tag:theconversation.com,2011:/institutions/universite-teluq-3352/articlesUniversité TÉLUQ 2024-02-14T16:43:20Ztag:theconversation.com,2011:article/2215572024-02-14T16:43:20Z2024-02-14T16:43:20ZPour pallier la pénurie d’enseignants, il faut multiplier les formations plus courtes et mieux adaptées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575401/original/file-20240213-20-t0qy3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C10847%2C5358&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des formations accélérées pour la main-d'oeuvre non qualifiée dans les écoles pourraient pallier à la pénurie d'enseignants et enseignantes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le Québec connaît une pénurie enseignante sans précédent. Afin de pourvoir des postes qui demeurent vacants, les milieux scolaires font massivement appel à des personnes non légalement qualifiées (NLQ) ne détenant pas de brevet d’enseignement. </p>
<p>Plus du quart des enseignants qui ont travaillé au cours de l’année 2020-2021 étaient non légalement qualifiés, selon les plus récentes données du ministère de l’Éducation et du <a href="https://www.vgq.qc.ca/Fichiers/Publications/rapport-annuel/203/03_vgq_ch3_mai2023_web_vf.pdf">Vérificateur général du Québec</a>. Rien n’indique que les choses se sont améliorées depuis, bien au contraire. « Il s’agit de plus de 30 000 enseignants, principalement des suppléants, qui ont travaillé l’équivalent de 8,3 % des jours totaux travaillés par l’ensemble des enseignants. »</p>
<p>La <a href="https://www.ledevoir.com/societe/education/791901/education-les-inscriptions-sont-en-baisse-dans-les-universites-quebecoises?">baisse des admissions dans les programmes de formation des maitres</a> et l’<a href="https://www.journaldequebec.com/2022/09/19/plus-de-40-des-profs-a-la-retraite-dici-2030">accélération des départs à la retraite des enseignants expérimentés d’ici 2030</a> risquent de rendre cette pénurie encore plus critique. </p>
<p>Face à cette situation, le <a href="https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2023/11/50-0807-SO-acces-profession-enseignante.pdf">Conseil supérieur de l’éducation (CSE)</a> a pris position en novembre 2023, reconnaissant les enseignants non légalement qualifiés comme une ressource essentielle. « Le Québec dispose d’un bassin de personnes susceptibles de changer de carrière ou de régulariser leur situation pour enseigner. »</p>
<p>Toutefois, afin d’assurer la qualité de l’enseignement offert aux élèves, il est essentiel de former adéquatement ces enseignants. <a href="https://r-libre.teluq.ca/2922/">Dans une enquête publiée récemment par deux chercheuses de l’Université TÉLUQ</a>, sur les enseignants non légalement qualifiés au Québec, 84 % des répondants ont indiqué souhaiter suivre une formation qui les conduirait au brevet. </p>
<p>Quel genre de formation est souhaitable et surtout, réaliste ? En tant que professeurs chercheurs en enseignement à l’université TÉLUQ, oeuvrant en formation continue des enseignants, c’est à cette question que nous allons tenter de répondre dans cet article. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/enseignants-non-legalement-qualifies-dans-nos-ecoles-au-dela-des-inquietudes-quelles-solutions-172591">Enseignants non légalement qualifiés dans nos écoles : au-delà des inquiétudes, quelles solutions ?</a>
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<h2>Des formations offertes par des universités</h2>
<p><a href="https://www.lapresse.ca/actualites/education/2024-01-05/programmes-courts-pour-le-brevet-d-enseignement/il-y-a-de-la-resistance-au-changement-dit-le-cabinet-de-drainville.php">Quelques universités</a> ont pris l’initiative de développer des formations adaptées, en réponse à la demande du ministre de l’Éducation d’élaborer des programmes courts menant au brevet d’enseignement. </p>
<p>L’Université de Sherbrooke a mis en place le <a href="https://www.usherbrooke.ca/vfc-education/programmes/parcours-prof">parcours PROF</a> au premier cycle. L’UQAM expérimente quant à elle un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) dans le cadre d’un <a href="https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/une-nouvelle-formation-en-enseignement-primaire-pour-luniversite-du-quebec-a-montreal-49042">projet pilote pour l’enseignement primaire</a>, tandis que l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) propose une <a href="https://www.uqat.ca/etudes/education/dess-qualifiant-en-enseignement-secondaire/">formation similaire axée sur l’enseignement au secondaire</a>. </p>
<p>De son côté, l’Université TÉLUQ a développé un <a href="https://www.teluq.ca/site/etudes/offre/prog/diplome-d-etudes-superieures-specialisees-en-education-prescolaire-et-en-enseignement-primaire/">DESS en éducation préscolaire et enseignement primaire</a> spécialement conçu pour accélérer la formation de mise à niveau des enseignants NLQ. Ce programme, offert à distance et en collaboration avec les établissements scolaires, est particulièrement adapté aux enseignants sans brevet détenant un baccalauréat dans une discipline pertinente. Le parcours, offert à temps partiel, permet de concilier travail, études et vie personnelle. </p>
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<img alt="Une jeune femme devant un écran d’ordinateur, un livre à la main" src="https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/575402/original/file-20240213-18-9pyxs8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La plupart des formations destinées aux enseignants non légalement qualifiés se font en ligne, ce qui leur permet de mieux concilier leurs obligations professionnelles et familiales.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Depuis sa mise en œuvre en 2019, ce programme de 30 crédits de deuxième cycle a permis à des centaines d’enseignants d’une cinquantaine de centres de services scolaires de bénéficier d’un accompagnement personnalisé et d’une formation adaptée à leur contexte professionnel. </p>
<h2>Les formations de courte durée sont mieux adaptées</h2>
<p>Ces programmes ont tous en commun d’être d’une durée plus courte que le baccalauréat en enseignement traditionnellement enseigné dans les universités québécoises.</p>
<p>Les diplômés de ces nouveaux programmes pourront ainsi obtenir leur brevet d’enseignement à la suite d’un amendement au projet de loi 23 sur la gouvernance en éducation, adopté en décembre 2023. </p>
<p><a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2046104/programmes-courts-enseignement-quebec-stage">Cette situation en préoccupe plusieurs dans le milieu de l’enseignement</a>, dont l’Association des doyens et directeurs pour l’étude et la recherche en éducation au Québec (ADEREQ). On estime que ces programmes n’ont jamais été évalués avant d’être reconnus officiellement par le gouvernement. Il y a aussi des remous politiques : selon la députée solidaire Ruba Ghazal, on ne peut résoudre la pénurie de main-d’œuvre « en ignorant tous les mécanismes qui existent ».</p>
<p>Nous estimons de notre côté que des arguments majeurs militent en faveur de ces formations de courte durée. </p>
<p>D’une part, elles répondent aux besoins spécifiques des adultes, offrant reconnaissance des acquis, flexibilité et soutien nécessaire à ceux qui jonglent entre diverses responsabilités. Selon le <a href="https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2023/11/50-0807-RF-acces-profession-enseignante.pdf">CSE</a>, les programmes de baccalauréat et de maîtrise qualifiante ne répondent pas aux besoins de formation d’adultes, « notamment en matière de reconnaissance des acquis et des compétences ainsi que d’accommodements pour la conciliation travail-famille-études ».</p>
<p>D’autre part, les données de recherche sont encourageantes. En effet, des <a href="https://www.researchwithrutgers.com/en/publications/traditional-vs-alternative-teacher-preparation-programs-a-meta-an">chercheurs américains</a> ont comparé, grâce à une méta-analyse de 12 études réalisées entre 1998 et 2015, les résultats des élèves encadrés par des enseignants ayant suivi une formation alternative de courte durée, à ceux d’enseignants ayant complété une formation traditionnelle de plus longue durée.</p>
<p>Les résultats montrent globalement un effet positif et significatif des formations alternatives comparativement aux formations traditionnelles en enseignement. Ces données positives ont été reconfirmées <a href="https://caldercenter.org/sites/default/files/CALDER%20WP%20277-0123.pdf">par une étude américaine publiée en 2023</a> dans laquelle les effets du programme alternatif <a href="https://www.teachforamerica.org">Teach for America (TFA)</a> ont été analysés sur une période de plus de 10 ans. TFA est un organisme à but non lucratif qui offre une formation abrégée à de futurs enseignants qui s’engagent ensuite à œuvrer dans des écoles de milieux défavorisés. </p>
<h2>De meilleurs résultats pour les élèves</h2>
<p>Avec la collaboration du Bureau de statistiques et d’imputabilité du Centre de services scolaire (CSS) Marguerite-Bourgeoys, nous avons analysé les performances des élèves encadrés par des enseignants du DESS en éducation préscolaire et enseignement primaire de l’Université TÉLUQ au cours de l’année 2022-2023. </p>
<p>Avant même d’avoir complété leur formation, une majorité de ces enseignants ont conduit leurs élèves à de meilleurs résultats scolaires par rapport à leurs homologues qualifiés. En effet, près des deux tiers (64 %) de leurs élèves ont obtenu des notes de fin d’année supérieures en français et 57 % en mathématiques, comparativement à celles des élèves de même niveau et du même <a href="https://www.education.gouv.qc.ca/references/indicateurs-et-statistiques/indices-de-defavorisation/#:%7E:text=L%27IMSE%20est%20constitu%C3%A9%20de,r%C3%A9f%C3%A9rence%20du%20recensement%20canadien%20">indice de milieu socioéconomique</a> qui sont suivis par des enseignants détenant un brevet. </p>
<p>Bien que ces données soient préliminaires et issues d’un échantillon limité (14 enseignants étudiants), ces résultats vont dans le même sens que les données probantes obtenues par les études anglo-saxonnes. </p>
<p>Dans le contexte de pénurie qui prévaut actuellement, le Québec ne peut que se réjouir du fait que des personnes souhaitent se réorienter vers l’enseignement. Ceci vient confirmer, comme le soutient le <a href="https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2023/11/50-0807-RF-acces-profession-enseignante.pdf">CSE</a>, que la diversification des voies d’accès à la profession peut contribuer à soutenir une formation de qualité pour les milliers de personnes sans brevet qui enseignent déjà quotidiennement aux élèves et, de surcroît, à valoriser leur apport et leur expérience.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221557/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marilyn Baillargeon a été sollicitée comme consultante par des centres de services scolaires. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Steve Bissonnette a été sollicité comme consultant par des centres de service scolaires. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mario Richard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le quart des enseignants au Québec sont non légalement qualifiés. Plusieurs souhaitent obtenir une formation et une reconnaissance officielles. Les programmes courts sont mieux adaptés à leur réalité.Mario Richard, Professeur titulaire, Université TÉLUQ Marilyn Baillargeon, Professeure, Université TÉLUQ Steve Bissonnette, Professeur titulaire Département éducation, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2157562024-01-16T14:07:19Z2024-01-16T14:07:19ZComment créer une nouvelle université, au XXIᵉ siècle ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/558123/original/file-20231107-21-ras0om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C991%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le lieu nommé « université » peut se définir comme un établissement d’enseignement supérieur formellement autorisé à émettre des diplômes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Si on créait une université aujourd’hui, comment s’y prendrait-on ?</p>
<p>Il arrive fréquemment que des gestionnaires ou des professeurs d’université peinent à mettre en place un projet au sein de leur institution. Ils expliquent alors cette difficulté par les contraintes imposées par l’administration, les conventions collectives, les règles en place, les traditions ou les usages. </p>
<p>Tel projet serait-il plus facile à réaliser si on repartait de zéro en créant une toute nouvelle université ? Peut-être, mais comment crée-t-on une université au XXI<sup>e</sup> siècle ? </p>
<p>Voici la grande question qui a hanté mes jours (et mes nuits) des quatre dernières années. J’ai récemment complété une <a href="https://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/10732/1/eprint10732.pdf">thèse</a> sur les enjeux de communication et de gestion entourant la création d’une université à partir de zéro – un phénomène rare. Nous avons eu la chance d’assister à un tel événement avec la fondation en 2017 de <a href="https://uof.ca/">l’Université de l’Ontario français (UOF)</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/luniversite-de-lontario-francais-voici-ce-quelle-pourrait-devenir-110072">L'Université de l'Ontario français: voici ce qu'elle pourrait devenir</a>
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<p>J’ai ainsi pu décomposer les étapes de création de cette nouvelle institution, et réfléchir à la fois à la mise en place de composantes de l’université idéale, à l’influence des facteurs externes ainsi qu’à la façon dont les différentes communautés discutent d’un tel projet. </p>
<p>Dans un premier temps, j’ai analysé l’expérience vécue par les fondateurs de l’UOF et les publications médiatiques sur l’histoire de cette création. Dans un deuxième temps, j’ai rencontré des experts de l’enseignement supérieur (chercheurs et dirigeants d’universités) pour discuter de la question de la naissance d’une université. J’ai ainsi vite constaté que de me pencher sur ce moment important m’en apprenait beaucoup sur les tensions vécues par l’université au XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’une université ?</h2>
<p>Le lieu nommé « université » peut se définir comme un <a href="https://www.cairn.info/revue-politiques-et-gestion-de-l-enseignement-superieur-2005-2-page-9.htm">établissement d’enseignement supérieur formellement autorisé à émettre des diplômes</a>. </p>
<p>La notion d’université, quant à elle, peut être définie de plusieurs façons. En 1895, le philosophe Hastings Rashdall l’associe à la racine latine « universitas », qui sous-tend l’idée d’une organisation corporative, d’une communauté. </p>
<p>Cet espace d’entraide, de défense d’intérêt commun, réunit, dès son origine, l’ensemble des étudiants et des professeurs ayant la mission commune d’explorer, de partager, de questionner les connaissances humaines. J’ai trouvé instructif d’observer comment l’UOF, université nouvelle, a tenté d’actualiser une telle notion. Pour développer la <a href="https://theconversation.com/luniversite-de-lontario-francais-voici-ce-quelle-pourrait-devenir-110072">signature pédagogique</a> de cette institution, ses fondateurs ont pris en compte les compétences requises par le marché du travail et la société à notre époque, ainsi que les pratiques innovatrices en enseignement supérieur. Cette signature pédagogique s’appuie ainsi sur quatre approches : la transdisciplinarité, l’apprentissage inductif, l’apprentissage expérientiel et les compétences.</p>
<p>La création de l’UOF constitue également l’aboutissement d’une <a href="https://histoireengagee.ca/quelle-universite-pour-quelle-societe-petite-histoire-du-debat-intellectuel-entourant-la-question-universitaire-franco-ontarienne/">revendication de longue date</a> émanant d’une partie de la communauté franco-ontarienne. Une année après sa fondation en 2017, le gouvernement progressiste-conservateur stoppe le financement de l’UOF. Aussitôt, la communauté franco-ontarienne se mobilise pour contester cette décision. Ce mouvement populaire contribue à la volte-face du gouvernement ontarien. En 2020, ce dernier conclut une entente avec le gouvernement fédéral afin de financer les huit premières années d’existence de l’UOF. </p>
<h2>Une page avec peu d’espace de création</h2>
<p>Un constat a rapidement émergé de mes recherches : la création d’une nouvelle université ne se déroule pas sur une page complètement blanche. L’UOF a été créée selon des échéanciers serrés, en négociant avec les différents gouvernements en place et en luttant pour sa survie au sein d’un système d’enseignement supérieur parfois hostile, ainsi que dans un contexte social et historique mouvementé. À toutes les étapes de la création de l’institution, l’équipe fondatrice a dû composer avec la dynamique politique et avec les rapports de force entre les parties prenantes : représentants des collectivités francophones, des établissements d’enseignement supérieur, des ministères, des élus. </p>
<p>L’université rêvée est rapidement rattrapée par la réalité. </p>
<p>Pour les nombreux experts de l’enseignement supérieur rencontrés, la création d’une université passe nécessairement par la mise en place de composantes liées à sa mission soit : l’enseignement, la recherche et les services aux collectivités. </p>
<p>La nouvelle université, comme les universités établies, est soumise à un cadre normatif assez contraignant. L’institution s’inscrit également au sein d’une communauté qui lui soumet de nombreuses attentes (formation, développement économique). Elle évolue, de plus, dans un système d’enseignement supérieur qui lui impose une concurrence féroce. </p>
<p>Les rapports entre les différents groupes d’intérêt, à l’intérieur et à l’extérieur de l’université, façonnent alors ce qu’elle peut devenir. Quelle part de création demeure donc pour l’université ? </p>
<h2>Fortes pressions, faible cohésion</h2>
<p>Pour l’UOF, les attentes des différents acteurs concernés par le projet (communautés francophones de la province, associations franco-ontariennes, gouvernements, organisations issues des milieux politiques et économiques, administrateurs de l’UOF) étaient nombreuses et parfois contradictoires, tant au niveau du lieu de fondation (Toronto ou ailleurs en Ontario) que de l’offre de formation (programmation traditionnelle ou innovante). De plus, ces acteurs n’ont eu que très peu de temps pour discuter ensemble de ce projet. </p>
<p>Un deuxième constat émerge ainsi de l’analyse du discours des experts sur la question : la communauté universitaire à notre époque peine à se rassembler autour d’un projet commun. Ce projet tend à se réduire à un compromis, fragile et insatisfaisant pour la plupart des acteurs. </p>
<p>Dès sa création, et tout au long de son existence, il apparaît donc que la communauté universitaire est fragilisée par les tensions qui l’assaillent. L’institution doit composer avec des tensions inhérentes à la réalité universitaire multiséculaire (son mode de gouvernance par les pairs, l’équilibre à trouver entre recherche et enseignement ou entre recherche fondamentale et appliquée, notamment). Ces tensions s’additionnent à celles, plus nombreuses, que subit l’université à notre époque (mentionnons seulement les attentes du gouvernement en place et celles des milieux socio-économiques sur les types de formation ou de développement de la recherche, notamment). </p>
<p>Ces tensions sont intégrées dans les structures internes et sont alimentées par les universitaires eux-mêmes. Le gouvernement, les partenaires de la communauté externe, les différents types d’étudiants, de professeurs, de cadres et d’employés, les syndicats et les associations : tous ont et expriment des attentes multiples, complexes et souvent contradictoires. Les lieux de rencontre pour discuter d’éventuelles voies de passage ou d’un projet commun, autant aux niveaux institutionnel, communautaire ou public, ne semblent pas toujours efficaces. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C14%2C2389%2C1253&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="façade de l’UOF" src="https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C14%2C2389%2C1253&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=400&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=400&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558075/original/file-20231107-20-a16ngw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=400&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La création de l’Université de l’Ontario français constitue l’aboutissement d’une revendication de longue date émanant d’une partie de la communauté franco-ontarienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(https://uontario.ca)</span></span>
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<h2>L’utopie de la corporation universitaire</h2>
<p>J’ai pu observer, en rencontrant les fondateurs de l’UOF ainsi que les experts de l’enseignement supérieur, que la corporation universitaire est encore aujourd’hui considérée comme une utopie. <em>Corporari</em>, en latin, signifie « se former en corps ». Cela évoque l’idée d’une organisation idéale constituée de plusieurs acteurs partageant un but commun. </p>
<p>L’université est donc représentée comme un corps, où professeurs, étudiants et artisans, issus de la communauté interne et externe à l’université, partagent une même compréhension de la raison d’être de l’institution. Les turbulences rapides vécues par les universités dans les dernières décennies, couplées aux tensions qu’elles vivent déjà, ont toutefois réduit la capacité de la communauté universitaire à « faire corps ». </p>
<p>À l’évidence, l’université ne se crée ni ne se développe en vase clos. Comme nous l’avons vu dans le cas de l’UOF, l’université est à la fois influencée par la société qui l’accueille (actuellement marquée par la montée de l’individualisme, par la fragmentation des communautés et par la fragilisation du lien social) et contributive au développement de cette dernière. </p>
<p>Elle reste une de ces institutions qui peuvent, selon moi, être précurseures d’une façon nouvelle de concevoir le vivre-ensemble. </p>
<p>Mais cela passe nécessairement par l’apaisement de certaines tensions. Et par une communauté universitaire qui prend le temps nécessaire pour se rassembler en une corporation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215756/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François-René Lord ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment crée-t-on une université au XXIᵉ siècle ? Comment cette expérience se déroule-t-elle ? Et que nous apprend l’analyse de ce phénomène ?François-René Lord, Professeur subsitut en communication , Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2206452024-01-09T18:36:17Z2024-01-09T18:36:17ZRetour à l’école : le tutorat, une des solutions au rattrapage scolaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568312/original/file-20240108-15-s5ntry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C0%2C5490%2C3649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Après avoir manqué plusieurs jours, voire semaines d'école, le tutorat peut permettre d’aider certains élèves au Québec. Mais sa forme doit être repensée. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les élèves québécois reviennent à l’école après une grève d’enseignants du secteur public variant de plusieurs jours à plusieurs semaines, selon les cas. Cette interruption n’est pas sans rappeler celle provoquée par la pandémie de Covid-19. À chaque fois, le tutorat a été évoqué comme un recours potentiel pour favoriser une certaine continuité dans les apprentissages ou un rattrapage scolaire. </p>
<p>Sociologue de formation et professeure en éducation, je m’intéresse <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_tutorat_de_pairs_dans_l_enseignement_superieur_enjeux_institutionnels_technopedagogiques_psychosociaux_et_communicationnels_cathia_papi-9782343004143-40007.html">au tutorat sous différentes formes depuis plusieurs années</a>. J’ai mené, de 2021 à 2023, une recherche sur quelques mesures mises en œuvre par le ministère de l’Éducation du Québec en 2021, notamment celle concernant le tutorat. En attendant la publication des résultats en avril, je propose dans cet article de revenir sur ce recours au tutorat.</p>
<h2>Des pertes d’apprentissage</h2>
<p>Dès les premiers mois de confinement visant à endiguer la pandémie, les <a href="https://doi.org/10.3102/0013189X20965918">projections internationales</a> prévoyaient des pertes d’apprentissage, concernant tant ceux prévus, mais n’ayant pas pu avoir lieu, que les oublis des apprentissages précédemment réalisés.</p>
<p>De fait, en 2022, il a été possible de constater un <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/fr/education/pisa-2022-results-volume-ii_a97db61c-en">important déclin du niveau des élèves dans la plupart des pays de l’OCDE</a>. Le Québec n’y a pas échappé. En effet, malgré des <a href="https://www.cmec.ca/Publications/Lists/Publications/Attachments/438/PISA-2022_Canadian_Report_EN.pdf">scores toujours parmi les meilleurs aux tests PISA en mathématiques</a>, les résultats aux examens ministériaux de 2022 (français écrit de cinquième secondaire et mathématiques de quatrième secondaire) ont mis en évidence que, dans l’ensemble, les <a href="https://www.journaldequebec.com/2023/01/26/des-eleves-ont-reussi-lexamen-de-math-avec-55">élèves avaient un niveau plus faible que ceux ayant passé ces examens avant la pandémie en 2019</a>. </p>
<p>Par ailleurs, au printemps 2023, les trois quarts des 309 directions d’écoles publiques primaires et secondaires ayant participé à notre enquête nous ont indiqué qu’en dépit d’un retour en classe sans interruption en 2022-2023, davantage de lacunes et de difficultés qu’avant la pandémie étaient toujours constatées chez les élèves. Ces dernières concernaient aussi bien les apprentissages, que la socialisation et le bien-être, et venaient alourdir la charge de travail du personnel scolaire, notamment des enseignants.</p>
