pendant des jours sur les surfaces dures. Et l’intervalle de temps typique entre les changements de chambre est souvent <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">inférieur à 12 heures</a>.</p>
<p>Les tissus d’ameublement des coussins, chaises, rideaux ou stores sont, enfin, difficiles à nettoyer et peuvent n’être désinfectés que lorsque l’hôtellerie doit enlever des taches visibles.</p>
<h2>Les invités non sollicités</h2>
<p>Si tous ces germes et ces surfaces sales ne suffisent pas, il faut aussi penser aux <a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-apprendre-a-les-detecter-pour-eviter-les-piqures-184437">punaises de lit</a> (<em>Cimex lectularius</em>). Ces insectes suceurs de sang ont un aspect brun-argenté et mesurent généralement de un à sept millimètres de long. Ils sont experts dans l’art de se cacher dans de petits espaces étroits et sont capables de rester dormants sans se nourrir pendant des mois.</p>
<p>Les petits espaces en question comprennent les fissures et les crevasses des bagages, des matelas et de la literie. <a href="https://www.cdc.gov/parasites/bedbugs/faqs.html">Les punaises de lit</a> sont répandues en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Asie – et sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0278431920301201">souvent présentes dans les hôtels</a>. Et ce n’est malheureusement pas parce qu’une chambre a l’air propre et sent bon qu’il n’y a pas de punaises de lit dans ses entrailles…</p>
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<img alt="Femme de chambre préparant un lit." src="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Merci de ne pas utiliser les coussins d’ornement comme oreiller…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/woman-in-black-blazer-and-white-dress-shirt-arranging-the-bed-6466496/">Pexels/Cottonbro studio</a></span>
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<p>Heureusement, les <a href="https://www.nhs.uk/conditions/bedbugs/">piqûres de punaises de lit</a> ne semblent pas susceptibles de transmettre de maladies à notre espèce… Par contre, les zones de piqûre peuvent s’enflammer et s’infecter.</p>
<p>Pour détecter la présence de punaises de lit, des piqûres rougeâtres découvertes au matin et des taches de sang sur les draps sont les signes d’une infestation active (utilisez une crème antiseptique sur les piqûres). D’autres signes peuvent être trouvés sur le matelas, derrière la tête de lit et à l’intérieur des tiroirs et de l’armoire : des taches brunes peuvent être des restes d’excréments. </p>
<p>Informez l’hôtel si vous pensez qu’il y a des punaises de lit dans votre chambre. Et pour éviter de les emporter avec vous lors de votre départ, nettoyez soigneusement vos bagages et vos vêtements avant de les ouvrir chez vous.</p>
<p>Étant donné que les chambres des hôtels de haut standing sont généralement utilisées plus fréquemment, une chambre plus chère dans un hôtel cinq étoiles n’est pas nécessairement synonyme de plus grande propreté, car les frais de nettoyage des chambres réduisent les marges bénéficiaires. Quel que soit votre lieu de séjour, emportez un paquet de lingettes antiseptiques et utilisez-les sur les surfaces dures de votre chambre. </p>
<p>Les consignes d’hygiène basiques restent de mise même en vacances ! Lavez-vous ou désinfectez-vous souvent les mains, surtout avant de manger ou de boire. Enfin, emportez des pantoufles ou des chaussettes épaisses afin d’éviter de marcher pieds nus sur les moquettes des hôtels, connues pour être un autre <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">point chaud de la saleté</a>…</p>
<p>Avec ces quelques précautions en tête, profitez tout de même de votre séjour !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Elles nous paraissent être des havres de paix, le point de chute idéal en vacances. Mais les chambres d'hôtel sont surtout un nid douillet pour les microbes ! Le point de vue d'une microbiologiste…Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2082582023-07-16T15:32:40Z2023-07-16T15:32:40ZPourquoi est-on plus malade en voiture lorsque l’on part en vacances ?<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les dangers microbiologiques méconnus des hôtels, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
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<p>Comme chaque année, le début de la saison estivale rime avec les départs en vacances ! Si certains attendent cette période avec impatience, d’autres la redoutent… La raison ? Les longs voyages en voiture, en bateau, en bus, en train ou en avion qui se transforment pour eux en véritable calvaire.</p>
<p>Un mal des transports qui n’est pas anecdotique, puisque <a href="https://www.autonomicneuroscience.com/article/S1566-0702(06)00212-8/fulltext">près d’un tiers de la population serait sensible à la « cinétose »</a> – une pathologie dont on ne connaît toujours pas exactement les causes à ce jour. Toutefois, la théorie la plus acceptée à ce sujet suggère qu’elle serait causée par une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/cns.12468">mauvaise perception des mouvements auxquels nous sommes exposés</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-explique-t-on-le-mal-des-transports-181284">Comment explique-t-on le mal des transports ?</a>
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<p>Les départs et retours de vacances estivales semblent particulièrement propices à l’installation de ce malaise insidieux… Nous sommes, pour ceux qui y sont sensibles en tout cas, plus fréquemment malades lors de ces trajets spécifiques que lors de nos parcours habituels !</p>
<p>Notons aussi que beaucoup de passagers ressentent une sensation de fatigue, de somnolence, d’apathie ou un manque d’énergie sans avoir rien fait de particulièrement épuisant : il s’agit en fait de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0094576598001532">manifestations légères de cinétose</a>, ce qui montre que beaucoup plus d’individus sont touchés qu’on ne le pense !</p>
<p>Pourquoi cette susceptibilité apparemment exacerbée ? Les raisons sont en fait multiples… Comparés à des trajets normaux, ces voyages induisent des conditions particulières, toutes potentiellement capables d’augmenter l’incidence et la sévérité des symptômes. Voici quelques éléments d’explications… ainsi que quelques conseils pour minimiser ce risque.</p>
<h2>Les longs trajets : une répétition de mouvements préjudiciables</h2>
<p>En voiture, plus on voyage longtemps et plus on est susceptible de se sentir malade comme le démontrent plusieurs <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1243/0954407042580093">modèles mathématiques de prédiction du mal des transports</a>.</p>
<p>En effet, c’est le cumul de mouvements désagréables qui nous fait franchir le seuil au-delà duquel les symptômes se déclenchent. Pour certaines personnes, cela <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1566070206002128">peut apparaître au bout de quelques minutes seulement</a>… quand pour d’autres, ils se développent plus lentement. Seuls les longs trajets peuvent alors les pousser dans leurs derniers retranchements et les voir tomber malades eux aussi, après plusieurs heures de route, vol, bateau…</p>
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<p>Et les activités déployées pour faire passer le temps lors d’un long trajet peuvent contribuer davantage à ces sensations de malaise. On préfère en effet souvent se concentrer sur des activités stimulantes et distrayantes : lire un livre, regarder un film, jouer à des jeux vidéo ou surfer sur les réseaux sociaux… Sauf que ces tâches visuellement stimulantes nous absorbent au point que nous ne nous concentrons plus sur les informations visuelles qui nous permettent d’assimiler les mouvements du véhicule. Cela crée un conflit de perception du mouvement. Par conséquent, il devient <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0141938214000043?via%3Dihub">beaucoup plus facile de tomber malade</a>.</p>
<h2>L’ambiance à bord : des risques qui se cumulent</h2>
<p>En été, la température intérieure du véhicule est difficilement contrôlable, avec le soleil qui y impose souvent une chaleur étouffante : des conditions qui ont <a href="https://www.ingentaconnect.com/content/asma/asem/2013/00000084/00000005/art00004">tendance à accentuer les symptômes de cinétose</a>.</p>
<p>Dans un milieu chaud, <a href="https://theconversation.com/lesquels-de-nos-organes-sont-les-plus-menaces-par-la-canicule-119563">notre corps doit fournir un effort pour réguler sa température</a> – par la transpiration ou la respiration par exemple. Ces différents signes sont autant de symptômes dits primaires, car ils peuvent contribuer à l’émergence d’autres symptômes plus conséquents : dilatation des vaisseaux sanguins, malaise, nausée ou vomissements le cas échéant.</p>
<p>Pour contrer ces effets, on serait tenté de mettre en route la climatisation, qui pourrait elle-même, au contraire, <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/la-climatisation-rend-elle-malade_2885673.html">aggraver la situation pour les passagers qui y sont très sensibles</a>. Les systèmes de ventilation ou d’aération de l’habitacle montrent également leurs limites.</p>
<p>Les odeurs désagréables sont un autre facteur capable <a href="https://www.ingentaconnect.com/content/asma/asem/2013/00000084/00000005/art00004">d’accentuer les symptômes de malaise en voiture</a> : les odeurs de pollution, de cigarette, de renfermé ou même <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00221-015-4209-9">celle du cuir</a> seraient la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1369847819306539">deuxième cause du mal de voiture</a> ! Un scénario qui a plus de risque de se produire lors de la saison de départs en vacances, où des <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/trafic/vacances-les-vagues-de-departs-massifs-sont-associees-a-de-fortes-emissions-de-polluants_2839361.html">pics de pollution sont régulièrement enregistrés</a> et où les rayons du soleil font chauffer les matériaux. On sait par ailleurs qu’une région du cerveau (l’<em>area postrema</em>) est capable de déclencher hypersalivation et nausée rien qu’en détectant certaines odeurs – un réflexe protecteur contre les toxines et autres poisons.</p>
<h2>Le trafic routier : une contrainte physique et mentale</h2>
<p>Dans une voiture, ce n’est pas la vitesse qui rend malade mais <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/001401399184730">ses variations</a> surtout lorsqu’elles sont abruptes. Les mouvements d’accélération et de freinage seraient même les plus perturbants pour l’organisme, plus encore que la prise de virages.</p>
<p>En pratique, ces variations de vitesse sont souvent imposées par la réglementation routière (limitations, croisements, feux), mais aussi par l’état du trafic routier. Un véhicule coincé dans des embouteillages sera contraint à une succession <a href="https://www.researchgate.net/publication/366836220_Effect_of_Horizontal_Acceleration_and_Seat_Orientation_on_Motion_Sickness_in_Passenger_Cars">d’accélérations et de décélérations éprouvantes même à basse vitesse</a>.</p>
<p>Et les embouteillages ajoutent aussi une contrainte psychologique. Avec l’allongement du temps de trajet, déjà long potentiellement, l’anxiété quant à l’heure d’arrivée qui recule, la fatigue, le stress, l’agacement… viennent plomber le moral des passagers. Il a été observé que de tels facteurs <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0018720819876139">influencent significativement le niveau de sévérité des symptômes</a>.</p>
<p>Mieux vaut donc prendre son mal en patience et garder l’esprit détendu ! Ce qui est, il est vrai, plus facile à dire qu’à faire…</p>
<h2>Quelques astuces pour limiter les dégâts</h2>
<p>Si vous prenez la route avec des passagers susceptibles de tomber malades, ou alors si vous êtes vous-même sensible, sachez que quelques changements dans vos habitudes de voyage peuvent vous aider. Nous les reprenons ici.</p>
<p>● <strong>En tant que conducteur :</strong></p>
<ul>
<li><p><strong>Faites des pauses régulières</strong>. Ce qui permet aux passagers de s’aérer et de réduire de manière significative voire faire disparaître leurs symptômes. Parfois les symptômes peuvent mettre du temps à se dissiper, mais <a href="https://content.iospress.com/articles/journal-of-vestibular-research/ves7-6-01">15 à 30 minutes suffisent généralement</a>.</p></li>
<li><p><strong>Essayez de limiter les accélérations et décélérations brutales</strong>. Roulez autant que possible à une vitesse constante et adoptez une conduite souple y compris lorsque vous dépassez ou freinez.</p></li>
<li><p><strong>Évitez de tourner trop brutalement dans les virages</strong> sur des routes sinueuses. Les passagers doivent être <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00140139.2015.1109713">les moins déséquilibrés dans leurs sièges que possible</a>. </p></li>
</ul>
<p>● <strong>Pour les passagers :</strong></p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/001401399184730"><strong>Installez-vous le plus à l’avant possible du véhicule</strong></a>. Les mouvements y sont mieux assimilables. <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00140139108964831">C’est en conduisant que l’on est le moins affecté</a> puisque les mouvements du véhicule sont parfaitement contrôlés.</p></li>
<li><p><strong>Évitez de vous concentrer sur des écrans</strong> et autres contenus visuels (livres, etc.), surtout si le véhicule ne roule pas à une vitesse constante. À la place, <a href="https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1348/000712699161594">essayez de regarder par la fenêtre</a> loin devant en direction de l’horizon.</p></li>
<li><p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00140139.2015.1109713"><strong>Fermez les yeux</strong></a> ou <a href="https://psycnet.apa.org/record/1976-12574-000"><strong>essayez de dormir</strong></a>. Ralentir son activité contribue à apaiser le corps.</p></li>
<li><p><a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-27928-8_26"><strong>Inclinez votre siège en arrière</strong></a>. Cela permet d’être moins déstabilisé par les mouvements du véhicule.</p></li>
<li><p><strong>Privilégiez des activités ludiques</strong> avec d’autres passagers en cas d’ennui : jouer à « par la fenêtre je vois… », <a href="https://theses.gla.ac.uk/80069/1/13905209.pdf">chanter</a>, compter les voitures d’une couleur/marque spécifique et autres activités aussi désuètes qu’efficaces contribuent à faire passer le temps et surtout à <a href="https://content.iospress.com/articles/journal-of-vestibular-research/ves00541">moins se focaliser sur le malaise ressenti</a>. La psychologie joue en effet un <a href="https://psycnet.apa.org/record/1995-10459-001">rôle prépondérant</a> dans le développement et la disparition des symptômes !</p></li>
</ul>
<p>Enfin, compte tenu du rôle prédominant de la psychologie dans l’évolution des symptômes, sachez que des passagers se sentant malades pourraient se sentir mieux avec un simple placebo (une solution sans effet démontré mais annoncée comme efficace). Des techniques simples peuvent <a href="https://academic.oup.com/jtm/article/5/2/89/1801039">se montrer particulièrement efficace</a>. Par exemple, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00221-021-06303-5">proposer un bonbon, un chewing-gum</a>, une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00221-017-5009-1">gorgée d’eau ou de respirer un peu d’air frais</a> en vantant leurs mérites pour lutter contre les symptômes peut avoir son petit effet.</p>
<p>Nous vous souhaitons donc bonne route, en espérant que le voyage se fera dans les meilleures conditions !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208258/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>William Emond reçoit dans le cadre de sa thèse un financement de la société Mercedes-Benz AG.</span></em></p>C'est l'heure des grands départs en vacances… et de leur cortège de nausées en voiture. Objectivement, nous sommes plus malades lors de ces trajets interminables ! Voici pourquoi.William Emond, Doctorant en mal des transports (PhD Student on carsickness mitigation), Université de Technologie de Belfort-MontbéliardLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2088832023-07-05T17:33:12Z2023-07-05T17:33:12ZVacances d’été : un calendrier scolaire qui a toujours fait débat<p>Le président de la République vient d’annoncer l’ouverture d’une concertation sur l’organisation du calendrier scolaire. Les <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/28/duree-des-vacances-scolaires-d-ete-emmanuel-macron-relance-un-sujet-complexe-et-eruptif_6179513_3224.html">vacances estivales</a> dureraient trop longtemps en France et les journées de classe s’alourdissent, a-t-il lancé le 27 juin lors d’un déplacement dans une école marseillaise.</p>
<p>Le sujet n’est pas nouveau. Il est l’objet de débats vifs et récurrents, invitant à regarder les évolutions historiques et à faire des <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/infographies-vacances-scolaires-que-font-les-autres-pays-5059150">comparaisons entre pays</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-jeunes-francais-ont-ils-trop-de-vacances-scolaires-119023">Les jeunes Français ont-ils trop de vacances scolaires ?</a>
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<p>On peut penser aussi qu’il y aurait certaines pierres d’achoppement insuffisamment prises en compte dans le dialogue public, comme le poids des lobbys touristiques, alors même que les données climatiques interrogent nos habitudes de vie. C’est particulièrement prégnant lorsqu’il s’agit de débattre non seulement de la <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/histoire-et-geopolitique/histoire-par-themes/ecole-d-aujourd-hui-a-la-lumiere-de-l-histoire_9782738154866.php">longueur des vacances</a>, mais aussi de leur distribution dans l’année. Certains ont tendance à penser que leurs dates sont plus ou moins immuables et que la coupure en juillet et août va de soi. Le passé lointain et même relativement proche prouve cependant le contraire.</p>
<h2>L’alignement des calendriers du primaire et du secondaire</h2>
<p>Pour ce qui concerne les écoles primaires, le cadre des vacances a été d’abord à « géométrie variable ». Le <a href="https://www.persee.fr/doc/inrp_0000-0000_1992_ant_5_1_1780">statut du 25 avril 1834</a> indique qu’elles « seront réglées par chaque Comité d’arrondissement pour toutes les Écoles de son ressort […], mais sans que la totalité excède six semaines ». <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000427070">L’arrêté du 18 janvier 1887</a> fixe la durée des vacances d’été à six semaines. Les dates sont déterminées par les préfets et varient localement, le plus souvent situées dans la période qui va de début août à début octobre. </p>
<p>En 1922, on y ajoute 15 jours et la pause estivale s’étend du 31 juillet au 30 septembre. En 1938, les grandes vacances du primaire sont alignées sur celles du secondaire et commencent désormais le 14 juillet, en se terminant néanmoins toujours le 30 septembre. Une harmonisation qui répond aux attentes des éducateurs et des familles comme le relate l’ancien ministre de l’Éducation Jean Zay dans <a href="https://www.persee.fr/doc/hedu_0221-6280_1989_num_42_1_1685"><em>Souvenirs et solitudes</em></a> :</p>
<p>« Les éducateurs signalaient depuis longtemps que, dans la deuxième quinzaine de juillet, sous la canicule, le travail scolaire devenait nul ; on se bornait à somnoler sur les bancs et à soupirer en regardant les fenêtres. Les familles de leur côté se plaignaient de ne pouvoir organiser leurs vacances à leur guise, pour peu qu’elles eussent un enfant au lycée et un autre à l’école primaire. »</p>
<p>En ce qui concerne les collèges et lycées, avant la III<sup>e</sup> République, les grandes vacances commençaient le 15 août et finissaient le 1<sup>re</sup> octobre. À partir de l’établissement de la III<sup>e</sup> République, elles vont débuter de plus en plus tôt dans l’année – et durer plus longtemps. En 1875, il est décidé qu’elles commenceront désormais le 9 août ; puis, à partir de 1891, le 1<sup>re</sup> août. En 1912, le début des grandes vacances est avancé au 14 juillet ; mais elles durent toujours jusqu’au 1<sup>re</sup> octobre. On est donc passé de 1874 à 1912, d’un mois et demi de grandes vacances à deux mois et demi.</p>
<h2>Le zonage géographique des vacances</h2>
<p>En 1959, les grandes vacances scolaires sont déplacées de quinze jours : elles commencent plus tôt (le 1<sup>re</sup> juillet) et finissent plus tôt (le 15 septembre). Selon <a href="https://ulysse.univ-lorraine.fr/discovery/fulldisplay/alma991001031079705596/33UDL_INST:UDL">deux spécialistes de la question des « rythmes scolaires »</a>, Georges Fotinos et François Testu, la période des années soixante et soixante-dix « a pour caractéristique de s’intéresser presque uniquement au calendrier scolaire sur le plan économique. Elle voit l’introduction progressive des zones géographiques à la demande de divers organismes socioprofessionnels tant salariés que patronaux dans certains secteurs d’activité, les transports routiers et ferroviaires, et surtout le tourisme ».</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ENBPjFm_ydQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les zones de vacances scolaires (Franceinfo INA).</span></figcaption>
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<p>Dès l’année 1960, un arrêté précise que les dates de vacances d’hiver et de printemps doivent être fixées « en accord avec le ministère des Travaux publics et des Transports de façon que la SNCF puisse organiser les retours dans les meilleures conditions ».</p>
<p>En 1968, le zonage géographique des congés de la mi-février est mis en place : deux zones décalées d’une semaine, chaque congé n’ayant qu’une durée de 9 jours. On passe à trois zones en 1972, à la suite des demandes insistantes des professionnels du tourisme. Puis le zonage des vacances de printemps (d’une durée de deux semaines) est établi en 1977 : deux zones décalées d’une semaine. Enfin, le 8 mars 1979, le ministre de l’Éducation nationale Christian Beullac annonce que les dates des grandes vacances seront elles aussi variables d’une zone à l’autre, et que le nombre de zones passera de trois à cinq. Les départs, en 1980, s’échelonnent entre le 27 juin et le 11 juillet.</p>
<p>La responsabilité d’établir le calendrier des vacances scolaires est confiée aux recteurs qui décident pour leur académie. L’amplitude des vacances d’été (1981) toutes académies confondues s’étend du 27 juin au 28 septembre. Pour la rentrée des classes, 11 académies ont par exemple choisi entre le 22 septembre et le 26 septembre, 5 académies entre le 15 septembre et le 18 septembre, 10 académies entre le 9 septembre et le 11 septembre.</p>
<p>Aucune académie n’a retenu une date de départ autour du 15 juin et presque toutes ont privilégié la durée des vacances d’été au détriment des vacances intermédiaires. Des vacances de février ou de Pâques d’une semaine ne sont pas rares. À l’inverse, quelques académies ont allongé ou raccourci ces congés intermédiaires. À titre d’exemple, on trouve des vacances de Noël d’une durée de trois semaines, des vacances de la Toussaint de quinze jours et des vacances de février de… trois jours, comme l’a rappelé <a href="http://www.touteduc.fr/fr/tribunes">Georges Fotinos dans une tribune parue sur ToutEduc</a> le 28 juin 2023.</p>
<h2>La valse-hésitation des rythmes scolaires</h2>
<p>À partir des années 80, on commence à réellement écouter sur le sujet des rythmes scolaires des scientifiques tels que les professeurs Montagner, Reinberg, Testu, Touati et des médecins pédiatres tels que Courtecuisse ou Guran.</p>
