tag:theconversation.com,2011:/institutions/universite-de-la-polynesie-francaise-3030/articlesUniversité de la Polynésie Française2022-11-13T16:33:59Ztag:theconversation.com,2011:article/1908492022-11-13T16:33:59Z2022-11-13T16:33:59ZL’impact du changement climatique sur la Polynésie française<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485561/original/file-20220920-15-ajs1mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C7538%2C5006&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Polynésie française compte 120 îles réunies en 5 archipels selon lesquels le climat varie. Il est donc compliqué de mesurer les conséquences du réchauffement climatique sur l’ensemble de la région.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/tropical-beach-palm-trees-on-moorea-2099393887">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Pour observer le changement climatique, <a href="https://public.wmo.int/en">l’Organisation mondiale de la Météorologie</a> recommande d’évaluer le dérèglement climatique sur une période d’au moins 50 ans afin de s’affranchir des biais liés à d’autres variabilités temporelles du climat, tels que la dérive climatique, qui se calcule sur 30 ans, le phénomène <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/el-nino-southern-oscillation/2-l-oscillation-australe/">ENSO</a> (El Niño Southern Oscillation), qui modifie le climat sur une échelle de 2 à 7 ans, ou encore l’<a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Oscillation-decennale-du-Pacifique.html">oscillation interdécennale du Pacifique</a> (IPO), qui varie sur 40 ans et influence durablement les pluies en Polynésie française.</p>
<p>La communauté des climatologues s’est donc lancée dans un vaste programme de sauvegarde des données afin de constituer de longues séries de données de pluies et de températures. En Polynésie française, les premières mesures de pluies remontent à 1853 et la première station météorologique implantée sur les hauteurs du mont Faiere, à Sainte Amélie, a été inaugurée en 1935.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les archives du service climatique de Météo-France en Polynésie française.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Après avoir inventorié et numérisé les données anciennes, il est nécessaire d’homogénéiser ces longues séries de données pour supprimer les erreurs ou ruptures dues à des évolutions de capteurs ou des conditions de la mesure. À partir de ces longues séries homogénéisées et fiables, on cherche à détecter le signal du changement climatique et à le quantifier.</p>
<h2>Des signes du changement climatique</h2>
<p>La Polynésie française, qui comptabilise 120 îles réparties en 5 archipels, a un <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/climat__les_climats_du_monde/185927#:%7E:text=%E2%80%93%20le%20climat%20tropical%20humide%20avec,autour%20de%2030%20%C2%B0C.">climat tropical humide</a> mais avec des différences notables en raison de la grande étendue latitudinale de ce territoire (plus de 20° du nord au sud). On identifie d’un archipel à l’autre un climat bien spécifique : chaud et sec aux Marquises, mais frais et humide aux Australes, ou encore plus humide sur la Société que sur les Tuamotu.</p>
<p>En analysant les longues séries de données de températures, on peut affirmer que le climat polynésien <a href="https://www.pacificmet.net/pacific-climate-change-monitor-report-2021">s’est réchauffé au cours de ces dernières décennies</a>. Selon les archipels, on calcule une élévation moyenne entre +0,6 °C et +1,55 °C cohérente avec le réchauffement global sur cette période.</p>
<p>Cette augmentation des températures est plus importante la nuit que la journée. Ainsi à la station météorologique de Faaa (Tahiti), l’élévation moyenne des températures minimales, observées habituellement en fin de nuit, est pratiquement deux fois plus importante que l’élévation moyenne des températures maximales, généralement observées en journée, avec respectivement +2 °C et +1,3 °C en 58 ans. Ce dérèglement climatique a également un impact sur les vagues de chaleur dont le nombre total de cas a significativement augmenté entre 1964 et 2021.</p>
<p>Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a peu d’impact du changement climatique sur le cumul annuel des pluies, en dehors de postes isolés comme Omoa, poste pluviométrique des Marquises, et Rapa, station météorologique des Australes. Cette absence de signal pluviométrique du changement climatique se confirme également sur d’autres îles du Pacifique Sud. Sur le territoire polynésien, les tendances linéaires de pluies calculées sur une période minimale de 50 ans varient en moyenne entre +5mm/an et -6mm/an, mais ces variations sont à expliquer par d’autres influences que celle du changement climatique, comme celle de l’IPO et de l’ENSO citées plus haut.</p>
<p>L’activité cyclonique est considérée en moyenne faible sur le bassin polynésien. En 50 ans, on a comptabilisé 23 cyclones tropicaux, 17 dépressions tropicales fortes et 10 dépressions modérées. Le dernier cyclone qui a touché la Polynésie française est <a href="https://www.ouest-france.fr/europe/france/polynesie-le-cyclone-oli-sest-renforce-et-fait-un-mort-635337">Oli</a> en février 2010, avec une pression minimale de 937hPa (l’hectopascal est l’unité de mesure pour la pression atmosphérique) et un vent maximum de 250km/h, loin des records détenus par le cyclone tropical Orama de février 1983, avec une pression minimale de 898hPa et un vent maximum de 280 km/h.</p>
<p>L’analyse depuis 1970 de l’activité cyclonique montre qu’elle est en diminution sur les deux dernières décennies et que cette baisse est plus marquée pour les cyclones tropicaux.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=175&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=175&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=175&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DTM (Dépression tropicale modérée), DTF (Dépression tropicale forte), CT (cyclone tropical).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les projections climatiques récemment réalisées et analysées maintiennent pour la fin du siècle cette diminution de l’activité cyclonique sur le sud du Pacifique et ne montrent pas de signal clair d’une évolution de la fréquence des cyclones de catégorie 5 (dans le Pacifique, la catégorie 5 correspond aux cyclones tropicaux intenses avec des vents moyens sur 10 minutes supérieurs ou égaux à 166km/h). Cependant, les simulations montrent une augmentation des pluies dans un rayon de 200 km autour du centre du cyclone.</p>
<p>Au niveau de l’océan, contrairement à l’atmosphère, les climatologues ne disposent pas de longues séries de données pour quantifier l’effet du changement climatique même si depuis les années 1990, l’information océanique est plus importante grâce aux données collectées par les <a href="https://oecsmap.org/les-satellites/">satellites</a>. Pour quantifier l’impact sur les températures de surface de la mer et la montée des eaux en Polynésie française, on peut se référer aux tendances climatiques.</p>
<p>Tout comme les températures de l’air, les eaux de surface de l’océan Pacifique se sont réchauffées de +0,9 °C depuis 1982, contribuant à l’élévation du niveau de la mer <a href="https://wwz.ifremer.fr/L-ocean-pour-tous/Nos-ressources-pedagogiques/Comprendre-les-oceans/Ocean-et-climat/Surchauffe-des-oceans.-quelles-consequences-sur-le-niveau-des-mers#:%7E:text=%C3%89l%C3%A9vation%20du%20niveau%20de%20la%20mer&text=Le%20niveau%20de%20la%20mer,glaces%20et%20des%20calottes%20polaires.">par dilatation</a>.</p>
<p>Globalement, le niveau de la mer augmente plus rapidement au cours de ces dernières décennies mais à des vitesses différentes selon les archipels. Selon les données des images satellites LEGOS/CLS on retient que depuis 1992, le niveau de la mer a augmenté à une vitesse moyenne de +2,9mm/an à Tahiti et de +1mm/an à Mangareva, des tendances qui nous conduiraient en 2050 à des élévations bien plus importantes que celles proposées dans le 5<sup>e</sup> rapport du GIEC.</p>
<p><a href="https://services.meteofrance.com/outre-mer/etudes-et-conseils-outre-mer/atlas-climatologique-de-la-polynesie-francaise">L’atlas climatologique de la Polynésie française</a> sorti fin 2019 consacre tout un chapitre au changement climatique et, récemment, un rapport sur l’état des connaissances du climat des îles du Pacifique et son évolution a été mis en ligne.</p>
<h2>Projections et projets futurs</h2>
<p>Dans l’état actuel de nos connaissances, on peut raisonnablement avancer que le dérèglement climatique sur la Polynésie française à l’horizon 2050 va entraîner une hausse sensible des températures et une diminution des quantités de pluies sur certaines îles, augmentant la vulnérabilité à la disponibilité d’eau. Le risque de feux de végétation sur les îles hautes pourrait s’accroître avec des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus longues.</p>
<p>Au niveau de l’océan, la principale vulnérabilité engendrée par l’évolution climatique est l’augmentation du risque de submersion marine. À l’instar de ce qui s’est passé sur l’atoll de Tikehau lors du passage de la forte houle de 1996, les structures en bord de mer seraient plus vulnérables aux risques de submersion.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Aéroport de Tikehau (Tuamotu), submergé par la forte houle de 1996.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Selon la morphologie des îles et la température de l’océan, les côtes exposées aux houles extrêmes seraient menacées par l’augmentation du niveau de la mer. Pour les atolls, ces submersions marines se traduiraient par la salinisation et donc la contamination des lentilles d’eau douce, fragilisant leur sécurité alimentaire et sanitaire.</p>
<p>À l’échelle des îles de la Polynésie française, nous n’avons pas toutes les réponses sur l’évolution du climat pour la fin de ce siècle. <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">Les projections du GIEC</a> étant réalisées à une résolution de 100 km, les îles ne sont pas représentées. C’est sur cette problématique que le projet <a href="https://umr-entropie.ird.nc/index.php/portfolio/projets-en-cours/projet-clipssa">CLIPSSA</a> (CLImat du Pacifique Savoirs locaux et Stratégie d’Adaptation) a démarré en 2021, pour une durée de trois ans. Par des méthodes de descente d’échelle, les acteurs de ce projet vont produire des simulations climatiques à l’échelle de 2,5 km, afin de répondre aux problématiques à long et très long terme des acteurs locaux, et permettre ainsi la mise en place de stratégies d’adaptation en tenant compte des spécificités culturelles de ces îles.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190849/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Victoire Laurent ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le changement climatique en Polynésie française se mesure grâce à des séries de données récoltées depuis 50 ans, mais la spécificité culturelle des îles et leur morphologie compliquent les prévisions.Victoire Laurent, Météorologue, Responsable de la division Études et climatologie, Météo-France/Direction Interrégionale pour la Polynésie française, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1711612021-11-03T14:43:54Z2021-11-03T14:43:54Z« Le doute, un levier pour la science ? » : regardez la vidéo de notre webinaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/429997/original/file-20211103-21-vh4y5s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un webinaire organisé dans le cadre de la Fête de la Science.</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le vendredi 5 novembre 2021, The Conversation France a organisé un webinaire spécial d'1h30 à l'occasion de la Fête de la science !</p>
<p>Une rencontre-débat a rassemblé trois scientifiques pour comprendre la place du doute dans le quotidien des chercheurs et son rôle dans les avancées scientifiques</p>
<p>Lors de cette table ronde animée par notre rédaction, Emmanuelle Vennin, professeur en géologie à l'Université de Bourgogne (UBFC), Eric Muraille, biologiste à l'Université Libre de Bruxelles et Jean-Yves Meyer, chercheur en biologie et en écologie à l'Université de la Polynésie française ont fait part de leur expérience face au doute et à l'incertitude.</p>
<p><a href="https://youtu.be/WCCV04XoPB0">Regardez la vidéo de l'évènement</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171161/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Rejoignez-nous le vendredi 5 novembre pour un webinaire spécial organisé autour de la place du doute dans le quotidien de la recherche.Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste. Maître de recherches au FNRS, Université Libre de Bruxelles (ULB)Emmanuelle Vennin, Professeur en géologie (sédimentologie des carbonates), Université de Bourgogne – UBFCJean-Yves Meyer, Chercheur en biologie et en écologie, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1648032021-10-08T17:30:24Z2021-10-08T17:30:24ZDes dizaines d’espèces découvertes en Polynésie française… presque toutes menacées d’extinction !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/412617/original/file-20210722-21-fa8hrk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C72%2C2483%2C1770&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Mission scientifique au sommet du mont Orohena à Tahiti.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science, qui a lieu du 1<sup>er</sup> au 11 octobre 2021 en métropole et du 5 au 22 novembre 2021 en outre-mer et à l’international, et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Eureka ! L’émotion de la découverte ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Pour un biologiste confirmé comme pour un naturaliste amateur, la découverte d’une espèce végétale ou animale « nouvelle pour la science », c’est-à-dire non répertoriée ni décrite, représente toujours une grande source d’émotion à la fois scientifique et personnelle.</p>
<p>Encore aujourd’hui, la connaissance du vivant justifie de mener des inventaires de la biodiversité et d’organiser des expéditions scientifiques dans des sites encore totalement inexplorés ou peu (voire très anciennement) prospectés. C’est le cas notamment des récifs coralliens et des forêts tropicales, écosystèmes souvent considérés comme les plus riches en espèces.</p>
<p>J’ai eu pour ma part la chance de participer comme écologue terrestre et botaniste à certaines des missions scientifiques qui ont permis la découverte de nombreux taxons endémiques des îles, c’est-à-dire uniques au monde, dans les montagnes polynésiennes.</p>
<h2>Expéditions dans des zones reculées</h2>
<p>Dans cet archipel composé d’environ 120 îles dont la plus grande, Tahiti, ne dépasse pas les 1050 km<sup>2</sup>, de petites îles océaniques peuvent encore révéler de belles surprises !</p>