<p>Alors que les élèves n’avaient encore pas récupéré de la pandémie, l’interruption scolaire du mois de décembre, suivi des vacances de Noël, ont fait en sorte que certains élèves n’ont pas été en classe pendant une durée pouvant aller jusqu’à un mois et demi. Les recherches existantes sur les <a href="https://doi.org/10.1111/caje.12035">grèves d’enseignants en Ontario</a> ou <a href="https://doi.org/10.4000/ries.9950">à l’étranger</a> font état de pertes d’apprentissage, tout comme les recherches sur les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0002831220937285">interruptions liées aux vacances estivales</a>. Cette récente interruption scolaire — une des <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/12/16/nos-ecoles-fermees-une-greve-rare-a-lechelle-mondiale#:%7E:text=21%20jours%20%C3%A9tal%C3%A9s%20sur%20cinq,dans%20les%20annales%20du%20Qu%C3%A9bec.">plus longues enregistrées dans le monde</a> — va sans doute exacerber les difficultés déjà rencontrées par plusieurs élèves.</p>
<h2>Le tutorat, une forme d’aide connue et efficace</h2>
<p>Durant la pandémie, le tutorat a constitué une des <a href="https://www.torontomu.ca/diversity/reports/the-evidence-for-tutoring-to-accelerate-learning-and-address-educational-inequities-during-canada-s-pandemic-recovery">solutions privilégiées par plusieurs gouvernements pour aider les élèves</a>, notamment en Australie, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Ontario et au Québec. De plus, bon nombre de parents <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/education/2022-01-04/le-recours-au-tutorat-en-pleine-croissance.php">ont eu recours à des services de tutorat pendant et à la suite de la pandémie</a>, de même que <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2032995/greve-fae-tutorat-parents-popularite">durant de la grève des enseignants</a>.</p>
<p>Existant de longue date, le tutorat est une forme d’aide connue, proposée par diverses organisations (écoles, organismes à but non lucratif, entreprises) et mêlant généralement soutien scolaire et socioaffectif grâce au lien privilégié qui se tisse entre le tuteur et le tutoré. De plus, <a href="https://theconversation.com/le-tutorat-pour-soutenir-les-eleves-une-bonne-idee-196268">comme je l’ai écrit dans un précédent article</a>, le tutorat, surtout <a href="https://annenberg.brown.edu/sites/default/files/EdResearch_for_Recovery_Design_Principles_1.pdf">dans sa formule intensive</a> (assuré par des professionnels de l’éducation ou des intervenants formés et effectué de manière individuelle ou auprès de petits groupes d’au plus trois ou quatre élèves, de manière régulière au moins trois fois par semaine), s’avère être <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0034654316687036">l’approche de soutien à l’apprentissage la plus efficace selon la littérature scientifique</a>.</p>
<h2>Les limites d’une bonne idée</h2>
<p>Au Québec, depuis 2021, un financement est accordé pour encourager le déploiement du tutorat pour les élèves en difficulté. Dans la mesure où d’autres dispositifs de soutien à l’apprentissage étaient déjà en place dans les écoles (réponse à l’intervention, coenseignement, récupération, etc.) le <a href="https://theconversation.com/le-tutorat-pour-soutenir-les-eleves-une-bonne-idee-196268">financement du tutorat a parfois été utilisé pour développer davantage ces dispositifs</a>, plutôt que pour en ajouter d’autres, propres au tutorat.</p>
<p>Certains parents peuvent ainsi avoir l’impression que leurs enfants n’ont pas bénéficié ou ne bénéficient pas de la mesure tutorale, alors qu’ils en profitent indirectement dans un autre dispositif. Les sommes allouées semblent effectivement avoir été utilisées pour soutenir les élèves, mais dans des dispositifs n’ayant pas toujours l’appellation « tutorat » ni toutes les caractéristiques du tutorat intensif.</p>
<p>Le tutorat intensif est peu connu du milieu scolaire. Les méta-analyses ont donné lieu <a href="https://www.povertyactionlab.org/publication/transformative-potential-tutoring-pre-k-12-learning-outcomes-lessons-randomized">à des publications scientifiques en anglais, pour la plupart récentes</a> et ne semblent pas avoir été diffusées dans les milieux scolaires. </p>
<p>Si des effets positifs de l’accompagnement ainsi offert sont constatés par les directions d’école, ils ne sont pas toujours aussi importants qu’ils pourraient l’être. De plus, alors que le tutorat est le plus souvent exercé par du personnel scolaire, les contraintes en termes de disponibilités et de budget amènent en général à réserver ces services aux élèves les plus en difficulté. </p>
<p>Par ailleurs, le fait que certaines familles recourent à des services de tutorat privé est susceptible d’accentuer les <a href="https://www.quebecscience.qc.ca/societe/ecole-trois-vitesses-egalite/#:%7E:text=Son%20rapport%20de%20recherche%2C%20publi%C3%A9,retrouvent%20ensemble%2C%20en%20petite%20communaut%C3%A9.">inégalités déjà importantes dans un système à trois vitesses</a>.</p>
<p>Bien qu’il offre un soutien incontestable à certains élèves, le tutorat, dans sa forme actuelle, ne permet donc pas forcément d’aider tous les élèves en ayant besoin, ni de réduire les inégalités autant que cela pourrait être souhaité. </p>
<p>Pour accroître sa portée, il semblerait pertinent, non seulement de poursuivre le tutorat déjà en place (et pourquoi pas d’en augmenter le budget), mais aussi de faire enfin connaître les critères du tutorat intensif, de soutenir davantage les organismes à but non lucratif en proposant, voire de créer des aides financières en fonction des revenus pour les familles faisant appel à des services de tutorat privé. </p>
<p>Tous les élèves ne se sont pas encore remis de la pandémie, tant en termes de bien-être que d’apprentissage, et la majorité vient de vivre une nouvelle interruption scolaire. Il parait ainsi important d’accorder à ces élèves tout le soutien nécessaire et d’envisager de se centrer une année de plus sur l’évaluation des savoirs essentiels.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220645/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathia Papi a reçu des financements du ministère de l'Éducation du Québec pour la réalisation de cette recherche. </span></em></p>Bien qu’il contribue à soutenir certains élèves, le tutorat tel qu’il existe actuellement ne permet pas d’aider tous les élèves en ayant besoin ni de réduire toutes les inégalités.Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2146842023-11-16T14:58:29Z2023-11-16T14:58:29ZOpposition massive à la réforme Drainville, qui donne des pouvoirs sans précédent au ministre de l'Éducation<p>L’opposition massive au <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1976853/projet-loi-bernard-drainville-education">projet de loi</a> déposé par le ministre québécois de l’Éducation, Bernard Drainville, offre un contexte inusité dans l’histoire récente de l’éducation.</p>
<p>Le <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cce/mandats/Mandat-49733/index.html">Projet de loi nº 23</a> vise essentiellement à renforcer le pouvoir du ministre vis-à-vis des centres de services scolaires (CSS), via l’implantation de diverses mesures.</p>
<p>Cet article proposer de dresser un portrait – le plus objectif possible – de la position de divers acteurs du milieu scolaire et universitaire à l’égard des changements proposés par cette réforme. </p>
<p>Pour ce faire, nous proposons une analyse qualitative et quantitative des mémoires déposés par plusieurs acteurs au printemps 2023 dans le cadre des consultations particulières de la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale du Québec (ANQ), chargée de faire l’étude de ce projet de loi.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-reforme-drainville-renforce-lautorite-du-ministre-et-elimine-les-contre-pouvoirs-205550">La réforme Drainville renforce l’autorité du ministre et élimine les contre-pouvoirs</a>
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<h2>Contexte de la recherche</h2>
<p>Au total, <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/CCE/mandats/Mandat-49309/memoires-deposes.html">41 acteurs ont déposé des mémoires lors de ces consultations</a>. Par « acteurs », nous entendons des organismes, groupes ou individus. Il s’agit en majorité d’acteurs scolaires ou universitaires, c’est-à-dire des acteurs touchés par l’activité éducative. </p>
<p>Parmi ces derniers, 40 prennent position à l’égard des <a href="https://theconversation.com/la-reforme-drainville-renforce-lautorite-du-ministre-et-elimine-les-contre-pouvoirs-205550">cinq changements proposés par le projet de loi nº 23</a> que nous considérons comme les plus importants, soit :</p>
<ul>
<li><p>le pouvoir du ministre d’orienter la formation continue du personnel enseignant ; </p></li>
<li><p>le pouvoir du ministre de nommer des directeurs généraux des CSS ;</p></li>
<li><p>l’abolition du Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement (CAPFE) ;</p></li>
<li><p>le démantèlement du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) ;</p></li>
<li><p>la création de l’Institut national d’excellence en éducation (INEE). </p></li>
</ul>
<h2>Résultats de notre analyse</h2>
<p><strong>1. Formation continue du personnel enseignant</strong></p>
<p>Une première analyse nous permet d’observer que les appuis en ce qui concerne le pouvoir accru du ministre à l’égard de la formation continue du personnel enseignant sont rares :</p>
<p>Près de la moitié des acteurs rejettent en bloc ce changement proposé par le Projet de loi nº 23, alors que l’autre moitié ne l’aborde pas. Un seul acteur appuie le changement, mais avec des réserves, soit l’Association des directions générales du Québec (ADGSQ), laquelle représente les directeurs généraux des CSS et des commissions scolaires du Québec. L’ADGSQ se montre en faveur d’un encadrement privilégiant des stratégies reconnues comme efficaces par la recherche.</p>
<p>Les acteurs opposés à ce changement (syndicats, universitaires, organismes publics – dont le protecteur du citoyen) défendent pour leur part l’importance de respecter l’autonomie professionnelle du personnel enseignant. </p>
<p><strong>2. Directeurs généraux des centres de services scolaires (CSS)</strong></p>
<p>La position des acteurs à l’égard du pouvoir du ministre de nommer les directeurs généraux des CSS est plus contrastée :</p>
<p>Parmi les acteurs abordant ce thème, 12 se montrent opposés et 4 l’appuient avec des réserves. Les groupes qui souscrivent à ce changement sont des associations représentant des cadres scolaires, alors que ceux qui s’y opposent représentent souvent des acteurs qui siègent actuellement sur un conseil d’administration de CSS, soit l’instance détenant ce pouvoir.</p>
<p><strong>3. Abolition du CAPFE</strong></p>
<p>Depuis sa création en 1992, le <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/education/organismes-lies/comite-dagrement-des-programmes-de-formation-a-lenseignement-capfe">CAPFE a comme mission</a> d’examiner et d’agréer les programmes de formation à l’enseignement, de recommander au ministre les programmes de formation à l’enseignement aux fins de l’obtention d’une autorisation d’enseigner et de donner son avis au ministre sur la définition des compétences attendues du personnel enseignant des ordres d’enseignement primaire et secondaire. </p>
<p>Le projet de loi n° 23 propose de rapatrier ces pouvoirs autour du ministre, lequel pourrait au passage consulter l’INEE pour prendre ses décisions.</p>
<p>L’analyse statistique nous permet de constater que l’abolition du CAPFE reçoit peu d’appuis :</p>
<p>En fait, un seul mémoire soutient cette abolition, soit celui de Maltais, professeur en financement et politiques d’éducation (UQAR), et Bendwell, enseignant de philosophie au Cégep de Saint-Laurent, et ce, sans réserve. Les acteurs s’y opposant souhaitent le maintien du CAPFE au nom des principes mêmes d’une bonne gouvernance.</p>
<p><strong>4. Abolition du CSE</strong></p>
<p>Le CSE est né au même moment que le ministère de l’Éducation, en 1964, dans le contexte de la Révolution tranquille. Il a pour fonction de conseiller les ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur sur toute question relative à l’éducation ou à l’enseignement supérieur en répondant à leurs demandes d’avis, mais aussi en effectuant de sa propre initiative des travaux portant sur tout thème qu’il juge pertinent. </p>
<p>Le projet de loi nº 23 propose de démanteler le CSE en confiant sa mission relative aux ordres préscolaire, primaire et secondaire à l’INEE, lequel est toutefois dépourvu du pouvoir d’initiative et des instances délibératives que possède le CSE.</p>
<p>Les appuis à l’égard de l’abolition du CSE sont clairsemés, eux aussi :</p>
<p>En fait, il s’agit de l’élément le plus contesté du projet de loi. Pour les défenseurs de l’organisme, l’intégrité du CSE est vitale, en raison de son rôle hautement démocratique et apolitique, de même que de ses travaux rigoureux, originaux, accessibles et éclairants. </p>
<p><strong>5. Création d’un INEE</strong></p>
<p>Le projet de création d’un INEE calqué sur le modèle de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESS) est discuté au Québec depuis près d’une décennie. Les principales missions de ce nouvel organisme seraient d’identifier les meilleures pratiques en enseignement et de favoriser leur mise en application dans les milieux.</p>
<p>L’analyse permet d’observer que la création d’un INEE est le changement le plus discuté dans les mémoires :</p>
<p>Un seul des 40 mémoires analysés ne traite pas de ce thème, soit celui de l’Union des municipalités du Québec, qui aborde surtout des changements législatifs apportés par le gouvernement à l’intérieur d’une législation précédente. Ce changement est aussi le seul – de tous ceux retenus ici – à rassembler plus d’appuis (n=30) que de rejets (n=9). </p>
<p>Il demeure que seuls deux acteurs adhèrent inconditionnellement au projet d’INEE contenu dans le Projet de loi nº 23. Les réserves les plus courantes concernent l’importance d’affirmer davantage l’indépendance de l’INEE à l’égard du ministre ou de revoir la composition de son conseil d’administration pour inclure des représentants d’autres groupes. </p>
<p>Enfin, neuf acteurs font pièce à ce changement en raison notamment du brassage de structures qui détourne des véritables enjeux du milieu scolaire. Ces opposants sont plutôt d’avis que le ministre gagnerait à réinvestir dans les structures en place. </p>
<p>Certains voient également dans cette entreprise une <a href="https://qesba.qc.ca/wp-content/uploads/2023/06/Memoire-ACSAQ-PL23.pdf">« centralisation accrue de l’autorité »</a>, voire une réponse « <a href="https://www.lafae.qc.ca/public/upload/memoire_pl23-2023.pdf">aux besoins (de contrôle) du ministre, pas [aux besoins] des élèves ainsi que des enseignantes et enseignants</a> ».</p>
<h2>Que faut-il retenir ?</h2>
<p>L’analyse des mémoires déposés à la Commission de la culture et de l’éducation de l’ANQ permet de constater le très peu d’appétit des acteurs du milieu scolaire et universitaire à l’égard des changements proposés par le Projet de loi nº 23. </p>
<p>En fait, seul le projet de création de l’INEE suscite plus d’appuis que de refus, mais avec d’importantes réserves et résistances. </p>
<p>Il importera donc d’observer au cours des prochaines semaines et des prochains mois si le ministre saura tenir compte de ces avis discordants et s’il modifiera de façon substantielle son projet de loi.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214684/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Lemieux a reçu des financements du FRQSC et du CRSH pour des projets de recherche n'ayant pas de lien avec cette publication. Il a travaillé au Conseil supérieur de l'éducation en 2019. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Lefrançois a reçu des financements du CRSH et du FRQSC sans lien avec cette contribution. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Geneviève Sirois a reçu des financements du CRSH et du FRQSC pour des projets de recherche portant sur les pénuries d'enseignants et la formation des enseignants non-légalement qualifiés. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>ETHIER, Marc-André a reçu des financements du FRQSC, du FCI et du CRSH, mais cela ne concerne pas cet article.</span></em></p>Les acteurs des milieux scolaire et universitaire démontrent très peu d’appétit à l’égard des changements proposés par le projet de loi du ministre québécois de l’Éducation, Bernard Drainville.Olivier Lemieux, Professeur en administration et politiques de l'éducation, Université du Québec à Rimouski (UQAR)David Lefrançois, professeur en fondements de l'éducation, Université du Québec en Outaouais (UQO)Geneviève Sirois, Professeure en gestion scolaire, Université TÉLUQ Marc-André Éthier, Professeur en didactique de l'histoire, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2150322023-10-30T13:54:59Z2023-10-30T13:54:59ZApprendre le piano en ligne, est-ce possible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/555660/original/file-20231024-23-y1e3u3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C994%2C646&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les moyens d'apprendre le piano sont nombreux et diversifiés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Apprendre le piano, ou tout autre instrument de musique, n’est pas facile et demande une grande discipline. </p>
<p>Mais en faire l’apprentissage en ligne, est-ce possible ? </p>
<p>Avec la pandémie, les musiciens en herbe, enfants, adolescents ou adultes, se sont tournés vers des méthodes moins traditionnelles pour apprendre la musique. </p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs en éducation dont les intérêts de recherche touchent notamment la littératie, la culture, la formation à distance et la technologie éducative. </p>
<p>Le thème de l’apprentissage du piano en ligne, qui fait l’objet de cet article, touche ces quatre domaines.</p>
<h2>Les différents modes de fonctionnement</h2>
<p>Les moyens d’apprendre le piano sont nombreux et diversifiés. </p>
<ul>
<li><strong>En personne</strong></li>
</ul>
<p>Apprendre le piano en personne est, bien entendu, la façon la plus traditionnelle d’apprendre cet instrument. </p>
<p>Les professeurs demandent normalement à leurs élèves de pratiquer quotidiennement, de manière autonome, quelques mesures, de peaufiner une partition déjà apprise, puis de présenter le fruit de leurs efforts lors du cours suivant. </p>
<p>Selon les approches préconisées par les professeurs, il peut y avoir une alternance entre les exercices techniques, les gammes, le solfège et les pièces musicales au fil des séances.</p>
<ul>
<li><strong>Par correspondance, avant l’avènement des cours à distance</strong></li>
</ul>
<p>Dans les dernières décennies, de nombreux cours ont été donnés à distance, par correspondance, y compris pour apprendre à jouer d’un instrument de musique. Ainsi, les personnes qui n’avaient pas accès à un professeur de piano pouvaient tout de même l’apprendre. Dans ce cas, elles recevaient leurs partitions de musique et leurs cassettes/DVD à écouter par la poste et pratiquaient individuellement. Après avoir suffisamment pratiqué de manière autonome, elles s’enregistraient afin de retourner une cassette à leur professeur et ainsi obtenir de la rétroaction sur leurs nouvelles cassettes de consignes. </p>
<ul>
<li><strong>En mode synchrone, par visioconférence</strong></li>
</ul>
<p>Durant la pandémie de Covid-19, divers types d’apprentissages relevant de la sphère des loisirs ont été proposés en ligne tels que des <a href="https://theconversation.com/la-danse-en-ligne-une-bouee-de-sauvetage-pour-les-danseurs-148968">cours de danse</a>, d’arts martiaux ou de musique. Ainsi, des cours de piano ont commencé à être donnés de façon synchrone, c’est-à-dire en direct, par l’entremise de la visioconférence. Pour certaines personnes, revoir leur professeur de piano fut bénéfique et motivant. Pour d’autres, la <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/260/200">visioconférence fut une barrière au côté humain et relationnel</a>. </p>
<p>À l’écran, la rétroaction donnée par le professeur de piano peut être plus difficile à cerner pour les élèves puisque le non verbal semble plus ardu à comprendre. Il est aussi plus difficile d’indiquer à l’élève comment placer ses mains adéquatement. Le professeur doit alors modéliser encore plus, et de façon différente, en fonction de cette situation d’apprentissage atypique. Le but est que l’élève pianiste puisse bien comprendre ce que le professeur est en train d’expliquer de l’autre côté de l’écran pour pouvoir finalement le reproduire.</p>
<p>L’enseignement par visioconférence peut être très déstabilisant : le professeur a moins de contrôle sur la situation. <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/201/198">L’effet enseignant est donc primordial ici, mais il est tout de même « dilué »</a> ; en effet, les rétroactions explicites et le renforcement positif peuvent s’avérer encore plus importants qu’en présentiel en raison de la distance physique. Les attentes du professeur doivent aussi être adaptées à la situation d’enseignement-apprentissage à distance. </p>
<p>Avec l’essoufflement de la pandémie, certains professeurs de piano ont proposé un mode de fonctionnement hybride, alternant le présentiel et le virtuel.</p>
<p>En visioconférence, le mode de fonctionnement pour l’élève reste cependant le même qu’en personne : pratiquer chaque jour et présenter le fruit de ses efforts la semaine suivante.</p>
<ul>
<li><strong>En mode asynchrone</strong></li>
</ul>
<p>Avec la pandémie, les cours de piano en ligne, de façon asynchrone, sont devenus populaires. Nous vous présentons ici l’exemple de l’<a href="https://www.academiegregory.com/">Académie Gregory</a>. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="des enfants jouent du piano en regardant une vidéo sur une tablette" src="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Apprendre le piano en ligne, c’est bien possible.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En 2017, bien avant l’arrivée de la Covid-19 dans nos vies, l’artiste aux multiples talents et pianiste Gregory Charles a créé une académie en ligne. Il s’agit d’une plate-forme pour les personnes qui désirent apprendre le piano à leur rythme. Son slogan : <em>tout ce qu’il nous faut pour jouer d’un instrument, ce sont des oreilles, des doigts et un cœur</em>. </p>
<p>Ce slogan peut sembler simpliste, mais il est surtout réaliste. Pourquoi ? Parce que la méthode utilisée par Gregory Charles (le <em>Gregory Piano System</em>) permet d’apprendre le piano de manière intuitive, sans savoir lire la musique. </p>
<p>La méthode traditionnelle liée à l’apprentissage de la musique demande d’abord d’apprendre à lire la musique sur une portée, en clé de sol et en clé de fa, de comprendre les notions de durée des notes, le rythme et les annotations musicales de base. Le fait de ne pas connaitre cette « littératie musicale » est souvent ce qui freine les gens à apprendre à jouer d’un instrument de musique.</p>
<p>L’Académie Gregory propose des cours pour débutants, intermédiaires ou avancés pour les enfants et les adultes. La structure proposée : 100 capsules de leçons vidéos par session et une pratique de 10 minutes par jour. <a href="https://youtu.be/ecHC9-skAaA">De petites bandelettes descendantes montrent sur quelles notes jouer</a> et comment jouer à partir des pièces musicales composées par l’artiste. Cette approche imite en quelque sorte le célèbre jeu <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Guitar_Hero_(video_game)">Guitar Hero</a>, créé en 2005, où les joueurs jouent de la musique en suivant les signaux lumineux. Ce mode de fonctionnement existe également sur YouTube ou sur différents sites web comme l’application <a href="https://yousician.com/lp/yousician">Yousician</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ecHC9-skAaA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">De petites bandelettes descendantes montrent sur quelles notes jouer et comment jouer à partir des pièces musicales composées par l’artiste.</span></figcaption>
</figure>
<p>Pour ceux qui savent déjà lire la musique, les partitions de toutes les pièces apprises pendant la session sont disponibles. Des capsules audios permettent également d’entendre intégralement les pièces. Il s’agit donc d’une méthode qui permet à qui le souhaite d’apprendre la musique, peu importe son âge ou son niveau. </p>
<p>Les principaux avantages du mode asynchrone sont la possibilité de regarder les capsules vidéos à toute heure de la journée (horaire flexible) et de les revoir autant de fois que désiré pour répéter. De plus, les cours asynchrones (par correspondance ou en ligne) permettent aux apprenants d’être moins stressés dans leur pratique puisque personne ne les regarde jouer.</p>
<h2>Apprendre le piano en ligne… est-ce possible ?</h2>
<p>Oui, à condition de faire preuve d’autonomie et d’assiduité dans ses apprentissages. </p>
<p>Une astuce pour éviter la procrastination peut être de mettre son cours ou sa pratique dans son emploi du temps et d’essayer de ne pas en déroger, car l’<a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/334">autorégulation</a> et la <a href="https://www.puq.ca/catalogue/livres/perseverance-abandon-formation-distance-4047.html">persévérance</a> sont les clés de tout apprentissage à distance. </p>
<p>Rappelons-nous que la musique apporte de nombreux bienfaits, peu importe l’âge. </p>
<p>Enfin, pour progresser en piano, que ce soit en présentiel ou en <a href="https://www.hellovirtuoso.com/blog/cours-piano-ligne">ligne</a>, il est nécessaire de pratiquer au moins 10 minutes par jour. Par contre, à ce jour, aucune recherche sérieuse ne semble avoir été réalisée pour savoir quel mode de fonctionnement prioriser. Il n’est donc pas possible de déterminer quelle <a href="https://www.hellovirtuoso.com/blog/methode-piano-debutant#:%7E:text=La%20m%C3%A9thode%20Alfred%20d%E2%80%99apprentissage,qui%20compl%C3%A8te%20l%E2%80%99apprentissage%20pratique">méthode</a> peut permettre d’apprendre le piano plus facilement ou de façon plus efficace. </p>
