En 2017 Mayotte comptait 256 500 habitants. Au cours des cinq années précédentes, la population a augmenté de 3,8 %, suite à une progression de +2,7 % entre 2007 et 2012. En moins de 40 ans la population de l’île a plus que quintuplé – l’île comptait 23 000 habitants en 1958 –, soutenue par une fécondité près de trois fois supérieure à celle de la métropole.
Avec une moyenne de plus de 4 enfants par femme en 2017 – contre 1,9 pour l’Hexagone – le total des naissances sur une année est passé de 6 560 en 2014 à 9 600 en 2018. La maternité de Mamoudzou était, à cette date, la plus grande maternité de France, loin devant la lilloise Jeanne-de-Flandre qui comptabilisait alors 5 639 naissances.
Des naissances qui sont pour les trois quarts le fait de mères de nationalité étrangère, principalement comoriennes.
S’y ajoute une fécondité des jeunes femmes de moins de 20 ans près de dix fois supérieure à celle des jeunes métropolitaines.
Une terre de fortes mobilités
Parallèlement à cette croissance démographique rapide, l’île est également l’objet d’une profonde recomposition de sa population sous l’effet des migrations.
Terre d’immigration, comptant une forte part d’étrangers venus principalement des Comores, Mayotte n’en est pas moins une terre de forte émigration qui a vu, ces dernières années, s’accélérer les départs de ces jeunes natifs (15 à 24 ans), en priorité vers la métropole
En 2016, 45 % d’entre eux y étaient installés. Témoignent également de cette mobilité et de son intensité ceux qui – après une absence plus ou moins durable de leur l’île – choisissent d’y revenir. Ces « natifs de retour » formaient en 2016 30 % de l’ensemble des adultes natifs du département et, surtout, près de la moitié des 25-34 ans.
C’est ce dynamisme qu’illustre l’évolution de la pyramide des âges de l’île au cours des trente dernières années. L’élargissement continu de sa base à compter de 1997 témoigne de sa forte fécondité : les femmes étrangères, plus nombreuses à s’installer à Mayotte que les hommes au début de leur âge adulte, y donnent naissance en grand nombre, tandis que les creux aux alentours des vingt ans reflètent les effets de l’émigration.
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Le département le plus jeune et le plus pauvre de France
Dernier en date des départements français (2011), Mayotte est donc – et de loin – le plus jeune, celui dont la croissance démographique est la plus vive, et qui abrite la plus forte part de population étrangère.
Mais faute d’un développement à la mesure des besoins, ce dynamisme sociodémographique exceptionnel se combine à des records de précarité. 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et 30 % des ménages n’ont pas l’eau courante. Le taux d’emploi est le plus faible, le taux d’illettrisme le plus élevé, et la part la plus forte de la population demeure sous le seuil de pauvreté : Mayotte cumule tous les traits d’une précarité généralisée, sans commune mesure dans aucun autre département français, y compris en Outremer.
À cela s’ajoute dans ces années récentes une nette dégradation des conditions de logement, avec une progression de l’habitat précaire et des difficultés accrues d’accès à l’eau potable courante. En 2017, 40 % des ménages vivaient dans des habitations très précaires, principalement des « cases en tôle ».