tag:theconversation.com,2011:/global/topics/virus-24217/articlesvirus – The Conversation2024-03-25T16:42:48Ztag:theconversation.com,2011:article/2257222024-03-25T16:42:48Z2024-03-25T16:42:48ZFascinantes chauves-souris, leur tolérance à des virus mortels pour les humains<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/584140/original/file-20240325-28-ee54qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3645&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le système immunitaire des chauves-souris est très étudié. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/chauve-souris-frugivore-brune-et-noire-_PwCXdAMJAI">Peter Neumann/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les chauves-souris ont fait la une des médias avec l’émergence du SARS-CoV-2 qui aurait pour origine <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0506735102">l’un de leurs coronavirus</a>. Ce n’est pas la première émergence imputable à ces mammifères volants. En effet, lors de l’émergence du premier SARS-CoV en 2002 et d’un coronavirus voisin le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34105037/">MERS-CoV, en 2012</a>, le réservoir a été identifié parmi les chauves-souris. Au-delà des coronavirus, d’autres virus tels que les paramyxovirus Hendra et Nipah ont émergé en Asie touchant respectivement les chevaux et les porcs mais aussi les hommes pour les deux virus.</p>
<p>Le monde de la recherche s’est alors beaucoup préoccupé des virus ou bactéries que les chauves-souris hébergent, créant un biais laissant à penser qu’elles sont une des principales sources de pathogène pour l’humain. Elles sont supposées être réservoir de nombreux pathogènes qui ne les affectent pas mais qui sont graves voire mortels pour d’autres espèces. C’est l’étude de leur système immunitaire qui permet de mieux comprendre comment il leur permet de contenir suffisamment les pathogènes pour limiter leur effet nocif tout en ne les éliminant pas complètement, ce qui fait des chauves-souris un réservoir de certains pathogènes.</p>
<h2>Comment le système immunitaire des chauves-souris fonctionne-t-il ?</h2>
<p>D’une manière générale, le système immunitaire est le moyen de défense d’un organisme face à un agent pathogène. Il existe à des niveaux de complexité différents chez tous les vertébrés. Chez les mammifères, il fait intervenir différents mécanismes qui, globalement, peuvent se résumer à une immunité innée qui ne dépend pas de l’agent pathogène et une immunité spécifique qui y est adaptée.</p>
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<p>L’immunité innée permet une réaction plus rapide face à une infection en reconnaissant des molécules qui ne sont retrouvées que chez les agents pathogènes ou qui résultent des dégâts cellulaires qu’ils provoquent. Les évènements principaux de l’immunité innée sont l’activation de cellules spécialisées qui vont pouvoir « phagocyter » les agents pathogènes, libérer des molécules permettant la lyse des cellules atteintes et recruter d’autres cellules de l’immunité spécifique. Les lymphocytes T et B sont des cellules qui reconnaissent spécifiquement un agent pathogène qu’ils ont déjà rencontré. Les anticorps sécrétés par les lymphocytes B vont permettre la destruction ou la neutralisation des pathogènes alors que les lymphocytes T vont détruire spécifiquement les cellules infectées par le pathogène.</p>
<p>Le système immunitaire des chauves-souris fait intervenir les mêmes composants que ceux des autres mammifères avec une immunité innée et une immunité spécifique. Il est encore imparfaitement connu par rapport à celui de certains autres mammifères, particulièrement les espèces domestiques.</p>
<p>Il faut d’ailleurs ne pas extrapoler les connaissances acquises pour quelques espèces de chauves-souris au plus des 1400 espèces connues à travers le monde.</p>
<p>Elles sont en effet différentes sur de nombreux points : morphologiques, physiologiques et génétiques. Elles vivent dans des milieux très divers : de la forêt jusqu’aux toits des habitations humaines. Elles ont des régimes alimentaires très variés : exclusivement insectivores en Europe ou frugivores sur d’autres continents avec certaines espèces plus spécialisées (piscivores ou hématophages par exemple).</p>
<p>Ainsi, la plus petite, dite chauve-souris bourdon (<em>Craseonycteris thonglongyai</em>) pèse 2 grammes, mesure 3 cm de long et mange des insectes. Une des plus grosses est le Renard volant (<em>Pteropus giganteus</em>) dont l’envergure est de plus de 1,5 m pour un poids de 1,5 kg et une taille d’une trentaine de centimètres. Elle est frugivore.</p>
<h2>Une technique de vol qui consomme énormément d’énergie</h2>
<p>Malgré toutes ces différences, elles ont un point commun, le vol battu qui serait un élément clef pour expliquer l’évolution de leur système immunitaire. Le vol battu nécessite de battre des ailes comme de nombreux oiseaux par opposition au vol plané comme un vautour par exemple qui se laisse porter par l’air. Le vol battu mobilise une énergie très importante par leur organisme.</p>
<p>Cette consommation énergétique aboutit à la formation dans leurs cellules de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32117225/">composés oxydant néfastes</a> s’ils s’accumulent en trop grande quantité. Ainsi au cours de l’évolution, l’organisme des chauves-souris s’est adapté à fonctionner malgré la présence des métabolites oxydants qui provoqueraient des dégradations cellulaires importantes comme celles de l’ADN chez un autre Mammifère. Or, ces métabolites sont aussi ceux qui sont produits par des cellules agressées par une infection, particulièrement virale. Les pathogènes peuvent donc se répliquer sans que cela entraîne de dégâts trop importants : c’est la tolérance acquise en même temps que l’adaptation au vol. Dans le même temps, l’organisme de la chauve-souris doit tout de même empêcher que la réplication du pathogène ne devienne incontrôlable car le risque est qu’il prenne le dessus et envahisse complètement son organisme. D’autres mécanismes entrent alors en jeu.</p>
<p>Une fois de plus, les éléments qui vont être mis en œuvre sont les mêmes que pour les autres Mammifères mais le fonctionnement diffère. L’acteur clef est alors la molécule d’interféron. L’interféron a un rôle central dans l’immunité en réponse aux pathogènes, c’est une cytokine c’est-à-dire une des molécules qui permettent aux cellules de l’immunité d’échanger des signaux. Il est sécrété par les cellules du système immunitaire inné en réponse à une grande quantité d’acide nucléique étranger reconnu comme tel du fait de sa localisation et de sa structure.</p>
<p>L’interféron a une action directe contre les pathogènes et des actions indirectes par activation de certaines cellules comme les <em>Natural Killers</em> qui détruisent les cellules infectées et par initiation de l’immunité spécifique. Pour les chauves-souris, chez qui cela a pu être étudié, l’interféron n’a pas besoin d’être sécrété en réponse à une infection, son niveau est déjà élevé. L’impact sur le pathogène est donc immédiat, ce qui empêche le débordement de l’organisme par une multiplication précoce du pathogène. Le niveau d’interféron toléré par l’organisme de la chauve-souris ne le serait pas par un autre Mammifère. Chez l’humain, par exemple, un niveau d’interféron trop élevé provoque des effets secondaires directs comme la fatigue, l’arythmie cardiaque, l’hyperthermie et des effets plus indirects liés à la dérégulation du système immunitaire avec des phénomènes auto-immuns type lupus.</p>
<p>Tout n’est pas connu concernant le fonctionnement du système immunitaire des chauves-souris, loin s’en faut. Ainsi, le rôle de l’interféron pour l’ensemble des chauves-souris n’est pas équivalent avec d’autres cytokines qui pourraient intervenir en fonction des espèces et du pathogène incriminé.</p>
<p>Il semblerait que l’activation du système immunitaire innée soit régulée plus finement chez la chauve-souris limitant l’inflammation trop importante qui si elle détruit complètement le pathogène, a des effets délétères sur l’organisme. L’acteur principal en est l’inflammasome, association de récepteurs et d’enzymes permettant la production de diverses cytokines intervenant dans la réponse immunitaire innée. Cet inflammasome présent chez les chauves-souris et les autres mammifères fonctionne différemment avec un moindre emballement de celui des chauves-souris empêchant par exemple, l’orage cytokinique qui est la libération massive de ces molécules provoquant une atteinte de tous les organes et qui est présent pour certaines infections, dont le Covid-19.</p>
<p>De même, la réponse du système immunitaire spécifique n’est encore que très partiellement étudiée. Les études à son sujet chez la chauve-souris ont une approche génomique, c’est-à-dire que la présence des différents gènes est explorée mais sans pouvoir examiner le fonctionnement des différents produits de ces gènes. De nombreuses découvertes restent encore à venir.</p>
<h2>Tolérer les pathogènes plutôt que de les détruire</h2>
<p>Les connaissances acquises sur le système immunitaire des chauves-souris bien qu’imparfaites laissent supposer que la réponse à une infection est plutôt orientée vers la tolérance des pathogènes. Un équilibre se crée ainsi entre l’infection maintenue à un niveau acceptable par l’organisme tolérant de par son adaptation au vol et une réponse immunitaire finement régulée pour éviter un coût important en énergie et des effets délétères.</p>
<p>Ce fonctionnement aurait des conséquences au-delà des infections. Ainsi, les chauves-souris ont des durées de vie bien supérieures à ce qui est normalement retrouvé chez des mammifères de cette taille. Par exemple, une de nos espèces communes en Europe est la Pipistrelle (<em>Pipistrellus pipistrellus</em>) dont le poids moyen est de 5 ou 6 grammes et dont la durée de vie peut atteindre plus de 15 ans alors qu’une souris (<em>Mus musculus</em>) qui pèse 15 à 30 grammes aura une durée de vie maximale de 2 ans. Plusieurs pistes pour expliquer cette longévité sont encore en train d’être explorées et le processus de vieillissement est un phénomène très complexe. Les caractéristiques du vieillissement chez les mammifères sont entre autres, une moindre faculté de réparation de l’ADN des cellules et un phénotype inflammatoire exacerbé.</p>
<p>Les régulations immunitaires des chauves-souris orientées vers la tolérance et des réponses inflammatoires plus légères laissent pressentir un <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-21900-2">lien avec leur longévité</a>. Associé à cette longévité, le fait que les chauves-souris ne présentent pas de tumeurs et qu’elles présentent une capacité de réparation de leur ADN qui ne s’altère pas avec l’âge ouvre un grand champ de découvertes à venir dont l’humanité aurait à apprendre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225722/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Élodie Monchâtre-Leroy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les chauves-souris peuvent vivre en hébergeant des virus mortels pour les humains. Décryptage du fonctionnement de leur système immunitaire unique.Élodie Monchâtre-Leroy, Docteur vétérinaire, docteur de Microbiologie-Epidémiologie, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2251252024-03-05T16:08:16Z2024-03-05T16:08:16ZLa rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus mortelles et les plus contagieuses. Elle est aussi l’une des plus faciles à prévenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579897/original/file-20240228-16-96qj3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2119%2C1414&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées sont parmi les plus vulnérables à la rougeole.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/measles-royalty-free-image/534079149">(CHBD/E+ via Getty Images)</a></span></figcaption></figure><p>« On ne compte pas ses enfants tant que la rougeole n’est pas passée. »</p>
<p>Le <a href="https://www.nytimes.com/2022/11/05/health/samuel-katz-dead.html">Dr Samuel Katz</a>, l’un des pionniers du premier vaccin contre la rougeole à la fin des années 1950 et au début des années 1960, entendait régulièrement cette déclaration tragique de la part de parents vivant dans des pays où le vaccin contre la rougeole n’était pas encore disponible. Ils étaient en effet habitués à voir des enfants mourir à cause de cette maladie.</p>
<p>Je suis <a href="https://som.cuanschutz.edu/Profiles/Faculty/Profile/25677">pédiatre et expert en médecine préventive</a> et j’observe avec inquiétude l’augmentation du nombre de cas de rougeole dans le monde. <a href="https://www.cdc.gov/media/releases/2023/p1116-global-measles.html">Les taux de vaccination ont chuté</a> depuis les premiers jours de la pandémie de Covid-19 en raison des perturbations de l’accès aux vaccins, et de la diffusion d’informations erronées sur eux.</p>
<p>Rien qu’en 2022, il y a eu <a href="http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm7246a3">plus de 9 millions de cas de rougeole et 136 000 décès dans le monde</a>, soit une augmentation de 18 % et 43 % par rapport à l’année précédente, respectivement. L’Organisation mondiale de la santé a averti que <a href="https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/more-than-half-world-faces-high-measles-risk-who-says-2024-02-20/">plus de la moitié des pays du monde</a> courent un risque élevé d’épidémies de rougeole cette année.</p>
<p>Les États-Unis sont en voie de connaître l’une des pires années de rougeole depuis 2019, année où les Américains ont connu la <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">plus grande épidémie de rougeole en 30 ans</a>. À la mi-février 2024, <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">au moins 15 États</a> ont signalé des cas de rougeole et de multiples flambées en cours, non maîtrisées.</p>
<p>Au Québec, une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2054053/huit-cas-rougeole-quebec-vaccination#:%7E:text=Cas%20de%20rougeole%20au%20Canada&text=L%27Enqu%C3%AAte%20nationale%20sur%20la,ans%20ont%20re%C3%A7u%20deux%20doses.">dizaine de cas ont été confirmés ces derniers jours</a>, et la Santé publique est sur un pied d’alerte. </p>
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<figcaption><span class="caption">La rougeole est à nouveau en augmentation aux États-Unis, bien qu’elle ait été éliminée en 2000.</span></figcaption>
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<p>Tandis que les foyers d’épidémie se multiplient, les taux de vaccination aux États-Unis sont à leur <a href="http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm7245a2">plus bas niveau depuis 10 ans</a>. Au Canada, les taux demeurent élevés, mais <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole/surveillance-rougeole.html">ils sont inférieurs au niveau requis pour atteindre l’immunité communautaire dans certaines régions</a>, dont Montréal. </p>
<p>La diffusion de <a href="https://www.nbcnews.com/health/health-news/measles-outbreaks-anti-vaccine-misinformation-rcna136994">fausses informations et de désinformation</a> par des militants anti-vaccins, notamment sur les réseaux sociaux, renforce l’idée erronée que la rougeole n’est pas une menace sérieuse pour la santé et que la vaccination n’est pas essentielle. </p>
<p>Pourtant, les faits sont clairs : la rougeole est <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole.html">extrêmement dangereuse</a> pour tout le monde, en particulier pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Mais il existe des outils simples et efficaces pour la prévenir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-tiers-des-parents-hesitent-a-faire-vacciner-leurs-enfants-trois-pistes-pour-les-convaincre-116879">Le tiers des parents hésitent à faire vacciner leurs enfants : trois pistes pour les convaincre</a>
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<h2>La rougeole est une maladie grave</h2>
<p>La rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité. Avant qu’un vaccin ne soit disponible en 1963, environ 30 millions de personnes étaient infectées par la rougeole et <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2024.102502">2,6 millions de personnes mouraient de la maladie</a> chaque année dans le monde. Aux États-Unis, la rougeole a été responsable d’environ 3 à 4 millions d’infections. Parmi les cas déclarés, on compte 48 000 hospitalisations, 1 000 cas d’encéphalite (gonflement du cerveau) et 500 décès <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/history.html">chaque année</a>.</p>
<p>La rougeole est également l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses. Selon les Centers for Disease Control and Prevention, <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/parents-top4.html">jusqu’à 9 personnes sur 10</a> exposées à une personne infectée le deviendront si elles ne sont pas protégées par les vaccins. Le virus de la rougeole peut rester dans l’air et infecter d’autres personnes jusqu’à deux heures après qu’une personne contagieuse a quitté la pièce. La rougeole peut également demeurer silencieuse chez une personne pendant une <a href="https://www.cdc.gov/vaccines/pubs/surv-manual/chpt07-measles.html">à deux semaines et parfois jusqu’à 21 jours</a> avant que les symptômes ne se manifestent. Les personnes infectées peuvent <a href="https://www.cdc.gov/measles/transmission.html">propager la rougeole</a> jusqu’à quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée caractéristique, et jusqu’à quatre jours après.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan de l’abdomen avec éruption rouge de la rougeole" src="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’un des symptômes caractéristiques de la rougeole est une éruption cutanée qui s’étend du visage au reste du corps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/details.aspx?pid=3168">(CDC/Heinz F. Eichenwald, MD)</a></span>
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<p>Les <a href="https://www.cdc.gov/measles/symptoms/signs-symptoms.html">premiers symptômes</a> de la rougeole sont similaires à ceux de nombreuses autres maladies virales courantes : fièvre, toux, écoulement nasal et yeux rouges. Plusieurs jours après le début des symptômes, de minuscules taches blanches caractéristiques se développent à l’intérieur de la bouche et une éruption cutanée, qui débute au niveau du visage, s’étend au reste du corps. </p>
<p>Bien que les symptômes s’atténuent dans la plupart des cas, un enfant non vacciné sur cinq sera hospitalisé, un sur mille développera un gonflement du cerveau pouvant entraîner des lésions cérébrales, et <a href="https://www.cdc.gov/measles/symptoms/complications.html">jusqu’à 3 sur mille en mourront</a>. Pour les femmes enceintes non vaccinées, l’infection par la rougeole peut entraîner une fausse couche, une mortinaissance, une naissance prématurée et un faible poids à la naissance.</p>
<p>Le risque de complications graves dues à la rougeole persiste même après la guérison. Dans de rares cas, les personnes atteintes peuvent souffrir d’une maladie cérébrale appelée <a href="https://www.ninds.nih.gov/health-information/disorders/subacute-sclerosing-panencephalitis#">panencéphalite sclérosante subaiguë</a> qui se développe sept à dix ans après l’infection. Elle entraîne des pertes de mémoire, des mouvements involontaires, des crises d’épilepsie, la cécité et, finalement, la mort.</p>
<p>Au-delà de ces effets individuels sur la santé, le <a href="https://www.idsociety.org/science-speaks-blog/2022/estimating-the-impact-how-much-does-a-measles-outbreak-cost/#/+/0/publishedDate_na_dt/desc/">coût financier</a> pour la société, lorsqu’elle doit endiguer des flambées de rougeole, est important. Par exemple, on estime qu’une épidémie de rougeole survenue en 2019 dans l’État de Washington a coûté <a href="https://doi.org/10.1542/peds.2020-027037">3,4 millions de dollars</a>. Les efforts nécessaires pour lutter contre les épidémies de rougeole mobilisent des millions de dollars de ressources qui ne sont pas consacrées à d’autres fonctions essentielles de la santé publique, telles que la sécurité alimentaire, la prévention des blessures et des maladies chroniques, et la réponse aux catastrophes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-biais-cognitifs-influencent-lhesitation-vaccinale-172374">Comment les biais cognitifs influencent l'hésitation vaccinale</a>
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<h2>Les vaccins protègent contre la rougeole</h2>
<p>Pourquoi mettre les communautés en danger et provoquer de tels coûts alors que des outils efficaces et sûrs sont disponibles pour protéger tout le monde ?</p>
<p>Les vaccins contre la rougeole ont été si efficaces, offrant une protection à vie à <a href="https://www.cdc.gov/measles/vaccination.html">plus de 97 % des personnes</a> qui ont reçu deux doses de vaccin, qu’ils sont victimes de leur propre succès. La vaccination généralisée contre la rougeole a permis de réduire de 99 % le nombre de cas par rapport à la période précédant la mise à disposition du vaccin. Par conséquent, la plupart des Nord-Américains ne sont pas conscients de la gravité de cette maladie.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Personne regardant la fiche d’information de Florida Health sur la rougeole et le vaccin ROR" src="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La rougeole est une maladie hautement évitable.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/measles-information-sheet-is-seen-posted-at-the-orange-news-photo/1141724959">(Paul Hennessy/NurPhoto via Getty Images)</a></span>
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</figure>
<p>Malgré le succès des programmes de vaccination très efficaces en Amérique du Nord, n’importe qui peut encore entrer en contact avec la rougeole dans sa communauté. La rougeole est le plus souvent introduite en Amérique du Nord par des <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/parents-top4.html">voyageurs non vaccinés</a> qui rentrent chez eux, et parfois par des visiteurs étrangers. Pour les personnes qui voyagent à l’étranger, le risque d’exposition à la rougeole est encore plus grand, des flambées épidémiques se produisant dans de <a href="https://wwwnc.cdc.gov/travel/notices/level1/measles-globe">nombreuses destinations de voyage</a>.</p>
<p>Les responsables de la santé publique qui adoptent et encouragent la vaccination et appliquent des mesures simples et éprouvées d’endiguement des maladies infectieuses peuvent contribuer à prévenir la propagation de la rougeole. Chaque maladie, complication, hospitalisation ou décès évitable dû à la rougeole est un cas de trop.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225125/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Higgins est affilié à Immunize Colorado, une organisation à but non lucratif qui s'efforce de protéger les familles, les écoles et les communautés du Colorado contre les maladies évitables par la vaccination (membre bénévole non rémunéré du conseil d'administration) et à l'American Academy of Pediatrics (représentant bénévole non rémunéré de la section du Colorado chargée de l'immunisation).</span></em></p>Un pédiatre explique comment les vaccins contre la rougeole sont devenus les victimes de leur propre succès, et le risque que l’augmentation des épidémies représente pour tous et toutes.David Higgins, Research Fellow and Instructor in Pediatrics, University of Colorado Anschutz Medical CampusLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2238972024-03-05T15:59:53Z2024-03-05T15:59:53ZComment les antibiotiques fonctionnent-ils ?
<p><em>Chaque semaine, nos scientifiques répondent à vos questions.</em></p>
<p><em><a href="https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdior67a7Z5bsoJKoMtltxJ-q9EUW1WneDbrNIWpNZUMJsxkA/viewform">N'hésitez pas à nous écrire</a> pour poser la vôtre et nous trouverons la meilleure personne pour vous répondre.</em></p>
<p><em>Et bien sûr, les questions bêtes, ça n'existe pas !</em></p>
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<p>Partout sur Terre vivent de minuscules créatures invisibles à l’œil nu : les bactéries. Elles sont 100 fois plus petites qu’un millimètre et ne comptent qu’une seule cellule. On les trouve en grand nombre sur et dans notre corps. La plupart d’entre elles ne nous font pas de mal et nous donnent même un coup de main. Par exemple, elles digèrent certains composants alimentaires que nous ne pouvons pas digérer nous-mêmes, comme les fibres des fruits et des légumes.</p>
<p>Mais très occasionnellement, des bactéries plus dangereuses croisent notre chemin. Et celles-ci n’ont qu’un seul but : utiliser nos cellules, le plus petit élément de notre corps, pour se multiplier. C’est alors qu’elles nous rendent malades.</p>
<p>Normalement, notre corps est assez fort pour faire face à un tel intrus indésirable. Nous disposons d’un <a href="https://www.cea.fr/comprendre/Pages/sante-sciences-du-vivant/essentiel-sur-systeme-immunitaire.aspx">système immunitaire</a> composé de soldats puissants qu’on appelle les globules blancs, dotés d’un arsenal d’armes chimiques. Ils reconnaissent l’envahisseur et le détruisent. Ils trouvent facilement leurs cibles grâce à des anticorps qui marquent l’intrus comme un post-it moléculaire. Et pourtant, parfois, même ces armes ne parviennent pas à tuer la bactérie !</p>
<p>Heureusement, les médecins disposent d’un outil spécial pour donner un coup de pouce à notre corps : les antibiotiques. Ce mot signifie littéralement contre (« anti ») et organisme vivant (« biote »). Les antibiotiques sont des substances chimiques spéciales qui se présentent sous de nombreuses formes. Nous avons découvert la plupart d’entre eux en étudiant l’interaction entre des bactéries et d’autres organismes.</p>
<p>C’est comme ça que le médecin écossais <a href="https://www.legiondhonneur.fr/fr/decores/alexander-fleming/724">Alexander Fleming</a> a découvert le premier antibiotique en 1928. Il est parti pour deux semaines de vacances, en oubliant une plaque de bactéries dans son laboratoire. À son retour, il constate qu’un champignon s’est développé sur la plaque. Mais autour de ce champignon, aucune trace de bactéries ! Ce champignon produisait donc une substance qui stoppe la croissance des bactéries. Ce champignon porte le nom de <em>Penicillium</em>, le nom du premier antibiotique était donc tout trouvé : la pénicilline.</p>
<p>Depuis, un <a href="https://www.sante.fr/les-antibiotiques-0">grand nombre d’antibiotiques différents a été découvert</a>. Les scientifiques les classent principalement en deux groupes. Ceux qui tuent les bactéries ou ceux qui les empêchent de se multiplier, ce qui permet à notre système immunitaire de gagner plus facilement la bataille.</p>
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<p><em>Pour satisfaire votre curiosité :</em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/comment-un-bebe-peut-il-apprendre-deux-langues-en-meme-temps-225929">Comment un bébé peut-il apprendre deux langues en même temps ?</a></em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-biere-mousse-t-elle-moins-quand-on-penche-le-verre-223691">Pourquoi la bière mousse-t-elle moins quand on penche le verre ?</a></em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/pourquoi-a-t-on-des-courbatures-apres-une-seance-de-sport-221643">Pourquoi a-t-on des courbatures après une séance de sport ?</a></em></p>
<hr>
<p>Les antibiotiques agissent sur des molécules ou des structures uniques aux bactéries et qui n’existent pas chez l’humain. C’est pour cela que les antibiotiques sont aussi efficaces et qu’ils ne rentrent que très peu en conflit avec les cellules du corps humain.</p>
<p>Les bactéries ont une paroi cellulaire qui est construite par des protéines spéciales qui travaillent ensemble, comme dans une petite usine. Chaque protéine a sa tâche, et si l’une d’entre elles manque, les choses tournent mal pour la bactérie. Un grand nombre d’antibiotiques comme la <a href="https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/beta-lactamines-penicillines-cephalosporines">pénicilline cible donc certaines de ces protéines et empêche la production et l’intégrité de la paroi cellulaire</a>. Cela crée des trous et la bactérie meurt.</p>
<p>D’autres antibiotiques empêchent la duplication du plan de construction d’une nouvelle bactérie. En l’absence d’un tel plan, une bactérie ne peut pas se développer. Un exemple est la <a href="https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/quinolones">classe des quinolones</a> dont la ciprofloxacine fait partie, qui sont des antibiotiques efficaces contre les infections de la vessie, de la peau ou des oreilles.</p>
<p>Si on a un rhume ou une grippe, il faut savoir que ces maladies sont causées par des envahisseurs encore plus petits que l’on appelle des virus. <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/medicaments/comprendre-les-differents-medicaments/antibiotiques-antiviraux">Et les antibiotiques ne peuvent rien contre eux</a>) car ils ne contiennent pas leurs cibles. Dans ce cas, il ne reste qu’à être patient.</p>
<p>Bien que les antibiotiques permettent de se débarrasser de toute une série de bactéries hostiles, certaines d’entre elles ont trouvé des moyens d’y échapper ou de les éliminer. Par exemple, en mettant au point de petites pompes qui éliminent directement les antibiotiques ! <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-antibiotiques-a-l-antibioresistance/article/l-antibioresistance-pourquoi-est-ce-si-grave">On parle de résistance aux antibiotiques</a>, un problème qui est exacerbé, entre autres, par une mauvaise utilisation ou surutilisation des antibiotiques.</p>
<p><a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/antimicrobial-resistance/">Il est estimé qu’en Europe, environ 35 000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques</a>. Heureusement, pour l’instant, nous disposons de tout un arsenal divers et varié qui permet de se débarrasser de ces envahisseurs, dans la plupart des cas. Néanmoins, les médecins recommandent fortement qu’il va falloir être plus prudent dans notre utilisation des antibiotiques afin d’éviter que les bactéries ne deviennent résistantes à tout type d’antibiotique à l’avenir.</p>
<p>Les chercheurs continuent à travailler méticuleusement pour avoir toujours une longueur d’avance sur les bactéries. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que ces créatures invisibles sont capables de beaucoup !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pieter Vancamp ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>« Les antibiotiques c’est pas automatique », mais ce sont des médicaments très efficaces contre les bactéries.Pieter Vancamp, Post-doctorant, neurobiologiste et spécialiste en physiologie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2231012024-02-19T14:55:01Z2024-02-19T14:55:01ZHuîtres contaminées au norovirus : les limites des dispositifs de surveillance<p>Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/huitres-88863">huîtres</a> dont la vente avait été suspendue en décembre dernier sur plusieurs sites de production, et notamment sur le <a href="https://www.gironde.gouv.fr/Actualites/Communiques-de-presse/Communiques-de-presse-2024/Janvier-2024/Levee-de-l-interdiction-temporaire-des-coquillages">Bassin d’Arcachon</a>, sont revenues sur les étals mi-janvier.</p>
<p>Petit retour sur l’enchaînement des évènements qui a conduit à leur interdiction entre <a href="https://theconversation.com/fr/topics/noel-63210">Noël</a> et le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/nouvel-an-80568">Nouvel An</a> :</p>
<p>Le samedi 23 décembre 2023 débutent les vacances scolaires des fêtes de fin d’année. Le menu des repas se précise : on compte le nombre de convives pour la commande des huîtres. Récupérés chez les ostréiculteurs, les poissonniers ou en grandes surfaces, les huîtres sont majoritairement consommées crues et vivantes.</p>
<p>À noter qu’en France l’espèce d’huître majoritairement élevée est la <em>Crassostrea gigas</em>, huître creuse originaire du Japon. L’huître plate européenne, <em>Ostrea edulis</em>, est moins courante sur les parcs à huîtres et dans les étals.</p>
<p>Le 24 au soir, puis le 25 à midi, les amateurs se régalent. Dès le 25 décembre, les premiers symptômes de <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/gastro-enterite-adulte">gastroentérites</a> se déclarent, réclamant parfois les services des urgences. Pour nombre de familles, c’est tout d’abord l’incompréhension, puis les soupçons se portent sur les huîtres.</p>
<h2>Décembre 2023 : des interdictions de vente sur plusieurs sites</h2>
<p>Le mercredi 27 décembre, à Bordeaux, le préfet de la Gironde signe un <a href="https://www.atlas-sanitaire-coquillages.fr/sites/default/files/arrete/AP%202023-12-27%20Interdiction%20p%C3%AAche%20r%C3%A9colte%20commercialisation%20coquillages%20Bas%E2%80%A6%20cachon.pdf">arrêté</a> suspendant toute activité pouvant mener à la consommation des coquillages du Bassin d’Arcachon jusqu’à la <a href="https://www.gironde.gouv.fr/Actualites/Communiques-de-presse/Communiques-de-presse-2024/Janvier-2024/Levee-de-l-interdiction-temporaire-des-coquillages">levée de l’interdiction</a>, 28 jours après la dernière contamination connue des autorités de santé.</p>
<p>Les fêtes ont également été gâchées pour les ostréiculteurs du Calvados, où l’interdiction de consommation a débuté fin décembre, ainsi que pour les ostréiculteurs de Loire-Atlantique <a href="https://www.plateforme-sca.fr/ndeg103-12-janvier-2024">dès début décembre</a>.</p>
<p>Les ostréiculteurs ont été accusés, notamment par une association de défense de l’environnement, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/12/huitres-d-arcachon-contaminees-beaucoup-savaient-une-association-porte-plainte_6210462_3244.html">d’avoir commercialisé les huîtres alors qu’ils « savaient »</a>, selon l’association, qu’elles étaient contaminées.</p>
<p>De l’autre côté, les <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/reportage-les-ostreiculteurs-du-bassin-d-arcachon-soulages-par-la-fin-de-l-interdiction-de-la-vente-d-huitres-pointent-la-gestion-des-eaux-usees_6313275.html">ostréiculteurs se revendiquent victimes de la gestion des eaux du bassin versant et demandent à être indemnisés</a> pour les pertes économiques subies… sachant que leurs huîtres ne sont pas « malades ».</p>
<p>Porteuses saines (cliniquement saines mais portant des éléments pathogènes), les huîtres ne font que transmettre le virus, en l’occurrence un <a href="https://www.anses.fr/fr/content/eviter-intoxications-alimentaires-norovirus">norovirus</a>, à celles et ceux qui les consomment.</p>
<p>Le problème s’était déjà produit sur la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/16/les-conchyliculteurs-de-l-etang-de-thau-attaquent-la-ville-de-sete-pour-atteinte-a-l-environnement_6158101_3244.html">lagune de Thau à Noël 2022</a> et dans d’autres bassins de production les années précédentes. Alors, que s’est-il passé ? Pourquoi le même problème subsiste-t-il ? N’y a-t-il pas une surveillance sanitaire accrue des huîtres en période de fêtes ?</p>
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<p>Les huîtres sont des <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00014/12517/9372.pdf#page=2">bivalves filtreurs</a> : leur corps mou est protégé par deux parties (valves) calcaires articulées par une charnière. Elles se nourrissent des microorganismes (principalement des phytoplanctons, microalgues en suspension…) présents dans l’eau, qu’elles filtrent à travers leurs branchies. Elles sont capables de filtrer environ 4,5 l par heure.</p>
<h2>Des coquillages bioaccumulateurs… consommés crus</h2>
<p>Les huîtres sont qualifiées de <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00729/84082/89005.pdf">« sentinelles »</a> de leur environnement. Comme ces coquillages ont la capacité de concentrer certains microéléments de l’environnement, ils peuvent être utilisés comme bioaccumulateurs afin de dépolluer une zone spécifique, un <a href="https://www.billionoysterproject.org/">projet</a> est par exemple mené dans ce sens dans le port de New York.</p>
<p>Ces qualités posent néanmoins problème quand les huîtres sont élevées pour leur chair : les consommateurs sont alors exposés à des risques sanitaires en raison des pollutions chimiques, biologiques, microbiologiques, virales, etc., qui touchent les eaux littorales.</p>
<p>Les risques sont d’autant plus importants que les huîtres sont mangées crues. En France métropolitaine, une surveillance a été mise en place à partir des années 1980 par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (<a href="https://www.ifremer.fr/fr">Ifremer</a>) et les eaux sont contrôlées régulièrement. Au total, cinq réseaux sont déployés sur toute la France qui permettent de déterminer la qualité sanitaire de l’eau et des coquillages (<a href="https://littoral.ifremer.fr/Reseaux-de-surveillance">Réseaux de surveillance Ifremer</a>).</p>
<h2>Une surveillance des eaux et des huîtres</h2>
<p>Une nomenclature a été proposée à partir de la <a href="https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/74/protection-et-gestion-des-eaux">directive-cadre européenne sur l’eau</a>, au regard des concentrations de la bactérie <em>Escherichia coli</em> <a href="https://theconversation.com/aliments-contamines-par-la-bacterie-e-coli-quels-effets-sur-la-sante-et-comment-prevenir-les-infections-185176">dont certaines souches sont potentiellement pathogènes</a> et peuvent mener à des symptômes comme des crampes abdominales ou des diarrhées.</p>
<p>Des règles sont alors appliquées dans les élevages de coquillages pour que la santé des consommateurs ne soit pas en danger. Outre les contrôles concernant les substances qui influent sur la santé humaine, la santé des coquillages fait également l’objet d’une surveillance avec le <a href="https://ged.cnc-france.com/share/proxy/alfresco-noauth/api/internal/shared/node/sRj-vKzaSOm8eXUgO7qmpw/content/Plaquette%20de%20pr%C3%A9sentation%20Repamo.pdf">réseau REPAMO</a>. Les analyses des résultats permettent l’édition régulière de bulletins de surveillance transmis aux professionnels via leurs représentants.</p>
<p>Lorsque les mesures dépassent les seuils autorisés, une <a href="https://www.calameo.com/read/006961968531b1e70d151">alerte est émise par l’Ifremer tandis que le laboratoire départemental vétérinaire réalise un nouveau prélèvement</a> pour vérifier si la contamination persiste. Les mesures à mettre en place selon le niveau d’alerte seront prises par arrêté préfectoral. Par exemple, le niveau 0 d’alerte pour les concentrations en <em>E. coli</em> correspond à de la prévention face à des pluies importantes ou à des pollutions identifiées.</p>
<p>En parallèle, dans les réseaux d’expédition de coquillages, des prélèvements systématiques sont réalisés par les services vétérinaires pour certifier la qualité des produits proposés. Chaque lot d’huîtres est accompagné d’une étiquette sanitaire qui permet une bonne traçabilité des coquillages et une identification rapide de leur provenance en cas de contamination. Les huîtres sont donc étroitement surveillées et les épidémies d’origine bactérienne sont généralement évitées.</p>
<h2>Des norovirus difficiles à détecter</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Basée sur des images de microscopie électronique (ME), l’illustration est une représentation graphique tridimensionnelle (3D) d’un certain nombre de virions de norovirus de couleur bleue, sur un fond noir" src="https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/575017/original/file-20240212-26-xbanj3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Représentation graphique 3D de virions de norovirus basée sur des images de microscopie électronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=21347">CDC/Jessica A. Allen</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sauf que les malades déclarés cet hiver n’étaient pas contaminés par <em>E. coli</em>. Ils ont montré des symptômes de gastroentérites en raison de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0273Fi.pdf">norovirus</a>.</p>
<p>La transmission des norovirus par les huîtres est facilitée par la tendance à sélectionner <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00044/15550/12937.pdf">certaines souches</a>, ce qui favorise la transmission à l’humain. De plus, ces virus ne font pas l’objet d’un suivi sanitaire systématique comme les bactéries : ils sont en effet beaucoup plus complexes à détecter. C’est pourquoi l’interdiction de vente ne se fait qu’après la déclaration de malades.</p>
<p>La saisonnalité de ces virus est très marquée : la plupart des épidémies survient l’hiver, d’où l’apparition du problème principalement lors des fêtes de fin d’année. Ils sont en outre résistants à certains traitements d’épuration et suffisamment stables pour persister dans l’environnement. Les épidémies hivernales induisent alors des charges virales importantes dans les eaux usées, puis dans les eaux littorales.</p>
<h2>Cercle vicieux de contaminations humaines et des eaux… filtrées par les huîtres</h2>
<p>L’hiver est la saison la plus pluvieuse dans la majorité des régions françaises. Ces pluies entrainent des <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00060/17118/14630.pdf">dysfonctionnements dans les réseaux d’assainissement</a>. Se forme alors un cercle vicieux : les populations humaines sont malades donc des virus sont concentrés dans les eaux usées ; les pluies font dysfonctionner les réseaux d’épuration donc les virus passent dans les eaux littorales avec des charges virales fortes ; les huîtres filtrent l’eau et concentrent les virus ; les consommateurs mangent ces huîtres et l’eau qu’elles contiennent donc ils et elles tombent malades et contaminent leurs proches ; ce qui accroît la charge virale dans les eaux usées.</p>
<p>Une partie des malades se rend chez le médecin, et à partir de deux personnes présentant les symptômes de la gastroentérite ayant consommé le même repas, le médecin déclarera une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) <a href="https://www.formulaires.service-public.fr/gf/cerfa_12211_02.do">via ce formulaire</a> envoyé à l’Agence régionale de santé.</p>
<p>Une enquête est menée pour identifier l’aliment puis des mesures sont prises pour le retirer de la vente, ce qui permettrait de briser la boucle de contamination. Dans le cas des huîtres, un arrêté préfectoral est signé pour l’interdiction de l’ensemble des actions pouvant mener à leur commercialisation.</p>
<h2>Impuissance et colère des ostréiculteurs</h2>
<p>La colère et le sentiment d’injustice qu’expriment les ostréiculteurs proviennent principalement de leur impuissance dans la gestion de la charge virale présente dans l’eau, et de l’incertitude qu’ils et elles ressentent face à ce risque. Les fêtes de fin d’année représentent près de 50 % de leur chiffre d’affaires, d’où leur question : <a href="https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/huitres-interdites-a-la-vente-qui-va-payer-l-addition-s-interrogent-les-producteurs-en-colere-7900336534">« Qui va payer l’addition ? »</a>.</p>
<p>Cependant, les alertes sur les pluviométries importantes et les potentiels dysfonctionnements des stations d’épuration, surtout l’hiver, peuvent signaler une augmentation du risque d’épidémie par des norovirus. Ces épidémies peuvent donc a priori être anticipées. Pour autant, les huîtres ne sont pas autorisées – pour le moment – à être stockées dans des bassins en circuit fermé en vue de leur vente et ces zones de stockage ont par ailleurs un coût élevé d’installation et d’entretien.</p>
<h2>Tout le monde est perdant… sauf les huîtres</h2>
<p>Finalement tout le monde est perdant, sauf les huîtres : les consommateurs et leurs proches sont malades, les ostréiculteurs perdent beaucoup d’argent (directement et indirectement car cela affecte la réputation de leurs produits), les services de l’État et les gestionnaires des eaux usées sont pris en étau comme responsables.</p>
<p>Mais les huîtres peuvent rester en vie plus longtemps car, même si elles ne sont pas elles-mêmes malades, elles ne seront pas consommées sur la période… Leur répit n’est toutefois que de courte durée, puisque trois semaines après l’interdiction de vente, les mêmes huîtres seront proposées sur les étals, cette fois sans risques de maladies pour les consommateurs.</p>
<p>Les huîtres auront naturellement relargué les virus par la suite détruits par un séjour prolongé dans l’eau de mer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223101/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>DULAT Julie a reçu les financements suivants : l'allocation de recherche doctorale de l’ED60 (Université Paul Valéry Montpellier 3), la bourse d’études de la Fondation Soroptimist International pour l’année 2022-23, la bourse de recherche « Trophée Minerva » de la Fondation F.Initiativas pour l’année 2022-23, ainsi que les bourses de mobilité du Collège Doctoral Languedoc-Roussillon, de l’ED60 et de l’UMR SENS.