<p>Cela se traduit finalement par un grand changement dans le calendrier scolaire de l’année 1986-1987. L’administration concernée du ministère de l’Éducation nationale propose deux calendriers : l’un, appelé A, est de facture traditionnelle ; l’autre, intitulé B, est construit à partir des résultats des études des scientifiques précités. C’est le fameux 7/2, à savoir la succession tout au long de l’année de sept périodes de travail de sept semaines entrecoupées de quatre périodes de congés (Toussaint-Noël-Hiver-Pâques) de deux semaines chacune. Année qui se termine par huit semaines de congés d’été.</p>
<p>Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement, souhaite qu’une consultation soit menée auprès de quelque 120 partenaires du ministère. Le calendrier B reçoit un large assentiment, notamment auprès de toutes les fédérations de parents d’élèves, de toutes les associations familiales ou complémentaires de l’école, ainsi que de la grande majorité des syndicats d’enseignants.</p>
<p>Les « scientifiques » l’ont emporté. Mais cela ne durera pas. Et depuis on assiste à une « valse hésitation » récurrente, qu’illustre tout particulièrement l’épisode de 1991.</p>
<p>Le samedi 16 février 1991, les retours de vacances d’hiver sont difficiles. De la neige ; des bouchons ; des mécontents. Le Premier ministre Michel Rocard se prononce publiquement pour un retour aux trois zones, allant même jusqu’à suggérer que l’on pourrait étaler à nouveau les vacances d’été. Les lobbies s’engouffrent dans la brèche. En sa qualité de président de l’association Villages vacances familles (VVF) et de vice-président de la section des affaires sociales du Conseil national du tourisme, Edmond Maire est le premier à demander un étalement des vacances beaucoup plus diversifié.</p>
<p>Le ministère de l’Éducation nationale rend public le 13 mars 1991 un <a href="https://www.cairn.info/ecole-d-aujourd-hui-a-la-lumiere-de-l-histoire--9782738154866-page-182.htm?contenu=plan">projet d’arrêté visant à modifier le calendrier scolaire</a>. Le directeur de cabinet de Lionel Jospin, Olivier Schrameck, indique qu’il s’agit d’un « ajustement » né d’une concertation entre le ministère de l’Éducation nationale et celui du Tourisme, à la demande du premier ministre Michel Rocard. Les modifications porteront sur les congés d’hiver et de printemps pour lesquels les trois zones seront rétablies. Pour manifester leur désapprobation, 56 des 62 membres du Conseil supérieur de l’éducation (qui n’ont qu’un rôle consultatif) quitteront la salle au moment du vote, le 28 mars.</p>
<p>Satisfait de ces changements, Edmond Maire juge cependant « incompréhensible » que le gouvernement n’ait pas décidé d’amorcer un étalement des vacances d’été. « Il n’est pas possible, conclut-il dans <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1991/03/16/les-professionnels-du-tourisme-veulent-etendre-la-reforme-des-conges-aux-mois-d-ete_4012715_1819218.html"><em>Le Monde</em> du 15 mars 1991</a>, de laisser de côté les professionnels des transports et du tourisme. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : concilier réellement les intérêts des enfants à l’école, ceux des enfants en vacances et ceux de la société ».</p>
<p>Une nouvelle fois, le retour à trois zones rend impossible un calendrier en 7/2, qui n’est compatible qu’avec deux zones maximum. Et le débat revient à intervalles réguliers dans l’actualité depuis, avec quelques variations de forme, certes, mais des enjeux de fond semblables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208883/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Lelièvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les vacances sont-elles trop longues pour les élèves ? Cette question suppose de se pencher sur leur distribution à l’année, ce qui a toujours soulevé d’importants débats.Claude Lelièvre, Enseignant-chercheur en histoire de l'éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2086382023-07-04T20:11:55Z2023-07-04T20:11:55ZPourquoi les touristes fréquentent-ils des lieux artificiels alors qu’ils sont en demande d’authenticité ?<p>Que diriez-vous d’un <a href="https://theconversation.com/topics/vacances-38872">séjour</a> sur un îlot artificiel flottant végétalisé comprenant un restaurant, un bar lounge, un beach club, ou encore une piscine d’eau douce chauffée ? Tel était ce que proposait le projet <a href="https://www.canua-island.com/fr/">Canua Island</a>, conçu pour accueillir jusqu’à 350 clients. <a href="https://www.lechotouristique.com/article/cote-dazur-clap-de-fin-pour-canua-island">Faute d’autorisation de navigation</a>, l’embarcation reste toujours pour l’heure bloquée au port de La Seyne-sur-Mer dans le Var, sous le feu de <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/06/10/canua-island-une-plage-flottante-symbole-du-malaise-grandissant-de-la-cote-d-azur-face-au-tourisme-des-ultra-riches_6176990_3234.html">critiques sociales et écologiques</a>. Le 13 juin, les fondateurs du projet déclarent avoir <a href="https://www.lechotouristique.com/article/cote-dazur-clap-de-fin-pour-canua-island">renoncé</a>.</p>
<p>L’ilot incarne ce que l’on appelle en <a href="https://theconversation.com/topics/geographie-21809">géographie</a> le <a href="https://journals.openedition.org/gc/1013">« tourisme de simulation »</a>. Exploitant l’artifice, il est pratiqué dans des espaces détachés des spécificités géographiques, climatiques ou culturelles du lieu de leur implantation. Même dénoncé, il connaît un <a href="https://www.forbes.com/sites/rogersands/2022/11/03/these-new-theme-parks-will-captivate-your-imagination/?sh=65d11550debc">développement mondial</a> comme en témoignent divers autres projets tels que l’idée d’une serre tropicale géante (la plus grande du monde) <a href="https://www.lesechos.fr/pme-regions/hauts-de-france/pas-de-calais-la-serre-geante-tropicalia-pourrait-pousser-en-2023-1893431">Tropicalia</a> à Berck-sur-Mer ou d’une reproduction d’un <a href="https://www.lechotouristique.com/article/europa-park-va-sagrandir-avec-une-zone-dediee-a-la-croatie">quartier croate dans le parc de loisirs allemand Europa-Park</a>. Pour les espaces déjà construits, le succès est souvent au rendez-vous. Le <a href="https://www.zoobeauval.com/">ZooParc de Beauval</a> a, par exemple, été contraint de <a href="https://www.leparisien.fr/loir-et-cher-41/cetait-le-metro-aux-heures-de-pointe-le-zoo-de-beauval-victime-de-son-succes-26-05-2023-4UF7WNWUBZCDJHDFOPAYUEKKCI.php">suspendre des réservations en mai 2023</a>. La <a href="https://www.lechotouristique.com/article/parcs-de-loisirs-vers-un-ete-de-tous-les-records">fréquentation des grands parcs de loisirs français</a> devrait, en 2023, excéder les records de 2022.</p>
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<p>Comment analyser ce paradoxe, cette coexistence entre deux mouvements contradictoires ? Au-delà du cas Canua Island, des <a href="https://theconversation.com/quel-monde-dapres-pour-le-tourisme-183738">critiques visent le tourisme de masse</a> et incitent d’ailleurs certains spécialistes à proposer une <a href="https://editionsdufaubourg.fr/livre/reinventer-le-tourisme">réinvention du secteur</a> et une <a href="https://theconversation.com/pourquoi-il-est-temps-de-reinventer-le-tourisme-138447">remise en cause des objectifs de conquête et de démesure</a> pour préférer des approches valorisant l’humain, l’écologie et l’authenticité. La quête de cette dernière est établie aussi bien par des <a href="https://hospitality-on.com/fr/tourisme/etude-booking-les-7-tendances-voyages-qui-marqueront-2022">études professionnelles</a> que par des <a href="https://www.cairn.info/theories-et-pratiques-du-marketing-de-la-culture--9782376875871-page-123.htm">recherches</a>. Malgré cela, le <a href="https://www.jstor.org/stable/40592826">triomphe du faux</a> invite aussi à s’intéresser à l’attrait pour ce tourisme de simulation.</p>
<h2>Copie authentique ou réalité originale ?</h2>
<p><a href="https://www.tourisme-espaces.com/doc/6592.publicite-invite-touriste-faire-cinema.html">En transcendant les tourismes de nature et de culture</a>, le tourisme de simulation concerne à la fois des parcs animaliers, des îles artificielles ou encore des grottes préhistoriques reconstituées comme <a href="https://www.lascaux.fr/fr">Lascaux IV</a> ou <a href="https://www.grottechauvet2ardeche.com/">Chauvet 2</a>. Il n’est, en réalité, pas strictement incompatible avec la quête d’authenticité. C’est parfois une forme d’<a href="https://www.jstor.org/stable/2776259">authenticité mise en scène</a> par les professionnels pour répondre aux attentes d’individus désirant vivre des expériences différentes de celles de leur vie quotidienne qui, elles, resteraient marquées par l’inauthenticité.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534641/original/file-20230628-25-u5tx48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La grotte Lascaux IV, fac simile intégral de la grotte découverte en 1940, a ouvert ses portes au public le 15 décembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">JanManu/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Pour mieux comprendre l’attrait exercé par ce tourisme, on peut convoquer la notion de <a href="http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2631">simulation</a>, également appelée <a href="https://www.livredepoche.com/livre/la-guerre-du-faux-9782253041870">« hyperréalité »</a>. Elle désigne une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/076737010502000103?journalCode=rama">réalité, différente de la réalité matérielle</a>, qui conduit à ne plus distinguer le vrai du faux. Deux types d’hyperréalité s’opposent : celle qui constitue une copie authentique ou « améliorée » de la réalité matérielle et celle qui correspond à une réalité originale.</p>
<p>Le phénomène d’hyperréalité est une dimension de la postmodernité qui renvoie à un <a href="https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2008-2-page-85.htm">changement structurel de l’individu et de la société</a>. Celui-ci est notamment lié à un désenchantement produit par la crise socio-économique de la deuxième moitié du XX<sup>e</sup> siècle. Il s’est traduit par l’apparition de <a href="https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2008-2-page-85.htm">pratiques de consommation paradoxales</a>.</p>
<h2>Du spectaculaire en toute sécurité</h2>
<p>Les offres hyperréelles présentent ainsi des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/076737010502000103?journalCode=rama">avantages recherchés</a> par certains individus. Elles proposent une authenticité, au rabais certes, mais <a href="https://www.jstor.org/stable/40592826">moins risquée</a> que l’authenticité « véritable », sans tous les <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9780080942544-9/postmodern-marketing-stephen-brown?context=ubx&refId=e3608f4a-e093-4a77-8751-58a3460bbdd7">inconvénients</a> existants dans la réalité. <a href="https://www.tropical-islands.de/en">Tropical Islands</a>, parc aquatique berlinois, paraît par exemple plus attrayant qu’une île réelle à la chaleur étouffante et pleine d’insectes. Ces offres d’un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/016073839500008T">monde aseptisé</a> permettent de <a href="https://www.jstor.org/stable/40592826">vivre en toute sécurité des expériences</a> procurant des sensations multiples. Les <a href="https://www.golias-editions.fr/2004/01/01/disney-land/">parcs Disney</a> promettent eux aussi des sensations extrêmes tout en les contrôlant.</p>
<p>L’hyperréalité permet aussi de mettre en scène des dimensions démesurées pour offrir du spectaculaire car le <a href="https://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/pub-fiction-9782708128040/">spectaculaire procure du plaisir</a>. Toutes les cabines du plus gros paquebot du monde, l’<em>Icon of the Seas</em> sont ainsi <a href="https://www.lefigaro.fr/voyages/pas-encore-construit-le-plus-gros-paquebot-du-monde-affiche-deja-complet-20221104">réservées</a> alors qu’il est toujours en construction !</p>
<p>Elle donne également l’opportunité aux individus de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/076737010301800203">s’immerger dans des expériences de consommation</a> car l’hyperréalité exploite des concepts projectifs. Au cours d’un <a href="https://calenda.org/188251">colloque</a>, des chercheurs ont émis l’hypothèse que l’immersion serait facilitée par le <a href="https://calenda.org/188251">sentiment de sécurité</a> procuré. De plus, elle serait d’autant <a href="https://www.implications-philosophiques.org/lhyperrealite-des-jeux-video-phenomenologie-dun-monde-qui-nexiste-pas/">plus grande que les offres hyperréelles sont infidèles au monde réel</a>, car l’individu n’est pas obligé de respecter les limites que ce monde impose. <a href="https://www.planetesauvage.com/">Planète Sauvage</a>, en Loire-Atlantique, propose ainsi de vivre l’« aventure sensationnelle d’un safari » africain.</p>
<p>Le caractère enclavé et sécurisé des offres hyperréelles a conduit à les qualifier de <a href="https://uk.sagepub.com/en-gb/eur/simulation-and-social-theory/book208023">« bulles touristiques »</a>. Leur <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.21832/9781845418687-016/html">nombre devrait croître</a> en raison de l’importance accordée par certains individus au risque perçu et au sentiment de sécurité.</p>
<h2>Des bulles qui sortent du champ touristique</h2>
<p>Au-delà, ces offres constituent des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/076737010502000103?journalCode=rama">opportunités pour les professionnels</a> qui peuvent satisfaire les attentes des individus et produire des <a href="https://www.jstor.org/stable/40592824">expériences aptes à réenchanter le consommateur</a>. <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/076737010502000103?journalCode=rama">Consommation et loisir</a> fusionnent ainsi dans le cadre <em>du fun shopping</em> ou <a href="https://www.jstor.org/stable/40592812"><em>retailtainment</em></a> comme le fait <a href="https://odysseum.klepierre.fr/boutiques-restaurants/planet-ocean">Planet Ocean au centre commercial Odysseum</a> à Montpellier. Il s’agit aussi de rapprocher les expériences des individus pour répondre à leur <a href="https://academic.oup.com/jcr/article-abstract/22/3/239/1791714?login=false">désir de vivre de multiples expériences,</a> même si les caractéristiques locales sont inadaptées. Typiquement, faire du <a href="https://www.malloftheemirates.com/en/ski-dubai">Ski à Dubaï</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534646/original/file-20230628-21-qnq3rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La plaine africaine du zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/sybarite48/7973214282/">Daniel Jolivet/FlickR</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>L’idée peut aussi être moins mercantile : contribuer à la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2211973620301471">préservation d’espaces</a> fragiles a par exemple été à l’origine de la réalisation de la <a href="https://www.grottechauvet2ardeche.com/decouvrez-la-grotte-chauvet-2-ardeche/">Grotte Chauvet 2</a> ; le <a href="https://www.beauvalnature.org/conservation/programme/panda-geant">ZooParc de Beauval participe à un programme de conservation des pandas</a>. Au-delà, il y a un objectif d’éducation du public.</p>
<p>Les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/076737010502000103?journalCode=rama">limites</a> de pareilles offres apparaissent néanmoins bien vite : impact environnemental, artificialisation des terres, incitation pour les individus à ne plus souhaiter affronter les difficultés du monde réel et les amener à ne plus être en mesure de différencier le vrai du faux… Des réalités du faux, telles les files d’attente, peuvent aussi s’avérer <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9780080942544-9/postmodern-marketing-stephen-brown?context=ubx&refId=e3608f4a-e093-4a77-8751-58a3460bbdd7">moins plaisantes que ce qui pourrait être expérimenté dans la réalité</a>. La marchandisation de presque tout et l’uniformisation de la planète résultant d’une exploitation excessive de l’hyperréalité peuvent déclencher des comportements de résistance de la part de certaines personnes face à une <a href="https://www.cairn.info/l-individu-hypermoderne--9782749203126-page-199.htm">« désappropriation »</a> de leur vie.</p>
<p>Tout cela invite à préconiser une modération du recours à l’hyperréalité à l’ère de l’<a href="https://www.nature.com/articles/415023a.pdf">anthropocène</a>. Ces recommandations sont d’autant plus importantes que le concept de bulle artificielle est exploité dans d’autres secteurs tels celui de l’habitat résidentiel pour donner lieu à des <em>gated communities</em> (communautés fermées) : la ville privée <a href="https://celebration.fl.us/">Celebration</a> en Floride a été initialement créée par le groupe Disney. Le projet <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-11-18/quelle-est-cette-ville-flottante-en-forme-de-tortue-geante-qui-pourrait-heberger-60-000-passagers-62de5e1e-516d-442b-8049-65eadca2aa9e">Pangeos</a>, ce yacht géant à 8 milliards de dollars en forme de tortue, mêle lui aussi à sa manière tourisme et habitat résidentiel pour 60 000 personnes. Il illustre la course à la démesure provoquée par l’hyperréalité qui aboutit à l’offre d’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/014904001300181693">extravagances</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208638/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Graillot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les bulles touristiques offrent des expériences dépaysantes sans leurs inconvénients, des tropiques sans moustiques par exemple. Les limites sociales et environnementales du modèle sont nombreuses.Laurence Graillot, Maître de conférences en Sciences de gestion (marketing) - HDR, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1990312023-02-05T16:56:11Z2023-02-05T16:56:11ZComment les skieurs s’adaptent au manque de neige<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507832/original/file-20230202-5655-hi8om7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=73%2C0%2C928%2C605&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’impact du réchauffement climatique en montagne n’explique pas à lui seul la désaffection pour les sports d’hiver.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sierra_Nevada_Laguna_skilift_3.jpg">Kallerna/Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Peu de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/neige-36212">neige</a> cet hiver, la <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-savoie/la-moitie-des-pistes-de-ski-francaises-sont-fermees-a-cause-du-manque-de-neige-2682364.html">moitié des pistes fermées à Noël</a> et un enneigement parfois localement médiocre pour les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vacances-38872">vacances</a> de février. L’industrie du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ski-25072">ski</a> est une activité touristique affectée de plein fouet par le réchauffement climatique. Comment les skieurs répondent-ils à cette situation ? S’élèvent-ils vers les domaines alpins de haute altitude ou s’envolent-ils pour le soleil des Canaries ?</p>
<p>Comment s’adapter à un avenir encore et toujours moins blanc ?</p>
<p><a href="https://www.skivintage.com/PBSCProduct.asp?ItmID=13122916">« Skiez 365 jours par an »</a>. Ce slogan publicitaire des années 1980 de Tignes, une station alpine bâtie <em>ex nihilo</em>, témoigne d’une époque révolue : le développement des sports d’hiver et la croyance en une neige éternelle. Les glaciers fondent et le manteau neigeux rétrécit. Les remontées mécaniques pour le ski estival ne tournent plus en France que quelques semaines par an. Les domaines s’ouvrent aussi plus tardivement pour le ski d’hiver.</p>
<p>L’an dernier, la célèbre station savoyarde du massif de la Vanoise avait fermé ses remontées le 1<sup>er</sup> juillet <a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/savoie-le-glacier-d-ete-a-tignes-ferme-avec-un-mois-d-avance-a-cause-du-rechauffement-1656697381">après 10 jours seulement d’exploitation</a> et décalé l’ouverture de son domaine, pourtant de haute altitude, après La Toussaint. Cette commune compte désormais <a href="https://cimalpes.com/fr/destinations/stations/tignes/">30 000 lits</a> – l’échelle qui a remplacé le décompte du nombre d’habitants des stations – et près de <a href="https://www.tignes.net/ski/securite/neige-de-culture-damage">500 enneigeurs</a> – la dénomination qui s’est substituée à celle, moins gracieuse, de canon à neige.</p>
<h2>Comparaisons difficiles</h2>
<p>Au cours des 50 dernières années, la durée d’enneigement dans les Alpes a reculé d’environ un mois et la moyenne des hauteurs de neige a diminué de plusieurs centimètres par décennie.</p>
<p>Cette phrase résume à grands coups de carres les résultats d’une recherche internationale d’envergure. <a href="https://tc.copernicus.org/articles/15/1343/2021/tc-15-1343-2021.pdf">Cette étude a porté sur des données recueillies entre 1971 et 2019</a> dans plus de 2 000 stations météorologiques des Alpes européennes. Elle utilise de nombreuses définitions et mobilise toute une série d’hypothèses et modèles qui, comme pour tout travail scientifique, présentent des limites et se prêtent à discussion.</p>
<p>Par exemple, la présence d’un seul centimètre d’épaisseur de neige suffit pour définir une journée d’enneigement, un seuil qui ne satisfera évidemment pas un skieur. Par ailleurs, les tendances estimées ne sont souvent pas statistiquement significatives, car la variabilité interannuelle des conditions d’enneigement en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/montagne-25073">montagne</a> est extrêmement forte alors que la période d’observation, quelques dizaines d’années, n’est pas si longue.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/apocalypse-snow-quand-leconomie-francaise-du-ski-file-tout-schuss-vers-labime-132613">Apocalypse snow : quand l’économie française du ski file tout schuss vers l’abîme</a>
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<p>Le recul historique des flocons est également bien établi par des études de portée nationale, que ce soit pour les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-44068-8">Alpes françaises</a>, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-016-1806-y">helvétiques</a> ou <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Climate-change-impacts-and-adaptation-in-winter-Abegg-Agrawala/eae5df22cfc4406ec0d13e050856b3d17c82fd93">autrichiennes</a>. Notez que la réduction de l’enneigement en épaisseur et en durée est plus ou moins marquée selon les situations locales, en particulier l’altitude, la latitude, ainsi que l’exposition et l’inclinaison des versants.</p>
<p>Difficile du coup aux skieurs de comparer la fiabilité de l’enneigement entre les stations pour choisir son domaine. L’altitude moyenne du domaine n’est qu’une très grossière approximation et connaître avec précision l’intervalle entre le point bas et le point haut de la station n’apporte guère plus d’éléments pertinents de décision.</p>
<p>Rien de surprenant à cette évolution retracée par les travaux précédents : dès lors que la montagne se réchauffe, un peu plus d’ailleurs que la plaine, il s’ensuit qu’il pleut plus qu’il ne tombe de flocons, que la neige chute en moindre quantité, fond plus vite, arrive plus tard en début de saison et repart plus tôt en fin de saison. Adieu flocons d’antan.</p>
<h2>Parkings saturés</h2>
<p>Dans l’adaptation de l’industrie du ski au recul de l’enneigement, la partie est inégale entre l’offre et la demande, c’est-à-dire entre les stations et les skieurs. D’un côté, des équipements et des hommes spécialisés, ancrés dans un territoire, peu mobiles ; d’un autre, des touristes et vacanciers, soient des consommateurs labiles et qui se déplacent vite et facilement.</p>
