tag:theconversation.com,2011:/id/topics/batiment-et-travaux-publics-btp-46810/articlesbâtiment et travaux publics (BTP) – The Conversation2023-12-11T10:24:39Ztag:theconversation.com,2011:article/2192402023-12-11T10:24:39Z2023-12-11T10:24:39ZMesdames du bâtiment : quelle place pour les artisanes dans ce « milieu d’hommes » ?<p>Clothilde Coron, professeure en sciences de gestion à l’Université Paris-Saclay, observe dans ses <a href="https://scholar.google.com/citations?user=K3wO4V8AAAAJ&hl=fr">travaux</a> que les femmes subissent toujours <a href="https://theconversation.com/la-persistance-des-stereotypes-entretient-les-inegalites-professionnelles-femmes-hommes-199320">deux sortes de ségrégation dans les activités professionnelles</a> : verticale, c’est le célèbre <a href="https://theconversation.com/topics/plafond-de-verre-44233">plafond de verre</a> ; horizontale, certaines activités leur restant difficiles, si ce n’est impossibles, d’accès. Le secteur du <a href="https://theconversation.com/topics/batiment-36381">bâtiment</a> fait partie de ces dernières.</p>
<p>Quelques <a href="https://www.ffbatiment.fr/actualites-batiment/presse/journee-de-la-femme-2023">tentatives de féminisation</a> ont été lancées, mais force est de constater qu’elles portent peu leurs fruits. Ainsi, le nombre de femmes stagne aux alentours de <a href="https://www.batiactu.com/edito/femmes-dans-btp-constante-evolution-65820.php">12 % dans le bâtiment</a>. Les femmes restent en outre cantonnées dans les bureaux, les activités commerciales, et éventuellement des activités de finition, des <a href="https://theconversation.com/topics/stereotypes-24543">postes réputés féminins</a>. Elles ne sont que <a href="https://www2.attestationlegale.fr/2022/04/la-feminisation-du-secteur-btp-et-construction-un-vaste-chantier/#:%7E:text=En%202020%2C%20la%20part%20des,co%2Ddirig%C3%A9e%20par%20une%20femme">1,6 % à travailler sur les chantiers</a>.</p>
<p>Depuis les années 2000, de nombreuses <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1468-0432.00106">études</a> en management ont observé la place des femmes dans le bâtiment, y compris en <a href="https://theconversation.com/ma-femme-est-peintre-en-batiment-et-alors-ou-est-le-probleme-115856">France</a>. La plupart des résultats s’avèrent peu encourageants entre <a href="https://riunet.upv.es/bitstream/handle/10251/107373/WomenBarriersFinal.pdf">identification d’un plafond de verre</a> ou conclusions telles que « elles doivent <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/EJTD-11-2019-0186/full/html">travailler deux fois plus dur pour faire leurs preuves</a> ». On recense à la fois des <a href="https://www.cairn.info/revue-agrh1-2019-4-page-119.htm?contenu=article">freins psychologiques et des freins physiques</a> à la présence de femmes sur les chantiers. Toutes ces études, toutefois, se sont penchées sur le cas de femmes salariées dans le bâtiment. Dans notre <a href="https://hal.science/tel-03893268/">travail de thèse</a>, nous avons voulu observer l’intégration de femmes dans le bâtiment, non pas en tant que salariées, mais en tant qu’artisanes.</p>
<h2>Une bonne surprise !</h2>
<p>L’artisanat est un milieu qui peine également à faire place aux femmes. Si des efforts sont déployés par les instances représentatives, la part de femmes <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5014069">stagne aux alentours de 25 %</a>. Certains métiers restent plus particulièrement très difficiles d’accès. Les femmes artisanes du bâtiment seraient <a href="https://www.capeb.fr/www/capeb/media/dp-capeb-cnfa-journee-des-femmes-8-mars-2021-version-finale-.pdf">au mieux 4 %</a>. Nous avons donc cherché à savoir si les artisanes étaient bien accueillies dans ce milieu d’hommes, en tant que cheffes d’entreprises. Les artisanes que nous avons rencontrées sont toutes des femmes de terrain, et sont régulièrement sur les chantiers au contact des autres artisans et des clients.</p>
<p>À l’issue de nos travaux, nous avons fait un constat inattendu au regard des études mentionnées précédemment : les femmes, artisanes du bâtiment, s’avèrent plutôt bien accueillies par les hommes artisans. Julia, électricienne nous explique par exemple :</p>
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<p>« Oui, ça se passe très, très bien. Avec les plaquistes, les maçons… il n’y a pas de soucis. »</p>
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<p>Plusieurs facteurs l’expliquent. Premièrement, les artisanes sont majoritairement impliquées dans des travaux de rénovation, ou sur des chantiers de taille moyenne. On y retrouve ainsi beaucoup moins d’hommes, qui par ailleurs sont eux aussi chefs d’entreprises artisanales. Il n’y a donc pas – autant – d’effet « de meute » que sur des opérations plus vastes.</p>
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<p>Le deuxième point est que le bâtiment est un secteur en tension : des artisans qui pourraient embaucher un peu ne trouvent pas forcément la main-d’œuvre qualifiée qu’ils recherchent. Collaborer et sous-traiter des chantiers à une artisane motivée et compétente est une solution parfaitement viable pour ces artisans hommes. C’est ce que Faustine, électricienne a observé :</p>
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<p>« Quand on change de région, il faut quand même retrouver du travail. Et quand on n’est pas connue, c’est un peu compliqué. Ici, les électriciens étaient contents que j’arrive, parce qu’ils manquaient de main-d’œuvre : j’ai saisi l’occasion. »</p>
</blockquote>
<p>Enfin, la présence de femmes sur ces chantiers est aussi bien perçue, car l’ambiance devient alors différente, chose déjà constatée par <a href="https://theconversation.com/ma-femme-est-peintre-en-batiment-et-alors-ou-est-le-probleme-115856">Agnès Paradas, chercheuse à l’université d’Avignon, et ses collègues</a>. Une satisfaction pour Sabine, peintre :</p>
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<p>« En tant que femme, comme on est un peu la mascotte, c’est vraiment super bien de se dire qu’on a le pouvoir de pouvoir faire quelque chose de positif et d’amener une bonne ambiance positive, de pousser les garçons à avoir envie de travailler parce qu’ils vont être dans cette ambiance. »</p>
</blockquote>
<p>Bref, pour ces femmes, l’intégration parmi les artisans hommes se passe plutôt bien.</p>
<h2>Déconstruisons quelques clichés</h2>
<p>Faire place des femmes dans le bâtiment reste néanmoins chose difficile, notamment à cause des préjugés. Nous avons abordé durant nos entretiens la difficulté physique des métiers. S’il ressort que ces femmes ne prétendent pas avoir la force physique d’un homme, cela ne leur pose absolument aucune difficulté. Car les hommes aussi ont du mal à accomplir certaines tâches seuls, et s’aident entre eux. Lucille est couvreuse et nous explique :</p>
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<p>« Quand on travaille dans une ambiance qui est saine et qu’il y a du respect, quand ça ne devient pas une compétition, tout le monde n’est pas en train de regarder si on va y arriver ou pas. On demande de l’aide, et cela se fait sans problème : il n’y a pas de souci, on n’est jamais coincée parce qu’on est une femme et qu’on ne peut pas y arriver. »</p>
</blockquote>
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<p>Il n’y a donc aucune tâche qui ne peut être accomplie par une femme sur un chantier. Même si Orbiane reconnaît qu’en maçonnerie, avec son petit gabarit cela a été parfois difficile, elle accomplit son travail aussi bien que les hommes :</p>
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<p>« On fait ce qu’on peut physiquement, on se fait aider, il ne faut pas hésiter à aller sur un élévateur. »</p>
</blockquote>
<p>Certaines ne manquent d’ailleurs pas d’ingéniosité pour accomplir des tâches qui sont physiquement éprouvantes, y compris pour des hommes. Ainsi, Théodora, charpentière, lève ses charpentes à la corde plutôt que de les porter et de risquer blessures et accidents de travail. Elle utilise cette méthode, pour le plus grand plaisir de ses salariés – des hommes :</p>
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<p>« Le levage à la corde, c’est toute une institution : on lève comme ça et eux ils ne lèveraient jamais autrement. Ils y ont tellement pris goût que c’est un jeu, c’est un plaisir. Le jour où on sort les cordes, on est tous des gamins ».</p>
</blockquote>
<p>Ces femmes que nous avons rencontrées, même dans des métiers difficiles, sont la preuve que le bâtiment aurait tout à gagner à accueillir en nombre des femmes, dans tous les métiers. Nous faisons nôtres les <a href="https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2006-2-page-97.htm">mots de la sociologue Stéphanie Gallioz</a> :</p>
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<p>« les femmes ont toujours occupé des emplois à fort taux de pénibilité requérant force et résistance (agricultrice, aide-soignante). Mais dans ces cas-là, cette pénibilité peut être plus ou moins minorée, voire ignorée. »</p>
</blockquote>
<p>Si une femme peut s’occuper d’une personne âgée seule, d’animaux d’élevage seule, elle est assurément et sans aucun doute possible en mesure de monter un mur de parpaing seule, et aussi bien qu’un homme. Rappelons également à toutes fins utiles que durant les guerres, les femmes ont toujours suppléé les hommes partis au front, dans tous les secteurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219240/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Grégory Blanchard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les femmes artisanes restent encore très minoritaires dans le secteur du bâtiment. Elles semblent pourtant bien accueillies par leurs homologues masculins.Grégory Blanchard, Enseignant-chercheur. Recherche : artisanat, identités, TPE. Enseignant en négociation - vente, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2140132023-11-19T16:34:54Z2023-11-19T16:34:54ZContre les douleurs dans le BTP, est-ce efficace de faire des exercices physiques au travail ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/553642/original/file-20231013-19-oq39a6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Renforcement musculaire, étirements, échauffements... la pratique d'exercices physiques au travail se développe, en particulier sur les chantiers du BTP, pour prévenir les troubles musculosquelettiques. Mais leur efficacité n'est pas démontrée.</span> <span class="attribution"><span class="source">OPPBTP</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Des douleurs au niveau de l’épaule, du coude, des articulations des membres inférieurs ou encore du dos… Les troubles musculosquelettiques ou <a href="https://www.ameli.fr/paris/entreprise/sante-travail/risques/troubles-musculosquelettiques-tms/tms-definition-impact">TMS</a> regroupent de nombreuses pathologies des tissus mous de l’appareil locomoteur. Liés aux activités professionnelles, leur nombre demeure élevé et notamment dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP). Ainsi, les TMS se situent à la première place des maladies professionnelles reconnues en France et représentent 87 % d’entre elles.</p>
<p>Ces maladies ont des conséquences sur le salarié et sa qualité de vie, mais aussi au-delà : absentéisme, pertes de compétences, sursollicitation des autres collaborateurs dont l’encadrement, pertes de performances, coûts pour l’entreprise et la collectivité, etc. La prévention des <a href="https://theconversation.com/tendinites-douleurs-a-lepaule-chez-les-femmes-et-si-cetait-le-travail-77210">TMS</a> représente donc un fort enjeu social et économique, au-delà de la santé au travail, que l’intensification du travail, le vieillissement de la population et les difficultés de recrutement ne font aujourd’hui que renforcer.</p>
<h2>Échauffements et renforcement musculaire sur les chantiers</h2>
<p>Face à ce fléau durable, les entreprises mettent en œuvre de nombreuses actions, qu’elles soient techniques, organisationnelles ou humaines (en passant par la formation par exemple). Elles expérimentent également des solutions « innovantes ». Parmi celles-ci, figure la mise en place d’exercices physiques sur le lieu de travail.</p>
<p>Les exercices sont destinés à favoriser la capacité des travailleurs à effectuer la tâche demandée puis à récupérer après l’avoir réalisée. Toutefois, <a href="https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TC%20161">cette pratique pose de nombreuses questions</a> auprès des acteurs de la prévention et rien n’en montre aujourd’hui l’efficacité pour prévenir les TMS.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/douleurs-chroniques-un-mal-aussi-silencieux-que-ravageur-en-entreprise-127661">Douleurs chroniques, un mal aussi silencieux que ravageur en entreprise</a>
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<p>Depuis quelques années, la pratique d’exercices physiques au travail se développe, particulièrement sur les chantiers des entreprises du BTP. Inspirée des méthodes japonaises ou encore de la pratique sportive, il s’agit le plus souvent d’échauffements, de réveil ou de renforcement musculaire ou encore d’étirements. Les principaux objectifs annoncés sont de réduire la survenue des TMS, mais aussi et parfois de réduire les accidents de travail (AT), plus particulièrement ceux qui surviennent durant l’heure qui suit la prise de poste (chute de plain-pied, lombalgies…).</p>
<h2>Face aux TMS, pas d’effet démontré des exercices physiques au travail</h2>
<p>Pourtant, à ce jour, le lien entre la pratique d’exercices physiques au travail et les TMS ou les accidents de travail n’est pas démontré. Les recherches à ce sujet sont encore peu nombreuses, notamment dans le BTP. L’Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) a par exemple publié en 2021 un « retour d’expérience » dans lequel sont rapportés une « mise en route physique et mentale », un « renforcement du collectif », « une amélioration de l’ambiance de travail ». Mais les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/2165079916629688">revues</a> de littérature scientifique qui font le point dans le domaine du BTP et dans <a href="https://bmjopen.bmj.com/content/13/5/e056560">d’autres secteurs</a>, ne montrent pas d’effet significatif concernant les douleurs musculosquelettiques.</p>
<h2>Des intervenants extérieurs aux pratiques hétérogènes</h2>
<p>Plusieurs enseignements d’importance peuvent néanmoins être tirés de ces travaux. Ainsi, il en ressort que, pour la mise en place de ces actions, les entreprises du BTP font le plus souvent appel à des prestataires extérieurs (coachs sportifs, kinésithérapeutes, ostéopathes…), à la médecine du travail ou encore de membres du personnel « sportifs ».</p>
<p>Les séances d’exercices physiques au travail sont alors très hétérogènes selon les chantiers et les individus. Ces pratiques diffèrent, que ce soit dans la façon dont les séances sont mises en place au sein de l’entreprise ou des chantiers, ou même dans la réalisation des exercices physiques (choix des exercices, durée…). Les objectifs à l’origine de la mise en place de ces actions peuvent eux aussi varier et s’avèrent parfois peu explicites et non formalisés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Finalement une séance d’exercice physique sur le lieu de travail semble viser non pas un seul objectif, mais plusieurs, et notamment mettre le corps dans des conditions favorables en termes d’éveil, grâce à un déverrouillage et/ou une montée en température.</p>
<h2>Ne pas agir sur les seuls facteurs individuels et physiologiques</h2>
<p>Cette mise en place d’exercices physiques au travail semble s’inscrire dans une approche individuelle de la prévention : mieux préparé à l’effort, l’individu sera moins exposé aux effets délétères des tâches qu’il doit réaliser. Toutes les <a href="https://www.preventionbtp.fr/ressources/questions/que-sont-les-principes-generaux-de-prevention-pgp_9PHWmXNf6DQMBBAi6B8JZC">connaissances</a> et <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006160774/">réglementations en vigueur</a> insistent pourtant sur toutes les mesures collectives de prévention.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-comment-mieux-prevenir-les-risques-psychosociaux-et-accidents-du-travail-159945">Bonnes feuilles : « Comment mieux prévenir les risques psychosociaux et accidents du travail ? »</a>
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<p>Je suis engagée dans un projet de thèse CIFRE (Convention industrielle de formation par la recherche) en ergonomie pour lequel je suis rattachée à trois établissements : l’OPPBTP, le laboratoire ESTER (Epidémiologie en santé au travail et ergonomie) de l’université d’Angers et le laboratoire ACTé (Activité, Connaissance, Transmission, éducation) de l’université de Clermont-Ferrand en tant que chercheuse associée.</p>
<p>Dans ce cadre, nous menons des recherches au sein de l’OPPBTP qui visent à comprendre les raisons de cet engouement pour une approche basée sur l’individu. Nous étudions également les conditions d’une intégration efficace de ces pratiques aux démarches globales de prévention des TMS.</p>
<h2>Identifier les prérequis à la pratique d’exercices physiques en entreprise</h2>
<p>L’objectif de cette étude est d’identifier les conditions dans lesquelles sont réalisées les séances. En effet, pour qu’elles puissent être présentées comme des actions complémentaires dans la prévention des TMS, ces séances doivent agir sur plusieurs facteurs d’apparition des TMS, et pas seulement sur les facteurs individuels et physiologiques.</p>
<p>Cette recherche nous permettra d’identifier quelques prérequis à la mise en place d’exercices physiques au travail, mais aussi des conditions qui pourraient favoriser l’intégration d’une telle action à une démarche globale de prévention des TMS.</p>
<p>D’ores et déjà, quelques premières recommandations peuvent être émises. Elles seront détaillées et précisées par la suite, à l’issue du projet de thèse.</p>
<h2>D’abord, améliorer les conditions de travail</h2>
<p>En premier lieu, ces actions doivent être intégrées à une démarche globale de prévention. Ainsi, l’entreprise doit mettre en place d’autres actions de prévention des TMS qui permettent d’agir sur les conditions de travail. C’est-à-dire sur les facteurs professionnels à l’origine des TMS et qui représentent la cause principale de survenue de ces pathologies.</p>
<p>À titre d’exemple, les chantiers du BTP proposent très souvent des situations extrêmement sollicitantes physiquement. Les TMS proviennent ainsi d’un déséquilibre entre les capacités corporelles du travailleur et les contraintes auxquelles il se trouve exposé. Dans ce contexte, en matière de prévention, suivre des programmes d’exercices physiques, quels qu’ils soient, aura, au mieux, des effets très limités. Il faut donc d’abord améliorer les situations de travail, notamment les plus critiques.</p>
<h2>Adapter les exercices à la situation de santé de chacun et à son métier</h2>
<p>De plus, ces exercices physiques pratiqués sur le lieu de travail ne doivent pas avoir d’effet néfaste sur les compagnons, notamment pour ceux d’entre eux souffrant de douleurs préexistantes. Les exercices devront être adaptés à la situation de santé de tous les participants, des exercices de substitution devront sinon être proposés. Pour cette étape, il est nécessaire de se faire accompagner par des professionnels, par exemple le service de prévention et de santé au travail.</p>
<p>Les séances d’exercices physiques au travail doivent aussi être adaptées à la nature de l’activité professionnelle qui suivra ces séances. Ainsi, selon les métiers ou même selon l’organisation de la journée qui suit pour chaque compagnon, les séances pourraient ne pas se dérouler de la même façon.</p>
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<p>À titre d’exemple, un conducteur d’engins pourrait cibler un réveil musculaire, des échauffements et quelques étirements du bassin et du dos, le dos étant chez lui l’une des parties du corps les plus sollicitées par son activité professionnelle, notamment du fait des vibrations transmises par le véhicule. D’un autre côté, un chef d’équipe en maçonnerie visera plutôt une montée du corps en température (ce que l’on appelle du « cardio ») et un échauffement des chevilles, au vu du nombre de déplacements qui s’effectuent sur sol instable sur le chantier.</p>
<h2>Une implication et des compétences spécifiques pour l’animateur des séances</h2>
<p>L’animateur (ou les animateurs) des séances doit disposer des ressources nécessaires à l’animation des séances. Notre étude met en avant son implication lors des séances, notamment par sa capacité à contrôler la bonne exécution des mouvements et par sa maîtrise et sa connaissance des exercices qui lui permettent d’émettre des recommandations.</p>
<p>L’animateur doit aussi maîtriser les compétences spécifiques liées à la réalisation d’une séance. Cela dépend en partie de l’objectif que vise la séance (réveil musculaire, étirements, échauffement…). Par exemple, lorsque l’on vise un échauffement et donc une montée en température du corps, l’intensité et la durée de la séance doivent être suffisantes pour ressentir cet échauffement. De plus, le temps de transition entre la fin de la séance d’échauffement et les premières tâches professionnelles qui suivent doit être court pour maintenir le bénéfice de l’échauffement.</p>
<h2>Des séances propices aux échanges entre compagnons</h2>
<p>Ce temps de séance est très souvent le seul temps de la journée durant lequel l’ensemble des compagnons se rassemblent (encadrement, personnel, intérimaires et même sous-traitants).</p>
<p>C’est donc un temps qui pourrait permettre aux compagnons de conduire des échanges sur les actions utiles à la prévention des TMS, comme les stratégies de travail qui leur permettraient de se protéger (échanges sur des procédés plus efficients que d’autres, sur l’utilisation d’un outil plutôt qu’un autre…), ou encore sur l’organisation de la journée après la séance d’exercices et les possibilités d’entraide.</p>
<p>Ce temps de séance peut aussi favoriser l’anticipation et l’organisation de la suite de la journée par l’encadrement qui pourrait profiter de cette séquence pour planifier les différentes tâches à effectuer, ajuster les équipes selon les besoins et la perception de l’état des compagnons…</p>
<p>Au travers de cette étude, nous questionnons donc de manière plus générale la mise en place de nouveaux dispositifs proposés aux entreprises ou parfois sollicités par celles-ci. Toutes transformations du travail, qu’elles soient techniques ou organisationnelles, modifient les situations de travail, l’ensemble de ces modifications sont à anticiper en amont.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214013/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caitlin Troussier-Thevenot travaille pour l'OPPBTP. </span></em></p>Des entreprises du BTP mettent en place des séances d'exercices physiques sur le lieu de travail pour prévenir les troubles musculosquelettiques. Une pratique qui n'a pas démontré son efficacité.Caitlin Troussier-Thévenot, Doctorante en ergonomie - Inserm UMR 1085 - Equipe d'épidémiologie en santé au travail et ergonomie (Ester), Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2163692023-11-08T20:45:07Z2023-11-08T20:45:07ZPrix de l’énergie en hausse, rénovation qui stagne : comment expliquer ce paradoxe ?<p>Avec une hausse des prix de l’électricité de 26 % et du gaz de 50,6 % entre janvier 2018 et décembre 2022 en France, nous aurions pu nous attendre à une progression significative de la rénovation dans le résidentiel.</p>
<p>En France, ce dernier compte pourtant <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/le-parc-de-logements-par-classe-de-performance-energetique-au-1er-janvier-2022-0">encore 36 % de chaudières au gaz et 26 % au fioul</a>. Seuls 5 % des résidences principales sont classées en étiquette A ou B en 2022, et le <a href="https://theconversation.com/le-diagnostic-de-performance-energetique-dpe-utile-mais-pas-miraculeux-pour-inciter-a-la-renovation-du-parc-locatif-prive-215906">nombre de logements mal isolés demeure considérable</a> (39 % des logements en étiquettes E, F et G).</p>
<p>Au cours de l’hiver 2021-2022, « 22 % des Français ont déclaré avoir <a href="https://theconversation.com/confinements-et-hausse-des-factures-denergie-le-risque-de-lautorestriction-151488">souffert</a> du froid pendant au moins 24h et 11,9 % des Français les plus modestes ont dépensé plus de 8 % de leurs revenus <a href="https://onpe.org/chiffres_cles/les_chiffres_cles_de_la_precarite_energetique_edition_mars_2023">pour payer les factures énergétiques de leur logement en 2021</a> ».</p>
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<p>Le secteur résidentiel reste ainsi un gisement important d’économie d’énergie, en particulier en matière de <a href="https://theconversation.com/renovation-energetique-en-france-des-obstacles-a-tous-les-etages-147978">rénovations</a> en efficacité énergétique. Et pourtant, les ménages semblent faire abstraction d’opportunités d’investissement apparemment rentables : c’est ce que l’on appelle <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0928765594900019;https://journals.openedition.org/rei/5985;https://www.cairn.info/revue-economique-2018-2-page-335.htm">« le paradoxe énergétique »</a>.</p>
<p>Comment l’expliquer, alors que le prix de l’énergie devrait au contraire, à première vue, donner un coup de pouce à la rénovation ?</p>
<h2>Prix de l’énergie, un incitateur ?</h2>
<p>En réalité, la demande d’énergie est peu sensible au prix à court terme : pour une hausse de 100 % des prix de l’énergie en moyenne, les ménages les plus pauvres réduisent leur consommation de chauffage <a href="https://theconversation.com/chauffage-les-plus-aises-sont-aussi-ceux-qui-realisent-le-moins-deconomies-denergie-190582">entre 6 % et 11 % en fonction de leur revenu</a>.</p>
<p>Il est en effet plus facile de réduire sa consommation tant qu’une marge de manœuvre est possible et qu’il existe des solutions substituables sur le marché : pour le chauffage, par exemple, l’électricité peut se substituer au gaz dans de nombreux cas. A contrario, il n’existe pas de substitut à l’électricité pour l’éclairage ou les appareils électroménagers.</p>
<p>La réaction en revanche s’observera avec plus de force à long terme : la chute de la demande est alors bien plus importante que l’augmentation du prix. C’est le concept d’élasticité-prix de la demande : à la suite d’un choc sur les prix, les ménages n’ont pas le temps, ni d’ajuster instantanément leur comportement ni de changer leurs équipements. En revanche, ces chocs de prix influenceront leur processus de décision et de consommation à long terme. Ainsi, quand bien même on n’observe pas d’effet à court terme de la hausse des prix de l’énergie, les effets pourraient se faire sentir dans un horizon plus lointain.</p>
<h2>Un paradoxe analysé par les économistes</h2>
<p>La question du prix de l’énergie, si elle est cruciale, n’est pas le seul argument à peser dans la décision, pour les ménages, de changer ou non leurs équipements.</p>
<p>Rappelons également que pour bénéficier de la plupart des aides de l’État, les ménages doivent faire appel à un professionnel du bâtiment agréé. Dans certaines régions, la tension sur l’offre est importante et il s’avère parfois difficile de trouver un professionnel compétent rapidement disponible…</p>
<p>Pour tenter d’expliquer néanmoins ce paradoxe de la diffusion très progressive d’équipements énergétiques apparemment rentables, de nombreux économistes ont analysé la nature et l’occurrence des barrières à l’investissement. Ces dernières sont nombreuses.</p>
<h2>De multiples freins à l’adoption</h2>
<p>Parmi elles, le statut d’occupation joue un rôle : rappelons qu’en France le pourcentage de locataires <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/cache/digpub/housing/bloc-1a.html">s’établit à 35,3 % en 2021</a>. Citons également les <a href="https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2007-4-page-49.htm?ref=doi">difficultés d’accès au crédit</a>, ou bien l’hétérogénéité de revenus, de préférence et de sensibilité environnementale qui existent entre les individus.</p>
<p>Les dépenses d’investissement dans des nouvelles technologies sont en outre affectées par la combinaison entre différentes sortes d’incertitudes (incertitude sur les gains énergétiques, sur les prix de l’énergie, sur les politiques publiques ou encore sur les prix des futurs produits et des coûts d’installation) et de leur irréversibilité (car les coûts sont irrécouvrables). Ce qui pousse les ménages à retarder autant que possible les investissements, en attendant d’obtenir de nouvelles informations.</p>
<p>D’autres freins à l’adoption interviennent, tels que les coûts associés à la recherche d’information sur les technologies ou encore ceux engendrés par la gêne occasionnée durant les travaux. Tous ces éléments, non pris en compte dans la plupart des analyses coûts-bénéfices, rendent des investissements profitables à première vue, moins rentables que ce qu’ils semblent être en réalité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216369/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dorothée Charlier est membre de SOLAR ACADEMY, FAERE et FAEE.
