tag:theconversation.com,2011:/institutions/ecole-de-guerre-economique-2361/articlesÉcole de guerre économique2017-04-12T18:55:46Ztag:theconversation.com,2011:article/756412017-04-12T18:55:46Z2017-04-12T18:55:46ZPétitions en ligne : quel crédit leur accorder ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164851/original/image-20170411-26733-1yg0s4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quelques vérifications s'imposent avant de signer une pétition sur Internet. Davantage encore en période de campagne électorale. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/search/keyboard?photo=gxD8hCmi0IQ">Parker Byrd/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Qui n’a pas signé, un jour, une pétition sur Internet <a href="https://www.change.org/p/1er-ministre-non-aux-radars-embarqu%C3%A9s-dans-des-v%C3%A9hicules-conduit-par-des-soci%C3%A9t%C3%A9s-priv%C3%A9s">contre les radars</a> contrôlant les excès de vitesse, <a href="http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2012N31442">contre le changement d’heure</a>, <a href="http://www.mesopinions.com/petition/politique/soutien-francois-fillon/27839">pour</a> ou <a href="https://www.change.org/p/madame-fillon-rendez-nous-les-1-500-000-euros-penelopegate">contre François Fillon</a> ?</p>
<p>Ces manifestes en ligne sont un moyen désormais couramment utilisé par des associations et des citoyens pour faire connaître un problème <a href="https://theconversation.com/les-e-citoyens-auront-ils-la-peau-du-roundup-61495">écologique</a>, sanitaire, sociétal ou <a href="https://theconversation.com/loitravail-que-peuvent-les-mobilisations-en-ligne-56649">politique</a>. L’utilisation est simple, le service est gratuit, les réseaux sociaux offrent une visibilité immédiate et importante à la cause défendue. Autant de paramètres favorisant un meilleur fonctionnement de la démocratie. Mais aussi, une utilisation dévoyée par des acteurs malintentionnés.</p>
<p>Alors que la campagne pour l’élection présidentielle bat son plein, voici un petit vade-mecum à l’usage des personnes qui ne veulent pas se faire intoxiquer. Ou comment apprécier le crédit à accorder à une pétition en ligne à l’heure des <em>fake news</em> et du tsunami informationnel.</p>
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<h2>Un nécessaire esprit critique</h2>
<p>La pétition est un moyen reconnu de fédérer une communauté d’intérêt et de <a href="https://theconversation.com/loitravail-que-peuvent-les-mobilisations-en-ligne-56649">structurer des actions collectives</a>, pas seulement en ligne mais aussi sur le terrain. Cependant, signer ou relayer une pétition exige d’exercer son esprit critique. Car Internet offre de grandes possibilités de manipulation.</p>
<p>Certaines ONG, à l’image de <a href="https://www.greenpeace.fr/nos-campagnes/">Greenpeace</a> ou <a href="https://www.oxfamfrance.org/">Oxfam</a>, hébergent sur leurs propres sites Internet les pétitions qu’elles lancent. Mais des acteurs spécialisés se sont lancés dans l’activisme online, <a href="https://www.change.org/">Change.org</a> et <a href="http://www.mesopinions.com/fr">Mesopinions.com</a> étant les plus connus en France. Il existe aussi des sites proposant ce même service, adossés à des ONG américaines, comme <a href="https://avaaz.org/page/fr/">Avaaz.org</a> ou <a href="https://www.sumofus.org/fr/">Sumofus.org</a>.</p>
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<p>Tous ces prestataires, généralement, valident au préalable le texte de la pétition, afin d’éviter à l’auteur et à eux-mêmes des plaintes en diffamation. Néanmoins, ils ne garantissent jamais l’exactitude des faits avancés dans la pétition.</p>
<h2>D’abord identifier l’auteur de la pétition</h2>
<p>L’authenticité d’une pétition s’évalue de prime abord en identifiant son auteur. Cela peut être malaisé au regard de la généralisation des pseudonymes sur Internet. Toutefois, quand l’auteur donne son véritable nom, il est utile de rechercher son profil LinkedIn et d’analyser le parcours affiché, de trouver son compte Twitter et d’évaluer sa notoriété ou de remonter le fil de ses tweets.</p>
<p>Certaines pétitions disposent également de soutiens clairement identifiés, par exemple des personnalités ou des ONG. Une recherche sur le site de ces personnes physiques ou morales, de leurs interventions sur les réseaux sociaux, permet de vérifier si ce parrainage est avéré, ou fictif.</p>
<p>Il s’agit ensuite d’analyser le contenu de la pétition et de vérifier si elle comporte des mensonges ou toute autre forme de désinformation. Pour ce faire, il est important d’analyser ses sources. Cite-t-elle notamment des études scientifiques, des rapports d’organismes reconnus ? La manière dont elle est rédigée est aussi révélatrice des intentions de leurs auteurs : grammaire ou orthographe hésitantes trahissant une initiative lancée à la va-vite, vocabulaire idéologique, arguments employés faisant appel à l’émotion… Il suffit parfois de copier-coller des passages sur Google pour identifier une source ou un acteur qui a choisi de ne pas apparaître. Cette enquête permet de replacer la pétition dans un contexte plus large et de déceler qui a intérêt à sa viralité.</p>
<p>Pour finir, la pétition doit mentionner un objectif déclaré concret et réalisable. Le destinataire de la pétition – une personne physique ou morale – doit également être cité. Il peut s’agir d’un élu, du PDG d’une grande entreprise ou encore d’une organisation internationale. S’il manque l’un ou l’autre de ces éléments, la pétition est sujette à caution.</p>
<h2>La véracité du nombre de signataires</h2>
<p>Il n’est pas rare de voir apparaître une pétition comprenant rapidement – parfois même dès son lancement – des milliers de signatures. Cette masse de pétitionnaires, qui peut donner une apparence de légitimité à un texte, ne dispense pas de vérifier s’il n’est pas sujet à caution.</p>
<p>Le manque de « spontanéité » de la mobilisation autour d’une pétition est parfois dévoilé au grand jour. En mai 2015, le blogueur Maître Eolas, un avocat pénaliste sous pseudonyme très suivi sur Twitter, a ainsi critiqué le « compteur bidon des signatures » d’une pétition créée par l’association Institut pour la justice. Attaqué pour diffamation par l’association, <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2017/02/01/maitre-eolas-condamne-pour-injure-relaxe-de-diffamation-en-appe/">il a été relaxé en appel</a>.</p>
<p>De telles révélations sapent la réputation des pétitions en tant qu’outil démocratique mais aussi celle des plates-formes spécialisées, malgré les mesures qu’elles mentionnent dans les mentions légales du site pour prévenir ces dérives. En effet, les pétitions peuvent être un moyen utilisé par des activistes pour faire valoir leurs intérêts en manipulant l’opinion publique. Cette pratique est désignée sous le nom d’<em>astroturfing</em>, une technique qui consiste à simuler la spontanéité d’un mouvement, <a href="http://bdc.aege.fr/public/Astroturfing_Enjeux_pratiques_et_detection.pdf">comme exposé dans le rapport du réseau d’experts en intelligence économique AEGE</a>.</p>
<h2>Les signatures de Léon Blum ou de Karl Marx</h2>
<p>Il est facile d’augmenter artificiellement le nombre de signataires. Le test réalisé en mars 2016 sur la pétition demandant le retrait de la loi El-Khomri, sur Change.org, le montre bien. À l’époque, <a href="http://blog.francetvinfo.fr/oeil-20h/2016/03/03/petitions-en-ligne-autant-de-signatures-que-de-signataires.html">des journalistes de France 2 ont pu la signer à vingt reprises</a> en donnant de fausses adresses mails et des noms d’emprunt, qui se révélaient être des personnalités – aujourd’hui disparues – de la Gauche comme Léon Blum, Jean Jaurès ou Karl Marx. La rédaction ayant révélé le subterfuge aux responsables de Change.org, ceux-ci ont supprimé les faux pétitionnaires. Mais la démonstration reste troublante, s’agissant de la plate-forme la plus visible en France.</p>