<p>Au cours des 25 dernières années, plus d’une centaine de mollusques, insectes et plantes terrestres ont été nouvellement décrits : le fruit d’efforts de prospection dans ces îles éloignées, difficiles d’accès (parfois sans aéroport ni port, voire inhabitées), au relief parfois très abrupt, comme dans les archipels de la Société, des Marquises et des Australes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420811/original/file-20210913-23-ifle6y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Expédition scientifique à Rapa sur la crête du mont Perau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Gargominy</span></span>
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<p>C’est parfois après de longues ascensions ou « droppé » en hélicoptère sur les plus hauts sommets, après de longs trajets en bateau à moteur ou à voile, à camper des nuits sous une simple bâche en plastique, à affronter les moustiques, les cochons sauvages, la chaleur suffocante ou les pluies torrentielles et parfois même le froid (sur les pics de plus de 1000 m d’altitude, jusqu’à 2240 m à Tahiti !), que nous avons découvert de nouvelles espèces.</p>
<h2>Des aventures humaines inoubliables</h2>
<p>Là-bas, j’ai eu le privilège de collaborer avec des malacologues (spécialistes des mollusques), entomologistes et botanistes confirmés ou débutants de nombreuses universités étrangères et avec de nombreux compatriotes du Muséum national d’histoire naturelle de Paris et de l’Institut de recherche et de développement.</p>
<p>Nous avons souvent été accompagnés ou guidés dans ces îles et sites par des membres passionnés d’associations locales de protection de la nature, d’agents impliqués des communes ou des services techniques du gouvernement de la Polynésie française.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Au sommet du Mt Orohena, point culminant de Polynésie française et des îles du Pacifique sud, avec des collègues d’associations de protection de la nature.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean‑Yves Meyer</span></span>
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<p>Certaines de la centaine d’espèces nouvellement découvertes et décrites en un quart de siècle m’ont été dédiées. Soit parce que je les avais collectées pour la première fois, soit en reconnaissance de la coordination des diverses missions qui resteront dans ma mémoire des aventures humaines inoubliables.</p>
<h2>Marguerite, fougères et coléoptères</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=885&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=885&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=885&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1112&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1112&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412620/original/file-20210722-15-i56pz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1112&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"><em>Ischnura jeanyvesmeyeri</em>, demoiselle endémique de l’île de Raivavae aux Australes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ron Englund</span></span>
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</figure>
<p>Parmi elles, figure une petite marguerite <em>Bidens</em> (Asteraceae) uniquement trouvée sur les falaises de Rapa aux Australes, qu’il a fallu escalader, un petit arbuste <em>Coprosma</em> des forêts de nuages de Hiva Oa aux Marquises dont on ne connaît que quelques individus mâles, une petite fougère épiphyte <em>Grammitis</em> (Grammitidaceae) restreinte aux plus hauts sommets de Tahiti entre 1900 à 2000 m d’altitude, une demoiselle <em>Ischnura</em> (Odonates Caenagrionidae) des zones humides de Raivavae (Australes), un coléoptère <em>Pycnomerus</em> (Zopheridae) des lambeaux forestiers de Tubuai (Australes). Ou encore un escargot arboricole <em>Partula</em> (Partulidae), unique survivant de ce genre sur l’île de Raiatea (Société) et découvert dans un vallon humide situé sous le plus haut sommet vers 950 m d’altitude après deux journées d’ascension à ouvrir une piste sur une crête étroite…</p>
<p>D’autres plantes à fleurs que j’ai collectées sur les sommets de Bora Bora, Moorea, Raiatea (Société), restent encore à décrire !</p>
<h2>A peine découvertes, déjà menacées</h2>
<p>Et pourtant, malgré la joie que procure leur découverte, la plupart de ces espèces souvent très rares sont malheureusement menacées de disparition dans leur milieu naturel par les activités humaines croissantes (urbanisation, déforestation, incendies, pollutions)…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412621/original/file-20210722-15-182s1us.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">JYHM collectant <em>Bidens meyeri</em> sur l’île de Rapa aux Australes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ron Englund</span></span>
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<p>Mais également et surtout par des espèces introduites devenues envahissantes (dites « invasives ») : chèvres, moutons et cochons sauvages détruisant les sous-bois forestiers, rats omnivores s’attaquant aux graines, plantules, oiseaux, squamates et arthropodes ; escargot et ver plat prédateurs de mollusques endémiques ; fourmis colonisatrices (comme la petite fourmi de feu et la fourmi jaune folle) ; très nombreuses plantes envahissantes dont le <em>miconia</em> qui forme de forêts denses à Tahiti et Moorea (archipel de la Société) jusqu’à 1200 m d’altitude ; insectes phytophages, champignons pathogènes et virus souvent non identifiés !</p>
<h2>L’urgence de les protéger</h2>
<p>Au-delà de leur description et publication dans des revues scientifiques spécialisées, la protection légale et la conservation <em>in situ</em> (parcs, réserves, aires gérées) de ces espèces nouvelles pour la science et menacées de disparition s’avère être une priorité si on ne veut pas qu’elles ne subsistent que sous forme de spécimens d’herbier ou dans les collections zoologiques des musées.</p>
<p>En cette période de « sixième crise d’extinction mondiale » et dans une nouvelle ère appelée « anthropocène », il est donc du devoir du biologiste et du naturaliste de documenter et de porter à connaissance du grand public, des gestionnaires d’espaces naturels, des autorités compétentes et des politiques, la richesse, l’originalité et la beauté de notre biodiversité (des gènes aux écosystèmes)… « avant que nature meure », comme l’écrivait l’ornithologue Jean Dorst du Muséum national d’histoire naturelle de Paris en 1965.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164803/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Yves Meyer a reçu des financements du gouvernement de la Polynésie française et de l’État français (contrat de développement État-pays). </span></em></p>Des chercheurs dévoilent quotidiennement des espèces végétales et animales méconnues. Une joie immense pour ces scientifiques, malgré l’inquiétude de voir ces joyaux menacés.Jean-Yves Meyer, Chercheur en biologie et en écologie, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1648762021-08-31T18:50:45Z2021-08-31T18:50:45ZComment l’hydrogène peut contribuer à l’autonomie énergétique des îles… en produisant du froid<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/413100/original/file-20210726-13-9adqh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C2048%2C1238&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Test de l’installation RECIF permettant de régénérer froid et électricité grâce au stockage de l’hydrogène fabriqué avec de l’énergie solaire, à l’Université de Polynésie française, Tahiti.</span> <span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’hydrogène permet de transporter et stocker l’énergie, et est aujourd’hui considéré comme un axe majeur de développement de notre futur mix énergétique. En territoire insulaire, sa production locale à partir de ressources d’origine renouvelable trouve tout son sens. Au-delà de l’axe bien maîtrisé de production d’électricité à partir de l’hydrogène stocké potentiellement sur de longues durées, nous développons actuellement un système qui permettrait aussi la production simultanée de froid.</p>
<p>Il s’agit donc de développer un système autonome permettant d’assurer la fourniture en électricité et en climatisation d’un logement ou local tertiaire situé en territoire insulaire. Le soleil est la source d’énergie primaire : l’énergie électrique produite par des panneaux photovoltaïques est utilisée directement ou stockée dans des batteries pour des besoins court terme, ou sous forme d’hydrogène pour des besoins plus long terme.</p>
<p>Au moment où l’on a besoin d’électricité, on utilise une pile à hydrogène : l’hydrogène réagit avec l’oxygène de l’air de manière contrôlée. Cette réaction permet donc la production d’électricité, mais aussi d’eau et de chaleur, car elle est « exothermique ».</p>
<p>Cette chaleur (de même que celle produite lors de la réaction d’électrolyse de l’eau lors de la phase de stockage) peut être stockée à son tour, ce qui permet de l’exploiter ultérieurement pour la transformer en froid, sans apport extérieur d’énergie. Le « réacteur thermochimique » est lui-même intégré dans une pompe à chaleur traditionnelle, l’ensemble étant conçu pour permettre une optimisation fonctionnelle dans toutes les conditions opératoires, en présence et en absence d’énergie solaire.</p>
<h2>Le défi de l’énergie dans les régions isolées</h2>
<p>Dans la plupart des régions, les réseaux énergétiques sont interconnectés pour améliorer leur stabilité. À l’échelle européenne par exemple, ceci permet d’équilibrer une région où il y aurait un surplus de production d’électricité (beaucoup de vent par exemple) avec des régions où il y aurait momentanément un déficit de production.</p>
<p>Les régions isolées, et en particulier les îles, constituent un cas particulier puisqu’elles sont par nature isolées des réseaux continentaux. Ces régions ont donc des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zones_non_interconnect%C3%A9es_au_r%C3%A9seau_m%C3%A9tropolitain_continental">systèmes de gestion de l’énergie</a> bien particuliers, et peuvent notamment être gérées grâce à des « microréseaux isolés ». Cette isolation des réseaux électriques limite considérablement le taux de pénétration des énergies intermittentes, comme les énergies solaires et éoliennes par exemple.</p>
<p>L’idée du stockage de l’électricité produite par des énergies renouvelables intermittentes à l’aide du vecteur hydrogène dans ces microréseaux n’est pas nouvelle. L’originalité réside ici dans le couplage des trois vecteurs électricité, thermique et hydrogène pour la trigénération : production d’électricité, production de chaleur et/ou production de froid. Cette approche doit permettre notamment d’augmenter les rendements énergétiques des piles à combustible et des électrolyseurs d’eau, et de manière générale du système complet, en valorisant la chaleur produite lors des réactions électrochimiques.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Schéma de principe du dispositif RECIF : l’électricité générée grâce à l’énergie solaire photovoltaïque est utilisée pour charger des batteries ou générer de l’hydrogène (solutions de stockage) ou pour alimenter des pompes à chaleur ou des bâtiments. Ce système électrique est couplé à un système thermique de stockage et de production de froid.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notre système a tout d’abord été <a href="https://www.femto-st.fr/fr">conçu, réalisé</a>, <a href="https://www.h2sys.fr/fr/">optimisé et testé à Belfort</a>. Il a été ensuite conteneurisé et a pris le bateau direction Tahiti. Arrivé début 2021, il a été installé sur le site de l’Université de Polynésie française, au <a href="http://gepasud.upf.pf/">laboratoire GEPASUD</a> pour les phases de test et d’évaluation opérationnelle du système en conditions d’usage réelles. En effet, Tahiti est un site à la fois insulaire et tropical, où la ressource solaire est abondante toute l’année, mais caractérisée par une forte intermittence et où la climatisation représente une part importante de la consommation globale d’électricité.</p>
<h2>La variété des technologies de stockage, clef de voûte d’un système résilient</h2>
<p>Pour compenser la fluctuation des énergies intermittentes, des éléments de stockage sont indispensables. Les techniques de stockage <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/91172_rapport-potentiel-stockage-energie.pdf">sont très variées</a> et <a href="https://www.lavoisier.fr/livre/environnement/le-stockage-de-l-electricite/edf-r-et-d/descriptif-9782743023010">se caractérisent</a> par leur nature (électrique, chimique, mécanique, thermique notamment) et par leurs performances en termes de rendement, de capacité de stockage, de temps de charge/décharge et de réaction, de durée de vie, d’autonomie et de retour sur investissement. La diversité des cahiers des charges est telle qu’il n’existe pas un système de stockage « idéal ».</p>
<p>Face aux limites des systèmes existants de stockage thermique et électrique, une <a href="https://www.mdpi.com/2673-4141/2/2/11">nouvelle approche scientifique</a> proposant la définition et l’optimisation d’un système complexe intégrant plusieurs composants aux caractéristiques différentes et complémentaires est ici explorée, dans ce projet RECIF. Les procédés de stockage thermochimique, les piles à combustible et électrolyseurs couplés à un stockage d’hydrogène constituent, dans ce cadre, des solutions innovantes et prometteuses.</p>
<p>Les procédés thermochimiques <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360544220321162">sont particulièrement pertinents</a> pour le stockage/production de froid de par leur flexibilité de fonctionnement et leur forte densité énergétique effective de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360544220321162">stockage</a>. De tels procédés sont basés sur des réactions chimiques solide/gaz renversables, c’est-à-dire que l’on peut les effectuer dans un sens ou dans l’autre selon les conditions d’opération. Ils permettent in fine de stocker de l’énergie, thermique ou mécanique sous la forme d’un potentiel chimique afin de permettre une production différée directe de froid.</p>
<p>Ainsi, il est possible de valoriser l’énergie thermique libérée par les réactions électrochimiques existantes au sein des piles à combustible et des électrolyseurs, dans un objectif ultime d’augmentation significative de leur <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02972731/document">« efficience énergétique »</a> (plus large que la seule « efficacité énergétique », car incluant également des notions de recyclabilité et d’analyse en cycle de vie).</p>