</span></em></p>Malgré des prix qui bondissent, la rénovation énergétique reste lente en France. D’abord car les effets de la hausse ne sont pas immédiats, mais aussi car d’autres freins interviennent.Dorothée Charlier, Maîtresse de conférences en économie de l’énergie et de l’environnement, IAE Savoie Mont BlancLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2115322023-08-15T21:12:05Z2023-08-15T21:12:05ZParis est une des pires villes européennes en temps de canicule. Comment changer cela ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542559/original/file-20230814-20-c3uzzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C23%2C7915%2C4433&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/paris-streets-view-on-famous-eifel-1170214318">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En compilant des données sur plus de 800 villes européennes, une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(23)00023-2/fulltext">récente étude scientifique</a> a estimé que Paris était une des villes d’Europe les plus meurtrières en cas de canicule. </p>
<p>Pour comprendre pourquoi, il faut se pencher sur la notion d’îlot de chaleur urbain (ICU). Un phénomène bien connu des météorologues et qui exacerbe l’augmentation locale des températures avec la multiplication des pics de chaleur en période estivale. </p>
<p>Or toujours selon cette étude parue dans le <em>Lancet Planetary Earth</em> 90 % des Parisiens étaient exposés à un îlot de chaleur urbain de forte intensité (entre 3 et 6 °C de différence) et 10 % à un îlot de chaleur urbain de très forte intensité (plus de 6 °C de différence) en 2021.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte de la Métropole du Grand Paris montrant les vulnérabilités géographiques face aux fortes chaleurs" src="https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542575/original/file-20230814-19-og63qi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La carte a été réalisée par interprétation visuelle des teintes dominantes de la carte de thermographie d’été de l’APUR à l’intérieur des îlots statistiques de l’Insee (Bouddad et al. 2017). Les zones laissées en blanc sur la carte correspondent soit à des espaces inhabités (zones industrielles et portuaires, aéroports), soit à des quartiers habités par des ménages de catégorie moyenne.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Si aujourd’hui protéger des pics de chaleur les habitats des villes est devenu un enjeu de santé publique et d’environnement, ces enjeux ont rarement préoccupé les partisans du développement urbain aux siècles passés.</p>
<p>Les villes ont d’abord été construites pour protéger leurs habitants avant d’intégrer des <a href="https://www.pavillon-arsenal.com/fr/edition-e-boutique/collections/hors-collection/11876-histoire-naturelle-de-larchitecture.html">objectifs hygiénistes</a>. Plus récemment, le pétrole bon marché et la voiture individuelle ont favorisé la mise en place de politiques familiales et d’aménagement facilitant l’étalement urbain.</p>
<p>À Paris, on qualifie de canicule un épisode d’au moins 3 jours consécutifs où les températures maximales dépassent 31 °C et les températures minimales 21 °C. Celle de 2003 a constitué un évènement extrême qui a suscité une prise de conscience européenne, vu son ampleur géographique et son impact sanitaire. Depuis, les canicules se succèdent et vont encore s’amplifier <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/publication-du-6e-rapport-synthese-du-giec">d’ici à 2050</a>, sans réelle mise en débat politique des modèles d’urbanisation <a href="https://cdn.paris.fr/paris/2023/04/21/paris_a_50_c-le_rapport-Jc4H.pdf">sauf exception</a>.</p>
<p>Les vagues de chaleur représentent pourtant un danger direct pour la santé des populations, et affectent particulièrement des quartiers déjà vulnérables. Tâchons donc de comprendre d’abord pourquoi l’effet d’îlot de chaleur urbain est particulièrement néfaste en Île-de-France, avant de voir comment nous pourrions y remédier. </p>
<h2>L’îlot de chaleur urbain</h2>
<p>Toutes les surfaces artificielles génèrent de la chaleur en excédent, la température moyenne en ville étant supérieure de quelques dixièmes de degrés (bourg de petite taille) à plusieurs degrés (métropole) par rapport à celle de la campagne environnante. Par exemple, un <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/ilots-chaleur-urbains-paris-cahier-1">écart de 4 °C</a> a été observé entre le centre de Paris et les bois périphériques lors de la canicule de 2003.</p>
<p>Pour comprendre pourquoi, <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/comprendre-les-ilots-de-chaleur-urbains">plusieurs facteurs</a> sont à prendre en compte.</p>
<p>L’ICU augmente avec :</p>
<ul>
<li><p>La chaleur due aux activités humaines (combustion, climatiseurs, chauffage, serveurs…).</p></li>
<li><p>La nature et la couleur des matériaux : béton, asphalte, tuiles et autres matériaux minéraux et synthétiques sombres qui absorbent l’énergie solaire le jour, et la réémettent la nuit (rayonnement thermique).</p></li>
<li><p>La hauteur et l’espacement entre les bâtiments : une forte densité de bâti piège l’air chaud et limite le refroidissement des surfaces et des murs. Les immeubles de haute taille et les extensions horizontales de la métropole provoquent un ralentissement aérodynamique, limitant l’évacuation de la chaleur.</p></li>
</ul>
<p>À l’inverse, les facteurs d’atténuation sont :</p>
<ul>
<li><p>Les sols naturels, la végétation et l’eau : un sol constitué de gravillons contient des poches d’air (isolantes), qui limitent l’absorption de chaleur et sa couleur claire réfléchit le rayonnement solaire. L’eau a, elle, un fort pouvoir rafraichissant, grâce à l’évaporation en surface. La végétation en bonne santé joue le même rôle, par sa transpiration. Elle peut se développer dans tous les interstices du bâti, plus facilement et durablement que des nappes d’eau.</p></li>
<li><p>L’ombre : les sols ombragés par les bâtiments riverains, des ombrières (structures destinées à fournir de l’ombre) ou par des arbres de haute taille accumulent moins de chaleur.</p></li>
<li><p>Les sols, murs et toits clairs réfléchissant la lumière du soleil. Ils emmagasinent donc moins de rayonnement que les matériaux sombres. En revanche, la réflexion du soleil peut aggraver la chaleur de l’air à proximité de la surface dans la journée.</p></li>
<li><p>Localement, les surfaces chaudes provoquent une dépression atmosphérique, qui favorise la circulation de l’air venant des périphéries plus fraîches (<a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/ilots-chaleur-urbains-coeur-agglomeration-parisienne-cahier-3-brises-thermiques">brise thermique nocturne</a>.</p></li>
</ul>
<p>De même, le relief favorise pendant la nuit la circulation de l’air vers le bas des pentes.</p>
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<p>Les différents paramètres énoncés ci-dessus font que la Métropole du Grand Paris (MGP) présente un très fort îlot de chaleur urbain. Le <a href="https://land.copernicus.eu/user-corner/technical-library/urban_atlas_2012_2018_mapping_guide_v6.3">tissu urbain continu</a> autour de Paris <em>intra muros</em> aggrave encore plus cette situation. </p>
<p>Dans les quartiers périphériques où habitent les ménages les plus modestes, le bâti est mêlé à des zones industrielles et commerciales, et les températures diurnes atteignent des valeurs extrêmes dues à des <a href="http://www.apur.org/fr/nos-travaux/ilots-chaleur-urbains-paris-cahier-4-influence-climatique-revetements-sol-paris">revêtements imperméables et sombres prépondérants</a>.</p>
<p>Au contraire, à l’ouest de Paris et dans la boucle de la Marne où vivent les ménages les plus aisés, les températures sont moindres, soit proches de la moyenne, soit plus fraîches, du fait de l’extension de zones pavillonnaires avec jardins, souvent situées à proximité de grands espaces verts.</p>
<p>La circulation de l’air y est également favorisée par les couloirs de fraîcheur rentrant dans la ville (air le long de la vallée de la Seine, ou venant des forêts proches sur les plateaux au Sud-Ouest). Inversement, la circulation de l’air est freinée dans le cœur de ville, dans les quartiers nord et de proches banlieues denses, par la minéralité et la hauteur des bâtiments (dont beaucoup d’immeubles sur dalle).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="La dalle minéralisée de la Défense" src="https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542577/original/file-20230814-9571-6bq2by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La dalle très minérale du quartier d’affaires de La Défense, vue depuis la Grande Arche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains modèles d’urbanisme, comme les cités-jardins ou les ceintures vertes, alternatives impulsées au tournant du XX<sup>e</sup> siècle pourraient être des sources d’inspiration, grâce à des surfaces plus importantes de végétation arborée, sols perméables, rivières et étangs pérennes, contribuant aussi au bien-être des habitants. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="La cité jardin de Payret-Dortail au Plessis-Robinson : construite dans les années 1920, elle mêle petits collectifs et pavillons, séparés par des jardins et des rues arborées" src="https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542797/original/file-20230815-25-3m5wra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La cité jardin de Payret-Dortail au Plessis-Robinson : construite dans les années 1920, elle mêle petits collectifs et pavillons, séparés par des jardins et des rues arborées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurence Eymard</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>C’est le cas pour le Grand Londres, qui en plus d’être bordé de zones humides et de grands réservoirs d’eau jouit de grands parcs et d’un réseau hydrographique accentuant la fraîcheur maritime. Du fait de son urbanisme moins dense et de sa situation légèrement plus septentrionale le Grand Londres connaît des températures bien moindres que le <a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504,">Grand Paris</a>. </p>
<p>Comme le Grand Paris est déjà largement construit, il s’agit ici de proposer avant tout des solutions d’adaptation et d’atténuation aux canicules et autres extrêmes climatiques, le tout sans aggraver les inégalités existantes.</p>
<h2>Un urbanisme à repenser face au changement climatique</h2>
<p>Densifier encore fortement le tissu urbain, comme le prévoit le <a href="https://www.institutparisregion.fr/planification/ile-defrance-2030/le-schema-directeur-de-laregion-ile-de-france-sdrif">schéma directeur de l’Île-de-France</a> aura pour effet d’augmenter la superficie du dôme de l’îlot de chaleur urbain, et exacerbera très probablement son intensité maximale au centre, étant donné que la circulation de l’air risque d’être bloquée en périphérie. </p>
<p>Comme les Parisiens ont pu le vivre, notamment en 2022, le centre de la métropole deviendra invivable en période chaude. Cela conduira à une aggravation des inégalités sociales, sans résoudre les problèmes structurels de l’Île-de-France, puisque la seule issue des ménages est de partir en périphérie voire en province pour les plus chanceux.</p>
<p>Afin de garantir une qualité de vie satisfaisante sans accroître sa superficie et ses disparités sociales et spatiales, la piste la plus prometteuse est donc d’exploiter les sources internes de rafraîchissement et d’optimiser la circulation de l’air à toutes les échelles. </p>
<h2>Ce qu’il faut préserver et améliorer</h2>
<p>Les arbres existants, qu’ils soient implantés dans des espaces verts, le long d’alignements, ou dans des cités-jardins, de même que les zones perméables non recouvertes de bitume, les terrains de sport non recouverts de revêtements synthétiques, doivent être préservés, multipliés et étendus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542578/original/file-20230814-27-qeu3kt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jardin du Trocadéro (Paris 16ᵉ), un espace vert à couvert végétal diversifié.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Les zones agricoles situées à l’extérieur de la Métropole du Grand Paris pour la plupart (ex. Plateau de Saclay, Triangle de Gonesse), doivent aussi être conservées ou préservées, car les sols y sont perméables et relativement frais (hors longue période de sécheresse). À l’échelle du territoire, il est indispensable de conserver les zones de faible densité urbaine, car elles apportent une surface de sol naturel intéressante (jardins individuels ou de petits groupes d’immeubles), et un potentiel de circulation de l’air par la faible hauteur de bâti. </p>
<p>C’est pourtant l’inverse qui se produit dans la Métropole du Grand Paris. Les cités-jardins, du fait du vieillissement du bâti, sont menacées de destruction, alors qu’elles devraient être réhabilitées et classées, car ce modèle d’urbanisme est pertinent à la fois d’un point de vue social et bioclimatique.</p>
<p>Les nouvelles constructions dans d’anciennes zones pavillonnaires classées comme des îlots d’habitats dans le Mode d’Occupation des Sols (Inventaire numérique de l’occupation des sols en Île-de-France établi par l’Institut Paris Région) occupent l’essentiel du terrain, les jardins étant détruits. La multiplication des infrastructures souterraines limite également les possibilités de végétalisation. Les aménagements pour les Jeux olympiques et paralympiques sont à cet égard insuffisamment vertueux.</p>
<p>Les projets urbains en cours de réalisation pour cette échéance ont été conçus il y a dix ans à une époque d’insouciance aujourd’hui révolue. En témoigne la récente remise à jour du Schéma directeur de la Région Île-de-France. Ces projets devraient ainsi être amendés pour réduire l’impact des vagues de chaleur (notamment prohiber les revêtements sombres des immeubles (murs, volets et toits), favoriser la circulation de l’air dans les appartements, isoler les murs par l’extérieur, espacer les immeubles et les entourer de jardins arborés de pleine terre. </p>
<p>De même, les projections de croissance démographique et de besoins en logements de la Métropole du Grand Paris devraient être réactualisées à l’aune de l’ère post-pandémie de Covid-19, qui les a réduites.</p>
<h2>Végétaliser certes, mais comment ?</h2>
<p>La Métropole du Grand Paris est particulièrement dépourvue en végétation arborée, comme le montre la carte de l’Atelier parisien d’Urbanisme, <a href="https://opendata.apur.org/datasets/hauteur-vegetation-2021/explore?location=48.878516%2C2.367554%2C11.00">mise à jour en 2021</a>. Des compléments de plantations d’arbres sont donc hautement souhaitables, dans tous les <a href="https://theconversation.com/grand-paris-pourquoi-il-faut-suivre-lexemple-de-new-york-et-planter-1-million-darbres-141393">espaces appropriés</a>. Ces plantations devront être adaptées aux conditions climatiques des <a href="https://theconversation.com/a-paris-quels-arbres-pour-adapter-la-ville-au-changement-climatique-190030">prochaines décennies</a>. Elles pourront prendre des formes différentes et complémentaires en fonction des espaces :</p>
<ul>
<li>Multiplication des plantations <a href="https://paris.vivarbre.fr/info.php">d’essences variées</a> et <a href="https://sesame.cerema.fr/">adaptées</a> le long des avenues afin d’accroître l’ombrage des chaussées et trottoirs, de constituer des corridors favorables à la circulation de la biodiversité et de favoriser des voitures moins climatisées.
À l’origine, les plantations sur les grands boulevards ont été dominées par un petit nombre d’espèces. Sur 1900 arbres des Champs-Élysées, par exemple, 900 environ sont des marronniers et 560 des platanes. Ce type de monoculture n’est clairement pas à favoriser, de par le caractère d’adaptation limité de ces espèces face au dérèglement climatique, du danger que court une plantation avec seulement quelques espèces face à d’éventuelles <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/hauts-de-seine/platanes-danger-alerte-au-chancre-colore-ile-france-1726503.html">menaces pathogènes</a> et de la pauvreté de ce type de plantation pour la biodiversité.</li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542654/original/file-20230814-29-lf29zo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ensemble de Paulownia.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<ul>
<li><p>Création et/ou extension de nouveaux parcs, jardins et squares urbains, sur le modèle multifonctionnel des parcs haussmanniens de Paris constituant des espaces de récréation (et de refuge, même nocturne lors des épisodes de canicules) pour les <a href="https://theconversation.com/arbres-et-oiseaux-balade-au-parc-montsouris-ce-point-chaud-de-la-biodiversite-parisienne-139329">populations</a>.</p></li>
<li><p>Accroissement de la végétalisation (avec l’inclusion de végétaux arbustifs et herbacés) sur les places minéralisées de la métropole, sur le modèle des plantations d’arbres réalisées à la place de la Comédie de Montpellier ou à la place de la gare de Strasbourg.</p></li>
<li><p>Maintien de friches spontanées, à l’image de celles qui se sont développées en bordure de la <a href="https://www.paris.fr/pages/la-petite-ceinture-2537">« petite ceinture parisienne »</a>.</p></li>
<li><p>Création de nouvelles forêts ou de bosquets denses urbains, constituant des îlots de fraîcheur, à l’exemple des <a href="https://theconversation.com/microforets-urbaines-que-penser-de-la-methode-miyawaki-156822">« micro-forêts Miyawaki »</a> (de l’ordre de quelques centaines de m<sup>2</sup>) ou de projets sur des surfaces plus conséquentes (de l’ordre de l’hectare) comme celle en cours de réalisation de la <a href="https://theconversation.com/quels-arbres-choisir-pour-la-future-foret-urbaine-place-de-catalogne-a-paris-173781">place de Catalogne à Paris</a>.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542655/original/file-20230814-17-g9d7ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ensemble végétal structuré avec strates arborescente, arbustive et herbacée, rue Vercingétorix (Paris 14ᵉ).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’ensemble de ces formations végétales, complémentaires et adaptées à chaque situation locale, contribuera à accroître <a href="https://www.itreetools.org/documents/485/Sustainable_Urban_Forest_Guide_14Nov2016_pw6WcW0.pdf">l’indice global de canopée</a> de la Métropole du Grand Paris et à tendre vers une réelle <a href="https://theconversation.com/de-quoi-se-compose-exactement-la-foret-urbaine-168450">« forêt urbaine »</a> qui constitue la meilleure adaptation possible des villes aux <a href="https://www.fao.org/3/i6210fr/i6210fr.pdf">canicules à venir</a>.</p>
<p>Il est aussi important, à l’échelle régionale, de relier ces zones végétalisées par des corridors de fraîcheur, orientés de façon à optimiser la circulation des brises dominantes arrivant des zones agricoles, forestières ou humides plus fraîches situées en périphérie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211532/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller, Laurence Eymard et Marianne Cohen sont membres du Groupe sur l’urbanisme écologique (GUE) de l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE).
Serge Muller est en outre membre associé de l'Autorité environnementale de l'Inspection générale de l'Environnement et du Développement durable.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurence Eymard, Marianne Cohen et Romain Courault ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>De par son urbanisme et son manque d’espaces verts, Paris est actuellement l’une des villes européennes les moins adaptées à la canicule.Marianne Cohen, Professeure des universités en Géographie, Sorbonne UniversitéLaurence Eymard, Directrice de recherche CNRS émérite, chercheuse dans le domaine du climat et de l'environnement, Sorbonne UniversitéRomain Courault, Maître de conférences en Géographie, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneSerge Muller, Professeur émérite, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1981412023-01-19T11:48:20Z2023-01-19T11:48:20ZPourquoi il est grand temps de quitter les villes<p><em>Si le processus d’urbanisation globalisée ne semble pas vouloir marquer le pas, le géographe Guillaume Faburel nous invite à considérer le débranchement urbain dans son texte « Vider les villes ? », dont nous vous proposons des extraits. Retrouvez cette réflexion et bien d’autres dans <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886">le livre collectif « Écologies. Le vivant et le social », publié aux éditions de la Découverte</a>.</em></p>
<hr>
<p>Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ?</p>
<p>Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie.</p>
<p>Aujourd’hui, 58 % de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40 % résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70 % en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).</p>
<p>[…]</p>
<p>Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40 % de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55 % des zones cultivées, 47 % des zones humides et 38 % du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134 %.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIX<sup>e</sup> siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.</p>
<p>En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20 % entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80 % de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67 % en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<h2>La métropolisation du monde</h2>
<p>Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hongkong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12 % de la population mondiale pour 48 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…</p>
<p>Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.</p>
<p>Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).</p>
<p>[…]</p>
<h2>Une empreinte environnementale et sanitaire déplorable</h2>
<p>Or, occupant seulement 2 % de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70 % des déchets, émet 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78 % de l’énergie et émet plus 90 % de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58 % de la population mondiale.</p>
<p>Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO<sub>2</sub> – la fabrication du ciment représentant près de 10 % des émissions mondiales, en augmentation de 80 % en dix ans. À ce jour, 40 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.</p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">Canicule et urbanisme : arrêtons de densifier nos villes !</a>
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</p>
<hr>
<p>Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).</p>
<p>Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74 % de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80 %) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.</p>
<p>Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90 % dans les aires définies comme urbaines), représente 46 % de la consommation énergétique, 40 % de notre production de déchets et 25 % des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98 % d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.</p>
<p>[…]</p>
<p>Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pancarte sur une statue indique « Grand Péril Express » à côté d’un drapeau du mouvement Extinction-Rebellion lors d’une manifestation contre les projets d’urbanisation des terres agricoles en Île-de-France, devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 10 octobre 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Samson/AFP</span></span>
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<p>Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100 % de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7 % à 8 % , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50 % et 60 % des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1 % et 1,5 % dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15 % des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.</p>
<p>Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.</p>
<p>Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?</p>
<h2>Bientôt, le débranchement urbain ?</h2>
<p>Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490">Vers un tournant rural en France ?</a>
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<p>Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30 % du territoire hexagonal.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paru le 12 janvier 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886">Éditions de la Découverte</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198141/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Faburel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si 58 % de la population mondiale est urbaine, il y a incompatibilité de ce mouvement d'urbanisation avec la sauvegarde de la planète.Guillaume Faburel, Professeur, chercheur à l'UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1891662022-08-29T18:15:08Z2022-08-29T18:15:08ZAléa argileux : c’est l’un des plus importants risques de catastrophe naturelle mais il est médiatiquement invisible<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/480814/original/file-20220824-12-nhs29j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C4085%2C2713&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les dégâts des habitations liés au gonflement-retrait représentent le premier poste d’indemnisation au titre de l’assurance dommage-ouvrage pour les sinistres touchant les maisons individuelles.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le dérèglement climatique en cours va se traduire par l’accroissement du nombre, de <a href="https://meteofrance.com/changement-climatique/observer/changement-climatique-et-secheresses">l’intensité et de la durée des sécheresses des sols</a> et incidemment par une augmentation des phénomènes de <a href="https://hal-brgm.archives-ouvertes.fr/hal-01768395">retrait-gonflement des argiles</a>. </p>
<p>Ce risque naturel est lié à la rétractation (en période de sécheresse) et au gonflement (en période de pluie) de terrains argileux, ce qui fait bouger les fondations des bâtiments et fissure les murs, les dallages ou encore les cloisons de nombreux bâtiments et habitations chaque année.</p>
<p>D’après le <a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/dossier-thematique/risques-amenagement-territoire-retrait-gonflement-argiles">Bureau de recherches géologiques et minières</a> (BRGM) et le <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/">Ministère de la transition écologique</a>, les dégâts des habitations liés à cet aléa concernent déjà un cinquième du territoire. Ils représentent le <a href="http://www.ecologie.gouv.fr/sols-argileux-secheresse-et-construction">premier poste d’indemnisation au titre de l’assurance dommage-ouvrage</a> pour les sinistres touchant les maisons individuelles. C’est-à-dire bien plus que les indemnisations liées aux avalanches, feux de forêt, séismes ou mouvements de terrain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/barrages-et-reservoirs-leurs-effets-pervers-en-cas-de-secheresses-longues-111583">Barrages et réservoirs : leurs effets pervers en cas de sécheresses longues</a>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=614&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=614&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=614&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=772&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=772&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480863/original/file-20220824-20-dn2jqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=772&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Explication du phénomène de retrait-gonflement des argiles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">M. Villey/BRGM</span></span>
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<h2>Un aléa très faiblement médiatisé</h2>
<p>Courant, cet aléa est pourtant très faiblement médiatisé. C’est ce que montre une <a href="https://journals.openedition.org/communication/15149">étude systématique</a> réalisée sur tous les articles de presse publiés dans la presse écrite locale et nationale sur les phénomènes de retrait-gonflement des argiles arrivés dans le Puy-de-Dôme entre 2011/2013 et 2018/2020. Seuls 28 articles ont parlé de l’aléa argileux lors de la première période et 83 lors de la seconde, bien qu’il représente près de 40 % de la sinistralité sur la période 1995-2015 (soit plus de 450 millions d’euros sur cette période) en Auvergne-Rhône-Alpes.</p>
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<p>Qui plus est, ces articles dépendent essentiellement de la publication des arrêtés de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle au Journal officiel dont ils relatent les décisions. Or, ce traitement sous l’angle administratif (et assurantiel) n’est pas anodin. Comme le montre une <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03518166">deuxième étude</a> portant sur l’implication médiatique de ce cadrage, loin de favoriser une connaissance approfondie du risque, ce traitement se réduit à des brèves succinctes centrées autour des catégories « d’assurés » et « d’administrés. » </p>
<p>Surtout, il place les représentants de l’État et des communes comme principaux acteurs en capacité de résoudre ce problème et, ce, par le remboursement des sinistrés et la publication d’arrêtés de reconnaissance, plutôt que par un accent mis sur des dispositifs, moyens et comportements de prévention ou d’atténuation du risque.</p>
<h2>Enquête auprès des parties prenantes du phénomène</h2>
<p>Pour quelles raisons le retrait-gonflement des argiles ne fait-il pas l’objet d’un traitement médiatique, malgré des dégâts matériels nombreux et répétés ?</p>
<p>Deux élus, quatre responsables associatifs, trois responsables de services techniques, un expert d’assuré indépendant et une architecte ont été questionnés en complément de huit journalistes issus de la presse locale écrite (<em>La Montagne</em>) et audiovisuelle (France Bleu Pays d’Auvergne et France 3 Auvergne-Rhône-Alpes).</p>
<p>Plusieurs raisons ressortent des entretiens menés pour cette <a href="https://www.essachess.com/index.php/jcs/article/view/555">troisième recherche</a>. La première explication, relativement banale, tient à la dimension peu spectaculaire des aléas argileux comparativement à d’autres aléas à la survenue plus soudaine, comme les inondations, les <a href="https://www.cairn.info/revue-natures-sciences-societes-2017-2-page-148.htm">avalanches</a> ou encore les feux de forêt.</p>
<p>Ce constat en rappelle d’autres, dont <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/N/bo22723661.html">celui du politologue Lance Bennett</a> qui voit dans la dramatisation des informations diffusées sur les risques naturels (le risque climatique dans son cas) une véritable norme journalistique. Ainsi, le caractère peu spectaculaire de l’aléa argileux n’en justifie pas, d’un point de vue journalistique, un traitement aussi approfondi que celui d’autres catastrophes naturelles.</p>
<h2>Peu de sources officielles traitent le sujet sur la durée</h2>
<p>D’autres facteurs tiennent à l’organisation des médias qui s’emparent le plus de ces questions : les médias locaux. Obligés de couvrir un vaste territoire, les journalistes locaux qui doivent traiter ces aléas en sont rarement spécialistes. </p>
<p>Contrairement à leurs confrères spécialisés, ils ne peuvent pas s’appuyer sur un réseau de connaissances et une maîtrise de l’aléa argileux qui en permettraient un traitement à la fois varié, approfondi et – surtout – plus autonome par rapport aux principales sources d’informations. Qui plus est, les sources habituelles des journalistes sur les questions des risques naturels – pompiers, gendarmes… – ne sont pas non plus amenées à intervenir aussi régulièrement sur les dégâts causés par les aléas argileux que sur ceux d’autres risques, ce qui ne les incite pas à s’en faire le relais auprès des journalistes.</p>
<p>Le peu d’entrepreneurs de cause à la disposition des journalistes au sujet des aléas argileux constitue également un frein au traitement approfondi du sujet. </p>
<p>Ainsi, du point de vue des élus locaux, ce n’est pas un problème qui nécessite d’être placé en priorité dans la hiérarchie des sujets à traiter localement, à la fois parce qu’il n’y a pas de consensus sur l’intérêt à rendre publics les sinistres de la part de leurs administrés et parce que se limiter à l’obligation législative d’information évite de produire une mauvaise publicité sur leur commune.</p>
<p>De même, du point de vue des services techniques en charge de la cartographie des zones argileuses risquées, le déploiement d’une communication de prévention ne fait pas partie de leurs missions, a fortiori pour des acteurs qui considèrent que la communication du risque doit avant tout être précise et pédagogique et reposer sur des documents techniques mis à disposition de la population. Enfin, en ce qui concerne les associations de sinistrés, il leur est difficile d’obtenir l’accord de tous leurs adhérents quand il s’agit de rendre publics les sinistres liés au risque argileux, et ce d’autant plus qu’elles ne remettent pas en cause la logique assurantielle actuelle qui prévaut pour la gestion de celui-ci.</p>
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<figcaption><span class="caption">Dans le Lauragais, des maisons fissurées à cause de la sécheresse (France 3 Occitanie/Youtube, 2020)</span></figcaption>
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<h2>Un risque dépolitisé</h2>
<p>Ainsi, plusieurs parties prenantes n’ont pas intérêt à ce que le risque argileux soit érigé en tant que problème public. Deux autres exemples le révèlent également : d’une part, des entrepreneurs immobiliers ne veulent pas toujours dépenser l’argent et le temps nécessaires pour faire les études sur leurs terrains ont tout intérêt à minorer les effets du risque, d’autant plus en l’absence d’un contrôle efficace ; d’autre part, des assureurs rechignent à reconnaître le risque argileux comme la cause des dégâts des habitations pour des raisons financières, d’autant plus que le flou de la réglementation et, surtout, celui des critères/facteurs pris en compte pour la reconnaissance ou encore pour les expertises d’indemnisation offre des interstices dans lesquels ils s’engouffrent pour limiter le nombre d’indemnisations.</p>