<p>Pour une plate-forme, le minimum, en terme de fiabilité des signatures, consiste à demander à ce que l’internaute renseigne son nom, prénom, lieu (ville, pays) et une adresse mail. Elle peut aussi conditionner la signature à une validation de l’intéressé par un mail de confirmation envoyé sur l’adresse renseignée, ce qui élimine les fausses adresses – mais n’évite pas qu’une seule personne signe plusieurs fois à partir de multiples adresses mail…</p>
<p>Certaines plates-formes proposent à l’internaute de signer via la connexion à un de ses comptes sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter ou LinkedIn), ces réseaux disposant eux-mêmes de procédures robustes pour s’assurer de la véracité d’un profil, par exemple en utilisant la validation via un numéro de téléphone.</p>
<h2>Des robots en guise de signataires</h2>
<p>À l’inverse, les plate-formes qui acceptent les signatures via Tor, un navigateur Web préservant l’anonymat de ses utilisateurs, doivent être considérées avec prudence.</p>
<p>L’absence de filtre anti-robot, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/CAPTCHA"><em>captcha</em></a>, un test effectué par l’utilisateur pour s’assurer qu’une signature n’est pas générée par un logiciel, est également un signe de vulnérabilité de la plate-forme aux techniques de manipulation. Il est alors possible d’augmenter le nombre de signataires via des robots programmables, respectant une fréquentation élevée en journée et faible la nuit pour mimer les actions des humains. Une programmation plus sophistiquée peut même tenir compte des heures de travail et des pauses-déjeuners, des jours ouvrables ou des périodes de vacances…</p>
<p>Les pétitions hébergées sur des plates-formes ne suivant pas les règles d’authentification des signatures les plus exigeantes sont à regarder avec davantage de circonspection.</p>
<h2>Il y a viralité et… viralité</h2>
<p>Le nombre de signataires ou de partages d’une pétition sur les réseaux sociaux ne peut être, en aucun cas, le seul critère pour évaluer sa valeur. Il faut s’assurer qu’une pétition ayant recueilli plusieurs milliers de signatures en un court laps de temps a bien laissé des traces repérables sur Facebook ou LinkedIn. Certes, elle a pu être partagée aussi sous des formes invisibles, par mails ou sur des forums non publics. Mais une présence rare sur l’Internet public doit alerter.</p>
<p>Par ailleurs, il y a viralité et… viralité. Sur Twitter, la pétition peut être reprise par un grand nombre de comptes sans que cela soit significatif, s’ils n’ont que quelques <em>followers</em>. Ces comptes peuvent aussi avoir beaucoup de <em>followers</em> mais que ceux-ci se révèlent être des « bots », des agents logiciels semi-automatiques programmés pour retweeter des messages avec des mots-clés précis, comme ceux présents dans le titre de la pétition.</p>
<p>Autant de choses à prendre en compte pour le citoyen éclairé, alors que les derniers jours précédant le premier tour de l’élection présidentielle sont, en général, propices à toutes les manipulations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75641/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Augustin Roch a reçu des financements de l'Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT) dans le cadre d'une thèse en contrat CIFRE (2009-2012). </span></em></p>De nombreuses pétitions circulent sur Internet à l’occasion de la campagne pour la présidentielle. Quelques règles simples permettent de s’assurer de leur authenticité.Augustin Roch, Enseignant en stratégie, École de guerre économiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/743362017-03-28T21:29:48Z2017-03-28T21:29:48ZPollution des océans par le plastique, des solutions existent !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/162748/original/image-20170327-3268-1pokqii.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans les eaux, le plastique se transforme mais ne disparaît pas. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/download/confirm/287424425?src=qjdUtuGelBycsHcVas1hsQ-1-0&size=huge_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La masse de détritus plastique présente dans les océans est telle qu’on l’appelle souvent le « 7<sup>e</sup> continent ». Si l’innovation technique peut constituer une bonne façon de lutter contre ce fléau, tous les scientifiques s’accordent à dire que la meilleure réponse à apporter ne consiste pas à filtrer la mer, mais à changer nos comportements.</p>
<p>Les déchets déversés par l’homme hors des terres sont constitués à 90 % de plastiques, essentiellement du polyéthylène, polypropylène et du polytéréphtalate d’éthylène. Des noms barbares qui cachent une réalité effrayante : si jusqu’alors, les débris flottants étaient détruits par les micro-organismes marins, l’arrivée de ces plastiques a changé la donne. Fragmentés en minuscules morceaux par le soleil, l’eau et le sel, les 5 000 milliards de microdébris plastiques qui polluent les océans forment une « soupe » quasi invisible en surface et en profondeur qui, contrairement aux six continents terrestres, est la seule à poursuivre son expansion.</p>
<p>Pour bien se rendre compte de son ampleur, il faut savoir que la superficie du 7<sup>e</sup> continent dans et hors de l’eau <a href="https://www.notre-planete.info/actualites/4443-continents-dechets-plastique-nettoyage">recouvrirait en équivalence plus que la surface totale des océans</a>.</p>
<p>Les scientifiques ont récemment estimé la surface de la partie émergée du 7<sup>e</sup> continent à 3,5 millions de km<sup>2</sup>, soit 150 millions de tonnes de déchets. L’équivalent de six fois la France, d’un tiers des États-Unis, <a href="http://www.septiemecontinent.com/a-propos/">et bientôt la taille de l’Europe si rien n’est fait d’ici 20 ans</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Océans… le mystère plastique (Via Découvertes Films, 2016).</span></figcaption>
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<h2>20 ans d’expéditions dans les poubelles des océans</h2>
<p>Nombre d’hommes et de femmes rivalisent d’ingéniosité afin de sensibiliser le grand public aux dangers de l’expansion du 7<sup>e</sup> continent. Ils multiplient, depuis la première alerte <a href="http://www.changeursdemonde.net/Charles-J-Moore">lancée en 1997</a> par Charles Moore, les initiatives innovantes.</p>
<p>C’est au retour d’une course à la voile entre Los Angeles et Honolulu que le navigateur américain a pris découvert, en empruntant une route peu fréquentée par les bateaux, l’existence d’immenses plaques de plastique flottant. Un phénomène qui s’explique par la présence de gyres océaniques, ces tourbillons permanents générés par la rencontre de plusieurs courants marins, qui concentrent des millions de morceaux de plastique.</p>
<p>Celui qu’il a traversé dans le Pacifique Nord – appelé « grande plaque de déchets du Pacifique » – est l’un des plus importants au monde <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/09/le-7e-continent-de-plastique-ces-tourbillons-de-dechets-dans-les-oceans_1696072_3244.html">avec jusqu’à un million de fragments de débris par km²</a>, soit une masse cinq à six fois plus élevée au même endroit que le plancton.</p>
<p>Dans la foulée, Charles Moore crée une ONG, <a href="http://www.algalita.org/">Algalita Marine Research and Education Foundation</a>, pour tenter de filtrer cette zone où la quantité de déchets plastiques a été multipliée par 100 en 40 ans. Il embarque alors pour sept expéditions scientifiques, qui ouvriront la voie à d’autres défenseurs des océans à travers la planète.</p>
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<figcaption><span class="caption">Charles Moore sur la pollution des eaux par le plastique (TED, 2009).</span></figcaption>