</span></em></p>En décembre, la vente d’huîtres contaminées par des norovirus a été interdite car leur consommation provoque des gastroentérites. Des dispositifs existent pourtant pour anticiper les épidémies.Julie Dulat, Doctorante en anthropologie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2220312024-01-31T16:01:30Z2024-01-31T16:01:30ZHausse des cas d’infection invasive au streptocoque A : comment il se propage, et les symptômes à surveiller<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/571469/original/file-20240122-27145-c07mvm.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C48%2C1968%2C1488&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une augmentation des cas d’infection causée par le streptocoque du groupe A a été observée dans plusieurs pays, dont le Canada.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID))</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Une hausse rapide des cas de maladies graves à streptocoque du groupe A — également appelé Streptococcus pyogenes ou streptocoque A — a récemment fait la une des médias. Le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2042368/grippe-Covid-symptome-maldie-infection">nombre de décès</a> dus à cette infection est aussi plus élevé que d’habitude, y compris chez les enfants, et les gens se demandent pourquoi et comment ces infections se propagent, et quels sont les symptômes à surveiller.</p>
<p>Peu après la diminution du nombre d’infections par la Covid-19 dans le monde, on a assisté à une <a href="https://www.bbc.com/news/health-64122989">hausse considérable</a> du nombre de patients diagnostiqués avec des maladies causées par le streptocoque du groupe A dans différentes régions de la planète.</p>
<p>Au Canada, Santé publique Ontario signale actuellement une forte augmentation des cas <a href="https://www.publichealthontario.ca/-/media/Documents/I/2023/igas-enhanced-epi-2023-2024.pdf">d’infections invasives à streptocoque du groupe A</a>. Une <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON429">hausse similaire</a> a été constatée dans plusieurs pays d’Europe, touchant principalement les enfants de moins de 10 ans.</p>
<p>Pourquoi cette bactérie est-elle soudainement devenue un enjeu mondial ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, il est essentiel de connaître certaines caractéristiques de la maladie. Le streptocoque du groupe A affecte exclusivement les humains et se propage par des <a href="https://doi.org/10.1016/S2666-5247(21)00332-3">gouttelettes en suspension dans l’air ainsi que par contact de personne à personne</a>. <a href="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"></a></p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue microscopique d’une bactérie du groupe A Streptococcus" src="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le streptocoque du groupe A possède plusieurs facteurs qui favorisent l’infection et lui permettent d’envahir et de coloniser différents tissus, et d’y survivre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Parmi les maladies causées par cet organisme, on trouve des infections des voies respiratoires telles que l’amygdalite et la pharyngite (symptômes de <a href="https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-public/strep-throat.html">l’angine streptococcique</a> classique), ainsi que des infections cutanées superficielles et d’autres, connues sous le nom de <a href="https://doi.org/10.4103%2F1947-2714.101997">pyodermite</a>.</p>
<p>Dans certains cas, le streptocoque A peut engendrer des infections invasives mettant la vie des patients en danger, telles que la <a href="https://www.healthlinkbc.ca/sites/default/files/documents/healthfiles/hfile60-f.pdf">fasciite nécrosante</a>, la <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/medecine-septicemie-8149/">septicémie</a> (empoisonnement du sang) et le <a href="https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-public/streptococcal-toxic-shock-syndrome.html">syndrome de choc toxique streptococcique</a>.</p>
<p>Pour causer un aussi large éventail de maladies dans différentes parties du corps, la bactérie dispose de plusieurs facteurs qui favorisent l’infection et lui permettent d’envahir et de coloniser différents tissus et d’y survivre. Il s’agit notamment de molécules, telles que les superantigènes, les exotoxines et les adhésines, qui aident les agents pathogènes à échapper au système immunitaire de l’hôte.</p>
<p>Un nouveau variant du streptocoque du groupe A, nommé M1UK, <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(19)30446-3">a été d’abord rapporté au Royaume-Uni</a>, où il a été associé à une augmentation des cas de scarlatine et d’infections invasives.</p>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-023-36717-4">bactéries de la sous-lignée M1UK</a> possèdent la capacité de stimuler l’expression du superantigène SpeA grâce à une seule mutation génétique. La surproduction de SpeA pourrait être responsable de la hausse de la transmission et de la survie du pathogène, ainsi que de l’agressivité de la maladie, bien que cela soit encore à l’étude.</p>
<h2>Comment expliquer le pic de cas actuel ?</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1542/peds.2009-2648">Environ 10 % des enfants d’âge scolaire</a> sont porteurs de cette bactérie dans la gorge et les voies respiratoires supérieures, sans présenter de symptômes, et développent avec le temps une certaine immunité contre le streptocoque A.</p>
<p>Pendant la pandémie de Covid-19, il est probable que les enfants n’aient pas été exposés autant qu’à l’habitude à cette bactérie, de sorte que leur système immunitaire n’est <a href="https://doi.org/10.1016%2FS0262-4079(21)00716-8">sans doute pas aussi performant pour lutter</a> contre celle-ci et qu’ils pourraient y être plus vulnérables.</p>
<p>La propagation de la nouvelle souche M1UK pourrait être également à l’origine de l’augmentation du nombre de cas, mais cela demeure à vérifier.</p>
<h2>Doit-on s’inquiéter de cette hausse ?</h2>
<p>De manière générale, les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter outre mesure, car les infections graves dues au streptocoque du groupe A sont rares.</p>
<p>Toutefois, il est important de prendre l’angine à streptocoque au sérieux, de consulter un médecin et de se méfier des symptômes qui pourraient indiquer une infection invasive. Sans traitement, cette bactérie peut engendrer divers problèmes, tels que des infections invasives.</p>
<p>Comment se protéger et quand consulter un médecin ?</p>
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<img alt="Un professionnel de la santé hors cadre prélève un échantillon de la gorge d’une jeune fille" src="https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un test de dépistage rapide permet de diagnostiquer l’angine à streptocoque. En cas de résultat positif, on peut prescrire des antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Comme le streptocoque du groupe A est courant et que de nombreux porteurs sont asymptomatiques, il est difficile de ne pas y être exposé. On recommande une bonne hygiène des mains, de se couvrir quand on tousse et qu’on éternue, de rester à la maison si on est malade et de ne pas envoyer ses enfants à l’école s’ils ont très mal à la gorge.</p>
<p>Si vous pensez souffrir d’une <a href="https://www.aboutkidshealth.ca/Article?contentid=11&language=French">infection à streptocoque</a>, notamment si vous avez la gorge douloureuse et de la difficulté à avaler, si vous avez de la fièvre, un gonflement des amygdales ou une éruption cutanée, consultez un médecin de famille afin de déterminer s’il s’agit d’une infection à streptocoque du groupe A. Un <a href="https://www.healthlinkbc.ca/tests-treatments-medications/medical-tests/rapid-strep-test-strep-throat">test de dépistage rapide</a> peut être effectué en prélevant un échantillon dans la gorge. S’il s’avère positif, le médecin peut prescrire des antibiotiques.</p>
<p>Les infections invasives à streptocoque du groupe A sont très dangereuses et constituent une urgence médicale, même si les premiers symptômes ne sont pas toujours clairs. Il peut s’agir de fièvre, de frissons, de symptômes grippaux, de nausées ou de vomissements, mais surtout d’infections cutanées rouges et chaudes qui peuvent être très douloureuses et se répandre rapidement.</p>
<p>Des données solides indiquent que des <a href="https://doi.org/10.1542/peds.105.5.e60">maladies virales antérieures, telles que la varicelle</a>, peuvent prédisposer à l’infection invasive au streptocoque A. On devrait surveiller de près les enfants atteints de varicelle pour s’assurer qu’ils n’en souffrent pas.</p>
<p>Actuellement, il n’y a pas de vaccin contre le streptocoque du groupe A, alors qu’il en existe un contre la varicelle. De nombreuses équipes de recherche dans le monde, <a href="https://www.mccormicklab.ca/">dont la nôtre</a>, travaillent à la mise au point d’un vaccin contre le streptocoque A.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222031/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John McCormick reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Conseil des sciences naturelles et de l'ingénierie du Canada (CRSNG) et de la Fondation Leducq.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juan Manuel Diaz reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada.
</span></em></p>L’augmentation du nombre de maladies graves causées par les streptocoques du groupe A est préoccupante. Voici pourquoi et comment elle se propage, et quels sont les symptômes à surveiller.John McCormick, Professor of Microbiology and Immunology, Western UniversityJuan Manuel Diaz, Postdoctoral Associate, department of Microbiology and Immunology, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209622024-01-11T16:38:39Z2024-01-11T16:38:39ZEn papier ou en tissu, quels mouchoirs privilégier pour notre santé et pour la planète ?<p>Au moment où vous lisez ces lignes, votre nez subit peut-être les assauts du <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">rhume</a>, de la grippe, du Covid-19 ou d’une crise d’allergie, vous obligeant à garder à portée de main un mouchoir en papier ou en tissu.</p>
<p>Vous vous demandez probablement lequel de ces deux objets est le plus efficace pour empêcher la propagation des infections, et lequel a l’impact environnemental le moins important. Est-ce le mouchoir en tissu, qui existe au moins depuis l’époque romaine ? Ou le mouchoir en papier, développé plus récemment sous sa forme contemporaine, mais qui a rapidement envahi nos vies ? Les conclusions des scientifiques à ce sujet pourraient vous surprendre. Les voici.</p>
<h2>Une brève histoire du mouchoir en tissu et du mouchoir en papier</h2>
<p>Si simples soient-ils, les mouchoirs que nous utilisons pour nous moucher ou capturer nos éternuements et autres quintes de toux sont les fruits d’une longue et complexe histoire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">Pourquoi les enfants sont-ils si souvent enrhumés ?</a>
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<p>Parmi leurs ancêtres figurent le <em>sudarium</em> qu’utilisaient, au I<sup>er</sup> siècle de notre ère, les Romains afin d’éponger la sueur de leur visage ou pour masquer leur bouche. Au fil du temps, des pièces de tissus du même genre, que l’on considérerait aujourd’hui comme des mouchoirs, ont été utilisées comme couvre-chef, voile, déguisement, ou encore pour se nettoyer les mains, assainir des plaies, ou stopper le saignement.</p>
<p>Au sein des catégories les plus aisées de la population, elles constituaient un marqueur de classe sociale et de bonnes manières, employées notamment pour se débarrasser discrètement des expectorations. Les familles royales les ont par exemple utilisés comme signes extérieurs de richesses et de pouvoir, offrant des mouchoirs de lin ou de soie ornés d’or et d’argent à leurs sujets les plus privilégiés. Le roi Henri VIII en possédait par exemple une vaste collection.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un soldat ramasse le mouchoir qu’une jeune dame a laissé tomber et le lui rend" src="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Laisser tomber son mouchoir pour qu’on le ramasse constituait autrefois un gage d’amour.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomecollection.org/works/enpm4vak/images?id=mwb4mevj">Wellcome Collection</a></span>
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<p>Les mouchoirs ont également servi à manifester ses sentiments, qu’il s’agit d’exprimer son amour, de faire montre de sa fidélité, voire d’indiquer discrètement ses préférences sexuelles. À la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, le « code du mouchoir », un système de codage des couleurs et de placement des mouchoirs, était utilisé à cet effet. Il est d’ailleurs <a href="https://www.refinery29.com/en-au/lgbtq-secret-handkerchief-code-language">encore employé aujourd’hui</a> dans les communautés LGBTQ+.</p>
<p>Les origines du mouchoir en papier semblent encore plus anciennes, puisqu’elles <a href="https://www.euppublishing.com/doi/epub/10.3366/cult.2020.0214">remonteraient à la Chine du II<sup>e</sup> siècle avant notre ère</a>. Toutefois, ce n’est qu’à partir des années 1920 que le mouchoir en papier tel que nous le connaissons aujourd’hui <a href="https://www.kleenex.co.uk/kleenex-history">a été développé</a>, comme ustensile de démaquillage et pour essuyer les nez qui coulent à cause du rhume des foins.</p>
<h2>Pour la santé, mouchoir en tissu ou en papier ?</h2>
<p>Voici plus de 100 ans, le mouchoir en tissu était parfois considéré comme <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5248216/pdf/hosplond73063-0008b.pdf">« le petit pavillon de la Mort »</a>, en raison des germes qu’il transportait et de sa propension supposée à contaminer les poches dans lesquelles il était laissé. Plus tard, cependant, l’argumentaire a évolué, et les gens se sont vu recommander d’utiliser des mouchoirs, <a href="http://resource.nlm.nih.gov/101449736">car</a> « les toux et les éternuements propagent des maladies ».</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Affiche promouvant l’emploi de mouchoirs, car les toux et les éternuements propagent des maladies" src="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cette affiche des années 1960 de Nouvelle-Zélande encourage à utiliser un mouchoir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/archivesnz/21665866709/in/photolist-238NiVN-z1xem2-2jmC8YU-2iFV9CP-2iEYm5C-2iLnkGm-2iLkHAp-2iJP3pk-2iLL4Wc-JrEbjz-2iLnkTP-2iLhUHs-2iLhUKG-2iLkHHo-2iLhUJE-2iLhULy-2iLkHzn-2iLnkRe-DoShu-e6nLop-e6nLkz-e6toYU-e6tp2j-2iLkHN8-2iLhUNN-e6toVu-4mEw9J">Archives New Zealand</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, nous savons que les sécrétions nasales contiennent des virus tels que ceux des rhumes, qui survivent effectivement dans l’environnement et peuvent être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jmv.22027">transférés</a> sur <a href="https://www.abc.net.au/health/talkinghealth/factbuster/stories/2011/06/02/3231404.htm">diverses surfaces</a> (mains, mouchoirs en tissu ou en papier, poignées de porte, claviers, etc.) où ils sont capables de survivre parfois <a href="https://doi.org/10.1093/oxfordjournals.aje.a113473">longtemps après</a> la contamination initiale.</p>
<p>Il existe un risque de voir ces virus se propager lorsque l’on se mouche dans un mouchoir en coton, puis que l’on touche un autre objet. Même si vous ne gardez pas votre mouchoir utilisé dans votre poche, et le mettez immédiatement au lavage, une contamination des surfaces touchées peut se produire en chemin (poignées de portes, machine à laver…).</p>
<p>Les choses sont un peu différentes avec les mouchoirs en papier, car les virus qui s’y trouvent ne <a href="https://doi.org/10.1093/infdis/146.1.47">survivent généralement pas aussi longtemps</a> que sur les mouchoirs en tissu. Tant que vous jetez les mouchoirs immédiatement après les avoir utilisés et ne les laissez pas traîner, le risque de transmettre des germes à d’autres personnes est plus faible.</p>
<p>Une autre question qui se pose est celle de l’efficacité des mouchoirs en papier ou en tissu lorsqu’il s’agit de faire barrière à la toux et aux autres projections respiratoires. Certes, les protections en tissu basiques, telles que les mouchoirs ou les bandanas, sont capables de retenir les expectorations, tout comme les mouchoirs en tissu. Cependant, plusieurs études ont montré qu’elles ne <a href="https://doi.org/10.1021/acs.nanolett.0c02211">filtreraient pas efficacement</a> les <a href="https://aaqr.org/articles/aaqr-13-06-oa-0201.pdf">aérosols respiratoires</a>, et empêchent moins <a href="https://doi.org/10.1177/153567601001500204">d’inhaler</a> certains polluants, agents pathogènes ou <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijheh.2018.03.012">petites particules en suspension dans l’air</a>.</p>
<h2>Et pour la planète, papier ou tissu ?</h2>
<p>La société américaine Ecosystem Analytics a <a href="https://ecosystem-analytics.com/wp-content/uploads/2013/10/Complete-LCA-Facial-Tissue-Handkerchief.pdf">comparé</a> l’impact environnemental de mouchoirs en coton réutilisables à celui de mouchoirs en papier jetables en effectuant une <a href="https://doi.org/10.1007/BF02978505">analyse de cycle de vie</a>, une méthode d’évaluation visant à quantifier les impacts environnementaux des produits et services. Pour ce faire, elle a pris en compte quatre types d’impacts environnementaux liés à la production, au transport, à l’utilisation et à l’élimination :</p>
<ul>
<li><p>Les impacts sur le changement climatique (somme des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, vapeur d’eau, oxyde nitreux et CFC) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la qualité de l’écosystème (pollution chimique des sols et des eaux) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la santé humaine (toxicité cancérogène et non cancérogène pour les humains) ;</p></li>
<li><p>Les impacts en matière de ressources (besoins énergétiques totaux en énergie non renouvelable et extraction minérale).</p></li>
</ul>
<p>Le verdict ? Sur les quatre mesures, un mouchoir en coton avait un impact cinq à sept fois plus important qu’un mouchoir en papier équivalent. Les différences d’impact les plus importantes étaient liées aux étapes de production de chacun de ces produits, plutôt qu’à celles concernant leur utilisation ou à leur élimination.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Mouchoirs en coton sur une corde à linge" src="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les mouchoirs en coton sont-ils meilleurs pour la planète que les mouchoirs en papier ? Pas si sûr…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/using-reusable-textile-pure-cotton-colourful-1107810197">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si vous tenez toujours à utiliser un mouchoir en tissu, mieux vaut opter pour du coton biologique, dont <a href="https://www.sei.org/publications/ecological-footprint-water-analysis-cotton-hemp-polyester/">l’empreinte écologique est plus faible que celle d’un coton standard produit au même endroit</a>. Cependant, la production de coton biologique ayant des <a href="https://www.nytimes.com/wirecutter/blog/is-organic-cotton-better-for-the-environment/">rendements plus faibles</a> que son équivalent conventionnel, il faut une surface de terre agricole plus importante pour produire une quantité équivalente, ce qui augmente aussi l’impact environnemental.</p>
<p>Pour avoir moins mauvaise conscience lorsque l’on se mouche, opter pour des mouchoirs fabriqués à partir de matériaux recyclés peut être une solution. Leur fabrication s’accompagne en effet d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s11367-013-0597-x">moindre émission de gaz à effet de serre</a>. Se moucher avec des mouchoirs en papier que l’on élimine correctement après utilisation (et que l’on ne garde pas dans sa poche), fabriqués à partir de matériaux recyclés, est donc préférable tant du point de vue de la santé que de l’environnement.</p>
<p>Mais ces mouchoirs ont un défaut : ils n’ont pas tout à fait le même panache que leurs ancêtres en tissus fins, ni la même polyvalence…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor est un employé à temps plein de l'EPA (Environment Protection Authority) Victoria, nommé au poste statutaire de scientifique en chef de l'environnement. Il est également professeur honoraire à l'université Macquarie de Sydney.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hester Joyce ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En matière d’impact environnemental, les mouchoirs en papier n’ont pas forcément un bilan moins bon que les mouchoirs en tissu. Et concernant l’hygiène, le tissu ne fait pas mieux non plus.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityHester Joyce, Adjunct Associate Professor, Creative Arts, La Trobe UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2187502023-12-21T17:43:31Z2023-12-21T17:43:31ZVariole du singe - mpox : une évolution préoccupante de la maladie en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/566660/original/file-20231219-15-j7vdik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C9%2C3058%2C2120&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Micrographie électronique à balayage colorisée (fausses couleurs) de virus mpox (en rouge) situés à la surface de cellules VERO E6 infectées (en vert). Image prise au NIAID Integrated Research Facility (IRF) à Fort Detrick, Maryland.