<p>Dès lors, en l’état, le risque argileux reste présenté comme un risque dépolitisé qui nécessite uniquement des solutions techniques, des solutions dont la mise en œuvre et la responsabilité incombent aux particuliers et non aux responsables politiques en charge de l’aménagement des territoires, y compris des communes les plus sujettes à ce risque. </p>
<p>Cette situation limite la prise de conscience du phénomène par le grand public et la prise de décisions collectives visant à en réduire l’impact.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189166/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Rouquette a reçu des financements des fonds FEDER Auvergne CPER 2020 et I-Site CAP 20-25 de l’Université Clermont Auvergne pour ce projet de recherche</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Fateh Chemerik et Thomas Bihay ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les dégâts occasionnés par le retrait-gonflement des argiles concernent des centaines de milliers de maisons en France. Mais ce risque naturel pas assez relayé par les médias.Sébastien Rouquette, Professeur des universités en sciences de l'information et de la communication, Université Clermont Auvergne (UCA)Fateh Chemerik, Post-doctorant en sciences de l'information et de la communication, Université Clermont Auvergne (UCA)Thomas Bihay, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication - Département Infocom, laboratoire GERiiCO (ULR 4073), Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1850952022-07-03T17:09:50Z2022-07-03T17:09:50ZMieux utiliser les bâtiments existants, un enjeu clé de la transition<p>Rénovation thermique, adaptation au vieillissement et au changement climatique… le 21<sup>e</sup> siècle demande un investissement inédit dans la gestion de notre parc de bâtiments existants pour l’adapter aux enjeux de demain. Mais qu’en est-il pour la construction neuve ?</p>
<p>Construire n’est pas un acte anodin sur le plan environnemental. En effet, même si les bâtiments neufs sont aujourd’hui très efficaces sur le plan énergétique une fois construits, la majeure partie de leur impact environnemental concerne la construction. On estime par exemple que les produits de construction et équipements représentent de <a href="https://conseils.xpair.com/analyse_reglementation/bilan-programme-obec-batiment-energie-carbone.htm">65 à 85 %</a> de la totalité des émissions carbone liées au cycle de vie d’un bâtiment neuf. Les conséquences en matière d’artificialisation des sols sont aussi à souligner : <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3280938?sommaire=3280952#:%7E:text=Entre%202005%20et%202013%2C%2015,par%20l%E2%80%99artificialisation%20de%20masse.">entre 2006 et 2014, la surface au sol dédiée à l’habitat a progressé plus vite que la population</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, la question se pose : peut-on répondre aux besoins de bâtiments en utilisant mieux le parc existant ? Dans le cadre de <a href="https://transitions2050.ademe.fr">« Transition(s) 2050 »</a>, un vaste travail de prospective, l’Agence de la transition écologique (Ademe) a élaboré 4 scénarios, du plus sobre au plus technologique, qui permettraient d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Les scénarios les plus frugaux explorent des manières de répondre au besoin de bâtiment autres que la construction neuve.</p>
<h2>8 % de logements vacants</h2>
<p>Tentons en premier lieu d’éclairer en chiffres le débat. En France, l’Insee relève en 2021 que 8 % des logements (soit 3 millions) sont <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1059">vacants</a>, c’est-à-dire inoccupés pour des raisons diverses (mise en location, en attente de règlement de succession, sans affectation précise…). Certes, avoir un taux de vacance nul n’est pas envisageable, car il ne serait plus possible de déménager, mais l’augmentation récente de la vacance de courte durée ouvre des pistes de réflexion.</p>
<p>Le panorama de la sous-occupation du parc se renforce lorsqu’on prend en compte également les logements habités de façon occasionnelle, par exemple les résidences secondaires <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5761272">(10 % du parc)</a>, ou les logements considérés comme sous-occupés (<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2586377/LOGFRA17.pdf">88 % des maisons individuelles et 45 % des logements collectifs</a>). Ainsi, si le surpeuplement est un phénomène bien réel et aux conséquences sociales délétères, le sous-peuplement d’une partie du parc de logements français est également un enjeu, en particulier au regard des défis de la transition.</p>
<p>Dans le tertiaire, peu de données existent sur les bureaux vacants et sur leur potentiel de transformation en logement. Les perspectives sur leur taux d’occupation sont largement bousculées par la transformation actuelle des pratiques, et notamment le télétravail.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XER_OpLx0Qs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Transition(s)2050 : les 4 scénarios prospectifs de l’Ademe (Ademe/YouTube, 28 mars 2022).</span></figcaption>
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<h2>4 millions de nouveaux logements d’ici à 2050</h2>
<p>Dans ce panorama, le scénario le plus frugal des 4 élaborés par l’Ademe prévoit la construction neuve, entre 2015 et 2050, de 4 millions de logements. Le scénario où la construction neuve est poussée à son maximum, en imaginant un vaste programme de déconstruction-reconstruction de logements rendus obsolètes (notamment à cause de la métropolisation) implique quant à lui d’en créer 12 millions – plus de trois fois plus, donc. À titre de comparaison, notons que nous avons construit depuis trente ans environ 11 millions de logements.</p>
<p>Le calcul se fonde sur plusieurs hypothèses. Tout d’abord, un ralentissement démographique, en écho aux projections de l’Insee. Le contexte est en effet bien différent de celui des années d’après guerre, marquées par un boom démographique.</p>
<p>Ensuite, un ralentissement de la décohabitation, ce qui viendrait freiner une tendance historique. Trois phénomènes ont contribué ces dernières décennies à la baisse du nombre de personnes par ménage et tendent désormais à stagner : la baisse du nombre de familles nombreuses, la tendance à divorcer et le départ de chez leurs parents des enfants nombreux du baby-boom. Le vieillissement de la population pourrait prendre en partie le relais. <a href="https://www.insee.fr/fr/information/2546485">Les plus de 75 ans, dont la proportion dans la population va doubler d’ici 2050, passant de 9 % à 16 %</a>, vivent en effet plus souvent seules dans de grands logements. Les choix de vie des personnes âgées sont donc également un enjeu de transition écologique.</p>
<p>Dans les scénarios de rééquilibrage territorial, il est ainsi envisageable de transformer des résidences secondaires en résidences principales, par exemple pour y accueillir les nouveaux retraités ou télétravailleurs, ou de les utiliser toute l’année en associant un usage par les touristes ou les travailleurs saisonniers et un usage par les étudiants. On peut également imaginer réinvestir des logements vacants situés actuellement dans des zones en déprise. Réinvestir ces zones implique de rééquilibrer l’activité, un défi ambitieux en matière d’aménagement du territoire.</p>
<h2>Réutiliser l’existant, une diversité de solutions</h2>
<p>Mieux utiliser l’existant s’impose donc comme une piste à creuser. Comment le faire advenir concrètement ? Pour cela, il faudra s’adapter à la diversité des ménages et des territoires.</p>
<p>Dans des zones périurbaines, où l’habitat est souvent homogène et composé de maisons individuelles, largement sous-occupées, et de propriétaires occupants, il est nécessaire de diversifier le parc pour y créer du locatif et des petits logements pensés pour des populations qui apprécient ce mode de vie périurbain. <a href="http://www.revuesurmesure.fr/issues/habiter-des-desirs-au-projet/habiter-appartement-periurbain-francilien">Un maire le décrit ainsi</a> :</p>
<blockquote>
<p>« J’avais besoin de logements pour les employés de l’hôpital. J’avais besoin de logements pour les vieux qui ne peuvent plus garder leur grande baraque, et pour des jeunes qui sont encore à 26 ans chez papa et maman. »</p>
</blockquote>
<p>Le remodelage des maisons individuelles constitue une option à développer dans ces zones.</p>
<p>Dans les zones urbaines très tendues, les difficultés d’accès au logement sont importantes. Les transformations d’usage permettant de mieux valoriser chaque mètre carré sont envisageables (colocation étudiante, locations touristiques, division résidentielle, transformations de bureaux…). Le principal défi porte sur les règles de partage de cet espace rare. La puissance publique essaie avec difficulté de maintenir des équilibres qui permettent aux différents acteurs qui font la vie d’un territoire de pouvoir cohabiter.</p>
<p>Dans les zones peu tendues à dominante rurale, le défi est de rendre ces zones attractives en s’appuyant sur un bâti existant souvent disponible mais parfois obsolète. Quelles pistes ? La rénovation des bâtiments et des îlots dégradés, la revitalisation du commerce, de l’artisanat, des services, ou encore le développement des activités culturelles en s’appuyant sur un patrimoine existant à réinventer. Dans ces zones, le risque serait en effet de penser la construction neuve comme une manière d’attirer au prix d’une artificialisation importante alors qu’elle peut être utilisée à toute petite dose comme un catalyseur, par exemple, pour repenser un centre bourg.</p>
<h2>Vers une nouvelle économie du bâtiment</h2>
<p>Construire seulement lorsque nécessaire et après optimisation de l’existant aura des conséquences sur la filière économique de la construction neuve. Par exemple, si les entreprises du second œuvre peuvent imaginer un avenir où la rénovation prendra une place plus importante, les actifs du gros œuvre verront leur activité fortement impactée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470902/original/file-20220625-24-25domu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Malakoff, la tour de l’Insee doit être détruite pour faire place au ministère des Affaires sociales. Un collectif, soutenu par le Conseil régional de l’ordre des architectes, s’y oppose et réclame sa réhabilitation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Samson/AFP</span></span>
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<p>Quels relais de croissance ? À côté de la rénovation massive du parc, incontournable de toute trajectoire de neutralité carbone à 2050, c’est un ensemble de nouvelles activités qu’il faut dès à présent imaginer : restructuration en masse de logements obsolètes ou vacants, changements d’usage des bureaux en logement, mais aussi déconstruction ou production de services aux occupants… Ainsi, la filière de la construction neuve est sans doute à l’aube d’une mue majeure qu’il faut anticiper dès maintenant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185095/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Christophe Visier est salarié du Centre scientifique et technique du bâtiment et est détaché à temps partiel à l’Ademe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Albane Gaspard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une meilleure utilisation du parc bâti existant est un enjeu clé pour répondre aux nouveaux besoins tout en limitant la construction neuve. Mais le défi est ambitieux.Albane Gaspard, Chargée d’études, prospective, service bâtiment, Ademe (Agence de la transition écologique)Jean-Christophe Visier, Conseiller prospective bâtiment et immobilier, CSTB, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1801772022-05-31T18:54:51Z2022-05-31T18:54:51Z« Urbanisme circulaire » : idées reçues et angles morts d’un concept pas si neuf<p>Depuis l’adoption en février 2020 de la <a href="https://theconversation.com/du-senat-aux-lobbies-retour-sur-le-vote-de-la-loi-antigaspillage-131532">loi anti-gaspillage pour une économie circulaire dite « loi AGEC »</a>, sa mise en œuvre s’est accélérée, avec la parution de <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/decrets-dapplication-loi-anti-gaspillage-economie-circulaire">plusieurs décrets d’application très attendus</a>.</p>
<p>L’économie circulaire a donc le vent en poupe, et notamment dans le domaine de l’urbanisme, à l’heure où les <a href="https://www.societedugrandparis.fr/chantier/environnement">chantiers du Grand Paris Express et leurs 45 millions de tonnes de déblais</a> font l’objet de controverses.</p>
<p>Voyons comment déconstruire cet engouement soudain pour ce que l’on appelle « l’urbanisme circulaire », penchons-nous sur les angles morts de ce mouvement, qui entend relever différents grands défis qui se posent à la ville dans un contexte de transition écologique.</p>
<h2>1001 conceptions de l’urbanisme circulaire</h2>
<p>Avant tout, de quoi parle-t-on ? De <a href="https://ile-de-france.ademe.fr/sites/default/files/plaquette-projet-metabolisme-urbain-plaine-commune.pdf">Plaine commune</a> à <a href="https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2018/01/25/a-amsterdam-le-quartier-qui-veut-pirater-la-ville_5247071_4811534.html">Amsterdam</a>, l’idée d’un urbanisme circulaire a d’abord été mobilisée pour répondre aux défis environnementaux auxquels était confrontée la discipline : dans un contexte où la construction utilise d’importantes quantités de ressources (matériaux, énergie, eau, etc.), l’objectif était d’en réduire la consommation, de les remplacer par d’autres renouvelables (bois, chanvre, terre…) et de mieux gérer leurs circuits sous forme de boucle(s).</p>
<p>Un second courant de l’urbanisme circulaire a émergé pour lutter contre la problématique de l’étalement urbain. Il est représenté par les travaux de <a href="https://dixit.net/manifeste/">Sylvain Grisot</a> qui fait le constat que l’urbanisme dominant, linéaire, implique que le sol soit mobilisé et artificialisé, avant de devenir support de projets promis à l’obsolescence. Il entend y répondre en prônant notamment la flexibilité des bâtiments et des espaces, l’adaptation aux besoins et le réinvestissement des friches et bâtiments sous-utilisés.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/u7UjT5yIJv0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bâtir l’aménagement circulaire : Le Wip, un tiers-lieu à Colombelles (L’Institut Paris Région, 6 mai 2021).</span></figcaption>
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<p>De son côté, <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29506-economie-circulaire-urbanisme-Ademe-AMI.pdf">l’Ademe prône une méthode</a> dans laquelle « l’économie circulaire ne se limite pas aux déchets ou à l’énergie, mais correspond à un mode de fonctionnement nouveau qui peut s’appliquer notamment à l’urbanisme ». Les projets doivent ainsi miser sur la transversalité, l’échange, la solidarité, et être en mesure d’intégrer l’incertitude, les erreurs, etc.</p>
<p>Enfin, d’autres discours sur l’urbanisme circulaire intègrent la recherche d’une plus grande proximité – la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8bRfPh8rWeA">« villes du quart d’heure »</a>, ou l’habitant peut répondre à tous ses besoins essentiels en moins de 15 minutes à pied. Ainsi que, crise sanitaire oblige, la <a href="http://www.tepcv.developpement-durable.gouv.fr/l-economie-circulaire-une-autre-facon-de-produire-r159.html">relocalisation d’activités perdues</a>, pour des villes plus « résilientes ».</p>
<h2>Un concept pas si neuf</h2>
<p>Étalement urbain, ressources, résilience… L’urbanisme circulaire agrège ainsi une diversité d’enjeux. Cette dynamique ne doit pas occulter le fait que le concept en lui-même est déjà « recyclé ».</p>
<p>Car ce « nouvel » urbanisme reprend en réalité la <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2007-3-page-48.htm">critique ancienne de la ville étalée</a> et récupère au passage les réflexions tout aussi anciennes sur l’usage de <a href="http://www.annales.org/ri/1993/ri_fevrier_1993.html">matériaux alternatifs au béton</a> à base de granulats naturels. Il s’aligne avec une vision normative où il s’agit de diffuser et reproduire les « bonnes pratiques », parfois au détriment des contextes locaux.</p>
<p>Il fait ainsi l’objet de <a href="https://www.label-2ec.fr/">certifications ou labels comme celui du Cerema</a> pour renforcer sa légitimité, et s’inscrit dans la quête d’un urbanisme participatif, où des <a href="https://www.bellastock.com/wp-content/uploads/2019/11/BS-PLAQUETTE_V11.pdf">ateliers de sensibilisation</a> au tri ou à la réutilisation des matériaux ou déchets sont mis en place tels que ceux organisés par la société Bellastock. Les démarches sont alimentées par des <a href="https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/3890-guide-economie-circulaire-et-urbanisme-9791029715921.html">guides de référence</a>, tandis qu’une <a href="https://www.lemoniteur.fr/article/5-laureats-pour-l-ami-economie-circulaire-et-urbanisme-saison-2.1031599">diversité de thématiques sont au cœur de projets</a> étiquetés « circulaires » par l’Ademe (le Pays Serre-Ponçon Ubaye Durance Provence travaille sur les mobilités ; le projet Pirmil-les-Isles sur le réemploi et recyclage des matériaux).</p>
<p>Foisonnement de projets, assemblage de dispositifs, formation de communautés structurées autour de ces sujets, et besoin permanent de définir un concept attractif, parlant, qui fait consensus : ce sont là des signaux faibles de l’élaboration et de la circulation d’un nouveau modèle d’urbanisme succédant à son ancêtre, « l’urbanisme durable ».</p>
<p>Cependant, comme le disait <a href="https://www.canal-u.tv/chaines/utls/les-pollutions-et-leurs-remedes/les-ambiguites-des-politiques-de-developpement-durable">Pierre Lascoumes à propos du développement durable</a>, « l’unanimité est toujours suspecte car elle dissimule la complexité […] la multiplicité des perceptions, les affrontements d’intérêts ».</p>
<h2>Le fantasme de la ville autonome</h2>
<p>L’urbanisme circulaire réactive l’idéal très séduisant de villes productives, autonomes voire autarciques. Derrière les effets d’annonces, les nécessaires projets de reprise en main et relocalisation de l’énergie ou des produits alimentaires se <a href="https://www.wedemain.fr/ralentir/autonomie-alimentaire-albi-les-reves-plus-gros-que-le-ventre/">heurtent à de multiples freins qui desservent parfois leur crédibilité</a>.</p>
<p>L’autonomie physique urbaine est un oxymore nous rappellent Sabine Barles ou François Ascher, tant les villes (peu importe leur taille) demeurent par essence dépendantes de l’extérieur pour leur fonctionnement.</p>
<h2>Circulaire ne rime pas avec propre…</h2>
<p>L’urbanisme circulaire suppose par ailleurs d’accroître les capacités des territoires à produire et échanger de l’alimentation, des énergies et des matériaux. Cela repose, outre une réduction forte des consommations, sur des infrastructures nombreuses et variées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pancarte sur une statue indique « Grand Péril Express » à côté d’un drapeau du mouvement Extinction-Rebellion lors d’une manifestation contre les projets d’urbanisation des terres agricoles en Île-de-France, devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 10 octobre 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Samson/AFP</span></span>
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<p>Par exemple, une plate-forme de recyclage des bétons occupe en moyenne 2,5 ha au cœur de l’Île-de-France, soit deux fois la surface du parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Des conflits d’usages des sols devront ainsi être arbitrés dans un contexte de crise du logement ou de déclin de la biodiversité. Cela sans oublier que la plupart des activités « circulaires » à développer génèrent du bruit, de la poussière, des odeurs…</p>
<p>Au pays du mille-feuille administratif, s’affranchir d’une logique néfaste de concurrence entre les territoires (où chacun veut son écoquartier, ses acteurs économiques) est une gageure. Or, l’urbanisme circulaire nécessite de penser des politiques en faisant abstraction des périmètres officiels des villes et territoires, rarement calqués sur les échelles auxquelles les déchets ou les matériaux sont gérés. Des démarches émergent (<a href="https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/contrats-de-reciprocite">« contrats de réciprocité »</a>, mais les <a href="https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_dore.pdf">questions de ressources ne semblent pas y être au premier rang</a>.</p>
<h2>Un urbanisme « flexible », vraiment ?</h2>
<p>L’urbanisme circulaire appellerait aussi flexibilité du bâti, des usages, des formes urbaines. Fonctions et activités se mélangeraient et suivraient les rythmes toujours plus intenses et diversifiés des citadins.</p>
<p>Or, <a href="https://www.institutparisregion.fr/mode-doccupation-du-sol-mos/">selon le MOS de L’Institut Paris Region</a>, l’équivalent de 2 % des surfaces urbanisées d’Île-de-France sont mises en chantier chaque année, et l’on renouvelle en moyenne 1 % du parc de logements par an en France… Le bâti existant et la structure des territoires sont donc plus rigides que flexibles.</p>
<p>À cela s’ajoute l’enjeu de reconversion d’espaces dédiés au fonctionnement centralisé des métropoles (dépôts d’hydrocarbures, incinérateurs, centrales thermiques…).</p>
<p>Héritage de l’âge des fossiles, ils sont eux aussi loin d’être flexibles, souvent pollués, soumis à des investissements économiques de long terme, etc.</p>
<h2>Un meilleur recyclage du sol, mais pas de la matière</h2>
<p>La tendance à densifier la ville pour réduire l’artificialisation nécessite souvent de démolir des bâtiments (friches) et de creuser la terre pour fonder de nouveaux « écoquartiers ».</p>
<p>Le « recyclage urbain » n’est donc ici pas synonyme d’un meilleur recyclage de la matière et contribue au contraire à augmenter les ressources consommées, comme l’ont démontré les études conduites sur <a href="https://www.est-ensemble.fr/economie-circulaire">Est ensemble</a> ou aux <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/23302">Ardoines</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/244836/original/file-20181109-38449-qqjmc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cimenterie de Créchy (Allier) où sont conduites des recherches sur le recyclage des déchets.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Groupe Vicat</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La logique de sobriété est pourtant l’objectif n°1 d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2016-1-page-91.htm">« authentique »</a> urbanisme circulaire. Plus qu’une affaire de flux mis en circulation de façon perpétuelle, c’est plutôt une affaire de lenteur, de conservation, de stockage. C’est avant tout dans la structure et les tissus urbains tels qu’ils sont qu’il doit nous conduire à réfléchir en priorité.</p>
<p>Après cette brève présentation des contours et ambiguïtés de l’urbanisme circulaire, nous faisons le constat qu’observateurs et praticiens de l’urbanisme semblent prisonniers d’une pensée qui tourne en boucle, renouvelant son vocabulaire mais pas son logiciel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180177/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Martial Vialleix ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Retour sur un concept plébiscité, utile mais pas toujours bien compris.Martial Vialleix, Doctorant, chargé d'études écologie urbaine, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1683122021-11-11T16:21:48Z2021-11-11T16:21:48ZÀ Arles, retour sur la fouille et l’étude de la maison de la Harpiste<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/424725/original/file-20211005-29-16jt9og.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5615%2C3741&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dégagement de la paroi en place.</span> <span class="attribution"><span class="source">R. Benali MDAA</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du du 1<sup>er</sup> au 11 octobre 2021 en métropole et du 5 au 15 novembre 2021 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Eureka ! L’émotion de la découverte ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>À Arles, les recherches réalisées sur la maison romaine de la Harpiste, dont le nom est inspiré par l’une des figures représentées sur ses murs peints, jettent un éclairage nouveau à la fois sur l’histoire de la ville antique et sur la diffusion des techniques de construction. Elles livrent aussi des décors peints uniques en France. </p>
<p>De la découverte sur le terrain aux études réalisées en laboratoire, les archéologues poursuivent leur travail avec minutie et patience, conscients à chaque étape d’avoir entre les mains un formidable objet de recherche et un rare patrimoine.</p>
<h2>Le cadre de l’intervention</h2>
<p>En avril 2013, les archéologues du musée départemental interviennent dans le cadre d’une fouille d’urgence sur le site municipal dit de la Verrerie implanté en rive droite du Rhône. Ce site avait <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi99-HEnPfyAhUuy4UKHQvtCvIQFnoECAIQAQ&url=http%3A%2F%2Fwww.patrimoine.ville-arles.fr%2Fdocument%2Fverrerie-arles-archeologie-sintes.pdf&usg=AOvVaw3j7UoSOqqpKgwMkkXcuKtd">révélé trente années auparavant</a> de luxueuses maisons urbaines (<em>domus</em>) de la fin du II<sup>e</sup> s. de notre ère, décorées de mosaïques dont certaines sont aujourd’hui présentées au musée. <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01782394">Le but de l’opération archéologique</a> est alors de documenter les <em>domus</em> mises au jour précédemment et de réaliser quelques sondages avant que le terrain ne soit remblayé. Un des objectifs scientifiques est de mieux comprendre la genèse de ce quartier en tentant d’atteindre les niveaux archéologiques les plus anciens.</p>
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<span class="caption">Fouille de l’<em>atrium</em> de la maison de la Harpiste en 2017.</span>
<span class="attribution"><span class="source">M.-P. Rothé/MDAA-Inrap</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Un premier sondage</h2>
<p>En septembre 2013, l’équipe réalise un sondage dans une tranchée d’épierrement où l’on peut observer la succession des niveaux archéologiques. Ils ont alors la surprise de découvrir que la <em>domus</em> d’Aiôn (fin II<sup>e</sup> s. de notre ère), fouillées dans les années 1980, scelle une maison plus ancienne (I<sup>er</sup> s. avant notre ère) dont les murs conservent des peintures, sur 1 m de hauteur et dans un remarquable état.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/424733/original/file-20211005-14-1nk7ao2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Parois peintes effondrées mises au jour en 2014.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Boislève/MDAA</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Les fresques, observées en coupe et dégagées sur une quinzaine de centimètres, livrent à nouveau, 2000 ans après leur enfouissement, toute la vivacité de leurs couleurs chatoyantes. Le rouge vermillon (issu du cinabre), pigment parmi les plus coûteux du monde romain, retrouve alors son incroyable éclat. Cette découverte provoque d’autant plus l’enthousiasme de l’équipe que le musée départemental Arles antique, riche de ses 1700 objets exposés, ne possède alors aucune peinture. Confrontés à des vestiges de décor qui leur sont alors inconnus, les archéologues contactent un toichographologue, spécialiste des peintures murales d’époque romaine.</p>
<p>Pour le chercheur spécialiste, les premières photos des quelques centimètres d’enduits déjà dégagés suffisent à percevoir l’importance de la découverte. Au-delà d’une émotion liée à l’instant où l’objet se révèle, le scientifique est surtout enthousiaste à l’importance de la découverte pour ce qu’elle peut apporter à sa discipline et pour les avancées scientifiques qu’elle permettra. D’emblée la présence de cette peinture, potentiellement conservée sur une surface conséquente, apparaît comme importante et le rapport de l’opération pointera tout particulièrement le potentiel scientifique et patrimonial de ce site.</p>
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<h2>La fouille programmée, le travail de terrain</h2>
<p>Entre 2014 et 2017 une <a href="https://youtu.be/gDYohbfl2yg?list=PLH9LyBBb1gMqXFDhcVitjaNewwgtVljBu">opération archéologique programmée</a> intégrant l’étude des peintures est mise en place sous la direction du musée départemental <a href="http://www.arles-antique.cg13.fr/">Arles antique</a> avec le partenariat de <a href="https://www.inrap.fr/">l’Inrap</a>. Qualifiées d’indispensables par la commission interrégionale de la recherche archéologique, les fouilles livrent des résultats au-delà des espérances de l’équipe, bien que la maison de la Harpiste ne soit fouillée que sur une surface limitée (105 m<sup>2</sup>).</p>
<p>Le remblai scellant cette maison est plus riche d’enseignements qu’escompté.</p>
<p>Au lieu d’un niveau vierge de mobilier attendu au regard du sondage réalisé en 2013, c’est une couche de destruction riche en matériel qui est mise au jour dès 2014.</p>
<p>Elle recèle les éléments issus de l’effondrement du rez-de-chaussée, mais également de l’étage dont une majeure partie des décors peints qui ornaient les murs. Le potentiel scientifique est évident avec des milliers de fragments de peintures recueillis dans 800 caisses, qui laissent espérer un remontage particulièrement conséquent.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/424727/original/file-20211005-24-1pifhqr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Découverte du premier visage en 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">M.-P. Rothé/MDAA-Inrap</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Ce recouvrement du site a favorisé la préservation de peintures en place sur les murs de deux pièces mitoyennes sur une longueur allant jusqu’à 4,60 m. À ces peintures encore en place s’ajoutent les parties supérieures effondrées en milliers de fragments. L’ensemble apparaît donc très vite comme un des plus complets jamais mis au jour en France <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01781265">pour des décors de deuxième style pompéien</a>.</p>
<h2>Plonger dans l’ambiance d’une riche maison romaine</h2>
<p>Durant les trois années de fouilles, une part importante de l’opération est donc consacrée au dégagement, à la documentation et au prélèvement des peintures. Étudiants et archéologues, qui découvrent souvent pour la première fois ce type de vestige, se laissent facilement émerveiller par la vivacité et la finesse des motifs qui réapparaissent sous leur gangue de terre. La force du décor est de permettre à chacun de se replonger très facilement dans ce que pouvait être l’ambiance d’une riche maison romaine. Pour le spécialiste aguerri à la fouille des peintures, le geste est plus habituel, plus banal, mais l’enthousiasme n’en est pas moins grand. La conscience, dès la découverte, de travailler sur un ensemble exceptionnel, est une source de motivation sans pareille.</p>
<p>Au fil des campagnes de fouilles, les découvertes vont crescendo. Après l’exploration, en 2014, d’une première pièce qui livre un riche décor à imitation d’architecture et de placages de marbres très colorés, la fouille de 2015 met au jour, dans la pièce voisine, un <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-01739683v1">nouveau décor de deuxième style</a>.</p>
<p>Rapidement, on exhume des fragments appartenant assurément à des parties de personnages de grande taille, nus ou vêtus… avant que les premiers visages n’apparaissent. Outre l’impact toujours réel de la représentation figurée sortant de terre, du visage à la fraîcheur improbable qui se révèle deux mille ans après son enfouissement, ce décor constitue d’emblée, pour les chercheurs, une découverte sensationnelle. C’est en effet la première fois qu’un décor figuré de deuxième style est mis au jour en France où seules les représentations architecturales sont jusqu’alors connues. La harpiste sera identifiée quelque temps plus tard lors du lavage des fragments et des premiers remontages complétant cette plaque.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Visage féminin en cours de remontage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Boislève/Inrap-MDAA</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Les études, découvertes en laboratoire</h2>
<p>Après le travail sur le terrain, la recherche se poursuit en laboratoire où les spécialistes de chaque catégorie de mobilier sont sollicités : <a href="https://www.inrap.fr/les-sciences-de-l-archeologie/La-palynologie">céramologue, numismate, architecte, palynologue</a> ou, <a href="https://www.inrap.fr/les-sciences-de-l-archeologie/La-geomorphologie">toichographologue, géomorphologue</a>. Chacun d’eux concourt à la compréhension de cette maison.</p>
<p>Ainsi, <a href="https://journals.openedition.org/gallia/2185">l’étude céramologique</a> permet de remettre en cause l’hypothèse selon laquelle l’occupation de la rive droite du Rhône est consécutive à la création de la colonie romaine en 46 avant notre ère. Les milliers de tessons de céramique recueillis dans la maison permettent de dater sa construction entre 70 et 50 avant notre ère, révélant une occupation précoce en rive droite du Rhône, jusqu’à présent présumée vierge de construction à cette période.</p>
<p>L’analyse de l’architecture livre également son lot de surprises car les techniques de construction de cette maison ne seront largement diffusées en Gaule qu’à partir des années 30 avant notre ère : murs maçonnés, tuiles, sol d’étage en briquettes disposées en épis (<em>opus spicatum</em>)… Ces éléments indiquent que le propriétaire des lieux a fait venir d’Italie des artisans et des matériaux, reflétant le niveau de vie élevé du maître des lieux tout en soulevant la question épineuse, et non résolue, de son identité. S’agit-il d’un haut dignitaire ou d’un négociant, la question reste encore ouverte.</p>
<figure class="align-left zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Paroi de deuxième style pompéien en cours d’étude, décor de l’antichambre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Boislève/Inrap-MDAA</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>L’étude des enduits peints, toujours en cours, apporte aussi son lot de connaissances et de surprises. Le lavage, puis le réassemblage patient et minutieux des milliers de fragments <a href="https://youtu.be/t123aruvUzc?list=PLH9LyBBb1gMqXFDhcVitjaNewwgtVljBu">font renaître de jour en jour des pans entiers du décor de chaque pièce</a>.</p>