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<p>Car le 7<sup>e</sup> continent s’étend également dans l’Atlantique Nord, où une plaque de déchets de taille comparable à celle du Pacifique Nord est découverte en 2010 par une équipe de chercheurs.</p>
<p>Une autre a également été détectée la même année en Méditerranée, où l’expédition MED (Méditerranée en danger) a évalué le <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/09/le-7e-continent-de-plastique-ces-tourbillons-de-dechets-dans-les-oceans_1696072_3244.html">nombre de déchets à 115 000 particules par km²</a>.</p>
<p>Particulièrement concentrés autour des côtes méditerranéennes mais aussi atlantiques, ces plastiques proviennent à 80 % de la terre ferme, acheminés par le vent, les rivières ou directement jetés par la main de l’homme. Le reste tombe des navires de commerce. Sur les 300 millions de tonnes de plastique produites chaque année dans le monde, <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwj36KzZturSAhVElxoKHfLEDhUQFggcMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr%2Fplanete%2Farticle%2F2012%2F05%2F09%2Fle-7e-continent-de-plastique-ces-tourbillons-de-dechets-dans-l">10 % termineraient dans les océans</a>.</p>
<p>Pour alerter le public sur l’état des eaux et pousser la communauté internationale à réagir, le skippeur guyanais Patrick Deixonne s’est récemment lancé dans le projet <a href="http://www.septiemecontinent.com/">Expédition 7ᵉ continent</a>. Après avoir parcouru le Pacifique Nord en 2013 avec un biologiste et un photographe, il a sillonné l’Atlantique Nord en 2014 et 2015 avec le soutien du CNRS, du CNES, de l’ESA et de Mercator Océan, avant de parcourir le golfe de Gascogne et l’Atlantique Sud en 2016. Guidé par satellite afin de se rendre dans les endroits les plus concentrés en débris de plastique, le navigateur y a cartographié les zones les plus polluées et a compilé ses nombreuses mesures de manière ludique sur sa plateforme web.</p>
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<figcaption><span class="caption">Documentaire sur l’expédition « 7e continent » conduite en mai 2014 (Expédition 7e continent, 2015).</span></figcaption>
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<h2>L’innovation à la rescousse</h2>
<p>Comme lui, d’autres marins, scientifiques et écologistes ont innové pour sensibiliser et nettoyer eux-mêmes les océans de ces gigantesques nappes de plastique, qui menacent des centaines d’espèces marines contaminées par l’ingestion de minuscules débris.</p>
<p>Lors de la COP22 à Marrakech, le navigateur français <a href="http://www.futura-sciences.com/planete/actualites/environnement-yvan-bourgnon-marin-veut-nettoyer-oceans-quadrimaran-geant-64976/">Yvan Bourgnon</a> a ainsi présenté son projet de quadrimaran, équipé d’un système de récupération des déchets. Long de 60 mètres, <a href="https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/yvan-bourgnon-la-chasse-aux-dechets-plastiques-1489584038"><em>Manta</em></a> disposera d’une sorte de peigne de 72 mètres de large, qui ratissera la mer pour y récupérer tout ce qui flotte et le stocker dans ses deux coques centrales d’une contenance de 150 tonnes. L’ancien vainqueur de la Transat Jacques Vabre s’est donné cinq ans pour naviguer à bord de ce voilier, qu’il aimerait ensuite fabriquer à une centaine d’exemplaires… « Une goutte d’eau à l’échelle planétaire », <a href="http://www.humanite.fr/pollution-marine-quand-yvan-bourgnon-prend-la-mer-il-veut-ratisser-large-632775">reconnaît-il</a> toutefois.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation 3D du Manta (The Sea Cleaners, 2016).</span></figcaption>
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<p>Outre-Atlantique, un projet un peu similaire a déjà vu le jour sous la forme de deux poubelles flottantes au look de personnages de cartoon. Depuis 2014, <a href="http://fr.metrotime.be/2017/02/22/must-read/cette-poubelle-flottante-aux-grands-yeux-a-deja-mange-tonnes-de-dechets/">Mr. Trash Wheel et Professor Trash Wheel</a> avalent des tonnes de déchets dans les eaux du port intérieur de Baltimore (États-Unis), propulsés par la force de l’eau et l’énergie solaire.</p>
<p>Mais le projet le plus ambitieux est certainement celui d’un Néerlandais de 22 ans, Boyan Slat, qui a développé un prototype de barrières flottantes baptisé <a href="http://positivr.fr/boyan-slat-nettoyage-oceans-mer-plastique-cleanup/">Ocean Cleanup</a> (« nettoyage de l’océan »). Constitué de deux bras gonflables en forme de V arrimés aux fonds marins, ce dispositif sans bateau récupère les débris en s’appuyant sur les courants marins, qui les envoient directement vers son grand rideau déployé dans l’eau. Après avoir installé un modèle réduit en mer du Nord en 2016, le jeune homme entend poser au large des bouées 1 000 fois plus volumineuses d’ici 2020, avec deux bras flottants de 50 km de long : « En déployant un de ces systèmes durant 10 ans, nous pourrions nettoyer la moitié de la grande plaque de déchets du Pacifique », <a href="http://www.la-croix.com/Economie/Un-Neerlandais-concretise-reve-depolluer-oceans-2016-06-22-1300770605">espère-t-il</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Reportage sur Boyan Slat et son projet Ocean Cleanup (PBS NewsHour, 2016).</span></figcaption>
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<h2>Changer les comportements reste le plus efficace</h2>
<p>Mais la vraie solution demeure la modification des habitudes sur la terre ferme. Plus efficace que n’importe quelle campagne de nettoyage, c’est la seule alternative véritablement <a href="https://www.notre-planete.info/actualites/4443-continents-dechets-plastique-nettoyage">préconisée par les chercheurs</a>, qui considèrent d’ores et déjà impossible de débarrasser complètement les océans des déchets plastiques.</p>
<p>Cela commence par l’<a href="https://www.notre-planete.info/ecologie/eco-citoyen/eco_dechets.php">adoption de gestes simples</a>. « L’océan est très résilient : si nous cessons de jeter du plastique dans la mer aujourd’hui, dans 50 ans nous aurons retrouvé l’écosystème de départ. C’est quelque chose qu’on peut changer avec la loi, la pédagogie et l’éducation », affirme de son côté <a href="http://www.lefigaro.fr/sciences/2015/11/28/01008-20151128ARTFIG00104-la-loi-la-pedagogie-et-l-education-peuvent-ameliorer-l-etat-des-oceans.php">Romain Troublé</a>, secrétaire général de la goélette Tara Océans.</p>
<p>En France, l’<a href="http://www.lefigaro.fr/conso/2015/12/28/05007-20151228ARTFIG00209-les-sacs-plastique-seront-bannis-en-2016.php">interdiction des sacs plastiques</a> de caisse à usage unique a finalement été mise en œuvre en <a href="https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/actualites/008384">juillet 2016</a>, après dix années d’atermoiements. Et d’autres pistes sont explorées, à l’image de cette enseigne bio qui a récemment décidé de <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2017/03/23/les-supermarches-biocoop-arretent-de-vendre-de-leau-en-bouteill_a_21907187/">ne plus commercialiser</a> l’eau vendue en bouteilles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/74336/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Violet-Surcouf est président de l'AEGE, le réseau des experts en intelligence économique.</span></em></p>La présence de matières plastiques dans les océans constitue un problème environnemental majeur. Les initiatives se multiplient pour lutter contre ce phénomène.Antoine Violet-Surcouf, Enseignant Influence digitale, École de guerre économiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/669402016-10-17T20:10:27Z2016-10-17T20:10:27ZLes leçons de management du général McChrystal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/141885/original/image-20161015-30236-9gnwc3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le briefing d’une équipe avant son départ en mission en Afghanistan en 2003.