<p>Mais il s’agit certainement d’une question qui pourrait faire l’objet de l’une de nos recherches à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215032/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Gérin-Lajoie est professeur à l'Université TÉLUQ. Il y a agi à titre d'expert en formation à distance et y réalise des projets de recherche financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cathia Papi, Isabelle Carignan, Ph.D. et Marie-Christine Beaudry ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Apprendre le piano en ligne, est-ce possible ? Avec la pandémie, enfants, adolescents et adultes se sont tournés vers des méthodes moins traditionnelles pour apprendre la musique.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire en éducation, Université TÉLUQ Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Serge Gérin-Lajoie, Professeur, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2107722023-09-07T15:17:15Z2023-09-07T15:17:15ZLa littératie médicale permet aux patients de mieux comprendre leur état de santé et favorise leur bien-être<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541036/original/file-20230803-19-ji9w80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les médecins ne sont pas nécessairement de bons vulgarisateurs ou n’ont pas toujours le temps d’expliquer tout dans les moindres détails. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Qu’est-ce qu’un pontage ? Quels sont les risques liés à ma chirurgie cardiaque ? Le domaine de la santé peut être difficile à comprendre et à expliquer. </p>
<p>En effet, interpréter les informations médicales demande un niveau de littératie élevé pour les patients et les membres de leur famille. Dans ce cas, lorsque l’on parle du développement de la littératie médicale (ou littératie en santé ; <em>health literacy</em> en anglais), c’est le fait, pour un patient, de pouvoir lire, écrire et parler de son état de santé et des différentes étapes à venir pour favoriser son bien-être personnel. </p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs provenant de l’éducation, de la psychologie, de la santé et de la médecine. La littératie médicale est un domaine que nous développons ensemble depuis quelques années.</p>
<h2>Mieux comprendre pour pouvoir prendre sa santé en main</h2>
<p>Dans le domaine médical, développer les compétences en littératie est lié au fait :</p>
<ul>
<li><p>de lire et de comprendre des informations médicales (ex. : qu’est-ce qu’un anévrisme ?) ; </p></li>
<li><p>d’annoter des documents, d’écrire des notes pour soi-même ou des questions pour le médecin (quels sont les risques liés à ma chirurgie cardiaque ?) ; </p></li>
<li><p>de parler au médecin, d’écouter les informations mentionnées par celui-ci et de les comprendre à l’oral.</p></li>
</ul>
<p>Le but pour les patients est de pouvoir prendre leur propre santé en main et de savoir ce qui s’en vient ou ce qui doit être fait. </p>
<p>Très souvent, les patients vont aller chercher de l’information par eux-mêmes sur Internet. Par contre, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5471568/">informations disponibles en ligne ne sont pas nécessairement fiables ou à jour</a>. Il peut aussi y avoir un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1761906/">problème de lisibilité</a>, c’est-à-dire que les patients ne vont pas nécessairement comprendre ce qu’il est écrit. </p>
<p>C’est d’ailleurs souvent le problème avec les documents disponibles pour les patients, que ce soit sur le web ou en format papier : ils ne sont pas assez compréhensibles et le langage utilisé est souvent complexe. </p>
<p>Selon le National Institute of Health et différents organismes du domaine de la santé, les documents remis aux patients devraient avoir un niveau de lisibilité similaire à celui qu’un élève de <a href="https://www.chudequebec.ca/chudequebec.ca/files/ad/ad7c7c71-ed00-4767-9726-a0b9d4865778.pdf">sixième année du primaire peut lire et comprendre</a>. Par contre, dans les faits, à cause de la complexité du jargon médical, il est extrêmement difficile d’atteindre ce niveau.</p>
<h2>Des vidéos à la rescousse</h2>
<p>Pour pallier cette difficulté, et pour aider les patients et leur famille à comprendre <a href="https://youtu.be/XqeHmTE-uWE"><em>Les différentes étapes de la chirurgie cardiaque</em></a>, nous avons créé des vidéos informatives, vulgarisées et fiables. Elles sont gratuites et disponibles sur YouTube. Ces vidéos font partie du <a href="https://lavoixdunord.ca/2023/02/23/a-la-recherche-dune-plus-grande-comprehension-des-patients/">design de recherche d’un projet en littératie médicale qui est actuellement en cours</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XqeHmTE-uWE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les différentes étapes de la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
</figure>
<p>La première vidéo, <a href="https://youtu.be/xZLSocQ0NPo"><em>Avant la chirurgie cardiaque</em></a>, permet de distinguer le chirurgien cardiaque du cardiologue. Il y a également toute une section sur comment se préparer pour une chirurgie cardiaque et ce qu’il est important de savoir avant de subir une opération à cœur ouvert. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xZLSocQ0NPo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Avant la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
</figure>
<p>La deuxième vidéo, <a href="https://youtu.be/Qii7tS_tgio"><em>Pendant la chirurgie cardiaque</em></a>, essaie de répondre aux questions suivantes : que se passera-t-il dans la salle d’opération ? Quels sont les différents types de chirurgie cardiaque ? Pourquoi ai-je besoin d’une chirurgie cardiaque ?</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Qii7tS_tgio?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pendant la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
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<p>La troisième vidéo, <a href="https://youtu.be/7P0gF_F5uQo"><em>Après la chirurgie cardiaque : à l’hôpital</em></a>, informe les patients sur ce qui se passe aux soins intensifs, après les soins intensifs, les médicaments à prendre, les émotions ressenties, les exercices à faire le plus rapidement possible, etc. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7P0gF_F5uQo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après la chirurgie cardiaque : à l’hôpital.</span></figcaption>
</figure>
<p>La quatrième vidéo, <a href="https://youtu.be/IKO3t3890kQ"><em>Après la chirurgie cardiaque : le retour à la maison</em></a>, ne devait pas être créée au départ. Par contre, à la lumière des questions et des commentaires de patients <a href="https://lavoixdunord.ca/2021/05/10/bien-comprendre-pour-mieux-se-retablir/">d’une recherche précédente</a>, nous avons voulu leur donner une voix. En effet, trop souvent, les patients ont peur de poser des questions parce qu’ils ne veulent pas déranger le médecin, ont peur d’avoir l’air stupide ou se disent que le problème va passer… Si un patient est inquiet, il doit communiquer avec le bureau de son médecin. </p>
<p>Cette vidéo répond entre autres aux questions suivantes : à quoi devez-vous vous attendre lorsque vous retournez à la maison après avoir subi une chirurgie cardiaque ? Comment prendre bien soin de vous-même ? Qu’est-il permis de faire ? Qu’allez-vous vivre comme émotions ? </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/IKO3t3890kQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après la chirurgie cardiaque : le retour à la maison.</span></figcaption>
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<h2>Le pouvoir de la vulgarisation</h2>
<p>Toutes les vidéos ont été créées et approuvées par une équipe de chercheurs interdisciplinaire en éducation et en psychologie, un chirurgien cardiaque, un cardiologue, une médecin de famille et un infirmier. Elles sont également disponibles en <a href="https://www.youtube.com/@isabellecarignan">anglais</a> en entier et par sections.</p>
<p>L’accès à des informations médicales fiables, de qualité et à jour est en lien direct avec tout ce qui touche le consentement libre et éclairé. En effet, comme patient, lorsque vous signez le document pour approuver une intervention médicale, le médecin spécialiste – ou un professionnel de la santé – doit s’assurer que vous comprenez bien dans quoi vous vous engagez. Comprenez-vous ce qu’il arrivera dans la salle d’opération ? Le type de chirurgie que vous allez subir ? Les risques associés ?</p>
<p>Le but des vidéos était de répondre au quoi et au pourquoi pour les patients et les membres de la famille. Il faut toujours garder en tête que le patient est un élève qui apprend par rapport à sa condition médicale. De plus, les médecins ne sont pas nécessairement de bons vulgarisateurs ou n’ont pas toujours le temps d’expliquer tout dans les moindres détails. </p>
<p>Voilà pourquoi il est important de créer des outils de vulgarisation fiables, peu importe le domaine médical, pour que les patients puissent s’éduquer par eux-mêmes et bien assimiler les informations. </p>
<p>En comprenant bien ce qui l’attend, le <a href="https://miceapps.com/client/EventAttendeeAbstracts/view_published_abstract/512/13418/92108">niveau d’anxiété baisse chez le patient</a>, car il se sent plus en contrôle. Enfin, le développement des compétences en littératie médicale permet aux patients de prendre des décisions libres et éclairées par rapport à leur propre santé. </p>
<p><em>Les auteurs tiennent à souligner la très grande contribution de Paul-André Gauthier, Ph.D., consultant en santé et en nursing. Il a participé activement à la rédaction de cet article, à la création des vidéos et il est cochercheur dans nos projets de recherche en littératie médicale</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210772/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Carignan a reçu du financement du Consortium national de formation en santé (CNFS) à titre de professeure associée à l'Université Laurentienne. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adèle Gallant, Annie Roy-Charland, Marie-Christine Beaudry et Rony Atoui, MD, MSc, FRCSC, FACS ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le développement des compétences en littératie médicale permet aux patients de prendre des décisions plus réfléchies par rapport à leur propre santé. Mais un accompagnement adéquat est nécessaire.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire en éducation, Université TÉLUQ Adèle Gallant, Doctorante en psychologie, Université de MonctonAnnie Roy-Charland, Professeure titulaire en psychologie, Université de MonctonMarie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Rony Atoui, MD, MSc, FRCSC, FACS, Cardiac Surgeon and Full Professor at NOSM University, Northern Ontario School of Medicine Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1962682023-05-02T13:59:50Z2023-05-02T13:59:50ZLe tutorat pour soutenir les élèves : une bonne idée ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/521347/original/file-20230417-16-z0vd8v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C994%2C555&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le tutorat désigne l’accompagnement régulier, personnalisé, individualisé ou en petits groupes, d’apprenants rencontrant des difficultés scolaires.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le tutorat visant le soutien scolaire s’est grandement développé au cours des dernières décennies et a été l’une des <a href="https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/pandemie-de-Covid-19-programme-de-tutorat-pour-eleves-vulnerables-le-gouvernement-du-quebec-devoile-une-offre-de-service-diversifiee">mesures phares mises en œuvre dans plusieurs pays</a> dans le contexte de la pandémie de Covid-19. </p>
<p>Le tutorat peut être proposé de façon plus ou moins intensive, par le système éducatif, des organisations à but non lucratif ou des entreprises privées. Si, dans les deux premiers cas, le tutorat est généralement mis en place pour soutenir des élèves éprouvant des difficultés dans une ou plusieurs disciplines, dans le troisième, il s’agit davantage d’un <a href="https://www.edsurge.com/news/2020-10-30-wealthy-families-more-likely-to-hire-tutors-less-concerned-about-kids-learning-loss">accompagnement payé par les parents</a> en vue non seulement de permettre à leurs enfants de surmonter leurs difficultés, mais également d’accroître leur performance scolaire. </p>
<p>M’intéressant depuis longtemps à l’accompagnement et au tutorat dans le cadre de <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_tutorat_de_pairs_dans_l_enseignement_superieur_enjeux_institutionnels_technopedagogiques_psychosociaux_et_communicationnels_cathia_papi-9782343004143-40007.html">l’enseignement postsecondaire</a>, je m’interroge ici sur l’intérêt du tutorat dans l’éducation de manière générale. Autrement dit, le tutorat constitue-t-il une façon pertinente de soutenir les élèves ? </p>
<h2>Qu’est-ce que le tutorat ?</h2>
<p>Si la question est simple, la réponse est loin de l’être. En effet, il existe une multitude de définitions variant selon les époques, les contextes, les objectifs associés au tutorat ou les acteurs qui s’y intéressent. Du <a href="https://journals.openedition.org/histoire-education/3116">préceptorat</a> comme mode d’enseignement individualisé à domicile, au <a href="http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/recherche-et-formation/RR043-08.pdf">monitorat</a> comme enseignement à un groupe assuré par des apprenants, de l’<a href="https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2007-4-page-79.htm">insertion professionnelle</a> à la <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01408065/">formation à distance</a>, le terme « tutorat » a été employé pour désigner des réalités variées. Si variées, que les représentations ou idées associées à ce terme sont susceptibles de différer d’un individu à l’autre, même parmi les professionnels de l’éducation ou les chercheurs dans le domaine. </p>
<p>Le tutorat peut être réalisé par différentes personnes, notamment des <a href="https://doi.org/10.1177/2332858420986211">professionnels de l’éducation</a> dans le cadre de l’enseignement primaire et secondaire ou de la <a href="https://journals.openedition.org/dms/6904">formation à distance</a>. Lorsqu’il est assuré par des élèves ou des étudiants, on parle parfois de <a href="https://sites.google.com/site/letutoratadistance/Home/10-ans-de-t-d/calendrier/24-10-de-la-diversite-du-tutorat-de-pairs-par-cathia-papi?pli=1">tutorat par les pairs</a>, voire de mentorat lorsque le tuteur est d’un autre niveau scolaire que le tutoré. </p>
<p>De manière générale, le tutorat désigne l’accompagnement régulier, personnalisé, individualisé ou en petits groupes, d’apprenants rencontrant des difficultés scolaires. Il peut être réalisé en présence ou en ligne. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme enseigne les maths en utilisant un casque et un tableau blanc à une jeune fille en vidéoconférence" src="https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521394/original/file-20230417-26-ueppmv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le tutorat peut être réalisé par différentes personnes, notamment des professionnels de l’éducation dans le cadre de l’enseignement en présence ou de la [formation à distance.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Dans quelle mesure le tutorat est-il efficace ?</h2>
<p>Les recherches sur le tutorat dans les milieux scolaires font ressortir que l’<a href="https://www.nber.org/papers/w27476">effet du tutorat sur l’apprentissage est positif</a> et statistiquement significatif. Il semblerait alors intuitif de répondre directement : oui, le tutorat est une bonne idée ! </p>
<p>Cependant, face à la multiplicité des formes que peut revêtir le tutorat, il est important de prendre en considération qu’il ne suffit pas de mettre une étiquette « tutorat » sur un dispositif de soutien scolaire pour que ce dernier ait les impacts escomptés. Les récentes recherches dans le domaine montrent effectivement que plusieurs critères jouent un rôle essentiel pour favoriser l’efficacité des dispositifs de tutorat. </p>
<p>Pour être efficace, le tutorat devrait ainsi s’inscrire dans le temps. Autrement dit, le tutorat ne doit pas être une activité ponctuelle ; il importe de prévoir plusieurs séances par semaine durant plusieurs semaines. Pour un soutien optimal, au moins trois séances hebdomadaires de tutorat seraient à <a href="https://www.nber.org/papers/w27476">intégrer au temps scolaire</a>. </p>
<p>Par ailleurs, le tutorat devrait idéalement être effectué de <a href="https://doi.org/10.1002/rrq.379">manière individuelle ou en petit groupe</a> n’excédant pas 4 élèves. Ce critère permet en effet d’assurer un soutien personnalisé en fonction des besoins de l’apprenant et favorise la création d’une relation de confiance et de proximité. Ce type de relation est propice à l’apport d’un soutien non seulement scolaire, mais aussi socioaffectif. </p>
<p>Enfin, les résultats du tutorat sont généralement meilleurs lorsque le tutorat est exercé par des <a href="https://www.nber.org/papers/w27476">professionnels de l’éducation</a>. De fait, le tutorat est souvent exercé par les enseignants des élèves qui sont les mieux à même à connaître leurs élèves, les difficultés qu’ils rencontrent, les notions étudiées et la manière dont elles ont été présentées. La relation est également déjà existante, ce qui facilite les premières séances de tutorat. </p>
<p>Toutefois, les recherches font également ressortir que d’autres personnes spécialement formées au tutorat et bénéficiant d’un accompagnement, assuré par des professionnels de l’éducation, peuvent aussi s’avérer être de bons tuteurs. C’est ainsi notamment le cas des <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3783987">étudiants</a> amenés à soutenir des élèves dans certains dispositifs. Dans ce dernier cas, plusieurs études suggèrent que le tutorat exercé volontairement par des étudiants auprès d’élèves pourrait également avoir des <a href="https://img1.wsimg.com/blobby/go/1c34d9b7-1553-4bbd-a6a2-2f4b8c4292fe/downloads/Rapport%202016-2018b.pdf">effets positifs sur les étudiants</a> eux-mêmes tant sur le plan des apprentissages que de la motivation, par exemple. </p>
<h2>Le tutorat est-il le seul moyen de soutenir les élèves ?</h2>
<p>Évidemment, le tutorat n’est pas la seule forme de soutien scolaire existant. Des types de soutien n’ayant pas la dénomination de tutorat, tels que la <a href="https://edu1014.teluq.ca/mes-actions/modele-rai/">réponse à l’intervention</a> (RAI), qui est un modèle d’intervention auprès des élèves en difficulté, ou le <a href="https://www.erudit.org/en/journals/ef/2020-v48-n2-ef05812/1075033ar/">coenseignement</a>, par lequel deux enseignants sont présents dans une classe pour enseigner un même contenu de façon différente selon les caractéristiques du groupe d’élèves auquel ils s’adressent, sont quelque peu différents du tutorat, mais permettent de soutenir les élèves. La RAI et le coenseignement répondent d’ailleurs fréquemment aux critères d’efficacité du tutorat. De même, l’aide aux devoirs proposée par un grand nombre d’établissements scolaires et d’organismes à but non lucratif peut remplir différents critères et favoriser, au-delà de la réalisation des devoirs, le travail de certaines notions.</p>
<p>Par ailleurs, s’il est important d’identifier les critères permettant d’offrir des dispositifs d’accompagnement efficaces, cela ne signifie pas que les dispositifs ne regroupant pas l’ensemble de ces critères n’ont pas d’effet. Par exemple, un tutorat de « seulement » deux séances par semaine, sans être optimal, apporte un soutien non négligeable aux élèves. </p>
<p>Pour répondre à la question en titre de cet article, il semble donc possible de dire que le déploiement de tutorat pour soutenir les élèves en difficulté semble pertinent si tant est que les dispositifs proposés correspondent le plus possible aux caractéristiques précédemment définies et que les ressources humaines et les montants investis soient adéquats relativement aux besoins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196268/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aucun conflit d'intérêt</span></em></p>Alors que le tutorat visant le soutien scolaire est une mesure phare mise en œuvre dans le contexte de crise sanitaire, dans quelle mesure constitue-t-il une façon pertinente de soutenir les élèves ?Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1881902022-11-29T14:55:39Z2022-11-29T14:55:39ZLire à l’écran et lire sur papier, mêmes stratégies ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/480142/original/file-20220819-2804-emmjiq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C7%2C994%2C625&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les stratégies de lecture sont-elles les mêmes à l’écran et sur papier? Les a-t-on adoptées ou transférées à l’écran?</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Écrans d’ordinateur, tablettes, téléphones intelligents… La lecture à l’écran fait partie intégrante de notre quotidien. C’est donc sans surprise que les chercheurs s’y intéressent vivement depuis quelques décennies.</p>
<p>Mais quelles sont les stratégies de lecture qui sont mobilisées sur les supports numériques ?</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/des-modeles-masculins-pour-developper-lenvie-de-lire-chez-les-garcons-182987">Des modèles masculins pour développer l’envie de lire chez les garçons</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Nous sommes trois chercheures intéressées notamment par la littératie médiatique et nos recherches sont en lien direct avec le milieu scolaire. En éducation, la littératie médiatique correspond à l’enseignement des compétences à lire, à écrire et à s’exprimer oralement au moyen des médias (médias sociaux, vidéos en ligne, journaux, etc.).</p>
<h2>Papier, écran, même mode de fonctionnement ?</h2>
<p>Dans cet article, nous optons pour le terme plus englobant de « lecture à l’écran », et non de « lecture numérique » ou de « lecture en ligne ». En effet, une personne peut consulter un document en format PDF ou dans un logiciel de traitement de texte sans avoir accès à Internet. Elle peut également lire un livre électronique sur une liseuse dans laquelle il n’y a pas d’hyperliens à activer. Enfin, elle peut choisir de lire à l’écran au moyen de navigateurs Web et de faire une recherche par mots-clés pour avoir accès à une information.</p>
<p>Lorsqu’on parle de lecture à l’écran, il peut s’agir de la lecture sur différents supports électroniques (ordinateur, tablette, téléphone, liseuse), de documents numériques ayant une structure linéaire (traitement de texte, PDF) ou de contenus Web de toute nature (textes, hyperliens, vidéos, images fixes, images animées, publicités).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Bel adolescent lisant les nouvelles histoires tendance en ligne sur une tablette avec sa maman" src="https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480145/original/file-20220819-22-vf6pat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Lorsqu’on parle de lecture à l’écran, il peut s’agir de la lecture sur différents supports électroniques (ordinateur, tablette, téléphone, liseuse), de documents numériques ayant une structure linéaire ou de contenus Web de toute nature.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La <a href="https://theconversation.com/lire-sur-papier-lire-sur-ecran-en-quoi-est-ce-different-112493">lecture à l’écran est à la fois similaire et différente de la lecture sur papier</a>. Des <a href="https://r-libre.teluq.ca/831/">stratégies de lecture en version papier sont mobilisées en contexte de lecture à l’écran</a>. Par contre, alors que la lecture traditionnelle sur papier est plus linéaire, celle à l’écran l’est moins. Souvent, la lecture à l’écran se fait par survol (comme la lecture des sous-titres ou en diagonale).</p>
<p>Contrairement à la lecture traditionnelle sur papier, il est plus facile pour le lecteur de dévier de son intention de lecture initiale, en cliquant, par exemple, sur l’<a href="https://books.google.ca/books?hl=en&lr=&id=JnCjwXBNJX4C">hyperlien</a> d’une vidéo ou d’une photo qui ne concerne pas nécessairement son intention de lecture.</p>
<p>La lecture à l’écran implique également l’emploi de compétences informationnelles. Celles-ci sont des savoir-faire permettant de cibler un objet de recherche, de le trouver, d’évaluer l’information trouvée et de la réutiliser au besoin. Par exemple, lorsqu’on lit à l’écran, il est souvent nécessaire de faire une recherche par mots-clés sur un moteur de recherche avec une intention de lecture précise. L’écran du téléphone intelligent ou de la tablette est à portée de main et est souvent plus rapide. C’est ce qui explique que les recherches par mots-clés soient plus fréquentes lorsqu’on lit à l’écran. Par contre, il arrive aussi parfois que l’on doive, par exemple, chercher la définition d’un mot sur notre téléphone cellulaire lorsqu’on lit en version papier.</p>
<p>Cette recherche d’information mobilise alors des stratégies de lecture à l’écran ainsi que des compétences informationnelles qui sont utilisées en constante interaction.</p>
<h2>Confusion entre les stratégies de lecture à l’écran et les compétences informationnelles</h2>
<p>Dans les <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2010-n159-qf1504492/61599ac.pdf"><strong>recherches</strong></a>, nous notons parfois une confusion entre les stratégies de lecture à l’écran et les compétences informationnelles.</p>
<p>Les <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ncre/2009-v12-n2-ncre0744/1017465ar.pdf"><strong>stratégies de lecture à l’écran</strong></a> permettent de comprendre les informations contenues dans les textes, que ce soit à l’intérieur des phrases, entre les phrases, de façon globale, en interprétant et aussi en rétablissant la compréhension s’il y a eu un problème de compréhension. Le fait de survoler un texte, d’identifier les idées les plus importantes et de prédire la suite d’un texte à l’écran sont des stratégies de lecture, mais elles peuvent aussi l’être en version papier.</p>
<p>Les <a href="https://www.erudit.org/en/journals/fp/1900-v1-n1-fp06343/1081276ar/"><strong>compétences informationnelles</strong></a> font plutôt référence au fait d’effectuer une recherche par mots-clés en raison d’un besoin d’information, et ensuite de localiser, d’évaluer et d’utiliser ces informations en fonction de l’intention de cette recherche d’information. Les compétences informationnelles permettent de vérifier la fiabilité d’une source pour éviter de propager de fausses informations, par exemple. Toutes ces compétences informationnelles sont utilisées en contexte de lecture à l’écran, en interaction avec les stratégies de lecture.</p>