<p>Dans la première salle étudiée, la compréhension totale de l’ornementation est ainsi acquise. Elle montre une composition qui scinde la pièce en deux espaces, formant une antichambre et une alcôve qui soulèvent l’hypothèse d’une chambre ou d’une salle à manger, avec l’emplacement dévolu au lit ou aux banquettes. Les motifs se précisent aussi au-delà de ce que nous avions aperçu lors de la fouille. Ici une variété d’imitations de marbres finement réalisées, là une petite frise figurée qui montre une scène d’amours chasseurs au milieu de lions ou d’autres animaux mythologiques.</p>
<p>Le travail du toichographologue connaît des étapes clés. La première satisfaction est de parvenir à comprendre l’organisation générale du décor sur la base des plaques remontées, de plus en plus complètes. L’enjeu est ensuite de parvenir à des recompositions suffisamment grandes pour espérer connaître de façon très précise l’architecture de la pièce. Et l’ensemble arlésien apporte de ce point de vue une entière réussite puisqu’après des mois de travail, un <a href="https://www.inrap.fr/puzzle-geant-arles-le-remontage-des-fresques-pompeiennes-de-la-maison-de-la-15947">mur complet est assemblé</a>. La hauteur sous plafond est connue, tout comme l’emplacement précis de la porte et même celui d’une fenêtre insoupçonnée.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Les plus grandes plaques recomposées sont soigneusement installées dans des bacs à sable.</span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Bénali/Inrap-MDAA</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Ces peintures dont l’étude s’achèvera en 2023 <a href="http://www.arles-antique.cg13.fr/le-musee/les-services">seront ensuite restaurées</a> avec pour objectif de reconstituer le volume de deux des pièces de cette maison en y intégrant les fresques, les seuils et les sols prélevés lors de la fouille. Ce projet novateur permettra au visiteur – d’ici quelques années – de contempler toute la splendeur de ces peintures bimillénaires et de s’émerveiller à son tour en replongeant dans ce qu’était la décoration intérieure d’une maison appartenant aux plus hautes élites de la cité romaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168312/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À Arles, les recherches réalisées sur la maison romaine de la Harpiste jettent un éclairage nouveau à la fois sur l’histoire de la ville antique et sur la diffusion des techniques de construction.Marie-Pierre Rothé, Archéologue – Attachée de conservation du Patrimoine - Chercheur associée par convention au CCJ/CNRS - Responsable scientifique de l’opération archéologique de la Verrerie, Musée départemental Arles Antique Julien Boislève, Archéologue, Toichographologue, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1629542021-09-15T19:11:07Z2021-09-15T19:11:07ZL’impression 3D, une révolution pour le secteur du BTP ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/416769/original/file-20210818-13-gxa2gc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1385%2C920&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'imprimante du BTP Maxi printer de «&nbsp;Constructions 3D&nbsp;».</span> <span class="attribution"><span class="source">Constructions 3D</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Un <a href="https://chroniques-architecture.com/dubai-apis-cor-impression-3d-bureaux/">immeuble de bureaux de deux étages</a> a été imprimé à Dubaï en 2019, devenant le plus grand bâtiment imprimé au monde par sa surface, 640 mètres carré. En France, XtreeE prévoit de construire cinq maisons destinées à la location pour fin 2021 dans le projet <a href="https://xtreee.com/project/viliaprint-cinq-maisons-individuelles/">Viliaprint</a>. <a href="https://www.constructions-3d.com/">Constructions 3D</a>, avec qui je réalise ma thèse, a imprimé les murs du pavillon de son futur siège en seulement 28 heures.</p>
<p>Aujourd’hui, il est possible d’imprimer des bâtiments. Entre sa rapidité et la variété des formes architecturales qu’elle permet de réaliser, l’impression 3D laisse envisager un secteur du BTP plus économe et plus écologique.</p>
<p>L’impression 3D consiste à reproduire un objet modélisé sur ordinateur grâce à la superposition de couches de matière. Aussi appelée fabrication additive, elle se développe dans le monde entier et tous les domaines, de la plasturgie à la médecine, ou de l’agroalimentaire à la construction.</p>
<p>Pour l’impression 3D de bâtiments, le mortier, composé de ciment, d’eau et de sable, s’écoule à travers une buse reliée à une pompe via un tuyau. Les tailles et types d’imprimantes varient d’un constructeur à un autre. Il y a d’une part les imprimantes « cartésiennes » (haut/bas, gauche/droite, avant/arrière) le plus souvent installées dans un système de cage et dont la taille des éléments imprimés dépend totalement. D’autre part il existe des imprimantes munies d’un bras robotisé, comme la <a href="https://www.constructions-3d.com/la-maxi-printer">« maxi printer »</a>, qui peuvent être déplacées sur n’importe quel chantier et permettent d’imprimer directement sur place les différentes parties d’une structure, avec une plus large gamme de taille d’objets.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416771/original/file-20210818-25-18klydg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pavillon imprimé par Constructions 3D à Bruay-sur-l’Escaut.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Constructions 3D</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, des spécialistes de l’impression 3D béton sont présents partout dans le monde, par exemple COBOD au Danemark, Apis Cor en Russie, XtreeE en France ou encore Sika en Suisse. Toutes ces entreprises ont un but commun : démocratiser la construction des bâtiments grâce à la fabrication additive.</p>
<h2>Du laboratoire à l’« échelle 1 »</h2>
<p>L’impression 3D nécessite des mortiers aux caractéristiques bien particulières et dont le comportement doit être en mesure d’évoluer très rapidement.</p>
<p>De fait, ces matériaux sont complexes et leur caractérisation toujours en développement : les mortiers doivent être assez fluides afin d’être « pompables » sans créer de bouchons dans le tuyau, et « extrudables » pour sortir de la buse d’impression sans blocage. Une fois déposé sous forme de cordon, le mortier doit changer très rapidement de comportement afin de supporter son propre poids ainsi que le poids des couches qui lui seront superposées. Aucun étalement de matériau ni « flambement de structure » n’est permis, car ils pourraient détruire l’objet. Par exemple, une forme simple de type carrée est sensible au flambement, c’est-à-dire à l’effondrement de l’objet, car aucune matière ne peut aider au maintien latéral des parois de la structure. Les formes composées de spirales et de courbes permettent d’augmenter la stabilité de l’objet et donc de limiter les risques de flambement.</p>
<p>Ces quatre critères (pompabilité, extrudabilité, constructibilité et esthétique) définissent le <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02900865/">cahier des charges</a> des encres cimentaires. Le mode de mise en œuvre du mortier ne doit pas en pénaliser les caractéristiques liées au service de l’objet telles que les résistances mécaniques ou les propriétés liées à la durabilité du mortier en question. Ainsi, le système d’impression, en comparaison avec une mise en place traditionnelle des mortiers, ne doit pas altérer les performances du matériau aussi bien en termes de résistances (en flexion et compression), mais également en termes de longévité.</p>
<p>De plus, le mortier doit posséder une taille de granulats et une composition globale adaptées au système d’impression. Certains systèmes, comme celui utilisé pour la « Maxi printer », nécessitent que tous les constituants du mortier hormis l’eau soient sous forme solide. Cela implique de trouver les adjuvants (produits chimiques permettant de modifier le comportement du matériau) adéquats. Les tests d’impression à l’échelle 1 nécessitent l’utilisation de très grandes quantités de matériaux.</p>
<p>Dans un premier temps les mortiers, aussi appelés encres, sont testés en laboratoire, à petite échelle, afin de limiter les quantités de matériaux utilisés. Un pistolet à silicone peut alors simuler l’impression et permettre la validation de plusieurs critères. Moins subjectifs, certains essais rendent mesurable le <a href="https://www.icevirtuallibrary.com/doi/abs/10.1680/jmacr.20.00193">caractère « constructible » des encres</a> tel que <a href="https://doi.org/10.1680/jmacr.20.00193">l’essai au « fall cone »</a> qui permet d’observer l’évolution du comportement du mortier au cours du temps, à l’aide d’un cône venant pénétrer le matériau à intervalles réguliers.</p>
<p>Une fois les mortiers validés au laboratoire, il convient de les tester à l’échelle 1, pour vérifier la pompabilité du matériau et les autres critères liés à l’imprimabilité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416772/original/file-20210818-27-13hdzxe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Mini printer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Estelle Hynek</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il faut noter qu’à ce jour, il n’existe pas de normes françaises ou européennes donnant des critères spécifiques de performances aux mortiers imprimables. De plus, les objets imprimés en 3D ne sont pas autorisés à être utilisés en tant qu’éléments porteurs d’un bâtiment. Il faudrait pour cela obtenir une certification, comme ce fut le cas pour le projet <a href="https://www.constructioncayola.com/batiment/article/2020/11/04/130801/viliaprint-est-parti-pour-impression-3d-beton">Viliaprint</a>.</p>
<h2>Trouver des substituts aux composants habituels du mortier pour des encres plus écologiques et économiques</h2>
<p>Les mortiers imprimables sont aujourd’hui majoritairement composés de ciment, un matériau bien connu pour son <a href="https://www.infociments.fr/ciments/les-nouveaux-ciments-bas-carbone">impact important en émission de CO₂</a>. Afin d’obtenir des encres plus écologiques et économiques, l’enjeu est donc de réaliser des encres cimentaires dont la part « <a href="https://www.infociments.fr/enjeux-societe/la-fabrication-du-ciment-source-maitrisee-de-co2">clinker</a> » (le composé principal du ciment, obtenu par calcination de calcaire et d’argile) serait diminuée, pour limiter l’impact carbone des mortiers et leur coût.</p>
<p>C’est dans cette optique que <a href="https://popups.uliege.be/nomad2018/index.php?id=207&file=1">l’IMT Nord-Europe</a> s’attelle à l’incorporation de sous-produits industriels et d’additions minérales dans ces mortiers. Par exemple, le <a href="https://www.infociments.fr/glossaire/filler">« filler calcaire »</a> est une poudre très fine de calcaire, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Laitier_(m%C3%A9tallurgie)">« laitier de haut-fourneau »</a> est un coproduit de l’industrie sidérurgique, le <a href="http://doc.lerm.fr/information-normative-le-point-sur-les-metakaolins/">métakaolin</a> est une argile calcinée (la kaolinite), les cendres volantes peuvent être issues de la biomasse (ou de la combustion du charbon pulvérisé dans les chaudières des centrales thermiques), les <a href="https://fr.wiktionary.org/wiki/MIDND">MIDND</a> sont des mâchefers d’incinération de déchets non dangereux, ou encore les briques concassées et broyées. Tous ces matériaux ont été utilisés dans les encres à base cimentaire pour l’impression 3D afin de remplacer partiellement voire totalement le liant, c’est-à-dire le ciment.</p>
<p>Du côté du « squelette » granulaire du mortier, habituellement composé de sable naturel, on envisage aussi des substitutions. Ainsi, le projet européen <a href="https://www.nweurope.eu/projects/project-search/cirmap-circular-economy-via-customisable-furniture-with-recycled-materials-for-public-places/">CIRMAP</a> vise à substituer totalement le sable naturel par du sable recyclé constitué le plus souvent de béton concassé recyclé, issu de la déconstruction de bâtiments.</p>
<p>Les difficultés liées aux substitutions du liant et du squelette granulaire sont multiples : les additions minérales peuvent rendre le mortier plus ou moins fluide qu’initialement, entraînant des conséquences sur les caractères extrudable et constructible de l’encre, et les résistances mécaniques en flexion et/ou compression peuvent également être fortement impactées selon la nature du matériau utilisé et le taux de substitution du ciment.</p>
<p>Bien que l’impression 3D soulève de nombreuses problématiques, cette nouvelle technologie permet la fabrication de réalisations architecturales audacieuses et devrait permettre de réduire les risques présents sur les chantiers actuels de construction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162954/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Estelle Hynek a reçu des financements de Constructions 3D, l'I-Site et la région Hauts de France.</span></em></p>Imprimer des bâtiments, c’est possible. L’objectif serait de rendre le secteur du BTP plus économe et écologique en travaillant notamment sur de nouveaux matériaux.Estelle Hynek, Doctorante en Génie Civil, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1675492021-09-14T21:50:21Z2021-09-14T21:50:21ZPourquoi la loi climat ne rendra pas la commande publique forcément « plus verte »<p>Promulguée le 22 août 2021, la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000043957012">loi climat et résilience</a> comporte un article 35 relatif à la commande publique responsable. Il propose un ensemble de modifications et de nouveaux ajouts au code de cette commande, apparemment en faveur des sphères sociales et environnementales.</p>
<p>Cinq grandes thématiques se dégagent des modifications induites par cet article :</p>
<ul>
<li><p>L’obligation de mettre en place des critères techniques environnementaux, des clauses environnementales et des critères de sélection responsables dans les différentes formes de marché (marchés de prestation, partenariats et concession) ;</p></li>
<li><p>Le durcissement des obligations liées au schéma de promotion des achats publics socialement responsables ;</p></li>
<li><p>L’élargissement des clauses sociales et environnementales, de façon facultative, aux marchés de défense ou de sécurité ;</p></li>
<li><p>La mise en valeur de l’insertion par l’activité économique et du rôle de la commande publique dans le retour à l’emploi des publics fragiles ;</p></li>
<li><p>La possibilité d’exclure du processus de passation des offres un prestataire n’ayant pas honoré la production de son plan de vigilance quand celui-ci y est soumis par la loi sur le devoir de vigilance.</p></li>
</ul>
<p>Si <em>a priori</em> cette législation semble changer de nombreuses pratiques pour les acheteurs dans les collectivités locales, plusieurs limites sont à souligner.</p>
<h2>Les clauses environnementales, déjà obligatoires</h2>
<p>Tout d’abord, les clauses environnementales existent déjà depuis 2007, et sont devenues obligatoires dans les marchés de travaux avec la loi transition énergétique <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031044385">pour une croissance verte</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1284137354291228680"}"></div></p>
<p>L’ensemble des clauses obligatoires liées à l’environnement sont déjà catégorisées par le gouvernement <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plan_national_d_action_pour_les_achats_publics_durables_2015-2020.pdf">comme clauses environnementales</a>.</p>
<p>Ainsi, l’atteinte d’objectifs quantitatifs en nombre de clauses environnementales pourrait correspondre à une recatégorisation de clauses aujourd’hui considérées seulement comme obligatoires en clauses environnementales.</p>
<p>Par exemple, l’obligation de traitement des déchets générés lors des marchés de travaux, qui est légalement considéré comme une clause environnementale, est rarement considérée comme telle lors d’entretiens menés avec des acheteurs des collectivités locales. Ainsi, sa requalification en clause environnementale pourrait permettre d’atteindre des objectifs quantitatifs, s’ils sont calibrés pour correspondre uniquement à cette requalification.</p>
<h2>Des critères sociaux et d’emploi, sauf si…</h2>
<p>L’un des éléments les plus ambitieux de la loi est la possibilité de considérer dans les conditions d’exécution du marché, des aspects relatifs au domaine de l’emploi ou au domaine social.</p>
<p>Malheureusement, il apparaît fortement limité. Ces considérations demeurent d’une part à la discrétion des acheteurs, même si ces derniers doivent justifier de ne pas en tenir compte. Par ailleurs, cette « prise en compte » n’est pas obligatoire si le besoin peut être satisfait immédiatement ; si les liens entre les critères sociaux et d’emploi et l’objet du marché sont insuffisants ; si l’application de ces critères engendre une distorsion de la concurrence ou des complexités économiques ou pratiques dans le fonctionnement du marché ; et s’il s’agit d’un marché de travaux d’une durée inférieure à six mois.</p>
<p>Ainsi, les exceptions à la mise en place des clauses et des critères relatifs aux domaines du social ou de l’emploi sont nombreuses. Par ailleurs, les critères d’emploi et sociaux, s’ils sont rattachés au fonctionnement de l’entreprise, seront nécessairement considérés comme <a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/13666">éloignés de l’objet du marché</a></p>
<p>Ce faisant, la législation ne propose finalement que de développer les clauses sociales existant dans les marchés publics <a href="https://journals.openedition.org/formationemploi/4933">depuis les années 1990</a>.</p>
<h2>Le devoir de vigilance, motif d’exclusion ?</h2>
<p>L’autre innovation majeure apportée par cette législation est la liaison de la commande publique et de la <a href="https://www.vie-publique.fr/rapport/273894-loi-sur-la-vigilance-des-societes-meres-et-entreprises-donneuse-d-ordre">loi sur le devoir de vigilance</a>. Cette dernière impose aux sociétés de plus de 5 000 salariés directs ou indirects (filiales) dont le siège social est situé sur le territoire français, ou à celles de plus de 10 000 salariés directs ou indirects dans l’Hexagone (dont le siège est hors de France) d’établir un plan de vigilance.</p>
<p>Ce plan comporte des mesures de vigilance « raisonnable » relatives aux actions de l’entreprise, de ses filiales directes ou indirectes, de ses sous-traitants et de ses fournisseurs.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/4tQ47W-A4y8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Devoir de vigilance pour les grandes sociétés françaises (France 24, 3 janvier 2018).</span></figcaption>
</figure>
<p>L’objectif est de limiter les atteintes graves, qui pourraient résulter des actions susmentionnées, aux droits humains, aux libertés fondamentales, à la santé et la sécurité des personnes, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034290626?r=pVMKLHBtRF">ainsi qu’à l’environnement</a>.</p>
<p>La loi climat et résilience permet d’écarter du processus d’attribution des offres une société n’ayant pas rempli son devoir de vigilance l’année courante ou précédant le processus de sélection des offres.</p>
<h2>Le droit de la concurrence avant tout</h2>
<p>Cependant, il est interdit d’écarter un prestataire si cela entraîne un risque de distorsion de concurrence ou des complexités économiques ou pratiques dans la réalisation du marché.</p>
<p>Concrètement, cela signifie que dans un processus d’appel d’offres, si uniquement deux prestataires soumis à la loi sur le devoir de vigilance se positionnent, que l’un l’a honoré et l’autre non, l’acheteur ne pourra pas écarter le prestataire qui n’est pas en règle, car cela reviendrait à une distorsion de concurrence.</p>
<p>Par ailleurs, les très grosses sociétés – qui sont les seules à être contraintes à ce devoir – se placent principalement sur des marchés de grandes tailles pointés pour être <a href="https://www.cairn.info/revue-notes-du-conseil-d-analyse-economique-2015-3-page-1.htm">très peu concurrentiels</a>.</p>
<p>Ainsi, la possibilité d’écarter une entreprise n’ayant pas répondu à son devoir de vigilance semble difficile à mettre en œuvre sans risquer immédiatement la distorsion de concurrence.</p>
<h2>Le critère du prix continue de primer</h2>
<p>Enfin, à la lecture de l’ensemble de l’article 35 de la loi climat et résilience, on comprend que les critères sociaux et environnementaux sont systématiquement soumis aux impératifs de non-distorsion de la concurrence et de « bonne gestion » des deniers publics.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1181849815170375680"}"></div></p>
<p>Ces deux conditions se traduisent dans la pratique par une tendance des acheteurs à favoriser le critère prix au dépit des critères sociaux et environnementaux afin d’assurer la solidité juridique des achats publics.</p>
<p>Le meilleur exemple est sûrement la création de l’article L. 3-1 du code de la commande publique, qui conditionne la poursuite d’objectifs de développement durable à l’application des règles de concurrence et à la bonne gestion des deniers publics.</p>
<h2>Des effets très circonscrits</h2>
<p>Ainsi, si la loi climat et résilience semble plutôt audacieuse sur le papier, ses effets risquent, dans la pratique, d’être limités par les exceptions nombreuses à l’introduction de conditions d’exécutions sociales ou liées à l’emploi. Mais également par le fait que les critères sociaux, environnementaux ou liés à la loi sur le devoir de vigilance soient soumis aux règles de concurrence.</p>
<p>Et enfin par le conditionnement de la poursuite d’objectifs de développement durable au respect des règles de concurrence et à <a href="http://www.erudit.org/fr/revues/mi/2015-v20-n1-mi03638/1045357ar/">« une bonne gestion » des deniers publics</a> (qui n’est pas définie, mais renvoie généralement dans la pratique à la diminution des dépenses publiques).</p>
<p>Notons également la <a href="https://www.senat.fr/leg/pjl20-551.pdf">suppression entre la publication de la loi et son projet</a> de l’obligation d’utilisation de 25 % de matériaux biosourcés dans les marchés de travaux et la liaison des clauses environnementales et sociales dans une perspective d’approche systémique du développement durable.</p>
<p>La loi climat et résilience s’inscrit donc indéniablement, dans son article 35, dans une forme de <a href="https://www.cairn.info/l-evaluation-de-la-durabilite--9782759219049-page-23.htm">soutenabilité faible</a> du développement durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167549/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Gayot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les critères sociaux et environnementaux sont toujours soumis aux impératifs de non-distorsion de la concurrence et de « bonne gestion » des deniers publics.Olivier Gayot, doctorant en sciences économiques, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1582022021-04-22T18:21:13Z2021-04-22T18:21:13ZCircularité, industrialisation et numérique : trois clés pour accélérer la rénovation énergétique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/396500/original/file-20210422-19-8v4uj3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=242%2C20%2C4075%2C2472&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le secteur du logement dans l'Union européenne produit 35 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-illustration/3d-rendering-house-undergoing-amplifying-renovations-1736233328">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Parmi ses propositions, la <a href="https://propositions.conventioncitoyennepourleclimat.fr/objectif/rendre-obligatoire-la-renovation-energetique-globale-des-batiments-dici-2040/">convention citoyenne pour le climat</a> a demandé que soit fixé à 2040 l’objectif de rénovation énergétique globale des bâtiments.</p>
<p>Le projet de <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3875_projet-loi">loi du gouvernement</a> actuellement en discussion à l’Assemblée nationale est à cet égard moins ambitieux, puisqu’il fixe ce cap à 2050.</p>
<p>Néanmoins, il semble que le réel frein à l’accélération de la rénovation réside surtout dans la faible productivité du secteur du bâtiment. Ce dernier a pourtant un rôle colossal à endosser dans la transition.</p>
<p>Selon le projet européen <a href="https://houseful.eu/">« Houseful »</a>, le secteur du logement – construction et usages compris – représente dans l’Union européenne 50 % des matériaux extraits et absorbe 40 % de l’énergie et 30 % de l’eau consommées. Il produit par ailleurs 30 % des déchets totaux, ainsi que 35 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’UE.</p>
<p>Malgré ces constats, le secteur de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction souffre encore de sa fragmentation, de la complexité de sa réglementation, d’une productivité qui croît trop lentement, d’un approvisionnement mal géré et d’un cadre contractuel qui entrave la collaboration tout au long de la chaîne de valeur. C’est en tout cas ce que soulignait en 2017 un rapport du <a href="https://www.mckinsey.com/business-functions/operations/our-insights/improving-construction-productivity">cabinet McKinsey</a>.</p>
<p>Autant de caractéristiques qui entravent sa mise en adéquation avec les objectifs européens fixés par le <a href="https://theconversation.com/le-numerique-cet-impense-du-pacte-vert-europeen-143575">pacte vert</a>, feuille de route élaborer pour que l’UE atteigne la neutralité carbone en 2050. Tout espoir n’est pas perdu néanmoins. En s’appuyant sur les nouvelles technologies numériques, une automatisation avancée et de nouveaux matériaux, le secteur est en mesure de se transformer.</p>
<p>Dans le cadre de nos recherches en cours, nous nous intéressons à trois grands piliers indispensables selon nous à l’évolution du secteur : la circularité ; la création de nouveaux modèles économiques ; et le déploiement de processus numériques transparents.</p>
<h2>Circularité et nouveaux matériaux</h2>
<p>Il est essentiel que le secteur du bâtiment se penche sérieusement sur les solutions circulaires. Selon le <a href="https://www.resourcepanel.org/fr/reports/resource-efficiency-and-climate-change">Groupe international d’experts sur les ressources</a> (GIER) du Programme des Nations unies pour l’environnement, ces dernières permettraient de réduire de 35 % les émissions de carbone sur le cycle de vie des pays du G7 grâce à des stratégies d’efficacité des matériaux. Pour la Chine et l’Inde, la baisse devrait même atteindre les 60 %.</p>
<p>Une telle mutation implique que le secteur conçoive ses bâtiments différemment. Cela implique de privilégier de nouveaux matériaux à base de bois en sélectionnant des composants de construction bas carbone, de restreindre l’utilisation de matières premières vierges (non recyclées), et de développer une chaîne de valeur qui réutilise des éléments recyclés ou même des modules de bâtiments entiers.</p>
<p>Aujourd’hui, la destruction des bâtiments produit encore bien souvent des déchets toxiques : en Allemagne par exemple, 32 % des déchets toxiques <a href="https://ec.europa.eu/environment/system/files/2021-01/resource_efficient_uses_mixed_waste_Final_Report.pdf">sont issus de leur construction et démolition</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1318806248582750208"}"></div></p>
<p>Cela exige en amont de disposer de chaînes d’approvisionnement plus adaptées à une utilisation accrue de matériaux secondaires et régénératifs, et de décarboner également les opérations et la logistique. À l’avenir, l’impact carbone de la filière sera calculé en tenant compte de l’énergie grise incorporée – c’est-à-dire la quantité d’énergie consommée tout au long du cycle de vie d’un matériau ou d’un produit.</p>
<p>Les investisseurs paraissent confiants dans une transformation du secteur, comme l’a souligné l’investissement de SoftBank dans Katerra. Cette entreprise fondée en 2015 promet de déplacer une grande partie de la construction hors chantier – c’est-à-dire une production de masse qui permettra de gagner en productivité – et de s’appuyer sur l’automatisation et les nouveaux matériaux afin de réaliser des gains de productivité grâce à une industrialisation efficace.</p>
<p>Cinq ans après son lancement, SoftBank a dû renflouer Katerra avec <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/katerra-le-nouveau-caillou-dans-la-chaussure-de-softbank-1297858">200 millions de dollars de capitaux frais</a> pour la sauver de la faillite. L’illustration que la révolution du secteur ne se fera pas sans épreuves.</p>
<h2>S’industrialiser grâce au numérique</h2>
<p>L’impératif de circularité, qui tend à dissocier la consommation des ressources de la croissance économique, constitue un défi de taille pour le secteur. Mais il ouvre aussi tout un horizon de possibilités : la plupart des entreprises de construction traditionnelles n’ont jusqu’ici pas exploré les possibilités commerciales dans les phases d’après-vente et de fin de vie des bâtiments.</p>
<p>Elles perdent ainsi complètement la trace de leurs constructions et par la même occasion, de précieuses opportunités qui pourraient devenir encore plus intéressantes avec le financement du pacte vert pour l’Europe et les nouvelles réglementations.</p>
<p>Des acteurs émergeants investissent ces failles et comblent ces lacunes en créant par exemple des plates-formes pour les marchés de matériaux secondaires – comme <a href="https://www.enviromate.co.uk/">Environmate</a> – afin de créer de la valeur dans la déconstruction des bâtiments. Pour cela il est nécessaire de rendre accessibles les informations sur les bâtiments.</p>
<p>Le pacte vert pourrait ici fonctionner comme un catalyseur, en exigeant la divulgation d’informations sur la performance des bâtiments, un écosystème entièrement numérique naîtra. Toutes les données sur les composants et les bâtiments sont saisies dans des passeports de matériaux et des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jumeau_num%C3%A9rique">jumeaux numériques</a> qui rend accessible en « open source » toutes les informations sur le bâtiment de façon à créer un marché plus ouvert et à améliorer la gestion du cycle de vie des bâtiments et de leurs matériaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1219465577250676738"}"></div></p>
<p>La plate-forme en ligne néerlandaise <a href="https://madaster.com/">Madaster</a>, par exemple, est à l’avant-garde pour permettre aux bâtiments de devenir des banques de matériaux. Les entreprises capables de développer rapidement des jumeaux numériques de leurs constructions pourront bénéficier de ces modèles économiques innovants en récupérant par exemple des modules réutilisables de bâtiments détruits.</p>
<p>Un autre obstacle que le pacte vert pour l’Europe pourrait surmonter est celui de la rénovation énergétique. Dans l’Union européenne, 1 % seulement du parc immobilier est rénové chaque année. </p>
<p><a href="https://foresightdk.com/why-building-renovation-is-not-yet-taking-off/">Thomas Boermans</a>, responsable de la prospective chez E.ON – une entreprise de production et de fourniture d’électricité – estime ainsi que le regroupement de chantiers pour capitaliser sur les similitudes des bâtiments voisins dans un quartier, atteindre une plus grande taille de projets et inclure des solutions d’infrastructures – telles que le chauffage urbain – pourrait contribuer à accélérer le mouvement. Il faudra pour cela combiner les subventions du pacte vert avec de nouveaux modèles économiques et la participation des municipalités.</p>
<p>Les modules préfabriqués, ainsi que l’assemblage hors chantier et industrialisé réduiraient également considérablement les coûts, rendant la rénovation plus attractive pour les propriétaires et pour les entreprises.</p>
<h2>Rendre le secteur plus attractif</h2>
<p>Les gains de productivité ne seront réalisables dans le secteur du bâtiment que si les outils et les processus numériques sont adoptés par l’ensemble de la chaîne de valeur. Il faudra pour cela mettre en place de nouveaux cadres de coopération qui instaurent la confiance et facilitent les innovations collaboratives. Les acteurs numériques pourraient également être en mesure de combler ces lacunes.</p>
<p>Mais si le secteur du bâtiment veut contribuer l’objectif de neutralité carbone du pacte vert pour l’Europe, il devra d’abord numériser son processus de production et d’industrialisation. Cela encouragerait les fabricants de modules et de composants de créer des produites standardiser, de rendre les plans accessibles aux architectes en amont, et aux constructeurs d’automatiser leurs processus. En bref, d’optimiser l’efficacité de la rénovation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"851640538503794692"}"></div></p>
<p>Combinée avec l’industrialisation, cela rendra le secteur de la construction plus attrayant pour la main-d’œuvre hautement qualifiée – par exemple en informatique. Attirer des talents extérieurs au bâtiment sera essentiel pour transférer les meilleures pratiques d’autres industries, faire émerger de nouveaux profils d’emploi et stimuler la productivité et la durabilité.</p>
<hr>
<p><em>Martin Pauli, directeur associé chez ARUP, bureau d’études et de conseil en ingénierie britannique spécialisé dans la construction, a contribué à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158202/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>René Rohrbeck ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le secteur du bâtiment doit se réinventer pour s’aligner sur les objectifs du pacte vert européen.René Rohrbeck, Professor of strategy, Director Edhec Chair for Foresight, Innovation and Transformation, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1476672020-10-20T19:57:44Z2020-10-20T19:57:44ZLes bâtiments de demain seront… vivants !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/362111/original/file-20201007-20-pyth32.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C7%2C4916%2C3490&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue imaginaire de l’intérieur d’un « bâtiment vivant ».</span> <span class="attribution"><span class="source">Assia Stefanova/Hub for Biotechnology in the Built Environment</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Et si nos logements étaient des êtres vivants ? Je ne parle pas ici de maisons intelligentes dans lesquelles la voix désincarnée d’Alexa décide où installer les nouvelles lampes du salon.</p>
<p>Je veux dire vraiment vivants – qui grandissent, vivent, respirent et même se reproduisent. L’idée peut sembler farfelue, mais face à la crise climatique, nous avons besoin de repenser radicalement notre façon d’habiter et de concevoir notre environnement.</p>
