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Roche de Solutré (493 m) composée de roches calcaires âgées du Jurassique, Saône-et-Loire. Nicolas Charles, BRGM, Fourni par l'auteur

La roche dans un verre à pied – le Pouilly-Fuissé à Solutré

Dans le Mâconnais, ce « navire pétrifié », comme aimait à l’écrire Alphonse de Lamartine, domine le vignoble de Pouilly-Fuissé.

C’est ici, en 1872, qu’a été défini le Solutréen, une culture du Paléolithique supérieur étendue de – 22 000 à -17 000 ans avant notre ère. Les solutréens étaient passés maîtres dans l’art de la taille du silex, avec notamment la feuille de laurier, une forme caractéristique de cette période.

Depuis le Moyen-âge, les vignerons ont progressivement et précisément délimité et nommé leurs parcelles de vignes, définissant ainsi des « climats ». Et rien à voir avec le ciel ! C’est une particularité bourguignonne. Selon la définition donnée par l’Unesco, « chaque climat possède des caractéristiques géologiques, hydrométriques et d’exposition particulières. La production de chaque climat est vinifiée séparément, à partir d’un seul cépage, et le vin ainsi produit prend le nom du climat dont il est issu ». Près de la Roche de Solutré, on parlera des climats de « Vers la Roche », « La Levée », « À la Cotonne », etc.

Prisée des randonneurs, dont un ancien Président de la République, la Roche de Solutré décrit une pente douce vers la plaine de la Saône alors qu’une paroi plus abrupte prend place à l’ouest. Cette forme de relief dissymétrique est typique des « cuestas », terme géologique qui localement porte le nom… de « côte ». La déclivité vers l’est correspond au pendage des strates rocheuses, autrement dit leur inclinaison, basculées par les soubresauts de la chaîne alpine et par l’effondrement de la plaine de la Saône. Le sommet est constitué d’un calcaire récifal résistant assez bien à l’érosion et âgé du Bajocien (environ 170 millions d’années). Il repose sur un empilement de roches sédimentaires riches en fossiles, qui se sont déposées au fond d’une mer peu profonde, sous le climat tropical qui régnait dans la région au cours du Jurassique (185 à 170 millions d’années).

Sur les pentes, une végétation calcicole (aimant les sols calcaires) se développe, par exemple la digitale jaune. À la base de ce monument naturel, les pentes douces sont constituées de marnes plus sensibles à l’érosion, mais sur lesquelles se développe un sol argilocalcaire particulièrement propice à la culture de la vigne. Sur 760 hectares, le Chardonnay est l’unique cépage du vignoble AOC Pouilly-Fuissé. Selon les parcelles, le terroir argilocalcaire se décline en une multitude de nuances, selon la répartition de sols plus ou moins argileux ou pierreux qui donnent naissance à des vins riches et à la typicité bien affirmée. Plus à l’est, les sols sont acides, car développés sur des grès du Trias et des schistes, granites ou tufs rhyolitiques du Paléozoïque.


Pour aller plus loin :
Kersuzan A., Marcel P., Quesne D., 2016. Guide géologique de la Bourgogne. Côte d’Or et Saône-et-Loire. Omniscience-BRGM Éditions, ISBN 978-2-916097-66-4
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