<p>Les interactions constantes entre les stratégies de lecture à l’écran et les <a href="https://www.competencesinformationnelles.ca/"><strong>compétences informationnelles</strong></a> sont représentées dans la figure ci-dessous. Quant aux habiletés techniques (comme utiliser la barre de défilement, les flèches, les fonctions comme CTRL + F), qui permettent de bien fonctionner à l’écran et de maitriser les outils technologiques, elles permettent un va-et-vient entre les stratégies de lecture à l’écran et les compétences informationnelles. Elles ne mobilisent cependant pas la compréhension de texte.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="schéma présentant les interactions entre les stratégies de lecture à l’écran et les compétences informationnelles" src="https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478096/original/file-20220808-3028-1jr95m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Il y a des interactions constantes entre les stratégies de lecture à l’écran, les habiletés techniques et les compétences informationnelles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Quelques constats et irritants du milieu scolaire</h2>
<p>Les <a href="https://view.genial.ly/618bf8a74ea7430d73e5ed49"><strong>ressources pédagogiques</strong></a> portant sur les stratégies de lecture applicables à l’écran étant très limitées, les enseignants vont souvent enseigner des stratégies de lecture applicables sur papier issues de différents modèles. Dans certains cas, ne se sentant pas suffisamment outillés, ils préfèrent en enseigner quelques-unes à l’écran ou simplement ne pas les enseigner. De même, ce ne sont pas tous les enseignants qui connaissent les compétences informationnelles ou encore qui les montrent à leurs élèves. Enfin, les stratégies et les compétences sont nombreuses et le vocabulaire utilisé diffère parfois d’un enseignant à l’autre : de quoi ajouter à la confusion que nous constatons parfois quand on parle de lecture à l’écran.</p>
<p>Par ailleurs, au secondaire, cet enseignement de stratégies et de compétences se retrouve souvent dans la cour des enseignants de français. Les enseignants des autres disciplines (mathématique, science) ne sont pas outillés et n’outillent pas nécessairement les élèves avec des stratégies de lecture à l’écran, par exemple. Au primaire, bien que les titulaires enseignent toutes les disciplines, l’enseignement des stratégies de lecture à l’écran n’est pas nécessairement réalisé non plus.</p>
<p>Les stratégies de lecture à l’écran et les compétences informationnelles sont importantes à mobiliser, et ce, <a href="http://www.litmedmod.ca/sites/default/files/pdf/r2-lmm_vol15_legault-et-al.pdf">dans toutes les matières</a>. Dès un très jeune âge, le numérique est omniprésent autant en salle de classe que dans la vie personnelle des élèves. Afin d’outiller adéquatement ces derniers, il apparait nécessaire de sensibiliser les enseignants à l’importance de les montrer à leurs élèves.</p>
<p>D’autant qu’être – ou devenir – des citoyens numériques critiques et éclairés est crucial pour éviter de croire de fausses informations ou de les propager.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188190/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rien à déclarer</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>France Legault et Isabelle Carignan, Ph.D. ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Contrairement à la lecture sur papier, il est facile pour le lecteur de dévier de son intention de lecture initiale, en cliquant par exemple sur un hyperlien.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire, Université TÉLUQ France Legault, conseillère pédagogique RÉCIT- responsable d'équipe, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1891822022-09-19T13:19:04Z2022-09-19T13:19:04ZPost-pandémie : une meilleure conciliation emploi-famille sans baisse de salaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483092/original/file-20220906-20-49l9q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C983%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le télétravail, qui est un avantage souhaité par la majorité de ceux qui l’ont expérimenté, facilite la conciliation de plusieurs parents.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La crise sanitaire s’est traduite par des situations difficiles pour les parents travailleurs qui ont dû jongler avec leurs responsabilités professionnelles, la fermeture ponctuelle des classes et les périodes d’isolement de leur enfant. En tant que spécialistes de la conciliation emploi-famille au Québec, nous nous intéressons à l’expérience des parents québécois, plus de deux ans après le début de la crise sanitaire et de la mise en place du télétravail à grande échelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-facilite-la-conciliation-emploi-famille-mais-moins-pour-les-femmes-161718">La pandémie a facilité la conciliation emploi-famille… mais moins pour les femmes</a>
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<p>Quelles sont les concessions que les parents québécois sont prêts à faire pour faciliter leur conciliation emploi-famille ? Cette question est au cœur de nos travaux, effectués en partenariat avec <a href="https://www.concilivi.com/fr/sceau-convilivi">l’initiative Concilivi du Réseau pour un Québec famille (RPQF)</a>.</p>
<p>À la demande du RPQF, la firme Léger a été mandatée pour mener des enquêtes auprès des travailleurs québécois dans le but de dresser le portrait de la conciliation emploi-famille chez les parents et les proches aidants. Les données permettent de faire des comparaisons entre la situation des parents avant la pandémie, en janvier 2018 et en février 2020, et à trois reprises depuis le début de la crise, soit en juin 2020 et en mai 2021 et 2022.</p>
<h2>Une meilleure conciliation, oui, mais pas à n’importe quel prix</h2>
<p>Avant la pandémie, à l’hiver 2018, alors qu’environ 10 % des Québécois avaient l’opportunité de télétravailler, une proportion élevée de parents – 37 % – affirmaient être prêts à accepter une réduction de salaire pour obtenir de meilleures mesures de conciliation.</p>
<p>Les enquêtes subséquentes, menées au cours de la crise, révèlent un changement important dans le discours des parents. La proportion de ceux se disant ouverts à une baisse de salaire en échange de meilleures mesures de conciliation a chuté à 31 % en juin 2020, et stagné à 27 % en mai 2021 et 2022.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483277/original/file-20220907-12-69uisu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p>Certaines catégories de travailleurs – en particulier les répondants qui détiennent un diplôme universitaire, qui ne sont pas nés au Canada, ou qui sont âgés de moins de 35 ans – se disent davantage prêts à accepter une réduction de salaire pour améliorer leurs conditions depuis 2020.</p>
<p>En revanche, la tendance n’est pas claire en ce qui a trait aux femmes. Alors qu’une proportion relativement élevée d’entre elles se disait prête à faire un tel compromis en 2018 et en 2021, ce n’était pas le cas en 2020 et en 2022. De même, l’analyse des données des répondants selon le secteur d’emploi ne permet pas de dégager des constats qui se répètent d’une année à l’autre.</p>
<h2>La tendance se maintient</h2>
<p>Le télétravail, qui est un avantage <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2021001/article/00012-fra.htm">souhaité par la majorité de ceux qui l’ont expérimenté</a>, facilite la conciliation de plusieurs parents. D’ailleurs, la tendance selon laquelle la conciliation emploi-famille serait facilitée depuis le début de la crise sanitaire et la mise en place du télétravail semble se pérenniser.</p>
<p>Ce constat est important et inattendu. <a href="https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/14234">Nos recherches</a> ont montré qu’une proportion supérieure de parents <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-facilite-la-conciliation-emploi-famille-mais-moins-pour-les-femmes-161718">avaient affirmé avoir une conciliation emploi-famille « facile » en période de confinement</a>. Nous émettions alors l’hypothèse que cette perception d’une conciliation facilitée était le résultat d’une diminution des conflits de temps lors des périodes charnières le matin et en fin d’après-midi.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483282/original/file-20220907-13-l8ucai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p>À la suite de la réouverture des écoles et avec la reprise de l’ensemble des activités parascolaires, il semblerait que ce soit davantage le télétravail et <a href="https://tout-petits.org/publications/sur-le-radar/Covid-19/les-employeurs-des-partenaires-essentiels-de-la-conciliation-famille-travail/">l’attitude des employeurs</a> que l’absence d’activités pour les enfants, qui facilite la conciliation. C’est ce que révèlent les données recueillies en 2021 et 2022. Puisque la plupart des parents estiment avoir une conciliation « facile », ils sont donc possiblement moins enclins à diminuer leur salaire pour de meilleures conditions.</p>
<h2>Les enseignants ressentent une diminution du soutien offert par leur employeur</h2>
<p>La majorité des employés avec des responsabilités de soins affirment que leur employeur a « maintenu » (53 %) ou augmenté (10 %) le soutien qui leur était offert depuis le début de la crise. L’empathie manifestée par les employeurs à l’égard de leurs employés s’est donc poursuivie au-delà des semaines de confinement obligatoire.</p>
<p>À l’inverse, parmi tous les secteurs d’emploi, ce sont les répondants qui travaillent dans le domaine de l’enseignement qui sont proportionnellement les plus nombreux à percevoir une baisse de soutien de leur employeur. Est-ce là le reflet d’une certaine fatigue pandémique, les enseignants ayant été constamment sollicité à <a href="https://theconversation.com/enseignement-a-distance-un-succes-mitige-et-des-lecons-a-tirer-158859">changer leur approche pédagogique</a>, tout en gérant le port du masque chez les élèves ?</p>
<p>Difficile à dire. Dans un contexte où <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-07-08/recrutement-d-enseignants/une-occasion-de-repenser-la-profession.php">près d’un enseignant sur quatre quitte la profession dans les cinq premières années</a>, il faudra rapidement réfléchir aux bonnes pratiques en termes de gestion des ressources humaines afin de soutenir et de reconnaître le travail des enseignants et ainsi éviter d’accentuer la pénurie de main-d’œuvre.</p>
<h2>Les impacts de la pénurie de main-d’œuvre</h2>
<p>La pénurie de main-d’œuvre à laquelle le Québec fait face pourrait se révéler un couteau à double tranchant pour les conditions de travail. D’une part, les difficultés de recrutement des organisations créent une <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-05-23/la-penurie-de-main-d-oeuvre-vraiment-une-bonne-nouvelle.php">pression sur la hausse des salaires</a>. Selon certains observateurs, les candidats à la recherche d’un emploi peuvent négocier de manière très avantageuse leurs <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-06-04/entrevues-d-embauche.php">conditions d’embauche</a>.</p>
<p>D’autre part, les données de 2022 montrent que la moitié des répondants affirment que la pénurie de main-d’œuvre nuit à l’accès à des mesures de conciliation. Les femmes (54 %), les enseignants (65 %) et les travailleurs dans le secteur de la santé et des services sociaux (62 %) étaient significativement plus enclins à faire ce constat, sans doute en raison du manque de main-d’œuvre et de l’intensification du travail dans ces milieux.</p>
<p>À un moment où les employeurs cherchent par tous les moyens à attirer et à conserver la main-d’œuvre, les employeurs devraient certes revoir leur attitude face aux mesures de conciliation. Des éléments comme une table de billard, une machine expresso, le fait de pouvoir amener son chien au bureau, l’offre d’aliments gratuits (viennoiseries, fruits) et des services de concierge peuvent parfois attirer du personnel à court terme.</p>
<p>Mais pour favoriser la rétention de ce personnel à long terme, il faut plutôt miser sur la flexibilité des horaires et divers aménagements du temps de travail et de l’espace de travail (télétravail).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189182/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Mathieu a reçu du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour ses recherches sur la conciliation emploi-famille. Sophie Mathieu travaille aujourd'hui pour l'Institut Vanier de la famille.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Diane-Gabrielle Tremblay a reçu des financements de l'université Téluq et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour ses recherches sur la conciliation emploi-famille.</span></em></p>La proportion des parents se disant ouverts à une baisse de salaire en échange de meilleures mesures de conciliation a chuté à 31 % en juin 2020, et stagné à 27 % en mai 2021 et 2022.Sophie Mathieu, PhD en sociologie, Université TÉLUQ Diane-Gabrielle Tremblay, Professeure à l'Université TELUQ, Université du Québec, directrice de l'ARUC sur la gestion des âges et des temps sociaux et de la Chaire de recherche du Canada sur l'économie du savoir, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1890962022-08-29T18:05:17Z2022-08-29T18:05:17ZIs it important to post election signs in languages other than French in Québec?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/481629/original/file-20220829-24-109am8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C0%2C4550%2C2997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Coalition Avenir Québec Leader François Legault launches his campaign at the Montmorency Falls with candidates, Aug. 28, 2022 in Québec City.</span> <span class="attribution"><span class="source">THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot</span></span></figcaption></figure><iframe style="width: 100%; height: 100px; border: none; position: relative; z-index: 1;" allowtransparency="" allow="clipboard-read; clipboard-write" src="https://narrations.ad-auris.com/widget/the-conversation-canada/is-it-important-to-post-election-signs-in-languages-other-than-french-in-quebec" width="100%" height="400"></iframe>
<p>In electoral campaigns, election signs help candidates market themselves. But does the language of an election sign matter in a multilingual society?</p>
<p>This question is relevant in Québec, especially as the province begins <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-2022-election-campaign-start-1.6564813">its fall election campaign</a>. </p>
<p>While Québec is predominantly French-speaking, the population of potential voters in Québec is linguistically diverse. According <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/dp-pd/prof/details/page.cfm">to the 2021 census</a>, 93.7 per cent of Quebecers know French, but 28.2 per cent speak a language other than French at home. And the majority of the population <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/fogs-spg/Page.cfm?Lang=E&Dguid=2021A000224&topic=6">knows more than one language</a> — 14.5 per cent know three or more. This makes Québec the province with the most bilingual and multilingual people in Canada. </p>
<h2>Languages on election signs</h2>
<p>Despite that linguistic diversity, Québec’s political parties post few signs in languages other than French during campaigns. In fact, our research — yet to be published — shows that over the last 100 years, less than 10 per cent of political signs posted in the province were bilingual or in English. </p>
<p>The majority of signs were in French or did not convey a particular message other than the name of the candidate, party or riding. </p>
<p>Our findings also show that the presence of English on election signs has fluctuated over time. For example, 22 per cent of signs had some English on them in the 1950s and ‘60s. This percentage fell to 2 per cent from the 1970s to 2000s, followed by a timid resurgence of English in the 2010s. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Languages on election signs by decade in Québec" src="https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=410&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=410&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480924/original/file-20220824-10117-wneb24.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=410&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Which language appears on election signs in Québec has varied for the past 100 years.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Marc Pomerleau)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>In translation studies, we say that translation not only serves as a textual indicator of meaning, but also as a sociopolitical indicator. This is clearly the case when it comes to election signs. </p>
<p>The overall disappearance of English from election signs coincides with the redefinition of the political and social balance of power in Québec <a href="https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/quiet-revolution">since the 1960s</a>. </p>
<p>One might assume that posters are almost exclusively in French because of the <a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/en/document/cs/C-11/19991022#se:59">Charter of the French Language</a>, but in no way does it prevent political advertising in other languages. The explanation here lies in the context rather than the law.</p>
<h2>Should political parties post signs in different languages?</h2>
<p>As the vast majority of Quebecers know French, political parties could easily decide to post their election signs in French only. But it is also true that people tend to <a href="https://csa-research.com/Featured-Content/For-Global-Enterprises/Global-Growth/CRWB-Series/CRWB-B2C">prefer content in their mother tongue</a>. </p>
<p>That fact however doesn’t mean a political party would gain votes by posting signs in English or other languages. </p>
<p>To find out how Quebecers perceive election signs in different languages, we conducted a survey on electorate language preferences — the results of which will soon be published in <a href="https://www.erudit.org/en/journals/meta/"><em>Meta</em></a>. Our survey consisted of multiple-choice questions where participants were shown several hypothetical unilingual and bilingual election signs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="A collage of three election signs with varying degrees of bilingualism." src="https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480926/original/file-20220824-12-911l98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">In Québec, election signs are predominantly in French.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Musée québécois de culture populaire, Collection Dave Turcotte/Musée virtuel d'histoire politique du Québec, Québec Solidaire)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Perception of French and English signs</h2>
<p>The vast majority of Francophones (82.9 per cent) had positive feelings towards a unilingual French poster. Among non-Francophones, 61 per cent felt the same. </p>
<p>For a sign in English only, a mere 4 per cent of Francophones liked it, compared to 18.7 per cent of non-Francophones. When it came to bilingual (French-English) signs, 39.1 per cent of Francophones and 69.5 per cent of non-Francophones had positive feelings. </p>
<p>This shows that what bothers Québec voters is not so much the presence of English on signs, but the absence of French — English-only signs bothered 91.5 per cent of Francophones and 61 per cent of non-Francophones. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="A graph showing how people feel about bilingual election signs in Québec." src="https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480927/original/file-20220824-9546-6hueb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Over 69 per cent of non-Francophones had positive feelings towards bilingual signs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Marc Pomerleau)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Perception of signs in other languages</h2>
<p>When presented with signs with a message in a foreign language, participants generally felt more positively towards those showcasing languages closer to French like Spanish, Italian and Portuguese — especially compared to those using a different script like Arabic, Mandarin and Russian. </p>
<p>The bilingual French-Spanish sign was the most widely accepted. Spanish is also the most widely understood foreign language in the province with a total of over 450,000 speakers. So what seemed to bother participants was their inability to understand a language. </p>
<p>However, a sign in Inuktitut generated very positive feelings across all Quebecers, especially when the sign was bilingual with French. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Québec election signs in French from over the years." src="https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=303&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=303&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=303&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=381&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=381&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480932/original/file-20220824-4026-r6jk1z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=381&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">As the vast majority of Quebecers know French, political parties could easily decide to post their election signs in French only.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Collection Richard G. Gervais/Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Marc Pomerleau)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Should political parties post signs in multiple languages?</h2>
<p>Although our participants’ perceptions of hypothetical signs don’t necessarily translate into who they will vote for in real situations, they exemplify the linguistic preferences of the Québec electorate. </p>
<p>Francophones prefer by far French-only signs and non-Francophones have similar positive feelings towards French-only signs and bilingual French-English signs, the latter being slightly preferred. </p>
<p>Our findings suggest that Québec politicians who wish to put up provincial election signs in languages other than French should do so with caution. </p>
<p>Bilingual signs and signs in other languages could be used strategically in locations chosen with care, taking into account where said languages are actually spoken. </p>
<p>It will be interesting to see what political parties actually do during the 2022 campaign, especially in the context of <a href="http://m.assnat.qc.ca/en/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-96-42-1.html">Bill 96</a> and the newly released census data showing a <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220817/g-a002-eng.htm">decline of French</a>. </p>
<p>Signs in languages other than French could be seen as an outstretched hand in yet another episode of linguistic tensions, but also as an indicator that French is indeed losing ground.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189096/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Pomerleau receives funding from Fonds d’aide institutionnel à la recherche, Université TÉLUQ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Esmaeil Kalantari does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Signs in languages other than French could be seen as an outstretched hand in yet another episode of linguistic tensions, but also as an indicator that French is indeed losing ground.Marc Pomerleau, Professeur de linguistique et de traductologie / Professor of linguistics and translation, Université TÉLUQ Esmaeil Kalantari, Auxiliaire de recherche, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1829872022-05-25T13:35:45Z2022-05-25T13:35:45ZDes modèles masculins pour développer l’envie de lire chez les garçons<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/463437/original/file-20220516-12-4dwr4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C994%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">«Lire avec fiston» est un projet de littératie familiale simple et efficace qui pourrait être reproduit dans différents pays et différentes langues.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Nous entendons souvent que les garçons ne lisent pas ou n’aiment pas lire. Or, les garçons lisent, mais pas nécessairement ce que le milieu scolaire leur propose ; les garçons vont préférer lire des documentaires, des bandes dessinées ou des magazines, par exemple. De là l’importance qu’ils puissent choisir les livres qu’ils désirent lire et de varier les choix proposés.</p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheures multidisciplinaires, intéressées notamment par la littératie, les difficultés d’apprentissage, la relation famille-école-communauté et la psychologie. La littératie dans son ensemble inclut la lecture, l’écriture, la compétence orale et plusieurs autres variables comme les valeurs et la culture.</p>
<h2>Importance d’un modèle de lecteur masculin pour les fistons</h2>
<p>L’absence d’un modèle masculin « positif » de lecture peut expliquer pourquoi les garçons sont moins portés à lire et peuvent avoir une perception négative de la lecture. Le fait d’intégrer la famille à l’intérieur d’un projet de littératie, dans un contexte non scolaire, peut influencer la perception que les élèves ont de la lecture et développer leur envie de lire.</p>
<p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10888691.2013.836034">Certaines études scientifiques</a> démontrent qu’en intégrant le père dans les programmes de littératie familiale, une influence positive émerge sur le développement de la littératie des enfants, et plus particulièrement des garçons. La <a href="https://depot.erudit.org/bitstream/003789dd/1/Beauregard_Carignan_MELS_litteratie_familiale.pdf">littératie familiale</a> est notamment le fait de développer la compétence à lire dans le milieu familial. C’est dans cette visée que nous avons créé le projet <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/grands-lacs-cafe/segments/entrevue/66821/acfas-carignan-lire-fiston"><em>Lire avec fiston</em></a> en 2008. Depuis, 30 trios masculins ont vu le jour, mais, avec la pandémie, ce mode de fonctionnement n’était plus possible.</p>