<p>La biologie réalise aujourd’hui des prouesses en matière d’ingénierie. Et, dans le domaine de la construction, la prochaine étape pourrait être de créer des bâtiments qui font partie intégrante de la nature. Avec mes confrères et consœurs des universités de Newcastle et de Northumbria (Grande-Bretagne), nous avons lancé un <a href="http://www.bbe.ac.uk/">nouveau centre de recherches</a> dédié à ces possibilités.</p>
<p>Voici cinq manières dont nous pensons que les bâtiments du futur pourraient évoluer pour devenir des choses vivantes et respirantes !</p>
<h2>Des bâtiments qui poussent</h2>
<p>Du calcaire coquillier au bois des arbres morts, nous utilisons déjà nombre de matériaux naturels pour construire ; cette palette pourrait être radicalement étendue. Le magazine <em>Scientific American</em> a récemment présenté le mycélium, qui désigne l’appareil végétatif des champignons, comme un <a href="https://blogs.scientificamerican.com/observations/the-mycelium-revolution-is-upon-us/">matériau du futur</a>.</p>
<p>Et c’est vrai, le mycélium a besoin d’à peine plus que des copeaux de bois ou du marc de café pour pousser, et ce en très peu de temps, créant ainsi des matériaux aux excellentes performances structurelles.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/nuvd7bxpjIg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>À New York, <a href="https://www.archdaily.com/521266/hy-fi-the-organic-mushroom-brick-tower-opens-at-moma-s-ps1-courtyard">l’installation Hi-fi</a> présentait une tour de 13 mètres de haut, construite à l’aide de briques de mycélium. Le prochain défi consisterait à concevoir une structure dans laquelle ce mycélium demeurerait en partie vivant, restant capable de pousser et d’évoluer.</p>
<p>Le projet de <a href="https://www.nasa.gov/directorates/spacetech/niac/2018_Phase_I_Phase_II/Myco-architecture_off_planet/">myco-architecture</a>, mené par Lynn Rothschild à la NASA, a exploré cette possibilité en imaginant, dans la perspective de voyages sur d’autres planètes, des habitats qui se reproduiraient d’eux-mêmes.</p>
<h2>Des bâtiments qui guérissent</h2>
<p>Les fissures dans le béton d’un bâtiment marquent généralement le début de la fin. L’eau s’infiltre, finissant par rouiller les renforts métalliques qui maintiennent la structure.</p>
<p>Mais des chercheurs ont commencé à expérimenter un béton qui peut s’autoguérir. Une méthode prometteuse – actuellement développée par un groupe dirigé par <a href="https://www.tudelft.nl/en/2015/tu-delft/tu-delft-self-healing-bio-concrete-nominated-for-european-inventor-award/">Henk Jonkers à l’Université de technologie de Delft</a> (Pays-Bas) – entend incorporer des spores bactériennes (soit des graines de bactéries) dans le mélange avec lequel se fabrique le béton.</p>
<p>Dès que l’eau commence à s’infiltrer dans les fissures microscopiques, la bactérie se réactive. Le matériau devient alors littéralement vivant, déclenchant un processus chimique qui fait croître de nouveaux cristaux de calcite « guérissant » le béton. L’utilisation de cette technique peut prolonger la vie d’un bâtiment de plusieurs décennies, voire davantage.</p>
<h2>Des bâtiments qui respirent</h2>
<p>De nombreuses constructions – et tout particulièrement les <a href="https://theconversation.com/glass-skyscrapers-a-great-environmental-folly-that-could-have-been-avoided-116461">gratte-ciels vitrés</a> présents dans les grandes villes du monde – sont lourdement équipés pour assurer un bon fonctionnement.</p>
<p>Des systèmes de climatisation mécaniques, semblables à des poumons, font circuler l’air pour réchauffer et rafraîchir les pièces. Bien sûr, on peut toujours penser à ouvrir une fenêtre pour faciliter une ventilation naturelle mais ne serait-ce pas mieux si les murs pouvaient respirer ?</p>
<p>À l’Institut de technologie du Massachusetts (États-Unis), l’équipe d’Hironshi Ishii a développé des <a href="https://tangible.media.mit.edu/project/biologic/">matériaux dont la forme peut varier</a> en présence de l’eau. Ces matériaux consistent en autant de couches de spores bactériennes (similaires à celles utilisées dans le béton autocicatrisant évoqué précédemment) et de latex. Lorsque le matériau sèche, il se contracte et change de forme. Ces scientifiques ont montré de possibles applications dans notre quotidien, comme ces vêtements capables de « réagir » à la transpiration.</p>
<p>Mon équipe a commencé à explorer la possibilité <a href="http://www.synbio.construction/2019/07/05/active-origami-project-presented-at-caltech/">d’étendre cette méthode</a> à la construction, pour créer au sein des bâtiments des membranes capables de « transpirer » à mesure que l’humidité intérieure augmente. En utilisant des membranes en latex, recouvertes de spores bactériennes, le matériau s’assouplira et ouvrira ses pores – comme les glandes qui sécrètent la sueur –, permettant à l’air de circuler à travers les parois.</p>
<h2>Des bâtiments avec un système immunitaire</h2>
<p>Nous sommes entourés de milliards de microorganismes, présents partout sur les surfaces de nos maisons, de nos corps et dans l’air. Alors que nous dépensons chaque année des fortunes en nettoyants antibactériens pour tuer ces écosystèmes complexes, nous savons désormais que les personnes <a href="https://www.bbc.co.uk/news/science-environment-17952320">vivant à la campagne souffrent moins d’allergies</a> que les urbains. Et il semble qu’être exposé à de « bonnes » bactéries aiderait les enfants à construire leur système immunitaire.</p>
<p><a href="https://www.ucl.ac.uk/bartlett/architecture/news/2017/aug/bartlett-researchers-are-awarded-funding-tackle-anti-microbial-resistance">Dans le cadre d’un projet pilote très intéressant</a>, des chercheurs de la University College de Londres ont commencé à étudier comment concevoir des surfaces pour nos cuisines (par exemple) qui soient bioréceptives – c’est-à-dire qui favorisent la croissance de bactéries connues pour offrir une résistance aux insectes causant des maladies. Sans doute pourrons-nous bientôt manger nos yaourts probiotiques… dans des cuisines probiotiques !</p>
<h2>Des bâtiments avec un estomac</h2>
<p>La plupart des bâtiments nécessitent une énorme quantité de matériaux et d’énergie, tout en rejetant des déchets qui doivent ensuite être enlevés et traités à l’échelle industrielle.</p>
<p>De nouvelles recherches suggèrent cependant que ces déchets pourraient devenir une source d’énergie pour la construction. Une équipe de chercheurs du <a href="https://livingarchitecture-h2020.eu/">projet européen Living Architecture</a> travaille à la mise au point d’un nouveau type de pile à combustible microbienne, utilisant les déchets domestiques pour générer de petites quantités d’énergie ; ces travaux interviennent dans le cadre d’un projet plus vaste, explorant la puissance de traitement des microbes dans les bâtiments.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284977/original/file-20190719-116543-iyhc9n.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Piles à combustible microbiennes développées dans le cadre du projet européen Living Architecture.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Photographe du consortium Living Architecture</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Ces piles à combustible seraient intégrées aux briques qui, en plus d’en être l’estomac, feraient partie intégrante de la structure du bâtiment. Elles absorberaient les eaux usées et les bactéries, elles convertiraient, au fur et à mesure de la décomposition des déchets, l’énergie chimique en énergie électrique. Dans un tel scénario, les toilettes pourraient aussi recharger votre téléphone portable.</p>
<p>Aussi excitante que soit la promesse de bâtiments « vivants », des inconvénients existent ici ; à commencer par l’inévitable disparition de ces constructions. Mais c’est déjà le cas des logements actuels, dont la démolition s’avère coûteuse et polluante.</p>
<p>Imaginons plutôt une ville où les immeubles pourraient mourir tranquillement pour s’en retourner à la terre, fournissant une précieuse nourriture pour les suivants, capables de grandir, évoluer, s’adapter. N’est-ce pas plus excitant qu’une maison intelligente dont le réfrigérateur range automatiquement vos brocolis ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147667/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Martyn Dade-Robertson a reçu des financements du EPSRC (EP/R003629/1) pour le Thinking Soils Project. The Hub, for Biotechnology in the Built Environment a reçu des financements de Research England dans le cadre du programme Expanding Excellence in England (E3).</span></em></p>Des blocs de construction en champignons au béton auto-cicatrisant, l’architecture utilise la biotechnologie pour donner vie aux bâtiments.Martyn Dade-Robertson, Professor of Emerging Technology, Co-director of the Hub for Biotechnology in the Built Environment, Newcastle UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1449532020-09-21T19:16:49Z2020-09-21T19:16:49ZRelance verte : le potentiel d’un double bénéfice écologique et économique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/359061/original/file-20200921-18-4fr20n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C14%2C4992%2C3315&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour un plan de relance verte cohérent, les mesures budgétaires ne suffiront pas.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/hand-woman-watering-small-plant-pot-628876592">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le gouvernement <a href="https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance">a dévoilé début septembre</a> les détails de France Relance, son plan de relance pour l’économie. Doté de 100 milliards d’euros sur 2 ans, il doit répondre à la crise majeure engendrée par la pandémie liée au coronavirus. Au sein de cette enveloppe, 30 milliards sont consacrés à la transition écologique.</p>
<p>Il n’est pas (encore) possible de proposer une évaluation macroéconomique de ces annonces. Néanmoins, à la demande du Haut conseil pour le climat (HCC), l’Agence de la transition écologique (Ademe) a simulé au printemps dernier les effets du plan de relance proposé par l’Institut pour l’économie du climat (I4CE) en avril, conçu pour permettre d’atteindre certains objectifs sectoriels de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) en 2030.</p>
<p>Si les plans du gouvernement et d’I4CE sont distincts, ils subventionnent les mêmes secteurs économiques, dans des ordres de grandeur similaires à court terme. Ainsi, les mécanismes déclenchés par le volet vert de France Relance devraient être les mêmes que ceux explicités par la modélisation de la relance I4CE : on peut donc s’attendre à des effets macroéconomiques proches.</p>
<p>Si ces effets se confirment, le programme du gouvernement pourrait amorcer une trajectoire énergétique compatible avec la SNBC, tout en présentant des effets positifs sur l’activité, l’emploi et les comptes publics.</p>
<p>Ceci toutefois à plusieurs conditions. En premier lieu, l’effort budgétaire vert doit croître dans le temps. De 10,6 milliards d’euros supplémentaires par an à court terme, il faudra passer à +20 milliards par an sur 2024-2028, selon I4CE, pour les trois seuls secteurs de la rénovation des bâtiments, des transports et de l’énergie renouvelable.</p>
<p>Ensuite, les mesures budgétaires ne suffiront pas : des évolutions réglementaires ambitieuses sont également indispensables.</p>
<p>Enfin, la relance verte doit être coordonnée. Au niveau français, cela passe par la compatibilité de toute mesure, qu’elle ait été prise au printemps, dans les autres volets de France Relance, ou qu’elle soit à venir, avec la SNBC. Au niveau européen, la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Union parait essentielle à la réalisation de nos objectifs à l’échelle planétaire.</p>
<p>Plus qu’une relance, c’est une transition ou une transformation profonde de nos économies qu’il s’agit d’opérer.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1302693162411065344"}"></div></p>
<h2>Plan de relance et objectifs climatiques</h2>
<p>Think tank spécialisé notamment sur les sujets de financements nécessaires à la transition écologique, l’Institut pour l’économie du climat (I4CE) avait dévoilé début avril, puis actualisé en juillet, un <a href="https://www.i4ce.org/download/relance-comment-financer-laction-climat/">scénario de plan de relance verte</a> qui évaluait les investissements nécessaires pour être en phase avec 3 objectifs sectoriels fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).</p>
<p>En avril, ce plan donnait ainsi une fourchette basse des montants indispensables à mobiliser pour que la France respecte ses engagements climatiques. I4CE chiffrait alors ce besoin additionnel dans trois secteurs clefs de la transition énergétique (rénovation des bâtiments, transports, électricité renouvelable) à 5,2 milliards d’euros par an (0,2 point de PIB) jusqu’en 2023, avant de passer à 14,6 milliards d’euros par an sur la période 2024-2028.</p>
<p>En juillet, l’institut l’a actualisé en ajoutant les dépenses à engager sur la production de gaz renouvelable et les réseaux de chaleur, les infrastructures de recharge pour les véhicules électriques, à gaz et hydrogènes, les poids lourds et les bus bas carbone. Le besoin de dépenses publiques additionnelles est désormais évalué à 6,8 milliards d’euros par an jusqu’en 2023, avant de passer à 20 milliards d’euros par an de 2024 à 2028.</p>
<p>Dans les grandes masses et à court terme, les montants d’investissements verts prévus par France Relance (10,6 milliards d’euros par an supplémentaires sur deux ans pour les trois secteurs considérés ici : bâtiments, transports, énergies renouvelables) paraissent plus ambitieux que le chiffrage d’I4CE (6,8 milliards par an supplémentaires sur quatre ans).</p>
<p>Le plan gouvernemental a donc le potentiel d’amorcer une trajectoire compatible avec la SNBC, s’il veille à respecter trois conditions.</p>
<p>La première est d’amplifier dans le temps l’effort budgétaire : la transition écologique nécessite en effet un effort accru à moyen terme – 20 milliards d’euros supplémentaires par an de 2024 à 2028 selon I4CE.</p>
<p>La deuxième condition implique des mesures non budgétaires, par exemple réglementaires, ambitieuses. Citons en exemples les obligations de rénovation des bâtiments séquencées dans le temps (en fonction de leur consommation énergétique), la structuration de filières professionnelles, l’interdiction à la vente des véhicules les plus polluants, des voies de circulation et de stationnement réservées aux véhicules bas-carbone, etc.</p>
<p>Enfin, la dernière concerne les autres mesures du plan de relance (par exemple le soutien aux filières aéronautique et automobile, la baisse des impôts dits de production), qui ne doivent pas contrecarrer les efforts attendus en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358456/original/file-20200916-20-1hhvydu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comparaison des plans de relance verte « France Relance » et I4CE.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ademe</span></span>
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<h2>Énergies renouvelables, transport et bâtiment</h2>
<p>Le plan d’I4CE présente des mesures dans trois secteurs de transition : le bâtiment, les transports et les énergies renouvelables.</p>
<p>En la matière, une hausse de dépenses publiques de 2 puis 5 milliards d’euros par an d’ici à 2028 est indispensable afin de parvenir aux 44 % d’électricité d’origine renouvelable prévus par la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf">programmation pluriannuelle de l’énergie</a> à horizon 2030.</p>
<p>France Relance propose un soutien à l’hydrogène de 1 milliard d’euros supplémentaires par an, mais ces dépenses devraient être complétées par le volet « Technologies propres » du Programme d’investissement d’avenir 4. Chiffré à 1,1 milliard d’euros en plus par an, ce volet doit fournir des solutions relatives à l’hydrogène et aux biocarburants, mais également au recyclage, à la réincorporation de matériaux recyclés, aux produits biosourcés, aux agro-équipements pour la transition écologique à la décarbonation de l’industrie.</p>
<p>En ce qui concerne les transports, le plan d’I4CE prévoit une augmentation des dépenses publiques de 0,5 puis 1,5 milliard d’euros par an d’ici à 2028 pour l’acquisition de véhicules bas carbone (hors hybrides), notamment via l’augmentation à 8 000 d’euros de la prime au véhicule électrique (contre 7 000 euros aujourd’hui pour les véhicules de moins de 45 000 euros). Toujours selon ce plan, l’État investirait également dans les réseaux cyclables (+1 milliard d’euros par an) et ferroviaire (doublement du taux de subvention au réseau, +1 puis +2 milliards d’euros par an d’ici à 2028). Le plan gouvernemental, en jouant sur les mêmes leviers, parait plus volontariste à court terme (+4,4 milliards d’euros par an, contre 2,3 milliards d’euros supplémentaires par an d’ici à 2024, mais 5,2 milliards d’euros en plus par an d’ici à 2028, pour I4CE).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1285696265662222336"}"></div></p>
<p>Quant au bâtiment, il est notamment question d’augmenter les aides et l’accompagnement à l’isolation des logements particuliers. Un supplément de dépenses publiques de 1,7 milliard d’euros par an est prévu par I4CE jusqu’en 2023, puis de 8,6 milliards d’euros par an d’ici à 2028, contre 1 milliard d’euros par an au sein de France Relance. L’effort du plan gouvernemental se concentre sur la rénovation thermique des bâtiments publics, la rénovation des immeubles du tertiaire privé nécessite relativement moins de soutien.</p>
<p>Rappelons que ces montants d’investissement supplémentaires ne permettront d’atteindre les objectifs de la SNBC que s’ils sont couplés à des mesures non budgétaires. Pour un plan de relance global comme le propose I4CE, il ne suffit pas d’agréger des dépenses. C’est bien d’un programme de transition cohérent dont nous avons besoin, ayant recours aux différents leviers de politique publique à disposition afin de minimiser le coût global de la transition.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=890&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=890&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=890&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1118&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1118&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358572/original/file-20200917-22-1htxqkg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1118&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comparaison des plans de relance verte « France Relance » et I4CE, détail.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ademe</span></span>
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<h2>Les conditions du succès</h2>
<p>Selon les <a href="https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2020/07/effets-macroeconmiques-plan-relance-ademe.pdf">travaux de l’Ademe</a> le plan d’I4CE générerait un « double dividende » positif à la fois pour l’économie et pour le climat : un regain d’investissement dans la transition écologique permettrait à la France de relancer son économie, d’améliorer à long terme ses comptes publics, d’affirmer son indépendance énergétique, tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs de la transition sont relativement plus intensifs en main d’œuvre, peu délocalisables et générant peu d’importations (le BTP en est un bon exemple). Ainsi, une hausse de l’investissement ciblée sur ces secteurs exercerait un effet d’entraînement positif sur l’emploi, la consommation et donc la production.</p>
<p>Cette relance verte déboucherait en effet sur la création nette de 320 000 emplois directs, indirects et induits à horizon 2025 et de 630 000 emplois d’ici à 2030 (le gouvernement de son côté a annoncé la création brute de 160 000 emplois en 2021).</p>
<p>Elle entraînerait également une augmentation du revenu disponible brut des ménages de 3,4 % en 2030, une progression de la consommation qui elle-même générerait une croissance de la production et donc du PIB de 1,7 % en 2025 et de 2,7 % en 2030 par rapport au scénario tendanciel – c’est-à-dire sans relance verte.</p>
<p>Grâce au regain d’activité, l’État percevrait un supplément de recettes fiscales, si bien que le déficit public diminuerait de 0,5 point de PIB et la dette publique de 7 points de PIB en 2030.</p>
<p>Notons néanmoins que le supplément de consommation générerait une hausse des importations de biens manufacturés, qui compenserait la baisse de la facture de combustibles fossiles importés. Le déficit de la balance commerciale en pourcentage du PIB augmenterait de 0,5 point.</p>
<h2>Une taxe aux frontières pour réduire notre empreinte carbone</h2>
<p>Les travaux de l’Ademe montrent également que dans un scénario sans relance verte, l’empreinte carbone de la France – qui comprend l’ensemble des biens consommés sur le territoire, y compris importés – pourrait croître de 120 MtCO<sub>2</sub> en 20 ans.</p>
<p>Le plan de relance conçu par I4CE freinerait cette hausse à 70 MtCO<sub>2</sub>, sous deux hypothèses implicites et assez pessimistes de notre étude : que les émissions domestiques dans l’industrie et l’agriculture ne baissent pas, et que le reste du monde ne réduise pas le contenu carbone des biens manufacturés qu’il produit. L’empreinte poursuivrait alors sa progression, mais dans des proportions moindres, malgré la relance.</p>
<p>Afin d’atténuer notre empreinte, il faudra accélérer les gains d’efficacité énergétique dans l’industrie, en France et dans le reste du monde. Pour éviter les délocalisations et la fuite des activités carbonées vers des pays moins contraignants en matière de législation environnementale, tout en incitant nos partenaires commerciaux à lutter contre le réchauffement climatique, l’Union européenne prévoit d’instaurer une taxe carbone aux frontières.</p>
<p>Une telle mesure diminuerait le déficit de notre balance commerciale, augmenterait la compétitivité de notre industrie et créerait davantage d’emplois, à la condition que l’on maintienne les prélèvements obligatoires constants – les recettes des droits de douane finançant une diminution des impôts et/ou une augmentation des aides versées par l’État aux entreprises.</p>
<p>D’après une <a href="https://www.ademe.fr/lempreinte-carbone-demande-finale-interieure-importations-france">recherche réalisée par le BRGM et Sereuco Erasme</a> pour le compte de l’Ademe, un tel dispositif permettrait d’accroître les gains mentionnés ci-dessus de 1,5 point de PIB supplémentaires en 2030.</p>
<p>Le volet vert de France Relance pourrait permettre à la France d’atteindre ses objectifs climatiques, fixés par la Stratégie nationale bas carbone, tout en ayant des effets positifs sur l’activité, l’emploi et les comptes publics, s’il comprend aussi des évolutions réglementaires ambitieuses. Cette perspective requiert également que la relance « verte » ne soit pas contrariée par la relance tout court, laquelle s’est historiquement accompagnée d’une hausse des émissions : plus qu’une relance, c’est une transition ou une transformation de nos économies qu’il s’agit d’opérer, aux niveaux français, européen et international.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144953/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrick Jolivet est administrateur d'I4CE. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gaël Callonnec est élu local à Conflans Sainte-Honorine.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hervé Gouëdard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un plan de relance climat en phase avec les objectifs climatiques serait doublement vertueux, sur les plans économique et écologique.Patrick Jolivet, Directeur des études socio-économiques, Direction exécutive prospective et recherche, Ademe (Agence de la transition écologique)Gaël Callonnec, Économiste à l’Ademe, Ademe (Agence de la transition écologique)Hervé Gouëdard, Économiste, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1398892020-06-17T17:33:48Z2020-06-17T17:33:48ZEt si les artisans s’emparaient du photovoltaïque ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/342230/original/file-20200616-23221-1qdtua5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=294%2C0%2C5168%2C3489&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les artisans sont absents de l’installation solaire, secteur capté par des grands groupes et des entreprises de taille intermédiaire.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/engineer-team-working-on-replacement-solar-784408039">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le secteur du photovoltaïque, qui bénéficiait déjà de mesures favorables <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/elisabeth-borne-annonce-lancement-nouvelles-periodes-dappel-doffres-developper-2-gw-denergie-solaire">depuis 2019</a>, devrait recevoir comme de nombreux autres secteurs de l’économie, des aides financières de la part de l’État dans le cadre du plan de relance.</p>
<p>Rappelons qu’en 2019, la part de l’énergie d’origine solaire dans le mix énergétique français <a href="https://particuliers.engie.fr/electricite/conseils-electricite/types-electricite/mix-energetique-france.html">s’élevait à 1,9 % – contre 5,1 % pour l’éolien</a>.</p>
<p>Après une période faste en <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2012/07/16/solaire-photovoltaique-en-france-les-raisons-du-crash-en-plein-vol_n_1675372.html">2009 et 2010</a>, le secteur a connu un <a href="https://fr.statista.com/statistiques/565827/employes-energie-solaire-photovoltaique-france/">effondrement massif et brutal</a>, dont les causes sont multiples : concurrence des produits chinois, opportunisme financier de certains opérateurs, baisse des subventions et arnaques à répétition des particuliers par des entreprises commerciales <a href="https://www.60millions-mag.com/2018/05/07/ne-pas-tomber-dans-le-panneau-solaire-11759">sans réelles qualifications techniques</a>.</p>
<p>De nombreux producteurs de panneaux solaires français ont alors fait faillite, comme Auversun dans le Puy-de-Dôme ou Solarezo dans les Landes… Aujourd’hui, neuf des dix plus grands fabricants de panneaux solaires dans le monde <a href="https://www.lefigaro.fr/societes/relocaliser-la-production-de-panneaux-solaires-ne-semble-plus-impossible-20200513">sont Chinois</a>. La production française est quant à elle amorphe, avec quelques acteurs encore en place comme Voltec, Sillia ou encore Photowatt, <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/02/27/la-reprise-de-photowatt-par-edf-confirmee-par-le-justice_1648929_3234.html">racheté par EDF à la demande de l’État en 2012</a>.</p>
<p>La crise pourrait être l’occasion de donner au secteur une nouvelle impulsion en encourageant les artisans à investir la filière d’installation, ce qui favoriserait également la relocalisation de la production de panneaux solaires.</p>
<h2>Les vertus de l’artisan</h2>
<p>Jusqu’ici quasiment <a href="http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/etudes/Observ-ER-Etude-qualitative-2017-filiere-photovoltaique.pdf">absents du secteur solaire</a> au profit des grands groupes (Engie, EDF) et d’entreprises de taille intermédiaire comptant sur une force commerciale importante, les artisans pourraient devenir le fer de lance de la nouvelle dynamique solaire française.</p>
<p>Ils <a href="https://www.geoplc.com/geoplc-presse/une-etude-realisee-pour-geo-plc-revele-que-77-des-francais-font-confiance-aux-artisans-pour-les-travaux-de-renovation-energetique/">jouissent en effet d’une bonne confiance</a> auprès de leurs clients et se fournissent majoritairement localement, là où les entrepreneurs commerciaux et les grands groupes explorent la concurrence étrangère et préfèrent acheter moins cher à l’autre bout du monde. L’émergence d’une demande « made in France » chez les Français <a href="https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-la-proximite/">joue également en faveur des artisans</a>.</p>
<p>Les pouvoirs publics ont ici l’occasion de surfer sur la crise pour recréer la filière solaire, en évitant les erreurs du passé. Écarter les acteurs opportunistes qui ne visent que le profit au détriment de la qualité d’installation et génèrent des litiges commerciaux, favoriser l’artisanat local pour créer une filière d’installation stable, solide et fiable et nouer une relation de confiance avec les consommateurs. Cela permettrait de créer des débouchés commerciaux pour une industrie de fabrication.</p>
<h2>Un secteur encore peu accessible aux artisans</h2>
<p>Un tel changement de direction implique de lever trois obstacles. Le premier concerne les barrières à l’entrée que sont le prix des assurances (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Assurance_d%C3%A9cennale_en_France">décennales</a> et sinistres, par exemple) et les <a href="https://www.artisandubatiment.fr/certification-label/prix-label-formation-rge/">« labels » obligatoires</a> pour devenir installateur agréé (qui permettent aux particuliers d’accéder au crédit d’impôt). Bien qu’utiles pour sécuriser les travaux, ces derniers demandent beaucoup de temps et d’argent, deux ressources fort précieuses voire rares pour les très petites entreprises de l’artisanat.</p>
<p>Le deuxième frein est la maîtrise de l’offre : pour que les artisans soient en mesure de proposer et commercialiser, il sera nécessaire de diriger vers ce public des actions de formations importantes sur l’aspect commercial et administratif. Car avant d’installer et de vendre, il faut convaincre. Et pour convaincre dans le solaire, il faut savoir présenter aux clients les subventions, les réglementations, les démarches administratives préalables à l’installation, les conditions de revente ou d’autoconsommation… Bref, un ensemble complexe mais indispensable d’informations.</p>
<p>Enfin, les clients des artisans devront pouvoir accéder à des financeurs. L’installation solaire coûte très cher et les grosses entreprises qui s’en chargent pour l’instant proposent souvent une offre dans laquelle sont inclus la pose et le crédit pour financer les travaux. Il s’agirait pour l’État d’octroyer aux clients des artisans des prêts à taux zéro facilement accessibles, afin de soutenir la filière.</p>
<h2>Une stratégie gagnant-gagnant</h2>
<p>Une fois ces trois freins levés, les artisans pourront investir un secteur qui leur est actuellement presque inaccessible.</p>
<p>L’État a tout à gagner en orientant fortement la filière solaire vers l’artisanat : création de petites entreprises et d’emplois de proximité (dont on sait qu’ils sont durables et peu délocalisables), <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/profil-prix-renovation-organisation-filiere-2018.pdf">achats de panneaux solaires fabriqués en France</a>, diminution des gaz à effets de serre, valorisation du parc immobilier des particuliers…</p>
<p>Rappelons enfin que l’artisanat du bâtiment, qui représente tout de même près de 2 % du PIB national, est le secteur économique français qui dégage le moins de marge, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3639594">avec à peine 11 %</a>. Rediriger une activité à forte valeur ajoutée comme le solaire serait salvateur pour des milliers de petites entreprises dans les mois et les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139889/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’État devrait encourager les artisans, qui se fournissent localement et jouissent d’une bonne image en France, à investir le secteur du solaire, aujourd’hui capté par les grands groupes.Grégory Blanchard, Doctorant en sciences de gestion. Enseignant en négociation - vente, ESC Clermont Business SchoolAnne Albert-Cromarias, Enseignant-chercheur HDR, management stratégique, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1367922020-04-28T19:33:50Z2020-04-28T19:33:50ZConstruire moins mais construire malin : le rôle de l’architecte et de son client<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/329780/original/file-20200422-47841-w4ek78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=46%2C73%2C1311%2C920&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Panneaux photovoltaïques, structure et façades légères en bois local (biosourcée)... cette maison dite écologique reste une résidence secondaire, inoccupée 90% du temps, et implantée au beau milieu d'un espace naturel.</span> <span class="attribution"><span class="source">Cristóbal Vial Decombe</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>En architecture, la frugalité est régulièrement abordée et mise en œuvre sous ses différents aspects de façon dissociée ou partielle : énergie, ressources, sols, niveau de technicité, etc. Cette approche reflète notre vision sectorisée et spécialisée du monde, ainsi qu’une certaine tendance à traiter les symptômes plutôt que l’origine des choses. Une approche holistique offre un niveau supérieur de frugalité.</p>
<p>Nous savons que tout mètre carré construit, aussi vertueux soit-il en matière de consommation d’énergie et de matériaux biosourcés, ne compensera pas les dépenses d’énergie (exploitation, production de Co2, d’extraction, de transport et de systèmes techniques mis en œuvre) nécessaires à sa mise en œuvre, s’il a été édifié inutilement. Cette surconsommation d’espace bâti agit négativement sur l’ensemble de la production architecturale et sur notre environnement proche comme global.</p>
<p>Cette évidence soulève la question suivante : les mètres carrés que je construis sont-ils bien utiles ? En d’autres termes, il faut réinterroger notre façon d’habiter et d’utiliser l’espace afin d’éviter le gaspillage, dont l’obligation <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/268681-loi-lutte-contre-le-gaspillage-et-economie-circulaire">vient d’être inscrite dans une loi</a>.</p>
<h2>Réévaluer les surfaces à la baisse</h2>
<p>En architecture, la transition écologique passe aussi par une baisse de la pression anthropique sur les milieux, <a href="https://theconversation.com/le-sable-une-ressource-essentielle-en-voie-de-disparition-122094">notamment le sable</a>, dont le secteur de la construction est particulièrement gourmand, et dont l’épuisement des ressources contribue notamment à l’érosion des littoraux. Elle commence inévitablement par une introspection sur nos usages et doit se traduire dans la réévaluation au plus juste des surfaces à bâtir.</p>
