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La réalité virtuelle au secours des athlètes

Séance sportive assistée par réalité virtuelle. Indiana University, Author provided

En 2016, la réalité virtuelle (RV) semble prête à prendre d’assaut le monde du divertissement. En plus du très connu Oculus Rift, des compagnies majeures comme Facebook, Sony et Samsung se préparent cette année à mettre sur le marché des casques RV de grande qualité. Après des années de discussions présentant la RV comme étant le « prochain grand truc », cette année pourrait voir les consommateurs disposer de produits réellement fonctionnels.

Il se trouve que quelques athlètes ont déjà exploré les promesses de la RV. Des équipes sportives à la fois professionnelles et universitaires se servent des qualités offertes par la vidéo RV pour étudier le jeu de façon nouvelle et unique. Par exemple, le système STRIV de Stanford fournit des services à ses équipes, à celles de l’université Clemson et de plusieurs clubs de la Ligue nationale de football américain.

En tant que chercheur et professeur des nouvelles technologies des médias dans le domaine du journalisme sportif, j’ai vu mon jugement sur la réalité virtuelle se transformer radicalement au cours de l’année dernière. Mon sentiment initial était que la RV ne constituait qu’une nouvelle mode vouée à la disparition de la même façon que la télévision 3D. Mais après avoir utilisé cette technologie et avoir regardé ses applications, j’ai complètement changé d’avis. La RV se démarque totalement de la vidéo traditionnelle et elle a des myriades d’applications à la fois pour le consommateur de média et pour la pratique du sport.

Nous constatons déjà comment certains sports tirent profit de ces applications. Au Centre Mark Cuban pour les médias sportifs et la technologie de l’université de l’Indiana, cinq équipes se servent activement de la RV, dont celles, masculines, des basketteurs et des footballeurs. Selon le vidéographe du centre, Patrick Dhaene, ce nombre va doubler l’année prochaine.

Réalité virtuelle et entraînement sportif

Depuis de nombreuses générations, les entraîneurs et les joueurs utilisaient la vidéo traditionnelle à deux dimensions en comptant généralement sur une caméra à grand angle pour capter l’intégralité d’une formation ou d’un match. Ce qui risque de créer une distance entre les joueurs et ce qu’ils étudient.

Session vidéo traditionnelle d’entraînement d’une équipe de football.

Avec la réalité virtuelle cependant, le joueur peut mettre un casque et se sentir dans le jeu de façon bien plus rapprochée, comme s’il était au milieu de la partie en train de se dérouler.

Un sportif avec un casque RV peut prendre un cliché simulé et tourner la tête physiquement à droite ou à gauche en temps réel au fur et à mesure que la partie se déroule. Cela l’aide à connaître à la fois la progression de ceux à qui il peut passer le ballon et aussi le positionnement de la défense.

Grâce à la RV, les joueurs n’ont même pas à aller sur le terrain : elle les aide à mémoriser les façons de jouer et les formations en observant de façon répétée, à l’intérieur du casque, les différents aspects des phases de matchs enregistrées en boucle. Les entraîneurs se félicitent des avantages procurés aux joueurs utilisant la RV pour pratiquer des répétitions de jeu en évitant de se blesser comme il peut arriver lorsqu’on est sur le terrain d’entraînement.

Comment ça marche ?

La vidéo que les athlètes et les entraîneurs regardent dans un cadre de réalité virtuelle est construite différemment d’une vidéo habituelle. Le fait d’immerger son utilisateur dans son environnement requiert différents types d’objectifs et de caméras, avec à l’appui des ordinateurs.

La vidéo RV typique consiste en séquences provenant de caméras multiples, filmant et enregistrant de façon synchronisée. Elles sont généralement fixées à un gréement maintenant la caméra en place. Lui-même est alors arrimé à un piédestal qui assure son immobilité pendant le tournage.

Un gréement de caméra en RV. Indiana University athletics, Author provided

Pour réaliser un film en RV d’un entraînement de football centré sur l’utilisation offensive du ballon, par exemple, l’installation portant la caméra est placée près du joueur à l’arrière du terrain. Chaque épisode de jeu se déroule de façon habituelle avec le porteur de ballon filmeur qui progresse vers l’avant et effectue une passe.

Une fois l’entraînement fini, le vrai travail commence pour l’équipe vidéo. Pour chaque phase de jeu, le producteur RV doit assembler les séquences provenant de l’ensemble des caméras en un seul panorama visuel de 180 ou 360 degrés. Ce processus est connu sous le nom de stitching (« couture », une étape du montage en vidéo VR). Il s’agit là, à coup sûr, de la partie la plus importante du procédé RV, car une opération mal faite peut rendre la vidéo inutilisable.

Dès lors qu’une partie est convenablement assemblée, les joueurs peuvent l’avoir sous les yeux par l’intermédiaire d’un casque RV, ce qui leur permet de se concentrer sur différentes zones de jeu. Les joueurs peuvent même détourner leur tête de la ligne de mêlée et se voir en train de lancer le ballon, cela dans le but d’évaluer leur mécanique de jeu.

Cela aide-t-il ?

La recherche académique sur l’efficacité de l’entraînement sportif assisté par la RV n’en est encore qu’à ses débuts. Les commentaires ont été presque unanimement positifs de la part des sportifs universitaires et professionnels ayant expérimenté cette technique. Mais c’est seulement maintenant que les scientifiques entrent dans une phase où une adoption plus étendue de cette technologie permettra une évaluation appropriée des impacts psychiques et psychologiques de la méthode.

La RV connaît quelques limitations quand elle s’applique à l’entraînement sportif. Les installations de caméras et les ordinateurs pour la produire sont coûteux et leur maniement difficile à apprendre. Les porte-caméras doivent rester stables pendant le tournage, faute de quoi la vidéo donnerait le mal de mer à ses utilisateurs. Et la nécessité d’un piédestal rend les séquences du jeu filmé en RV difficiles à utiliser pour l’instruction des joueurs. De plus, la RV n’est pas la panacée pour la pratique dans le monde réel. Utiliser l’entraînement avec RV ne conduit probablement pas à des tirs parfaits ni à des défenseurs qui anticipent chaque phase du jeu avant même qu’elle ne se produise.

Les commentaires des joueurs, des entraîneurs et des spécialistes en RV démontrent toutefois un potentiel considérable. Ce procédé offre aux joueurs une perspective inédite de jeu, qui se prolonge du terrain d’entraînement jusqu’à la salle de montage. Pendant que cette technologie continue à s’affirmer, on peut s’attendre à ce que les équipes utilisant la RV y gagnent en compétitivité.

This article was originally published in English

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