tag:theconversation.com,2011:/global/topics/zambie-28957/articlesZambie – The Conversation2024-02-07T14:52:47Ztag:theconversation.com,2011:article/2225372024-02-07T14:52:47Z2024-02-07T14:52:47ZLes pays africains confrontés à une dette élevée, des exigences de dépenses accrues et l'effondrement de leurs monnaies : voici quelques solutions politiques utiles<p>Les pays africains très endettés sont confrontés à des compromis difficiles entre le service d'une dette coûteuse, le soutien à des besoins de développement élevés et croissants et la stabilisation des monnaies nationales.</p>
<p>La dette publique a augmenté dans au moins <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">40 pays africains</a> au cours de la dernière décennie. Par conséquent, certains se trouvent confrontés à une situation délicate associant une dette élevée, des besoins accrus en matière de dépenses de développement dans un contexte de déficit budgétaire, et des contraintes défavorables sur les taux de change. </p>
<p>Ces questions sont devenues plus pressantes depuis 2022, lorsque la persistance d'une inflation élevée a incité les principales banques centrales du monde à se lancer dans la <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects">campagne de resserrement monétaire</a> la plus agressive depuis des décennies. La politique monétaire se resserre lorsque les banques centrales augmentent les taux d'intérêt. </p>
<p>Depuis lors, les taux d'intérêt mondiaux ont <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">continué de croître</a>, entraînant une augmentation des remboursements des prêts extérieurs et alourdissant le fardeau de la dette accumulée au cours de la dernière décennie. En outre, certains pays dont la situation d'endettement s'aggrave ont subi d'importantes dépréciations de leur taux de change et se sont efforcés de stabiliser la valeur de leur monnaie nationale. </p>
<p>Mon point de vue, forgé par des années de recherche sur les défis du développement de l'Afrique, est que de nombreux pays sont confrontés à trois dilemmes qu'il n'est pas facile de résoudre. S'attaquer à l'un de ces problèmes compromet les autres.</p>
<p>En voici quelques exemples : </p>
<ul>
<li><p>endiguer l'augmentation de la dette publique et contenir les baisses de taux de change rendrait plus difficile la satisfaction de besoins plus importants en matière de dépenses publiques </p></li>
<li><p>rechercher une réduction de la dette publique tout en soutenant des dépenses supplémentaires risque de peser davantage sur les monnaies nationales </p></li>
<li><p>donner la priorité à des besoins de dépenses plus importants et atténuer les tensions sur la monnaie risque d'entraîner une augmentation de la dette publique. </p></li>
</ul>
<p>Il est possible d'adopter des mesures pour avoir une plus grande marge de manœuvre afin de relever ces défis tout en facilitant les arbitrages difficiles. Il s'agit notamment de donner la priorité aux mesures de dépenses publiques qui stimulent la croissance, de résoudre le problème de collecte des recettes auquel sont confrontés tous les pays africains et de restructurer la dette publique insoutenable.</p>
<h2>Augmentation de la dette publique et dilemmes politiques</h2>
<p>Le triple dilemme s'est développé au fur et à mesure que la dette publique a augmenté de manière substantielle au cours de la dernière décennie. Comme le montre la figure 1, la dette publique médiane a plus que doublé depuis 2012 et a atteint <a href="https://www.imf.org/fr/home">61 % du PIB</a> en 2023. </p>
<p>Dans un premier temps, les <a href="https://www.economist.com/briefing/2023/11/02/markets-think-interest-rates-could-stay-high-for-a-decade-or-more">taux d'intérêt mondiaux historiquement bas</a> au cours de la décennie qui a suivi la crise financière mondiale de 2008 ont fortement contribué à l'explosion de la dette en rendant l'emprunt de sommes importantes à bas coût plus facile. </p>
<p>Depuis lors, l'évolution de la dette des pays s'est fortement détériorée. La pandémie de COVID-19, qui a déclenché une crise du coût de la vie, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a contribué à une hausse rapide des taux d'intérêt mondiaux, font partie des facteurs ayant contribué à cette détérioration. </p>
<p>En Afrique, les gouvernements ressentent vivement le poids de l'augmentation des coûts d'emprunt, car la dette publique représentait <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">près de 60 %</a> de la dette extérieure totale de la région en 2022 (figure 1). <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">Dix-neuf pays</a>, dont le Ghana et la Zambie, sont déjà en situation de surendettement (c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en mesure de faire face à leurs obligations financières) ou présentent un risque élevé de surendettement.</p>
<p>La dette publique du Ghana a plus que doublé depuis 2012 et s'élève à <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">85 %</a> du PIB. Celle de la Zambie a augmenté bien davantage, s'établissant à <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">98 %</a> en 2022. </p>
<p>Le <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Ghana</a> et la <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Zambie</a>, ainsi que l’<a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Éthiopie</a>, sont en défaut de paiement sur leur dette extérieure, ce qui fait craindre une crise plus large de la dette souveraine sur le continent si d'autres pays tombent en situation de surendettement. </p>
<p>D'autres pays sont confrontés à un risque élevé de surendettement. Le Kenya frôle la détresse financière après une augmentation constante de sa dette, atteignant <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">70 %</a> du PIB. </p>
<p>L'Afrique du Sud est également confrontée à une dette publique élevée, qui a presque doublé au cours de la dernière décennie et représente actuellement <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">74 %</a> du PIB. </p>
<p>Cependant, il ne sera pas facile de réduire les dettes élevées. Les besoins en matière de développement sont élevés, les caisses ayant été vidées par des dépenses plus importantes liées à la pandémie et aux répercussions de la crise en Ukraine. </p>
<p>Le Fonds monétaire international estime que les pays d'Afrique subsaharienne avec un ratio médian doivent augmenter leurs dépenses d'au moins <a href="https://www.imf.org/en/Publications/Departmental-Papers-Policy-Papers/Issues/2023/09/15/Navigating-Fiscal-Challenges-in-Sub-Saharan-Africa-Resilient-Strategies-and-Credible-529230">20 % du PIB</a> pour atteindre les objectifs de développement durable en matière de santé, d'éducation et d'infrastructures d'ici 2030. L'adaptation au changement climatique devrait nécessiter <a href="https://www.imf.org/en/Publications/Departmental-Papers-Policy-Papers/Issues/2023/09/15/Navigating-Fiscal-Challenges-in-Sub-Saharan-Africa-Resilient-Strategies-and-Credible-529230">des milliards de dollars</a> de plus chaque année pour le continent. </p>