Crédit : </span> <span class="attribution"><span class="source">NIAID / NIH</span></span></figcaption></figure><p>En 2022, la «variole du singe» (en anglais monkeypox), a fait brutalement irruption sur la scène internationale. Rebaptisée mpox par l’Organisation mondiale de la Santé, cette maladie est causée par un virus appartenant à la même famille que celui de la variole (officiellement déclarée éradiquée en 1979, grâce à la vaccination). Comme la variole, elle se traduit par de la fièvre et une éruption cutanée, quoique moins sévère.</p>
<p>Le premier cas humain de mpox a été détecté en 1970 en République Démocratique du Congo (RDC), dans le contexte des campagnes d'éradication de la variole. La maladie est depuis endémique en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest.</p>
<p>Longtemps resté relativement peu connu, voire négligé, le mpox (la variole du singe) s’est retrouvé sous la lumière des projecteurs suite à une dissémination mondiale de la maladie, en mai 2022.</p>
<p>Un an et demi plus tard, si l'épidémie s'est calmée dans les pays occidentaux, les deux souches connues du virus à l’origine de la maladie continuent à circuler en Afrique, et le nombre de cas humains est en augmentation. Avec quelles conséquences et quels risques, à l’échelle de ce continent et au-delà ?</p>
<h2>Un virus zoonotique/d'origine animale</h2>
<p>La maladie due au virus mpox est une zoonose, autrement dit une maladie qui circule entre les animaux et les humains. On soupçonne de petits écureuils arboricoles ou d'autres petits rongeurs d'être les réservoirs du virus. La maladie devait initialement son nom au fait que le virus qui la cause avait été isolé pour la première fois chez des primates captifs, en 1958 au Danemark.</p>
<p>La transmission secondaire entre êtres humains est connue pour se faire de plusieurs façons : par contact cutané ou muqueux, par contact avec l'environnement contaminé ou le linge, ou par contact respiratoire de type gouttelettes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567070/original/file-20231221-19-q28p3u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lésions cutanées de mpox chez une enfant, à Bangui, en République centrafricaine, où circule le clade I du virus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dr Festus Mbrenga / Institut Pasteur de Bangui - 2022</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>La sévérité clinique et la létalité de la maladie varient selon la souche de virus mpox impliquée (on parle de « clade viral »), ainsi qu’en fonction des capacités de soins du pays. Le clade I, qui sévit en Afrique centrale, est responsable d'une présentation clinique sévère et d'une létalité se situant aux environs de 10 %, tandis que la létalité associée au clade II, qui circule en Afrique de l'Ouest, est approximativement de 1 %.</p>
<p>Depuis les années 1990, on constate une majoration du nombre de cas humains de mpox en lien avec le clade I. Les cas impliquant le clade II sont quant à eux en augmentation en Afrique de l'Ouest depuis les années 2000.</p>
<p>En 2022, c'était d'ailleurs le clade II (plus précisément, le clade IIb) qui s'était propagé hors du continent africain. Ce n'était pas la première fois qu'il sortait de sa zone d'endémie (zone où le virus circule de façon permanente), mais jamais avec de telles conséquences.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Arbre phylogénétique du virus mpox." src="https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/566946/original/file-20231220-19-hwx32k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Arbre phylogénétique du virus mpox. Le clade IIb a été à l’origine de l'épidémie mondiale survenue en 2022.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://nextstrain.org/mpox/all-clades">https://nextstrain.org/mpox/all-clades</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Précédentes disséminations du mpox hors d'Afrique</h2>
<p>En dehors du continent africain, des exportations de cas animaux ou humains de mpox ont été reportées à plusieurs reprises par le passé. Il s'agissait systématiquement du clade II.</p>
<p>Des cas humains étaient ainsi survenus aux USA en 2003. À l'époque, 47 cas confirmés avaient été rapportés. Les personnes concernées avaient été infectées par l'intermédiaire de chiens de prairie (Cynomys ludovicianus) achetés en animalerie, lesquels avaient eux-mêmes été contaminés par des rats de Gambie importés du Ghana.</p>
<p>En 2017, une épidémie de grande taille est survenue au Nigéria, marquant un changement épidémiologique. En effet, l'épidémie s'est alors installée en contexte urbain, a principalement touché des hommes, et sa présentation clinique s’est avérée quelque peu différente, puisqu’une forte proportion de lésions génitales avait été rapportée. Une des conséquences de cette majoration de la circulation de la maladie au Nigéria a été l'exportation de cas humains liés au clade II, entre 2018 et 2021 à Singapour, en Israël et en Angleterre. </p>
<p>C'est aussi à partir de l'épidémie du Nigéria que s'est propagé le virus en mai 2022, touchant cette fois l'ensemble des continents, ce qui a mené l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à déclarer une «urgence sanitaire de portée internationale» le 23 juillet 2022.</p>
<h2>Une réponse internationale à deux vitesses</h2>
<p>Lors de l'épidémie mondiale de 2022, les tableaux épidémiologique et clinique se sont avérés différents de ceux jusqu'alors majoritairement retrouvés en Afrique. Le mpox s'est en effet présenté sous la forme de lésions principalement génitales, anales ou orales, résultant d'une transmission interhumaine stricte, par contacts cutanéo-muqueux rapprochés lors des contacts sexuels, concernant alors principalement les communautés homosexuelles.</p>
<p>Après plus de 92 000 cas humains dans plus 110 pays, et 160 décès, l'épidémie a décru en Europe et aux États-Unis, à la suite de la mise en place de plusieurs mesures. La sensibilisation et la mobilisation massive des communautés touchées ont notamment participé à circonscrire l'épidémie, et les groupes à risque ont été rapidement vaccinés grâce au déblocage de vaccins antivarioliques de troisième génération. Ces vaccins procurent en effet une immunité croisée contre le virus mpox ; bien que la variole ait été éradiquée, divers gouvernements gardent des stocks, en prévision d'une potentielle utilisation du virus de cette maladie comme arme biologique.</p>
<p>Les choses se sont avérées différentes en Afrique. En effet, la vaccination n'a pas été rendue accessible dans les pays où le mpox était précédemment endémique, ni pour les populations concernées ni pour le personnel médical et paramédical de première ligne (à l'exception d'un essai clinique mené en RDC depuis 2017).</p>
<p>Aujourd'hui, le mpox poursuit sa progression sur le continent africain, malgré l’implication et l’important travail des équipes à l’œuvre sur le terrain, dans les pays touchés. Le nombre de cas humains est en augmentation, tout comme la fréquence des épidémies. On constate par ailleurs une extension des zones géographiques concernées par la maladie. Cette inégalité d'accès au vaccin met en évidence les limites d'une réponse internationale à deux vitesses, comme le souligne le dernier rapport de l'OMS.</p>
<h2>En Afrique, une extension des zones géographiques concernées</h2>
<p>En parallèle de l'épidémie mondiale de 2022, plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest non préalablement touchés, ou ayant présenté très peu de cas jusque-là, ont déclaré l'apparition inhabituelle de cas humains de mpox. C’est par exemple le cas du Bénin ou du Cameroun.</p>
<p>Les autorités sanitaires des pays où le mpox était endémique ont par ailleurs constaté que l'aire de circulation du virus s'était étendue. Des épidémies surviennent désormais dans des zones moins typiques que les zones forestières initialement identifiées à risque (zones situées à la frontière forêt/savane en République centrafricaine, et dans des zones urbaines plus connectées que les villages initialement touchés).</p>
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<img alt="Carte recensant les cas de mpox en fonction des clades considérés." src="https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/566953/original/file-20231220-18278-yblnhk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte recensant les cas humains de mpox en fonction des clades considérés. Jusqu’à présent, aucune infection humaine par le clade I du virus mpox n’a jamais été identifié hors du continent africain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://nextstrain.org/mpox/all-clades">https://nextstrain.org/mpox/all-clades</a></span>
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<p>Publié en novembre 2023, <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON493">un rapport de l'OMS</a> rend compte de l'évolution préoccupante de l'épidémiologie du mpox en RDC, principal pays endémique pour le mpox (la RDC comptabilisait 95 % des cas humains de mpox avant l'épidémie mondiale de 2022).</p>
<h2>L’évolution du mpox en RDC préoccupe l’OMS</h2>
<p>Les autorités sanitaires de RDC ont rapporté une extension de la maladie vers de nouvelles provinces préalablement non concernées, telle que la province du sud Kivu, sujette à des troubles civils et militaires qui rendent complexes les interventions de santé publique.</p>
<p>Le rapport de l’OMS décrit également les premiers clusters (foyers) de cas humains de mpox à Kinshasa. Ceux-ci seraient survenus suite à plusieurs introductions différentes depuis des provinces touchées (des personnes infectées seraient venues de villages extérieurs jusqu'à Kinshasa).</p>
<p>L'atteinte d'une capitale africaine s'avère très préoccupante, car elle est synonyme d'un risque épidémique local important et d'une majoration du risque de dissémination du clade I au sein du pays, du continent ainsi que vers le reste du monde, en raison des nombreux échanges nationaux et internationaux qui s'y déroulent.</p>
<p>Dans son rapport, l'OMS précise que «du 1er janvier au 12 novembre 2023, un total de 12 569 cas suspects de variole simienne, dont 581 mortels (taux de létalité : 4,6 %), ont été signalés dans 156 zones de santé dans 22 des 26 provinces (85 %) en RDC. […] Parmi les cas suspects, 1106 ont été testés par réaction en chaîne par polymérase en temps réel (PCR en temps réel ou qPCR) et 714 étaient positifs pour le MPXV (taux de positivité de 65 %)».</p>
<p>Que nous apprennent ces chiffres ? L'OMS souligne qu'«il s'agit du nombre de cas le plus élevé jamais signalé pour une année» en RDC et que, comme souligné plus haut, «certains cas ont été recensés dans des zones géographiques qui n'avaient jamais fait état de cas de mpox auparavant».</p>
<p>La majoration du nombre et de la fréquence des cas humains mise en évidence s'intègre dans l'évolution générale de l'épidémiologie du mpox en Afrique, et sur laquelle les pays concernés tentent d'attirer l'attention internationale depuis un moment. Mais la transformation récente de l'épidémiologie est préoccupante.</p>
<h2>Épidémiologie du mpox en RDC : une transformation préoccupante</h2>
<p>Cette évolution est inquiétante à plusieurs niveaux. D'une part dans les zones endémiques, l'évolution vers une transmission interhumaine renforce et amplifie le problème de santé publique chronique posé par le mpox. D'autre part, le risque de dissémination du clade I au sein du continent et au-delà est important, comme en témoigne la précédente dissémination du clade IIb lors de l'épidémie mondiale de 2022.</p>
<p>Or comme mentionné précédemment, le clade I présente un taux de létalité plus important que le clade II. En RDC, la létalité liée au clade I est actuellement de 4,6 %, mais elle est difficile à évaluer, car tous les cas ne sont pas détectés.</p>
<p>La situation actuelle révèle néanmoins une transformation de l'épidémiologie du mpox en RDC. En effet, l'important taux de positivité des échantillons prélevés indique que les cas suspects ont une forte probabilité d'être de vrais cas de mpox (et non des cas de varicelles ou d'autres maladies éruptives).</p>
<p>Au sud Kivu, l'épidémie se présente sous une forme totalement nouvelle pour la RDC : avec une prédominance de cas chez des femmes (et non chez des enfants comme précédemment dans les pays endémiques), une forte prédominance de lésions génitales, et des clusters de cas localisés autour de bars, ce qui pourrait suggérer un lien avec des pratiques de prostitution. Le séquençage des souches virales impliquées est en cours, afin de déterminer s'il s'agit bien du clade I endémique en RDC.</p>
<p>Rappelons que, jusqu'à présent, aucun cas humain d’infection par le clade II b n'a été identifié en RDC (qui est une zone endémique pour le clade I d'Afrique centrale). Par ailleurs, hors d’Afrique, aucune infection humaine par le clade I n'a jamais été mise en évidence.</p>
<p>Un autre point est particulièrement préoccupant : selon l'OMS, une première «transmission sexuelle» (transmission par contact cutanéo-muqueux rapprochés lors des rapports sexuels) du clade I a été objectivée, à Kenge (à environ 200 km de Kinshasa).</p>
<h2>Mise en évidence d'une transmission par contacts sexuels en zone d'endémie du clade I</h2>
<p>La capacité du clade II du mpox à se transmettre lors des contacts cutanéo-muqueux lors des rapports sexuels avait été suspectée depuis l'épidémie de 2017 au Nigéria. On avait alors constaté la prédominance du virus chez des personnes présentant des comportements sexuels à haut risque (sexe transactionnel, multipartenariat et absence d'utilisation de préservatif), et une importante présence de lésions génitales au Nigéria (retrouvées chez 68 % des cas). L’épidémie mondiale de 2022 avait ensuite objectivé et confirmé l’existence de ce mode de transmission pour le clade IIb du mpox. </p>
<p>Concernant le clade I, en septembre 2023, 80 cas suspects, incluant 20 travailleurs et travailleuses du sexe avaient été reportés lors d'une épidémie dans l'est de la RDC.</p>
<p>Pour le cluster de cas récent à Kenge, les outils de biologie moléculaire ont confirmé la transmission de la même souche virale (issue du clade I) entre un «cas index» (le cas index est le premier cas suspecté d'une maladie contagieuse au sein d'une population donnée) et 5 de ses contacts sexuels (4 hommes et 1 femme). Ce type de transmission interhumaine lors des contacts cutanéo-muqueux lors des rapports sexuels du clade I était potentiellement déjà préexistante, mais probablement plus épisodique, et jamais formellement reconnue jusqu'à présent. </p>
<p>Ceci peut s'expliquer du fait du manque d'enquête épidémiologique systématique, et de la difficulté à discriminer le mode de transmission lors d'épidémies survenant au sein d'un même foyer (la transmission pouvant aussi se faire par contact cutané avec les lésions, par contact avec le linge ou l'environnement, etc.). Par ailleurs, le manque de séquençage systématique des souches isolées en Afrique ne permet pas d'identifier précisément les circulations virales.</p>
<p>Il est intéressant d'évoquer que, lors des investigations sur le mpox réalisées en République centrafricaine, l'existence d'une transmission interhumaine lors des contacts cutanéo-muqueux rapprochés lors des rapports sexuels était parfois soupçonnée.</p>
<p>En effet, des souches virales très proches avaient été retrouvées chez un marchand ambulant et chez ses deux partenaires sexuelles féminines, vivant au sein de deux foyers différents dans des villes éloignées. Cependant, ces transmissions interhumaines restaient limitées à l'échelle de la famille, sans jamais atteindre des réseaux d'amplification. L'évidence d'une accentuation de la transmission interhumaine et notamment lors des contacts cutanéo-muqueux, rapprochés lors des rapports sexuels, pourraient changer la donne.</p>
<h2>Le mpox : une énigme épidémiologique ?</h2>
<p>Le rapport de l'OMS révèle une évolution inquiétante de l'épidémiologie du mpox en RDC, ainsi que l'urgence et l'importance d'une réponse adaptée et coordonnée face à l'accentuation du problème de santé publique que représente cette maladie en RDC.</p>
<p>Un point important est la confirmation de l'existence d'une transmission du clade I du virus mpox lors des contacts cutanéo-muqueux durant les rapports sexuels.</p>
<p>Cette situation met en évidence une potentielle transformation de cette maladie, jusqu’à présent considérée en Afrique centrale comme principalement zoonotique, en une maladie à transmission majoritairement interhumaine. Si les mesures de prévention du mpox en Afrique centrale étaient essentiellement basées sur des conseils visant à prendre des précautions lors de la chasse et de la découpe de viande de brousse, il devient donc désormais nécessaire de revoir les recommandations à l'aune de ces connaissances scientifiques actualisées (ce que fait l'OMS).</p>
<p>En parallèle des recherches biomédicales et vaccinales, des recherches interdisciplinaires sur ce virus sont indispensables. En effet, malgré 20 ans de travaux sur le mpox, un certain nombre d'énigmes épidémiologiques demeurent. Quel est précisément le réservoir du virus ? Quels sont les modes de transmission de la maladie dans les zones endémiques (transmission zoonotique ou transmission interhumaine ? et dans ce dernier cas, quelle participation d'une transmission lors des rapports sexuels) ? Quel est le rôle de la transmission indirecte par contact avec l'environnement partagé ? Quels sont les facteurs écologiques et sociaux impliqués dans ces épidémies ? Quels sont les contextes qui ont présidé à l'émergence du mpox dans les années 1970, puis à sa réémergence dans les années 1990-2000 ?</p>
<p>Enfin, plus généralement, quelle est l'implication de la survenue généralisée de dégradations environnementales et d'écologies simplifiées dans l'émergence du mpox en Afrique, ravivant notre responsabilité collective globale dans les modifications majeures subies par les socio-écosystèmes forestiers africains en contexte colonial et post colonial?</p>
<p>Répondre à ces questions permettra de mieux prévenir et circonscrire le mpox. Un problème de santé publique qui n'est pas seulement localisé, mais concerne l'ensemble de la communauté internationale, si l’on en doutait encore…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218750/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Camille Besombes a reçu des financements de ANR. </span></em></p>En 2022, une épidémie mondiale de mpox (anciennement « variole du singe ») s’était déclarée. Aujourd’hui la situation reste préoccupante, car la forme la plus virulente de la maladie semble se propager en Afrique.Camille Besombes, Médecin infectiologue - Epidémiologiste - Sciences Po médialab, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2189452023-12-14T19:10:51Z2023-12-14T19:10:51Z40 ans de lutte contre le VIH en Afrique : de la tragédie à l’espérance<p>La commémoration des <a href="https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/40-ans-decouverte-du-vih-virus-responsable-du-sida-est-identifie-20-mai-1983">40 ans de la découverte du virus d’immunodéficience humaine</a> (VIH) invite à jeter un regard rétrospectif sur quatre décennies de lutte contre ce fléau dans l’Afrique au sud du Sahara. Cette région <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/lafrique-region-du-monde-la-plus-touchee-par-le-vih-virus-responsable-du-sida_3738733.html">a payé le plus lourd tribut</a> à la pandémie.</p>
<p>Au début des années 2000, les trois quarts des adultes mourant du sida et 80 % des enfants vivant avec le VIH étaient des Africains. La création en 2001-2002 du <a href="https://www.theglobalfund.org/fr/about-the-global-fund/history-of-the-global-fund/">Fonds mondial</a>, à l’initiative du secrétaire général de l’ONU, le Ghanéen Kofi Annan, va contribuer à l’accès universel au traitement et à désamorcer la bombe du sida. Lors du lancement officiel du Fonds mondial à New York en 2001, moins de 1 % des patients africains ont accès aux traitements. À cette époque où des chercheurs militants parlent de <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(02)11722-3/fulltext">« crime contre l’humanité »</a> pour dénoncer l’apathie de la communauté internationale face à la pandémie, la naissance du Fonds inaugure une <a href="https://www.cairn.info/revue-vacarme-2009-4-page-84.htm">réponse d’envergure au niveau mondial</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne abrite 65 % du nombre total de personnes vivant avec le VIH dans le monde, soit 25,6 millions d’individus sur 39 millions. Le continent a également connu des progrès non négligeables en matière d’accès au traitement : les trois quarts des personnes vivant avec le VIH en Afrique subsaharienne <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/07/07/sida-en-afrique-le-temps-de-l-espoir_6133771_3212.html">suivent désormais un traitement antirétroviral</a>.</p>
<p>Au cœur des drames causés par la maladie dite du syndrome d’immunodéficience acquise (sida), l’Afrique subsaharienne a aussi contribué à faire avancer la connaissance et à générer des mobilisations collectives inédites, associatives et politiques, certains de ses médecins et chercheurs ayant mené leurs combats jusqu’au sommet des programmes internationaux. La lutte contre le sida en Afrique représente un combat global, transnational, auquel ont significativement contribué quelques personnalités parfois insuffisamment connues.</p>
<h2>Premières années : le tout-prévention</h2>
<p>Le virus d’immunodéficience humaine est officiellement découvert en 1983 par une équipe de l’Institut Pasteur (pour cela, Françoise Barré-Senoussi et Luc Montagnier seront récompensés par le prix Nobel de médecine 25 ans plus tard, <a href="https://www.librairie-ledivan.com/ebook/9782705906375-sida-les-secrets-d-une-polemique-bernard-seytre/">après moult controverses)</a>. Initialement diagnostiqué en France et aux États-Unis dans les milieux gays, le VIH va se propager et devenir une pandémie.</p>
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<p>L’Afrique subsaharienne va vite devenir la région du monde la plus touchée par cette maladie. La mise à disposition du <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/medecine-sida-vaincre-vih-1696/page/8/">test diagnostique Elisa</a> intervient en 1985 et la majorité des pays peut déclarer officiellement les premiers cas de sida. Pour autant, quelques cas sont détectés avant la généralisation du test Elisa grâce à des réseaux d’instituts de recherche, notamment la présence d’antennes américaines du Center for Disease Control (CDC) dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, au Sénégal et en Côte d’Ivoire par exemple. Les premiers cas sont également diagnostiqués au sein de la communauté homosexuelle en Afrique du Sud. Des ONG vont aussi permettre de diagnostiquer des cas de sida, <a href="https://books.google.fr/books/about/Politiques_publiques_du_sida_en_Afrique.html?id=DyUgAQAAIAAJ&redir_esc=y">comme la Croix-Rouge dans l’ex-Zaïre</a>.</p>
<p>Des médecins travaillant sur les maladies infectieuses dans les hôpitaux des grandes villes africaines seront les précurseurs de la lutte contre le sida dans leurs pays, en mettant en place des comités de suivi ou des ersatz de veille épidémiologique, avec ou sans l’aide de partenaires internationaux, suivant les concours de circonstances. Ils deviendront des fers de lance officiels de la riposte au sida dans leurs pays lorsque l’OMS mettra en place le premier programme mondial de lutte contre le sida, le <a href="https://data.unaids.org/pub/report/2008/jc1579_first_10_years_en.pdf">Global Programme on AIDS</a> (GPA), en 1986.</p>
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<p>Sous la direction d’un professeur de santé publique de l’Université de Harvard, Jonathan Mann, le GPA va inciter à la mise en place des Programmes nationaux de lutte contre le sida (PNLS) en Afrique. Le Sénégal en Afrique de l’Ouest et l’Ouganda en Afrique australe seront parmi les premiers pays à mettre en place ces PNLS, dès 1986. Ils vont également illustrer, de manière différente, le rôle du leadership politique et le <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781351147880-3/patterns-mobilization-political-culture-fight-aids-fred-eboko-babacar-mbengue?context=ubx&refId=21a1a383-0d35-40a1-8d58-673a41eef0c0">lien entre les sommets des États et les associations</a>.</p>
<p>En l’absence de traitements efficaces et du fait des moyens modiques affectés à la riposte dans cette première décennie des années sida, les PNLS vont être tournés vers le « toute prévention ». La thématique des « populations à risque » va orienter le ciblage des campagnes de prévention : les « prostituées », rebaptisées plus tard « les professionnelles du sexe » ; les transporteurs par car, réputés comme étant vulnérables au « risque sida » du fait de leur surexposition aux relations sexuelles non protégées ; et plus largement « les jeunes ».</p>
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<p>Après une petite période de relativisation ou de déni politique de la maladie, les slogans vont passer à la vitesse supérieure dès la fin des années 1980. Ils mettent alors en avant la lutte contre « le vagabondage sexuel » et s’accompagnent de discours catastrophistes. Les campagnes de prévention affichent des images de malades du sida en phase terminale accompagnées du message abrupt : « Le sida tue. » Ces pratiques vont se heurter à la réalité cognitive des représentations des plus jeunes : personne ne s’infecte avec des malades squelettiques en phase terminale.</p>
<p>Les précurseurs africains évoqués plus haut vont avoir un rôle pionnier et des carrières connectées aux réseaux internationaux, entre hasard et nécessité. L’histoire du jeune docteur Pierre M’Pelé est aussi emblématique qu’elle est peu connue au-delà des spécialistes.</p>
<h2>Pierre M’Pelé du Congo-Brazzaville, au cœur du combat initial</h2>
<p>Après des études de médecine à la faculté des sciences de la santé de Brazzaville, en République du Congo, Pierre M’Pelé poursuit sa formation à Paris, dans un service de maladies infectieuses et de médecine tropicale. Au sein de l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris, il intègre le département de médecine tropicale et de santé publique au moment même où apparaissent les premiers cas de sida en France.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/564520/original/file-20231208-19-w2cwvp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pierre M’Pelé a raconté son parcours dans un ouvrage paru en 2019.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editions-maia.com/livre/itineraire-dun-medecin-africain/">Éditions Maïa</a></span>
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</figure>
<p>Sous la direction du professeur Marc Gentilini, il sera confronté à cette « nouvelle » maladie qui ne faisait partie ni de son projet de formation ni des activités de ce service. Il va donc vite découvrir l’expérience de la prise en charge du VIH/sida en même temps que ses pairs médecins, notamment les docteurs Willy Rozenbaum et Jean-Claude Chermann et leur patron Marc Gentilini.</p>
<p>C’est à partir d’un prélèvement effectué par Willy Rozenbaum sur le ganglion d’un patient que Françoise Barré-Senoussi va isoler ce qui sera désigné comme étant le VIH. Pierre M’Pelé est présent dans l’équipe, avec laquelle il travaille au quotidien. Dans un <a href="https://www.editions-maia.com/livre/itineraire-dun-medecin-africain/">ouvrage publié en 2019</a>, il revient sur l’histoire de la découverte du VIH :</p>
<blockquote>
<p>« C’est Willy qui orienta les biologistes de l’Institut Pasteur à la recherche étiologique d’origine virale de la maladie chez BRU, les trois premières lettres de ce jeune malade français, fébrile, épuisé mais sympathique, admis dans le service depuis quelques semaines et dont le ganglion adressé à l’équipe du Pr Luc Montagnier permettra la découverte en 1983 du rétrovirus “LAV-BRU” responsable du sida. Bru mourut en 1988 […]. »</p>
</blockquote>
<p>Au-delà du cycle de la découverte du VIH, le docteur M’Pelé effectuera une autre découverte dont sa paternité est connue et peu reconnue en tant que telle.</p>
<p>Il commence à distinguer des symptômes spécifiques aux patients originaires d’Afrique, précisément du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) et du Congo-Brazzaville. Par rapport aux autres patients, il révèle une prédominance de la coïnfection avec la tuberculose et une faible prédominance chez les patients africains d’une pathologie pulmonaire fréquente chez les autres patients, le <em>Pneumocystis carinii</em>.</p>
<p>La revue de référence <em>Lancet</em> ne publiera pas son article alors que ces spécificités vont être reconnues par ailleurs autour de ce qui sera appelé « le sida africain », dont la présentation a été effectuée en 1985 lors d’une conférence organisée à Bangui (en République centrafricaine), sous la houlette de Françoise Barré-Senoussi. M’Pelé explique que le <em>Lancet</em> n’a pas publié son article, « peut-être parce que venant d’un Africain inconnu, premier sur la liste des auteurs sur ce constat qui différencie le sida des Américains, des Européens de celui des Africains et c’est dommage et injuste ».</p>
<p>Fort de cette expérience, M’Pelé rentre à Brazzaville en juin 1986 et devient le « Monsieur sida du Congo » comme d’autres pionniers africains, <a href="https://www.routledge.com/Public-Policy-Lessons-from-the-AIDS-Response-in-Africa/Eboko/p/book/9780367616250">riches de leurs collaborations internationales dans leurs pays respectifs</a>.</p>
<h2>Abdourahmane Sow, un précurseur de Dakar à Genève</h2>
<p>Dans la majorité des pays africains, les premiers cas de sida sont diagnostiqués à partir de 1985, date de la mise à disposition par l’OMS des tests Elisa. Dans certains pays, comme le Sénégal, des relations entretenues avec les partenaires internationaux, dont le Center for Disease Control, vont permettre de reconnaître plus tôt la présence du VIH. C’est dans cette logique qu’à l’issue d’une recherche clinique menée par une équipe sénégalaise du Pr. Souleymane M’Boup de l’hôpital Le Dantec à Dakar, une équipe française et une équipe américaine révèlent dès 1984 l’existence en Afrique de l’Ouest d’un second sous-type du VIH, le VIH2, diffèrent du sous-type 1 (le VIH1, le plus répandu dans le monde) et présent au Sénégal, au Cap-Vet et en Guinée-Bissau. Le VIH2 se révèle moins pathogène et moins virulent que le VIH1.</p>
<p>Abdourahmane Sow est un médecin formé à la faculté de médecine de Dakar puis à Paris, où il est lauréat du concours d’agrégation en maladies infectieuses et tropicales. Il fait partie des jeunes médecins qui diagnostiquent les premiers cas de sida au Sénégal, au CHU de Dakar. Il prend la tête de la lutte contre le sida en tant que chef du service des maladies infectieuses de Dakar en 1986. Il est appelé à Genève en 1989, suite à la création du Global Programme on AIDS en 1986. Ce programme est dirigé par un professeur de santé publique issu de l’école de santé publique de Harvard, le professeur Jonathan Mann, qui s’entoure d’une petite équipe d’une dizaine de spécialistes venus du monde entier.</p>
<p>Le Pr. Sow s’inscrit dans cette dynamique internationale où il est question de répondre à un péril mondial avec des moyens thérapeutiques d’une grande modicité jusqu’au milieu des années 1990. Au sein de cette équipe, il va s’impliquer dans la mise en place des PNLS en Afrique, notamment au Togo, au Bénin et au Gabon. Il restera au GPA jusqu’à la fin de cette structure, qui sera remplacée par l’organisation inter-agences des Nations unies sur le sida (ONUSIDA) en 1996.</p>
<p>Au Sénégal, dont les bases de la riposte au sida ont été fixées par le Pr. Sow, la relève sera assurée par le docteur Ibra Ndoye, qui restera à la tête du PNLS sénégalais de 1986 à son départ à la retraite en 2014. Un record de longévité en Afrique dans la lutte contre le sida, et un mandat marqué par la mise en place dès 2002 du <a href="http://mediatheque.lecrips.net/docs/PDF_GED/S43720.pdf">premier programme d’accès aux ARV en Afrique francophone</a>.</p>
<h2>Une distribution inégale du VIH en Afrique</h2>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=630&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=630&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=630&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=792&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=792&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/564521/original/file-20231208-19-8vc3y3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=792&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Prévalence du VIH en Afrique, 2021. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Origine_du_virus_de_l%27immunod%C3%A9ficience_humaine#/media/Fichier:HIV_Prevalence_Africa_2021.png">Polaert/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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</figure>
<p>À la fin des années 1980, <a href="https://www.karthala.com/accueil/1705-lepidemie-du-sida-en-afrique-subsaharienne-regards-historiens-9782845867833.html">explique Philippe Denis</a>, « l’épidémie était solidement installée dans les territoires “pionniers” (Côte d’Ivoire, République centrafricaine, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe)_ ». Il poursuit : « La décennie 1990 vit l’embrasement de l’Afrique australe. Alors que le nombre de cas nouveaux semblait plafonner dans plusieurs sites d’Afrique centrale, orientale et occidentale, il explosait au sud où des taux inégalés étaient atteints. »</p>
<p>En 2003, la géographe française <a href="https://www.cairn.info/revue-herodote-2003-4-page-117.htm">Jeanne-Marie Amat-Roze</a> montre de manière magistrale cette distribution et cette progression inégales de la maladie sur le continent africain. L’Afrique australe va constituer l’épicentre de la maladie. L’Afrique du Sud compte à ce jour près de 9 millions de personnes vivant avec le VIH, mais également un des <a href="https://doi.org/10.3917/polaf.156.0021">taux d’accès aux médicaments parmi les plus élevés en Afrique</a>.</p>
<h2>Du sida sans médicaments à l’accélération de l’accès aux antirétroviraux en Afrique</h2>
<p>L’annonce officielle de l’efficacité des molécules antirétrovirales (ARV), les trithérapies, intervient lors de la Conférence mondiale sur le sida à Vancouver en 1996, peu après la promulgation, en janvier 1995, de <a href="https://www.wto.org/french/tratop_f/trips_f/trips_f.htm">l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce</a> (ADPIC) qui protège ces médicaments sur 20 ans. L’ADPIC est la première résolution adoptée par l’Organisation mondiale du Commerce, créée en 1994. La bonne nouvelle de l’efficacité des ARV rend amers les militants pour l’accès aux médicaments et aux soins en Afrique. Le slogan employé ces militants lors de la Conférence mondiale de Genève en 1998 est clair : « Les médicaments sont au Nord, les malades sont au Sud. » C’est la thématique du <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000145646">« droit contre la morale »</a>.</p>
<p>Après bien des atermoiements et de <a href="https://journals.openedition.org/apad/195">vraies-fausses concessions des laboratoires pharmaceutiques</a> sur l’élargissement de l’accès aux médicaments pour les patients du Sud, dont la Côte d’Ivoire et l’Ouganda vont être les “pilotes” en Afrique dans les années 1990, le combat va se poursuivre au niveau international. L’ambassadeur américain à l’ONU, Richard Holbrooke, <a href="https://doi.org/10.3917/ris.046.0129">inscrit la question du sida en Afrique à l’agenda du Conseil de Sécurité en janvier 2000</a>. L’oligopole de 39 laboratoires pharmaceutiques qui avaient déposé des plaintes contre le Brésil et l’Afrique du Sud pour non-respect des brevets est contraint de retirer ses plaintes en avril 2001 sous la pression des ONG internationales, dont MSF et Act’Up, qui rebaptisent les laboratoires en question « Marchands de mort ».</p>