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/soldiersmediacenter/529711543/in/photolist-NNUMD-4difx4-eiSBkt-Lht9w-2Jxvv7-7r3PWB-2JtccF-2u1R6k-2n9g3J-2kqCQL-45moJG-BKRbh-K9h8n-7r3bXc-4czKtT-KBRT7-2NBtns-94dP6i-ZgZ8v-PeTzP-2t4BKQ-KBWMA-dQBFnX-6qEjs2-6HvDqF-4bmfAa-9ge6pi-dH73ji-ZgZ2R-L8KiG-6bB8S4-2aXbn1-H1t9h-45hi9V-FvMeu-PWq14-KBRT9-eezoYy-bEUB7D-2Nx4ov-32yKi7-24nJrr-a1HvGD-fpNkEc-ejVWaR-DGPTi-eiWLms-cieJHf-qHAivk-9ge16H">U.S. Army/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La vitesse (Internet, les réseaux sociaux, etc.) et les interdépendances entre acteurs, dans divers environnements (géographiques, sectoriels, culturels…), créent une complexité sans cesse plus grande. Celle-ci est difficile à suivre, à caractériser, à comprendre afin d’agir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1139&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1139&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/141477/original/image-20161012-13474-1wvyeo1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1139&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Fort de son expérience de commandant du <em>Joint Special Operations Command</em> (chef des forces spéciales) en Irak et Afghanistan, entre 2003 et 2008, le général <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Stanley_A._McChrystal">Stanley McChrystal</a> analyse, dans son livre <a href="https://www.penguin.co.uk/books/292118/team-of-teams"><em>Team of Teams</em></a> (Penguin, mai 2015), les impacts de cette complexité sur la vie d’une organisation (ici, l’armée américaine).</p>
<p>Mieux, il dresse des pistes de réformes, d’améliorations, pas seulement organisationnelles mais également individuelles.</p>
<h2>Un monde d’interdépendances complexes</h2>
<p>En 1977, deux professeurs de science politique, Robert Keohane et Joseph Nye, publient <a href="http://www.rochelleterman.com/ir/node/168"><em>Power and Interdependence : World Politics in Transition</em></a>, livre dans lequel ils décrivent le déploiement graduel des firmes multilatérales, caractéristique première du monde du début des années 1970.</p>
<p>Fondateurs d’un nouveau courant, l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Power_and_Interdependence">institutionnalisme libéral</a>, ils proposent le terme d’« interdépendance complexe » pour caractériser la croissance des flux transnationaux dans quatre domaines : information, commerce, finance et circulation des hommes et des idées. Ils posent alors trois caractéristiques de ce contexte d’interdépendance complexe :</p>
<ul>
<li><p>Des acteurs autres que les États émergent, multipliant les canaux de connexions entre eux (et plus seulement d’État à État).</p></li>
<li><p>Il y a une absence de hiérarchie claire des buts, c’est-à-dire que les questions de sécurité (<em>high politics</em>) ne sont plus primordiales. Ainsi, l’agenda international est pluridisciplinaire.</p></li>
<li><p>La force militaire devient inutile car elle est contre-productive pour résoudre des problèmes économiques.</p></li>
</ul>
<p>L’État n’est donc plus l’acteur central des relations internationales, primauté contrebalancée par l’affirmation de nouveaux acteurs, qui disposent eux-mêmes de moyens pour atteindre leurs objectifs. Les interdépendances sont plurielles et asymétriques.</p>
<p>La Terre, avec les diverses formes de mondialisation (commerciale, productive, financière, culturelle et humaine) qui s’intensifient qualitativement et quantitativement, est dorénavant un monde réticulaire, enchevêtré, fait de réseaux de toute sorte.</p>
<p>Par la suite, <a href="http://www.jstor.org/stable/1148580?seq=1#page_scan_tab_contents">Joseph Nye</a> parlera de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Soft_power"><em>soft power</em></a> comme stratégie à mettre en œuvre pour initier, modeler, contrôler ces processus variés.</p>
<h2>Circulation de l’information et responsabilisation des individus comme réponses appropriées</h2>
<p>L’ouvrage <em>Team of Teams</em> est un condensé de l’expérience du général Stanley McChrystal, comme chef des forces spéciales (en Irak notamment). Confronté à une recrudescence des attentats suicides et d’autres actions de la part d’Al-Qaeda, il se rend très vite compte que le problème n’est pas tant l’ennemi que la manière dont fonctionne l’organisation militaire américaine : structure hiérarchique pesante, rivalités entre services de renseignement, manque de vision globale des individus ainsi que des tenants et aboutissants des missions…</p>
<p>Selon lui, la seule manière de sortir de l’ornière est d’adopter une organisation permettant, à la fois, une grande capacité de réaction ET un partage d’informations le plus complet possible. Ainsi, McChrystal favorise l’autonomie des forces spéciales avec prise de décision au plus près du terrain tout en organisant/renforçant les réunions quotidiennes des responsables des différentes agences de renseignement (CIA, NSA, FBI…) afin de fluidifier le partage. Les individus sont amenés à travailler ensemble, quel que soit leur organisation d’origine ou leur grade. Seule la mission compte.</p>
<p>Plus intéressant, McChrystal met en avant la nécessité de créer une vision partagée (il parle de <em>shared consciousness</em>), une confiance mutuelle, entre les différentes personnes, de l’analyste aux États-Unis au soldat des forces spéciales sur le sol irakien. En effet, une mission ne regroupe que quelques individus, travaillant en équipe et disposant d’une autonomie. D’où le titre de l’ouvrage, qui est aussi sa maxime organisationnelle : une équipe d’équipes, c’est-à-dire un groupe adaptable, avec des individus venant d’horizons différents, susceptibles d’aller chercher des informations dans leur corps d’origine afin d’assurer le succès de la mission.</p>
<h2>Du joueur d’échecs au jardinier</h2>
<p>Une conscience partagée et la responsabilisation dans l’exécution créent une organisation adaptable, capable de réagir à des problèmes complexes qui, par définition, n’ont pas de solution unique et parfaite.</p>
<p>McChrystal extrapole son expérience militaire. Ainsi, il n’est plus possible au dirigeant (politique ou chef d’entreprise) de tout savoir, tout voir et d’avoir toutes les solutions. Dans <em>Team of Teams</em>, le général américain dit une chose très juste : le paternalisme, la pathologie du contrôle héritée de nos modes de fonctionnement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taylorisme">taylorien</a>, ou encore l’hyperspécialisation engendrant le micromanagement, ne sont plus adéquats dans un monde complexe.</p>
<p>Le leader ne peut plus être un joueur d’échec focalisé sur son échiquier (périmètre bien défini) et contrôlant tous les mouvements de son organisation. Il doit devenir un « jardinier » qui doit avoir une vision d’ensemble (<em>shared consciousness</em>), permettant de créer et maintenir un écosystème dans lequel l’organisation opère. Le leader ne contrôle plus, il doit permettre, c’est-à-dire activer les échelons subalternes et donc donner de la responsabilité/liberté d’agir.</p>