<p>Les caisses sont également vidées par l'augmentation des dépenses liées au remboursement d'emprunts coûteux. Cela a pour effet supplémentaire d'épuiser les réserves de change, contraignant ainsi les pays surendettés à faire face à la dépréciation de leur monnaie. </p>
<p>La part des intérêts de la dette dans les recettes du Kenya est passée de <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">11 % en 2014</a> à plus de <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">20 %</a> après 2020. Cette évolution a entraîné une réduction de ses réserves, représentant une part de la dette extérieure, passant de 47 % à moins de 20 % au cours de la même période. Cette pression sur le shilling kenyan s'est traduite par une perte de <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-11-28/-paramilitary-tax-agents-deployed-in-kenya-budget-revenue-drive">19 %</a> par rapport au dollar américain l'année dernière.</p>
<p>Dans le cas du Ghana et de la Zambie, les paiements d'intérêts sur la dette ont atteint des niveaux encore plus élevés. Pour le Ghana, ils représentaient environ <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">45 %</a> des recettes. Pour la Zambie, environ <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">39 %</a>. En 2022, les réserves avaient chuté à <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">22 %</a> au Ghana et à <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">10 %</a> en Zambie. </p>
<p>Cette situation a entraîné une forte dépréciation des réserves de change.</p>
<p>En 2023, les recettes collectées représentaient <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">16 %</a> du PIB au Ghana, <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">17 %</a> au Kenya et <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">21 %</a> en Zambie. Ces chiffres sont nettement inférieurs au niveau médian de <a href="https://www.imf.org/en/Publications/REO/SSA/Issues/2023/10/16/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-october-2023">27 %</a> observé dans d'autres économies en développement. Bien que ce niveau médian soit égalé par l'Afrique du Sud, l'augmentation des coûts des transferts sociaux, y compris les aides sociales et les subventions aux entreprises publiques telles que la compagnie d'électricité Eskom et la compagnie de transport Transnet, a ajouté une pression sur <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects">la dette publique dans un contexte de ralentissement de la croissance</a>. </p>
<h2>Ce qui peut être fait</h2>
<p>Un certain nombre de mesures peuvent être prises pour atténuer les compromis que les pays doivent faire.</p>
<p>Tout d'abord, les gouvernements devraient donner la priorité aux mesures de dépenses publiques qui stimulent la croissance. </p>
<p>Il s'agit notamment des dépenses essentielles en matière d'éducation, de santé, d'infrastructures et d'autres investissements de qualité qui favorisent la croissance. La reprise de la croissance économique devrait générer davantage de recettes publiques pour le remboursement de la dette.</p>
<p>Cela signifie également qu'il faut allouer davantage de dépenses aux réformes de première génération. Il s'agit de réformes structurelles qui atténuent les principaux obstacles à la croissance. Par exemple, les réformes de longue date en matière de gouvernance restent essentielles dans les pays africains, qui sont généralement à la traîne par rapport aux pays d'autres régions en ce qui concerne diverses mesures de la qualité de la gouvernance, telles que l'État de droit, la lutte contre la corruption et la responsabilité du gouvernement. </p>
<p>Deuxièmement, les pays doivent résoudre leurs problèmes de collecte de recettes. Alors que la croissance entraîne une expansion de l'économie qui génère des revenus supplémentaires, les faibles niveaux de collecte des revenus nationaux restreignent la capacité des gouvernements à rembourser la dette et à financer les secteurs sociaux et de croissance essentiels.</p>
<p>En Afrique, plusieurs pays, dont l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, la Zambie, le Kenya et l'Éthiopie, ont déployé des efforts pour stimuler la collecte des recettes. Il s'agit notamment de nouveaux prélèvements, de taxes plus élevées, de l'inscription d'un plus grand nombre de magasins au registre des impôts, de l'élargissement de l'assiette fiscale, du renforcement de l'administration fiscale et d'autres mesures d'amélioration des recettes.</p>
<p>Enfin, les gouvernements doivent restructurer leurs portefeuilles de dettes. Lorsqu'une crise de la dette ne peut être évitée, la restructuration de la dette peut réduire le montant dû aux créanciers en révisant le montant et le calendrier des futurs paiements de capital et d'intérêts. Le Tchad a conclu un accord de restructuration de sa dette extérieure au titre du <a href="https://www.imf.org/en/Publications/REO/SSA/Issues/2023/10/16/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-october-2023">Cadre commun du G20 pour les traitements de dette en 2022</a>. Il s'agit d'une initiative destinée à soutenir les pays en développement à faible revenu dont la dette est insoutenable. Depuis, le Ghana et la Zambie ont également entamé des négociations sur la restructuration de leur dette au titre du <a href="https://clubdeparis.org/sites/default/files/annex_common_framework_for_debt_treatments_beyond_the_dssi.pdf">Cadre commun du G20</a>. </p>
<p>D'autres pays très endettés qui luttent pour assurer le service de leur dette pourraient être amenés à faire de même, alors que la lenteur des progrès du cadre commun suscite de plus en plus d'inquiétudes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222537/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jonathan Munemo est affilié au Council on Foreign Relations. Il a été nommé International Affairs Fellow for Tenured International Relations Scholars pour l'année académique 2023-24.</span></em></p>De nombreux pays sont confrontés à trois tpes de dilemmes, ce qui crée une situation complexe à gérer.Jonathan Munemo, Professor of Economics, Salisbury UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1678482021-09-21T19:32:47Z2021-09-21T19:32:47ZAfrique : le FMI à la rescousse du tarissement des liquidités du continent<p>Les DTS viennent alimenter les réserves en devises des pays africains, alors que nombre d’entre eux ont été contraints de puiser dans celles-ci afin de combler le manque de financements en 2020. Cette perte de plus de 50 milliards USD à l’échelle du continent a été particulièrement marquée en Afrique du Nord, où elle équivaut à 16 % des réserves de 2019.</p>
