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Des gens reçoivent une dose du vaccin contre la Covid-19 dans une clinique de vaccination de masse à la Scotiabank Arena de Toronto en juin 2021. La Presse Canadienne/Cole Burston

La réticence à se faire vacciner diminue au Canada, mais il est trop tôt pour se réjouir

Depuis que la pandémie de Covid-19 a commencé, on se pose tous des questions sur les vaccins. Va-t-on mettre au point un vaccin contre la Covid-19 ? Sera-t-il efficace ? Quand va-t-on le recevoir ? Et plus récemment : la réticence de certains va-t-elle entraver les efforts pour mettre fin à la pandémie ?

Dès le début, les données indiquaient que la plupart des Canadiens avaient l’intention de se faire vacciner. En février, quand les vaccins sont devenus largement disponibles, avec nos partenaires de recherche, nous avons réalisé la première de deux enquêtes nationales auprès de plus de 5 000 Canadiens. Trois personnes sur quatre ont déclaré qu’elles allaient « certainement ou probablement » se faire vacciner, ce qui constituait un début encourageant.

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Mais seule une personne sur deux a affirmé qu’elle allait assurément se faire vacciner. Les autres ont dit que c’était probable, mais pas certain. Une personne sur quatre était réticente, avec une répartition en trois catégories : celles qui n’allaient certainement pas recevoir le vaccin, celles qui disaient qu’elles ne le feraient probablement pas et celles qui ne pouvaient pas dire ce qu’elles feraient.

Baisse de la réticence

Depuis ce temps, la situation est devenue plus encourageante. En juin, lorsque nous avons mené notre deuxième enquête, la proportion de Canadiens qui s’étaient déjà fait vacciner ou qui avaient certainement ou probablement l’intention de le faire était passée à 82 %. Il n’y avait plus que 18 % de personnes réticentes. La bonne nouvelle est que plus les gens se font vacciner, plus le nombre de Canadiens qui hésitent diminue.

Fait important, cette baisse s’est produite parmi les personnes qui avaient déclaré qu’elles ne se feraient sans doute pas vacciner ou qui ne se s’étaient pas engagées dans un sens ou dans l’autre. Cela montre que l’éducation et la sensibilisation du public ont modifié les opinions.

Une infirmière portant un masque vaccine une femme portant des tatouages sur le bras
Une infirmière administre le premier vaccin Pfizer-BioNTech Covid-19 dans une clinique de vaccination à l’Hôpital d’Ottawa en décembre 2020. La Presse Canadienne/Adrian Wyld

La réticence a diminué davantage chez les femmes que chez les hommes — exactement là où les progrès étaient les plus nécessaires. En février, elle était plus forte chez les femmes (29 %) que chez les hommes (20 %). Depuis, la situation s’est équilibrée : l’enquête la plus récente révèle que l’hésitation des hommes a très peu bougé (18,5 %), tandis que celle des femmes a diminué de plus de 10 points de pourcentage pour atteindre 16,5 %.

La réticence a aussi nettement baissé chez les Autochtones et les jeunes adultes (de 18 à 24 ans). Même si les jeunes ont été les derniers à recevoir le vaccin, ils sont désormais moins réfractaires que les personnes d’âge moyen.

Si les Autochtones paraissaient plus hésitants que le reste de la population en février, ce n’est plus le cas. Le déclin de la réticence semble plus évident chez ceux qui s’identifient comme membres des Premières Nations, et surtout chez les Inuits, que chez les Métis. C’est chez les Inuits qu’on a pu observer le plus grand changement au pays, avec une augmentation spectaculaire de leur acceptation des vaccins contre la Covid-19, à mesure qu’on accélérait les campagnes de vaccination dans le Nord.

Le rôle de l’identité ethnique et raciale

L’identité ethnique ou raciale semble jouer un rôle au Canada, bien que de nombreux groupes racialisés soient plus, et non moins, favorables à la vaccination. Les Canadiens originaires d’Asie du Sud ou du Sud-est, de descendance chinoise, philippine, japonaise et coréenne sont particulièrement enthousiastes : très peu d’entre eux ont exprimé une réticence à se faire vacciner.

Les Noirs, quant à eux, sont plus réfractaires, mais seulement un peu plus que les Canadiens qui s’identifient comme blancs. Et cet écart rétrécit une fois que d’autres facteurs, comme l’âge, l’éducation ou le revenu, sont pris en compte.

Les immigrants, y compris les immigrants récents, sont moins susceptibles que les non-immigrants d’exprimer une réticence, et cette différence persiste même après ajustement pour l’âge, le revenu et l’éducation. Tout cela constitue une autre bonne nouvelle pour le déploiement du vaccin au Canada.

Une femme porte un masque de protection alors qu’elle passe devant un graffiti anti-vaccins
Une femme portant un couvre-visage passe devant un graffiti antivaccins à Montréal. La Presse Canadienne/Graham Hughes

Cela donne à penser que le faible taux de vaccination dans certains quartiers ou communautés ont davantage à voir avec l’accès limité aux vaccins et aux centres de vaccination qu’avec un refus du vaccin. C’est particulièrement le cas dans la communauté noire.

Malgré cette évolution positive, environ 18 % des Canadiens sont encore réticents à l’égard des vaccins. Environ un sur dix a une opinion très tranchée à cet égard — un chiffre qui n’a pas varié de février à juin.

Ce groupe pourrait être particulièrement difficile à convaincre. Il ne se retrouve pas dans un segment démographique ou une province définis. Les gens qui en font partie sont toutefois moins susceptibles d’avoir fait des études postsecondaires et plus susceptibles d’avoir un faible revenu familial.

Différence entre la campagne et la ville

Il semble que les Canadiens qui vivent dans des zones rurales sont plus susceptibles que les autres d’être réfractaires à la vaccination. Néanmoins, étant donné que beaucoup plus de gens vivent en milieu urbain, on aurait tort de penser que la plupart de ceux qui refusent le vaccin vivent à la campagne. Il y a 3,7 fois plus de personnes réfractaires à la vaccination dans les grandes villes du Canada que dans les régions rurales du pays.

Il est encore trop tôt pour se réjouir. La réticence à se faire vacciner diminue au Canada, mais elle existe toujours. Nos enquêtes montrent que bon nombre des personnes qui hésitaient au départ ont été convaincues. En poursuivant des efforts ciblés, il est encore possible d’en atteindre d’autres dans les semaines à venir.

Un niveau d’instruction et un revenu du ménage inférieurs restent fortement corrélés avec une réticence à l’égard du vaccin. Il est important pour la santé et la sécurité de tous de trouver des moyens d’atteindre ces Canadiens marginalisés.


Vous avez une question sur les vaccins Covid-19 ? Envoyez-nous un courriel à l’adresse ca‑vaccination@theconversation.com et des experts répondront à vos questions dans les prochains articles.

This article was originally published in English

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