<p>Un système d’intelligence artificielle pilote les flux énergétiques au sein du système complet, en intégrant la prévision de la ressource solaire et de la demande en électricité et froid à différentes échéances. L’objectif de cet outil de gestion, en développement, est d’utiliser au mieux les caractéristiques de chaque sous-système, dans l’objectif d’en maximiser l’efficience énergétique et économique ainsi que la durabilité.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été coécrit avec Sébastien Faivre, ingénieur et Président directeur général chez H2SYS, Belfort</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164876/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniel Hissel apporte son concours scientifique à l'entreprise innovante H2SYS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Driss Stitou a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche dans le cadre de divers projets sur le stockage thermochimique </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascal Ortega a reçu des financements de l'ANR.</span></em></p>De nouveaux systèmes à base d’hydrogène permettent non seulement de stocker de l’électricité, mais aussi de générer du chaud et du froid.Daniel Hissel, Professeur des Universités, Directeur-Adjoint fédération nationale hydrogène CNRS, Responsable équipe SHARPAC/FEMTO-ST, Université de Franche-Comté – UBFCDriss Stitou, Ingenieur de Recherche CNRS, HDR - Thermodynamique, Energetique, Procédés de conversion/stockage thermochimique, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Pascal Ortega, Professeur en Physique, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1058962018-11-08T21:09:39Z2018-11-08T21:09:39ZFait religieux en entreprise : un phénomène devenu objet de management<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/244063/original/file-20181106-74760-1u8jys2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C998%2C649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les deux tiers des managers français rencontrent des faits religieux régulièrement ou occasionnellement dans leur entreprise. </span> <span class="attribution"><span class="source">Freeograph / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En France, la place de la religion dans le monde professionnel est généralement perçue comme une question <a href="https://theconversation.com/religion-au-travail-perspectives-europeennes-et-outre-atlantique-75416">problématique</a>. Dans un pays marqué par le principe de <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/en/coming-to-france/france-facts/secularism-and-religious-freedom-in-france/article/secularism-and-religious-freedom-in-france">laïcité</a>, il est peu habituel d’afficher sa spiritualité et sa religiosité au travail.</p>
<p>Les débats sont en conséquence passionnés et donnent lieu à des prises de position politiques fortes. Surtout que, depuis le début des années 2010, la succession des affaires et des décisions de <a href="https://theconversation.com/les-faux-semblants-des-arrets-de-la-cour-de-justice-de-lunion-europeenne-sur-le-voile-au-travail-72291">justice</a> contribue à donner une <a href="https://theconversation.com/faits-religieux-au-travail-de-lemergence-a-lencadrement-par-le-droit-et-le-management-81971">impression de complexité</a> et de conflictualité lorsqu’on touche au sujet.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/fait-religieux-en-entreprise-apres-baby-loup-le-grand-flou-103113">Fait religieux en entreprise : après Baby-Loup, le grand flou</a>
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<p>C’est dans ce contexte que nous avons mis en place, en 2012, l’Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE). Nos travaux ont pour objectif d’évaluer l’impact du fait religieux sur les situations de travail et de management avec des données fiables. Pour cela, nous menons une enquête annuelle auprès de managers d’entreprises françaises (<a href="http://www.grouperandstad.fr/wp-content/uploads/2018/09/grf-ofre-180925.pdf">1 110 questionnaires exploités en 2018</a>). Les principales questions auxquelles nous essayons d’apporter des réponses sont les suivantes : quelle est l’importance du phénomène ? Quels sont les faits et comportements religieux au travail ? Est-ce une question pour le management de proximité ? Quels sont les impacts sur le fonctionnement des organisations ?</p>
<h2>Augmentation des situations conflictuelles</h2>
<p>La part des managers qui rencontre le fait religieux au travail s’est fortement accrue entre 2013 et 2016. Elle est passée sur cette période de 40 % à 64 %, avant de stabiliser entre 2016 et 2018. Il ressort de notre dernière enquête que 29,5 % des managers rencontrent aujourd’hui des faits religieux régulièrement (chaque jour, semaine ou mois), 35,5 % occasionnellement (chaque trimestre) et 35 % rarement ou jamais (une fois par an ou moins). Les deux tiers des managers se déclarent donc concernés.</p>
<p>Mais de quels faits s’agit-il ? Et quel est leur impact sur le fonctionnement de l’organisation ? Les faits les plus courants sont les demandes d’absence, de modifications des plannings de travail (36 %), le port de signes religieux visibles (19,5 %) ou encore les prières pendant les pauses (10,5 %). Ces faits correspondent à des demandes et des comportements personnels qui ne remettent pas en cause, en eux-mêmes, l’organisation. Ils forment une première catégorie qui regroupe les deux tiers des situations.</p>
<p>La seconde catégorie, représentée par le tiers restant, concerne des faits qui, eux, ont un impact sur le fonctionnement de l’organisation. C’est par exemple le refus de réaliser des tâches (4,5 %), de travailler avec certaines personnes (8,3 %), particulièrement avec des femmes (7,4 %), la stigmatisation (7,4 %), le prosélytisme (5,3 %) ou encore des prières pendant le temps de travail (6,5 %). Plus d’un fait sur deux (51 % en 2018, en hausse régulière depuis 2013) donne lieu à une intervention du management (pour répondre à une demande, recadrer un comportement, en autoriser, planifier des absences, etc.). Et lorsque le management intervient, 17,5 % des situations sont marquées par des tensions et/ou des conflits. La part de ces situations conflictuelles augmente d’ailleurs régulièrement. Elle était de 6 % en 2013, de 12 % en 2015 et de 16 % en 2017. Ces dernières années, le phénomène s’est donc largement répandu au point de devenir un objet de management.</p>
<h2>Densité religieuse et perturbation du management</h2>
<p>Pour approfondir les résultats, nous avons construit un indicateur de la densité religieuse des situations. Pour cela, nous avons combiné cinq variables fortement corrélées entre elles : la fréquence des faits religieux et son évolution, l’importance donnée au fait religieux dans la situation de travail par les managers, la diversité des faits et celles des catégories de faits (dysfonctionnels ou non). Cela nous a permis de distinguer trois situations marquées par des niveaux de densité respectivement forts (19,1 %), modérés (25,6 %) et faibles (55,3 %). Cette densité du fait religieux dans la situation de travail est déterminante de la fréquence d’intervention managériale et de l’apparition des conflits et des tensions. Plus elle augmente, plus le management doit intervenir et, de même, plus la fréquence d’apparition des situations conflictuelles augmente.</p>
<p>La densité est également corrélée aux comportements des personnes. Les managers qui sont dans des situations marquées par une densité forte sont également ceux qui disent rencontrer les comportements les plus revendicatifs de la part de salariés considérés comme ayant une attitude négative, présentant des demandes jugées peu raisonnables et refusant fréquemment d’adapter leur pratique religieuse aux contraintes organisationnelles.</p>
<p>Dans le même sens, nous avons construit un indicateur de la perturbation de la situation de management générée par le fait religieux. L’objectif était d’affiner l’analyse en dépassant les notions de blocage et de conflit pour mesure l’impact du fait religieux sur la complexité de l’action managériale. Cet indicateur synthétise quatre mesures : la fréquence des conflits et des blocages liés au fait religieux ; l’évolution de cette fréquence ; la fréquence des remises en cause des décisions managériales concernant le fait religieux ; et, enfin, la fréquence des prises de sanctions liées au fait religieux. Cela nous a permis d’identifier trois types de situations en fonction de leur degré de perturbation faible (65 %), modéré (24 %) et fort (11 %).</p>
<p>Quatre facteurs de perturbations principaux sont repérés :</p>
<ul>
<li><p>La densité du fait religieux est l’élément déterminant. Plus la fréquence des faits religieux et leur diversité progressent, plus apparaissent des blocages, des conflits, des prises de sanctions, des contestations des décisions, etc.</p></li>
<li><p>L’action managériale. La capacité des managers à trouver un équilibre entre le respect des règles et de la liberté religieuse est déterminante.</p></li>
<li><p>Les comportements des individus. Plus ils remettent en cause le fonctionnement, plus les situations sont perturbées.</p></li>
<li><p>Le dispositif organisationnel : les règles et le discours de l’entreprise qui encadrent l’expression religieuse sur le lieu de travail jouent un rôle important. Ils permettent aux salariés d’adapter leur comportement à la situation, et aux managers de définir leur action.</p></li>
</ul>
<h2>Deux réalités et un paradoxe</h2>
<p>Un lien fort existe entre la densité religieuse de la situation et son degré de perturbation. Les 19,1 % de situations marquées par une densité forte ont les degrés de perturbation les plus élevés et concentrent les situations de blocages et de conflits. Lorsque la densité est faible ou modérée, le taux de conflits se réduit fortement de même que le taux de dysfonctionnements. Deux réalités se dessinent pour les managers et les entreprises. Dans un premier cas, très majoritaire, le fait religieux est peu perturbateur. Dans le second, minoritaire, il l’est beaucoup plus.</p>
<p>Paradoxalement nos résultats montrent également que c’est dans le second cas que les managers reçoivent le moins de soutien de leur organisation, doivent le plus souvent gérer les situations seuls et que les entreprises mettent le moins souvent en place des outils de gestion de la religion au travail.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105896/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré a reçu pour la réalisation des ses travaux des financements de l'Observatoire du Fait Religieux en Entreprise (OFRE, convention de recherche Université de la Polynésie Française - Institut Randstad). A partir de 2018/2019 l'OFRE poursuit ses travaux en partenariat avec l'Institut Montaigne. </span></em></p>Selon l’Observatoire du fait religieux en entreprise, les managers qui rencontrent des situations conflictuelles sont de plus en plus nombreux.Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1051842018-10-21T18:41:38Z2018-10-21T18:41:38ZThe evolutions of religion in the workplace in France<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/241515/original/file-20181021-105751-1im5al5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C7%2C985%2C552&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/soft-focus-praying-praise-together-church-1072186610?src=nHeIfL6tEVO3moqixIpbVw-1-24">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>In France, the principle of laicity is a <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/en/coming-to-france/france-facts/secularism-and-religious-freedom-in-france/article/secularism-and-religious-freedom-in-france">pillar of society</a>, and it is unusual to display one’s spirituality and religiosity in the workplace. However, since the early 2010s, the succession of cases leading to court decisions both on a <a href="https://europeanlawblog.eu/tag/bougnaoui-v-micropole/">national</a> <a href="http://en.rfi.fr/20180825-un-condemns-france-creches-hijab-ban/">international</a> levels has contributed to the perceived complexity and conflict of this issue.</p>
<p>In 2012, I established an observatory of religious issues at work with the aim of providing reliable data on these issues and in particular on the impact of religion on work and the management of such situations. To this end, we conduct an annual survey of French corporate managers (<a href="http://www.grouperandstad.fr/wp-content/uploads/2018/09/grf-ofre-180925.pdf">1,110 questionnaires 2018</a>). The main questions we are trying to answer are: How important is this phenomenon? What are the religion and related behaviours at work? Is this an issue for management? What are the impacts on the organisations?</p>
<h2>Religion at work: a real issue for managers in France?</h2>
<p>The proportion of managers who encounter issues related to religion at work rose sharply between 2013 and 2016, from 40% to 64%. From 2016 to 2018 it remained stable. In 2018:</p>
<ul>
<li><p>29.5% of managers encountered religious issues regularly (every day, week or month)</p></li>
<li><p>35.5% occasionally (every quarter)</p></li>
<li><p>35% rarely or never (once a year or less).</p></li>
</ul>
<p>Thus two-thirds of managers encounter issues related to religion in their work environment. But what are the facts and what is their impact on the organisation?</p>
<p>The most common facts are requests for absence and changes in work schedules (36%), the wearing of visible religious symbols (19.5%) or prayers during breaks (10.5%). These facts correspond to personal demands and behaviours that do not in themselves call the organisation into question. They form a first category that includes two thirds of the situations. The second category, which represents one third of the situations, includes facts that call into question the functioning of the organisation. For instance, refusal to perform certain tasks (4.5%), to work with specific individuals (8.3%), especially women (7.4%), stigmatisation (7.4%), proselytism (5.3%) or prayers during working hours (6.5%).</p>
<p>More than one out of two facts (51% in 2018, a steady increase since 2013) gives rise to management intervention. And when management intervenes, 17.5% of cases are marked by tensions and/or conflicts. The proportion of conflict cases is also increasing steadily. It was 6% in 2013, 12% in 2015 and 16% in 2017.</p>
<p>Thus, one manager in two in France encounters the question of religion at work. The phenomenon is therefore widespread. It has become common in recent years. It has also become a management issue. Indeed, more than one case out of two requires management intervention (to respond to a request, reframe a behaviour, authorise a behaviour, plan absences, etc.), which results in conflicts and tensions in just under one case out of five.</p>