<p>Les économies dépendantes du tourisme (-16 % en Égypte, -9 % au Cap-Vert) et certains pays pétroliers (-31 % en Libye, -23 % en Algérie, -17 % en Angola) ont enregistré des baisses significatives, alors même que ces derniers abordaient la crise avec des réserves déjà affectées par le retournement des cours de 2014.</p>
<p>Cette allocation offre ainsi un soutien essentiel aux pays dont les liquidités externes sont les plus fragiles. En Zambie, en situation de défaut de paiement depuis novembre 2020, le montant alloué (1,3 milliard USD) a permis de doubler les réserves.</p>
<p>À l’inverse, de moindres factures d’importations et les financements de la communauté internationale ont renforcé significativement la liquidité externe d’une dizaine de pays (+23 % au Rwanda, +37 % au Maroc, +46 % aux Comores). Mais même pour ces pays, les DTS offrent un élément de confort bienvenu alors que la crise de la Covid-19 se poursuit. Et ce d’autant plus que cette hausse des réserves de change apparaît en trompe-l’œil puisqu’elle est financée par des emprunts et est donc génératrice d’endettement additionnel et/ou associée à une chute temporaire de la demande intérieure.</p>
<p>Cependant, la reconstitution des réserves ne signifie pas pour autant que celles-ci sont suffisantes. L’adéquation du niveau des réserves en devises d’un pays s’apprécie à l’aune de son exposition aux chocs externes et de sa capacité d’absorption.</p>
<h2>L’amortissement de la dette en devises : un enjeu à venir</h2>
<p>La vulnérabilité externe dépend en premier lieu de l’ampleur du besoin de financement externe (BFE), qui résulte majoritairement des déséquilibres dans les échanges dits courants de biens, de services et de capitaux de chaque pays avec le reste du monde.</p>
<p>À court terme, la pandémie n’affecte pas significativement le BFE du continent, qui devrait représenter <a href="https://www.afd.fr/fr/ressources/pays-developpement-financement-afrique">près de 7 % du PIB africain en moyenne par an entre 2020 et 2022</a> (en mettant de côté les flux de remboursement de dettes de court terme).</p>
<p>En 2020, la chute des importations associée au ralentissement de l’activité économique et à la fermeture des frontières a compensé la volatilité des cours des matières premières et l’effondrement des recettes touristiques.</p>
<p>En revanche, les BFE africains devraient augmenter à moyen terme, portés par le remboursement du principal d’une dette externe croissante. L’ampleur du BFE constitue déjà une source de vulnérabilité pour la Tunisie (17 % du PIB en 2021 et projeté à 14 % du PIB en moyenne entre 2022 et 2025), les pays insulaires touristiques – privés de leur entrée de devises la plus importante – et les pays producteurs de matières premières, qui restent vulnérables aux retournements des cours.</p>
<h2>Les réserves en devises mobilisées pour pallier la chute des financements privés</h2>
<p>Plus le BFE est élevé, plus les financements doivent être abondants pour le couvrir, et, de préférence, stables et de long terme. Tout repli de ces derniers expose alors le pays à une contraction de la disponibilité des devises. Or, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) à destination de l’Afrique <a href="https://unctad.org/fr/press-material/onu-les-flux-dinvestissement-vers-lafrique-significativement-affectes-par-la">se sont contractés de 16 % en 2020</a> (-35 % en Égypte et -39 % en Afrique du Sud). La baisse du nombre de nouveaux grands projets d’infrastructures (-74 %) est de mauvais augure pour les flux d’IDE dans les prochaines années.</p>
<p>En parallèle, les émergents africains (Égypte, Nigéria, Angola) n’ont pas été épargnés par la vague des sorties des capitaux les plus volatils. Enfin, les conditions de financement sur les marchés obligataires internationaux sont demeurées prohibitives pendant de longs mois, de sorte que les émissions souveraines de l’Afrique subsaharienne ont chuté de 70 % en 2020.</p>
<p>Si l’assouplissement des conditions financières a permis des retours sur les marchés en 2021, <a href="https://www.afd.fr/fr/ressources/soutenabilite-dettes-afrique">cette option reste coûteuse</a>. Les pays africains ont aussi pu compter sur le soutien des bailleurs multilatéraux ou bilatéraux pour combler une partie du manque (<em>gap</em>) de financement, limitant ainsi la sollicitation de leurs réserves de change.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420824/original/file-20210913-19-3uchky.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La crise de la Covid-19 a rendu plus vulnérablel’équilibre externe des pays africains.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Le régime de change : un facteur déterminant face aux chocs</h2>
<p>À niveau de réserves identique, la capacité d’absorption du choc est moins forte pour un pays à régime de change fixe par rapport à un pays en régime de change flottant. Ainsi, pour les pays en régime de change flottant, la dépréciation de la monnaie (-33 % pour le kwacha zambien, -27 % pour le kwanza angolais, -16 % pour le birr éthiopien, etc.) a permis de préserver partiellement les réserves de ces pays.</p>
<p>L’adéquation des réserves de change se mesure au regard des importations du pays (le seuil de trois mois de couverture est souvent retenu), de la dette de court terme (couverture totale) et de la masse monétaire (20 %). Selon ces critères, l’allocation des DTS a une incidence limitée.</p>
<p>L’impact le plus significatif concerne la Zambie, à qui elle permet de restaurer la liquidité, et, dans une moindre mesure, la Sierra Leone et le Malawi. Elle soutient également la liquidité des <a href="https://www.bceao.int/fr/content/presentation-de-lumoa">pays de l’UEMOA</a>, mais demeure insuffisante pour restaurer l’adéquation des réserves des <a href="https://www.cemac.int/Accueil">pays de la CEMAC</a>.</p>
<h2>La question de la liquidité en devises restera prégnante</h2>
<p>Les incertitudes planant sur le dynamisme du retour des capitaux en Afrique, couplées à des besoins en hausse – notamment pour honorer le service de la dette externe des pays les plus vulnérables –, font apparaître un <em>gap</em> de financement <a href="https://www.imf.org/fr/News/Articles/2020/10/21/pr20319-sub-saharan-africa-a-difficult-road-to-recovery">estimé par le FMI</a> à 345 milliards USD entre 2020 et 2023 pour le continent.</p>