<p>Sur le papier, les consommateurs de neige sont placés devant <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01490408609513081?journalCode=ulsc20">trois options</a> : skier ailleurs, skier à d’autres périodes, ou choisir d’autres loisirs.</p>
<p>La première, contrairement aux deux autres, n’entraîne pas forcément une baisse de fréquentation et du nombre de jours-skieur en montagne (c’est-à-dire d’utilisateurs payant des remontées mécaniques par journée). En revanche, elle redistribue les cartes en faveur des stations qui bénéficient d’une plus grande fiabilité d’enneigement. Soit, à très grands traits, les stations de haute altitude. Tignes et Val Thorens plutôt que qu’Abriès ou Chamrousse, sans parler des stations du Jura, des Pyrénées, des Vosges et du Massif central.</p>
<p>Quelle déception en effet de trouver des télésièges et télécabines sans vie après avoir programmé à l’avance son séjour de ski. Adapter son calendrier de skieur à celui d’un enneigement plus fiable, par exemple partir en vacances de neige en février et non plus à Noël ou à Pâques, réduit la durée de fréquentation des stations et, vous l’avez peut-être remarqué avec une pointe d’agacement voire plus, allonge les queues en bas des remontées mécaniques et à l’entrée des selfs et restaurants d’altitude. Sans parler de la saturation des parkings…</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Remonte-pente à l’arrêt dans un paysage avec de la neige au loin" src="https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Quelle déception de trouver des remonte-pentes sans vie après avoir programmé à l’avance son séjour de ski….</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/3295116/free-photo-image-32100-adventure-building">Rawpixel</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Cet encombrement peut finir par refroidir les ardeurs des skieurs et en décourager plus d’un. Faute d’assurance d’avoir de la neige et à cause de la congestion, les destinations touristiques hivernales garantissant soleil, chaleur et sable fin gagnent en attractivité. D’autant que les plages exotiques sont alors moins bondées qu’en été.</p>
<p>Peu d’études cherchent à cerner le comportement des skieurs. Un paradoxe car la demande pour les sports d’hiver décroît dans les pays occidentaux, ce qui devrait inciter à en mieux comprendre les ressorts.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre de jours-skieur (en millions) décomposé en fonction de la région de la région d’origine du visiteur. Depuis le début des années 2000, la fréquentation annuelle des stations de ski varie principalement en fonction des conditions météorologiques et oscille entre 350 et 380 millions de jours-skieur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.vanat.ch/RM-world-report-2022.pdf">2022 International Report on Snow & Mountain Tourism</a></span>
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<p>Rappelons en effet que le ski est un marché mature. Mesurée en nombre de jours-skieur, la demande mondiale fluctue depuis le début du siècle autour de <a href="https://www.vanat.ch/RM-world-report-2022.pdf">350-380 millions par an</a>. Elle est en légère baisse depuis 2009-2010 dans les Alpes qui concentrent environ 40 % des jours-skieurs de toutes les pistes de la planète.</p>
<p>Une tendance à la baisse qui sortirait renforcée en incluant l’hiver de la pandémie. Rappelez-vous ces images de stations fantômes pour cause de fermeture des remontées et des limites drastiques imposées alors au déplacement. Avec cette précision administrative toute française qu’en montagne le rayon de promenade autour du domicile correspondait <a href="https://www.francebleu.fr/infos/societe/confinement-l-interdiction-des-sorties-en-montagne-prolongee-en-savoie-et-haute-savoie-1585753351">à 100 mètres de dénivelé</a> et non, comme ailleurs dans l’Hexagone, à la distance parcourable.</p>
<p>Attention, n’imputez pas en totalité au manque de neige l’essoufflement de la demande pour les sports d’hiver, et donc la pure manifestation d’une adaptation parfaite des skieurs au réchauffement climatique. La démographie en est peut-être aujourd’hui encore la première cause et puis d’autres paramètres jouent également. Le <a href="https://www.economist.com/international/2018/01/27/winter-sports-face-a-double-threat-from-climate-and-demographic-change">vieillissement de la population réduit la clientèle de ski alpin</a> et n’est pas compensé par l’arrivée en nombre suffisant de nouveaux pratiquants.</p>
<h2>Chutes et collisions</h2>
<p>Il est vrai qu’il s’agit d’un loisir dont l’apprentissage n’est pas instantané – maîtriser son allure et dessiner de beaux virages réclament du temps. Ni un loisir forcément plaisant : onglées, mal aux pieds, lunettes pleines de buée, chutes, collisions, etc. Pour certains, une fois passée la corvée de retirer ses chaussures à crochets, le retour à l’appartement est vécu comme le meilleur moment de la journée. Surtout devant un chocolat chaud et une tarte aux myrtilles !</p>
<p>De plus, en France comme en Suisse et en Autriche, les classes de neige initiant les écoliers des métropoles se raréfient. Enfin, le ski reste un loisir très cher. Il est <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/23/sports-d-hiver-sports-de-riches-moins-d-un-francais-sur-dix-part-en-vacances-au-ski_5261604_4355770.html">réservé à une petite partie de la population</a>. Par rétrécissement successif : celle qui part en vacances, moins nombreuse encore celle qui part en vacances d’hiver, et encore un peu moins nombreuse toujours celle qui choisit alors de se rendre à la montagne.</p>
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<p>La <a href="https://www.alti-mag.com/alti-guide/qui-fait-du-ski-en-france">clientèle des stations de ski</a> présente un profil bien connu : revenu plutôt élevé, niveau d’études au-dessus de la moyenne, urbain le plus souvent du centre de grandes villes ; des caractéristiques qui se recoupent mais avec une nette différenciation géographique : les CSP+ de Brest s’adonnent moins aux sports d’hiver que ceux de Grenoble.</p>
<p>Selon les très rares et trop anciennes <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13683500.2017.1410110">études disponibles</a>, les skieurs interrogés sur leur adaptation au recul de la neige privillégiraient la montée en station d’altitude et le glissement des dates de séjour aux semaines les plus propices plutôt que le changement de destination vers le soleil ou ailleurs.</p>
<p>Vous remarquerez que je n’ai pas parlé d’un report sur place de la clientèle vers d’autres activités que le ski. C’est parce que ce changement dépend plutôt de l’adaptation des stations au réchauffement climatique et de leurs propositions de loisirs de montagne sans neige, un sujet épineux mais bien balisé tant par les <a href="https://journals.openedition.org/viatourism/9270">chercheurs</a>, les <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/tourisme_montagne_enjeux_climatiques">élus</a> et même les <a href="https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf">auditeurs de la Cour des comptes</a>.</p>
<h2>La pente de la technologie</h2>
<p>Jusqu’à présent, les stations se sont principalement adaptées en glissant sur la pente de la technologie, celle du damage et de <a href="https://theconversation.com/production-de-neige-le-piege-de-la-dependance-pour-les-stations-de-ski-198469">la production de neige artificielle</a>, aussi nommée neige « de culture » en France, neige « programmée » en Italie, ou neige <a href="https://www.economist.com/international/2018/01/27/winter-sports-face-a-double-threat-from-climate-and-demographic-change">« technique » en Allemagne</a>.</p>
<p>De nombreuses stations prévoient de poursuivre cette ligne de défense contre le changement climatique en multipliant les canons à neige et les installations de l’arrière (salle de pompage, retenue collinaire, etc.). Une voie qui n’est pas sans <a href="https://www.annales.org/re/2022/resumes/avril/09-re-resum-FR-AN-avril-2022.html">conséquences néfastes pour l’environnement</a>, mais aussi pour les skieurs, même parmi ceux les moins concernés par l’avenir de la planète.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Canons à neiges dans la station de Cortina d’Ampezzo, en Italie" src="https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Canons à neiges dans la station de Cortina d’Ampezzo, en Italie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Latemar_snow_guns.jpg">Tiia Monto/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Pour ces derniers, l’augmentation du prix des forfaits et donc le renchérissement du ski-loisir constitue le désagrément le plus évident. La neige artificielle réclame en effet de lourdes infrastructures et des dépenses élevées pour la faire fonctionner ; des investissements et des coûts techniques qui s’ajoutent à ceux du parc des remontées mécaniques.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/production-de-neige-le-piege-de-la-dependance-pour-les-stations-de-ski-198469">Production de neige : le piège de la dépendance pour les stations de ski ?</a>
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<p>Or les <a href="https://skidata.io/tarif/">forfaits coûtent déjà cher</a>. Comptez 63 euros par personne et par jour pour accéder à l’espace Killy (Tignes-Val d’Isère), 57 euros pour les Portes du Soleil (Avoriaz-Champéry) ; et entre 20 et 40 euros pour des domaines de tailles plus modestes. Le haut revenu moyen des skieurs ne met pas les stations à l’abri d’une érosion de la clientèle face à l’augmentation du prix. Face à la baisse de la qualité également : glisser sur un ruban blanc encombré et bordé à ses côtés d’une pelouse jaunâtre et terreuse manque singulièrement de charme.</p>
<h2>L’échec des ski-dômes japonais</h2>
<p>C’est tout de même mieux que de skier sous cloche, me direz-vous. Les ski-dômes ont bien des clients et il s’en construit même des nouveaux. Vrai, mais leurs pistes de quelques dizaines de mètres le plus souvent servent surtout d’initiation au ski et ils sortent de terre avant tout en Chine où la pratique du ski ne se conjugue pas historiquement avec neige naturelle.</p>
<p>Au Japon en revanche, les centres de ski d’intérieur ferment les uns après les autres. Ils connaissent la <a href="https://www.vanat.ch/RM-world-report-2022.pdf">même désaffection de clientèle que le ski de plein air</a> qui est particulièrement marquée et rapide dans ce pays aux si nombreux centenaires.</p>
<p>Le ski sous cloche relève aussi du parc d’attractions et subit également à ce titre la concurrence des parcs de loisir en tout genre. Une rivalité d’autant plus désavantageuse pour les ski-dômes que la clientèle n’a pas à s’équiper et à s’activer, mais simplement à suivre passivement les attractions en habits et chaussures de tous les jours.</p>
<p>Pour skier 365 jours par an version ultra-artificielle et tendance globish la municipalité de Tignes a un temps envisagé la construction d’un <a href="https://dja.archi/fr/projets/selection/ski-line-tignes-73/">« Ski-Line de piste in-door »</a>. 400 mètres de glisse couverts à l’année dans un frigo géant avec remontée en télésiège des skieurs et, à côté, pour les surfeurs d’eau douce un bassin à vague artificielle.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oeEgJx7flKQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bientôt une piste couverte à Tignes ? (8 Mont-Blanc, 2016).</span></figcaption>
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<p>Ce projet démesuré est resté à ce jour dans les cartons. Il ne devrait pas en sortir. La fin d’un monde est passée par là : celui d’une société sans pandémie, d’un accès immuable à une énergie et une eau bon marché ; mais aussi d’une clientèle indéfectible de skieurs consommateurs, au porte-monnaie sans fond ; et peut-être désormais plus préoccupés par leur empreinte sur la planète – souhaitons-le.</p>
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<p><em>François Lévêque a publié chez Odile Jacob <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-lere-des-entreprises-hyperpuissantes-touche-t-elle-a-sa-fin-157831">« Les entreprises hyperpuissantes. Géants et Titans, la fin du modèle global ? »</a>. Son ouvrage a reçu le <a href="https://www.melchior.fr/note-de-lecture/les-entreprises-hyperpuissantes-prix-lyceen-lire-l-economie-2021">prix lycéen du livre d’économie</a> en 2021</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199031/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Face à la diminution progressive de l’enneigement en montagne, le consommateur se retrouve face à trois options : skier ailleurs, skier à d’autres périodes… ou choisir d’autres loisirs.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1895272022-10-20T15:10:35Z2022-10-20T15:10:35ZPourquoi les enfants se plaignent-ils des longs trajets en voiture ou en train ?<p>« Si je recevais 10 centimes à chaque fois que mon enfant lance “est-ce qu’on arrive bientôt ?”, je serais déjà riche » : c’est ce que peuvent se dire bien des parents à l’heure d’entreprendre un voyage en famille. Ayant moi-même trois jeunes enfants, je ne connais que trop cette crainte qui peut s’emparer de vous lorsque, à peine 30 minutes après le début d’un trajet qui doit durer cinq heures, l’interrogatoire commence.</p>
<p>Tout commence plutôt poliment. “Maman, quand est-ce qu’on arrive ?”, lance une petite voix depuis la banquette arrière de la voiture. Puis le ton se fait plus offensif et voilà qu’on commence à comparer la distance que j’avais annoncée une heure auparavant et celle qui reste encore à parcourir…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/laissez-les-enfants-sennuyer-66858">Laissez les enfants s’ennuyer !</a>
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<p>Quand le voyage se termine, j’ai en général pris la résolution de ne plus jamais partir avec les enfants en vacances. Mais pourquoi donc les trajets leur semblent-ils si atrocement longs ?</p>
<h2>Perception des distances</h2>
<p>L’une des explications est que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16512313/">notre expérience du temps évolue avec l’âge</a>, ce qui se traduit souvent par la <a href="https://www.keele.ac.uk/media/keeleuniversity/facnatsci/schpsych/weardenpublications/wearden2005.pdf">sensation</a> que le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20163781/">temps passe plus vite</a> à mesure que l’on vieillit. On aura ainsi l’impression que « Noël arrive plus vite chaque année ».</p>
<p>On suppose que cette impression d’un temps qui passe plus vite vient du fait qu’avec l’âge, chaque durée devient une <a href="https://europepmc.org/article/MED/1178414">proportion plus restreinte</a> de notre vie. À 7 ans, par exemple, une année représente 14,30 % de votre vie tout entière. À 70 ans, cela ne correspond plus qu’à 1,43 % de votre vie. C’est ainsi qu’un voyage de cinq heures paraît bien plus impressionnant à un enfant de 5 ans qu’à une personne de 50 ans, tout simplement parce que cela équivaut à une part plus longue de sa vie.</p>
<p>Mais il y a d’autres éléments à prendre en compte. En grandissant, en vieillissant, nous comprenons ce qui relève des distances et de la géographie. Ce bagage de connaissances nous aide à trouver des repères et des indices pour évaluer où l’on se situe dans un voyage et le trajet qu’il reste à parcourir.</p>
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<p>Par exemple, si je vais de Paris à Amiens, je sais que nous entrons dans la dernière ligne droite du voyage quand nous dépassons Beauvais. Au Royaume-Uni, si je me rends de Manchester à Devon, je sais que je suis à peu près à mi-chemin lorsque nous quittons Birmingham. Ces informations m’aident à structurer le temps. J’ai également un GPS qui me donne un horaire d’arrivée, l’ajuste en temps réel, m’avertissant des obstacles et des retards éventuels. N’ayant pas directement accès à ces éléments factuels, les enfants dépendent de ce que leur diront les adultes pour estimer la progression du voyage.</p>
<h2>Capacité d’attention</h2>
<p>Les incertitudes auxquelles sont confrontés les enfants sont accentuées par le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1053810015300465">manque de contrôle</a> dont ils disposent sur le voyage lui-même. Ce sont les adultes qui déterminent à quelle station-service on va s’arrêter et quel itinéraire on va prendre, ce qui peut leur donner l’impression que le trajet traîne en longueur.</p>
<p>En effet, l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1053810015300465">incertitude temporelle</a>, ou le sentiment de ne pas savoir quand quelque chose va se produire peut ralentir le passage du temps, et c’est un phénomène qu’on expérimente aussi à l’âge adulte.</p>
<p>Rappelez-vous la dernière fois que votre train s’est inexplicablement arrêté juste à la sortie de la gare, ou que vous avez vu le panneau « attente » clignoter sans fin devant la réception des bagages en sortant de l’avion. Je parie qu’aucun de ces problèmes n’a été résolu rapidement à vos yeux – et que vous auriez apprécié une annonce de la part du conducteur du train ou du personnel de l’aéroport. Le fait de ne pas savoir ce qui se passe nous donne l’impression que les événements s’éternisent.</p>
<p>Dès qu’apparaît un doute au sujet d’un délai, le contrôler va vite devenir notre objectif premier. L’être humain a en effet une capacité cognitive limitée et ne peut prêter attention à tout en permanence. Nous devons donc <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0001691813002515">nous fixer des priorités</a> selon les circonstances.</p>
<p>Quand un délai devient incertain, nous y prêtons beaucoup plus attention que la normale, ce qui se traduit par la sensation que le temps passe beaucoup plus lentement. Les enfants étant plus sujets à ces incertitudes que les adultes, sans distraction, ils vont scruter la progression du voyage, quel qu’il soit.</p>
<h2>Ennui et divertissement</h2>
<p>Enfin, si le temps passé en voiture peut s’éterniser pour les enfants, c’est tout simplement parce qu’ils sont enfermés et n’ont rien d’autre à faire que de regarder le paysage défiler par la fenêtre. Cette expérience les confronte à l’ennui alors que leurs parents, à l’avant, savourent probablement d’avoir un peu de temps pour rester assis et réfléchir.</p>
<p>Le désir de stimulation et de divertissement qu’éprouvent les enfants fait que cet ennui s’installe souvent rapidement, ce qui ralentit l’écoulement du temps. Comme l’incertitude temporelle, notre niveau d’ennui affecte notre perception des durées en modifiant l’attention que nous lui portons.</p>
<p>Dans ces cas-là, nous avons tendance à scruter l’horloge ce qui nous donne l’impression que le <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/What-happens-while-waiting-How-self-regulation-and-Witowska-Schmidt/20c301bb007f850699d5ea7fad5a19c2f58837ad">temps s’étire</a>. À l’inverse, lorsque nous sommes joyeusement occupés, nous ne prêtons guère attention à l’heure, notre capacité d’attention étant accaparée par autre chose, et nous avons l’impression que le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32628735/">temps passe vite</a>.</p>
<p>Alors, que doivent faire les parents ? Ceux d’entre vous qui ont un grand voyage en perspective se précipitent peut-être pour faire le plein de jeux et d’en-cas afin de fournir un flux constant de distractions à leurs enfants. Toutefois, je vous invite à la prudence. Si vous parvenez ainsi à réduire le refrain « on est bientôt arrivés ? », peut-être éveillez-vous là le risque d’une autre rengaine : « J’ai mal au cœur ! » Et quand un enfant a le mal des transports, l’expérience comme la recherche montrent que c’est aux parents que le voyage <a href="https://europepmc.org/article/MED/31083698">va sembler beaucoup plus long</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189527/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ruth Ogden a reçu des financements du Conseil de la recherche économique et sociale et du Wellcome Trust.</span></em></p>Les enfants n’ont pas la même perception du temps que les adultes. C’est l’une des raisons qui expliquent qu’ils aient souvent du mal à supporter les voyages.Ruth Ogden, Reader in Experimental Psychology, Liverpool John Moores UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1874812022-08-01T18:40:57Z2022-08-01T18:40:57ZEn vacances, les enfants oublient-ils vraiment tout ce qu’ils ont appris à l’école ?<p>Vous craignez que vos enfants n’oublient cet été ce qu’ils ont appris à l’école pendant l’année ? Voilà plus d’un siècle en tout cas que les universitaires se penchent sur cette question.</p>
<p>Quand William White, un professeur de mathématiques de l’État de New York a entrepris d’évaluer, au début du XX<sup>e</sup> siècle, ce que ses étudiants retenaient de leurs cours après les congés d’été, il leur a fait passer à la rentrée un examen comparable à celui qu’ils avaient eu à la fin de la précédente année scolaire. Avant de comparer les résultats. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-jeunes-francais-ont-ils-trop-de-vacances-scolaires-119023">Les jeunes Français ont-ils trop de vacances scolaires ?</a>
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<p>Alors que les étudiants s’étaient trompés lors de leurs examens de fin d’année sur 9 questions en moyenne sur les 70 posées, ce taux est passé à 25 erreurs en moyenne après la coupure estivale. Mais au bout de deux semaines de révisions, il est redescendu à 15.</p>
<p>Intitulée <a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uc1.a0001490416&view=1up&seq=163&skin=2021">« Reviews Before and After Vacation »</a> et publiée en 1906, l’étude de White en arrivait à la conclusion suivante : « ce sont les notions qui sont le moins vitales qui sont le plus vite oubliées ».</p>
<p>Le travail de White est l’un des premiers à avoir identifié ce que les professionnels de l’éducation appellent la <a href="https://files.eric.ed.gov/fulltext/EJ1134242.pdf">perte des acquis scolaires</a> en période estivale – soit l’effet négatif d’une longue pause sur la capacité des élèves à se rappeler des connaissances et à mobiliser les compétences qu’ils avaient acquises pendant l’année scolaire.</p>
<h2>Effets sur la réussite des élèves</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.3102/00346543066003227">Les études</a> sur cet oubli estival se sont multipliées dans les années 1990 avec l’attention portée à la réussite de tous. Elles ont montré qu’au cours de l’été, les étudiants perdent généralement l’équivalent d’un mois d’apprentissage dans des <a href="https://files.eric.ed.gov/fulltext/ED475391.pdf">matières comme les maths et l’orthographe</a>. La recherche a aussi montré sur les acquis perdus sont plus importants chez les <a href="https://files.eric.ed.gov/fulltext/ED475391.pdf">étudiants souffrant d’un handicap</a>, ceux dont la langue du pays n’est pas la langue maternelle, et qui sont en train de l’apprendre, ainsi que les enfants vivant en situation de pauvreté.</p>
<p>Mais la compréhension de ce phénomène évolue encore. D’après une nouvelle recherche, les <a href="https://doi.org/10.1177%2F0031721719871560">élèves qui perdent le plus de connaissances</a> l’été sont aussi ceux qui avaient affiché les progrès les plus nets juste avant les examens de fin d’année. Cela pose la question de savoir si les apprentissages étaient bien consolidés ou si les gains ne faisaient que refléter une préparation spéciale au test.</p>
<h2>Réorganiser l’année scolaire ?</h2>