<p>Bien sûr, cela demande une révolution culturelle, notamment dans une France en proie à la défiance. Mais avons-nous encore le choix de temporiser ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66940/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Augustin Roch a reçu des financements de l'ANRT dans le cadre de sa thèse en contrat CIFRE. </span></em></p>Comment agir dans un monde d’interdépendances complexes ? Les leçons de management du général McChrystal.Augustin Roch, Enseignant en stratégie, École de guerre économiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/579192016-04-18T04:43:49Z2016-04-18T04:43:49ZRecyclage de la ferraille : battre le fer tant qu’il est chaud<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/118935/original/image-20160415-11188-16xstjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les métaux se recyclent indéfiniment sans perdre de leurs propriétés.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/scrapyard-recycling-dump-garbage-70908/">Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Alors que la réindustrialisation du pays s’affiche comme une <a href="http://www.lesechos.fr/18/05/2015/lesechos.fr/02175801052_le-projet-de-macron-pour-enrayer-le-declin-de-l-industrie.htm">priorité</a>, la filière française du recyclage de la ferraille – touchée de plein fouet par la <a href="http://www.rfi.fr/emission/20150615-le-commerce-mondial-ferraille-reduit">crise mondiale du prix des matières premières</a> – peine à obtenir le soutien des responsables politiques. Or le recyclage de la ferraille constitue une industrie propre, écologique et durable.</p>
<p>La ferraille désigne les déchets d’acier broyé extraits d’épaves automobiles mises à la casse, d’appareils électroménagers, de boîtes métalliques… Un chiffre résume à lui seul l’importance du secteur : 60 % de la ferraille recyclée en France, sur les 13 millions de tonnes produites chaque année, est utilisée par les usines sidérurgiques de l’Hexagone.</p>
<p>Premier intérêt de ce recyclage : l’acier produit grâce à ces ferrailles consomme des quantités d’énergie très nettement inférieures à celles nécessaires à l’extraction des métaux (minerai de fer) dans les mines. Le traitement du minerai brut implique en effet l’utilisation de forts courants électriques pour séparer le métal de l’oxygène qu’il contient. En le recyclant, on permet donc la réalisation d’économies d’énergie.</p>
<p>L’extraction des métaux est en outre une opération qui <a href="http://web.mit.edu/12000/www/m2016/finalwebsite/problems/mining.html">nuit gravement</a> à l’écosystème via, notamment, la déforestation et la pollution des sols.</p>
<p>Dans une récente <a href="http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-155810-recyclage-sauvons-la-filiere-des-ferrailles-1211100.php">tribune</a>, Jean-Pierre Gaudin, président de la Federec (qui rassemble les entreprises de recyclage) pour le métal, rappelait ainsi que la production d’une tonne d’acier à base de ferraille recyclée réduit de 90 % les émissions de CO<sub>2</sub> par rapport à celles émises par la filière du minerai de fer. Le recyclage d’une tonne de ferraille d’acier non contaminée permet ainsi de remplacer plus de 1 200 kg de minerai de fer, de 7 kg de charbon et de 51 kg de calcaire.</p>
<h2>Les mille et une vies des métaux</h2>
<p>Le recyclage de la ferraille démarre dans nos foyers. Après le tri effectué dans les poubelles ou en déchetterie, puis la collecte et le transport vers des centres de traitement spécifiques, les métaux sont à nouveau triés : les espèces ferreuses (attirées par les aimants, tels que l’acier et le fer) d’un côté, les espèces non ferreuses (le cuivre, les métaux précieux, l’aluminium…) de l’autre.</p>
<p>Un second tri permet ensuite de sélectionner avec une plus grande précision les métaux. Broyés, laminés et nettoyés, ceux-ci sont ensuite fondus dans des fours à 1 600 °C, avant d’être transformés en matière première sous forme de bobines de barres ou de fils, qui seront utilisés dans la création de nouveaux produits finis.</p>
<p>Il faut souligner que tous les métaux sont recyclables indéfiniment, quasiment à 100 % et sans perdre de leurs propriétés.</p>
<p>Considérés autrefois comme une contrainte dont il fallait minimiser l’impact, les déchets représentent aujourd’hui une ressource économique et stratégique. Réduire la production de déchets et augmenter les taux de recyclage permet de privilégier le maintien et le développement d’activités économiques locales par rapport à l’importation des matières premières. Cette question de l’emploi devrait avoir de l’écho auprès des pouvoirs publics qui, aujourd’hui, s’intéressent de trop loin à la filière ferraille.</p>
<h2>Une industrie à défendre</h2>
<p>Dans un contexte difficile où les sidérurgistes européens font face à une <a href="http://www.usinenouvelle.com/article/sept-pays-appellent-l-europe-a-agir-contre-le-dumping-chinois-sur-l-acier.N377966">concurrence féroce de la Chine et la Russie</a>, la filière du recyclage de la ferraille doit trouver de nouvelles façons de réutiliser certains métaux. Cela implique de <a href="http://www.ecogisements.org/innovation-recyclage-start-up-3616">mettre l’accent sur la recherche</a> et le développement avec l’aide des pouvoirs publics.</p>
<p>Pour soutenir la filière, la Federec a interpellé en février dernier les responsables politiques français et les instances européennes. Jean-Philippe Carpentier, son président, a ainsi exhorté le gouvernement à instaurer des mesures d’accompagnement, une sortie facilitée du statut de déchets, jugé trop contraignant, et la <a href="http://www.environnement-magazine.fr/article/45544-de-l-apres-cop21-federec-attend-creation-d-un-prix-carbone/">création d’une taxe carbone</a> qui limiterait l’usage du minerai de fer dans les hauts fourneaux.</p>
<p>En tant que second plus important producteur d’acier après la Chine, l’Europe a en effet tout intérêt à se mobiliser pour préserver ses 11 % de parts de marché et inverser la courbe des 85 000 emplois perdus chaque année dans la sidérurgie depuis 2008.</p>
<p>Ce soutien des pouvoirs publics permettrait d’accompagner l’inévitable transition énergétique qui représente pour les entreprises du recyclage une source d’opportunités. Cette transition concernera aussi bien le gisement, en nature et en volume, que les méthodes et les <em>process</em> inhérents au métier de recycleur et autorisera, sans aucun doute, de nouvelles stratégies créatrices de valeur pour les entreprises de la filière.</p>
<p>Mais cette nouvelle économie, ce « nouveau monde » dont parle
Corinne Lepage dans <a href="http://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26008-industrie-recyclage-horizon-2030.pdf">sa préface</a> du <em>Livre blanc du recyclage à l’horizon 2030</em>, ne pourra se faire sans l’appui des pouvoirs publics. Les politiques, en impulsant une vision stratégique à long terme, se doivent d’accompagner durablement l’industrie de la ferraille.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57919/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Violet-Surcouf est Président de l'AEGE, le réseau des experts en intelligence économique, et intervenant à l'Ecole de Guerre Economique (EGE).</span></em></p>Le recyclage des métaux permet d’utiliser moins d’énergie et de développer des activités locales. Mais ces opportunités environnementales et économiques ne se feront pas sans un soutien politique.Antoine Violet-Surcouf, Enseignant Influence digitale, École de guerre économiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/571662016-04-08T04:33:22Z2016-04-08T04:33:22ZContrer la dimension subversive de l’islamisme radical, une nécessité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/117503/original/image-20160405-28966-1j3q1zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les trois suspects des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/2016_Brussels_bombings#/media/File:Brussels_suspects_CCTV.jpg">CCTV</a></span></figcaption></figure><p>Depuis les séries d’attentats commis sur le sol européen par les groupes rattachés à l’islamisme radical, les politiques gouvernementales se concentrent principalement sur la lutte antiterroriste. Les universitaires qui interviennent sur le sujet établissent une frontière entre la pratique de groupes comme Daech et l’activisme religieux des groupes salafistes et des Frères musulmans.</p>