<p>Dans ce contexte, la question de la liquidité en devises restera prégnante dans les années à venir. La <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2021/03/23/world-economic-outlook-april-2021">contraction des réserves devrait se poursuivre</a>, à un rythme moindre, en Afrique du Nord tandis qu’elle tendrait plutôt à stagner en Afrique subsaharienne.</p>
<p>Au regard des enjeux de liquidité de l’Afrique, <a href="https://www.undp.org/press-releases/special-drawing-rights-sdr-allocation-unique-opportunity-secure-global-green">l’insuffisance de cette nouvelle allocation de DTS</a> devrait susciter un élan de solidarité internationale parmi les pays à revenu élevé, qui ont bénéficié de 440 milliards USD d’allocation. Ces pays ont en effet la possibilité de procéder à une réallocation volontaire et ainsi alimenter un « Fonds pour la durabilité et la résilience » dont pourraient bénéficier 38 pays d’Afrique subsaharienne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167848/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Meghann Puloch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le FMI a enclenché le plus grand plan de création de monnaie de son histoire. Si l’Afrique n’en a bénéficié que d’une petite partie, elle se révèle cruciale pour les réserves monétaires du continent.Meghann Puloch, Économiste risque pays, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/785372017-05-31T20:59:12Z2017-05-31T20:59:12ZRéchauffement, surpêche, crise des réfugiés : le lac Tanganyika au bord de l’asphyxie<p>À contempler les pêcheurs préparer leurs sorties nocturnes des rives rocailleuses du lac Tanganyika, il est tentant de penser que cette immense étendue d’eau de <a href="http://www.fao.org/fi/oldsite/ltr/gen.htm">32 900 km²</a> est calme et inaltérable.</p>
<p>Situé sur la portion occidentale de la grande vallée du Rift en Afrique, le Tanganyika traverse quatre pays : la Tanzanie, la République démocratique du Congo, le Burundi et la Zambie. Il s’agit d’un <a href="http://www.sial-online.org/lakes/tanganyika">des plus vieux lacs au monde</a>, dont l’origine remonte probablement à 10 millions d’années.</p>
<p>Ce temps géologique a permis à <a href="http://www.geo.arizona.edu/sites/www.geo.arizona.edu/files/files/113%20Salzburger%20et%20al%202014%20Ann%20Rev%20Ecol%20Evol%20Syst.pdf">des centaines d’espèces</a> de poissons et d’invertébrés rares d’évoluer à l’abri ; ces organismes sont uniques et chaque jour <a href="http://www.irinnews.org/report/92318/zambia-lake-tanganyika-fishing-industry-adrift">des millions de personnes</a> bénéficient de cette extraordinaire diversité.</p>
<p>Mais s’il représente un réservoir de biodiversité, de nourriture et d’activité économique incomparable, le lac fait face à des changements rapides et pourrait bien voir sa situation se dégrader dans le futur.</p>
<p>Le Tanganyika a été classé comme <a href="http://www.dw.com/en/lake-tanganyika-threatened/g-37427846">« le fleuve le plus menacé de 2017 »</a> ; il est affecté négativement par les activités humaines qui se matérialisent avec le changement climatique, la déforestation, la surpêche et la recherche d’hydrocarbures.</p>
<h2>Moins de forêt, plus de sable</h2>
<p>À la fin des années 1980, les scientifiques qui étudiaient le lac ont commencé à identifier un certain nombre de <a href="http://www.hydrosciences.fr/sierem/produits/biblio/Management%20and%20conservation%20of%20the%20African%20Great%20Lakes%20Lakes%20Victoria%20Tanganyika%20and%20Malawi%20comparative%20and%20comprehensive%20study%20of%20Great%20Lakes.pdf">changements inquiétants</a> provoqués par diverses activités humaines.</p>
<p>Mais à cette époque, l’attention mondiale se portait sur <a href="http://www.hydrosciences.fr/sierem/produits/biblio/Management%20and%20conservation%20of%20the%20African%20Great%20Lakes%20Lakes%20Victoria%20Tanganyika%20and%20Malawi%20comparative%20and%20comprehensive%20study%20of%20Great%20Lakes.pdf">d’autres lacs africains</a> ; et tout particulièrement le lac Victoria où les conséquences désastreuses de l’introduction du <a href="http://www.fao.org/docrep/005/t0037e/t0037e09.htm">perche du Nil</a> commençaient à se faire sentir.</p>
<p>Les problèmes de lac Tanganyika étaient quelque peu différents.</p>
<p>Heureusement, aucune espèce exotique n’a été jusqu’à présent introduite dans le lac. Mais des éléments indiquent, en revanche, qu’une dégradation de l’habitat sous-marin <a href="http://www.geo.arizona.edu/sites/www.geo.arizona.edu/files/web/Cohen/pdf/25%20Cohen%20et%20al%201993%20Conservation%09Biology.pdf">se produit à proximité des collines</a> bordant ses eaux. Celles-ci subissent une déforestation rapide – les terres gagnées reviennent à l’agriculture ou à l’expansion urbaine – qui accompagne la forte croissance démographique des communautés vivant aux alentours. La déforestation a vu l’augmentation de la quantité de sable meuble et de boue ; ces derniers se retrouvent emportés dans le lac et étouffent ses fonds.</p>
<h2>Dangereuse sédimentation</h2>
<p>La biodiversité du lac peut être comparée à ces cernes qui se forment dans une baignoire. Elle épouse les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=eNPigqSyFw8">zones peu profondes</a>, en entourant d’autres qui plongent abruptement ; le Tanganyika peut en effet atteindre par endroit les 1 470 mètres de profondeur. Les centaines d’espèces qui occupent les eaux peu profondes et ensoleillées laissent ainsi la place à des étendues d’eau profonde, pauvres en oxygène et par conséquent en vie animale.</p>
<p>Cette mince bande d’extraordinaire biodiversité se trouve donc la plus exposée ; les sédiments érodés qui rejoignent le lac perturbent cet ensemble.</p>
<p>Les scientifiques ont commencé à <a href="http://www.ltbp.org/SSS.HTM">identifier les zones</a> où cet impact se faisait ressentir. Et ils plongent également <a href="http://www.geo.arizona.edu/sites/www.geo.arizona.edu/files/web/Cohen/pdf/71%20Cohen%20et%20al%202005%20JOPL%09Summary.pdf">dans le passé</a> en effectuant des carottes sédimentaires dans les fossiles des nombreuses espèces endémiques du lac pour déterminer quand cet impact a été éprouvé pour la première fois.</p>
<p>Ils ont ainsi <a href="http://www.geo.arizona.edu/sites/www.geo.arizona.edu/files/web/Cohen/pdf/71%20Cohen%20et%20al%202005%20JOPL%09Summary.pdf">découvert</a> que certaines zones autrefois très peuplées avaient perdu une grande part de leur biodiversité, il y a plus de 150 ans. D’autres zones, tout particulièrement celles situées dans le sud du lac, ont vu des effets semblables se produire au cours des dernières décennies.</p>
<h2>Sardines par millions</h2>
<p>Mais cette sédimentation excessive n’est malheureusement pas le seul problème. <a href="http://lta.iwlearn.org/the-fishing-pressure-is-an-increasing-threat-to-the-sustainability-of-fishery-resources-in-lake-tanganyika">La pression de la pêche</a> et le <a href="http://www.voanews.com/a/lake-tanganyika-climate-change/3458543.html">changement climatique</a> affectent également le Tanganyika.</p>