<p>Sous la houlette du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le <a href="http://journals.openedition.org/faceaface/1214">Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose</a> est fondé en 2001 et les premières subventions sont accordées avec les contributions des pays du G8 en 2002 à Gênes en Italie. Les copies des médicaments antirétroviraux fabriqués avant 2005 peuvent être distribuées via des financements du Fonds mondial et le passage à l’échelle <a href="https://journals.openedition.org/amades/1335">peut devenir réalité sur le continent africain</a>. Entre 2002 et 2012, la prévalence et la mortalité liées au VIH chutent de manière significative en Afrique. Et le Fonds mondial peut se targuer d’avoir sauvé plusieurs dizaines de millions de vies depuis sa création. Le programme américain, lancé en 2003 sous la houlette du président George W. Bush (<a href="https://www.state.gov/pepfar/">President Emergency Plan fo AIDS relief – PEPFAR</a>), suit la cadence. Les présidents Lula et Chirac lancent en 2006 un fonds complémentaire, <a href="https://unitaid.org/">l’Unitaid</a>.</p>
<p>Les années 2000-2010 vont représenter une remarquable inversion de paradigme qui rend effective la prise en charge des patients africains vivant avec le VIH.</p>
<p>Dans ce registre, le président du Botswana, Festus Mogae, va incarner un <a href="https://michelfortin.leslibraires.ca/livres/prendre-soin-de-sa-population-fanny-chabrol-9782735117390.html">modèle achevé d’engagement pour l’accès universel aux ARV</a>. Il lance en 2000 le premier programme d’accès gratuit aux ARV en Afrique avec 80 % des financements domestiques. C’est <a href="https://www.routledge.com/Public-Policy-Lessons-from-the-AIDS-Response-in-Africa/Eboko/p/book/9780367616250">« l’État militant »</a>.</p>
<p>Reste la question des maladies non transmissibles qui posent la question de « la santé globale ». Celle-ci vise à promouvoir, au niveau international, l’inscription sur les agendas internationaux des <a href="https://www.ucpress.edu/book/9780520271999/reimagining-global-health">principaux chocs épidémiologiques et des questions majeures de santé</a>. Autrement dit, il s’agit de rompre avec la « biopolitique » définie par Michel Foucault comme <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/-il-faut-defendre-la-societe-michel-foucault/9782020231695">« le droit de faire vivre et de laisser mourir »</a> pour privilégier ce que Didier Fassin nomme <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-vie-didier-fassin/9782021374711">« les politiques de la vie »</a>. C’est encore un autre chantier.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218945/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fred Eboko ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le VIH a été découvert il y a 40 ans. Retour sur quatre décennies d’efforts de la communauté internationale et des chercheurs du continent en Afrique, continent particulièrement affecté.Fred Eboko, Directeur de Recherche. Sociologie politique. Politiques de santé en Afrique. Représentant de l'IRD en Côte d'Ivoire, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2163202023-10-27T13:25:06Z2023-10-27T13:25:06ZJe suis microbiologiste. Voici ce que je surveille quand vient le temps de manger<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/555635/original/file-20230928-17-d1ixap.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C0%2C6689%2C4476&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand on mange dans un buffet, on court le risque d’être victime d’une intoxication alimentaire.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/chafing-dish-food-1020163570">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Environ <a href="https://www.ukri.org/news/food-safety-network-to-tackle-9-billion-food-poisoning-challenge/#:%7E:text=Food%20poisoning%20key%20facts%3A,foodborne%20illness%20in%20the%20UK">2,4 millions de personnes</a> sont victimes d’intoxication alimentaire chaque année au Royaume-Uni, principalement à la suite d’une contamination virale ou bactérienne. La plupart d’entre elles <a href="https://www.nhsinform.scot/illnesses-and-conditions/infections-and-poisoning/food-poisoning/">se rétablissent en quelques jours sans traitement</a>, mais <a href="https://bmjopengastro.bmj.com/content/7/1/e000377">ce n’est pas le cas de toutes</a>.</p>
<p>En tant que microbiologiste, je suis sans doute plus consciente que la majorité des gens du risque d’infection d’origine alimentaire. Voici quelques-unes des choses auxquelles je suis attentive.</p>
<h2>En plein air</h2>
<p>Je mange rarement en plein air, que ce soit dans le cadre de pique-niques ou de barbecues, car le risque d’intoxication alimentaire augmente à l’extérieur.</p>
<p>Pour ne pas tomber malade, il est essentiel de se laver les mains lorsqu’on manipule de la nourriture, mais on ne trouve pas souvent de l’eau courante chaude et du savon dans un parc ou sur une plage. On peut utiliser du gel désinfectant (c’est mieux que rien), mais cela n’élimine pas tous les germes.</p>
<p>En outre, la nourriture attire toutes sortes de créatures volantes et rampantes – mouches, guêpes, fourmis, etc. – qui peuvent transmettre des germes, comme <em>E. coli</em>, <em>Salmonella</em> et <em>Listeria</em>, à vos aliments.</p>
<p>Il est essentiel de conserver les denrées périssables au froid et couvertes, car les germes peuvent doubler en nombre si on laisse les aliments se réchauffer à 30 °C pendant plus de deux heures. Pour les barbecues, la viande doit être bien cuite et l’on recommande l’utilisation d’un thermomètre pour éviter les intoxications. Ne consommez pas de viande hachée (burger) dont la température interne <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/conseils-generaux-salubrite/temperatures-securitaires-cuisson-interne.html">est inférieure à 71 °C</a>.</p>
<h2>Buffets</h2>
<p>Sachant dans quelles conditions les bactéries se développent dans les aliments, je suis très soucieuse de la sécurité alimentaire des buffets chauds et froids.</p>
<p>À l’intérieur, les aliments peuvent être exposés à la contamination par des insectes, de la poussière et, surtout, des personnes. Quand on mange dans un <a href="https://www.fda.gov/food/buy-store-serve-safe-food/serving-safe-buffets">buffet</a>, on court le risque d’être victime d’une intoxication alimentaire.</p>
<p>La contamination résulte du contact des convives avec la nourriture, et les germes peuvent être pulvérisés par des personnes qui éternuent ou toussent à proximité des aliments. Même à l’intérieur, il faut tenir compte de la contamination par les insectes, tels que les mouches ou les guêpes, qui se posent sur des mets non couverts. Les germes peuvent également provenir de l’air, qui renferme des bactéries, des champignons et des virus.</p>
<p>Je regarde toujours l’heure lorsque je participe à un buffet, car il existe une <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/salubrite-aliments-saisonniers/salubrite-aliments-pendant-fetes.html">règle des deux heures</a> en matière de restauration : les aliments périssables deviennent impropres à la consommation en deux heures s’ils ne sont pas conservés couverts et réfrigérés. Le problème, c’est que les buffets sont souvent disposés avant l’arrivée des convives, si bien qu’il est difficile de savoir quand les plateaux de viande cuite, de fruits de mer, de salades, de desserts et de fruits et légumes présentés de manière appétissante ont été placés sur les tables.</p>
<p>Pour les buffets chauds, tels que ceux que proposent certains hôtels pour le petit-déjeuner, j’évite la nourriture tiède, car les bactéries responsables des intoxications se développent rapidement si les aliments sont conservés à une température inférieure à 60 °C. Les mets chauds doivent être servis chauds, c’est-à-dire <a href="https://www.fda.gov/food/buy-store-serve-safe-food/serving-safe-buffets">à 60 °C minimum</a>. En cas de doute sur la sécurité de la nourriture, je choisis à contrecœur du pain fraîchement grillé et de la marmelade emballée individuellement.</p>
<h2>Les huîtres</h2>
<p>Il y a des aliments que je ne mange jamais, et les fruits de mer crus, comme les huîtres, en font partie. Les huîtres se nourrissent par filtration et peuvent accumuler des germes, tels que la bactérie Vibrio et le norovirus, dans leurs tissus.</p>
<p>L’aspect, l’odeur et le goût d’une huître contaminée par Vibrio n’ont rien de particulier, mais on peut tomber gravement malade en la consommant. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains estiment qu’environ 80 000 personnes contractent une infection à cette bactérie en mangeant des huîtres crues et que, rien qu’aux États-Unis, 100 personnes <a href="https://www.cdc.gov/foodsafety/communication/oysters-and-vibriosis.html">meurent de la vibriose</a> chaque année.</p>
<p>Il est également possible de développer une intoxication alimentaire avec des coquillages crus (palourdes, moules, bourgots, coques). Je les consomme toujours bien cuits, car la chaleur tue les germes nocifs.</p>
<h2>Salades en sachet</h2>
<p>Je ne mange jamais de salades en sachet, étant donné que la sécurité des salades fraîches constitue un de mes domaines de recherche. On a trouvé que la salade en sachet peut contenir des germes responsables d’intoxications alimentaires tels qu’<em>E. coli</em>, <em>Salmonella</em> et <em>Listeria</em>.</p>
<p>Mon équipe <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/aem.02416-16">a constaté</a> que lorsqu’on donne du jus de feuilles de salade à ces agents pathogènes, cela multiplie leur prolifération par mille, même si le sac de salade est réfrigéré. En outre, le jus de salade rend les germes plus virulents et donc plus aptes à provoquer une infection.</p>
<p>Pour les amateurs de salade alarmés par cette information, la plupart des salades en sachet sont sûres si on les conserve au réfrigérateur, qu’on les lave (même celles prêtes à l’emploi) et qu’on les mange le plus rapidement possible après l’achat.</p>
<p>S’il y a du « jus » de salade, il faut la jeter.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="An open bag of lettuce" src="https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">S’il y a du « jus » de salade, il faut la jeter.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/open-bag-salad-lettuce-carrots-white-528025258">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Pratiques culinaires</h2>
<p>J’ai ma liste de choses à faire et à ne pas faire.</p>
<p>Pour les denrées périssables, je vérifie régulièrement la date limite de consommation. Si celle-ci n’est pas dépassée et que l’emballage semble gonflé, ou si, après l’avoir ouvert, je constate que l’aspect ou l’odeur de l’aliment est étrange, je le jette, car il pourrait avoir été contaminé.</p>
<p>Je n’utilise jamais les mêmes planches à découper pour les aliments crus et cuits, et je me lave automatiquement les mains avant et après la manipulation de la nourriture.</p>
<p>Une des pratiques que j’évite à tout prix, c’est réchauffer du riz cuit. Le riz cru peut contenir des spores de <em>Bacillus cereus</em>, un germe responsable d’intoxications alimentaires.</p>
<p>Bien que la cuisson tue les cellules de <em>Bacillus</em>, les spores survivent. Si on laisse le riz refroidir et reposer à température ambiante, les <a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/food-and-diet/can-reheating-rice-cause-food-poisoning/#:%7E:text=Yes%2C%20you%20can%20get%20food,been%20stored%20before%20it%E2%80%99s%20reheated">spores se transforment en bactéries</a>, dont le nombre augmentera rapidement, car le riz est un bon milieu de culture pour le <em>Bacillus</em> à température ambiante.</p>
<p>Le <em>Bacillus</em> issu du riz produit des toxines qui, quelques heures après l’ingestion, provoquent des vomissements et des diarrhées pouvant durer jusqu’à 24 heures.</p>
<h2>Et le resto ?</h2>
<p>Ma grande connaissance de la sécurité alimentaire m’incite à faire la queue en premier aux buffets, à être prudente lorsque je mange mon petit-déjeuner à l’hôtel et à surveiller l’horloge pour savoir à quelle fréquence les aliments périssables sont remplacés. Je ne rapporte jamais les restes de mon repas au restaurant dans un <em>doggy bag</em> (le délai de deux heures est généralement dépassé), même s’ils sont destinés à un animal de compagnie.</p>
<p>L’avantage d’être microbiologiste est que nous savons comment éviter les intoxications et, de ce fait, les gens ne sont jamais inquiets de manger ce que nous avons préparé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216320/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone a déjà bénéficié d'un financement du BBSRC pour ses travaux de recherche sur la salade.</span></em></p>Vous ne verrez plus jamais la salade en sachet de la même façon.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2142302023-09-24T15:36:59Z2023-09-24T15:36:59ZComment le virus Nipah se transmet ou non à l’homme<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/549857/original/file-20230924-21-itczgr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le virus se transmet par l’exposition à l’urine ou la salive de chauve-souris frugivore du genre Pteropus</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/mysterious-lyles-flying-fox-pteropus-lylei-2263748867">Miroslav Srb/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Jusqu’à 75 % létal, pas de vaccin disponible, des symptômes pouvant inclure une inflammation du cerveau… Lorsque le <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/nipah-virus">virus Nipah</a> émerge dans l’actualité, comme c’est le cas aujourd’hui avec <a href="https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20230915-l-inde-met-en-place-des-restrictions-apr%C3%A8s-deux-morts-du-virus-nipah">deux morts </a>recensés la semaine dernière en Inde, dans la région du Kerala, il a de quoi légitimement effrayer.</p>
<p>Le caractère rare et méconnu du virus est également bien souvent mentionné. Moins ce qui peut ou non faire que ce virus, transmis par l’exposition à l’urine ou la salive de chauve-souris frugivore de du genre <em>Pteropus</em>, puisse ou non émerger.</p>
<p>En tant qu’écologue de la santé spécialiste des zoonoses, cette question fait partie de mes sujets de recherche, notamment au <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7411325/">Cambodge</a>, où une équipe pluridisciplinaire dont je fais partie a pu constater que des populations partageaient leur environnement avec des chauves-souris frugivores porteuses du virus Nipah sans pour autant que le virus passe chez les humains.</p>
<p>Alors quels sont les facteurs provoquant ou non une contamination humaine et que pouvons-nous faire pour l’éviter ?</p>
<h2>Une corrélation avec la déforestation ?</h2>
<p>Le virus Nipah tient son nom du village du même nom dans la région du Negeri Sembilan en Malaisie, d’où était originaire la majeure partie des victimes de la première épidémie connue, en 1999. Épidémie qui demeure aussi la plus grande à ce jour, avec près de 300 cas et plus de 100 morts.</p>
<p>Cette première région d’émergence du virus était, à l’époque, aussi celle d’une des industries d’élevage de porcs parmi les plus prolifiques d’Asie du Sud-Est. Or lors de cette première épidémie, c’est en passant par le porc que les humains, notamment les éleveurs, ont été contaminés. Mais le facteur déterminant de cette première contamination ne se situait pas nécessairement dans les élevages, plutôt à leur bordure, où poussaient un certain nombre d’arbres fruitiers. Des arbres qui ont attiré des chauves-souris frugivores, en quête de nourriture depuis l’émiettement du couvert forestier, leur habitat naturel, du fait de la déforestation.</p>
<p>Un lien a ainsi été posé entre la déforestation et l’émergence du virus : les chauves-souris qui perdent leur habitat naturel vont aller dans des zones agricoles voire dans des zones urbaines et donc se retrouver au contact des populations humaines, ce qui n’était pas le cas avant. Nous avons retrouvé cela également au Cambodge, on l’on a pu observer la résilience de l’espèce <em>Pteropus lylei</em>, capable de s’adapter à la perte de biodiversité forestière en vivant dans des zones agricoles.</p>
<p>Ce rapprochement géographique favorise les potentielles transmissions vers les humains mais ne suffit pas à l’expliquer. Ainsi au Cambodge, aucun cas n’a été détecté dans les villages où des chauves-souris frugivores porteuses du Nipah sont présentes.</p>
<p>Pour qu’il y ait contamination humaine, il faut une route de transmission du virus de la chauve-souris vers les humains, et c’est notamment un certain nombre de pratiques humaines qui va provoquer cela.</p>
<h2>Comment des pratiques agricoles se révèlent déterminantes</h2>
<p>Depuis la première émergence du virus Nipah en Malaisie, c’est au Bangladesh que l’on constate le plus d’émergences du virus. Un des principaux facteurs explicatifs de ces foyers réguliers est à trouver dans le mode de production et de consommation de jus de palme. Au Bangladesh, la sève de palmier est récoltée en trouant le tronc des palmiers et en plaçant dessous de grands pots en terre cuite dans lesquels les chauves-souris peuvent venir boire le jus pendant la nuit. Le matin venu, une personne peut ainsi se retrouver à boire du jus frais sans savoir que celui-ci a été contaminé par des chauves-souris qui ont pu, par exemple, uriner dedans, et c’est comme cela que peut advenir une contamination humaine.</p>
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<img alt="Récipient ouvert servant à récolter le jus de palme." src="https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La façon de récolter le jus de palme peut se révéler déterminante pour la transmission ou non du virus Nipah. Ici un récipient ouvert au Bangladesh.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/close-extrection-date-palm-juice-kheer-1388101715">TanmoyBiswas/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Au Cambodge, où l’on n’a pas vu de cas de Nipah émerger parmi les humains, la méthode de collecte du jus de palme est différente. On ne collecte pas la sève des palmiers mais du nectar : les fleurs sont pressées dans de petits conteneurs en bambou ou plastique et c’est beaucoup plus difficile pour les chauves-souris d’y avoir accès. Une différence qui pourrait expliquer l’absence d’émergence.</p>
<h2>Un virus qui se transmet encore difficilement d’homme à homme</h2>
<p>Concernant le Kerala, les routes de transmission sont encore difficiles à tracer, notamment car lors des dernières émergences du virus, une seule personne était à l’origine de toutes ces contaminations qui touchaient principalement les proches ou le personnel soignant présent autour de ce patient zéro. Or, lorsqu’une seule personne est à l’origine du passage du virus chez l’homme, il demeure très compliqué de savoir si c’est suite par exemple à une consommation de jus de palme ou si c’est via un autre contact avec des chauves-souris frugivores.</p>
<p>Pour l’instant, les foyers indiens et bangladais ont pu être rapidement maîtrisés, du fait de chaînes de transmission inter-humaines limitées et rapidement interrompues avec l’établissement de quarantaines et le traçage des cas contacts. Une tâche plutôt facile lorsqu’il s’agit du virus Nipah, car celui-ci se transmet encore laborieusement d’homme à homme. Là où le Covid peut se transmettre de manière asymptomatique et via des contacts peu rapprochés, la transmission du Nipah est connue pour nécessiter, elle, des contacts rapprochés et engendre des symptômes graves, le plus souvent mortels. </p>
<p>Cependant, plus il y a de transmission vers les humains, plus le risque de voir un virus mieux adapté aux humains émerger augmente. Mais si un variant du virus Nipah évolue et devient plus transmissible aux humains, sera-t-il toujours aussi létal ? Est-ce qu’un passage par un hôte intermédiaire comme ça avait été le cas en Malaisie avec le porc serait nécessaire ? Voici des questions pour lesquelles nous n’avons pour l’instant pas de réponse.</p>
<h2>Que faire ou ne pas faire pour mieux maîtriser le virus Nipah ?</h2>
<p>Face à la dangerosité potentielle du virus Nipah, il pourrait paraître tentant de se dire que la meilleure chose à faire est de faire partir les colonies de chauves-souris frugivores qui s’implantent à proximité de populations humaines. Cependant, une telle logique se révèle souvent dangereuse et contre-productive, comme le montrent par exemple les tentatives de contrôle de la population de blaireaux responsables des cas de tuberculose bovine en Grande-Bretagne : les campagnes d’abattage mis en place avaient alors surtout provoqué la fuite des blaireaux hors des zones d’abattage et donc la prolifération de cette mycobactérie, puis leur retour, une fois les campagnes d’abattage terminées.</p>
<p>Si cette logique est poussée à l’extrême avec par exemple une hypothétique extermination systématique de la population de chauve-souris d’autres problèmes surgiraient. Outre les inquiétudes éthiques que provoquerait un tel projet, cela mettrait également en péril les activités humaines et les écosystèmes qui bénéficient grandement de la présence des chauves-souris frugivores, pour la pollinisation d’un certain nombre de plantes, et notamment de plantations cultivées par l’homme ou le transport de graines. Il en est de même pour les chauves-souris insectivores qui participent au contrôle des populations d’insectes ravageurs de cultures.</p>
<p>Pour mieux prévenir ce qui conduit à l’émergence du virus Nipah et mieux réagir en cas de transmission vers les humains, il faudrait établir un suivi continu de données environnementales et épidémiologiques, développer des équipes pluridisciplinaires et travailler avec les populations locales à travers des approches participatives pour co-construire des solutions adaptées au contexte socio-économique local. C’est ce que nous tachons par exemple de faire avec le <a href="https://bcoming.eu/">projet Bcoming</a>. </p>
<p>Car les expériences passées montrent qu’il n’est à la fois ni souhaitable ni efficace de tenter d’imposer des systèmes de prévention ou de surveillance aux populations si elle n’en voit pas l’intérêt. Pour la prévention du virus Nipah, une solution simple et peu coûteuse serait de fixer des jupes de protection en bambous autour des pots de collecte, empêchant ainsi la contamination par les chauves-souris. Mais cette solution ne sera adoptée et déployée à grande échelle uniquement si les collecteurs eux-mêmes sont convaincus de son intérêt. Un travail important de dialogue sciences - société reste donc à faire pour mettre en place des solutions de prévention efficaces qui permettront de diminuer durablement les risques d’émergence de maladies zoonotiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214230/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Cappelle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si de nombreuses populations vivent au contact de chauves-souris frugivores porteuses du virus Nipah, celui-ci ne se transmet que rarement à l'homme. Comment et pourquoi ?Julien Cappelle, Écologue de la Santé, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2129382023-09-15T13:15:55Z2023-09-15T13:15:55ZDonnez-vous des bisous à votre animal de compagnie ? Si oui, lisez ceci<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546463/original/file-20230829-19-r94gri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C314%2C4886%2C3197&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En embrassant votre chat ou votre chien, vous courez certains risques de contracter des maladies -quoique minimes!
</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Notre relation avec les animaux de compagnie a changé radicalement au cours des dernières décennies. Les gens n’ont jamais autant eu de chiens et de chats, mais aussi des oiseaux, des tortues ou des poissons.</p>
<p>Si vivre avec un animal domestique présente de nombreux <a href="https://www.onehealth.org/blog/10-mental-physical-health-benefits-of-having-pets">bienfaits pour la santé mentale et physique</a>, ces compagnons sont parfois porteurs de maladies infectieuses qui peuvent nous être transmises. Toutefois, le risque est faible pour la plupart des gens.</p>
<p>Mais certaines personnes, comme celles dont le système immunitaire est affaibli ou les femmes enceintes, courent un <a href="https://www.cdc.gov/healthypets/specific-groups/high-risk/index.html">risque accru</a> de contracter une maladie d’origine animale. Il est donc important d’être conscient des risques et de prendre les précautions nécessaires pour éviter les infections.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-parasite-mangeur-de-chair-transporte-par-les-chiens-fait-son-apparition-en-amerique-du-nord-148618">Un parasite mangeur de chair transporté par les chiens fait son apparition en Amérique du Nord</a>
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<h2>De quelles maladies parle-t-on ?</h2>
<p>Les maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’humain sont appelées maladies zoonotiques ou <a href="https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/sante-animale/maladies-animales/transmission-animaux-humains">zoonoses</a>. On connaît plus de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3668296/#B18">70 agents pathogènes</a> des animaux de compagnie qui sont transmissibles à l’humain.</p>
<p>Dans certains cas, un animal atteint d’un agent pathogène zoonotique semblera malade. Mais souvent, il ne présentera aucun symptôme visible, ce qui facilite la transmission, car on ne soupçonnera pas que son compagnon est porteur de germes.</p>
<p>Les zoonoses peuvent passer directement des animaux domestiques aux humains, par contact avec la salive, les fluides corporels ou les excréments, ou indirectement, par contact avec de la litière, de la terre, de la nourriture ou de l’eau contaminées.</p>
<p>Des études indiquent que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4500695/">prévalence des zoonoses associées aux animaux de compagnie est faible</a>. Toutefois, le nombre réel d’infections est probablement <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/17/11/3789">sous-estimé</a>, car de nombreuses zoonoses ne sont pas <a href="https://educaloi.qc.ca/capsules/les-maladies-a-declaration-obligatoire-les-mado/">« à déclaration obligatoire »</a>, ou peuvent posséder des voies d’exposition multiples ou des symptômes génériques.</p>
<h2>Virus, bactéries, champignons, parasites…</h2>
<p>Les chiens et les chats sont d’importants réservoirs d’infections zoonotiques (les agents pathogènes vivent naturellement dans leur population) causées par des virus, des bactéries, des champignons et des parasites. <a href="https://www.who.int/data/gho/data/themes/topics/rabies">Dans les régions endémiques d’Afrique et d’Asie</a>, les chiens sont la principale source de la rage, qui se transmet par la salive.</p>
<p>Les chiens sont également porteurs de la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-laboratoire/fiches-techniques-sante-securite-agents-pathogenes-evaluation-risques/capnocytophaga.html">bactérie <em>Capnocytophaga</em></a> dans la bouche et la salive. Celle-ci peut être transmise à l’humain par contact étroit ou morsure. La grande majorité des personnes n’en seront pas infectées, mais chez les gens dont le système immunitaire est affaibli, cela peut occasionnellement provoquer une <a href="https://www.cdc.gov/capnocytophaga/signs-symptoms/index.html">maladie grave</a>, voire mortelle. Un décès de ce type a été signalé <a href="https://thewest.com.au/news/wa/tracy-ridout-perth-mum-dies-11-days-after-rare-bacterial-infection-from-minor-dog-bite-c-11748887">cet été en Australie-Occidentale</a>. Au Canada, un homme de Sudbury, en Ontario, <a href="https://www.vidal.fr/actualites/29481-au-canada-un-homme-meurt-d-une-infection-rare-a-capnocytophaga-apres-une-morsure-de-chien.html">est mort à l’été 2022, quelques jours après avoir été accidentellement mordu par son propre chien</a>.</p>
<p>Un certain nombre de maladies transmises par voie fécale-orale, telles que la giardiase, la campylobactériose, la salmonellose et la toxoplasmose, nous sont transmises par les chats. Il est donc particulièrement important de se laver les mains après avoir manipulé le bac à litière ou d’utiliser des gants pour le faire.</p>
<p>Les chats peuvent aussi transmettre des infections par morsure ou griffure, notamment la <a href="https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/maladies-infectieuses/bacilles-gram-n%C3%A9gatifs/maladie-des-griffes-du-chat">maladie des griffes du chat</a>, causée par la bactérie <em>Bartonella henselae</em>.</p>
<p>Les chiens et les chats sont également des réservoirs de la bactérie <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10122942/"><em>Staphylococcus aureus</em>, résistante à la méthicilline</a> (SARM), pour laquelle un contact étroit avec des animaux de compagnie est considéré comme un facteur de risque important de transmission zoonotique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme aux cheveux bouclés se fait lécher le visage par un Staffordshire terrier" src="https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une bactérie qui peut provoquer des maladies graves, voire mortelles, chez certaines personnes se retrouve dans la salive des chiens.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/girl-kissing-dog-breed-staffordshire-terrier-200987354">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Les chiens et les chats ne sont pas les seuls animaux de compagnie à pouvoir contaminer des humains. Les oiseaux transmettent occasionnellement la <a href="https://www.cdc.gov/pneumonia/atypical/psittacosis/">psittacose</a>, une infection bactérienne qui cause la pneumonie. On a établi que les <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-reptiles-domestiques-transportent-salmonelles-51444/">tortues de compagnie</a> pouvaient transmettre la Salmonella à l’humain, en particulier aux jeunes enfants. On a même observé un lien entre les poissons d’aquarium e t <a href="https://www.cdc.gov/healthypets/pets/fish.html">diverses infections bactériennes</a> chez l’humain, notamment la vibriose, la mycobactériose et la salmonellose.</p>
<h2>Certains comportements sont plus à risque</h2>
<p>Des contacts étroits avec les animaux — et certains comportements — accroissent le risque de transmission zoonotique. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19398275/">Une étude</a> menée aux Pays-Bas a constaté que la moitié des propriétaires d’animaux de compagnie laissent ceux-ci leur lécher le visage et que 18 % d’entre eux autorisent leurs chiens à partager leur lit (ce qui augmente la durée d’exposition aux agents pathogènes dont les animaux sont porteurs). La même étude a révélé que 45 % des gens qui possèdent des chats leur permettent de sauter sur l’évier de la cuisine.</p>
<p>On a également établi un lien entre le fait d’embrasser des animaux de compagnie et certaines infections zoonotiques. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3298380/">Au Japon, une femme</a> a développé une méningite causée par une infection à <em>Pasteurellamultocida</em> après avoir embrassé fréquemment le visage de son chien. Cette bactérie est souvent présente dans la cavité buccale des chiens et des chats.</p>
<p>Les jeunes enfants ont communément des comportements qui <a href="https://www.cdc.gov/healthypets/specific-groups/high-risk/children.html?CDC_AA_refVal=https%3A%2F%2Fwww.cdc.gov%2Fhealthypets%2Fspecific-groups%2Fchildren.html">augmentent le risque</a> de contracter des maladies zoonotiques, par exemple lorsqu’ils se mettent les mains dans leur bouche après avoir touché leur animal de compagnie. Les enfants ont également tendance à ne pas se laver les mains de façon adéquate après avoir touché leur compagnon.</p>
<p>Bien que toute personne ayant eu un contact avec un agent pathogène zoonotique par l’intermédiaire de son animal de compagnie puisse tomber malade, certaines sont plus à risque de développer une maladie grave. Il s’agit notamment des jeunes, des personnes âgées, immunodéprimées ou des femmes enceintes.</p>
<p>Si la plupart des gens infectés par le parasite de la toxoplasmose souffriront d’une maladie bénigne, celle-ci peut être <a href="https://www.passeportsante.net/famille/grossesse?doc=toxoplasmose-pendant-grossesse-risques">mortelle pour le fœtus ou provoquer des malformations congénitales</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une petite fille blonde allongée sur le sol embrassant un grand chien blond" src="https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les jeunes enfants de moins de 5 ans sont plus exposés aux maladies zoonotiques et adoptent souvent des comportements qui augmentent le risque de contracter une infection de leur animal de compagnie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que faire pour éviter d’attraper une maladie de mon animal de compagnie ?</h2>
<p>Un certain nombre de bonnes pratiques d’hygiène et d’élevage peuvent réduire le risque de maladie. En voici quelques-unes :</p>
<ul>
<li><p>se laver les mains après s’est amusé avec son animal ou avoir manipulé sa litière ou ses jouets, ou après avoir nettoyé ses excréments ;</p></li>
<li><p>ne pas laisser un animal domestique lécher notre visage ou une plaie ouverte ;</p></li>
<li><p>surveiller les jeunes enfants lorsqu’ils jouent avec des animaux domestiques et qu’ils se lavent les mains après ;</p></li>
<li><p>porter des gants pour changer une litière ou nettoyer un aquarium ;</p></li>
<li><p>humecter les surfaces des cages d’oiseaux avant le nettoyage afin de minimiser les aérosols ;</p></li>
<li><p>empêcher les animaux domestiques d’entrer dans la cuisine (surtout les chats qui peuvent sauter sur les surfaces de préparation des aliments) ;</p></li>
<li><p>se tenir informé des soins vétérinaires préventifs, y compris la vaccination et les traitements contre les vers et les tiques ;</p></li>
<li><p>consulter un vétérinaire si l’on croit que son animal ne va pas bien.</p></li>
</ul>
<p>Les personnes présentant un risque élevé de maladie doivent plus particulièrement prendre des précautions pour réduire leur exposition aux agents pathogènes zoonotiques. Et avant de se procurer un animal de compagnie, on devrait demander à un vétérinaire quel type d’animal convient le mieux à sa situation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212938/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les animaux, y compris ceux qui vivent dans nos maisons, peuvent être porteurs de toutes sortes de maladies. La plupart du temps, cela ne pose pas problème. Mais il y a quelques précautions à prendre.Sarah McLean, Lecturer in environmental health, Swinburne University of TechnologyEnzo Palombo, Professor of Microbiology, Swinburne University of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2126812023-09-08T13:04:14Z2023-09-08T13:04:14ZUne mouche à fruit atterrit dans votre vin. Pouvez-vous tout de même le boire ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545839/original/file-20230824-25-c2ho4q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=18%2C0%2C6039%2C4014&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Que faire si une mouche à fruit se noie dans votre verre de vin? Connaissant les endroits peu ragoûtants où ces insectes se tiennent, peut-on encore le boire?
