tag:theconversation.com,2011:/institutions/university-of-vaasa-4806/articlesThe University of Vaasa2021-06-23T19:02:09Ztag:theconversation.com,2011:article/1630972021-06-23T19:02:09Z2021-06-23T19:02:09ZComment les touristes LGBT+ se cachent pour mieux voyager<p>C’est officiel : l’Union européenne <a href="https://www.euronews.com/travel/2021/05/19/the-eu-is-welcoming-vaccinated-travellers-in-summer-2021-here-s-what-you-need-to-know">s’ouvre aux voyages</a> cet été. En dépit des <a href="https://www.nytimes.com/2021/04/25/world/europe/american-travel-to-europe.html">restrictions de quarantaine et des certificats de vaccination</a>, la réouverture des frontières apparaît comme une bonne nouvelle, en particulier pour les communautés LGBTQ+ (lesbienne, gay, bi, trans, et autres) qui ont été confrontées à <a href="https://www.nbcnews.com/feature/nbc-out/it-bleak-how-pandemic-economy-has-affected-lgbtq-people-n1262077">plus de difficultés</a> que le reste de la population pendant la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Ces dernières années, ce tourisme a connu un réel essor. Avant le Covid-19, le marché générait au niveau mondial plus de <a href="https://www.outnowconsulting.com/latest-updates/press-centre/lgbt-travel-market-annual-spend-now-exceeds-usd$218-billion.aspx">218 milliards de dollars américains</a> par an. Devenus un segment à part entière, les voyageurs LGBTQ+, et plus particulièrement les hommes homosexuels, voyagent <a href="https://www.hospitalitynet.org/file/152008162.pdf">plus fréquemment</a> et affichent des habitudes de dépenses supérieures à la moyenne.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/407408/original/file-20210621-34876-d54yeg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte des pays qui criminalisent les personnes LGBT+.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.humandignitytrust.org/lgbt-the-law/map-of-criminalisation/">Humandignitytrust.org</a></span>
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<p>Pourtant, le tourisme et la planification des voyages restent un processus ardu pour les voyageurs gays. En 2021, quelque <a href="https://www.humandignitytrust.org/lgbt-the-law/map-of-criminalisation/">71 pays</a> criminalisent les activités sexuelles entre personnes de même sexe et, dans 11 pays, ces actes sont passibles de la peine de mort. Même parmi les pays les plus progressistes, les crimes de haine et les violences contre les homosexuels <a href="https://www.nbcnews.com/feature/nbc-out/anti-gay-hate-rise-parts-europe-report-finds-n1130176">ne sont pas rares</a>. Confrontés à une discrimination généralisée, les voyageurs homosexuels continuent de faire face à la sécurité et à l’inégalité.</p>
<h2>Utopie « post-gay »</h2>
<p>Marqués par des perceptions normalisées des modes de vie gays, l’adoration de la masculinité hégémonique et le déclin de l’engagement communautaire, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0016718512002692">discours « post-gay »</a> supposent que la stigmatisation de la communauté gay appartient désormais au passé.</p>
<p>Certains de ces points focaux sont attribués aux <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/jun/25/party-and-protest-lgbtq-radical-history-gay-liberation-stonewall-pride">succès de la politique gay</a>. Bon nombre des libertés dont jouit aujourd’hui une grande partie du monde occidental ont été longtemps combattues sur les marches des palais de justice, que ce soit pour le <a href="https://books.google.de/books/about/The_Engagement.html?id=qxGuDwAAQBAJ&redir_esc=y">droit au mariage</a> ou <a href="https://www.nytimes.com/2020/06/15/us/gay-transgender-workers-supreme-court.html">contre les discriminations professionnelles</a>.</p>
<p>Pourtant, loin d’une utopie « post-gay », une étude récente (à paraître) que nous avons menée révèle que la discrimination à l’encontre de la communauté gay n’a pas disparu, mais qu’elle est au contraire devenue plus insidieuse.</p>
<p>D’ailleurs, si la <a href="https://www.marketwatch.com/story/celebrities-boycott-hotels-in-wake-of-bruneis-anti-gay-law-how-to-travel-the-world-safely-2019-04-08">sécurité</a> a toujours été un problème pour les voyageurs LGBTQ+, cet aspect ne suffit plus à dissuader les hommes gays de voyager. Ainsi, de nombreux voyageurs rejettent l’idée que la culture ou la législation d’un pays puisse influer sur leur choix de destination, comme en témoigne un répondant :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai choisi une destination qui n’était pas forcément “gay-friendly”, mais ça ne m’a pas empêché d’y aller en vacances… Je ne comprends pas vraiment le concept de tourisme LGBT parce que… on est tous pareils. Gay ou hétéro, pour moi, c’est exactement la même chose ».</p>