<p>La pêche des petites sardines du lac par des pêcheries de grande taille a démarré dans les années 1950, se développant rapidement en une industrie de premier plan. Ces dernières ont exporté <a href="https://global.arizona.edu/lake-tanganyika-fisheries-declining-global-warming">jusqu’à 200 000 tonnes</a> de poissons par an, contribuant ainsi pour une large part à l’<a href="http://www.pnas.org/content/113/34/9563.full.pdf">apport en protéines</a> des habitants dans les zones avoisinantes.</p>
<p>Ces dernières années, les prises ont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5003268/">décliné dramatiquement</a>. La faute en partie à la multiplication des pêcheries et à l’<a href="http://tracks.unhcr.org/2015/05/rescue-on-lake-tanganyika/">afflux de réfugiés</a>, fuyant depuis les années 1990 les conflits du Rwanda, de la RDC et du Burundi.</p>
<p>Mais il est de plus en plus clair qu’un autre phénomène est en jeu.</p>
<p>Depuis le début des années 2000, les <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v424/n6950/abs/nature01833.html">scientifiques observent</a> que les eaux de surface du lac se réchauffent rapidement. Ceci est principalement imputable au réchauffement climatique en cours, dû à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette hausse des températures a de sérieuses conséquences sur le fragile écosystème du Tanganyika.</p>
<h2>Des eaux plus chaudes</h2>
<p>L’eau plus chaude, relativement légère, a du mal à se mélanger aux masses plus profondes du lac. Ce qui empêche en retour à de vastes ensembles de substances nutritives de remonter vers la surface sous l’action des vagues. On constate ainsi une diminution du plancton dérivant, élément dont la plupart des espèces du Tanganyika se nourrissent.</p>
<p>Les scientifiques ont été en <a href="http://www.pnas.org/content/113/34/9563.full.pdf">mesure de montrer</a> que le déclin des stocks de poissons datait d’avant 1950 et le démarrage des pêcheries. Ce qui signifie que le réchauffement des eaux du lac est très probablement la cause du long déclin des pêcheries.</p>
<p>Et malheureusement cette tendance ne risque pas de marquer le pas à mesure que la région <a href="http://www.pnas.org/content/113/34/9563.full.pdf">connaît des hausses de températures</a>.</p>
<p>Une conséquence liée à la réduction du brassage des eaux dans le lac concerne l’affaiblissement continu des échanges entre les eaux oxygénées et désoxygénées dans le fond du lac. Ce qui signifie que la portion oxygénée se réduit et avec elle les zones d’habitat garantissant la biodiversité du Tanganyika.</p>
<p>Et comme si cette liste ne suffisait pas, un nouveau problème a émergé : la <a href="http://af.reuters.com/article/drcNews/idAFL5N1CA40M">recherche</a> de réserves de gaz et de pétrole dans le lac.</p>
<p>Les sédiments du Rift présents dans le Tanganyika <a href="http://www.geology.wisc.edu/%7Ecarroll/publications/pdf/Bohacs%20et%20al.,%202000.pdf">sont bien connus</a> des géologues comme autant de réservoirs d’hydrocarbures, formés au fil des millions d’années par les tonnes de plancton mort venu se déposer au fond du lac.</p>
<p>Si, pour l’instant, les potentielles conséquences de ces activités n’ont pas été établies, il faut garder en tête les dramatiques rejets pétroliers qui se sont produits dans le <a href="http://pakacademicsearch.com/pdf-files/eng/453/38-51%20Vol%202,%20No%203%20(2012).pdf">delta du fleuve Niger</a>. Ils mettent en lumière l’impérieuse nécessité de procéder à des études sur l’impact environnemental possible d’une telle production.</p>
<p>Car ce sont aujourd’hui toutes les richesses du lac, résultat de 10 millions d’années d’évolution, qui sont en jeu.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78537/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andrew Cohen a reçu des financements de la US National Science Foundation et du International Continental Scientific Drilling Program. </span></em></p>C’est l’un des plus vieux lacs de la planète, unique pour sa biodiversité. Il nourrit des millions d’Africains mais les activités humaines menacent plus que jamais son équilibre.Andrew Cohen, University Distinguished Professor Joint Professor, Geosciences and Ecology and Evolutionary Biology, University of ArizonaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/717472017-01-26T22:15:08Z2017-01-26T22:15:08ZPrésidentielles en Afrique : comment ça va, la démocratie ?<p>En deux années (2015 et 2016), la moitié du continent devait se rendre aux urnes pour élire ou réélire pas moins de 27 présidents sur les 54 États officiellement reconnus. Et force est de constater que 25 consultations ont bel et bien eu lieu dans ce créneau calendaire.</p>
<p>Bel et bien n’est pas tout à fait l’expression adéquate, et nous avions eu l’occasion de faire le point sur ce sujet aux trois quarts du parcours, en <a>juillet 2016</a>, alors qu’il ne restait que sept scrutins à organiser.</p>
<p>À partir des critères de crédibilité que nous avions retenus, l’année 2015 avait réservé une heureuse surprise : le <strong>Nigeria</strong> qui, avec ses 68 millions d’électeurs et son territoire peu sécurisé, avait réussi une alternance incontestable et incontestée. À la charnière de 2015 et 2016, le <strong>Burkina Faso</strong> et la <strong>Centrafrique</strong> avaient donné la preuve que les citoyens comptent encore beaucoup sur des élections pour sortir d’une crise.</p>
<p>Au contraire, plusieurs pays avaient transgressé une ou plusieurs des règles de bonne conduite démocratique : le <strong>Tchad</strong> et le <strong>Congo Brazzaville</strong>, notamment en coupant les communications Internet pour empêcher les comptages parallèles, ou le <strong>Niger</strong> <a>pour avoir probablement « joué » avec le fichier électoral</a>.</p>
<p>Comme – malheureusement – prévu, le <strong>Soudan, Djibouti</strong> et la <strong>Guinée Équatoriale</strong> sont restés hors des clous d’un processus démocratique crédible. Quant au <strong>Burundi</strong>, il a tristement illustré la tendance récurrente des autocrates à se pérenniser au pouvoir en <a>s’arrangeant avec leur Constitution</a>.</p>
<h2>Les dernières élections : quelques désillusions en Afrique centrale</h2>
<p>Au second semestre 2016, plusieurs échéances étaient donc programmées, aux enjeux variables. En <strong>Zambie</strong> et au <strong>Cap-Vert</strong>, les scrutins se sont déroulés normalement et les présidents sortants ont été reconduits. <a>Dans le cas zambien</a> où le résultat était serré, l’opposition a contesté le verdict, mais sans preuves ni véritable conviction.</p>