<h2>From one manager to another: what types of situation and problems?</h2>
<p>To further the analysis we have constructed an indicator of the religious density of the workplace. For this purpose, we have combined five variables strongly correlated between each other: the frequency of religious facts and its evolution, the importance given to the religious fact in the workplace by managers, the diversity of facts and of the types of facts, either dysfunctional or not. This allowed us to distinguish three situations marked by high (19.1%), moderate (25.6%) and low (55.3%) density levels.</p>
<p>This density of the religious fact in the workplace is a determining factor in the frequency of managerial intervention and the emergence of conflicts and tensions. Density of the religious fact in the workplace leads to more management intervention, which leads to more frequent occurrences of conflicts.</p>
<p>Density is also correlated with individual’s behaviour. Managers who are in high-density environment are also those who report the most demanding behaviours on the part of employees considered to have a negative attitude, those who make unreasonable demands and frequently refuse to adapt their religious practice to the constraints of corporate procedure.</p>
<p>In the same way, we have constructed an indicator for the disruption of the management situation generated by the religious fact. The objective is to refine the analysis by going beyond the notions of blockage and conflict to measure the impact of the religious fact on the complexity of managerial action. This indicator summarises four measures: the frequency of conflicts and blockages related to religious events, the evolution of this frequency, the frequency of challenges to managerial decisions concerning religious events and, finally, the frequency of sanctions related to religious events. This allowed us to identify three types of situations according to their low (65%), moderate (24%) and high (11%) degree of disruption.</p>
<p>Four main disturbance factors are identified:</p>
<ul>
<li><p>Density is the main factor: The more the frequency of religious events and their diversity increase, the more blockages, conflicts, sanctions, challenges to decisions appear…</p></li>
<li><p>Managerial action: The ability of managers to balance respect for rules and religious freedom is crucial.</p></li>
<li><p>The behaviours of individuals: The more they question the functioning, the more disrupted the situations are.</p></li>
<li><p>Organisational arrangements: The company rules and discourses that govern religious expression in the workplace play an important role. They allow employees to adapt their behaviour, and managers to define their action.</p></li>
</ul>
<h2>Two realities and a paradox</h2>
<p>There is a strong link between the religious density of the situation and its degree of disruption. The 19.1% of situations with high density have the highest degrees of disruption and concentrate cases of blockages and conflicts. When the density is low or moderate, the rate of conflict is greatly reduced as well as the rate of dysfunctions. Two realities are emerging for managers and companies. In the first case, which is the vast majority, the religious fact is not very disruptive. In the second, a minority, it is much more so. Paradoxically, our results also show that it is in the second case that managers receive the least support from their organisation, must more often manage cases alone, and companies implement tools to manage religion at work the least often.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105184/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré a reçu des financements de l'Observatoire du Fait Religieux en Entreprise (Université de la Polynésie Française - institut Randstad). </span></em></p>In France, expressions of spirituality are rare in workplace, but the situation has evolved since the 2010s. How important is this phenomenon and what are the impacts on the organisations?Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/968202018-05-27T19:51:23Z2018-05-27T19:51:23ZAt work, be spiritual but definitely not religious!<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219424/original/file-20180517-26281-4regwl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C1200%2C731&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/cropped-image-beautiful-business-team-holding-518939170?src=HbxmL4F3SZ5v635BIZVHkA-1-7">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Employees forming reflection groups on the meaning of work, managers inviting to practice a minute of introspection before the beginning of a meeting, meditation training… For several years already, the tools supposed to help develop the spiritual dimension of work and professional involvement have been spreading in Western companies.</p>
<p>A simple search on the Internet leads to an impressive number of links to websites of consultants and trainers, as well as a host of press articles praising the merits of the spiritualization of management and workplaces. Yet, at the same time, conflicts related to religious practice at work are multiplying. But then, what spirituality are we talking about?</p>
<h2>Spirituality versus religion?</h2>
<p>The star these days seems to be <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Mindfulness">mindfulness meditation</a>. This tool of introspection of Buddhist origin would be the absolute solution to the stress and meaninglessness of today’s organizations. It is a tool, it must be specified, emptied of its religious substance (a point underlined almost systematically in the advertising arguments of its promoters), “laicized” to be put at the service of the populations of a necessarily secularized Western world. Spirituality in the workplace is therefore in fashion. It would even have become a <a href="https://hts.org.za/index.php/hts/article/view/3294/7716">management tool</a>.</p>
<p>Yet, at the same time, religion in Europe and North America continues to see practitioners and their employers coming before the courts. The balance between the religious freedom of employees and the power to coerce of employers seems to be difficult to find on a subject as sensitive as the expression of religiosity at work. On the one hand spirituality is invited to enter offices and workshops. On the other hand, religiosity, if it is not completely taboo, often poses problems.</p>
<p>Spirituality is not an easy concept to define. Most <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10551-009-0251-5">scientific articles</a> point out that there are almost as many approaches of this notion as there were research studies interested in it. However, we can identify four elements common to all the many definitions proposed in the scientific literature on this subject: the search for the meaning of life and human activity, the relationship to transcendence, the relationship to others and the quest for happiness.</p>
<h2>Spirituality to respond to changes in work?</h2>
<p>In the <a href="https://search.proquest.com/openview/282d7c69c6fcfd59a7553d144d6c22b6/1?pq-origsite=gscholar&cbl=26142">context of professional activity</a>, spirituality would correspond for each person to the contribution of work experience in the construction of the meaning of life.</p>
<p>How can this renewed interest in the spiritual dimension of work be explained? Three reasons are given.</p>
<p>The first would be the loss of credibility of companies’ discourse on their projects and their values. This phenomenon is well illustrated by the reactions to the recent <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Facebook%E2%80%93Cambridge_Analytica_data_scandal">Facebook-Cambridge Analytica scandal</a>.</p>
<p>Companies previously identified by their trade would have become project receptacles whose primary purpose would no longer be to produce goods and services, but to implement business flows to generate value creation. Moreover, the discourse of companies on their values and their commitment to social and societal responsibility would have been damaged by the succession of scandals such as <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Enron_scandal">Enron</a>, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Parmalat#Financial_fraud">Parmalat</a> or, more recently, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Volkswagen_emissions_scandal">Volkswagen</a>. In this context, people would be pushed to seek by themselves the meaning of their professional activity, in particular by investing their spirituality in the realization of their work.</p>
<p>The second reason would be linked to the transformation of the ways in which people are involved and work is carried out. The activity has evolved towards a functioning centered on teams, situations and reaction to events. Working no longer means simply getting involved in well-defined processes as a <a href="http://www.scielo.org.za/scielo.php?pid=S2305-08532014000100014&script=sci_arttext&tlng=pt">body or brain</a>, but often necessitates being creative and reactive, mobilizing emotions, imagination, sociability, responsiveness, etc. Work leads individuals to become involved as a <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10551-006-0014-5">whole person</a> in constantly evolving situations that involve constant interactions with colleagues, customers, suppliers, etc. As spirituality is part of the person, it finds there an entrance door into the workplace. At the same time, it would be a way for employees to cope with increasingly stressful and uncertain work and employment situations.</p>
<p>The third reason is the space that <a href="http://heinonline.org/hol-cgi-bin/get_pdf.cgi?handle=hein.journals/intlr135&section=63">work has taken</a> in people’s lives. The places in which individuals could traditionally seek and find meaning in their lives have changed. The family has evolved from the extended model to the nuclear model. Religious practices have become more personal and less communal. Urbanization has distended neighborhood relations. Many people now spend more time in the company with their colleagues than at home with their families. The actual <a href="http://www.emeraldinsight.com/doi/pdf/10.1108/13527601011016899">daily working time </a>of full-time employees in Western countries is just over eight hours, while 75% of people see their children for only two hours a day and one quarter for no more than one hour. The <a href="http://amr.aom.org/content/10/1/76.short">workplace</a> would gradually have become the main place of socialization and action, and work would have become the preferred means of seeking meaning in life and contributing to the functioning of the world.</p>
<h2>Spirituality, performance and management</h2>
<p>While some <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1048984302001248">authors</a> have proposed to use this affirmation of the spiritual dimension of work as a basis for rethinking the ways in which organizations function, the <a href="http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1056492609339017">majority of approaches</a> to spirituality at work have focused on the articulation of two ideas:</p>
<ul>
<li><p>The spiritual investment of employees improves their behavior and their work and produces performance;</p></li>
<li><p>The company and its management must encourage employees to invest their spirituality in their professional activity.</p></li>
</ul>
<p>According to the most widespread discourse, it is through work that each employee must seek the meaning of his existence and must try to participate, with his colleagues in projects that transcend his action and situation.</p>
<h2>Be spiritual rather than religious</h2>
<p>Management must create a working situation that is favorable to this investment. But we see three paradoxes in these approaches to spirituality at work.</p>
<p>Indeed, if people are thus invited to invest their spirituality in work, it is however often on <a href="http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1350508403010002011">condition</a> that the latter does not follow the ways of religion. Religion is frequently associated in the scientific <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-007-9369-5">literature</a> with dogmatism, rigidity or proselytism.</p>
<p>In fact, <a href="https://www.shrm.org/hr-today/trends-and-forecasting/research-and-surveys/documents/08-0625religionsr_updtfinal.pdf">religious behavior</a> is more often illustrated by the wearing of clothing or an object than by proselytism or radical behavior. Yet according to many <a href="http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1350508403010002011">scientific articles</a> (which are also real pleas for spirituality in the workplace), these behaviors are undesirable within the walls of the company.</p>
<p>The individual would thus be invited to invest himself as a whole person and to mobilize his spirituality… Unless the latter is religious. The case of this one company from Paris visited during one of my researches clearly shows this posture. It provides its employees with a meditation room, but prohibits the practice of prayer. Moreover, its manager recognizes without problem that he systematically tries to discourage any expression of the religiosity of his employees.</p>
<h2>The employee, responsible for everything</h2>
<p>Starting from the observation that contemporary organizations would be marked both by a loss of sense of work and of the projects to which it contributes, it would be up to people to cure these ills by getting even more involved, and more personally, in their work. To fill the lack of meaning of the activities would thus no longer be the responsibility of the company, but that of the employee. Yet, even if it is legitimate and necessary, profit does not summarize the <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1467-8683.2005.00467.x/full">liberal enterprise</a>’s project. The latter is above all to carry out an activity that contributes to the progress of the world by involving employees.</p>
<p>The spiritual dimension of work is linked to the individual’s quest for the meaning of his existence, but it can only be achieved if the company integrates the involvement of its employees in the realization of a project. It is then his responsibility to give this project a meaning and purpose connected to the common good.</p>
<h2>Formatting and individualism</h2>
<p>Finally, mobilizing the spirituality of individuals may produce more <a href="https://www.researchgate.net/profile/Marjolein_Lips-Wiersma2/publication/247737514_Theorizing_the_Dark_Side_of_the_Workplace_Spirituality_Movement/links/58f889ea0f7e9bfcf93d7d5a/Theorizing-the-Dark-Side-of-the-Workplace-Spirituality-Movement.pdf">normalization</a> than personalization of behaviors.</p>