<p>Ce projet de littératie familiale favorise la création de trios masculins (papa, fiston et étudiant en enseignement) qui partagent un temps de lecture à la maison.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="3 hommes d’âge différent tiennent un certificat" src="https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463434/original/file-20220516-26-ee4gja.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le but du projet « Lire avec fiston » était de partir des intérêts de lecture des garçons en difficulté de lecture (ou non motivés à lire) pour développer leur envie de lire par l’entremise de trios masculins (papa, fiston et futur enseignant).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le but du projet est de partir des intérêts de lecture du fiston en difficulté de lecture, ou en manque de motivation (8-9 ans), pour développer son envie de lire. Pourquoi à cet âge ? Parce que c’est le moment où le fossé se creuse entre les bons lecteurs et les lecteurs en difficulté.</p>
<p>Le futur enseignant se déplace dans le milieu familial de façon bénévole avec son sac de livres jeunesse, de genres littéraires différents, liés aux intérêts du fiston. Le fiston est le chef : en maitre d’œuvre du trio, il décide ce qui sera lu lors des rencontres. Avec <em>Lire avec fiston</em>, les <a href="https://lewebpedagogique.com/alireetaecrire/les-dix-droits-du-lecteur/">10 droits du lecteur de l’auteur Daniel Pennac</a>, qui sont tirés de son œuvre « Comme un roman », sont respectés. Ces droits vont à l’encontre de ce qui est généralement prôné dans le milieu scolaire :</p>
<ol>
<li><p>Le droit de ne pas lire</p></li>
<li><p>Le droit de sauter des pages</p></li>
<li><p>Le droit de ne pas finir un livre</p></li>
<li><p>Le droit de relire</p></li>
<li><p>Le droit de lire n’importe quoi</p></li>
<li><p>Le droit au bovarysme (de rêver !)</p></li>
<li><p>Le droit de lire n’importe où</p></li>
<li><p>Le droit de grappiller</p></li>
<li><p>Le droit de lire à haute voix</p></li>
<li><p>Le droit de nous taire</p></li>
</ol>
<p>À l’âge adulte, nous nous autorisons tous ces droits.</p>
<p>À l’école, les élèves doivent souvent lire des œuvres qui ne les intéressent pas. Ils doivent les finir et ne doivent surtout pas sauter des pages. Quand ils sont plus grands, vers le milieu du primaire, on leur dit souvent que la vraie lecture est la lecture de <a href="https://chezlefilrouge.co/2018/08/16/la-lecture-de-bandes-dessinees-est-elle-moins-valorisante-que-la-lecture-de-romans/">romans</a>, alors que c’est complètement faux. Par exemple, lire une <a href="https://litmedmod.ca/sites/default/files/r2lmm/r2-lmm_vol1_boutin-vmartel.pdf">bande dessinée</a> est extrêmement riche et complexe. Un vrai lecteur de BD lit le texte et l’illustration de chaque case, en interaction, pour en saisir toutes les subtilités. Il en va de même pour l’album (livre d’images) : le texte et les illustrations forment un tout riche et indissociable pour tous les âges. Et souvent, les illustrations « parlent » plus que le texte.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="tintin sur un fauteuil avec Milou à ses pieds" src="https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463721/original/file-20220517-14-dfyj4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les garçons vont préférer lire des documentaires, des bandes dessinées ou des magazines, par exemple.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Déroulement du projet</h2>
<p><strong>Première rencontre entre tous les participants</strong></p>
<p>Cette rencontre a normalement lieu à l’école avec la direction d’école, l’orthopédagogue (le cas échéant), l’enseignant, les parents masculins, les futurs enseignants, les fistons et les chercheures. C’est à ce moment que les questions sont posées, que les rôles de chacun sont déterminés et que les trios sont formés. Les trios masculins échangent leurs coordonnées et s’entendent de l’heure et de l’endroit (maison ou ailleurs) pour une première rencontre en trio, selon les disponibilités de chacun.</p>
<p>Il est à noter que les fistons ont comme information qu’ils ont été « choisis » pour vivre un projet de lecture avec leur papa (ou toute autre figure masculine significative).</p>
<p><strong>Rencontres des trios masculins</strong></p>
<p>Le mode de fonctionnement est libre et aucune préparation de la part du parent ni de l’enfant n’est nécessaire avant ou après les rencontres. La durée de chaque rencontre varie entre 45 minutes et deux heures.</p>
<p>Au début du projet, les trios masculins se rencontraient dans le milieu familial, toutes les deux semaines, pendant une heure ou deux, sur une période de quatre mois. Nous recommandons maintenant de réaliser le projet pendant toute l’année scolaire pour permettre une plus grande flexibilité. De plus, au départ, un minimum de trois rencontres était prévu ; nous conseillons maintenant entre 6 et 8 rencontres pour favoriser la création d’une dynamique positive et d’une relation de confiance à l’intérieur des trios.</p>
<p>Dans cette relation égalitaire, chaque membre du trio a un rôle déterminé :</p>
<ul>
<li><p>le fiston choisit ce qui sera lu – ou non – et décide comment se déroulera chacune des rencontres ;</p></li>
<li><p>le futur enseignant, en personne-ressource, apporte des œuvres jeunesse diversifiées liées aux intérêts du fiston et suit l’enfant dans ses choix de lecture ;</p></li>
<li><p>le père (ou toute autre figure masculine significative) participe à la lecture des œuvres choisies par le fiston et guide le futur enseignant pour qu’il saisisse bien les intérêts de lecture de son enfant.</p></li>
</ul>
<p><strong>Dernière rencontre entre tous les participants</strong></p>
<p>Tous les participants se retrouvent dans un restaurant, par exemple, pour ne pas que le projet soit associé au scolaire. Malheureusement, les garçons ont souvent une mauvaise perception de la lecture à cause de l’école, car ils l’associent directement à l’évaluation.</p>
<p>Pendant cette rencontre amicale, les impressions de chacun sur le projet sont recueillies. Le but est également de documenter les changements constatés chez les fistons et les améliorations possibles du projet. À ce moment, les futurs enseignants remettent aux fistons, en cadeau, des œuvres jeunesse qui font partie de leurs préférences. L’équipe de recherche remet également une attestation valorisant la participation au projet aux fistons, aux pères (ou autres figures masculines) et aux futurs enseignants.</p>
<h2>Retombées positives du projet <em>Lire avec fiston</em></h2>
<p>Le projet a été vécu au <a href="https://extranet.puq.ca/media/produits/documents/1781_9782760525467.pdf">Québec</a>, en <a href="https://journals.library.brocku.ca/brocked/index.php/home/article/view/829">Pennsylvanie</a> et en <a href="https://l-express.ca/lire-avec-fiston/">Ontario</a>. Selon les entrevues de groupe, les retombées ont été positives pour tous les membres des trios masculins.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1017030318312906752"}"></div></p>
<p>Dans un premier temps, les fistons semblent avoir développé un plus grand intérêt à lire, car ils peuvent lire ce qui les intéresse réellement. Les fistons ressentent aussi un plus grand sentiment de compétence en lecture après le projet.</p>
<p>Dans un deuxième temps, les relations père-enfant et famille-école évoluent de façon positive. Les papas (ou autre figure masculine) semblent avoir compris à quel point leur rôle de modèle de lecteur masculin pour fiston est important, qu’ils peuvent avoir une influence sur la réussite scolaire de leur enfant et qu’il est gratifiant de lire et d’interagir avec leur fiston.</p>
<p>Dans un troisième temps, les futurs enseignants ont appris à travailler avec des situations familiales diversifiées et l’importance d’établir un bon lien avec le parent. Enfin, ils ont compris la pertinence de permettre aux garçons de faire leurs propres choix en matière de lecture et l’impact d’un modèle de lecteur masculin.</p>
<p><em>Lire avec fiston</em> est donc un projet de littératie familiale simple et efficace qui pourrait être reproduit dans différents pays et différentes langues pour développer l’envie de lire chez les garçons.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182987/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Carignan a reçu du financement du CRSH Développement Savoir pour ce projet. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annie Roy-Charland, France Beauregard, Joanie Viau et Marie-Christine Beaudry ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Lire avec fiston est un projet de littératie familiale simple et efficace qui pourrait être reproduit dans différents pays et différentes langues pour développer l’envie de lire chez les garçons.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire, Université TÉLUQ Annie Roy-Charland, Professeure titulaire en psychologie, Université de MonctonFrance Beauregard, Professeure associée en relation famille-école-communauté, Université de Sherbrooke Joanie Viau, Chargée d'encadrement, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1748262022-05-09T14:18:31Z2022-05-09T14:18:31ZEnseignement virtuel : la technologie ne doit pas prendre le dessus sur les apprentissages<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/445797/original/file-20220210-63440-6jceb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Depuis mars 2020, le Canada a vu émerger l’enseignement virtuel synchrone et asynchrone dans le milieu scolaire. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis le début de la pandémie de Covid-19, en mars 2020, différentes méthodes d’enseignement à distance ont été mises en place au pays. Les <a href="https://r-libre.teluq.ca/2465/">deux modes principaux qui ont émergé</a> sont l’enseignement virtuel synchrone (en direct, à l’écran) et l’enseignement virtuel asynchrone (l’enseignant enregistre son cours à l’avance et il peut être visionné à tout moment, ou alors il donne des activités et devoirs à faire à la maison par l’entremise d’une plate-forme d’apprentissage).</p>
<p>Les enseignants ont donc dû revoir leurs méthodes d’enseignement et s’adapter, en quelques jours, à l’enseignement en ligne. L’<em>Education Endowment Foundation</em>, une fondation subventionnée par le ministère anglais de l’Éducation, a synthétisé des <a href="https://educationendowmentfoundation.org.uk/public/files/Remote_Learning_Rapid_Evidence_Assessment.pdf">méta-analyses</a> (synthèse de recherches expérimentales) afin de formuler des recommandations pédagogiques pour guider l’enseignement à distance.</p>
<p>Elles disent, en gros, que les méthodes efficaces en mode présentiel doivent être transposées en mode virtuel. Et que l’enseignant ne doit pas être submergé par les technologies.</p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs en enseignement en milieu scolaire, intéressés notamment par la littératie, l’adaptation scolaire et sociale et la dynamique de l’enseignement-apprentissage. Pourquoi s’intéresser à ce sujet alors que la pandémie s’essouffle et que les élèves sont à l’école ? Car il est important, à notre avis, de faire un bilan de ces deux dernières années et de documenter pour l’avenir.</p>
<h2>Gérer sa classe</h2>
<p>Lors d’un enseignement virtuel synchrone, il est très facile de perdre le contrôle de la classe s’il n’y a pas une gestion efficace des comportements, tout comme en mode présentiel. Il importe ainsi d’identifier les comportements attendus (éteindre son micro, lever sa main virtuelle pour avoir son tour de parole, ne pas couper la parole) et <a href="https://www.taalecole.ca/gestion-efficace-comportements/">montrer exactement ce à quoi on s’attend des élèves</a>, ce qu’on appelle dans le jargon le « modelage ».</p>
<p>Par la suite, les élèves pratiquent les comportements désirés sous la supervision de l’enseignant qui s’assure de leur fournir de la rétroaction. Les comportements inadéquats qui compromettent l’enseignement et l’apprentissage ne peuvent être tolérés, mais certains peuvent être illustrés avec humour et contrexemples par l’enseignant afin d’éviter leur apparition. Lorsque les comportements attendus sont adoptés par les élèves, et que la <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/260/200">gestion de classe virtuelle</a> fonctionne bien, l’<a href="http://rire.ctreq.qc.ca/2015/12/enseignement-explicite-dt/">enseignement</a> des contenus devient possible.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Depuis mars 2020, les enseignants ont dû revoir leurs méthodes d’enseignement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans le contexte de l’enseignement en ligne, le modelage peut prendre plus de temps. Il n’est pas toujours possible de voir ce que les élèves écrivent, d’où l’importance de poser des questions pour comprendre leur mode de fonctionnement et de vérifier leurs apprentissages. Par conséquent, il s’avère opportun d’expliquer et de réexpliquer.</p>
<h2>Une plate-forme inadéquate</h2>
<p><em>Google Classroom</em> est l’une des plates-formes d’apprentissage gratuites utilisées par le milieu scolaire pour créer des activités de façon numérique. Cette plate-forme est intéressante pour intégrer du matériel pédagogique, mais pas nécessairement pour enseigner en temps réel, de façon synchrone. Trop souvent, le temps d’enseignement est passé à faire de la logistique, ce qui représente une perte de temps d’enseignement.</p>
<p>Par exemple, des parents interrogés dans le cadre d’une <a href="https://r-libre.teluq.ca/2465/">recherche sur l’enseignement virtuel et en présentiel en temps de pandémie</a>, que nous avons menée, ont mentionné à un chercheur qu’une enseignante a utilisé trois périodes de 55 minutes à expliquer à des enfants de 2<sup>e</sup> année du primaire comment aller chercher un document sur le <em>Classroom</em>. Quand un parent a proposé de projeter le document à l’écran en mode présentation, au lieu que chaque élève ait son propre document sur son ordinateur, sa réponse a été : « Je veux que les enfants apprennent à aller chercher les documents sur mon <em>Classroom</em> »…</p>
<p>Mais quels apprentissages ont été faits ici ? Aucun ! À cet âge, les élèves ne savent pas nécessairement comment naviguer sur les différentes plates-formes. L’enseignant ne sait pas non plus quels onglets sont ouverts sur l’ordinateur des élèves et chaque enseignant a sa propre façon d’utiliser la plate-forme. De plus, l’utilisation de <em>Google Classroom</em> est loin d’être intuitive pour les élèves et pour les parents.</p>
<h2>Revenir à la base</h2>
<p>Ce n’est pas parce qu’on enseigne en ligne <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-01-17/la-fin-de-la-technophilie-en-education.php">que l’on doit utiliser la technologie à tout prix</a>. Parfois c’est intéressant, parfois moins. Faire un partage d’écran d’une vidéo de <em>Just Dance</em> sur YouTube pour un cours d’éducation physique, c’est pertinent. Les enfants bougent et ils s’amusent tout en dansant sur des chansons diversifiées.</p>
<p>Sinon, une façon simple de ne pas perdre le contrôle — ou de le reprendre — reste l’utilisation du tableau blanc effaçable, des cahiers d’activités en version papier ou des feuilles à imprimer. Les activités papier-crayon fonctionnent très bien avec les élèves, les parents et les enseignants. Les élèves connaissent déjà leurs cahiers d’activités et ceux-ci ne seront pas confrontés à des problèmes techniques.</p>
<p>Il est nettement plus facile de dire aux élèves de prendre leur cahier d’apprentissage <em>1, 2, 3… avec Nougat</em> en mathématique que de leur dire d’aller sur <em>Google Classroom</em> pour trouver un document XYZ dans une sous-section d’une autre sous-section où plusieurs possibilités s’affichent pour l’ouvrir. Pour les parents, c’est aussi plus simple — et beaucoup moins stressant — de répondre aux questions de leurs enfants par l’entremise d’un cahier d’activités en version papier. Ils se sentent alors plus compétents et plus confiants pour <a href="https://formation-profession.org/fr/acts/live/689">aider leurs enfants dans leurs apprentissages</a>. Les documents sur <em>Google Classroom</em> (qui est vierge à la base puisque l’enseignant construit la plate-forme en fonction de sa planification) ou toute autre plate-forme d’apprentissage comme <em>Zorbit</em> en mathématique ou <em>Boukili</em> en lecture, sont plutôt utiles pour réaliser des devoirs ou pour réviser la matière vue à l’école pendant la journée.</p>
<p>Lorsque les élèves font l’école virtuelle synchrone, le temps d’enseignement est trop précieux pour qu’il soit consacré à l’apprentissage d’une plate-forme. La priorité demeure d’enseigner et d’apprendre.</p>
<p>L’apprentissage de n’importe quelle plate-forme web devrait avoir été effectué en salle de classe avec les élèves, en personne, afin que l’enseignant ait pu s’assurer de leur compréhension, et ce, avant que l’enseignement virtuel ait lieu. Il faut éviter à tout prix de complexifier l’utilisation des technologies afin de minimiser les pertes de temps et maximiser les occasions d’enseignement-apprentissage. Pour y arriver, le recours à des moyens simples peut faciliter la mise en œuvre d’un enseignement plus efficace dont les enfants ont tant besoin ! Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174826/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Christine Beaudry a reçu des financements du CRSH. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charlette Ménard, Isabelle Carignan, Ph.D., Joanie Viau et Steve Bissonnette ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Pour que les élèves apprennent réellement, il faut revenir à l’essentiel : les cahiers d’exercices papier-crayon, le tableau blanc effaçable et l’enseignement explicite.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire, Université TÉLUQ Charlette Ménard, Professeure, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Joanie Viau, Chargée d'encadrement, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Steve Bissonnette, Professeur titulaire Département éducation, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1725912022-04-19T13:14:19Z2022-04-19T13:14:19ZEnseignants non légalement qualifiés dans nos écoles : au-delà des inquiétudes, quelles solutions ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458243/original/file-20220414-24-z0vibq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=81%2C7%2C4886%2C3203&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des élèves d'une école primaire se préparent à entrer en classe à Montréal en janvier 2022. </span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.erudit.org/fr/revues/rse/2008-v34-n1-rse2410/018997ar/">À partir du début des années 2000</a>, et ce, pendant plus d’une dizaine d’années, la profession enseignante au Québec était marquée par une précarité croissante et une <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/idees/273863/la-fausse-penurie-d-enseignants">difficulté pour les nouveaux diplômés en enseignement à obtenir un emploi régulier</a>. Or, cette tendance s’est renversée depuis 5 ans, et de manière encore plus marquée avec la pandémie.</p>
<p>La pénurie d’enseignants est aujourd’hui devenue un enjeu prioritaire pour le système éducatif québécois. Un <a href="https://www.edcan.ca/articles/penurie-denseignants-dun-ocean-a-lautre/?lang=fr">ensemble de facteurs interreliés permettent d’expliquer l’ampleur de la pénurie actuelle</a> : augmentation du nombre d’élèves, nombreux départs à la retraite, augmentation des absences d’enseignants, diminution des inscriptions en formation des enseignants, jeunes enseignants qui quittent la profession dans leurs premières années d’exercice et diminution des ratios d’élèves par classe. Cette pénurie touche tous les ordres d’enseignement et toutes les disciplines. Certains postes ne sont pas pourvus au premier jour de la rentrée scolaire et il devient de plus en plus difficile de trouver des enseignants contractuels qualifiés ou des suppléants pour remplacer les enseignants absents en cours d’année.</p>
<p>Chercheuses au <a href="https://crifpe.ca/">Centre interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante</a>, nous avons réalisé plusieurs projets de recherche sur les <a href="https://www.grave-atnq.ca/recherche.php">enjeux associés aux pénuries d’enseignants</a>. Des <a href="https://frq.gouv.qc.ca/projet/penuries-denseignants-et-de-suppleants-au-quebec-les-pistes-de-solution-les-plus-prometteuses/">travaux récents</a> ont mis en évidence que de nombreux centres de services scolaires ont dû recourir à l’embauche d’enseignants non légalement qualifiés (ENLQ) pour contrer la pénurie d’enseignants qualifiés.</p>
<h2>Qui sont ces enseignants « non légalement qualifiés » ?</h2>
<p>Actuellement, les <a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/I-13.3,r.2.01/">autorisations d’enseigner</a> se divisent en trois catégories :</p>
<p>1) le brevet d’enseignement (enseignants ayant terminé un programme de formation à l’enseignement accrédité par le ministère) ;</p>
<p>2) le permis probatoire (enseignants en cours de formation) ;</p>
<p>3) l’autorisation provisoire d’enseigner (détenteurs d’une formation disciplinaire ayant débuté une formation à l’enseignement accréditée).</p>
<p><a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/I-13.3/20200615#se:23">L’article 23</a> de la <em>Loi sur l’instruction publique</em> dispense toutefois de l’obligation de détenir une qualification légale d’enseigner à toute personne qui effectue : 1) de l’enseignement à la leçon ou à taux horaire, 2) de la suppléance occasionnelle, 3) de l’enseignement, sous autorisation spéciale (appelée « tolérance d’engagement ») délivrée par le ministère. Dans ces trois cas, l’enseignant est alors considéré comme étant non légalement qualifié.</p>
<p>Pour accorder une <a href="http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/reseau/formation_titularisation/Autorisations_denseigner/Guide-tolerance-engagement.pdf">tolérance d’engagement</a>, la loi exige des candidats qu’ils détiennent au minimum un diplôme d’études secondaires en plus d’avoir débuté des études jugées pertinentes par le centre de services scolaire (par exemple, des études collégiales ou universitaires en éducation spécialisée, en psychoéducation, en littérature ou en sciences). Pour ce qui est des suppléants occasionnels et des enseignants à la leçon, la loi ne précise aucune exigence particulière en matière de formation, ce qui n’empêche pas les centres de services scolaires d’établir leurs propres critères de recrutement.</p>
<p>En 2018-2019, le réseau scolaire québécois comptait <a href="https://www.journaldequebec.com/2021/10/24/des-milliers-de-profs-non-qualifies">plus de 30 000 ENLQ sur un total de 121 000 enseignants</a>. Leur nombre a doublé depuis 2015-2016. De plus, selon une quinzaine d’acteurs des centres de services scolaires interviewés, une augmentation très importante du recours aux ENLQ a été observée pendant la pandémie pour remplacer les nombreuses absences des enseignants. Ces enseignants sont recrutés pour réaliser de la suppléance lors des absences ponctuelles des enseignants réguliers, mais également pour des remplacements pouvant aller de quelques semaines à toute une année scolaire.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="graphique" src="https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458617/original/file-20220419-20-dw5jnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Nombre d’enseignants dans les écoles publiques du Québec, selon leur qualification (2013-2014 à 2018-2019).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Geneviève Sirois)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Quels impacts sur les élèves et les autres membres des équipes-écoles ?</h2>
<p>Le recrutement d’ENLQ suscite de nombreuses préoccupations. Plusieurs s’inquiètent de la <a href="https://epaa.asu.edu/ojs/index.php/epaa/article/view/5295/2478">qualité de l’enseignement dispensé</a>, notamment parce que la recherche scientifique internationale a démontré que la qualité de l’enseignement a des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0013189X031009013">impacts directs sur la qualité des apprentissages des élèves</a>. Plusieurs recherches ont démontré que les <a href="https://learningpolicyinstitute.org/product/crdc-teacher-access-report">enseignants qualifiés sont plus efficaces que les enseignants non qualifiés</a>. Aussi, les ENLQ au Québec seraient <a href="http://www.ciqss.umontreal.ca/Docs/Colloques/2014_ACFAS/Esther%20L%C3%A9tourneau.pdf">plus à risque de quitter prématurément la profession</a>.</p>
<p>Notre projet de recherche a également permis d’identifier d’autres impacts du recours au ENLQ :</p>
<p>1) Des retards observés au niveau de la progression des apprentissages ;</p>
<p>2) Des changements dans les trajectoires d’accès à la profession enseignante. L’insertion professionnelle, qui arrive habituellement au terme d’un programme de 4 ans de formation comprenant quatre stages, correspond pour les ENLQ à la toute première prise de contact avec l’enseignement. Cela induit donc une recomposition du corps enseignant, où se côtoient maintenant des enseignants formés et qualifiés et des ENLQ avec peu ou pas de formation dans le domaine de l’enseignement.</p>
<p>3) Le manque de formation aurait notamment des impacts sur les compétences en gestion de classe (<a href="https://www.erudit.org/fr/revues/rse/1999-v25-n3-rse1835/032009ar.pdf">qui réfère à l’ensemble des actes réfléchis, séquentiels et simultanés qu’effectuent les enseignants pour établir et maintenir un bon climat de travail et un environnement favorable à l’apprentissage</a>), qui, selon les acteurs rencontrés, est la plus grande difficulté rencontrée par les ENLQ ;</p>
<p>4) Les défis associés à l’accompagnement des ENLQ, qui ont des besoins très importants et qui doivent être soutenus par la direction, les conseillers pédagogiques et les autres enseignants de l’équipe-école, ce qui contribue à alourdir la tâche de tous.</p>
<h2>Comment former et soutenir l’insertion professionnelle des ENLQ ?</h2>
<p>Faut-il s’inquiéter de la présence des ENLQ dans nos écoles ? Dans le contexte actuel marqué par de nombreux départs à la retraite, une hausse des effectifs scolaires et une <a href="https://www.edcan.ca/articles/penurie-denseignants-dun-ocean-a-lautre/?lang=fr">pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs d’emploi</a>, il semble de plus en plus évident que le système éducatif ne peut se priver des ENLQ face au besoin criant de personnel qualifié. Ce phénomène est inquiétant, et on en mesure encore mal les impacts sur les apprentissages des élèves. Il devient donc urgent de se questionner sur les meilleures stratégies pour soutenir le développement professionnel et l’<a href="https://www.ledevoir.com/societe/education/699261/education-le-defi-d-integrer-les-enseignants-non-legalement-qualifies">insertion des ENLQ</a>.</p>