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/fruit-fly-swimming-red-wine-wasnt-2283078405">Anne Webber/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Vous vous servez un verre de votre sauvignon blanc préféré et vous vous apprêtez à en déguster une gorgée lorsqu’une mouche à fruits s’y pose. L’insecte est manifestement mort. Mais compte tenu de ce que vous savez sur les endroits où ces bibittes se tiennent, vous vous demandez si vous pouvez boire ce verre en toute sécurité.</p>
<p>Malgré leur nom à consonance agréable, les mouches à fruits (espèces <em>Drosophila</em>) se nourrissent d’aliments en décomposition. Elles vivent dans les poubelles, les tas de compost ou tout autre lieu où il y a de la nourriture, y compris les canalisations. Les aliments en décomposition regorgent de germes qu’une mouche peut ramasser au passage et déposer partout où elle atterrit.</p>
<p>Ces <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0362028X22084745">bactéries</a> comprennent <em>l’E. coli</em>, <em>la Listeria</em>, <em>la Shigella</em> et <em>la Salmonella</em>, chacune d’entre elles pouvant provoquer une infection grave, même chez des personnes en bonne santé. Vous vous rendez compte que la mouche à fruits vient peut-être de déposer des microbes potentiellement mortels dans votre vin, vous le jetez donc dans l’évier et vous vous servez un autre verre.</p>
<p>Cependant, les preuves scientifiques suggèrent que vous venez de gaspiller du bon vin. Le vin contient généralement entre 8 et 14 % d’éthanol et a un pH d’environ 4 ou 5 ; un pH inférieur à 7 est considéré comme acide.</p>
<p>L’alcool est bien connu pour son effet inhibiteur sur les germes et c’est l’une des raisons pour lesquelles le vin peut être conservé si longtemps. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9754789/">Plusieurs</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20629891/">études</a> de <a href="https://www.mdpi.com/2304-8158/9/7/936">laboratoire</a> ont également montré que les effets combinés de l’alcool du vin et des acides organiques, tels que l’acide malique, peuvent empêcher la croissance <em>d’E. coli</em> et <em>de Salmonella</em>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="E coli bacteria" src="https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le vin est connu pour inhiber la croissance des germes, tels que l’E. coli.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-illustration/escherichia-coli-bacterium-e-gramnegative-rodshaped-1026248248">Kateryna Kon/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le fait que les germes transmis par la mouche à fruits dans le vin puissent provoquer une infection <a href="https://www.ift.org/news-and-publications/food-technology-magazine/issues/2021/may/columns/food-safety-and-quality-infectious-doses-of-foodborne-illness">dépend</a> du nombre de bactéries déposées (la « dose infectieuse ») et de la capacité métabolique des germes. Le vin dans lequel la mouche à fruits a plongé était également réfrigéré, ce qui, pour certaines bactéries responsables des intoxications alimentaires, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2016.01151/full">perturbe leur métabolisme au point</a> de les empêcher de proliférer.</p>
<p>Tous les types de vin (rouge, blanc ou rosé, qu’ils soient réfrigérés ou à température ambiante) sont naturellement antibactériens. Les germes qu’ils peuvent contenir risquent de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20629891/">se détériorer</a>, ce qui réduit leur capacité d’infection. Cela suggère que si les germes déposés dans le vin par les mouches peuvent être présents à une dose suffisamment élevée pour provoquer une maladie, ils ne sont pas susceptibles d’occasionner une infection, car ils sont trop dégradés. Il est donc fort probable que le vin contaminé puisse être bu sans effet néfaste, qu’il sorte du réfrigérateur ou non.</p>
<h2>Ensuite, il faut affronter le corps</h2>
<p>S’ils ne sont pas altérés directement par le vin, les germes encore vivants provenant du dépôt de la mouche à fruits rencontreront les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7684463/pdf/WJG-26-6706.pdf">fluides très acides de l’estomac humain</a>.</p>
<p>Les germes responsables des intoxications alimentaires sont très sensibles à l’acide, qui endommage leur ADN, et l’acide gastrique peut même les tuer. Dans l’estomac, ils doivent également franchir d’autres barrières mortelles telles que les enzymes digestives, le mucus qui les emprisonne et les défenses toujours vigilantes du système immunitaire. Il est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7553086/pdf/fmicb-11-556140.pdf">peu probable que les germes déposés par les mouches puissent déclencher une infection</a>.</p>
<p>À moins que vous n’ayez une phobie des germes, je vous conseille d’enlever la mouche et de boire le vin. Si vous voulez un supplément de protéines, vous pouvez même avaler la mouche !</p>
<p>Il est peu vraisemblable que la mouche à fruits modifie le goût du vin, même si elles sont plusieurs. Votre système digestif traitera simplement la bestiole comme n’importe quelle autre protéine. Santé !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212681/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un microbiologiste explique quel est le risque pour votre santé de boire un bon sauvignon blanc bien frais dans lequel une mouche à fruit s’est posée.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2105842023-08-17T20:55:24Z2023-08-17T20:55:24ZContamination des eaux de baignade et des coquillages par des matières fécales : comment identifier les sources<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542341/original/file-20230811-4652-cuo4vf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6627%2C3348&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avant d'aller nager, assurez-vous de la qualité de l'eau.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/E9PJO_vL3E8">Todd Quackenbush/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Des micro-organismes tels que les bactéries et les virus sont présents dans les milieux aquatiques (eaux côtières, rivières, lacs…), en <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-022-18274-w">quantité et diversité variables</a>, <a href="https://www.science.org/doi/epdf/10.1126/science.1261359">parfois très élevées</a>.</p>
<p>Certains de ces micro-organismes peuvent être pathogènes pour l’Homme et donc rendre malades, non seulement, des baigneurs mais aussi les consommateurs de coquillages. En effet, les bivalves — huîtres, moules ou palourdes — se nourrissent de plancton : ils filtrent et concentrent ainsi les bactéries et les virus présents dans les eaux. </p>
<p>La majorité de ces micro-organismes pathogènes sont d’origine fécale. Ils sont issus du tube digestif de l’Homme et des animaux, à l’image des salmonelles, des Campylobacter, de certains <em>Escherichia coli</em> (<em>E. coli</em>) pouvant être pathogènes, ou des virus entériques humains tels que les norovirus qui sont connus pour être des agents responsables d’infections ou de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/537274/document_file/tiac_donnees_2021.pdf">toxi-infections alimentaires</a>.</p>
<p>En 2021, 8,3 % des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) déclarées étaient dues à la consommation de coquillages. Les virus entériques ont été suspectés d’être responsables de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/537274/document_file/tiac_donnees_2021.pdf">75 % de celles-ci</a>.</p>
<p>Ces micro-organismes pathogènes sont souvent apportés aux eaux côtières par les rejets anthropiques en amont. Ils ont été par exemple retrouvés dans des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.02443/full">zones côtières et leurs bassins versants en France</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bacteries-virus-quels-sont-les-risques-a-nager-en-piscine-ou-en-eaux-vives-206624">Bactéries, virus… Quels sont les risques à nager en piscine ou en eaux vives ?</a>
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<p>Le risque de contamination des eaux côtières par ces micro-organismes pathogènes ne peut pas être estimé par leur recherche directe en raison de leur grande diversité, de leur présence souvent en faible nombre et du coût et du temps nécessaires pour ces analyses.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les sources d’apports bactériens en zone côtière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>À la recherche des bactéries</h2>
<p>Aussi, au niveau international, une alternative a été retenue pour évaluer la qualité sanitaire des eaux de surface et des lots de coquillages. Elle consiste à rechercher et quantifier des indicateurs bactériens de contamination fécale : les <em>E. coli</em> et les entérocoques intestinaux par culture, qui signent la présence d’une pollution fécale, et donc la possible présence de micro-organismes pathogènes. </p>
<p>Pour préserver la santé humaine, selon la réglementation européenne, le classement des <a href="https://baignades.sante.gouv.fr/baignades/editorial/fr/controle/directive2006_7_CE.pdf">zones de baignade</a> (pendant la saison balnéaire), des <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32004R0854#d1e32-300-1">zones conchylicoles</a> (<a href="https://www.atlas-sanitaire-coquillages.fr/">zones d’élevage des coquillages</a>, suivies toute l’année) et des <a href="https://www.pecheapied-responsable.fr/">zones de pêche à pied</a> repose sur la recherche et la quantification de ces indicateurs dans les eaux ou les coquillages. </p>
<p>Des concentrations élevées de ces indicateurs peuvent conduire à des déclassements ou fermetures de ces différentes zones et nécessiter une purification des coquillages des zones conchylicoles ou un reparcage de ceux-ci <a href="https://littoral.ifremer.fr/Reseaux-de-surveillance/Environnement/REMI-REseau-de-controle-MIcrobiologique">avant leur commercialisation</a>. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="pêche à pied devant une falaise" src="https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La pêche à pied peut être un vecteur de contamination, car les coquillages ingèrent et concentrent les microbes présents dans des eaux éventuellement contaminées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/106274573@N04/51047351381/in/photolist-2ng35tL-JsJ6fy-JJpwyJ-2kLT26X-jDMBt-hswQrt-8rJp1b-jDMBr-EhZhPm-dwZip-5WbBVR-oVYwvx-RHpoKm-X1F3xk-nAExa-6hS1Tc-8rYhMZ-TnVZfT-UFqKum-NCWJSG-psm1pv-dbmR1w-XhZoot-N8kERc-NCWJKN-okhHgQ-5hcQyK-2egVcsQ-cEuLUS-ijk7kX-UxGs22-qg1tu5-iirP8z-2jh7PNw-Tgh31C-ikQWUX-i9LKmR-qfDgmF-fp4sNg-iudENr-o8u8gH-pfM9cY-2bnxy3Y-7Fvt3x-qMb4Ho-Q65kro-QALyw3-7S7Yp3-7S4M7p-qfwstJ/">Nicolas Torquet, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le classement des eaux de baignade en 2022 en Europe montre que la <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/european-bathing-water-quality-in-2022/">France est classée en 21ᵉ position si on prend en compte le paramètre « proportion des eaux classées en qualité excellente »</a>. Sur les 2074 zones de baignade en eau de mer et les 1296 en eau douce suivies en France, 77,9 % et 73,2 % des zones de baignade ont été respectivement classées en qualité excellente et 97,0 % et 89,3 % en qualité suffisante, avec une légère dégradation de la qualité sanitaire des eaux <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/european-bathing-water-quality-in-2022/france/@@download/file/Bathing%20water%20country%20FR%20final.pdf">depuis 2019</a>.</p>
<h2>Identification des sources de contamination fécale</h2>
<p>Dans un objectif d’amélioration de la qualité sanitaire des eaux et des coquillages, il est nécessaire de mettre en place des actions préventives et curatives pour limiter les pollutions d’origine fécale. Aussi, la discrimination et la hiérarchisation des sources de contamination sont devenues prioritaires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un parc à huîtres" src="https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Tables à huîtres dans une zone conchylicole.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aourégan Terre-Terrillon, Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Pour identifier une pollution microbiologique et son origine, la première étape consiste à évaluer la contamination en <em>E. coli</em> des eaux et des coquillages de la zone concernée mais également plus en amont au niveau des eaux de rivières des bassins versants pouvant les impacter. La deuxième étape consiste à identifier la provenance de cet indicateur de contamination fécale.</p>
<p>Pour identifier les sources de ces bactéries, on utilise des méthodes regroupées sous le terme de <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/38/1/1/509509"><em>Microbial Source Tracking</em></a> (<em>MST</em> ou traçage des sources microbiennes, TSM). </p>
<p>On pourrait penser que l’approche la plus adaptée consisterait à isoler les E. coli dans les zones suivies et à les comparer à celles isolées dans des sources bien identifiées (humaines ou animales). Mais <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/abs/10.1139/cjm-2020-0244?af=R">ceci n’est pas efficace</a> en raison des faibles taux de génotypes permettant de distinguer les sources et de classifications correctes en pratique.</p>
<p>À l’Ifremer, depuis 2005, nous avons retenu l’approche basée sur la recherche de marqueurs microbiologiques ciblant l’ADN de bactéries par amplification génique (la désormais célèbre PCR quantitative) et développé ou utilisé des marqueurs bactériens associés à une source de contamination précise : par exemple des marqueurs Porc, Ruminant (bovin et ovin), Oiseaux sauvages et même plus récemment Phoque. </p>
<p>À titre d’exemple, voici comment le <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/AEM.02343-08">marqueur Porc</a>, dénommé Pig2Bac, a été développé. Il a été <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0043135413005496">validé au niveau international</a> et a été utilisé dans de nombreuses études aussi bien en France que dans d’autres pays.</p>
<p>Nous avons d’abord collecté un grand nombre de fèces et de lisiers de porcs dans des exploitations porcines en France. Nous en avons extrait l’ADN bactérien puis amplifié les séquences d’ADN correspondant aux bactéries de l’ordre des Bacteroidales, sélectionnées pour être des bactéries anaérobies majoritaires de la flore intestinale des animaux à sang chaud et des humains, pour certaines d’entre elles, spécifiques d’un hôte (ici, porcin) et ne se multipliant pas dans l’environnement. </p>
<p>Nous avons ensuite comparé ces séquences à d’autres séquences de bactéries du même ordre mais identifiées dans d’autres sources : humaines, bovines et aviaires.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="infographie décrivant la méthode : échantillonage, extraction d’ADN, amplification d’ADN et marqueurs bactériens, discrimination de sources" src="https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=872&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=872&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=872&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1095&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1095&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1095&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Méthode d’identification des sources de matières fécales grâce à des marqueurs génétiques. Sur cette illustration, à titre d’exemple, les sources de matières fécales identifiées à la dernière étape sont humaine et porcine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0043135417302877">Michèle Gourmelon et Elsa Couderc, inspiré de Nshimyimana et coll., Water Research 2017, créé avec Piktochart</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Des séquences de bactéries présentes spécifiquement chez les porcs ont ainsi été identifiées. Des amorces de PCR qui ciblent ces séquences ont ensuite été dessinées. Puis, nous avons vérifié que le marqueur Porc donnait des résultats positifs dans les échantillons d’origine porcine (évaluation de la sensibilité), et négatifs dans les échantillons d’autres origines (évaluation de la spécificité). Nous avons ainsi montré que ce marqueur avait une sensibilité de 100 % et une spécificité de 99 %. Ces très bons résultats ont donc permis de valider ce marqueur de contamination porcine.</p>
<p>Cependant, pour qu’un marqueur soit pertinent, il doit présenter une persistance dans les eaux, similaire à celle de l’indicateur <em>E. coli</em>. Nous avons donc suivi au laboratoire pendant plusieurs jours les concentrations du marqueur Pig2Bac et de <em>E. coli</em> dans une eau douce et une eau marine artificiellement contaminées par du lisier de porcs. Ce marqueur et d’autres que nous avons également testés persistaient généralement un peu moins longtemps dans les eaux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0043135411003460?via%3Dihub">que <em>E. coli</em> dénombré par culture</a> : il ciblerait donc plutôt une contamination fécale récente. Toutefois, il est important de considérer que les conditions variables de température, salinité, oxygénation de l’eau ont une influence sur la persistance de ces bactéries et qu’il est difficile d’extrapoler ces résultats à une recherche dans l’environnement naturel.</p>
<p>Ce marqueur ainsi que ceux d’autres sources sont utilisés <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/47/4/fuad028/7191838">dans des études scientifiques</a> et en routine par des laboratoires d’analyse des eaux pour répondre aux demandes des gestionnaires des eaux. </p>
<p>Pour être plus confiants dans les résultats d’identification des sources, on ne peut que recommander de rechercher en parallèle plusieurs cibles d’une même source et de différentes sources ; on parle dans ce cas de l’utilisation d’une « boite à outils TSM » ou <em>MST-toolbox</em>. Des marqueurs Bacteroidales et des composés chimiques, des stanols fécaux, ont ainsi donné des résultats intéressants <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969717319526">lors d’un suivi sur plusieurs sites</a>. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468584420300155">marqueurs mitochondriaux</a> qui ciblent directement l’ADN de l’hôte, les virus entériques et certains bactériophages ou virus de bactéries, ainsi que les composés chimiques ingérés tels que la caféine et les médicaments en santé humaine ou vétérinaire peuvent aussi être utilisés. </p>
<p>De plus, on peut <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.697553/full">comparer des communautés bactériennes dans les sources</a> et les <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/es201118r">eaux</a> par des méthodes de séquençage haut débit.</p>
<p>L’approche <em>Microbial Source Tracking</em> continue à s’enrichir par la description et la validation de nouveaux marqueurs, ainsi que par l’intégration des derniers développements technologiques pour <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8660560/">mieux cibler les agents recherchés</a>. Ces développements et les intégrations de nouvelles méthodes ne peuvent qu’améliorer l’identification des sources de contamination fécale dans l’environnement et donc au final la qualité des eaux et des coquillages.</p>
<p>En conclusion, pour un bon usage des marqueurs et une identification correcte des sources, il est essentiel : de bien connaître la zone d’étude sur laquelle ils sont recherchés ; de prendre en compte l’influence des facteurs tels que la pluviométrie, qui peuvent aggraver les pollutions ; de remonter aux rivières identifiées comme pouvant impacter le site de baignade ou la zone conchylicole étudiés ; d’associer si possible plusieurs marqueurs complémentaires et de les rechercher dans plusieurs prélèvements d’un même site et dans les eaux en amont dans des conditions contrastées, plutôt que de réaliser une simple recherche ponctuelle peu discriminante.</p>
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<p><em>Je tiens vivement à remercier Anne-Marie Pourcher de l’Inrae pour la relecture de cet article ainsi que tous ceux qui ont participé aux études ayant permis de développer et de valider les marqueurs de contamination fécale présentés ici.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210584/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michèle Gourmelon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Afin de mieux assurer la qualité des eaux de baignade et des coquillages, il faut d’abord identifier les sources de contamination microbiologique, souvent d’origine fécale.Michèle Gourmelon, Chercheure en bactériologie et en écologie microbienne, principalement en zone côtière, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2093392023-07-19T19:12:41Z2023-07-19T19:12:41ZVirus de la dengue en France métropolitaine : à quoi faut-il s’attendre cette année ?<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfers ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de <a href="https://theconversation.com/virus-de-la-dengue-en-france-metropolitaine-a-quoi-faut-il-sattendre-cette-annee-209339">transmettre des virus tropicaux</a>, en passant par les <a href="https://theconversation.com/serie-1-des-draps-a-la-telecommande-tele-la-verite-sur-les-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">dangers microbiologiques méconnus des hôtels</a>, les « traditionnels » <a href="https://theconversation.com/le-retour-douloureux-des-coups-de-soleil-et-leurs-consequences-209059">coups de soleil</a>, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
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<p>De l’avis de tous les spécialistes, l’année 2022 a été exceptionnelle en France métropolitaine sur le front de la circulation des arbovirus, ces virus transmis par les arthropodes se nourrissant de sang, comme les tiques ou les moustiques. </p>
<p>Cette année est-elle annonciatrice de ce qui nous attend à l’avenir ? Ou s’agit-il plutôt d’une anomalie pour notre pays, habituellement très peu coutumier de ces virus, plutôt considérés comme <a href="https://theconversation.com/virus-exotiques-en-france-un-sujet-plus-que-jamais-dactualite-186324">« exotiques »</a> ?</p>
<h2>2022, l’année de tous les records en France métropolitaine</h2>
<p>Retour en arrière. 2022, au milieu de l’été, un premier cas « autochtone » de transmission de dengue est rapporté dans l’Hexagone. Cet adjectif qualifie une infection détectée sur le territoire national, sans que le malade n’ait voyagé en zone contaminée auparavant. À l’inverse des cas « importés » depuis l’étranger, cela signifie donc que le virus circule dans le pays. </p>
<p>Cela n’avait alors rien de très surprenant : la dengue, maladie arbovirale la plus répandue dans le monde, qui touche chaque année entre 100 et 400 millions de personnes, a déjà été responsable de cas autochtones ces dernières années en France métropolitaine. Le virus avait notamment été détecté dans les Alpes Maritimes, le Var, les Bouches du Rhône, l’Hérault ou encore le Gard, totalisant une trentaine de cas depuis 2010. Pas vraiment de quoi s’inquiéter initialement, donc. </p>
<p>Mais voilà, 2022 ne s’est pas passée comme prévu, et les cas autochtones se sont enchaînés. Neuf épisodes de transmission autochtone de dengue ont été répertoriés, totalisant 66 cas au total, dans les régions Occitanie (12 cas), Provence-Alpes-Côte d’Azur (52 cas) et Corse (deux cas). Par ailleurs, le virus a touché de nouveaux départements dans lesquels aucun cas de dengue n’avait jamais été identifié, comme la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées ou encore les Pyrénées-Orientales. </p>
<p>66 cas autochtones cela peut paraître peu, mais cela représente, en une seule année, plus du double des cas répertoriés en 12 ans, depuis le premier cas de dengue autochtone identifié en France en 2010 dans les Alpes Maritimes. </p>
<p>Or, la dengue est une maladie qui ne doit pas être prise à la légère.</p>
<h2>La dengue, une maladie potentiellement grave</h2>
<p>Si la dengue est asymptomatique dans une grande proportion des cas (dans 50 % à 90 %, en fonction des études), elle peut néanmoins se traduire, dans environ 1 % des cas, par une forme potentiellement mortelle : la dengue dite « hémorragique », qui s’accompagne de saignements multiples, notamment gastro-intestinaux, cutanés et cérébraux.</p>
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<p>Chez les autres personnes symptomatiques, la maladie se manifeste principalement par des symptômes assez proches de ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires… On estime que chaque année, 500 000 personnes sont hospitalisées dans le monde pour des formes graves de la maladie, qui entraînent entre 10 000 et 15 000 décès. Au-delà de ce coût en vies humaines, la prise en charge de la maladie <a href="https://www.guadeloupe.franceantilles.fr/le-cout-de-lepidemie-50-000-jours-darret-maladie-619686.php">a un coût certain pour la communauté</a>. </p>
<p>Limiter le nombre de cas est important, car la maladie risque de se propager à chaque piqûre de moustique.</p>
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<img alt="Carte de présence du moustique tigre au 1er janvier 2023 -" src="https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Au 1er janvier 2023, sur 96 départements de France métropolitaine, 71 départements sont colonisés par le moustique vecteur Aedes albopictus (moustique tigre).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Ministère de la Santé et de la Prévention - Direction générale de la Santé</a></span>
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<h2>Quels moyens de lutte ?</h2>
<p>Quand un moustique vecteur pique un hôte infecté, le virus se multiplie dans son organisme. Lors de la piqûre suivante, il passera dans le sang d’une autre personne, où il pourra être prélevé par un autre moustique, et ainsi de suite.</p>
<p>Le meilleur moyen de limiter la propagation d’un foyer d’infection est donc de lutter contre le vecteur principal de ce virus : à savoir <em>Aedes albopictus</em>, plus connu sous le nom de moustique tigre. </p>
<p>Une tâche très compliquée, car l’aire de répartition de ce moustique ne cesse de s’étendre en France ces dernières années, ce qui augmente sensiblement le nombre de départements à risque.</p>
<p>Chaque foyer identifié implique la mise en place d’une infrastructure assez lourde pour briser le cycle de circulation des virus dans la population humaine : opérations de démoustication à proximité des cas détectés (afin d’éliminer les moustiques adultes ainsi que leurs larves), actions de sensibilisation auprès du public et des professionnels de santé, enquêtes de porte-à-porte menées en collaboration avec les Agences régionales de Santé (ARS), Santé publique France et des agences de démoustication (Altopictus ou l’Entente interdépartementale de démoustication). </p>
<h2>À quoi s’attendre pour les années à venir ?</h2>
<p>Il est très difficile d’anticiper la circulation des arbovirus, car leur cycle de transmission est influencé par des paramètres multiples. </p>
<p>Difficile, donc, de savoir si 2023 et les années suivantes seront du même tonneau, ou pire, que 2022. Difficile également de prévoir quelle arbovirose, entre la dengue, le Zika, ou le chikungunya, occupera le devant de la scène. La dengue étant l’arbovirose la plus présente à la surface du globe, la probabilité est néanmoins forte d’observer de plus en plus de cas de cette maladie en métropole dans les années à venir. </p>
<p>Une seule chose est certaine : il est désormais clairement établi que nous devons nous attendre à une augmentation des cas de transmission arbovirale en France métropolitaine au cours des prochains étés. D’autant plus que la situation exceptionnelle observée en France l’année passée n’est pas un cas isolé au niveau mondial. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-moustiques-nous-piquent-et-les-consequences-186325">Comment les moustiques nous piquent (et les conséquences)</a>
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<p>Dans les Amériques, 2,8 millions de cas de dengue ont été identifiés en 2022, ce qui représente plus du double des cas signalés en 2021. Et 2023 est déjà synonyme, pour certains pays, d’épidémie de dengue sans précédent : le Pérou est victime de la vague la plus intense depuis la réapparition de cette maladie dans le pays en 1990. </p>
<p>Autre indicateur inquiétant, l’Organisation mondiale de la Santé se prépare à la probabilité que le phénomène El Niño, prévu pour les années 2023 et 2024, puisse accroître la transmission non seulement de la dengue, mais aussi des autres arbovirus. </p>
<p>Enfin, le changement climatique va aussi impacter la prolifération des moustiques vecteurs de ces maladies, en allongeant la période d’activité des moustiques, dont le pic s’étend pour l’instant de mai à septembre. Par ailleurs des températures élevées favorisent la multiplication des virus dans les moustiques et donc leur transmission.</p>
<h2>Des réseaux de surveillance à la limite de leurs capacités</h2>
<p>Bien que constituant un record absolu, le nombre de cas de dengue recensés en 2022 reste donc probablement très limité par rapport à ce que nous devons nous attendre dans les années à venir. Par ailleurs, la France va accueillir des évènements sportifs majeurs ces prochaines années, dont les Jeux olympiques en 2024, ce qui pourrait contribuer à renforcer la dynamique de circulation des arbovirus… </p>
<p>Face à l’émergence de ces maladies arbovirale, la France, a mis en place des réseaux actifs de surveillance. Ils regroupent des experts aux différentes compétences (vétérinaires, cliniciens, entomologistes, chercheurs) qui participent tous à mieux comprendre ces virus. </p>
<p>L’explosion des cas de l’an passé les a cependant localement mis à rude épreuve, tout comme les réseaux de démoustication, qui fonctionnent à la limite de leur capacité. Cette situation met en lumière la nécessité d’investir davantage dans ces domaines. C’est dès aujourd’hui que nous devons nous préparer afin d’être en mesure de contrôler au mieux les épidémies à venir. En ce sens, 2022 est un avertissement que nous devons tous prendre au sérieux…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209339/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yannick Simonin a reçu des financements de l'ANRS-MIE, de l'ANR et de l'Université de Montpellier.</span></em></p>Les nombres de cas de dengue contractés en France métropolitaine ont explosé en 2022. Cette année restera-t-elle exceptionnelle, ou marque-t-elle plutôt l’entrée dans une nouvelle normalité ?Yannick Simonin, Virologiste spécialiste en surveillance et étude des maladies virales émergentes. Professeur des Universités, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2058512023-05-24T17:32:01Z2023-05-24T17:32:01ZPodcast « Zootopique » : Grippe, un virus du passé qui a de l’avenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/527972/original/file-20230524-25-nekzh4.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C1397%2C1391&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Zootopique Vignette saison</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/7f7f5b1b-ba8f-4be1-833e-f8c62a47f850/64623cd141a7360011179ab7" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/zootopique-105662">première saison</a> portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison. </p>
<p>Pour ce premier épisode, Béatrice Grasland, chef d’unité virologie, immunologie, parasitologie aviaires et cunicoles à l’Anses et Bruno Lina, directeur du centre national de référence pour les virus des infections respiratoires font le point sur la grippe, ou plutôt les grippes. </p>
<p>Depuis quand cette maladie existe ? Pourquoi cette maladie touche les humains, mais aussi les animaux ? Pourquoi revient-elle tous les ans ? Doit-on s’attendre à une prochaine pandémie ? Sommes-nous prêts ? </p>
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<p><em>Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : <a href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>. Animation : Benoît Tonson.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205851/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le podcast « Zootopique » revient pour une deuxième saison. Dans cet épisode nous faisons le point sur les grippes. Sommes-nous prêts à affronter une prochaine pandémie ?Béatrice Grasland, Chef d'unité virologie, immunologie, parasitologie aviaires et cunicoles, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceBruno Lina, Directeur du centre national de référence pour les virus des infections respiratoires, ENS de LyonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2055912023-05-16T18:42:04Z2023-05-16T18:42:04ZDes milliers de virus découverts dans les selles de bébés… Faut-il s’inquiéter ?<p>Pendant cinq ans, une équipe internationale de scientifiques répartie entre le Danemark, le Canada et la France a <a href="https://www.nature.com/articles/s41564-023-01345-7">étudié les fèces de 647 bébés danois</a>. Il est ressorti de l’analyse du contenu de ces milliers de couches une découverte étonnante : elles contenaient quelque 10 000 espèces de virus, soit dix fois plus que le nombre d’espèces bactériennes présentes chez les mêmes enfants… Et ce n’est pas tout : la plupart de ces virus n’avaient jamais été décrits auparavant.</p>
<p>Cette constatation risque d’inquiéter de nombreux lecteurs et parents… Les virus n’ont <a href="https://theconversation.com/fr/topics/virus-24217">jamais vraiment eu bonne réputation</a>, et la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que l’écrasante majorité des virus ne rendent pas les gens malades – ils n’infectent d’ailleurs pas du tout les humains ou les animaux.</p>
<p>Les virus dont il s’agit ici sont surtout des « bactériophages » : c’est-à-dire que ce sont des virus qui infectent exclusivement les bactéries ; ce sont eux qui constituent la grande partie de notre microbiome. Et ce sont des bactériophages qui ont été trouvé en abondance dans les couches des bébés – environ 90 % des virus trouvés lors de l’étude étaient des tueurs de bactéries.</p>
<p>D’où proviennent-ils ? Du microbiote intestinal… Le <a href="https://theconversation.com/microbiote-intestinal-et-sante-une-alliance-que-chacun-peut-optimiser-168965">microbiome intestinal humain</a> est en effet un ensemble complexe de micro-organismes, comprenant des bactéries et des archées (deux grands groupes d’organismes unicellulaires sans noyau), des eucaryotes (cellules avec un noyau, comme les nôtres) microbiens et des virus.</p>
<p>La composante virale du microbiome intestinal, ou « virome », est principalement constituée de bactériophages qui contribuent au maintien d’un microbiome global sain et diversifié. Car ce n’est pas la présence des microbes qui est problématique, mais un déséquilibre entre ses différentes composantes…</p>
<h2>Un atlas pour les ranger tous</h2>
<p>Si constater que les couches des bébés sont des réserves de virus est intéressant, pour les spécialistes ce n’est que le début du travail. Ils ont ensuite cherché à savoir combien parmi ces 10 000 virus étaient connus et inconnus… et comment décrire au mieux cette diversité virale inédite sous une forme accessible. Ce qui est complexe.</p>
<p>Les présenter tous dans un immense tableau serait d’une lecture plutôt ennuyeuse (et peu pratique). Ils ont donc plutôt créé un « atlas de la diversité des virus de l’ADN de l’intestin du nourrisson », dans lequel ils ont regroupé et classé les virus en nouvelles familles et ordres – en fonction du degré de similitude de leurs génomes. Ce faisant, ils ont identifié 248 familles, dont 16 seulement étaient déjà connues.</p>
<p>Les chercheurs ont proposé de nommer les 232 familles de virus identifiées nouvellement d’après les enfants qui ont participé à l’étude – comme « Sylvesterviridae », « Rigmorviridae » et « Tristanviridae », etc.</p>
<p>Une <a href="https://copsac.com/earlyvir/f1y/fig1.svg">version interactive</a> de l’atlas est disponible en ligne.</p>
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<img alt="Bactériophage attquant une bactérie" src="https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523793/original/file-20230502-1677-ej65zg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des bactériophages (en rouge) attaquant une bactérie (bleue).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-illustration/3d-illustration-bacteriophage-infecting-bacterium-1126283543">Design Cells/Shutterstock</a></span>
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<h2>Les bébés ont un ensemble de virus unique</h2>
<p>Ce qui est intéressant avec les bactériophages et les autres virus présents dans l’intestin, c’est que chaque personne en possède un « assortiment » unique, avec <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1931312819304767">très peu de chevauchement entre deux personnes</a>.</p>
<p>De plus, si chaque virome intestinal est unique, il est également stable dans le temps chez les adultes : ce qui signifie que vous portez avec vous le même ensemble de virus en vieillissant. Mais les choses sont différentes au début de la vie. Juste après sa naissance, un bébé a un virome est très différent de celui qu’il aura adulte. Il lui faudra des années pour constituer et stabiliser son virome définitif.</p>
<p>Il était donc également intéressant de comparer les quelque 10 000 virus identifiés dans l’étude à de vastes collections de viromes de référence d’adultes en bonne santé… C’est ainsi que les chercheurs ont constaté que seuls 800 de ces virus avaient déjà été découverts auparavant !</p>
<p>De quoi confirmer qu’après la naissance, les premiers bactériophages à coloniser le tractus gastro-intestinal (tube digestif) des bébés lors de leurs premiers mois de vie ne resteront pas : ces « bactériophages de bébés » seront progressivement et largement remplacés par des « bactériophages d’adultes ». Il va ainsi y avoir un remaniement massif du virome, qui se fera de façon spécifique chez chacun !</p>
<p>Comme le rappellent les auteurs de l’étude, la mise en place de son microbiome intestinal au cours de ses premières années de vie va jouer un rôle essentiel dans la maturation du système immunitaire du nourrisson.</p>
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<h2>Un grand remplacement intestinal</h2>
<p>Ce remplacement pourrait être partiellement lié aux évolutions des bactéries que ces virus infectent. Par exemple, <em>Bacteroides</em>, <em>Faecalibacterium</em> et <em>Bifidobacterium</em> sont les principaux hôtes prédits pour les bactériophages pour bébés.</p>
<p>Spécialiste des bactériophages et de leurs hôtes, j’aimerais en l’occurrence souligner l’importance des espèces de <em>Bifidobacterium</em> pour la santé des nourrissons. Ces bactéries contribuent en effet à la digestion du lait maternel et sont donc primordiales au début de la vie ; elles se font par contre moins abondantes avec l’âge. Il est donc logique que les virus qui infectent les <em>Bifidobacterium</em> soient plus présents chez les bébés et moins chez les adultes.</p>