<p>The injunction to spiritual investment in work outlines a new standard of involvement, both more personal and binding. The person is called to invest his spirituality in his professional activity, but not his religiosity. The tools (meditation, reflection groups on meaning, etc.) and managerial practices that encourage it define the time and form of this investment. Employees are encouraged to seek the meaning of their work, but without questioning the functioning of the company.</p>
<p>The risk here is to come to define what a good or bad spiritual investment is and to constrain the expressions of personalities rather than rethink the work from their diversity. Spirituality is a personal process. Its expression should reveal the diversity of the employee population.</p>
<p>The spiritual dimension of work that the French philosopher <a href="https://www.youtube.com/watch?v=VL_QEulh8_U">Simone Weil</a> had so well highlighted is not a management tool. It is above all a way of defining work as an activity carried out by a person interacting with others to contribute to the functioning and progress of the world.</p>
<p>More than a resource that can be mobilized by management in search of performance, spirituality is an invitation to rethink work and its organization, with the singularity of the human person as a starting point and key concept.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96820/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré received funding for his research from the Observatoire du Fait Religieux en Entreprise. </span></em></p>Many companies now encourage certain spiritual practices to improve well-being and productivity, yet religion at work is a growing source of conflict. A paradox?Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/958432018-05-06T20:11:12Z2018-05-06T20:11:12ZAu travail, soyez spirituels mais surtout pas religieux !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/217543/original/file-20180503-153884-107habg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C275%2C7304%2C4495&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/cropped-image-beautiful-business-team-holding-518939170?src=HbxmL4F3SZ5v635BIZVHkA-1-7">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Salariés formant des groupes de réflexion sur le sens du travail, managers invitant à pratiquer une minute d’introspection avant le début d’une réunion, formations à la méditation… Depuis quelques années déjà, les outils censés aider à développer la dimension spirituelle du travail et l’implication professionnelle se répandent dans les entreprises occidentales.</p>
<p>Une simple recherche sur Internet permet retourne un nombre impressionnant de liens pointant vers des sites de consultants et de formateurs, ainsi qu’à une kyrielle d’articles de presse vantant les mérites de la spiritualisation du management et des espaces professionnels. Pourtant, dans le même temps, les conflits liés à la pratique religieuse sur le lieu de travail se multiplient. Mais alors, de quelle spiritualité parle-t-on ?</p>
<h2>Spiritualité contre religion ?</h2>
<p>La star ces jours-ci semble être la <a href="https://www.cairn.info/la-meditation-de-pleine-conscience--9782130790136.htm">méditation de pleine conscience</a>. Cet outil d’introspection d’origine bouddhiste serait la <a href="https://theconversation.com/sous-pression-pour-eviter-de-craquer-meditez-en-pleine-conscience-92213">parade absolue au stress</a> et au vide de sens des organisations d’aujourd’hui. Outil, il faut le préciser, vidé de sa substance religieuse (un <a href="http://www.psychologies.com/Culture/Spiritualites/Meditation/Articles-et-Dossiers/Christophe-Andre-Ma-semaine-de-retraite-a-mediter-en-pleine-conscience">point souligné quasi-systématiquement</a> dans les <a href="https://www.mindfulway.fr/meditation-entreprise/">argumentaires publicitaires</a> de ses promoteurs), « laïcisé » pour être mis au service des populations d’un monde occidental forcément sécularisé. </p>
<p>La spiritualité dans l’espace de travail est donc à la mode. Elle serait même devenue un outil de gestion. Pourtant, au même moment la religion n’en finit pas, tant en Europe qu’en Amérique du Nord, de voir les pratiquants de ses cultes et leurs employeurs arriver devant les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10943-006-9015-z">tribunaux</a>. L’équilibre entre la liberté religieuse des salariés et le pouvoir de contraindre des employeurs semblent être, en effet, difficile à trouver sur un sujet aussi sensible que l’expression de la religiosité des personnes au travail. D’un côté la spiritualité est invitée à entrer dans les bureaux et les ateliers. D’un autre la religiosité, si elle n’y est pas tout à fait tabou, pose bien souvent, a minima, problème.</p>
<p>La spiritualité n’est pas un concept facile à définir. En 2010, le chercheur Fahri Karakas, dans une tentative de synthèse, soulignait qu’il existait <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10551-009-0251-5">presque autant d’approches de cette notion que de travaux s’y étant intéressés</a>. Toutefois, on peut recenser quatre éléments communs à l’ensemble des nombreuses définitions que propose la littérature scientifique sur ce sujet : la recherche du sens de la vie et de l’activité humaine, le rapport à la transcendance, le rapport aux autres et la quête du bonheur.</p>
<h2>La spiritualité pour répondre aux évolutions du travail ?</h2>
<p><a href="https://search.proquest.com/openview/282d7c69c6fcfd59a7553d144d6c22b6/1?pq-origsite=gscholar&cbl=26142">Dans le contexte de l’activité professionnelle</a>, la spiritualité correspondrait pour chaque personne à la contribution de l’expérience de travail dans la construction du sens de la vie.</p>
<p>Comment expliquer ce regain d’intérêt pour la dimension spirituelle du travail ? Trois raisons sont avancées.</p>
<p>La première serait la perte de crédibilité des discours des entreprises sur leurs projets et leurs valeurs. Ce phénomène est bien illustré par les réactions au récent scandale <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scandale_Facebook-Cambridge_Analytica">Facebook-Cambridge Analytica</a>.</p>
<p>Les entreprises autrefois identifiées par leur métier seraient devenues des réceptacles à projets dont l’objet premier ne serait plus de produire des biens et des services, mais de mettre en œuvre des flux d’activités pour générer de la création de valeur. De plus, le <a href="http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0018726705059038">discours des entreprises</a> sur leurs valeurs et leur engagement dans les démarches de responsabilités sociale et sociétale auraient été mis à mal par les successions de scandales tels que ceux d’<a href="https://www.lesechos.fr/16/10/2002/LesEchos/18762-006-ECH_enron--ou-comment-le-modele-est-devenu-un-scandale-planetaire.htm">Enron</a>, de <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2004/02/RAMONET/10686">Parmalat</a> ou, plus récemment, de <a href="https://theconversation.com/la-concurrence-irreguliere-de-volkswagen-51709">Volkswagen</a>. Dans ce contexte les personnes seraient poussées à rechercher par elles-mêmes le sens de leur activité professionnelle, notamment en investissant leur spiritualité dans la réalisation de leur travail.</p>
<p>La deuxième raison serait liée à la transformation des modes d’implication des personnes et de réalisation du travail. L’activité a évolué vers un fonctionnement centré sur les équipes, les situations et la réaction aux évènements. Travailler ne suppose plus simplement de s’impliquer dans des processus bien définis en tant que <a href="http://www.scielo.org.za/scielo.php?pid=S2305-08532014000100014&script=sci_arttext&tlng=pt">corps ou cerveau</a>, mais souvent d’être créatif et réactif, de mobiliser ses émotions, son imagination, sa sociabilité, sa réactivité, etc. Le travail amène les individus à s’impliquer en tant que <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10551-006-0014-5">personne entière</a> dans des situations qui évoluent en permanence et qui supposent des interactions constantes avec des collègues, des clients, des fournisseurs, etc. La spiritualité faisant partie de la personne, elle trouve là une porte d’entrée dans l’espace de travail. Parallèlement, elle serait pour les salariés un moyen de faire face à des situations de travail et d’emploi de plus en plus stressantes et incertaines.</p>
<p>La troisième raison tient à la place que le travail <a href="http://www.cite-sciences.fr/fileadmin/fileadmin_CSI/fichiers/ressources-en-ligne/bibliotheque-numerique/_images/Dossiers-doc/souffrance-et_plaisir/Placedutravail_Meda_Garner2006.pdf">a pris dans la vie des personnes</a>. Les lieux dans lesquels les individus pouvaient traditionnellement chercher et trouver du sens à leur existence se sont transformés. La famille a évolué du modèle élargi vers le modèle nucléaire. Les pratiques religieuses sont devenues davantage personnelles et moins communautaires. L’urbanisation a distendu les relations de voisinage. Beaucoup de gens passent aujourd’hui davantage de temps dans l’entreprise avec leurs collègues que chez eux avec leur famille. Le <a href="https://www.latribune.fr/economie/france/duree-du-travail-la-france-mauvaise-eleve-pas-si-sur-579600.html">temps de travail quotidien effectif des salariés à temps plein en France</a> est d’un peu plus de huit heures, alors que 75 % des français <a href="http://www.europe1.fr/societe/94-des-parents-veulent-passer-plus-de-temps-en-famille-2236627">ne voient leurs enfants que deux heures par jour et un quart pas plus d’une heure</a>. Le lieu de travail serait peu à peu devenue le principal endroit de socialisation et d’action, et le travail serait devenu le moyen privilégié de quête du sens de l’existence et de contribution au fonctionnement du monde.</p>
<h2>Spiritualité, performance et management</h2>
<p>Dès lors si certains auteurs ont proposé de s’appuyer sur cette affirmation de la dimension spirituelle du travail <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1048984302001248">pour repenser les modes de fonctionnement des organisations</a>, la majorité des approches de la spiritualité au travail s’est centrée sur l’articulation de deux idées :</p>
<ul>
<li><p>L’investissement spirituel des salariés améliore leur comportement et leur travail et produit de la performance ;</p></li>
<li><p>L’entreprise et son management se doivent d’inciter les salariés à investir leur spiritualité dans leur activité professionnelle.</p></li>
</ul>
<p>Selon le discours le plus répandu, c’est à travers le travail que chaque salarié doit chercher le sens de son existence et doit essayer de participer, avec ses collègues, sinon à des œuvres, du moins à des projets qui transcendent son action et sa situation.</p>
<h2>Soyez spirituels mais surtout pas religieux</h2>
<p>Le management doit créer une situation de travail qui soit favorable à cet investissement. Mais nous repérons dans ces approches de la spiritualité au travail trois paradoxes.</p>
<p>En effet, si les personnes sont ainsi invitées à investir leur spiritualité au travail c’est toutefois bien souvent à <a href="http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1350508403010002011">condition que cette dernière n’emprunte pas les voies de la religion</a>. La religion est fréquemment associée dans la littérature scientifique <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-007-9369-5">au dogmatisme, à la rigidité ou au prosélytisme</a>.</p>
<p>Dans les faits, les comportements religieux s’illustrent bien plus souvent <a href="https://www.slideshare.net/GroupeRandstadFrance/tude-2017-lentreprise-le-travail-et-la-religion/1">par le port d’un vêtement ou d’un objet que par du prosélytisme ou des comportements radicaux</a>. Pourtant selon de nombreux travaux (qui sont par ailleurs de véritables plaidoyers pour la spiritualité au travail), lesdits comportements sont <a href="http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1350508403010002011">indésirables entre les murs de l’entreprise</a>.</p>
<p>L’individu serait ainsi invité à s’investir en tant que personne entière et à mobiliser sa spiritualité… Sauf si cette dernière est religieuse. Le cas de cette entreprise de la région parisienne visitée lors de la réalisation d’un terrain de recherche montre bien cette posture. Elle met à la disposition de ses salariés une salle de méditation mais y proscrit la pratique de la prière. Par ailleurs, son dirigeant reconnaît sans problème qu’il essaye de décourager systématiquement toute expression de la religiosité de ses salariés.</p>
<h2>Le salarié, responsable de tout</h2>
<p>En partant du constat que les organisations contemporaines seraient marquées à la fois par une perte de sens du travail et des projets auxquels il contribue, il reviendrait aux personnes de soigner ces maux en s’impliquant encore davantage, et plus personnellement, dans leur travail. Combler le manque de sens des activités ne relèverait donc plus de la responsabilité de l’entreprise, mais de celle du salarié. Pourtant, même s’il est légitime et nécessaire, le profit ne résume pas le <a href="https://theconversation.com/vers-la-loi-pacte-consensus-et-ambigu-tes-92155">projet de l’entreprise libérale</a>. Ce dernier est avant tout de réaliser une activité qui contribue au progrès du monde en y associant les salariés.</p>
<p>La dimension spirituelle du travail est liée à la quête de sens de son existence par l’individu, mais elle ne peut se réaliser que si l’entreprise intègre l’implication de ses salariés dans la réalisation d’un projet. Il est alors de sa responsabilité de donner à ce projet un sens et une finalité connectés au bien commun.</p>
<h2>Formatage et individualisme</h2>
<p>Enfin, il se pourrait que la mobilisation de la spiritualité des individus produise <a href="https://www.researchgate.net/profile/Marjolein_Lips-Wiersma2/publication/247737514_Theorizing_the_Dark_Side_of_the_Workplace_Spirituality_Movement/links/58f889ea0f7e9bfcf93d7d5a/Theorizing-the-Dark-Side-of-the-Workplace-Spirituality-Movement.pdf">davantage de normalisation que de personnalisation des comportements</a>.</p>
<p>L’injonction à l’investissement spirituel dans le travail dessine les contours d’une nouvelle norme d’implication, à la fois plus personnelle et contraignante. La personne est appelée à investir sa spiritualité dans son activité professionnelle, mais pas sa religiosité. Les outils (<a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/13/la-pleine-conscience-promeut-une-conception-individualiste-de-la-societe_4918910_3232.html?xtmc=detchessahar&xtcr=3">méditation</a>, groupes de réflexion sur le sens, etc.) et les pratiques managériales incitatrices définissent pour elle le moment et la forme de cet investissement. Elle est incitée à chercher le sens de son travail, mais sans remettre en cause le fonctionnement de l’entreprise.</p>
