Depuis cinq ans, GANGS, un projet financé par le Conseil européen de la recherche et dirigé par Dennis Rodgers, étudie les dynamiques des gangs à l’échelle mondiale. Quand on étudie le phénomène de manière nuancée, en s’affranchissant des stéréotypes et du mépris habituels, les gangs et les gangsters peuvent nous permettre de mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons. Parmi les diverses activités du projet, 31 récits de vie de membres de gangs provenant de 23 pays du monde ont été recueillis, afin de nous aider à mieux comprendre les motivations, les moteurs et les événements qui peuvent façonner les choix et les trajectoires des membres de gangs. Prises ensemble, ces histoires offrent un vaste panorama de succès et d'échecs, de souffrance et de rédemption, de discrimination et d'émancipation. Elles soulignent aussi la résilience humaine même dans les circonstances les plus difficiles. Les 31 récits feront prochainement l'objet de plusieurs ouvrages dédiés.
Gaz, Sierra Leone : des guerres de rues à la poésie
Peut-on changer de vie quand on a été à la tête d’un redoutable gang de rue sierra-léonais ? Dans cet article, Kieran Mitton nous raconte comment le jeune Gaz est passé des gangs sierra-léonais à la poésie puis l’agriculture. Son parcours remarquable démontre que la voie de la criminalité n’est en aucun cas inéluctable chez les membres des gangs, et que les occasions de se réformer peuvent prendre différentes formes à différents moments.
Sharif, Bangladesh : l’enfant des rues devenu défenseur des droits humains
Sally Atkinson-Sheppard relate le parcours de Sharif membre d’un gang pendant la guerre d’indépendance du Bangladesh devenu aujourd’hui défenseur des droits humains. Sharif raconte comment la guerre et les conflits l’ont contraint à vivre dans la rue à 14 ans et à intégrer divers gangs criminels pour survivre.
Jennifer, Honduras : 15 ans et toute première femme cheffe de gang
Ellen Van Damme dresse ici le portrait de Jennifer, la première cheffe de gang hondurienne, dont l’histoire illustre la nature souvent machiste et patriarcale des gangs, et les contraintes qui étaient les siennes du fait de son sexe, même en tant que cheffe de gang. Jennifer, 41 ans, a été la première cheffe de gang du Honduras, un pays dévasté par les guerres de gangs. Elle était à l’époque âgée de 15 ans. Voici son histoire.
Marwan, Le Cap : une vie entre apartheid, guerre de gangs et rédemption
Steffen Jensen nous raconte l’histoire de Marwan, dont la vie dans les Cape Flats (quartiers situés à l’est de la ville du Cap) reflète en creux celle de l’Afrique du Sud depuis 1950 : apartheid, guerre des gangs, pauvreté. La damnation et la rédemption sont au cœur de son récit, indissociables de son implication dans les gangs. Marwan a passé des années dans un gang de la ville du Cap, la capitale de l’Afrique du Sud déchirée par l’apartheid.
Soraya, Nicaragua : la vraie Reine des dealeuses
Soraya a participé au trafic de drogue dans le barrio Luis Fanor Hernández, un quartier pauvre de Managua, la capitale du Nicaragua où travaille Dennis Rodgers depuis plus de 20 ans. Connue localement sous le surnom de « la Reina del Sur », sa trajectoire montre comment la question du genre traverse cette activité criminelle et renforce de différentes manières la violence machiste et les dynamiques de domination patriarcales.
Danny, Glasgow : une adolescence de gangster dans les zones industrielles
Alistair Fraser et Angela Bartie retrouvent Danny, 70 ans, membre d’un gang de Glasgow dans les années 60 et dont l’histoire accompagne celle de la transformation de cette « ville populaire » prospère. La violence des quartiers de Glasgow dans les années 60 a façonné la vie des jeunes hommes. Un ancien gangster se raconte.
Ces articles s'inscrivent dans le cadre du projet ERC coordonné par Dennis Rodgers’ « Gangs, Gangsters and Ganglands: Towards a Global Comparative Ethnography » (GANGS), Grant (no. 787935).