<p>Certains disent que les oublis de connaissances pendant l’été seraient moins importants si l’année scolaire <a href="https://www.publicschoolreview.com/blog/some-schools-consider-longer-school-years-for-students">était plus longue</a> et s’appuient pour cela sur les comparaisons internationales. Ils notent qu’un pays comme la Chine où les élèves ont <a href="https://theconversation.com/copying-the-long-chinese-school-day-could-have-unintended-consequences-23398">245 jours</a> d’école fait partie des 20 pays les mieux classés en termes de résultats scolaires en maths, sciences et lecture alors que les États-Unis, où l’année scolaire s’étale sur 180 jours, sont classés à la vingt-cinquième place sur 77 pays, plusieurs points derrière l’Australie, la Suisse, la Norvège et la République tchèque qu’on retrouve entre la vingt-et-unième et la vingt-quatrième place.</p>
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<p>Mais une année scolaire plus courte ne se traduit pas forcément par des résultats scolaires plus faibles. Ainsi, selon PISA (Program for International Student Assessment) les élèves irlandais <a href="https://factsmaps.com/pisa-2018-worldwide-ranking-average-score-of-mathematics-science-reading/">surpassent de 10 points en moyenne</a> les élèves américains en maths, sciences et lecture alors qu’ils vont à l’école <a href="https://www.insider.com/school-days-how-does-the-us-compare-2018-8#in-russia-students-get-out-at-1-or-2-pm-1">167 jours par an</a>, soit treize jours de moins que leurs camarades aux États-Unis.</p>
<h2>Quelques clés contre les oublis de l’été</h2>
<p>Certains parents s’appuient sur des programmes de soutien scolaire ou des cahiers de vacances pour aider leurs enfants à entretenir leurs acquis scolaires pendant l’été. Mais il y a d’autres attitudes, ressources et activités auxquelles on peut avoir recours, sans forcément faire référence à l’univers scolaire, et en voici quelques-unes.</p>
<p><strong>Montrez l’exemple :</strong> Avant tout, n’oubliez jamais que vous êtes un modèle pour vous enfants, qui ont tendance à reproduire ce que font les adultes de leur entourage. L’été est ainsi la meilleure période pour réduire le temps passé sur les écrans et augmenter celui qu’on accorde à la lecture, l’écriture, la marche, les jeux ou la conversation.</p>
<p><strong>Fréquentez une bibliothèque :</strong> Les enfants aiment se sentir autonomes. L’un des meilleurs moyens de leur permettre de faire preuve d’indépendance est de les emmener parcourir les rayons de la bibliothèque locale et choisir des livres qu’ils pourront lire seuls ou que vous pourrez lire ensemble à haute voix. Participez aux heures du conte si c’est une activité qui est proposée. Prenez l’habitude de vous rendre en bibliothèque chaque semaine ou plusieurs fois par mois au moins. Ces visites renforceront le <a href="https://doi.org/10.1080/10573569.2019.1627968">lien des enfants avec la lecture</a>.</p>
<p><strong>Organisez des jeux pendant les voyages :</strong> Lorsque vous êtes en bus, en car ou en train, il y a plein de jeux de chiffres et de lettres que vous pouvez lancer avec les enfants. Vous pouvez calculer le nombre de fast-foods que vous allez croiser, ou chercher les mots commençant par telle ou telle lettre. Ces activités permettent non seulement de maintenir l’intérêt des enfants mais aussi de continuer à <a href="https://www.moto-way.com/2019/09/let-the-kids-make-the-most-of-the-benefits-of-play-even-when-youre-travelling/">affiner leurs compétences</a> dans des domaines comme la lecture et le calcul.</p>
<p><strong>Encouragez vos enfants à tenir un journal de leur été :</strong> S’ils n’ont pas d’idée pour commencer, proposez-leur de lister dix activités qu’ils veulent absolument réaliser avant la fin de l’été. Il peut s’agir de voir un coucher de soleil comme de passer une journée entière sans porter de chaussures. Pour que ce soit distrayant, incitez-les à <a href="https://www.scholastic.com/parents/books-and-reading/raise-a-reader-blog/how-journaling-benefits-your-child.html">écrire aussi bien qu’à dessiner</a>.</p>
<p><strong>Visitez des sites d’intérêt général :</strong> Organisez des visites pour découvrir, vos et vos enfants, les sites locaux notables. Documentez la visite avec un journal, des dessins ou des photos et faites quelques recherches sur l’histoire du site. Ces activités peuvent être d’autant plus attractives que vous incitez les enfants à se renseigner sur les lieux historiques ou autres que vous visitez.</p>
<p><strong>Organisez des pique-niques en famille :</strong> <a href="https://www.actionforhealthykids.org/the-benefits-of-eating-meals-as-a-family/#:%7E:text=Kids%20and%20teens%20who%20eat,develop%20language%20and%20social%20skills">Variez les repas</a>, laissez les enfants choisir les menus, cuisiner avec vous et choisir le lieu du pique-nique. Des travaux de recherche ont montré que le fait d’impliquer les enfants dans la préparation des repas, en faisant par exemple des listes de courses, peut les aider à <a href="https://theconversation.com/how-getting-kids-to-make-grocery-lists-and-set-the-table-can-improve-their-vocabulary-and-willingness-to-learn-170851">progresser en lecture, en écriture et en maths</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187481/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Suzanne McLeod ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des études estiment que les élèves perdraient en été l’équivalent d’un mois d’apprentissage dans des matières comme les maths et l’orthographe. Mais certaines activités aident à limiter les oublis.Suzanne McLeod, Assistant Professor of Educational Leadership, Binghamton University, State University of New YorkLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1855192022-07-08T09:47:36Z2022-07-08T09:47:36ZLe naturisme s’offre-t-il une cure de jouvence ?<p>Chaque été, la presse magazine, en quête de sujets « légers » et intrigants, se penche sur le naturisme. La pratique y est présentée comme un loisir estival à découvrir, une <a href="https://www.elle.fr/Loisirs/Evasion/10-adresses-cool-ou-faire-du-naturisme-en-France">forme atypique de tourisme</a>. Mais depuis quelque temps, il est plus souvent question de saisir la complexité du phénomène, ses valeurs et <a href="https://www.paulette-magazine.com/le-naturisme-cette-philosophie-de-vie/">ses origines</a>.</p>
<p>En parallèle, les campagnes de sensibilisation au naturisme – comme mode de vie et culture à part entière – se multiplient et obtiennent un écho croissant. Depuis 2006, la <a href="https://www.naturisme.fr/actualites/journee-internationale-du-naturisme-2021">journée mondiale du naturisme</a> se déroule chaque année, début juillet. Enfin, avec 38 000 adhérents comptabilisés en 2014, la Fédération française de naturisme (FFN) a enregistré au début des années 2010 une <a href="https://www.ouest-france.fr/normandie/falaise-14700/la-federation-francaise-de-naturisme-compte-de-plus-en-plus-dadherents-301677">nette hausse de ses effectifs</a>.</p>
<p>Cet engouement relève-t-il d’un phénomène de mode, produit par les médias et appelé à retomber plus ou moins rapidement ? S’inscrit-il, au contraire, dans des évolutions sociales voire sociétales plus profondes ? Assiste-t-on à un rajeunissement du naturisme, loin de l’image d’un mouvement dont les valeurs, tout comme les pratiquants, ont inexorablement vieilli ?</p>
<h2>Un renouvellement significatif des pratiquants ?</h2>
<p>On assiste depuis la fin des années 2000 à un renouvellement des pratiquants. Un sondage Ipsos <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/naturisme-vous-laisserez-vous-tenter">paru en 2015</a> le confirme, comme les enquêtes menées de 2015 à 2017 par le cabinet Pro-Tourisme pour le groupe de villages naturistes France 4 naturisme. Selon ces études, 2,6 millions de Français pratiquent régulièrement le naturisme, (<a href="https://www.naturisme.fr/naturisme-en-france/developpement-du-naturisme-en-france">et 13,4 de manière occasionnelle</a>). Autre enseignement, la pratique <a href="https://www.leprogres.fr/france-monde/2018/04/01/plus-nombreux-les-naturistes-sont-de-plus-en-plus-jeunes">séduit de plus en plus de jeunes adultes</a> et de familles, en soif d’évasion et de bien-être face au stress du monde professionnel. Les pratiquants sont à 60 % des hommes et à 70 % de femmes de moins de 50 ans. Parmi les motivations des nouvelles adhérentes, on note celle de disposer librement de leurs corps dans un espace tolérant.</p>
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<p>Ces récentes évolutions doivent cependant s’apprécier avec nuance. C’est en effet l’offre naturiste de vacances, structurée autour de plusieurs entités commerciales, qui tire son épingle du jeu. Le parc d’hébergement naturiste et le chiffre d’affaire qui y correspond, estimé à 300 millions d’euros en 2018, est en croissance continue. Ce succès <a href="https://www.leparisien.fr/societe/la-france-premiere-destination-naturiste-au-monde-avec-500-espaces-autorises-06-08-2017-7177851.php">tient aussi à la clientèle étrangère</a>.</p>
<h2>À la conquête de nouveaux espaces</h2>
<p>Le naturisme poursuit son essor en s’appuyant sur son parc de campings et de villages vacances. En 2022, 460 espaces lui sont légalement consacrés en France. Parmi eux, on recense 76 plages, 2 ports, 155 établissements de vacances et tout autant d’associations <a href="https://ffn-naturisme.com/histoire-et-presentation/">disposant le plus souvent de leur terrain</a>. De ce point de vue, le naturisme s’inscrit dans la continuité du tournant pris dans les années 1960 : celui d’une pratique de masse s’appuyant sur la démocratisation des loisirs et les politiques d’aménagement touristique du territoire. Le naturisme a ainsi conquis sa légitimité, couronnée en 1983 par sa reconnaissance d’utilité publique. Mais il l’a fait, pour l’essentiel, au prix d’une assignation à des espaces délimités, voire fermés, afin de ne pas heurter la sensibilité des « textiles » ou d’attirer les voyeurs.</p>
<p>On assiste cependant à une évolution, illustrée par l’essor des « randonues » et des « cyclonues ». D’une position « en retrait », les promoteurs du naturisme se montrent plus « offensifs », vers la fin des années 2000. Il s’agit d’ouvrir de nouveaux espaces à la nudité <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000021796051/#LEGISCTA000021796946">sans qu’elle tombe systématiquement sous le coup de la loi</a>. Le lancement en 2011 de la « Journée sans maillot », organisée sur tout le territoire par la Fédération française de naturisme en <a href="https://ffn-naturisme.com/celebrer-le-naturisme/">est l’illustration</a>. À cette occasion, le naturisme quitte ses murs pour investir l’espace public : rues, routes, chemins et piscines accueillent les adeptes du nu avec l’accord des pouvoirs publics. Autre exemple marquant, en 2017, la Ville de Paris accepte l’ouverture d’une zone naturiste dans le bois de Vincennes. Son originalité réside dans le fait que l’espace est ouvert – pas de palissades ni d’autre protection – et mixte en termes de nudité. Inaugurée le 31 août 2017, l’expérimentation est reconduite chaque année.</p>
<h2>Vers une nouvelle « humanuté »</h2>
<p>Cependant, alors que la FFN et ses associations locales négocient avec les pouvoirs publics pour organiser ces événements, d’autres prosélytes du nu n’hésitent pas à braver la loi pour susciter son évolution. Outre-Manche, Steve Gough est devenu le porte-étendard des défenseurs d’un droit fondamental à la nudité <a href="https://www.bbc.com/news/uk-england-29800016">alliant le geste à la parole</a>. Le cas n’est pas isolé, y compris en France, ou certains militants, <a href="https://www.larepubliquedespyrenees.fr/faits-divers/justice/autorise-a-se-promener-nu-en-espagne-mais-pas-en-france-5420964.php">comme Jean-Pierre David</a>, provoquent la <a href="https://lagazette-ladefense.fr/2022/06/15/deux-naturistes-arretes-sur-le-parvis/">polémique</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/piscine-et-nudite-le-maillot-de-la-discorde-184970">Piscine et nudité : le maillot de la discorde</a>
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<p>En 2007, a d’ailleurs été créée l’Association pour la Promotion du Naturisme En Liberté (APNEL). Son objectif : que soit « modifié l’article 222-32 du code pénal français afin que la simple nudité ne soit plus assimilée à de l’exhibition sexuelle, pour être en conformité <a href="https://apnel.festinatur.fr/association/">avec la législation des autres pays européens »</a>. Comptant 270 adhérents en 2017, l’APNEL vient en aide à ceux et celles qui ont été arrêtés lors de randonues « non déclarées » en les assistant lors de leur procès et en organisant des souscriptions.</p>
<p>Avec Jacques Frémont, un des initiateurs de l’APNEL, les promoteurs de cet idéal de nudité se définissent non seulement comme des naturistes mais, plus encore, <a href="https://www.vivrenu.com/2008/11/09/il-etait-une-fois-le-naturisme-en-liberte/">comme des « nudiens »</a>. La nudité est ainsi entendue tout à la fois comme un <a href="https://laviedesidees.fr/Chair-a-slogans.html">idéal, un absolu et une libération</a>. Elle doit organiser une société plus tolérante, démocratique et dégagée du diktat des apparences. De 2016 à 2018, signe des temps, les représentants de l’APNEL participent à la fête de l’Humanité et obtiennent le droit de <a href="https://www.naturisme-magazine.com/actualites/actusnues/h-umanite-fete-de-l">tenir leur stand entièrement nus</a>.</p>
<h2>Une dynamique d’expansion</h2>
<p>Pour en venir maintenant aux principales causes déterminant la dynamique d’expansion du naturisme, il faut retenir tout d’abord que celui-ci naît d’un désir de nature renouvelé, au tournant des XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> siècles. Il se déploie autour d’un profond sentiment de coupure avec la nature que catalysent la révolution industrielle, l’urbanisation et les pandémies. Ce sentiment se nourrit également des angoisses <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-apocalypse-joyeuse-jean-baptiste-fressoz/9782021056983">d’une apocalypse industrielle</a>. Ce faisant, le naturisme <a href="https://www.cairn.info/revue-corps-2021-1-page-35.htm">alimente une conscience écologique précoce</a> et s’inscrit dans une perspective réformiste majeure. Agglomérant des idéaux élevés, humanistes et progressistes, il vise à refonder une société qui s’est fourvoyée, et, au-delà, à donner naissance à une nouvelle humanité.</p>
<p>Le contexte actuel réactive le message réformiste naturiste et met en relief les valeurs qui le sous-tendent. Il porte tous les ferments d’un désir de nature propice au naturisme : nouvelle prise de conscience de <a href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/nature-et-environnement/la-tristesse-de-gaia">la fragilité de la planète</a> mais aussi privation de nature avec les confinements successifs liés au Covid-19. L’idéologie d’un retour salvateur à la nature, sur le plan individuel, social, physique et moral fait écho aux préoccupations contemporaines. Profiter des plaisirs de la nature et de <a href="https://franceuniversites.fr/actualite/eclairage-Covid-19-et-retour-a-la-nature-regard-dhistorien/">la nudité tout prenant soin de sa santé</a> et de l’environnement, voire en œuvrant pour un monde meilleur, telle est la formule qui éclaire le succès des hébergements naturistes. Engagés de longue date dans une démarche éco-responsable, les centres naturistes de vacances mettent d’ailleurs avant le supplément de sens, d’âme qu’y trouve leur clientèle.</p>
<h2>Une quête identitaire qui passe par la nature</h2>
<p>Le naturisme s’affirme aussi en tant que réponse à une quête de sens. De fait, il se structure face à la déstabilisation des repères qui accompagne l’accélération de l’histoire. Révolutions économique, industrielle, médicale, <a href="https://journals.openedition.org/rha/6979">guerres modernes</a> sont autant de faits qui viennent interroger profondément les populations. Nulle surprise dès lors à ce que les mouvements naturistes se déploient de façon significative au sortir de la Grande guerre, un conflit qui signe pour nombre d’individus <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-naturisme_et_education_corporelle_XIXe_milieu_du_XXe_siecles_sylvain_villaret-9782747596152-20987.html">l’impasse de la société et de son organisation politique</a>. Ils y puisent notamment leur ancrage pacifique et internationaliste.</p>
<p>Le naturisme connaît une nouvelle poussée lors des Sixties, à un moment ou justement le système économique, social et politique est remis en cause par une jeunesse en soif de liberté. Lorsque tout semble contestable, incertain, confus, on s’en remet à la nature : une <a href="https://pur-editions.fr/product/ean/9782753500204/histoire-du-naturisme">nature mythifiée</a>, intemporelle, invariablement bénéfique et vue comme seule capable de donner du sens à l’existence.</p>
<p>Une fois encore, on peut faire le parallèle <a href="https://bibliopac.ens-rennes.fr/bib/10311">entre ces « moments » de l’histoire</a> et la période actuelle. Que l’on pense ainsi à la crise écologique qui se dessine, à la problématique énergétique, à la persistances de conflits dramatiques, mais aussi à la <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-montee-des-incertitudes-robert-castel/9782020510424">fragilisation du lien social</a>, autant de facteurs qui battent en brèche les certitudes et fond sourdre les peurs. De nouvelles pathologies en sont les symptômes : solastalgie, <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/eco-anxiete-et-solastalgie-quelles-sont-les-solutions-pour-vivre-sereinement_156524">éco-anxiété</a>. Le naturisme contemporain, comme stratégie identitaire, y trouve probablement une des raisons de son renouveau.</p>
<p>Par delà l’actualité de son message, fondé sur le respect de soi, des autres et de la nature, si le naturisme perdure en tant que culture en mouvement c’est aussi parce que ses prosélytes ont su s’adapter aux nouveaux supports de communication. L’initiation peut ainsi <a href="https://www.20minutes.fr/societe/951363-20120612-naturisme-denude-web">commencer en ligne</a> et se trouve facilitée par l’interactivité que permet ce nouveau support. Un fait qui révèle, une fois de plus, que le naturisme est bien le fruit de la modernité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185519/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Villaret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Randonnées, cyclisme, rassemblements… le naturisme semble en plein essor. Comment expliquer cet engouement ?Sylvain Villaret, Maître de conférence en histoire du sport et de l'éducation physique, Le Mans UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1858122022-07-06T18:19:00Z2022-07-06T18:19:00ZLa « tourismophobie », une tendance qui vient de loin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/470796/original/file-20220624-12-qpcxji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=52%2C174%2C1106%2C670&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Banderole affichée sur un immeuble de Barcelone, en Espagne, sur laquelle on peut lire «&nbsp;touriste, rentre chez toi, c’est toi le terroriste&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/brf/4411024073">Ben Freeman/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L'été 2023 pourrait bien afficher de <a href="https://www.laprovence.com/article/tourisme/5629832373532615/crt-provence-alpes-cote-dazur-lannee-2023-peut-encore-etre-une-annee-record">nouveaux records</a> dans le monde du tourisme. L'an passé, déjà début août, les chiffres du baromètre de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) faisaient état d'un <a href="https://www.unwto.org/fr/news/le-tourisme-international-consolide-sa-forte-reprise-en-depit-des-defis-croissants">fort rebond du secteur</a> après des années 2020 et 2021 marquées par la crise du Covid-19. Au cours des cinq premiers mois de 2022, l'Europe a ainsi accueilli, en raison d'une forte demande et des levées des restrictions sanitaires, plus de quatre fois plus d'arrivées internationales que sur la même période l'année précédente.</p>
<p>Pour ce qui est de la France, la ministre déléguée chargée du Tourisme, Olivia Grégoire, qualifiait la saison estivale 2022 de « remarquable » pour les professionnels du secteur. Selon les <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/tourisme-vers-un-ete-2022-exceptionnel-en-france-1784302">bilans</a> de l'Insee, d'Atout France et d'ADN Tourisme dévoilés, près de 7 Français sur 10 sont partis en vacances, dont une majorité à l'intérieur des frontières, et environ 25 millions de touristes étrangers ont visité la France entre juin et août, soit une fréquentation proche de celle de l'année 2019.</p>
<h2>« Biarritz ne sera plus Biarritz »</h2>
<p>Les prophètes de « l’après-Covid », qui prédisaient un monde plus comme avant sur le plan touristique, semblent pour le moment s’être trompés avec le retour massif des touristes dans les aéroports ou sur les plages. De quoi relancer, en parallèle, la « tourismophobie » ou la touristophobie, qui désignent l’aversion vis-à-vis du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/tourisme-21268">tourisme</a> et/ou des touristes, que semblent démontrer les <a href="https://theconversation.com/chers-touristes-cassez-vous-cette-contagion-sociale-a-lorigine-de-la-tourismophobie-122556">cas de Barcelone ou Venise</a>, avec le thème du surtourisme (<em>overtourism</em>). Toutefois, il y a fort à parier que, même si les tendances n’étaient pas orientées à la hausse, cette touristophobie subsisterait.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/chers-touristes-cassez-vous-cette-contagion-sociale-a-lorigine-de-la-tourismophobie-122556">« Chers touristes… cassez-vous ! » Cette contagion sociale à l’origine de la tourismophobie</a>
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<p>En effet, celle-ci apparaît inhérente au tourisme, et ce depuis bien longtemps. Dès 1842, le dictionnaire de l’Académie française en proposait la définition suivante dans son <em>Complément du dictionnaire de l’Académie française</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Il se dit des voyageurs qui ne parcourent des pays étrangers que par curiosité ou désœuvrement, qui font une espèce de tournée dans des pays habituellement visités par leurs compatriotes. Il se dit surtout des voyageurs anglais en France, en Suisse et en Italie. Cette locution a été empruntée à la langue anglaise ».</p>
</blockquote>
<p>La touristophobie se combine à l’évidence à une anglophobie et se retrouve à la définition d’« absentéiste » dans le <em>Grand Dictionnaire universel</em> du XIX<sup>e</sup> siècle (1866-1877) de Pierre Larousse :</p>
<blockquote>
<p>« Habitude qu’ont les classes riches, chez certains peuples, de passer une partie de leur vie hors de leur pays, habitude particulière surtout à l’aristocratie anglaise : l’absentéisme est une plaie que l’on cache parfois sous le nom de tourisme ».</p>
</blockquote>
<p>À la même époque, de grands écrivains abondent dans le même sens. George Sand déclare que « les touristes ne croient qu’aux choses lointaines et célèbres ». Victor Hugo explique en 1843 que « bientôt Biarritz mettra des rampes à ses dunes, des escaliers à ses précipices, des kiosques à ses rochers, des bancs à ses grottes. Alors Biarritz ne sera plus Biarritz ; ce sera quelque chose de décoloré et de bâtard comme Dieppe et Ostende ». L’histoire lui aura finalement donné tort…</p>
<h2>« Le touriste et le voyageur »</h2>
<p>Plus tard, d’autres intellectuels nous amuseront de leurs bons mots sur le tourisme, tel l’académicien Jean Mistler (1897-1988) qui écrit :</p>
<blockquote>
<p>« Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux. »</p>
</blockquote>
<p>Cette vision péjorative du touriste a déteint plus largement, par exemple dans le monde universitaire. Comme le relevait la psychologue Dominique Picard en 1995 dans son livre <em>Les Rituels du savoir-vivre</em> (éditions du Seuil) :</p>
<blockquote>