<p>Le risque ici est d’en arriver à définir ce qu’est un bon ou un mauvais investissement spirituel, et de formater les expressions des personnalités plutôt que de repenser le travail à partir de leur diversité. Or la spiritualité est une démarche personnelle. Son expression devrait révéler la diversité de la population des salariés.</p>
<p>La dimension spirituelle du travail que Simone Weil avait <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/condition_ouvriere/condition_ouvriere.html">si bien mis en évidence</a>, n’est pas un outil de gestion. Elle est avant tout une manière de définir le travail comme une activité réalisée par une personne en interaction avec d’autres pour contribuer au fonctionnement et au progrès du monde.</p>
<p>Plus qu’une ressource mobilisable par un management en quête de performance, la spiritualité est une invitation à repenser le travail et son organisation, avec comme point de départ et comme concept clef, la singularité de la personne humaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95843/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré a reçu des financements pour sa recherche de l'Observatoire du Fait Religieux en Entreprise. </span></em></p>D’un côté, les entreprises encouragent certaines pratiques spirituelles pour améliorer bien-être et productivité. De l’autre, la religion au travail est source croissante de conflit. Un paradoxe ?Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/834482017-09-27T22:47:01Z2017-09-27T22:47:01ZL’éducation pas si sentimentale des vahinés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/186790/original/file-20170920-932-5lwi4w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les étudiantes polynésiennes ont largement rattrapé l'écart avec les hommes dans les études supérieures. Ici à l'UPF en 2017.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/univpf/36350901100/">Communication UPF/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017, qui se tient du 7 au 15 octobre, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Interviewé par le <a href="http://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/walles-kotra-nomme-directeur-executif-en-charge-de-l-outre-mer-355370.html">journaliste Walles Kotra</a>, depuis 2016 directeur du réseau Outre-Mer 1<sup>re</sup> et France Ô, l’ancien président calédonien <a href="http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/12/05/mort-de-jacques-lafleur-ancien-homme-fort-de-nouvelle-caledonie_1449239_3382.html">Jacques Lafleur</a> expliquait <a href="https://jso.revues.org/6160">comment il devait se rendre de Paris à Nouméa</a> lorsqu’il était enfant, dans les années 40 :</p>
<blockquote>
<p>« Il fallait aller jusqu’en Amérique. Traverser l’Amérique avec plusieurs escales et aller jusqu’à Hawaii. De Hawaii, il fallait se poser sur un atoll, Kanton Island. Ensuite il fallait rejoindre Nandi aux îles Fidji. De Nandi, il fallait aller à Suva en voiture, sept heures, et ensuite, aller de Suva à Nouméa en hydravion avec les vieux appareils à quatre moteurs qui se posaient dans la grande rade de Nouméa. »</p>
</blockquote>
<p>À l’époque, les conditions de voyage des Polynésiens ne valaient sans doute guère mieux. Ainsi, les jeunes désireux de se former après leur baccalauréat devaient s’expatrier, pour des durées parfois longues et avec les coûts induits que l’on imagine, tant monétaires que psychologiques. Coûts linguistiques, aussi, si l’on voulait éviter d’aller jusqu’en métropole, et donc devoir traverser toute la planète.</p>
<p>Les choses se sont bien entendu arrangées depuis, le trajet Paris-Nouméa se faisant en 2017 avec seulement une escale en 24 heures environ, mais ces deux territoires de la République demeurent très éloignés de l’Hexagone et les progrès de l’aéronautique n’y font rien. Impossible de rentrer à la maison pour le week-end ou de courtes vacances. La mise en place de centres universitaires locaux a donc considérablement amélioré les perspectives de formation des Calédoniens et des Polynésiens. C’est à ces derniers que je vais ici m’intéresser.</p>
<h2>Une population polynésienne de plus en plus qualifiée</h2>
<p>J’utilise les données des six derniers recensements de la population, qui couvrent près de 30 ans. Sur cette période, il s’agit d’étudier les diplômes de la population en âge de travailler (PAT), c’est-à-dire les 15-64 ans.</p>
<p>On observe qu’alors que plus de la moitié (51,7 %) de la PAT était totalement dépourvue de diplôme en 1983, ce n’est, en 2012 plus que le cas de 28,5 %. Si l’on agrège les non diplômés avec les seuls titulaires d’un certificat d’étude primaire ou d’un brevet des collèges, l’ensemble représentait en 1983 plus de 80 % de la PAT, contre environ 50 % en 2012.</p>
<p>En proportion, les bacheliers ont été multipliés par quatre (passant de 3,9 % à 15,8 % de la PAT), tandis que les diplômés du supérieur ont triplé (passant de 4,4 % à 12,6 %).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/184725/original/file-20170905-13755-od8fou.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Répartition de la population en âge de travailler (PAT) par diplôme.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Florent Venayre/données recensements ISPF</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Le bilan éducatif est d’ores et déjà extrêmement positif, même si l’on conçoit aisément que des marges de progrès existent encore. Cependant, pour informatives qu’elles soient, ces statistiques globales masquent un phénomène aussi fort qu’intéressant : cette augmentation marquée du niveau d’étude ne concerne pas identiquement les femmes et les hommes…</p>
<h2>Une situation actuelle favorable aux femmes</h2>
<p>Séparons donc les femmes et les hommes, en raisonnant soit sur la PAT féminine, soit sur la PAT masculine. Une photo instantanée du niveau d’étude lors du dernier recensement est assez explicite : alors qu’un tiers des Polynésiens en âge de travailler sont sans diplôme, pour mesdames, c’est moins du quart. En revanche, si un tiers des femmes ont au moins un bac, seul un quart de ces messieurs peuvent s’en targuer.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/186783/original/file-20170920-932-1xx909j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Répartition des PAT féminine et masculine en fonction du diplôme (2012), données recensement ISPF.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Florent Venayre</span></span>
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<p>Comment est-on arrivé à cette situation ? Particulièrement, si la <em>vahine</em> (femme en tahitien) est maintenant plus souvent titulaire d’un diplôme du supérieur que son <em>tane</em> (homme), comment ces proportions ont-elles évolué dans le temps ?</p>
<h2>Les Polynésiennes saisissent leur chance</h2>
<p>Ainsi, en 1983, 3,7 % des femmes en âge de travailler sont diplômées du supérieur. C’est 5 % pour les hommes. Proportionnellement, il y a donc un tiers de plus (34 %) d’hommes diplômés que de femmes. Pour arriver à la situation vue en 2012, il faut bien que la chute soit saisissante…</p>
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<span class="caption">Écart hommes/femmes des proportions de diplômés du supérieur dans les PAT, données issues des recensements de la population, ISPF.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Florent Venayre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’écart en faveur des hommes de 1983 ne va en effet cesser de se réduire, pour s’annuler en 2002 où environ 10 % des représentants de chaque sexe sont diplômés. Depuis, les Polynésiennes prennent l’avantage.</p>
<p>L’ouverture d’une université à Tahiti en 1987, l’Université de Polynésie française (UPF) aurait-elle plus bénéficié aux femmes qu’aux hommes ? Le fait que l’écart observé en faveur des hommes en 1983 soit stable en 1988 pourrait le suggérer plus encore, puisqu’aucun Polynésien n’avait pu obtenir de diplôme localement à l’époque.</p>
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<span class="caption">L’Université de la Polynésie française a été fondée en 1987.</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Venayre, Author provided</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les diplômes sont globalement prisés en Polynésie française, à la fois pour des raisons liées à l’<a href="https://assr.revues.org/21615">histoire de la mission et de la colonisation</a> mais aussi car ils permettent de passer les concours de la fonction publique dans laquelle les salaires sont majorés. Si les Polynésiennes sont pour leur part de plus en plus désireuses de s’insérer sur le marché du travail, les incitant à rechercher plus de diplômes, c’est sans doute en raison de l’évolution du mode de cohabitation. Les Polynésiens résident en effet dans <a href="http://www.ispf.pf/docs/default-source/publi-pf-bilans-et-etudes/PF_2011_n03_Dipl%C3%B4me.pdf?sfvrsn=0">des ménages de moins en moins grands</a>. Peut-être également que l’expatriation pour les études, qui était nécessaire avant l’ouverture d’une université locale, leur était défavorable, les parents rechignant à laisser leurs jeunes filles partir au loin.</p>
<h2>Durée des études</h2>
<p>Distinguons maintenant études longues et courtes.</p>
<p>On peut noter que les femmes étaient en 1988 autant diplômées que les hommes dans les études courtes. Mais depuis 2012, l’écart s’est creusé en leur faveur. Et, du côté des études longues, elles sont à l’heure actuelle aussi diplômées que les hommes, ce qui signifie qu’elles sont parvenues à résorber le retard qu’elles avaient.</p>
<p>Les données des recensements de la population ne permettent pas d’avoir d’information quant aux filières choisies, de même que celles internes à l’UPF sont insuffisamment nombreuses pour être utilisables au plan statistique. Mais, majoritairement, quel que soit le sexe, les études courtes mènent plutôt à des professions intermédiaires (47 % des actifs occupés) qu’à des postes d’encadrement (16 %). Tandis que 53 % des diplômés longs qui travaillent accèdent à des postes de cadres, contre 28 % pour les professions intermédiaires.</p>
<p>Il sera très intéressant de regarder, lors du prochain recensement, comment ces données vont évoluer. Une réflexion reste également à mener sur les débouchés réels pour les femmes polynésiennes et leur insertion sur le marché du travail en fonction de leurs diplômes.</p>
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<span class="caption">Évolution des diplômés du supérieur par cycles et par sexe, données issues des recensements de la population, ISPF.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Florent Venayre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Si Frédéric Moreau, le personnage de Gustave Flaubert, brûle peu à peu ses illusions à mesure que se réalise son éducation sentimentale, ce ne devrait pas être le cas de la <em>vahine</em> moderne.</p>
<p>Loin des clichés des danseuses envoûtantes et des redoutables concurrentes aux élections de miss, la femme polynésienne pourrait bien durablement supplanter son <em>tane</em> dans la sphère intellectuelle, si celui-ci n’y prenait garde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83448/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florent Venayre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La mise en place de centres universitaires locaux a considérablement amélioré les perspectives de formation des Calédoniens et des Polynésiens, et, plus particulièrement, celles des femmes.Florent Venayre, Maître de conférences en sciences économiques, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/834472017-09-25T20:01:24Z2017-09-25T20:01:24ZEtre femme, être entrepreneure : les trajectoires complexes des Tahitiennes<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017, qui se tient du 7 au 15 octobre, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<blockquote>
<p>« Je n’avais pas de métier et pas de diplôme. Je n’avais que élevé mes enfants qui étaient encore jeunes d’ailleurs, les trois premiers, le quatrième je l’ai eu après. Alors je me suis dit ben ça je le fais bien. Ok alors lance-toi ! Et je me suis mis nounou et trois mois après j’ai ouverts ma première garderie ! J’en suis à ma quatrième. » (Hinatea, entrepreneure à Tahiti)</p>
<p>« Après le divorce il a bien fallu que je devienne autonome, financièrement je veux dire. Avant de venir à Tahiti, j’avais un métier, j’étais coiffeuse. Du coup pour moi c’était une évidence. J’ai ouvert mon salon. » (Florence, entrepreneure à Tahiti)</p>
</blockquote>
<p>L’étude 2013 du <a href="http://www.gemconsortium.org">Global Entrepreneurship Monitor</a> (GEM) souligne qu’au niveau mondial la place des femmes dans la création d’entreprise ne cesse d’augmenter. À cette date l’entrepreneuriat féminin représentait 41 % de l’entrepreneuriat mondial. En France,33 % des entreprises étaient créées par des femmes en 2013.</p>
<p>En <a href="http://www.ispf.pf/docs/default-source/publi-pf-bilans-et-etudes/pf-bilan-03-2016-entreprises-2015.pdf?sfvrsn=4">Polynésie Française</a> les femmes étaient, en 2015, à l’initiative de 49 % des créations d’entreprises. Une entreprise sur deux à Tahiti est donc créée par une femme.</p>
<p>Comment se traduit cette tendance ? Quels sont les parcours de ces femmes ?</p>
<p>La société polynésienne reste en partie <a href="http://www.vers-les-iles.fr/livres/Femmes/Cerf.html">matriarcale</a>, et les entrepreneures elles-mêmes gardent ce modèle de référence dans la gestion de leur activité professionnelle. Elles doivent en même temps faire face aux rôles sociaux auxquels sont traditionnellement renvoyées les femmes.</p>
<h2>Expliquer l’entreprenariat au féminin</h2>
<p>Il y a traditionnellement deux manières d’aborder les questions liées à l’entrepreneuriat féminin. La première revient à adopter une démarche <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-entrepreneuriat-2015-2-page-19.htm">comparative</a>. Il s’agit alors de repérer les différences entre les pratiques entrepreneuriales des hommes et des femmes.</p>
<p>Certaines entreprises françaises créées puis dirigées par des femmes auraient ainsi des <a href="https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2005-1-page-31.htm">caractéristiques différentes</a> de celles gérées par leurs homologues masculins. Elles seraient plutôt de petite taille, concentrées sur des secteurs traditionnellement associés au genre féminin (services infirmiers, esthétique, mode et confection, etc.), auraient <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08276331.2006.10593361">des modes de fonctionnement particuliers</a>, par exemple dans la manière dont sont définis les objectifs (en mettant davantage en avant la qualité que la performance financière) ou encore dans les manières d’appréhender les relations humaines dans l’entreprise ou de s’insérer dans des réseaux professionnels propres à chaque sexe.</p>