<p>En fait, la plupart des regards étaient tournés vers le <strong>Gabon</strong>, où Ali Bongo, le président sortant, semblait davantage menacé que lors du scrutin précédent en raison d’une candidature quasiment unitaire de l’opposition. Or, l’élection au Gabon se déroule en un seul tour et celui qui arrive en tête a gagné.</p>
<p>On se souvient que le pouvoir en place a (bien que tardivement) coupé les réseaux Internet au moment des opérations électorales et des comptages, à partir du 27 août 2016. Apparemment, il a aussi manipulé les chiffres dans la province d’origine du sortant, le Haut-Ogooué. <a>Et Ali Bongo a officiellement battu de quelques milliers de voix son challenger Jean Ping</a>, qui continue à contester les résultats mais sans être entendu. La communauté internationale semble d’ailleurs s’être résignée.</p>
<p>En <strong>Gambie</strong>, c’est contre toute attente que l’autocrate Yahya Jammeh a été non seulement battu lors de l’élection du 1<sup>er</sup> décembre 2016 mais a reconnu sa défaite dans l’instant. La bonne surprise a malheureusement été de courte durée, et le dictateur schizophrène a rapidement changé d’avis, ouvrant une grave crise postélectorale qui ne s’est achevée que sous la menace d’une intervention armée de la Cédéao.</p>
<p>Finalement, l’alternance à laquelle personne ne croyait, y compris le nouveau chef de l’État Adama Barrow, s’est réalisée le 21 janvier 2017. Le dictateur a été exilé hors de son pays et a trouvé refuge en Guinée Équatoriale, où le chef de l’État Obiang Nguéma règne sans partage depuis 38 ans et vient d’être réélu avec 93,7 % des suffrages exprimés.</p>
<p>Au terme de ces deux années, la carte actualisée s’affiche donc comme suit. On rappelle que la distinction entre élections « considérées comme crédibles » et élections « dont la crédibilité est douteuse » repose sur plusieurs critères énoncés précédemment, et que les nuances de vert ou de rouge sont proportionnelles au nombre de suffrages obtenus par l’élu par rapport aux inscrits, de manière à accentuer le poids de la légitimité ou de l’illégitimité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=821&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=821&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=821&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1032&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1032&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154351/original/image-20170126-23867-1vppr8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1032&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les élections à venir : encore des inquiétudes sur les progrès de la démocratie</h2>
<p>Mais le compte n’y est pas tout à fait, car plusieurs élections programmées en 2016 n’ont pas eu lieu. En <strong>Somalie</strong> d’abord, où le processus électoral est compliqué puisque le président est élu par un collège électoral composé de 54 sénateurs et 275 députés (eux-mêmes désignés, de manière plus ou moins honnête, par 14 000 délégués des tribus). Ce collège n’étant toujours pas complet, l’élection présidentielle a été reportée de mois en mois et n’aura lieu qu’en 2017.</p>
<p>Le paradoxe viendra peut-être de l’organisation, dans le même temps (27 mars 2017) d’un nouveau scrutin présidentiel dans l’État voisin du <strong>Somaliland</strong>, qui en sera à sa quatrième consultation de ce type depuis la proclamation de son indépendance en 1991, et qui connaîtra peut-être une nouvelle alternance démocratique. Malheureusement, le Somaliland n’existe pas puisqu’il n’est pas reconnu par la communauté internationale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=921&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=921&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154104/original/image-20170124-16086-1cqkah8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=921&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président sortant Joseph Kabila joue la montre au Congo démocratique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/be/Joseph_kabila.jpg/629px-Joseph_kabila.jpg">US Department of Defense/Wikimedia</a></span>
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<p>Mais l’attente la plus vive se situera en <strong>République démocratique du Congo</strong>. On pressentait depuis des mois que le scrutin présidentiel prévu constitutionnellement avant le 19 décembre 2016, date de la fin du dernier mandat de Joseph Kabila, aurait du mal à être organisé faute d’un fichier électoral non remis à jour, et difficile à actualiser dans un pays très vaste dont le pouvoir central ne contrôle plus qu’une petite partie. Simple prétexte sans doute, mais incontournable du point de vue de la légitimité démocratique.</p>
<p>Des négociations ont donc été entreprises sous l’égide de l’Église congolaise pour préparer une transition devant conduire à ces élections avant la fin de 2017. Mais les équilibres politiques restent fragiles, et la <a>rue peut à tout moment mettre le feu au pays</a>.</p>
<p>Outre la RD Congo, plusieurs pays connaîtront à leur tour une échéance présidentielle en 2017. Au <strong>Rwanda</strong> (4 août 2017), on suivra une élection sans surprise puisque le <a>sortant Paul Kagamé</a> s’est taillé une Constitution sur mesure pour se maintenir longtemps au pouvoir. On notera, d’ailleurs, que la communauté internationale – et de nombreux chercheurs – s’en sont facilement accommodé au motif que l’autocrate était garant d’une grande stabilité politique favorable à une assez belle réussite économique.</p>
<p>Quelques jours plus tard, les enjeux seront plus sensibles au <strong>Kenya</strong> (8 août 2017) où des tensions sont réapparues au cours des derniers mois, sur fond de mécontentement social et de risques de cristallisation ethno-régionale. Le souvenir de l’année 2008 où le président sortant (Mvaï Kibaki), pourtant battu dans les urnes, était resté au pouvoir en « accordant » au candidat vainqueur (Raila Odinga) le poste de premier ministre, est restée en mémoire. Cette formule, également retenue au Zimbabwe la même année, avait failli faire jurisprudence en 2010 en Côte d’Ivoire, et a même effleuré certains esprits en Gambie en janvier 2017…</p>