<p>« [Il] est de bon ton d’être débordé : on ne part pas en week-end, on va “rédiger un article à la campagne” ; on ne prend pas de vacances, on va “sur son terrain” ; on ne voyage pas, on se “rend à un colloque”. Et si parfois, malgré tout, on évoque une sortie, un voyage ou une lecture de nature ludique, c’est que l’on est “autorisé” à prendre “quand même” un peu de distraction. »</p>
</blockquote>
<p>Que cache cette stigmatisation ? Dès les premiers temps du tourisme, s’est mise en place l’opposition entre le « touriste », moutonnier et de plus en plus soumis à une industrie qui ne proposerait que des illusions, et le « voyageur » qui parcourait les destinations en toute conscience. Cette longue tradition de moquerie voire de haine à l’égard de ces « idiots du voyage », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean-Didier Urbain qui analyse ce préjugé dédaigneux, reste très vivace.</p>
<h2>Mépris social</h2>
<p>Comme nous le relevions lors de la <a href="https://youtu.be/FNRClGzhuPk">conférence m-tourisme</a> organisée en avril dernier, on peut y voir une forme de mépris social. Cette entreprise de délégitimation des goûts populaires se traduit jusque dans nos statistiques.</p>
<p>Par exemple, l’enquête trimestrielle « suivi de la demande touristique » de TNS Sofres, qui a remplacé l’« enquête vacances » de l’Insee en 2004, propose une liste formatée d’activités relevant de catégories artificielles et nobles, telles que les « activités sportives » ou « culturelles », ignorant les « boules », l’« apéro », le bronzage, la sieste, le barbecue ou le karaoké, qui ne semblent ainsi pas dignes d’intérêt. C’est une façon de hiérarchiser les ressorts du tourisme, en louant la découverte et en dénigrant le repos, le jeu ou le shopping.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/FNRClGzhuPk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« La Touristophobie », J.-C. Gay, Institut Tourisme Côte d’Azur (Telecom Valley, 29 avril 2022).</span></figcaption>
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<p>Quoique phénomène de société depuis longtemps, le « tourisme de masse » tient lieu de repoussoir afin de valoriser des formes touristiques qui sont plus dans l’air du temps, tel l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/ecotourisme-28286">écotourisme</a>. Même les destinations les plus fréquentées cherchent à s’en détacher ! Dévastatrices et grégaires, les foules touristiques sont raillées lorsqu’elles s’engagent sur les autoroutes embouteillées lors des départs en vacances ou sur les plages bondées des stations touristiques aux loisirs préfabriqués, car, dans notre imaginaire, « Le peuple est en haut et la foule est en bas », comme l’écrivait Victor Hugo. On peut rester perplexe sur le dénigrement de la masse alors qu’il correspond à une démocratisation.</p>
<h2>Quotas en Corse</h2>
<p>Il n’en demeure pas moins que de fortes fréquentations ont des impacts négatifs sur certaines destinations et de nombreuses initiatives cherchent aujourd’hui à préserver certaines contrées. Dernier exemple en date : l’assemblée de Corse a voté l’instauration de quotas dès cet été.</p>
<p>Trois sites emblématiques sont concernés : les îles Lavezzi, les aiguilles de Bavella et la vallée de la Restonica. Pour les visiter, il faudra désormais <a href="https://www.corsematin.com/articles/limiter-le-nombre-de-touristes-en-corse-pour-ne-pas-interdire-les-sites-126035">réserver en avance</a> avec une priorité donnée aux résidents. Quand bien même ces quotas sont efficaces, on ne peut que constater qu’ils écartent ceux qui dépensent le moins dans les lieux touristiques, c’est-à-dire les excursionnistes. On ne va pas chasser les très riches de l’île de Cavallo et détruire le port pour la rendre plus « naturelle » !</p>
<p>De même, depuis le 26 juin, <a href="https://www.bfmtv.com/marseille/replay-emissions/bonjour-marseille/marseille-la-reservation-a-la-calanque-de-sugiton-commence-ce-dimanche_VN-202206240147.html">l’accès de la calanque de Sugiton à Marseille se fait sur réservation</a>. La forte médiatisation de cette mesure montre que c’est dans l’air du temps, mais nous ne sommes pas pleinement dans une logique touristique, car les calanques sont majoritairement fréquentées par les autochtones. Extrêmement parlantes, ces politiques de quota participent souvent d’opérations de communication, voire d’écoblanchiment, qui détournent le regard sur ce qui se passe ailleurs.</p>
<h2>« Hordes touristiques »</h2>
<p>La nostalgie est aussi un puissant moteur tourismophobe. Le « c’était mieux avant » alimente le biais de négativité, qui est d’autant plus fort dans ce champ que l’expérience touristique repose parfois sur le choc de la découverte. La « première fois » que l’on visite le lieu devient alors la référence pour juger de son évolution.</p>
<p>On peut prendre l’exemple du géologue Edgar Aubert de la Rüe, qui déplorait en 1935 l’arrivée de touristes en Polynésie française dans son livre <em>L’Homme et les îles</em> (éditions Gallimard) :</p>
<blockquote>
<p>« En beaucoup d’îles, l’arrivée des hordes touristiques [sic] a largement contribué à faire disparaître le pittoresque et la couleur locale qui étaient un de leurs grands attraits. C’est ainsi qu’en Océanie française les beautés naturelles demeurent, et des îles telles que Tahiti, Moorea et Raiatea étalent toujours leurs splendides paysages aux yeux émerveillés du voyageur, mais les mœurs des habitants, leurs manières de vivre se sont profondément modifiées et ont perdu toute originalité. » </p>
</blockquote>
<p>Or, le nombre de touristes, vus comme des envahisseurs sur ces îles ne dépassait pas alors les 200 par an !</p>
<p>L’urbanisation du lieu est considérée alors comme une dégradation irrémédiable. Cette urbaphobie, composante de la tourismophobie, tient dans la croyance que le touriste devrait fuir la ville, alors que la grande majorité des touristes sont des urbains qui fréquentent des lieux à forte urbanité (stations balnéaires, métropoles, parcs d’attraction…).</p>
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<p>La Côte d’Azur, qui attire toujours des millions de touristes chaque année, est souvent l’objet de critiques d’horizons variés. Ainsi, pour expliquer l’évolution du sens du mot mythe, le dictionnaire Nathan de la mythologie gréco-romaine fait appel à la Côte d’Azur en opposant « le “mythe” de la Côte d’Azur (criques à l’eau limpide bordées de pinèdes où chantent les cigales) à sa réalité bétonnière et polluée ».</p>
<p>On peut ne pas apprécier Benidorm ou Surfers Paradise, leur fréquentation prouve que ce rejet n’est pas universel et que le tourisme n’est pas forcément un rejet de la ville. Trop de commentateurs du tourisme font du prosélytisme et prennent leurs désirs pour des réalités. N’oublierait-on pas que le tourisme est devenu une composante essentielle du bonheur dans nos sociétés ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185812/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Christophe Gay ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les populations locales n’ont pas attendu la massification du voyage pour stigmatiser les touristes, dont la définition reste péjorative depuis son origine.Jean-Christophe Gay, Agrégé de géographie, directeur scientifique de l’Institut du tourisme Côte d’Azur (ITCA), professeur des universités à l'IAE Nice, Unité de Recherches Migrations et Société, IAE Nice - Université Côte d'AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1812772022-07-01T16:15:40Z2022-07-01T16:15:40ZFaire du tourisme vert et nourrir les animaux : quels risques pour notre santé… et la leur ?<p>Observer de près la faune sauvage, s’approcher d’animaux que l’on ne voit habituellement que dans des documentaires… De nombreux sites touristiques proposent aux visiteurs des excursions leur permettant d’entrer en contact avec des animaux sauvages.</p>
<p>Pour attirer des espèces qui, autrement, ne seraient que très difficilement et très aléatoirement observées, souvent des points de nourrissage sont créés. Si elles satisfont un besoin profond d’<a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-part-sauvage-du-monde-virginie-maris/9782021332544">altérité</a>, la concentration artificielle en espèces et l’abondance d’individus au contact ou à proximité des humains qui résulte de ce marché touristique d’espèces « <a href="https://doi.org/10.1016/j.gecco.2020.e01422">prêtes à voir</a> » ne sont cependant pas sans danger, pour les touristes comme pour les espèces observées.</p>
<p>Afin de bien vivre cette situation particulière, il est donc important d’acquérir le savoir-vivre permettant d’en éliminer tant que faire se peut les dangers, tout en gardant un maximum des bonheurs escomptés. </p>
<p>Ce savoir-vivre s’applique aussi aux espèces sauvages que nous côtoyons dans des endroits plus communs, telles que nos villes, colonisées depuis quelques années par des animaux inattendus, certains de taille modeste ou moyenne (ragondin, castor, renard, sanglier, etc.) et d’autres beaucoup plus impressionnants, tels qu’<a href="https://www.nationalgeographic.com/animals/article/black-bears-adapt-cities-animals">ours</a>, <a href="https://wildlife.org/big-cats-adapt-to-city-life/">puma</a> ou <a href="https://www.nationalgeographic.com/magazine/article/leopards-moving-to-cities">léopard</a>…</p>
<h2>Des microbes dangereux pour l’être humain</h2>
<p>Les risques encourus à attirer de grands carnivores tels que des ours ou de grands félins, ou encore des animaux tels que des éléphants sur des points d'eau est évident. Des accidents graves, parfois mortels, ont lieu tous les ans sur pratiquement tous les continents, le plus souvent liés à l’inconscience de touristes ou de citadins peu avertis du comportement de ces espèces dans le monde réel, et des précautions à prendre pour les observer. Mais il existe aussi des risques plus subtils. </p>
<p>Il ne faut pas oublier que si les touristes viennent observer des espèces animales qui symbolisent la richesse de la biodiversité de notre planète, lesdites espèces sont elles-mêmes porteuses d’une importante <a href="https://www.liberation.fr/forums/les-micro-organismes-auront-toujours-une-mutation-davance-sur-les-autres-20210903_47X3WFQYENC7TOM45NVCIRHIRY/">diversité microbienne</a>. Or, si la plupart des microbes sont nos alliés et sont <a href="https://www.actes-sud.fr/node/59704">essentiels au fonctionnement des écosystèmes</a>, une fraction minime de <a href="https://doi.org/10.1002/9781119902911.ch11">quelques milliers d’entre eux sont potentiellement pathogènes</a>.</p>
<p>La visite touristique <a href="https://www.wemjournal.org/article/S1080-6032(21)00055-7/fulltext">de grottes où séjournent des centaines de milliers de chauves-souris</a>, sur le continent sud-américain par exemple, pose la question de la transmission de leurs pathogènes aux humains, non seulement directement, mais aussi par aérosols ou via les immenses couches de guano déposées que foulent les visiteurs. </p>
<p>C’est le cas de l’<a href="http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/histoplasmose/site/html/cours.pdf">histoplasmose</a>, une maladie causée par un champignon ou, sur d’autres continents, des virus Nipah et Marburg. On compte également au moins 14 « espèces » de virus de la rage (virus rabiques), la plupart pouvant affecter les chauves-souris : au Texas, dans une grotte habitée par 110 millions de chauves-souris, où circule un de ces virus, deux cas <a href="https://academic.oup.com/jid/article/195/8/1144/816583">d’infection de spéléologues via une transmission par aérosol</a> ont été documentés.</p>
<p>Par ailleurs, dans les villes et sites touristiques d’Amérique du Sud et d’Asie, la proximité de la population humaine avec des primates non humains, macaques et tamarins principalement, <a href="https://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0002863">conduit à des dizaines de morsures chaque année</a>. Or ces primates peuvent être porteurs du virus de la rage « classique », <a href="https://academic.oup.com/jtm/article/23/4/taw028/2748109">hérité de leur contacts avec des canidés</a>, ce qui oblige les personnes non-vaccinées à suivre une prophylaxie post-exposition complète contre cette maladie.</p>
<p>L’existence de ces microbes pathogènes pour l’être humain, <a href="https://www-science-org.inee.bib.cnrs.fr/content/article/new-killer-virus-china">connus ou encore inconnus</a>, justifie donc d’adopter des comportements d’évitement permettant de minimiser les risques d’exposition. </p>
<p>Mais si les animaux peuvent contaminer l’être humain, l’inverse est également vrai.</p>
<h2>Les humains sont aussi source d’infection</h2>
<p>Dans le parc national de Taï, en Côte d’Ivoire, <a href="https://doi.org/10.1002/ajp.22619">les études</a> ont montré non seulement l’existence d’agents pathogènes présents naturellement chez les chimpanzés (virus lymphotrophique T, virus foamy simien, <a href="https://www-nature-com.inee.bib.cnrs.fr/articles/s41564-020-0706-0">variole du singe</a>) et dans leur habitat (virus Ebola ou bactérie <em>Bacillus cereus</em> biovar <em>anthracis</em>, responsable d’une forme d’anthrax, une grave maladie infectieuse), mais aussi de pathogènes introduits par les humains, tels que le virus respiratoire syncytial humain (HRSV) et le métapneumovirus humain (HMPV), qui peuvent eux-mêmes contaminer les chimpanzés.</p>
<p>À partir de 1992, un système de gestion des déchets et de quarantaine des scientifiques étudiants les chimpanzés et des visiteurs a été mis en place. Pourtant, depuis 1999, au moins six épidémies majeures de maladies respiratoires d’origine humaine, avec des pertes allant jusqu’à 19 % des communautés de chimpanzés ont été observées.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Photo en gros plan d’un gorille des montagnes (photo prise au Rwanda)." src="https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=702&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=702&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=702&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=883&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=883&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472060/original/file-20220701-20-kanaga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=883&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des mesures pour protéger les gorilles des montagnes du Covid-19 ont été prises en 2020.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/pJGA1LYp_lc">Bob Brewer / Unsplash</a></span>
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<p>La pandémie de COVID-19 chez les humains a justifié le renforcement de tels types de « distanciation » avec les <a href="https://doi.org/10.1002/ajp.23291">gorilles de montagne</a>, en République démocratique du Congo, au Rwanda et en Ouganda. Fin mars 2020, tout le tourisme lié aux gorilles avait été suspendu, et des protocoles stricts ont été ensuite mis en place avant réouverture : port obligatoire d’un masque facial et augmentation de la distance minimale avec les animaux, notamment.</p>
<p>Les contaminations par certains pathogènes peuvent donc se faire de l’animal à l’humain ou de l’humain à l’animal. Mais pour certains microbes qui sont à l’aise dans plusieurs espèces, le sens de contamination peut s’avérer plus difficile à déterminer. Il peut être à double sens, voire passer par d’autres animaux. </p>
<h2>Une circulation à sens multiples</h2>
<p>Le sens de circulation des microbes n’est pas toujours facile à établir, et le système écologique complet, incluant sa composante humaine, peut être dans son entier considéré comme un système privilégié de transmission.</p>
<p>Dans le nord-ouest du Yunnan en Chine, sur un site d’écotourisme, un groupe de <a href="https://gdri-ehede.univ-fcomte.fr/spip.php?article12">Rhinopithèques de Biet</a>, un singe vivant en haute altitude, est régulièrement nourri à proximité du village. <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-95166-5">Nous avons identifié 13 espèces ou lignées d’amibes</a> dans leurs fèces. Ces amibes, qui infectent aussi les humains et leurs animaux domestiques (porcs, bovins et poulets) peuvent passer d’une espèce à l’autre. On sait peu de choses de leur pathogénicité, mais elles fournissent un intéressant modèle de transmission.</p>
<p>Nous avons notamment constaté que le pourcentage de crottes infectées chez les singes fréquentant le site de nourrissage était de près de 90 %, alors qu’il n’était que d’un peu plus de 30 % chez ceux qui ne s’y rendaient pas. De plus, l’isolement d’une petite fraction, celle nourrie, de la population sauvage, a abouti <a href="https://doi.org/10.1016/j.gecco.2020.e01422">à son appauvrissement génétique</a>.</p>
<p>Le nourrissage d’une sous-population de singes à des fins touristiques a donc pour effet conjoint d’augmenter la consanguinité du groupe nourri, sa sensibilité et son exposition aux infections amibiennes. </p>
<p>De façon avisée, sur ce site (et contrairement à d’autres sites du même type situés ailleurs dans le monde), l’observation des singes par les touristes au moment du nourrissage se fait à distance stricte, matérialisée par une corde tendue, et est surveillée par les gardiens. Mais le contact entre animaux domestiques, habitants et singes, direct ou via leurs déjections à proximité des sites de nourrissage, constitue par ailleurs un système qui amplifie considérablement la circulation des amibes.</p>
<p>Et ce type de problème ne se rencontre pas uniquement sur des sites touristiques situés à l’autre bout du monde…</p>
<h2>La faune sauvage en ville</h2>
<p>La valeur monétaire du pelage du renard roux, encore importante au milieu du XXe siècle, puis l’épidémie de rage sylvatique qui a touché ses populations sur le continent européen ont maintenu le nombre d’individus à des niveaux relativement bas jusqu’au début des années 1980. </p>
<p>Depuis, suite au désintérêt pour la fourrure et à aux campagnes de vaccination qui ont fait reculer la rage (<a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/article/rage">la France en est indemne depuis 2001</a>), les populations de renard ont augmenté. Depuis la fin des années 1990, elles atteignent la <a href="https://doi.org/10.1111/mam.12289">capacité d’accueil</a> de leurs écosystèmes. Les renards ont aujourd’hui conquis jusqu’aux villes, où ils trouvent les ressources qui leur sont nécessaires. </p>
<p>Si certains citadins déplorent leurs « incivilités » occasionnelles (ouverture de sacs poubelles, visites de poulaillers, terriers creusés sous les bâtiments, etc.) d’autres sont ravis du voisinage de ce joli petit canidé. Ils le nourrissent même parfois, que ce soit involontairement, quand les renards viennent manger les croquettes destinées au chien ou au chat de la maison, ou volontairement. </p>
<p>Il n’en reste pas moins que cette proximité de fait représente un réel danger vis-à-vis de la transmission d’une maladie parasitaire gravissime pour les humains, l’<a href="https://theconversation.com/les-echinococcoses-des-maladies-parasitaires-en-expansion-181276">échinococcose alvéolaire</a>. D’évolution lente (dix ans, voire plus), silencieuse et de pronostic sombre lorsqu’elle est détectée tardivement, cette maladie peut entraîner une insuffisance hépatique parfois mortelle, et nécessiter une greffe de foie dans les cas graves.</p>
<p>Or, une fraction importante de la population de renards peut être porteuse du parasite responsable de la maladie : c’est le cas de plus de 50 % des renards qui vivent aux abords de la <a href="https://doi.org/10.1017/S0031182099005351">ville de Zurich</a>, en Suisse ! Cette fraction d’animaux infectés est d’autant plus grande que les <a href="https://doi.org/10.1016/j.pt.2015.04.007">paysages urbains sont riches en espaces verts</a>. Or, les renards contaminés dispersent le parasite via les crottes qu’ils <a href="https://doi.org/10.1051/parasite/2021073">déposent dans les jardins</a> et près des sites de nourrissage.</p>
<p>Dans certains cas, la promiscuité avec leurs congénères peut aussi être problématique pour les animaux eux-mêmes.</p>
<h2>Distanciation sociale pour les oiseaux</h2>
<p>Qui, surtout en hiver, n’a jamais songé à nourrir les oiseaux ? Fréquente en hiver, cette pratique n’est pas elle-même sans risque, car leur concentration au point de nourrissage peut augmenter la <a href="https://doi.org/10.1016/j.biocon.2016.10.034">transmission de bactéries, champignons et virus</a> responsables de salmonelloses, aspergilloses, trichomonase, variole aviaire, etc. Or, certains de ces micro-organismes sont aussi pathogènes pour les humains.</p>
<p>Aux États-Unis, il a été démontré que le retrait des mangeoires pour oiseaux réduit considérablement les <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2015.1429">épidémies de mycoplasmose oculaire</a> chez le roselin familier, une maladie causée par la bactérie <em>Mycoplasma gallisepticum</em>, et que le nettoyage régulier des bains d’oiseaux et des mangeoires prévient également le développement des salmonelles. En 2021, pendant plusieurs mois, plus d’une dizaine d’États américains ont d’ailleurs demandé aux habitants de retirer les mangeoires, les bassins et les autres éléments susceptibles d’attirer les oiseaux sur leurs propriétés, en réponse à <a href="https://www.audubon.org/news/scientists-still-searching-pathogen-behind-easts-songbird-epidemic">une épidémie d’une mystérieuse maladie aviaire</a>. Son origine exacte n’a pas été élucidée, mais c’est bien une forme de « distanciation sociale » chez les oiseaux qui était recherchée. </p>
<p>Dans ce pays, une attention particulière est également portée au virus <a href="https://news.cornell.edu/stories/2002/10/watch-bird-feeders-impact-west-nile-virus">West Nile</a> ainsi qu’à celui de la <a href="https://www.southernliving.com/culture/activities-and-entertainment/outdoor-recreation/animals-and-wildlife/bird-flu-remove-backyard-bird-feeders">grippe aviaire</a>, dont les oiseaux sont porteurs, et qui peuvent se transmettre à l’être humain.</p>
<h2>Savoir vivre avec la faune sauvage et ses microbes</h2>
<p>On sait aujourd’hui qu’une biodiversité élevée, à tous les niveaux où elle peut être mesurée (génétique, des espèces, des écosystèmes), est garante de la <a href="https://www.wiley.com/en-us/The+Ecological+and+Societal+Consequences+of+Biodiversity+Loss-p-9781119902904">résistance et de l’adaptabilité des écosystèmes aux changements</a>, et donc de l’habitabilité de la terre pour les humains.</p>
<p>Par ailleurs, un grand nombre de recherches ont mis en évidence les effets positifs de la biodiversité sur le <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2020.106917">bien-être humain ressenti</a>. En Europe, il a notamment été montré que divers indicateurs de la biodiversité (nombre d’espèces d’oiseaux, d’écosystèmes, etc.) sont positivement associés au sentiment de bien-être, voire <a href="https://doi.org/10.1186/s12942-015-0009-5">à la santé elle-même</a>, au même niveau que le revenu des habitants. </p>
<p>Il ne s’agit donc pas d’éliminer tout contact avec la biodiversité, dont il est essentiel que les citoyens perçoivent concrètement la réalité et l’importance. <a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/tourisme-animalier-quelles-consequences-pour-la-faune-sauvage/">L’entretien de points d’observation d’espèces difficilement accessibles</a>, ou la préservation de la biodiversité urbaine sont autant de manières de se familiariser avec elle. </p>
<p>Il ne faut cependant pas oublier que cette biodiversité inclut aussi celle des micro-organismes, qui constituent <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1711842115">17 % du total de la matière vivante (biomasse) de notre planète</a>. <a href="https://www.actes-sud.fr/node/59704">Beaucoup sont des alliés</a>, et <a href="https://doi.org/10.1002/9781119902911.ch11">une infime minorité seulement représente un réel danger</a>. Tout le défi est de vivre avec eux, tout en profitant des bienfaits matériels et moraux apportés par l’existence même de la diversité du vivant (microbes compris !).