<p>Actuellement, plusieurs centres de services scolaires ont des <a href="https://journals.openedition.org/ree/1473">programmes d’insertion professionnelle</a> pour le nouveau personnel enseignant. Ces programmes sont reconnus pour leurs <a href="https://cje-rce.ca/wp-content/uploads/sites/2/2020/09/6.-4449-F-Mukamurera-Nov-30_1035-1070.pdf">impacts positifs sur la rétention et les pratiques d’enseignement</a>. Toutefois, en 2021, seulement 10 des 55 centres de services scolaires interrogés nous ont mentionné offrir au moins un service adapté aux ENLQ. Tous les acteurs rencontrés soulignent l’importance de mettre en place de telles initiatives pour les ENLQ, particulièrement les programmes de mentorat.</p>
<p>Il est également important d’offrir des options flexibles et adaptées de formation aux ENLQ. Ces formations devraient leur permettre d’accroître leurs compétences tout en tenant compte de leur réalité et de leur expérience, d’obtenir une qualification légale, et, ultimement, d’avoir envie de poursuivre dans la carrière.</p>
<p>À cet effet, on voit se développer ces dernières années des programmes universitaires adaptés, plus souples, et ciblant des ENLQ, notamment offerts à temps partiel et à distance et visant à accroître leurs compétences pédagogiques et, dans certains cas, à les qualifier. Dans les années à venir, les universités seront donc amenées à jouer un rôle de premier plan dans le développement professionnel de ces milliers d’ENLQ.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172591/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Geneviève Sirois est chercheuse au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. Elle a reçu des financements du FRQSC pour mener un projet de recherche sur les pénuries d'enseignants. Professeure régulière à l'Université TÉLUQ, elle est également membre du Groupe d'acteurs pour la valorisation des enseignants (GRAVE). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Aline Niyubahwe est chercheuse associée au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE). Elle a reçu des financements du CRSH, de la Fondation de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (FUQAT) et du Fonds d'appuis au rayonnement des régions (FARR). Professeure régulière à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, elle est membre du Groupe d'acteurs pour la valorisation des enseignants (GRAVE). </span></em></p>Les médias font de plus en plus état de la présence d’enseignants non légalement qualifiés dans les écoles québécoises, ce qui inquiète à la fois les parents et les gestionnaires.Geneviève Sirois, Professeure en administration scolaire, Université TÉLUQ Aline Niyubahwe, Associate professor, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1706982022-02-07T17:53:18Z2022-02-07T17:53:18ZEt si la comptabilité devenait le moteur de la transition écologique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/435648/original/file-20211203-21-1hjyqqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C1%2C983%2C550&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Montréal accueillera l'un des 2 quartiers généraux du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La comptabilité, et plus précisément les normes comptables internationales couplées avec les normes sur la durabilité, peuvent-elles contribuer à la lutte contre les changements climatiques ?</p>
<p>Le 3 novembre 2021, simultanément à la tenue de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26), la Fondation des <a href="https://www.cpacanada.ca/fr/ressources-en-comptabilite-et-en-affaires/information-financiere-et-non-financiere/normes-internationales-dinformation-financiere-ifrs">Normes internationales d’information financière (IFRS)</a> annonce la création du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (International Sustainability Standards Board – ISSB).</p>
<p>Les villes de <a href="https://www.cpacanada.ca/fr/la-profession-de-cpa/a-propos-de-cpa-canada/mediatheque/2021/novembre/montreal-accueille-un-bureau-de-issb-cpa-canada-se-rejouit-de-la-decision-de-ifrs">Montréal</a> et de Francfort ont été retenues pour accueillir les quartiers généraux de l’ISSB.</p>
<p>Face à l’impuissance des organismes internationaux de normalisation sur la durabilité à faire imposer leurs normes auprès des gouvernements et sur les places boursières, la fondation IFRS, qui bénéficie d’une large acceptabilité internationale de sa normalisation comptable, a décidé de prendre les choses en main. Cette normalisation vise à ce que les états financiers et les rapports annuels des entreprises incluent de l’information sur la durabilité qui soit uniforme et comparable entre les entreprises.</p>
<p>Quel type d’information la fondation IFRS vise-t-elle à encadrer à travers la divulgation d’informations en matière de durabilité ?</p>
<p>Nous éplucherons la question, en soulevant les critiques adressées à son projet et les défis auxquels fait face l’ISSB. Ce texte fait suite à notre article qui soulignait <a href="https://theconversation.com/les-normes-comptables-doivent-devenir-plus-vertes-et-les-entreprises-chiffrer-leur-empreinte-environnementale-169416">que les normes comptables doivent devenir plus vertes et que les entreprises se doivent de chiffrer leur empreinte environnementale</a>.</p>
<p>Nous sommes tous deux professeurs de comptabilité à l’université Téluq. Je m’intéresse aux enjeux des politiques budgétaires et fiscales des gouvernements, et Houda Affes mène des recherches dans le domaine de la gouvernance d’entreprise, la responsabilité sociale et environnementale et la normalisation comptable internationale.</p>
<h2>Une information sur la durabilité, pour qui ?</h2>
<p>La fondation IFRS a entrepris, en septembre 2020, une consultation sur un nouveau rôle potentiel de normalisation en matière de durabilité. Dans un document de rétroaction, elle informe que les <a href="https://www.ifrs.org/projects/completed-projects/2021/sustainability-reporting/consultation-paper-and-comment-letters/#view-the-comment-letters">diverses parties prenantes (universitaires, ordres professionnels, banques centrales, entreprises, commissions de valeurs mobilières, etc.)</a> lui offrent un <a href="https://www.ifrs.org/content/dam/ifrs/project/sustainability-reporting/sustainability-consultation-paper-feedback-statement.pdf">large soutien pour l’accomplissement de ses activités</a>.</p>
<p>L’ISSB est donc créé dans une optique de divulgation d’information en matière de durabilité, significative pour les investisseurs, et de priorisation de cette divulgation dans un contexte de changement climatique. Une approche modulaire serait préconisée afin de permettre une flexibilité de divulgation d’information selon les exigences de diverses juridictions. La fondation compte collaborer avec les instances existantes de normalisation internationales sur la durabilité, comme le SASB (Sustainability accounting Standards Board) et le CDP (Carbon Disclosure Project).</p>
<p>L’ISSB vise initialement à établir des normes pour la divulgation <a href="https://cdn.ifrs.org/content/dam/ifrs/project/sustainability-reporting/consultation-paper-on-sustainability-reporting.pdf">d’informations de l’impact financier des événements climatiques sur les entreprises</a>. Son public cible prioritaire demeure les investisseurs (tout comme pour l’information financière), et son objectif est d’évaluer le potentiel des événements climatiques de créer ou détruire de la valeur pour les investisseurs.</p>
<p>Selon la fondation, l’objectif d’une telle divulgation est de permettre aux investisseurs de <a href="https://cdn.ifrs.org/content/dam/ifrs/project/sustainability-reporting/consultation-paper-on-sustainability-reporting.pdf">fournir leur financement à des entreprises plus durables</a>. En effet, la fondation affirme que la <a href="https://cdn.ifrs.org/content/dam/ifrs/project/sustainability-reporting/consultation-paper-on-sustainability-reporting.pdf">création ou l’érosion de valeur pour les investisseurs est interdépendante de la création de valeur ou érosion de valeur pour la société et l’environnement</a>.</p>
<p>La fondation n’exclut toutefois pas d’élargir la divulgation d’information en matière de durabilité pour <a href="https://www.ifrs.org/news-and-events/news/2021/11/ifrs-foundation-announces-issb-consolidation-with-cdsb-vrf-publication-of-prototypes/">intégrer les intérêts de parties prenantes autres que les bailleurs de fonds</a>, comme les citoyens par exemple.</p>
<p>La fondation affirme également que l’ISSB et l’IASB (<em>International Accounting Standards Board</em>, organisme qui élabore des normes comptables internationales) seront indépendants et que leurs normes seront complémentaires afin de fournir une information compréhensible aux investisseurs et autres bailleurs de fonds.</p>
<h2>Appuis et interrogations chez CPA Canada</h2>
<p><a href="https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/comment-devenir-cpa/etapes-pour-devenir-cpa/?gclid=CjwKCAiAhreNBhAYEiwAFGGKPLRTtoJ6cHc9rZIkiQiPKJhUNqa9jXpO2lwXPaHoe32oLWfP19HIuBoCxlQQAvD_BwE">CPA Canada, l’Institut canadien des comptables agréés</a>, a indiqué dès 2020 être favorable à la création de l’ISSB au sein de la fondation, ainsi qu’à la priorisation de la divulgation d’information en matière de durabilité centrée sur le besoin des investisseurs et portant sur les impacts climatiques.</p>
<p>CPA Canada est responsable de l’encadrement de la profession d’expert-comptable au Canada, de la normalisation en comptabilité et certification ainsi que d’effectuer de la recherche sur les enjeux d’affaires existants et nouveaux auxquels fait face le monde des affaires. L’institut identifie cependant certains enjeux qui, à son avis, n’ont pas été sondés dans la consultation.</p>
<p>Par exemple, CPA Canada souligne qu’il n’est pas clair, pour le moment, <a href="https://www.cpacanada.ca/fr/ressources-en-comptabilite-et-en-affaires/information-financiere-et-non-financiere/normes-internationales-dinformation-financiere-ifrs/publications/reponse-cpa-canada-consultation-ifrs-foundation">si les normes de divulgation d’information en matière de durabilité porteront sur l’information historique ou incluront également de l’information prospective</a>. CPA Canada s’interroge également sur les méthodes de quantification, des indicateurs et définition qui pourraient faire partie des normes de divulgation d’information sur la durabilité. La fondation IFRS n’a pas, pour l’instant, répondu à ces inquiétudes.</p>
<h2>Une approche critiquée</h2>
<p><a href="https://people.unisa.edu.au/carol.tilt">Carol Tilt</a>, chercheuse australienne détenant plus de 25 années d’expérience en recherche sur la divulgation en matière sociale, environnementale et en durabilité, critique le projet de normalisation en matière de durabilité de la fondation IFRS. Elle souligne notamment que les normes du GRI (Global Reporting Initiative) sont déjà reconnues mondialement et sont utilisées par 84 % des 250 plus grandes entreprises dans le monde (G250). Conséquemment, selon Tilt, la <a href="http://eifrs.ifrs.org/eifrs/comment_letters/570/570_27159_CarolTiltIndividual_0_CommentonIFRSSustainabilityReporting_CarolTilt.pdf">nécessité de créer une nouvelle entité de normalisation en matière de durabilité n’est pas nécessairement justifiée ni démontrée</a>.</p>
<p>La professeur Tilt reproche également à la fondation d’avoir une approche de la durabilité qui est restrictive et limitée aux besoins financiers des investisseurs. Elle soulève que, malgré l’intention de la fondation de réduire la complexité en matière de divulgation d’information, l’approche qu’elle adopte <a href="http://eifrs.ifrs.org/eifrs/comment_letters/570/570_27159_CarolTiltIndividual_0_CommentonIFRSSustainabilityReporting_CarolTilt.pdf">est peu susceptible de simplifier la normalisation en durabilité</a>.</p>
<p>De son côté, <a href="https://schulich.yorku.ca/faculty/charles-cho/">Charles Cho</a>, professeur de comptabilité à l’Université York souligne également que la fondation a laissé de côté les universitaires et leurs travaux de recherche au moment de concevoir son papier de consultation, et <a href="http://eifrs.ifrs.org/eifrs/comment_letters/570/570_27762_CharlesChoIndividual_0_CharlesCho.pdf">n’a tenu compte que de l’avis et des intérêts (notamment financiers) d’une partie limitée des parties prenantes et ce n’est donc pas dans l’intérêt du public</a>.</p>
<p>Les professeurs Tilt et Cho ainsi que d’autres universitaires ont signé une <a href="https://arc.eaa-online.org/blog/open-letter-chair-ifrs-foundation-trustees">lettre ouverte</a> qui demande à la fondation de revoir leur approche restrictive et centrée sur les besoins parties prenantes financières.</p>
<h2>D’importants défis pour devenir le moteur la transition écologique</h2>
<p>Si la fondation IFRS veut, à travers la comptabilité et la normalisation sur la durabilité, jouer un rôle moteur dans la transition pour une économie carboneutre en 2050 et une société meilleure, elle doit considérer les besoins d’information de toutes les parties prenantes. De cette manière, elle aura le potentiel de devenir une référence en matière de durabilité.</p>
<p>Par ailleurs, si les parties prenantes pensent que l’approche de la fondation IFRS est trop restrictive, voire biaisée en faveur des investisseurs et préjudiciable à la société, alors sa légitimité à normaliser en matière de durabilité peut être remise en question.</p>
<p>L’ISSB et l’IASB font donc face à des défis de taille et auront à prendre en compte des revendications évidentes :</p>
<p>1) Harmoniser les besoins des utilisateurs des états financiers et les objectifs de l’information financière et l’information sur la durabilité ;</p>
<p>2) Guider et outiller les entreprises pour une évaluation fiable et objective de l’impact de l’activité de l’entreprise sur l’environnement, en même temps que de les outiller pour évaluer l’impact des changements climatiques sur leurs finances ;</p>
<p>3) Guider et outiller les entreprises pour une évaluation des impacts environnementaux indirects de l’activité de l’entreprise liés à sa chaîne de valeur, un processus complexe et en grande partie basé sur des estimations, et</p>
<p>4) Guider les entreprises afin d’intégrer ces évaluations dans les états financiers.</p>
<p>Afin de relever ces défis, la fondation IFRS pourrait s’appuyer sur l’expertise d’autres corps professionnels, tels que les ingénieurs miniers, électriques, etc., afin de développer des normes de divulgation d’informations en matière de durabilité. Avec leur appui, la fondation pourrait remplir un double rôle de :</p>
<p>(1) canal d’information financière et extrafinancière fiable et objectif sur l’impact environnemental de l’activité de l’entreprise sur l’environnement et de l’impact de l’écosystème sur ses finances ; et</p>
<p>(2) moteur de la transition écologique en impactant les décisions de toutes les parties prenantes de l’entreprise (investisseurs, consommateurs, fournisseurs, partenaires étrangers, etc.) dans la prise de décisions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170698/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans un contexte où l’environnement représente une préoccupation du grand public, il est primordial de comprendre les avantages, limites et inconvénients de la normalisation en matière de durabilité.Waqas Salam, CPA, MBA, Professeur en fiscalité, Université TÉLUQ Houda AFFES, Professeur de comptabilité, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1482382021-11-29T15:49:28Z2021-11-29T15:49:28ZLes communautés côtières face au défi des changements climatiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/434453/original/file-20211129-17-18vzxf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C0%2C4500%2C2991&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Signes d'érosion sur une falaise aux Îles-de-la-Madeleine. Partout au Canada, les communautés côtières font face à des risques accrus d'érosion et de submersion, conséquences des changements climatiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le Canada est le pays avec la plus longue ligne de côte au monde, mesurant 243 042 km selon <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-402-x/2012000/chap/geo/geo01-eng.htm">Statistique Canada</a>. Bien que la majeure partie de cette côte se trouve dans des territoires peu peuplés, environ 20 % de la population du Canada, soit autour de 7 millions des presque 36 millions d’habitants du pays, <a href="https://www.worldatlas.com/articles/the-coastline-of-canada-the-longest-in-the-world.html">habitent en zone côtière</a>.</p>
<p>Avec les impacts des changements climatiques, incluant l’augmentation du niveau de la mer, des évènements hydrométéorologiques plus violents et des changements dans les conditions hivernales, les infrastructures côtières deviennent de plus en plus <a href="https://www.nrcan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/earthsciences/files/pdf/NRCAN_fullBook%20%20accessible.pdf">menacées par l’érosion et les risques de submersion marine</a>. Les impacts varient selon les régions, en fonction de leur mode d’occupation du territoire côtier, des activités économiques dominantes et de la constitution du territoire.</p>
<p>En tant que professeur en sciences de l’environnement, je travaille principalement sur les questions d’adaptation aux changements climatiques, en particulier dans les zones côtières. Je préconise des approches de recherche participative avec des intervenants du domaine public, privé ou associatif, afin d’étudier les questions de vulnérabilité, d’adaptation et de gouvernance liées aux changements climatiques.</p>
<h2>Une nouvelle réalité climatique</h2>
<p>En Arctique, où le réchauffement est plus prononcé, on observe les taux d’érosion les plus importants, pouvant atteindre <a href="https://www.rncan.gc.ca/la-science-simplifiee/articles/changements-climatiques-lerosion-des-cotes-arctiques-peut-atteindre-40-metres-par-ann/20662">jusqu’à 40 mètres par an</a>. En parallèle, dans le Golfe du Saint-Laurent, on observe une <a href="https://waves-vagues.dfo-mpo.gc.ca/Library/40855181.pdf">diminution du couvert de glace</a> en raison du réchauffement des eaux et de l’atmosphère. Ce décroissement réduit la protection des côtes des impacts des tempêtes hivernales et entraîne une recrudescence des épisodes de gel-dégel, qui <a href="https://www.ouranos.ca/wp-content/uploads/RapportBernatchez2008_FR.pdf">fragilisent les falaises côtières</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mauvaise-nouvelle-pour-la-planete-larctique-na-pas-ete-aussi-chaud-depuis-3-millions-dannees-147228">Mauvaise nouvelle pour la planète: l’Arctique n’a pas été aussi chaud depuis 3 millions d’années</a>
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<p>Ces conséquences forcent les communautés côtières à s’adapter à une nouvelle réalité climatique qui affecte la population, les infrastructures et l’activité économique. Or, souvent, ces communautés n’ont pas les ressources, autant matérielles qu’humaines ou scientifiques, nécessaires à cette adaptation. Les partenariats avec des universités, des instituts de recherche ou des ONG peuvent alors s’avérer de grande valeur.</p>
<h2>L’importance d’une approche participative</h2>
<p>Dans l’est du Canada, des projets de <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/16642">recherche-action participative (RAP)</a> impliquant des chercheurs, des acteurs de terrain et la population ont aidé des communautés locales à développer des plans et stratégies d’adaptation. De tels partenariats permettent de jumeler les <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/13482">connaissances scientifiques aux connaissances locales</a>, permettant la co-construction de plans et stratégies.</p>
<p>Ces derniers sont ainsi adaptés aux réalités locales et aux priorités exprimées par les communautés, en s’appuyant sur des <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/16664">acteurs clés dans les communautés</a>. Dans plusieurs cas, cette approche a permis de renoncer à la logique de la protection à tout prix à l’aide d’ouvrages « en dur » (digues, enrochements), visant à limiter les aléas climatiques, au profit de solutions plus souples.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/434021/original/file-20211125-15-f5warh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Exemple d’enrochement sur la côte du Nouveau-Brunswick.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par exemple, à <a href="http://www8.umoncton.ca/umcm-climat/uved/grain/4_1_1_partie_1_l_importance_de_la_participation_citoyenne_a_l_elaboration_de_plans_d_adaptation_et_le_role_de_mediateur_des_universitaires_les_cas_de_pointe_du_chene_le_goulet_shippagan_bathurst_cocagne_grande_digue_nouveau_brunswick_canada/page:26">Pointe-du-Chêne</a>, communauté côtière d’un peu plus de 700 habitants au Nouveau-Brunswick, un plan de construction d’une digue de protection entourant la presqu’île a été, du moins temporairement, abandonné. L’élévation du pont reliant la péninsule à la terre ferme a été préconisée, permettant d’éviter l’isolement de la communauté en cas d’inondation majeure, comme c’était régulièrement le cas avant.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/434020/original/file-20211125-27-fcenxs.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pont de Pointe-du-Chêne.</span>
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</figure>
<p>Or, dans certains cas, les protections côtières peuvent tout de même être retenues comme la meilleure solution aux problèmes d’érosion et de submersion. Il importe alors qu’elles soient mieux encadrées et rendues à la fois plus efficaces et moins dommageables pour l’environnement naturel.</p>
<p>Par exemple, à <a href="http://www8.umoncton.ca/umcm-climat/uved/grain/4_1_1_partie_1_l_importance_de_la_participation_citoyenne_a_l_elaboration_de_plans_d_adaptation_et_le_role_de_mediateur_des_universitaires_les_cas_de_pointe_du_chene_le_goulet_shippagan_bathurst_cocagne_grande_digue_nouveau_brunswick_canada/page:2">Pointe Carron, à Bathurst, au Nouveau-Brunswick</a>, un projet collaboratif entre l’Université de Moncton et des acteurs locaux a résulté en une recommandation d’uniformisation des structures de protection. La mise en place d’un comité de suivi multiacteurs a ainsi permis d’assurer l’harmonisation de la protection côtière sur cette pointe exposée aux aléas côtiers.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/434023/original/file-20211125-25-11kow3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Protection côtière à Pointe Carron, Bathurst, Nouveau-Brunswick.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une question de gouvernance</h2>
<p>Une adaptation efficace aux changements climatiques et aux risques hydrométéorologiques nécessite aussi de repenser la question de la gouvernance. Au Canada, la gestion des zones côtières relève essentiellement des autorités locales, qui sont responsables de la formulation de plans d’aménagement et de plans d’urgence. En effet, le soutien gouvernemental provincial et fédéral est généralement <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Adaptation-to-climate-change-in-Quebec%E2%80%99s-coastal-a-Noblet-Brisson/7b79739fae96efb2b1e0546b1b501ee79a8bca88">jugé trop faible</a>. Des échelles intermédiaires de gouvernance, régionales, sont alors explorées.</p>
<p>Au Nouveau-Brunswick, afin de renforcer la gouvernance locale, 12 Commissions de services régionaux ont été mises en place en 2013 dans le cadre du <a href="https://www2.gnb.ca/content/gnb/fr/ministeres/egl/gouvernements_locaux/content/promos/plan_daction_gouvernance_locale.html">Plan d’action pour un nouveau système de gouvernance locale</a>. Ces commissions offrent, entre autres, un soutien à la gestion du territoire et aux services d’urgences. Ces services bénéficient surtout aux nombreuses communautés rurales, qui disposent de faibles moyens institutionnels et financiers pour planifier l’adaptation aux changements climatiques et aux risques naturels.</p>
<p>Au Québec, certains organismes semi-publics agissent à une échelle régionale, par exemple les comités ZIP (zone d’intervention prioritaire), les Organismes de Bassins Versants (OBV) et les Tables de concertation régionales. Ces organismes jouent un rôle important dans la planification du territoire et de l’adaptation.</p>
<p>Les initiatives de planification de l’adaptation peuvent aussi être initiée ou fédérée par des organismes à but non lucratif. Aux <a href="http://www8.umoncton.ca/umcm-climat/uved/grain/4_2_2_etude_de_cas_partie_2_aide_a_la_decision_publique_et_evaluation_des_politiques_evaluation_des_consequences_economiques_des_changements_climatiques_a_sept_iles_perce_et_aux_iles_de_la_madeleine/page:14">Îles-de-la-Madeleine</a>, <a href="https://www.attentionfragiles.org/">l’association FragÎle</a> et le <a href="https://www.strategiessl.qc.ca/comites-zip/comite-zip-des-iles-de-la-madeleine">comité ZIP des Îles-de-la-Madeleine</a>, travaillent depuis des années sur la question de l’adaptation aux changements climatiques.</p>
<p>Dans la Baie-des-Chaleurs, le <a href="https://www.ciradd.ca/">CIRADD</a>, un centre de recherche en innovation sociale spécialisé en développement durable à Carleton-sur-Mer, coordonne le <a href="https://www.coastalzonecanada.org/wp-content/uploads/2021/03/CZCNewsletterWinter2021.pdf">projet « Gouvernance participative et résilience aux changements climatiques »</a>. Cette initiative vise à mettre en place une démarche de gouvernance participative pour favoriser la résilience des communautés face aux impacts des changements climatiques.</p>
<p>Finalement, il ne faut pas oublier le rôle des institutions de recherche, qui peuvent non seulement fournir leur expertise et connaissance, mais également accompagner les communautés dans la co-construction de plans ou stratégies d’adaptation.</p>