<p>Inversement, le groupe le plus abondant de bactériophages intestinaux adultes, celui des membres de l’ordre des <em>Crassvirales</em>, n’est pas aussi répandu dans les selles des bébés. Ils les acquièrent donc plus tard, en vieillissant.</p>
<p>Avec l’ajout de ces 10 000 nouvelles espèces de virus, appartenant à de nombreuses familles jusque-là inconnues, à partir d’un seul groupe de plusieurs centaines de bébés danois, il est clair qu’il y a plus de choses que nous ne savons pas sur le virome que de choses que nous savons. La communauté scientifique y travaille, une couche à la fois…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205591/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Evelien Adriaenssens a reçu des financements du Conseil de recherche en biotechnologie et en sciences biologiques (BBSRC) et du Conseil de recherches médicales (MRC). Elle est affiliée au Comité international sur la taxonomie des virus.</span></em></p>Les couches des petits sont décidément pleines de mystères… Des chercheurs viennent en effet d’y découvrir des milliers de virus dont beaucoup sont inconnus. Décryptage d’une étude pas si inquiétante.Evelien Adriaenssens, Group Leader, Gut viruses & Viromics, Quadram InstituteLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2033572023-04-13T17:49:35Z2023-04-13T17:49:35ZGrippe aviaire : que savons-nous des risques de contamination et de transmission chez l’humain ?<p>Ces derniers mois, la grippe aviaire est revenue en force dans l’actualité. Depuis octobre 2021, le virus a en effet décimé plusieurs centaines de millions d’oiseaux – au point que l’on assiste à son <a href="https://wahis.woah.org/#/home">épisode le plus dévastateur</a> à l’échelle mondiale et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/grippe-aviaire-quelle-est-la-situation-en-france-et-dans-le-monde">européenne</a>. (<em>En France, en 2023, le <a href="https://agriculture.gouv.fr/influenza-aviaire-la-situation-en-france">nombre de jours entre l’apparition de deux foyers en élevage de volailles augmente toujours, mais le nombre de foyers tend à ralentir</a>, ndlr.</em>)</p>
<p>Fin février, une <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON445">enfant de 11 ans a même été emportée au Cambodge</a>, déclenchant une vague d’inquiétude quant à la transmission aux humains d’un virus frappant normalement oiseaux sauvages et volailles. Il est toutefois important de noter que les cas humains répertoriés et les morts massives des oiseaux sont causés par deux « variants » différents appartenant à la souche H5N1 du virus de la grippe aviaire. (<em>Tout comme le <a href="https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON456">récent décès d’une femme en Chine, dû à la souche H3N8</a>, ndlr.</em>)</p>
<p>Et si quelques personnes sont bien tombées malades au contact d’oiseaux infectés, rien ne prouve qu’il y ait eu ensuite propagation d’homme à homme – le point le plus important. Ce qui n’empêche pas l’OMS de plaider pour la vigilance.</p>
<h2>Qu’est-ce que la grippe aviaire ?</h2>
<p>De nombreux types de grippe aviaire infectent naturellement les oiseaux sauvages. Il s’agit généralement de <a href="https://www.woah.org/fr/maladie/influenza-aviaire/">virus de l’influenza aviaire faiblement pathogènes (IAFP)</a>, qui provoquent habituellement peu ou pas de symptômes.</p>
<p>Chez l’Homme, elle touche l’appareil respiratoire (d’où une gêne) et provoque des lésions, la sécrétion de mucus, une toux, de la fièvre et une forte fatigue ainsi que des douleurs musculaires et articulaires – <a href="https://pasteur-lille.fr/centre-prevention-sante-longevite/vaccins-et-voyages/grippe-aviaire/">signes d’une inflammation intense</a>. L’infection peut évoluer et être mortelle si d’autres organes sont atteints : cœur, foie, reins, cerveau…</p>
<p>Toutefois, certains de ces virus sont classés comme hautement pathogènes (AIHP), ce qui est le cas du virus à l’origine de l’épidémie mondiale de grippe aviaire en cours.</p>
<p>Il existe en effet non pas un, mais de nombreux virus de la grippe aviaire, qui sont classés par sous-types. La nomenclature internationale utilise des H (pour « hémagglutinine », une protéine de surface du virus) et des N (pour « neuraminidase », une enzyme) : d’où la désignation de H5N1 dans le cas présent.</p>
<p>Et pour mieux appréhender la diversité au sein de ces sous-types, on se réfère également à des « clades » spécifiques (l’équivalent des variants du SARS-CoV-2). Celui qui nous préoccupe actuellement est le clade H5N1 2.3.4.4b.</p>
<p>La souche actuelle de la grippe aviaire est apparue en 2020-2021 et s’est propagée rapidement en Europe et en Asie, y provoquant des hécatombes. Elle a ensuite gagné l’<a href="https://doi.org/10.1038/s41598-022-13447-z">Amérique du Nord en décembre 2021</a>.</p>
<p>Le virus est entré en Amérique du Sud en décembre 2022, avec des épidémies catastrophiques chez les <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.adg2271">oiseaux sauvages</a> et les <a href="https://doi.org/10.1101/2023.02.08.527769">mammifères marins</a>. Jusqu’à présent, seules <a href="https://doi.org/10.1101/2023.02.06.527378">l’Australie</a> et l’Antarctique demeurent indemnes.</p>
<h2>Comment la grippe aviaire se transmet-elle à notre espèce ?</h2>
<p>Le virus responsable de la grippe aviaire est de la même espèce que ceux de la grippe saisonnière qui s’attaque aux humains, de la grippe porcine, de la grippe équine et de la grippe canine… Il s’agit simplement de souches et de sous-types différents comme nous l’avons dit précédemment.</p>
<p>Cependant, certains sont capables de franchir la « barrière d’espèces ». Un virus est adapté à un type d’hôte, et ne peut pas automatiquement aller infecter un individu d’une autre espèce – mais ce phénomène peut se produire… On trouve par exemple des souches de grippe humaine chez des <a href="https://doi.org/10.1128/JVI.00316-18">porcs australiens</a> et <a href="https://doi.org/10.1128/JVI.00521-15">certaines souches de grippe canine proviennent de chevaux</a>, etc. Il existe également des preuves que des <a href="https://www.nature.com/articles/nature04230">souches de grippe humaine sont initialement apparues chez les oiseaux</a>.</p>
<p>Les scientifiques s’inquiètent donc du grand nombre de cas de propagation zoonotique de cette souche de grippe aviaire, qui sont autant d’opportunités de transmission d’une espèce à l’autre. Des cas ont ainsi déjà été <a href="https://www.aphis.usda.gov/aphis/ourfocus/animalhealth/animal-disease-information/avian/avian-influenza/hpai-2022/2022-hpai-mammals">détectés</a> chez des <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2023.02.08.527769v1">mammifères marins</a> au Pérou et en Nouvelle-Angleterre, chez des renards sauvages, des mouffettes, des loutres, des lynx, des ours et des ratons laveurs en Amérique du Nord et dans d’autres pays, et chez des <a href="https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2023.28.3.2300001">visons d’élevage</a> en Espagne. C’est la première fois que cette version du virus frappe des mammifères.</p>
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<h2>Que se passe-t-il avec H5N1 ?</h2>
<p>En février, une petite fille atteinte du virus H5N1 est décédée dans la province de Prey Veng au Cambodge. Sur ses <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON445">douze contacts</a> identifiés, un seul s’est révélé positif : le père de l’enfant, qui était asymptomatique.</p>
<p>Les deux infections semblent être dues à une exposition à des oiseaux infectés, qui ont été trouvés sur la propriété de la famille. Une transmission interhumaine est peu probable.</p>
<p>Le <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON445">séquençage génétique rapide du virus</a> a permis de déterminer qu’il s’agissait d’une lignée communément trouvée au Cambodge (2.3.2.1c), différente de la lignée du <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/grippe-aviaire-quelle-est-la-situation-en-france-et-dans-le-monde">clade 2.3.4.4b</a> qui suscite des inquiétudes dans le monde entier.</p>
<p>Mais le clade 2.3.4.4b a lui aussi franchi la barrière d’espèce. Récemment, un enfant équatorien a été infecté, très probablement <a href="https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON434">par des volailles malades</a>. <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/influenza/avian-and-other-zoonotic-influenza/h5-risk-assessment-dec-2022.pdf">D’autres cas</a> ont <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abo1232">aussi été identifiés</a> en Russie, en Chine, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Espagne et au Viêt Nam.</p>
<p>Entre janvier 2020 et décembre 2022, une <a href="https://www.vidal.fr/actualites/30092-doit-on-craindre-une-epidemie-humaine-de-grippe-aviaire-h5n1.html">demi-douzaine d’infections ont été enregistrées, causant deux décès</a>. Jusqu’à présent, tous sont survenus chez des individus exposés à des oiseaux infectés.</p>
<p>Heureusement, de telles contaminations ne débouchent que rarement sur l’étape suivante, à savoir la transmission du virus d’homme à homme : leur portée est donc limitée.</p>
<p>Toutefois, si le virus devait acquérir la capacité de se propager chez un nouvel hôte, des épidémies (voire des pandémies) pourraient survenir… Les scientifiques surveillent donc de près tout signe d’adaptation de ces virus et de sa propagation entre mammifères, y compris l’humain.</p>
<h2>Pourquoi (et comment) les virus changent-ils d’hôte ?</h2>
<p>Dans le cadre de leur évolution naturelle, certains virus sont particulièrement doués pour « sauter » vers de nouveaux hôtes. Par exemple, la variole du singe (ou <a href="https://theconversation.com/variole-du-singe-cette-circulation-de-la-maladie-est-completement-nouvelle-183517">mpox, ou « monkeypox »</a>) et le SARS-CoV-2 sont tous deux des virus zoonotiques.</p>
<p>On pense ainsi que la <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/monkeypox">variole du singe infecte naturellement les rongeurs</a>. Le mpox se propage également à notre espèce tous les deux ou trois ans, y compris l’année dernière où il a entraîné une <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/situations/monkeypox-oubreak-2022">épidémie généralisée et permanente</a>.</p>
<p>Concernant la lignée ancestrale du SARS-CoV-2, elle <a href="https://academic.oup.com/gbe/article/14/2/evac018/6524630">circulait possiblement chez les chauves-souris avant de se transmettre aux humains</a>. Le SARS-CoV-2 pourrait avoir infecté un <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abf6097">animal intermédiaire</a> chez lequel il aurait acquis certaines mutations avantageuses lui permettant de s’y propager rapidement. Plusieurs animaux ont été suggérés comme intermédiaires potentiels, notamment le vison et le pangolin.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Quatre scénarios de transmission, sans diffusion et avec diffusion au sein de l’espère humaine" src="https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=595&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=595&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=595&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=747&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=747&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520578/original/file-20230412-26-9lazra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=747&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le plus souvent, un virus reste au sein de son hôte et n’est que rarement trouvé chez d’autres espèces. Mais l’acquisition de nouvelles mutations peut permettre des sauts entre espèces. Le quatrième cas de figure pour les grippes aviaires, fictif à l’heure actuelle, décrit un phénomène potentiellement pandémique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ash Porter</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’analyse des génomes indique que les cas de grippe aviaire chez les mammifères contiennent presque toujours la même mutation au niveau de l’ADN. On craint que d’autres mutations ne surviennent lors de la circulation au sein des hôtes intermédiaires, ce qui permettrait au virus de mieux se transmettre entre mammifères – comme dans des élevages de visons, où une transmission de vison à vison <a href="https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2023.28.3.2300001?crawler=true">a été soupçonnée</a>.</p>
<p>À ce jour, le <a href="https://www.who.int/docs/default-source/wpro---documents/emergency/surveillance/avian-influenza/ai_20230203.pdf">risque de transmission interhumaine de la grippe aviaire reste faible</a>… mais il n’est pas nul.</p>
<p>En effet, des expériences réalisées il y a une dizaine d’années avaient permis de rendre H5N1 transmissible d’un mammifère à l’autre, en l’occurrence le furet – dont le système respiratoire sert de modèle pour étudier le nôtre. Or, vison et furet sont apparentés. Ce qui a pu se produire pour le premier pourrait se faire pour le second, qui est proche de nous. D’autant que ce sous-type <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/grippe-aviaire">H5N1 mute facilement et peut échanger des gènes avec d’autres virus grippaux</a>.</p>
<h2>Que pourrait-il se passer ?</h2>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/laugmentation-de-la-population-mondiale-responsable-des-crises-sanitaires-174983">changement climatique et l’urbanisation rapprochent, physiquement, les hommes et les animaux sauvages</a>, ce qui multiplie les possibilités d’interaction avec des animaux infectés.</p>
<p>L’histoire des pandémies de grippe causées par des pathogènes combinant des gènes issus de virus de la grippe A porcine, aviaire et humaine nous montre que nous avons besoin d’une surveillance constante et permanente des virus de ces familles, en particulier dans les <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.211573">fermes</a> et dans les populations d’animaux sauvages et en captivité.</p>
<p>Les agences gouvernementales et les chercheurs du monde entier travaillent activement à la <a href="https://theconversation.com/maladies-emergentes-dorigine-animale-dou-viendra-la-prochaine-menace-136208">détection et à la surveillance génomique des foyers de grippe aviaire chez les oiseaux et les mammifères</a>. Le séquençage de masse peut nous aider à savoir où les virus se propagent et <a href="https://theconversation.com/mieux-comprendre-la-diffusion-des-virus-entre-les-especes-137425">comment ils s’adaptent à de nouveaux hôtes</a>.</p>
<p>L’Organisation mondiale de la santé animale <a href="https://www.woah.org/en/disease/avian-influenza/#ui-id-3">recommande</a> toujours d’éviter tout contact direct avec des oiseaux sauvages, volailles et animaux sauvages malades ou morts, et de signaler les foyers infectieux aux autorités locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203357/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michelle Wille a reçu des financements de l'Australian Research Council et est membre du National Avian Influenza Wild Bird Steering Group.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ash Porter ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La grippe aviaire connaît une épidémie d’un niveau inédit, et des victimes humaines ont été confirmées. Quand une maladie animale peut-elle frapper notre espèce ? Quels sont les risques ?Ash Porter, Research officer, The Peter Doherty Institute for Infection and ImmunityMichelle Wille, Senior research fellow, The University of MelbourneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2025372023-03-29T18:31:09Z2023-03-29T18:31:09ZPodcast : Tous parasités ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517667/original/file-20230327-22-sexu3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C8%2C1493%2C1113&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le cadavre d'une fourmi « zombie » accrochée à une feuille. Le champignon parasite qui l'a tuée (Ophiocordyceps unilateralis) et émerge de sa tête est lui même victime d’un champignon hyperparasite (en blanc).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://psu-gatsby-files-prod.s3.amazonaws.com/s3fs-public/styles/4_3_1500w/public/HughesZombieAnt42012_edit.jpg?h=02ce9656&itok=FdKyRAel">David Hughes / Penn State</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Découvrez le nouveau podcast de The Conversation France : « L’échappée Sciences ». Deux fois par mois, un sujet original traité par une interview de scientifique et une chronique de l’un·e de nos journalistes.</em></p>
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<p><iframe id="tc-infographic-819" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/819/ead8432336c6ce4f706df8b24a22c635bc3dd209/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Un monde ravagé par une pandémie, dans lequel les survivants se terrent dans des zones de quarantaine afin d’échapper au reste de l’humanité, transformé en morts-vivants très agressifs… Que vous soyez fasciné par les films de zombies ou qu’ils vous indiffèrent, il y a fort à parier que vous avez entendu parler de <a href="https://www.hbo.com/the-last-of-us">« The Last of Us »</a>, la dernière série télévisée à succès de la chaîne américaine HBO. </p>
<p>Pointe d’originalité dans un scénario somme toute très classique : la catastrophe qui a entraîné la chute de notre espèce n’a pas été causée par un virus mortellement contagieux, mais par un champignon parasite. Un champignon qui existe bel et bien. À une nuance (de taille) près : dans la réalité, le <em>Cordyceps</em> - c’est son nom - ne s’attaque pas à l’être humain. </p>
<p>Ses proies sont les fourmis, qu’il transforme en véritables marionnettes. Une fois infectées, le champignon se repaît de leurs corps puis, quand le moment est venu de produire ses spores, il en prend le contrôle. Le <em>Cordyceps</em> oblige alors « sa » fourmi à grimper au sommet d’une herbe et à s’y arrimer de toute la force de ses mandibules, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Elle devient ainsi un parfait diffuseur, assurant qu’une pluie de spores fongiques pourra s’abattre sur ses congénères restées au sol, en contrebas… Lesquelles finiront elles aussi aux ordres du champignon.</p>
<p>Mais le <em>Cordyceps</em> n’est pas le seul à « pirater » d’autres êtres vivants pour les mettre à son service. Le ver gordien, par exemple, est capable de transformer le plus heureux des grillons en un insecte suicidaire, qui se jettera sans hésiter dans la première mare venue, lui qui fuit habituellement l’eau comme la peste. </p>
<p>Au fil des exemples, Pascal Boireau, directeur du <a href="https://www.anses.fr/fr/content/laboratoire-de-sant%C3%A9-animale-sites-de-maisons-alfort-et-de-normandie">laboratoire de santé animale de l’Anses</a> (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), dresse le portrait des maîtres manipulateurs que sont les parasites. Il nous explique aussi pourquoi il ne faut pas les considérer uniquement comme des nuisibles à éliminer.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p>Dans sa chronique, Benoît Tonson nous raconte quant à lui les stratégies mises au point par nos cousins primates pour tenir en respect les parasites qui leur compliquent l’existence. Clémence Poirotte (German Primate Center) et Marie Charpentier (CNRS) ont ainsi découvert que les femelles des mandrills peuvent compter <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36750188/">sur leur odorat pour repérer leurs congénères parasitées et adapter leurs interactions sociales en conséquence</a>. Olivier Kaisin (Université de Liège) et ses collègues ont quant à eux remarqué que <a href="https://theconversation.com/quand-les-singes-utilisent-la-foret-comme-pharmacie-188922">les tamarins lions semblent plutôt avoir recours à la résine de cabreúva</a>… un arbre bien connu en médecine traditionnelle humaine pour ses vertus cicatrisantes, antibiotiques, anti-inflammatoires et antiparasitaires !</p>
<p>Bonne écoute !</p>
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<p><em>Crédits : Animation et conception, Lionel Cavicchioli et Benoît Tonson. Réalisation, Romain Pollet. Musique du générique : « Chill Trap » de Aries Beats.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202537/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Cordyceps, petite douve du foie, guêpe parasitoïde de coccinelle, ver gordien… Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des parasites, ces êtres passés maîtres dans l’art de la manipulation.Pascal Boireau, Directeur du laboratoire de Santé animale de l’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceLionel Cavicchioli, Chef de rubrique Santé, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2017152023-03-28T19:36:00Z2023-03-28T19:36:00ZComment le gel hydroalcoolique tue les microbes ?<p>Depuis le début de l’épidémie de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/Covid-19-82467">Covid-19</a>, le <a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-le-gel-hydroalcoolique-182979">gel hydroalcoolique</a> est devenu incontournable pour se désinfecter les mains. Mais au fait, comment ça marche ?</p>
<p>Chaque jour lors de nos différentes activités, nous touchons plein de surfaces différentes avec nos mains que d’autres personnes ont touchées (dans les transports en commun par exemple), la main de quelqu’un d’autre ou encore un mouchoir par exemple.</p>
<p>Sur ces surfaces, il y a des saletés (poussières, graisses, tâches…), mais aussi des microorganismes qu’on appelle communément des microbes. Ce sont de petits organismes microscopiques (invisibles à l’œil nu), comme des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bacteries-22006">bactéries</a> et des virus, qui peuvent nous rendre malades (comme le fameux virus qui provoque le Covid).</p>
<p>Donc quand nos mains vont être en contact avec les surfaces, des saletés et des microbes vont s’y déposer, et si nous nous touchons ensuite le visage par exemple les microbes peuvent rentrer dans notre organisme et l’infecter.</p>
<h2>Le savon et le gel ne servent pas à la même chose</h2>
<p>On peut se laver les mains avec de l’eau et du savon. Les molécules de savon ont une extrémité qui adhère à l’eau et l’autre extrémité qui colle à la graisse des saletés : le savon fait comme un pont entre l’eau et les saletés.</p>
<p>En se frottant les mains, le savon décolle les saletés des surfaces et les molécules de savon qui ont accroché les saletés partent avec l’eau de rinçage, nos mains sont propres. Le savon peut aussi agir sur les microbes : ils sont entourés d’une enveloppe (appelée aussi paroi chez les bactéries) qui est là pour les protéger. Comme cette enveloppe est aussi composée de gras (comme les saletés), le savon va s’accrocher à l’enveloppe qui entoure le microbe, le décoller des surfaces et tout part avec l’eau de rinçage. Cet accrochage peut aussi abîmer cette enveloppe et certains microbes, comme des virus, ne pourront pas survivre avec une enveloppe abîmée.</p>
<p>De son côté, le gel hydroalcoolique désinfecte les mains, c’est-à-dire qu’il tue les microbes, mais il ne lave pas les mains et ne décolle pas les saletés qui seraient ensuite éliminées par le rinçage, comme le ferait un savon.</p>
<p>Si les mains sont sales, il ne faut pas utiliser de gel car il ne retire pas les saletés et il sera aussi moins efficace, la saleté va « cacher » les microbes en faisant une barrière autour d’eux.</p>
<h2>De l’alcool pour se débarrasser des microbes</h2>
<p>Le savon est déjà très utile et doit donc être utilisé en priorité. Mais quand nous sommes à l’extérieur, il n’est pas possible d’utiliser de l’eau et du savon. Dans ces cas-là, nous pouvons utiliser du gel hydroalcoolique.</p>
<p>Ce gel, c’est un mélange principalement d’eau et de composés chimiques qu’on appelle des alcools (facile pour les reconnaître, ils ont des noms en « -ol » comme l’éthanol ou l’isopropanol). Quand on se frotte les mains avec le gel, les molécules d’alcool vont se coller aux microbes.</p>
<p>Nous avons déjà vu que l’enveloppe des microbes est composée de gras, mais il y a aussi d’autres composés appelés protéines. Les molécules d’alcool vont modifier la structure des enveloppes des microbes en abîmant ces protéines, c’est-à-dire que les protéines vont se désorganiser et laisser passer les molécules d’alcool à l’intérieur des microbes. Les microbes seront alors complètement détruits.</p>
<h2>Comment bien utiliser le gel hydroalcoolique</h2>
<p>Pour qu’il soit bien efficace, le gel doit contenir au moins 65 % d’alcool (à vérifier sur l’étiquette), il faut mettre l’équivalent d’une grosse noisette dans le creux des mains (qui doivent être visiblement propres) et bien se frotter les doigts, les paumes et le dos des mains jusqu’au début des poignets pendant 30 secondes, les mains doivent être sèches à la fin.</p>
<p>Le gel hydroalcoolique reste un produit chimique qu’il ne faut pas tout le temps utiliser, car il va abîmer la peau, de plus le contenant en plastique peut polluer l’environnement.</p>
<p>Enfin le gel n’aime pas la chaleur donc il faut éviter de laisser le flacon au fond d’une poche ou en plein soleil, les composés alcools vont s’évaporer et le gel sera moins efficace.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201715/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Attig ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Contre le virus du Covid ou les bactéries, le gel hydroalcoolique est très utile pour se désinfecter, mais attention, il ne lave pas les mains.Isabelle Attig, Chef d'unité Evaluation Efficacité Biocides et Résistance, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2017032023-03-23T17:50:11Z2023-03-23T17:50:11ZÉpidémies : les fourmis tropicales, parfaites sentinelles pour surveiller les virus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517289/original/file-20230323-20-jdspol.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3872%2C2585&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des fourmis légionnaires photographiées dans la forêt tropicale de Mabira, en Ouganda.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Army_Ants_(Dorylus_sp.)_(7073859635).jpg">Bernard Dupont / Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La majorité des maladies infectieuses qui ont émergé chez l’être humain sont des zoonoses, ce qui signifie qu’elles trouvent leur origine chez les animaux. On estime en effet que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7111083/">sur les 1415 pathogènes qui ont été historiquement capables d’infester notre espèce, 62 % sont d’origine zoonotique</a>.</p>
<p>Outre les bactéries, parasites ou champignons, les <a href="https://www.nature.com/articles/nature22975">virus provenant de mammifères sauvages sont particulièrement préoccupants</a>, en raison de leur rapidité de dissémination ou de leur gravité potentielle. Rappelons que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), Ebola ou les virus de syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2) sont tous soupçonnés de provenir de mammifères sauvages.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Au cours des 50 dernières années, la quasi-totalité des maladies émergentes ont surgi de la faune animale sauvage des forêts tropicales humides d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, <a href="https://doi.org/10.1038/nature22975">toujours de manière inattendue et imprévisible</a>, ce qui témoigne de notre incapacité à prévenir et anticiper ces émergences.</p>
<p>Mais les choses pourraient changer. Nos récents travaux ont en effet identifié de nouvelles alliées potentielles pour surveiller précocement les émergences virales : les fourmis, et plus précisément, les fourmis légionnaires. Explications.</p>
<h2>Les virologues face au défi des forêts tropicales humides</h2>
<p>L’imprévisibilité des émergences virales auxquelles nous avons fait face au cours des dernières décennies met en lumière <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/ab8dd7">notre méconnaissance profonde de la composition virale de ces écosystèmes</a>. Bien que consciente d’une telle défaillance, la communauté scientifique semble désarmée et impuissante.</p>
<p>Elle se heurte en effet à une difficulté de taille : pour pouvoir étudier les nombreux virus qui circulent dans ces milieux, il faut avoir accès à des échantillons d’animaux et de végétaux qui sont les hôtes desdits virus. Or, les forêts tropicales sont généralement immenses, denses et impénétrables. De ce fait, la majeure partie de ces territoires sont totalement inexplorés, et seuls des nombres limités d’animaux peuvent y être capturés, prélevés, et donc analysés.</p>
<p>Par ailleurs, la plupart des virus se répliquent dans des cellules de la lignée monocytaire (les <a href="https://www.mqzh.ch/cm/images/bph/bp_2011_2_2.pdf">monocytes</a> sont des cellules immunitaires), lesquelles sont principalement présentes dans les organes internes des animaux (rate et foie). Les débusquer nécessite le sacrifice de ces derniers, une pratique inapplicable, car contraire aux règles éthiques en vigueur. Les seuls échantillons non invasifs pouvant être facilement récupérés sont les matières fécales. Malheureusement, seule une fraction minime de la communauté virale peut y être détectée.</p>
<p>Pour contourner ce problème, les scientifiques pourraient peut-être s’adjoindre les services d’alliées de poids : les fourmis légionnaires, de redoutables prédatrices qui patrouillent dans les écosystèmes forestiers d’Afrique.</p>
<h2>Les fourmis magnans, d’extraordinaires collectrices de virus</h2>
<p>Originaires d’Afrique centrale et orientale, les fourmis légionnaires, aussi appelées « magnans » en référence à leur voracité extrême (les magnans, ou vers à soie, sont connus pour leur grande voracité). Elles <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2026534118">sont connues pour les raids spectaculaires</a> qu’elles mènent en colonnes de millions d’individus s’étendant sur plusieurs dizaines de mètres.</p>
<p>Une autre particularité de ces fourmis est d’être nomades : elles ne vivent pas en fourmilière, mais alternent déplacements de quelques heures à plusieurs jours et « campements » de quelques semaines. Elles construisent alors des bivouacs formés par le corps des fourmis elles-mêmes, se tenant les unes par-dessus les autres pour abriter la reine et le couvain.</p>
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<p>Carnivores, elles peuvent s’attaquer à une large gamme d’êtres vivants, qu’elles peuvent parfois atteindre jusqu’à plus de 20 mètres du sol. Leurs proies vont des arthropodes et autres invertébrés (crickets, cafards, vers de terre…) à des animaux vertébrés de petite taille tels qu’oiseaux, reptiles, ou micromammifères. Elles consomment également toutes espèces de plantes, et sont également capables de dévorer des carcasses de gros animaux.</p>
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<img alt="Les puissantes mandibules d’une fourmi légionnaire appartenant à l’espèce Dorylus wilverthi" src="https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517216/original/file-20230323-26-qx9xnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les puissantes mandibules d’une fourmi légionnaire appartenant à l’espèce Dorylus wilverthi.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.antwiki.org/wiki/File:Dorylus_wilverthi_casent0172657_head_1.jpg">AntWeb.org</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les quantités de nourritures qu’elles prélèvent <a href="https://doi.org/10.1111/j.1469-7998.2007.00360.x">peuvent atteindre 2 kg de biomasse par jour pour l’ensemble d’une colonie</a>. Leurs mandibules sont si puissantes qu’elles restent accrochées à leurs proies, ce qui incitait autrefois les habitants de ces régions à les utiliser pour faire des sutures et favoriser la cicatrisation de petites plaies, malgré leur morsure douloureuse.</p>
<p>L’ensemble de ces caractéristiques – grande diversité des proies, nomadisme, quantités très élevées de nourriture ingurgitée – nous ont fait émettre l’idée que ces fourmis magnans seraient susceptibles d’absorber et accumuler les virus hébergés par les hôtes qu’elles consomment, qu’ils soient végétaux, animaux invertébrés ou vertébrés.</p>
<p>Afin de tester cette hypothèse, nous avons réalisé une étude pilote (projet <a href="https://rr-africa.woah.org/fr/projets/ebo-sursy-fr/">EBO-SURSY « renforcement des capacité et surveillance de la maladie à Virus Ebola »</a>, financé par l’Union européenne) <a href="https://doi.org/10.24072/pcjournal.249">à partir de 209 fourmis légionnaires appartenant au genre <em>Dorylus</em>, provenant de 29 colonies différentes</a>, collectées sur les pistes de latérite en pleine forêt tropicale africaine, au nord-est du Gabon.</p>
<h2>Mise en évidence d’une importante matière noire virale</h2>
<p>Nous avons analysé chacune de ces fourmis via une approche de <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2013/06/medsci2013295p501/medsci2013295p501.html">métagénomique virale</a>. Cette démarche consiste à récupérer l’ensemble du matériel génétique (ADN et ARN) présent au sein d’un échantillon (ici la fourmi) puis à analyser la portion correspondant au génome viral total ou virome (l’échantillon contient également du matériel génétique provenant des animaux ou plantes que la fourmi a consommés). Objectif : identifier les virus avec lesquels les fourmis ont été en contact.</p>
<p>Cette méthode nous a permis de détecter un nombre exceptionnel de séquences génomiques, soit près de 443 645 séquences l’une longueur supérieure à 200 nucléotides (les nucléotides sont les sous-unités qui constituent les molécules d’acides nucléiques, supports de l’information génétique). 46 377 de ces séquences s’apparentaient à des séquences de virus de bactéries, de plantes, d’invertébrés et de vertébrés (soit 10,5 %).</p>
<p>De manière très intéressante, seules 22 406 des 46 377 séquences (soit 48,3 %) présentaient une similarité avec des genres viraux reconnus ou en cours de reconnaissance par le <a href="https://ictv.global/">Comité international de taxonomie des virus</a>. Les séquences virales restantes (51,7 %) n’ont pu être en revanche assignées qu’à des niveaux de classification supérieurs (famille virale (24,7 %), ordre viral (3 %), voire domaine viral (24 %). Autrement dit, il n’a pas été possible de déterminer précisément de quels virus il s’agissait. Cela signifie que, dans les écosystèmes forestiers parcourus par les fourmis, se trouvent probablement de très nombreux virus encore inconnus.</p>
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<p>Au-delà de la mise en évidence de cette « matière noire » virale qui reste encore à caractériser, cette étude a permis la détection de séquences virales appartenant à 157 genres viraux différents et 56 familles virales, ce qui reste assez exceptionnel sur la base d’un si faible nombre d’échantillons (209 fourmis).</p>
<h2>Les fourmis magnans, observatoire des émergences virales</h2>
<p>Ces fourmis pourraient devenir un véritable observatoire pour la surveillance précoce des virus de la faune sauvage, des émergences virales, des maladies et des épidémies. Ces petits animaux pourraient, à l’avenir, jouer un rôle majeur dans la politique de santé publique en assurant la surveillance et la détection des virus au sein de leurs réservoirs animaux avant leur transmission aux populations humaines et l’apparition des épidémies.</p>
<p>On peut par exemple imaginer mettre en place un système d’échantillonnage basé sur une collecte mensuelle de fourmis légionnaires, en des lieux définis. Une rapide analyse PCR pourrait alors renseigner sur les virus présents à ces endroits et sur le niveau de circulation virale. Si des virus problématiques atteignent un seuil critique, des mesures d’interventions pourraient être mises en place.</p>
<p>L’intérêt potentiel de cette approche ne se limite d’ailleurs pas uniquement au domaine de la santé publique, mais concerne également le secteur agroalimentaire. Elle pourrait en effet également être mise en œuvre pour surveiller les virus de plantes potentiellement problématiques, qui pourraient être impliquées dans des contaminations de cultures.</p>
<h2>Mieux connaître les virus qui circulent dans les forêts tropicales</h2>
<p>Ces travaux pionniers constituent une preuve de concept qui pourrait aussi ouvrir la voie à des études à grande échelle sur le virome des écosystèmes forestiers tropicaux et améliorer ainsi considérablement les connaissances des innombrables virus tapis au sein de la faune sauvage.</p>
<p>Ils démontrent en effet que les fourmis légionnaires accumulent une diversité extraordinaire de séquences génomiques provenant de virus appartenant notamment à leurs nombreuses proies. Et ce, peut-être même durant toute leur vie, exactement comme si elles étaient situées en bout de la chaîne alimentaire.</p>
<p>Leur utilisation comme outil d’échantillonnage permettrait de collecter, déterminer et caractériser une fraction substantielle des virus circulant au sein de l’écosystème tropical forestier d’Afrique. Cela permettrait de pallier les difficultés que rencontrent actuellement les scientifiques qui surveillent les virus hébergés par les espèces végétales et animales de ces zones.</p>
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<p>Enfin, cette approche permettrait aussi d’obtenir des indices solides sur l’identité des réservoirs animaux de virus pour lesquels aucune connaissance n’est disponible. En effet, les fourmis portent également des traces du matériel génétique provenant des animaux qu’elles consomment. Son analyse pourrait permettre, par recoupement, d’associer la présence d’un virus avec une espèce animale (ce qui permettrait de restreindre le cercle des suspects possibles). Dans un second temps, les virologues à la recherche du réservoir dudit virus pourraient se concentrer sur les animaux dont les traces ont aussi été repérées chez les fourmis contaminées.</p>
<p>Les fourmis légionnaires, carnivores et omnivores à souhait, dévorant tout sur leur passage, pourraient donc devenir le maillon manquant tant recherché, « écologique », dans l’interminable chaîne des mesures de lutte contre les virus. Sentinelles vigilantes et aguerries, elles participeraient ainsi à la surveillance précoce des virus zoonotiques, nous permettant de prédire, anticiper et prévenir l’émergence de maladies et d’épidémies dont nous sommes encore trop souvent simples spectateurs, médusés et impuissants.</p>
<p>Loin de l’image de « nuisibles » qui leur colle trop souvent aux mandibules, ces petits insectes sociaux pourraient remplir une nouvelle fonction éminemment sociale… Envers nous les humains.</p>
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<p><em>Depuis la première publication de cette article, notre équipe a reçu un financement de l'Agence nationale pour la recherche (ANR) pour mener un projet de plus grande envergure sur ce sujet qui est apparu particulièrement prometteur.