La « <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-part-sauvage-du-monde-virginie-maris/9782021332544">part sauvage du monde</a> » si chère à la philosophe Virginie Maris…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181277/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les voyages sont l’occasion d’approcher une faune que l’on a rarement l’occasion de voir. Mais il faut se souvenir que cette proximité n’est pas sans risque pour notre santé et pour celle des animaux.Patrick Giraudoux, Professeur émérite d'écologie, Université de Franche-Comté – UBFCEve Afonso, Maître de conférences en écologie, Université de Franche-Comté – UBFCLi Li, Professor of ecology, Yunnan University of Finance and EconomicsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1845742022-06-15T18:26:15Z2022-06-15T18:26:15ZÉcran solaire : un nouvel antioxydant naturel pourrait renforcer leur effet protecteur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/468712/original/file-20220614-18-40vasd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=105%2C19%2C6054%2C4247&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Toutes les peaux, claires mais aussi plus foncées, doivent être protégées des UVA.</span> <span class="attribution"><span class="source">ThirtyPlus / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’été arrive à grands pas, il est donc temps de ressortir les crèmes solaires. Si la plupart protègent désormais assez bien contre les dommages causés par les rayons ultraviolets (UV) du soleil, notre <a href="https://www.mdpi.com/2076-3921/11/3/471">étude suggère</a> qu’elles pourraient être encore plus efficaces.</p>
<p>Nous avons découvert que l’ajout d’une catégorie particulière d’antioxydants (un type de molécule censée aider à prévenir ou à ralentir les dommages cellulaires) aux crèmes solaires pourrait contribuer à fournir une protection plus puissante contre les dommages causés par un type de rayonnement UV que celle conférée seulement par leurs composants actuels.</p>
<p>Le soleil émet trois types de rayonnements ultraviolets : UVC, UVB et UVA. Tous sont dangereux, mais les pires sont les UVC et les UVB. Heureusement la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28038885/">couche d’ozone</a> empêche une grande partie de ces rayons nocifs d’atteindre la surface de la Terre. Beaucoup, mais pas tous… Environ 95 % des rayons UV qui font leur chemin jusqu’à nous sont des UVA, mais environ 5 % sont les virulents UVB.</p>
<h2>Un risque pour tous les types de peau</h2>
<p>Les UVA et les UVB sont tous deux des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34698038/">types de rayonnement néfastes pour nos cellules</a>. Plus précisément, les UVB attaquent directement l’ADN des cellules de votre peau, tandis que les UVA causent des dommages indirects en générant des « radicaux libres » nocifs. Ces derniers sont des molécules qui peuvent dégrader les graisses, les protéines et l’ADN des cellules cutanées.</p>
<p>Avec le temps, comme leurs effets sont cumulatifs, les dommages causés par le soleil vont croissants et peuvent entraîner des lésions irréversibles de la peau et y augmenter le risque de développer de cancer.</p>
<p>Nous sommes tous exposés à ces risques venant du soleil, quel que soit notre type de peau. Si les personnes à la peau claire sont plus vulnérables aux UVB, tous les types de peau semblent être également sensibles aux UVA. Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8252523/">personnes à la peau plus foncée peuvent donc également être menacées</a>.</p>
<p>Désormais, quand nous nous exposons au soleil, la bonne habitude a été prise de nous badigeonner de crèmes solaires protectrices. La plupart d’entre elles contiennent soit des filtres solaires physiques (tels que le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/phpp.12439">dioxyde de titane</a> ou l’oxyde de zinc), soit des filtres chimiques, mieux connus sous le nom d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20354639/">écran solaire</a>.</p>
<p>Les premiers agissent en dispersant ou en réfractant les rayons du soleil, tandis que les seconds <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s43630-021-00013-1">absorbent les rayons UV</a> puis les convertissent en une <a href="https://pubs.rsc.org/en/content/chapter/9781849734882-00245/978-1-84973-488-2">forme moins nocive</a>.</p>
<h2>Les antioxydants, nouveaux venus dans les crèmes solaires</h2>
<p>Ces dernières années, certaines crèmes solaires ont commencé à ajouter à leur composition des antioxydants, notamment des vitamines C et E, pour neutraliser les radicaux libres et protéger contre les rayons UVA. Ils sont censés servir de « deuxième ligne de défense » en cas d’échec des autres filtres ou écrans solaires.</p>
<p>Mais si cela semble prometteur, de nombreuses études ont montré que ces antioxydants n’avaient qu’un très <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20406189/">modeste effet protecteur</a> lorsqu’ils sont ajoutés aux crèmes solaires. En effet, les UVA ont un double effet néfaste sur les cellules de la peau en générant à la fois des radicaux libres et du fer libre connu pour être chimiquement très réactif.</p>
<p>Ce fer réactif libre est une <a href="https://www.jidonline.org/article/S0022-202X(15)30990-8/fulltext">forme dangereuse de fer</a> – différente du <a href="https://theconversation.com/carence-en-fer-comment-y-remedier-par-son-alimentation-184004">fer nutritif nécessaire au fonctionnement de l’organisme</a> – qui peut générer un type de radical libre encore plus nocif pour les cellules de la peau. Et il n’a pas été démontré que les vitamines C et E par exemple étaient efficaces contre ce fer libre.</p>
<p>Cependant, nos récentes recherches menées sur des cellules de peau humaine ont montré qu’une <a href="https://www.mdpi.com/2076-3921/11/3/471">classe particulière d’antioxydants naturelle (chromanols…)</a>, présente dans les fruits et l’écorce de certains arbres, avait bien un double effet protecteur contre les dommages des UVA. Notre étude a montré que ce type d’antioxydant était capable à la fois de neutraliser les radicaux libres et de piéger le fer libre qui s’<a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.96.12.6751">accumule dans la peau lorsqu’exposée aux UVA</a>.</p>
<p>L’ajout de ces antioxydants spécifiques pourrait donc bien constituer une deuxième ligne de défense plus efficace.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme met une bonne dose de crème solaire dans la paume de sa main" src="https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/465269/original/file-20220525-26-mn5nfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains antioxydants naturels pourraient améliorer la protection offerte par les crènes solaires contre les UVA.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-woman-applying-sunscreen-on-her-1129453247">kitzcorner/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>La prochaine étape de nos travaux consistera à comprendre comment nous pouvons améliorer la durée de conservation de ces antioxydants afin qu’ils restent actifs longtemps dans les crèmes solaires. Il sera également important de vérifier s’ils offrent le même niveau de protection lorsqu’ils sont testés sur des peaux humaines « complètes ».</p>
<p>Attention ! Cela ne veut pas dire que les crèmes solaires actuellement sur le marché n’offrent pas une protection importante – elles le font, quand elles sont bien utilisées.</p>
<h2>Protégez-vous</h2>
<p>Pour bénéficier de la <a href="https://www.ouh.nhs.uk/patient-guide/leaflets/files/121203skinandsun.pdf">meilleure protection solaire qui soit</a>, il est préférable d’éviter de se mettre au soleil entre 11h et 15h. Toutefois, si l’exposition est inévitable – pour raisons professionnelles ou autre – vous devez vous couvrir autant que possible et rester à l’ombre si vous le pouvez.</p>
<p>Veillez également à utiliser la bonne quantité de crème solaire, à savoir 2mg de crème solaire par centimètre carré de peau. Cela équivaut à <a href="https://www.nhs.uk/live-well/seasonal-health/sunscreen-and-sun-safety/">deux cuillères à soupe de crème solaire au total</a> pour le visage et le corps en maillot de bain. La plupart des gens utilisent souvent environ un <a href="https://www.cochranelibrary.com/es/central/doi/10.1002/central/CN-00327473/full">quart de cette quantité, voire moins</a> : ce qui signifie que le risque est grand pour eux de ne pas bénéficier à plein de l’effet protecteur de leur crème.</p>
<p>Il est également important de choisir le bon FPS (<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8252523/">facteur de protection solaire</a>). Pour les peaux très claires, utilisez des produits avec un FPS élevé (FPS 50 ou plus) et un facteur de protection UVA cinq étoiles (UVA-PF), qui est indiqué sur le contenant. Pour les peaux plus foncées, un FPS de 30 ou plus avec un facteur de protection UVA-PF de cinq étoiles est recommandé.</p>
<p>Pour toute valeur FPS de 30 ou plus, recherchez un logo UVA entouré d’un cercle. Cela signifie que le produit répond à la norme européenne et offre une protection contre les rayons UVA et UVB.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184574/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charareh Pourzand est consultante pour ASEA LLC. Le travail fourni à cet effet est facilité par les services de consultation des services de recherche et d'innovation (RIS) de l'Université de Bath. Elle a reçu des financements d'ASEA LLC, de la British Skin Foundation et du BBSRC pour mener certains des travaux cités dans cet article.</span></em></p>Tous les types de peau sont sensibles aux UVA émis par le soleil. Si les crèmes solaires protègent bien, l’ajout d’une catégorie d’antioxydants naturels pourrait encore renforcer cette efficacité.Charareh Pourzand, Reader, Department of Pharmacy & Pharmacology, University of BathLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1652062021-08-09T17:49:54Z2021-08-09T17:49:54ZQuand les expériences de réalité virtuelle donnent envie de voyager…<p>Si on en croit l’Organisation mondiale du tourisme, <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/tourisme-de-masse-manne-ou-calamite">95 % des touristes mondiaux se concentrent sur 5 % des terres</a> émergées. Cela n’est pas sans <a href="https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284422197">risques</a> : saturation, pression sur les infrastructures, cohabitation difficile avec les habitants…</p>
<p>A contrario, de nombreux territoires restent par ailleurs privés des bienfaits du tourisme. Ceux-ci semblent toutefois profiter de la crise sanitaire. Depuis l’apparition du nouveau coronavirus, les voyageurs ont privilégié le tourisme domestique et des régions peu fréquentées. Recherche d’expériences authentiques en pleine nature et activités en plein air, ont été plébiscitées à l’été 2020.</p>
<p>En France, par exemple, le département de l’Aveyron a enregistré une <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aveyron/rodez/aveyron-succes-du-tourisme-vert-pleine-crise-du-coronavirus-1865416.html">hausse de 14 %</a> de la fréquentation touristique au mois de juillet, par rapport à 2019 ; dans la Creuse, la fréquentation des familles françaises a <a href="https://www.lamontagne.fr/bordeaux-33000/actualites/le-covid-19-a-plombe-la-saison-touristique-en-limousin-comme-partout-en-nouvelle-aquitaine_13845746/">bondi de 23 %</a>.</p>
<p>Selon le <a href="https://wttc.org/Portals/0/Documents/Reports/2021/Global%20Economic%20Impact%20and%20Trends%202021.pdf">World Travel & Tourism Council</a>, ces tendances persisteront à court terme. Ce nouvel intérêt des touristes ouvre des perspectives pour des territoires jusqu’à présent peu fréquentés. À ce sujet, nos travaux suggèrent que les nouvelles technologies peuvent leur permettre de doper leur attractivité.</p>
<h2>Des monuments, des paysages, mais une faible fréquentation…</h2>
<p>Notre <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02507519/">étude</a> a porté sur la ville égyptienne de <a href="http://egypt.travel/fr/regions/nile-valley/el-menya">El Minya</a> qui occupe la troisième place, après <a href="https://egymonuments.gov.eg/en/world-heritage/ancient-thebes-and-its-necropolis">Louxor</a> et <a href="https://egymonuments.gov.eg/archaeological-sites/giza-plateau/">El Giza</a>, au classement des endroits riches en monuments. On y trouve des édifices pharaoniques, gréco-romains, islamiques mais aussi coptes ainsi que des musées et des châteaux. Les visiteurs profitent également de l’alternance de paysages magnifiques entre sites urbains, terres agricoles et désert, que l’on peut parcourir en bateau sur le Nil.</p>
<p>Malgré ces atouts, la publicité en Égypte et à l’étranger sur le gouvernorat de El Minya reste inexistante et l’endroit demeure peu fréquenté.</p>
<p>Notre enquête quantitative a été menée en 2019 auprès de 341 personnes de nationalité égyptienne, afin d’identifier les conditions d’efficacité du fait de vivre une expérience virtuelle de l’endroit pour décider les individus à s’y rendre.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=362&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=362&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=362&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=455&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=455&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=455&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Certains enquêtés ont eu affaire à ce site Internet.</span>
<span class="attribution"><span class="source">capture d’écran</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Chacun des répondants a visité une des six versions des sites Internet créés pour El Minya. Celles-ci se différenciaient uniquement par leur degré d’interactivité et de vivacité. Des <a href="https://phdmontvr-4.jimdofree.com/">photos</a> ou des vidéos ou des <a href="https://phdmontvr-1.jimdofree.com/">visites virtuelles en 3D</a> pour les attractions touristiques étaient parfois incluses.</p>
<h2>Vivre l’ambiance</h2>
<p>Il en ressort que les touristes semblent apprécier vivre une expérience virtuelle avant de choisir une destination.</p>
<p>Certes, l’expérience peut varier d’un individu à l’autre : les caractéristiques personnelles (par exemple la préférence pour les informations visuelles, l’implication envers le voyage, la familiarité avec la technologie…) influencent l’intensité de cette expérience. Une tendance se dégage cependant.</p>
<p>En créant une expérience de « téléprésence », vidéos interactives et visites virtuelles en 3D déclenchent des états affectifs positifs, influencent positivement la valeur perçue de la destination et accroissent l’intention de visite. À l’inverse, les sites qui ne présentent que des photos en 2D ont suscité peu d’envie de visiter la destination.</p>
<p>Pour aller plus loin, des entretiens semi-directifs ont permis d’identifier les raisons de la préférence pour les visites virtuelles. Différents avantages ont été mis en avant par les enquêtés :</p>
<blockquote>
<p>« Avec la 3D, vous voyagez sur le site sans bouger de chez vous. »</p>
<p>« La 3D nous montre tout ce qui arrivera sur place. Grâce à la 3D, les choses sont plus concrètes, comme si elles étaient réelles. »</p>
<p>« Les visites en 3D sont très utiles, car on peut s’imaginer en pratiquant les activités disponibles. Si je me sens heureux pendant cette expérience en ligne, bien sûr je visiterai cette destination. »</p>
</blockquote>
<p>Faire ressentir les sensations d’une balade en pleine nature, sur mer, en milieu rural ou vivre l’ambiance de la production de produits locaux grâce à des vidéos à 360° ou des visites en 3D facilitent ainsi la prise de décision.</p>
<h2>Nouvelles perspectives</h2>
<p>L’utilisation de tels outils se développe et selon un <a href="https://www.bloomberg.com/press-releases/2020-02-13/augmented-reality-and-virtual-reality-ar-vr-market-size-is-expected-to-reach-usd-571-42-billion-by-2025-valuates-reports">rapport de Bloomberg</a>, publié le 13 février 2020, les produits de réalité virtuelle et de réalité augmentée représenteront d’ici 2025 un marché mondial de plus de 571,42 milliards de dollars.</p>
<p>Même s’il est difficile de prédire les comportements des touristes après la crise sanitaire, il semble indispensable pour le secteur de capitaliser sur l’évolution récente des comportements et d’aller dans le sens d’une utilisation croissante du numérique.</p>
<p>Les ventes d’outils de réalité virtuelle s’avèrent actuellement en hausse. Ils reflètent l’intérêt croissant des touristes mondiaux pour les expériences immersives et ouvrent de nouvelles perspectives aux destinations touristiques peu fréquentées.</p>
<p>De nombreux pays ont désormais mis en place des politiques et des plans visant à développer le <a href="https://www.unwto.org/fr/le-tourisme-dans-le-programme-2030">tourisme durable à l’horizon 2030</a>. Le <a href="https://www.nationalgeographic.com/travel/article/undertourism-overtourism-sustainable-destinations">« sous-tourisme »</a> est même devenu une tactique suscitant un intérêt croissant des marketeurs. Il s’agit d’encourager les voyageurs lassés par les destinations bondées à choisir des destinations touristiques moins fréquentées comme alternative. Nos travaux montrent que la réalité virtuelle semble un moyen efficace pour parvenir à cette fin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165206/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>D’après une étude, pouvoir visiter virtuellement un endroit motive les touristes à prendre la décision de s’y rendre. Cela semble ouvrir des perspectives pour les territoires les moins visités.Yasmine Hashish, PHD- Lecturer at Faculty of Mass Communication, Cairo University, Cairo UniversityMarie-Christine Lichtlé, Professeur des Universités, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1607952021-05-13T15:11:47Z2021-05-13T15:11:47ZHuîtres à Arcachon, flammekueche en Alsace… quand manger local devient une expérience mémorable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/400288/original/file-20210512-17-emzw7z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=62%2C43%2C925%2C618&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les touristes apprécient particulièrement de déguster des huîtres tout juste ouvertes par le producteur.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’idée est simple, nous l’avons tous expérimentée d’une manière ou d’une autre en tant que touriste lors d’un de nos voyages à l’étranger ou dans nos régions : lorsque l’on goûte, sent ou touche un produit alimentaire emblématique d’un terroir, nous vivons, sans qu’on le perçoive à cet instant T, une expérience touristique mémorable.</p>
<p>Le secteur du tourisme l’a bien compris et œuvre dans l’objectif de faciliter le développement d’un environnement favorable permettant aux touristes de créer leurs propres expériences touristiques mémorables (<em>memorable tourism experiences</em>, ou MTE).</p>
<p>Cette expérience se fonde sur au moins deux éléments : elle doit se situer dans un espace-temps donné,et elle doit être issue d’un processus de génération de souvenirs. En effet, il est évident que si l’expérience gustative d’un produit de région renvoie à un vécu personnel, le touriste sera submergé par l’émotion ce qui favorisera davantage son immersion : l’expérience devient ainsi mémorable !</p>
<p>C’est en définitive la transformation que va faire l’individu de son expérience qui, en se la remémorant, va la considérer comme inoubliable, mais aussi parce qu’elle est caractérisée ainsi grâce à signaux considérés comme tels lors de l’expérience vécue. La mémorisation de ce type d’expérience reste donc <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1447677017301419">associée à trois éléments</a> : l’émotion et sa réminiscence, l’ambiance, et la socialisation.</p>
<h2>Incorporation symbolique</h2>
<p>Mais finalement comment l’expérience vécue avec un produit alimentaire emblématique d’une région contribue-t-elle à la création d’une MTE ? Sur la base de onze récits de vacances où les individus ont décrit leur expérience avec un produit emblématique d’une région, <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2020-2-page-61.htm">l’analyse qualitative</a> fait ressortir trois facteurs principaux qui viennent enrichir une MTE dans ses trois dimensions.</p>
<p>Les émotions gustatives font partie intégrante de la dimension personnelle et psychologique de la MTE. En effet, le sens du goût du produit fait intervenir tous les autres sens, donnant ainsi une « représentation multisensorielle de l’objet dégusté » comme le soulignait Patrick Mac Leod, président de l’Institut du goût, dans une <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/2003/12/30/les-neurosciences-decouvrent-les-sources-du-plaisir-sensoriel_347534_1819218.html">interview</a> accordée au Monde en 2003.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/400289/original/file-20210512-23-ui46if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La flammekueche, un produit emblématique de la région Alsace.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette perception sensorielle, d’ordre cognitif mais aussi affectif, puisqu’elle revêt une composante hédonique, sera susceptible d’engendrer des émotions qui participeront à la création de souvenirs qui seront <a href="https://link.springer.com/article/10.3758/BF03200860">plus facilement remémorés</a> que les souvenirs non chargés émotionnellement.</p>
<p>Par exemple, la vue des parcs à huîtres participe à donner du sens à l’expérience touristique par l’incorporation symbolique de l’image du produit représentatif d’une région. Comme en témoigne un interviewé :</p>
<blockquote>
<p>« À Arcachon, manger des huîtres pratiquement tous les jours c’est exceptionnel. Elles sont sorties de l’eau deux heures avant… c’est comme aller manger un fruit sur un arbre ».</p>
</blockquote>
<p>Le plaisir sensoriel éprouvé quand on déguste le produit n’est donc plus seulement suscité par les sens, mais aussi par la signification donnée par le produit. Les émotions ressenties sont alors décuplées et contribuent à rendre mémorable une expérience touristique.</p>
<h2>Le goût de l’authenticité</h2>
<p>L’authenticité est une caractéristique constituant pour les individus le <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2018-6-page-57.htm">signe d’une expérience mémorable</a> : cette authenticité perçue devient aux yeux du répondant un élément majeur, une richesse <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01354168/document">constitutive de la nature du souvenir</a> de l’expérience.</p>
<p>D’une manière générale, l’individu <a href="https://academic.oup.com/jcr/article-abstract/36/5/838/1790161?redirectedFrom=fulltext">sélectionne des indices</a> attachés au produit ou à son environnement pour en apprécier toute l’authenticité. Il ressort de notre étude que le lieu de fabrication du produit emblématique représente un indice fort d’authenticité.</p>
<p>Le produit alimentaire emblématique d’une région participe donc à la perception de l’authenticité de l’expérience touristique tant recherchée. Un répondant de notre étude le souligne :</p>
<blockquote>
<p>« Il me semble plus authentique de manger une flammekueche en Alsace. À Marseille, j’aurais plutôt envie d’une bouillabaisse. »</p>
</blockquote>
<p>La faible distance psychologique perçue grâce à la proximité du produit avec son lieu de production engendre en effet des représentations mentales qui jouent un rôle dans l’activation des sens des individus. De ce fait, cette proximité provoque des émotions qui vont à leur tour générer des souvenirs. Par exemple, notre répondant à Arcachon apprécie :</p>
<blockquote>
<p>« Lorsque le producteur d’huîtres les ouvre et le sert avec un quart de citron, un verre de blanc, et un morceau de pain, ce n’est pas guindé. C’est l’huître dans sa plus simple expression ».</p>
</blockquote>
<p>Dès lors, cette authenticité, souvent recherchée par le touriste au travers de lieux ou d’activités, va être pensée en amont du séjour et le plus souvent planifiée.</p>
<h2>Une part d’improvisation…</h2>
<p>Pour certains, la planification s’opère en amont à travers des recherches sur Internet qui peuvent même amener à des réservations à l’avance, au même titre qu’une réservation d’un billet de musée, comme en témoigne une répondante :</p>
<blockquote>
<p>« Il ne me viendrait pas à l’idée d’aller à Lille sans manger local et en particulier une carbonade ! Je réserve donc dans l’estaminet plusieurs jours avant ; ça fait partie du périple. C’est de la culture aussi ! »</p>
</blockquote>
<p>D’autres privilégient les informations récoltées une fois sur place, lors de contacts avec les locaux. Les relations tissées à ces occasions permettent d’enrichir la dimension relationnelle de l’expérience.</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/527247398" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Huître d’Arcachon, Flammekueche et galette de sarrasin : comment le produit régional rend le voyage mémorable ? (FNEGE Médias, 2021).</span></figcaption>
</figure>
<p>Cette part d’improvisation lors du séjour donne une teinte d’authenticité supplémentaire dans la mesure où l’individu participe à la co-construction de son expérience touristique et contribue finalement à la rendre mémorable, explique une voyageuse :</p>
<blockquote>
<p>« Je demande souvent à la réception de l’hôtel ou bien au propriétaire de l’appartement que je loue de me recommander les bonnes adresses ou marques pour découvrir les produits de la région. C’est toujours un sujet de discussion intéressant à aborder avec les locaux, surtout quand ils sont passionnés ! »</p>
</blockquote>
<p>Notre étude illustre ainsi la manière dont les expériences avec les produits alimentaires emblématiques d’une région participent à répondre à cette recherche d’expériences authentiques. Cette année, l’été s’annonce une nouvelle fois pour les professionnels comme une saison encore très marquée par un tourisme essentiellement national. On ne peut donc que leur conseiller de mettre en avant les produits emblématiques de leur région dans les campagnes de promotion.</p>