<p>En déclarant, en mars 2016, qu’une centaine de quartiers présentaient des similitudes avec <a href="http://lemonde.fr/politique/article/2016/03/27/le-ministre-de-la-ville-compte-une-centaine-de-quartiers-francais-similaires-a-molenbeek_4890800_823448.html">Molenbeek</a> en Belgique, le ministre de la Ville, Patrick Kanner, a relancé le débat dans la classe politique, mais aussi dans la société civile. Au-delà des discussions sur la pertinence du lien entre le territoire « communautaire » et l’engrenage terroriste, une autre problématique se fait jour que l’on peut formuler par cette question : qu’est-ce qui fragilise et menace les fondements d’une démocratie en dehors de l’expression de la violence armée et du terrorisme de masse ?</p>
<h2>Dynamique subversive</h2>
<p>Les pouvoirs politiques n’ont pas toujours eu la même approche de la question terroriste. Au XX<sup>e</sup> siècle, les combats idéologiques ont déstabilisé l’Europe pendant de nombreuses décennies. La Révolution bolchevique a généré des pratiques de lutte armée ainsi que des actions de nature terroriste sur tous les continents. Les réponses apportées à ce type de menaces ont mobilisé la police et l’armée des pays concernés. Mais la comparaison avec la période actuelle s’arrête là.</p>
<p>La lutte contre la dynamique subversive impulsée par l’URSS ne s’est pas limitée à une politique sécuritaire comme ce fut le cas en Allemagne sous la République de Weimar à la suite des soulèvements armés tentés par des forces d’extrême gauche et d’extrême droite. Les démocraties européennes comprirent très vite que la menace s’étendait sur un front beaucoup plus large que le terrain de la violence de rue ou des actes isolés commis par des terroristes.</p>
<p>La stratégie subversive développée à l’époque aussi bien par les forces communistes que les forces nazies visait à établir durablement une influence dans des zones de population principalement urbaine. Le noyautage de fractions de la population était un travail de longue haleine. Lorsque Goebbels arrive à Berlin à la fin des années 20 pour développer l’antenne locale du Parti nazi, il compte sur une petite centaine de militants dans une ville qui est dominée par la gauche social-démocrate et le Parti communiste.</p>
<h2>Vecteur d’attaque informationnelle</h2>
<p>Pour élargir sa base militante, il se fait connaître par des actes de provocation. Il déclenche des mouvements de rue contre ses opposants et s’implante dans certains quartiers en imposant un rapport de force permanent alimenté par une propagande centrée sur l’antisémitisme et la dénonciation d’un pouvoir corrompu. Le journal <em>Der Angriff</em> <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Der_Angriff">créé par Goebbels en 1927</a> est un bon exemple de la manière dont les nazis instrumentalisaient un média en faisant un vecteur d’attaque informationnelle.</p>
<p>La propagande se manifestait aussi par l’usage d’une tenue vestimentaire symbolisée par la chemise brune des sections d’assaut. Elle était un moyen de souligner l’existence d’une force qui s’exprimait visuellement en dehors de l’appareil d’État. </p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=904&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=904&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=904&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1135&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1135&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/117461/original/image-20160405-13549-14rqb54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1135&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Goebbels, l’artisan de la propagande nazie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/bertboerland/9643529563/in/photolist-fGaBn6-aYKNzM-fGscRJ-9p42iN-2XMxUD-uZGHKW-9kgKB8-9kgKXp-7QNALA-7PAaaL-bgawkF-9kjNiN-7Pwbmv-4vqF8w-7PAadw-av2YAs-9kjNrN-E8Gv-hQQRmB-vFhN1Y-rZoZLn-9kgKLk-4vqtUS-4vqz4Y-a8y5Mv-7PAa7j-4vqAdJ-a8y6Ga-6fFaai-dzjGzv-46zsVz-4TqNFr-p3fypu-5SY5rz-a8AWFG-a8ATfw-a8y31r-cgEn4L-a8AWWL-4ynTx6-iyo5bj-c8zgBu-b9CKSe-s9QvxN-6JYzSc-7P85zr-pGEXX8-p3fBzh-bE4JVw-6JYzRD">Bert Boerland/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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</figure>
<p>Les nazis usèrent aussi de la stratégie de la victimisation. Ils firent défiler à Hambourg un cortège de la jeunesse hitlérienne dans un des principaux quartiers « rouges » de la ville. Des tireurs isolés communistes ouvrirent le feu sur les manifestants. La presse nazie exploita cet évènement pour diaboliser ses ennemis idéologiques.</p>
<p>La défaite du Parti communiste allemand incita l’URSS à modifier les méthodes d’approche des populations. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement communiste international fut à l’origine de la création d’organisations-écrans qui n’étaient pas directement rattachés aux partis communistes locaux. Ces derniers créèrent volontairement une distance entre l’adhésion à des thèses subversives et le soutien ponctuel à des idées portées par le biais de la société civile.</p>
<p>Cette tactique leur permit de toucher de manière beaucoup plus habile des personnes qui n’étaient pas prêtes à adhérer à des thèses politiques, mais plutôt à s’impliquer dans des luttes d’opinion au sein de leur activité professionnelle ou dans le cadre associatif.</p>
<h2>La conquête des idées</h2>
<p>Les stratégies subversives initiées par le modèle soviétique ont été gérées de manière inégale par les systèmes occidentaux. Le recours à la violence dans la prise du pouvoir a été neutralisé entre les deux guerres dans les pays de l’Europe occidentale. La queue de comète de ce radicalisme, symbolisé par l’euroterrorisme des années 70/80, a été contrée avec succès. La bataille idéologique a été gagnée par le rejet de l’URSS comme régime de substitution à la démocratie.</p>
<p>En revanche, la conquête subversive des idées positionna durablement l’analyse critique élaborée par des proches du Parti communiste au sein de l’intelligentsia, du système éducatif et du monde culturel. Ces positions cognitives ont encore une résonance importante dans un pays comme la France. La grille de lecture impulsée par les compagnons de route du PCF et relayée par les « idiots utiles » au cours de la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle déborde aujourd’hui sur le terrain médiatique. Ses points d’appui sont principalement dans la société civile et non plus dans la société politique comme le confirme l’érosion progressive du Parti communiste et la baisse d’audience du quotidien <em>L’Humanité</em>.</p>
<p>L’affrontement entre le communisme et le capitalisme a révélé certains processus d’ancrage de la dynamique subversive dans le monde occidental. Peut-on établir un parallèle avec le processus subversif de l’islamisme radical qui est présenté comme la matrice idéologique du terrorisme jihadiste et des organisations telles que Daech ?</p>
<h2>Les bases d’appui sociologiques d’une démarche subversive</h2>
<p>L’analyse des mécanismes de constitution des réseaux terroristes du type Daech ne permet pas pour l’instant un couper/coller de la dynamique de combat des minorités agissantes d’extrême gauche ou d’extrême droite du siècle dernier. Mais il existe des analogies qui méritent une attention soutenue. Certaines pratiques subversives de la mouvance politico-religieuse de l’islamisme radical (réseaux des salafistes ou des Frères musulmans) présentent des similitudes méthodologiques avec les stratégies subversives qui ont dominé l’histoire du XX<sup>e</sup> siècle :</p>
<ul>
<li>La recherche d’une complicité dans une population sur un territoire donné (familles ciblées pour des raisons sociales, relais associatifs, prosélytisme par le biais d’activités sportives).</li>
<li>Le recours à la provocation par le discours. Les stigmatisations répétitives des orateurs du Troisième Reich pour orienter le peuple vers la construction d’une nouvelle Allemagne sont comparables avec les mises en accusation proférées par des imans radicaux à propos des comportements déviants des personnes qui ne sont pas converties à l’islam.</li>