L'ANR finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201703/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les virus qui hantent les forêts tropicales humides peuvent être à l’origine de graves maladies émergentes. Pour mieux les surveiller, les scientifiques pourraient bientôt compter sur les fourmis.Éric Leroy, Directeur de recherche, virologue, spécialiste des zoonoses virales, Institut de recherche pour le développement (IRD)Philippe Roumagnac, Directeur de recherche UMR PHIM (Plant Health Institute Montpellier - Université de Montpellier-CIRAD-INRAE-IRD-Institut Agro), CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2004012023-03-10T12:38:12Z2023-03-10T12:38:12ZOrigine du Covid : l’histoire mouvementée d’un article scientifique majeur<p>Peu d’articles scientifiques ont autant été le sujet de fantasmes et spéculations que <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em>, publié il y a trois ans dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41591-020-0820-9"><em>Nature Medicine</em></a>.</p>
<p>Quelques jours avant sa parution, le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la Santé avait annoncé <a href="https://www.who.int/fr/director-general/speeches/detail/who-director-general-s-opening-remarks-at-the-media-briefing-on-Covid-19---11-march-2020">l’état de pandémie</a>, alors que de nombreux pays subissaient leur première vague d’infections et entraient en confinement.</p>
<p>Cosigné par <a href="https://www.scripps.edu/faculty/andersen/">Kristian G. Andersen</a>, <a href="https://www.ed.ac.uk/edinburgh-infectious-diseases/research/themes/disease-dynamics/andrew-rambaut">Andrew Rambaut</a>, <a href="https://www.publichealth.columbia.edu/people/our-faculty/wil2001">W. Ian Lipkin</a>, <a href="https://www.sydney.edu.au/medicine-health/about/our-people/academic-staff/edward-holmes.html">Edward C. Holmes</a> et <a href="https://medicine.tulane.edu/departments/microbiology-immunology-tulane-cancer-center-tips-advisory-committee-tips-mentor/faculty">Robert F. Garry</a>, cinq experts des émergences virales, l’article <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em> présentait les résultats d’investigations sur ce que pourrait être l’origine récente de SARS-CoV-2, le virus causant le Covid-19.</p>
<p>Énoncée dès les premiers paragraphes du texte, la conclusion des auteurs est claire : leurs analyses « montrent clairement que SARS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus délibérément manipulé ». La notoriété des auteurs, la réputation du journal, et le caractère apparemment sans appel de la conclusion font alors de cet article une référence de choix pour contrer les spéculations sur une origine artificielle du virus.</p>
<h2>La révélation des premiers doutes</h2>
<p>Début juin 2021, plus de <a href="https://s3.documentcloud.org/documents/20793561/leopold-nih-foia-anthony-fauci-emails.pdf">3 200 pages</a> d’e-mails d’Anthony Fauci, le conseiller scientifique à la Maison Blanche, sont rendus publiques. <a href="https://www.buzzfeednews.com/article/nataliebettendorf/fauci-emails-Covid-response">Plusieurs</a> <a href="https://www.washingtonpost.com/politics/interactive/2021/tony-fauci-emails/">journalistes</a> ont pu obtenir ces e-mails grâce à la loi américaine d’accès aux documents administratifs (FOIA).</p>
<p>Ces e-mails étaient largement caviardés par le NIH, l’agence biomédicale américaine et entre les rectangles gris de la censure, parmi les dernières pages du volumineux fichier, on <a href="https://twitter.com/JamesCTobias/status/1399811395043004418?s=20">découvre</a> que le 31 janvier 2020, Kristian Andersen annonçait à Anthony Fauci que lui-même, Robert (« Bob ») Garry et Edward (« Eddie ») Holmes trouvaient le « génome de SARS-CoV-2 incompatible avec la théorie de l’évolution » – autrement dit, possiblement d’origine artificielle. Mais, ajoutait-il cependant, « d’autres analyses restent à mener, et ces opinions pourraient changer ».</p>
<p>Les e-mails révèlent aussi que ces scientifiques se sont entretenus le lendemain, 1<sup>er</sup> février 2020, lors d’une téléconférence au sommet. Parmi les autres participants : Andrew Rambaut, des virologistes européens, mais aussi Jeremy Farrar, alors à la tête du Wellcome Trust, une fondation britannique finançant des recherches biomédicales.</p>
<p>La parution des e-mails fait se tendre brutalement le climat sur les réseaux sociaux. Violemment attaqué, Kristian Andersen supprime des tweets puis ferme son compte Twitter, et tente de s’expliquer dans les <a href="https://www.nytimes.com/2021/06/14/science/Covid-lab-leak-fauci-kristian-andersen.html">médias</a>. La révélation via ce que l’on appelle désormais les « e-mails de Fauci » de discussions entre scientifiques sur une possible origine artificielle de SARS-CoV-2 donne l’impression que les événements étaient destinés à rester secrets, et ont été révélés seulement grâce à la loi d’accès aux documents administratifs.</p>
<p>La réalité était pourtant tout autre. Kristian Andersen avait par exemple déjà <a href="https://web.archive.org/web/20210402033309/https://twitter.com/K_G_Andersen/status/1377826268050157570">évoqué publiquement</a> ses suspicions initiales sur l’origine du virus.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=108&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=108&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=108&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=135&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=135&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514528/original/file-20230309-22-9i5qvu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=135&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tweet de Kristian Andersen, 2 avril 2021 (avant la publication des « e-mails de Fauci »).</span>
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<p>Mais surtout, le 22 juillet 2021 paraissent sous le titre de <a href="https://profilebooks.com/work/spike/"><em>Spike</em></a> les mémoires de Jeremy Farrar, coécrits avec la journaliste Anjana Ahuja. Les trois premiers chapitres sont consacrés aux questionnements de plusieurs chercheurs sur l’origine du virus, ainsi qu’à la préparation, au déroulé et aux suites de la désormais fameuse réunion du 1<sup>er</sup> février 2020.</p>
<p>Finis de rédiger au printemps 2021, ces chapitres témoignent de la volonté des chercheurs de révéler publiquement leurs suspicions initiales. Mais la chronologie est malheureuse. Les « e-mails de Fauci », publiés seulement sept semaines avant la parution de <em>Spike</em>, ont déjà imprimé dans l’opinion publique l’idée de concertations secrètes dévoilées par hasard.</p>
<p>Les théories du complot se repaissent du secret, et les nombreux caviardages des « e-mails de Fauci » fournissent un terrain propice. Le revirement de certains des auteurs de <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em> intrigue : comment ont-ils pu si vite changer d’avis, et publier un article affirmant ne pas avoir trouvé de preuve d’une origine artificielle de SARS-CoV-2 quelques semaines seulement avoir eux-mêmes suspecté que le virus puisse être une construction humaine ?</p>
<p>Kristian Andersen a beau expliquer que ses collègues et lui ont suivi une démarche scientifique, que <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em> détaille – nous y reviendrons – <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/11/07/le-covid-19-ravive-le-debat-autour-de-la-manipulation-des-virus_6148855_1650684.html">certains</a> ne sont pas convaincus.</p>
<p>L’agence biomédicale américaine, le NIH, a en effet indirectement financé des recherches à l’Institut de Virologie de Wuhan, par le <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/04/11/origine-du-covid-19-le-role-trouble-d-une-ong-americaine-et-d-un-zoologue-britannique_6121701_1650684.html">biais</a> de l’ONG EcoHealth Alliance. On se dit que, soucieux de préserver les intérêts de l’agence pour laquelle il travaille, Anthony Fauci lui-même aurait pu chercher à étouffer une origine de laboratoire. Il aurait pour cela intimé aux chercheurs qui se posaient des questions d’écrire un article pour tuer dans l’œuf toute discussion dans l’espace public.</p>
<p>L’accusation est grave pour Anthony Fauci mais aussi pour les auteurs de l’article, qui auraient manqué d’intégrité scientifique en écrivant et promouvant un article auquel ils n’auraient pas cru.</p>
<p>L’histoire ne repose pourtant que sur des spéculations sur la <a href="https://s3.documentcloud.org/documents/21049568/farrar-fauci-comms.pdf">teneur du texte</a> caché sous les rectangles gris des censeurs. De plus, l’argument intrigue : pourquoi Anthony Fauci aurait-il forcé des chercheurs qui suspectaient une origine de laboratoire à écrire un article allant contre leur conviction, et non pas avoir demandé simplement à d’autres scientifiques ?</p>
<p>Par ailleurs, pourquoi les chercheurs auraient-ils accepté cette mascarade ? Ils ne travaillent en plus pas tous aux États-Unis, et ne sont donc pas tous dépendants du NIH. En outre, parmi eux, Andrew Rambaut n’a jamais cru à une origine artificielle ; Anthony Fauci n’avait pas besoin de le faire changer d’avis.</p>
<p>Tout ceci n’a pas vraiment de sens, et pour une raison simple : l’histoire était fausse.</p>
<h2>Le scénario complotiste réfuté</h2>
<p>Fin novembre 2022, les versions décaviardées des e-mails sont enfin publiées grâce à l’opiniâtreté de Jimmy Tobias, un <a href="https://twitter.com/JamesCTobias/status/1595096888373649414?s=20">journaliste indépendant</a>. Dans ces <a href="https://www.documentcloud.org/documents/23316400-farrar-fauci-comms">documents</a>, on lit que plutôt que d’étouffer la discussion, Anthony Fauci l’avait encouragée. Il avait demandé que soient consultés d’autres experts, et annoncé alerter des collègues au sein du gouvernement des États-Unis. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514526/original/file-20230309-1177-1s4d10.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un e-mail d’Anthony Fauci source de nombreuses spéculations, en version caviardée (à gauche) puis en version originale (à droite).</span>
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<p>On lit aussi qu’au sein du groupe de chercheurs ayant participé à la téléconférence du 1<sup>er</sup> février 2020, les avis différaient sur l’opportunité de publier un article pour rendre compte de leurs analyses. Certains reprochaient même aux futurs auteurs de <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em> de risquer d’alimenter avec leur article des théories du complot sur l’origine du virus.</p>
<p>Par ailleurs, conformément aux déclarations des auteurs, on ne trouve aucune trace d’intervention directe d’Anthony Fauci sur le contenu du document qui deviendra <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em>.</p>
<p>Si ce n’est sous la pression d’Anthony Fauci, qu’est-ce qui a alors fait changer d’avis ceux des auteurs de <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em> qui avaient initialement cru à une origine artificielle du virus ? Pour le comprendre, il faut revenir aux raisons initiales de leurs doutes.</p>
<h2>Rien de plus que la science « en train de se faire »</h2>
<p>Après la publication du génome de SARS-CoV-2, ainsi que de celui de son plus proche cousin connu à l’époque, RaTG13 (un coronavirus de chauve-souris), deux caractéristiques de SARS-CoV-2 avaient initialement fait suspecter à Kristian Andersen et ses collègues une origine artificielle du virus.</p>
<p>La première était son domaine de liaison aux récepteurs des cellules de son hôte (Receptor Binding Domain, RBD), différent de celui de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/articles/le-sras-cov-un-coronavirus-a-l-origine-d-une-epidemie-mondiale-d-une-ampleur-considerable">SARS-CoV, le virus qui avait causé l’épidémie de SRAS en 2002-2004</a>.</p>
<p>Mais un coronavirus infectant des pangolins a un <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-2169-0">RBD</a> très proche de celui de SARS-CoV-2 (le reste du génome est plus distant, ce qui a été source de confusion). Ainsi, le RBD qui paraissait de prime abord bizarre et donc suspicieux existait en <a href="https://www.nytimes.com/2022/03/21/health/Covid-lab-leak-eddie-holmes.html">fait</a> naturellement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/origine-du-sars-cov-2-et-du-covid-19-le-point-sur-lenquete-en-cours-et-les-dernieres-hypotheses-190890">Origine du SARS-CoV-2 et du Covid-19 : le point sur l’enquête en cours et les dernières hypothèses</a>
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<p>Le deuxième point qui avait attiré l’attention des chercheurs était le « site de clivage par la furine » (furin cleavage site, FCS). La protéine Spike du virus, initialement d’un seul tenant, doit être coupée (“clivée”) pour permettre l’entrée du virus dans les cellules de son hôte. Le FCS permet que cette coupure soit réalisée par la furine. SARS-CoV-2 est le <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanmic/article/PIIS2666-5247(21)00174-9/fulltext">seul</a> coronavirus de type SRAS connu à ce jour à posséder un tel site. Sa présence peut laisser penser à une manipulation en laboratoire.</p>
<p>Cependant, de nombreux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0092867421009910">autres coronavirus</a> ont un FCS. Un tel site a évolué naturellement plusieurs fois déjà. </p>
<p>De plus, aucun virus connu à ce jour n’aurait pu servir de support à une telle insertion et donner lieu à la création de SARS-CoV-2 en laboratoire. RaTG13 est bien trop distant de SARS-CoV-2 pour en être un progéniteur, et l’Institut de Virologie de Wuhan a <a href="https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/who-convened-global-study-of-origins-of-sars-cov-2-china-part-annexes.pdf">indiqué</a> que RaTG13 était le virus le plus proche de SARS-CoV-2 en sa possession. Pour que l’hypothèse d’une insertion artificielle de FCS tienne, il faut supposer que les chercheurs de Wuhan nous mentent et cachent des virus.</p>
<p>Les lecteurs et lectrices sont libres de juger par eux-mêmes de la pertinence de ces arguments, avancés dans <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em>. Car contrairement à la présentation qui en a été faite par la suite par les complotistes, <em>Proximal Origin of SARS-CoV-2</em> n’a pas eu le pouvoir de censurer toute discussion de l’origine du virus. Il s’agit juste d’un article scientifique, qui présentait ce que ses auteurs pensaient de l’origine de SARS-CoV-2, à l’époque de sa publication. Ni plus, ni moins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200401/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Débarre a reçu en 2022 un financement de la plateforme MODCOV19 de l'Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions (Insmi, CNRS), pour modéliser la dynamique initiale d'une épidémie.</span></em></p>L’article scientifique concluant à une origine naturelle du Covid a fait couler beaucoup d’encre suite à la publication d’échanges caviardés entre ses auteurs. Que faut-il retenir ?Florence Débarre, Directrice de recherche CNRS, chercheuse en biologie évolutive, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1994782023-02-17T14:55:09Z2023-02-17T14:55:09ZChampignons, virus, bactéries… Voici ce qu’a trouvé une microbiologiste dans les spas – et ce n’est pas ragoûtant<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/510131/original/file-20230214-22-2mqek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C21%2C3600%2C2376&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand on entre dans un jacuzzi, tout ce qu'on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pendant des siècles, les humains se sont baignés dans des eaux publiques. Parfois pour se laver, mais plus souvent pour le plaisir. Dans la Grèce antique, les bains étaient pris dans de l’eau douce, ou dans la mer, perçue comme un lieu sacré dédié aux dieux locaux et s’y baigner était considéré comme un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2557448/pdf/medhistsuppl00037-0011.pdf">acte de culte</a>.</p>
<p>Ce sont toutefois les Romains qui ont créé des aqueducs d’État pour permettre la construction de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11830439/">bains publics à grande échelle</a>. Ceux-ci étaient principalement utilisés pour la relaxation, mais aussi pour des plaisirs intimes. Eh oui, c’est souvent dans les bains publics que les Romains s’adonnaient à des <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-399017/The-steamy-truth-Roman-Bath.html">actes coquins</a>, parfois avec les esclaves préposés aux bains.</p>
<p>Deux millénaires plus tard, nous aimons toujours les bains publics, même si beaucoup de gens ont désormais leur propre spa, ou bains à remous, dont les ventes ont connu une <a href="https://www.theguardian.com/news/2021/apr/12/bubble-trouble-thieves-hot-tub-craze-whirlpool-baths">forte hausse</a> <a href="https://www.lesoleil.com/2022/05/14/un-autre-gros-ete-pour-les-pisciniers-db7abfb1597e6c86e82a82ff805b6f7a">pendant la pandémie</a>.</p>
<p>Pour ceux qui n’en ont pas à la maison, il y a la salle de sport ou le spa du coin. Et de nombreux hôpitaux en possèdent un. En effet, les bains à remous sont communément utilisés à des fins thérapeutiques pour soulager et traiter l’inflammation des articulations chez des personnes atteintes de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1754027/">rhumatisme ou d’arthrose</a>. L’usage d’un spa est souvent considéré comme une expérience de luxe, à la fois relaxante et régénératrice.</p>
<p>La chaleur de l’eau du bain dilate naturellement les vaisseaux sanguins, ce qui aide les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4049052/">muscles à se détendre</a> et soulage les articulations douloureuses. En plus d’être apaisantes physiquement, l’eau chaude bouillonnante et la compagnie de personnes qui partagent l’expérience avec nous peuvent également engendrer un bien-être psychologique.</p>
<h2>Bactéries, virus et champignons</h2>
<p>Il ne faut toutefois pas oublier que quand on entre dans un bain à remous, tout ce qu’on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous. <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/hot-tub-germs_n_5268919">Cela inclut</a> les quelque 100 mg de <a href="https://www.cuh.nhs.uk/patient-information/bowel-control/">matières fécales</a> qui se trouvent généralement entre nos fesses. Ainsi, lorsqu’on se détend dans l’eau chaude, il est fort probable qu’on respire ou avale les <a href="https://www.medicinenet.com/what_diseases_can_you_get_from_a_hot_tub/article.htm">bactéries, les virus et les champignons</a> du corps de son compagnon de spas.</p>
<p>Plus il y a de personnes dans le bain, plus le taux de matières fécales et de sueur (et d’urine si quelqu’un a fait pipi dans l’eau) est élevé. Et ces dépôts servent de nutriments aux bactéries.</p>
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<img alt="Une femme prend des photos dans un bain à remous" src="https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« J’adore quand on échange des matières fécales. ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.alamy.com/small-group-of-female-friends-enjoying-a-weekend-away-they-are-taking-a-group-selfie-while-sitting-in-a-hot-tub-image244340274.html?imageid=B3F3C810-62AA-4E14-B14A-5B0EF34D7C59&p=386705&pn=1&searchId=1766fcdba780ec00b8395ff08531181f&searchtype=0">(DGLimages/Alamy Stock Photo)</a></span>
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<p>Comme on recommande aux propriétaires de spas de ne changer l’eau que <a href="https://www.piscinespa.com/actualites-reportages/comment-changer-leau-de-son-spa#:%7E:text=La%20r%C3%A8gle%20est%20de%20changer,utilis%C3%A9%20de%20fa%C3%A7on%20tr%C3%A8s%20r%C3%A9guli%C3%A8re.">tous les trois mois</a> environ, les bactéries se développent. Pour la sécurité microbiologique, la plupart de bains à remous qui font recirculer l’eau sont équipés de filtres qui éliminent les microbes et leur eau est traitée avec des microbicides (pour éliminer les germes) tels que le chlore, le brome ou d’autres désinfectants qui <a href="https://www.canada.ca/content/dam/canada/health-canada/migration/healthy-canadians/publications/healthy-living-vie-saine/water-recreational-recreative-eau/alt/pdf/water-recreational-recreative-eau-fra.pdf">contrôlent le nombre de bactéries</a>.</p>
<p>Ces produits chimiques sont toxiques et peuvent irriter la peau et les yeux. C’est pourquoi il est conseillé de prendre une douche après le bain à remous (avant aussi). La température de l’eau dans un bain à remous (environ 40 °C) peut également causer des problèmes de santé potentiellement graves, comme une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8548817/">surchauffe du corps</a>, qui peut entraîner une sensation de faiblesse ou même une perte de conscience, voire la noyade.</p>
<p>C’est particulièrement risqué pour les <a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/pregnancy/is-it-safe-to-use-a-sauna-or-jacuzzi-if-i-am-pregnant/">femmes enceintes</a> et les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8548817/">enfants</a>, ainsi que les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents, qui doivent toujours consulter leur médecin avant d’utiliser un spa. C’est pourquoi l’on conseille de ne pas faire des séances de plus de 15 minutes dans un spa et jamais sans surveillance.</p>
<h2>Sale ou dégoûtant ?</h2>
<p>Si les bains à remous privés sont relativement sûrs d’un point de vue microbiologique, les spas publics (dans des hôtels ou spas) peuvent être contaminés <a href="https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/960_ContaminationMicroSpasQc.pdf">par des bactéries infectieuses</a> (germes), surtout si l’eau est recyclée.</p>
<p>Le problème provient du fait que les usagers ne respectent pas les consignes d’hygiène personnelle et que le traitement de l’eau est inadéquat. Les bains publics mal entretenus peuvent causer des épidémies d’infections dues à des bactéries associées au corps humain qui survivent dans l’eau.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11095998/">Parmi celles-ci</a> figurent <a href="https://www.cdc.gov/ecoli/index.html">E.coli</a>, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK441868/#:%7E:text=Staphylococcus%20aureus%20is%20a%20gram,acquired%20and%20hospital%2Dacquired%20settings."><em>Staphylococcus aureus</em></a>, <a href="https://www.gov.uk/government/collections/pseudomonas-aeruginosa-guidance-data-and-analysis#:%7E:text=Pseudomonas%20aeruginosa%20is%20a%20Gram,it%20rarely%20affects%20healthy%20individuals."><em>Pseudomonas aeruginosa</em></a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK7619/"><em>Legionella pneumoniae</em></a>. Ces agents pathogènes du bain à remous <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/rwi.html">peuvent provoquer</a> des infections intestinales, des diarrhées, des septicémies, des <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/rwi/rashes.html">infections cutanées</a>, des infections des voies urinaires et respiratoires, telles que la maladie du légionnaire. La <a href="https://www.cdc.gov/legionella/wmp/control-toolkit/hot-tubs.html">bactérie Legionella</a> se retrouve régulièrement dans les gouttelettes d’eau présentes dans la vapeur des spas, et l’inhalation de cette vapeur contaminée peut causer une pneumonie potentiellement fatale.</p>
<p>Le risque d’infection lié aux spas est si important que les Centers for Disease Control américains ont publi des <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/hot-tub-user-information.html">recommandations</a> sur la manière de s’en prémunir.</p>
<p>Si l’on souhaite quand même profiter d’un bain à remous, peut-on vérifier s’il est sans danger pour la santé ? Certains signes manifestes nous permettent de savoir qu’un bain à remous est rempli de germes. Lorsque de l’urine et d’autres fluides corporels tels que la sueur se mélangent au chlore utilisé pour désinfecter l’eau des spas, cela crée un irritant, un produit chimique à l’odeur âcre appelé chloramine, qui provoque des douleurs aux yeux quand on se baigne dans une <a href="https://piscineinfoservice.com/traitement-eau/comment-eliminer-chloramines">piscine publique</a>.</p>
<p>Plus il y a de personnes qui laissent leurs fluides corporels dans l’eau, plus l’odeur de la <a href="https://poolonomics.com/chloramines/">chloramine</a> (semblable à celle de l’eau de Javel) sera forte et plus il y a de risques que le spa ne contienne pas assez de désinfectant et trop de bactéries. Par conséquent, si une forte odeur se dégage d’un bain à remous, il vaut peut-être mieux ne pas y entrer, même si l’eau semble propre et claire, bien que l’eau finit par devenir plus trouble quand elle n’est pas suffisamment traitée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199478/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Lorsqu’on se détend dans l’eau chaude d’un spa, il est fort probable qu’on respire ou avale les bactéries, les virus et les champignons des personnes qui partagent le bain avec vous.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2000002023-02-15T23:12:17Z2023-02-15T23:12:17ZToux persistante après une infection respiratoire : que faut-il savoir ?<p>Il est difficile aujourd’hui de nous souvenir à quand remonte la dernière fois où nous nous sommes trouvés dans un lieu public sans entendre quelqu’un tousser. Après trois ans de pandémie, la moindre toux nous fait dresser l’oreille… ou nous met dans l’embarras, si c’est la nôtre !</p>
<p>Avec l’augmentation, à l’automne 2022 puis durant cet hiver, de la circulation des virus de la <a href="https://theconversation.com/covid-19-rsv-and-the-flu-are-straining-health-care-systems-two-epidemiologists-explain-what-the-triple-threat-means-for-children-194242">grippe saisonnière, du Covid-19 et de la bronchiolite (principalement causée par le virus respiratoire syncytial ou VRS)</a>, les infections se sont multipliées, tout comme les expectorations, toux et toussotements associés.</p>
<p>Tousser est en effet un symptôme courant des infections respiratoires : <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK493221/#article-20073.s5">il est à l’origine de 30 millions de consultations médicales par an aux États-Unis</a>, dont 40 %<a href="https://scholar.google.cl/citations?hl=en&user=q-s2b08AAAAJ">se terminent dans le cabinet d’un pneumologue</a>. Par ailleurs, il n’est pas rare <a href="https://www.health.harvard.edu/staying-healthy/that-nagging-cough#">de continuer à tousser longtemps après une infection des voies respiratoires supérieures</a>. </p>
<p>La toux persistante étant tellement répandue, on pourrait imaginer que le corps médical possède une longue liste de traitements adaptés à sa prise en charge. Malheureusement, ce n’est pas nécessairement le cas ; cela dépend de la cause de ladite toux. En ce qui concerne les toux qui perdurent après une infection respiratoire, le temps est généralement le meilleur allié du médecin.</p>
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<figcaption><span class="caption">Allergies, problèmes de sinus, médicaments, asthme ou bronchites sont autant de facteurs qui peuvent entraîner une toux chronique (vidéo en anglais).</span></figcaption>
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<h2>Pourquoi toussons-nous ?</h2>
<p>Les médecins se sont longtemps interrogés quant aux raisons qui font que la durée de la toux peut tant varier d’une infection à l’autre (qu’elle soit d’origine virale ou bactérienne). Pourquoi, comme je le constate moi-même dans ma pratique, certains patients développent-ils des toux de long terme, tandis que, chez d’autres, ce symptôme semble disparaître beaucoup plus rapidement ? La réponse est probablement à rechercher du côté des différences qui peuvent exister entre individus : certaines personnes souffrent par exemple d’asthme, d’autres de bronchite chronique…</p>
<p>La toux est le résultat d’un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK493221/#article-20073.s5">processus complexe qui débute par une impulsion électrique survenant dans les nerfs qui parcourent les voies respiratoires</a>, dont le nez et la gorge. Deux types de récepteurs nerveux peuvent déclencher une toux en réponse à un stimulus externe : des récepteurs sensibles à certains composés chimiques, et des récepteurs sensibles aux stimulations mécaniques (appelés mécanorécepteurs). Les récepteurs chimiques sont activés par les odeurs et les fumées ; c’est à cause d’eux que certaines personnes sont parfois prises d’un accès de toux après avoir respiré l’odeur de poivrons épicés grésillant sur une poêle chaude. Les mécanorécepteurs répondent quant à eux aux sensations produites par des substances irritantes, comme la poussière.</p>
<p>Lorsque ces nerfs sont activés, la gorge se ferme et la pression dans la poitrine augmente. Cette accroissement de pression aboutit à une « explosion » d’air et de mucus, qui se propage hors des poumons à plus de 800 km/h. Soit une vitesse qui est près de deux fois celle des voitures les plus rapides de la planète !</p>
<p>Des études ont démontré que les infections virales sont capables <a href="https://doi.org/10.1007%2Fs00408-015-9832-5">d’altérer la sensibilité des nerfs impliqués</a>. Le <a href="http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/immunite-et-vaccination/thematiques/immunite-innee-barrieres-naturelles-et-reaction-inflammatoire/les-mediateurs-de-l2019inflammation">processus inflammatoire</a> qui résulte d’une telle infection mène en effet à la production d’une molécule appelée bradykinine, laquelle <a href="https://doi.org/10.1186/s12931-019-1060-8">donne envie de tousser</a>. Il a aussi été démontré que certains virus eux-mêmes <a href="https://doi.org/10.1007%2Fs00408-015-9832-5">sont capables d’activer dans les cellules des modifications génétiques</a> qui augmentent la sensibilité de ces processus, ce qui aboutit à une augmentation de la toux.</p>
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<p>Mais lorsque la phase aiguë de l’infection est terminée et que l’on commence à se sentir mieux, le corps répare les dommages causés dans les poumons et les voies respiratoires par l’inflammation. Cette remise en état atténue le réflexe de toux. Les processus moléculaires qui nous faisaient tousser et éternuer plus fréquemment qu’à l’accoutumée se stabilisent et reviennent à l’état normal - du moins dans la plupart des cas. Chez certaines personnes, cependant, cela peut prendre davantage de temps que chez d’autres. </p>
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<figcaption><span class="caption">« Elle toussa longtemps avant qu’un médecin ne découvre ce qui n’allait pas… » (vidéo en anglais)</span></figcaption>
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<h2>À partir de quand faut-il considérer que l’on tousse depuis trop longtemps ?</h2>
<p>Les médecins répartissent les symptômes respiratoires tels que la toux en diverses catégories spécifiques. Ils considèrent ainsi qu’il existe <a href="https://doi.org/10.1016/j.chest.2017.10.016">principalement trois types de toux</a> : <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/toux/comprendre-mecanisme-toux">aiguë , subaiguë et chronique</a>. </p>
<p>La toux aiguë est celle qu’expérimentent la plupart des gens lorsqu’ils sont victimes d’une infection virale. Une toux est considérée comme subaiguë lorsqu’elle dure <a href="https://doi.org/10.1183/09031936.04.00027804">plus de trois semaines après une maladie des voies respiratoires supérieures</a>. Une toux chronique persiste quant à elle <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/toux/comprendre-mecanisme-toux">au-delà de 8 semaines</a>. Le plus souvent, elle est causée par un asthme, <a href="https://www.webmd.com/allergies/postnasal-drip">l’écoulement post-nasal (mucus qui s’accumule dans l’arrière-gorge ou dans l’arrière-nez)</a> et, ce qui pourra peut-être en surprendre certains, par un <a href="https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/gerd/symptoms-causes/syc-20361940#">reflux gastro-œsophagien (remontée d’une partie du contenu de l’estomac dans l’œsophage)</a>. </p>
<p><a href="https://doi.org/10.1378/chest.129.1_suppl.138s">La toux post-infectieuse</a> appartient à la catégorie des toux subaiguës. Persistant après la fin d’une infection respiratoire, alors que les autres symptômes ont disparu, elle peut durer des semaines voire des mois, se transformant alors en toux chronique.</p>
<p>La toux post-infectieuse est très fréquente, et les médecins s’efforcent depuis longtemps de déterminer combien de personnes elle concerne. Les <a href="https://doi.org/10.1378/chest.129.1_suppl.138s">estimations varient selon les études</a> : une étude réalisée au Japon sur une petite cohorte de patients (124) a révélé que, parmi les personnes souffrant d’une toux subaiguë ou chronique, <a href="https://doi.org/10.2147%2Fijgm.s8167">12 % étaient atteintes d’une infection des voies respiratoires</a>. </p>