<p>Il s’agit notamment de la visée du <a href="https://ldgizc.uqar.ca/Web">Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières</a> de l’Université du Québec à Rimouski, à travers le <a href="https://ldgizc.uqar.ca/Web/projets/projet-resilience-cotiere">projet Résilience côtière</a>. Ce type d’initiative favorise un dialogue entre l’acquisition de connaissances et la prise de décision.</p>
<p>Le legs du passé entraîne que l’augmentation du niveau de la mer, l’augmentation des températures et d’autres effets des changements climatiques se poursuivront pendant encore des décennies et même des siècles. Le défi de l’adaptation des zones côtière est donc considérable.</p>
<p>En raison des changements continus sur une longue échelle de temps, l’adaptation doit être vue comme un processus, et non une action ponctuelle. L’adaptation mobilise de nombreux intervenants des secteurs public, privé, associatif et académique. Il n’existe pas de solution unique à l’adaptation ; au contraire, des solutions localement conçues ont le plus de chance d’être efficaces et acceptables par les communautés. Il importe cependant de s’assurer de mettre à la disposition de ces dernières les moyens nécessaires pour les mettre en œuvre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148238/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastian Weissenberger a reçu des financements du CRSH, de l'UVED, du FFENB, du RQM et du FRQ pour des projets concernant l'adaptation aux changements climatiques. Ces projets ont été menés à travers l'Université de Moncton, l'UQAM et l'Université Téluq. S. Weissenberger a été participant de certains des projets évoqués dans cet article.</span></em></p>Les communautés côtières du Canada doivent s’adapter à une nouvelle réalité, qui les expose aux aléas des changements climatiques. Cette adaptation peut être facilitée par une approche participative.Sebastian Weissenberger, Professeur en sciences de l'environnement, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1694162021-11-03T14:18:17Z2021-11-03T14:18:17ZLes normes comptables doivent devenir plus vertes et les entreprises, chiffrer leur empreinte environnementale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/429654/original/file-20211101-27-1jb1szv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le dernier rapport du <a href="https://theconversation.com/climat-le-rapport-du-giec-est-bouleversant-il-est-maintenant-temps-dagir-165851">Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)</a> et la <a href="https://www.un.org/fr/un-climate-change-conference-cop-26">COP 26 sur les changements climatiques</a> qui se déroulent présentement rappellent l’urgence de mettre en place des normes mondiales.</p>
<p>C’est ainsi que partout dans le monde, les appels envers la profession comptable se sont multipliés pour jouer un rôle plus affirmé dans la gestion de la crise et chiffrer les impacts environnementaux suscités par les activités des entreprises.</p>
<p>Il y a un projet sur la table qui viendrait remettre en question la sacro-sainte rentabilité à tout prix du calcul comptable, s’il est correctement mis sur les rails.</p>
<p>Ce projet, de l’organisme de normalisation comptable internationale (IRFS), est de créer un organisme parallèle, le <a href="https://www.iasplus.com/fr-ca/projets/ifrs/exposure-drafts/ifrs-foundation-consultation-on-amending-its-constitution-to-establish-an-international-sustainability-standards-board-issb-ed">Conseil international des normes en matière de développement durable</a> (International Sustainabilty Standards Board – ISSB) afin d’élaborer des normes sur la durabilité, qui seraient obligatoires pour les entreprises. Il risque de changer le visage de la comptabilité et de l’économie mondiale du futur.</p>
<p>Le Canada vient d’ailleurs de se proposer comme pays hôte du futur ISSB, donnant le signal d’une volonté de renouer avec les objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations unies et des cibles de réduction de carbone de <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/changements-climatiques/accord-paris.html">l’accord de Paris</a>, signé par le gouvernement Trudeau en 2015.</p>
<p>Que contient la réglementation environnementale actuelle régissant les bourses canadiennes de valeurs mobilières ? Est-ce suffisant pour que le Canada réalise la baisse espérée de ses émissions de GES ? Nous croyons que non, car l’information transmise actuellement par les entreprises est inégale et insuffisante.</p>
<p>Mon co-auteur, Waqas Salam et moi-même sommes professeurs de comptabilité à l’Université Téluq. Je mène des recherches dans le domaine de la gouvernance d’entreprise, la responsabilité sociale et environnementale et la normalisation comptable internationale. Mon collègue s’intéresse aux enjeux des politiques budgétaires et fiscales des gouvernements et à la compétitivité internationale des nations.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-transformer-la-comptabilite-en-levier-pour-relever-le-defi-environnemental-161724">Comment transformer la comptabilité en levier pour relever le défi environnemental</a>
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<h2>Le rendement financier d’abord</h2>
<p>L’objectif de maximisation de profit, réitéré par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Milton_Friedman">l’économiste américain Milton Friedman</a> dans <a href="http://websites.umich.edu/%7Ethecore/doc/Friedman.pdf"><em>The New York Times Magazine</em></a> il y a plus de 50 ans, a guidé la rédaction de la normalisation comptable.</p>
<p>Jusqu’à aujourd’hui, les normes comptables internationales de la <a href="https://www.ifrs.org/about-us/who-we-are/">fondation IFRS</a>, appliquées aux entreprises canadiennes ayant une obligation d’information du public, demeurent imprégnées de cette pensée économique classique du profit. Ainsi, l’objectif principal de l’information financière est de « fournir, au sujet de l’entité qui la présente, des informations utiles aux investisseurs, prêteurs et autres créanciers actuels et potentiels aux fins de prise de décisions ». Le rendement financier prime sur tout autre type d’information.</p>
<p>Au Canada, des lueurs de changements apparaissent depuis la signature de la <a href="https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/la-convention/qu-est-ce-que-la-ccnucc-la-convention-cadre-des-nations-unies-sur-les-changements-climatiques">Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992</a>. Des appels venant d’autres parties prenantes (consommateurs, clients, ONG, syndicats, communautés locales, etc.) pour une divulgation d’information plus globale, intégrant l’impact social et environnemental de l’entreprise, se font entendre. Plus récemment, des impacts tangibles des changements climatiques sur la performance financière des entreprises se sont fait ressentir. Rappelons-nous le secteur des assurances, lourdement touché à la suite des inondations, les activités du secteur forestier, touché par les incendies de forêt, ou encore le secteur du tourisme, doublement touché par la pandémie et les canicules. Les investisseurs commencent ainsi à comprendre le caractère crucial de la divulgation d’information environnementale.</p>
<p>Des associations comme <a href="https://share.ca/">SHARE</a> (Shareholder Association for Research and Education) poussent vers l’investissement dans des entreprises socialement responsables. La CDPQ (Caisse de Dépôts et de Placements du Québec) intègre depuis 2017 des stratégies d’investissement visant la carbo-neutralité et vient d’adopter, en septembre, une <a href="https://www.cdpq.com/fr/actualites/communiques/cdpq-annonce-nouvelle-strategie-climatique">stratégie climatique</a>. En parallèle à ces mouvements, la normalisation comptable et la réglementation des marchés financiers ont commencé à intégrer certains aspects environnementaux.</p>
<h2>Des normes environnementales insuffisantes</h2>
<p>Actuellement, les normes comptables en matière environnementale comportent trois aspects :</p>
<p>1) La norme IAS 37 </p>
<p>Elle exige la comptabilisation d’une provision (un passif – qui s’apparente à une dette) pour toute entreprise qui, par l’entremise de ses activités, cause un préjudice à l’environnement et qui a l’obligation de remise en état du site exploité. Les chiffres des états financiers reflètent ainsi une « dette environnementale » que l’entreprise devra payer à la fin de l’exploitation d’un site. Cette norme vise principalement les entreprises d’extraction minière et pétrolière. Mais la comptabilisation de ces coûts n’aurait pas existé si l’entreprise n’était pas légalement tenue de les payer à la fin de l’exploitation.</p>
<p>2) Les taxes sur le carbone</p>
<p>Depuis 2016, le gouvernement du Canada exige des gouvernements provinciaux d’instaurer <a href="https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/carbon-pricing-in-canada">soit un système de tarification du carbone (taxe sur le carbone), soit un système de plafonnement et d’échange</a>. Les entreprises assujetties à une taxe carbone, notamment parce qu’elles utilisent des combustibles fossiles et qu’elles représentent de grands émetteurs, doivent comptabiliser une charge fiscale correspondant au montant de la taxe qu’elles devront payer. Tout comme la norme précédente, cette charge fiscale n’aurait pas été comptabilisée si l’entreprise n’était pas assujettie, par la loi, à la taxe carbone. De plus, les entreprises qui peuvent contrôler les prix refilent ces coûts aux consommateurs.</p>
<p>3) Le marché carbone</p>
<p>Plusieurs provinces, dont le Québec, se sont dotées d’un <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/changementsclimatiques/marche-carbone.asp">marché du carbone</a>. Le gouvernement provincial fixe un plafond pour les émissions pour certains secteurs pollueurs en fonction de ses objectifs de réduction de GES. Chaque entreprise assujettie obtient un nombre d'unités d'émissions qui lui sont allouées (correspondant au plafond fixé). Lorsque ses émissions réelles dépassent les unités allouées, l’entreprise doit acheter des unités supplémentaires sur le marché du carbone, correspondant aux unités d’émissions en trop. Au contraire, lorsque ses émissions sont inférieures aux unités allouées, l’entreprise pourra vendre les unités d’émissions réduites sur le marché du carbone.</p>
<p>La valeur des unités d’émission en trop viendra baisser le résultat comptable et la valeur des émissions réduites viendra augmenter le résultat.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427903/original/file-20211021-20-1s76lmd.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Chaque entreprise assujettie obtient un nombre d’unités d’émissions qui lui sont allouées (correspondant au plafond fixé).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gouvernement du Québec, ministère de l'Environnement</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les exigences comptables en matière d’information environnementale sont ainsi très limitées si l’on considère les impacts environnementaux indirects liés à la chaîne de valeurs ou l’empreinte environnementale des entreprises non assujetties à un système de tarification du carbone.</p>
<h2>La divulgation d’information à la discrétion des gestionnaires</h2>
<p>Au-delà des normes comptables, les entreprises cotées sur une bourse canadienne doivent divulguer rapidement toute information importante dans ses rapports annuels. Ceci, conformément aux principes édictés <a href="https://lautorite.qc.ca/professionnels/reglementation-et-obligations/valeurs-mobilieres/5-obligations-permanentes-des-emetteurs-et-des-inities-51-101-a-58-201/51-102-obligations-dinformation-continue">dans le règlement des Autorités canadiennes en Valeurs mobilières</a> (ACVM)</p>
<p>Deux autres règlements des ACVM régissent la divulgation d’information environnementale (le <a href="https://lautorite.qc.ca/fileadmin/lautorite/reglementation/valeurs-mobilieres/0-avis-acvm-staff/2010/2010oct27-51-333-acvm-fr.pdf">51-333</a> et le <a href="https://lautorite.qc.ca/fileadmin/lautorite/reglementation/valeurs-mobilieres/0-avis-acvm-staff/2019/2019aout01-51-358-avis-acvm-fr.pdf">51-358</a>). Ils guident les entreprises pour détecter, évaluer et communiquer l’information sur les risques environnementaux et clarifient la responsabilité de la direction et du conseil d’administration dans le processus de contrôle, de divulgation et de certification de ces informations.</p>
<p>Malgré cela, l’évaluation de l’importance de l’information à divulguer demeure sujette à la discrétion des gestionnaires. Un règlement datant de 2010 souligne que l’information environnementale communiquée n’est pas nécessairement exhaustive, fiable ou comparable entre les émetteurs. Et en 2021, un rapport de <a href="https://www.tsx.com/resource/en/2672/millani-s-tcfd-disclosure-study-a-canadian-perspective-2021-06-23-en.pdf">Millani</a>, un leader canadien des services-conseils d’intégration ESG aux investisseurs et aux entreprises, conclut que l’information environnementale des entreprises de l’indice S&P/TSX composite montre une grande variabilité en termes de quantité et de qualité.</p>
<p>La réglementation de la divulgation d’information environnementale est insuffisante, en dépit de l’existence de normes sur la durabilité acceptées sur les places boursières canadiennes, qui demeurent facultatives.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427910/original/file-20211021-31540-1l3x4pj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cadres de normalisation sur la durabilité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Couper avec la profitabilité à tout prix ne sera pas facile</h2>
<p>C’est devant la multiplication des cadres de normalisation sur la durabilité à l’échelle internationale et l’absence d’obligation pour les entreprises de se conformer à un référentiel donné (à l’exception des entreprises du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande), que la <a href="https://cdn.ifrs.org/content/dam/ifrs/project/sustainability-reporting/consultation-paper-on-sustainability-reporting.pdf">fondation IFRS s’est ainsi proposée de normaliser l’information environnementale</a> et de créer un organisme internationale, l’ISSB.</p>
<p>Le défi est cependant majeur. Le nouvel ISSB devra d’abord faire un choix crucial : continuer à répondre à l’unique besoin des investisseurs, conformément à la théorie de Friedman, en imposant la divulgation de l’impact financier des risques et opportunités liés aux changements climatiques sur le profit de l’entreprise ; ou bien élargir le cercle des utilisateurs de l’information aux autres parties prenantes en imposant aussi la divulgation et l’évaluation financière de l’empreinte de l’entreprise sur son environnement.</p>
<p>La coupure relative avec la pensée économique classique du profit n’est pas facile à exercer au niveau de la comptabilité. Cette préoccupation a été exprimée par plusieurs chercheurs et environnementalistes, dont <a href="https://www.globalreporting.org/about-gri/news-center/new-ifrs-working-group-is-a-logical-next-step/">Eric Hespenheide</a>, le président du <a href="https://www.globalreporting.org">GRI</a>, un organisme indépendant de normalisation sur la performance en développement durable d’entreprises et la divulgation d’information.</p>
<p>Selon lui, les rapports identifiant les effets sur la création de valeur des questions sociales et environnementales représentent un pas dans la bonne direction. « Cependant, les entreprises doivent rendre des comptes à une multitude de parties prenantes. C’est pourquoi les rapports financiers et les rapports complets sur le développement durable doivent être sur un pied d’égalité. »</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169416/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La réglementation de la divulgation d’information environnementale est insuffisante. Un projet de normes plus sévères pourrait changer le visage de la comptabilité et l’économie mondiale.Houda AFFES, Professeur de comptabilité, Université TÉLUQ Waqas Salam, CPA, MBA, Professeur en fiscalité, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1692212021-10-11T13:15:20Z2021-10-11T13:15:20ZCOVID-19 vaccine hesitancy can be overcome through relatable stories and accessible information<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/425052/original/file-20211006-27-1bpw8rh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C2968%2C2178&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">In Montréal, people protested the Québec government's measures to help stop the spread of COVID-19.</span> <span class="attribution"><span class="source">(The Canadian Press/Graham Hughes)</span></span></figcaption></figure><p>People who are opposed to vaccination aren’t swayed by numbers or statistics. Among those refusing to get vaccinated — about 15 per cent of the population — many reject any discussion that involves science. </p>
<p>Doctors, journalists and politicians claim to be reporting strictly scientific facts that speak for themselves, particularly when it comes to the effectiveness of vaccines in protecting against <a href="https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/science/science-briefs/fully-vaccinated-people.html">severe forms of COVID-19</a>. Those who resist the vaccine, however, have a different viewpoint. To them, science is political.</p>
<p>They believe these spokespeople have dubious motives and that they are presenting and manipulating the facts to serve their own personal agendas. To understand vaccine hesitancy or resistance, we need to understand how people interpret certain scientific issues including vaccination.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/410911/original/file-20210712-19-geybnm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://theconversation.com/ca/topics/vaccine-confidence-in-canada-107061">Click here for more articles in our series about vaccine confidence.</a></span>
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<p>Recent articles <a href="https://theconversation.com/a-researchers-view-on-covid-19-vaccine-hesitancy-the-scientific-process-needs-to-be-better-explained-167681">have highlighted the importance of explaining the scientific process of manufacturing vaccines</a> and showing their efficacy rates and <a href="https://www.canada.ca/en/health-canada/services/video/ask-experts-covid-19-vaccines.html#a3">their side effects</a>. </p>
<p>We would add that it is important to make this information accessible, both as new knowledge and as experience that is shared with the rest of the population.</p>
<p>To do this, as communications researchers, we draw on our knowledge of the social and narrative dimensions of meaning-making. Indeed, well-established research in the field of communications — for example, <a href="https://doi.org/10.1111/jcom.12007">examining how patients understood information about cancer</a> — shows that our understanding is shaped by how we identify with the people in the stories we hear. Since <a href="https://doi.org/10.1215/03616878-3632230">identities and the histories that shape them are numerous and varied</a>, our interpretation of scientific facts can also be diverse. Our understanding can then take on a political dimension and lead to rigid positions.</p>
<h2>It’s the experience that counts</h2>
<p>According to the sense-making and narrativity theories developed by organizational theorist <a href="https://us.sagepub.com/en-us/nam/sensemaking-in-organizations/book4988">Karl E. Weick</a> and communication theorist <a href="https://doi.org/10.1080/03637758409390180">Walter R. Fisher</a> respectively, people first evaluate facts in the light of their own experiences and those of their relatives. These experiences are recounted and exchanged in the form of stories in which people see themselves reflected and with which they identify.</p>
<p>These stories are most effective when they present the listener as having control over their lives. For example, for many people, a story in which a family member made a wise choice about medical treatment will be more convincing than a scientific presentation.</p>
<p>When we look at conversations about vaccines on social media, we see that sharing personal stories remains one of the predominant ways in which people form their opinions about the reliability and safety of vaccines.</p>
<p>People retell their experiences as stories, so they can share and compare but also reassure each other that they are able to make their own decisions.</p>
<h2>Disconnected scientific facts</h2>
<p>While most people understand vaccination through personal experience, scientific facts are often reported in statistical form without relating them to the experience of their audience — for example the hospitalization rates of COVID-19 patients. These hospitalizations, because they are experienced by others, may not affect those who are resisting vaccination.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Two people hold signs" src="https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Anti-vaccine protesters outside a Montréal hospital. They are deaf to the scientific arguments used to encourage them to get vaccinated.</span>
<span class="attribution"><span class="source">The Canadian Press/Paul Chiasson</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Facts are often presented from the perspective of the scientists who produced them, or from media or government representatives, so believing them requires <a href="https://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/transparency-communication-and-trust-the-role-of-public-communication-in-responding-to-the-wave-of-disinformation-about-the-new-coronavirus-bef7ad6e/">trust in these institutions</a>. A decline in trust may trigger a feeling in some people that the authorities want to take away the control they have over their own lives.</p>
<p>This crisis of confidence is partly due to the fact that a majority of people have no direct experience with institutions such as medical research, journalistic enquiry or political decision-making. So when stories are presented to those who are vaccine hesitant, it feels like they are being expected to let outsiders guide them without getting any opportunity to ask questions.</p>
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Read more:
<a href="https://theconversation.com/why-ensuring-trust-is-important-in-reducing-covid-19-vaccine-hesitancy-168167">Why ensuring trust is important in reducing COVID-19 vaccine hesitancy</a>
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</em>
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<h2>Scientific facts and personal stories</h2>
<p>Based on these findings, two recommendations can be made. The first would be to include more non-scientists in reports on scientific research so that audiences can better understand the issues and feel like they are participating in the debate. For example, with the impending approval of COVID-19 vaccines for five to 11 year olds, parents of children who have participated in clinical trials of these vaccines could be used to demystify the scientific research process and provide stories that other parents can relate to.</p>
<p>Or, as the media is doing at the moment, sharing <a href="https://montreal.ctvnews.ca/young-quebecer-who-died-of-covid-19-pleaded-with-people-to-get-vaccinated-1.5603115">the stories of relatives of unvaccinated young people who died of COVID-19</a> may have an impact on those who are reluctant to get the vaccine. Some people may relate to the hesitations these people had about vaccination: “He was worried about the vaccine, yes, but all he wanted to do was to see how people would react to it to make sure it was safe for him and his family before he encouraged them to get vaccinated.”</p>
<p>In the same vein, we should ensure that those who dissect the data in the media have a scientific background and are able to present the figures in an accessible way. For example, it is possible to compare the <a href="https://www.cbc.ca/news/health/covid-vaccines-illness-death-risk-1.6171958">number of hospitalizations of vaccinated people</a> to those of unvaccinated people using high school math.</p>
<p>The second recommendation would be to have more public discussions about the kinds of situations people who are worried are experiencing. Those who dare to express doubts today are <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/apr/28/anti-vaxxers-are-wrong-but-ridicule-is-no-way-to-win-them-over">too quickly removed from the debate and relegated to the status of pariahs</a>. More examples should be presented of people who overcame their doubts, including the process through which they did so.</p>
<p>Some people who refuse vaccination see themselves as informed citizens or concerned parents. For them, this is an act of resistance that allows them to maintain control over their own lives. While it is important to ensure that scientific facts are reported, no one should downplay the importance of these legitimate concerns. </p>
<p>Publishing daily statistics on infections, hospitalizations and deaths is necessary, but is unlikely to be enough to raise awareness among hardcore vaccine resisters. To convince them, scientific facts should contextualized and made relatable to be understood as elements of a human experience.</p>
<hr>
<p><em>Do you have a question about COVID-19 vaccines? Email us at <a href="mailto:ca-vaccination@theconversation.com">ca-vaccination@theconversation.com</a> and vaccine experts will answer questions in upcoming articles.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169221/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>People who oppose vaccination won’t be swayed by statistics. To convince them, it is necessary to share real-life experiences and stories with which they will identify.Joelle Basque, Assistant Professor, Département Sciences humaines, Lettres et Communications, Université TÉLUQ Nicolas Bencherki, Associate Professor, organizational communication, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1679652021-10-04T13:05:09Z2021-10-04T13:05:09ZLes récalcitrants au vaccin veulent du vécu pour être convaincus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/423893/original/file-20210929-28-1w3732i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C22%2C2964%2C2160&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des personnes brandissent des pancartes lors d'une manifestation contre les mesures prises par le gouvernement du Québec pour aider à freiner la propagation de la Covid-19, à Montréal, le 28 août 2021.