<p>La seconde renvoie à des approches <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-entrepreneuriat-2015-2-page-7.htm">compréhensives</a> centrées sur la notion de genre, appréhendé ici comme phénomène social. Ces approches dépassent le clivage homme-femme comme catégorie d’analyse lui préfèrent les femmes et leurs trajectoires. On observera ainsi la façon dont les rôles socioéconomiques sont distribués (répartition sexuée) et la manière dont les personnes vont s’en saisir implicitement ou explicitement et comment cela va influencer ou conditionner leur parcours.</p>
<p>Cette perspective permet de centrer l’analyse sur la manière dont les femmes se positionnent en tant qu’entrepreneures dans leur environnement. Elle permet également de prendre en compte la manière dont elles perçoivent leurs rôles de chef d’entreprise bien sûr, mais aussi, de femme, d’épouse, de mère, de fille (etc.) ainsi que les interactions entre ces différents rôles.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=595&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=595&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/186776/original/file-20170920-905-1shrife.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=595&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreuses femmes sont présentes sur les marchés. Ici le marché de Papeete, 2013.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:March%C3%A9_de_Papeete.JPG">Saga70/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<h2>Trajectoires tahitiennes</h2>
<p>À Tahiti, nous avons ainsi identifié trois profils de démarche entrepreneuriale.</p>
<p>Dans le premier profil, l’entrepreneuriat est perçu et vécu comme une vocation. Il correspond à des personnes pour qui la création d’entreprise correspond à la réalisation de leur projet professionnel. Elles sont en règle générale jeunes (moins de 35 ans en moyenne) et ont bénéficié d’une première expérience en tant que salariée. Elles créent leur entreprise dans le même domaine que celui de leur étude ou apprentissage. Et, si elles n’ont pas de bagage scolaire, c’est alors un domaine qu’elles connaissent au travers de leur expérience personnelle ou familiale. Hinaiti correspond à ce profil :</p>
<blockquote>
<p>« De toutes façons je voulais être chef d’entreprise. Je voulais créer ma boite comme on dit. Après le BTS j’ai eu cette idée alors j’ai été travailler chez quelqu’un qui fabrique des glaces à Moorea [île de l’archipel Société] pour apprendre. Six mois après j’ai ouvert ici à Papeete. Pour moi c’était clair que c’était une première étape. Là ça fait un an et demi, il y a six mois j’ai lancé la livraison. J’ai déjà en tête la suite : au moins un deuxième magasin à Tahiti et après on verra… pourquoi pas lancer en Nouvelle Zélande les glaces de Tahiti, il y a bien des boutiques de glaces néo-zélandaises ici ! »</p>
</blockquote>
<p>Le deuxième profil est celui de l’entrepreneuriat comme héritage : les chefs d’entreprises ont repris une activité, souvent dans le cadre familial, ou s’appuient sur un capital entrepreneurial (ressources financières, commerciales, industrielles, relationnelles) familial pour créer leur affaire. La reprise de l’entreprise se fait parfois pour prendre la succession d’un père ou d’un mari décédé, parfois également pour prendre la tête d’une entreprise qui appartient au groupe familial. ce profil est, par exemple celui de Kim :</p>
<blockquote>
<p>« Après mes études, j’ai fait une fac en Californie, je suis revenue. c’était prévu comme ça. Je devais revenir dans le groupe familial. Avec l’aide de mon père j’ai ouvert ma première entreprise. C’était un magasin à Punaauia, un petit supermarché. »</p>
</blockquote>
<p>Le troisième profil, l’entrepreneuriat comme rebond, est celui de femmes qui ont créé leur entreprise pour devenir indépendantes, notamment financièrement, suite, par exemple, à un divorce ou une séparation, ou encore qui ont souhaité mettre fin par l’entrepreneuriat à une période d’inactivité professionnelle, jugée temporaire, par exemple l’éducation des enfants. C’est aussi le cas de femmes qui ont cherché, par l’entrepreneuriat, à redynamiser des trajectoires professionnelles qu’elles percevaient comme bloquées.</p>
<p>Ce profil est, par exemple, celui d’Aurélie :</p>
<blockquote>
<p>« Les enfants étaient grands, le dernier a été en France faire ses études et je me suis retrouvée toute seule à la maison. Enfin avec mon marie, mais il a son entreprise, moi mon job c’était les enfants. Bon on se réinvente pas j’ai toujours été attirée par la mode, les vêtements, les chaussures. Je me suis dit que ce serait une bonne manière de combler le vide laissé par mes garçons et j’ai monté la boutique. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/186780/original/file-20170920-920-1dcc5f3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des touristes posent avec une femme ayant monté sa boutique d’artisanat.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/588568">PXhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<h2>Le genre affecte peu l’activité…</h2>
<p>En Polynésie française, le genre ne joue pas de rôle systématique dans la création d’entreprise, ni, au-delà dans la pérennité et l’équilibre de cette dernière. Aucune des entrepreneures interrogées n’a évoqué de difficultés particulières dans les relations professionnelles liées à leur genre. Le fait d’être une femme n’a interféré ni en bien ni en mal dans les relations qu’elles ont avec les banques, leurs clients, leurs fournisseurs, leurs concurrents, etc.</p>
<p>Les femmes tahitiennes dont le profil correspond à celui de « l’entrepreneuriat comme rebond » sont peut-être celles dont les parcours sont le plus souvent marqués par leur situation de femmes et notamment par leurs rôles de conjointe et/ou de mère.</p>
<p>Pour certaines d’entre elles, l’entrepreneuriat est un moyen de résoudre une problématique de <a href="https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2016-2-page-165.html">plafond de verre</a> professionnel perçue comme liée à leur genre. Il permet aussi de répondre à une volonté ou un besoin de devenir indépendantes économiquement (par exemple suite à une rupture).</p>
<p>Mais pour l’ensemble de ces femmes entrepreneures, le genre n’a pas influencé leur relations professionnelles. Il n’a par exemple pas d’impact sur les accès au financement ou à des réseaux de distribution. En revanche, il peut avoir eu des conséquences et des impacts sur leur vie personnelle et notamment leurs rôles familiaux.</p>
<h2>… mais contraint l’individu</h2>
<p>Toutes les femmes entrepreneures rencontrées décrivent les prises de décision concernant l’évolution de leur entreprise (évolution de l’activité, évolution de l’organisation, etc.) comme ayant donné lieu à une tension entre leur situation professionnelle et leur situation personnelle et notamment sur leurs rôles de conjointe et de mère. Le fait d’être cheffe d’entreprise ne les dispense pas des obligations et des tâches associées à ces rôles.</p>
<p>Il n’est pas rare qu’elles justifient le renoncement à une possibilité de développement de leur affaire par la nécessité de préserver leur rôle familial. Il n’est pas rare non plus qu’elles se reprochent d’avoir donné la priorité à leur activité professionnelle en évoquant les coûts et sacrifices que cela aurait représenté selon elles pour leur famille.</p>
<p>Cette tension est rarement résolue par l’abandon du projet entrepreneurial. En revanche elle peut parfois aboutir à le refaçonner ou le redimensionner en abandonnant ou en remettant à plus tard des projets de développement : </p>
<blockquote>
<p>« Il a fallu que je fasse un choix. On verra plus tard pour le deuxième magasin. Là j’ai choisi d’être une mère avant tout. » (Lani, entrepreneure à Tahiti)</p>
</blockquote>
<p>Elle peut aussi, plus rarement, être résolue en se mettant à distance des rôles familiaux :</p>
<blockquote>
<p>« C’est vrai que j’avance et que la famille doit faire avec. Je suis moins à la maison que si j’étais prof, ça c’est certain. Peut être que je vais le regretter plus tard. Peut être que je vais me dire que je n’ai pas vu les enfants grandir. Mais je ne me vois pas renoncer à mes projets. J’ai encore des idées et des choses à faire. » (Selva, entrepreneure à Tahiti)</p>
</blockquote><img src="https://counter.theconversation.com/content/83447/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En Polynésie Française une entreprise sur deux est créée par une femme. Or, cette dernière est très sollicitée dans cette société qui demeure matriarcale.Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/754162017-05-04T22:16:08Z2017-05-04T22:16:08ZReligion au travail : perspectives européennes et outre-Atlantique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/167560/original/file-20170502-17285-1nn17ql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les pratiques outre-atlantiques et européennes sur le port de signes religieux diffèrent dans le cadre professionnel.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/56/Spc._Simranpreet_Singh_Lamba_demonstrating_how_he_ties_a_5-meter-long_turban.jpg">Ingrid Barrentine/Wikimedia</a></span></figcaption></figure><p>Quelle peut être la place de la religion au travail ? Quels comportements religieux peuvent être acceptés dans les entreprises ? Les salariés peuvent-ils afficher leurs croyances religieuses devant leurs collègues, leurs managers ou des clients ?</p>
<p>Les élections présidentielles françaises pourraient-elles faire évoluer cette question? Ce serait sans doute dans le sens de l'interdiction de tout signe religieux au travail si Marine Le Pen est élue. Avec Emmanuel Macron, on pencherait certainement plus vers un renforcement du rôle donné à la négociation avec les partenaires sociaux et au règlement intérieur.</p>
<p>Ces questions ne cessent en effet de revenir dans l’actualité comme si les arrêts des tribunaux ou des cours qui se sont succédé sur ce thème, particulièrement en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, depuis une <a href="http://qa-pubman.mpdl.mpg.de/pubman/faces/viewItemOverviewPage.jsp?itemId=escidoc:1859371">vingtaine d’années</a> ne réussissaient pas à donner aux entreprises comme aux salariés des repères clairs pour articuler sereinement religion et travail.</p>
<h2>La France plus restrictive sur les droits individuels ?</h2>
<p>Des cas emblématiques ont jalonné ces deux dernières décennies. Dans le <a href="http://iipdigital.usembassy.gov/st/french/article/2007/08/20070815124713ajesrom0.3802301.html">cas Nur</a> aux USA en 2001 la Cour Suprême a fini par donner raison à cette salariée voilée, qui avait été licenciée après le 11 septembre 2001. Dans le <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2626417">cas Baby-Loup</a> en France, en 2012, une salariée d’une crèche revenue voilée d’un congé de maternité a finalement perdu en justice et son licenciement a été confirmé.</p>
<p>En 2013, en Grande-Bretagne la Cour européenne des droits de l’homme a donné raison à une salariée de la British Airways (<a href="http://hudoc.echr.coe.int/eng#%7B%22fulltext%22:%5B%22case%20eweida%20and%20others%22%5D,%22documentcollectionid2%22:%5B%22GRANDCHAMBER%22,%22CHAMBER%22%5D,%22itemid%22:%5B%22001-115881%22%5D%7D">cas Eweida</a>) qui portait une croix au travail mais pas à une infirmière d’un hôpital qui portait le même symbole (<a href="http://hudoc.echr.coe.int/eng#%7B%22fulltext%22:%5B%22case%20eweida%20and%20others%22%5D,%22documentcollectionid2%22:%5B%22GRANDCHAMBER%22,%22CHAMBER%22%5D,%22itemid%22:%5B%22001-115881%22%5D%7D">cas Chaplin</a>). Toujours en Grande-Bretagne, en 2007, le <a href="http://uk.practicallaw.com/7-375-8114?service=employment">cas Azmi</a> a vu le licenciement d’une salariée portant un niquab cachant son visage être confirmé. Au Canada un salarié Sikh (<a href="https://www.thestar.com/news/gta/2010/07/01/home_depot_discriminated_against_sikh_man.html">cas Deepinder Loomba</a>) qui, en 2005, refusait d’enlever son turban pour pouvoir porter un casque de chantier a obtenu gain de cause cinq ans plus tard. Au Costa Rica c’est un salarié adventiste qui a pu obtenir le droit de ne pas travailler le samedi (<a href="http://www.interamerica.org/fr/2015/06/26/au-costa-rica-la-cour-constitutionnelle-exonere-un-officier-de-police-adventiste-du-travail-le-jour-du-sabbat/">cas Nuñez</a>). Nous pourrions poursuivre cette liste presque indéfiniment. Elle illustre deux points importants. D’une part les questions liées à la place de la religion au travail ne sont pas liées au contexte particulier d’un pays ni même d’un continent. D’autre part elles ne sont pas non plus liées à une religion particulière.</p>
<h2>Une juridiction claire sur le comportement neutre</h2>
<p><a href="https://www.theguardian.com/law/2017/mar/14/employers-can-ban-staff-from-wearing-headscarves-european-court-rules">Récemment deux arrêts</a> rendus par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et relatifs à des cas de licenciements de salariées voilées ont fait polémique.</p>
<p>La CJUE devait se prononcer sur l’existence de discrimination dans deux cas, en Belgique et en France, de licenciements de personnes ayant refusé d’ôter leur voile. La Cour a mis en avant <a href="http://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2017-03/cp170030en.pdf">deux arguments principaux</a> pour justifier sa position qui ne reconnaît pas de caractère discriminatoire aux décisions des entreprises. Le premier est que l’interdiction de signes puisse être considéré comme un moyen efficace de préserver le bon fonctionnement organisationnel et commercial de l’entreprise. Le second est l’existence d’une règle qui invite les salariés à adopter un comportement neutre.</p>
<p>Ces arrêts ont donné lieu à des échanges d’éditoriaux entre deux grands journaux américain et français, le <a href="https://www.nytimes.com/2017/03/14/world/europe/headscarves-ban-european-court.html"><em>New York Times</em></a> et <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/03/18/voile-en-entreprise-une-utile-clarification_5096801_3232.html"><em>Le Monde</em></a>, qui illustrent bien la différence de perception de la manière dont la pratique religieuse et la pratique professionnelle peuvent s’accorder.</p>
<h2>Accomodement raisonnable</h2>