<p>En ce qui concerne la Covid-19, les données actuelles indiquent que seuls 2,5 % des personnes touchées par la maladie <a href="https://doi.org/10.1007/s00408-021-00450-w">ont développé une toux chronique</a> après l’infection. Cela peut sembler faible, mais dans les faits cela signifie qu’un grand nombre d’individus pourraient être concernés : rien qu’aux États-Unis, début février 2023 <a href="https://covid.cdc.gov/covid-data-tracker/#datatracker-home">on dénombrait en effet plus de 280 000 nouveaux cas de Covid-19 par semaine</a>. Le nombre réel de personnes atteintes de toux chronique demeure toutefois incertain, car les études qui se sont penchées sur la question concernaient des cohortes de petite taille, qui concernaient uniquement les gens qui avaient consulté après avoir attrapé la Covid-19.</p>
<h2>Pas de remède miracle</h2>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.1378/chest.129.1_suppl.138S">Collège américain de médecine thoracique</a> et la <a href="https://doi.org/10.1183/13993003.01136-2019">Société européenne de Pneumologie</a> ont publié des recommandations pour aider les cliniciens à établir leurs diagnostics malgré les incertitudes et le manque de données disponibles. Même si elles datent de 2006, elles constituent aujourd’hui encore le meilleur guide disponible à la fois pour les médecins et pour leurs patients. </p>
<p>Environ la moitié des personnes atteintes d’une toux persistante finissent par en guérir <a href="https://doi.org/10.1016/j.chest.2017.10.016">sans aucun traitement</a>. Pour les patients qui ne sont pas dans ce cas, les données disponibles, bien que limitées, suggèrent que <a href="https://doi.org/10.1378/chest.129.1_suppl.95S">les inhalateurs, les stéroïdes, les narcotiques</a> et certains <a href="https://doi.org/10.1002/14651858.CD001831.pub5">médicaments en vente libre peuvent parfois apporter un certain soulagement</a>.</p>
<p>Chez les adultes, cependant, les preuves d’efficacité demeurent variables et limitées. Dans ma pratique, il m’arrive souvent de prescrire un antitussif non narcotique (benzonatate). Ce produit fonctionne en « engourdissant » les nerfs des poumons et des voies aériennes, ce qui calme le réflexe de toux. Chez les enfants, les données d’efficacité des traitements antitussifs sont également très parcellaires, mais des travaux ont démontré que les médicaments en vente libre et les antihistaminiques <a href="https://doi.org/10.1002/14651858.CD001831.pub5">n’étaient pas plus efficaces que les placebos</a>.</p>
<p>Certains patients se traitent avec des remèdes « faits maison » : bon nombre de personnes utilisent le miel pour apaiser leur toux, par exemple. Il existe effectivement des indices (limités) suggérant un effet potentiellement bénéfique. Un essai en particulier a révélé que, sur une période de trois jours, le miel était plus efficace qu’un placebo pour <a href="https://doi.org/10.1002/14651858.CD007094.pub5">atténuer la toux</a>. </p>
<h2>En cas de doute, consultez un médecin</h2>
<p>Il est normal d’être inquiet en cas de toux persistante (une inquiétude qu’une recherche Google ne fera que renforcer…). </p>
<p>Si peu satisfaisant que ce soit, il faut cependant garder à l’esprit que la plupart des toux finiront par se résoudre d’elles-mêmes. Certains cas justifient cependant de prendre rendez-vous avec son médecin sans tarder : perte de poids rapide, sueurs nocturnes, expectorations importantes, crachats ensanglantés… Dans de rares cas, la toux subaiguë et chronique peut en effet être <a href="https://www.webmd.com/lung-cancer/lung-cancer-cough">un signe de cancer du poumon</a> ou de diverses maladies pulmonaires chroniques.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, si la question de votre toux vous inquiète, et que vous ressentez un besoin d’informations ou de conseils, n’hésitez pas à consulter. Des millions d’autres personnes sont chaque année dans le même cas que vous…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200000/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kyle B. Enfield est financé par le National Heart and Lung Institute, la Society of Critical Care Medicine - CureID et l'USDA. Il est membre de la Society of Critical Care Medicine, de l'American Thoracic Society, de la Society for Health Care Epidemiology of America et de la Wilderness Medicine Society. Il est bénévole auprès des Boy Scouts of America.</span></em></p>Certaines toux peuvent durer des semaines, voire des mois après la fin d’une infection respiratoire. Bonne nouvelle (quoique peu satisfaisante) : la plupart finiront par passer d’elles-mêmes.Kyle B. Enfield, Associate Professor of Medicine, University of VirginiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1988012023-02-02T19:10:21Z2023-02-02T19:10:21ZCovid-19 : non, notre système immunitaire n’a pas été affaibli par les mesures sanitaires<p>À l’automne 2022, une épidémie de bronchiolite précoce et d’une ampleur inhabituelle a touché la France et d’autres pays de l’hémisphère nord, comme le Canada ou les États-Unis. Diverses explications ont été proposées pour rendre compte de ce phénomène exceptionnel.</p>
<p>Une théorie a été avancée en particulier : celle de la « dette immunitaire ». Dans sa version initiale, elle a été présentée par ses auteurs comme la conséquence d’un « défaut de stimulation » du système immunitaire, en l’absence d’agents pathogènes. Trop protégé et « inactif », notre système immunitaire « s’affaiblirait », à la manière d’un muscle non sollicité. Dans le cas présent, un tel état serait la conséquence des mesures sanitaires (masques, distanciation, confinement, etc.) mises en œuvre en 2020 et 2021. </p>
<p>Mais cette théorie, séduisante par sa simplicité, achoppe sur plusieurs incohérences. Explications.</p>
<h2>La théorie de la dette immunitaire</h2>
<p>Elle a été proposée pour la première fois au printemps 2021 par des pédiatres français dans un <a href="https://doi.org/10.1016/j.idnow.2021.05.004">article publié dans la revue <em>Infectious Diseases Now</em></a>. Précisons qu’il s’agissait d’un article d’opinion, et non d’une publication proposant un modèle épidémiologique solide ou des données expérimentales relevant de la microbiologie et de l’immunologie.</p>
<p>Dans son principe, elle s’inspire <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.299.6710.1259">de l’hypothèse hygiéniste</a>, formulée initialement <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.299.6710.1259">à la fin des années 1980 par l’épidémiologiste David P. Strachan</a>. Selon ce chercheur, dont l’hypothèse <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.38069.512245.fe">ne fait toujours pas consensus dans le milieu scientifique</a>, la propension à développer des allergies (atopie) serait liée à la diminution d’infections virales (notamment respiratoires) dans l’enfance, en raison du renforcement des normes sociales d’hygiène.</p>
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<p>Or, pendant la pandémie de Covid-19, les mesures sanitaires non pharmaceutiques
prises par les autorités pour limiter la circulation du coronavirus SARS-CoV-2 ont aussi impacté d’autres maladies. Ainsi, les cas d’infections par le virus influenza (<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-grippe.-bilan-de-la-surveillance-saison-2020-2021">grippe</a>), le virus respiratoire syncytial (VRS, significativement impliqué dans les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/bronchiolite-bilan-de-la-surveillance-hivernale-2020-2021">bronchiolites</a> et pneumonies du nourrisson) ou d’<a href="https://doi.org/10.1016/j.lana.2021.100015">autres pathogènes respiratoires</a> ont beaucoup diminué, ou ont été modifiés dans leur temporalité, comparativement aux années prépandémiques. </p>
<p>Établissant un parallèle avec l’hypothèse hygiéniste de Strachan, les promoteurs de la théorie de la dette immunitaire affirment que, dans une telle situation, le système immunitaire serait « comptable » d’une « dette » à l’égard des agents infectieux. Le retard pris dans le calendrier vaccinal, associé à une moindre exposition aux virus et bactéries, se serait traduit, une fois les mesures sanitaires levées, par d’importantes vagues épidémiques. </p>
<p>Selon les tenants de cette hypothèse, ce mécanisme expliquerait non seulement la recrudescence des bronchiolites, mais également d’autres infections, comme celles à <a href="https://www.telegraph.co.uk/news/2022/12/07/strep-kills-children-Covid-did-first-year/">streptocoque</a>, dont une multiplication de cas graves (formes invasives) <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON429">a été rapportée</a>.</p>
<p>La théorie de la dette immunitaire a largement circulé, reprise par <a href="https://www.wsj.com/articles/post-Covid-19-world-risks-having-to-pay-off-immunity-debt-11624863679">les médias</a> et par des <a href="https://www.liberation.fr/checknews/olivier-veran-a-t-il-raison-de-lier-la-virulence-de-lepidemie-de-bronchiolite-a-levitement-du-virus-pendant-deux-ans-en-raison-du-port-du-masque-20221116_ET67SCPBIRDBLOULU6FW6TRROU/">personnalités politiques</a>. Pourtant, plusieurs arguments mettent à l’épreuve sa solidité.</p>
<h2>Lacune immunitaire</h2>
<p>Comme le montre <a href="https://doi.org/10.1016/j.idnow.2021.05.004">le titre de leur article</a>, les promoteurs de la notion de dette immunitaire tendent à superposer celle-ci avec le phénomène - bien documenté - de lacune immunitaire (« <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/347965">immunity gap</a> » en anglais). Ils les assimilent même complètement pour <a href="https://doi.org/10.1016/j.idnow.2022.12.003">soutenir que la théorie de la dette immunitaire est confirmée</a>.</p>
<p>Le concept populationnel et statistique de lacune immunitaire a été décrit dès les années 1960 : si, au sein d’une population, une proportion d’individus immunitairement « naïfs » vis-à-vis d’un pathogène (autrement dit, qui n’y ont jamais été exposés) se retrouve en contact avec lui, alors le risque est de voir émerger une épidémie avec explosion des cas.</p>
<p>Il faut souligner que, dans ce modèle, l’augmentation des cas ne résulte pas d’un changement de la virulence du pathogène, ni d’un système immunitaire « affaibli » : la propagation du microbe est simplement facilitée, car il n’existe pas de mémoire immunitaire spécifique préexistante le concernant, puisque les individus naïfs ne l’ont jamais croisé.</p>
<p>Une telle situation peut aussi se produire dans le cas d’une persistance limitée de la mémoire immunitaire spécifique (qui résulte du <a href="https://theconversation.com/comment-notre-corps-se-defend-il-contre-les-envahisseurs-143072">système immunitaire adaptatif</a>, basé sur les anticorps). Elle peut aussi être le fait d’une couverture vaccinale insuffisante, un problème également pointé par les auteurs de la théorie de la dette immunitaire. </p>
<p>Il faut cependant bien comprendre que la théorie de la dette immunitaire se distingue de la lacune immunitaire, et ce pour deux raisons. D’une part, elle postule un affaiblissement non seulement du système immunitaire adaptatif, mais également du système immunitaire inné. D’autre part, cette théorie postule que la dette qui résulterait de cet affaiblissement se situerait à l’échelle de l’individu, et non à l’échelle de la population. </p>
<h2>Notre système immunitaire ne connaît pas de « pause »</h2>
<p>L’idée sous-jacente à la théorie de la dette immunitaire, qui est celle d’une discontinuité de l’activité du système immunitaire, fait écho à une représentation de ce dernier qui n’est plus d’actualité. </p>
<p>La conception d’un système immunitaire qui devrait être « formé » et « renforcé » trouve en effet son origine dans le premier quart du 20e siècle. À cette époque, l’immunologie était <a href="https://doi.org/10.1590/S0104-59701996000200006">réduite à l’opposition anticorps/antigènes (terme désignant un élément reconnu comme étranger par l’organisme)</a>, les premiers n’étant supposés actifs qu’à l’occasion de la rencontre des seconds.</p>
<p>Or, on sait aujourd’hui que les systèmes immunitaires inné et adaptatif sont déjà fonctionnels <a href="https://doi.org/10.1126/scitranslmed.3008748"><em>in utero</em></a>, sans qu’ils aient préalablement rencontré de pathogènes. Certes, les nouveau-nés développent leur répertoire immunologique après la naissance, mais ils ne sont pas dépourvus de toute défense immunitaire lorsqu’ils viennent au monde. </p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-notre-corps-se-defend-il-contre-les-envahisseurs-143072">Comment notre corps se défend-il contre les envahisseurs ?</a>
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<p>Rappelons aussi que le système immunitaire inné reconnaît non seulement <a href="https://doi.org/10.1038/ni.1863">les organismes étrangers</a>, mais aussi l’immense diversité des micro-organismes qui vivent en nous (notre microbiote) ou sont ingérés avec notre alimentation, qui le stimulent eux aussi. Il est donc capable d’un premier niveau (faiblement) spécifique de réponse immunitaire.</p>
<p>En outre, quand bien même une « dette immunitaire » existerait, personne n’a vécu depuis février 2020 dans un environnement aseptique. Les micro-organismes, pathogènes ou non, sont partout : dans notre environnement, dans l’air, dans les objets que nous manipulons, les personnes qui nous entourent, nos aliments, nos boissons… L’isolement complet n’existe pas, ni l’absence de stimulation, ainsi que le montrent les <a href="https://ourworldindata.org/explorers/coronavirus-data-explorer?facet=none&Metric=Confirmed+cases&Interval=Cumulative&Relative+to+Population=false&Color+by+test+positivity=false&country=%7EOWID_WRL">centaines de millions d’individus</a> infectés par le SARS-CoV-2 depuis 3 ans, dont <a href="https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/donnees-de-laboratoires-pour-le-depistage-a-compter-du-18-05-2022-si-dep/">28 millions rien qu’en France en 2022</a>, incluant des réinfections. </p>
<p>Autrement dit, notre système immunitaire (adaptatif comme inné) ne connaît pas de « pause » : <a href="https://doi.org/10.1016/j.cell.2018.03.013">il fonctionne en permanence</a>, y compris en l’absence de pathogènes, qu’il n’a donc pas « besoin » de rencontrer pour demeurer actif. </p>
<p>Soulignons par ailleurs que, même en temps normal, l’immunité conférée par certains virus après une infection ne dure pas suffisamment longtemps pour éviter la réinfection après quelques mois. C’est bien entendu le cas du SARS-CoV-2, mais aussi du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2010624/">VRS</a>. Fin 2022, la protection procurée par les infections des années précédentes aurait de toute façon déjà décliné.</p>
<p>Un autre argument vient fragiliser la théorie de la dette immunitaire : plusieurs pays qui avaient adopté des mesures sanitaires moins contraignantes ont aussi été touchés par des épidémies de bronchiolites atypiques.</p>
<h2>De précédentes épidémies de bronchiolite</h2>
<p>Si une dette immunitaire existait, les pays dans lesquels les mesures de protection n’ont pas été généralisées ne devraient pas en faire les frais. </p>
<p>Or, la recrudescence de cas de bronchiolites liés à une infection virale a également été enregistrée dans les pays n’ayant pas appliqué de politique de santé publique forte en faveur du port du masque chez les enfants. C’est par exemple le cas du <a href="https://www.gov.uk/government/publications/emergency-department-weekly-bulletins-for-2022">Royaume-Uni</a>, de la <a href="https://sweden.postsen.com/news/57867/Epidemiologist-The-RS-virus-could-be-widespread-this-year.html">Suède</a>, ou de <a href="https://www.cdc.gov/surveillance/nrevss/rsv/natl-trend.html">certains états américains</a>).</p>
<p>Par ailleurs, des vagues épidémiques importantes de bronchiolite avaient déjà eu lieu en 2021, durant l’été puis l’automne, non seulement en <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bronchiolite/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-bronchiolite-semaine-15.-saison-2021-2022">France</a>, mais aussi au <a href="https://www.clinicaltrialsarena.com/comment/rsv-uk-children/">Royaume-Uni</a> et dans d’autres pays. </p>
<p>Pourquoi une telle situation ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, sans qu’il soit besoin de recourir à la théorie de la dette immunitaire.</p>
<h2>D’autres virus impliqués</h2>
<p>Si l’on a beaucoup parlé du VRS et de son implication dans la bronchiolite, il ne faut pas oublier que cette maladie peut être causée par divers autres virus (SARS-CoV-2 et autres coronavirus, metapneumovirus, adénovirus, etc.).</p>
<p>Dans le cas présent, il pourrait être intéressant de vérifier, par des tests de dépistage, quels virus ont été à l’origine de ces vagues épidémiques, et de déterminer si des co-infections se sont produites.</p>
<p>C’est d’autant plus important que la question des interactions entre virus constitue une autre piste qui pourrait expliquer au moins en partie la situation de ces derniers mois. Il est en effet possible d’envisager pour expliquer ce phénomène une augmentation de la sévérité clinique lors de <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(22)00383-X">co-infections associées au SARS-CoV-2</a>. </p>
<p>On connaît encore mal la façon dont les virus interfèrent les uns avec les autres, mais ce type de piste n’est pas à écarter, tout comme celle de l’impact du SARS-CoV-2 sur notre immunité, qui est aussi à explorer.</p>
<h2>Un système immunitaire épuisé ?</h2>
<p>La recrudescence de formes éventuellement plus fréquemment sévères d’infections virales respiratoires ou bactériennes, voire fongiques, sont à l’étude. Ces recherches s’intéressent notamment à la <a href="https://doi.org/10.1038/s41590-021-01113-x">perturbation du système immunitaire résultant d’une infection par le SARS-CoV-2</a>, qui pourrait <a href="https://doi.org/10.3389/fimmu.2022.1034159">affecter le fonctionnement des lymphocytes B impliqués dans la mémoire immunitaire notamment</a>.</p>
<p>Les découvertes des quinze dernières années en immunologie/immuno-oncologie ont aussi montré qu’une inflammation chronique ou des infections répétées <a href="https://doi.org/10.1016/j.celrep.2020.108078">épuisent le système immunitaire et induisent un risque autoimmun</a>.</p>
<p>Il ne s’agit pour l’instant que de pistes qui doivent être approfondies, mais qui paraissent solides, car reposant sur des mécanismes biochimiques immunitaires documentés survenant après une infection virale. Par ailleurs, elles sont compatibles avec la survenue, durant l’année 2021, d’autres épidémies que celles de Covid-19 (épidémies de bronchiolite notamment, comme mentionnée précédemment).</p>
<p>Certes, un « rattrapage » lié à une moindre exposition des jeunes enfants durant la pandémie ou à un retard vaccinal (soulignons toutefois qu’il n’existe pas à ce jour de vaccin contre le <a href="https://science.gc.ca/site/science/fr/blogues/anciens-blogues/resumes-articles-scientifiques-laboratoire-national-microbiologie/decouvrir-mecanismes-biologiques-vaccin-vrs">VRS</a> ni contre le <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/streptocoques-b#vaccin">streptocoque A</a>), sur le modèle de la lacune immunitaire, pourrait avoir été une composante des vagues d’épidémies inhabituelles observées récemment. Cependant, la théorie de la dette immunitaire, qui apparaît très spéculative, n’est pas confirmée, et ne peut donc pas être mobilisée comme si elle était validée scientifiquement pour expliquer cette situation. </p>
<p>Non seulement les mesures barrière n’ont pas affaibli notre système immunitaire, mais elles ont permis de <a href="https://doi.org/10.1093/jtm/taac055">limiter la circulation d’un virus émergent</a> dont les conséquences à long terme sur la santé humaine restent largement méconnues. Il convient désormais de poursuivre les recherches cliniques, physiopathologiques et épidémiologiques pour mieux les appréhender.</p>
<hr>
<p><em>Ont également participé à la rédaction de cet article : Éric Billy, chercheur en immuno-oncologie (salarié du NIBR à Bâle, il s’exprime en son nom propre), Franck Clarot, médecin légiste et radiologue, Jérôme Guison, médecin interniste, Alexander Samuel, docteur en biologie moléculaire.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198801/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon la théorie de la « dette immunitaire », l’ampleur des épidémies survenues fin 2022, telle que celle de bronchiolite, serait la conséquence des mesures anti-Covid-19. Une hypothèse peu plausible.David Simard, Docteur en philosophie, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Frédéric Fischer, Maître de conférences en biochimie et biologie moléculaire, Université de StrasbourgLonni Besançon, Phd en Human Computer Interaction, Linköping UniversityMichaël Rochoy, Docteur en médecine générale, chercheur associé, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1967092023-02-01T15:05:52Z2023-02-01T15:05:52ZNotre microbiote intestinal exerce-t-il vraiment une influence sur notre santé et notre espérance de vie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507386/original/file-20230131-127-m1lc10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C1%2C992%2C558&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certains facteurs peuvent perturber le microbiote intestinal. On parle notamment de notre alimentation, de notre consommation d’alcool, de la prise d’antibiotiques et des maladies inflammatoires de l’intestin.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le microbiote intestinal, c’est l’ensemble des bactéries et virus résidant dans notre intestin. Il est impliqué dans diverses fonctions, comme la digestion des aliments et la protection contre certaines pathogènes. </p>
<p>Certains facteurs peuvent <a href="https://theconversation.com/greffe-de-matieres-fecales-on-vous-explique-ce-que-cest-et-a-quoi-ca-sert-196192">perturber le microbiote intestinal</a>. On parle notamment de notre alimentation, de notre consommation d’alcool, de la prise d’antibiotiques et des maladies inflammatoires de l’intestin. Ces altérations, nommées « dysbiose », sont associées à un <a href="https://doi.org/10.1128/mBio.01492-17">large éventail de maladies chroniques</a>. </p>
<p>Dans la dernière décennie, les résultats de centaines d’études effectuées chez des modèles animaux ont proposé que la dysbiose intestinale pourrait influencer plusieurs perturbations métaboliques. De plus, chez des rongeurs, l’implantation de certaines bactéries <a href="https://doi.org/10.1038/nm.4236">pourrait influencer le poids et le profil métabolique</a>. De plus, le transfert du microbiote intestinal d’une souris mince à une souris de poids élevée lui permettrait de perdre du poids. Est-ce trop beau pour être vrai ?</p>
<p>Respectivement étudiant au doctorat et professeur titulaire au Département de médecine de l’Université Laval, notre objectif est d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour les maladies chroniques et l’espérance de vie en santé avec une approche basée sur l’épidémiologie génétique. Ce court article vise à résumer et contextualiser nos récents travaux de recherche <a href="https://doi.org/10.1186/s12967-022-03799-5">sur le microbiote intestinal</a>.</p>
<h2>L’importance d’un lien de causalité</h2>
<p>Des scientifiques ont suggéré que la consommation de certains aliments comme les fibres alimentaires, les fruits riches en antioxydants et la viande rouge aurait un effet <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa1109400">sur le microbiote intestinal</a>. Certains avancent même que le microbiote pourrait devenir une cible thérapeutique pour la prévention ou le traitement de certaines maladies chroniques. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="illustration conceptuelle du microbiome intestinal" src="https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507397/original/file-20230131-16-arvjen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le microbiote intestinal, c’est l’ensemble des bactéries et virus résidant dans notre intestin. Il est impliqué dans diverses fonctions, comme la digestion des aliments et la protection contre certains pathogènes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Or, pour que le microbiote devienne une cible thérapeutique d’intérêt, il est primordial d’établir un lien de causalité entre les caractéristiques du microbiote intestinal et les maladies chroniques. En effet, un lien de causalité suggère que la modification du microbiote <a href="https://doi.org/10.1016/j.cell.2019.12.025">diminuerait le risque de développer une maladie</a>. Même si plusieurs études observationnelles (non expérimentales) chez l’humain ont identifié des liens statistiques entre <a href="https://doi.org/10.1016/j.febslet.2014.09.039">divers marqueurs du microbiote intestinal et les maladies chroniques</a>, le lien de causalité n’est pas clairement établi. </p>
<p>Par exemple, on ne sait pas si la dysbiose intestinale est la cause ou la conséquence d’une maladie (causalité inverse). On ne sait pas non plus si les deux seraient influencés par d’autres facteurs « confondants », qui seraient associés à la fois au microbiote intestinal et aux maladies chroniques. On pourrait penser, par exemple, à la qualité de <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-020-2881-9">notre alimentation, notre poids ou notre consommation d’alcool</a>. </p>
<p>Ainsi, l’objectif de nos travaux était de déterminer s’il existe bel et bien une relation directe et de cause à effet entre le microbiote intestinal et des marqueurs métaboliques comme le poids, huit maladies chroniques et la longévité humaine à l’aide d’une approche génétique, la randomisation mendélienne.</p>
<h2>Le pouvoir des données génétiques</h2>
<p>La randomisation mendélienne tente d’établir des liens de causalité à partir de données génétiques. Pour ce faire, la randomisation mendélienne utilise des variants génétiques (des changements fréquents dans la séquence de notre génome appelés polymorphismes nucléotidiques) fortement associés à un facteur de risque (microbiote intestinal), pour établir un lien de causalité avec une variable dépendante (marqueurs de santé et maladies), <a href="https://theconversation.com/voici-comment-les-lois-de-la-genetique-nous-aident-a-prevenir-les-maladies-chroniques-144153">tel que décrit dans un récent article</a>. Comme les variations de notre génome sont établies au moment de la formation de l’embryon et qu’elles demeurent stables au cours de notre vie, cette expérience de randomisation naturelle n’est pas sujette aux biais de causalité inverse, puisque la présence de maladie n’influence pas notre code génétique. Elle n’est pas non plus sujette à l’effet des facteurs confondants, puisque les variations génétiques utilisées sont associées spécifiquement aux caractéristiques du microbiote intestinal. </p>
<p>Nous avons inclus les données génétiques de quelques dizaines de milliers d’individus provenant de plusieurs cohortes. Nous avons identifié des variants génétiques associés à 10 métabolites fécaux et sanguins. Les métabolites inclus sont de petites molécules produites par le microbiote intestinal qui ont déjà été associées à la dysbiose intestinale et à certaines maladies. Nous avons aussi identifié les variants génétiques de dizaines de taxa microbiens (par exemple une espèce, un genre ou une famille de bactéries). Nous avons étudié neuf traits cardiométaboliques (poids, pression artérielle, lipides sanguins, insuline, etc.) ainsi que huit maladies chroniques : la maladie d’Alzheimer, la dépression, le diabète de type 2, la maladie du foie gras, la maladie coronarienne athérosclérotique, les accidents vasculaires cérébraux, l’ostéoporose et l’insuffisance rénale. Nous avons également étudié l’effet de ces facteurs associés au microbiote intestinal sur l’espérance de vie en santé et la longévité.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="figure représentant plusieurs molécules" src="https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=642&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=642&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=642&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=807&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=807&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507393/original/file-20230131-12649-n9up99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=807&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">De petites molécules organiques appelées « métabolites » sont produites par les bactéries intestinales. Ces molécules pourraient atteindre des organes comme le foie et le cerveau. Leur rôle dans le développement des maladies chroniques et l’espérance de vie est toutefois controversé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Benoît Arsenault)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Nous avons émis l’hypothèse qu’à la lumière des données déjà publiées, un lien de causalité serait révélé entre la dysbiose intestinale et les maladies chroniques associées au vieillissement.</p>
<p>Or, contrairement à notre hypothèse, cette analyse de randomisation mendélienne n’a pas démontré d’effets importants du microbiote intestinal sur les facteurs métaboliques et les maladies chroniques. Sept associations entre certains paramètres microbiens et les maladies chroniques associées au vieillissement apparaissent comme potentiellement causales, mais leur effet est faible et on ne peut exclure qu’elles soient le fruit du hasard. Dans l’ensemble, ces résultats n’offrent que peu d’appuis à l’hypothèse selon laquelle le microbiote intestinal a un effet important sur notre poids, notre métabolisme et notre risque de développer des maladies chroniques.</p>
<h2>Des résultats qui appellent à la prudence</h2>
<p>Ces résultats suggèrent que les associations précédemment observées pourraient ne pas être causales. Les associations pourraient être expliquées par les maladies elles-mêmes (biais de causalité inverse) ou des facteurs confondants (biais de confusion) tels que l’alimentation, la prise de médicaments, l’usage de tabac, la santé métabolique, ou autres. Ces résultats vont toutefois de pair avec les résultats de quatre récentes études cliniques randomisées montrant que le transfert du microbiote intestinal de personne mince vers des personnes de poids élevé ne mène à <a href="https://doi.org/10.3390/nu11102291">aucune perte de poids ou amélioration significative du profil métabolique</a>.</p>
<p>La randomisation mendélienne est une méthode qui présente plusieurs avantages en comparaison avec les études observationnelles. Il faut toutefois contextualiser ces résultats. Il est tout à fait possible que les paramètres génétiques que nous avons utilisés pour prédire les métabolites et les espèces microbiennes associés à la dysbiose intestinale ne capturent pas entièrement la complexité du microbiote intestinal. Ce phénomène diminuerait notre capacité à identifier des associations significatives. Par conséquent, des études avec des échantillons de plus grande taille et avec une meilleure caractérisation du microbiote intestinal et de ses métabolites seront nécessaires pour déterminer si certaines bactéries intestinales jouent un rôle clé dans l’étiologie (étude des causes) des maladies chroniques et de la longévité.</p>
<p>Même si l’impact de la dysbiose intestinale sur les maladies chroniques semble limité, la santé intestinale est toutefois importante pour d’autres facettes de la santé humaine. Par exemple, le microbiote empêche d’autres bactéries néfastes de coloniser notre intestin. De plus, il permet de digérer certains nutriments (des fibres alimentaires, par exemple) qui, autrement, <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.k2179">seraient rejetés par notre organisme</a>. </p>
<p>Des thérapies qui modulent le microbiote intestinal ont récemment obtenu l’approbation des autorités de santé américaine pour la prévention des infections à <em>C. difficile</em> (une bactérie qui cause la diarrhée et d’autres maladies intestinales graves). Nos résultats, de même que les résultats d’études cliniques moins sujettes aux biais de causalité inverse et au biais de facteurs confondants, ne supportent toutefois pas un effet important de la dysbiose intestinale sur les maladies chroniques. </p>
<p>Ces résultats appuient que le potentiel du microbiote comme cible thérapeutique des maladies chroniques est, pour le moment, faible. Nous invitons les professionnels de santé et le grand public à faire preuve de prudence à l’égard des tests diagnostiques basés sur le microbiote intestinal pour diagnostiquer des problèmes de santé qui ne sont pas validés par les autorités de santé compétentes. </p>
<p>Mais, surtout, à éviter de recommander certaines interventions basées sur le simple fait que celles-ci influenceraient les paramètres du microbiote intestinal.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196709/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éloi Gagnon a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Benoit Arsenault a reçu des financements de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada, du Fonds de recherche du Québec - Santé, de la Fondation de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, de Pfizer et de Silence Therapeutics. </span></em></p>Une nouvelle étude démontre que le microbiote intestinal n’aurait que peu ou même pas d’effet sur notre poids, notre métabolisme et notre risque de développer des maladies chroniques.Éloi Gagnon, PhD Candidate, Université LavalBenoit Arsenault, Chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et Professeur titulaire au Département de médecine, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.