<p>Cette nécessaire réévaluation à la baisse de nos besoins semble être un préalable indispensable à toute approche frugale. Tout comme pour l’ensemble de nos consommations, se poser la question de ce dont nous avons réellement besoin est primordial pour ne pas poursuivre dans la voie du consumérisme de mètres carrés, dicté par notre insatiable envie de confort, par la représentation sociale nourrie par la mode à laquelle <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/2015-v59-n168-cgq02617/1037267ar.pdf">n’échappe pas l’habitat</a>.</p>
<p>Bien que cette nécessité s’impose à tous, son degré de priorité est souvent ignoré du public et ambigu pour les professionnels du bâtiment (méconnaissance ou corporatisme) et d’une partie des médias.</p>
<h2>Le mythe des bâtiments écologiques</h2>
<p>Il n’est pas rare que la presse, même spécialisée, vante de façon éblouie, les mérites de constructions dites bioclimatiques, parées de toutes les vertus écologiques (bois certifié, chauffage biomasse, panneaux photovoltaïques et dispositifs passifs ou du réemploi pour le mieux).</p>
<p>Elles s’avèrent pourtant, après analyse, très dispendieuses en termes de surface construite et de matériaux sans commun rapport avec le nombre de personnes abritées ou usages. Il s’agit bien souvent de résidences spacieuses pour peu de personnes, ou plus dispendieux en énergie, de résidences secondaires.</p>
<h2>Le bâtiment responsable d’un tiers des émissions des gaz à effet de serre</h2>
<p>En France, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1287961">nous vivons en moyenne avec 40 m² par personne</a>. Une moyenne qui cache bien sûr des inégalités selon les territoires – en 2017, dans l’unité urbaine de Paris chaque habitant disposait en moyenne de 30m<sup>2</sup> tandis que cette surface moyenne s’élèvait à 47m<sup>2</sup> dans les communes rurales. L’âge joue également : en <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2586377">2017</a>, les personnes âgées vivaient en moyenne avec 60m<sup>2</sup> par personne et les moins de 30 ans avec un peu plus de 30m<sup>2</sup>. Est-ce trop ? Difficile à dire. En revanche, nous savons que le bâtiment représente <a href="http://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/07/Publication-neutralite%CC%81-et-batiment-Carbone-4-ADEME.pdf">un tiers des émissions de CO₂</a> en France.</p>
<p>Celles liées à la fabrication des matières premières nécessaires – principalement celles qui compose le ciment, responsable à lui seul de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – pèsent <a href="https://conseils.xpair.com/actualite_experts/impact-carbone-construction-batiment.htm">près de 85 % des émissions</a> de gaz à effet de serre d’un chantier, loin devant le fret de ces matériaux, l’énergie de mise en œuvre ou les déplacements des intervenants de la construction.</p>
<p>Le bâtiment est également identifié comme l’un des plus gros consommateurs de ressources et l’un des <a href="https://www.mooc-batiment-durable.fr/courses/course-v1:ICEB+2018MOOCBAT04+SESSION01/about">plus gros producteurs de déchets</a>. Un secteur donc très bien représenté chez les responsables du réchauffement climatique et de la destruction des milieux.</p>
<p>De quoi réfléchir, en premier lieu sur ce que nous bâtissons en quantité puis en qualité bien sûr.</p>
<h2>Mutualiser les espaces et les usages</h2>
<p>Chez les architectes, comprendre les usages de leurs clients, les inviter à s’interroger sur leurs modes de vie et à réévaluer avec eux leurs besoins est un axe de travail indispensable. Cela évite de les conforter dans une voracité spatiale sous l’influence d’une mode dont l’architecte peut être lui aussi victime.</p>
<p>Les structures familiales variables dans l’espace et dans le temps et les <a href="https://www.editionsmardaga.com/catalogue/logement-contemporain/">évolutions des modes de vie</a>, invitent à repenser le logement. La mutualisation de certaines fonctions, usages et espaces, par exemple la laverie commune (mesure adoptée depuis des décennies dans certains pays) ou encore la chambre d’amis, souvent inoccupée, dans un groupe d’habitations, contribuerait à la réduction des surfaces bâties de chaque logement et améliorait grandement sa qualité d’usage.</p>
<p>La cohabitation générationnelle (jeunes ou vieux) et intergénérationnelle est la forme la plus aboutie du mutualisme des différents fonctions et usages de l’habiter. Mais également le bureau partagé – 30 % des Français travaillent épisodiquement chez elle à présent – ou l’atelier de bricolage partagé qui libère les appartements.</p>
<p>De même, une réflexion sur l’évolutivité des logements et des bâtiments en phase avec l’évolution des familles et changements sociétaux. La famille dite « classique » ne représente plus que 45 % des ménages, la re-cohabitation (les jeunes adultes qui reviennent à la maison face à la crise structurelle), la fragmentation (divorce) et la recomposition des familles (géométries variables dans le temps). 35 % des personnes vivent par ailleurs seules…</p>
<h2>Étendre la réflexion à toutes les constructions</h2>
<p>Ce qui est vrai en matière de logement l’est dans d’autres secteurs d’activité du bâtiment : surfaces commerciales, bureaux, stationnement, etc. Nous connaissons tous des bureaux inoccupés, des équipements sous-exploités, des parcs de stationnement complètement vides à certains moments de la journée ou de l’année.</p>
<p>Là encore, la mutualisation est une des réponses pour combattre cette gabegie de surfaces construites, une source d’économie considérable énergétique et de matériaux mis en œuvre qui se heurte bien trop souvent à des questions de gouvernance teintées d’aspects juridiques.</p>
<p>Les combinaisons et possibilités de mutualisation entre activités et services sont multiples. Bien connues et souvent plébiscitées, elles sont encore trop peu mises en œuvre. Pourtant, elles favorisent la <a href="https://azelies.com/2018/09/25/la-mutualisation-dequipements/">cohésion sociale</a> par l’échange et la collaboration qu’elles suscitent.</p>
<p>La révision sincère de nos besoins et de notre niveau de confort, la résistance aux tentations consuméristes et aux ostentations sociales, la rénovation de l’existant, le réemploi, la mutualisation et l’évolutivité des espaces habités conduiront à une réduction, espérons significative, des surfaces bâties et à une meilleure qualité architecturale. Car elle nécessite une plus grande intelligence collaborative de l’architecte et son maître d’ouvrage.</p>
<p>« Construisons mieux », certes, mais commençons par construire moins, tel pourrait être le nouveau paradigme de l’architecture.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/136792/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Malek Dahbi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les mètres carrés les plus écologiques restent ceux que l’on ne construit pas. En la matière, la phase architecturale est essentielle.Malek Dahbi, Maître de conférences associé en architecture et urbanisme, École d'architecture de La Réunion, antenne de l'ENSAMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1313222020-02-10T18:47:48Z2020-02-10T18:47:48ZCe que le dérèglement climatique fait à la santé des travailleurs<p>2019 a été la deuxième année la plus chaude jamais connue depuis le début des relevés météorologiques. En France, la température record de 46 °C a été enregistrée lors de l’épisode de canicule de juin. Dans un tel contexte, les conditions de travail deviennent rapidement insoutenables, tout particulièrement pour les métiers physiques et/ou en extérieur.</p>
<p>Certains secteurs professionnels sont en première ligne, c’est le cas notamment du BTP et des travailleurs agricoles ; les moyens de protection des travailleur·euse·s se limitent ici généralement à la <a href="https://www.lemoniteur.fr/article/canicule-appel-a-la-vigilance-generale-dans-le-btp.2043345#!">vigilance</a>, la mise à disposition d’eau et l’adaptation des horaires.</p>
<p>Or, les prévisions des modèles climatiques sont claires : avec chaque degré (ou plus précisément <a href="https://www.ipcc.ch/sr15/">chaque demi-degré</a>) de réchauffement climatique, la fréquence, l’intensité et la durée d’événements extrêmes tels que les vagues de chaleur, vont augmenter.</p>
<p>Avec des cadences de travail réduites et des horaires adaptés, on peut d’ores et déjà anticiper une baisse de productivité : l’Organisation internationale du travail estime ainsi que pour les secteurs les plus exposés, la productivité pourrait <a href="https://www.ilo.org/global/topics/green-jobs/publications/WCMS_476194">chuter de 20 %</a> durant la seconde moitié du XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>En marge des aspects économiques, le réchauffement climatique pose également de sérieuses questions en termes de santé au travail. Les conséquences du dérèglement climatique sur la santé des travailleur·euse·s allant bien au-delà du simple inconfort.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cette-chaleur-insoutenable-qui-menace-les-regions-tropicales-119943">Cette chaleur insoutenable qui menace les régions tropicales</a>
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<h2>Les impacts des vagues de chaleur</h2>
<p>Les phénomènes climatiques les plus préoccupants en ce qui concerne la santé au travail sont certainement les <a href="https://theconversation.com/comment-la-canicule-affecte-notre-sante-100839">vagues de chaleur</a>. En effet, les capacités de thermorégulation du corps humain sont limitées : le risque d’épuisement physique apparaît en cas de hausse de la température corporelle au-delà de 38-39 °C, puis survient le risque de <a href="https://theconversation.com/canicule-sactiver-et-mourir-de-chaud-119629">« coups de chaleur »</a> pouvant être mortels au-delà de 40 °C.</p>
<p>Sur la base de <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(18)30240-7/fulltext">travaux de modélisation</a> prenant en compte à la fois des projections démographiques (tailles de populations actives) et des projections climatiques, il est ainsi possible d’obtenir des projections de l’impact sanitaire des vagues de chaleur chez les travailleur·euse·s, et ce sous différents scénarios de dérèglement climatique.</p>
<p>L’utilisation de modèles climatiques ne se restreint pas seulement à des projections de température, car d’autres paramètres jouent sur la thermorégulation comme, par exemple, le taux d’humidité qui influe sur la sudation.</p>
<p>En se reposant sur les projections de modèles climatiques distincts, un réchauffement de 2,5 °C pourrait ainsi exposer plus d’un milliard de personnes à des conditions climatiques non compatibles avec le travail pendant au moins un mois de l’année. Sous les mêmes hypothèses de réchauffement, les populations pour lesquels les conditions climatiques pourraient dépasser l’adaptation physiologique, et donc présenter un risque mortel, se chiffrent en dizaines de milliers, bien que les variations entre les modèles sont grandes sur cet indicateur.</p>
<p>Comme on peut s’y attendre, les régions les plus concernées sont les régions tropicales (voir la carte ci-dessous). En plus du risque sanitaire, la réduction de la capacité de travail des personnes exposées est susceptible d’avoir également des effets économiques, en réduisant les revenus de travailleur·euse·s, et ainsi augmenter le risque de paupérisation.</p>
<p>Ce risque pèserait avant tout sur les travailleur·euse·s les plus exposé·e·s aux effets de la chaleur, qui sont généralement les moins rémunéré·e·s (professions agricoles ou manuelles peu qualifiées), et également celles les moins susceptibles de disposer de moyens de protection comme la climatisation. Ce qui reviendrait donc à <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(18)30240-7/fulltext">creuser un peu plus les inégalités sociales</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=592&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=592&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313954/original/file-20200206-43095-1ikth3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=592&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les conséquences des vagues de chaleur en fonction de l’augmentation globale des températures.</span>
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<h2>Qu’en est-il en France ?</h2>
<p>Dans un contexte de réchauffement climatique, les effets de vagues de chaleur constituent, on l’a vu, une menace en milieu de travail principalement dans les zones tropicales. Est-ce à dire que les travailleur·euse·s français·e·s – hors territoires d’outre-mer en zone tropicale – n’ont pas à craindre les conséquences du réchauffement climatique ? Il serait peu prudent de le croire, d’autant qu’en zone tempérée les organismes humains sont moins habitués à une telle exposition.</p>
<p>L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a <a href="https://www.anses.fr/fr/content/effets-du-changement-climatique-en-milieu-de-travail-des-risques-professionnels-augment%C3%A9s-et">publié en 2018 un rapport</a> sur la question en réponse à une saisine des Directions générales de la santé et du travail. Les conclusions sont sans appel : hormis les risques professionnels liés au bruit et ceux liés aux rayonnements artificiels, tous les risques professionnels seront affectés, et potentiellement accrus.</p>
<p>La hausse des températures est l’un des facteurs en cause : elle impacte la pénibilité du travail et peut provoquer des malaises ou des coups de chaleur. Par ailleurs, une exposition accrue à la chaleur est un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires et de façon générale pour les porteur·euse·s de maladies chroniques.</p>
<p>On peut encore évoquer le problème de l’augmentation avec la chaleur de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/communication-congres/a-review-of-quantitative-health-impact-assessments-of-ozone-and-particulate-matter-under-a-changing-climate">l’exposition à l’ozone troposphérique</a>, un facteur de risque cardiorespiratoire bien connu. Les effets de la chaleur sur la santé physique peuvent également être indirects : la chaleur peut contribuer à diminuer la vigilance et ainsi favoriser la survenue d’accidents du travail. De plus, elle rend difficilement supportables les équipements de protection individuelle.</p>
<p>Enfin, et de manière moins intuitive, la chaleur peut également impacter la santé mentale des travailleur·euse·s : elle <a href="https://theconversation.com/comment-la-canicule-detraque-notre-sommeil-119253">perturbe le sommeil et le repos</a>, augmente l’irritabilité, peut aggraver les tensions au sein d’une organisation ou avec le public, et est donc au final susceptible d’accroître les risques psychosociaux au travail.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-changement-climatique-risque-daccroitre-le-nombre-de-suicides-102918">Le changement climatique risque d’accroître le nombre de suicides</a>
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<p>D’autres facteurs peuvent également impacter les risques professionnels : l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes (inondations, feux de forêt, tempêtes) sont susceptibles d’accroître la fatigue physique et psychique, et là aussi d’influencer négativement sur les risques psychosociaux et les risques d’accident.</p>
<p>Enfin, les modifications de l’environnement peuvent également avoir des répercussions sur la santé des travailleurs. Des modifications des écosystèmes – l’extension par exemple des zones de distribution d’<a href="https://ij-healthgeographics.biomedcentral.com/articles/10.1186/1476-072X-12-51">espèces vectrices de maladies infectieuses</a> – peuvent se traduire par des risques biologiques accrus. Il en est de même pour l’environnement chimique de travail : les hausses de température peuvent augmenter la <a href="https://www.jstage.jst.go.jp/article/indhealth/51/1/51_2012-0095/_pdf/-char/en">volatilité des substances chimiques</a> et ainsi augmenter l’exposition par inhalation des travailleur·euse·s.</p>
<h2>Se préparer</h2>
<p>Comment faire aux impacts du dérèglement climatique sur la santé au travail, qui constituent encore un angle mort des débats autour des enjeux climatiques ?</p>
<p>Un effort de recherche est tout d’abord nécessaire pour mieux appréhender tant les dangers et les groupes particulièrement vulnérables de la population active (en termes de secteur d’activité ou de facteurs individuels) que les méthodes d’adaptation en milieu professionnel. Cela était d’ailleurs déjà souligné dans un <a href="https://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100643/n/impacts-des-changements-climatiques-sur-la-sante-et-la-securite-des-travailleurs-r-733">rapport publié en 2012</a> par l’Institut de recherche en santé et sécurité au travail (IRSST) du Québec.</p>
<p>Plus généralement, il est primordial que les organisations publiques et privées prennent la mesure des impacts qu’aura le dérèglement climatique sur les conditions de travail et la santé de leurs salarié·e·s. Cela implique donc de mettre en place conjointement une démarche d’adaptation (la préparation aux conséquences du changement climatique), mais aussi d’atténuation (la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1143492363240845312"}"></div></p>
<p>Les mesures d’adaptation nécessitent de prendre en compte dès aujourd’hui les effets actuels et futurs du dérèglement climatique dans leur évaluation et leur gestion des risques. Cela passe notamment par des informations et formations spécifiques, principalement auprès des fonctions HSE (hygiène sécurité environnement) des organisations, mais aussi de l’encadrement de proximité.</p>
<p>L’atténuation implique des changements plus globaux : décarbonation des activités, efficacité et sobriété (en termes de ressources et d’énergies). Des changements qui vont impliquer tous les domaines des organisations et vont là aussi nécessiter des personnels formés aux enjeux du changement climatique, et ce à tous les niveaux de l’organigramme, tant dans les secteurs <a href="https://formationclimatagentspublics.fr/">public</a> (et notamment <a href="https://theshiftproject.org/lavenir-de-la-planete-dans-lenseignement-superieur/">l’enseignement</a>) que privé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131322/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kévin Jean est membre du conseil d’administration de l’association Sciences citoyennes. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>William Dab est membre du comité médical conseil de Total (une à deux réunions par an). Il réalise ponctuellement des missions pour Santé Publique France.</span></em></p>En marge des aspects économiques, le réchauffement climatique pose de sérieuses questions en termes de santé au travail.Kévin Jean, Maître de conférences en épidémiologie, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)William Dab, Professeur du Cnam en hygiène et sécurité sanitaireLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1308182020-02-02T19:02:10Z2020-02-02T19:02:10ZBonnes feuilles : « Les mécanismes de gouvernance à l’origine de la chute du PDG de Vinci en 2006 »<p><em>Nous publions ici un extrait du livre <a href="https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Les_meilleures_pratiques_de_gouvernance_d_entreprise-9782348055027.html"><em>Les meilleures pratiques de gouvernance d’entreprise</em></a> publié aux éditions La Découverte, qui analyse la crise de direction traversée par le groupe français de BTP Vinci en 2006.</em></p>
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<p>En 2006, le groupe français Vinci est un des leaders mondiaux du BTP, avec une activité de construction et une activité de concession d’infrastructures. Dirigeant établi du groupe depuis un certain temps, Antoine Zacharias cède en janvier 2006 son siège de directeur général à son dauphin désigné, Xavier Huillard, pour ne conserver que la présidence du conseil d’administration. Or le nouveau directeur général entre en conflit avec son patron, dénonçant notamment la rémunération considérée comme excessive de ce dernier, qui aurait exigé une gratification personnelle de 8 millions d’euros en récompense du succès d’une récente transaction, ainsi que « la rénovation à grands frais d’un hôtel particulier destiné à abriter ses bureaux privés » (<em>L’Expansion</em>, 2 juin 2006).</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312506/original/file-20200129-93023-m3y3wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Xavier Huillard, en août 2008.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Medef/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Le 1<sup>er</sup> juin 2006, le conseil d’administration de Vinci force alors A. Zacharias, qui avait contre-attaqué en demandant l’éviction de X. Huillard, <a href="https://www.lesechos.fr/2006/06/vinci-xavier-huillard-maintenu-antoine-zacharias-demissionne-1070412">à la démission</a>. En bourse, le titre de Vinci gagne ensuite 4,3 %, alors que le marché n’augmente que de 1,34 %. La communauté financière salue donc visiblement ce départ forcé. En témoignent, par ailleurs, les commentaires de plusieurs analystes financiers.</p>
<p>L’ancien dirigeant conteste, dans les jours qui suivent, les conditions de son départ, par lequel il perd le bénéfice de l’intégralité de ses stock-options d’une valeur potentielle de plusieurs dizaines de millions d’euros. Par un communiqué du 14 juin, le conseil d’administration confirme néanmoins sa décision et réaffirme la réalité du départ de Zacharias. Les actions de Vinci font alors un nouveau bond de 8 % (<em>L’Expansion</em>, 14 juin 2006).</p>
<p>Rapportant une contrainte forte exercée sur le dirigeant par le conseil d’administration (Zacharias perd en peu de temps toute marge de manœuvre), le récit de ces événements […] met […] en jeu des intérêts conflictuels défendus par différents acteurs, et c’est pourquoi il paraît intéressant de l’examiner selon la perspective de l’approche classique de la théorie de l’agence dont il semble corroborer plusieurs aspects.</p>
<h2>Une surveillance mutuelle des dirigeants</h2>
<p>La <a href="https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Agence-theorie-240446.htm">théorie de l’agence</a> postule la tendance naturelle d’un dirigeant salarié à poursuivre ses intérêts personnels, potentiellement en contradiction avec ceux des actionnaires, ce qui suscite des coûts d’agence et conduit ainsi à une destruction (ou à une moins grande création) de la valeur actionnariale.</p>
<p>L’observation du cas Vinci permet d’identifier deux principaux mécanismes de gouvernance ayant contribué à la révélation du conflit d’intérêts ainsi qu’à sa résolution. Il s’agit de la surveillance mutuelle des dirigeants, classée par <a href="https://books.google.fr/books/about/Le_gouvernement_des_entreprises.html?id=2dIfAQAACAAJ">Charreaux</a> (1997) comme mécanisme spontané spécifique, et du conseil d’administration, qui, lui, est un mécanisme intentionnel spécifique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/0rTzHN9M85I?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Comprendre la théorie de l’agence (Xerfi canal, 2017).</span></figcaption>
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<p>Ainsi, X. Huillard, le directeur général, surveille le comportement d’A. Zacharias et porte ses observations à la connaissance du conseil d’administration. De cette façon, il permet de réduire l’asymétrie d’information existant entre l’ancien patron et les administrateurs externes. Ainsi informé, le conseil d’administration est capable de fixer des limites aux actions d’A. Zacharias. Par un vote formel, ce dernier se voit en effet refuser sa demande d’éviction du directeur général l’ayant dénoncé. Privé de toute latitude, il soumet alors sa propre démission, ce qui résout le conflit en sa défaveur. Bien qu’il conteste assez rapidement cette démission intervenue au cours du conseil du 1<sup>er</sup> juin, les administrateurs approuvent ensuite unanimement le procès-verbal qui en porte la trace, lors d’une séance le 12 juin.</p>
<p>Accessoirement, on peut aussi considérer qu’un mécanisme de gouvernance intentionnel et non spécifique a joué un certain rôle dans cette affaire. Il s’agit, en l’occurrence, de l’évolution du cadre légal concernant la rémunération des dirigeants. Ainsi, l’affaire Vinci intervient après l’adoption de la <a href="https://www.labase-lextenso.fr/bulletin-joly-societes/JBS-2005-263">loi Breton</a>, qui a eu lieu dans le contexte d’une polémique importante au sujet des avantages très importants liés au départ à la retraite de <a href="http://www.leparisien.fr/economie/tolle-autour-des-indemnites-de-l-ex-pdg-de-carrefour-23-04-2005-2005891664.php">l’ancien PDG de Carrefour en 2005</a>. Les débats l’entourant ont considérablement sensibilisé l’opinion publique aux questions liées aux avantages financiers concédés à certains dirigeants.</p>
<h2>Création de valeur pour les actionnaires</h2>
<p>Si le critère d’appréciation de la gouvernance est la création de valeur, la mise en œuvre d’une « bonne pratique » de gouvernance devrait contribuer à créer davantage de valeur. Les données de ce cas précis contiennent effectivement quelques indices quant à une création de valeur pour les actionnaires de Vinci. Ainsi, le conseil d’administration du 1<sup>er</sup> juin 2006, lors duquel l’ancien patron se sent contraint à la démission, est suivi d’une augmentation du cours du titre de 4,3 %. Dans le même temps, le marché boursier français offre une rentabilité moyenne de seulement 1,34 %.</p>
<p>Si on suppose que la rentabilité moyenne du marché des actions représente une approximation raisonnable du coût d’opportunité pour les actionnaires, il est alors possible d’affirmer qu’il y a eu création de valeur pour les actionnaires de Vinci. En effet, la rentabilité de leurs titres est supérieure à l’estimation de leur coût d’opportunité, la différence étant de l’ordre de 3 points. Rappelons que la création de valeur est précisément définie comme le surplus de rémunération par rapport au coût d’opportunité.</p>
<p>La théorie de l’agence permet d’expliquer cette création de valeur actionnariale par la diminution des coûts d’agence, due au fonctionnement des deux mécanismes de gouvernance analysés ci-dessus, à savoir la surveillance mutuelle et le conseil d’administration. Ainsi, l’éviction de l’ancien patron permet de supprimer une source avérée de spoliation des intérêts des actionnaires. Ces derniers révisent donc vraisemblablement à la hausse leur potentiel de gains futurs car ils anticipent une réduction des possibilités de spoliation grâce à un système de contrôle qui a apparemment fait preuve d’efficacité. Les investisseurs sont alors prêts à payer un prix plus élevé pour les actions de Vinci, ce qui conduit au relèvement du cours constaté.</p>
<p>Rappelons cependant que le fonctionnement des mécanismes de gouvernance a lui-même un coût et, dans le cas de Vinci, ce dernier se fait effectivement sentir tant que le conflit n’est pas définitivement résolu. Ainsi, le mécanisme spontané de la surveillance mutuelle entre dirigeants est à l’origine d’un conflit de personnes violent qui crée pendant quelque temps un « climat nuisible » (<em>Le Figaro</em>, 3 juin 2006).</p>
<h2>Une gouvernance saluée par le Medef</h2>
<p>La résolution provisoire de la crise lors du conseil d’administration du 1<sup>er</sup> juin coïncide alors avec la création de valeur précédemment constatée, mais des incertitudes persistent, car Zacharias conteste immédiatement la validité des conditions de son départ. Le conseil d’administration doit donc se réunir de nouveau le 12 juin pour confirmer le contenu de ses délibérations. Il tranche alors définitivement dans des termes sans aucune ambiguïté en défaveur de son ancien président : « Il ne peut donc y avoir aucun doute sur la réalité de la démission d’Antoine Zacharias et toute interprétation différente relève de la pure fantaisie » (<a href="https://www.zonebourse.com/VINCI-4725/actualite/Vinci-Vinci-repond-aux-contestations-de-Zacharias-203348/">communiqué</a>).</p>
<p>Selon la <a href="https://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/l-affaire-zacharias-relance-le-debat-sur-la-remuneration-des-patrons_1438563.html">presse de l’époque</a>, « la démission forcée d’Antoine Zacharias peut bien sûr être interprétée comme un signe de bonne gouvernance ». De fait, le conseil d’administration, qui a mis en minorité le choix du patron, n’a-t-il pas exercé là son rôle de contre-pouvoir et non celui d’éternelle chambre d’enregistrement ? Laurence Parisot <a href="https://www.batiactu.com/edito/vinci-patronat-soutient-decision-conseil-administration-3261.php">lâchait d’ailleurs sur RTL</a> : </p>
<blockquote>
<p>« Quand j’ai appris la décision du conseil d’administration de Vinci, je me suis dit : “formidable, le système de gouvernance tel que le préconise le Medef a fonctionné” ».</p>
</blockquote>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=924&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=924&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=924&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1161&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1161&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312502/original/file-20200129-92987-o8exwd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1161&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>L’éviction du dirigeant de Vinci, poursuivant manifestement son intérêt personnel, est aussi appréciée comme une bonne pratique de gouvernance par la présidente du Medef, Laurence Parisot, dont l’organisation, rappelons-le, est à l’origine des rapports Viénot et Bouton (régulièrement mis à jour depuis 2008 sous la dénomination « Code AFEP-Medef »). Le conseil d’administration joue ici un rôle central. En effet, dans le processus de décision, tel que conceptualisé dans la théorie de l’agence (<a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/467038?journalCode=jle">Fama et Jensen, 1983</a>), il assume la fonction de contrôle de la décision (ratification et surveillance) et agit donc comme contre-pouvoir au dirigeant dans une situation de conflit d’intérêts.</p>
<p>En fait, pour conserver ses avantages personnels, A. Zacharias prend l’initiative d’une décision visant à écarter X. Huillard, ce dernier jouant le rôle de réducteur d’une certaine asymétrie d’information. Or le conseil d’administration refuse de ratifier cette décision, neuf voix votant contre parmi un ensemble de seize votants (<em>L’Expansion</em>, 2 juin 2006).</p>
<p>Ce cas nous fournit donc bien une illustration de l’intérêt, pour un actionnariat dispersé n’ayant qu’une fonction passive d’assomption du risque, à ne pas concentrer les fonctions de gestion de la décision et de contrôle de la décision entre les mêmes mains, <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/467038?journalCode=jle">tel que postulé par Fama et Jensen</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130818/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Peter Wirtz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La surveillance mutuelle des dirigeants du géant du BTP avait notamment contribué à la révélation du conflit d’intérêts qui a conduit au départ d’Antoine Zacharias.Peter Wirtz, Professeur des Universités, centre de recherche Magellan, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1281422020-01-20T20:41:53Z2020-01-20T20:41:53ZPour être énergétiquement performant, l’habitat doit tenir compte du facteur humain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/309967/original/file-20200114-151848-zxelnl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=277%2C184%2C5086%2C3547&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le facteur humain joue un rôle important dans les performances effectives de l'habitat énergétiquement performant.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/house-energy-efficiency-concept-775055299">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le secteur du bâtiment résidentiel est le second secteur consommateur d’énergie finale en France (derrière celui du transport), avec environ <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-de-lenergie-edition-2018">50 % d’énergie carbonée</a>. Pour l’accompagner dans sa mutation, l’État français a mis en place une réglementation, la RT 2012, qui fixe un seuil maximal de consommation d’énergie pour les bâtiments neufs, et des crédits d’impôt pour la rénovation énergétique des particuliers.</p>
<p>En parallèle de ces mesures, on assiste à l’émergence d’habitats énergétiquement performants : habitats passifs (supposés avoir une consommation d’énergie extrêmement faible, voire nulle) et autres bâtiments à énergie positive (qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment).</p>
<p>Les technologies numériques font également leur apparition dans nos habitats, pour nous assister dans la maîtrise de notre consommation d’énergie (affichage de la consommation en direct, relevés détaillés en ligne, applications, etc.).</p>
<p>Si cette réponse technique semble être cohérente, il est légitime, avec l’arrivée prochaine de la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/re2020-nouvelle-etape-vers-future-reglementation-environnementale-des-batiments-neufs-plus">nouvelle norme RE 2020</a> qui remplacera la RT 2012, de se poser la question de l’efficacité de cette réponse : la technique garantit-elle la performance énergétique du bâtiment résidentiel ?</p>
<h2>Des performances décevantes</h2>
<p>Les résultats <a href="https://www.larevuedelenergie.com/quel-est-limpact-des-travaux-de-renovation-energetique-des-logements-sur-la-consommation-denergie/">d’une étude parue fin 2019</a> ont montré que la baisse de consommation d’énergie liée à la rénovation énergétique des logements est nettement inférieure aux prédictions.</p>
<p>Selon les auteurs, les habitants rénovent leur habitat dans une optique de confort thermique plus que dans un objectif de baisse de la consommation d’énergie. Dans la même veine, des <a href="http://www.batiment-energie.org/doc/01-ENERTECH.pdf">expérimentations</a> portant sur des bâtiments énergétiquement performants ont révélé que la baisse de consommation d’énergie prévue n’était pas observée.</p>
<p>Des sociologues de l’université Toulouse II <a href="https://www.unil.ch/files/live/sites/ouvdd/files/shared/URBIA/urbia_15/Decoupe_3.pdf">se sont penchés sur la question</a>. D’après eux, les habitants n’utilisent pas les bâtiments et leurs équipements comme leurs concepteurs l’avaient prévu, ce qui ne leur permet pas de diminuer leur consommation d’énergie autant qu’espéré.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1196523088726446080"}"></div></p>
<p>Dans certains cas, ils auraient même des comportements contre-performants, qui augmenteraient leur consommation. Ces résultats sont tout à fait cohérents avec ceux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364032117309061">d’une étude parue en 2017</a>, selon laquelle la dépense d’énergie des bâtiments peut être 3 fois plus importantes qu’attendu.</p>