<p>Entre temps (août 2017), <strong>l’Angola</strong>, où le président est élu au suffrage indirect, aura peut-être tourné une page importante de son histoire puisque <a>José Eduardo Dos Santos</a> aura atteint la fin des mandats auxquels lui donne droit la Constitution, en même temps qu’un âge avancé (75 ans). Il a d’ailleurs laissé entendre qu’il se retirerait, mais la démarche lui sera sans doute douloureuse après 38 années de pouvoir.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=889&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=889&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=889&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1117&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1117&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154105/original/image-20170124-16062-dtrtut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1117&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ellen Johnson Sirleaf, la présidente sortante du Liberia.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f1/Ellen_Johnson_Sirleaf_February_2015.jpg/405px-Ellen_Johnson_Sirleaf_February_2015.jpg">Ash Carter/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Deux pays affaiblis par Ebola seront également concernés par une échéance présidentielle en 2017. Le <strong>Liberia</strong> (10 octobre 2017) connaîtra même forcément une alternance puisque Ellen Johnson-Sirleaf a accompli ses deux mandats. En <strong>Sierra Leone</strong>, Ernest Bai Koroma sera, lui aussi, touché par la limitation des mandats, mais la date du scrutin na pas encore été fixée avec précision (entre novembre 2017 et février 2018).</p>
<p>Le <strong>Sénégal</strong> aurait pu figurer dans cette programmation 2017. Encore eût-il fallu que le président Macky Sall respecte sa promesse de campagne de faire passer la durée du mandat de 7 à 5 ans. N’ayant pu faire admettre par le Conseil constitutionnel la rétroactivité de cette mesure, il attendra 2019.</p>
<p>Voilà donc une trentaine de pays, représentant environ 660 millions d’habitants et près de 210 millions d’électeurs, qui auront en trois ans participé à un processus électoral destiné à désigner leur chef d’État. Les écarts par rapport à l’orthodoxie démocratique restent encore marqués, puisque 11 pays – soit 180 millions d’habitants, et plus d’un quart de l’électorat concerné – sont en rouge sur notre carte. Mais les progrès sont manifestes, notamment grâce au contrôle exercé par les sociétés civiles et la communauté internationale. Bien que cette dernière ne soit pas toujours constante dans ses principes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71747/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bouquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le dictateur gambien Yahya Jammeh a été contraint de respecter le verdict des urnes après 22 ans de pouvoir absolu. S’agit-il d’un nouvel indicateur de progression de la démocratie en Afrique ?Christian Bouquet, Chercheur au LAM (Sciences-Po Bordeaux), professeur émérite de géographie politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/615962016-07-04T04:39:26Z2016-07-04T04:39:26ZLes élections présidentielles africaines sont-elles crédibles ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/128901/original/image-20160630-30638-1fs29mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Campagne électorale en juillet 2011 à Kinshasa (Congo).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/monusco/6325754963/in/photolist-aCZ9yK-aMKVEp-aNEqAp-aMaJkB-aMJrVX-aMLKxp-aD3CEj-aNEs92-aMarvH-agnmLp-aD3CDb-aMJHbi-aNcT16-7YSHvd-aNh22p-aMKVF8-aCZ9y8-aMKVER-aRUJog-aNEkeM-aNfy9B-aSmqrv-aSmASM-ihirN-aSmsmz-aSmqrF-aSmqsF-aSmcTx-aSmsmr-ihirP-8YV47W-aSmsnF-ap61vX-agEuyL-aD2k9s-ap6bVK-ap61vH-aMJHb2-aD3CDE-aMJrVv-aRs3UD-agoGGc-aNEkeB-aESTGt-aD3CCC-agTKLa-aNEkeK-aCX9JZ-aSmsm2-aRUHkR">Monusco/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Au cours des 18 mois qui séparent le début de l’année 2015 de la fin du premier semestre 2016, pas moins de 19 élections présidentielles ont eu lieu sur le continent africain, impliquant plus de 169 millions d’électeurs pour une population concernée estimée à plus de 425 millions d’habitants habitants. Fin 2016, la moitié de la population africaine aura été invitée à participer à une élection présidentielle en deux ans.</p>
<p>Au plan quantitatif, on doit reconnaître que les peuples africains n’ont jamais été autant consultés en si peu de temps. Est-ce un bon indicateur des progrès de la démocratie ? Ce n’est pas si sûr.</p>
<h2>Processus électoral et processus démocratique</h2>
<p>D’abord parce qu’il ne faut pas confondre processus électoral et processus démocratique, car s’il n’y a pas de démocratie sans élection, il peut y avoir des élections sans démocratie. Ensuite parce qu’une analyse plus approfondie des 19 scrutins évoqués précédemment montre des différences parfois sensibles entre les différents cas de figure.</p>
<p>Qu’entend-on par élections présidentielles ? Il s’agit, évidemment, de consultations visant à désigner un président de la République. Mais les modes opératoires ne sont pas partout les mêmes.</p>
<p>Ainsi les dispositions constitutionnelles ne prévoient-elles pas partout le recours au suffrage universel pour élire le chef de l’État. À Maurice, c’est le gouvernement qui a porté, le 31 mai 2015, Ameenah Gurib-Fakim à la magistrature suprême –un poste purement honorifique. En Somalie, c’est le Parlement qui désignera le président avant la fin 2016. En Angola, c’est le chef du parti vainqueur des élections générales de 2017 qui sera président.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128900/original/image-20160630-30627-1olbb0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ali Bongo a succédé à son père en 2009 au Gabon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/worldeconomicforum/5687583408/in/photolist-9EAmoU-6VKZEA-6VLmY9-6VFNrX-6VM7L5-6VGK64-6VFz8a-d2849h-6VGqNT-6VGcP8-bVJsSL-9EKbXD-7h4cFs-7jerQs-fTRqBe-fTRTVa-vZrfSF-NqERt-fTQsrW-fTQtVM-fTRwME-fTRk6p-fTRw4C-fTRtDr-fTRYnM-fTRp2Q-fTRyYJ-fTQyra-fTRSSi-fTRUmR-fTRtaG-d283jm-d281A3-6MC2wX-6MC2Qe-d282xf-6V5rqK-eurfAf-d27Yvb-6MGdzQ-6MC2rK-9EN8FL-6MC28K-6V9xj1-6MC2Ne-6MGdQq-9EN8zY-6MGdms-6MGdEW-d27XCC">World Economic Forum/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Dans certains pays, l’élection présidentielle ne comporte qu’un seul tour, et c’est le candidat arrivé premier qui gagne, même avec un score très bas. Il en est ainsi au Malawi, en Zambie, au Rwanda, au Cameroun. Ce sont des dispositions relativement récentes qui ont imposé ce système au Togo (2002), au Gabon (2003) et en République démocratique du Congo (2011). On comprend qu’une opposition divisée n’a guère de chance d’obtenir une alternance dans de telles conditions, et les autocrates au pouvoir savent en jouer.</p>
<p>Le suffrage universel et les deux tours sont parfois complétés par une règle qui vise à préserver la cohésion nationale. Ainsi au Nigeria le candidat doit obtenir la majorité simple mais aussi 25 % des suffrages dans au moins 24 des 36 régions de la fédération, faute de quoi il doit y avoir un second tour. C’est un système voisin qui prévaut au Kenya où le vainqueur doit obtenir 25 % des voix dans au moins 24 des 47 comtés, mais il doit également décrocher la majorité absolue sur l’ensemble du territoire.</p>
