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Le dark web, qu’est-ce que c’est ?

Le dark web (« web sombre ») est une portion de la Toile à laquelle on accède par un logiciel. Une fois arrivé là, sites et autres services sont consultables à l’aide d’un navigateur, comme pour le web officiel. Certains sites demeurent cependant cachés : ils ne sont pas indexés et donc inaccessibles à moins d’en connaître l’adresse.

De nombreux sites marchands y font leurs affaires ; ils vendent principalement des produits illicites, drogues et armes à feu, payables en crypto-monnaie, le Bitcoin. Dans le dark web, on a même pu se cotiser sur une plateforme de financement participatif pour organiser des assassinats.

En raison de l’anonymat quasi total qui y règne, c’est une terre d’élection pour tous ceux qui cherchent à se faire oublier des gouvernements et de la justice. On y trouve ainsi des lanceurs d’alerte qui recourent au dark web pour communiquer avec les médias. Mais ce sont les pédophiles, les terroristes et les criminels qui l’utilisent le plus.

Pas vos oignons

Il y a un certain nombre de façons d’accéder au dark web, en utilisant par exemple Tor, Freenet ou encore I2P. Tor (initialement appelé The Onion Router, « le routeur oignon ») est le plus populaire, sans aucun doute à cause de sa facilité d’utilisation. Il se télécharge comme un ensemble de logiciels incluant une version de Firefox configurée spécifiquement pour son usage.

Tor garantit le secret et l’anonymat en acheminant les messages par un réseau de routeurs organisés en couches, et appelés « nœuds ». Comme le message saute d’un nœud à l’autre, il se trouve crypté de façon à ce que chaque relais ne repère que la machine qui a envoyé le message et celle qui va le recevoir.

Plutôt que d’utiliser des adresses web classiques, Tor se sert d’adresses dites « oignons », qui brouillent un peu plus encore la teneur des messages. Il existe même des versions spéciales de moteurs de recherche, comme Bing et Duck Duck Go, qui gèrent précisément ce type adresses.

Tor n’est cependant pas totalement anonyme. Quand on se rend sur un site, certaines données, telles que les noms d’utilisateurs et les adresses électroniques, sont partagées et donc potentiellement accessibles. Ceux qui veulent conserver un anonymat total doivent utiliser des services additionnels pour dissimuler leur identité.

Le Bitcoin, conçu en 2009. Antana / Flickr, CC BY-SA

Tous les services disponibles sur le dark web n’auraient pas bénéficié d’une telle popularité s’il n’y avait eu de monnaie pour les acheter. C’est-ce que le Bitcoin a rendu possible. Une récente étude conduite par Kyle Soska et Nicolas Christin (chercheurs à la Carnegie Mellon University) a ainsi évalué que les ventes de médicaments sur le dark web s’élevaient pour les États-Unis à 100 millions de dollars par an. Tout ou presque a été payé à l’aide de la crypto-monnaie.

Le Bitcoin est devenu encore plus intraçable grâce à l’utilisation de services de « mixage », comme la Bitcoin Laundry, qui permettent des transactions totalement anonymes en mélangeant les Bitcoins en provenance de plusieurs adresses et de plusieurs utilisateurs pour empêcher la traçabilité des transactions.

Sombre jusqu’à quel point ?

Les développeurs de Tor, ainsi que certaines organisations comme l’Electronic Frontier Foundation (EFF), soutiennent que la majorité de ses utilisateurs sont des militants ou des gens simplement soucieux de protéger leur vie privée. Tor a été ainsi utilisé par le passé pour permettre les échanges entre les journalistes et les lanceurs d’alerte comme Edward Snowden.

Mais en jetant un rapide coup d’œil sur Hidden Wiki – le principal indice répertoriant les sites du dark web –, on s’aperçoit que la plus grande part des sites mentionnés concernent des activités illégales. Certains d’entre eux ne sont que de vastes escroqueries, il est donc difficile de dire s’il est facile ou non d’acheter des armes ou de faux passeports. Mais il existe indéniablement des sites du dark web où ces choses sont tout à fait possibles.

Bien que le dark web rende l’application des lois difficile, il y a eu de nombreuses arrestations mettant fin à des activités illégales et punissant les consommateurs. La plus retentissante fut sans doute celle de Ross Ulbricht, le propriétaire du site de vente de drogues, Silk Road.

Plus récemment, le FBI a arrêté deux utilisateurs d’un site impliqué dans des violences sexuelles sur enfants, montrant ainsi que les autorités étaient désormais en mesure de découvrir les véritables adresses Internet des utilisateurs de Tor.

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