<p>Les facteurs en jeu sont variés : l’environnement (fait-il froid ou chaud ?), le bâtiment (est-il bien isolé ?), les équipements (sont-ils économes ?) et les occupants. Les auteurs indiquent que le comportement de ces derniers est essentiel mais qu’il est le moins pris en compte dans la conception des bâtiments.</p>
<p>Les comportements jouent ainsi un rôle non négligeable dans la consommation d’énergie des bâtiments. Et les seuls aspects techniques paraissent insuffisants pour atteindre les objectifs de réduction d’énergie.</p>
<h2>Des usages parfois non anticipés</h2>
<p>Pour expliquer cet état de fait, intéressons-nous aux usages des résidents, dont l’essentiel des activités domestiques sont source de consommation d’énergie, comme, par exemple, de faire un gâteau.</p>
<p>Pour tenter de limiter les dépenses énergétiques générées par sa cuisson, ils peuvent mettre en place des actions de maîtrise de l’énergie : cuire le gâteau après un gratin pour économiser le temps de chauffe, acquérir un four plus économe. Mais ils peuvent aussi avoir des activités de gestion de l’énergie, en enlevant par exemple les feuilles mortes tombées sur des panneaux solaires.</p>
<p>La difficulté à atteindre les objectifs de réduction d’énergie dans l’habitat est probablement liée à l’inadéquation des systèmes techniques (ici, la maison ou l’application de suivi de la consommation d’énergie) aux utilisateurs et à leurs usages.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1196970975935565825"}"></div></p>
<p>En conception, on parle de « modèle de conception » pour qualifier la représentation que se fait le concepteur de l’utilisation probable de son objet par l’utilisateur : c’est une représentation hypothétique. On parle de « modèle d’utilisation » pour qualifier la représentation qu’a l’utilisateur lorsqu’il se sert de l’objet ; il s’agit ici d’une représentation réelle.</p>
<p>Lorsqu’il existe une différence trop importante entre le modèle de conception et le modèle d’utilisation, l’utilisation de l’objet est rendue moins efficace, plus difficile et peut être à l’origine d’usages non anticipés. <strong>Par exemple, aérer sa maison tous les matins dans un bâtiment passif</strong>. Ces usages non anticipés par le concepteur du bâtiment peuvent être à l’origine d’une surconsommation d’énergie. Il est donc primordial de bien comprendre l’activité des habitants pour imaginer des habitats et des équipements adaptés.</p>
<h2>Prendre en compte les biais cognitifs</h2>
<p>Reste que bien connaître l’activité des habitants n’est pas suffisant. Il faut aussi tenir compte du fonctionnement de leur cerveau, doté d’une rationalité limitée. Nos sens, notre mémoire et notre capacité à traiter des informations sont restreints.</p>
<p>Lorsque nous prenons des décisions, nous sommes donc soumis à ce que l’on appelle des « biais cognitifs » – des automatismes qui nous permettent de traiter rapidement une multitude d’informations, mais qui sont aussi à l’origine d’erreurs de raisonnement. Alors que nous pensons agir de façon rationnelle et en accord avec nos valeurs, nous avons parfois des comportements qui vont à leur encontre. Ces biais n’épargnent pas nos comportements en faveur de l’environnement.</p>
<p>En 2011, Robert Gifford <a href="https://www.researchgate.net/publication/254734365_The_Dragons_of_Inaction_Psychological_Barriers_That_Limit_Climate_Change_Mitigation_and_Adaptation">publiait un article</a> décrivant les 29 biais cognitifs auxquels nous sommes soumis et qui nous empêchent d’agir pour limiter et nous adapter au changement climatique. Une <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-019-0263-9?proof=true">étude parue en 2019</a> dans la revue <em>Nature Sustainability</em>, montre que lorsqu’un individu s’engage dans un comportement pro-environnemental (acheter un four économe en énergie), cela a une influence négative sur un autre comportement positif (surveiller sa consommation d’énergie).</p>
<p>Ce mécanisme peut être induit par un effet de compensation morale (aussi appelé « effet rebond ») : lorsqu’une action moralement positive est utilisée pour légitimer une action moralement moins positive.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1070451812719837184"}"></div></p>
<p>Prenons un exemple : un individu achète une chaudière électrique nouvelle génération pour remplacer son ancien appareil fonctionnant au fioul. Elle lui permet de ne plus consommer de fioul et s’avère plus économe en énergie. On s’attend donc à une baisse de consommation pour le chauffage. Avec son ancienne chaudière à fioul, cet usager essayait de réduire l’utilisation de son chauffage, afin de moins polluer. Désormais, il s’en soucie beaucoup moins, sa chaudière étant électrique et plus économe. Il a donc augmenté la température de son domicile, pour passer de 19° à 21 °C, et chauffe désormais son hall d’entrée.</p>
<p>Ici, le remplacement d’une chaudière à fioul par une chaudière électrique économe en énergie est à l’origine de comportements énergétiquement moins sobres, qui peuvent limiter la baisse de consommation, voire entraîner une augmentation de la consommation d’énergie pour le chauffage.</p>
<p>Dans la mesure où les biais cognitifs peuvent nettement influencer notre consommation d’énergie à la maison, il est nécessaire de les prendre en compte dans la conception de l’habitat.</p>
<h2>Favoriser la collaboration</h2>
<p>Si la technique est indispensable pour améliorer l’efficacité énergétique et la maîtrise de l’énergie, elle reste insuffisante.</p>
<p>Une réflexion sur nos comportements doit être intégrée pour penser des bâtiments n’engendrant pas d’usages aux effets limitatifs, voire contre-productifs concernant la baisse de la consommation d’énergie. L’objectif n’est pas de persuader les utilisateurs d’avoir tel ou tel comportement, mais bien de concevoir des habitats et des équipements compatibles avec les résidents, pour rendre possible la réalisation des performances énergétiques escomptées, et permettre des attitudes réellement sobres.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"806748495562436608"}"></div></p>
<p>Pour cela, le bâtiment et ses équipements doivent s’intégrer à l’activité des habitants, à leurs objectifs et leur permettre de s’émanciper de leurs biais cognitifs. À cet effet, des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364032114007990">chercheurs autrichiens</a> proposent ainsi une liste de recommandations visant à neutraliser ces biais relativement à la consommation d’énergie dans l’habitat. Par exemple, pour tirer profit du « biais de statu quo », qui entraîne une résistance au changement, les auteurs proposent de définir par défaut les appareils sur leur mode d’utilisation le plus sobre énergétiquement. L’utilisateur doit donc fournir un effort pour utiliser un mode d’utilisation plus consommateur.</p>
<p>Il ne suffit donc pas de considérer l’habitat comme un système technique plus ou moins énergétiquement efficace, mais comme un système qui ne peut être énergétiquement efficace qu’avec ses habitants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128142/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Martin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’habitat énergétiquement performant nécessite de tenir compte des habitants pour être vraiment efficace.Antoine Martin, Doctorant en ergonomie, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1280342019-12-18T18:18:38Z2019-12-18T18:18:38ZPourquoi n’y a-t-il pas davantage de constructions en bois en France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/304440/original/file-20191129-95264-8iw02n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=103%2C267%2C5397%2C3440&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le bois est une alternative intéressante pour le secteur de la construction, l’un des plus émetteurs de CO2 en France.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU3NTA1NjM4MCwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMzgyMDY0MTQzIiwiayI6InBob3RvLzM4MjA2NDE0My9odWdlLmpwZyIsIm0iOjEsImQiOiJzaHV0dGVyc3RvY2stbWVkaWEifSwiUkNYUCswTkxZd0hjVHpZU1hlRTNJZWtZbklNIl0%2Fshutterstock_382064143.jpg&pi=33421636&m=382064143&src=c39caae6-4ace-485a-970a-bc27df265efc-1-5">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Dans l’Hexagone, le secteur du bâtiment contribue à <a href="https://ile-de-france.ademe.fr/sites/default/files/neutralite-carbone-batiment.pdf">26 % des émissions</a> de gaz à effet de serre directes – jusqu’à 40 % si l’on intègre les émissions indirectes. Sa <a href="https://www.codifab.fr/actions-collectives/bois/contrat-strategique-de-la-filiere-bois-2018-2022-2170">contribution aux efforts nationaux</a> est donc indispensable pour se rapprocher de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neutralit%C3%A9_carbone">neutralité carbone</a> nécessaire à l’équilibre climatique.</p>
<p>En regardant les chiffres de plus près, on s’aperçoit qu’une part importante de ces émissions <a href="https://www.batimentbascarbone.org/carbone-batiment/">provient de la phase de production et de construction</a>, donc des matériaux utilisés. Même si ces résultats dépendent fortement du type d’énergie employé pendant l’exploitation du bâtiment et de son isolation, cela montre qu’une grande partie des émissions se concentre sur les premières années du cycle de vie du bâtiment. Aujourd’hui, la production de produits cimentés en <a href="http://www.construction-carbone.fr/combien-de-co2-dans-les-materiaux-de-construction/">constitue la première source</a>.</p>
<p>Une des pistes possibles pour améliorer ce bilan repose sur le recours à des produits de construction dont la production est moins intense en carbone. Un usage accru du bois constitue à ce titre un levier de réduction potentiellement important de ces émissions de gaz à effet de serre. En 2018, seuls <a href="http://afcobois.fr/wp-content/uploads/2019/07/ENQUETE_CONSTRUCTIONBOIS_JUIN_2019.pdf">6,3 % des nouveaux logements</a> étaient produits en bois.</p>
<h2>Prolonger le stockage de carbone</h2>
<p>Dans un contexte d’urgence climatique, le temps constitue l’élément le plus précieux. Et c’est justement ce temps qu’offrent les produits en bois de construction via un stockage temporaire du carbone. Car l’arbre, pendant sa croissance, séquestre du carbone.</p>
<p>Utiliser des produits en bois pour construire permet donc de prolonger la durée de vie de ce matériau et d’éviter le relargage de carbone en fin de vie de l’arbre. Le carbone stocké par les arbres demeure ainsi séquestré dans les produits en bois. La durée de vie de ces éléments utilisés dans les bâtiments étant relativement longue – de 50 à 100 ans selon les structures –, cette séquestration temporaire constitue un élément intéressant dans le développement du « puits carbone ».</p>
<p>S’ajoute à cela l’effet de substitution des produits en bois : leur production suscite moins d’émissions de gaz à effet de serre que leurs substituts issus d’autres matériaux ; leur usage a donc un effet positif dans la réduction des émissions. Et si le bois en fin de vie est réutilisé ou valorisé à des fins énergétiques, il peut encore contribuer à réduire les émissions du secteur.</p>
<p><a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc">La stratégie nationale bas carbone</a>, feuille de route dans la poursuite de l’objectif de neutralité carbone, ne s’y trompe pas et fixe des objectifs élevés pour un usage accru de ce matériau : augmentation de la commercialisation du bois de quasiment un tiers d’ici à 2050 ; massification du recours au bois pour les produits de construction ; développement de l’éco-conception des bâtiments réalisés avec ce matériau.</p>
<p>Reste qu’il est essentiel d’évaluer l’impact d’un recours plus fréquent au bois pour la construction.</p>
<h2>Les vertus du bois</h2>
<p>L’usage du bois agit, on vient de le voir, à deux niveaux : la substitution (on évite des émissions) et la séquestration (le carbone est stocké).</p>
<p>L’intérêt du carbone stocké réside dans l’intégration de la temporalité des émissions, car il permet de lisser les émissions dans le temps. Une exploitation de bois pour un usage de long terme, comme dans la construction, permet de retarder l’émission de CO<sub>2</sub> qui sera produite à la fin de vie du produit, lors de l’incinération ou de la décomposition du matériau.</p>
<p>Ce décalage entraîne une augmentation des puits de carbone forestiers, du fait de la croissance de nouveaux arbres en remplacement, mais également d’une diminution de l’impact de réchauffement climatique cumulé, calculé pour mesurer l’effet des émissions de gaz à effet de serre en kgCO<sub>2</sub>-équivalent (kgCO<sub>2</sub>e). Car l’impact cumulé tient compte de l’effet annuel d’une émission jusqu’à un horizon temporel, défini à 100 ans par le GIEC. Le décalage des émissions jouant donc directement sur le cumul d’impact.</p>
<p>L’approche statique conventionnelle suppose un bilan neutre du carbone vivant sur l’ensemble du cycle de vie : ce qui a été séquestré pendant la croissance de l’arbre sera réémis au moment de la fin de vie. Une approche dynamique permet au contraire de rendre compte de l’effet du stockage temporaire, en intégrant le décalage temporel entre les émissions. L’approche statique considère donc cette réémission à terme sans tenir compte des effets positifs du retardement, tandis que l’approche dynamique en tient compte.</p>
<p>Cette <a href="https://www.chaireeconomieduclimat.org/publications/potentiel-de-sequestration-de-carbone-par-le-bois-etude-des-constructions-neuves-dans-le-secteur-du-logement-francais/">approche dynamique</a> est employée lorsque l’on compare deux structures – en bois et en béton – à l’échelle d’un bâtiment. Le bilan est ici sans appel : à niveau d’isolation équivalente, la structure en bois permet de gagner de 300 à 500 kgCO<sub>2</sub>e/m<sup>2</sup>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=154&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=154&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304421/original/file-20191129-95255-1foiosw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=154&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Impacts du réchauffement climatique statiques et dynamiques en kgCO₂/e/m² selon le type de construction.</span>
<span class="attribution"><span class="source">???</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
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<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=530&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=530&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=530&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=666&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=666&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304422/original/file-20191129-95272-8qxa1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=666&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution de la différence d’impact en MtCO₂e entre un usage accru de bois dans la construction et un usage inchangé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">skd</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’étude d’un usage accru de bois pour les constructions neuves du parc de logement français <a href="https://www.chaireeconomieduclimat.org/publications/potentiel-de-sequestration-de-carbone-par-le-bois-etude-des-constructions-neuves-dans-le-secteur-du-logement-francais/">montre également</a> l’intérêt du stockage permis par ce matériau : dans le cas où la part de bois de construction est triplée d’ici à 2050, et d’une croissance du parc de logement de 1 % par an, on obtient une réduction de l’impact carbone d’au moins 11 %.</p>
<h2>La filière bois française</h2>
<p>Grâce à ces multiples avantages, la construction en bois gagne en popularité et se diversifie. On trouve aujourd’hui de nombreux <a href="http://afcobois.fr/realisations/">exemples d’immeubles</a> construits dans ce matériau. <a href="https://www.certivea.fr/offres/label-e-c">Des labels et des lois</a> intègrent d’autre part la prise en compte de l’empreinte carbone dans les bâtiments et <a href="https://www.batimentbascarbone.org/label-bbca/">valorisent même le stockage</a>. Mais la massification de son usage reste encore lointaine.</p>
<p>Comprendre les enjeux économiques et environnementaux qui entourent cet usage nécessite de bien connaître les caractéristiques de la filière forêt-bois française. Pour permettre une intensification du recours au bois, il est en effet nécessaire que les ressources forestières fournissent la matière première en quantité suffisante et dans de bonnes conditions de durabilité. C’est le cas pour la France.</p>
<p>Chaque année, <a href="https://inventaire-forestier.ign.fr/spip.php?rubrique219">seulement 54 %</a> de l’accroissement annuel de bois est exploité, ce qui implique que la ressource forestière ne cesse de croître. Cela signifie aussi une augmentation du puits de carbone forestier à court terme. Toutefois, la pérennité de ce puits n’est pas forcément assurée, notamment du fait des risques climatiques.</p>
<p>On estime aujourd’hui de <a href="http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Etudes/Toutes-les-actualites/Forets-filiere-foret-bois-francaises-et-attenuation-du-changement-climatique">10 %à 30 % la perte du stock forestier</a> à l’horizon 2050, selon les chocs et les climats envisagés.</p>
<h2>Des ressources pas toutes exploitables</h2>
<p>Il faut en outre distinguer disponibilité brute, c’est-à-dire la différence entre l’accroissement naturel et les prélèvements, et disponibilité effective. Cette restriction dépend à la fois des coûts d’exploitation et de facteurs comportementaux des gestionnaires et propriétaires forestiers.</p>
<p>La faiblesse de cette mobilisation du bois national provient des coûts d’exploitation importants pour certaines forêts (en montagne, par exemple) et d’un fort morcellement de la propriété forestière en France. La forêt est <a href="https://inventaire-forestier.ign.fr/spip.php?rubrique70">privée aux trois quarts</a> et 80 % de sa surface concernent de petites exploitations de moins de 25 hectares, sans compter les zones de protection où l’exploitation des forêts est restreint.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1003827040401985536"}"></div></p>
<p>Le secteur forêt-bois français connaît par ailleurs un <a href="http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/2019_121inforapbois.pdf">fort déficit commercial</a> qui cache certaines disparités : si la France exporte son bois brut, elle importe le bois transformé. Une grosse partie de ce déficit provient du <a href="https://www.fcba.fr/sites/default/files/files/Working%20paper%20COMEXTVF.pdf">secteur de la construction</a>, du fait d’insuffisances de l’offre et d’une compétitivité très forte à l’international sur certains produits. Un usage accru de bois national dans le secteur du bâtiment aurait donc l’avantage de réduire cette balance commerciale déficitaire.</p>
<p>Au déficit commercial de la filière forêt-bois s’ajoute un <a href="https://www.unece.org/fileadmin/DAM/timber/country-info/statements/France2016.pdf">manque d’articulation et de concordance</a> entre les acteurs forestiers. La filière n’est aujourd’hui pas adaptée à un usage prolongé du matériau. Des concurrences internes limitent son développement, notamment celle entre le bois de construction et le bois-énergie. Ces deux types de produits ont pourtant un fort potentiel de complémentarité dans la mesure où ils ne requièrent pas le même type de bois.</p>
<h2>Une mauvaise réputation</h2>
<p>Si l’intérêt du bois de construction est confirmé par nombre d’études scientifiques, les performances fluctuent selon les méthodologies employées – les méthodes de comptabilité du carbone issu de la biomasse via une approche dynamique étant, on l’a vu, encore peu développées. Un flou dont souffre aujourd’hui la filière.</p>
<p>Ce matériau fait en outre l’objet de nombreuses idées reçues : risque d’incendie, termites, humidité, fragilité… Le bois commercialisé est pourtant soumis à des normes strictes et détient, naturellement ou suite à des traitements, un bon comportement au feu et des protections contre les insectes.</p>
<p>Capable de se gonfler d’eau, le bois est également un régulateur naturel du taux d’hygrométrie, ce qui n’est pas le cas du béton. Certains bois, comme le <a href="http://www.woodeum.com/faq/">lamellé croisé ou le CLT</a> confèrent d’autre part aux constructions une résistance étonnante dans les zones à risque sismique.</p>
<h2>Des pistes pour changer la donne</h2>
<p>Pour lever ces freins dans le secteur du bâtiment, on peut envisager plusieurs pistes. On dira globalement que des politiques d’incitation par le prix pourraient contribuer à favoriser l’avantage carbone de l’usage du bois en substitut à d’autres matériaux.</p>
<p>L’incorporation d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1104689913000445">taxe carbone généralisée</a> sur l’ensemble de l’économie y contribuerait : le matériau bois est moins intense en carbone que d’autres matériaux, son prix serait donc moins impacté par une taxe carbone. Le secteur du bâtiment étant caractérisé par le long terme, il est toutefois nécessaire que les évolutions futures d’une telle taxe soient connues de manière prévisible et crédible par l’ensemble des acteurs.</p>
<p>Au-delà d’une politique climatique globale, un certain nombre de leviers sectoriels peuvent également être envisagés. Le choix du matériau de construction se fait à l’échelle locale, selon des choix techniques (caractéristiques de l’essence, climat local, normes), économiques et culturels (usage constructif, existence d’un matériau traditionnel, règles d’urbanisme).</p>
<p>Différentes trajectoires de <a href="http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Analyse_1371905v2.pdf">dynamisation de la filière</a> peuvent être dégagées. Pour y parvenir, des subventions directes à la consommation ou des aides à la transformation stimulant l’offre sont envisageables. Dans un second temps, une restructuration de l’appareil productif est indispensable pour mieux orienter les productions vers des produits plus avantageux en matière de stockage de carbone et d’effet de substitution.</p>
<p>Enfin, pour agir sur le bois de construction à court terme, d’autres mesures doivent être soutenues : disposer de données économiques fiables et précises, instaurer davantage de normes et de réglementations favorisant ce type de construction et diversifier les essences d’arbres, notamment les <a href="https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/disponibilites-forestieres-pour-energie-materiaux-horizon-2035-synthese.pdf">feuillus, essences sous-exploités aujourd’hui</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128034/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Delacote a reçu des financements de la chaire « Économie du climat » et du Labex « Arbre ». </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florine Ollivier Henry ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Utiliser le bois dans le secteur du bâtiment permettrait à la fois de le substituer à des matériaux très émetteurs et de stocker du carbone sur une durée plus longue.Philippe Delacote, Chargé de recherche en économie, InraeFlorine Ollivier Henry, Chargée de recherche, chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1269762019-11-19T22:22:41Z2019-11-19T22:22:41ZÀ ce rythme, le plan rénovation énergétique de la France n’atteindra pas ses objectifs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301769/original/file-20191114-26273-1w1stvd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C181%2C5272%2C2896&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU3Mzc2ODg5MCwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTAwOTY5Mjg4OSIsImsiOiJwaG90by8xMDA5NjkyODg5L2h1Z2UuanBnIiwibSI6MSwiZCI6InNodXR0ZXJzd">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le bâtiment représente 39,5 % de la consommation finale d’énergie et 27 % des émissions de CO<sub>2</sub>. Il est donc la cible idéale des politiques publiques énergétique et climatique. La France s’est fixé de réduire de <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/action-france-lefficacite-energetique">28 % la consommation d’énergie finale</a> dans ce secteur en 2030, et prévoit la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc">décarbonation quasi-complète du bâtiment d’ici 2050</a> – c’est-à-dire le niveau basse consommation dit « BBC ». Les statistiques officielles les plus récentes indiquaient que <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-10/chiffres-stats534-Phebus-juillet2014b_0.pdf">0,3 % des logements en France étaient BBC en 2012</a>. L’enjeu est donc de taille !</p>
<p>En 2018, le gouvernement s’est fixé plusieurs objectifs en la matière dans le cadre du <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/renovation-energetique-des-batiments-plan-accelerer-mobilisation-generale">Plan rénovation énérgétique des bâtiments</a>. D’une part, la rénovation thermique de 500 000 logements par an (sans spécifier la durée), dont la moitié sont occupés par des ménages aux revenus modestes. Sur ces 500 000, l’État prévoit d’avoir rénové d’ici à 2025 (objectif révisé depuis à 2028) les 7 à 8 millions de passoires thermiques (étiquettes F et G du Diagnostic de performance énergétique – DPE) habitées par des foyers propriétaires à faible revenu.</p>
<p>Ce plan annonce parallèlement que 100 000 logements sociaux devront être rénovés chaque année, permettant d’atteindre 250 000 logements occupés par des personnes aux revenus modestes. Pour les 250 000 logements restants, la rénovation devra être réalisée par les propriétaires qui auront accès à des aides financières dédiées, comme pas exemple les certificats d’économie d’énergie.</p>
<p>Dans les faits, ces objectifs apparaissent insuffisants au regard de la législation européenne, trop imprécis, et leur application s’avère difficilement contrôlable.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301767/original/file-20191114-26237-1c3d7cl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’objectif gouvernemental de rénovation thermique de 500 000 logements par an.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Plan%20de%20r%C3%A9novation%20%C3%A9nerg%C3%A9tique_0.pdf">Ministères de la Transition écologique et solidaire et de la Cohésion des territoires</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un objectif flou et insuffisant</h2>
<p>En juin 2018, la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32018L0844&from=EN">refonte de la Directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments</a> (EPBD), stipulait qu’un taux moyen annuel de rénovation de 3 % serait nécessaire au niveau de l’Union européenne pour concrétiser de façon rentable les ambitions de l’Union en matière d’efficacité énergétique. Pour cela, les États membres étaient tenus d’« établir des lignes directrices claires et définir des actions mesurables et ciblées ».</p>
<p>En France, la loi transposant la directive européenne a donc fixé le nombre de logements rénovés par an à 500 000. Ce qui correspond à un taux moyen annuel de rénovation de 1,7 %, bien en deçà des 3 % préconisés par la directive et nécessaires pour atteindre l’objectif gouvernemental d’un parc décarboné à 2050. Tout comme la directive européenne, la loi ne précise par ailleurs à aucun moment les gains minimaux de performance énergétique à atteindre.</p>
<p>Le parc immobilier français compte en outre <a href="https://cler.org/plan-de-renovation-energetique-beaucoup-didees-mais-peu-de-mesures-concretes-pour-la-transition-des-batiments-et-la-lutte-contre-la-precarite-energetique/">7 millions de logements « passoires énergétiques »</a> : si le gouvernement entend les éradiquer d’ici à 2028 comme indiqué dans le Plan Rénovation, il faudrait accélérer la cadence et les rénover lourdement en priorité à un rythme annuel d’1 million de logements.</p>
<p>En raison de l’absence d’une définition officielle de la rénovation énergétique en France ou au niveau de l’Union européenne, il devient difficile de recenser correctement l’activité de la rénovation énergétique. Les bases de données existantes utilisent différents niveaux d’analyse et visent des cibles différentes – certaines bases se concentrent uniquement sur le parc de logements sociaux, d’autres le parc privé – comme le montre le tableau ci-dessous.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301764/original/file-20191114-26222-6yeghr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bases de données et rapports d’activités sur la rénovation énergétique en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carine Sebi, analyse faite en octobre 2019</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Une mise en œuvre déjà retardée</h2>
<p>Malgré des objectifs largement insuffisants, on constate que la mise en œuvre du plan gouvernemental a déjà pris bien du retard. S’il est impossible de dresser un bilan précis, une estimation grossière révèle que le compte des 500 000 rénovations énergétiques annuelles n’y est pas : en 2018, on recense <a href="https://www.union-habitat.org/actualites/dossier-la-renovation-energetique-une-priorite-nationale#content">110 000 rénovations</a> dans le logement social, <a href="https://www.anah.fr/fileadmin/anah/Mediatheque/Publications/Les_rapports_activite/Rapport-activite-2018.pdf">62 000 dans les logements privés précaires</a> et <a href="https://www.ademe.fr/travaux-renovation-energetique-maisons-individuelles-enquete-tremi">130 000</a> pour le <a href="https://www.ademe.fr/open-observatoire-permanent-lamelioration-energetique-logement-campagne-2015">parc privé</a> restant, soit un total approximatif de 300 000 rénovations annuelles concernant la période 2016-2018.</p>
<p>Même en considérant des <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/immobilier-btp/constat-dechec-pour-la-renovation-energetique-des-logements-150193">estimations plus généreuses</a> – évoquant plutôt 300 000 rénovations dans le parc privé et 100 000 dans le parc social – la France ne pourra pas à ce rythme atteindre l’objectif annoncé d’un parc de bâtiment neutre en carbone d’ici à 2050.</p>
<p>Ce retard s’explique d’une part par un coût fixe élevé des rénovations thermiques : il s’élève à <a href="https://www.ademe.fr/travaux-renovation-energetique-maisons-individuelles-enquete-tremi">environ 25 900 euros</a> par logement privé pour une rénovation thermique qui permettrait de gagner deux classes (passer d’une performance énergétique D ou C à B par exemple). D’autre part, la variation du prix de l’énergie associée rend le <a href="https://theconversation.com/renovation-energetique-du-logement-les-conditions-de-la-rentabilite-93868">retour sur investissement très lointain</a>, et peu incitatif pour les ménages – malgré les aides proposées. Sans parler du déficit d’information constaté chez les ménages sur les aides disponibles et sur les mesures de rénovation les plus efficaces.</p>
<h2>La nécessité du suivi</h2>
<p>Pour l’avenir, les toutes dernières orientations politiques du gouvernement indiquent une priorité marquée pour les ménages modestes avec le retrait du crédit d’impôts (CITE) – qui jusque-là offrait à tous les propriétaires bénéficiaires jusqu’à 30 % de réduction d’impôts sans condition de revenu du ménage (plafonné à 16 000 euros selon la composition du ménage) – et la mise en place de « Ma prime rénov » » <a href="https://www.quelleenergie.fr/magazine/fiscalite-verte/fin-du-cite-la-nouvelle-prime-ma-prime-renov-2020/">qui propose une aide forfaitaire</a> dont le montant dépend du type de rénovation.</p>
<p>Elle s’oriente davantage vers les ménages modestes en ciblant les travaux de rénovation les plus efficaces. L’avantage de cette mesure est qu’elle met l’accent sur les ménages en situation de précarité énergétique qui le plus souvent logent dans cesdites passoires thermiques. Son risque est de décourager la rénovation dans les ménages les plus aisés, qui portent aujourd’hui à eux seuls <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/renovation-energetique-maintenons-laide-fiscale-pour-les-foyers-aises-1140050">50 % de l’activité du secteur</a>.</p>
<p>Faute de données fiables et d’objectifs bien définis en France, suivre les avancées en matière de rénovation énergétique dans le pays est difficile. Or sans évaluation, il sera compliqué de satisfaire les efforts engagés. Des lacunes dont le gouvernement prend toutefois conscience, puisqu’il a lancé en septembre un <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/aides-la-renovation-energetique-une-prime-et-une-plateforme-anah-des-2020">observatoire national de la rénovation énergétique</a>, dont les premières données seront rendues disponible entre 2020 et 2021.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126976/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carine Sebi a travaillé entre 2012 et 2017 sur des projets en lien avec le sujet de la rénovation énergétique financés par des fonds européens. Elle a notamment participé au lancement de l'Observatoire Européen du Bâtiment.</span></em></p>L’absence de suivi et des objectifs trop flous expliquent, entre autres, que le pays peine à tenir ses promesses.Carine Sebi, Assistant professor and Coordinator of the "Energy for Society" Chair, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1268502019-11-18T19:55:27Z2019-11-18T19:55:27ZLa rénovation thermique réduit-elle vraiment votre facture d’énergie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301250/original/file-20191112-178520-1rh1sug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=126%2C58%2C5178%2C3421&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon une étude des auteurs, 1 000 euros de travaux en rénovation énergétique entraînent une diminution de 8,3€ par an de la facture énergétique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/man-installing-thermal-insulation-layer-under-233789185">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La rénovation énergétique est l’un des piliers de l’action publique en faveur de la transition énergétique. Dernière illustration en date, le plan gouvernemental de rénovation énergétique des bâtiments, qui prévoit la rénovation de <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Plan%20de%20r%C3%A9novation%20%C3%A9nerg%C3%A9tique_0.pdf">500 000 logements</a> par an pendant cinq ans. Ou le discours de politique générale de juin 2019 du premier ministre qui annonçait une réforme des aides à la rénovation. Cette priorité se manifeste par une multiplication d’instruments : éco-prêt à taux zéro, crédit d’impôt pour la transition énergétique, certificats d’économies d’énergie, diagnostic de performance énergétique, et les acronymes correspondants : éco-PTZ, CITE, CEE, DPE… Mais la rénovation énergétique des logements réduit-elle vraiment la consommation d’énergie comme elle le prétend ?</p>