<li>Les intimidations individuelles et parfois la contrainte collective de suivre de nouveaux codes de comportement. Dans les années trente, les extrémistes de droite affirmaient leur idéal politique par le port d’une tenue spécifique. Dans le contexte actuel les défenseurs d’une certaine conception de l’islam cherchent à imposer le port du voile, ou la non-fréquentation des cafés imposée aux femmes dans les certains quartiers ou cités.</li>
</ul>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/117494/original/image-20160405-28973-184uzow.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le magazine de propagande de Daech.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AAP</span></span>
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<ul>
<li>Le <a href="https://theconversation.com/dabiq-ou-la-propagande-machiste-des-soudards-de-Daech-51100">rôle déterminant de l’information</a> (propagande, contre-propagande, guerre de l’information). Entre les deux périodes, l’évolution technologique des modes de diffusion a modifié le mode d’expression et la résonance des discours. Mais les techniques de domination mentale sont assez comparables.</li>
<li>L’instauration d’une contre-société dans des zones urbaines délaissées par le pouvoir central (revendications culturelles, promotion de la paix sociétale auprès d’élus corrompus ou sensibles au poids du vote des minorités lors des élections locales).</li>
</ul>
<h2>Usure du cadre républicain</h2>
<p>L’implantation d’une dynamique subversive durable implique un ancrage territorial qui ne peut se construire qu’à partir d’une activité non exclusivement politico-militaire. La première étape est la fragilisation de la légitimité des représentations du pouvoir en place.</p>
<p>La mouvance politico-religieuse de l’islamisme radical présente ici et là des attitudes qui s’inscrivent dans cette perspective d’usure du cadre républicain. Ses représentants les plus fanatiques estiment que le temps joue en leur faveur (progression plus forte de la démographie des immigrés et perte des repères religieux de la population encore dominante des natifs). La perte de légitimité du mode de pensée républicaine ouvre la voie à une dilution des instruments de contrôle du pouvoir local.</p>
<p>L’achat de la paix sociétale se fait aussi par la tolérance d’une économie souterraine alimentée en partie par le trafic de drogue. Des passerelles peuvent apparaître entre le discours de cette mouvance et le <a href="https://theconversation.com/radiographie-de-laspiration-djihadiste-en-france-51139">processus de conversion</a> de petits délinquants prêts à basculer dans le terrorisme. Ces derniers ont besoin d’un habillage religieux pour justifier leur passage de la délinquance à un affichage politique aussi caricatural soit-il.</p>
<p>On comprend le réflexe d’une partie de la société française qui souhaite éviter tout dérapage en termes de rejet et d’amalgame par rapport à la population musulmane qui a la nationalité française ou qui vit en France. Il n’en demeure pas moins vrai qu’il est dangereux de tracer une ligne de démarcation infranchissable entre les non terroristes et les terroristes qui se revendiquent d’une application de l’islam sans tenir compte des lois de la République. Il existe aujourd’hui des mouvances politico-religieuses qui entretiennent une certaine ambiguïté sur leur relation avec la République française. Le fait qu’ils encouragent les populations où ils militent à adopter des règles de comportement hostiles aux lois de notre pays crée une fenêtre de vulnérabilité qui peut à terme aboutir à des situations d’amalgame et de rejet.</p>
<p>Ces tensions sous-jacentes sont autant de passerelles entre celles ou ceux qui se contentent de véhiculer un discours et les éléments radicaux qui vont s’en servir pour légitimer leur passage à l’acte terroriste.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57166/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Harbulot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le terrorisme n’est pas le seul moyen de saper les piliers d’une société démocratique. L’action subversive de Daech présente des similitudes avec des méthodes utilisées par les systèmes totalitaires.Christian Harbulot, directeur, École de guerre économiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/503752015-11-23T05:36:12Z2015-11-23T05:36:12ZLes entreprises doivent déployer leur « soft power » !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/101878/original/image-20151113-10438-1veo7v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jeu de go</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Go_board.jpg">Donarreiskoffer / Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La règle d’or du commerce fondée sur l’adéquation de l’offre et de la demande n’est plus suffisante. Le meilleur produit ou service, pour sa qualité, son prix… n’est plus sûr de remporter l’adhésion des clients, qu’il s’agisse de consommateurs ou d’États lors d’appels d’offres internationaux. Ce socle fondateur du libre commerce reste toutefois profondément ancré dans les esprits et entretient l’illusion d’une compétition équitable entre les entreprises concurrentes d’un même secteur. Loin d’être si simple, la réalité n’est que nuances.</p>
<h2>Un échiquier des affaires troublé</h2>
<p>Cette distorsion entre la théorie et le réel existe de longue date. Cependant, le phénomène s’est considérablement accentué ces dernières années, et prend des dimensions inédites, notamment dans les conséquences pour les entreprises qui en sont victimes. Certains États ont conçu une stratégie de conquête financière et commerciale pour favoriser leurs entreprises et la déploient méthodiquement. On ne peut s’empêcher de penser aux États-Unis qui ont su imposer en Occident leur modèle juridique qui se joue de la notion de territorialité avec brio pour cibler des entreprises à travers le monde. Citons les récents déboires de <a href="http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/bnp-paribas-condamnee-a-payer-son-amende-record-aux-etats-unis-882830.html">BNP Paribas</a> ou de <a href="http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/lourde-amende-pour-commerzbank-aux-etats-unis-868772.html">Commerzbank</a>. C’est encore la justice américaine qui s’est attaquée à la direction de la FIFA, pourtant basée en Europe.</p>
<p>Et que penser des récents déboires de la Suisse et du Luxembourg, victimes de « fuites » opportunes, ces fameux <a href="http://www.swissleaks.net/"><em>Swissleaks</em></a> et <a href="http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/luxleaks-de-l-optimisation-a-l-evasion-fiscale-au-luxembourg_1619588.html"><em>Luxleaks</em></a> ? S’attirant les foudres médiatiques, ces deux pays deviennent des victimes expiatoires dans une économie en berne et un climat social tendu. Peu de papiers finalement sur les îles de Jersey, de Guernesey, sur l’île de Man… ni sur les républiques insulaires des Caraïbes. A contrario, la justice européenne a toutes les peines du monde à contraindre les géants de l’Internet, dont les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), à payer leurs impôts en Europe, en raison de montages financiers et d’optimisations fiscales brillantes.</p>
<h2>Le leadership des entreprises s’érode face à une multitude d’acteurs</h2>
<p>Ce qui se joue au niveau international est également valable à un niveau national, voire local. Bien que les causes puissent être différentes, les PME et les ETI sont tout aussi impactées que les multinationales par cette distorsion des règles économiques. Face à un échiquier des affaires complexe qui ne s’appuie plus seulement sur le jeu de l’offre et de la demande, nombreuses sont les entreprises désemparées qui s’en remettent naïvement à la fameuse « main invisible » du marché .