<p>Mis en avant, ces produits activeront en effet des réminiscences d’émotions gustatives et de perceptions de l’authenticité chez les individus susceptibles de favoriser l’intention d’un séjour sur place. Les produits emblématiques apparaissent donc comme des outils efficaces de promotion et de valorisation des régions ou des pays sur le plan touristique. Les souvenirs liés à l’alimentation peuvent rendre les touristes émotionnellement attachés au lieu et donc favoriser même une forme de fidélisation au lieu.</p>
<hr>
<p><em>Farida Bedredine, journaliste et créatrice culinaire, auteure de livre de cuisine, animatrice et chroniqueuse cuisinière de l’émission La Quotidienne sur France 5, a co-rédigé cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160795/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La proximité avec les producteurs régionaux va engendrer des émotions qui forgeront des souvenirs marquants pour les touristes.Mariem El Euch Maalej, Associate professor of marketing, PSB Paris School of BusinessMarielle Salvador, Enseignant chercheur, comportement du consommateur, marketing de l'alimentation, Institut Paul Bocuse Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1448082020-08-21T12:51:25Z2020-08-21T12:51:25Z« Je ne veux pas travailler… » : Un regard philosophique sur le repos, l’intégrale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/353820/original/file-20200820-22-15fegqw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C8%2C5725%2C3819&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les vacances offrent un moment privilégié pour reconsidérer notre rapport au temps.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/summer-beach-vacation-concept-asia-600w-1061985551.jpg">Peera_stockfoto</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet été, les journalistes de The Conversation France s’accordent un instant de détente à l’ombre de la philosophie. Dans cette série en 5 épisodes d’une dizaine de minutes, plongez dans la réflexion sur la notion de repos et sa place dans nos sociétés modernes.</em></p>
<p><em>Chaque semaine, des philosophes vous offrent un éclairage rafraîchissant et vous invitent à considérer les idées de bonheur, de travail, d’ennui ou encore de liberté sous un angle nouveau.</em></p>
<p><em>Installez-vous confortablement dans votre hamac ou sur votre serviette et ouvrez grand vos oreilles</em>.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-le-repos-une-invention-humaine-142455">Le repos, une invention humaine ?</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/353810/original/file-20200820-24-ouuh8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Sommes-nous trop humains pour pouvoir nous reposer pleinement ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/young-girl-kitten-sleeping-on-white-165834341">Alena Haurylik/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ce premier épisode, le philosophe Laurent Bibard nous éclaire sur l’étymologie du mot « repos » et le(s) sens à donner à cette notion qui fait de l’homme un animal dénaturé.</p>
<iframe src="https://player.acast.com/5f080cd717defa575da5692d/episodes/le-repos-une-invention-humaine?theme=default&cover=1&latest=1" frameborder="0" width="100%" height="110px" allow="autoplay"></iframe>
<p><a href="https://open.spotify.com/episode/7j9mm8kM3uDKp06cFtafZ8?si=hslXHSMjTeaofSMI_jQBkw"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/le-repos-une-invention-humaine/id1523077174?i=1000484060772"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-le-travail-simple-antithese-du-repos-142768">Le travail, simple antithèse du repos ?</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/353813/original/file-20200820-22-4vuxpi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Se reposer consiste aussi à ne pas être disponible pendant un moment.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/office-life-young-woman-sleeping-workplace-69637735">Sergey Mironov/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’après le philosophe Ghislain Deslandes, si l’intensité est devenue une vertu, le repos ne doit plus s’envisager comme un moment du travail, mais bien comme un changement radical de rapport au temps.</p>
<iframe src="https://player.acast.com/5f080cd717defa575da5692d/episodes/le-travail-simple-antithese-du-repos?theme=default&cover=1&latest=1" frameborder="0" width="100%" height="110px" allow="autoplay"></iframe>
<p><a href="https://open.spotify.com/episode/2R5EQSmAGjgCe4nsPK4Ihh?si=AYiTsRl9TIGZynBhqwLkAQ"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/le-travail-simple-antith%C3%A8se-du-repos/id1523077174?i=1000485283272"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-cultivons-lennui-142767">Cultivons l’ennui !</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/353814/original/file-20200820-24-1e03qo4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Face au volume de divertissements accessibles, il est devenu très difficile de s’ennuyer vraiment c’est-à-dire de profiter des vertus de l’ennui.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/nothing-interesting-watch-young-african-600w-353560073.jpg">G-Stock Studio/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Chercher à convertir son existence plutôt que vouloir se divertir à tout prix, c’est le conseil du philosophe François L’Yvonnet dans cet épisode qui interroge le lien entre repos et ennui.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/0t9EIxJRyNpJhamrsf74vh?si=F97XD3RGT86KLxMlY_vmRA"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/cultivons-lennui/id1523077174?i=1000485944329"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-le-repos-fait-il-le-bonheur-142770">Le repos fait-il le bonheur ?</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/353815/original/file-20200820-20-c80bk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La tranquillité du corps et celle de l’âme sont liées au point qu’il s’avère impossible d’envisager l’une sans l’autre.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-practices-yoga-meditates-lotus-position-605622212">Evgeny Atamanenko/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Être au repos c’est avant tout savoir capter les circonstances du moment, la « bonne heure »… Cela suppose une présence au monde qui permet d’atteindre la tranquillité de l’âme.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/52JRrCqFtbQxB0pT8odwPd?si=HbDQ2CI5QjWy-2z4rg3uRQ"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
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<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-est-on-vraiment-libre-de-se-reposer-142781">Est-on vraiment libre de se reposer ?</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/353817/original/file-20200820-16-rg4q2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Et si la paresse ou l’oisiveté était une manière d’exprimer notre volonté d’être libre ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/beautiful-young-woman-laying-on-600w-554755387.jpg">PointImages/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le repos constitue la clef de notre possibilité de faire des choix signifiants pour nous-mêmes, et donc une clef pour notre liberté.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/5Kn2Ibq8R0VkQIiPY5NbLU?si=-qw3T9o0QLC0UHjpWDwd8Q"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/est-on-vraiment-libre-de-se-reposer/id1523077174?i=1000487418184"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144808/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Dans cette série estivale, les voix des philosophes se mêlent au chant des cigales lors de 5 conversations sur le thème du repos.Thibault Lieurade, Chef de rubrique Economie + Entreprise, The Conversation FranceCamille Khodor, Éditrice Économie + Entreprise, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1442212020-08-10T21:14:32Z2020-08-10T21:14:32ZFaut-il laisser les enfants s’ennuyer ?<p>Les parents ou adultes en charge de garder des enfants durant un temps de vacances n’ont-ils pas tous un jour entendu cette petite phrase « Je ne sais pas quoi faire, je m’ennuie… » ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le temps des vacances est bien souvent pour les enfants le temps de l’ennui. </p>
<p>Faut-il le redouter ? N’y voir que du temps perdu ? Ou faut-il, tout au contraire, l’accepter comme un moment salutaire ? Et si cette désagréable sensation qu’est l’ennui était finalement l’heureuse occasion d’un retour à soi ? « Parmi les diverses maladies du temps, écrit le philosophe <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/lattente-14-vladimir-jankelevitch-le-meilleur-est-a-venir-0">Vladmir Jankélévitch</a>, l’ennui n’est pas la plus aiguë, mais c’est la plus commune ».</p>
<h2>Rentabiliser le temps</h2>
<p>« Le temps, c’est de l’argent », aime-t-on dire. Il faut surtout ne pas le perdre, pas la moindre minute. Car le temps est toujours ce qui vient à manquer. Savoir le rentabiliser, voilà le mot d’ordre de l’homme moderne. Les plus experts en la matière sont d’ailleurs, ironie de l’histoire, ceux qui n’ont jamais le temps. « Désolé, je ne suis pas disponible aujourd’hui, le reste de la semaine c’est peu probable également ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pedagogie-de-la-resonance-selon-hartmut-rosa-comment-lecole-connecte-les-eleves-au-monde-197732">La pédagogie de la résonance selon Hartmut Rosa : comment l’école connecte les élèves au monde</a>
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<p>Chaque plage de temps est occupée, chaque instant, chaque moment est assigné. Il en est souvent ainsi du temps des enfants pendant l’année scolaire : temps de l’école, temps planifié des loisirs, temps des devoirs, des repas, du coucher… </p>
<p>Leur temps n’est bien souvent qu’une suite de séquences qui se suivent et se répètent. Or, quand le temps cesse d’être un emploi du temps, quand le temps n’est plus à remplir, mais à habiter, alors survient l’ennui.</p>
<h2>Les deux types d’ennui</h2>
<p>En fait, il faut distinguer deux types d’ennui. Le premier est familier, banal. Qui ne l’a pas éprouvé ? Nous ne manquons pas de dire, par exemple, d’un livre qu’il est ennuyeux lorsqu’il nous tombe des mains. Nous le trouvons sans intérêt, voire pénible à lire, alors nous l’abandonnons sur le coin d’une table. Il existe, nous en avons tous fait l’expérience, bien d’autres activités, et parfois même des rencontres, ennuyeuses. Le temps est lent, alors nous avons hâte que ces moments se terminent pour renouer avec nos activités habituelles. </p>
<p>Mais il est un autre ennui. Un ennui sans objet. Un sentiment de langueur, qui nous envahit et nous accable. </p>
<p>Le temps, cette fois, s’est arrêté. Plus rien ne passe. Nous n’arrivons plus à donner le change et cela se voit : regard un peu perdu, gestes répétitifs, bâillements… On associe souvent cet état émotionnel à l’inactivité. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-se-plaignent-ils-des-longs-trajets-en-voiture-ou-en-train-189527">Pourquoi les enfants se plaignent-ils des longs trajets en voiture ou en train ?</a>
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<p>« L’ennui est entré dans le monde par la paresse », notait La Bruyère (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Caract%C3%A8res">Les caractères</a></em>, chapitre XII). Mais à bien y réfléchir, la paresse, ou plutôt l’envie de ne plus faire, est seconde. Car l’ennui n’est pas un sentiment moral, mais un trouble de nature existentielle.</p>
<p>Ce qui est immédiat, premier, est que soudain, rien ne vaut vraiment la peine. Tout semble dénué d’intérêt, d’importance et, pour tout dire, de valeur. « Toute chose s’enveloppe du voile gris de l’indifférence » comme le <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/laventure-33-vladimir-jankelevitch-laventure-lennui-le-serieux">soulignait</a> Jankélévitch.</p>
<p>Le même auteur remarquait :</p>
<blockquote>
<p>« On s’ennuie (…) faute de soucis, faute d’aventures et de dangers, faute de problèmes, mais il arrive aussi qu’on s’ennuie faute d’angoisse : un avenir sans risques ni aléas, une carrière de tout repos, une quotidienneté exempte de toute tension sont parmi les conditions les plus ordinaires de l’ennui ».</p>
</blockquote>
<h2>« Le bon côté de l’ennui »</h2>
<p>L’ennui alarme, il est alerte. </p>
<blockquote>
<p>« Il signale que notre situation du moment est insatisfaisante, en décalage avec nos besoins de stimulation, notre soif de nouveauté, et nous incite donc à changer d’activité. Autrement dit : l’ennui nous permet de prendre du recul et de nous recentrer sur nous-mêmes ».</p>
</blockquote>
<p>C’est « le bon côté de l’ennui » comme le dit <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2014.01245/full">le philosophe Andreas Elpidorou</a>.</p>
<p>L’ennui est panne d’horizon. Pur présent. Mais cette sensation d’un avenir effacé est aussi l’heureuse occasion d’un retour à soi qui peut ouvrir de nouveaux possibles. Car l’ennui stimule la créativité, l’envie d’explorer et de faire de nouvelles choses. Choses auxquelles nous n’avions pas pensé, car nous n’avions précisément pas pris le temps de mettre en vacance l’éternel retour du quotidien, pris le temps de la flânerie, du pas de côté.</p>
<p>Comme l’écrit <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Gai_Savoir">Friedrich Nietzsche</a> :</p>
<blockquote>
<p>« l’ennui est ce désagréable calme plat de l’âme qui précède la course heureuse et les vents joyeux ; il (…) faut le supporter, en attendre l’effet (…) »</p>
</blockquote>
<p>Il faut savoir accueillir l’ennui. Peut-être est-ce tout simplement cela, apprendre à s’ennuyer. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/VuS_9e8qrMM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Jean d’Ormesson, 1959, Éloge du sommeil et de la paresse.</span></figcaption>
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<p>Car, passé le moment de l’abattement, l’ennui est souvent source de nouveautés. C’est pour cette raison qu’il est bon de <a href="https://theconversation.com/laissez-les-enfants-sennuyer-66858">laisser parfois les enfants s’ennuyer</a>. </p>
<p>Cessons de les occuper du matin jusqu’au soir. Ce n’est pas l’ennui qui nuit, mais l’hyperactivité, <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/pour-une-ecologie-de-l-attention-yves-citton/9782021181425">l’agitation permanente</a>. Méfions-nous aussi de l’usage à haute dose de la télévision, et autres écrans, de tous ces coupe-ennuis qui rendent certes la vie des parents plus facile, mais celle des enfants un peu plus fade. </p>
<h2>Savoir ne pas « tout » donner à l’enfant</h2>
<p>L’ennui est un prélude. Il invite l’enfant à explorer les ressources de son environnement. Il creuse en lui l’envie de découvrir et de faire par lui-même. Relisons le philosophe <a href="http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-Sagesses/Du-bonheur-et-de-l-ennui-et-autres-textes">Alain</a> : </p>
<blockquote>
<p>« Il n’est point de chose qui plaise si on la reçoit, et il n’en est presque point qui ne plaise, si on les fait (…) Même le pouvoir ennuie celui qui l’a reçu sans peine ».</p>
</blockquote>
<p>Cela ne concerne pas seulement l’adulte, cela regarde aussi l’enfant. C’est chez le philosophe le fameux thème de <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/Alain/propos_sur_education/propos_sur_education.html">l’enfant gâté</a>, cet enfant toujours un peu triste, car « repu de flatteries et de plaisirs tout faits » (<em>Propos sur l’éducation</em>). </p>
<p>Il ne s’agit pas bien évidemment de toujours dire « non », mais de savoir donner. Donner ce qui vaut, ce qui compte, mais surtout ne pas tout donner. Ne jamais saturer le temps d’activités en tous genres. Car grandir n’est autre que <a href="https://www.puf.com/content/Propos_sur_lenseignement">la lente conquête de soi par soi</a>.</p>
<p>Jankélévitch évoque aussi cette surabondance étouffante. L’ennui est « maladie de luxe ». Il est « la conséquence paradoxale, équivoque, contradictoire d’une situation qui devait nous apporter du bonheur, mais ne le peut pas, et qui pourrait nous rendre malheureux, mais ne le doit pas. »</p>
<p>Heureuse douleur ou bonheur dolent, comme on voudra, l’ennui est un état ambigu, presque un tiers sentiment entre les deux genres extrêmes. L’ennui est fils de la satiété, il est sensation pénible de la réplétion. Si l’ennui est maladie du temps, moment sans avenir, car sans désir ; son ressort est bel et bien l’excès.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144221/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eirick Prairat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les vertus de l'ennui sont méconnues : l’ennui alarme, il est alerte et invite l’enfant à la réflexion.Eirick Prairat, Professeur de Philosophie de l’éducation, membre de l’Institut universitaire de France (IUF), Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1427812020-08-07T14:59:47Z2020-08-07T14:59:47Z« Je ne veux pas travailler… » : Est-on vraiment libre de se reposer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347735/original/file-20200715-27-preosr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C0%2C5472%2C3571&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Et si la paresse ou l’oisiveté était une manière d’exprimer notre volonté d’être libre&nbsp;?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/beautiful-young-woman-laying-on-600w-554755387.jpg">PointImages / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Si nous avons tous l’obligation de nous reposer pour survivre, nous ne sommes pas tous égaux en matière de droit au repos. Pourtant celui-ci reste avant tout une condition de notre liberté, de notre possibilité de nous connaître nous-mêmes et de cultiver notre attention à l’égard des autres.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/5Kn2Ibq8R0VkQIiPY5NbLU?si=-qw3T9o0QLC0UHjpWDwd8Q"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/est-on-vraiment-libre-de-se-reposer/id1523077174?i=1000487418184"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<p>Ainsi, pour la philosophe Mélissa Fox-Muraton, il serait bénéfique que les gens puissent réapprendre à maîtriser leur temps tout en acceptant la passivité qui fait partie de la vie.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet été, les journalistes de The Conversation France s’accordent un instant de détente à l’ombre de la philosophie. Dans cette série en 5 épisodes d’une dizaine de minutes, plongez dans la réflexion sur la notion de repos et sa place dans nos sociétés modernes.</em></p>
<p><em>Chaque semaine, des philosophes vous offrent un éclairage rafraîchissant et vous invitent à considérer les idées de bonheur, de travail, d’ennui ou encore de liberté sous un angle nouveau.</em></p>
<p><em>Installez-vous confortablement dans votre hamac ou sur votre serviette et ouvrez grand vos oreilles</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142781/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mélissa Fox-Muraton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le repos constitue la clef de notre possibilité de faire des choix signifiants pour nous-mêmes, et donc une clef pour notre liberté.Mélissa Fox-Muraton, Enseignante-chercheur en Philosophie, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1427702020-07-31T12:36:21Z2020-07-31T12:36:21Z« Je ne veux pas travailler… » : Le repos fait-il le bonheur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347701/original/file-20200715-27-1cx2wh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C0%2C4500%2C2964&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La tranquillité du corps et celle de l’âme sont liées au point qu’il s’avère impossible d’envisager l’une sans l’autre.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-practices-yoga-meditates-lotus-position-605622212">Evgeny Atamanenko / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Dans cet épisode, le philosophe Laurent Bibard nous explique en quoi le bonheur est surtout une affaire de tentative, un effort pour saisir sa chance de vivre plus heureux. Pour cela, il convient de rester disponible à l’inattendu sans s’enfermer dans ce que nous savons déjà faire.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/52JRrCqFtbQxB0pT8odwPd?si=HbDQ2CI5QjWy-2z4rg3uRQ"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/le-repos-fait-il-le-bonheur/id1523077174?i=1000486712190"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<p>Ainsi, le travail de la conscience par la méditation – ou bien sûr la philosophie – peut nous aider à mieux vivre dans l’espoir d’atteindre un jour la quiétude de l’âme et de reposer en paix.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/346294/original/file-20200708-3970-ghw64j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet été, les journalistes de The Conversation France s’accordent un instant de détente à l’ombre de la philosophie. Dans cette série en 5 épisodes d’une dizaine de minutes, plongez dans la réflexion sur la notion de repos et sa place dans nos sociétés modernes.</em></p>
<p><em>Chaque semaine, des philosophes vous offrent un éclairage rafraîchissant et vous invitent à considérer les idées de bonheur, de travail, d’ennui ou encore de liberté sous un angle nouveau.</em></p>
<p><em>Installez-vous confortablement dans votre hamac ou sur votre serviette et ouvrez grand vos oreilles</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142770/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Bibard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Être au repos c’est avant tout savoir capter les circonstances du moment, la « bonne heure »… Cela suppose une présence au monde qui permet d’atteindre la tranquillité de l’âme.Laurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1426152020-07-24T09:42:42Z2020-07-24T09:42:42ZLa preuve par trois : en France, l’œnotourisme fait sa mue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347143/original/file-20200713-38-904doz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C16%2C5455%2C3620&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pas besoin de partir bien loin pour s’émerveiller. La France regorge de régions viticoles à explorer.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/cyclists-on-grape-mountain-biking-600w-1076355938.jpg">nnattalli / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em><strong>La preuve par trois :</strong> les experts de The Conversation déclinent 3 aspects d’une question d’actualité en 3 épisodes à écouter, à la suite ou séparément ! Dans cette série, Laurence Cogan-Marie, professeur à la School of Wine & Spirits Business de Burgundy School of Business, décrypte pour nous les évolutions à l’oeuvre dans le secteur de l’œnotourisme. Au travers de trois analyses, nous verrons comment les acteurs viticoles s’adaptent à la demande et investissent dans un tourisme durable, local mais aussi digitalisé.</em></p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-un-notourisme-de-plus-en-plus-responsable-142507">Un œnotourisme de plus en plus responsable</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347146/original/file-20200713-34-1nw849x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les vacances sont aussi l’occasion de vivre des expériences touristiques en phase avec ses valeurs et aspirations.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/young-black-woman-eating-grape-600w-1331944316.jpg">David Prado Perucha / Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/5ow4BDERKjh8fDeXH44Vfp?si=a0Q_p1_tTjKg1oNsGC9pGw"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-un-%C5%93notourisme-de-plus-en-plus-responsable/id1516230224?i=1000484722108"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<p>Le secteur du vin a bien saisi l’importance de prendre le virage de la transition écologique et mise désormais sur le développement d’expériences touristiques durables et responsables.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-lnotourisme-une-experience-pour-repondre-a-la-demande-de-vacances-locales-142510">L'œnotourisme, une expérience pour répondre à la demande de vacances locales</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347147/original/file-20200713-30-k7gs2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cet été, 86% des Français ont décidé de séjourner en France et auront l’occasion de (re)découvrir les terroirs notamment viticoles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/young-woman-striped-hat-french-600w-672125350.jpg">RossHelen / Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/00g4q2L26clpReb5StCa5j?si=gB3CWj3LTKyEcvPh_XlKyw"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-l%C5%93notourisme-une-exp%C3%A9rience-pour-r%C3%A9pondre-%C3%A0/id1516230224?i=1000484722109"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<p>Participation aux vendanges, dégustation de vin avec un œnologue… le tourisme autour du vin peut surfer sur la vague des vacances locales en permettant à chacun de vivre des expériences mémorables.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-la-digitalisation-un-virage-bien-amorce-chez-les-acteurs-de-lnotourisme-142512">La digitalisation, un virage bien amorcé chez les acteurs de l’œnotourisme</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347148/original/file-20200713-22-1o2i4q7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pour les acteurs de la filière, le digital est aussi devenu un moyen essentiel pour créer et maintenir un lien avec les consommateurs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/image-happy-young-woman-choosing-600w-613484348.jpg">Shift Drive / Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/1vr9wjGp63CM48KmoIP2LD?si=2MCYeyETRV2pBom8mAhsYA"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-la-digitalisation-virage-bien-amorc%C3%A9-chez-les/id1516230224?i=1000484722107"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<p>Les vignerons sont de plus en plus nombreux à proposer des offres virtuelles pour compléter les traditionnelles visites et dégustations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142615/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Cogan-Marie ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cet été, The Conversation France vous emmène sur la route des vins à la découverte des tendances qui dessinent le paysage de l’œnotourisme.Laurence Cogan-Marie, Professeur d'œnotourisme, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1393172020-07-21T17:43:08Z2020-07-21T17:43:08ZLes jardins de Giverny, source d’inspiration infinie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/337392/original/file-20200525-106853-144ld5c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C12%2C4007%2C2655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bassin aux Nymphéas. Giverny.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Le village de Giverny, très souvent réduit au jardin de Claude Monet, renvoie à des perceptions ou des constructions symboliques et imaginaires nourries par un large corpus et ce depuis le XIX<sup>e</sup> siècle : articles de presse, romans, romans policiers, bandes dessinées, beaux livres, films, émissions audiovisuelles et même une chanson de Chris Rhéa qui parle de jardin et d’amour. </p>