<h2>Un investissement moyen rentabilisé en… 120 ans</h2>
<p>Nous venons de publier une <a href="https://www.larevuedelenergie.com/quel-est-limpact-des-travaux-de-renovation-energetique-des-logements-sur-la-consommation-denergie">étude économétrique</a> reposant sur l’observation des travaux réellement effectués par des ménages et leurs factures énergétiques avant et après travaux. Les données proviennent de l’<a href="https://ademe.typepad.fr/files/tns-sofres---me-bilan-2012---synth%C3%A8se-4-pages-3008.pdf">enquête Maîtrise de l’Énergie</a> réalisée par TNS-SOFRES pour l’Ademe. De 2000 à 2013, l’institut de sondage interrogeait chaque année un panel représentatif de 7 à 9 000 ménages sur leur dépense énergétique et sur leurs éventuels investissements dans la rénovation. Chaque ménage était sondé plusieurs années consécutives, permettant ainsi d’observer l’évolution de leurs factures après rénovation. L’enquête fut malheureusement stoppée et les enquêtes plus récentes ne fournissent plus les mêmes éléments.</p>
<p>Le modèle économétrique, que nous ne décrirons pas ici, consiste pour l’essentiel à comparer la variation de la consommation d’énergie d’un ménage réalisant des travaux avec celle des ménages n’effectuant pas de travaux ou des travaux d’un montant différent. Pour identifier un effet « toutes choses égales par ailleurs », nous effectuons cette comparaison pour une même année et entre des ménages vivant dans la même région (et donc soumis aux mêmes conditions météorologiques, macroéconomiques et réglementaires), ayant un revenu similaire et une taille de foyer identique, contrôlant ainsi l’effet de facteurs susceptibles d’affecter la consommation énergétique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1113222583149895681"}"></div></p>
<p>Notre estimation aboutit au résultat suivant : 1 000 euros de travaux ne diminuerait en moyenne la facture énergétique que de 8,4 € par an. Pour un investissement moyen de l’enquête, cela correspond à une diminution de 2,7 % de la facture. La rénovation énergétique est alors loin d’être rentable si l’on s’en tient aux seules économies d’énergie puisque le temps de retour correspondant, c’est-à-dire le nombre d’années nécessaires pour récupérer le coût de l’investissement initial, est de 120 ans.</p>
<p>Ce résultat apparaît en décalage avec le consensus actuel des experts. Notre estimation est par exemple beaucoup plus faible que celles incluses dans les fiches des opérations standardisées utilisées pour <a href="https://calculateur-cee.ademe.fr">calculer les économies d’énergie</a> générant les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE).</p>
<p>À titre d’illustration, la fiche CEE décrivant la pose d’une fenêtre ou d’une porte-fenêtre avec vitrage isolant – une opération notoirement moins efficace que d’autres – prédit un impact deux fois plus élevé que notre estimation de l’impact de l’investissement moyen.</p>
<h2>Une question de confort plus que d’économies</h2>
<p>Notre travail est une analyse a posteriori sur des données décrivant des comportements réels. Au contraire, le consensus d’experts a été construit en France à partir de modèles de simulation fondés sur des hypothèses de comportements. De ce point de vue, notre approche est plus proche d’une <a href="https://academic.oup.com/qje/article/133/3/1597/4828342">étude américaine</a> réalisée en 2018 qui identifie elle aussi des impacts très faibles – des économies d’énergie environ 2,5 fois inférieures à celles prédites par le modèle utilisé par les autorités publiques américaines pour piloter de nombreux programmes de soutien à la rénovation énergétique.</p>
<p>Comment alors expliquer la modestie de ces impacts ? Une première explication tient au fait que la première motivation exprimée par les ménages réalisant des travaux de rénovation énergétique n’est pas l’économie d’énergie, mais le confort. Or améliorer son confort équivaut en pratique à augmenter la température intérieure du logement. Après rénovation, rien ne dit que cette augmentation ne vienne annuler l’impact énergétique des travaux. Plus de confort, moins de déperdition d’énergie mais au total plus de consommation d’énergie. C’est « l’effet rebond ».</p>
<p>Par ailleurs, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous dans un marché de la rénovation où prévaut une asymétrie d’information entre des ménages peu au fait des subtilités techniques de l’opération, et des professionnels qui savent que la qualité de leur prestation ne sera observée par les clients qu’une fois les travaux terminés et la facture réglée.</p>
<h2>Cibler les fournisseurs et non les consommateurs</h2>
<p>Ce résultat conduit évidemment à s’interroger sur la pertinence des subventions à l’efficacité énergétique dans le secteur résidentiel si elles sont uniquement motivées par la réduction de la consommation d’énergie. En tout état de cause, la rénovation énergétique ne constitue pas un gisement d’opérations peu coûteuses de réduction de la consommation d’énergie, et par conséquent des émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>L’estimation d’un temps de retour de 120 ans concerne un investissement moyen. Or il est notoire que l’impact énergétique varie beaucoup en fonction du type de travaux réalisés. Notre étude invite donc à cibler le soutien public sur les travaux les plus efficaces (en particulier, l’isolation des combles, des murs, des planchers).</p>
<p>Enfin et surtout, ce résultat invite à déplacer la focale de l’action publique des consommateurs d’énergie vers les fournisseurs de solutions de rénovation énergétique avec un double objectif : réduire les prix et améliorer la qualité de la rénovation. D’autant que la multiplication des aides allouées à leurs clients n’a pu que dégrader leur performance sur ces deux dimensions. Des dispositifs comme l’opération en cours « isolation des combles à 1 euro » rendent ainsi presque accessoires le prix et la qualité des travaux réalisés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126850/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthieu Glachant ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude montre que la facture énergétique des ménages est bien moins sensible à la rénovation que prévu, ce qui interroge l’action publique en la matière.Matthieu Glachant, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1246812019-10-10T21:40:19Z2019-10-10T21:40:19ZQuand les réalités virtuelle et augmentée s’invitent dans l’industrie et la construction<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/295615/original/file-20191004-118205-1bhhg24.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=306%2C30%2C4207%2C2805&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La réalité augmentée a notamment des applications en matière de modélisation.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU3MDIyMzYwNCwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTAzMTEwNTQ1MiIsImsiOiJwaG90by8xMDMxMTA1NDUyL2h1Z2UuanBnIiwibSI6MSwiZCI6InNodXR0ZXJzdG9jay1tZWRpYSJ9LCJkWG5DQUd6UjBrM1RMWGF0ZG5RNmhlTi9ybmsiXQ%2Fshutterstock_1031105452.jpg&pi=33421636&m=1031105452&src=dv-NnV1Q__ZX_gFWxYmMhw-1-0">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 5 au 13 octobre 2019 en métropole et du 9 au 17 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème « À demain, raconter la science, imaginer l’avenir ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>La complexité croissante de l’ingénierie, des projets de construction ou des produits manufacturés et des processus industriels associés nécessite un recours à des technologies innovantes, notamment à la réalité augmentée (RA) et à la réalité virtuelle (RV).</p>
<p>Celles-ci font partie des 10 technologies numériques les plus stratégiques de l’industrie 4.0 : elles permettent d’augmenter les possibilités de communication, d’échange et de coopération entre les personnes elles-mêmes, les personnes et les machines, et même entre les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2351978918311867">machines et les objets industriels</a>.</p>
<p>Mais de quoi parle-t-on ? S’appuyant sur le réel en y intégrant des éléments 3D virtuels, la technologie de la réalité augmentée permet de mélanger le virtuel à ce qui existe vraiment. En d’autres termes, elle offre aux utilisateurs de visualiser et d’interagir, dans l’environnement réel, avec des objets 3D plus facilement qu’ils ne le peuvent avec une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212827115010847">simulation ou un écran d’ordinateur</a>. Par exemple, dans l’exemple ci-dessous, l’opérateur voit, étapes par étapes, comment remplacer le capteur du module de presse de la chaîne de production sur laquelle il effectue sa maintenance.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zmHkyFLNXhg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vision en réalité augmentée des étapes de remplacement d’un capteur d’un module de presse, (LINEACT).</span></figcaption>
</figure>
<p>Pour cela, <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-030-05270-6_16">plusieurs dispositifs</a> servent de support : les smartphones, les tablettes et les lunettes ou casque de réalité augmentée – comme le <a href="https://www.microsoft.com/fr-fr/hololens">Microsoft Hololens</a> ou le <a href="https://varjo.com/xr-1/">Varjo-XR1</a>. Le principe de base de la réalité augmentée consiste à capturer des images du monde réel à l’aide de caméras, puis de reconnaître des points d’intérêts – zone à fort contraste dans une image – afin d’identifier la position et l’orientation de la caméra, pour enfin ajouter des objets virtuels au sein du monde réel.</p>
<p>Ces derniers se comportent alors comme s’ils existaient au sein de ce monde réel et se déplacent de manière cohérente <a href="https://doi.org/10.1109/38.963459">lorsque la caméra est en mouvement</a>.</p>
<p>La réalité virtuelle, quant à elle, permet aux utilisateurs de s’immerger totalement dans un environnement virtuel, de <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-319-60922-5_2">l’explorer et d’interagir</a> avec les objets 3D. Cette technologie est réalisée, généralement, via des dispositifs d’affichage avancés, tels que des casques immersifs.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"777767952405762048"}"></div></p>
<h2>Une aide à la conception et à la production</h2>
<p>Bien que les premières apparitions de réalité augmentée et virtuelle datent d’il y a plus d’une vingtaine d’années, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2351978918311867">leur application au secteur professionnel est récente</a>.</p>
<p>Dans l’industrie, elles sont intégrées aux différentes phases de l’activité. Les outils de réalité virtuelle sont par exemple utilisés pour de la revue de projet industriel, de la collaboration à distance ou encore des études <a href="https://doi.org/10.1007/s10055-016-0293-9">d’assemblage, d’ergonomie, de maintenabilité</a> ou des études <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212827119306304">d’implantations d’atelier de fabrication</a>. Par exemple, SAFRAN a réalisé, en réalité virtuelle, l’étude de la ligne d’assemblage de nacelles de l’Airbus A330neo. De cette manière les ingénieurs et opérateurs ont pu travailler ensemble pour concevoir une ligne d’assemblage sans défaut.</p>
<p>Cette technologie est également utilisée de la formation à l’exploitation ou à la maintenance de systèmes industriels. Un opérateur peut ainsi se former et s’entraîner en réalité virtuelle avant de travailler sur le système réel. Elle est aussi utile pour évaluer l’impact de l’intégration des outils de l’industrie du futur, par exemple, en testant la <a href="http://dx.doi.org/10.1007/s12008-015-0259-2">collaboration homme/robot</a> de manière sécurisée <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01713362v2/document">dans un monde virtuel</a>.</p>
<p>Dans la vidéo ci-dessous, par exemple, l’opérateur effectue en réalité virtuelle un assemblage assisté d’un bras robotique. Ainsi, s’il se positionne trop près du bras robot, il ne sera pas heurté par celui-ci puisque tout est virtuel. La RV permet aussi d’adapter l’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/21693277.2019.1660283">ergonomie d’un poste de travail</a>. L’analyse en temps réel de la posture de la personne permet de reconcevoir un poste adapté, afin de lui éviter des troubles musculo-squelettiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296223/original/file-20191009-3935-uv97hh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Analyse de la posture pendant la réalisation d'une tâche d'assemblage en réalité virtuelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212827119306304">Author provided</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>En matière de réalité augmentée, les usages en industrie concernent l’assistance pour la réalisation d’opérations de maintenance ou d’assemblage en délivrant des instructions et informations contextualisées sur les <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01713362v2/document">procédures à mettre en œuvre</a> : guide d’assemblage, guide de maintenance. La RA est également utilisée dans le domaine de la logistique et de la préparation de <a href="https://doi.org/10.1145/2910674.2910730">kit de production ou de commande</a> ou pour du contrôle de pièces <a href="https://doi.org/10.1007/s40593-014-0032-x">ou d’opérations d’assemblage</a>.</p>
<p>Globalement, la réalité virtuelle est donc principalement utilisée en phase de conception et de formation tandis que la réalité augmentée sert en phase de production.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/dCSEjl4_D3o?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">INOOVAS : Industrial ontology for operation in virtual and augmented scene (LINEACT CESI).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des outils de modélisation pour la construction</h2>
<p>Dans le contexte de la construction ou de l’exploitation du bâtiment, les technologies de RA ou RV s’avèrent des outils efficaces permettant de visualiser des situations complexes, sur les chantiers ou en amont, et ainsi de renforcer les connaissances en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0926580517309962">matière de prévention des risques</a>.</p>
<p>Ces technologies permettent de mieux appréhender le contexte physique de l’activité de construction, de la tâche ou de la structure sur site afin de prendre des décisions de conception <a href="https://doi.org/10.1080/15578771.2016.1240117">plus éclairées et plus précises</a>.</p>
<p>Leur déploiement permet par ailleurs un gain de productivité et une présentation efficace <a href="https://doi.org/10.1108/CI-03-2014-0019">du futur bâtiment aux clients</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, les questions de recherche que nous adressons au sein de notre équipe de recherche portent sur la modélisation et la problématique d’exploitation unifiée des données, informations et connaissances dans des environnements virtuels ou augmentés. Cette exploitation unifiée permettra, à terme, de créer des guides en réalité augmentée et des formations en réalité virtuelle à partir de données communes afin d’assister les opérateurs et employés de l’entreprise.</p>
<p>Nous nous intéressons également aux méthodes et outils dédiés à la conception d’environnements virtuels au sein desquels plusieurs utilisateurs pourraient collaborer, échanger et mener des actions conjointes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124681/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Ces technologies offrent des possibilités intéressantes en matière de conception et de production.Ahlem Assila, Enseignante-chercheuse au sein du laboratoire LINEACT de CESI, CESIDavid Baudry, Enseignant-chercheur HDR au sein du laboratoire LINEACT de CESI, CESIVincent Havard, Enseignant-chercheur au sein du laboratoire LINEACT de CESI., CESILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1220942019-09-12T22:26:13Z2019-09-12T22:26:13ZLe sable, une ressource essentielle en voie de disparition<p>Inévitablement associé dans la conscience collective aux plages de nos vacances, le sable fait pourtant l’objet de convoitises bien au-delà du tourisme. Juste après l’eau, il constitue la seconde ressource minérale exploitée par l’homme !</p>
<p>Résultat de l’altération d’une roche mère par des agents le plus souvent météoriques – l’eau, le vent, l’action des cycles de gel et dégel – sa nature dépend donc de sa source : il existe autant de sables différents que de roches sur la planète ! Trois critères relatifs à ses grains permettre de le caractériser : la nature (minérale ou organique), la forme (morphoscopie) et les dimensions (granulométrie). Ces deux dernières dépendent de la durée du transport et de ses agents de transport : le vent et l’eau, laquelle peut être pluviale, fluviale ou marine.</p>
<p>Omniprésent dans notre quotidien même si nous l’ignorons, le sable entre notamment dans la composition du béton, son premier consommateur. Or l’exploitation et l’utilisation de cette ressource n’est pas sans conséquence environnementales, économiques, sociales et culturelles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Plage de sable noir, Fidji.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nicolas Bernon</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Des dizaines de milliers d’années pour le produire</h2>
<p>Outre les plages et les fonds marins, nos terres aussi regorgent de sable. En France, les bassins sédimentaires <a href="http://sigesaqi.brgm.fr/Structure-et-histoire-simplifiees.html#321">aquitain</a> et <a href="http://sigessn.brgm.fr/spip.php?article18">parisien</a> renferment sous nos pieds de vastes formations sableuses. Cette présence sur le continent, en surface ou en sous-sol, provient d’un environnement passé où le transport et le dépôt de sédiments sableux étaient possibles.</p>
<p>Des dizaines voire centaines de milliers d’années sont nécessaires pour que la nature produise du sable en grande quantité. Deux conditions doivent être réunies : un climat favorable à l’érosion des sols et une zone propice au dépôt de sédiments. D’une manière générale, lors des phases glaciaires, le volume des calottes glaciaires continentales s’accroît, le niveau marin s’abaisse et la ligne de rivage recule. Les rivières parcourent alors de longues distances avant d’atteindre l’océan, ce qui accentue leur pouvoir érosif : ce contexte favorise la formation et le dépôt de sédiments sableux.</p>
<p>La dernière époque glaciaire s’est achevée il y a un peu plus de 18 000 ans. À titre d’exemple, dans le golfe de Gascogne, le niveau marin global se situait alors à 120m environ en dessous du niveau actuel. Depuis, la mer <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-67152-FR.pdf">est remontée plus ou moins régulièrement</a>. Il y a 14 000 ans, son niveau était à -80m par rapport à l’actuel et il y a 9 000 ans à -20m. Depuis 5 000 ans environ, il a plus ou moins cessé de s’élever, limitant fortement les apports sédimentaires. Cet appauvrissement au cours des derniers millénaires induit que le stock de sable présent sur nos côtes n’est plus renouvelé. Malgré cela, il demeure largement mobilisé par les activités humaines.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Variation du niveau marin relatif lors des derniers 150 000 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Imbrie et coll., 1984 ; Stanley, 1995 ; Menier, 2003 ; BRGM et ONF, 2018</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rivages holocènes dans le sud du Golfe de Gascogne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Prat & Auly, 2010, d’après Gensous, 1971.</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>De graves conséquences environnementales</h2>
<p>Comme évoqué antérieurement, le secteur de la construction est le plus gourmand en sable. Celui-ci entre en effet dans la composition du béton et du verre, mais est également utilisé dans les remblais maritimes. Or, tous les sables ne sont pas adaptés à ces usages. Les grains du désert, par exemple, sont trop petits et trop ronds pour fabriquer du béton. Raison pour laquelle les sables continentaux, des rivières et des plages subissent une telle pression. Mais ces précieux grains se glissent aussi dans des objets plus inattendus. Ils jouent par exemple un rôle central dans le processus de construction de nos ordinateurs, de nos cosmétiques ou encore de nos voitures.</p>
<p>Ces applications nombreuses impliquent des extractions massives. Le sable est prélevé de terre dans des carrières, aspiré par des dragues au fond de l’océan, ou raclé à la pelle mécanique dans les rivières et sur le littoral. Autant de méthodes qui affectent la qualité de l’eau – en augmentant la turbidité par exemple – de l’air et du sol. Elles bouleversent les paysages et les écosystèmes, affectant la biodiversité.</p>
<p>Ces prélèvements en milieu naturel sont par ailleurs susceptibles de modifier le fonctionnement hydrologique des cours d’eau, la morphologie des côtes et les courants marins, et tout particulièrement de provoquer l’érosion des sols et du littoral. Au risque d’exposer les populations à des risques accrus d’inondation, de submersion marine et d’érosion.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Exploitation de sable en bordure de rivière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UNEP, 2019/Minette Lontsie</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Cible des trafics</h2>
<p>Les conséquences potentielles de l’exploitation du sable ne sont donc pas qu’environnementales, mais aussi économiques, humaines, sociales et culturelles. À titre d’exemple, l’appauvrissement des sols et la disparition des plages affectent les secteurs de l’agriculture et du tourisme.</p>
<p>La demande en sable au Maroc a provoqué le développement de <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/maroc/les-plages-du-maroc-vont-elles-survivre-aux-mafias-du-sable_3449149.html">filières illégales d’extraction du sable</a> sur le littoral, et l’<a href="http://www.harvarddesignmagazine.org/issues/39/built-on-sand-singapore-and-the-new-state-of-risk">extension de Singapour</a>, essentiellement sur des remblais maritimes, est à l’origine de tensions avec les pays voisins. En Inde, l’exploitation du sable pour ses minéraux est aussi <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-22-juin-2019">entachée d’illégalité et de corruption</a>.</p>
<p>Bien sûr, son extraction n’est pas non plus sans impact sur le réchauffement climatique. <a href="https://read.oecd-ilibrary.org/environment/global-material-resources-outlook-to-2060_9789264307452-en#page1">Un rapport de l’OCDE de février 2019</a> indique ainsi que la production de béton actuelle occasionne 9 % de la totalité des émissions de gaz à effet de serre, et projette ce chiffre à 12 % en 2060.</p>
<h2>Sobriété, efficacité et matériaux alternatifs</h2>
<p><a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/rising-demand-sand-calls-resource-governance">Une autre étude, de l’ONU cette fois</a>, également publiée en 2019, fait état de l’exploitation de sable à l’échelle mondiale. Elle s’intéresse pour cela à la production de ciment dans 150 pays. En considérant que le béton comporte 25 % de sable et 45 % de sédiments grossiers par unité de volume, elle conclut que les granulats (qui englobent les deux) constituent les matériaux les plus exploités sur la planète.</p>
<p>En 2010, leur consommation annuelle mondiale, tous usages confondus, <a href="https://archive-ouverte.unige.ch/unige:75919">était estimée à 40 gigatonnes</a>. En 2017, la seule production de béton en a nécessité 30 gigatonnes. Une quantité qui pourrait atteindre les 50 gigatonnes par an en 2030 – des chiffres qui dépassent largement les apports naturels par les fleuves. Étant donné la demande croissante en sable et les conséquences de son exploitation, ce rythme apparaît insoutenable. Comme pour l’énergie, la sobriété et l’efficacité feront partie de la solution.</p>
<p><a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/rising-demand-sand-calls-resource-governance">Le rapport de l’ONU</a> propose notamment de réduire la consommation du sable par l’emploi des matériaux alternatifs, la densification urbaine, ou encore l’investissement dans la rénovation et l’entretien du bâti existant – plutôt que dans la démolition et la reconstruction. Il préconise également de miser sur le recyclage et l’innovation pour limiter les extractions en milieu naturel.</p>
<p>Afin d’encourager le déploiement de ces solutions, il apparaît indispensable d’homogénéiser les pratiques et les réglementations en matière d’extraction du sable.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit en partenariat avec l’Observatoire de la côte Aquitaine.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122094/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Bernon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le sable de nos plages qui semble inépuisable se renouvelle en réalité très lentement et constitue la seconde ressource minérale la plus exploitée par l’homme après l’eau.Nicolas Bernon, Ingénieur risques naturels - littoral, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1204422019-07-17T21:23:34Z2019-07-17T21:23:34ZDress code en entreprise : tenue correcte (toujours) exigée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/284342/original/file-20190716-173366-1sy1i0r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C0%2C976%2C642&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une entreprise est en droit d'exiger des vêtements propres et décents à ses employées.</span> <span class="attribution"><span class="source">Michail Petrov/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’adage populaire « l’habit ne fait le moine » nous met en garde contre l’aspect superficiel et trompeur du vêtement. Mais qu’en est-il vraiment ? Porter l’habit du moine n’en reste-t-il pas une condition pour entrer dans l’abbaye et y rester ? Rapportée au monde de l’entreprise, cette question interroge les exigences, les attendus en terme de tenue vestimentaire des salariés. Plus généralement, elle renvoie au sujet des <a href="https://doi.org/10.4324/9780429495281"><em>dress codes</em></a>, cet ensemble de règles, de normes vestimentaires dont les origines sont liées au contexte historique, social et culturel des organisations.</p>
<h2>Des règles vestimentaires explicites</h2>
<p>Lorsque le dress code en entreprise relève de règles explicites, on pense naturellement au port de l’uniforme dans certaines institutions (armée, justice…) et/ou dans certaines professions (médecins, pilotes…). Celui-ci permet de crédibiliser celle/celui qui le porte et intervient comme un marqueur de la fonction, de l’autorité, de la compétence, de la maîtrise et de l’excellence.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284291/original/file-20190716-173360-s885a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Exemples de styles vestimentaires dans la banque.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En outre, les dress codes peuvent être édictés par la loi. Le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072050&idArticle=LEGIARTI000006900785">code du travail</a> français indique ainsi que l’employeur peut imposer une tenue à condition qu’elle soit justifiée par la nature de la tâche à accomplir : raisons de sécurité (BTP, industrie), raisons d’hygiène (hôpitaux, restauration, agroalimentaire), raisons d’image de marque (banque, assurance, luxe). Par ailleurs, un dress code explicite peut être formalisé dans les chartes, les règlements intérieurs des entreprises de façon plus ou moins détaillée, plus ou moins coercitive. Plus globalement, une entreprise est en droit d’exiger des vêtements propres et décents à ses employées (le sale, le vieux, le déchiré, ou encore l’indécent sont rejetés).</p>
<p>Parmi quelques exemples de codes imposés, on peut citer ceux présents <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01507863">dans la banque et la finance</a>. Traditionnellement, le port du costume et de la cravate y sont requis. En 2010, la banque suisse UBS avait ainsi rédigé un dress code d’une <a href="https://www.latribune.fr/carrieres/recrutement/20101214trib000582858/chez-ubs-on-ne-rigole-pas-avec-le-dress-code.html">quarantaine de pages</a> définissant des règles vestimentaires extrêmement précises et détaillées à l’attention de ses salariés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284281/original/file-20190716-173342-hd9d62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le dress code de la banque suisse UBS a été formalisée dans un document de 40 pages.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BalkansCat/Shutterstock</span></span>
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<p>On trouve également certaines structures qui obligent leurs salariées à chausser des talons hauts. Cette pratique a d’ailleurs été dénoncée par des femmes victimes de ce diktat notamment au Royaume-Uni dès 2015 et au Japon tout récemment avec le mouvement <a href="https://twitter.com/search?q=%23KuToo&src=typd">« #KuToo »</a> (contraction de « chaussure » et de « douleur ». Outre-Manche, la conséquence de ce soulèvement fut la décision du Trades Union Congress, l’organisation fédératrice des syndicats britanniques, d’<a href="https://www.tuc.org.uk/news/tuc-inappropriate-footwear-work">interdire les stilettos</a> sur les lieux de travail pour des raisons de santé et de sécurité au profit de chaussures de hauteur raisonnable (2,5 cm de hauteur de talon maximum). Ce type de mesure annoncerait-il une tendance qui semble déjà amorcée : la fin des dress codes en entreprise ?</p>
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<figcaption><span class="caption">« Les Japonaises veulent enlever leurs talons au travail avec #KuToo » (vidéo France 24, juin 2019).</span></figcaption>
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<h2>Vers la disparition des dress codes ?</h2>
<p>On assiste de plus en plus à un net assouplissement, voire à une <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/socsoc/2011-v43-n1-socsoc1522461/1003534ar/">disparition des règles vestimentaires explicites</a>. Ainsi, depuis juillet 2017, en France, a été notifié l’abandon du port obligatoire de la cravate au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le même cas de figure se retrouve dans les cabinets d’audit, de conseils qui suggèrent à leurs salariés d’adapter leur tenue en fonction de leur journée et des clients rencontrés, rendant caduque le port de la cravate obligatoire en toutes circonstances.</p>
<p>Plus généralement, dans des secteurs perçus comme plus « jeunes », « dynamiques », « innovants » ou « artistiques » (la high-tech, le digital, la communication, le marketing, les métiers créatifs), il est courant de se vêtir de façon détendue et casual. Une <a href="https://www.researchgate.net/profile/Michael_Slepian/publication/277641085_The_Cognitive_Consequences_of_Formal_Clothing/links/57757a8908ae4645d60bacda.pdf">étude</a> publiée dans la revue <em>Social Psychological and Personality Science</em> indique même que lorsque les individus sont habillés de façon décontractée, ils sont plus efficaces pour des tâches concrètes, nécessitant de la concentration ou faisant appel à des capacités cognitives tels que la mémoire, la résolution de problèmes, le calcul.</p>
<h2>Pas de règles ne veut pas dire pas de dress code</h2>
<p>Pour autant, si certaines règles ne sont pas énoncées et recensées comme dress codes par les organisations, elles n’en restent pas moins présentes mais implicites sous la forme de normes, de pratiques et d’usages. En effet, les dress codes étant intrinsèquement liés au secteur d’activité de l’entreprise, à sa culture, à ses valeurs et au(x) métier(s) existent toujours sous différentes formes. Ainsi, un relâchement de formalisme vestimentaire, illustré par le style <a href="https://www.questia.com/magazine/1G1-18460388/unsuitable-for-the-job"><em>casual wear</em></a> ou le <a href="https://www.questia.com/library/journal/1G1-16955504/dress-code-how-are-cpa-firms-handling-the-trend-toward"><em>Friday wear</em></a>, initié aux États-Unis dans les années 1980 et depuis largement répandus partout dans les entreprises, n’en reste pas moins une autre forme de règle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284292/original/file-20190716-173376-1m1fecm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans certains secteurs, « t-shirt is the new suit » est devenu le nouveau credo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Paul Vasarhelyi/Shutterstock</span></span>
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<p>D’une part, il existe toujours dans ce style plus décontracté des codes à respecter. Pour les employés travaillant uniquement à leur bureau, sans être en représentation et sans contrainte professionnelle particulière, un dress code plus « casual » se traduit par le trio jeans/baskets/t-shirts tout en respectant une forme d’élégance et de décence. D’autre part, un style décontracté imprime en réalité certaines normes à suivre sous la forme de règles tacites. Adopter la tendance actuelle qui prône le credo « T-shirt is the new suit » permet d’afficher le « cool », la décontraction, la jeunesse, l’avant-gardisme, l’ouverture d’esprit et l’agilité qui conviennent à des organisations qui sont ou se montrent innovantes, disruptives, créatives, flexibles et attractives.</p>
<p>Dès lors, le dress code, qu’il soit affiché ou tacite, explicite ou implicite n’en reste pas moins toujours présent dans les organisations. En tant que code, on peut ajouter que la tenue vestimentaire fonctionne et intervient comme un langage. Un langage qui parle de l’entreprise, de son activité, de sa culture, de ses pratiques, de sa vision. À qui sait le décrypter, il transmet un message qui en dit long sur la <a href="https://journals.openedition.org/communicationorganisation/4350">structure et ses collaborateurs</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120442/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Agnès Ceccarelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré les mesures visant à laisser une plus grande latitude dans les choix des salariés, les règles implicites en matière de vêtements perdurent.Agnès Ceccarelli, Professeur associé, département Ressources humaines, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.