<p>Enfin, avec le temps, des modifications constitutionnelles ont parfois été apportées pour déverrouiller la <a href="http://theconversation.com/lafrique-saisie-par-la-fievre-du-troisieme-mandat-53258">limitation du nombre des mandats présidentiels</a>, confirmant ainsi qu’il ne faut pas confondre élections et démocratie, puisque ces dispositions nouvelles ont presque toujours été adoptées par référendum.</p>
<h2>Contrôle citoyen et tricheries</h2>
<p>Qu’entend-on pas crédibilité ? C’est plus long à expliquer, et surtout à démontrer. Pour établir la carte proposée ci-dessous, nous avons retenu un certain nombre de critères, sans être dupes des ambiguïtés qui peuvent être légitimement soulignées et qui auraient pu conduire à abandonner le <a href="http://www.lam.sciencespobordeaux.fr/page/lamencartes">projet de cartographie électorale initié à LAM (Les Afriques dans le monde)</a>.</p>
<p>Si nous avons décidé de persister, c’est essentiellement parce qu’il est devenu beaucoup plus difficile qu’autrefois de tricher sur les chiffres des résultats. En effet, la « révolution des smartphones » permet désormais de transmettre en temps réel les procès-verbaux de tous les bureaux de vote à des plateformes centralisées opérées par des organisations de la société civile, souvent encadrées par des associations internationales. Les partis politiques maîtrisent également cette technologie de telle sorte que toutes les données sont disponibles dans les réseaux parallèles avant que les organismes officiels (commissions électorales, conseil ou cour constitutionnelle) publient les résultats.</p>
<p>Pour échapper à ce contrôle citoyen, les pouvoirs en place n’ont d’autre choix que de couper les communications Internet pendant les opérations électorales. Le <a href="http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/prive-d-Internet-et-de-telephone-le-congo-vote-pour-elire-son-president_1775042.html">Congo Brazza</a> et le Tchad l’ont fait en 2016 : ils sont en rouge sur notre carte, comme <a href="http://www.liberation.fr/planete/2016/04/08/a-djibouti-une-election-presidentielle-jouee-d-avance_1444439">Djibouti</a> dont les résultats détaillés de l’élection présidentielle du 8 avril 2016 n’ont toujours pas été publiés.</p>
<p>Mais tricher sur les chiffres est encore possible en amont des résultats, en jouant sur les fichiers électoraux et donc sur l’inscription des électeurs. Certes, dans des pays où l’état civil est embryonnaire, il est difficile de tenir des listes électorales à jour, et la simple délivrance des cartes d’identité est un exercice long et coûteux. Les pourcentages d’enrôlement sont donc très variables, et varient entre 25 % (d’électeurs par rapport à la population totale) en Côte d’Ivoire et à Djibouti à 55 % en Guinée et <a href="https://theconversation.com/biometrie-au-tchad-nouvelles-technologies-et-vieilles-recettes-electorales-58394">au Tchad</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128899/original/image-20160630-30661-1wwn8eo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte de la crédibilité des élections en Afrique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.lam.sciencespobordeaux.fr/page/lamencartes">LAM</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Dans certains pays, une disposition particulière a été introduite pour permettre à des électeurs non inscrits de voter quand même. C’est le « vote par témoignage » au Niger ou le « vote nomade » au Tchad. Cela a permis au vainqueur d’obtenir, dans certaines régions, davantage de suffrages sur son nom qu’il n’y avait d’inscrits. Par voie de conséquence, le <a href="http://theconversation.com/au-niger-le-president-issoufou-a-t-il-ete-elu-comme-on-lentend-57603">Niger est en rouge sur la carte</a>.</p>
<h2>Pourcentages soviétiques</h2>
<p>D’autres critères ont été pris en compte, bien qu’ils soient plus difficiles à mesurer. Par exemple, la campagne électorale a été analysée en fonction de la liberté de la presse et de l’expression publique en général, de l’équité dans l’exposition médiatique des candidats, des moyens mis en œuvre par les appareils politiques ou par les candidats. Les opérations électorales elles-mêmes ont été observées sous plusieurs indicateurs : bulletin unique, urnes transparentes, libre circulation des électeurs, absence de « pressions ». Sous cet angle, le Soudan, l’Ouganda, la Guinée Équatoriale et le Burundi ont basculé dans le rouge.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128965/original/image-20160701-18317-1p1q70w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président Obiang Nguema, au pouvoir en Guinée équatoriale depuis…1979.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/equatorial_guinea/4889738003/in/photolist-8s6bKD-8s6bhi-8s9e5s-8s6bmg-8s9cNE-8s6b1X-a3npHq-8s9dvd-8s9deG-8s9cWw-8s9ebo-8s9dq1-8s9eQL-8s69SK-8s9ek3-a3jwXg-8s6byX-8s9cKj-8s9eho-8s69HD-8s6aJk-8s6aFD-8s6auM-8s69Zc-8s6axr-8s6aCV-8s9dLW-8s9djW-8s6arr-8s674x-8s6acn-8s99wU-8s9dhb-8s6ahT-apnjyD-8YVLcX-8LYJNy-8ndkQB-9YTCJW-8LVH1K-85bLni-8o16TX-8MCzW6-8LVJpM-9YTDSm-8YYPjb-a3ndJd-8DCrpk-a3ndRC-a3ndZN">Ambassade de Guinée équatoriale/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>Enfin, nous avons été attentifs à la reconnaissance des résultats par les perdants, ainsi que par la communauté internationale, et nous avons noté – à leur juste valeur – les avis des observateurs « indépendants » nationaux ou étrangers. Le point de vue des chercheurs a également été écouté. Moyennant quoi, le Togo et la Tanzanie ont rejoint la catégorie des pays où la crédibilité des élections est considérée comme douteuse.</p>
<p>La synthèse de ces paramètres donne la carte que nous publions, en rouge et en vert. Pour permettre de comparer ce qui est comparable, nous avons choisi de représenter le score de chaque vainqueur en fonction des suffrages obtenus par rapport aux inscrits, ce qui relativise parfois les pourcentages « soviétiques » obtenus par certains autocrates.</p>
<p>Chacun pourra naturellement remettre en cause le point de vue que nous avons souhaité illustrer. C’est bien l’objectif de notre entreprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61596/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bouquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au cours de l’année 2016, près d’une vingtaine d’élections présidentielles auront lieu sur le continent africain. Est-ce un bon indicateur des progrès de la démocratie ? Ce n’est pas si sûr.Christian Bouquet, Chercheur au LAM (Sciences-Po Bordeaux), professeur émérite de géographie politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.