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Le statut d’étudiant-entrepreneur à l’épreuve des faits

Start-up étudiante incubée en grande école. Ecole polytechnique/Flickr, CC BY-SA

Officiellement lancé en 2014, le statut d’étudiant-entrepreneur a pour ambition de permettre à des étudiants ou jeunes diplômés d’initier une expérience entrepreneuriale pendant leurs études ou jusqu’à trois années après l’obtention de leur diplôme. Un accompagnement et des aménagements spécifiques leur sont proposés pour atteindre cet objectif.

Depuis la création du statut, le nombre d’étudiants-entrepreneurs a augmenté de plus de 1 000 personnes chaque année. Pour l’année scolaire 2017-2018, le dispositif a ainsi permis à plus de 3 500 personnes de s’essayer à l’aventure entrepreneuriale.

Après ces quatre années de fonctionnement, il est intéressant de s’interroger sur les avantages de ce statut et sur les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les personnes qui l’adoptent.

Le statut d’étudiant-entrepreneur

Le statut a été mis en place dans le cadre du Plan etudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (PEPITE), plan financé par le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MENESR), du Ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique (MEIN) et de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

Quatre mesures ont été instaurées dans ce cadre :

  • La création de 29 Pôles etudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (PEPITE) ;

  • La création d’un statut national etudiant·e entrepreneur·e (SNEE) ;

  • La généralisation de formations à l’entrepreneuriat et à l’innovation en licence, master et doctorat ;

  • La création d’un prix PEPITE pour les étudiant·e·s entrepreneur·e·s.

Pour les étudiants souhaitant s’orienter vers l’entrepreneuriat, le statut d’étudiant-entrepreneur offre un cadre juridique solide et apporte de la crédibilité à leur projet. Ce statut cible deux profils :

  • Les étudiants qui souhaitent créer une entreprise tout en poursuivant leurs études ;

  • Les jeunes diplômés, qui peuvent ainsi conserver leur statut étudiant pendant la création de leur entreprise.

Les 29 PEPITE sont répartis sur le territoire français et sont responsables de l’attribution du statut d’étudiant-entrepreneur. Le statut est délivré en fonction de la qualité du projet de création et des qualités de la personne souhaitant obtenir le statut.

Les avantages du statut

L’obtention du statut permet de bénéficier d’un accompagnement double : un tuteur enseignant et un tuteur professionnel. Elle permet également d’avoir accès à un espace de coworking au sein du PEPITE ou chez un de ses partenaires. Le statut permet également d’accéder au réseau du PEPITE. Ce point est essentiel car une des principales difficultés rencontrée par un jeune entrepreneur est le manque de réseau pour initier son projet.

Pour les jeunes diplômés depuis moins de 3 ans, le statut d’étudiant-entrepreneur permet de conserver le statut étudiant pendant 1 an et d’avoir une couverture sociale pour les personnes de moins de 28 ans.

Pour les étudiants qui poursuivent leur scolarité, le statut permet de remplacer un stage par un projet entrepreneurial. Il permet aussi d’accréditer le sérieux du projet de l’étudiant vis-à-vis de son université ou de son école, et donc de permettre une éventuelle souplesse dans le déroulement des études.

Enfin, le statut peut être complété par un diplôme d’étudiant-entrepreneur (D2E). Celui-ci peut être obtenu en suivant des actions de formation organisées par le PEPITE. Toute personne acceptée dans le statut peut préparer le D2E. Mais cette préparation est une obligation pour les jeunes diplômés.

Le statut d’étudiant-entrepreneur à l’épreuve des faits

Le nombre d’étudiants titulaires du statut d’étudiants-entrepreneur augmente chaque année. Après 4 années de fonctionnement, il convient de s’interroger sur les réussites de ces projets entrepreneuriaux. Les résultats de ces dernières années montrent qu’une part importante de ces projets de création se concrétise. Ainsi, sur l’année 2016-2017, 2 680 personnes ont bénéficié du statut d’étudiant-entrepreneur. Ces projets ont abouti sur la création de plus de 500 sociétés.

Le succès de ce dispositif est certain. Il peut cependant s’avérer compliqué, en particulier pour les étudiants en cours de formation.

La première difficulté rencontrée par les étudiants-entrepreneurs est la complexité de mener de front des études et leur projet de création. Les contraintes liées au programme d’étude suivi sont parfois difficilement compatibles avec un projet de création. Ceci peut être le cas en raison d’un emploi du temps contraignant : difficultés à prévoir des rendez-vous professionnels, impossibilité d’accéder aux ateliers et formations proposés par le PEPITE, etc.

Les obligations du diplôme peuvent également être un frein au projet de création. En particulier, de nombreux diplômes imposent de passer un ou plusieurs semestres à l’étranger au cours du cursus. Cette obligation est difficilement compatible avec la création d’une entreprise.

Dans le cadre du statut, les étudiants peuvent obtenir des conseils de plusieurs tuteurs professionnels. Ils obtiennent facilement des conseils sur les obligations administratives liées à la création d’entreprise, sur le processus de création, les aides financières auxquelles ils peuvent prétendre, etc. Plusieurs étudiants-entrepreneurs nous ont fait part d’un besoin de conseils provenant de professionnels du secteur d’activité dans lequel ils souhaitent s’investir. Ce besoin est compliqué à satisfaire, chaque projet étant unique. Mais une des évolutions possibles dans les services apportés à ces créateurs serait de créer des annuaires d’experts, au niveau national, auxquels les étudiants pourraient demander conseil et à qui ils pourraient présenter leur projet pour le confronter à la réalité.

Le statut d’étudiant-entrepreneur concerne en premier lieu l’étudiant, mais les établissements de formation dans lesquels sont inscrits ces étudiants sont également impactés par la mise en place du dispositif. Lorsque l’étudiant remplace un de ses stages par un projet de création d’entreprise, l’université ou l’école doit pouvoir assurer un suivi du travail effectué et doit pouvoir évaluer pédagogiquement le travail réalisé pendant cette période. Il est alors difficile d’adapter les rendus demandés par l’université ou l’école. Ceux-ci risquent de faire doublon avec les demandes du PEPITE. Il est également parfois difficile d’avoir un contact régulier avec l’espace de co-working dans lequel est intégré l’étudiant. Ceci rend difficile l’évaluation du travail effectué.

Une collaboration plus étroite entre établissement d’enseignement et PEPITE serait une avancée considérable dans l’intégration de ce statut dans les cursus de formation. Ceci serait avantageux pour toutes les parties prenantes dans ce dispositif.

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