<p>En effet si l’éditorialiste américain regrettait les décisions de la CJUE parce qu’elles vont, selon lui, dans le sens d’une limitation de la liberté religieuse du salarié, le journal français les défendait au nom du principe de primauté des intérêts collectifs sur les intérêts individuels.</p>
<p>En France comme aux USA, le concept clef pour appréhender ces questions est celui <a href="http://lawreview.usc.edu/issues/view/download/?id=1000749">d’accommodement raisonnable</a>. Mais Il n’est pas mobilisé de la même manière des deux côtés de l’Atlantique. En France, l’idée dominante, et qui s’impose de plus en plus dans les textes juridiques, est qu’il convient de demander au salarié de s’accommoder des contraintes de l’entreprise et de sa pratique professionnelle en aménageant sa pratique religieuse.</p>
<p>À l’inverse, aux USA il est demandé à l’entreprise d’adapter son mode de fonctionnement pour prendre en compte la pratique religieuse des salariés. Dans les deux cas il s’agit de chercher une articulation entre les contraintes liées à l’exercice de la liberté religieuse et au bon fonctionnement de l’entreprise.</p>
<p>Il s’agit également d’accepter de part et d’autre des accommodements raisonnables qui ne remettent pas en cause cette liberté et ce bon fonctionnement. Toutefois dans un cas c’est l’organisation collective qui prime et c’est au salarié de faire l’effort de s’adapter, alors que dans l’autre c’est la liberté individuelle qui prime et c’est à l’organisation de lui laisser une place.</p>
<p>Au final, telle qu’elle se pose que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, cette question du fait religieux dans l’entreprise rejoint la question plus large de la place des religions dans les sociétés occidentales <a href="http://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1980_num_49_2_1217_t1_0265_0000_2">sécularisée</a> dans lesquelles elles n’inspirent plus les principes fondamentaux d’organisation de la société et dans lesquelles la pratique religieuse est renvoyée à la sphère privée.</p>
<p>L’évolution des organisations du travail en Occident invite les individus à une implication de plus en plus personnelle. Il leur est de plus en plus demandé de s’approprier leur rôle professionnel, d’y investir leur sensibilité, leur créativité, même leurs émotions. Bref, d’investir dans la réalisation de leur travail ce qu’ils sont en tant que personne. Or lorsqu’ils sont croyants et pratiquants, leur engagement religieux, leur foi, fait partie de ce qui les définit en tant que personne. Dès lors il n’est pas surprenant que leur pratique religieuse et leur pratique professionnelle s’entrechoquent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75416/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré a reçu pour ses recherches dans le cadre de l'Observatoire du Fait Religieux en Entreprise, des financements du Laboratoire GDI de l'Université de la Polynésie Française (UPF) dans le cadre d'une convention entre l'UPF et l'Institut Randstad</span></em></p>L'implication de plus en plus personnelle des employés dans leur travail a aussi permis que leur pratique religieuse et leur pratique professionnelle s'entrechoquent.Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/722912017-03-26T19:20:03Z2017-03-26T19:20:03ZLes faux-semblants des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne sur le voile au travail<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/162191/original/image-20170323-4974-w7536z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C149%2C1902%2C1175&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Cour de justice de l'Union européenne a réaffirmé les règles concernant les droits individuels des salariés dans l'entreprise.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/justice-droit-jurisprudence-cour-2071539/">Ajel/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>En matière de fait religieux au travail, il se joue depuis quelques années un étrange jeu à quatre entre la justice, les entreprises, les législateurs et les salariés.</p>
<p><a href="https://www.paprec.com/fr/groupe/ressources-humaines/charte-laicite-diversite">Certaines entreprises comme Paprec</a> interdisent toute manifestation du religieux au travail, d’autres comme H&M autorisent certaines pratiques comme le port de signes ou de vêtements. Certains pratiquants se font discrets là ou d’autres revendiquent le fait de pouvoir vivre leur religion dans le cadre de leur activité professionnelle.</p>
<p>En France, singulièrement, les initiatives politiques restent souvent velléitaires et maladroites comme l’a montré au printemps 2016 la polémique autour de l’article 6 <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/15/la-loi-el-khomri-modifie-au-profit-du-salarie-l-exercice-de-la-liberte-religieuse-dans-l-entreprise_4883232_3232.html">du projet de Loi Travail</a> et comme l’avait déjà illustré auparavant la succession des déclarations de ministres ou de parlementaires appelant à des initiatives législatives ou <a href="http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/21/non-le-projet-de-loi-travail-n-introduit-pas-le-communautarisme-dans-l-entreprise_4887274_4355770.html">au contraire s’y opposant</a>.</p>
<p>L’affaire <a href="http://www.liberation.fr/societe/2013/03/21/baby-loup-ou-la-question-du-fait-religieux-en-entreprise_890311">Baby Loup</a> en 2012-2013, avait marqué un tournant. Une salariée musulmane était revenue voilée de son congé maternité alors que le règlement de cette crèche imposait une neutralité religieuse à ses employés.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/nDKdTkZPCqk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Retour sur l’affaire Baby-Loup, par BFMTV, le 17octobre en 2013.</span></figcaption>
</figure>
<p>En effet, depuis, la justice semble avoir du mal à stabiliser une jurisprudence claire qui permet aux acteurs, entreprises comme salariés, de savoir ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. <a href="http://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2017-03/cp170030fr.pdf">À ce titre les arrêts de mars 2017</a> de la Cour de justice de l’Union européenne sur la question du port du voile, et de manière plus large sur celle des signes religieux visibles au travail, sont tout sauf anecdotiques… même s’ils ne révolutionnent rien.</p>
<h2>Arrêts de la Cour européenne : rien de nouveau</h2>
<p>Par ces deux arrêts la Cour européenne se prononce sur l’existence de discrimination dans deux cas, l’un en Belgique et l’autre en France, de licenciements de personnes ayant refusé d’ôter leur voile musulman suite à des demandes de leur hiérarchie et alors qu’il existait une règle de neutralité dans une des entreprises. La Cour insiste sur deux éléments importants pour justifier sa position qui ne reconnaît pas de caractère discriminatoire aux décisions des entreprises. La première est l’existence d’enjeux liés au bon fonctionnement organisationnel et commercial. En effet, dans un cas au moins, le port du voile mettait en jeu la relation commerciale avec un client. La seconde raison est l’existence d’une règle. Ce dernier élément renforce l’idée que l’entreprise peut, notamment par l’intermédiaire de son règlement intérieur, encadrer et restreindre l’exercice de la liberté religieuse au travail.</p>
<p>À bien y regarder, ces arrêts n’apportent rien de vraiment nouveau. Si la liberté religieuse est bien sûr un principe fondamental inscrit dans la constitution, son usage peut être restreint y compris au travail. C’est déjà le cas dans le secteur public où s’applique le principe de laïcité. Dans le privé les entreprises avaient déjà la possibilité, confirmée par la jurisprudence, de retreindre l’expression par les salariés de leur religiosité pour des raisons telles que la sécurité, l’hygiène, ou encore du principe, un peu vague il est vrai, de bon fonctionnement de l’entreprise. Par ailleurs la Loi Travail a finalement donné la possibilité aux entreprises d’inscrire ces limitations dans leur règlement intérieur. Alors pourquoi ces arrêts sont importants ?</p>
<h2>Un règlement existant et qui fixe des limites</h2>
<p>En premier lieu il confirme la logique de la recherche d’accommodements raisonnables en matière de régulation du fait religieux au travail. La solution prônée par la Cour européenne n’est pas de donner aux entreprises la possibilité d’interdire. Le règlement intérieur ne peut pas plus qu’avant être utilisé pour bannir de l’espace de travail tous signes ou tous comportements ayant une dimension religieuse, politique ou philosophique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162190/original/image-20170323-4924-5wjqc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Cour de justice de l’Union européenne a rappelé les lois encadrant les libertés individuelles sur le lieu de travail.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/bureau-conseil-travail-texte-femme-1188530/">T0113K/Pixabay</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En revanche l’idée que ce règlement puisse fixer des limites est évoquée pour la première fois et confirmée. De plus ces arrêts légitiment une logique d’accommodements raisonnables qui donne la priorité au fonctionnement de l’entreprise et à la réalisation du travail. Deux conceptions s’opposent ici. Dans la première ce serait à l’entreprise de s’accommoder de l’exercice de sa liberté religieuse par le salarié. C’est cette conception qui domine dans la pratique <a href="https://www.floridabar.org/DIVCOM/JN/JNJournal01.nsf/c0d731e03de9828d852574580042ae7a/901ce6db8a8b902585257cc5005fe5b2!OpenDocument&Highlight=0">nord-américaine</a>. Dans la seconde, qui correspond davantage à l’approche européenne et notamment française, c’est au salarié de s’accommoder des contraintes que le fonctionnement de l’entreprise et la réalisation du travail font peser sur sa pratique religieuse. C’est cette dernière approche que la Cour européenne légitime.</p>
<p>En second lieu le fait que ces arrêts soient pris à un niveau européen leur donne un poids important. Ils deviennent alors des repères solides pour les acteurs de l’entreprise (dirigeants, directions des ressources humaines, services juridiques, managers de proximité, syndicats et salariés) qui sont de plus en plus souvent confrontés à ces questions.</p>
<p>Si nous prenons en compte ces arrêts, les dispositions présentes dans la loi travail ou encore le <a href="http://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/relations-au-travail/pouvoir-de-direction/guide-du-fait-religieux-dans-les-entreprises-privees/">guide du fait religieux au travail</a> publié à l’automne 2016 par le gouvernement, les entreprises disposent à présent d’outils plus précis pour fixer un cadre qui conviennent à leur situation.</p>
<p>Il reste toutefois un enjeu qui est celui de la prise en compte concrète du fait religieux dans les situations de travail, directement dans les ateliers, les plateaux techniques, les open-spaces, les chantiers ou les bureaux.</p>
<p>Les études de l’Observatoire du fait religieux en entreprise – programme universitaire de recherche développé avec l’<a href="http://www.cefrelco.com/centre_fait_religieux_contemporain/premiere_grande_etude_en_france_sur_le_fait_religieux_au_travail">Institut Randstad lancé en 2013</a> – montrent une double évolution.</p>
<p>Cette enquête annuelle est réalisée par questionnaires auprès d’une population d’environ 1300 cadres d’entreprise. Ses résultats sont présentés chaque septembre.</p>
<h2>Des situations en hausse</h2>
<p>Le nombre d’entreprises dans lesquelles des <a href="http://ens-religions.formiris.org/userfiles/files/er_967_4.pdf">faits religieux</a> sont repérés ne cessent d’augmenter <a href="http://grouperandstad.fr/etude-institut-randstad-ofre-la-forte-hausse-du-fait-religieux-en-entreprise-en-2016-acte-sa-banalisation-2/">pour atteindre 65 % dans l’étude 2016</a>. Ici, un fait religieux est un acte ou un comportement au travail qui a une dimension religieuse : porter une croix ou une kippa, prier sur le lieu de travail, demander une absence pour assister à une fête religieuse, refuser de travailler avec quelqu’un ou de réaliser une tâche pour des motifs religieux…</p>
<p>Le nombre de cas conflictuels augmente également pour atteindre 14 % des cas rencontrés cette même année. Même si, en France, la très grande majorité des cas rencontrés dans ces études viennent de l’islam, le fait religieux au travail n’en est pas pour autant uniforme.</p>
<p>A minima nous pouvons repérer deux catégories. La première est celle des faits et comportements qui viennent de personnes qui cherchent à articuler leur pratique religieuse et leur pratique professionnelle en donnant la priorité à cette dernière. C’est la grande majorité des cas. Ce sont surtout des demandes d’absence ou d’aménagement des plannings ou encore le port de signes visibles.</p>
<p>L’évolution juridique est un plus pour leur prise en compte par le management parce qu’elle clarifie son cadre. Toutefois les outils à privilégier ici, et qui ont fait leur preuve, sont le pragmatisme et la discussion. L’enjeu n’est pas de pouvoir sanctionner mais de construire avec les individus des arrangements qui conviennent à tous.</p>
<p>La seconde catégorie est celle des faits et comportements transgressifs et/ou pour lesquels les individus impliqués rejettent toute discussion et toute recherche de compromis. C’est par exemple le refus de réaliser des tâches ou de travailler avec une personne (une femme, un non-coreligionnaire) pour des raisons religieuses, le prosélytisme actif, la remise en cause de la légitimité du manager, la menace d’accusation de discrimination si les demandes de nature religieuse ne sont pas satisfaites, etc. Pour cette deuxième catégorie, le fait de disposer d’un cadre plus clair est aussi un progrès mais ce n’est pas suffisant.</p>
<p>Ces cas les plus graves sont déjà transgressifs et ils instituent des rapports de force entre salariés religieux et management de terrain. L’enjeu ici est davantage dans la capacité de l’entreprise, à travers son management supérieur et ses services fonctionnels (RH et juridique), à apporter un soutien efficace aux encadrants de proximité et avoir le courage managérial de sanctionner lorsque c’est nécessaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72291/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Honoré a reçu des financements du laboratoire Gouvernance et Développement Insulaire de l'Université de la Polynésie Française (UPF) dans le cadre de la convention entre l'UPF et L'Institut Randstad pour le financement du programme de recherche OFRE </span></em></p>La Cour de justice de l’Union européenne a stabilisé une jurisprudence claire qui permet de savoir ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas en entreprise.Lionel Honoré, Professeur des Universités en management, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.