</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes </span></span></figcaption></figure><p>Les récalcitrants à la vaccination ne se sentent pas interpellés par les chiffres et les statistiques. Les débats actuels sur la 1<sup>re</sup>, 2<sup>e</sup> et maintenant 3<sup>e</sup> dose s’apparentent à un dialogue de sourds pour une partie de la population, soit environ 15 %. De ce nombre de réfractaires à la piqûre, plusieurs s’opposent à tout discours scientifique.</p>
<p>Alors que ceux que l’on a entendus le plus durant la crise sanitaire (médecins, journalistes, ministres, etc.) expliquent ne rapporter que des faits scientifiques qui parlent d’eux-mêmes, notamment quant à l’efficacité des vaccins à protéger des <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-09-10/variant-delta/les-vaccins-protegent-contre-les-formes-severes-de-la-covid-19-selon-une-etude.php">formes graves</a> de la Covid-19, les anti-vaccins, eux, ont une lecture différente : la science est politique.</p>
<p>Ils considèrent donc ces porte-parole comme habités de motivations douteuses qui présentent et manipulent les faits de façon intéressée. Pour mieux les saisir, il faut comprendre comment les gens interprètent certains enjeux de nature scientifique tels que la vaccination.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413613/original/file-20210728-25-1gbj1jy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/confiance-dans-les-vaccins-au-canada-107062">Cliquez ici pour lire d’autres articles de notre série sur les vaccins</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De récents articles <a href="https://theconversation.com/lhesitation-vaccinale-vue-par-un-chercheur-il-faut-mieux-expliquer-la-demarche-scientifique-165288">mettent en évidence l’importance d’expliquer la démarche scientifique entourant la fabrication des vaccins</a> : montrer comment ils sont produits, leurs taux d’efficacité, de <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/video/demandez-experts-vaccins-covid-19.html?utm_campaign=hc-sc-covidvaccine-21-22&utm_medium=sem&utm_source=ggl&utm_content=ad-text-fr&utm_term=effets%20secondaires%20vaccin%20covid&adv=2122-89750&id_campaign=12876015050&id_source=121197814773&id_content=531857576608&gclid=CjwKCAjw7rWKBhAtEiwAJ3CWLF3j-sLm-eZ-ZkmofM4XgeH462376RRHA9sWfp1OMu9Jg4LRNkDWNhoCESIQAvD_BwE&gclsrc=aw.ds#a9">même que leurs effets secondaires</a>. À ces suggestions, nous ajoutons qu’il est primordial de rendre ces informations accessibles non seulement en termes de nouvelles connaissances, mais aussi en tant qu’« expérience partagée » avec le reste de la population.</p>
<p>Pour ce faire, en tant que professeurs et chercheurs en communication, nous nous basons sur notre connaissance de la dimension sociale et narrative des processus de construction du sens. En effet, la recherche bien établie en communication, par exemple sur la <a href="https://academic.oup.com/joc/article/63/1/116/4085987?searchresult=1">compréhension des traitements de cancer</a>, montre que les dynamiques identitaires (soit l’identification à des personnages de récits) nourrissent le partage d’histoires par lequel se fait l’interprétation de la réalité. <a href="https://read.dukeupress.edu/jhppl/article-abstract/41/5/873/13824/Effects-of-Competing-Narratives-on-Public">Les identités et les histoires qui les accompagnent étant nombreuses</a>, l’interprétation des faits scientifiques peut aussi être diverse et, ainsi, prendre une dimension politique et conduire à des positionnements rigides.</p>
<h2>C’est le vécu qui compte</h2>
<p>Selon les théories de la construction du sens et de la narrativité, développées respectivement par les Américains <a href="https://us.sagepub.com/en-us/nam/sensemaking-in-organizations/book4988">Karl E. Weick</a> et <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03637758409390180">Walter R. Fisher</a>, les gens évaluent premièrement les faits à la lumière de leurs expériences et de celles de leurs proches. Ces expériences sont relatées et échangées sous forme de récits narratifs, formant des histoires dans lesquelles les gens se reconnaissent et s’identifient.</p>
<p>Ces histoires sont d’autant plus efficaces lorsqu’elles présentent l’auditeur comme ayant une prise sur sa vie, lui accordant donc un rôle enviable et intéressant. Par exemple, pour plusieurs personnes, un récit dans lequel un membre de la famille a fait un choix judicieux par rapport à un traitement médical sera plus convaincant qu’un exposé scientifique.</p>
<p>Lorsque l’on observe les conversations sur les réseaux sociaux à propos des vaccins, on peut constater que le partage d’histoires personnelles demeure l’un des modes prédominants à travers lequel les gens forgent leur opinion quant à la fiabilité et l’innocuité des vaccins. C’est ainsi que les gens, en groupe, donnent un sens aux événements et s’interrogent sur les faits en les comparant à leur propre vécu et à celui de leurs proches.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=637&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=637&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=637&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=801&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=801&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422671/original/file-20210922-21-o67fzq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=801&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Facebook.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme on peut le voir dans les exemples ci-contre, dans leurs échanges, les gens ne font pas que rapporter une série de faits vécus. Ils les mettent en récit pour partager et comparer leurs expériences, mais aussi pour se rassurer mutuellement qu’ils sont à même de prendre leurs propres décisions.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422672/original/file-20210922-25-d2o7ef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Source : Facebook.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les faits scientifiques, loin des préoccupations</h2>
<p>Alors que la plupart des personnes appréhendent la vaccination à travers leur expérience personnelle, les faits scientifiques sont souvent rapportés sous formes statistiques, sans les relier au vécu de leur auditoire (par exemple, les taux d’hospitalisation de patients de la Covid-19). Ces hospitalisations, expérimentées par d’autres, ne toucheront pas les récalcitrants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux personnes tiennent des pancartes" src="https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423894/original/file-20210929-18-1oa9aw9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des manifestants anti-vaccins devant un hôpital de Montréal, le 13 septembre 2021. Ils sont sourds aux arguments scientifiques invoqués pour les encourager à se faire vacciner.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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</figure>
<p>De plus, les faits sont souvent présentés du point de vue des scientifiques qui les ont produits, ou alors émanant de représentants des médias ou du gouvernement, ce qui demande [une <a href="https://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/transparence-communication-et-confiance-le-role-de-la-communication-publique-pour-combattre-la-vague-de-desinformation-concernant-le-nouveau-coronavirus-1d566531/">confiance dans ces institutions</a>]. Une baisse de confiance déclenchera chez certaines personnes l’impression que l’on souhaite leur enlever le contrôle sur leur vie.</p>
<p>Cette crise de confiance tient en partie son origine du fait qu’une majorité de gens n’ont pas d’expérience directe de ces institutions et de leurs activités, comme la recherche médicale, l’enquête journalistique, ou la prise de décision politique. Dans ces récits qui leur sont présentés, on leur demande de se laisser guider par d’autres sans poser de questions… ou presque.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=831&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=831&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=831&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1044&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1044&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422674/original/file-20210922-17-9xwavv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1044&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Facebook.</span>
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</figure>
<h2>Imbriquer faits scientifiques et histoires personnelles</h2>
<p>À partir de ces constats, deux recommandations peuvent être formulées. La première serait d’intégrer plus de personnes non scientifiques dans des reportages sur le domaine médical ou la recherche clinique, afin que le « vrai monde » puisse mieux comprendre les enjeux et se sentir partie prenante au débat. Par exemple, avec l’approbation imminente des vaccins contre la Covid-19 pour les 5 à 11 ans, on pourrait présenter des parents d’enfants qui ont participé à des essais cliniques sur ces vaccins pour démystifier le processus de recherche scientifique et fournir de cette façon des récits dans lesquels d’autres parents peuvent se reconnaître.</p>
<p>Ou alors, comme les médias le font en ce moment, partager les <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-09-28/fauche-a-27-ans.php">récits des proches de jeunes non vaccinés et décédés de la Covid-19</a> peut potentiellement avoir un impact sur les personnes récalcitrantes. Certaines d’entre elles peuvent se retrouver dans les hésitations que ces personnes avaient envers la vaccination : « Il était inquiet par rapport au vaccin, oui, mais tout ce qu’il voulait, c’était voir comment les gens allaient y réagir pour être sûr que c’était safe pour lui et ses proches avant de les encourager à se faire vacciner ».</p>
<p>Dans la même veine, il faudrait s’assurer que ceux qui décortiquent les données dans les médias aient de bonnes connaissances scientifiques et rendent accessibles les chiffres présentés. Ainsi, à partir des mathématiques vues à l’école secondaire, il est possible, par exemple, de mieux comparer le <a href="https://www.24heures.ca/2021/08/23/une-hospitalisation-sur-cinq-concerne-une-personne-pleinement-vaccinee-y-a-t-il-lieu-de-sinquieter">nombre d’hospitalisation de personnes vaccinées</a> et celui de personnes non vaccinées.</p>
<p>La seconde recommandation serait de parler davantage dans les médias de situations vécues par des personnes inquiètes. Car aujourd’hui, ceux et celles qui osent émettre des doutes sont <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/covid-19-pourquoi-mepriser-les-antivaccins-nest-pas-une-solution_fr_61163569e4b0454ed70c6ead">trop rapidement évacués du débat et reléguées au rang de paria</a>. Alors que sans négliger la véracité des faits, on peut très bien présenter davantage d’exemples de personnes ayant surmonté leurs doutes et inquiétudes, ainsi que la démarche par laquelle ils y sont parvenus.</p>
<p>Par exemple, dans le documentaire <a href="https://youtu.be/5QZavEpLLkg">« Aiguilles sous roche »</a>, l’humoriste Louis T donne la parole aux gens qui se méfient des vaccins, et expose ses propres doutes en tant que parent et en tant que citoyen, sous forme de quête. Présenter ainsi une démarche de recherche sous forme d’histoire dans laquelle le « héros » partage les préoccupations de l’auditoire correspond bien à la théorie narrative de Walter R. Fisher dont nous parlions plus haut.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/5QZavEpLLkg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Dans le cas du refus du vaccin, certaines personnes récalcitrantes se perçoivent comme des citoyens informés ou des parents précautionneux. Pour elles, refuser le vaccin constitue un acte de résistance visant à garder le contrôle sur leur propre vie. S’il est primordial de s’assurer que les faits scientifiques soient rapportés, il ne faut pas pour autant réduire l’importance de ces préoccupations, qui sont légitimes, et du besoin de récits auxquels se rattacher. Il faut donc présenter les faits en tenant compte des expériences vécues par de nombreuses personnes anxieuses de perdre la mainmise sur leur vie.</p>
<p>Publier ces statistiques quotidiennes sur les infections, les hospitalisations et les décès est nécessaire, mais ne suffira probablement pas pour sensibiliser la frange dure des récalcitrants. Pour les convaincre, les faits scientifiques ne doivent pas être pensés et présentés comme des chiffres ou des résultats, mais comme des éléments d’une expérience humaine qui leur donne leur signification.</p>
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<p><em>Vous avez une question sur les vaccins Covid-19 ? Envoyez-nous un courriel à l’adresse <a href="mailto:ca-vaccination@theconversation.com">ca-vaccination@theconversation.com</a> et des experts répondront à vos questions dans les prochains articles.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167965/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les récalcitrants à la vaccination ne se sentent pas interpellés par les statistiques. Pour les convaincre, il faut partager des expériences vécues et des histoires avec lesquelles ils s’identifieront.Joelle Basque, Assistant Professor, Université TÉLUQ Nicolas Bencherki, Associate Professor, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1669522021-09-15T14:22:51Z2021-09-15T14:22:51ZCombattre la crise climatique en éliminant les énergies fossiles : le très difficile virage du Canada<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/420832/original/file-20210913-26-u8wepa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3000%2C1994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"> Un camion-benne travaille près de l'installation d'extraction de sables bitumineux Syncrude, près de la ville de Fort McMurray, en Alberta. L'industrie pétrolière est d'une importance capitale pour de nombreuses provinces canadiennes.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Jason Franson </span></span></figcaption></figure><p>La crise climatique est devenue au fil des décennies un enjeu politique et géopolitique majeur et un objet de mobilisation de la société civile, du secteur privé, des gouvernements et des institutions étatiques et interétatiques.</p>
<p>La présente élection fédérale n’y échappe pas : avec la gestion de la pandémie et l’économie, <a href="https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/lenvironnement-un-enjeu-electoral-essentiel-9c707f432a4991b2456a7bd3c1dffa73">l’environnement et la crise climatique sont des enjeux majeurs</a> de cette élection. C’était aussi le cas au dernier scrutin de 2019, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2019-11-12/sondage-environics-l-environnement-principal-souci-des-canadiens">où l’environnement était la principale préoccupation des Canadiens</a>.</p>
<p>La préoccupation est mondiale. Depuis près de trente ans, la gouvernance internationale a donné naissance à la <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/convention-cadre-nations-unies-changements-climatiques.html">Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques</a> (1992), au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Kyoto">protocole de Kyoto</a> (1997), et à <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/changements-climatiques/accord-paris.html">l’Accord de Paris</a> (2015).</p>
<p>Les enjeux climatiques et énergétiques ont favorisé la percée de partis écologistes dans de nombreux pays et catalysé des politiques de transition énergétique, la mise en place de marchés du carbone, <a href="https://www.edf.org/worlds-carbon-markets">qui existent dans environ 50 juridictions</a>, les mouvements de désinvestissement des énergies fossiles, <a href="https://www.forbes.com/sites/davidcarlin/2021/02/20/the-case-for-fossil-fuel-divestment/?sh=3fe2b48c76d2">suivis par plus d’un millier d’investisseurs institutionnels</a>, et une organisation à l’échelle internationale de la société civile, à l’image du mouvement « Fridays for future », ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_%C3%A9tudiante_pour_le_climat">« Grève étudiante pour le climat »</a>, qui a poussé des centaines de milliers de jeunes dans le monde à quitter leur établissement universitaire les vendredis.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-canadiens-de-toutes-les-circonscriptions-veulent-quon-agisse-pour-le-climat-selon-une-nouvelle-etude-122996">Les Canadiens de toutes les circonscriptions veulent qu'on agisse pour le climat, selon une nouvelle étude</a>
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<p>En tant que professeur en sciences de l’environnement, mes projets de recherche portent principalement sur l’adaptation aux changements climatiques ainsi que sur l’évaluation environnementale stratégique et la représentation des changements climatiques dans le discours public.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des gens portant le masque sont couchés dans une rue lors d’une manifestation" src="https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420830/original/file-20210913-27-xk3x5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des militants pour le climat manifestent lors du premier débat des chefs, en français, à Montréal, le 2 septembre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(La Presse canadienne/Nathan Denette)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>De champion à cancre de l’environnement</h2>
<p>Au Canada, les enjeux autour de la crise climatique et de l’avenir des énergies fossiles tendent à être polarisés le <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0159774">long de lignes de fracture politiques et de clivages régionaux</a>. La polarisation conservatrice-libérale observée autour du débat sur les changements climatiques au cours des deux dernières décennies est assez semblable à celle qui prévaut aux États-Unis.</p>
<p>Il n’en a cependant pas toujours été ainsi. On se souvient que la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Toronto_Conference_on_the_Changing_Atmosphere">conférence de Toronto sur un climat en évolution en 1988</a> avait été tenue sur l’invitation de Brian Mulroney, premier ministre conservateur du Canada, sous la présidence de Stephen Lewis, affilié au nouveau parti démocrate, qui était alors ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, et accueilli des invités de marque comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gro_Harlem_Brundtland">Gro Harlem Brundtland</a>, présidente de la commission mondiale des Nations unies sur l’environnement et le développement.</p>
<p>Cette conférence a été la <a href="https://projects.upei.ca/climate/2013/07/02/reflections-on-the-toronto-conference-25-years-later/">première où des cibles de réduction des émissions chiffrées ont été proposées</a> par les participants, précurseurs du protocole de Kyoto. Le virage vers une politique plus hésitante vis-à-vis des engagements envers le climat <a href="https://spip.teluq.ca/env1110/squelettes/assets/pdf/Canada_Kyoto.pdf">s’est amorcé dans les années 1990</a> et accéléré durant les années 2000, sous des gouvernements successivement libéraux et conservateurs.</p>
<p>Le point le plus bas de l’engagement climatique du Canada a incontestablement été atteint sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper. <a href="https://climateactionnetwork.ca/2011/12/09/canada-wins-fossil-of-the-year-award-in-durban/">Le Canada s’est alors vu décerner 5 années de suite, de 2006 à 2011, le prix de « fossile de l’année »</a>, par les organisations environnementales, décerné pour le pays contribuant le moins à la lutte contre les changements climatiques et aux négociations internationales. Cela a été suivi du retrait formel du Canada du protocole de Kyoto en 2011.</p>
<h2>Les engagements successifs du Canada</h2>
<p>Les engagements et les plans climatiques se sont succédé au fil des ans, sans avoir mené à de réelles réductions d’émissions.</p>
<p>Ainsi, le Canada a successivement pris trois engagements internationaux de réduction d’émissions de GES résultant du protocole de Kyoto, de la conférence des parties de Copenhague et de l’Accord de Paris.</p>
<p>Divers plans climatiques ont aussi été formulés. Cependant, les émissions du Canada ont continué à augmenter plutôt que diminuer durant toute cette période, démontrant l’insuffisance des mesures contenues dans ces plans. Ce n’est par exemple qu’en 2019 que le Canada a mandaté une tarification du carbone à l’échelle nationale, alors que l’Union européenne a mis en place son marché du carbone en 2005.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Cibles de réductions d’émissions correspondantes aux engagements politiques successifs du Canada dans le domaine des changements climatiques" src="https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=118&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=118&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=118&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=148&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=148&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419014/original/file-20210902-17-1uwedt9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=148&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Tableau 1 Engagements politiques du Canada dans le domaine des changements climatiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="Les émissions du Canada de 1990 à 2018 et ses cibles de réduction d’émissions annoncées" src="https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418996/original/file-20210901-27-4ml2lr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Figure 1. Les émissions du Canada de 1990 à 2018 et ses cibles de réduction d’émissions annoncées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Adapté d’Environment and Climate Change Canada (2020)</span></span>
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<h2>L’importance des énergies fossiles au Canada</h2>
<p>Une des raisons principales pour cette hésitation politique est l’importance du secteur pétrolier pour le Canada.</p>
<p>Le Canada est le quatrième producteur et exportateur de pétrole au monde. Le secteur emploie environ un demi-million de personnes et contribue plus de <a href="https://www.capp.ca/economy/canadian-economic-contribution/">100 milliards de dollars au PIB</a>. La répartition de cette manne fossile est très inégale : 97 % de la production de pétrole est concentrée dans trois provinces : l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador. Cela crée un terrain de jeu miné pour un gouvernement fédéral qui, s’il veut imposer des mesures de réduction d’émissions, défavorisera nécessairement ces provinces aux dépens d’autres.</p>
<p>Cela explique aussi en partie pourquoi dans les contributions nationales déclarées de 2015, dans le cadre de l’Accord de Paris, aucune mention n’était faite du secteur de l’exploitation des ressources en hydrocarbures, à part la régulation des émissions de méthane. Pourtant, ce secteur était responsable, en 2019, de <a href="https://www.statista.com/statistics/503526/greenhouse-gas-emissions-share-in-canada-by-economic-sector/">26 % des émissions du Canada</a>. Ces émissions ont <a href="https://www.canada.ca/en/environment-climate-change/services/climate-change/greenhouse-gas-emissions/sources-sinks-executive-summary-2021.html">augmenté de 67 % entre 2005 et 2019</a>.</p>
<p>L’importance perçue du secteur des combustibles fossiles mène aussi à des investissements soutenus dans ce secteur par le gouvernement canadien, comme l’acquisition de l’oléoduc Trans Mountain pour <a href="https://www.cer-rec.gc.ca/en/applications-hearings/view-applications-projects/trans-mountain-expansion/trans-mountain-pipeline-system-purchase-agreement-faqs.html">4,5 milliards de dollars</a> ou les <a href="https://www.iisd.org/system/files/2021-02/fossil-fuel-subsidies-canada-covid-19.pdf">1,9 milliard de dollars de subventions directes en 2020</a>, entres autres dans les programmes d’aide à la Covid-19. Ces investissements classent le Canada <a href="https://www.iisd.org/system/files/2020-11/g20-scorecard-report.pdf">dernier parmi 11 pays de l’OCDE</a> analysés par des ONG pour l’ampleur des subventions aux combustibles fossiles et les efforts de réduire ces subventions.</p>
<h2>La perception des changements climatiques</h2>
<p>La division entre provinces productrices de ressources énergétiques fossiles et celles qui n’en produisent pas se retrouve aussi dans la perception des changements climatiques. Ainsi, seulement 70-71 % des résidents de l’Alberta et de la Saskatchewan pensent que la Terre se réchauffe, nettement sous la <a href="https://climatecommunication.yale.edu/visualizations-data/ccom/">moyenne nationale de 83 %</a>.</p>
<p>De surcroit, le phénomène climatosceptique, encore assez présent au Canada, notamment grâce à certains think tanks canadiens et américains, est essentiellement un phénomène anglophone. Cela ajoute une fracture linguistique à la perception des changements climatiques et contribue à expliquer pourquoi la mobilisation pour la <a href="https://www.lesoleil.com/actualite/environnement/sondage-mainstreet-les-quebecois-ont-a-cur-lenvironnement-adcd4631c30cf2c41614ba8dc280d8f7">lutte contre les changements climatiques est particulièrement prononcée au Québec</a>, seule province majoritairement francophone, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/149887/quebec-vert-kyoto">à l’image de la création de la coalition Québec vert Kyoto dès 2004</a>.</p>
<p>Malgré ces divisions, de nos jours, la grande majorité des Canadiens de toutes les classes d’âge perçoivent les changements climatiques <a href="https://www.statista.com/statistics/621038/opinion-on-economic-impact-of-climate-change-canada/">comme une menace importante</a> et les placent <a href="https://www.world-nuclear-news.org/Articles/Climate-change-is-number-one-worry-for-Canadians">au premier rang des préoccupations</a> et des <a href="https://www.insightswest.com/news/climate-change-tops-priority-list-but-most-canadians-feel-its-equally-human-caused-and-natural-cycles/">priorités politiques</a>.</p>
<p>Il s’agira maintenant de traduire cet engouement populaire en des politiques climatiques efficaces et d’accélérer la transition vers une société sobre en carbone, notamment dans des domaines sensibles comme le secteur énergétique, les ressources fossiles, ou encore le transport.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166952/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastian Weissenberger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La crise climatique est un enjeu majeur des élections fédérales. Mais le Canada a d’énormes défis devant lui s’il veut atteindre ses objectifs de décarbonations de son économie.Sebastian Weissenberger, Professeur en sciences de l'environnement, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1632152021-07-11T12:30:01Z2021-07-11T12:30:01ZThe 3D technology that could revolutionize the treatment of osteoarthritis of the knee<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/408025/original/file-20210623-23-14aqgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Osteoarthritis of the knee is not only associated with aging. It can also be caused by different stresses on the cartilage, such as a knee injury or a strenuous job.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>A new technology called knee kinesiography is changing the way doctors treat of osteoarthritis of the knee. This form of osteoarthritis affects nearly four million Canadians, or 13.6 per cent of the population, according to the <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/osteoarthritis.html">Public Health Agency of Canada</a>.</p>
<p>Osteoarthritis of the knee is most common in people over the age of 60, but it also affects a significant proportion of younger people, even those in their 40s. For reasons still unknown, women are more likely to develop osteoarthritis than men.</p>
<p>In osteoarthritis of the knee, the protective cartilage in the joint wears away over time, and can lead to bone rubbing on bone. The disease is associated with aging, but it can also be caused by injury or other forms of physical stress to the cartilage.</p>
<p>Anatomical abnormalities and other inherited factors can also lead to a mechanical dysfunction of the knee. This may result in a misaligned knee joint, increasing stress on the cartilage. It’s essential for clinicians to fully understand the dysfunction to correct it.</p>
<p>Our research in biomechanics, chronic pain, radiology, epidemiology, physiotherapy and data science led us to <a href="https://doi.org/10.1080/00325481.2019.1665457">develop and evaluate the clinical utility of a new technology called knee kinesiography, used to treat patients with osteoarthritis in Québec</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Bruny Surin walks on a treadmill with a harness attached to his leg" src="https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=100%2C0%2C3860%2C3052&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406839/original/file-20210616-22-sgtfuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Knee kinesiography is performed using a harness attached to certain strategic areas of the leg. In the photo, athlete Bruny Surin is being evaluated using this technology.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Author provided)</span></span>
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<p>Clinicians currently diagnose knee osteoarthritis through examination and X-rays, and assess mechanical dysfunction using a questionnaire and clinical observation of the knee. </p>
<p>But questionnaires are subjective and observations aren’t quantified. The clinician observes the leg with the naked eye, but does not take measurements. This makes it difficult for the physician to assess exactly what’s wrong, to determine when the problems began and to identify what’s causing stress to the joint and its deterioration.</p>
<h2>Knee movements in 3D</h2>
<p>Health-care professionals can offer patients treatment to relieve pain, as well as physiotherapy exercises. But to correct knee dysfunctions, they must be able to target dysfunctions that are not visible to the naked eye.</p>
<p>Knee kinesiography, which was commercialized in 2011 after 15 years of research, could be a game changer. It is to the knee what the electrocardiogram is to the heart. It is performed using a harness attached to specific areas of the leg to analyze the knee while it is in motion. </p>
<p>This technology was developed by researchers from the École de technologie supérieure, the Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) and Université TÉLUQ.</p>
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<figcaption><span class="caption">Bruny Surin talks about his experience using knee kinesiography to treat osteoarthritis.</span></figcaption>
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<p>Because this technology measures three-dimensional movement of the knee in real time, as well as rotations that are not visible to the naked eye, it enables health professionals to assess the joint with precision and accuracy. By providing motion analysis that detects deviations from what is considered normal movement, the technology allows health professionals to understand the source of the stresses on the cartilage.</p>
<h2>Personalized care</h2>
<p>Using this technology, professionals can offer personalized treatment for the source of the problem, such as neuromuscular exercises that can be done at home or under the supervision of a physiotherapist or kinesiologist.</p>
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<figcaption><span class="caption">Laurent Duvernay-Tardif, a physician and athlete, explains how knee kinesiography can help heal and prevent knee injuries.</span></figcaption>
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<p>According to results of our clinical study, conducted on 515 patients, this technology shows great promise. Patients who received knee kinesiography and an individualized care plan were able to correct several measured biomechanical dysfunctions. Nearly nine out of 10 (88 per cent) of those who participated in the clinical study reported doing their exercises for at least three months, which demonstrated that they were committed to their treatment. Exercise adherence is a major issue in studies that analyze the effect of an exercise program.</p>
<p>In addition, the researchers observed more improvement in the functional status of the knee for these patients, compared to the control group. These patients reported less pain and symptoms, and felt better able to perform their daily activities. In addition, they reported greater satisfaction with their care and better results on functional tests.</p>
<p>Knee kinesiography is now offered in more than 100 clinics and hospitals in eight countries and is available in private clinics in Québec. Studies are underway to evaluate the impact of this tool on private costs and public health services, with a view to offering it in the public system (hospitals and clinics).</p>
<p>In addition to offering hope to thousands of patients who suffer from osteoarthritis of the knee, this innovation demonstrates, once again, that Québec engineering fully deserves the praise it has earned.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163215/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicola Hagemeister received funding from Emovi Inc. and the Fond de partenariat pour un Québec Innovant et en santé (FPQIS) of the Government of Quebec (MEI) to conduct the clinical study mentioned in the article. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nathalie Bureau received funding from Emovi Inc. and the Fonds de partenariat pour un Québec innovant et en santé (FPQIS) of the Government of Quebec (MEI) to conduct the clinical study mentioned in this article. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Neila Mezghani received funding from Emovi Inc. and the Fond de partenariat pour un Québec Innovant et en santé (FPQIS) of the Government of Quebec (MEI) to conduct the clinical study mentioned in the article.</span></em></p>A technology that measures three-dimensional movement of the knee in real-time enables health professionals to make better assessments of the joint.Nicola Hagemeister, Professeure en biomécanique, École de technologie supérieure (ÉTS)Nathalie J Bureau, Professeur titulaire Faculté de médecine - Département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire, Université de MontréalNeila Mezghani, Professeure, Département Science et Technologie, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.