<p>Si le mot « Giverny » se retrouve dans le titre de nombreux documents, c’est donc en tant que jardin et en lien avec le peintre. Ce jardin (ou ces jardins, le jardin étant séparé en deux parties : le <a href="https://fondation-monet.com/giverny/le-clos-normand/">clos normand</a> derrière la maison et le jardin d’eau avec ses nymphéas un peu plus loin) a toujours été présenté comme exceptionnel, parce qu’il est l’œuvre d’un grand peintre, sa source d’inspiration et une clé de compréhension de ses tableaux.</p>
<h2>Giverny : un jardin extraordinaire</h2>
<p>Pour ce qui concerne les jardins, les descriptions sont presque toujours dithyrambiques et jouent sur l’accumulation des verbes, des adjectifs ou des noms de plantes, notamment pour le clos normand. En cela, les descriptions du jardin rappellent la peinture par touches colorées successives des tableaux impressionnistes.</p>
<p>Par exemple, dans le roman de Patrick Granville, <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/falaise-des-fous-patrick-grainville/9782021375374"><em>Falaise des fous</em></a> (2018), le narrateur se rend dans les jardins de Giverny en 1909 et décrit ainsi le clos normand :</p>
<blockquote>
<p>« Tout est bouclé, vrillé, spiralé, tricoté, pomponné de petites feuilles de rosiers nervurées. »</p>
</blockquote>
<p>De même, dans le roman de Michel Bussi <a href="https://www.lisez.com/livre-grand-format/nympheas-noirs/9782258145283"><em>Nymphéas noirs</em></a> (2011), la beauté des jardins n’est pas mise en doute :</p>
<blockquote>
<p>« Je ne vais pas raconter d’histoires, bien entendu que le jardin est magnifique. La cathédrale de roses, le fond des dames, le clos normand et ses cascades de clématites, le massif de tulipes roses et de myosotis… Autant de chefs-d’œuvre… »</p>
</blockquote>
<p>Notons que dans la <a href="https://www.dupuis.com/seriebd/nympheas-noirs/13724">BD tirée du roman</a> (Cassegrain et coll. 2019), les nymphéas font l’objet de dessins presque pleine page dès le début de l’ouvrage, comme un produit d’appel.</p>
<p>Déjà à l’époque de Monet, son jardin faisait l’objet de toutes les admirations, en témoignent les propos de Marcel Proust dans un article du <em>Figaro</em> daté du 16 juin 1907 :</p>
<blockquote>
<p>« Enfin, si […] je puis voir un jour le jardin de Claude Monet, je sens bien que j’y verrai, dans un jardin de tons et de couleurs plus encore que de fleurs, un jardin qui doit être moins l’ancien jardin-fleuriste qu’un jardin-coloriste. »</p>
</blockquote>
<p>L’écrivain devait en effet rendre visite à Monet à Giverny mais, pour raisons de santé, il ne le fera jamais. Cela ne l’empêchera pas d’imaginer ce jardin et de s’en inspirer pour la description d’un bassin aux nymphéas dans <em>Du côté de chez Swann</em>, parlant des nymphéas :</p>
<blockquote>
<p>« Il semblait les avoir fait fleurir en plein ciel ».</p>
</blockquote>
<p>Maurice Guillemot, journaliste et critique d’art, contemporain de Monet, a pu visiter le jardin d’eau de Giverny :</p>
<blockquote>
<p>« Sur le miroir immobile des nénuphars flottent des plantes aquatiques […] d’un exotisme étrange ».</p>
</blockquote>
<p>Beaucoup de beaux livres exploitent largement la beauté des jardins à travers leur iconographie. On peut citer par exemple <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-LOISIRS/Carres-de-jardin/Le-jardin-de-Claude-Monet-a-Giverny"><em>Le jardin de Claude Monet à Giverny</em></a> de Fabrice Moireau (2006) composé presque uniquement d’aquarelles. Réalisé en concertation avec les jardiniers de Giverny, le parti pris du livre est indéniablement le jardin.</p>
<p>Quant à l’ouvrage de Dominique Lobstein (1983) : <a href="http://www.editionsdelamartiniere.fr/ouvrage/claude-monet-a-giverny/9782732454429"><em>Un maître en son jardin, Claude Monet à Giverny</em></a>, il ne comporte que des photos du jardin et de la maison, sans une seule reproduction de tableau.</p>
<p>Ainsi, les jardins sont extraordinaires en eux-mêmes et font l’objet <a href="https://www.mollat.com/livres/2134432/nicole-boschung-les-jardins-de-claude-monet-a-giverny-histoire-d-une-restauration">d’ouvrages spécifiques</a> où l’iconographie est dominante. Un autre aspect des jardins réside dans leur lien avec Claude Monet.</p>
<h2>Œuvre à part entière et source d’inspiration</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=797&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=797&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=797&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1001&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1001&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347973/original/file-20200716-31-zvvior.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1001&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le clos normand, jardins de Monet.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Monet est donc un jardinier : « Cet homme que nous voyons à Paris un peu laconique et froid, devient ici tout autre. » (Arsène Alexandre, Le Figaro, 9 août 1901)</p>
<p>En 1915, dans son film <a href="https://www.telerama.fr/cinema/films/ceux-de-chez-nous,19001.php"><em>Ceux de chez nous</em></a>, Sacha Guitry (1915), ami du peintre, dit de lui : « Monet n’avait qu’un seul luxe : ses fleurs. Son jardin était un des plus beaux jardins du monde ».</p>
<p>En 1924 paraît sous forme de fascicule une <a href="https://www.fayard.fr/ed-1001-nuits/giverny-chez-claude-monet-9782755505726">longue interview de Marc Elder</a> qui est allé à la rencontre de Monet, chez lui, à Giverny. Parlant de l’artiste, il dit :</p>
<blockquote>
<p>« C’est la silhouette du bon jardinier, trapu, d’aplomb, évoquant à la fois la force sylvestre et les clartés d’avril. Mais s’il se retourne, vous voyez son œil aiguisé, volontaire, tranchant, imprévu dans la bonhommie apparente. » (Elder, 1924 : 9-10)</p>
</blockquote>
<p>Monet lui-même déclare en 1904 : « Hormis la peinture et le jardinage […] je ne suis bon à rien » (<em>Le Temps</em>, 7 juin 1904). Georges Truffaut, célèbre jardinier, le confirme à sa façon en 1913 : « La plus belle œuvre de Claude Monet est, à mon avis, son jardin » (<em>Jardinage</em>, nov. 1924 : 104).</p>
<p>Le jardin est également remarquable en tant que source d’inspiration pour le peintre, comme élément constitutif de son œuvre, dont il fait finalement partie.</p>
<blockquote>
<p>« Jusqu’à la fin de sa vie, le jardin de Monet a été une œuvre en mutation, à l’image de son propre travail : il était comme une première et vivante esquisse. » (Proust, 1907)</p>
</blockquote>
<p>Dans le <a href="https://www.payot.ch/Detail/trois_hommes_dans_un_jardin-xavier_girard-9782869161801">roman de Xavier Girard</a> (2010), on voit que si les jardins servent d’inspiration à Monet, c’est au prix d’un travail précis afin de produire dans la nature ce que le peintre veut inscrire sur sa toile :</p>
<blockquote>
<p>« Dès l’aube, il donne ses ordres à son chef jardinier […]. Le “Bassin” est une machine de haute précision, un dispositif à l’ingénierie fragile qui nécessite un entretien journalier […] L’accomplissement de son rêve de jardin coloriste est à ce prix. » (Girard, 2010 : 34)</p>
</blockquote>
<p>Plus loin, l’auteur pose en termes clairs la question :</p>
<blockquote>
<p>« Reste bien sûr de savoir si la science jardinière de Monet a inspiré le peintre ou si, à l’inverse, sa peinture a fait de lui un jardinier qui prendrait exemple sur la peinture. » (Girard, 2010 : 39)</p>
</blockquote>
<p>Dans le roman de Frédéric Révérend, <a href="https://www.editionslajouanie.com/la-drolatique-histoire-de-gilbert-petit-rivaud-de-frederic-reverend.html"><em>La drolatique histoire de Gilbert Petit-Rivaud</em></a> (2016) qui se situe au début du XX<sup>e</sup> siècle, les jardins sont étroitement liés au besoin de sensations du peintre :</p>
<blockquote>
<p>« La luxuriance voulue par Monet, c’était cette origine de la vie, cet érotisme sans copulation et poussé au paroxysme […] un spectacle toujours affriolant propre à stimuler les sens de l’artiste vieillissant. » (Révérend, 2016 : 209)</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347134/original/file-20200713-54-1xvtu3c.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Livres Giverny.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Giverny pour comprendre Monet</h2>
<p>La visite des jardins semble également indispensable pour mieux comprendre l’œuvre du peintre. Les contemporains de Monet ne s’y trompent pas : « Et cela […] montre combien il n’était pas inutile de connaître le jardin du peintre pour bien comprendre son œuvre » (Arsène Alexandre, <em>Le Figaro</em>, 1901 : 35).</p>
<p>Dans les ouvrages consacrés à Monet comme dans les catalogues d’expositions, les incitations tacites à se rendre à Giverny afin d’embrasser la totalité de l’œuvre de Monet, et pour mieux la comprendre, ne manquent pas.</p>
<p>Par exemple, dans le catalogue de l’exposition <a href="https://www.editions-hazan.fr/livre/monet-chefs-doeuvre-du-musee-marmottan-monet-9782754114677">« Monet chefs-d’œuvre »</a> (2018) du musée Marmottan Monet, l’accent est mis sur le rôle joué par les jardins sur l’œuvre de l’artiste :</p>
<blockquote>
<p>« Dès lors, il aménage son premier atelier et dessine les contours de son jardin tel un tableau vivant, motif de prédilection qu’il peindra jusqu’à la fin de sa vie. En créant ce paysage, Monet souhaite réaliser ses nouvelles ambitions, à savoir toucher l’impalpable : l’air et la lumière. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le livre de Christoph Heinrich intitulé sobrement <a href="https://www.taschen.com/pages/fr/catalogue/art/all/49227/facts.monet.htm"><em>Monet</em></a> (2019), il est dit en termes proches :</p>
<blockquote>
<p>« On sent clairement une force ordonnatrice à l’œuvre dans ce jardin comme dans les œuvres du peintre. […] Il compose un tableau coloré sur des plates-bandes parallèles. »</p>
</blockquote>
<p>Dans ces ouvrages, les nombreuses photographies d’un Monet déjà âgé, dans son jardin ou sur son pont japonais, côtoient les représentations des tableaux. L’effet miroir ainsi créé invite déjà à se rendre à Giverny pour embrasser l’œuvre de Monet dans sa totalité. C’est également ainsi qu’il est représenté sur la couverture des deux bandes dessinées du corpus.</p>
<p>Dans le roman de Patrick Granville, le lien avec l’œuvre du peintre est fait lors de la description des jardins d’eau :</p>
<blockquote>
<p>« Le bassin de Giverny est ce puits ridicule d’une soixantaine de mètres à son maximum, enserré dans sa rive.[…] Un vieillard éternellement scrute sa fontaine ténue, la sonde, l’ouvre, y élargit des horizons impossibles où il lutte et s’épuise. De cette nappe horticole et dérisoire, l’infini est sorti. »</p>
</blockquote>
<p>Enfin, Adrien Goetz, dans <a href="https://www.grasset.fr/livres/intrigue-giverny-9782246804352"><em>Intrigue à Giverny</em></a> (2014) fait reconnaître à ses personnages l’intérêt d’une visite :</p>
<blockquote>
<p>« Ici, c’est plus simple : il n’y a rien, mais c’est le vrai Monet. Un Monet qui est partout dans l’air, dans la terre, dans les mouvements et les ombres, dans l’eau. »</p>
</blockquote>
<p>Le format audiovisuel n’est pas en reste. De nombreux reportages ont été consacrés aux jardins de Monet depuis le film de Sacha Guitry. Giverny a notamment fait l’objet d’une émission de télévision de la série <a href="https://www.youtube.com/watch?v=PozU1OuMszE"><em>Secrets d’Histoire</em></a> (2011) présentée par Stéphane Bern, laquelle retrace la vie du peintre. Si l’on y parle beaucoup de Giverny c’est, encore une fois, du jardin dont il est principalement question.</p>
<p>Dans le cadre d’un autre reportage animé par S. Bern, (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=vk8b6TaEKYA"><em>Visites privées</em></a>, 2016), Sylvie Patin, conservatrice générale au musée d’Orsay, spécialiste de la peinture impressionniste, est interrogée sur la préférence : musées parisiens ou maison de Monet à Giverny ? :</p>
<blockquote>
<p>« Après être passé à Giverny vous avez une approche très différente et vous comprenez qu’en fait cette peinture qu’on dit être à l’origine de l’abstraction, non pas abstraite, n’a rien d’abstrait parce qu’elle est totalement la peinture de son jardin, et notamment les nymphéas, l’eau avec les reflets du ciel, le ciel n’est pas absent, il est dans l’eau… »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347135/original/file-20200713-30-ui97a2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le pont japonais de Claude Monet.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikipedia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans le film de Woody Allen, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=VH7nbMU5OpM"><em>Minuit à Paris</em></a> (2011), le héros se trouve au musée de l’Orangerie, à l’époque contemporaine et y décrit, avec flamme, la recherche de Monet peignant sans cesse le même motif. Il fait, au passage, la promotion de Giverny, si près de Paris.</p>
<p>Enfin, dans le documentaire <a href="http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/46290"><em>La maison d’Alice : Claude Monet à Giverny</em></a> (Philippe Piguet, 2010), Alice Monet est citée dans une lettre adressée à son mari : « Le jardin est ton autre atelier, elle est là ta palette ».</p>
<p>À travers leurs propos et leur iconographie, l’ensemble des documents étudiés donne des jardins de Monet à Giverny une image idéale, romantique et ne fait que créer et renforcer le mythe d’un jardin extraordinaire qui est une œuvre d’art à part entière et qu’il faut donc absolument visiter.</p>
<p>L’impressionnisme est un courant <a href="https://journals.openedition.org/perspective/1016?lang=en">plébiscité par le grand public</a>, certains disent que c’est en raison de sa joliesse et de la facilité avec laquelle il peut être compris. Giverny offre donc tous les avantages : celui du mythe d’un jardin idéal et d’une œuvre impressionniste au sein de laquelle on peut se promener par un beau jour d’été à moins d’une heure de Paris.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139317/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Articles de presse, romans, bandes dessinées, beaux-livres, films, émissions audiovisuelles… Les jardins de Giverny alimentent sans cesse la sphère de la culture et du divertissement.Lylette Lacôte-Gabrysiak, Maître de conférences en sciences de l'information et de la communciation, Université de LorraineAdeline Florimond-Clerc, Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1400092020-07-09T17:01:39Z2020-07-09T17:01:39ZVacances : comment lâcher prise à côté de chez soi ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/345317/original/file-20200702-111305-wsub6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5928%2C3952&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des passants profitent du marché aux puces à Paris pour dénicher de bonnes affaires. </span> <span class="attribution"><span class="source">thiebaud faix/Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>À la lumière des réflexions qui ont animé la sphère touristique depuis le début de la crise sanitaire que nous connaissons, de nombreux débats se sont focalisés sur la capacité de voir se redéployer la demande touristique sur des territoires de proximité.</p>
<p>Pour pouvoir envisager cette évolution, il faut revenir aux bases du tourisme à savoir que la demande touristique est le miroir inversé de notre quotidien.</p>
<p>En vacances, on va chercher à quitter son quotidien dans ses dimensions les plus pesantes. Ainsi, avant même de vouloir voyager et découvrir de nouveaux horizons, la nécessité de quitter son quotidien reste la motivation principale et incontournable des vacances.</p>
<h2>Quitter les tensions</h2>
<p>Quand un individu décide de partir en vacances, il va chercher à quitter plusieurs dimensions de son quotidien. Une grande majorité des touristes contemporains proviennent de milieux urbains ou rurbains, et, même si cet univers comporte de multiples avantages, un touriste cherche à quitter ses dimensions négatives (la pollution, le bruit, la foule, le manque d’horizon, le manque d’espace, l’absence de civisme, etc.).</p>
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<p>« Normalement, j’habite à Paris, donc ici c’est juste l’opposé, y’a que des espaces naturels autour de moi, alors que normalement, c’est encombré de voitures, ici y’a du calme, on entend le bruit du vent, on peut marcher, toucher de l’herbe, on peut toucher des matières premières en fait ; alors qu’en ville, on n’entend que des voitures et tout ce qu’on voit, tout ce qu’on touche, ce sont des matières transformées, qui ont été industrialisées, et y’a beaucoup plus de monde. Ici pour moi, c’est juste très différent, je me sens dans un autre monde en fait, dans un autre quotidien » (Stéphane en refuge dans les Écrins).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340631/original/file-20200609-21196-13djw10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme profite du soleil et de la nature à Lacomte, Carlucet, en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Paula Smith/Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Un touriste cherche également à quitter l’univers du travail et toutes les tensions qui peuvent y être associées. Enfin, il peut être particulièrement complexe de mener de front une vie familiale et une carrière professionnelle, tout en gérant son domicile, et tenter de trouver un temps de loisirs pour soi. Ainsi, au fil des années, les vacances sont devenues un cours de rattrapage des moments importants de la vie familiale et personnelle que les pressions du quotidien ont mis à mal. Indéniablement, le temps des vacances représente une échappatoire essentielle à nos vies pressurisées où le lâcher-prise et l’être ensemble demeurent les principes directeurs.</p>
<h2>La recherche d’expériences</h2>
<p>Si la motivation première est bien de quitter son quotidien, il est essentiel que celui-ci ne se rappelle pas au touriste pendant son séjour. Le rôle d’un prestataire touristique va donc être de proposer des expériences différenciantes qui vont permettre au consommateur de venir s’évader. Plus la distanciation au quotidien prendra racine pendant les vacances, plus les vacances seront réussies.</p>
<p>Pour autant, toutes les vacances se valent-elles en matière de détachement ?</p>
<p>Les personnes qui composent un groupe de vacanciers, les activités pratiquées et les rencontres lors d’un séjour vont forcément jouer un rôle important. Mais au-delà de ces éléments, c’est surtout la différence de contexte qui va jouer un rôle primordial dans le mécanisme de détachement.</p>
<p>Certains contextes sont plus propices à provoquer ce détachement. Les <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/The-Restorative-Environment%3A-Nature-and-Human-Kaplan/84bb4e22b16ea2be45a79300bed28197103cd1d9">expériences en nature</a>, dans leur globalité, permettent d’immerger les consommateurs dans des contextes différents, rassurants, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0047287512461567">déconnectants</a>, et qui les ramènent à l’essentiel. La nature apaise, nous reconnecte à nos émotions, stimule nos capacités d’attention, et provoque un retour aux sources indéniable.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-nature-nous-fait-du-bien-les-scientifiques-expliquent-92959">Pourquoi la nature nous fait du bien, les scientifiques expliquent</a>
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<h2>Les univers sauvages</h2>
<p>Parmi l’ensemble des environnements naturels, les univers sauvages semblent avoir une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0160738318300975">place à part</a>, non seulement car ils sont particulièrement déconnectants, mais également car ils permettent aux touristes de reprendre la mesure de leur place dans l’univers et invitent à une humilité bienveillante :</p>
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<p>« Ces grands espaces, ce sentiment de puissance, et en même temps d’infériorité, humilité avec la montagne… Une déconnexion totale, on est vraiment sorti du réel. Il y a cette montagne qui vous écrase, quand vous voyez l’immensité, elle vous rend plus petit, elle vous rend humble… » (François).</p>
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<p>La puissance de l’univers sauvage a été identifiée dans des univers de montagne, comme dans les séjours au pôle Nord. Plus généralement, les vacances qui permettent un retour à l’essentiel en se rapprochant du tourisme d’aventure, avec un certain degré de survivalisme, permettent aux touristes de revenir à l’essentiel avec une rapidité évidente.</p>
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<p>« On revient aux choses de base, on se dit que finalement, on n’a pas besoin d’un grand confort, on n’a pas grand-chose dans le sac à dos, on a laissé toute notre maison, et puis, un bien-être, on revient à quelque chose de plus simple, de plus authentique voilà, authentique. » (Marjolaine)</p>
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<h2>Créer des occasions</h2>
<p>Si tous les touristes ne sont pas prêts à vivre des aventures intenses et rugueuses, les prestataires peuvent surfer sur cette corde pour provoquer des occasions de proximité avec la nature et de retour à l’essentiel adaptées aux attentes des touristes contemporains. Les touristes ne s’y trompent pas et l’émergence de produits insolites (maison dans les arbres, igloos, glamping et plus « simplement » le camping) permet aux touristes de se rapprocher de ce rêve d’aventure et de frugalité tout en gardant un certain niveau de confort.</p>
<p>La crise sanitaire récente a mis en lumière la quête de sens, mais c’était une tendance observée depuis plusieurs années déjà, et qui se traduit par la consommation de produits ayant des valeurs stables et rassurantes, car ancrées dans la tradition. La tendance vintage, l’authenticité, la frugalité, sont autant de dimensions qui apportent du sens et un ancrage face aux incertitudes de nos sociétés.</p>
<h2>Une proximité identitaire appréciée</h2>
<p>À la lumière de ces connaissances, certains territoires au sein même de l’hexagone peuvent offrir leur part d’exotisme car ils permettent un retour aux sources salvateur et des expériences ultra-déconnectantes.</p>
<p>La proximité physique entre lieu de résidence et lieu de vacances apporte aussi une <a href="https://www.afm-marketing.org/fr/content/14218-les-effets-de-la-proximit%C3%A9-sur-la-confiance-le-cas-des-produits-localis%C3%A9s">proximité identitaire</a> qui répond au besoin de sens et de réassurance du consommateur.</p>
<p>Plus particulièrement, les territoires ruraux sachant valoriser leurs valeurs authentiques, les territoires à fortes évocations naturelles, et les territoires de montagne vont pouvoir développer une offre en phase avec des attentes de déconnexion car leur identité est rassurante et reconnecte à l’essentiel.</p>
<p>Les études (qui portent généralement sur des séjours touristiques d’au moins une semaine) indiquent qu’il faut <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0261517718302607?via%3Dihub">trois jours pour se distancer de son quotidien</a>.</p>
<p>Ces trois jours semblent être une durée incompressible pour que le corps et l’esprit se détachent des stress variés du quotidien et se rendent disponibles pour nos vacances.</p>
<p>Aux termes de <em>staycation</em> (les vacances à la maison) on préfèrera celui de <a href="https://www.tourisme-espaces.com/doc/10429.locatourisme-chance-destinations.html">locatourisme</a> car il implique de quitter son domicile pour plus de deux nuits à minima, conformément à ce principe fondateur du détachement qui qualifie les vraies vacances. Il reste néanmoins à rappeler que l’accès aux vacances est frappé d’inégalités : en 2020 encore plus d’un <a href="https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/stats-tourisme/memento/2018/MEMENTO_TOURISME_Edtion2018-WEB.pdf">tiers des Français</a> ne prend pas de vacances.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140009/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Frochot a reçu des financements de Labex ITEM. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Lenglet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En vacances, on va chercher à quitter son quotidien dans ses dimensions les plus pesantes. Mais comment profiter des vacances à proximité de son domicile ?Isabelle Frochot, Maître de Conférences HDR - Comportement du Consommateur, Université Savoie Mont BlancFrançois Lenglet, Maître de conférences en sciences de gestion / marketing, Université Savoie Mont BlancLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.