</blockquote>
<p>Dans ces destinations, les hommes s’adaptent en minimisant des caractéristiques et des comportements spécifiques stigmatisés via des processus de conformité hétéronormative. Un interviewé le reconnaît :</p>
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<p>« Quand je voyage en couple, j’évite de prendre mon partenaire par la main ou de l’embrasser en public, ou d’avoir un geste d’affection un peu trop fort. Si je peux me taire, c’est mieux. En ce qui concerne les vêtements, j’essaie de faire attention car on ne sait pas comment ils vont réagir ».</p>
</blockquote>
<p>Ce témoignage montre combien les <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2010/nov/30/the-end-of-camp-straight-acting-gay">attentes hétéronormatives</a> sont devenues ancrées. Elles s’étendent au-delà des manifestations physiques pour inclure les dimensions comportementales les plus subtiles de l’identité d’une personne : les gestes des mains, la façon de marcher, une tenue, un look.</p>
<p>Les moindres éléments d’information peuvent envoyer un mauvais signal, souligne un voyageur :</p>
<blockquote>
<p>« Si vous regardez quelqu’un de travers ou si vous observez un détail qui vous plaît chez une personne, cela peut être très mal interprété ».</p>
</blockquote>
<p>Cette anxiété omniprésente à l’idée de « s’intégrer » illustre une autre forme de préjugés auxquels les homosexuels sont de plus en plus exposés, qui ne proviennent non pas de la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/19419899.2020.1716056">culture hétéro-dominante</a>, mais de la communauté gay elle-même.</p>
<h2>« Type gay idéal »</h2>
<p>Ces fractions et divisions sont attisées par la montée du « néo-tribalisme », <a href="http://www.firstpost.com/weekend-specials/the-guysexuals-guide-to-gay-tribes-and-what-they-mean-6659691.html">popularisé par des plates-formes de rencontre</a> telles que Grindr. Les hommes gays sont désormais de plus en plus appelés à s’identifier à des stéréotypes physiques :</p>
<blockquote>
<p>« Vous pouvez cocher une case, et ils appellent ça des “tribus” dont vous faites partie, ou autre. Je m’identifierais à quoi ? Jock (stéréotype de l’athlète en Amérique du Nord), Muscle (musclé), Daddy (à la recherche de partenaires plus jeunes), Bear (poilu), Butch Queen (drag queen au look masculin) ? ».</p>
</blockquote>
<p>Cela donne lieu à l’émergence d’une élite sociale « homonormative » fondée presque entièrement sur le physique. On convoite des expressions banalisées d’un corps hyper-masculin et un engouement pour les muscles. Les fêtes, qui en sont venues à <a href="https://theconversation.com/how-the-gay-party-scene-short-circuited-and-became-a-moneymaking-bonanza-153424">dominer l’espace du tourisme gay</a>, ponctuent notamment l’importance de ce « type gay idéal ».</p>
<p>Or, tout cela entraîne d’autres formes de discriminations, en particulier pour ceux qui n’incarnent pas ces marqueurs de statut. Les personnes <a href="https://www.pride.com/firstperson/2016/4/28/no-fats-no-fems-shirt-everything-thats-wrong-gay-community">obèses, efféminés et les non-Blancs</a> peuvent ainsi revenir déçues de leur voyage :</p>
<blockquote>
<p>« En tant que personne de couleur, je me suis aussi sentie un peu négligée. Le fait de ne pas être super musclé, ou blanc, ou autre, a eu un effet, je pense, sur ma confiance générale. J’ai réalisé que la culture gay n’était pas inclusive. Au contraire, c’est très exclusif ».</p>
</blockquote>
<p>Cette exclusion peut même entraîner une augmentation de la toxicomanie, une surconsommation d’alcool, voire des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/002214650804900405">comportements sexuels à risque</a>.</p>
<p>Pour expliquer les stéréotypes négatifs au sein de la communauté gay, certains s’en prennent aux offres dédiées spécifiquement aux LGBTQ+. La critique s’articule autour des bars gays, des soirées dédiées ou encore des plates-formes de location communautaire comme MisterB&B. Un répondant reprend même dans sa critique des <a href="https://www.researchgate.net/publication/311364775_Funny_scary_dead_Negative_depictions_of_male_homosexuality_in_American_advertising">arguments</a> selon lesquelles les homosexuels sont en quelque sorte responsables de l’effondrement des valeurs traditionnelles et de la moralité sexuelle :</p>