Pour reprendre l’initiative sur le « jeu », et non plus seulement en faire partie, les entreprises doivent intégrer une stratégie d’influence, que l’on peut également appeler « <em>soft power</em> » en empruntant la terminologie de <a href="http://www.amazon.fr/Future-Power-Joseph-Nye-Jr/dp/1610390695/">Joseph Nye</a>, au cœur de leur politique de développement.</p>
<p>Cet expert américain des relations internationales a développé le concept de « <em>soft power</em> » qui décrit la capacité d’un État à obtenir ce qu’il souhaite d’un autre État, sans que celui-ci ne soit contraint par la force, mais bien par la persuasion et l’attraction culturelle, politique ou encore intellectuelle. Quelques années plus tard, Joseph Nye complétera sa réflexion avec le <a href="https://www.foreignaffairs.com/articles/2009-07-01/get-smart">« <em>smart power</em> »</a> qui combine le « <em>soft power</em> » et le « <em>hard power</em> », comprendre les moyens de coercition incluant les actions militaires.</p>
<p>Ce changement de paradigme a frappé les États, mais également le monde des entreprises. Le parallèle est saisissant. Les puissantes entreprises semblent plus que jamais révéler leur « pied d’argile ». La société civile, et en particulier les ONG et les associations, s’est structurée en contre-pouvoirs redoutables. Ces acteurs se sont professionnalisés en intégrant de nouvelles compétences dans leurs équipes, à l’image de Greenpeace qui recrute des journalistes d’investigation. Ils ont acquis une expérience de terrain dans leurs rapports de force avec les entreprises et maîtrisent avec efficacité leurs <em>corporate campaigns</em>.</p>
<p>Ces campagnes à l’encontre des entreprises pour réorienter leur stratégie, voire pour faire évoluer leur gouvernance, s’appuient sur une communication multi-supports alliant études factuelles et émotions par les témoignages et le multimédia. Cette communication est concomitante aux opérations de mobilisation des militants et des sympathisants. Ces deux modes opératoires s’auto-entretiennent : la communication suscite l’engagement, tandis que la mobilisation nourrit la communication.</p>
<p>Nous constatons également une autre tendance forte, celle des <a href="http://coalitionclimat21.org/fr/contenu/qui-sommes-nous">coalitions d’organisations</a> de nature <a href="http://europeandatacoalition.eu/wp-content/uploads/2015/05/European-Companies-Position-on-Key-Elements-of-the-Data-Protection-Regul_FR.pdf">pourtant différente</a>. Assez fréquemment des ONG se regroupaient entre elles pour mutualiser leurs ressources et gagner ainsi en puissance. Ces alliances sont désormais nettement plus diversifiées, et nous retrouvons aux côtés de ces acteurs de la société civile des organisations syndicales et juridiques, appuyées par certains médias militants et spécialisés.</p>
<h2>Concevoir et déployer un « soft power » d’entreprise : une urgence !</h2>
<p>L’opinion publique perçoit souvent comme légitimes les attaques devant la justice engagées par ces coalitions. Ce sentiment est même renforcé lorsqu’elles saisissent des instances internationales comme le PCN de l’OCDE (Point de contact national). Pourtant, lorsque les entreprises déposent plainte contre des organisations ou des médias – souvent pour diffamation, leur démarche est qualifiée d’acte de « censure » ou d’« intimidation ». Les Anglo-saxons ont même forgé un terme dédié : le <a href="http://www.casp.net/sued-for-freedom-of-speech-california/what-is-a-first-amendment-slapp/">SLAPP</a> (<em>strategic lawsuit against public participation</em>), homophone de « <em>slap</em> » qui signifie « gifle », pour désigner ces procédures judiciaires.</p>
<p>Les entreprises doivent admettre qu’elles ne sont pas égales aux yeux du tribunal populaire. Or, l’omniprésence de l’Internet et des réseaux sociaux a provoqué une modification des rapports de force qui permet aux citoyens, tantôt consommateurs, tantôt militants, de se mobiliser et de faire entendre leur voix. C’est cette voix qui peut ébranler la réputation des entreprises, et par ricochet leurs résultats financiers.</p>
<p>Pour faire entendre leur voix à leur tour, les entreprises sont amenées à revoir leur stratégie de communication et d’influence. La réponse par la voie judiciaire montre certaines limites comme nous venons de l’évoquer, et la communication <em>corporate</em> ne répond plus toujours aux attentes des parties prenantes que sont la société civile, les salariés, les syndicats, les politiques, les partenaires… Les entreprises doivent ouvrir les yeux sur une réalité nouvelle et adopter une stratégie de « <em>soft power</em> » dans les relations avec leurs parties prenantes. C’est ainsi qu’elles retrouveront leur place au sein de leurs communautés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/50375/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Violet-Surcouf travaille à l'ADIT en tant que Directeur Conseil en stratégies digitales. Il est Président de l'AEGE, le réseau des experts en intelligence économique. </span></em></p>Face à des marchés où la guerre, sous toutes ses formes, fait rage, il est crucial que les entreprises adoptent une stratégie de « soft power » incluant l’influence digitale.Antoine Violet-Surcouf, Enseignant Influence digitale, École de guerre économiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.