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<p>« Ce que l’on trouve dans les bars et quartiers gays, c’est de la débauche, des gens qui sont là pour s’amuser, du tourisme sexuel, des soirées décalées. Je ne juge pas, mais ce n’est pas ma façon de vivre ».</p>
</blockquote>
<p>Avec l’attrait des sensibilités « post-gay », au milieu des brochures de voyage sur papier glacé et des clichés Instagram de rêve, il est facile de se perdre dans <a href="https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2019/06/battle-gay-rights-over/592645/">l’illusion</a> que la lutte pour les droits des homosexuels touche enfin à sa fin. Mais ne vous y trompez pas, il s’agit bien d’un fantasme.</p>
<p>Ce qui a changé, ce sont les origines de la discrimination – un processus désormais très individualisé. Les fragmentations et les stigmatisations au sein de la communauté gay renforcent mutuellement celles qui proviennent de l’extérieur.</p>
<p>Derrière le mythe d’une société « post-gay », les voyageurs gays masquent toujours volontairement leurs différences par rapport à une culture hétéro-dominante et se conforment également de plus en plus aux attentes homonormatives. La lutte pour l’acceptation sociale est donc loin d’être terminée, même si les interdictions de voyager le sont.</p>
<hr>
<p><em>Florian Maurice, ancien étudiant en master à l’ICN Business school, a participé à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163097/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Lors de leurs séjours, les visiteurs homosexuels témoignent d’une double discrimination liée à culture hétéro-dominante mais aussi à la communauté gay elle-même.Alexandra S. Rome, Assistant Professor of Marketing, ICN Business SchoolJack Sheldon Tillotson, Assistant Professor, University of VaasaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1427902020-08-13T19:31:56Z2020-08-13T19:31:56ZVacances : redécouvrir le luxueux silence des églises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/350887/original/file-20200803-18-1urhfi6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C20%2C968%2C624&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Prendre le temps, déconnecter, contempler, reposer ses oreilles: une visite à l'église s'impose.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.peakpx.com/607853/man-in-black-shirt-sitting-in-brown-chair-in-mosaic-art-room">Peakpx</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>En ces temps de loisirs et de visites soumises aux restrictions sanitaires, les vacanciers cherchent <a href="https://theconversation.com/la-microaventure-le-voyage-en-bas-de-chez-soi-125327">d’autres formes</a> de distraction et de dépaysement. La découverte des monuments les plus célèbres, musées, parcs, sont souvent privilégiés. Parmi ces derniers, les églises présentent de nombreux atouts.</p>
<h2>Le bâti religieux, une destination en soi</h2>
<p>Le tourisme religieux attire en effet, non seulement pour des raisons spirituelles, mais encore pour le souhait d’acquérir ou d’approfondir des connaissances sures l’architecture et l’héritage culturel d’un lieu. Selon <a href="https://www.researchgate.net/publication/290788936_Motivations_of_the_Russian_and_German_tourists_visiting_pilgrimage_site_of_Saint_Nicholas_Church">certains chercheurs</a> le tourisme religieux peut devenir un objectif de destination comme c’est souvent le cas pour Jérusalem, La Mecque ou Lourdes.</p>
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<p>Il représenterait en effet plus de <a href="http://www.atout-france.fr/content/tourisme-et-spiritualite">44 % du tourisme culturel</a>. À Paris, ce sont d’ailleurs plus de 30,000 personnes par jour qui espéraient entrer dans l’illustre cathédrale Notre Dame <a href="http://www.lemondedesreligions.fr/une/notre-dame-de-paris-en-20-chiffres-17-04-2019-8003_115.php">avant son incendie</a>.</p>
<p>Hormis la foi religieuse, le goût pour l’architecture, l’appréciation des vitraux et des éléments d’art ancien, n’existe-t-il pas d’autres arguments autres que ceux comparant une église à un musée qui incitent à visiter un lieu sacré ?</p>
<h2>Pourquoi visitez-vous cette église ?</h2>
<p>Une <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/S1871-317320190000016026/full/html">recherche récente</a> a mis en avant les motivations et les ressentis de touristes internationaux se rendant dans des églises en France, en Espagne, en Italie et en Grande-Bretagne.</p>
<p>Hormis dans les plus grands lieux comme <a href="https://sagradafamilia.org/es/home">La Sagrada Famiglia, Barcelone</a> recevant une quantité non négligeable de visiteurs, parfois bruyants, la plupart des espaces religieux offrent un silence très majoritairement respecté !</p>
<p><a href="https://books.emeraldinsight.com/page/detail/Atmospheric-Turn-in-Culture-and-Tourism/?k=9781838670719">L’absence de sonorité</a> est bien souvent demandé non seulement sur l’affiche située sur la porte qui demande d’éteindre son portable, mais aussi à la vue des personnes en train de prier et qui demande par cet acte de communication non verbale de respecter le contexte dans lequel elles sont plongées. Et plus petit est le lieu, plus le silence devient intime. Un visiteur colombien indique à ce sujet qu’il se trouve « au milieu du silence » et que « nous allons donc rester silencieux » comme pour respecter les préceptes entendus.</p>
<h2>« Un temple du silence »</h2>
<p>Comme ce dernier, les personnes interrogées précisent que les églises transpirent « l’absence de son », que les murs invitent au calme tout comme les objets qui se trouvent dans ce « temple du silence ».</p>
<p>Une visiteuse indique à ce sujet que le silence semble provenir de partout, des « murs et des lumières, vous savez ces petites lumières » pour mentionner les petites flammes des bougies qui scintillent et qui reflètent d’après elle « le bon silence », celui d’une spiritualité retrouvée.</p>
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<p>Une autre, nord-américaine, aime à rappeler que « les cathédrales ont été construites pour inspirer le silence » et que chaque moment dans un lieu sacré exige que l’on entende ce besoin de silence pour mieux le partager.</p>
<p>Enfin, ces lieux saints insuffleraient le désir du silence qui viendrait des visiteurs eux-mêmes. Un senior japonais indique que dans cet endroit « le silence intérieur s’exprime à travers la méditation et que ce moment sert à se connecter avec son soi ». Selon lui, le silence nourrit notre être.</p>
<h2>Un repos de l’âme et des corps</h2>
<p>Finalement, il est reconnu par les visiteurs interrogés que les lieux comme les basiliques ou les églises servent non seulement au repos de l’âme, mais aussi du corps. Tout d’abord, celui des jambes souvent usées par de trop longues marches à la découverte de sites touristiques.</p>
<p>Puis le corps dans son ensemble que ce soit pour se protéger d’un orage soudain ou trouver la fraîcheur pour lutter contre le soleil écrasant de l’extérieur.</p>
<p>Nombreux sont ceux en effet qui conservent le souvenir, lors de randonnées exténuantes, des bienfaits d’une petite chapelle au sommet d’une colline.</p>
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<p>Une jeune femme s’exprime avec soulagement sur le silence vécu comme « une pause – j’ai besoin d’une pause avant de plonger vers la vie d’adulte », car le silence sert à « développer ma spiritualité pour me trouver ». Un autre touriste italien explique quant à lui que le silence lui permet un break, qu’il a l’impression que « le temps s’arrête » et qu’il ne « vieillit plus » durant ces instants de silence.</p>
<h2>Silencier son esprit</h2>
<p>D’après ces rencontres, il est un fait. Le silence de ces lieux renforcerait mentalement l’esprit et physiquement le corps. C’est le cas d’un visiteur qui signale que le silence « sert à silenciaire son esprit », et « calme son cœur ».</p>
<p>Une Française indique que le silence sert à la relaxer et à mieux se concentrer pour « rééquilibrer tous ses chakras » comme durant les exercices de pratique contemplative dans la <a href="https://livre.fnac.com/a155244/Karlfried-Von-Durckheim-Le-Son-du-silence?Origin=fnac_bing">recherche du son du silence</a>.</p>
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<p>La majorité des visiteurs qu’ils soient religieux, athées ou agnostiques mentionnent donc le facteur de bien-être pourvu par ce silence qui apaise l’individu dans une quête de calme et de repos non seulement du corps, mais aussi de la pensée. Ils témoignent tous et toutes de son importance et de sa valeur, car il serait de plus en plus difficile à trouver et/ou à retrouver.</p>
<h2>Échapper au monde sonore</h2>
<p>Les décibels semblent augmenter et des lois tentent de contenir les <a href="https://www.bruit.fr/ressources/recueil-des-textes-officiels">nuisances sonores</a> pour que le silence ne s’oublie pas. Les compagnies aériennes qui survolent bruyamment les villes l’ont bien comprise avec leur offre de salon VIP où le calme sonore est proposé comme un luxe ou comme d’ailleurs les espaces œcuméniques des aéroports où l’on peut retrouver le silence d’une <a href="https://www.bud.hu/en/passengers/shopping_and_passenger_experience/convenience_services/chapelroom_of_silenc">« chapelle »</a>. Car le silence est présenté comme un moment de luxe, une expérience rare contre la pollution acoustique. Un architecte d’intérieur répondant aux entretiens suite à sa visite d’une église le précise :</p>
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<p>« le silence est un bien qui n’a pas de prix »</p>
</blockquote>
<p>Et de rappeler qu’une bonne insonorisation fait rapidement monter le prix d’un logement.</p>
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<p>Il s’accorde à prédire que le silence serait amené à disparaître et que les églises servent à le conserver grâce à leurs murs anciens et épais. Le silence serait donc ineffable et vital, mais attesté comme un bien extrêmement rare et les petites ou grandes églises constitueraient des écrins pour l’accueillir et le protéger avec respect et humilité, car selon l’adage « le silence est d’or ». Le silence dans les églises peut donc prendre une haute valeur de patrimoine touristique s’il est protégé et défendu.</p>
<h2>Une porte pour redécouvrir le silence</h2>
<p>Cet été, il sera donc intéressant de découvrir ou redécouvrir ces biens rares et d’expérimenter les ressentis de cette absence de bruit et/ou de s’informer sur les études menées sur le silence.</p>
<p>Des chercheurs, en France à l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique ou aux USA à Minneapolis dans les <a href="https://www.orfieldlabs.com/">laboratoires d’Orfield travaillent en effet</a> à l’analyse des sons et/ou des perceptions humaines dans l’une des chambres dites « anéchoïques » dont les parois absorbent les ondes sonores.</p>
<p>Cette dernière qui absorbe les sons à 99,99 % est classée en 2005 et 2013 comme l’endroit le plus silencieux de la planète avec – 9,4 décibels. On pourrait presque y utiliser l’expression française « un ange passe » pour y retrouver la paisibilité d’une église.</p>
<p>Elle a été devancée dernièrement par Microsoft sur son campus de campus de Redmond, avec un bruit de fond de – 20,6 DBA.</p>
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<h2>Impossible silence</h2>
<p>Vous y apprendrez cependant que le silence complet ne peut être supporté par l’être humain, car cela lui retire tous les indices perceptifs, dont celui de se mouvoir, communiqué en partie grâce à l’orientation donnée par les sons. Et que les hallucinations apparaissent en moins d’une heure.</p>
<p>Risque rare dans une église entourée soit de chants d’oiseaux et/ou de sons de la ville. Pendant votre temps de repos, le plus simple sera donc de vivre les sons et d’écouter le son du silence « The Sound of Silence » de Simon & Garfunkel ou le célèbre morceau de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=JTEFKFiXSx4">John Cage, 4’33</a>) interprété dans le silence le plus total par les musiciens et le public de la salle.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/NAEppFUWLfc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">The Sound of Silence.</span></figcaption>
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<p>Ceux et celles qui préfèrent le cinéma pourront découvrir un documentaire intitulé <a href="https://www.youtube.com/watch?v=64c_1MtQUlM">à la poursuite du silence</a> ou suivre Gordon Hempton – <a href="https://www.quietparks.org/">bioacousticien</a> qui parcourt la planète à la recherche du silence et alerte sur sa disparition imminente grâce à sa <a href="https://onesquareinch.org/">fondation</a>.</p>
<p>À moins que vous ne préfériez vous asseoir sur un banc d’une église ou d’une abbaye pour apprécier un moment d’évasion silencieuse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142790/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans les églises, l’art et le silence invitent au repos et à la contemplation.Marie-Nathalie Jauffret, Chercheure - Prof. Communication & Marketing, International University of MonacoHannele Kauppinen-Räisänen, Associate Professor, University of VaasaHélène Cristini, Maître de conférence/Associate professor en sciences politiques et Ethique dans le business., INSEEC Grande ÉcoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.